Entretien 4 : Julie,
présidente de l'UNEF
L'entretien s'est déroulé dans le local de
l'UNEF à l'AGORA des étudiants, à l'université de
Strasbourg. Il a duré 30 minutes.
1) UNEF
Quand a été crée
l'UNEF?
Alors, l'UNEF a été crée en 1907, au
départ c'était une forme de fédération
d'associations locales disséminé un petit peu partout en France
et qui ont décidés de se regrouper au niveau national et en 1948.
Le changement commence, enfin... avec la prise de position syndicale partout en
France par la charte de Grenoble.
Par qui et dans quel but ?
Alors dans...., par qui c'était les responsables des
associations locales qui se sont regroupés en réunion, en
organisation nationale donc il n'y a pas de personnes attitrées. Et le
but était simplement de se regrouper pour être plus fort et avoir
une vision nationale de ce qui se passe à l'université, vu que
c'était une université assez petite comparé à celle
qu'on a aujourd'hui, où il y avait très peut d'étudiants
et dominée par la classe bourgeoise. Donc c'était surtout pour
mettre en commun les actions faites dans les différentes
universités et améliorer plus simplement la vie des
étudiants.
Quels sont les engagements attendus des
militants ?
Ce que nous attendons des militants est qu'ils ne soient pas
forcés ; parce que c'est totalement volontaire et
bénévole donc on ne peut pas obliger les gens à s'engager.
S'ils donnent une heure où deux c'est déjà beaucoup. Et ce
qu'on attend d'eux, est de donner des informations justes aux étudiants
et éviter les informations fausse, et si on ne le sait pas on dirige les
étudiants au service de l'université, du CROUS ou de la ville.
Pour défendre au mieux les étudiants ou les informer, les
défendre. Euh.... Et les recevoir aux meilleurs moments.
Comment l'avez-vous connu ? (ami,
collègue)
J'ai connu l'UNEF, en arrivant à la fac, sur les
chaînes d'inscription quand je suis arrivé à
l'université, je suis tombée sur la table de l'UNEF, et c'est la
que je les ai connus.
Pourquoi et quand l'avez-vous
intégré ?
Je les ai intégré tout simplement parce qu'on
m'a présenté ce qu'est l'UNEF, sur Strasbourg et sur le niveau
national et l'intérêt que sa représente d'être dans
un syndicat, le rapport de force etc. On m'a simplement proposé
d'adhérer. Question à laquelle j'ai répondu oui.
Quel est votre rôle au sein de
l'association ? Y'a-t-il eu des évolutions, si oui lesquelles et
pourquoi ?
Oui évidemment, aujourd'hui je suis président de
UNEF, et donc ça veut dire que je dois organiser tous ce qui se passe
dans l'UNEF, que ce soit les campagnes, que ce soit sur ce que dit les
politiques, ce que dit l'UNEF, c'est d'un peu tempérer les débats
qu'on peut avoir entre les différents militants et c'est aussi de
représenter l'UNEF dans l'université ou auprès des
institutions, que ce soit la fac, le CROUS ou la mairie. Je dois être
la porte voix de l'UNEF.
Considérez-vous l'UNEF comme une association
politique ?
Ah oui, l'UNEF est hautement politique, du moment qu'on prend
position sur quoi que ce soit, qu'on dit que c'est nouveau ou qu'on dit que
c'est bien. Qu'on voit certain danger sur une loi et qu'on la dénonce.
Oui on est politique et on a un discours hautement politique qui est fait et
apporté aux étudiants.
Si oui où se place-t-elle sur
l'échiquier politique ?
L'UNEF généralement est plutôt à
gauche. Dans l'échiquier politique avec généralement
d'autres syndicats CGT, ETC, on est du coté du progrès social et
on est placé à gauche.
Quels sont les thèmes
abordés ?
Les thèmes principaux c'est évidemment dans
l'enseignement supérieur, et les différentes lois qui peuvent
être mise sur le dos de l'enseignement supérieur. L'UNEF
défend la démocratisation de l'enseignement supérieure.
Tout ça, ce sont les grands thèmes qu'on aborde. La question des
aides sociales et du statut social des étudiants. Et puis
évidemment il y a des thèmes qu'on aborde comme le racisme, la
discrimination entre les étudiants et l'internationale.
La fréquence de vos
réunions ?
Alors on a une réunion toutes les semaines ouverte
à tous, que ça soit pour les adhérents à l'UNEF ou
les étudiants de l'université qui ne sont pas adhérent
à l'UNEF. Toutes les semaines, le lundi, où on parle des
actualités et des débats, et sinon il y aussi des réunions
de bureau où on se réunit généralement une fois par
semaine et parfois, une fois toutes les deux semaines, on établit ce
qu'on va faire tous là : en fait le bureau de direction.
Qui établit les mots d'ordre ?
Généralement, c'est le bureau qui
établit les mots d'ordre. Evidemment lors de la réunion toutes
les semaines on consulte tous les militants. Chaque militant a son mot à
dire. Mais c'est après, que le bureau décide du mot d'ordre.
Quel est le nombre d'adhérent à
l'UNEF ?
Au niveau national, on compte dans les environs de 35.000
adhérents, et au niveau local, on est dans les environ de 350
adhérents. Du fait qu'il y a la dématérialisation, on a du
mal à avoir des étudiants. Mais 350 est un chiffre assez
conséquent.
Et on essaye de faire adhérer les gens quand ils
viennent pour la première fois à l'université chaque
année dans les files d'inscription. Mais aussi faire un travail de
syndicalisation permanent, à tout moment de l'année, s'ils ont un
problème, ou s'ils viennent; ils peuvent adhérer à l'UNEF
et on met des dispositifs d'adhésion particulière.
2) Engagement militant ?
Qu'est ce qui vous a attiré dans cette
association ?
Alors ce qui est actif dans l'UNEF c'est de changer la vie des
autres : des étudiants s'est ce qu'on dit souvent. L'objectif de
transformation sociale. Par l'université on transforme la
société. Et ce qui est vraiment intéressant s'est de voir
par des actions concrètes changer d'une semaine à une autre
l'avis des étudiants. On ne fait pas tout de façon
révolutionnaire mais on arrive à diminuer le coût du
transport, on a crée un nouvel échelon de bourse, on
améliore concrètement la vie des étudiants et ça
se voit avec des actions visibles.
Etes-vous membre d'autres associations ?
Militant ? Partisan ? Syndical ? Si oui,
lesquels ?
L'engagement n'est pas du tout le même, je fais parti de
l'UDEES (union des étudiants étrangers de Strasbourg) qui est
partenaire à l'UNEF, après la mutuelle des étudiants au
niveau local. Enfin je suis adhérente à un parti politique, le
parti socialiste mais en tant qu'adhérente sans aucune
responsabilité ni activités militantes.
Est-ce votre premier engagement
associatif ?
Oui, c'est mon premier engagement politique.
Déjà auparavant dans des associations culturelles, ou de loisir
quand j'étais au lycée. Mais c'est mon premier engagement
politique même si je savais déjà ou je me plaçais
quand j'étais ou lycée. J'avais déjà
participé à des petites manifestations au lycée mais en
tant que personne lambda entre guillemets et pas du tout sous forme de
présence militante.
Pour vous qu'est ce qu'un bon
militant ?
Un bon militant qui tout simplement n'attend pas
spécialement quelque chose en retour de son engagement. Le militant
syndical n'attend pas de retour gratifiant de la part des étudiants et
que tous les membres s'engagent dans l'association aussi. Alors un bon militant
c'est quelqu'un qui est formé, sait de quoi il parle. Ne dit pas des
choses sur les étudiants.
Sais ce qui se passe aussi dans le conseil, dans les
différents endroits, et sait comment bien défendre les
étudiants. Et je pense que c'est quelqu'un qui le fait
bénévolement et sans attente de réciprocité, de
gratification.
Combien de temps par semaine consacrez-vous à
vos engagements militants ?
Ca dépend des périodes. Si ce sont des
périodes lourdes avant les élections ou avant les grosses
campagnes, généralement 100% de mon temps. Sinon
généralement c'est 70% de mon temps par semaine que je donne
à l'UNEF. Sauf, en période de révision ou d'examens
où je donne 50% de mon temps à l'UNEF.
Vous êtes étudiante, est-ce que ce genre
d'engagement est compatible avec vos études, votre travail ? (au
niveau du temps, peut-on vraiment s'engager ?)
Oui, il est compatible au début quand on n'était
pas autant engagé. Généralement on essaye
d'aménager le temps de chaque militant, en fonction aussi de leurs
études par ce qu'un bon militant à l'UNEF est un bon
étudiant. Et aussi un étudiant qui doit réussir dans ses
études. Et s'il ne réussit pas ces études l'année
prochaine il ne peut pas s'inscrire à l'université. Et s'il ne
s'inscrit pas à la fac donc il ne peut pas se réinscrire à
l'UNEF, donc il ne pourra pas militer. C'est dangereux aussi. Et on essaye de
voir avec les militants qu'ils ne loupent pas de cours en tout cas qu'ils ne
loupent pas beaucoup. Et que leur engagement soit compatible. Cette
année j'ai fait le choix de me consacrer totalement à l'UNEF,
en laissant mon année universitaire de coté et de reprendre
seulement l'année d'après.
Qu'est ce que vous pensez de l'arriver de Le Pen au
deuxième tour en 2002 ?
Je pense que là c'est quelque chose qui a
révélé quelque chose d'assez grave. L'arrivée de Le
Pen a montré un malaise dans la population...Que les extrêmes,
généralement que ça soit de la gauche ou de la droite,
arrivent à un score aussi fort est une perte de confiance dans la
politique et une perte de confiance à porté des partis. Je pense
que c'est le fait de voir l'extrême droite à ce point là
est un manque de la gauche. C'est elle en tout cas qui en est responsable.
Puisque aujourd'hui ce qu'on voit actuellement c'est que la gauche en
général n'apporte pas de réelle alternative aux gens.
Pourtant aujourd'hui avec la crise, il y a 73% de personnes
qui sont déçus de l'action politique de Nicolas Sarkozy, mais il
y a quand même, il me semble 55% qui voteront quand même, si jamais
il y des élections présidentielles, pour Nicolas Sarkozy. Cela
parce qu'ils ne voient aucune alternative. Je pense que... alors je ne compare
pas Sarkozy à Le Pen, mais en tout cas ça montre bien la
question sur l'échiquier politique. Il y un manque notamment de la part
de la gauche pour les français. Tout simplement, il y une perte de
confiance mise en place qui a été révélée
par l'arrivé de Le Pen en Second tour. Et les réponses, j'ai
l'impression qu'elles ne sont pas données par ce retour de la gauche.
C'est assez inquiétant pour l'avenir
3) Perception de l'association.
Depuis votre engagement au sein de l'UNEF, avez-vous
remarqué des changements ? De quels ordres ?
Oui j'ai remarqué des changements au sein de l'UNEF. On
a un nombre de militant qui a beaucoup augmenté. Quand je suis
arrivé, on était 4 a 5 militants parfois 6 à se dire
bonjour à Strasbourg. Aujourd'hui on est 10 au minimum et on peut
atteindre 15 certains jours. Donc c'est une envergure militante qui ... a
augmenté c'est le suivi des dossiers notamment dans les conseils qui
s'est renforcé avec une présence systématique des
élus de l'UNEF dans les différentes universités et dans
le Crous. On fait des dossiers, un travail de recensement et/ou d'information
qui s'est un tout petit plus systématisé pour les
étudiants.
Pensez-vous que l'UNEF a les moyens de se faire
entendre ? Ou y'a-t-il des points à
améliorer ?
On a les moyens, après est-ce qu'ils nous entendent ou
pas c'est une autre question. On a évidemment les relais de la presse
qu'on peut utiliser assez facilement et aussi Internet qu'on a
développé avec un blog et maintenant un site Internet, facebook
.... Ensuite, au niveau institutionnel, on a généralement des
rendez-vous assez facilement On a aussi toujours un rapport de force qui
est derrière nous que ce soit le nombre de nos adhérents, le
nombre d'étudiants en manif, le nombre de pétitions qu'on peut
avoir ou avoir faite pour qu'on nous prenne au sérieux ou qu'on nous
écoute en tout cas.
Existe-t-il des clivages entre vos membres ? Pas
la même façon de militer ? Pas les mêmes
définitions de l'engagement ?
Oui, il y a des clivages entre nos membres, et c'est logique
dans une organisation qui est démocratique. Et on a trois tendances qui
existent à l'UNEF. En gros un groupe de personnes qui se
réunissent parce qu'ils ont le même projet et les mêmes
démarches. Que ce soit pour les étudiants pour
l'université ou aussi pour l'UNEF, et pour l'usage plus au moins
idéologique ainsi que pour les démarches qu'on les
différencie et qu'on est ces trois tendances. Donc y a la tendance
majoritaire nationale qui est aujourd'hui majoritaire à l'UNEF et
aussi à Strasbourg, il y la TUD a tendance, unitaire et
démocratique qui est la deuxième force nationale. Et parmi les
membres du bureau de Strasbourg, 5 sont à la majorité nationale
et 2 sont à la TUD. Et enfin il y a la TRS, qui est la tendance
syndicale. Cette troisième tendance est présente a Strasbourg
mais plus petite on va dire et beaucoup plus faible, mais elle a quand
même son existence, et il est quand même à noter que les
clivages sont parfois durs et violents mais généralement c'est
aussi pour le bien de l'UNEF, pour faire avancer les revendications.
Positionnement par rapport aux autres
associations ?
Le positionnement qu'on peut avoir par rapport à
d'autres associations diffère selon les cas. En fait dans la vie,
généralement on peut faire le distinguo entre les associations
que l'on peut considérer comme partenaire comme UDEES, avec qui on a un
partenariat très fort ou leurs adhérents ont le même tarif
avantageux à notre local que les adhérents de l'UNEF ;
Il y aussi des associations étudiantes qui n'ont pas
les même vocations comme l'UNEF, comme Fac Verte qui ne sont pas
concurrents, et qui ont aujourd'hui des thématiques qui ont l'air
intéressantes à développer pour l'UNEF. On peut avoir un
partenariat avec. Donc là ont fait un travail en commun sur quelques
thématiques aussi.
Il y les organisations concurrentes sur lesquelles justement
on n'est pas dans la même association parce qu'on ne défend pas
la même chose en terme de projet que ce soit la fédération
cliente que ce soit l'AFJS que ce soit UNI, et qui aujourd'hui sont
concurrentes dans nos activités quotidiennes sur la fac, et au
conseil etc...
Quels sont vos rapports avec les autres membres
(amis ?)
Avec les autres membres de l'association. Les relations sont
généralement... au départ, on dit qu'on est des
camarades, parce qu'à la base on n'est pas des amis et qu'on se
connaissait pas généralement, et c'est justement le projet qui
est défendu par l'UNEF qui nous rassemble à la base, sinon on a
rien en commun, même si on est tous des étudiants. Au fil du
temps, évidemment à l'UNEF, on a des liens qui se tissent que ce
soient amicaux, que ce soit relationnel, ou tout simplement de la camaraderie,
en tout cas l'UNEF m'a apporté beaucoup et surtout beaucoup d'amis, que
je verrais encore bien après les études.... Et un
amour...rire.
4) Intérêts pour la
politique ?
Avez-vous un engagement politique ? De quelle
manière se définit-il ? (parti,
manifestation ?)
Oui je suis adhérente, adhérente lambda entre
guillemets, au parti socialiste mais,... mais je n'ai aucun mandat de ....et
puis, je ne milite pas du tout actuellement. Considérant que mon
engagement à l'UNEF est prioritaire et après l'UNEF j'ai mes
études.
Quelles questions politiques vous
intéressent ?
La question politique qui m'intéresse est comment
changer la vie des gens. Surtout s'intéresser au monde économique
et politique au sein du pays, et je pense que c'est ça vraiment le plus
intéressant, comment on peut améliorer concrètement la vie
des gens par des actions politiques, que ce soit au niveau des partis que ce
soit au niveau syndical. Là, je pourrais donner un exemple, dans
l'Amérique Latine, des changements qui sont arrivés, et qui vont
avoir lieu; même si on ne transposera pas ça exactement en France
parce que culturellement et socialement ce n'est pas du tout le même
terrain. Mais en tout cas, on doit prendre les bonnes idées là
où elles sont pour améliorer la vie des gens.
Sociographie.
- année de naissance : 1988
- lieu de naissance : Colmar
- nationalité : Française
- études effectuées : Histoire L3
- plus haut niveau de diplôme : BAC
- quel baccalauréat : E. S
- profession : Etudiante
- frères et soeurs ? Combien ? Niveau de
diplôme et professions : 1 frère (CAP) et deux Soeur (BEP)
(BAC)
- habitation : seul/en couple/en
collocation/parents : couple
- situation familiale : couple
- plus haut diplôme et profession de : Bac
- conjoint/ami Bac
- père : BEPC
- mère : BEPC
- Grand-père paternel : rien
- grand-mère paternelle : rien
- Grand-père maternel : rien
- grand-mère maternelle : rien
- Dans votre famille, quelles sont les personnes qui
adhèrent à un parti, une association, une
fédération, un syndicat ? Quelles
responsabilités ? Combien de temps ? Intérêts
politiques ? Discussion à la maison ? Aucun
- fourchette de salaire (enquêté) : 500
€ par mois
- fourchette de salaire (parents) :20000€
- propriétaires ? Locataires : locataire
- bourse d'états ? Autres aides
financières ? 150€ par mois
- situer opinion politique : PS, gauche
- de manière générale, est-ce que vous
votez ? Si oui de quelle manière ?
Oui.
- adhérez-vous à une confession
religieuse ? Catholique.
- principaux projets d'avenir ? Professeur ou
journaliste.
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