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Critique circonstanciée d'une publicité camerounaise: cas de Tomy Pop

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par Simon NGONO
Université de Douala - Licence en sciences de la communication option communication sociale et médiatique 2010
  

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B. CRITIQUES INTERNES

a. Le contenu

Le message publicitaire contient généralement trois éléments : le visuel rédactionnel (texte, slogan, titre), le visuel illustratif (format, couleur, désir, personnage) et le visuel sonore (fond musical). Dans le cadre de la publicité Tomy Pop, le visuel rédactionnel regorge des idées telles : le désir, la joie et la tentation. Des éléments, qui à ne point douter, sont dotés d'une capacité à stimuler les sens des consommateurs. Concernant le visuel illustratif, le format est de soixante (60) secondes ; au cours de celles-ci la séquence publicitaire se constitue en un miroir social à travers une exposition du monde, des cultures, des modes de vie, des statuts, des stéréotypes et des façons de penser et de se comporter. Sur des couleurs, la publicité en présente celles qui sont multicolores et qui traduisent certainement les variétés des goûts du bonbon Tomy Pop et les différents désirs ( manques) que suscite ce bonbon. Quant au visuel sonore, la publicité de Tomy Pop fait usage d'un générique (de début et de fin) afin de préparer le psychisme humain à recevoir le message publicitaire qui lui est adressé.

Toute publicité est accompagnée du « concept d'évocation » c'est-à-dire qu'elle est toujours décorée de petites histoires, de petit clin d'oeil en accord avec le récepteur pour favoriser une simple attraction. La publicité Tomy Pop qui raconte une histoire de bonbon dans une famille, attire l'attention sur le néologisme « Tomy pop » qui renvoie sans doute au nom donné par la société togolaise Unifood à son produit. Pendant le déroulement de cette publicité, le personnage du père incarné par Man No Lap attire l'attention voire la curiosité de plus d'un consommateur. De façon arbitraire, le pseudonyme « Man no lap » signifierait personne ne rit. Sa seule présence dans cette publicité aurait sans doute une incidence sur le consommateur.

b. La critique proprement dite

Certaines publicités se servent d'un personnage bien connu de la société pour jouer un quelconque rôle. C'est le cas dans la publicité de Tomy Pop qui nous propose une simple image d'une célébrité : Man no lap. Ceci conduit naturellement au conditionnement qui incite à une persuasion forcée à cette célébrité qui pourrait être un signe de reconnaissance individuelle ou sociale et pourquoi pas être une persuasion forcée mais déguisée à nos fortes estimes. La seule présence de Man No Lap peut provoquer une adhésion à la publicité. Si l'on s'en tient au fait que généralement, on intègre un message selon les informations que nous possédons pour en faire un jugement personnel c'est-à-dire une évolution du stimulus. Car Man No Lap « habite dans les esprits » de bon nombre de téléspectateurs et d'auditeurs camerounais. Le crédit accordé à la publicité est lié à l'authenticité et à la qualité du produit Tomy Pop au point ou Man No Lap « cède à la tentation ». L'autre crédit ici, peut être liée au besoin de reconnaissance, d'appartenance et qu'en plus consommer tel ou tel produit pourrait être synonyme d'affiliation à un groupe ou à un statut bien déterminé.

Toute publicité est tributaire au contexte socioculturel d'un pays. Celle de Tomy Pop s'enracine dans le contexte socioculturel camerounais. Celle-ci rompt avec le préjugé selon lequel le bonbon est une affaire des enfants. Ladite publicité présente la maman habillée en rouge (signe de l'amour et de l'affection) qui garde des bonbons aux enfants ; le père qui trouve mieux de chasser ceux-ci d`un ton terme et sévère (« Allez dehors », « Allez dehors »). Des scènes par lesquelles cette publicité s`explique par le contexte socioculturel du Cameroun. Bref, la maman incarne l`amour l'affection, le réconfort pour les enfants alors que le père est considéré comme un être sévère et ferme.

c. La critique psychologique

La publicité est indéniablement un acte psychologique à travers lequel les individus construisent leurs identités psychiques. Ses messages regorgent généralement des concepts tels : la persuasion, le désir, l'émotion, la perception. Concernant la perception, il est à noter qu'on ne perçoit jamais directement les objets qui nous entourent. Tout réside dans un processus de décodage et d'interprétation visuel ou auditif en amont avant de pouvoir en percevoir l'essentiel. C'est ce qui a permis à Jean-Noël Kapferer d'affirmer que : « la perception ne serait qu'un miroir de la réalité qui nous entoure » (1).

L'approche qui nous permet le mieux de rendre compte de cette publicité est celle mécaniste. Cette approche affirme que le comportement économique du consommateur n'est ni rationnel, ni conscient. Ce comportement est passif, soumis au conditionnement et adopte des réflexes par habitude. La publicité mécaniste se réfère à Ivan Pavlov et s'appuie sur le behaviorisme selon lequel l'homme serait un animal éduqué et que la plupart de nos comportements résultent d'un apprentissage. A partir des stimuli extérieurs. L'objectif de ce type de publicité étant de créer un automatisme chez le consommateur. Le processus implique l'omniprésence de l'identité du produit ou de la marque en utilisant la technique du matraquage publicitaire.

Ici, c'est le matraquage direct qui est utilisé. Celui-ci consiste à la répétition d'un mot dans un message publicitaire, d'un slogan ou d'une affiche dans un temps relativement court. La répétition à ce niveau favorise une meilleure mémorisation des enseignements acquis. Le support médiatique utilisé dans ce genre de procédé est la télévision. Cette dernière joue un rôle crucial dans la formation des cerveaux humains. Pierre Bourdieu ne va pas du dos de la cuillère lorsqu'il affirme que : « la télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d'une partie très importante de la population » (2). Il faut dire qu'au Cameroun, le support médiatique le plus prisé pour toute forme de publicité reste l'affichage.

L'autre approche psychologique mise en exergue dans cette publicité est la psychanalyse de Sigmund Freud avec son ça (lieu des pulsions, des passions,...). Cette dimension de la personnalité se manifeste dans cette publicité par la transgression des normes morales éthiques. On le voit bien qu'à l'arrivée de la maman, les enfants accourent vers elle pour recevoir les bonbons sans toutefois la saluer. Cette règle de morale est à relativiser car la morale est tributaire d'un pays.

La publicité Tomy Pop revêt un problème éthique à deux niveaux : au niveau parental, Man No Lap ne représente pas un modèle où il ramasse le bonbon à même le sol et son attitude de chasser les enfants est signe d'un parent sévère et égoïste.

Au niveau des enfants, cette publicité les utilise comme des objets commerciaux alors que toutes les lois à travers le monde interdisent ce genre de pratiques. Ajoutons également que cette publicité instrumentalisent les enfants dans la mesure où la structure intrapsychique des enfants est encore moins apte à confronter les techniques publicitaires dont le principal but est de les stimuler, c'est-à-dire de les pousser à satisfaire un supposé désir (manque). Mais selon certaines études, les enfants sont considérés comme des prescripteurs et des décideurs dans le choix des achats de leurs enfants.

CONCLUSION

En définitive, le problème posé par ce devoir est celui de l'adéquation entre la publicité et son contexte. L'examen de ce problème nous a permis de constater d'une part que toute publicité est tributaire de son contexte socioculturel ; c'est pourquoi elle tient un discours sur nous même en s'inspirant de notre contexte socioculturel.

Elle nous a permis d'autre part de comprendre comment les publicitaires fabriquent leur message (contenu) en fonction du contexte afin de stimuler le psychisme du consommateur à l'achat. Dans le cadre de la publicité « Tomy Pop », les publicitaires ont tenu compte du contexte socioculturel camerounais. A travers des éléments tels que l'habit traditionnel que porte Man No Lap, la maman qui incarne l'amour et l'affection et le bonbon qui reste un produit très prisé par les enfants. C'est ce qui fait dire à Mc Luhan que la publicité est un traducteur de la réalité sociale. Il déclare à propos que « les historiens et les archéologues découvriront un jour que les annonces de notre époque constituent le reflet quotidien le plus riche et le plus fidèle qu'une société n'ait jamais donné de toutes les gammes de ses activités. Les hiéroglyphes égyptiens viennent loin derrière à cet égard » (3).

Au regard de ce qui précède, peut-on affirmer que tout a été parfait dans le conception l'exécution et la réalisation de cette publicité ? Il nous semble qu'on aurait du construire cette publicité au départ par les enfants uniquement c'est-à-dire la maman qui revient du marché et garde des bonbons aux enfants. Ensuite, faire susciter la curiosité du père lors de la succion de ces bonbons par les enfants. Au point d'en demander un en ces termes : « vous ne m'avez pas aussi gardé un bonbon Tomy Pop ? ». Et, la maman de lui dire : « je m'en vais t'en acheter ». Enfin, susciter le désir à travers ces mots du père : « quel bonbon succulent ! Le bonbon Tomy Pop confère un goût singulier qui ne laisse personne indifférent. Le bonbon « Tomy Pop », goûter au plaisir ». Toute création publicitaire repose sur le procède AIDA (Attention Intérêt Désir Achat) développé en 1898 par Elmo LEWIS. Ce procédé comprend trois phases que l'on peut assimiler à trois types d'arguments : cognitif, affectif et conatif. L'argument cognitif ici c'est la question du père (vous ne m'avez pas aussi gardé un bonbon Tomy Pop ?) qui est attiré par le bonbon distribué aux enfants. L'argument affectif, la phase exclamative : Quel bonbon succulent ! Le bonbon Tomy Pop confère un goût singulier qui ne laisse personne indifférent. Et l'argument conatif, c'est celui qui créé et entretient le désir du produit afin de convaincre le consommateur à acheter : « le bonbon Tomy Pop goûter au plaisir ». Ceci dit, la publicité semble avoir atteint et dépassé son zénith pour entrer dans une ère où tous ses défauts se transformeraient en qualités, ses vices en vertus. Au Cameroun, le public, lui reste encore à la phase de « l'émotion publicitaire » (4). En observant une petite digression, si « la religion est l'opium du peuple » selon Karl Marx, pour c'est plutôt la publicité qui est l'opium des téléspectateurs camerounais.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand