UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU CAMEROUN
B.P.: 1637 Yaoundé
Tel: 22 31 03 05
Fax: (237) 22 31 89 99
E-mail: iric@uycdc.unicet.cm
|
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INTERNATIONAL RELATIONS INSTITUTE OF CAMEROON
P.O Box: 1637 Yaoundé
Tel: 22 31 03 05
Fax: (237) 22 31 89 99
E-mail: iric@uycdc.unicet.cm
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STAGE DIPLOMATIQUE
RAPPORT DE STAGE
THEME : LA SOUVERAINETE DE L'ETAT ET
L'INTEGRATION
SOUS-REGIONALE EN AFRIQUE CENTRALE :
LE CAS DE LA CEMAC
Pour l'obtention du Diplôme de Stage
Diplomatique
Réalisé par :
Anderson OUAMBA-DIASSIVY
Sous la direction de :
Docteur Emmanuel WONYU,
Chargé de cours à l'IRIC
Année Académique 2008-2009
SOMMAIRE
II
III
IV
V
p. 1
p.11
p.12
p.14
p.18
p.21
p.21
p.24
p.30
p.31
p.32
p.36
p.41
p.42
p.44
p.48
VII
XIII
XVII
DEDICACE.............................................................................................
REMERCIEMENTS..................................................................................
ABREVIATIONS ET
SIGLES.......................................................................
REPERES
CHRONOLOGIQUES.................................................................
INTRODUCTION
GENERALE...............................................................
PREMIERE PARTIE : Les Etats et
l'intégration en Afrique centrale.................
CHAPITRE I : La spécificité de la
Souveraineté des Etats d'Afrique centrale.........
Section 1: Aperçu
général de la Souveraineté des Etats de la
CEMAC..................
Section 2: Les limites de la
Souveraineté des Etats de la CEMAC.......................
CHAPITRE II : L'intégration
sous-régionale en Afrique Centrale : la CEMAC.......
Section 1: La réforme de l'UDEAC ou
naissance de la CEMAC.....................
Section 2: Présentation et état
des lieux du processus d'intégration dans la zone
CEMAC..................................................................................
DEUXIEME PARTIE : La CEMAC et la politique
interne de ses Etats
membres..............................................................
CHAPITRE III : L'égoïsme des
Etats membres de la CEMAC : véritables
obstacles au
processus
d'intégration ?............................................
Section 1: La pomme de discorde de
l'intégration sous régionale en zone
CEMAC..................................................................................
Section 2: La Souveraineté, les Chefs d'Etat et
l'intégration en zone CEMAC...........
CHAPITRE IV : La CEMAC : vers une
intégration sous-régionale ?.......................
Section 1: La problématique de
l'intégration dans la zone CEMAC.....................
Section 2: Perspectives d'une
véritable intégration dans la zone CEMAC...............
CONCLUSION
GENERALE..................................................................
ANNEXES...........................................................................................
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................
TABLE DES
MATIERES........................................................................
DEDICACE
A la mémoire de mon très regretté
père, l'Aviateur, Capitaine de l'Armée de l'air des Forces
Armées Congolaises (FAC), le feu Gabriel OUAMBA
« Beaucas ».
Merci Papa pour tes précieux conseils et
orientations dans ma vie.
REMERCIEMENTS
Comme tout travail de cette envergure, l'ouvrage que voici est
avant tout une somme de dettes. Notre reconnaissance va, en premier lieu,
à nos encadreurs : le Docteur Emmanuel WONYU, chargé de cours
à l'IRIC, d'une part, qui nous a fait l'honneur de diriger cette
étude et d'autre part, le Professeur Narcisse MOUELLE KOMBI II,
Directeur de l'IRIC.
Ensuite, nous remercions très chaleureusement le corps
enseignant et le corps administratif de l'IRIC pour avoir bien voulu nous
encadrer et nous accompagner pendant toute notre formation à l'IRIC.
Nous pensons particulièrement au Professeur Alain-Didier OLINGA, au
Docteur Wullson MVOMO ELA, au Docteur Pascal Charlemagne MESSANGA NYAMDING, au
Docteur Yves Alexandre CHOUALA, à Mesdames Valérie MAMBOUNE
MEMOUNA et Corentie NYEGA du Service de la Scolarité, et à
Monsieur IBRAHIM NGOU ISSAH du service de la comptabilité.
Nous ne saurions clore ce chapitre des remerciements sans
témoigner notre gratitude à la promotion IRIC-Stage Diplomatique
2008-2009, pour l'ambiance, la compagnie et les échanges.
Spécialement Mademoiselle Preciosa MUNDI KANGUDIE, Mesdames Sidonie
BOUKOULOU et HAOUA BRAHIM AHMED KOULAMALLAH ainsi que Monsieur Michel KAMDEM
FOTSO et les Pasteurs Victor-Marie TIOZANG et DJEHA MAWULAWOE qui, en outre,
nous ont fait l'honneur et l'amitié de relire notre manuscrit.
Enfin, nous portons nos sincères remerciements à
Monsieur le Premier Ministre, chargé de la Coordination de l'Action du
Gouvernement et des Privatisations de la République du Congo, son
Excellence Isidore MVOUBA, qui, pour son dévouement et son
abnégation à faire prévaloir le développement de la
jeunesse et la promotion des jeunes cadres congolais, a permis la
réalisation de cette formation. Qu'il trouve ici, l'expression de notre
profonde reconnaissance. Aussi, à Monsieur Edgard Laurent BASSOUKISSA,
Conseiller à la Francophonie et à l'Intégration
Sous-Régionale du Premier Ministre de la République du Congo.
Puissent vos conseils et votre encadrement professionnel à notre
égard au Département de la Francophonie et de
l'Intégration Sous-Régionale, trouver ici notre profonde
gratitude.
ABREVIATIONS ET SIGLES
BVMAC : Bourse Régionale des valeurs
Mobilières de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale
CFA : Coopération Financière d'Afrique
COBAC : Commission Bancaire d'Afrique Centrale
EAC : Communauté de l'Afrique de l'Est
Hab. /km² : Habitant par kilomètre
carré
IRIC : Institut des Relations Internationales du
Cameroun
Km² : Kilomètre carré
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONU : Organisation des Nations Unies
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PIB : Produit Intérieur Brut
RCA : République Centrafricaine
RGDIP : Revue Générale de Droit
international Public
SADC : Communauté de Développement de
l'Afrique Australe
UA : Union Africaine
UDE : Union Douanière Equatoriale
UDEAC : Union Douanière et Economique d'Afrique
Centrale
UE : Union Européenne
UEAC : Union Economique de l'Afrique Centrale
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest
Africain
UMAC : Union Monétaire de l'Afrique Centrale
REPERES CHRONOLOGIQUES
Juin 1959 : Création de l'Union
Douanière Equatoriale (UDE) regroupant la Centrafrique, le Congo, le
Gabon, et le Tchad
1961 : Adhésion de l'Etat du Cameroun
à l'UDE
08 décembre 1964 : Signature du
traité instituant l'Union Douanière et Economique d'Afrique
Centrale (UDEAC)
1972 : Signature par les gouvernements de la
convention sur la libre circulation
1973 : Adoption du consensus dit de Fort-Lamy
1974 : Révision du traité
créant l'UDEAC
1983 : Adhésion de la Guinée
Equatoriale à l'UDEAC
16 octobre 1990 : Convention portant
création d'une Commission Bancaire Sous-Régionale (la Commission
Bancaire d'Afrique Centrale ou COBAC)
17 janvier 1992 : Convention portant harmonisation
de la réglementation bancaire
1994 : Instauration du marché
monétaire comprenant en son sein un compartiment interbancaire et un
compartiment pour les interventions de la Banque Centrale
16 mars 1994 : Signature du traité
instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale (CEMAC)
5 Février 1998 : 33ème
sommet des Chefs d'Etat et annonce de la dissolution de l'UDEAC afin de
céder la place à la CEMAC
Fin 1998 : Echéance des procédures
de ratification du Traité de la CEMAC par les Parlements nationaux
1999 : Entrée en vigueur du Traité
instituant la CEMAC, définition des orientations de travail de
l'organisation et adoption du Programme Sous-Régional de Redressement
Economique et Financier des Pays de la CEMAC
24-25 juin 1999 : Premier Sommet des chefs d'Etat
et de gouvernement de la CEMAC et l'achèvement du processus de
ratification du Traité marquant le véritable démarrage de
la CEMAC
24 février 2000 : Sommet extraordinaire des
Chefs d'Etat réunis en vue d'arrêter les bases d'une politique
commune de sécurité
Avril 2000 : Installation solennelle de la Cour de
justice de la CEMAC à N'Djamena
22 juin 2000 : Installation solennelle de la
Commission Interparlementaire de la CEMAC à MALABO
14 décembre 2000 : Deuxième Sommet
des Chefs d'Etat de la CEMAC et agrément d'un nouveau mécanisme
de financement de la CEMAC à N'Djamena
8 décembre 2001 : Troisième Sommet
ordinaire des Chefs d'Etat de la CEMAC à Yaoundé
28 janvier 2004 : Cinquième Sommet
ordinaire des Chefs d'Etat de la CEMAC
1er juin 2004 : Sommet extraordinaire des chefs
d'Etat de la CEMAC à Libreville
11 février 2005 : Sixième Sommet
ordinaire des Chefs d'Etat de la CEMAC à Libreville
29 juin 2005 : Sommet extraordinaire des Chefs
d'Etat de la CEMAC à Malabo
14-15 mars 2006 : Septième Sommet ordinaire
des chefs d'Etats de la CEMAC à Bata
25 avril 2007 : Huitième Sommet ordinaire
des Chefs d'Etat de la CEMAC à N'Djamena au cours de laquelle a eu lieu
la Création d'une Commission, composée d'un Commissaire par Etat
membre et dirigée par un Président, en lieu et place du
Secrétariat Exécutif actuel et d'autre part, d'élargir le
Gouvernement de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, en y créant
trois (3) postes de Directeurs Généraux, et de porter à
douze le nombre de Directions Centrales.
24 Juin 2008 : Neuvième Sommet ordinaire
des Chefs d'Etat de la CEMAC à Yaoundé
INTRODUCTION GENERALE
L'analyse de la Société Internationale
révèle que celle-ci est composée de plusieurs acteurs
parmi lesquels les Etats qui entretiennent des relations entre eux d'une part
et avec les autres acteurs de ladite société d'autre part. L'Etat
est donc l'acteur principal ou primordial selon que l'on s'inspire de certaines
théories des relations internationales ou un acteur essentiel ou
régulateur pour d'autres.
L'Etat, perçu comme la forme la plus évidente du
pouvoir, classiquement, peut donc être défini à partir de
ses éléments constitutifs à savoir : un territoire,
une population, un gouvernement souverain et reconnu par la communauté
internationale. L'État est une des formes d'organisation politique et
juridique d'une société (en tant que communauté de
citoyens ou de sujets) ou d'un pays et sa légitimité repose sur
la Souveraineté (du peuple ou de la nation par exemple).
La Souveraineté est un critère reconnu à
l'Etat. Ce critère peut être récusé à une
entité territoriale dépendant d'une autre. C'est ce qui a conduit
la doctrine à la considérer comme le synonyme de
l'indépendance politique1(*). Toute entité à laquelle est
attribué le qualificatif d'« Etat » peut ne pas être
souveraine par absence de la personnalité morale sur la scène
internationale, corollaire de cette indépendance. Cette
Souveraineté systématisée en Occident, en l'occurrence sur
le vieux continent, a été exportée de par le monde dans
toutes ses conquêtes. « La Souveraineté est la
puissance absolue et perpétuelle d'une République2(*) ».
Dans les régimes despotiques, la Souveraineté
est le plus souvent détenue par un seul homme. Dans les
démocraties, elle est détenue par le peuple, constitué en
un corps politique, la nation : on parle dès lors de Souveraineté
nationale.
La dimension du pouvoir despotique de l'État est pour
ce faire la plus manifeste en Afrique. Dans tous les pays africains, il existe
un centre qui engage l'essentiel des moyens de contrainte physique
légale. Autrement dit, les forces armées, les forces de l'ordre
et les services de sécurité dépendent de ce centre de
commandement connu sous l'appellation d'État. Avec l'amorce du processus
de démocratisation en Afrique, le contrôle du pouvoir despotique
est plus que jamais l'enjeu de nombreux tiraillements au sein des classes
dirigeantes des pays africains. Ce moyen permet effectivement aux dirigeants de
mater les manifestations populaires lorsque celles-ci leur paraissent porter
atteinte à leurs propres intérêts.
Le pouvoir despotique de l'Etat se doit d'être
complété par la dimension normative de l'Etat. En clair, il
s'agit pour l'Etat d'élaborer les normes devant régir la vie dans
la société en même temps qu'il se charge de faire respecter
les règles ainsi édictées. Il arrive parfois que les
dirigeants légifèrent essentiellement dans le sens favorable
à leurs propres intérêts et ce, au détriment de
l'intérêt général. Penser par exemple aux
dispositions légales ou réglementaires tendant à assurer
une plus large protection des dignitaires du régime devant la justice ou
encore celles qui leur accordent des avantages fiscaux. Dans ce cas, le
rôle normatif de l'Etat est en quelque sorte détourné au
profit des animateurs de l'appareil étatique.
La problématique de la Souveraineté des Etats
d'Afrique, et plus précisément, celle des Etats de la zone CEMAC
est de mise dans cette étude. En effet, ces Etats sont pour près
de 90% des anciennes colonies françaises. Leur Souveraineté,
découlant du processus de décolonisation, semble être une
forme d'Etat importé. Le processus de la mondialisation, qui fait de nos
jours, de plus en plus, l'objet de plusieurs débats, entraîne les
Etats du sud dans un cercle vicieux, dans lequel, d'ailleurs, ils y sont depuis
la période postcoloniale. Comme le souligne Bertrand BADIE, dans son
ouvrage intitulé l'Etat importé, il est aisé
de constater que « le processus de la mondialisation marque en
fait les limites en laissant apparaître plusieurs
inconséquences : activant l'importation des modèles
occidentaux dans les sociétés du Sud, il en révèle
l'inadéquation ; incitant les sociétés
périphériques à s'adapter, il suscite des espoirs
d'innovation tout en risquant de les tromper ; précipitant
l'unification du monde, il encourage la renaissance et l'affirmation des
individualités ; dotant l'ordre international d'un centre de
pouvoir plus structuré que jamais, il tend à le conflictualiser
davantage. En cherchant à mettre un terme à l'Histoire, il lui
redonne soudain des sens multiples et contradictoires.3(*) ». Cette assertion
explicite la manière dont est calqué le modèle
étatique des pays africains en général et ceux de la zone
CEMAC en particulier.
En Afrique, et plus précisément en zone CEMAC,
on constate une accaparation de la Souveraineté de l'Etat par le pouvoir
exécutif, plus particulièrement par le Chef de l'Etat. En effet,
la zone CEMAC est l'une des zones au monde dans laquelle l'histoire du pouvoir
politique est celle de sa confiscation, de sa privatisation et de sa
sacralisation par un individu ou groupe d'individus. On y retrouve des Chefs
d'Etat qui cherchent à « s'éterniser » au
pouvoir, manipulant la constitution à leur guise, ayant une influence
considérable sur les autres pouvoirs d'un Etat, outre le pouvoir
exécutif (pouvoirs législatif et judiciaire voire même les
médias qui semblent être le quatrième pouvoir). Dans ces
Etats, le Chef de l'Etat semble incarner en lui seul la Souveraineté de
l'Etat sinon l'Etat-même.
Au lendemain des indépendances, les pays africains
adoptèrent la forme d'organisation de leurs anciennes métropoles
: l'État. Deux arguments expliquaient ce choix. D'une part, les pays
africains comptaient sur l'assistance de leurs anciennes métropoles pour
pouvoir installer et surtout maîtriser l'État naissant. D'autre
part, les organisations internationales (ONU, Banque Mondiale, FMI, etc.) ne
reconnaissent d'autres acteurs que les États. Alors pour participer
à la vie de ces organisations, les pays africains étaient
obligés d'adopter l'État. Cette participation leur permettait par
ailleurs de défendre leur Souveraineté internationale, longtemps
défendue et sauvegardée individuellement par les Etats africains.
Ceux-ci, optant pour un mimétisme et un suivisme de leurs anciennes
métropoles, vont prendre conscience de la défense de leur
Souveraineté de manière collective.
Face aux différents enjeux qui se présentent
à eux, il est récurrent, de nos jours, que les Etats soient
contraints de se regrouper en union, en communauté ; bref en des
organisations tant régionales que sous-régionales en vue de faire
un bloc en commun et défendre ensemble leurs intérêts
communs. C'est le cas des Etats africains regroupés pour former l'Union
Africaine (UA). Et plus restrictivement les Etats d'Afrique Centrale ayant une
monnaie unique qu'est le Franc CFA (Coopération Financière
d'Afrique) et pour l'essentiel ayant en commun une même métropole
qu'est la France, par conséquent une même langue officielle, le
français (au moins pour les trois quart de ces Etats), en une
Communauté Monétaire des Etats d'Afrique Centrale (CEMAC). Pour
ce faire, les Etats membres de ladite Communauté, dans le prolongement
de l'action de l'Union Douanière et Économique de l'Afrique
Centrale (UDEAC) et dans le souci de consolider les relations entre eux et
d'accroître la côte part de la sous région sur la
scène internationale, se voient l'obligation d'accélérer
les mécanismes qui conduiraient à une intégration
sous-régionale digne d'elle.
Aussi, l'intégration comme moyen susceptible de lutter
contre la pauvreté des populations de la sous-région repose sur
le développement économique qui renferme trois composantes :
la libre circulation des biens, celle des capitaux et des paiements et la libre
circulation des personnes. Cela n'est envisageable que par l'interaction des
différents acteurs présents dans la sous-région. Mais, au
regard de la place de choix qu'occupent les Etats, il est vraisemblable que le
monopole lui revient de mettre en oeuvre tous les mécanismes
nécessaires à l'effectivité de ladite
intégration.
Seulement, force est de constater que l'intégration
sous-régionale en zone CEMAC semble emboîter le pas d'«
escargot » car en fait, au regard des autres communautés ou unions
monétaires, à l'instar de l'Union Economique et Monétaire
Ouest africain (UEMOA), nous constatons un grand retard de la part de la CEMAC
tant au niveau de la circulation des personnes et des biens qu'au niveau des
politiques sous-régionales communes. Laquelle Communauté
constitue l'objet de notre étude.
I. Objet de l'étude
Conservant les liens qui les unissaient sous l'Administration
coloniale, les Etats de la Centrafrique, du Congo, du Gabon et du Tchad vont
créer en juin 1959, l'Union Douanière Equatoriale (UDE) à
laquelle adhérera en 1961 l'Etat du Cameroun.
