SECTION II : PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE
Selon Mesri, cité par Hammani (1997), la participation
est citée pour la première fois par les sociétés
allemandes en 1952. Après, elle est devenu un concept théorique
global appliqué par les pays européens démocratiques. En
effet, depuis les années 60, la notion de participation est devenue un
slogan en Europe, et aujourd'hui elle est vivement exigée dans tous les
processus de planification des projets de développement. En
réalité, ce n'est qu'au milieu des années 70,
particulièrement à la suite de la Conférence Mondiale de
1979 sur la Reforme Agraire et le Développement Rural (CMRADR), que le
concept commença à occuper sa place actuelle.
La complexité de la définition du concept de
participation suscite depuis un certain temps l'utilisation de plus en plus
grandissante de plusieurs termes essayant chacun de cerner le concept le plus
exactement possible. C'est pour cela que nous pouvons lire dans des documents
que la participation c'est l'implication, la négociation, la
concertation, l'information, la responsabilisation, la consultation, le
partage, l'engagement, la collaboration, l'évaluation ou tout
simplement le droit de l'homme et la démocratie. Chacun de ces termes
représente à sa manière la participation qui se veut de
plus en plus indispensable à la planification et au financement de tous
les types d'interventions entreprises en faveur du développement.
Le Larousse (2004) définit la participation comme le
fait de prendre part, de contribuer et de collaborer. Le FIDA (2001)
précise que :
«La participation est une perception partagée
et un facteur de responsabilisation conduisant à la prise de
décisions en commun. Elle commence par la concertation, passe par la
négociation des problèmes, solutions et approches pour aboutir
à la prise de décision et à l'action ».
Pretty (1995), énumère sept (7) types de
participation au développement local :
1. la participation passive (les
gens participent dans la mesure où on leur dit ce qui a
été décidé ou s'est déjà
passé. L'information diffusée n'appartient qu'aux professionnels
extérieurs) ;
2. la participation par la
consultation (les gens participent par la consultation ou en
répondant à des questions. Il ne leur est pas permis de prendre
part à la prise de décisions et les professionnels ne sont pas
obligés de prendre en compte les opinions des gens) ;
3. la participation contre la
récompense matérielle (les gens participent contre la
fourniture de vivres, d'argent ou d'autres récompenses
matérielles. Les populations locales ne sont pas
intéressées à la poursuite des pratiques après la
suppression des récompenses),
4. la participation fonctionnelle
(la participation est considérée par les intervenants
extérieurs comme moyen de réaliser les objectifs des projets,
notamment une réduction des coûts. Les gens peuvent participer en
créant des groupes pour atteindre des objectifs
prédéterminés) ;
5. la participation interactive
(les gens participent à l'analyse commune, qui débouche sur des
plans d'action et la création ou le renforcement des groupes ou
institutions locaux qui déterminent l'utilisation des ressources
disponibles. Des méthodes d'apprentissage servent à
découvrir les différents points de vue) ;
6. l'auto mobilisation (Les gens
participent en lançant des initiatives indépendamment des
institutions extérieures. Les contacts qu'ils établissent avec
les institutions extérieures leur permettent d'obtenir des ressources et
des conseils techniques, mais ils continuent d'être maîtres de
l'utilisation des ressources) et
7. la participation
manipulée (la participation n'est qu'un leurre).
Pour Gueye (1999), la participation communautaire est une
expression qui désigne généralement la participation des
membres d'une communauté aux activités locales de
développement. En pratique, cette expression désigne des
modalités et des degrés très divers de participation
locale, allant d'une simple consultation passive à des formes de prise
de décision collective autonome.
Meister cité par Boukhari (1994) définit la
participation comme « une organisation volontaire de deux ou
plusieurs individus dans une activité commune dont ils n'entendent pas
uniquement tirer les bénéfices personnels et
immédiats ».
Bessette (2004), soutient que la participation va de pair avec
la responsabilisation. Il est utile de cerner les rôles et les
responsabilités des intervenants engagés dans le projet et de
clarifier la contribution financière ou matérielle de chacun
d'eux dans le processus. Ces contributions peuvent être très
variées : donner de leur temps, fournir des services, du matériel
utilitaire, du financement, etc. Ces contributions, mêmes modestes,
procureront un sentiment d'appropriation des activités. Sans cette
appropriation, l'effort sera toujours perçu comme «l'initiative des
autres ».
En effet, on s'est de plus en plus rendu compte que les
populations rurales pauvres doivent participer elles-mêmes au processus
de décision, à la planification et à l'exécution
des projets ainsi qu'à leur suivi et évaluation pour que les
projets de développement rural aient véritablement un impact sur
la pauvreté rurale et la durabilité des efforts de
développement. Cette prise de conscience a conduit un grand nombre de
gouvernements, d'organismes internationaux et non gouvernementaux à
s'éloigner du paradigme de modernisation utilisé dans les
années 70, et à s'engager publiquement à faire le
nécessaire pour que les populations rurales pauvres participent à
leur propre développement.
A partir des années 80, la participation des
populations rurales dans leur propre développement est devenue une
nécessité voire un impératif pour tout
développement durable. Il faut également noter que
l'avènement du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) entrepris par la
Banque Mondiale et le FMI pendant les mêmes périodes, s'est
avéré également propice à l'émergence des
méthodes dites «participatives » pour la simple raison que ces
institutions voyaient en ce concept un moyen pouvant contribuer à
assurer une meilleure gestion des investissements réalisés dans
les pays en voie de développement.
L'Afrique a également vu émerger le concept de
la participation à la fin des années 70 (début 1980),
suite aux constats des limites des stratégies de développement
adoptées au cours des deux premières décennies des
périodes post coloniales. Ces approches avaient plutôt des visions
très technicistes avec l'Etat comme principal acteur dans la
définition des projets par l'intermédiaire des techniciens de
développement (Gueye, 1999).
Dans le cadre de ce mémoire, la participation
communautaire désigne l'implication effective à tous les niveaux
d'intervention, des populations locales dans toutes les actions de
développement de leur communauté.
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