FACTEURS EXPLICATIFS DE L'ECHEC DES CHANGEMENTS
ORGANISATIONNELS :
CAS DES ENTREPRISES ENGAGEES
DANS LE PROGRAMME DE MISE A
NIVEAU
INTRODUCTION
Si la notion de changement dans les organisations a fait et
continue de faire l'objet d'abondants travaux de recherche, l'évocation
générale du changement serait d'importance limitée, s'il
s'agissait simplement de dire que les entreprises subissent ou
génèrent certaines modifications dans leurs processus de
résolution des problèmes. Le concept de changement ne semble
devenir problématique que lorsqu'il s'articule autour d'un certain
nombre d'interrogations :
- quelles sont les causes du changement ?
- quels en sont les principaux acteurs ?
- comment procèdent ces acteurs pour réaliser le
changement et selon quel processus ?
- quels sont les stratégies et les préalables de
ce changement ?
- y a-t-il des techniques à utiliser et des
méthodes à développer ?
- pourquoi le changement réussit dans certaines
entreprises et échoue dans d'autres,
- existe-t-il des éléments explicatifs à
ces résultats ?
La question des causes du changement est elle-même
génératrice d'au moins deux interprétations associables
à une appréhension volontariste ou au contraire
déterministe du management (G. Hrebiniak & al. 1983)1(*): d'une part, le
changement résulte d'un acte délibéré, il est alors
voulu ; d'autre part, il est déterminé par des facteurs
internes ou externes, il est alors imposé.
C'est parce que la gestion peut se comprendre comme la mise en
oeuvre d'actions efficaces que l'aspect théologique occupe une place
privilégiée dans la réalisation d'une action individuelle
ou collective. Dans ce cadre, le changement se comprend alors dans le sens du
processus de réalisation d'un ensemble d'objectifs et d'actions
sciemment établis sous l'impulsion certes, de la dynamique de
l'environnement aussi bien micro, macro que méso (G. Hrebiniak &
al., 1983)2(*). La notion de changement organisationnel
suppose donc implicitement la recherche d'une certaine efficacité
organisationnelle du fait que les structures et les processus actuels ne
permettent plus d'y parvenir.
Donner un statut particulier au changement, dans le
mécanisme du fonctionnement des organisations, peut comporter une
certaine dose d'équivoque ; parce que, depuis le
développement de la conception systémique de l'organisation,
celle-ci se perçoit comme un système ouvert en perpétuel
changement adaptatif. L'entreprise est appelée à ajuster ou
à imposer ses mécanismes aux diverses parties prenantes
environnementales ; elles-mêmes, sujettes à une certaine
dynamique. La question qui surgit immédiatement est celle de la
pertinence du changement : quels changements faudrait-il prendre en
considération ?
Si la notion « d'éléments
pertinents », qui peut être supposée comme centrale dans
la logique de changement, signifiait les facteurs qui présenteraient une
grande interdépendance avec les autres facteurs organisationnels, d'une
part, et qui exercent une forte influence sur l'évolution future
d'autres éléments dans l'organisation (N. Siggelkow,
2002)3(*),
d'autre part ; la structure, les processus et le comportement individuel
ou collectif constitueraient une catégorie essentielle dans le projet du
changement organisationnel.
Le changement dans l'entreprise, dont il convient de
préciser le pourquoi et le pour qui, peut donc s'appréhender au
travers des modifications structurelles, processuelles et comportementales. Ces
changements peuvent provenir d'actes délibérés,
émerger de l'action et/ou être stimulés par
l'environnement, comme dans le cas du programme de mise à niveau des
entreprises tunisiennes.
Le plan de mise à niveau présente les lignes
d'action qui permettraient à l'entreprise de réaliser le
changement ainsi que les moyens nécessaires.
1er chapitre : CONCEPT
DU CHANGEMENT ORGANISATIONNEL
I. Problématique, facteurs inducteurs, objectifs
et stratégies de changement organisationnel
I.1. Problématique du changement
organisationnel
Si on constate aujourd'hui que les entreprises
s'éclatent, que des nouvelles formes énergétiques
émergent et que des progrès énormes en électronique
se développent, il serait erroné de dire que la
nécessité de changer soit une caractéristique de notre
seule époque. Les évolutions dans la société ont
toujours existé à travers le temps de diverses
manières : le comportement, les sciences, le mode de vie, les
goûts, les mentalités, les attitudes,...
L'étude du changement, dans le cadre spécifique
d'une entreprise, laisse constater de prime abord, que cette dernière
est en étroite interaction avec son environnement. Inspirée de la
théorie générale des systèmes et
ultérieurement de la cybernétique. Ces théories
considèrent le système ouvert comme étant un ensemble
d'éléments en interaction et dont le comportement se
régule en fonction des conditions externes, suivant des processus
permettant de se rapprocher d'un équilibre homéostatique.
L'approche systémique de l'organisation enseigne que les entreprises se
présentent comme des systèmes ouverts sur leurs environnements
(Boulding, 1956)4(*) ; (Bertalanffy
1973)5(*).
En tant que tels, ces entreprises ne peuvent pas ne pas réagir aux
différentes évolutions qui résultent de la dynamique
environnementale. Une fluctuation au niveau de la demande, un changement des
cours des matières premières ou du nombre de concurrents, sont de
manière incontestable, sensés avoir des répercussions sur
le fonctionnement des entreprises. Pareillement, une modification de la
structure ou de l'ordonnancement des outils de production, du personnel, etc.
ont des effets sur le fonctionnement des entreprises.
L'entreprise représente donc un sous-système
d'un ensemble plus vaste et complexe. Par exemple, la structuration de
l'entreprise ne saurait être effective que dans la mesure où elle
permet de traiter de manière adéquate les informations et les
demandes qui émanent de toutes les autres structures, avec lesquelles
elle s'est mise en relation, ou encore, à mesure que les transactions se
développent, l'organisation adopte une certaine envergure, se fixe des
objectifs et réalise des activités de plus en plus complexes, en
un mot, elle change (D. Pemartin, 1996)6(*). Certains changements se manifestent à
l'intérieur de l'entreprise, d'autres résultent du changement de
son environnement.
L'origine du changement peut donc être interne ou
externe :
- Interne, dans la mesure où il intervient pour
réparer un dysfonctionnement constaté à l'intérieur
de l'entreprise
- Externe, dans la mesure où il cherche à
adapter l'entreprise à l'évolution de son environnement.
Dans un contexte d'évolution permanente de
l'environnement aussi bien interne qu'externe, le changement se présente
beaucoup plus comme étant une nécessité plutôt qu'un
luxe ou un choix. En effet, lorsque l'environnement change, l'entreprise qui
refuse d'apporter les modifications nécessaires aussi bien en termes
d'attitudes que de comportements, s'expose au risque d'inadaptation à
son contexte, c'est-à-dire, qu'elle risque d'être en
déphasage avec le monde actuel caractérisé, entre autres,
par le développement de la concurrence qui tend à condamner
inévitablement les entreprises les moins adaptées. « Ne
pas faire face au changement, c'est s'exposer inévitablement à
disparaître » précise P. Watzlawick
(1980)7(*).
Une des tâches de la direction consiste à
percevoir et prendre conscience des changements qui surviennent dans
l'environnement de l'entreprise et de leurs conséquences pour celle-ci.
L'environnement étant essentiellement en perpétuel mouvement et
en continuel progrès, la prévision et la reconnaissance des
changements devraient permettre à l'entreprise de s'y adapter et de se
transformer adéquatement.
Plusieurs changements se sont réalisés dans
l'environnement de l'entreprise tunisienne. Principalement, cette
dernière évoluait dans un environnement relativement stable par
le fait qu'elle opérait dans un marché protégé se
suffisant à une concurrence locale. Lors de la décennie 90,
l'environnement économique international s'est fait marqué par
des mutations profondes, rapides et complexes affectant ainsi les modes de
distribution et d'organisation de toutes les industries. La
libéralisation et l'ouverture de l'économie tunisienne sur le
monde en constituent la preuve.
Si le nouveau contexte
présente l'avantage d'offrir à
l'industrie tunisienne une grande opportunité pour se positionner et
conquérir des marchés dans l'espace économique
européen et mondial, il met, en revanche, la Tunisie face à un
impératif de changement qui se matérialise par le mouvement de
mise à niveau de son environnement économique, financier,
réglementaire et social, de son système de production et de son
tissu industriel.
La réalisation d'une production de classe mondiale et
l'ouverture aux rigueurs de la concurrence et de la compétition au
niveau mondial, exigent le déploiement de plusieurs changements
structurels, aussi bien au niveau de l'environnement industriel qu'au niveau de
l'entreprise.
Un diagnostic et une remise en question profonds vont fournir
l'occasion aux dirigeants d'entreprises d'opérer les changements
nécessaires sur plusieurs aspects, pour mettre à niveau leurs
entreprises et améliorer durablement leurs
compétitivités.
Conformément à cette logique, plus de 4000
entreprises ont été ciblées en vue de s'engager, de
manière volontaire, dans le processus de mise à niveau et
mobiliser leur potentiel de croissance. Un Bureau de Mise à Niveau (BMN)
a été créé, à l'effet de soutenir cet
effort, de sensibiliser et d'informer les divers intervenants sur le processus,
la réglementation et les procédures de mise à niveau. (
http://www.pmn.nat.tn/ le 9/04/05)
A travers l'étude de cas de certaines entreprises
tunisiennes ayant adhéré au programme de mise à niveau,
nous nous proposons de chercher à savoir : dans quelle mesure, ces
entreprises ont réussi leurs changements ? Et avec quel
degré d'efficacité ?