Dès leur accession à l'indépendance,
certains pays d'Afrique Centrale (Cameroun, République Centrafricaine,
Congo, Gabon et Tchad) prennent conscience de créer une institution de
coopération régionale. A ce titre, ils signent le 08
décembre 1964 le Traité instituant l'UDEAC. Par la suite, les 22
et 23 novembre 1972, ces États signent deux conventions de
coopération monétaire, l'une entre eux, l'autre avec la France,
et se dotent ainsi d'une monnaie commune (le franc de la coopération
financière en Afrique). La Guinée Equatoriale adhère
à l'UDEAC le 1er janvier 1985, devenant ainsi le
sixième membre.
La coopération monétaire a fonctionné
à la satisfaction des États membres, mais elle est restée
déconnectée de la coopération économique. En effet,
le bilan de trente années de coopération sous l'enseigne de
l'UDEAC paraît modeste et les États membres doivent faire face
à de nouveaux défis internationaux. Dans cette optique, la CEMAC,
qui remplace l'UDEAC, voit le jour le 16 mars 1994 à N'djamena. Les
Chefs d'État et de gouvernement des pays membres, ont officiellement
lancé les activités de la Communauté Économique et
Monétaire de l'Afrique Centrale le 25 juin 1999, avec la nomination des
responsables des divers organes créés et l'adoption d'un plan
d'action dit « Déclaration de Malabo ».
Depuis le lancement officiel des activités de la CEMAC,
cette union ne semble pas prendre son envol pour multiples causes
évoquées, parmi lesquelles on citerait les égoïsmes
des Chefs d'Etat, les obstacles forestiers qui empêchent la connexion des
différentes capitales des Etats membres devant favoriser la libre
circulation des personnes et des biens. La Souveraineté des Etats
d'Afrique Centrale constitue également un véritable frein au
processus d'intégration.
Notre étude prétend donc à analyser les
alentours de ces égoïsmes, les raisons des Etats et leurs
motivations à être égoïstes ou à faire
prévaloir leur intégrité et leur Souveraineté au
détriment de la sous région. D'où le thème : «
la Souveraineté de l'Etat et l'intégration sous-régionale
en Afrique Centrale : cas de la CEMAC».
II. Intérêt, motivation et Objectif de
l'étude
Le processus d'intégration en zone CEMAC est la
première des intégrations enregistrées en Afrique. En
effet, de par ses diverses facettes qu'elle a revêtues, cette
intégration ne semble pas se concrétiser pour diverses causes.
L'enjeu d'un regroupement des Etats d'Afrique Centrale ayant en commun une
même monnaie qu'est le Franc CFA est majeur, car plusieurs acteurs
interagissent tant pour l'aboutissement que le ralentissement et/ou le freinage
de ladite intégration. C'est dans cette optique qu'une réflexion
approfondie sur ce phénomène est intéressante, surtout
à une époque où la mondialisation bat son plein et la
course au regroupement est accélérée à l'instar de
l'Union Européenne (UE). Il est donc indispensable de pendre conscience
des enjeux que comporterait la mise effective sur orbite de la CEMAC sur la
scène internationale.
Cette étude invite tant les responsables, dirigeants ou
personnalités influentes que les populations de la zone CEMAC à
une rétrospection quant à la volonté de s'intégrer.
Par ailleurs, cette étude nous interpelle
personnellement. En effet, nous terminons notre formation à l'IRIC en
Stage Diplomatique et la maîtrise des enjeux inhérents au
processus d'intégration en zone CEMAC s'impose à nous, afin de
répondre efficacement aux nombreuses exigences qui jalonneront notre
parcours professionnel. De même, au regard de notre appartenance à
la sous-région et en rapport avec nos emplois antérieurs qui
consistaient à porter une étude sur le processus
d'intégration en Afrique Centrale ainsi que ceux dans l'avenir, les
motivations sont immenses en vue de mieux appréhender cette
intégration dans la CEMAC en qui la réalisation semble être
problématique.
L'objectif de l'étude s'agit ici, pour nous, de
répondre, avec les outils des sciences sociales et en prenant appui,
autant que faire se peut, sur des observations directes et indirectes, aux
questionnements soulevés par les obstacles au processus
d'intégration en zone CEMAC. Lesquels obstacles sont tant objectifs que
subjectifs. La problématique de l'intégration en zone CEMAC
étant d'actualité, nombre d'ouvrages, articles et bien d'autres
documents scientifiques furent réalisés et d'autres sont en cours
de réalisation en vue de stigmatiser lesdits obstacles. Dans la
perspective de mieux assermenter notre étude, nous nous proposons de
passer en revue quelques ouvrages que nous avons eu l'occasion de consulter, la
liste n'étant sans doute pas exhaustive.
III. Revue de la littérature
Il s'agit de faire un tour d'horizon sur les études
portant sur le processus d'intégration dans la zone CEMAC. En effet,
force est de constater qu'au regard de l'encours même de la question, la
problématique sur l'intégration en zone CEMAC recense une
très peu abondante littérature. A cet effet, au nombre d'ouvrages
consultés, nous avons celui écrit par Jean-François
BAYART, « L'Etat en Afrique » qui mène une analyse
sur les groupes sociaux qui se disputent l'Etat postcolonial et des
différents scénarios qui ont prévalu depuis la
proclamation des indépendances en vue d'avancer des hypothèses
neuves sur : la formation d'une classe dominante, la dépendance des
sociétés africaines vis-à-vis de leur environnement
international, la place déterminante en leur sein des stratégies
individuelles et des modes populaires d'action politique, l'importance des
réseaux d'influence et des territoires historiques dans le
déroulement des conflits, la récurrence des conduites, souvent
religieuses, de dissidences sociales, et l'émergence de cultures
politiques originales. De même, le livre de Bernard BADIE intitulé
« L'Etat importé, l'occidentalisation de l'ordre
politique » ou l'ouvrage écrit par Philippe HUGON
« Géopolitique de l'Afrique », ouvrages qui
nous relatent la forme et le type d'Etat qu'on retrouve en Afrique et donc en
zone CEMAC.
Une autre catégorie d'ouvrages nous a permis
d'appréhender le processus d'intégration en zone CEMAC. Entre
autres, nous avons le livre écrit par Alain BECART intitulé
« Intégration et Développement : Bilan et Perspectives
de la zone Franc en Afrique », ou encore l'oeuvre de Marc-Louis
ROPIVIA intitulé « Géopolitique de l'intégration
en Afrique », ouvrage qui examine d'abord les carences conceptuelles
et méthodologiques, puis déconstruit les postulats sur la base
desquels les premières élites dirigeantes et intellectuelles
avaient voulu édifier l'unification politique de l'Afrique noire.
Une plus ample compréhension de la problématique
de la CEMAC nous a été possible grâce à la
consultation de certains ouvrages concernant directement le processus
d'intégration en Afrique Centrale (CEMAC). Au titre de cette
catégorie, nous pouvons citer le livre de Daniel ABWA
« Dynamique d'intégration Régionale en Afrique
Centrale », en deux (2) Tomes. Cet ouvrage fait la
synthèse des travaux de réflexion réalisés par des
scientifiques des universités d'Afrique centrale, en vue d'aider les
décideurs à prendre des options positives pour une
intégration africaine ou une unité africaine.
L'intégration régionale est en effet chose trop sérieuse
pour être laissée aux mains des seuls politiques. Dans cet
ouvrage, il est question de répondre à nombre de questions que
l'on pourrait se poser à perpétuité sur l'Afrique
centrale : l'Afrique centrale dispose-t-elle d'atouts historiques,
physiques et humains pour réaliser son intégration
régionale ? Quels en sont les obstacles ? Quel bilan peut-on
faire des 35 années de l'UDEAC ? Quelles solutions peut-on proposer
pour une meilleure intégration régionale en Afrique
centrale ?
Nous avons aussi le livre de HAKIM BEN HAMMOUDA,
« L'Intégration régionale en Afrique centrale.
Bilan et Perspectives ». Cet ouvrage constitue une contribution
à la réflexion sur les questions d'intégration
régionale en Afrique Centrale. Il reprend les travaux du Bureau de
l'Afrique Centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique
qui a appuyé le processus d'intégration dans la
sous-région. Nous pouvons citer également les ouvrages comme
« L'Afrique Centrale » de Philippe DECRAENE,
« Les Avatars de l'Etat en Afrique » de GEMDEV,
« La Zone Franc à l'heure de l'Euro » de
Philippe HUGON, « La Question de la Souveraineté. Droit
naturel et contrat social » de Robert LEGROS ou
« L'Intégration économique. Les Enjeux pour
l'Afrique Centrale » de Claude NKODIA. Ouvrages qui nous ont
permis d'aborder notre étude.
Cependant, force est de remarquer que tous ces ouvrages ne
relatent pas la vrai corrélation qu'il y ait entre la
Souveraineté de l'Etat, l'égoïsme des Chefs d'Etat et le
processus d'intégration en zone CEMAC. Ainsi s'articule le
dépassement de notre centre d'intérêt dans cette
étude. Outre quelques travaux et revues sur la question, la
particularité de notre recherche réside dans l'explication,
l'analyse même de ce qui lie la Souveraineté des Etats et le
processus d'intégration en zone CEMAC. Afin de réaliser cet
objectif, il sied de poser la problématique générale de
l'étude.
IV. Problématique
Contrairement à l'UEMOA qui bat son plein et avance
dans le bon sens dans son processus d'intégration, la CEMAC, elle,
marche à « pas d'escargot », d'autant plus que son
intégration, malgré les changements des différents modes
de gestion, ne semble pas évoluer.
De ce fait, ne peut-on pas envisager une autre lecture du
processus d'intégration dans la zone CEMAC en mettant l'accent sur le
mode de renonciation d'une partie de la Souveraineté des Etats membres
de la CEMAC ? Dans cette optique, existe-t-il concrètement un lien entre
l'égoïsme de ces derniers et le retard au processus
d'intégration en zone CEMAC ? En d'autres termes, les obstacles
inhérents à ce processus d'intégration ne peuvent-ils pas
être levés par d'autres moyens ? Comme nous pouvons le voir, une
telle problématique doit reposer sur des hypothèses
précises.
V. Hypothèses
Ce sont des réponses provisoires aux questions
fondamentales de la recherche. Celles-ci pourront être confirmées
ou infirmées au terme d'une analyse approfondie des faits. Les
hypothèses de cette étude se déclinent ainsi qu'il
suit :
1. Le processus d'intégration en zone CEMAC aurait du
mal à suivre son chemin car en fait, les Etats de la sous-région
ont la ferme crainte quant à la cession d'une partie de leur
Souveraineté d'une part, et d'autre part en fonction de leur mode de
gestion respectifs tout en étant des véritables
chasses-gardées des anciennes métropoles. Ils développent
une forme d'égoïsme subjective et personnelle au détriment
du bien-être de la population de leurs pays et par conséquent de
la sous-région.
2. Les obstacles à l'intégration
sous-régionale en Afrique centrale, et précisément en zone
CEMAC, ne sauraient être seulement le simple fait du refus à la
renonciation d'une partie de la Souveraineté des Etats membres mais
aussi l'absence d'une véritable conscientisation des peuples et des
brassages culturels. Plus encore, l'hypothèse selon laquelle une
certaine maniaquerie des responsables et grands hommes de décision de la
sous-région envers les idéologies des anciennes
métropoles.
VI. Choix Théoriques
Ce sont les diverses théories qui seront
convoquées pour analyser cette problématique au processus
d'intégration dans la zone CEMAC dans la mesure où elles montrent
les diverses facettes d'une seule réalité faite à la fois,
à l'instar de toute réalité sociale, d'harmonie et de
conflit, d'équilibre et de changement. Étant donné que les
acteurs dont il faudra décrire les comportements sont des Etats, nous
feront appel à la théorie réaliste pour illustrer notre
propos.
1. Le réalisme
Le réalisme est l'approche traditionnelle des relations
internationales. Elle privilégie l'Etat et en fait l'acteur essentiel,
voire exclusif4(*), de la
Société Internationale. Dans cette perspective ouverte par l'Etat
et ses gouvernants, les relations internationales se définissent comme
des relations entre sociétés politiques organisées dans le
cadre d'un territoire déterminé. Parallèlement, l'histoire
diplomatique est réduite à l'histoire des relations entre
Etats.
La scène internationale reste encore, en bien des
points, tributaire de la marque des acteurs étatiques. Ils sont
affaiblis certes, mais ils restent incontournables5(*). Le réalisme permettra de
comprendre le comportement et le positionnement de certains Etats quant
à la préservation de leur Souveraineté nationale au
détriment de la sous-région. Toutefois, bien circonscrire le
cadre théorique de cette étude passe aussi par la
conceptualisation d'une méthodologie.
VII. Méthodologie
Notre cheminement a alterné réflexion
théorique et travail empirique. Nous ne nous sommes pas dispensés
de faire l'économie de tout ce qui jusqu'à présent est su
sur le processus d'intégration en zone CEMAC. Nous nous sommes
appuyés pour cela sur deux types de supports.
Le premier, essentiellement des documents, est composé
d'une part des ouvrages généraux, des traités et additifs,
des règlements et directives de la CEMAC, des comptes rendus et des
communiqués finaux des rencontres de la CEMAC, et les travaux
académiques. Le second est constitué des sources
électroniques : Internet, les bases de données
spécialisées, notamment celles de la Commission de la CEMAC et
autres supports.
Au-delà des supports sus-cités, nous nous sommes
appuyés également sur nos propres réflexions et
expériences professionnelles pour comprendre ce
phénomène.
VIII. Plan
L'ossature de ce travail est binaire, chaque partie comprenant
deux chapitres. La première partie, mettant l'accent sur la
corrélation entre les Etats et le processus d'intégration en zone
CEMAC, analyse d'une part, la spécificité de la
Souveraineté des Etats d'Afrique Centrale, notamment ceux de la zone
CEMAC en y évoquant leurs limites, et d'autre part, étudie le
processus même de l'intégration en zone CEMAC en faisant une
historicité du passage de l'UDEAC à la CEMAC, de même
qu'une présentation et un état des lieux. Dans une seconde partie
analysant la CEMAC et les politiques internes de ses Etats membres, nous
porterons notre étude dans un premier chapitre, sur l'éventuel
rôle que jouerait l'égoïsme des Etats membres de la CEMAC et,
dans un second chapitre, nous nous focaliserons sur la problématique de
l'intégration sous-régionale ainsi que sur les perspectives d'une
véritable intégration dans ladite zone.
PREMIERE
PARTIE :
LES ETATS ET L'INTEGRATION EN AFRIQUE
CENTRALE
Pour la plupart des Etats d'Afrique et plus
précisément ceux de la CEMAC, il est à noter que leur
création fait suite à une décolonisation. Cependant, il
existe une particularité dans ces nouveaux Etats (Cameroun,
Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad) nés au
lendemain des indépendances, qui se regroupent en une Communauté
par le biais d'une monnaie unique qu'est le Franc CFA (monnaie à essence
coloniale).
Depuis sa création, force est de constater que,
malgré qu'elle soit l'une des Communautés la plus ancienne, la
CEMAC ne semble pas réaliser tout au moins ses objectifs. Elle tarde
à se concrétiser ou à s'affirmer. Elle demeure l'une des
intégrations les moins effectives.
Pour ce faire, peut-on assimiler cette non-effectivité
à l'altérité des Etats membres de ladite Communauté
? Ou peut-on croire que c'est du fait du bornage de la Souveraineté de
ces Etats ? Ou encore, est-ce le mode de gestion de cette Institution avec ces
diverses facettes (UDEAC hier et CEMAC aujourd'hui) qui favorise ce
ralentissement ?
Répondre à cette série d'interrogations
passera d'abord par l'étude et l'historicité de la
Souveraineté de ces Etats regroupés au sein de la CEMAC de
manière générale en vue de mieux appréhender la
spécificité de la Souveraineté de ces Etats ainsi que les
exceptions à cette dernière (chapitre I). Cette réponse ne
saurait expliquer à elle seule ce phénomène. Il nous
revient aussi le soin d'expliciter ce que l'on entend par
« CEMAC » dans la perspective de montrer la
différenciation dans ses diverses facettes (passage de l'UDEAC à
la CEMAC ou du Secrétariat Général de la CEMAC à la
Commission, etc.) et faire un état des lieux du processus
d'intégration dans la zone CEMAC (chapitre II).
CHAPITRE I :
LA SPECIFICITE DE LA SOUVERAINETE DES ETATS D'AFRIQUE
CENTRALE DE LA ZONE CEMAC
Selon la définition de Jean- Pierre Magnant,
l'État est « l'une des formes de domination d'un groupe
social sur les autres groupes qui constituent avec lui une
société. Cette forme se distingue des autres par l'existence d'un
appareil constitué d'individus retirés de la production et qui
vivent du surproduit social prélevé chez les producteurs sous
forme d'impôt. Cet appareil d'État, chargé de la gestion de
la société, du maintien de son ordre interne et de la garantie de
sa sécurité extérieure, est dirigé par un
gouvernement 6(*) ». L'Etat a été
précédé par la Polis grecque, la res publica
romaine, le Saint Empire romain germanique etc. Il est
délimité par des frontières territoriales à
l'intérieur desquelles ses lois s'appliquent et est constitué
d'institutions par lesquelles il exerce autorité et pouvoir.
Max WEBER, quant à lui, écrit ce qui suit :
« Comme tous les groupements politiques qui l'ont
précédé historiquement, l'État consiste en un
rapport de domination de l'homme sur l'homme fondé sur le moyen de la
violence légitime7(*) ». L'Etat est « le
droit gouvernement de plusieurs ménages et de ce qui leur est commun
avec puissance souveraine » dira Jean Bodin.
L'État que l'on rencontre dans la quasi-totalité
des pays africains ne peut être cependant confondu avec celui que les
pays occidentaux connaissent. Il est en effet le produit de l'histoire et de
l'environnement spécifiquement africains. Bien que l'État
postcolonial ait été initié et mis en oeuvre sur les
cendres des Administrations coloniales, cet État se distingue
néanmoins du modèle d'État occidental par une somme de
caractéristiques qui en font tout compte fait un État
différent8(*).
A vrai dire, l'État postcolonial d'Afrique, et
précisément en zone CEMAC, s'est constitué par imitation
ou plutôt par mimétisme à l'État occidental. Tout
comme celui-ci s'était à son tour remodelé en copiant une
bonne partie des pratiques en vogue dans l'Église catholique. Bertrand
BADIE et Guy HERMET appuient cette thèse en énumérant
notamment : « le droit moderne emprunté au droit canon ;
les administrations territoriale, fiscale et judiciaire de l'État
calquées sur celles de l'Église ; la théorie de la
Souveraineté monarchique copiée de la Souveraineté
pontificale ; les techniques électives et représentatives
élaborées dans l'Église de Rome comme mode de gouvernement
reprises dans l'espace politique étatique9(*)».
Au surplus, l'État en Afrique s'est doté des
instruments utilisés par l'État occidental10(*) : les appareils
législatif, exécutif et judiciaire; les administrations
territoriale et fiscale; l'armée et la police; la diplomatie ; etc.
