L'engagement des jeunes étudiants en politique( Télécharger le fichier original )par Sébastien Bugnon Dris Lyes Université de Strasbourg - Master 1 Sciences politiques et sociales 2008 |
I. Les étudiants face au voteSelon les médias, l'abstention chez les jeunes est très élevée. Nous allons brièvement voir ce qu'il en est réellement ; puis nous étudierons si ce constat est également valable pour les étudiants, avant de conclure par une analyse des différences socioprofessionnelles ou autres pouvant expliquer les différents rapports au vote. A. L'abstentionnisme chez les jeunesD'abord nous allons utiliser un sondage effectué pour : GRAINES DE CITOYEN par l'IPSOS (institut de sondage) du 23 au 30 novembre 2006 sur un échantillon de 800 jeunes âgés de 18 à 25 ans, constituant un échantillon représentatif de la population française de cette classe d'âge avec un questionnaire auto administré par Internet (Panel Ipsos) en utilisant la méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d'agglomération et région. 1. Abstention : réalité ou fiction ?Quand on regarde les entretiens que nous avons réalisés, on peut se demander s'il est exact que les jeunes votent moins que leurs aînés. En effet, Marie-Cécile, étudiante en troisième année d'histoire à l'université de Strasbourg prétend voter « Toujours ! Pour l'instant je n'ai encore loupé aucune élection. Mais ça fait pas longtemps que je vote » et quand on lui demande si elle compte aller voter aux élections européennes, elle répond « Ouai, en juin j'irais ». Pour Sophie, étudiante en troisième année d'AES à Mulhouse : « Il faut voter car c'est notre devoir de citoyen ». Elle ne semblait guère intéressée par la politique pourtant elle déclarait toujours voter pour le même parti et déclare attacher de l'importance au droit de vote. Pour Eve, doctorante en droit à Strasbourg, âgé de 30 ans nous dira « mais par contre pour aller voter. Vous devez être inscris dans les lites électorales. Si vos parents ne vous en pas dit qu'il faut s'inscrire avant le mois de décembre sinon, vous ne pouvez pas voter en mars. Les gens sur le moment, ils ont envie de voter mais ils ne vont pas le faire. Et l'année suivante, ils seront obligés, mais ils ne l'auront pas fait. Donc en fait, il faudrait les inciter à respecter les règles institutionnelles de la politique. » a) Le premier tour des présidentielles de 2007Ce sondage effectué par l'IPSOS a posé la question suivante à ceux qui sont inscrits ou ont l'intention de s'inscrire sur les listes électorales, soit 97% de l'échantillon : « Le premier tour de l'élection présidentielle aura lieu le 22 avril 2007. Vous personnellement... » 9(*)
D `après ce sondage réalisé par l'IPSOS (il s'agit d'un institut de sondages français et une société internationale de marketing d'opinion, créé en 1975), 94 % des jeunes de 18 à 25 ans étaient sûrs ou avaient de grandes chances d'aller voter au premier tour de l'élection. Ce chiffre semble néanmoins assez loin de la réalité et pose une fois de plus la question de la scientificité des sondages. Il semble avec de tels chiffres judicieux de voir ce qu'il s'est réellement passé ce 22 avril 2007 chez les jeunes en nous basant sur deux sondages post électoraux : l'un de l'institut Louis-Harris pour Libération effectué sur 1503 personnes le 21 mars 2004 ; l'autre de la SOFRES pour UNILOG/LCI/RTL/Le Monde auprès de 2000 électeurs les 22 et le 23 mars. Les résultats portent donc sur l'ensemble du territoire10(*). Selon ces deux sondages, l'abstention des jeunes de 18 à 24 ans est de 40% selon Louis-Harris et de 52% selon la Sofres. Elle reste supérieure à la moyenne nationale qui est de 38 % mais est en diminution par rapport à 1998. Avec ces deux sondages, on observe un effet d'âge très clair sur l'abstention qui diminue quand l'âge augmente. On peut expliquer la grande différence entre ces sondages par la méthode des sondages. En effet le sondage IPSOS, est réalisé à partir d'un questionnaire auto-administré par Internet. C'est donc en règles général des personnes intéressées au moins un peu par la politique qui y ont répondu, sans oublier qu'une propension de jeunes a tendance à ne pas vouloir avouer leur abstention. On peut quand même conclure sur ces sondages que les jeunes voient l'importance d'aller voter s'ils prétendent majoritairement être sûrs d'aller voter. Néanmoins en pratique, ce n'est pas vraiment le cas. Nous venons de voir le cas du premier tour de la dernière élection présidentielle en date ; à présent nous allons nous intéresser à d'autres élections. Pourtant, d'après les questionnaires que nous avons réalisés auprès de 96 étudiants de la faculté de Strasbourg11(*), on peut noter que 58 étudiants ont déclarés avoir votés pour les élections présidentielles de 2007, alors que seul 7 ont déclarés ne pas avoir voté (nous avons exclus pour ce calcul l'ensemble des personnes d'origine étrangère n'ayant pas le droit de vote ainsi que étudiants mineurs lors de l'élection). On peut donc noter que 89,23 % des étudiants ayant la possibilité de voter, interrogés ont déclarés être allés aux urnes. Néanmoins, ce questionnaire ne repose sur aucune base représentative et ne se veut qu'indicatif. Ce fort taux peut s'expliquer par différents aléas dont la non-représentativité, ainsi que par la subjectivité des personnes interrogées ne souhaitant pas toujours s'exprimer honnêtement. * 9 http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/poll/8341.asp#1 * 10 http://jeunesencampagne.free.fr/resultats.htm * 11 Une copie du questionnaire se trouve en annexe |
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