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Les troubles du comportement à bord des navires

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par Frédéric Travers
Ecole nationale de la marine marchande - Diplôme d'étude supérieur de la marine marchande 2008
  

Disponible en mode multipage

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ECOLE NATIONALE DE LA MARINE MARCHANDE DU HAVRE

Les troubles du comportement

à bord des navires

Mémoire de fin d'étude soutenu par Frédéric Travers

REMERCIEMENTS

Je souhaite vivement remercier le Docteur Pujos, qui m'a orienté dans la réflexion pour mon mémoire de fin d'étude et pour m'avoir aidé dans la rédaction.

Je tiens à remercier le Centre de Consultation Médicale maritime à Toulouse, pour m'avoir fourni des statistiques.

Je remercie également Mme Vassart pour tous ses conseils de rédaction.

SOMMAIRE

Introduction

Partie 1 : Troubles du comportement : définition - généralités -

données chiffrées

1) Généralités et définition des troubles du comportement

2) Les pathologies psychiatriques répertoriées au C.C.M.M

3) Rapport sur les « modalités de sortie de la profession de marin par la maladie mentale »

Partie 2 : Sémiologie des troubles du comportement

1) Les troubles du comportement dit « négatifs »

a) « L'état dépressif »

b) L'anxiété

c) Le trouble du sommeil

d) Le trouble de l'estime de soi

2) Les troubles du comportement dit « positifs »

a) L'agitation confuse

b) L'agitation anxieuse

c) L'agitation maniaque

d) L'agitation délirante

Partie 3 : Prise en charge du malade et médication

1) L'observation et l'approche

2) L'entretien et ses difficultés

a) L'entretien

b) Les difficultés

3) L'avis médical, Téléconsultation par le C.C.M.M

4) Le traitement

5) Le consentement aux soins

6) Cas particulier d'une nécessité d'isolement

7) Evacuation sanitaire

8) Les responsabilités

Conclusion Bibliographie

Annexes

INTRODUCTION

Le trouble du comportement a toujours été et reste un sujet tabou ou incompris sur les navires.

Mon expérience en tant que « lieutenant en charge de l'infirmerie » m'a confronté durant l'un de mes embarquements à une situation qui m'a amené à réfléchir sur ce thème.

Un membre de l'équipage m'a un jour sollicité et m'a fait part de sa souffrance. Il ne se sentait pas à l'aise dans son travail, se sous estimait, ne dormait plus et n'était plus concentré.

Parler de ses problèmes, de ses ressentis n'est pas chose facile pour tout un chacun. Pour le soignant, trouver les mots, savoir écouter, rassurer ne l'est pas davantage.

Même si dans ce cas, une écoute et un avis médical par le médecin du Centre de Consultations Médicale Maritime de Toulouse (C.C.M.M), ont suffi pour que tout rentre dans l'ordre, parfois un trouble du comportement, s'il est ignoré peut conduire à la mise en péril de la vie du marin.

Ce type de situation ne constitue pas la majorité des cas de consultations télémédicales, pourtant ces troubles existent et occupent même une part non négligeable des appels traités par le C.C.M.M.

Comment devrai-je réagir face à une situation qui peut être le témoin d'une pathologie psychiatrique ? Ce terrain reste, pour moi, totalement inconnu.

En effet, ce domaine est abordé, de manière superficielle, lors de la formation médicale au cours du cursus scolaire.

En tant que futur capitaine et responsable des soins, il m'est apparu nécessaire de réfléchir sur l'attitude à adopter face à ces troubles du comportement rencontrés à bord.

Dans le cadre de cette étude, j'envisagerai successivement d'exposer :

- les facteurs possibles favorisant la survenue de troubles du comportement à bord des navires, -les signes pouvant aider le soignant à identifier ces troubles comme pathologiques,

-comment réagir pour le responsable des soins à bord,

-l'importance d'un avis médical,

-comment prendre en charge et soigner le patient,

-et les difficultés rencontrées.

Il ne sera pas étudié les différents modes de pensées et de comportements, comme les convictions sociales, religieuses ou politiques. Ces différents modes ne font pas partie d'un désordre du comportement.

Partie 1: Troubles du comportement : définition - généralités -

données chiffrées

1) Généralités et définition des troubles du comportement

Définition suivant l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S) :

Selon l'O.M.S : « Les troubles du comportement se caractérisent par un changement du mode de pensée, de l'humeur ou du comportement qui ne rentre plus dans les normes ou les croyances culturelles. »

Associés à une détresse morale ou une altération des fonctions mentales, les troubles du comportement deviennent pathologiques.

Cette définition, qui fait référence aux « normes » ainsi qu'aux « croyances culturelles », laisse entrevoir tout de suite les difficultés d'interprétation et de reconnaissance de ce type de trouble : en effet, chaque personne a le droit d'être « différente ».

Il n'est pas interdit d'avoir un comportement étrange, de ne pas être habillé comme tout le monde, de ne pas avoir les mêmes habitudes que nos semblables, nos collègues de travail, de ne pas utiliser les mêmes codes sociaux que ceux régis par la profession, celle de marin en l'occurrence.

Dans sa thèse sur « Le Normal et le pathologique », soutenue en 1943, Georges Canguilhem (philosophe et historien des sciences 1904-1995) affirme que « l'état pathologique n'est qu'une variation quantitative et qualitative de la normalité ». [1].

La question est donc de savoir qu'est ce que la normalité ?

Selon le Docteur D. Drapier, médecin psychiatre, enseignant à l'université de Rennes, dans son
cours sur le « normal et le pathologique ». [2], une certaine normalité correspond à l'association de :

- la normalité idéale, c'est-à-dire les critères élaborés par la société, l'opinion publique, les médias, les hommes politiques...

- la normalité fonctionnelle qui correspond à l'idéal individuel,

- la normalité subjective qui est en fait une représentation interne qui fluctue en fonction de l'humeur,

- la normalité statistique, purement mathématique.

Au total, les écrits confirment qu'il est difficile de définir un trouble du comportement car la normalité ne peut pas s'appréhender de façon simple et univoque : elle est le résultat d'un mélange culturel, sociologique, statistique et scientifique.

2) Les pathologies psychiatriques répertoriées au C.C.M.M

Les troubles du comportement représentent trois pour cent de l'ensemble des pathologies ayant motivé un appel au C.C.M.M.

3%

1%

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O
O
O

Les cas de troubles du comportement à bord des navires répertoriés au travers des consultations

Peau et T cell ous Cut.

effectuées par le C.C.M.M sous estiment probablement la réalité.

Respiratore

En effet, compte-tenu des difficultés de reconnaissance et d'identification de ces troubles, mais aussi des conditions de vie à bord, je peux raisonnablement supposer que :

- certains troubles du comportement n'ont pas été identifiés comme comportement anormal dans le contexte du bord.

- d'autres ont été reconnus comme comportement anormal mais pas identifié comme pathologiques.

- certains ont bien été reconnus comme relevant d'une pathologie mais n'ont pas motivé le recours à une téléconsultation.

Dans ce travail je n'ai pu traiter que les troubles du comportement identifiés comme pathologique à bord et ayant fait l'objet d'un appel pour téléconsultation au C.C.M.M.

Il est à noter que les troubles anxieux représentent plus de la moitié de l'ensemble des troubles du
comportement. Les troubles de la personnalité représentent à eux seuls quinze pour cent des appels.

% 5% 6% 6%

On retrouve ensuite les troubles dus aux toxiques (drogues, alcool..), les épisodes dépressifs, les

15%

insomnies non organiques et pour finir les troubles délirants, qui ne représentent que cinq pour cent des appels pour troubles du comportement mais sont particulièrement difficiles à prendre en charge à bord.

Il est à remarquer que la plupart des troubles du comportement ont pu être soignés à bord : il est donc particulièrement important de bien les connaître afin de pouvoir assurer leur prise en charge.

Je peux constater, que seuls sept pour cent des cas psychiatriques ont nécessité une évacuation sanitaire (dix huit pour cent pour l'ensemble des téléconsultations, toutes pathologies confondues).

Après avoir constaté que les troubles du comportement ne sont pas si rares chez les marins, je me suis intéressé aux facteurs pouvant favoriser leur survenue à bord.

3) Rapport sur les « modalités de sortie de la profession de marin par la maladie mentale »

J'ai été intéressé par le travail du Docteur Cuzon (attaché de consultation de médecine maritime au centre de pathologies professionnelles CHU de Brest) qui a publié en 2002 un rapport sur les « modalités de sortie de la profession de marin par la maladie mentale ». [3].

Il m'a paru important d'évoquer ce rapport, car l'étude réalisée cible les départs anticipés à la retraite pour des maladies à connotation « psychiatrique ». De par son sujet, ce rapport est l'un des rares à aborder la santé mentale des marins à bord. Il permet aussi de se rendre compte que ces troubles ne sont pas si rares.

Cette étude est élargie à l'ensemble du monde maritime : marine militaire, marine marchande et pêche maritime.

Le Dr Cuzon part d'une observation :

« Un nombre croissant de marins sortent de la profession de manière anticipée par rapport à cet âge de 55 ans, qui naguère, les faisait accéder à la retraite avec cette fierté d'avoir fait une belle carrière, un beau métier. »

« Les constatations :

Pour une population de 14000 marins (celle de la région Bretagne) il a été constaté que chaque année, une moyenne de 202 marins sortait de la profession par voie de la maladie.

Les sorties pour « maladies psychiatriques » au nombre de 120 sur 4 ans se placent au 3e rang des maladies conduisant à l'éviction de la profession. »

Ainsi, dans son travail, le Docteur Cuzon révèle que les départs en retraite anticipés ne sont pas tous liés à une maladie « physique » pouvant entraîner une inaptitude à la navigation, mais sont de plus en plus en rapport avec des maladies à connotation psychiatrique.

Les causes possibles

Selon le Docteur Cuzon, trois indicateurs pourraient favoriser la survenue de ces problèmes psychiatriques dans le milieu maritime :

? L'indicateur trouble de la personnalité.

Il considère que certaines personnes ont des dispositions à avoir un comportement déviant : c'est-àdire des troubles du comportement témoignant d'une personnalité fragile. Il décrit que ces troubles peuvent exister avant le début de la navigation ou peuvent être révélés à l'occasion de celle-ci.

? L'indicateur rupture affective.

? Pour finir, l'indicateur évènement professionnel.

Il peut se décliner selon trois modes :

- l'évènement de mer brutal, le sinistre, le naufrage, dont on comprend bien la marque qu'il va laisser sur le sujet.

- le désinvestissement professionnel.

- les conditions de travail à bord associant :

- La nécessité de quitter un milieu familial terrestre et vivre l'absence.

- La conjonction et l'interpénétration d'un milieu de travail et de vie.

- L'éloignement.

- La pénibilité de la tâche (physique ou mentale incluant le peu d'attrait).

- Les contraintes spécifiques aux navires avec des nuisances telles que le bruit et les vibrations.

- La confrontation aux autres qui est constante dans un milieu clos et hiérarchisé. - La confrontation aux risques de la navigation et la nécessité de les anticiper.

Cela, c'est à quoi doit s'attendre tout marin. Ce sont les contraintes spécifiquement maritimes de la profession.

Le Dr Cuzon décrit donc trois indicateurs comme facteurs favorisants du développement d'un trouble psychiatrique : le trouble de la personnalité, la rupture affective et l'évènement professionnel.

Si la pré-existence d'un trouble de la personnalité lors de l'entrée dans la profession (difficile à dépister lors de la visite médicale d'aptitude) peut être une cause favorisante de la survenue d'un trouble du comportement à bord, il me paraît plus difficile d'évaluer la part des deux autres facteurs dans l'apparition d'un trouble du comportement chez le marin.

En ce qui concerne la rupture affective, il est difficile de dire si cette rupture intervient comme facteur favorisant ou comme conséquence du trouble psychologique. Certes, le marin est souvent absent mais au-delà de ce cliché peut-on pour autant affirmer que la vie de marin est incompatible avec la stabilité de la relation de couple ?

On peut aussi y ajouter de nouvelles contraintes apparues avec de nouvelles modalités d'exploitation des navires, avec une nouvelle organisation du travail à bord :

- Il y a l'apparition des équipages multiculturels (confrontation des différentes cultures mais aussi acceptation des conditions de travail différentes selon la nationalité),

- et la majoration du stress quand on occupe un poste à responsabilités car les exigences sécuritaires sont de plus en plus présentes.

A ce stade, il ne s'agit que d'hypothèses qui justifieraient d'être analysées et confirmées par des études à grande échelle suivant les normes habituelles pour une validité scientifique incontestable permettant de recommander des mesures de prévention.

Partie 2 : Sémiologie des troubles du comportement.

En médecine, le terme « sémiologie » correspond à l'étude des signes et symptômes des maladies, et à la pratique de leur recueil par l'examen clinique.

1) Les troubles du comportement dit « négatifs »

Ces troubles du comportement dit « négatifs » se manifestent sous la forme d'un retrait, d'une démotivation globale, de tristesse ou d'insomnie.

Ces troubles passent souvent inaperçus et peuvent être relativement bien tolérés car ils ont le mérite de ne pas déranger l'entourage.

a) « L'état dépressif »

L'expression « état dépressif » s'est banalisée et désigne souvent un état passager.

« L'état dépressif » est une affection très répandue qui affecte indifféremment des personnes de tous les âges, de tous les milieux et de tous les styles de vie.

Lorsque ces symptômes persistent durant des semaines ou des mois et empêchent un retour à une vie "normale", ils peuvent être les prémices d'une réelle dépression.

Il n'y a pas de symptômes caractéristiques, mais on retrouve en général une réduction de l'activité psychologique et physique :

? réduction de l'activité psychologique

Une profonde tristesse et une absence de goût à la vie peuvent apparaître. Certains sujets peuvent devenir tendus ou irritables. La personne a une difficulté à communiquer avec l'équipage du navire, elle s'isole souvent dans sa cabine. Cette souffrance n'est pas souvent exprimée par la personne, c'est l'entourage qui s'en rend compte.

Le marin atteint de dépression se sent impuissant.

? La dépression peut affecter le corps en plus de l'esprit.

On peut observer des changements d'appétit ou de poids, une altération du sommeil. Ainsi, certaines personnes pourront souffrir d'un manque d'appétit alors que d'autres compenseront en prenant du poids.