C'est justement en partant de la manière dont fonctionnent ces
instruments empruntés dans le quotidien de la vie politique africaine
que certains observateurs de l'État postcolonial implanté en
Afrique le qualifient de faible, d'État en voie de disparition ou
carrément d'État inexistant.
La Souveraineté, quant à elle, est donc
conçue comme étant un pouvoir de commandement. C'est une
faculté internationalement reconnue d'exercice de ce pouvoir11(*) que l'Etat lato
sensu, voire une société, applique à ses rapports
personnels. En ce sens, le pouvoir est constitué par l'ensemble de
facteurs qui expliquent la faculté d'une personne d'influencer ou de
déterminer la conduite d'autrui dans le domaine social12(*). Il y a un lien étroit
entre la Souveraineté et une collectivité humaine. En effet, ce
concept pris dans le sens de commandement, c'est-à-dire la puissance
exercée entre deux individus en relation réciproque, est
inhérente à l'espèce humaine. Elle se définit, en
droit, comme la détention de l'autorité suprême,
c'est-à-dire d'un pouvoir absolu (dont tous dépendent) et
inconditionné (qui ne dépend de qui que ce soit).
Au sens strict, la Souveraineté
(Souveränität en allemand) est une autorité
suprême. Celui qui est titulaire de la Souveraineté, le souverain
(Herscher) n'a donc pas d'autorité au dessus de lui ; sa
compétence ne relève d'aucune autorité supérieure.
En conséquence, le souverain est complètement libre ou
indépendant. Cependant, la Souveraineté n'appartient pas à
un individu, mais à l'État, représenté par un ou
plusieurs individus.
Selon la définition de Louis Le Fur
énoncée à la fin du XIXe siècle et
retenue aujourd'hui en droit, « La Souveraineté est la
qualité de l'État de n'être obligé ou
déterminé que par sa propre volonté dans les limites du
principe supérieur du droit et conformément au but collectif
qu'il est appelé à réaliser ».
L'État souverain n'agit que selon sa propre volonté, c'est le
corollaire du droit à l'autodétermination (droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes).
En zone CEMAC, le constat semble plutôt être
différent de la réalité. En effet, les Etats de ladite
zone agissent-ils selon le corollaire du droit de
l'autodétermination ou selon le vouloir et le désir
subjectif des Chefs d'Etat, incarnant leur Souveraineté ? Tel est
le principal centre d'intérêt pour lequel nous porterons un
aperçu général de la Souveraineté des Etats de la
zone CEMAC.
Section 1 : Aperçu général de
la Souveraineté des Etats de la zone CEMAC
La Souveraineté (du latin médiéval
superanus qui dérive du latin classique superus
"supérieur" ; et du concept grec Basileus) est le droit
exclusif d'exercer l'autorité politique (législative, judiciaire
et/ou exécutive) sur une zone géographique ou un groupe de
peuples. Le concept émerge pour la première fois avec Jean Bodin
dans Les Six Livres de la République (1576),
même si Machiavel y fait allusion dans son oeuvre, sans toutefois
l'expliquer ouvertement. La Souveraineté sert de pilier à
l'analyse de l'État et constitue le critère de distinction des
différentes formes de gouvernement qu'il décrit. La
Souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une
République (la République étant prise ici au sens
d'État).
En zone CEMAC, comme partout ailleurs en Afrique, l'Etat est
une importation occidentale. Comme nous pouvons le constater, le principe de
Souveraineté est une assimilation pour laquelle l'origine et la
portée diffèrent de celles des Etats occidentaux. Aussi,
analyserons-nous l'origine et la portée de la Souveraineté des
Etats de la zone CEMAC.
Paragraphe 1 : Origine et portée de la
Souveraineté des Etats de la CEMAC
A. Origine de la Souveraineté des Etats de
la CEMAC
La Souveraineté, comme principe cardinal des Etats, a
le même âge que l'Etat lui-même13(*).
Cependant, en zone CEMAC, le cas n'est pas le même du fait de la
création et de l'existence de l'Etat au lendemain des
indépendances mais pas d'une véritable Souveraineté. En
effet, comme le souligne Philippe HUGON dans son ouvrage intitulé
Géopolitique de l'Afrique : « l'accession
à l'indépendance politique a fait des Etats africains disposant
d'une Souveraineté des acteurs internationaux mais elle n'a pas
radicalement, au début, changé leur système
économique. L'Afrique était dans une situation de grande
dépendance économique... »14(*)
Au moment où les pays africains
accédèrent à l'indépendance, la priorité que
les leaders politiques se fixèrent fut la construction d'une
véritable nation à l'intérieur des frontières
nationales. L'implantation de l'État durant les premières
années de l'indépendance fut motivée principalement par
cet objectif, bien que le développement économique ne tarde pas
à prendre également une place de choix parmi les priorités
des États d'Afrique. De fait, l'État-Nation15(*) fut un objectif que la plupart
des pays africains cherchaient à atteindre en s'appuyant sur le leader
politique à la tête de l'État et également sur le
monopartisme (parti unique).
Un des raisons des difficultés rencontrées par
les Etats africains tient de la non-coïncidence entre leur territoire et
les aspirations des populations qui y furent rassemblées par
l'arbitraire des puissances coloniales. Le problème posé est
celui du fonctionnement d'institutions étatiques souvent calquées
sur le modèle d'un Etat-nation composé de citoyens unis par un
sentiment d'appartenance commune, né d'une longue histoire
partagé. Or les situations concrètes de l'Afrique en sont
généralement très éloignées. Alors qu'en
Europe, l'Etat et la nation se sont formés dans un même mouvement,
« l'Afrique se caractérise par l'antériorité
de l'Etat, un Etat issu des dynamiques coloniales exogènes que les
sociétés africaines ne contrôlaient pas 16(*) ».
Contrairement à celle des Etats occidentaux, la
Souveraineté des Etats de la CEMAC, calquée, certes, sur le
modèle occidental, trouve ses origines sans fondements
c'est-à-dire tenant non compte des réalités
environnementales de ses Etats. En effet, lors de la Conférence de
Brazzaville de 1944 au cours de laquelle le Général De GAULLE
prononça le discours annonçant l'indépendance imminente
des colonies françaises, les africains se mobilisèrent à
accueillir par simple assimilation non seulement le concept de l'Etat mais
surtout celui de l'Etat souverain qui, au sens réel, constitue un
véritable slogan pour eux. La Souveraineté des Etats de la CEMAC
tire donc ses origines sur l'Occident qui fut son ancienne métropole. En
effet, le mimétisme formel s'accommode cependant d'une africanisation
des pratiques. « Derrière les discours sur la
démocratie et la bonne gouvernance, la réalité de
l'exercice du pouvoir fait la part belle aux réalités
sociologiques, aux solidarités ethniques, aux rapports
d'allégeances de types clanique 17(*)».
B. Portée de la Souveraineté des
Etats de la CEMAC
Les théoriciens révolutionnaires du droit
constitutionnel au XVIIIème siècle ont essayé
de distinguer soigneusement entre l'autorité souveraine et les organes
d'Etat. Selon eux, l'État n'est pas le titulaire réel de la
Souveraineté. Le souverain est bien le Peuple ou la Nation dont la
volonté est une, indivisible, intransmissible. L'Etat ne fait que donner
force, effectivité à cette volonté. Il en est ainsi pour
Rousseau selon lequel le Peuple est seul détenteur de l'autorité
souveraine (la « Volonté générale ») ; les
pouvoirs de l'Etat ne sont que des « émanations » de cette
autorité. Si c'est le peuple ou la Nation qui sont le souverain, alors
l'État ne peut parler ou agir qu'au nom du Peuple et de la Nation. Il ne
peut s'identifier à eux. Dès lors l'État trouve toujours
une limite interne à son action. Si la volonté souveraine est
indivisible et inaliénable, il n'est pas de même du pouvoir d'Etat
qui peut être partagé et cédé en partie. Les Etats
totalitaires au XXème siècle, tel est l'ossature de
ceux de la CEMAC, n'ont pas retenu la leçon de Rousseau : ils ont
confondu Souveraineté et pouvoir d'Etat. Ces États étaient
des États dans lesquels l'État incarné par son chef qui,
non seulement exerçait la Souveraineté, mais prétendait
être le souverain.
Paragraphe 2 : Typologie de la Souveraineté
des Etats de la CEMAC
Aujourd'hui, on dégage le plus souvent trois dimensions
de Souveraineté. Le mot Souveraineté, utilisé tout court
ou dans sa monographie, traduit donc à la fois la notion de
Souveraineté dans l'Etat ou Souveraineté domestique ou interne en
transitant par une Souveraineté westphalienne ou indépendance,
voire interdépendance, et celle de la Souveraineté de l'Etat ou
Souveraineté internationale légale.
A. La Souveraineté dans l'Etat ou
Souveraineté domestique
Celle-ci se réfère à l'administration
qu'un gouvernement organise à l'intérieur d'un État et
fait appel autant à l'autorité (reconnaissance de la
légitimité d'un gouvernement et de ses actions par la population
sur laquelle s'exerce cette autorité, par exemple) qu'au contrôle
(la police et l'application des lois). Cette acception se rapporte à la
Souveraineté intérieure qui se définit en droit interne
par son contenu positif de plénitude des pouvoirs que l'Etat exerce sur
ceux qui lui sont soumis, c'est-à-dire ses sujets. Il n'admet point de
collectivité à lui supérieure. C'est en quelque sorte la
portée du principe de non-ingérence dans les affaires internes de
l'Etat ou des peuples à disposer d'eux mêmes.
Elle est difficilement observable dans la
quasi-totalité des Etats de la CEMAC. En effet, la plupart des Etats de
cette zone est sujet à des troubles internes et où la
sécurité et l'ordre ne sont pas respectés notamment au
Tchad, en RCA ou encore au Congo Brazzaville. Dans cette même optique, il
est à relever l'interdépendance ou Souveraineté
westphalienne qui se traduit par l'exclusion des acteurs extérieurs dans
le processus domestique de gouverne. Cette exclusion est, en principe,
réciproque entre les États, même si la tendance naturelle
est d'affirmer son indépendance au niveau interne tout en cherchant
à influer sur l'État voisin. Et le cas est totalement
différent pour ce qui est des Etats de la CEMAC. En effet, au regard des
différentes poches de tensions entretenues dans ces Etats, le soutien
tant informel que formel des Etats voisins est souvent prisé pour
restaurer l'ordre et la sécurité chez le
« voisin ».
B. La Souveraineté de l'Etat ou
Souveraineté internationale légale
Elle confère à un État sa reconnaissance
internationale. En pratique, ce sont les autres États qui reconnaissent
cette Souveraineté, par la conclusion de traités internationaux.
Cette acception se rapporte à la Souveraineté extérieure
qui ne s'analyse pas en des termes positifs, comme un ensemble des pouvoirs que
l'Etat détiendrait sur ses sujets ou sur les autres, mais se
définit négativement comme la non-soumission à une
autorité supérieure ; le fait de n'être le sujet (au sens
d'assujetti) d'aucun autre sujet (au sens juridique). L'idée de
Souveraineté-indépendance comporte comme corollaire
immédiat l'égalité des Etats; tous sont égaux, et
à cet titre, négocient et discutent leurs accords sur la base de
l'égalité et de la liberté contractuelle. En zone CEMAC,
ce principe se voit respecter d'autant plus qu'au sens strict du droit, il est
à constater que tous les Etats membres sont égaux entre eux,
même si certaines imperfections et incohérences sont
évoquées par d'autres Etats longtemps marginalisés dans le
cadre de la gestion des instances de la Communauté.
Cependant, tout Etat, en adhérant à une
organisation régionale (comme l'union africaine) ou
sous-régionale (comme la CEMAC), doit en adopter la charité qui
contient des devoirs et obligations auxquels l'Etat est tenu de se soumettre :
ce qui est une limite considérable audit principe dont nous
examinons.
Section 2: Les limites de la Souveraineté des
Etats de la CEMAC
Depuis la fin de la Guerre froide en 1989, la mondialisation,
surtout en matière économique, transforme la notion de
Souveraineté en ne la faisant plus dépendre exclusivement des
États. Au XXIème siècle, la mondialisation
bouleverse la perception de la Souveraineté
La Souveraineté, par le biais de transferts de
compétences, est de plus en plus attaquée, à la fois au
niveau international, mais aussi au niveau national et régional. Les
Etats de la CEMAC trouvent leur compte quant aux limites à leur
Souveraineté tant dans le processus d'intégration que dans
l'appartenance à d'autres Organisations ou Institutions Internationales
et c'est d'ailleurs le risque à craindre pour les Chefs d'Etat de ces
pays qui constitue l'un des centres d'intérêt de cette
étude.
Paragraphe 1 : Les Organisations
internationales
Les Organisations Internationales, notamment
intergouvernementales, prennent de plus en plus de l'ampleur dans la
gouvernance de la société internationale. En effet, elles
finissent par développer leurs propres compétences et à se
détacher de la simple volonté propre de leurs composants, les
États-membres. Cette tendance remet en cause dès lors la
primauté de l'Etat sur la scène internationale et par
conséquent constituerait une forme de limitation aussi de la
Souveraineté des Etats. A cet effet, nous constatons par exemple
l'Organisation des Nations Unies, qui depuis la fin de la Guerre froide,
mène une véritable politique de contrôle des États,
voire une politique d'ingérence. Cependant, il ne peut toujours y avoir
aucun contrôle sur les cinq Grands (les cinq membres permanents du
Conseil de sécurité). De même que l'Organisation Mondiale
du Commerce (OMC), qui dès sa création en 1994, n'a eu aucun mal
à asseoir ses compétences en matière de commerce
international à l'encontre des États, en particulier à
l'encontre des États occidentaux qui se sont vus obligés
d'appliquer les règles de commerce libéralisé (suppression
du protectionnisme sous toutes ses formes). En réaction à ce
phénomène, les États mettent souvent en place des
systèmes de protection qui s'avèrent plus ou moins efficaces.
Cependant, de tels systèmes sont condamnés par l'Organisation
Mondiale du Commerce, qui s'évertue à mettre en place un commerce
libéralisé, la libre concurrence étant
représentée, dans l'économie libérale, comme ce qui
permet d'atteindre le plus de profits pour tout le monde. En outre, la clause
contraignante établie par l'article XVI-4 (dite « clause
de conformité ») de l'accord instituant l'OMC, qui
précise que « chaque membre assurera la conformité
de ses lois, réglementations et procédures administratives avec
ses obligations telles qu'elles sont énoncées dans les accords
figurant en annexe », entraîne une véritable perte
de Souveraineté étatique, puisqu'elle contraint les États
à légiférer, et ce de manière conforme aux
règles de l'OMC. Ce système est unique à l'OMC au niveau
international (bien qu'on le retrouve dans le système régional de
l'Union européenne) ; les traités ne pouvaient qu'interdire de
légiférer dans un sens contraire aux obligations
définies.
Dès leur accession à l'indépendance, tous
les Etats membres de la CEMAC optèrent cependant pour l'adhésion
à l'une ou l'autre organisation tant internationale que
régionale. Tel aura été le cas de leur adhésion
à l'Organisation des Nations Unies (ONU) ou encore en créant
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) aujourd'hui Union Africaine
(UA). Plus loin même, il est à remarquer une organisation à
caractère sous-régionale, les Etats de l'Afrique centrale ayant
le Franc CFA en commun décidèrent de créer l'UDEAC
à l'époque et CEMAC aujourd'hui, dans la perspective de conjuguer
leurs efforts ensemble pour rehausser la croissance de la sous-région.
En instituant la CEMAC, les Etats membres de cette communauté vont
responsabiliser cette organisation et donc donner toute leur confiance à
ses instances dans la gestion de ladite communauté. La création
de celle-ci et la libéralisation dans la gestion des domaines de droit
exclusif en principe à l'Etat remettent en cause sinon limite le
principe de Souveraineté de ces Etats membres de la CEMAC.
Paragraphe 2 : L'intégration
sous-Régionale
Elle constitue une limite par excellence au principe de la
Souveraineté. Grâce aux multiples avantages qu'elle
présente, les Etats sont obligés, dans certaines mesures
d'aliéner une partie de leur Souveraineté aux fins de permettre
à l'organisation de mieux réaliser ses objectifs et ceux
assignés à l'Etat. En effet, une communauté revêt le
caractère de ce qui est commun à plusieurs personnes ou à
plusieurs groupes sociaux c'est-à-dire un groupe de personnes vivant
ensemble et partageant les intérêts, une culture et un
idéal commun. Alors que la caractéristique fondamentale d'un Etat
est sa Souveraineté, pour prétendre une véritable
intégration un Etat est censé renoncer à une partie de sa
Souveraineté en faveur de l'organisation, ce qui n'est pas souvent le
cas et est totalement difficile pour la CEMAC. En effet, dans cette zone, le
principe de Souveraineté ne semble pas trouver ses entraves dans celui
de l'intégration sous-régionale car en fait il est vrai que les
organisations n'y sont pas « toutes puissantes » à
l'image de l'ONU ou de l'UE et force est de constater que, contrairement aux
dirigeants des ces dites organisations, qui ont une certaine influence sur les
chefs des Etats membres à ces organisations et par conséquent en
partie sur leurs Souverainetés, les dirigeants des instances de la
CEMAC, eux, n'ont en réalité aucune influence sur les Chefs des
Etats membres de cette communauté qui demeurent « tout
puissant » dans leur pays et maîtres de leur
Souveraineté entière, dans la mesure où lorsqu'une
proposition rationnelle et importante pour la communauté est
formulée par les instances dirigeantes de la CEMAC, elle ne peut trouver
satisfaction si elle porte préjudice aux intérêts
soi-disant d'un Etat mais en réalité c'est à cause des
intérêts d'un Chef d'Etat. Tel est le cas que nous illustre le
problème de la création d'une compagnie aérienne de la
sous-région.
La dualité intégration
régionale-Souveraineté dans la CEMAC est en effet la principale
cause au freinage sinon au ralentissement au processus d'intégration
constatés dans cette Communauté. Cependant, de nombreux mesures
et mécanismes pris par les autorités de ladite Communauté
en vue de favoriser l'intégration, il est à constater une
réticence de la part des Chefs d'Etat qui craignent de voir leur pouvoir
politique réduit. Le problème de l'intégration dans la
CEMAC est d'autant plus pointu qu'il est important de se demander si le mode
institutionnel et fonctionnel de cette communauté n'entraverait pas
à sa bonne marche ou encore devrions-nous faire une rétrospection
en analysant le dépassement enregistré par le passage de l'UDEAC
à la CEMAC avant de présenter cette dernière et en faire
un Etat des lieux.
CHAPITRE II :
L'INTEGRATION SOUS-REGIONALE EN AFRIQUE CENTRALE :
LA CEMAC
« L'intégration régionale est le
processus par lequel deux ou plusieurs pays réduisent progressivement et
suppriment les obstacles aux échanges entre eux et les disparités
entre leurs économies de manière à constituer à
terme un espace économique homogène. Ce processus implique autant
des aspects commerciaux et macroéconomiques que les politiques
sectorielles18(*)
».
Une ère nouvelle est cependant entrain de voir le jour
en matière d'intégration régionale en Afrique. Les Etats
d'Afrique centrale se sont résolument engagés dans
l'accélération de l'intégration. On peut souligner
à cet effet le renforcement des efforts de convergence
macroéconomique entre les différents pays. Il faut
également mentionner en matière de libre circulation des
personnes les avancées réalisées afin de faciliter la
liberté de déplacement des citoyens. L'ensemble de ces mesures et
de ces initiatives permettra de renforcer l'intégration et favorisera la
construction d'un destin commun en Afrique centrale préalable à
une intégration dynamique et compétitive dans la
globalisation.
Section 1: La réforme de l'UDEAC ou naissance de
la CEMAC
L'UDEAC a d'abord mis l'accent sur une stratégie
d'intégration par le marché fondée sur le
désarmement douanier entre pays membres et la mise en place d'un
système tarifaire unique. Par la suite, et en particulier par la
révision du traité intervenue en 1974, la coopération
régionale a été élargie à d'autres domaines
avec pour objectif de progresser sur la voie de l'union économique.
Cette stratégie peut être examinée à travers trois
mécanismes : l'unification douanière et fiscale, l'union
économique et les fonds de solidarité.
Paragraphe 1 : La longue et difficile marche vers
l'intégration
Au lendemain des indépendances, des dispositifs
destinés à favoriser la circulation des biens, des services et
des capitaux furent élaborés. C'est dans cet esprit que l'Union
Douanière et Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC) fut
créée en 1964. En 1972, les pays membres de l'UDEAC
signèrent la «Convention Commune sur la libre circulation des
personnes et le droit d'établissement» mais, dans les faits et en
dehors du Tchad et de la République Centrafricaine (RCA), les autres
pays privilégient leurs réglementations nationales : visa
d'entrée, permis de séjour, visa du Ministère
chargé du travail pour les contrats, etc. Cet aspect constitua,
dès le début, l'une des pierres d'achoppement de
l'intégration sous-régionale. Minée par ce type de
problèmes, l'UDEAC devint progressivement une union moribonde qui
n'avait pas réussi dans la quasi-totalité des objectifs qu'elle
s'était fixés. Quoique fragilisée par des problèmes
de financement et en dépit des exceptions parfois importantes
apportées par plusieurs Etats membre au tarif extérieur commun en
vigueur jusqu'en décembre 1993, l'UDEAC put néanmoins lancer tant
bien que mal le chantier de la réforme fiscalo-douanière. Le
commerce au sein de la zone était par ailleurs très peu
développé. De fait, force est de constater que, parce que l'on
oubliait toujours dans le passé que le « E » du sigle
signifiait « Economique » et non « Etats », l'échec
de l'UDEAC était devenu patent. Alors que nombre de réalisations
avait une destination et une capacité sous régionales, chaque
Etat tenait à se doter par exemple de sa propre raffinerie de
pétrole, de sa propre cimenterie, de sa propre usine de sucre, etc. Il
en découla des problèmes de rentabilité d'autant plus
graves qu'à leurs débuts, les entreprises des secteurs
concernés étaient parapubliques ou exceptionnellement
gérées selon des normes peu orthodoxes. L'UDEAC, après
plus de trois décennies de fonctionnement, se verra de loin s'accomplir
ses objectifs pour diverses causes. En effet, « les
appréciations divergentes des coûts et avantages
d'intégrations ont conduit dès 1968 à une grave crise de
l'institution marquée par le retrait de la Centrafrique et du Tchad qui
créent avec l'ex-Zaïre une organisation relativement
éphémère l'UEAC (Union des Etats de l'Afrique Centrale)
qui n'a duré que deux ans seulement, la Centrafrique
réintégrant l'UDEAC en 1970 et le Tchad en 198419(*) ».
Paragraphe 2 : De l'UDEAC à la CEMAC
Avec le recul, il est aujourd'hui possible de soutenir que
même l'organisation structurelle de l'Union n'était pas
adaptée à ses missions : le secrétariat
général était en effet peu outillé en moyens
financiers, humains et matériels et il existait une sorte d'absence
d'échelon intermédiaire entre les Chefs d'Etat et le
secrétariat général. En fait, cette inadaptation des
structures constitua un facteur aggravant supplémentaire. Ainsi, compte
tenu non seulement des mutations de l'économie internationale mais aussi
du bilan mitigé des résultats de cette Union, le Conseil des
Chefs d'Etat, décida à l'unanimité, en décembre
1991, de donner une nouvelle impulsion au processus d'intégration
sous-régionale. Mandat fut donc donné au Gouverneur de la BEAC de
piloter un groupe de travail et chargé d'étudier et de proposer
une nouvelle approche de l'intégration économique et sociale dans
la Sous-région. Les conclusions de ce groupe de travail aboutirent au
remplacement de l'UDEAC par la Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale (CEMAC). Ces conclusions suggérèrent en
outre d'une part, la création d'une intégration économique
susceptible de consacrer la transformation de la coopération
monétaire existante en une véritable union monétaire et,
d'autre part, la mise en cohérence, des politiques
macroéconomiques à travers la surveillance multilatérale
des politiques budgétaires nationales. Dans la foulée et à
l'occasion du sommet de Malabo (Guinée Equatoriale), le traité
instituant la CEMAC fut signé par six Etats, le 25 juin 1994. Son
entrée en vigueur intervint un mois seulement plus tard et c'est alors
que fut insufflé un nouvel élan devant répondre à
une logique d'intégration plus forte et plus cohérente. Par la
suite, les spécificités de chaque Etat membre de la CEMAC et les
enjeux géopolitiques sous-régionaux en relation avec la situation
de certains des pays voisins sont tels qu'à l'épreuve des faits,
la dynamique intégrationniste est lente aux yeux de nombreux
observateurs. Pour certains en effet, l'institution qu'est la CEMAC semble
prolonger les insuffisances de la défunte UDEAC dans la mesure où
elle n'a pas encore réussi à fédérer les
aspirations des Chefs d'Etat, et encore moins à les rapprocher du
secrétariat exécutif qui est pourtant déterminé
à renforcer les instruments communautaires et à
institutionnaliser la concertation avec le secteur privé. Pour d'autres,
les disparités régionales entre les zones riches et les zones
pauvres ne sont pas réellement atténuées dans le cadre
communautaire. D'où l'importance des mécanismes compensatoires
encore absents et des investissements qui ne sont, hélas, pas encore
nombreux. Le nombre limité des investissements entrepris dans le cadre
de la nécessaire intégration régionale est d'autant plus
petit que les besoins de développement économique sont
énormes. Malheureusement, l'effort d'investissement est
obéré par le faible niveau du taux d'épargne nationale
(13,1% en 1998) et l'insuffisance des circuits de financement. A ce propos, le
lancement espéré du fonds de développement de la
Communauté, chargé essentiellement de financer les projets
intégrateurs de la zone et d'apporter un soutien à la
compensation des pertes des recettes dues à l'application de la
réforme fiscalo-douanière est porteur d'espoirs.
Ainsi, un constat largement partagé est celui d'un
bilan fortement mitigé au regard des potentialités de la
sous-région Afrique Centrale. Des explications traditionnelles pour les
pays africains peuvent être invoquées ici : extraversion de
l'économie, insuffisance des voies et infrastructures de communication,
problèmes politiques internes des Etats et conflits
interétatiques, conflits entre intérêts nationaux et
engagement sous-régionaux, appréciations divergentes des
coûts et avantages de l'intégration. Mais, dans le cas de
l'Afrique centrale, ces difficultés prennent un relief particulier.
Section 2: Présentation et
état des lieux du processus d'intégration dans la zone
CEMAC
La nécessité d'intensifier leur
coopération a poussé certains Etats de l'Afrique Centrale
à signer le 8 décembre 1964 à Brazzaville le traité
instituant l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale
(UDEAC). Cette organisation sous-régionale à laquelle
adhérera la Guinée Equatoriale en 1983, fut certainement la plus
ancienne de toutes les organisations africaines d'intégration et devait,
malgré d'énormes difficultés de parcours quelques fois,
survivre une trentaine d'années. Elle avait su surmonter des crises
aiguës des années 1966 avec le retrait-réintégration
de la RCA et du Tchad. Toutefois, avec les crises économiques
successives des années 1980-1990, il avait paru indispensable de
relancer le processus d'intégration économique et sociale sous
une nouvelle forme plus dynamique, avec la signature le 16 mars 1994 à
N'DJAMENA au TCHAD du Traité instituant la Communauté Economique
et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC).
Paragraphe 1 : Présentation du processus
d'intégration dans la zone CEMAC
La CEMAC est une communauté d'Etats appartenant tous
à la sous-région Afrique Centrale et ayant en commun une
même monnaie (le FCFA). Comme le montre la carte ci-dessous (Carte des
Etats membres de la CEMAC), cette Communauté compte six Etats : le
Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et
le Tchad, bien qu'il arrive des fois que les Etats comme le Sao Tomé et
Principe ou la RDC y participent en tant que membre observateurs.
Née de la volonté des Gouvernements de six Etats
Membres de l'ancienne UDEAC (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon,
Guinée Equatoriale, Tchad), la CEMAC constitue une avancée
considérable par rapport à l'Organisation qu'elle était
appelée à remplacer. En effet, dans le cadre de cette
Communauté, les Gouvernements des Etats membres ont
réaffirmé leur attachement aux principes de liberté et de
démocratie et se sont engagés à : développer
ensemble toutes les ressources humaines et naturelles de leurs Etats pour le
bien être de leurs peuples dans tous les domaines ; donner une
impulsion nouvelle et décisive au processus d'intégration en
Afrique Centrale par une harmonisation accrue des politiques et des
législations de leurs Etats ; assurer la convergence des
performances de leurs politiques économiques au moyen du dispositif de
la surveillance multilatérale. Par ailleurs, ces mêmes
Gouvernements ont accepté de faire bénéficier à
cette nouvelle Communauté du transfert d'une parcelle de la
souveraineté des Etats membres, transfert qui peut s'apprécier au
travers de la création d'un Parlement et d'une Cour de Justice
Communautaires ainsi que de nombreuses prérogatives dévolues au
Secrétariat Exécutif devenu « Commission » de
la CEMAC aujourd'hui. Laquelle Commission, créée aux termes de la
8ème session ordinaire du Sommet des Chefs d'Etat de la
CEMAC, qui s'est tenue le 25 avril 2007, à N'Djamena (Tchad), est
composée d'un Commissaire par Etat membre et dirigée par un
Président, qui, de nos jours, est incarné par la personne de
Monsieur Antoine TSIMI, de nationalité camerounaise. De même,
autres réformes ont consisté d'élargir le Gouvernement de
la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, en y créant trois (03) postes
de Directeurs Généraux, et de porter à douze (12) le
nombre de Directions Centrales. Il sied cependant de se demander si le
changement de termes des instances de gestion de la Communauté sont
fonction de celui du mode de gestion même ou du rôle et de la place
qu'occupe le Président de la Commission devant la Conférence des
Chefs d'Etat. Le constat et le résultat sont les mêmes
c'est-à-dire une Commission qui n'a pas de réel pouvoir de
décision.
La mission essentielle de la CEMAC est de promouvoir un
développement harmonieux des Etats membres dans le cadre de
l'institution d'un véritable marché commun. Aussi, lui est-il
assignée la réalisation des objectifs suivants : mettre en place
un dispositif de surveillance multilatéral des politiques
économiques des Etats membres ; assurer une gestion stable de la monnaie
commune ; sécuriser l'environnement des activités
économiques et des affaires en général ; harmoniser les
réglementations des politiques sectorielles dans les domaines essentiels
prescrits par les textes organiques (agriculture, élevage, pêche,
industrie, commerce, transport et télécommunications,
énergie et environnement, recherche, enseignement et formation
professionnelle.) ; créer un marché commun basé sur
la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services.
La CEMAC est composée de deux Unions : une Union
Economique de l'Afrique Centrale (UEAC) et une Union Monétaire de
l'Afrique Centrale (UMAC). Avec deux (02) institutions traditionnelles que sont
la Conférence des Chefs d'Etat et le Conseil des Ministres de l'UEAC,
elle comprend autres organes de décision de la Communauté tels
que : le Comité Ministériel de l'UMAC, la Commission de la CEMAC
installée à Bangui, la Cour communautaire de Justice
(composée de 12 magistrats, elle comprend une Chambre Judiciaire et une
Cour des Comptes) et dont le siège est à N'Djamena, la Commission
Interparlementaire mise en place en juin 2000, la Commission bancaire d'Afrique
Centrale (le COBAC) fixé à Libreville, la Bourse Régionale
des valeurs Mobilières de l'Afrique Centrale (BVMAC) dont le
siège fixé à Libreville (sur cette question, un
réel quiproquo réside du fait de l'existence de deux (02) bourses
dans la Communauté dont la seconde est la « Douala Stock
Exchange » ou DSX et occasionnant ainsi un ralentissement dans le
processus d'intégration car, la visibilité et la valorisation ou
le rayonnement de l'une ou l'autre bourse sur la scène internationale
constituent une véritable concurrence entre les deux (02) bourses et la
question est celle de savoir si le Cameroun, propriétaire de la DSX,
accorderait la même volonté et le même pouvoir que les
autres membres de la CEMAC à la BVMAC ?)
De tous ces organes, il est à noter que l'organe
suprême est la Conférence des Chefs d'Etat. Elle détermine
la politique de la Communauté et oriente l'action du Conseil des
Ministres de l'UEAC et du Comité Ministériel de l'UMAC. Elle se
réunit au moins une fois par an. Cependant, au travers le pouvoir
assigné à cette Conférence force est de constater que
celle-ci la puissance absolue de la Communauté et au regard des
divergences d'intérêts « nationaux » que
revêt les Chefs d'Etat, il est probable de voir un frein au processus
d'intégration car toutes les décisions proposées par la
Commission ne seront pas toutes acceptées. De même, en vertu de
l'incompatibilité du principe de la Souveraineté des Etats et le
phénomène d'intégration sous-régionale, il n'est
pas possible d'envisager une véritable réussite dans le processus
d'intégration si une assez grande et importante place n'est pas
accordée à la Commission, véritable moteur dans ce
processus. Telle est la présentation actuelle du processus
d'intégration en zone CEMAC. Aussi, nous nous proposons de porter un
regard sur l'état des lieux de cette Communauté.
3
2
4
5
6
1
![](La-souverainete-de-letat-et-lintegration-sous-regionale-en-Afrique-centrale--le-cas-de-la-CEMA2.png)
Carte des pays membres de la CEMAC
LEGENDE
1= Cameroun
2= Centrafrique
3=Congo
4=Gabon
5=Guinée Equatoriale
6=Tchad
Paragraphe 2 : Etat des lieux du processus
d'intégration dans la zone CEMAC
La CEMAC est une organisation internationale
créée pour prendre le relais de l'UDEAC. Le traité
instituant la CEMAC a été signé le 16 mars 1994 à
Ndjamena (Tchad) et est entré en vigueur en juin 1999.
Au nombre des préoccupations que regorgent la CEMAC, la
libre circulation des personnes et des biens... des capitaux, demeure
naturellement un dossier important, car pour créer un espace
économique réellement viable et attractif, il faudrait que cette
circulation soit effective. A cet effet, dans la perspective de rendre
effective cette libre circulation, il est nécessaire pour les Etats
membres de la CEMAC d'être à la hauteur de résoudre les
problèmes d'ordre sécuritaire. Il existe, en effet, des
problèmes de biométrie, des problèmes de
sécurisation de la frontière extérieure de toute la zone
CEMAC et c'est là une approche pragmatique qui a le mérite de
résoudre les vrais problèmes qui se posent, de manière
à rendre cette libre circulation effective.
Pour réussir l'entreprise de l'intégration, la
CEMAC se doit aussi de décloisonner son espace, activer le dossier de la
compagnie aérienne Air CEMAC car, il n'est plus à
démontrer que se déplacer dans cette zone relève de
gymnastiques incroyables. Il faut atteindre cependant, dans ce dossier un
niveau d'appropriation des Etats, qui soit irréversible, puisque toute
compagnie aérienne a pour fonds de commerce les droits de trafic, qui
sont effectivement déjà donnés par les Etats de la CEMAC
et leur souscription sur capital communautaire, donc, c'est dire que c'est un
dossier qui a atteint un stade irréversible.
Au regard de toutes les réformes opérées
au sein de ladite Communauté ainsi que les différents projets
réalisés et en cours, il est aisé de se rendre compte que
le processus d'intégration économique des Etats membres de la
CEMAC peine à franchir le cap de la première étape de sa
réalisation. En l'état de son fonctionnement actuel, la
Communauté apparaît non pas comme une organisation
d'intégration supranationale à même d'impulser « le
passage d'une situation de coopération à une situation d'union
» mais davantage comme une organisation intergouvernementale
marquée par l'égoïsme et l'emprise des Etats membres sur ses
institutions qui, dès lors, jouent difficilement leur rôle
prééminent dans la mise en oeuvre d'une politique réaliste
d'intégration. L'UEAC ne jouit pas d'une pleine autonomie d'action ; la
Commission et le Parlement Communautaire n'ont pas le poids politique effectif
et ne disposent pas non plus, tout comme la Cour de Justice, d'un
mécanisme d'injonction et de sanction susceptible de contraindre les
Etats, les autres Institutions et organes de la Communauté au respect
des décisions communautaires ; l'exécution de ces
décisions accuse dès lors une faiblesse notoire.
Préoccupée certainement par l'insuffisance des stratégies
et des méthodes appliquées jusqu'alors, la Conférence des
Chefs d'Etat a commandé une étude sur la réforme du
fonctionnement des institutions et organes de la CEMAC lors de sa
réunion tenue en mars 2006 à Malabo en Guinée
Equatoriale.
Un encadrement juridique pouvant assurer à ces
Instituions et organes une indépendance, une structuration et une
fonctionnalité nécessaires à la recherche et à la
protection de « l'intérêt commun » s'avère
indispensable autant qu'un redéploiement conséquent des
ressources humaines. La nouvelle dynamique de l'intégration
économique et monétaire des Etats membres reste tributaire de
l'adéquation entre l'ambition intégrationniste du Traité
et les pouvoirs conférés aux Institutions et organes
chargés de la traduire dans les faits. Certes la construction d'une
Communauté économique et monétaire est une oeuvre de
longue haleine ; elle ne se fait pas « d'un coup », mais «
progressivement par des réalisations concrètes et
irréversibles, créant des solidarités de fait » comme
le faisaient remarquer déjà Jean Monnet et Robert SCHUMAN,
à propos de l'Union européenne.
Mais par delà le renforcement des institutions et
organes communautaires et de leurs financements, on ne saurait plus longtemps
faire l'économie d'une vigoureuse réflexion tant sur
l'adhésion constante des populations à l'idéal
communautaire, que sur la corrélation entre le processus graduel
d'intégration et l'approfondissement de l'ancrage démocratique
des Etats membres, appelés à s'adapter aux mutations politiques
économiques et sociales de l'environnement international. C'est dire
combien le projet d'intégration des Etats de la CEMAC interpelle toutes
les intelligences dont regorgent si heureusement la sous région. Les
intellectuels et les jeunes notamment devraient s'approprier ce projet et
apporter, au mieux de leurs talents, un éclairage novateur aux
bâtisseurs que sont les Hommes d' Etat, les créateurs des
richesses etc. En tout état de cause, la réussite du projet
d'intégration des Etats membres de la CEMAC reste tributaire d'une
volonté politique éclairée, ferme et attentive. C'est dire
que les Etats membres de la CEMAC doivent revoir leurs politiques internes
respectives en vue de favoriser le processus d'intégration de cette
sous-région. Tel sera le centre d'intérêt de l'étude
de notre deuxième partie qui consiste à l'analyse comparative
entre la CEMAC et les politiques internes de ses Etats membres.
DEUXIEME PARTIE :
LA CEMAC ET LES POLITIQUES INTERNES
DE SES ETATS MEMBRES
Fondée il y a quinze (15) ans, la Communauté
économique et monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) est
à la peine. Intégration régionale balbutiante,
rivalités au sommet, « affaire » de la BEAC etc., le chantier,
ouvert en 1994, est loin d'être achevé. Si l'union
monétaire est à ranger du côté des acquis, sous la
haute protection d'un Franc CFA placé sous la tutelle du Trésor
français, pour le reste, le bilan est mince. L'intégration est
peu avancée et la compétitivité de la zone est faible, car
dans cette zone, il est à constater par exemple que le transport de
marchandises, entre Douala et N'Djamena coûte six fois plus cher qu'entre
Shanghai, en Chine, et le port de Douala. Il dure également deux fois
plus longtemps?: soixante jours, contre trente jours.
Dans cette zone, où la part du commerce
intracommunautaire ne cesse de diminuer par rapport à celle des
années 1990, la levée des barrières tarifaires
intracommunautaires a eu un effet contre-productif puisque les recettes
publiques étant pour l'essentiel douanières, les gouvernements
privilégient les importations extracommunautaires qui, elles,
remplissent les caisses de l'État. Donnons ainsi lieu à une
inadéquation entre les politiques tant sectorielles que
régionales programmées par la CEMAC et les politiques internes de
ses Etats membres. D'abord, de l'épineux problème du passeport
CEMAC, officiellement institué en 2000, traduisant également
cette marche laborieuse vers une véritable communauté de destin,
qui d'ailleurs des propos du Président de la Commission de la CEMAC,
Antoine NTSIMI, pourrait être effectivement mis en circulation d'ici
début 2010 ; ensuite de celui de ceux des fortes turbulences qui
ont accompagné le lancement de la compagnie aérienne Air
CEMAC ; et enfin, à la rivalité entre la Bourse de
Libreville et celle de Douala. De ces trois faits, l'on pourrait remarquer
autant de distanciations entre les Etats membres de cette Communauté
dues aux intérêts nationaux de ces derniers mais en
réalités à l'égoïsme des Chefs d'Etat. Ainsi,
pourrions-nous examiner dans un premier chapitre, la question des
égoïsmes des Etats membres de la CEMAC qui constitue un
véritable obstacle pour l'aboutissement à
intégration ? Et dans un second chapitre, nous dégagerons
les maux et les grandes caractéristiques d'une véritable
intégration dans cette zone.
CHAPITRE III :
L'EGOÏSME DES ETATS MEMBRES DE LA CEMAC :
VERITABLES OBSTACLES AU PROCESSUS D'INTEGRATION ?
Consciente de ces travers, la CEMAC a décidé de
revoir la relance de son processus d'intégration. En cela, les
déclarations et revendications de la Guinée équatoriale,
qui s'estime sous-représentée au sein des institutions
sous-régionales, auront été utiles. Lors du tumultueux
sommet de N'Djamena, le 25 avril 2007, le Secrétariat exécutif de
l'organisation a été remplacé par une Commission avec un
président, le Camerounais Antoine NTSIMI, devant rendre compte de ces
changements. Et si cet Etat n'a toujours pas obtenu une rotation des postes, le
consensus de Fort-Lamy adopté en 1973 tient toujours, la réforme
des institutions se poursuit. À commencer par la Banque des États
de l'Afrique centrale (BEAC), où le gouverneur gabonais
Jean-Félix MAMALEPOT, longtemps à ce poste, a laissé la
place à un compatriote, Philibert ANDZEMBE, cette fois-ci,
assisté par trois directeurs généraux?: un Centrafricain,
un Camerounais et, bien sûr, un Equato-guinéen. Plus la
Guinée équatoriale devient riche, plus elle revendique une place
à la hauteur de ses revenus.
Il faut cependant admettre que les projets
d'intégration ont été insuffisants. A titre
d'illustration, il est à percevoir par exemple que les
réalisations concrètes font défaut, il est possible
d'expliquer ces retards par les rivalités entre Chefs d'État. Les
considérations claniques ou ethniques étant de mise et des
véritables enjeux pour une véritable intégration, bien que
celle-ci, à l'image de l'UE, ne saurait se réaliser aussi
facilement car, il faudrait au moins un minimum de temps. Reste que le
positionnement du doyen des Chefs d'Etat de cette zone, El Hadj Omar BONGO
ONDIMBA20(*), placé
au devant diplomatie de cette zone, et celui du Président Paul BIYA,
souvent absent lors des sommets, sans oublier le fervent disciple de la
françafrique, le Président Denis SASSOU NGUESSO, n'est pas
franchement de nature à accélérer le processus. Les
revendications du Président TEODORO OBIANG NGUEMA remettent en cause les
équilibres et les contours du leadership régional. Quant aux
contentieux territoriaux, dont celui opposant le Gabon et la Guinée
équatoriale sur l'îlot de Mbanié potentiellement riche en
or noir, ils sont autant de venins qui empoisonnent l'esprit communautaire.
Dans cette perspective, nous attellerons-nous à porter
un regard dans une première section, à la pomme de discorde de
l'intégration sous régionale en zone CEMAC et, dans une seconde
section nous nous pencherons sur l'analyse d'une éventuelle
corrélation entre la Souveraineté, les Chefs d'Etat et
l'intégration dans cette communauté.
Section 1: La pomme de discorde de l'intégration
sous régionale en zone CEMAC
L'intégration régionale dans les pays en
développement est perçue depuis fort longtemps comme un facteur
accélérateur du développement économique. Elle
permet en effet de créer un marché plus vaste et apparaît
donc comme une solution à l'étroitesse de la taille de
marché intérieur qui constitue aux yeux de nombreux
spécialistes, l'un des principaux obstacles à l'industrialisation
dans les pays en développement en général et en Afrique
subsaharienne en particulier. L'intégration régionale est aussi
de nos jours considérée comme un des principaux moyens
d'insertion des pays en développement dans une économie
mondialisée. Cependant, dans la réalité on observe que,
dans les pays en développement en général et en Afrique en
particulier, les nombreuses tentatives de constitution formelle d'un processus
d'intégration régionale se sont soldées par des
échecs. L'exemple des pays de la CEMAC est une illustration parfaite
d'un processus d'intégration régionale qui se heurte à de
nombreuses difficultés pour son aboutissement. Une des principales
raisons qui est souvent évoquée pour expliquer les
difficultés et/ou les échecs des processus d'intégration
régionale dans les pays en développement, c'est l'inégale
répartition des gains de l'intégration entre les pays
participants. Les pays leaders sur le plan économique sont souvent
supposés être les principaux voir les seuls
bénéficiaires d'un processus d'intégration
régionale d'où la réticence des autres pays à
s'engager à fond dans le processus.
Parmi les acteurs impliqués dans la logique de
compétition des puissances régionales en Afrique Centrale, il ya
des Etats, des rebellions armées, des petits groupes indépendants
, les réseaux d'élite comprenant un noyau de dirigeants
politiques, militaires et hommes d'affaires, des compagnies privées de
sécurité, des trafiquants d'arme, des multinationales, etc.
Autant d'acteurs mis en scène, mais pour ce qui est de notre
étude nous nous limiterons aux seuls Etats. Les turbulences liées
à la solidarité concurrentielles entre les puissances
régionales ont pour enjeu la maîtrise et le contrôle
stratégique par les potentialités internes. En effet, au nombre
des discordes constatées en zone CEMAC, il est à noter
essentiellement la problématique de leadership (paragraphe 1) ainsi que
les querelles autour de ce leadership (paragraphe 2) dans cette
sous-région.
Paragraphe 1 : La problématique du
leadership en zone CEMAC
Le problème de leadership en zone CEMAC découle
du constat de la faillite du couple Cameroun-Gabon à se positionner
durablement comme le moteur de la zone21(*). L'alternative crédible serait un couple
Cameroun-Tchad, qui semble disposer d'atouts plus pertinents. Le Gabon a
toujours affiché ses prétentions au leadership. Mais, il n'est
pas qualifié pour assumer une telle responsabilité. Certes, il
dispose d'un avantage comparatif sur l'échiquier diplomatique et qui est
inhérent à l'entregent du Président BONGO, à la
rente pétrolière et surtout à son rôle de relais de
l'influence de la France en Afrique. Cependant, le Gabon est disqualifié
notamment par le fait qu'il n'adhère par au projet d'intégration
régionale ; il préfère plutôt la coopération
et toute son action diplomatique en la matière vise à s'assurer
que les processus en cours au sein de la sous-région n'iront pas
au-delà de la phase de coopération. D'où, par exemple, les
entraves posées systématiquement à l'égard des
initiatives communautaires, tels que la libre circulation, le droit
d'établissement, et le financement de l'UDEAC/CEMAC22(*). La tactique du Gabon, ces
dernières années, a consisté à s'associer au Congo
en vue de s'imposer comme le moteur de la CEMAC. Il s'agit d'une entente
séculaire renforcée par des liens personnels et une
coopération bilatérale conviviale. Les relations interethniques
et interterritoriales entre le Congo et le Gabon, durant la période
précoloniale, laissent transparaître un principe
d'interpénétration et une symbiose que l'on n'a pas
observée dans le cas du couple Cameroun-Gabon. On note en effet des
similarités ethniques très profondes dans les zones
frontalières. Et les principaux groupes ethniques dont il est question
ici sont : les Kota, Mbédé, Nzebi, Punu, Téké et
Vili. De plus, le Gabon a été une périphérie ou une
province historique du Congo. Les entités sociopolitiques du
Gabon23(*) ont
été soit vassales soit énormément
influencées par celles du Congo dont les deux principales ont
été celles des Téké et du Loango24(*). Le Cameroun cependant, se
permet de s'imposer comme le « leader naturel et légitime » de
la CEMAC. Il représente environ 50% de la population, du PIB et de la
masse monétaire en circulation dans la sous région. Pôle
universitaire, agricole et industriel de la CEMAC, il est le seul pays de la
zone à avoir entamé une véritable multinationalisation de
ses entreprises25(*). Seul
pays limitrophe de tous les cinq autres de la CEMAC, le Cameroun se targue
d'être le point central de plusieurs politiques communautaires et a
démontré sa capacité à mener une initiative
concurrente à un projet régional (Douala Stock Exchange).
Néanmoins, dans le but de paraître hégémonique et en
raison des charges induites par le rôle de leader, le Cameroun devrait se
trouver un allié. Le Tchad semble le pays le plus disposé
à un tel partenariat. Tout comme Yaoundé, N'Djamena adhère
à l'intégration et a démontré sa volonté
à s'engager dans la sous-région (envoi de troupes au Congo et en
RCA pour soutenir respectivement Denis SASSOU NGUESSO et François
BOZIZE). Le Cameroun et le Tchad forment une alliance objective vivifiée
par une coopération bilatérale dynamique. Ce couple repose sur un
engagement politique appuyé (« Ce qui est bon pour le Tchad l'est
également pour le Cameroun et vice versa26(*) »), une concertation permanente au sommet et
l'adoption de positions communes sur des dossiers sous-régionaux. Il est
sous-tendu par des liens historiques, juridiques, sociologiques et un facteur
géostratégique. Le Tchad est un pays enclavé. Sa
porte-océane la plus viable est le Cameroun. Entre les deux pays,
l'intégration avance. De plus, le Cameroun et le Tchad sont les deux
pays les plus peuplés de la CEMAC (environ 25 millions sur les 29 de la
CEMAC) et ont la plus forte densité (20 hab. /km²). Les chiffres
ci-dessus nous montrent que la première force du Cameroun au sein de la
zone CEMAC provient de sa population. La population du Cameroun
représentait en effet en 2002 environ 48% de la population totale de la
CEMAC alors que sa superficie ne représente que 16% environ de la
superficie totale de la CEMAC. La deuxième puissance régionale
sur ce plan étant le Tchad. Les autres pays qui sont, à
l'exception de la RCA, des pays producteurs de pétrole possèdent
un nombre d'habitants faible.
Données générales
économiques des pays de la CEMAC en 2002
|
Cameroun
|
Congo
|
Gabon
|
Guinée E.
|
RCA
|
Tchad
|
Population (millions)
|
15,5
|
3,2
|
1,3
|
0,469
|
3,8
|
7,9
|
En % de la population de la CEMAC
|
48,18
|
9,94
|
4,04
|
1,45
|
11,81
|
24,55
|
Superficie (Km²)
|
475400
|
342000
|
267700
|
28050
|
623000
|
1,3 million
|
En % de la superficie totale de la CEMAC
|
15,65
|
11,20
|
8,81
|
0,92
|
20,51
|
42,81
|
PIB (milliards de FCFA)
|
7363,6
|
2225 ,2
|
3353,3
|
1523,9
|
709,3
|
1205,8
|
En % du PIB de la CEMAC
|
44,95
|
13,58
|
20,47
|
9,3
|
4,32
|
7,36
|
Source : Calcul de l'auteur à
partir des données du Bureau Afrique centrale de la Commission
Economique de l'Afrique compilées dans Les économies de l'Afrique
centrale 2004.
La situation de la CEMAC, qui est décrite ci-dessus et
qui se caractérise par l'existence d'un pays leader sur le plan
économique, n'est pas une particularité de cette zone, elle
apparaît même comme une des caractéristiques principales de
la plupart des accords d'intégration régionale en Afrique
subsaharienne. Ainsi à l'image du Cameroun en zone CEMAC, le Kenya
domine la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), la Côte d'Ivoire
domine l'UEMOA et l'Afrique du sud domine la Communauté de
Développement de l'Afrique Australe (SADC).
Fort de cette situation, il est à noter une forte
revendication et voire même une contestation de la Guinée
Equatoriale qui se veut le rôle de leader de la sous-région. Au
lendemain de la découverte des gisements pétroliers sur son
territoire et actuellement détenant près de 40% des
réserves de la communauté au Trésor français, cet
Etat crée un certain nombre de bouleversements au sein de la CEMAC en se
mettant à la tête des réformes opérées au
sein de cette communauté sollicitées en 2005. A ce sujet, il
faut dire que nombre de projets intégrateurs dans la CEMAC n'aboutissent
pas à cause de ce phénomène. Au lieu de repenser la
manière dont la communauté devra décoller, la
réflexion est portée plutôt sur la manière dont tel
ou tel autre Etat envisage d'être leader de la sous-région. Dans
cette perspective, il est à remarque une véritable querelle
autour de la problématique du leadership au sein de la CEMAC que nous
nous permettons d'examiner dans un second paragraphe.
Paragraphe 2 : L'intégration en zone CEMAC,
querelle de leadership ?
Le leadership peut être fondé sur une dimension
«historique ». Certains Etats ne rechigneraient pas à tirer de
leur statut de membre fondateur d'une organisation la reconnaissance d'un
rôle de «dépositaire de l'ambition originaire», qui leur
confèrerait une autorité politique sur les autres. Mais le
leadership historique peut aussi résulter d'un point de vue plus
personnel, de la participation du dirigeant politique d'un Etat à la
création de l'organisation d'intégration. Le leadership peut
également s'affirmer d'un point de vue «militaire». L'Etat
concerné se prévaudra alors soit de sa capacité à
régler des conflits dans la zone, soit de son aptitude (non
affirmée mais éprouvée) à
«déstabiliser» potentiellement la zone ou une partie de
celle-ci. L'implication du Tchad dans le conflit centrafricain et notamment sa
contribution au renversement du régime d'Ange- Félix
Patassé, l'érigent en interlocuteur politique de premier ordre de
la RCA, avec néanmoins des implications certaines sur sa position au
sein de la CEMAC. Le critère démographique a en outre son
importance dans certaines organisations d'intégration. Il revêt
une dimension économique notable, mais peut aussi, dans certains cas,
être un facteur de leadership politique institutionnalisé. On peut
aussi envisager une hypothèse de leadership « démocratique
», car l'émergence dans l'un des Etats de la région d'un
pouvoir démocratique peut être un facteur d'influence au sein des
institutions régionales.
Au nombre des querelles qui existent au sein de la CEMAC, nous
avons également les revendications de la Guinée Equatoriale qui
créent des contradictions. En effet, ils question de savoir le lien
entre la Guinée Equatoriale et les réformes de la CEMAC, est-ce
un suivisme ou un leadership. Cet Etat faisant une montée dans
l'affirmation de ses prétentions sous-régionales. Il a d'abord
usé de l'arme de la « diplomatie
financière ». C'est ainsi qu'en 2002, il a successivement
octroyé un soutien financier à la RCA et au Gabon.27(*) Par la suite, les
autorités équato-guinéennes se sont singularisées
en retirant leurs troupes de la Forces Multinationale de la CEMAC en
Centrafrique (FOMUC) en 2003. Puis, par le biais de différents
médias, le Président Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO et ses
collaborateurs ont commencé à souligner « l'urgente
nécessité » qu'il y aurait à
« moderniser la CEMAC28(*) ». Finalement, lors du
6ème sommet des chefs d'Etat de la CEMAC, les 29 et 30 juin
2005, à Malabo, le Président OBIANG NGUEMA a plaidé devant
ses pairs pour « plus d'équité dans l'attribution des
responsabilités ». A cet égard, il a requis et obtenu
la réalisation d'un audit juridique et financier des institutions
communautaires29(*).
Section 2: La Souveraineté, les Chefs d'Etat et
l'intégration en zone CEMAC
Pour Georges SCELLE, « les Organisations
Internationales qui tendent à une intégration en se substituant
aux Etats dans l'exercice de certaines fonctions connaissent un mode de
fonctionnement et de distribution du pouvoir qui relève du
fédéralisme.30(*)» Or, la CEMAC ne semblent pas correspondre
à ce schéma idéal. Les organismes d'intégration
régionale d'Afrique centrale ont été conçus et mis
en place en tant qu'associations d'Etats constituées par traité,
dotées d'une constitution et d'organes communs et possédant une
personnalité juridique distincte de celle des Etats membres31(*). Ceux-ci entendent demeurer
des sujets souverains librement associés dans les organismes
interétatiques dont la qualification communautaires n'est ni synonyme
d'union ni prémices d'une fusion. De fait, le
« souverainisme » imprègne fortement les bases
structurantes de ces associations et reflète dans le classicisme de leur
statut juridique.
La zone CEMAC, si on la compare aux autres espaces
politico-économiques de l'Afrique subsaharienne, est celle où le
pouvoir conserve et se conserve le plus longtemps. Les six chefs d'État
en exercice totalisent ensemble près d'un siècle et demi (140 ans
très exactement) aux affaires, avec de fortes disparités bien
sûr, mais une même tendance rétive à l'alternance. Ce
que la région y gagne en stabilité, elle le perd en
renouvellement de ses élites, et les progrès
réalisés sur la voie de la bonne gouvernance ne s'accompagnent
pas assez de leur corollaire?: l'avancée vers une démocratie
libérale.
En effet, la souveraineté des Etats de cette zone est
axiomatique dans les architectures communautaires d'Afrique centrale. Le
consensualisme des sources juridiques et
« l'internationalisme » des principes fondamentaux, traits
caractéristiques de ces associations peuvent brider, dans une certaine
mesure, l'ambition d'intégration.
Si un Etat membre de la CEMAC a la possibilité
d'initier des propositions d'amendement ou des révisions des actes
constitutifs de la CEMAC, ces propositions doivent être adoptés
par consensus et soumises à la ratification de tous les Etats membres.
L'unanimité de tous les Etats membres est requise32(*). Par ailleurs, chaque Etat
membre de la CEMAC conserve l'entière liberté et la souveraine
faculté de se retirer de l'une ou l'autre communauté. Le retrait
s'effectue alors selon une procédure relativement simple.
Les fondateurs de la CEMAC ont eu à coeur de garantir
la permanence, l'intangibilité et la sacralité de la figure de
l'Etat. Les sujets étatiques concernés n'entendent perdre ni leur
indépendance ni leur qualité étatique. Ils tiennent
à conserver leur identité propre et leur autonomie d'action dans
la sphère des rapports internationaux. La communauté ne signifie
pas pour eux l'union ou la fusion dans un creuset fédéral. Au nom
d'une conception fervente et ardente de leur souveraineté
internationale, les Etats membres de la CEMAC se défient tant d'une
vision réductrice de leur capacité internationale que de toute
tentative d'altération ou de corrosion de leur immédiateté
internationale. De la sorte, les Etats membres de la CEMAC réaffirment
que leur association est déterminée et orientée par les
principes classiques qui régissent les relations entre les Etats
(principes de souveraineté, d'égalité juridique et
d'indépendance de tous les Etats, de bon voisinage, de
non-ingérence dans leurs affaires intérieures, de non-recours
à la force pour le règlement des différents et le respect
de la prééminence du droit). De ces faits, les rapports entre les
Etats membres de la CEMAC se situent dans un ordre plus relationnel
qu'institutionnel, c'est-à-dire privilégiant les rapports
horizontaux entre sujets souverains et se défiant des rapports verticaux
entre structure de subordination et Etats33(*).
Les Etats membres se sont engagés à s'abstenir
de toute mesure susceptible de faire obstacle à la communauté. Il
est prévu d'accélérer le processus d'intégration en
anticipant sur le chronogramme établi. En principe, au plus tard en
2006, la libre circulation des personnes et des biens devrait être
effective. L'application de la convention régissant l'UEAC permettrait
au Centrafricain de s'installer sans tracasserie au Gabon, s'il le souhaite. De
même, le Congolais peut exporter son bois au Tchad sans payer des droits
de douane. La libre circulation peut impliquer l'accès des
établissements d'enseignement de la zone CEMAC à tous les
étudiants ressortissants de l'union dans les mêmes conditions que
les nationaux. Ainsi, l'étudiant équato-guinéen peut
s'inscrire à l'Université de N'Djamena dans les mêmes
conditions que les Tchadiens. Voilà pour ce qui est des principes. Qu'en
est-il de toutes ces mesures dans la pratique ?
Dans la pratique, l'engagement des six Etats de l'union
rencontre des obstacles liés à la lenteur administrative qui
empêche de traduire dans les faits les dispositions de la convention. Il
y a aussi des blocages dus aux réticences de certains Etats à
aller vers l'intégration. Certains Etats estiment qu'ils ont plus
à perdre qu'à gagner en intégrant entièrement
l'union. Les Etats réfractaires à la libre circulation des
personnes ont peur d'être envahis par la population des autres Etats
(dits pauvres) à la recherche d'emploi.
Dans certains Etats, l'égoïsme national est
justifié par le fait que les entreprises nationales ne peuvent pas
supporter la concurrence. Elles sont protégées par les droits
douaniers. L'ouverture des frontières constitue un manque à
gagner. Sans droit douanier, le sucre tchadien supportera difficilement la
concurrence du sucre venant du Cameroun. L'égoïsme national vise
à protéger les marchés intérieurs, les emplois et
les richesses.
Cette considération xénophobe est
justifiée parfois autant que faire se peut par la culture de violence
qui s'est développée dans certains pays de l'espace de l'union
sous l'effet des années de guerres civiles et, dans une certaine mesure
par l'incivisme affiché de leurs populations. A ces obstacles s'ajoutent
les instabilités politiques dans certains Etats. Celles-ci sont
très dissuasives pour l'intégration économique car elles
peuvent se répercuter sur toute l'union.
L'insécurité dans le Nord-Ouest centrafricain et
celle à l'Est du Tchad sont des facteurs d'inquiétude
justifiés. Les habitants des régions
énumérées sont victimes des violences et sont
dépouillés de leurs biens lorsqu'ils ne sont pas tués. Il
va de soi que dans ces conditions, aucun allogène ou étranger ne
prendra le risque de s'aventurer dans ces zones, même si la circulation
est déclarée libre. Ainsi, l'insécurité bloque la
libre circulation des personnes et des biens.
Les barrières à l'intégration sont aussi
culturelles. Ces inquiétudes sont les mêmes que celles
exprimées par certains Etats européens opposés à
l'entrée des Etats de l'Europe de l'Est dans l'Union européenne.
La conséquence de la méfiance de certains Etats est un frein
posé à l'intégration. Le Tchadien pour se rendre au
Cameroun doit être muni d'un document de voyage appelé
laissez-passer. Pour aller au Gabon, il doit avoir au préalable le visa
pris dans une représentation diplomatique autre que celle d'un Etat
membre de l'union accrédité au Tchad. Il y a des Etats de la
communauté qui n'ont pas jugé opportun d'avoir des
représentations diplomatiques dans tout l'espace de la CEMAC. Cette
attitude traduit leur manque d'intérêt et d'engouement pour la
politique d'intégration. Les discours officiels tenus par les dirigeants
et les engagements pris par ceux-ci contrastent avec les
réalités. Les discours sont destinés à la
consommation extérieure et les textes pour l'instant sont faits pour les
beaux yeux de ceux qui veulent bien les lire. Les Chefs d'Etat de l'Afrique
centrale ont décidé lors du sommet tenu à N'Djamena en
2000 de l'entrée en vigueur du passeport commun appelé passeport
CEMAC à partir du 1er juillet de la même année. Plus de
neuf ans après cette date, le passeport CEMAC qui devrait rendre
effectif la libre circulation des personnes bute sur des questions d'ordre
pratique. Est-ce que ce passeport seul suffira pour circuler librement dans
l'espace de ladite communauté ? Non à priori. Les populations de
la zone CEMAC devraient être sensibilisées par des campagnes
nationales d'information sur les biens fondés de l'intégration et
s'accepter. Le cadre juridique ne suffira pas pour mettre à l'abri des
tracasseries ceux qui désireraient circuler dans l'espace CEMAC. Ce ne
sera que lorsque les populations se seront départies de tout
préjugé, d'égoïsme et de méfiance source de
xénophobie que l'intégration pourrait être une
réalité. Alors que la libre circulation des personnes et des
biens est le baromètre de la réalisation d'une communauté,
seulement quatre des six Etats membres de la CEMAC s'efforcent de la pratiquer
partiellement. Les Etats doivent doubler d'efforts pour parvenir à leurs
objectifs.
Quoi qu'il en soit, il apparait bien que sur le terrain des
objectifs essentiellement économiques autour desquels est centrée
la CEMAC, la coopération et la coordination, mécanismes
classiques de l'inter-étatisme, sont privilégiés. Il en va
de même des autres secteurs où, comme par
prétérition, les Etats membres prétendent vouloir
élaborer et adopter des politiques communes.
Aussi, étant donné que la souveraineté de
la plupart des Etats membres de la CEMAC est garantie sinon incarnée par
la personne du chef de l'Etat, il est à croire que tout la
problématique de l'intégration dans cette zone, souvent remis en
cause par le principe de souveraineté, est en réalité le
fait des chefs d'Etat, qui par leur égoïsmes et leurs
intérêts particuliers se targuent d'adopter ou non les textes qui
leur semblent bon gré. Dans cette logique, il faut alors pour la zone
CEMAC, une sorte de reprise de conscience en vue de repenser la CEMAC
c'est-à-dire revoir le processus d'intégration. Tel sera le point
central de notre prochain et dernier thème (chapitre 4) de notre
étude.
CHAPITRE IV :
LA CEMAC : VERS UNE INTEGRATION SOUS-REGIONALE
?
L'analyse de la situation de l'Afrique Centrale met bien en
évidence la précarité, l'instabilité du contexte
sous-régional dans une zone déchirée par de nombreux
conflits et qui souffre d'une pauvreté d'autant plus inacceptable
qu'elle regorge de nombreuses ressources. Ici donc plus qu'ailleurs,
l'intégration sous-régionale prend à la fois des
dimensions politiques, sociales et économiques qui rendent la
démarche à la fois complexe et indispensable. La démarche
d'intégration régionale est pour ce faire, un processus aux
enjeux multiples, qui vise à rapprocher les cultures,
éventuellement modifier les comportements, pour accroître
l'efficacité économique et politique dans la sous-région.
Dans la zone CEMAC, l'intégration demeure un slogan pour les
autorités et un mythe sinon un rêve pour les ressortissants de
cette communauté. En effet, autant de maux qui minent l'avancement et
même l'aboutissement de ce projet qui date de longtemps.
Une communauté constitue un nouvel ordre juridique de
droit international au profit duquel les Etats ont limité, bien que dans
des domaines restreints, leurs droits souverains, et dont les sujets sont non
seulement les Etats membres, mais également leurs ressortissants. Il
faut donc dire qu'une véritable intégration impose aux Etats de
se débarrasser d'un certain égoïsme qui recouvre leurs
intérêts nationaux respectifs. Les Etats de la CEMAC, pour pouvoir
cheminer vers une véritable intégration digne d'elle devront se
débarrasser de certains aléas néfastes qui minent le
processus d'intégration et bâtir ensemble le devenir de cette
organisation sous-régionale. Aux côtés des réformes
institutionnelles et fonctionnelles, à l'initiative de la Guinée
Equatoriale, les Etats membres de la CEMAC devraient en principe se soutenir en
vue de panser tous les maux qui freinent cette sous-région à
décoller malgré les forts taux de croissance qu'elle enregistre,
pour une véritable intégration sous-régionale.
Ainsi en vue de mieux cerner notre propos, nous nous
chargerons dans une première section d'examiner la problématique
de l'intégration dans la zone CEMAC afin d'en dégager des
perspectives d'une véritable intégration
sous-régionale.
Section 1: La problématique de
l'intégration dans la zone CEMAC
Si la CEMAC est opérationnelle depuis dix ans, il n'en
demeure pas moins que son acte constitutif date de 1994, et que l'UDEAC qu'elle
a remplacée naquit en 1964. Autrement dit, cela fait bien 45
années que la sous-région est à la quête de son
intégration et de la concrétisation de l'acte qui la symbolise le
mieux, la libre circulation des personnes, des biens ou des capitaux. Force est
de relever que des difficultés subsistent qui en font encore plus un
objectif qu'une réalisation. Il est à espérer qu'en 2010
voit enfin jour le passeport CEMAC institué à N'Djamena en
décembre 2000. Mais l'on ne peut ne pas s'interroger sur certaines
réserves émises à l'occasion du sommet de Yaoundé,
en 2001, et qui semblent subitement lier le sort et la portée de ce
passeport à la maîtrise préalable de
phénomènes perturbateurs (terrorisme....) qui n'ont pas eu par le
passé la même résonance déstabilisatrice
qu'aujourd'hui. Ceci dit et dans cette attente, l'obtention du visa reste
paradoxalement une opération généralement rude au sein de
la zone. On se serait pourtant attendu à une délivrance des visas
plus aisée et plus fluide, dans l'esprit des dispositions d'ouverture
sous-jacentes à la décision prise d'instituer ce passeport
communautaire. En raison de ce décalage, le scepticisme des uns se
trouve renforcé. De même que le lancinant problème des
financements remet à des horizons non définis la
réalisation de projets pourtant majeurs de la Communauté :
l'incontournable réseau routier intégrateur au caractère
prioritaire absolu, la compagnie de transport aérien
sous-régionale, le futur parlement communautaire à Malabo,
l'aménagement du siège de la COBAC à Libreville, les
arriérés de libération du capital de la BDEAC. Nul doute
que pour ce faire, la CEMAC aura à la fois besoin d'asseoir sa
crédibilité politique et économique auprès de
bailleurs de fonds internationaux et de compter sur des économies
nationales de la sous-région plus performantes et plus aptes à
soutenir financièrement leurs propres projets.
La CEMAC, dans le souci de diversifier et de multiplier les
secteurs de coopération (car elle demeure un instrument de
coopération), est appelée, dans le cadre de l'UEAC, à
« instituer une coordination des politiques sectorielles
nationales, mettre en oeuvre des actions communes et adopter des politiques
communes dans les domaines suivants : l'agriculture, la pêche,
l'industrie, le commerce, le tourisme, les transports, les
télécommunications, l'énergie, l'environnement,
l'enseignement et la formation professionnelle34(*) ». Force est cependant de remarquer
que dans l'ensemble de ces domaines, les réalisations concrètes
et tangibles font défaut. Aucune politique commune n'est vraiment
élaborée et les éventuelles stratégies de
coopération et de coordination manquent de cohérence et
d'efficacité ; sur ce terrain, le déficit en matière
de volontarisme intégrateur est patent, de même qu'est notable une
hypertrophie excessive du champ opératoire du principe de la
subsidiarité35(*).
Le processus d'intégration sous-régionale suppose la mise en
oeuvre d'institutions et des mécanismes visant la réduction et
l'élimination des disparités entre les économies. Ainsi,
analyserons-nous les fondements conceptuels (paragraphe 1) et les
mécanismes (paragraphe 2) d'intégration sous-régionale en
zone CEMAC.
Paragraphe 1 : Fondements conceptuels
d'intégration sous-régionale
Le cadre de référence de l'intégration
sous-régionale est celui de l'intégration par le marché
qui aboutit à une délimitation des étapes que les
regroupements économiques régionaux franchissent. Au nombre de
ces étapes (zone d'échanges préférentiels, zone de
libre-échange, union douanière, marché commun, union
économique et/ou intégration économique complète),
il est à noter que la CEMAC, certes ayant opté pour certain
concepts semblable à ceux de certaines étapes, mais elle n'en
demeure point comparable, tels sont les cas de l'UDEAC ou de l'UEAC qui ne sont
respectivement des union douanière et union économique que de nom
car dans le fond, il n'en est pas question d'une vraie union économique
par exemple pour ce qui est de l'UEAC. Ou encore, la zone de libre
échange deuxième étape d'une intégration n'est pas
effective en zone CEMAC du fait de l'égoïsme des Etats membres.
L'intégration sous-régionale se doit
d'être réalisée par diverses formes. Il existe en effet,
l'intégration par les échanges qui implique l'abolition des
barrières nationales dans les transactions économiques enter
Etats membres afin que les facteurs de production puissent circuler librement
au sein de la CEMAC. Ce qui n'est pas le cas. Il y a aussi,
l'intégration par la production, de même que la thèse du
« protectionnisme minimum » qui consiste à
rechercher un niveau de libéralisation des échanges le plus
poussé dans la sous-région tout en s'assurant d'un niveau de
protection élevé à l'intérieur de la zone par
rapport à l'extérieur. Mais, au regard des différents
accords que les Etats membres entretiennent avec leurs différents
partenaires, cela n'est pas possible. Egalement, avons-nous
l'intégration par des règles d'harmonisation qui
s'intéresse à un ensemble de normes que doivent suivre les pays
désirant s'intégrer afin de faire bénéficier
à leur groupement de tous les gains découlant de l'extension de
leur marché. Cette forme n'existe dans la zone CEMAC qu'à titre
figuratif car la plupart des textes de cette communauté ne sont pas
respectés et à titre illustratif, nous pouvons constater
l'incapacité des textes à inciter les São Tomé et
Principe à adhérer à ladite zone.
Paragraphe 2 : Mécanismes
d'intégration sous-régionale
Née des cendres de l'UDEAC, la CEMAC a continué
avec les mécanismes de l'UDEAC modifiés à certains
niveaux. Ainsi a-t-elle mis l'accent sur une stratégie
d'intégration par le marché fondé sur le
désarmement douanier entre pays membres et la mise en place d'un
système tarifaire unique. Une stratégie qui peut être
examinée à travers trois mécanismes : l'unification
douanière et fiscale, l'union économique et les de
solidarité.
Le premier mécanisme, l'unification douanière et
fiscale, s'était fixé pour objectifs, entre autres,
l'amélioration des recettes fiscales des Etats non seulement par la
simplification et la spécialisation des instruments douaniers et
fiscaux, mais également par l'élargissement de la base
imposable ; de supprimer les discriminations entre entreprises locales et
entreprises étrangères ; lutter contre la fraude
douanière par l'abaissement des droits de douane ; d'accroitre la
compétitivité des entreprises locales. Cependant, il est
à constater qu'au regard des faits et de la réalité que
ces objectifs semblent être des vains mots. Quant à l'union
économique, au regard des domaines pour lesquels elle devrait être
effective, des politiques communes et les programmes sous-régionaux ont
été définis mais les réalisations n'ont pas
toujours suivi les interventions proclamées. Le dernier
mécanisme, les fonds de solidarité, consiste en des compensations
des gains et pertes de l'intégration sous-régionale. Au regard
des avantages retirés par les pays côtiers notamment des
activités de transit, les fonds de solidarité de la CEMAC est
institué et alimenté par ces derniers (Cameroun, Congo, Gabon et
de nos jours Guinée Equatoriale) au bénéfice des pays de
l'intérieur (Centrafrique et Tchad).
