WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La théorie des cycles dans la controverse entre Keynes et Hayek

( Télécharger le fichier original )
par Ousmane Thiané DIOP
Paul Cezanne Aix en Provence - Master II Philosophie Economique 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section IV : Le mécanisme des prix

Au sens d'Hayek, la détermination du prix n'obéit pas à des lois objectives. Pour les biens d'investissement comme pour ceux de consommation, il est le fruit d'une évaluation individuelle totalement subjective transmise de façon abstraite et impersonnelle contrairement aux diktats du planificateur. Aucun autre mécanisme et surtout pas l'administration socialiste ne pourrait produire un résultat analogue, avec la même efficacité...surtout quand il s'agit de millions d'individus à la rationalité limité et imparfaitement informés... De son point de vue, les prix artificiellement constitués entraînent des égarements dans l'affectation des ressources.

Ayant retenu que tout problème économique est lié à celui de la division de la connaissance, Hayek affirme que le système des prix constitue un début de solution en ce qu'il constitue un mécanisme de transmission de l'information et promeut ainsi le succès de la coordination inter individuelle. Ils sont des prix de déséquilibre et par conséquent inaptes à réaliser une synthèse, c'est-à-dire de devenir homogène à travers des agrégats tels que le niveau général des prix59(*).

A- Le rôle des prix

Ils ne sont pas des approximations des prix d'équilibre définis par le modèle théorique mais représentent plutôt des rapports d'échanges inégaux entre différents facteurs et produits. L'origine de leurs variations est à rechercher du coté des entrepreneurs en quête de profit, qui voient dans ces disparités, une occasion de réaliser des bénéfices. Ils constituent une note envers le comportement présent de l'individu en relation d'échange et des indications sur les orientations à prendre pour se faire plébisciter. Pour Alchian, dans Uncertainity, evolution and economic theory (1950), le système de prix peut être considéré comme un mécanisme darwinien60(*) sélectionnant les aptes et les inaptes sur la base de leurs capacités à effectuer des bénéfices supérieurs à ceux des concurrents ; les agents ne recherchant pas à maximiser seront conduits à la faillite ; ce qui fait qu'avec le temps, il ne restera plus que ceux ayant cherché à maximiser leurs profits.

Dostaler dira : Pour Hayek, les prix doivent être considérés comme des régulateurs et des guides de processus temporels permettant l'adaptation aux changements dans des données exogènes déterminées temporellement. Une structure de prix doit ainsi être compatible avec l'équilibre inter temporel fondé sur les attitudes des agents et les conditions de production.(p.215)

Ainsi, les prix de Hayek ne sont pas autoritaires. Ils sont le fruit d'une décision individuelle autonome. Grâce à leur parfaite flexibilité, ils permettent une révision au moment opportun des plans favorisant ainsi la coordination inter individuelle. Et l'Etat, de par son intervention qui n'obéit pas aux conditions de marché crée des quiproquos qui finissent par perturber la compréhension mutuelle entre entrepreneurs au sein de l'économie. Ainsi en agissant, la puissance publique ne résout pas les problèmes liés à l'incertitude mais elle endommage l'unique cadre de référence valable pour l'amortir. Hayek considère que la proposition de Keynes de faire intervenir l'Etat afin d'endiguer les défaillances du marché relève de son manque de maîtrise de la théorie économique et plus particulièrement de son incompréhension du rôle du mécanisme des prix en tant que principe de coordination.

«In the exchange economy, production is governed by prices, independently of any knowledge of the whole process on the part of individual producers, so that it is only when the pricing process is itself disturbed that a misdirection of production can occur.»(MT-TC, pp84-85)

Ainsi, il retiendra que l'objectif essentiel d'une bonne politique monétaire est de neutraliser l'effet de la monnaie sur la formation des prix car ce mécanisme est sacré pour le bon fonctionnement de l'économie en ce qu'il permet une bonne coordination du processus d'allocation des ressources : « The overriding objective is for monetary policy not to instigate changes in the processes of resources allocation. » En d'autres termes, l'exclusivité de l'allocation des ressources doit être réservée à l'économie réelle et non à des autorités manoeuvrant un bien fictif. Hayek ne milite pas pour une constance des prix. C'est tout le contraire même ; il est favorable à la liberté des prix afin qu'ils puissent donner l'état des rapports de force entre les différentes composantes de l'économie. Seulement, ce qu'il déplore et abhorre par-dessus tout est que cette évolution ait pour moteur des impulsions monétaires. Elles créent des illusions et font des anticipations des perceptions sans objet réel.