Le recours à la littérature permettra de
circonscrire le cadre d'analyse de la dynamique du changement. La
compréhension de cette dynamique suppose au préalable la
connaissance des différents facteurs susceptibles d'induire le
changement.
I.2. Facteurs inducteurs du changement
organisationnel
Le monde change rapidement, ce qui fait poser de nombreuses
contraintes aux managers, y compris la nécessité de gérer
le changement. Beaucoup de sociétés industrielles sont en train
de changer de plus d'une manière. Ces changements ont des effets
importants sur les organisations.
Plusieurs raisons poussent une
entreprise à entreprendre des changements. Parmi ces raisons, certaines
relèvent de l'ordre technologique ou stratégique ;
d'autres, du culturel, de la structure du pouvoir ou de la configuration de
l'entreprise (G. J. B. Probst & al., 1992)8(*).
Le changement renvoie à divers aspects. Il peut par
exemple supposer le passage d'une société industrielle à
une société d'information, d'une technologie complexe à
une technologie personnalisée, d'une économie régionale
à une économie mondiale, du court au long terme,...
Toutefois, à considérer une frontière
fictive entre l'organisation et son environnement, deux catégories de
facteurs inducteurs du changement se laissent identifier : Les facteurs
externes et les facteurs internes à l'organisation.
I.2.1. Les facteurs externes
L'entreprise se présente comme une entité
à autonomie limitée dans la réalisation d'un certain
nombre d'objectifs, au sein d'un environnement donné. Elle interagit,
en effet, avec les éléments de cet environnement à
travers les modes d'approvisionnement, d'acquisition de capitaux, de
recrutement du personnel, d'écoulement des produits... Il est donc
logique que les managers et les employés, qui opèrent dans ces
environnements changeants, aient besoin de comprendre les facteurs qui
contribuent à faire pression sur les organisations pour qu'elles se
transforment.
Selon B. Grouard & F. Meston (1995)9(*), les causes externes du
changement organisationnel sont :
- Le marché : les acheteurs actuels et potentiels,
qu'il s'agisse de particuliers, d'entreprises ou d'administrations,
- Les manoeuvres de la concurrence,
- L'innovation technologique,
- L'évolution de la législation et de la
réglementation,
- Les modifications de l'actionariat,
- Les évolutions de la société, des
modes.
D. Pemartin (1996)10(*) attribue le changement à
l'évolution de la concurrence, alors que Hellrigel & al
(1997)11(*) les relient à l'évolution
technologique, tandis que M. G. Bédard & al. (1995)12(*), ils ont mis en
relief l'interaction entre l'entreprise et son environnement sociopolitique.
L'analyse des développements de ces auteurs, se
résume en trois facteurs d'ordre environnemental, qui semblent
être à l'origine des changements dans l'entreprise :
- l'environnement concurrentiel qui traduit l'évolution
de la concurrence,
- l'environnement technologique qui traduit l'évolution
de la technologie et
- l'environnement sociopolitique qui traduit
l'évolution de facteurs sociopolitiques.
I.2.1.1. L'évolution de la
concurrence
Le monde assiste à l'ouverture de l'économie de
plusieurs pays. Cette ouverture traduit l'élargissement
considérable de l'espace économique et le progrès des
moyens de communication. Ces facteurs ont permis de rapprocher les horizons,
autrefois, difficilement accessibles. « Si nous cherchons à
concurrencer les autres chez eux, nous devons nous attendre à ce que les
autres viennent nous concurrencer chez nous » (D. Pemartin,
1996)13(*). On parlera dorénavant de la
globalisation de la concurrence.
L'évolution de la concurrence se manifeste par
l'augmentation de la qualité et aussi, par la baisse des coûts et
des interventions, au niveau de tout ce qui contribue à l'image de
marque de l'entreprise.
Pour ce faire, l'entreprise se voit dans l'obligation de
recourir à des techniques de fabrication plus fiables et plus
sophistiquées, l'amélioration des compétences par
l'accroissement de la formation des personnels, et par la suite, la
modification de l'organisation du travail.
I.2.1.2. L'évolution
technologique
La technologie change à un rythme
accéléré. Elle concerne tous les niveaux de l'organisation
et devient de plus en plus sophistiquée.
Toutefois, l'utilisation d'une technologie plus
sophistiquée suppose toujours un changement dans la nature du
travail.
Par exemple, les employés doivent désormais
mobiliser leurs énergies à faire fonctionner et entretenir un
équipement hautement complexe. Ou encore, l'automatisation ou la
robotisation peut impliquer qu'un personnel réduit, suffise à
assurer la direction ou l'exécution des opérations.
De sa part, le manager a vu, et verra encore plus, changer son
rôle d'une manière spectaculaire ; car des machines
exécutent de plus en plus des tâches routinières,
physiquement fatigantes ou extrêmement complexes. Pour travailler dans
cette nouvelle organisation, le manager exigera des capacités
organisationnelles se traduisant par des aptitudes plus étendues dans le
domaine des relations interpersonnelles, des capacités en matière
de communication, des compétences pour traiter l'information, des
talents en matière de prise de décision, des capacités
techniques à acquérir et à maîtriser les nouvelles
technologies (Hellrigel & al. 1997)14(*).
Par ailleurs, les cadres devraient, d'une part, avoir des
connaissances "solides" quant aux aspects techniques des opérations
menées par leur entreprise et aussi, une meilleure compréhension
de la manière dont s'articulent les secteurs fonctionnels de
production, ventes, finances et ressources humaines ; d'autre part, ils
devraient disposer d'attitudes positives à l'égard du changement
et faire preuve de compréhension et d'assurance dans les affaires
professionnelles. Ceci, devrait leur permettre de rester efficaces dans des
environnements en évolution rapide. En outre, l'intelligence et la
capacité de raisonnements complexes sont nécessaires à la
compréhension du fonctionnement des systèmes, dans leur ensemble,
et à l'intégration de grandes masses d'information, en provenance
de diverses sources.
L'évolution technologique a aussi affecté les
systèmes d'information. Il s'agit d'un autre aspect de changement qui
caractérise les organisations d'aujourd'hui. Les technologies de
l'information et de la communication ont un impact sur la façon dont les
organisations opèrent, sur la manière dont les managers et les
employés font leur travail, et même sur la façon dont les
entreprises mettent au point leurs stratégies.
Ainsi, l'introduction de la technologie de l'information et de
la communication dans l'entreprise offre aux cadres supérieurs la
possibilité de se consacrer davantage à la prévision
à long terme, de participer à la mise au point de
stratégies pour l'entreprise et aux rapports que l'organisation
entretient avec l'environnement externe (Hellrigel & al.
1997)15(*). Ceci devrait conduire à une
délégation du pouvoir et de l'autorité, habituellement
centralisés sur le directeur général. Pour prendre des
décisions complexes, les directeurs généraux devraient
renforcer leur équipe par des spécialistes et permettre que le
processus de prise de décision soit plus participatif. Les organisations
font recours à une technologie avancée des systèmes
d'information pour faire face aux problèmes de traitement d'une masse
importante d'informations et de connaissances.
Ainsi, face à des changements, qui ont aussi bien
concerné le travail productif que le travail administratif et de
gestion, le manager ne peut rester indifférent.
I.2.1.3. L'évolution de l'environnement
sociopolitique
Observée comme unité de production, l'entreprise
doit satisfaire les besoins économiques de la société,
exprimés par le marché. Comme milieu de travail, elle doit
répondre aux aspirations de ses employés et comme citoyenne, elle
doit faire preuve de son bon comportement social (M. J. Hatch,
2000)16(*). La nature des rapports entre l'entreprise
et son environnement sociopolitique qui englobe l'état, les bailleurs de
fonds, les clients, les fournisseurs, les consommateurs, les actionnaires, les
groupes de pression (groupe de consommateurs, chambre de commerce, etc.) est
déterminé par le système politique. Les valeurs, les
normes sociales déterminent les pratiques de gestion que l'entreprise
peut utiliser ou celles qui lui sont interdites. Ces facteurs évoluent
également en modifiant durablement l'esprit d'innovation et les
structures de l'entreprise (M. G. Bédard & al.
1995)17(*).
Ainsi, nous pouvons confirmer que l'évolution des
caractéristiques de l'environnement sociopolitiques d'une
société a une influence considérable sur la conduite de
ses affaires. L'entreprise est donc indissociable de son environnement
sociopolitique.
Par ailleurs, et selon la doctrine de la responsabilité
sociale de l'entreprise, les dirigeants doivent, au nom des principes moraux
universels, s'interroger, en permanence, sur l'ensemble des effets à
court et long terme et leur impact sur la société environnante
(M. G. Bédard & al. ; 1995)18(*). L'entreprise a
besoin de s'adapter au changement social, qui se traduit par l'adoption de
nouvelles valeurs, de nouveaux goûts et de nouvelles attentes sociales.
Cette adaptation se manifeste par l'introduction de nouveaux systèmes de
gestion, orientés vers la prévision et l'analyse des facteurs
socio-économiques, auxquels, elle se sent plus
vulnérable. Il serait ainsi, lorsqu'une nouvelle législation
intervienne pour imposer des changements, parfois dans la structure
matérielle (exemple, matériel pour la protection de
l'environnement), parfois dans la structure organisationnelle (exemple,
création de la fonction « relations publiques »).
En effet, si l'entreprise est comprise comme une entité inscrite dans un
réseau relationnel avec ses partenaires, ces acteurs peuvent en fonction
de leurs objectifs, pousser l'organisation à changer.
I.2.2. Les facteurs internes
Selon B. Grouard & F. Meston (1995)19(*), les facteurs
internes du changement peuvent être :
- Le développement et la croissance de
l'entreprise,
- La vision du dirigeant.
L'approche volontariste privilégie les forces internes
de l'organisation dans la détermination de son mode de fonctionnement.
Les décisions stratégiques façonnent le mode de gestion et
le comportement de l'entreprise.
Selon (K. B. Kahla, 1999)20(*), plusieurs autres
forces peuvent s'ajouter aux choix stratégiques (tels que l'objectif
d'un certain niveau de rentabilité, ou de la croissance du chiffre
d'affaires, etc.), pour influencer le fonctionnement de l'organisation. Par
exemple les pressions, résultant des revendications (syndicales) des
employés et aspirant à une amélioration de leurs
conditions de travail, peuvent générer des dynamiques de
changement. Pareillement, le constat de certains dysfonctionnements au sein de
l'organisation peut être à l'origine de quelques modifications.
En guise de conclusion, une remise en cause de la distinction
interne / externe, qui s'interroge sur la notion de frontière de
l'organisation et sur les opérations de définition,
redéfinition et construction de l'organisation et de ses changements,
mérite d'être soulignée. L'élément pertinent
de l'analyse semble être alors non pas l'unité, ou l'organisation,
mais le réseau d'interdépendances.
En effet, des relations d'influences mutuelles à des
éléments variables se développent entre, d'une part
l'entreprise et d'autre part les différents composants de son
environnement. C'est ainsi, qu'une fluctuation sensible au niveau de la
structure d'offre de matières premières ou bien, au niveau de la
demande de biens et services ou encore, un changement au niveau des normes
réglementaires, ne puisse rester sans effets sur le fonctionnement des
organisations. Ces phénomènes constituent d'ailleurs, par
référence à l'approche déterministe, les forces qui
façonnent le mode de gestion des entreprises.
La question du changement pour l'entreprise semble être,
aujourd'hui, un impératif ; parce que les mutations au niveau de
l'environnement deviennent de plus en plus pressantes et impossible à
ignorer. Une entreprise qui veut assurer sa pérennité doit
orchestrer avec les forces motrices de l'environnement. Le déploiement
des ressources de l'entreprise dans le processus du changement repose sur la
prise en considération de l'un ou plusieurs de ces facteurs, en vue
d'atteindre un certain nombre d'objectifs.
I.3. Objectifs du changement organisationnel
Lorsqu'il concerne l'aspect organisationnel de l'entreprise,
le changement apparaît comme une tentative intentionnelle de la part des
cadres et des employés, pour améliorer le fonctionnement
de certains groupes ou certains départements, voire même, de
toute une organisation dans une mesure assez importante.
Le changement semble, toujours, cibler des objectifs
inspirés par un besoin d'amélioration, comme : un
accroissement de la productivité, l'acceptation d'une nouvelle
technologie par le personnel, un surcroît de motivation pour les
employés, une intensification des comportements novateurs de la part du
personnel, une augmentation de la part de marché, etc.
La littérature en a fourni la confirmation et a permis
d'identifier plusieurs catégories d'objectifs.
Ainsi, selon (Hellriegel & al. ;
1992)21(*), deux objectifs semblent être
sous-jacents au changement :
- l'accroissement de la capacité ou de l'aptitude de
l'organisation à s'adapter aux changements qui interviennent dans son
environnement ;
- le changement des modèles de comportement du
personnel.
Pour M. G. Bédard & al. (1995)22(*), le changement
organisationnel vise à améliorer certaines qualités de
l'organisation. Ces qualités sont :
- l'efficience homéostatique,
- la malléabilité opératoire,
- l'adaptabilité stratégique et
- la flexibilité structurelle
A chacune de ces qualités, les auteurs ont fixé
un certain nombre d'activités technico-économiques et autres
administratives à réaliser.
I.3.1. Accroître l'adaptabilité d'une
organisation
Selon Hellriegel & al. (1992)23(*), les dirigeants ont
besoin d'assurer leur adaptation à l'évolution des
marchés, des réserves de main-d'oeuvre, des aspirations de la
société, des exigences légales, des idées, etc.
Pour ce faire, ils devraient disposer de méthodes et de techniques
efficaces. Les organisations créent généralement des
départements ou des équipes de spécialistes qui se livrent
à des enquêtes et des prévisions, afin de leur permettre de
s'adapter d'une manière appropriée. Les départements ou
groupes chargés de ces ajustements ont des dénominations telles
que : recherche de nouveaux produits, prospection des marchés,
prévisions à long terme, recherche et développement,
relations publiques, développement de l'organisation; etc.
I.3.2. Changer les comportements individuels
Le changement organisationnel, qu'il soit introduit
grâce à une réorganisation structurelle ou un nouveau
programme de formation, peut avoir comme objectif de départ le
changement du comportement des individus (Hellriegel & al.
1992)24(*).
Par exemple, dans un environnement qui change
fréquemment, le passage d'une structure centralisée dite
(mécaniste) censée réduire les réseaux de
communication et diminuer par conséquent la somme d'information dont
dispose la haute direction de l'organisation, vers une organisation plus
décentralisée dite (organique), risque de n'avoir qu'un impact
limité sur l'efficacité de la société si aucun
changement au niveau du comportement chez le personnel n'est
réalisé.
Il se peut aussi, qu'une organisation reste incapable de
modifier sa stratégie pour s'adapter à son environnement, si ses
membres n'adoptent pas un comportement différent dans les rapports
qu'ils entretiennent entre eux et avec leurs emplois. En effet les
organisations survivent, se développent, prospèrent,
déclinent ou disparaissent en raison des comportements du personnel,
à savoir ce que font ou omettent de faire les employés.
I.3.3. L'efficience homéostatique
Selon Bédard & al. (1995)25(*), la qualité
d'efficience homéostatique correspond au niveau d'efficience le plus
élevé dans la réalisation des activités
interdépendantes et répétitives de l'entreprise tout en
tenant compte des changements liés à l'environnement. A titre
d'exemple, les systèmes d'approvisionnement, de transformation et de
distribution doivent être en équilibre et doivent fonctionner de
la façon la plus économique possible.
Lorsqu'il est lié aux activités
technico-économiques, l'efficience peut prendre la forme
d'économies d'échelle, d'apprentissage et de réduction des
coûts réalisable à travers l'introduction
d'équipements sophistiqués, de procédés
d'automatisation et de systèmes informatisés de gestion,
etc. ; quand il est lié aux activités administratives,
l'efficience s'appuie sur des structures formelles, des programmes et des
systèmes répétitifs de gestion.
I.3.4. La malléabilité
opératoire
La malléabilité opératoire telle que
perçue par Bédard & al. (1995)26(*) indique la
capacité de l'organisation à s'auto changer de manières
aussi rapides qu'efficientes. Les divers changements sont supposés
concerner les procédés d'approvisionnement, de production et de
distribution.
La nécessité de changement peut se justifier par
des variations de la demande ou des actions des concurrents (réduction
de prix, chute des parts de marché, succès non prévu d'un
nouveau produit, etc.) ou des fournisseurs.
Si l'objectif des activités technico-économiques
serait de doter l'organisation d'un certain nombre de qualités lui
permettant de s'adapter aux variations externes, il serait évident
d'envisager la mise en place d'éléments de souplesse du
système en vue d'améliorer la malléabilité
opératoire. Par exemple : la mise en place de systèmes
informatisés d'aide à la décision, qui permet de
recalculer les programmes de production, d'évaluer les stocks et les
installations excédentaires, etc., permet de répondre rapidement
aux variations de la demande.
La malléabilité opératoire peut se
manifester par la flexibilité des activités administratives
reposant sur la décentralisation de la décision où
l'action se passe, de façon à assurer une réponse rapide.
En même temps, la recherche de la cohérence peut conduire à
la centralisation des décisions majeures en vue de l'élaboration
d'un système d'information global.
I.3.5. L'adaptabilité
stratégique
Selon Bédard & al. (1995)27(*),
l'adaptabilité stratégique se traduit par l'amélioration
de l'aptitude de la firme à répondre aux changements concernant
la technologie, le produit et le marché. Les progrès techniques
et les possibilités de lancement de produits ou de services nouveaux
posent à l'entreprise des défis stratégiques. Les firmes
seraient amenées à répondre à ces situations en
entreprenant des actions concrètes d'adaptation et en opérant des
changements dans leurs stratégies (surveiller la concurrence, lancer de
nouveaux produits et modifier la technologie établie).
Ainsi, dans le but de réaliser ces adaptations,
l'entreprise devrait disposer des capacités d'analyse suivantes :
- système de surveillance et d'analyse de la
concurrence et des marchés ;
- système de création de nouveaux produits ;
- système de planification stratégique pour
élaborer des options ;
- système de planification et de budgétisation
pour affecter les ressources aux nouvelles occasions.
I.3.6. La flexibilité
structurelle
La quatrième qualité à impartir à
l'organisation est la flexibilité structurelle. Selon Bédard
& al. (1995)28(*), elle est considérée comme
étant l'aptitude de l'entreprise à se transformer elle-même
et à ajuster sa propre structure. L'amélioration de la
flexibilité de la structure organisationnelle se traduit par des
ajustements diligents; car, lorsque la structure est rigide, les transitions
seront lentes et coûteuses.
Les activités technico-économiques susceptibles
de rendre possible la flexibilité structurelle portent surtout sur la
qualité des ressources humaines, les technologies de gestion et la
recherche scientifique.
a- L'entreprise devrait disposer d'un mécanisme
d'évaluation et de formation des cadres en vue d'assurer la succession.