De la meme manière, certaines personnes auront du mal à s'endormir pour se réveiller au milieu de la nuit alors que d'autres auront tendance à dormir de manière excessive.

. L'humeur est changeante.

En plus de l'état déprimé, la personne peut etre l'objet d'autres changements émotionnels :

un sentiment injustifié de culpabilité, un manque de confiance en soi et d'incapacité. Certaines personnes fuiront les situations nécessitant de leur part une prise de responsabilité, de peur de mal faire.

Au travail, on retrouve aussi une difficulté à se concentrer, une difficulté à prendre des décisions, une production moindre, des erreurs plus fréquentes ainsi qu'un manque d'enthousiasme.

Ces symptômes empêchent les personnes de travailler de manière efficace. Dans des cas extrêmes, des tâches anodines deviennent insurmontables.

Cette dépression peut se joindre à une consommation élevée de drogues, d'alcool ou de médicaments, « pour oublier la souffrance».

Lorsque cette souffrance n'est pas médicalisée, la nervosité excessive et le sentiment d'inutilité s'accompagnent d'idées noires qui peuvent aller jusqu'à des pulsions suicidaires.

b) L'anxiété

L'anxiété est un trouble émotionnel qui se manifeste par un sentiment d'insécurité, un sentiment d'appréhension, de tension, de malaise, face à un péril de nature indéterminée. Elle est souvent exprimée par la personne sous les termes de nervosité ou de soucis.

Les troubles anxieux sont fréquents, ils affecteraient chaque année environ 2 à 8 % de la population adulte.

L'anxiété peut être normale voire nécessaire : dans ce cas elle est bien tolérée par le sujet qui peut la contrôler et qui ne la perçoit pas comme une souffrance (elle n'a pas de retentissement sur sa vie quotidienne).

L'anxiété normale est l'expérience que chacun de nous a vécue :

la peur avant un examen, l'inquiétude pour la santé d'un de ses proches, ou des réactions anxieuses face aux accidents et aux catastrophes.

Dans ce cas, c'est une émotion utile, une motivation dans certains évènements de la vie, car c'est une réaction adaptative psychologique au stress.

L'anxiété est anormale lorsqu'elle :

- survient sans raison,

- lorsqu'elle devient permanente,

- et qu'elle créé une perte d'adaptation aux changements de la vie.

A ce stade d'anxiété, on parle alors d'angoisse.

Cette souffrance est ressentie comme un sentiment pénible, de dangers imprécis et imminents et s'accompagne très souvent de troubles somatiques (c'est-à-dire qu'ils s'expriment par le corps).

Elle peut alors se manifester par des symptômes respiratoires, des symptômes cardiaques, des symptômes digestifs ou urinaires.

L'angoisse se manifeste aussi par des phobies, la peur des espaces clos.

Elle peut se manifester par des troubles obsessionnels-compulsifs, le fait de répéter des mouvements identiques.

L'addiction d'alcool ou de drogues, comme dans la dépression, est souvent une tentative pour réduire l'angoisse. L'action, à court terme est positive pour le patient, il n'a plus de souffrance mentale mais, par contre, le contrecoup peut être dur et donc encore plus accentuer cette angoisse.

c) Le trouble du sommeil

Les troubles du sommeil sont tous les éléments qui empêchent de dormir correctement la nuit et qui ont des effets néfastes sur la santé.

Le trouble du sommeil le plus fréquent est l'insomnie. Elle touche actuellement plus d'un quart de la population adulte.

L'insomnie se définit comme un défaut de sommeil (difficulté à dormir ou sommeil non récupérateur) dont le sujet se plaint.

Il est bien évident que chacun peut etre un jour ou un autre, sujet à l'insomnie : le véritable problème surgit lorsqu'elle devient quotidienne.

Il existe plusieurs signes dominants dans le trouble du sommeil :

- la personne est irritable,

- elle a des troubles de la mémoire,

- elle a des coups de fatigue.

Pour contrer les petites insomnies, il est conseillé d'avoir une activité sportive dans la journée.

Par contre pour des insomnies chroniques, il est nécessaire de prendre un avis médical.

En effet, chez le personnel naviguant, une insomnie chronique peut engendrer des somnolences diurnes importantes et fréquentes.

Cette baisse de la vigilance peut représenter un danger pour la sécurité du navire, lorsque le marin travaille à un poste de conduite passerelle ou machine.

d) Le trouble de l'estime de soi

Le terme « estimer » signifie « déterminer une valeur » et « avoir une opinion favorable sur ».

Pour GERMAIN DUCLOS (psycho éducateur et orthopédagogue) l'expression « estime de soi » implique de « juger de sa valeur personnelle. » [4]

«L'estime de soi est faite de quatre composantes : le sentiment de confiance, la connaissance de soi, le sentiment d'appartenance à un groupe et le sentiment de compétence. Le sentiment de confiance est préalable à l'estime de soi. En effet, il faut d'abord le ressentir et le vivre afin d'être disponible pour réaliser des apprentissages qui vont nourrir l'estime de soi. Il en va autrement des trois autres composantes. On peut stimuler la connaissance de soi, le sentiment d'appartenance et le sentiment de compétence, à chaque stade du développement, à chaque période de la vie, par des attitudes éducatives adéquates et des moyens concrets. »

Le trouble de l'estime de soi apparaît lorsqu' une personne recherche le parfait dans tous ses faits.

Ce trouble survient toujours après un gros échec.

Ces personnes culpabilisent souvent.

Elles ont une vision négative d'elles-mêmes, elles se trouvent incompétentes.

Cette perte de l'estime de soi continue peut engendrer une dépression avec des pensées suicidaires.

Cas concret n°1 : situation à bord d'un navire (source du C.C.M.M) :

Le 17/10/2xxx, à 14h20, appel du Commandant du navire FXXX, pétrolier de pavillon français entre les Antilles et la côte US pour un patient français, officier de 43 ans :

- le motif de consultation semble banal : présence d'une asthénie (sensation de fatigue permanente exprimée par le patient), avec insomnie.

L'interrogatoire du Commandant permet de préciser que ce patient, à bord depuis quelques jours, lui semble particulièrement triste, se plaignant de troubles du sommeil et d'angoisse. Par ailleurs il a noté une perte de l'appétit.

Il n'est pas retrouvé d'antécédents médicaux notoires.

Afin de préciser au mieux les symptômes et le vécu du patient, le médecin demande au commandant son accord pour un entretien direct avec le patient et en l'absence du responsable des soins.

Le 17/10/2xxx, à 14h46, deuxième appel du navire :

- le patient est en ligne, il pleure au téléphone. Il se dit très anxieux par rapport à de nouvelles responsabilités qui doivent lui être confiées dans quelques jours. Le dialogue avec le médecin permet de recueillir des symptômes de dévalorisation, d'autodépréciation, avec une perte de confiance en soi et la sensation d' avoir des difficultés à résoudre les conflits, les problèmes. Il n'existe pas d'idées suicidaires. Il n'y a aucune composante délirante. L'interrogatoire retrouve

quelques manifestations du même type mais moins intenses lors d'un embarquement précédant ; tout était rentré dans l'ordre à la fin du voyage . Le patient n'exprime pas de soucis familiaux ni conjugaux. Il n'existe aucun traitement en cours.

Au terme de l'entretien le patient est d'accord pour un débarquement dés la prochaine escale et une prise en charge médicale à terre à son retour au domicile. Il doit en informer lui-même le commandant .

Le 17/102xxx, à 15h58 : rappel du commandant pour refaire un point et prendre une décision conjointe avec le patient et le médecin du CCMM : le patient sera débarqué lors de la prochaine escale (4 jours plus tard) dans un port étranger. Aucun traitement n'est prescrit, le patient se disant déjà soulagé de la décision prise.

Dans ce cas clinique, apparaît le caractère insidieux d'un trouble anxio-dépressif qui aurait pu s'aggraver rapidement en l'absence de prise en charge. Celle-ci a consisté en un dialogue entre responsable des soins et patient, suivi d'un entretien direct entre patient et médecin du CCMM qui a permis, dans un climat de confiance et de confidentialité, de mettre en évidence la sévérité du cas et de poser l'indication de débarquement du patient.

2) Les troubles du comportement dit « positifs »

Ces troubles sont qualifiés de « positifs » lorsqu'ils deviennent dérangeants pour l'environnement humain et matériel.

Ils se caractérisent par une agitation, de l'agressivité, ou des comportements inappropriés.

L'agitation se définit comme une perturbation du comportement moteur, psychique et relationnel.

Elle se traduit par :

· des manifestations extérieures physiques et motrices,

· un état d'excitation psychique aboutissant à la perte de contrôle des pensées, des paroles, des actes.

Cette conduite pathologique est habituellement exagérée dans sa forme et dans sa force, inadaptée, hostile, incohérente créant pour l'entourage une gene ou une menace.

Cette agitation peut présenter un danger pour les autres ou pour le malade lui-même.

L'agitation peut se diviser en quatre types : l'agitation confuse, l'agitation anxieuse, l'agitation maniaque et l'agitation délirante.

a) L'agitation confuse

L'agitation s'accompagne d'une confusion qui est un amoindrissement de la vigilance allant de l'absence de réactions à l'indifférence aux émotions.

Le malade est désorienté dans le temps et dans l'espace. Son discours est incohérent.

Ce trouble peut créer chez la personne une activité cérébrale soit ralentie, soit exagérée.

Chez ses personnes nous remarquons une baisse de l'efficience intellectuelle, ainsi qu'un trouble de la mémoire.

La personne est rarement violente ou agressive.

Toutes ces agitations s'installent en quelques jours voire chez certaines personnes quelques heures.

Il faut considérer a priori que la cause de cet état confusionnel n'est pas psychiatrique mais médicale.

b) L'agitation anxieuse C'est une crise d'angoisse, ou attaque de panique.

Cet accès brutal d'angoisse entraîne une agitation motrice. Ces crises expriment la peur du malade.

Ces crises sont imprévisibles et accompagnées de symptômes physiques. (On retrouve comme dans l'anxiété dite « négative » des signes respiratoires, cardiaques, digestifs et urinaires).

La personne ressent un malaise intense, un sentiment de danger imminent et la peur de commettre un acte incontrôlé.

La personne a l'impression de ne plus etre elle-meme et ne reconnaît plus ce qu'il l'entoure.

Le risque est que la crise devienne impulsive et auto-agressive.

c) L'agitation maniaque

C'est un trouble de l'humeur.

Le début est progressif, en général marqué par une insomnie et une hyperactivité croissante. La personne est de contact facile voire familière.

Elle parle sans arrêt et a une activité incessante.

Il existe une perte du sens moral, la personne est désinhibée.

L'agitation est extrême, la personne ne reste pas en place, ses gestes sont rapides et inadaptés.

« Cette opposition entre un état troublé et l'optimisme du sujet est évocatrice de l'accès maniaque » : Extrait du magazine Santé Mentale [5].

d) L'agitation délirante

C'est une agitation de début brutal. Le sujet n'est plus dans la réalité. L'agitation est directement liée au délire.

Les hallucinations sont fréquentes :

· le sujet entend des voix intérieures qui lui dictent ses actes.

· les hallucinations peuvent être également visuelles olfactives, sensitives.

La personne adhère totalement à son délire (elle ne remet pas en cause son délire) et ne se reconnaît en rien comme malade : le patient refuse et ne peut pas reconnaître sa maladie.

Le délire peut avoir des thèmes variés qui peuvent être regroupés en grandes catégories : La persécution : conviction délirante d'être victime de préjudices, d'agressions.

La jalousie.

La mégalomanie : c'est une surestimation de soi qui n'est pas conforme à la réalité. Une telle thématique délirante donne lieu à des troubles du comportement : projets pharaoniques, entreprises grandioses et contacts inappropriés...

L'auto-accusation : ce thème délirant traduit un jugement très défavorable que tient le sujet sur luimême, hors de toute réalité. Elle se trouve en général associée à une auto dévalorisation, un sentiment de ruine et de culpabilité.

L'hypocondrie : préoccupations corporelles, hors de toute réalité, centrées sur la maladie, la transformation corporelle, centrées souvent sur les modifications d'un organe particulier.

La négation d'organes : conviction délirante de mort d'un organe voire du corps tout entier.

Le mystique et ésotérique : délire en rapport avec les Ecritures saintes, la parole divine, une mission ésotérique et divine à accomplir, des forces obscures, du Mal ou du Bien.

Le fantastique : discours visionnaire, conviction d'une relation avec une vie extra-terrestre par exemple.

L'influence : sentiment d'être guidé par une force surnaturelle.

L'agitation délirante peut se révéler très dangereuse pour l'entourage de la personne. L'agressivité est souvent présente dans ce cas.

Au terme de ce chapitre descriptif de sémiologie il apparaît de manière évidente que les troubles du comportement se manifestent de manière très diverse, parfois trompeuse ou insidieuse.

Il est nécessaire d'avoir une parfaite connaissance de ces différents symptômes afin de les recueillir le plus précisément possible au cours d'un examen attentif, souvent réalisé dans des conditions difficiles mais indispensable à une prise en charge médicale appropriée.

Partie 3 : Prise en charge du malade et médication

1) L'observation et l'approche

Nous pouvons nous retrouver face à deux types situations : le malade agité ou le malade dépressif. Le comportement face au malade agité ne s'improvise pas :

· Une approche solitaire face à ce type de comportement n'est pas conseillée, méme si nous avions une bonne relation antérieure avec la personne.

· Il faut se protéger.

· Face à l'agitation l'officier responsable des soins doit garder son calme, éviter d'élever la voix.

Dans le cas d'un patient posant un problème de dépression, l'approche doit se faire en relation duelle, la personne pourra alors plus facilement se confier.

L'approche est un moment d'observation simple :

· de la présentation de la personne,

· de ses premières réactions qui sont soit l'opposition, soit de l'acceptation, soit de l'indifférence.

2) L'entretien et ses difficultés

a) L'entretien

Il est important de prendre conscience que la communication est essentielle. Elle permet au travers du dialogue avec la personne de repérer un trouble du comportement et d'apaiser la personne.

Dans toutes relations, il est nécessaire de créer un contact,

· d'avoir une attention,

· une attitude réceptive,

· il faut aussi respecter la personne : échanger avec elle comme on voudrait qu'une autre personne échange avec nous.

Etre dans une attitude de compréhension et d'empathie (c'est le mécanisme qui permet la compréhension ressentie d'autrui) car le patient est en souffrance.

Comme pour l'approche l'entretien est à aborder de manière différente, si la personne a un trouble du comportement dit « positif » ou « négatif » :

Pour la personne atteinte de trouble « négatif », le but sera de recueillir des données complètes à transmettre au médecin : repérer le problème, les symptômes, et pouvoir juger de la nécessité d'un avis médical.

· L'écoute de la personne est un moment clé du diagnostic.

· Il est conseillé d'adopter les attitudes facilitant la répétition, la reformulation, la clarification, la compréhension.

· On doit amener la personne à parler de son mal être.

· Il faut avoir un ton neutre, afin de ne pas interpréter, de ne pas juger le malade.

Pour une personne atteinte de troubles du comportement dit « positifs », le but de l'entretien est tout autre : c'est dans un premier temps, essayer de désamorcer ou de calmer l'agitation, l'agressivité.

· Pour cela, il faut laisser la personne s'exprimer, parler sur un ton calme, garder son sang froid.

· Il peut être nécessaire de médicaliser la relation, par une prise de tension, le questionner sur son état de santé physique, de lui proposer un verre d'eau, de s'asseoir ou de s'allonger dans le but de détourner sa focalisation sur ce trouble.

Dans ce cas, il est nécessaire d'appeler d'urgence le médecin, pour connaître la conduite à tenir, pour protéger l'équipage ainsi que la personne.

b) Les difficultés

Il peut être difficile pour le marin de parler de ses problèmes « mentaux », normalement vécus comme strictement personnels et privés, à une personne se trouvant dans le même milieu de travail que lui.

Ces personnes se connaissent et se côtoient tous les jours. Il est relativement plus facile, encore que pas toujours évident, d'échanger avec un médecin qui lui, est une personne moins proche et neutre. Cette difficulté d'expression de ce trouble est encore plus prononcée lorsque la différence de hiérarchie est présente. Le malade peut avoir peur de représailles. Le marin a toujours l'envie de montrer une forme mentale idéale face au supérieur hiérarchique.

De plus, le monde maritime français possède une pluri-nationalité, aujourd'hui, Philippins, Roumains, Indiens, Africains.

Certes la langue universelle sur ces navires est l'anglais, mais qui est déjà difficile à comprendre lorsqu'il est parlé par différentes nationalités.

L'anglais est parfois mal maîtrisé par les marins et le vocabulaire médical est peu connu du responsable des soins.

Il sera par conséquent d'autant plus difficile d'exprimer ses souffrances mentales dans une langue qui n'est pas sa langue natale.

Comme noté dans le paragraphe « comportement dit négatif » de la partie sémiologie du trouble du comportement, certaines personnes préfèrent cacher ce type de troubles.

Ces personnes ont tendance à s'isoler.

Il est donc difficile pour l'officier responsable des soins d'aller vers la personne souffrante lorsqu'elle se trouve dans sa cabine, son coin intime.

Demander sans précaution à une personne d'entrer dans sa cabine pour qu'elle nous expose ses souffrances, peut être compris comme un non respect de la vie privée.

« L'article 9 al 1 du code civil dispose que « chacun a droit au respect de sa vie privée ». Ce principe est également inséré à l'article 8 de la Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales :

1. Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance.

2. Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique du pays, à la défense de l'ordre et à la prévention des infractions pénales, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d'autrui. »

L'officier responsable des soins peut être alors légitimement repoussé. Il est donc important dans ce cas d'expliquer le but de sa visite afin que le malade l'accepte.

3) L'avis médical, Téléconsultation du C.C.M.M

La survenue de troubles du comportement à bord justifie une consultation médicale, à terre à l'occasion d'une escale, voire télémédicale par le C.C.M.M, afin de poser un diagnostic et de prescrire une conduite à tenir appropriée.

Dans un premier temps il est essentiel de renseigner la Fiche d'Observation Médicale avant de consulter le médecin du C.C.M.M. (cf. annexe 1).

Les éléments de cette fiche d'observation sont utiles pour le médecin dans l'élaboration de son diagnostic, ou lui permettront de réaliser un diagnostic différentiel (comparaison de l'ensemble des symptômes afin de définir la réelle maladie).

- Cette fiche comprend des informations détaillées sur les circonstances de l'évènement, sur

l'examen des fonctions vitales, sur les antécédents médicaux, les traitements en cours.

- Les médecins nous expliquent bien, qu'un examen clinique est important à réaliser pour

tout comportement anormal.

Par exemple, si le malade est agité et confus, on doit considérer, jusqu'à preuve du contraire que la cause de ce trouble n'est pas psychiatrique, mais médicale.

Le plus souvent l'agitation confuse est due à un toxique : alcool, médicament, drogue, solvant.

Certains troubles du comportement avec confusion peuvent aussi être engendrés par des pathologies dites somatiques, c'est-à-dire à des maladies physiques et non psychiatriques.

Il me parait utile de les citer les plus fréquentes pour y penser le moment venu et ne pas négliger l'examen clinique qui permettra au médecin de les diagnostiquer.

On retrouve les maladies endocriniennes (anomalies de sécrétion d'hormones) :

Dans cette catégorie le diabète et notamment l'hypoglycémie (taux de sucre dans le sang anormalement abaissé) peut entraîner des troubles du comportement : agitation, incohérence. L'hyperthyroïdie (une augmentation du taux d'hormones thyroïdienne dans le sang) peut entraîner un état d'agitation anxieuse.

D'autres maladies peuvent aussi provoquer des troubles du comportement : des pathologies neurologiques (relative au système nerveux et notamment au cerveau, comme l'épilepsie, une tumeur...), les pathologies infectieuses (méningo-encéphalite, neuro-paludisme...).

Au cours de la téléconsultation avec le médecin du C.C.M.M, un deuxième entretien direct entre le médecin et le malade peut s'avérer utile.

- Cette consultation en direct pré-suppose que le responsable des soins donne son accord, ce qui a priori ne doit pas poser problème en pratique.

- Ce type d'entretien ne dispense en rien le responsable de l'examen complet qui doit réaliser en préalable de la téléconsultation.

- Sauf cas particulier qui fera l'objet d'une discussion préalable entre le capitaine et le médecin, il est préférable que le capitaine ou sa personne déléguée en charge des soins à bord soit présente auprès du malade lors de l'entretien téléphonique.

- En tout état de cause, la conclusion diagnostique du médecin et les recommandations de prise en charge seront données en direct au responsable des soins.

Une téléconsultation spécialisée avec un médecin psychiatre pourra également être organisée si le médecin du C.C.M.M estime qu'elle est nécessaire.

Dans ce cas, la téléconsultation médicale sera assurée en conférence à trois entre le bord, le médecin C.C.M.M et le spécialiste.

4) Le traitement

Après consultation télémédicale, le médecin du C.C.M.M prescrit la prise en charge du patient avec notamment la prescription de médicament selon le type et le degré du trouble du comportement.

Ces médicaments sont rangés dans la pharmacie de bord et se trouvent dans la catégorie psychiatrieneurologie. Ces médicaments font partie d'un ensemble, la liste ².

Nom générique

Nom Commercial

Dosage

Indication

Effets indésirables

Rangement

Diazépam

Valium

Comprimé de 5mg
ou ampoules de 10
mg/ 2ml (I.M)*

Anti-convulsivant,
Anxiolytique (tranquillisant)
calme l'angoisse

Maux de tête, sensation
d'ivresse, somnolence diurne,
ralentissement des idées,
fatigue, sensation de
faiblesse musculaire, vision
double

Coffre
Commandant

Méprobamate

Equanil

Comprimé de
250mg ou ampoules
de 400 mg/ 5 ml
(I.M)*

Stabilise les
comportements utilisé pour
traité l'anxiété

Somnolence diurne

Pharmacie

Zopiclone

Imovan /
Zopiclone

Comprimé de 7,5
mg

Hypnotique traite l'insomnie
sévère

Perte de mémoire,
somnolence diurne,
ralentissement de la pensée,
fatigue musculaire

Pharmacie

Cyamémazine

Tercian

Ampoules de 50 mg
/ 5 ml (I.M)*

Neuroleptique, agit sur
l'excitation, sur l'agressivité
également utilisé pour
dépressions sévères

Raideur musculaire, fièvre,
trouble de
l'humeur,irrégularité du
rythme cardiaque,
tremblements, troubles de
l'accommodation

Pharmacie

* : I.M : injection intramusculaire.

En établissant le tableau de ces médicaments, j'ai noté que la somnolence diurne est parmi les effets indésirables de chacun de ces médicaments.

Il est donc impératif, lors de l'avis médical de préciser au médecin prescripteur, l'activité professionnelle du marin à bord. Le médecin prendra alors des précautions sur la prescription pour des personnes dont l'activité principale à bord est la conduite du navire ou la conduite machine.

J'ai noté qu'un surdosage du médicament Diazépam pourrait faire plonger la malade dans un coma profond. Il sera donc rangé avec précaution dans la cabine du commandant dans un compartiment sous clé.

Comme tous les médicaments, il est déconseillé de les absorber avec de l'alcool.

Selon l'Article 217-3.05 de la réglementation française

« Médicaments relevant d'une prescription médicale.

A bord des navires sans médecin, sauf cas de force majeure, les médicaments relevant de la réglementation des stupéfiants (ex tableau B), de la réglementation de la liste I (ex

tableau A) ou de celle de la liste II (ex tableau C) ne peuvent être utilisés que sur prescription médicale. »

Il est à noter que les médicaments anti-dépresseurs sont des traitements fréquemment prescrits en psychiatrie. Ces médicaments ne font pas partie de la dotation médicale embarquée :

- ces médicaments ne sont pas prescrits en urgence.

- ils doivent être le plus souvent prescrits par un spécialiste.

- ces médicaments sont à utiliser avec précaution, ils ont un délai d'action au bout de quinze jours (risque de passage à l'acte par levée d'inhibition).

- ils peuvent être néanmoins prescrits par un spécialiste à terre.

Cependant, certaines personnes peuvent être sous traitement anti-dépresseur à bord. C'est une information importante à recueillir lors de l'entretien afin de la communiquer au médecin.

5) Le consentement aux soins

D'une manière générale, la pratique des soins médicaux repose sur le principe de consentement aux soins.

Lorsqu'un médecin prescrit des médicaments, il doit expliquer les modalités de la prise de ces médicaments et donner les raisons de la prescription.

Un adulte majeur, a tous les droits de refuser les soins. Le médecin doit lui communiquer les risques
qu'il encourt. En cas de refus affirmé, le malade doit signer un document de refus de soins, afin de

montrer que le sujet est conscient de son refus. Ce principe est applicable quelle que soit la pathologie considérée.

Il peut s'avérer qu'une personne ayant des troubles du comportement refuse un traitement. La maladie mentale ne constitue pas une exception au droit de consentir à l'acte de soins sauf si :

- le refus de soins est une conséquence de sa maladie mentale.

- la volonté de la personne de refuser les soins met sa vie en danger.

- la volonté de la personne de refuser les soins l'expose à un risque vital immédiat.

Si une des conditions est présente, la mise en oeuvre des soins sous contrainte est possible mais uniquement si :

- les soins sont strictement nécessaires.

- les troubles mentaux rendent impossible le consentement.

- l'abstention du médecin pourrait être qualifiée de non assistance à personne en danger.

L'appréciation de la nécessité de soins relève du médecin.

A terre, dans les hôpitaux psychiatrique, il existe trois types d'hospitalisations : l'hospitalisation libre, l'hospitalisation sur demande d'un tiers et l'hospitalisation d'office.

L'article L3211-1, L3212-1, L3213-1 du code de la santé publique (annexe 2) décrivent la possibilité d'hospitaliser un malade atteint de troubles du comportement refusant des soins médicaux ou de personne étant incapable de reconnaître leur maladie (par exemple, cas de l'agitation délirante).

La loi du 27 juin 1990 règlemente les hospitalisations sans consentement. Elle précise que « les restrictions à l'exercice de ces libertés individuelles doivent être limitées à celles nécessitées par son état de santé et à la mise en oeuvre de son traitement »

· L'hospitalisation libre : le patient accepte de recevoir des soins, donne son consentement. Dans le cas où la personne n'est pas consentante on retrouve :

· L'hospitalisation sur demande d'un tiers : l'hospitalisation est réalisée sans consentement du malade en raison de ces troubles mentaux qui rend impossible son consentement. Cette demande est faite par un membre de la famille ou une personne lui portant de l'intérêt. Deux certificats médicaux doivent être joints à la demande. Ils doivent indiquer l'état mental de la personne et la nécessité de l'hospitaliser sans consentement.

· L'hospitalisation d'office : elle concerne les personnes dont les troubles mentaux compromettent l'ordre public ou la süreté des personnes. Alors que l'hospitalisation sur demande d'un tiers peut être considérée comme un acte essentiellement médical, l'hospitalisation d'office est une mesure administrative permettant à la société de se protéger. Elle est prononcée par le préfet aux vues d'un certificat médical circonstancié. En cas d'urgence, le maire ou le commissaire de police peuvent prendre une mesure provisoire d'hospitalisation d'office lorsqu'il existe un danger imminent pour la sécurité des personnes.

A bord, comment faire quand il existe une urgence, comment appliquer la contrainte ?

Lors de la téléconsultation médicale, le médecin au vu de l'urgence prescrit des soins sous contrainte au capitaine du navire.

Sur un plan légal : alors que cette situation ne se trouve pas dans le cadre légal d'un hôpital psychiatrique, même si les consultations téléphoniques avec le C.C.M.M sont toujours enregistrées, ne faudrait-il pas que le médecin envoie (par mail ou fax) un certificat mentionnant la nécessité de soins sous contrainte ?

Sur le plan pratique : comment contraindre une personne ayant des troubles du comportement sur un navire ? Comment surveiller, comment contenir le malade lorsqu'il y a urgence ?

Selon le code disciplinaire et pénal de la marine marchande, dans l'article 28 et 29, le capitaine a des pouvoirs de police à bord du navire. Il peut mettre une personne en détention préventive en cas d'urgence.

Art. 28 du Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande

Le capitaine prend toutes mesures nécessaires et adaptées en vue d'assurer la préservation du navire et de sa cargaison et la sécurité des personnes se trouvant à bord.