Section 2: Perspectives d'une véritable
intégration dans la zone CEMAC
Il est à noter que l'entrave majeure de tous ces
mécanismes est l'égoïsme des Etats membres de la CEMAC
à vouloir les mettre en oeuvre mais cependant cela ne suffit pas en elle
seule pour faire décoller la zone CEMAC. Ainsi, de nos jours, les
nouvelles stratégies concurrentielles de croissance des Etats ou des
entreprises intègrent obligatoirement le management des hommes comme une
ressource stratégique majeure dans le déploiement de leur
politique de développement. Dès lors, la mise en place de
formations qualifiantes à l'échelle sous-régionale
permettra aux acteurs économiques et administratifs d'acquérir
une identité ou un sentiment d'appartenance à une
communauté et développer une attitude positive face au
marché commun. Par ailleurs, la création de prix CEMAC
récompensant les entreprises performantes à l'exportation ou en
termes de respect des normes Qualité permettrait le développement
d'un cercle vertueux de compétitivité des hommes au sein des
entreprises. Dans ce même ordre d'idée, la mise en oeuvre des
décisions pragmatiques tels que le Passeport CEMAC ou la carte de
circulation des agents économiques ressortissants de la zone et
expatriés résidents, garantissant la liberté de
résidence et de travail à l'intérieur de cette zone,
serait un facteur déclenchant de mobilité et un gage certain de
réussite pour l'intégration économique régional.
Tout ceci passe par une prise de conscience régionaliste qui se traduit
en termes économiques par « un poids suffisant du marché
» pour faire progresser les économiques intérieures et
amorcer de façon irréversible les transactions à
l'exportation.
Par ailleurs, l'efficacité actuellement reconnue des
grands Groupes mondiaux repose sur la diversité dans la composition de
leur « Board »où l'on applique de plus en plus deux principes
stratégiques majeurs qui accompagnent la fiabilité des
organisations, à savoir, le principe de la multi-culturalité et
celui de la subsidiarité. Au niveau sociétal, l'inspiration y
serait de mise, car les principes stratégiques et les méthodes
qui gagnent ailleurs, gagnent partout, à condition de savoir les adapter
aux réalités de terrain pour en tirer toute la substantifique
moelle.
« Il n'y a de richesses que d'hommes » dit un adage
car, l'enjeu majeur de l'intégration sous-régionale est la
création de la valeur et des richesses pour résoudre de
façon durable les problèmes liés à la
pauvreté et au chômage. Par ailleurs, la maîtrise de
l'intelligence des situations innovantes, c'est-à-dire de la dynamique
des hommes, est aujourd'hui la seule force motrice capable d'augmenter
régulièrement et rapidement les énergies permettant ainsi
de gagner le temps sur le temps car, le paramètre optimal de
maîtrise des processus de globalisation et de mondialisation, donc de
l'intégration sous-régionale est la maîtrise et la gestion
du temps.
Pour une véritable intégration dans la zone
CEMAC, nombre de dispositions doivent être prises par les Etats membres
en laissant de travers leur égoïsme dissimulé sous le label
d'intérêts nationaux, d'ailleurs qui ne devaient plus avoir lieu
du fait de l'intégration sous-régionale et par conséquent,
l'existence d'une communauté et qui dit communauté dit une mise
en commun d'un certain nombre de politiques et de programmes en commun. Parmi
ces dispositions, il ya :
1. Déclaration de politique régionale par chaque
Gouvernement, pour promouvoir les idéaux d'intégration par les
médias nationaux ;
2. Banque de données régionales sur
l'économie, les finances, les projets, les réglementations,
etc. ;
3. Elaboration d'un schéma directeur
d'industrialisation régionale ;
4. Politique volontariste du fret, trop coûteux
actuellement ;
5. Normes industrielles sous régionales (produits
industriels, constructions, installations, etc.) ;
6. Université privée régionale dans les
disciplines comme la gestion et la technologie ;
7. Institution statistique régionale recensant les
agrégats économiques régionaux, et à terme
observatoire économique régional susceptible d'inspirer les
politiques des investissements ;
8. Circulation sans entraves de la monnaie scripturale dans la
zone ;
9. Libre circulation des étrangers possédant une
carte de séjour valide dans l'un de ces 6 pays ;
10. Libre circulation des capitaux, en particulier des fruits
de la vente de produits nationaux aux partenaires de la zone ;
11. Elimination des tracasseries policières,
administratives et douanières pour les accès et transit au
travers du Cameroun, au Port de Douala, sur les routes d'accès au Tchad
et en Centrafrique, aux postes frontières vers le Tchad, la RCA, la
Guinée Equatoriale ;
12. Coopération sous-régionale forte dans les
domaines scolaire, universitaire et de recherche, de lutte contre la
contrebande, la fraude et l'insécurité.
Pour que l'intégration régionale rejoigne les
attentes des populations dans le cadre de la lutte contre la pauvreté,
il est vivement souhaitable que les efforts soient redoublés sur des
aspects qui ont un réel impact sur la nécessaire
compétitivité de l'économie sous-régionale. Le voeu
d'une véritable intégration sous-régionale appelle
également, de manière incontournable un engagement des Etats dans
la concrétisation des projets communautaires que sont : le passeport
CEMAC, l'interconnexion des réseaux des télécommunications
et leur réhabilitation, afin de faciliter la communication au sein de la
zone et l'accès de nos économies aux nouvelles technologies de
l'information et de la communication, le réseau routier
intégrateur prioritaire. Il est vrai que c'est la réalisation
progressive des projets en cours et à un rythme soutenu et compatible
avec les exigences de l'environnement économique mondial qu'il sera
permis, non seulement d'améliorer la compétitivité de la
sous-région, mais aussi de favoriser les utiles brassages entre nos
populations.
En somme, il faudrait mettre pour cela, du réalisme
mais aussi de l'espoir dans la volonté des Etats membres de la
sous-région dans leurs efforts d'intégration en vue de voir se
réaliser tous ces atermoiements.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de ces développements, il est aisé de
se rendre compte que le processus d'intégration économique des
Etats membres de la CEMAC peine à franchir le cap de la première
étape de sa réalisation. En l'état de son fonctionnement
actuel la Communauté apparaît non pas comme une organisation
d'intégration supranationale à même d'impulser « le
passage d'une situation de coopération à une situation d'union
» mais davantage comme une organisation intergouvernementale
marquée par l'égoïsme et l'emprise des Etats membres sur ses
institutions qui, dès lors, jouent difficilement leur rôle
prééminent dans la mise en oeuvre d'une politique réaliste
d'intégration. L'UEAC ne jouit pas d'une pleine autonomie d'action ; le
Secrétaire Exécutif hier, Commission aujourd'hui et le Parlement
Communautaire n'ont pas le poids politique effectif et ne disposent pas non
plus, tout comme la Cour de Justice, d'un mécanisme d'injonction et de
sanction susceptible de contraindre les Etats, les autres Institutions et
organes de la Communauté au respect des décisions communautaires
; l'exécution de ces décisions accuse dès lors une
faiblesse notoire. Préoccupée certainement par l'insuffisance des
stratégies et des méthodes appliquées jusqu'alors, la
Conférence des Chefs d'Etat a commandé une étude sur la
réforme du fonctionnement des institutions et organes de la CEMAC lors
de sa réunion tenue en mars 2006 à Malabo en Guinée
Equatoriale.
Un encadrement juridique pouvant assurer à ces
Instituions et organes une indépendance, une structuration et une
fonctionnalité nécessaires à la recherche et à la
protection de « l'intérêt commun » s'avère
indispensable autant qu'un redéploiement conséquent des
ressources humaines La nouvelle dynamique de l'intégration
économique et monétaire des Etats membres reste tributaire de
l'adéquation entre l'ambition intégrationniste du Traité
et les pouvoirs conférés aux Institutions et organes
chargés de la traduire dans les faits. Certes la construction d'une
Communauté économique et monétaire est une oeuvre de
longue haleine ; elle ne se fait pas « d'un coup », mais
« progressivement par des réalisations concrètes et
irréversibles, créant des solidarités de fait » comme
le faisaient remarquer déjà Jean Monnet et Robert SCHUMAN,
à propos de l'Union européenne36(*).
Mais par delà le renforcement des institutions et
organes communautaires et de leurs financements, on ne saurait plus longtemps
faire l'économie dune vigoureuse réflexion tant sur
l'adhésion constante des populations à l'idéal
communautaire, que sur la corrélation entre le processus graduel
d'intégration et l'approfondissement de l'ancrage démocratique
des Etats membres, appelés à s'adapter aux mutations politiques
économiques et sociales de l'environnement international. C'est dire
combien le projet d'intégration des Etats de la CEMAC interpelle toutes
les intelligences dont regorgent si heureusement la sous région. Les
intellectuels et les jeunes notamment devraient s'approprier ce projet et
apporter, au mieux de leurs talents, un éclairage novateur aux
bâtisseurs que sont les Hommes d' Etat, les créateurs des
richesses etc. En tout état de cause la réussite du projet
d'intégration des Etats membres de la CEMAC reste tributaire d'une
volonté politique éclairée, ferme et attentive.
ANNEXES
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COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DE L'AFRIQUE
CENTRALE
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Présentation de la CEMAC
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1. Aperçu historique :
Conservant les liens qui les unissaient sous l'Administration
coloniale, les Etats de la Centrafrique, du Congo, du Gabon et du Tchad ont
crée en juin 1959, l'Union Douanière Equatoriale (UDE) à
laquelle adhérera en 1961 l'Etat du Cameroun.
La nécessité d'intensifier leur
coopération a poussé ces Etats à signer le 8
décembre 1964 à Brazzaville le
traité instituant
l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale
(UDEAC).
Cette organisation sous-régionale à laquelle
adhérera la Guinée Equatoriale en 1983, fut certainement la plus
ancienne de toutes les organisations africaines d'intégration et devait,
malgré d'énormes difficultés de parcours quelques fois,
survivre une trentaine d'années. Elle avait su surmonter des crises
aiguës des années 1966 avec le retrait-réintégration
de la RCA et du Tchad. Toutefois, avec les crises économiques
successives des années 1980-1990, il avait paru indispensable de
relancer le processus d'intégration économique et sociale sous
une nouvelle forme plus dynamique, avec la signature le 16 mars 1994 à
N'DJAMENA au TCHAD du
Traité instituant la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
(CEMAC).
2. Objectifs et missions de la CEMAC :
La CEMAC est née de la volonté des Gouvernements
de six Etats Membres de l'ancienne UDEAC (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon,
Guinée Equatoriale, Tchad). Elle constitue une avancée
considérable par rapport à l'Organisation qu'elle était
appelée à remplacer.
En effet, dans le cadre de cette Communauté, les
Gouvernements des Etats membres ont réaffirmé leur attachement
aux principes de liberté et de démocratie et se sont
engagés à :
· Développer ensemble toutes les ressources
humaines et naturelles de leurs Etats pour le bien être de leurs
peuples dans tous les domaines.
· donner une impulsion nouvelle et décisive au
processus d'intégration en Afrique Centrale par une harmonisation accrue
des politiques et des législations de leurs Etats.
· assurer la convergence des performances de leurs
politiques économiques au moyen du dispositif de la surveillance
multilatérale.
Par ailleurs, ces mêmes Gouvernements ont accepté
de faire bénéficier à cette nouvelle Communauté du
transfert d'une parcelle de la souveraineté des Etats membres, transfert
qui peut s'apprécier au travers la création d'un Parlement et
d'une Cour de Justice Communautaires ainsi que de nombreuses
prérogatives dévolues au Secrétariat Exécutif.
La mission essentielle de la CEMAC est de promouvoir un
développement harmonieux des Etats membres dans le cadre de
l'institution d'un véritable marché commun.
Aussi, lui est-il assigné la réalisation des
objectifs suivants :
· Mettre en place un dispositif de surveillance
multilatéral des politiques économiques des Etats membres ;
· Assurer une gestion stable de la monnaie commune ;
· Sécuriser l'environnement des activités
économiques et des affaires en général ;
· Harmoniser les réglementations des politiques
sectorielles dans les domaines essentiels prescrits par les textes organiques
(agriculture, élevage, pêche, industrie, commerce, transport et
télécommunications, énergie et environnement, recherche,
enseignement et formation professionnelle.)
· Créer un marché commun basé sur la
libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services.
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COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DE L'AFRIQUE
CENTRALE
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Les Institutions de la CEMAC
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L'Union Economique de
l'Afrique Centrale (UEAC)
L'Union Economique de l'Afrique Centrale vise à
renforcer la compétitivité des activités
économiques et financières par l'harmonisation des règles
qui régissent le fonctionnement de ces activités. Elle assure la
convergence vers des performances soutenables par la coordination des
politiques économiques et la mise en cohérence des politiques
budgétaires nationales avec la politique monétaire commune; de
même que la création du marché commun sous-régional
et l'institution de la coordination des politiques sectorielles nationales
ainsi que la mise en oeuvre des actions communes dans les domaines essentiels
lui incombent.
La réalisation des objectifs assignés à
l'Union Economique est soumise à une contrainte de calendrier
établi par les textes organiques eux-mêmes.
En effet, aux termes des articles 3 et suivants de la
Convention régissant l'Union Economique, la construction de celle-ci
sera entreprise au cours d'un processus en trois étapes de cinq
années chacune soit un délai de quinze années à
compter de l'entrée en vigueur du traité instituant la CEMAC et
des Conventions subséquentes. Cette période tient compte
naturellement des acquis de l'UDEAC.
La première étape (25 juin 1999 au 24
juin 2004), est consacrée a :
· créer toutes les conditions nécessaires
au fonctionnement du marché commun ;
· engager un processus de coordination des politiques
nationales en matière d'agriculture, d'élevage, de pêche,
d'industrie, de commerce, de tourisme, de transport et
télécommunications ;
· initier le processus de mise en place des instruments
de libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes ;
· développer la coordination des politiques
commerciales et des relations économiques avec les autres régions
;
· préparer des actions communes dans les domaines
de l'enseignement, de la formation professionnelle et de la recherche.
Au cours de la seconde étape (25 juin 2004-24
juin 2009), l'Union Economique devra :
· établir la libre circulation des biens, des
services des capitaux et des personnes ;
· mettre en oeuvre des actions communes dans les secteurs
cités au paragraphe précédent ;
· engager un processus de coordination des politiques
nationales en matière d'environnement et d'énergie ;
· renforcer et améliorer les infrastructures
nationales de transports et de télécommunications en vue de leur
interconnexion.
Les actions à entreprendre au cours de la
troisième étape, dépendent de l'état
d'avancement de celles initiées au cours des deux premières
étapes. Toutefois, il est envisagé d'instaurer des politiques
sectorielles communes dans toutes les matières faisant l'objet d'une
coopération au sein de l'Union Economique.
L'Union Economique dispose d'un certain nombre d'institutions
spécialisées dont la création est fonction des besoins de
réalisation des objectifs assignés à l'Union. Certaines de
ces institutions sont des acquis de l'UDEAC que la CEMAC s'efforce de
consolider et de conformer le fonctionnement aux normes nouvelles en vue d'une
réalisation harmonieuse des objectifs globaux de la Communauté
dont on compte déjà de nombreuses réalisations. A titre
indicatif, nous citerons :
L'harmonisation des législations sur la Taxe sur la
Valeur Ajoutée (TVA) et du Droit d'Accise (DA) en vigueur dans la Zone
CEMAC depuis décembre 1998;
L'institution du "Passeport CEMAC" en vue de faciliter la
circulation des personnes dans la sous région ainsi que la
réactivation de 1972 sur la libre circulation des personnes
conclue sous l'égide de l'UDEAC;
L'adoption d'une Charte Communautaire des Investissements
complétant les dispositifs existants de la Réforme
fiscalo-douanière;
L'adoption d'une Réglementation Communautaire sur la
concurrence des pratiques commerciales anticoncurrentielle et des aides
d'Etat;
La création d'un site Internet commun CEMAC - UEMOA
portant l'appellation
Investir en Zone Franc
à l'intention des Investisseurs;
L'institution et la mise en circulation de la Carte
Internationale d'Assurance Automobile 'CIRCA-CEMAC) commune aux Etats de la
CEMAC en vue de faciliter le règlement des sinistres dans la sous
région;
L'adoption d'une batterie de textes relatifs à la
réglementation des activités de Transports et
Télécommunications;
L'harmonisation des politiques en matière de
l'Enseignement Supérieur dans les pays membres de la Communauté
spécialement en ce qui concerne les conditions d'accès des
étudiants dans leurs établissements publics ou d'utilité
publique d'enseignement supérieur;
La mise en place de dispositifs Sécuritaires dans la
sous région en vue de mieux lutter contre la délinquance
transnationale. A cet effet, le Secrétariat Exécutif de la CEMAC
eut à soutenir le Comité des Chefs de Police d'Afrique Centrale
(CCPAC) dès sa création en avril 1997 et à engager
des actions de collaboration allant du parrainage de la conclusion de l'Accord
de Coopération en matière de Police Criminelle entre les Etats de
la sous région d'Afrique Centrale en avril 1999 à la conclusion
d'un Accord de coopération entre le Secrétariat
Général de l'Interpol et le Secrétariat Exécutif de
la CEMAC.
L'Union
Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC)
L'UNION MONETAIRE DE L'AFRIQUE CENTRALE dont le siège
est établi à Yaoundé au Cameroun est en charge de la
politique monétaire, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (
BEAC) en constitue
la pierre angulaire. Elle se caractérise par l'adoption d'une même
unité monétaire dont l'émission est confiée
à la BEAC qui est l'Institut d'Emission Commun. Elle participe avec
l'Union Economique, à l'exercice de la surveillance multilatérale
par la coordination des politiques économiques et la mise en
cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique
monétaire commune.
Les organes de l'Union Monétaire sont:
- La Conférence des Chefs d'Etat;
- Le Comité Ministériel;
- L'Institut d'Emission BEAC;
- La Commission Bancaire de l'Afrique Centrale(COBAC);
- Tout autre organe approprié créé par la
Conférence des Chefs d'Etat dans le cadre de l'UMAC.
Les Institutions spécialisées de l'UMAC sont:
- La Commission de surveillance du Marché Financier de
l'Afrique Centrale(
COSUMAF);
- Le Groupe d'Action contre le Blanchiment d'Argent en Afrique
Centrale (GABAC);
- Toute autre Institutions spécialisées
créée par la Conférence des Chefs d'Etat dans le cadre de
l'UMAC.
Le Parlement
Communautaire
LE PARLEMENT COMMUNAUTAIRE est l'Instance Communautaire
chargée du contrôle démocratique des Institutions et
Organes participant au processus décisionnel de la Communauté.
Le Parlement qui, en réalité, ne sera
créée qu'ultérieurement par convention
séparée a son siège fixé à Malabo, en
Guinée Equatoriale.
Entre temps, est instituée une Commission
Interparlementaire composé de cinq membre par Etat
désignés par l'organe législatif de chaque Etat
membre ; le but de cette Commission est de contribuer par le dialogue et
le débat, aux efforts d'intégration de la Communauté dans
les domaines couverts par le Traité et les textes subséquents. La
Commission exprime ses vues sous forme de résolutions ou de rapports.
Afin de lui permettre d'exercer son rôle de
contrôle sur l'action des Institutions et Organes participant au
processus décisionnel de la Communauté, il est offert à la
Commission la possibilité d'examiner le rapport annuel que le
Secrétaire Exécutif lui soumet et d'entendre sur son initiative
le Président du Conseil des Ministres, le Président du
Comité Ministériel, le Secrétaire Exécutif ou le
Gouverneur de la Banque Centrale (BEAC).
La Cour de Justice de
la CEMAC
LA COUR DE JUSTICE DE LA CEMAC est l'Institution Communautaire
en charge du contrôle juridictionnel des activités et de
l'exécution budgétaire des Institutions de la CEMAC. Elle a son
siège fixé à N'DJAMENA au Tchad.
La Cour de Justice de la CEMAC est composée de treize
juges élisant parmi eux un Premier Président assisté de
deux juges élus Présidents de Chambres. Elle est
subdivisée en Chambre Judiciaire et en Chambre des Comptes. Elle a pour
rôle :
D'assurer le respect des dispositions du Traité de la
CEMAC et des Conventions subséquentes par les Etats membres, les
Institutions et les Organes de la Communauté ;
D'assurer le contrôle des comptes de la CEMAC ;
De réaliser par ses Décisions l'harmonisation
des jurisprudences dans les matières relevant du domaine des
Traités, et de contribuer par ses avis à celle des
législations nationales des Etats membres dans ces
matières ;
De régler les contestations relatives à sa
compétence.
La particularité de cette Instance par rapport au corps
de contrôle en vigueur dans d'autres Organisations régionales ou
sous régionales d'intégration, est l'unicité de la Cour.
En effet, dans l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA),
dans l'Union Européenne ou dans le COMESSA, cohabitent deux Cours
distinctes : une Cour de Justice et une Cour des Comptes.
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COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DE L'AFRIQUE
CENTRALE
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Les Organes de la CEMAC
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La Conférence des Chefs
d'Etat
LA CONFERENCE DES
CHEFS D'ETAT, organe suprême de la Communauté, détermine la
politique de celle-ci et oriente l'action des organes de décision de ses
deux Unions au moyen d'Actes Additionnels qui sont annexés au
Traité de la CEMAC, le complètent sans le modifier, s'imposent
aux Institutions de la Communauté et aux autorités des Etats
membres.
Le Conseil des Ministres
de l'UEAC
LE CONSEIL DES
MINISTRES assure la direction de l'Union Economique de l'Afrique Centrale
(UEAC) par l'exercice des pouvoirs que la Convention régissant celle-ci
lui accorde ; il est composé essentiellement des Ministres en
charge des Finances et des affaires économiques des Etats membres sans
que le nombre des Ministres composant cette délégation ne soit
supérieur à trois. Chaque délégation nationale ne
dispose que d'une voix. La délégation nationale est, dans la
plupart des cas conduite par le Ministre en charge des Finances
Le Conseil des Ministres se réunit deux fois par an en
sessions ordinaires sur convocation de son Président. Celui-ci doit
ressortir de l'Etat membre qui exerce la Présidence de la
Conférence des Chefs d'Etat.
Lorsque les questions à débattre ne portent pas
principalement sur la politique économique et financière, le
Conseil des Ministres peut réunir en formation ad hoc les Ministres
techniquement compétents dont les délibérations ne seront
définitives qu'après que le Conseil en ait constaté la
comptabilité avec la politique économique et financière de
l'Union Economique.
Le Comité
Ministériel de l'UMAC
LE COMITE MINISTERIEL est
l'organe dirigeant de l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC). Il
a pour rôle d'examiner les grandes orientations des politiques
économiques de chacun des Etats membres de la Communauté et d'en
assurer la cohérence avec la politique monétaire commune ;
il est composé de deux Ministres par Etat membre dont celui en charge
des Finances, chef de délégation. Comme au Conseil, chaque
délégation étatique dispose d'une voix toutefois
exprimée ici, par le Ministre en charge des Finances.
Contrairement au Conseil des Ministres, la Présidence
du Comité Ministériel n'est pas forcément liée
à la Présidence de la Conférence des Chefs d'Etat. Elle
est assurée obligatoirement par le Ministre en charge des Finances par
ordre alphabétique des Etats membres pour une année civile.
LE CONSEIL DES MINISTRES ET LE COMITE MINISTERIEL agissent aux
moyens de Règlements, de Directives, des Décisions, de
recommandations ou d'avis.
La définition de ces actes juridiques est fixée
par le Traité ainsi qu'il suit :
· Les règlements et les règlements
cadres ont une portée générale ; mais
à la différence des règlements qui sont obligatoires dans
tous leurs éléments et directement applicables dans tout Etat
membre, les règlements cadres ne sont directement applicables que pour
certains de leurs éléments.
· Les directives lient tout Etat membre
destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux
Instances nationales leur compétence en ce qui concerne la forme et les
moyens.
· Les décisions sont obligatoires
dans tous leurs éléments pour les destinataires qu'elles
désignent.
· Les recommandations et les avis ne
lient pas.
A l'exception des recommandations et des avis, les actes
adoptés par le Conseil des Ministres et le Comité
Ministériel doivent être motivés.
La publication au bulletin officiel de la Communauté
n'est obligatoire que pour les actes additionnels, les règlements et les
règlements cadres qui, de surcroît, entrent en vigueur le
20ème jour suivant leur publication s'ils omettent de fixer
la date de leur entrée en vigueur.
Les directives et les décisions sont notifiées
à leurs destinataires et prennent effet le lendemain de cette
notification.
La Commission de la
CEMAC
LA COMMISSION DE LA CEMAC ET LE GOUVERNORAT DE LA
BEAC assurent le rôle de rapporteur respectivement au niveau du
Conseil des Ministres et du Comité Ministériel ; ils
arrêtent à leur niveau des règlements d'application
des actes susmentionnés, prennent des décisions et
formulent des recommandations ou des avis.
S'agissant de la
COMMISSION DE LA CEMAC plus particulièrement, il conviendrait
de relever l'importance du rôle central qu'il joue dans le fonctionnement
de la Communauté. Il est placé sous l'autorité d'un
Président qui, outre l'animation de l'Union Economique,
représente la CEMAC à l'égard des tiers et en justice sauf
dérogation expresse. Il coordonne les actions au niveau de la
Communauté et assure le secrétariat de la Conférence des
Chefs d'Etat.
Pour accomplir sa mission, la Commission de la CEMAC dispose
des moyens humains comprenant actuellement trente-neuf (39) cadres et quelque
soixante et un (61) agents d'exécution, pour un organigramme qui en
prévoit davantage.
|
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
BADIE B. & HERMET G., Politique comparée, Paris,
P.U.F., 1990, p. 66.
BAYART Jean François., L'État en Afrique, Paris,
Fayard, 1989, 444 pages.
BIRNBAUM Pierre, La logique de l'État, Paris,
Fayard, 1982.
BODIN Jean, Les six livres de la République.
Reproduction de l'édition de Lyon : de l'imprimerie de Jean de Tournes,
1579, 759 p. (BNF, Gallica, mode image, format PDF)
BRAILLARD, Philippe & DJALILI, Mohammad-Reza, Les
Relations Internationales, Paris, PUF, Collection que sais-je ? 1988, 128
pages
COMBACOU J. et SUR S., Droit International Public, 2ème
éd. Mont chrétien, Paris, 1995, p. 23.
GAZANO Antoine, Les Relations internationales : les
données, les acteurs et les règles, les enjeux et les
défis, Paris, Gualino Editeur, Collection Mémentos, 2001,
228 pages.
HAMMOUDA Ben Hakim, Intégration Régionale en
Afrique Centrale. Bilan et Perspectives, Paris, Karthala, 2003, p.312
HUGON Philippe, Géopolitique de l'Afrique,
Paris, Edition Sedes, 2007, 240 pages
JACQHIER, Bernard, Relations internationales. Les acteurs
du système international, tome 1, Grenoble, PUG, 1993, 176
pages.
KOLB R., Réflexions de philosophie du droit
international, Bruylant, 2003, p 119.
MEDARD, J.F. (Sous la direction de), États
d'Afrique noire, Paris, Ed. Karthala, 1991, p 175.
SCELLE George, Manuel de droit international public,
Paris, Domat-Montchrestien, 1948, p.250
THEBAULT Vincent (Coord.), Géopolitique de
l'Afrique et du Moyen-Orient, Paris, Nathan, 2006, 352 pages
WEBER Max, Le Savant et le politique, Paris, Plon,
1959, p 8.
II. ARTICLES ET CHAPITRES D'OUVRAGES
AWOUMOU Côme Damien Georges, « Le couple
Cameroun- Gabon : moteur de l'Afrique centrale ? », Enjeux N°17,
octobre-décembre 2003, PP.5-10.
AWOUMOU Côme Damien Georges, « La
multinationalisation des entreprises nationales au sein de la CEMAC :
initiative purement privée ou cheval de Troie pour
l'hégémonie du Cameroun ? », Enjeux N°13,
octobre-décembre 2002, PP.24-27.
GESTIN Jean Dominique, « Pétro-diplomatie
», Jeune Afrique/L'intelligent, N°2175, du 16 septembre 2002, p.24
TACHI S., « La Souveraineté et le droit
territorial de l'Etat », dans RGDIP 1931, p 413.
III. SITES CONSULTES
www.cemac.net
I
II
III
IV
V
p. 1
p.11
p.12
p.14
p.14
p.14
p.16
p.16
p.16
p.17
p.18
p.18
p.19
p.21
p.21
p.21
p.22
p.24
p.24
p.27
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE.............................................................................................
DEDICACE.............................................................................................
REMERCIEMENTS..................................................................................
ABREVIATIONS ET
SIGLES.....................................................................
REPERES
CHRONOLOGIQUES................................................................
INTRODUCTION
GENERALE..................................................................
PREMIERE PARTIE : Les Etats et
l'intégration en Afrique centrale.....................
CHAPITRE I : La
spécificité de la Souveraineté des Etats d'Afrique
centrale............
Section 1: Aperçu
général de la Souveraineté des Etats de la
CEMAC..................
Paragraphe 1 : Origine et
portée de la Souveraineté des Etats de la CEMAC........
C. Origine de la Souveraineté des Etats de la
CEMAC...........................
D. Portée de la Souveraineté des Etats de la
CEMAC.............................
Paragraphe 2 : Typologie de la
Souveraineté des Etats de la CEMAC..................
C. La Souveraineté dans l'Etat ou Souveraineté
domestique.....................
D. La Souveraineté de l'Etat ou Souveraineté
internationale légale............
Section 2: Les limites de la
Souveraineté des Etats de la CEMAC.........................
Paragraphe 1 : Les Organisations
internationales..........................................
Paragraphe 2 :
L'intégration
sous-Régionale................................................
CHAPITRE II : L'intégration
sous-régionale en Afrique Centrale : la CEMAC............
Section 1: La réforme de l'UDEAC ou
naissance de la CEMAC.........................
Paragraphe 1 : La longue et
difficile marche vers l'intégration...........................
Paragraphe 2 : De l'UDEAC
à la CEMAC.................................................
Section 2: Présentation et
état des lieux du processus d'intégration dans la zone
CEMAC..................................................................................
Paragraphe 1 :
Présentation du processus d'intégration dans la zone
CEMAC.....
Paragraphe 2 : Etat des lieux du
processus d'intégration dans la zone CEMAC...
p.30
p.31
p.32
p.33
p.35
p.36
p.41
p.42
p.43
p.44
p.44
p.48
VII
XIII
XVII
DEUXIEME PARTIE : La CEMAC et les politiques
internes de ses Etats
membres..................................................................
CHAPITRE III : L'égoïsme des
Etats membres de la CEMAC : véritables obstacles au
processus
d'intégration ?..................................................................
Section 1: La pomme de discorde de
l'intégration sous régionale en zone
CEMAC..................................................................................
Paragraphe 1 : La
problématique du leadership en zone CEMAC...................
Paragraphe 2 :
L'intégration en zone CEMAC, querelle de
leadership ?..............
Section 2: La Souveraineté, les
Chefs d'Etat et l'intégration en zone CEMAC.........
CHAPITRE IV : La CEMAC : vers une
intégration sous-régionale ?...........................
Section 1: La problématique de
l'intégration dans la zone CEMAC.......................
Paragraphe 1 : Fondements
conceptuels d'intégration sous-régionale.................
Paragraphe 2 : Mécanisme
d'intégration sous-régionale.................................
Section 2: Perspectives d'une
véritable intégration dans la zone CEMAC................
CONCLUSION
GENERALE......................................................................
ANNEXES................................................................................................
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................
TABLE DES
MATIERES..........................................................................................
* 1 J. Combacou et S.Sur,
Droit International Public, 2ème éd. Paris, Mont
chrétien, 1995, p. 23.
* 2 J. Bodin, Les Six Livres
de la République, Reproduction de l'édition de Lyon: de
l'imprimerie de Jean de Tournes, 1579, 759 p. (BNF, Gallica, mode image, format
PDF)
* 3 B. Badié, L'Etat
importé, Paris, Fayard, 1992, p.10
* 4 A. Gazano, Les
Relations internationales : les données, les acteurs et les
règles, les enjeux et les défis, Paris, Gualino Editeur,
2001, pp : 22-23 ; également P. Braillard, M.-R. Djalili, Les
Relations Internationales, Paris, PUF, 1988, p. 51.
* 5 B. Jacqhier,
Relations internationales. Les Acteurs du système
international, T. 1, Grenoble, PUG, 1993, p. 139.
* 6 J.- P. Magnant,
« Tchad crise de l'État ou crise de gouvernement? »
dans États d'Afrique noire, Paris, Ed. Karthala, 1991,
p.175.
* 7 M. Weber, Le Savant et
le politique, Paris, Plon, 1959, p. 8.
* 8 J.F. Bayart,
L'État en Afrique, Paris, Fayard, 1989.
* 9 B. Badie & G. Hermet,
Politique comparée, Paris, P.U.F., 1990, p. 66.
* 10 P. Birnbaum, La
Logique de l'État, Paris, Fayard, 1982.
* 11 S. Tachi, « La
Souveraineté et le droit territorial de l'Etat », in Revue
Générale de Droit international Public, 1931, p 413.
* 12 R. Kolb,
Réflexions de philosophie du droit international, Bruylant,
2003, p 119.
* 13 Grands dictionnaires
Encyclopédiques, Tg, Paris, Larousse, 1985, p. 9952.
* 14 P. Hugon,
Géopolitique de l'Afrique, Paris, Edition Sedes, 2007, p.48
* 15 La notion d'Etat-Nation
contenait en Afrique l'idée de bâtir une nation à
l'intérieur des frontières du territoire de chacun de ces jeunes
États. En pratique, cet objectif de créer une nation revenait
à vouloir fondre en une seule communauté les personnes se
réclamant des ethnies ou des origines ou encore des religions
différentes.
* 16 V. Thebault (Coord.),
Géopolitique de l'Afrique et du Moyen-Orient, Paris, Nathan,
2006, p.85
* 17 V. Thebault (Coord.),
op. cit., p.86
* 18 B.H. Hammouda,
Intégration Régionale en Afrique Centrale. Bilan et
Perspectives, Paris, Karthala, 2003, p.30
* 19 B.H. Hammouda,
op.cit., p.38
* 20 Cette analyse n'est
valable que jusqu'au 8 Juin 2009, date à laquelle le Président
OMAR BONGO ONDIMBA est décédé. Bien sur que ces tendances
pourraient éventuellement changer
* 21 C. D. G. AWOUMOU, «
Le couple Cameroun- Gabon : moteur de l'Afrique centrale ? »,
Enjeux N°17, octobre-décembre 2003, PP.5-10.
* 22 Depuis 1996, le Gabon
traîne dans le versement de sa contribution égalitaire. A la date
du 30 octobre 2003, par exemple et pour l'exercice courant, Libreville n'avait
versé que 600.000.000 F CFA sur 1.507.656.810 F CFA attendu, soit un
taux de recouvrement de 39,80%.
* 23 Mayumba, Royaumes Nkomi et
Orungu.
* 24 Vili.
* 25 C. D. G. AWOUMOU,
« La multinationalisation des entreprises nationales au sein de la CEMAC :
initiative purement privée ou cheval de Troie pour
l'hégémonie du Cameroun ? », Enjeux N°13,
octobre-décembre 2002, PP.24-27.
* 26 Dixit Paul Biya lors de
l'inauguration du terminal pétrolier de Kribi en juin 2004.
* 27 J. D. GESTIN,
« Pétro-diplomatie », Jeune
Afrique/L'intelligent, N°2175, du 16 septembre 2002, p.24
* 28 Par exemple, dans une
interview accordée à jeune Afrique/L'intelligent (N°2319, du
19 au 25 juin 2005, p.38), le Président OBIANG NGUEMA
déclare : « J'au déjà
évoqué avec mes pairs chefs d'Etat la nécessité
d'une réforme majeure de nos structures communes. En
réalité, pour le moment, nous avons juste changé de nom,
l'UDEAC est devenue CEMAC. Mais, nous continuons à fonctionner avec les
anciens textes qui ne sont plus adaptés. Nous somme, c'est le cas de le
dire, dans le statu quo ».
* 29 Pour T. OBIANG NGUEMA,
« la Guinée Equatoriale ne tire aucun
bénéfice des lourdes sommes qu'elle dépose dans les
coffres de la BEAC et ne dispose d'aucun poste au niveau de sa
direction ». Il est relayé par son ministre des Finances,
Marcelino OWONO EDU, qui dénonce
l'« iniquité » et
l'« injustice » de la répartition des postes
à la tête de la BEAC, exige une juste rémunération
des avoirs équato-guinéens et demande une remise à plat de
la gestion de la CEMAC. Cf. Jeune Afrique : L'intelligent, N°2322, du
10 au 16 juillet 2005, p.70
* 30 G. SCELLE,
« Manuel de droit international public », Paris,
Domat-Montchrestien, 1948, p.250
* 31 Pour reprendre la
définition désormais classique de la notion d'organisation
internationale. Cf. M. BETTATI, « Le Droit des organisations
internationale », Paris, PUF, 1987, p.12 ; M. VIRALLY,
« Définition et classification des organisations
internationales : approche juridique », in G. ABI SAAB
(dir.), « Le concept d'organisation internationale, Paris,
Unesco, 1980, p.51
* 32 Article 6 du traité
de la CEMAC
* 33 Se rapporter à R.J.
DUPUY, « La Communauté internationale entre mythe et
l'histoire », Paris, Economica/Unesco, 1986, pp.39 et ss.
* 34 Art. 2 §.d de la
convention de l'UEAC
* 35 Le principe de
subsidiarité, forgé par le droit communautaire européen,
exprime un souci de répartition raisonnable entre les compétences
nationales et les compétences communautaires.
* 36 Opinion citée dans
l'ouvrage « droit et publiques de l'Union
Européenne » de Jean FARET page 19.
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