En effet, sans une réserve de main-d'oeuvre hautement qualifiée
et expérimentée, l'entreprise serait incapable d'opérer
des changements de structure liés aux modifications de stratégie.
b- La direction générale devrait pouvoir
examiner les technologies et les nouveaux systèmes de gestion (tels que
la conception et la planification assistées par ordinateur ou le budget
à base zéro) de façon à les adopter.
c- L'entreprise devrait disposer d'une capacité
technique de recherche et de développement non seulement en vue de
créer de nouveaux produits, mais surtout en vue de mettre au point de
nouveaux procédés et de maîtriser les technologies
scientifiques qui seront pertinentes dans l'avenir.
Au niveau des activités administratives la
flexibilité structurelle peut être assurée à travers
la mise en place de systèmes administratifs qui permettent de
gérer une entreprise diversifiée et d'entreprendre des
activités prospectives à long terme. Par exemple, l'introduction
de l'analyse décisionnelle à l'aide d'ordinateurs rend possible
la restructuration des systèmes de gestion selon des formules plus
efficientes.
En guise de conclusion, l'analyse des différents
objectifs du changement organisationnel permet de considérer que ceux-ci
ne peuvent qu'être inspirés du changement de l'environnement
(concurrence, nouvelles technologies, etc.) et exigent l'amélioration
des différents aspects de l'organisation (aspect comportemental,
structurel, etc.). Elle a permis, par ailleurs, de souligner le lien qui
existe entre l'environnement, la stratégie et la structure.
Selon l'objectif recherché, la situation et les
conditions qui se présentent ; le changement doit prendre l'aspect
qu'il convient, traduisant le degré des modifications à apporter,
pour atteindre l'équilibre que le changement cherche à
rétablir. Ce changement semble donc, adopter diverses formes.
I.4. Types et stratégies de changement
La littérature permet de reconnaître plusieurs
types de changements : le changement incrémental, radical,
équilibriste, émergent, voulu et imposé (H. Tsoukas &
al. 2002 ; et K. Ben Kahla, 1999)29(*). Le critère de
classement des différents types de changement peut porter sur le
degré des modifications apportées, l'équilibre que le
changement peut rétablir, etc. Toutefois, quelle que soit le type de
changement, sa mise en oeuvre suppose le choix d'une stratégie.
La distinction entre les types de changement peut se baser sur
des critères différents (M. Thibaud, 2002)30(*) :
- Les changements basés sur le degré de
modifications engendrées : on distingue ainsi, entre un changement
incrémental et un changement radical.
- Les changements dynamiques : on distingue entre le
changement qui vise le rétablissement d'équilibre et le
changement continu et dynamique
- Le libre choix et le déterminisme du changement
distingue entre le changement voulu et le changement imposé
I.4.1. Types de changement
I.4.1.1. Le changement incrémental /
radical
Selon M. Thibaud, le changement incrémental s'observe
chaque fois que, dans une organisation, des modifications mineures sont
continuellement introduites. Ces modifications peuvent concerner aussi bien la
structure, les processus que le comportemental ; sans, pour autant,
changer l'essentiel de l'organisation et ses activités. Ce type de
changement vise une mise en oeuvre séquentielle et par étapes
où interviennent à la fois les considérations formelles et
les considérations émotives. Le changement est
généralement effectué du bas vers le haut, tout en
étant contrôlé par la direction quant aux orientations et
aux objectifs. Il porte sur les systèmes clés de l'organisation.
Le changement radical, comme il est perçu par M.
Thibaud, suppose une réorientation des facteurs fondamentaux de
l'organisation. Un changement du secteur d'activité où, tout le
mode de production conduit à des transformations majeures de l'essentiel
des parties de l'entreprise. Il est mis en oeuvre lorsque l'entreprise se
trouve devant certaines situations, comme par exemple, lorsqu'elle est
appelée à se transformer, à se réorienter, à
se revitaliser ou encore à redresser ses activités. Il importe,
dans ce cas, de définir plus ou moins rapidement de nouvelles
orientations et de mobiliser les membres en fonction de celles-ci. Toutefois,
l'engagement des individus n'est pas, dans ce cas, nécessairement
assuré ; ceux-ci peuvent parfois se montrer plutôt
rébarbatifs, voire intolérants à l'égard des
mesures qui accompagnent le changement.
Dans le cadre du modèle radical, les dirigeants sont
appelés à exercer une influence considérable sur des
aspects tels que la stratégie, les politiques, les systèmes de
gestion, etc. Ceux-ci pourront être modifiés grâce à
une bonne gestion technique combinée avec une gestion politique des
coalitions internes.
I.4.1.2. Le changement équilibriste /
émergeant
Selon H. Tsoukas & al. (2002)31(*), le changement
équilibriste correspond à des changements épisodiques,
alternés par des périodes de stabilité. Il vise à
rétablir un équilibre que certaines forces, souvent externes,
perturbent. Avec la dynamique d'un environnement de plus en plus complexe, ce
modèle semble de moins en moins apte à expliquer le
phénomène de changement. En effet, l'organisation reposait sur la
notion centrale de stabilité, c'est-à-dire, que les
évolutions résultant de l'environnement sont perçues comme
anormales et perturbatrices de l'équilibre de l'organisation. Par
conséquent, des actions de changement correctrices sont
nécessaires. Il s'agit d'un changement essentiellement réactif et
ponctuel, considéré comme un complémentaire, ne permettant
pas de réaliser de véritables modifications. Par exemple, C.
Taylor (1993)32(*) souligne comment un office de programme
d'informatisation, sponsorisé par le gouvernement canadien dans les
années quatre vingt, a échoué dans l'atteinte de ses
objectifs, parce que le projet était motivé par une vision
statique de la réalité et que l'organisation a été
appréhendée plus comme collection d'individus que comme
réseaux dynamiques.
Une vision plus réaliste du fonctionnement des
organisations serait de considérer alors que celles-ci évoluent
constamment et que le changement est constitutif de leurs activités les
plus courantes.
La notion du changement émergeant
considère que l'organisation est en évolution permanente. Cette
approche permet d'avoir une compréhension des micro-processus de
changement au travail et prend en compte des éléments
émergents ou de surprise. Elle considère que le changement peut
donner lieu à des ramifications et implications au-delà de ce qui
a été initialement planifié. Elle montre comment le
changement s'accomplit à l'instant sur le terrain, comment les plans
sont traduits en actions. L'approche dynamique relève de
« l'organizing » qui supporte l'idée d'une
organisation censée être en quête de réduction
d'équivoque. Elle peut réduire l'équivoque suivant un
processus de mise en place des solutions génériques qui soient
adaptables à plusieurs situation.
De ces types de changement, celui du type émergent
semble mieux faire ressortir le mécanisme d'essai - erreur - correction,
qui caractérise la mise en place de modifications dans un contexte de
grande complexité environnementale (environnement concurrentiel
caractérisé par l'instabilité et
l'imprévisibilité). L'approche du changement émergent
essaie d'expliquer comment les entreprises font face, de façon
permanente, à l'incertitude et à l'inhabituel, à
l'apparition de facteurs nouveaux et déstabilisants au sein d'un
environnement susceptible de mettre les organisations dans des situations
difficiles. Dans un tel environnement, les entreprises sont enclines à
remettre, sans cesse, en cause leur mode de fonctionnement
caractérisé, de plus en plus fréquemment, par des
situations de crise (incertitude et menace sérieuse pour la survie de
l'entreprise, fort impact de l'environnement sur l'organisation et ses parties
prenantes et forte ambiguïté dans la mesure où les causes et
les effets des phénomènes organisationnels sont flous ou inconnus
(C. Roux-Dufort & al, 2002)33(*) .
I.4.1.3. Changement voulu / imposé
Selon K. Ben Kahla, (1999)34(*), la lecture
volontariste ou déterministe du changement permet de distinguer un
changement délibéré et un changement imposé
à l'entreprise. Le changement voulu est caractérisé par la
prégnance essentielle de la volonté de changer. En effet, pour
réaliser certains objectifs qu'ils se sont fixés, les
responsables d'une organisation peuvent entreprendre d'apporter des
modifications au mode de fonctionnement de celle-ci. Ces modifications sont
supposées correspondre à la stratégie des acteurs,
stratégie qui supporte leurs choix délibérés.
Selon P. Morin (1976)35(*), le changement voulu renvoie à la
notion de développement organisationnel compris comme déploiement
d'un effort planifié, une stratégie éducative (complexe)
conçue pour modifier les croyances, les attitudes, les valeurs et la
structure des organisations. C'est un effort intentionnel orienté vers
un but. L'identification des groupes d'acteurs, dont il convient de modifier
les attitudes, suppose de se demander sur le point d'initiation et les voies de
diffusion du changement dans l'organisation.
Selon J.R. Schermerhorn & al (1994)36(*)., le changement
planifié est toujours le fruit des efforts d'un agent de changement.
Celui-ci correspond à un changement intentionnel orienté vers un
but et il est considéré comme le signe des efforts que fournit le
gestionnaire pour réduire les écarts de rendement. Le plus
souvent, si les organisations procèdent à un changement c'est
pour réagir à des pressions (par exemple : le renforcement
de la concurrence, l'apparition d'innovations technologiques, l'adoption d'une
nouvelle législation et l'intensification des contraintes sociales).
Dans certains cas, ces changements se font pour anticiper des problèmes
à venir (par exemple, l'apparition de nouveaux produits
présentés par un concurrent).
Par opposition aux changements voulus, les changements
imposés apparaissent de façon spontanée. Ils sont parfois
catastrophiques (comme une grève sauvage qui se solde par la fermeture
de l'usine), ou, au contraire, bénéfique (comme un conflit
interpersonnel qui débouche sur une nouvelle politique ou de nouvelles
règles régissant les relations entre les employés).
L'objectif principal de ce type de changement consiste à prendre des
mesures dès que l'on constate le changement, afin d'en réduire
les conséquences négatives et d'en maximiser les avantages
éventuels.
Ainsi, les différentes approches du changement montrent
qu'il existe plusieurs manières d'adapter les organisations face
à l'évolution de leurs environnements interne et externe. Si ces
approches sont distinctes, elles ne sont pas exclusives et la
considération simultanée de plusieurs de ces approches peut
être appropriée dans un contexte de changement qui porte sur
divers aspects de l'organisation.
Nature du changement
|
Principales caractéristiques
|
Incrémental
|
Procède par petites modifications
|
Radical
|
Les modifications sont profondes et impliquent l'essentiel de
l'organisation
|
Equilibriste
|
Les modifications visent à rétablir la
stabilité dans l'organisation
|
Emergeant
|
Les modifications sont introduites de manière continue
pour une amélioration de la performance
|
Imposé
|
Des contraintes externes obligent l'entreprise à
effectuer certaines modifications
|
Voulu
|
Les modifications sont intentionnelles et résultent des
choix de l'entreprise
|
Tableau n° 1 : Les
différents types de changement
Le changement répandu dans le cadre du programme de
mise à niveau s'apparente au changement voulu dans la mesure où,
il relève de la perception de certaines contraintes potentielles
anticipées à l'échelle macroéconomique et qui lui
donnent l'apparence d'une connotation de changement imposé, au niveau
microéconomique. Il relève plutôt du bon vouloir du
dirigeant qui cherche à atteindre un certain nombre d'objectifs dans le
cadre de la recherche d'un certain niveau de compétitivité.
Le changement voulu, qui semble correspondre à la
dynamique de la mise à niveau des entreprises, implique qu'un certain
nombre d'objectifs soient identifiés, afin de guider intentionnellement
les efforts. Ces derniers sont orientés dans des domaines
organisationnels qui sont susceptibles de mieux améliorer la valeur de
l'entreprise.
Si le changement se comprend comme l'ensemble des
modifications apportées à un « objet », la
littérature a permis d'appréhender une multitude de facteurs qui
poussent les entreprises à procéder à ces modifications.
Certains de ces facteurs relèvent de l'environnement interne, alors que
d'autres sont induits par la dynamique de l'environnement externe. La
diversité de ces facteurs, conjuguée avec la différence de
perception au niveau de acteurs, explique en partie la diversité de
stratégies de changement.
I.4.2. Stratégies de changement
Trois types de stratégies sont possibles pour initier
et diffuser le changement dans les organisations : la stratégie
« top-down », la stratégie
« bottom-up » et la stratégie « from
middle to both ways »37(*).
Selon la stratégie « top-down », le
changement est initié, graduellement, par la direction qui décide
de réaliser la modification de certains éléments de
l'organisation, suivant les niveaux descendants de la hiérarchie. Par
exemple, la direction peut envisager l'objectif d'un certain niveau de
croissance et réaliser les actions nécessaires tant en termes
d'investissement que d'organisation.
Contrairement à la stratégie
« top-down », la stratégie
« bottom-up » suppose que le changement commence à
partir de la base de la hiérarchie pour progressivement remonter aux
niveaux supérieurs. C'est le cas, par exemple, lorsqu'un changement de
mode de travail au niveau des équipes d'exécutants conduit
à des remaniements au niveau des cadres intermédiaires puis au
niveau des cadres supérieurs.
En plus de la stratégie
« top-down » et de la stratégie
« bottom-up », la stratégie « from middle
both ways » signifie que le changement est initié par le
niveau hiérarchique intermédiaire et est diffusé tant au
niveau supérieur qu'à celui des subalternes.
II. Méthodes de changement
organisationnel
Gérer le changement de l'organisation suppose que l'on
relève une série de défis complexes. Il est souvent
difficile de déterminer exactement ce qu'il faut faire. De
surcroît, les changements prévus, et que l'on espérait
efficaces, peuvent se révéler inopérants ou avoir des
conséquences différentes de celles que l'on attendait. Quand ils
cherchent à améliorer la faculté d'adaptation d'une
organisation et les comportements des employés, les managers doivent
comprendre la nature du changement nécessaire et les effets probables
des diverses démarches possibles, pour mettre en place ce changement.
La littérature a présenté un certain
nombre de méthodes et de techniques spécifiques, que peuvent
utiliser les managers, pour effectuer un changement dans l'organisation.
Chacune de ces méthodes peut n'être valable que dans certaines
conditions.
Selon D. Hellriegel & al. (1992)38(*) il existe un panorama
de méthodes de changement sans qu'il n'ait une seule qui peut être
considérée comme la meilleure. En effet, d'après ces
chercheurs, il n'est pas évident qu'un procédé ayant
réussi dans une organisation peut convenir dans une autre. C'est
pourquoi les auteurs insistent pour que le changement de l'organisation soit
placé dans la perspective des contingences.
Dans leur ouvrage traitant du changement organisationnel,
Shermerhorn & al. (1994)39(*), ont présenté deux
modèles de changement : le modèle de développement
organisationnel et le modèle de la recherche en vue de l'action. Alors
que Bergeron (1989)40(*) a présenté un seul
modèle correspondant au développement organisationnel.
D. Hellriegel & al. (1992)41(*), ont retenu les trois
processus considérés comme les plus couramment
utilisés que nous nous proposons d'exposer :
- Le processus de changement par la méthode des
systèmes,
- Le processus de recherche en vue d'une action, et
- Le développement de l'organisation,
considéré comme un exemple de science comportementale
appliquée.
II.1. Le changement par la méthode des
systèmes
Le modèle de changement par la méthode des
systèmes décrit l'organisation comme cinq variables
interactives dont chacune pourrait servir de point focal du changement
planifié dans une organisation : le personnel, la technologie, la
structure organisationnelle et la stratégie.
- le personnel en terme de comportement des individus,
- la tâche lorsqu'il s'agit de la nature du travail
lui-même (simplicité / complexité, standardisation,
renouvellement),
- la technologie lorsqu'on cible les méthodes et les
techniques de résolution des problèmes,
- la structure qui englobe les systèmes de
communication et l'échelle hiérarchique y compris la
répartition de l'autorité et des responsabilités dans
l'organisation,
- la stratégie qui se réfère au processus
de planification adopté par l'organisation pour déterminer ses
objectifs et la façon de les atteindre dans les meilleures conditions.
Les managers peuvent effectuer des changements
organisationnels en altérant une ou plusieurs de ces variables,
isolément ou en combinaison. Mais toutes les variables sont d'ordinaire
présentées dans un processus de changement. Tout changement par
la méthode des systèmes exige que les managers comprennent
l'ensemble des cinq variables avant de modifier l'une d'entre elles.
II.2. La recherche en vue de l'action
Ce Modèle se présente comme un
processus basé sur la collecte de données et axé sur la
résolution des problèmes posés par le changement
organisationnel. Le processus est constitué de trois phases :
- La collecte de l'information relative aux problèmes,
préoccupations et changements nécessaires.
- L'organisation de l'information collectée et sa
diffusion parmi les employés concernés par la tentative de
changement.
- La préparation et la réalisation des actions
destinées à résoudre les problèmes
identifiés.
La force de la méthode de recherche d'une action en vue
du changement se base sur deux éléments fondamentaux :
- un diagnostic sérieux de la situation existante dans
l'organisation
- la participation des employés au processus de
changement.
II.3. Le développement de l'organisation
(DO)
Ce modèle concerne le changement porté sur le
comportement des individus. En effet, les concepteurs de ce modèle
considèrent qu'un changement réussi ne peut être que le
résultat de l'amélioration des attitudes, des perceptions et des
comportements liés aux individus. Mais encore faut-il que les individus
concernés par le changement, acceptent de s'intégrer dans le
processus du changement.
Selon D. Hellriegel et al. (1992)42(*), la théorie et
la pratique du DO sont fondées sur l'hypothèse que les
employés d'une entreprise sont intéressés à
s'améliorer et désirent appartenir à des groupes de
travail. Le DO se fonde sur beaucoup de principes bien établis
concernant les comportements des individus et des groupes au sein des
organisations.
Le DO ne fait pas appel à une technique unique mais
à une série de techniques qui ont en commun une certaine
philosophie et un ensemble de connaissances. Il comprend une série
d'actions entreprises pour améliorer à la fois
l'efficacité organisationnelle et le bien-être du personnel. En
outre, certains éléments de base du DO le différencient
des autres méthodes de changement organisationnel, notamment par les
aspects suivants :
- Le DO vise à créer un changement
autodirigé auquel se vouent et participent les intéressés.
- Le DO est une tentative de changement de tout le
système ; c'est-à-dire qu'il n'est pas possible de changer
une partie de l'organisation sans changer l'ensemble.
- Le DO accorde généralement autant d'importance
à la résolution immédiate des problèmes et à
l'évolution à long terme d'une organisation capable
d'adaptation.
- Le programme de changement le plus efficace n'est pas
uniquement celui qui résout les problèmes présents, mais
celui qui prépare également le personnel à résoudre
les problèmes futurs.
- Le DO met, plus que d'autres méthodes, l'accent sur
un processus collectif de collecte des données, de diagnostic et
d'action en vue de résoudre les problèmes. Le DO aboutit souvent
à la mise en place de nouvelles structures organisationnelles, à
des aménagements originaux et à des relations qui rompent avec
les modèles bureaucratiques traditionnels.
Pour conclure, il se révèle que, quoique ces
méthodes puissent paraître indépendantes, les auteurs
considèrent qu'un changement efficace exigerait souvent une combinaison
de méthodes biens gérées et soigneusement
coordonnées. Ensuite, il semble qu'aucune méthode de changement
de l'organisation n'a la moindre chance de réussir, si elle ne prend pas
en compte tout ou partie des aspects organisationnels : le personnel, la
tâche, la technologie, la structure et la stratégie. Par ailleurs,
ces auteurs considèrent que toute tentative efficace de changement
organisationnel réside dans un diagnostic correct des problèmes
de l'organisation. Sur la base des résultats de ce diagnostic, les
managers peuvent choisir entre diverses stratégies de changement.
2ème chapitre : DOMAINES DE CHANGEMENT
Lorsque le changement concerne l'aspect organisationnel de
l'entreprise, il semble aller au-delà de l'aspect structurel, pour
toucher d'autres aspects qui lui sont liés.
Pour être en mesure de faire face aux défis
qu'impose l'évolution de l'environnement de même que de hausser la
rentabilité et la productivité de l'entreprise, les dirigeants
doivent prendre les moyens de rendre les organisations plus efficaces, et se
doter d'autres outils de travail, de structures organisationnelles
modifiés et adaptées à de nouveaux modes de
fonctionnement.
Selon Y. F. Livian (2001)43(*), l'organisation
administrative couvre trois aspects :
- L'aspect structurel qui correspond à la
structure organisationnelle dans le sens de la configuration des
différents éléments qui constituent l'entité,
- L'aspect humain qui concerne l'aspect comportemental et
qui se traduit par le style de management, le comportement du dirigeant et des
subordonnés, et aussi, les compétences et les aptitudes
managériales,
- L'aspect système qui correspond à
l'appareil gestionnaire qui couvre les systèmes d'information et de
communication, de planification et de contrôle.
I. Structure organisationnelle
La structure organisationnelle est parfois
considérée comme « l'allocation des tâches
et responsabilités aux individus et groupes dans l'organisation avec
définition des systèmes qui assurent la communication
effective » (J. Child, 1977)44(*), parfois comme « l'ensemble des
dispositifs par lesquels une entreprise (plus généralement une
organisation) répartit, coordonne, contrôle ses activités
et au-delà, oriente ou tente d'orienter le comportement de ses
membres » (A. Desreumaux, 1986)45(*).
Selon Bescos & al. , (1995)46(*), la structure d'une
organisation peut être définie comme une répartition
horizontale des tâches, une division verticale des pouvoirs et des
mécanismes de coordination.
Ces définitions considèrent les structures sous
l'angle des principes de division de travail et de rattachement
hiérarchique uniquement, alors que réellement elles concernent
d'autres facteurs.
I.1. Dimensions de la structure
organisationnelle
Selon H. Mintzberg (1982)47(*), toute structure
repose sur une répartition des tâches, et une décomposition
des processus du produit et la spécialisation des individus.
La répartition des tâches sous-entend une
division de travail, fondée sur des choix stratégiques,
techniques et humains. La décomposition du processus de fabrication
correspond à la mise à disposition du produit sur
différentes étapes (conception, fabrication, marketing,
distribution...). Alors que la spécialisation des individus vise
l'efficacité opératoire.
Selon le même auteur, la répartition des
tâches est établie dans un sens horizontal, alors que la division
des responsabilités est faite dans le sens verticale.
Cette façon de répartir les tâches et les
responsabilités rend nécessaire la mise en place des
mécanismes de coordination entre les différents
éléments de la structure, qui sont au nombre de cinq. Il s'agit
de :
- L'ajustement mutuel qui se base essentiellement sur une
communication informelle entre les opérateurs,
- La supervision directe qui se traduit par les
instructions données par un supérieur à ses
subordonnés pour assurer la coordination,
- La standardisation des procédés qui correspond
à la spécification préalable des méthodes de
travail sur laquelle repose la coordination,
- La standardisation des résultats pour assurer la
coordination lorsque les tâches ne sont pas programmables, en
spécifiant à l'avance le résultat attendu sur la base d'un
ou de plusieurs critères mesurables,
- La standardisation des qualifications qui correspond
aux connaissances que doit détenir celui qui effectue le travail pour
répondre au besoin de coordination.
Par ailleurs, et pour une meilleure comparaison entre les
organisations, Pugh, cité par R. Zghal (1994)48(*), a distingué
trois dimensions de la structure organisationnelle :
- la spécialisation qui correspond à la division
du travail et la distribution des tâches sur un certain nombre de
positions ;
- la standardisation comprise dans le sens de la soumission
des procédures à des règles et leur
formalisation ;
- la centralisation qui traduit le niveau hiérarchique
de la prise de décision.
Selon R. Zghal (1994)49(*), la structure
peut également, être approchée de diverses autres
manières :
- en terme de composants (les tâches, les réseaux
de position, de services, les réseaux de communication...),
- en termes d'attributs (régularité,
stabilité, formalisation, bureaucratisation, différenciation...)
et
- en termes de fonctions ou rôles (exécution de
tâches variées, coordination, réduction d'incertitude,
etc.).
Alors que selon Y. F. Levian (2001)50(*), les chercheurs ont
retenu cinq variables mesurables de la structure organisationnelle :
- le degré de spécialisation de la structure
(dans quelle mesure les tâches sont-elles
divisées ?) ;
- le degré de standardisation (dans quelle mesure
existe-t-il des procédures pour définir ces
tâches ?) ;
- le degré de formalisation (existe-t-il des documents
écrits décrivant ces procédures ?) ;
- le degré de centralisation (à quel niveau se
prennent différents types de décision ?) ;
- la « configuration » (nombre de niveaux
hiérarchiques et taille de l'éventail hiérarchique).
Il en résulte de ce qui précède, que le
changement peut concerner plusieurs variables.
Selon Bergeron (1989)51(*) tiré d'un discours prononcé
par G Steiner (1972), lorsque le changement de la structure organisationnelle
traduit la réponse à un changement de l'environnement, et
concerne le pouvoir de décision, celui-ci a besoin de virer d'un
système centralisé vers un système
décentralisé basé sue la formation de petits groupes
décisionnels. Lorsqu'il concerne le degré de
spécialisation, la concentration des activités sur le
fonctionnement interne a besoin de mettre, plutôt, l'accent sur les
éléments externes et lorsqu'il concerne les niveaux
hiérarchiques, la subordination des individus à besoin de
céder plutôt à la prédominance des individus.
Lorsque le changement organisationnel vise l'adaptation
à un environnement ou à une situation, pour le réussir, il
convient de tenir compte des facteurs qui le déterminent.
I.2. Facteurs déterminants de la structure
organisationnelle
Les facteurs déterminants de la structure
organisationnelle ont fait l'objet de plusieurs travaux de recherche associant
celle-ci parfois à la taille de l'entreprise, parfois à la
technologie, parfois à l'environnement et parfois à la
stratégie...
Des études ont été effectuées par
plus d'un théoricien, comme T. Burns et G. M. Stalker en 1961, de
même que P. Lawrence et J. Lorsch en 1967, dans le cadre de nombreuses
entreprises et ont conclu que le structure organisationnelle, adoptée
par une entreprise, dépend avant tout des caractéristiques de
l'environnement (M.G. Bédard & al. 1995)52(*).
De leur part, D. Hellerigel & al. (1997)53(*) ont
vérifié l'influence de la forme d'une organisation par la
combinaison de trois facteurs de contingences pris individuellement ou
ensemble.
- Les contraintes environnementales ;
- Les facteurs technologiques ;
- Les choix stratégiques.
Par ailleurs, M. G. Bédard & al.
(1995)54(*) ont présenté l'âge, la
taille, le système technique et le mode de propriété comme
autres facteurs de contingence qui sont apparentés au cadre
spécifique de l'entreprise. Ces auteurs considèrent, aussi, qu'il
y a un lien entre la forme de l'organisation et les ressources humaines.
Notre analyse concernera essentiellement les trois facteurs
tels que présentés par Hellriegel, pour expliquer dans quelle
mesure le changement de l'un de ces facteurs pourrait agir sur la structure
organisationnelle. Les autres facteurs ne seront pas négligés,
nous en tenons compte dans la partie empirique.
I.2.1. Influence des contraintes environnementales
Selon T. Burns & al. (1961)55(*) et P. Lawrence &
al. (1967)56(*), il existe une relation entre la structure
organisationnelle et l'état de l'environnement. Les auteurs ont conclu
qu'à un environnement économique et concurrentiel plutôt
stables correspond un système centralisé, c'est-à-dire
bureaucratique (dit encore « mécaniste »), alors que
le modèle décentralisé, faisant appel à un
assouplissement des structures (dit « organique »), est
approprié pour des entreprises qui évoluent en dans un
environnement dynamique.
D. Hellerigel & al. (1997)57(*), a justifié le
lien entre les tâches et les départements de l'entreprise d'une
part, et les différences de complexité
(homogénéité,
hétérogénéité) et de dynamisme
(stabilité, instabilité) de l'environnement, d'autre part. Selon
ces auteurs, dans une organisation où les départements sont
confrontés à un environnement stable, on peut
généralement utiliser avec efficacité la structure
fonctionnelle de base, où le directeur général
réalise, en sa personne, l'intégration des départements
fonctionnels. Si une firme exploite une unique ligne de produits et
opère dans un environnement dynamique, la structure fonctionnelle peut
rester efficace à condition qu'elle soit complétée par
l'adjonction de services administratifs supplémentaires et de
mécanismes d'intégration tels que : la mise en place de
groupes de travail ad hoc (qui convient à la situation), une
planification en bonne et due forme, la création de postes de liaison ou
de groupes responsables de l'intégration des services, et ainsi de
suite.
Quant à la complexité de l'environnement
(hétérogène), elle a été traduite par
l'ampleur des problèmes et des possibilités que celui-ci produit
(J. R. Schermerhorn & al. ; 1994)58(*). En ce sens, par
exemple, la complexité est caractéristique pour les
employés affectés à un département de
planification, d'affronter un environnement hétérogène
(clientèle, fournisseurs, concurrents, etc.), parce qu'ils doivent,
pratiquement, avoir à faire à tous ces groupes ; alors que,
lorsqu'il s'agit d'un environnement homogène, on a à faire
à un seul groupe.
Ainsi, nous pouvons conclure que, le dynamisme et la
complexité sont les deux facteurs qui caractérisent
l'environnement. Les contraintes environnementales interviennent pour
déterminer le degré de complexité et de dynamisme de la
structure organisationnelle de l'entreprise. En effet, si l'environnement
présente une forte incidence sur la structure organisationnelle,
l'entreprise devrait alors trouver la structure qui convient à la
situation. Pour ce faire, lors de l'analyse de l'environnement, il conviendrait
de tenir compte des diverses forces qui agissent sur l'entreprise pour assurer
sa croissance et sa survie.
I.2.2. Influence des facteurs
technologiques
Pour justifier l'influence des facteurs technologiques sur la
structure organisationnelle, nous nous sommes fiés aux résultats
des travaux de recherche de Joan Woodward (1965)59(*). Celle-ci, a
effectué une recherche auprès d'une centaine d'entreprises
britanniques du South East Essex, dans le but de vérifier si les
théories classiques et les principes d'administration contribuaient au
succès des entreprises industrielles. Elle a conclu que la technologie
influence, aussi, les formes d'organisation, et que seule l'adéquation
des formes d'organisation aux technologies de production permettait de rendre
compte d'une manière valable des différences de succès
économique entre les entreprises. De plus, les entreprises ayant des
systèmes de production similaires avaient, dans l'ensemble, des formes
d'organisation semblables.
Par ailleurs, et selon C. Perrow (1967)60(*), les entreprises,
dont la technologie est routinière, utilisent une forme d'organisation
bureaucratique, dans le but de préciser l'autorité des cadres
intermédiaires et des subalternes. La coordination est
réalisée par des règles, des plans et des programmes. Les
finalités ciblées par l'entreprise sont la stabilité, la
rentabilité et les économies d'échelle. Par contre, les
organisations qui emploient une technologie non routinière emploient des
formes d'organisation décentralisées dans lesquelles les cadres
intermédiaires et subalternes disposent de marges de décision
importantes, en raison des problèmes techniques complexes à
résoudre. La coordination est réalisée par des
interactions personnelles. Les buts de ces types d'entreprises sont
l'innovation, la croissance et l'adaptation au milieu social.
Ainsi, il se révèle que les facteurs
technologiques ont une influence considérable sur la conception de la
structure de l'organisation. Une structure mécaniste convient à
une technologie routinière ayant peu de problèmes à
résoudre et une structure organique convient à une technologie
qui se rénove et qui a beaucoup de contraintes et de problèmes
à résoudre.
I.2.3. Influence des choix stratégiques
M. G. Bédard & al. (1995)61(*), présentent la
stratégie comme un ensemble de décisions établissant le
domaine d'activité de l'entreprise et ses relations avec les organismes
extérieurs (aussi bien économiques et concurrentiels que sociaux
et politiques).
La stratégie représente donc, le fond des
décisions qui déterminent l'orientation, à long terme, des
activités. Elle est modifiée au fil des adaptations aux exigences
de la concurrence et aux opportunités qui se présentent. Au
moment des crises, la direction peut modifier la stratégie de
manière radicale, afin d'apporter une réorientation et un
redressement.
Selon J. R. Shermerhorn & al. (1994)62(*), la stratégie
et la structure organisationnelle ont des liens dans la mesure où, cette
dernière doit soutenir la stratégie de l'entreprise, si elle veut
réussir. La stratégie permet de situer l'organisation par rapport
à ses concurrents.
La littérature a fourni quatre types de
stratégies génériques. On distingue :
- les stratégies de différenciation,
- les stratégies de domination par les coûts,
- les stratégies de concentration (dites de niche)
basées sur la différenciation et
- les stratégies de concentration basées sur la
domination par les coûts.
Les auteurs précisent que les stratégies de
différenciation sont compatibles, surtout avec les structures organiques
(décentralisés) et divisionnaires ; alors que les
stratégies de domination par les coûts, qui mettent l'accent sur
la routine et l'efficience, le sont surtout avec les structures
mécanistes (centralisés). D'ailleurs, ils relient
l'efficacité du dirigeant de l'organisation à sa capacité
d'associer harmonieusement structure et stratégie. Par exemple, une
firme qui vise une clientèle d'industriels, de commerçants et de
particuliers a, souvent, besoin d'une structure autre que celle d'une firme
dont l'objectif est de vendre à des industriels exclusivement. Aussi,
pour une stratégie de domination par les coûts, la tâche
à remplir est la production à faible coût, où les
économies d'échelle sont importantes. Par contre, pour une
stratégie de différenciation, les tâches de conception et
de lancement de nouveaux produits semblent être les plus importantes.
I.2.4. Autres facteurs de contingence
D'autres facteurs de contingence ont été mis en
relief par M. G. Bédard & al. (1995)63(*) à
savoir :
- l'âge de l'entreprise (A. Stinchcombe, 1965),
- la taille (P M. Biau, C. M. Falbe, W McKinley et D. K.
Tracy, 1976; B. C. Reimann, 1971; D. S. Pugh, D. J. Hickson, C. R. Hinings et
C. Turner, 1968),
- le mode de propriété (Y. Samuel et B. E
Manheim, 1970; P. M. Biau et W. R. Scott, 1963; W V Heydebrand, 1973; E. A.
Holdaway, J. E Newberry, D. J. Hickson et R. R Héron, 1975).
Ces facteurs contribuent à expliquer la configuration
structurelle adoptée par les entreprises. Par exemple, l'organisation
divisionnaire devient un choix viable lorsque la taille de l'entreprise,
atteint un niveau respectable. En outre, le mode de propriété
peut contribuer à expliquer qu'une entreprise d'Etat soit appelée
à accorder autant d'importance aux pressions sociales et politiques
qu'à celles qui émanent du contexte économique et
concurrentiel.
En résumé, la structure
représente l'ossature qui permet à l'organisation de fonctionner.
Selon la nature de l'environnement dans lequel elle évolue, la
technologie qu'elle adopte, les choix stratégiques qu'elle fait, etc.,
l'entreprise est confrontée à la question d'adaptation de sa
structure organisationnelle, suivant les dimensions mécaniste /
organique ou centralisée / décentralisée. Il convient de
s'assurer que le changement instauré dans l'entreprise est en
adéquation avec les facteurs qui ont
« poussé » au changement
II. Style de management
Le style de management, est une notion correspondant à
la qualité de direction et du leadership. La profession de la direction
consiste à relever les défis lancés par la concurrence,
maintenir les coûts au niveau le plus bas, accroître la
qualité, améliorer le service rendu à la clientèle
et imposer rapidement de nouveaux produits sur le marché. Pour pouvoir
affronter tous ces problèmes, il faut normalement que l'on ait
changé la façon de faire.
Le style de management constitue donc, un domaine de
changement qui mérite d'être exploré pour en déduire
les liens avec le changement de l'environnement et la structure
organisationnelle. Cette étude est plutôt orientée vers un
aspect comportemental.
La variabilité des caractéristiques de
l'être humain laisse penser que chaque dirigeant a son style de
direction. Le style de management correspond donc, à un modèle,
par lequel le dirigeant intègre et gère ses subordonnés,
en vue d'orienter leurs efforts vers la réalisation des objectifs de
l'entreprise (M. Zouaoui & al. 1999)64(*).
Le modèle en question devrait donner un certain style
de direction traduisant les préférences des dirigeants, leur
philosophie et la conception, qu'ils ont, de leur comportement et du
comportement de leurs subordonnés.
Par ailleurs, il semble que les attentes de l'entreprise
moderne vis-à-vis de ses cadres et de son personnel se sont
profondément modifiées. Ces attentes correspondent aux nouvelles
exigences propres à la conjoncture actuelle, laquelle est
caractérisée par des changements socioculturels et par la
concurrence accrue qui en résulte. Sur le plan managérial, ces
changements se rapportent tant aux fonctions ou aux nouveaux rôles
qu'à de nouvelles façons de s'acquitter c'est-à-dire, un
nouveau style de gestion qui fait appel à des compétences,
à des habilités, à des attitudes et à des
comportements nouveaux.
Ainsi selon M. G. Bédard & al.
(1995)65(*), les aspects du style de management se
résument principalement en deux catégories de facteurs :
- Le comportement et les attitudes du manager ;
- Les compétences managériales.
De sa part, J P Thibaut (1989)66(*), distingue trois
dimensions du style de management :
- Le style d'animation et de commandement ;
- Le comportement du dirigeant (culture et système de
valeurs) ;
- Les compétences et aptitudes managériales.