Article 29 du Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande

« A la demande du procureur de la République compétent au titre de l'article 37 ou avec son accord, le capitaine peut ordonner la consignation dans un lieu fermé, pendant la durée strictement nécessaire, d'une personne mettant en péril la préservation du navire, de sa cargaison ou de la sécurité des personnes se trouvant à bord lorsque les aménagements du navire le permettent. Le mineur doit être séparé de toute autre personne consignée.

En cas d'urgence, la consignation est immédiatement ordonnée par le capitaine. Il informe dès le début de celle-ci le procureur compétent afin de recueillir son accord. »

Un malade atteint de troubles du comportement, lorsqu'il refuse les soins ou est incapable de reconnaître sa maladie, le capitaine en relation avec le médecin du C.C.M.M, peut donc contraindre un malade à recevoir les soins indispensables.

6) Cas particulier d'une nécessité d'isolement

L'isolement peut être utilisé quand le navire est en mer, quand il y a impossibilité de débarquer le malade.

Le traitement étant administré, selon la gravité de la maladie, le médecin peut prescrire un isolement.

Cet isolement ne doit être envisagé qu'en dernier recours (notion d'urgence) lorsqu'il y a nécessité d'exercer un contrôle physique du malade.

L'isolement peut être nécessaire pour protéger celui-ci, éviter le passage à l'acte, mais aussiprotéger l'équipage des agitations excessives du malade, et par conséquent nécessaire pour la sécurité du navire.

Le malade doit être placé dans une cabine sans sabord.

Avant son entrée, il est important de retirer tout objet de strangulation comme par exemple les vêtements, les ceintures, les lacets, son sac de voyage, le rideau de douche, le flexible de la pomme de douche, tout cable d'appareils électriques.

Il est nécessaire de retirer tout objet coupant, couteau, rasoir, ciseaux.

Une vérification d'absence de médicaments dans sa cabine est obligatoire.

La porte de la cabine doit être fermée à clé avec une personne devant la porte en surveillance en cas de bruit important et éviter le passage à l'acte.

Toute entrée dans la cabine doit être faite au minimum à deux personnes afin d'éviter d'être surpris par une agitation du malade.

Ses repas sont servis dans sa cabine, avec des ustensiles en plastiques.

7) L'évacuation sanitaire

Le Médecin peut demander un débarquement du patient au prochain port d'escale du navire ou évacuation sanitaire selon la gravité du déséquilibre mental.

Il est habituellement difficile de procéder à une évacuation sanitaire, par hélicoptère ou moyen nautique, compte tenu de l'état de ce type de patient.

Lorsque le navire est à quai, le malade est débarqué et dirigé vers l'hôpital psychiatrique par un moyen de transport sanitaire déclenché à cet effet.

La barrière du langage est une complexité en cas d'hospitalisation à l'étranger. Le personnel médical peut avoir des difficultés de compréhension sur les souffrances mentales du malade. Il peut être alors nécessaire de faire appelle à un traducteur.

De plus, en consultant la carte mondiale représentant le nombre de psychiatres pour 100 000 habitants, je note que le nombre de psychiatres en Asie, en Amérique centrale et en Afrique est très réduit (de 0-1 psychiatres pour 100 000 habitants).

La cause principale de cette pauvreté médicale vient d'un désintérêt des gouvernements des pays
dans le milieu de la santé mentale. Selon l'OMS, une majorité de pays consacre moins de 2% de

leur budget de la santé à la santé mentale. Gette constatation peut être expliquée par l'approche culturelle de ces pathologies dans chaque pays.

Gas concret n° 2 : une situation à bord d'un navire (source du C.C.M.M) :

Le 1/09/2xxx, à 2h24, appel du commandant du navire FXXY, porte-conteneur français entre les Antilles et l'Europe, pour un patient de 29 ans :

- le motif d'appel est un état d'agitation chez un marin roumain qui parle habituellement le français, mais qui tient des propos incohérents, en roumain. Ces propos traduits par le lieutenant roumain du bord semblent mettre en évidence un sentiment de persécution. Le patient est très anxieux, il exprime ses craintes par rapport à ceux qui lui voudraient du mal. Dans un premier temps et dans ce contexte de consultation télémédicale d'urgence, le médecin C.C.M.M prescrit un médicament sédatif, anxiolytique ( Equanil- Méprobamate) en comprimés et demande de rappeler quelques heures plus tard.

- Le 01/09 à 13h01, 2ème appel : le patient reste très anxieux, un peu opposant quant à la prise de médicaments. Il ne semble pas franchement délirant mais il persiste une note de paranoïa (persécution). Il est parfois confus, mais ni agressif ni violent. Il n'exprime pas d'idées

suicidaires. Le médecin prescrit un traitement sédatif puissant par voie intramusculaire (neuroleptique -- Tercian) matin et soir et en cas de refus du patient une augmentation du traitement par comprimés (Equanil + Valium), trois fois par jour.

- Le 02/09 à 14h14, 3ème appel : après une amélioration la veille, sous traitement, est réapparue

une récidive de l'agitation avec un net délire paranoïaque. Le patient est très agité, il refuse tout traitement. Il reste encore cinq jours de mer .... en cas d'échec de nouvelles tentatives de traitement par voie orale le médecin confirme la nécessité de traitement par Tercian injectable après contention du patient.

- Le 03/09 à 9h55, 4ème appel : le patient a continué de refuser tout traitement mais est redevenu calme et a accepté de s'entretenir avec le second. Le médecin donne les consignes de surveillance rapprochée et de traitement de contrainte par voie intramusculaire en cas de récidive de l'agitation.

- Le 03/09 à 21h21, 5ème appel : le patient a reçu le traitement prescrit par voir intramusculaire (Valium+Tercian), il reste très opposant mais plus calme, il est à l'isolement, sous surveillance, dans une cabine. Il reste encore trois jours de mer.

- Le 04/09 à 22h50, 6ème appel : le patient est calme, il n'est plus délirant, il continue de recevoir son traitement par voie intramusculaire.

- Le 05/09 à 9h45, 7ème appel : le patient est redevenu coopérant, il ne présente plus de trouble du comportement, le traitement est poursuivi par voie intramusculaire. Le médecin C.C.M.M, en Liaison avec le SAMU de coordination médicale maritime du Havre, prépare l'accueil du patient à l'antenne psychiatrique de Dunkerque dés l'arrivée au port, dans 3 jours, où il sera accompagné par le lieutenant roumain comme interprète.

- Le 06/09 à 8h31, 8ème appel : le patient est tout à fait calme, mange et communique normalement, le même traitement sera poursuivi pendant 48h, jusqu'à l'arrivée au port de Dunkerque.

Ce cas clinique illustre l'association d'une démarche médicale malgré des conditions difficiles (approche, entretien avec l'aide d'un interprète), téléconsultation et administration d'un traitement à un patient opposant, et d'une contention avec isolement pour soins de contraintes.

La préparation de l'accueil, pour une consultation spécialisée avec présence d'un interprète à l'arrivée.

8) Les responsabilités

Selon la division 217-2.04 de la réglementation française.

Le capitaine est responsable des soins sur les navires sans médecin. Cette responsabilité peut être déléguée à d'autres membres d'équipage ayant reçu la formation médicale de niveau ²² ou ²²².

« Navires sans médecin.

Sur les navires sur lesquels n'est pas embarqué un médecin, le capitaine est responsable des soins.

Il peut déléguer la pratique des soins, la gestion et l'usage de la dotation médicale à un ou plusieurs membres de l'équipage ayant reçu la formation appropriée, réactualisée périodiquement, au moins tous les cinq ans ».

Un trouble du comportement est une pathologie. Elle doit donc être prise en charge à bord, avec avis médical ou télémédical suivant l'urgence et la situation du navire. Ces personnes souffrent mentalement, elles ont besoin d'aide, de protection, de soins.

Ces troubles sont parfois repoussés sur les navires car ils ne font pas partie de la normalité du marin. Selon l'article du code Pénal, l'officier responsable des soins à bord d'un navire peut être sanctionné s'il ne permet pas au patient souffrant de troubles du comportement d'accéder aux soins qui lui sont nécessaires.

Non-assistance à personne en péril (Art 223-6, du code Pénal)

« Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende.

Sera puni des mêmes peines quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.

CONCLUSION

Un trouble du comportement peut apparaître, parfois subitement, parfois plus insidieusement, chez tout individu, il peut dès lors survenir chez un marin, un passager, au cours d'un embarquement. Les facteurs favorisants la survenu de ces troubles, ne sont aujourd'hui que des hypothèses, il est donc pour nous, impossible de les anticiper.

Il est alors nécessaire, pour l'officier responsable des soins à bord, dans des situations qui peuvent relever de l'urgence, de répondre rapidement et de manière appropriée aux souffrances mentales du malade, pour sa protection ainsi que celle du reste de l'équipage.

Il est donc avant tout important, de savoir détecter les signes pour apporter une meilleure prise en charge médicale. Chaque cas est différent et chaque comportement peut s'exprimer différemment. Repérer les troubles du comportement peut s'avérer difficile et, si certains sont démonstratifs d'autres se manifestent de façon insidieuse.

L'approche et l'entretien sont donc à adapter face chaque type de comportement.

Même si un trouble peut paraître bénin, il est important de savoir solliciter un avis médical. Une prise en charge efficace dépend d'une bonne collaboration avec le médecin.

Ce mémoire met l'accent sur les multiples difficultés de prises en charge pouvant être rencontrées, aussi bien d'un point de vue pratique, qu'éthique ou légal.

Cette étude à pour but de montrer la nécessité d'approfondir les connaissances des navigants dans ce domaine médical.

Par conséquent, j'insiste sur l'importance d'une formation préalable sur ce thème des troubles du comportement afin de préparer les futurs responsables des soins à affronter ce type de situation à bord.

BIBLIOGRAPHIE

Auteurs :

[1] : Georges Canguilhem, thèse sur << Le normal et le pathologique >> 1943.

[2] : Docteur Drapier, cours sur << le normal et le pathologique ».

[3] : Docteur Cuzon, << Modalités de sortie de la profession de Marin par la maladie mentale >>.23 février 2002.

[4] : GERMAIN DUCLOS, << L'estime de soi un passeport pour la vie >>.

[5] : Magazine de la santé. n° 57

[6] : Morasz L. << Le soignant face à la souffrance ». Dunod, 1999.

[7] : Morasz L. << L'infirmier (e) en psychiatrie >>. Masson, 2004.

[8] : Ivanov-Mazzucconi S. << Dictionnaire infirmier en psychiatrie >>. Masson, 2005.

Sites internet :

9) www.mer.equipement.gouv.fr

10) www.mersante.com

11) www.who.int/fr

12) www.legifrance.gouv.fr

13) www.doctissimo.fr

14) www.vidal.fr

15) www.serpsy.org

ANNEXES

c) Fiche d'observation médicale du C.C.M.M

d) Code de la santé publique article L3211-1, L3212-1, L3213-1.

Annexe 2 : Code de la santé publique

Article L3211-1

Une personne ne peut sans son consentement ou, le cas échéant, sans celui de son représentant légal, être hospitalisée ou maintenue en hospitalisation dans un établissement accueillant des malades atteints de troubles mentaux, hormis les cas prévus par la loi et notamment par les chapitres II et III du présent titre.

Toute personne hospitalisée ou sa famille dispose du droit de s'adresser au praticien ou à l'équipe de santé mentale, publique ou privée, de son choix tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du secteur psychiatrique correspondant à son lieu de résidence.

Article L3212-1

Une personne atteinte de troubles mentaux ne peut être hospitalisée sans son consentement sur demande d'un tiers que si :

1° Ses troubles rendent impossible son consentement ;

2° Son état impose des soins immédiats assortis d'une surveillance constante en milieu hospitalier.

La demande d'admission est présentée soit par un membre de la famille du malade, soit par une personne susceptible d'agir dans l'intérêt de celui-ci, à l'exclusion des personnels soignants dès lors qu'ils exercent dans l'établissement d'accueil.

Cette demande doit être manuscrite et signée par la personne qui la formule. Si cette dernière ne sait pas écrire, la demande est reçue par le maire, le commissaire de police ou le directeur de l'établissement qui en donne acte. Elle comporte les nom, prénoms, profession, âge et domicile tant de la personne qui demande l'hospitalisation que de celle dont l'hospitalisation est demandée et l'indication de la nature des relations qui existent entre elles ainsi que, s'il y a lieu, de leur degré de parenté.

La demande d'admission est accompagnée de deux certificats médicaux datant de moins de quinze jours et circonstanciés, attestant que les conditions prévues par les deuxième et troisième alinéas sont remplies.

Le premier certificat médical ne peut être établi que par un médecin n'exerçant pas dans l'établissement accueillant le malade ; il constate l'état mental de la personne à soigner, indique les particularités de sa maladie et la nécessité de la faire hospitaliser sans son consentement. Il doit être confirmé par un certificat d'un deuxième médecin qui peut exercer dans l'établissement accueillant le malade. Les deux médecins ne peuvent être parents ou alliés, au quatrième degré inclusivement, ni entre eux, ni des directeurs des établissements mentionnés à l'article L. 3222-1, ni de la personne ayant demandé l'hospitalisation ou de la personne hospitalisée.

Article L3213-1

A Paris, le préfet de police et, dans les départements, les représentants de l'Etat prononcent par arrêté, au vu d'un certificat médical circonstancié, l'hospitalisation d'office dans un établissement mentionné à l'article L. 3222-1 des personnes dont les troubles mentaux compromettent l'ordre public ou la sûreté des personnes. Le certificat médical circonstancié ne peut émaner d'un psychiatre exerçant dans l'établissement accueillant le malade. Les arrêtés préfectoraux sont motivés et énoncent avec précision les circonstances qui ont rendu l'hospitalisation nécessaire.

Dans les vingt-quatre heures suivant l'admission, le directeur de l'établissement d'accueil transmet au représentant de l'Etat dans le département et à la commission mentionnée à l'article L. 3222-5 un certificat médical établi par un psychiatre de l'établissement.

Ces arrêtés ainsi que ceux qui sont pris en application des articles L. 3213-2, L. 3213-4 à L. 3213- 7 et les sorties effectuées en application de l'article L. 3211-11 sont inscrits sur un registre semblable à celui qui est prescrit par l'article L. 3212-11, dont toutes les dispositions sont applicables aux personnes hospitalisées d'office.






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