* 59 Qu'est ce que le niveau general des prix ? Pour que le niveau general des prix soit affecté faudrait il que les prix individuels le soient. Il est donc impossible d'affecter le niveau général des prix sans affecté les prix individuellement, à moins que l'impact ne soit d'une proportion identique pour tous les prix ; ce qui releve forcement de l'ideal. Le niveau general des prix ne peut etre affecté sans qu'auparavant les prix individuels le soit, à moins que la somme algebrique des incidences soit nulle. Dés lors que cette somme n'est pas nulle, les prix etant differemment infectés par la nouvelle impulsion monétaire, il s'en suit une modification obligatoire des prix relatifs et donc de la structure de la production

* 60 Le Darwinisme chez Hayek

Dans son analyse des sociétés, Marx a élaboré le matérialisme historique en tant que théorie générale de l'évolution sociale. Celle-ci a une forte saveur de sélection naturelle. Cependant cette caractéristique disparaît lors de la période de transition du capitalisme vers le socialisme : l'homme ne devra plus subir les lois de la nature. Il devra s'en émanciper afin de mettre en place un système social plus à même de favoriser son épanouissement. En d'autres termes, la société devra passer de l'abeille guidée par son instinct à l'habileté de l'architecte. Engels dira : la théorie de l'évolution ne doit être acceptée qu'en tant que première expression, provisoire et imparfaite d'une réalité nouvellement découverte.

Dans la perspective évolutionniste, le progrès est purement accidentel, les mutations se produisent au hasard, sans finalité et la sélection, en faisant le tri, donne un ordre à l'ensemble en dehors de tout destin ou devoir. Chez les constructivistes celui-ci est nécessaire et se doit d'être suscité. Sur le plan économique, la substitution de la nécessité au hasard est prise en charge par la politique économique.

Aux antipodes de cette vision de marxiste, Hayek ne voit aucun progrès dans ce transfert ; bien au contraire. D'ailleurs, il glorifie la ressemblance entre le comportement humain et celui des abeilles. Ce qu'il trouvait de si génial dans la fable des abeilles de Mandeville, c'est justement que la société humaine qui y est mise en scène ne fonctionne de façon harmonieuse qu'à condition que les hommes se laissent guider par leurs instincts. Ainsi les meilleures lois ne résulteraient pas des visées de quelques sages législateurs, mais par le biais d'un long processus d'essais et d'erreurs.

Pour Hayek, Adam Smith avait compris depuis longtemps l'importance de l'ordre spontanée et c'est pour cela qu'il présentait le marché comme une institution qui permettait, bien mieux que l'aurait fait la bienveillance mutuelle des agents économiques, de répondre aux besoins de chacun d'eux, de façon aussi efficace que si une main invisible avait veillé à coordonner la multitude des décisions indépendantes qui y foisonnent.

Si une coordination aussi admirable est ainsi assurée entre les activités des individus, c'est qu'une institution sociale, le marché, qui est une résultante historique des multiples expériences spontanées a été sélectionnée au dépens d'autres institutions moins efficaces, parce qu'elle se trouvait justement être plus adaptée que d'autres et , de ce fait, plus susceptibles d'assurer survie et développement aux sociétés qui la promeuvent.

Ce processus de sélection purement naturel offre pour Hayek un contour parfaitement scientifique et nullement téléologique à l'analyse d'un processus institutionnel. Il stipule qu'il n'y a aucune raison concluante de voir un effet de la sagesse de la Providence dans le fait que ce sont précisément les organismes ou les sociétés les mieux adaptés qui perdurent.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe