I.1.3. Intelligence
La polysémie de ce concept nous conduit à bien
fixer les esprits sur son usage dans le cadre de ce travail. Dans l'histoire de
la science, le terme intelligence a fait l'objet de plusieurs
définitions. Au début du vingtième siècle, BINET et
SIMON (1905), cités par TINGU YABA NZOLAMESO, qualifiaient
d'intelligent, un individu qui juge bien, raisonne bien, et dont le bon
sens et l'esprit d'initiative permettent de s'adapter aux circonstances
nouvelles.
Le professeur TINGU YABA NZALAMESO, à la page 12 de ces
notes de cours destinées aux apprenants en première année
de Sciences Pharmaceutiques de l'Université de Kinshasa, dit de
l'intelligence que c'est :
- La capacité globale d'agir de façon
réfléchie ; - De penser rationnellement ;
- Bref, c'est la capacité de se mesurer au monde.
De toutes ces acceptions, il souligne que :
La vitesse de réaction aux stimulations de
l'environnement ;
L'adaptation aux circonstances de la vie, et
La capacité de l'individu de comprendre et de s'adapter
à des situations nouvelles.
Ce qui nous permet de signaler que l'intelligence dont il est
question dans cette étude est de consonance anglo-saxonne et a une
connotation au sens de renseignement car issu du monde militaire et des
services secrets anglo-saxons. Comme l'explique bien la définition
d'Edgar MORIN qui soutient que l'intelligence est l'aptitude à
s'aventurer stratégiquement dans l'incertain, l'ambigu,
l'aléatoire en recherchant et utilisant le maximum de certitudes, de
précisions, d'informations. Elle est la vertu d'un sujet qui ne se
laisse pas duper par les habitudes, craintes et souhaite subjectifs. C'est la
vertu qui se développe dans la lutte permanente et multiforme contre
l'illusion et l'erreur (MORIN et al ,1999).
Intégration de l'Intelligence Economique (IE) dans
les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
Mais c'est plus LARIVET (2002), citant les travaux de SIMON
(1960) qui place le concept d'intelligence dans le contexte de cette
étude, en la qualifiant de phase d'exploration de l'environnement
dans un but d'identification des situations appelant décision ; ces
travaux sont très inspirés de la terminologie militaire et de
celle des services secrets ou de renseignements anglo-saxons. Les
opérations d'intelligence ne sont pas à confondre à celles
d'espionnage qui sont illégales dans le cadre des entreprises.
D'une manière générale, l'intelligence se
définit comme l'ensemble des fonctions ayant pour objet la connaissance
conceptuelle et rationnelle. C'est aussi l'aptitude d'un individu à
s'adapter à des situations nouvelles et à découvrir des
solutions aux difficultés qui se présentent. Dans le cadre de
cette analyse, l'intelligence se présente comme le lien itératif
entre information, connaissance et action en vue de détecter de nouveaux
problèmes et de les résoudre.
Dans un premier temps, l'intelligence remplit la fonction de
production de l'information pour décrire une situation perçue
comme complexe. Il s'agit de l'aptitude à établir des
rapports signifiants entre des signes (BARTOLI et LEMOIGNE). Dans ce
même ordre d'idées, FELDMAN et MARCH (1991) considèrent
l'intelligence d'une organisation comme la capacité de se procurer,
d'analyser et de retrouver les bonnes informations en temps voulu.
L'intelligence d'une organisation est un processus qui fournit l'information
stratégique à l'organisation. Il modifie durablement sa
conception du monde, ses interactions avec l'environnement et conduit à
la réorganisation de ses intentions stratégiques afin de
réduire la différence entre l'environnement perçu dans la
stratégie (BAUMARD, 1991). Dans un second temps, l'intelligence
remplit la fonction de production de la connaissance. En traitant
l'intelligence organisationnelle, WILENSKY (1967) met l'accent sur connaissance
et pose deux grandes problématiques :
> Les stratégies collectives et la
coopération entre gouvernements et entreprises dans la production d'une
connaissance commune pour la défense de l'avantage concurrentiel ;
> L'importance de la connaissance dans l'économie et
l'industrie comme moteur stratégique du développement et du
changement.
En effet, l'intelligence de l'organisation dont il est
question dans ce travail, se résume par les compétences
d'interprétation et devient par conséquent un véritable
levier concurrentiel et stratégique. Dans ce même ordre
d'idées, ACHARD et BERNAT (1998) expliquent que le concept
d'intelligence tient aussi bien à la capacité à analyser
des problèmes complexes plus ou moins rapidement et à la
capacité à synthétiser et à créer des
nouvelles connaissances.
Par ailleurs, l'intelligence d'une organisation ne se limite
pas à la faculté de s'informer et de comprendre son
environnement, mais la dépasse pour inclure la capacité d'agir.
Elle peut ainsi être résumée comme la capacité
à appréhender les interrelations entre les faits disponibles de
manière à guider l'action vers un but désiré.
LEVINTHAL et MARCH (1993) disent que l'intelligence d'une organisation est
Intégration de l'Intelligence Economique (IE) dans
les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
comme l'activité cognitive permettant
d'améliorer les fondements analytiques et informationnels de l'action
organisationnelle. L'exercice de l'intelligence crée donc de nouvelles
capacités collectives d'action.
Ce qui signifie que, tout au long de ce travail, intelligence
revêtira le sens de toute information ou tout renseignement susceptible
de rendre une organisation capable de comprendre, de saisir, de s'adapter ou
réagir aux évolutions de son environnement. C'est à dire,
tout renseignement susceptible d'être exploité par l'entreprise en
vue de se parer de toute surprise malveillante.
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