Il précise par ailleurs, que si la structure
organisationnelle et les méthodes de gestion (planification et
contrôle) dépendent, dans une large mesure, du style de direction,
le changement organisationnel requerrait, inéluctablement, un changement
du style de management.
II.1. Style d'animation et de commandement
La littérature de gestion est riche d'ouvrages
concernant le management et la direction d'entreprise, depuis que Fayol en
donna le premier le contenu essentiel : prévoir, commander,
contrôler.
Plusieurs styles de management ont été
développés par plusieurs auteurs, dans l'objectif de trouver le
mode qui répond à une maîtrise rationnelle des diverses
activités de l'entreprise. Dans le contexte actuel, il s'agit de
rechercher le style de management qui s'adapte le mieux à
l'environnement de l'entreprise.
Selon Steiner cité par P. G. Bergeron
(1989)67(*), dans un environnement dynamique, le style
de gestion autoritaire devrait être abandonné pour le style de
gestion plus démocratique et permissif.
De la littérature, nous avons distingué
plusieurs théories de management.
Le développement de ces théories retrace
l'évolution des styles de management depuis les plus anciennes jusqu'aux
plus récentes. Thibaut (1989)68(*) a présenté un tableau
synoptique des différentes théories étayé par une
analyse de chacune des dimensions du style de management à savoir :
la structure et la répartition des fonctions, les liaisons de
communication, la politique de motivation et la formation. Nous avons traduit
les théories les plus marquantes de l'évolution de la
théorie de management.
Théorie de management
|
Structure et répartition des
fonctions
|
Liaisons de communication
|
Politique personnel, motivation
|
Relations humaines, formation
|
Théorie classique (1900)
Taylor, Fayol
|
- Unité de commandement
- Détermination d'un éventail de subordination
- Centralisation, définition étroite des
tâches.
|
- Principe d'officialisation des rapports
- Centralisation de l'information
|
- Principe « bâton et carotte »
- Système de stimulation monétaire
|
- Sécurité, stabilité.
- Principe d'objectivité
|
Théorie des relations humaines
(1930/1960)
E. Mayo
R. Likert
D. Mac Gregor
F. Herzberg
|
- Commandement participatif
- Principe « Bottom up »
|
Le supérieur est plutôt un agent de communication
inter et intra-groupe.
|
|
- Instauration d'un climat favorable
- Bien être, confort.
- Coopération amicale
- On privilégie le groupe sur l'individu.
|
Théorie des systèmes (1965)
M. Crozier
H. Simon
|
Chaque poste est une « boite noire » puis un
sous-système
|
Toutes les liaisons sont considérées sous forme de
flux unifiés par un langage
|
|
|
Tableau n° 2 : Extrait du tableau synoptique
traduit par J.P. Thibault (1989) op. cit. p 251
D'après B. Lussato, « Introduction critique
aux théories d'organisation », Dunod
L'examen du tableau permet de relever les remarques
suivantes :
1) La théorie classique ne laisse pas de place ni
à la négociation, ni à l'influence de l'environnement, ni
à la psychologie de l'individu. Les individus sont assimilés
à des machines. L'efficacité est obtenue à travers un
contrôle rigoureux et une rémunération satisfaisante. C'est
le principe de « bâton carotte ».
2) Selon la théorie des relations humaines,
l'employé est considéré comme un être humain dont le
comportement renferme une dimension psychologique et sociale d'une très
grande importance. En ce sens, les dirigeants donnent plus d'importance
à la satisfaction des besoins psychologiques et sociaux de leurs
subordonnés, en leur assurant de bonnes conditions de travail et en
favorisant la coopération entre eux.
3) L'approche par les systèmes considère que
l'employé n'est pas un élément isolé dont le
comportement et l'attitude peuvent être analysés à part. Il
est plutôt un élément du système dont le
comportement est déterminé non seulement par ses besoins, mais
aussi par ses rapports avec les autres éléments du
système, tel les règles de contrôle, le système de
motivation, l'organisation formelle, la culture de l'entreprise, etc.
Par ailleurs, il convient de citer la plus récente des
théories de management, celle de l'école de contingence (T. Burns
et M. Stalker, 1961 ; P. Lawrence & J. Lorsch, 1973)69(*). Celle-ci,
considère que le système de management, caractérisé
par les règles formelles et la centralisation des décisions dit
« mécanique », est le mieux adapté à
un environnement stable où l'innovation technologique est très
faible et le marché est régulier. Par contre, un système
de management, caractérisé par la décentralisation des
décisions et moins de formalisme dans les comportements dit
« organique », serait mieux adapté à un
environnement instable.
Il résulte de cette analyse, que l'approche par les
systèmes constitue la solution apportée à toutes les
insuffisances relevées sur les autres approches. Ainsi, il semble que le
mode de gestion qui convient le mieux, dans un environnement dynamique, est
celui qui prend en considération tous les éléments du
système organisationnel à savoir, les caractéristiques de
l'entreprise, son système opérationnel, son environnement, sa
structure organisationnelle, les conditions de travail, le comportement des
individus, (particulièrement celui du dirigeant), etc.
II.2. Le comportement du dirigeant
Depuis l'apport des travaux des psychosociologues des
organisations, notamment le mouvement des relations humaines et celui des
ressources humaines, le comportement et la dimension affective de l'homme au
travail sont tout aussi importants que les autres formes de ressources.
Gérer le changement implique que l'on sait adapter une
organisation aux exigences de l'environnement et modifier les comportements
habituels, autant des dirigeants que des subordonnés.
M. Zouaoui & al. (1999)70(*) définissent la
direction comme une fonction complexe et multidimensionnelle qui
nécessite de la part du dirigeant plusieurs qualités. Sa
complexité résulte du fait que le dirigeant doit réaliser
deux objectifs parfois contradictoires dans l'entreprise : un objectif
économique ou financier et un objectif social :
- L'objectif économique ou financier est
nécessaire pour assurer la survie et la croissance de
l'entreprise ;
- L'objectif social consiste en la satisfaction des besoins
humains et la création des conditions de travail agréables.
C'est avec la préoccupation d'avoir à atteindre
ces deux objectifs complémentaires, que le dirigeant doit modeler son
comportement dans l'entreprise.
Il résulte, de cette définition, que chaque
dirigeant adopte un modèle par lequel il intègre et gère
ses subordonnés en vue d'orienter leurs efforts vers la
réalisation des objectifs de l'entreprise. Ce modèle correspond
à un style de comportement spécifique au dirigeant.
Des chercheurs et théoriciens du management ont
essayé de comprendre les forces qui agissent sur les individus dans
l'entreprise et ont, à chaque fois, élaboré un style de
direction qu'ils considèrent comme étant en mesure de conduire
les membres de l'entreprise à l'efficacité. A partir des travaux
de ces théoriciens et chercheurs, M. Zouaoui & al.
(1999)71(*) ont distingué trois
approches :
- l'approche unidimensionnelle ;
- l'approche situationnelle ;
- l'approche intégrative.
II.2.1. L'approche unidimensionnelle
L'approche unidimensionnelle comprend les travaux des
chercheurs qui ont basé leurs études sur une seule dimension : le
comportement du dirigeant. Plusieurs théories ont été
développées en guise de cette approche. Nous citons celles de
McGrégor (théorie X et Y), de Likert, et de Black et Mouton (P.G.
Bergeron, 1989)72(*).
McGrégor considère que le comportement du
dirigeant dépend de sa philosophie concernant le comportement de ses
subordonnées. Il est soit autoritaire, soit participatif, suivant que
ses subordonnées sont du type X ou Y.
Selon Likert, le dirigeant peut être autoritaire,
exploiteur - autoritaire, paternaliste - autoritaire, consultatif, ou
participatif ; suivant l'intérêt que le dirigeant porte
à la notion des relations humaines.
Blake et Mouton (Bergeron, 1989 ; M. Bédard &
al. 1995)73(*) ont présenté deux
critères pour analyser les styles de comportement des dirigeants :
- l'intérêt que porte le dirigeant pour la
production et
- l'intérêt qu'il porte pour les individus.
Selon ces chercheurs, le style de dirigeant est autoritaire,
lorsqu'il se limite à obtenir de la part de ses subordonnés juste
le travail nécessaire pour atteindre le résultat minimum
satisfaisant, lui permettant de se maintenir en place ou bien pour obtenir une
efficacité maximale de la part de leurs subordonnés. Il est
paternaliste, lorsqu'il a un faible souci de la production et s'occupe
plutôt de la satisfaction des besoins de ses subordonnés ;
démocratique et équilibré lorsqu'il est soucieux de
l'intérêt économique de l'entreprise, mais il est convaincu
que cela ne peut être réalisé que par un état,
normal satisfaisant de ses subordonnés. Enfin, Black et Mouton
distinguent le style de comportement où le dirigeant laisse ses
subordonnés décider et choisir, tout en ayant confiance en leurs
résultats et son intérêt est porté à la
réussite économique de l'entreprise.
II.2.2. L'approche situationnelle
Cette approche repose sur l'idée que le comportement du
dirigeant dépend du degré d'adaptation entre la situation de
l'entreprise et le style de direction. La situation de l'entreprise comprend le
climat social, les valeurs, les attitudes, l'expérience des dirigeants
et des subordonnés et la nature des tâches particulières
à accomplir. Cette approche a été développée
par Hersey & Blanchard, Fred Fiedler et R. Tannenbaum & W. Schmidt.
Selon Hersey & Blanchard (Bergeron, 1989, J. Shermerhorn
1994)74(*), le comportement qui convient est celui qui
s'adapte le mieux au degré de maturité des subordonnés.
Ces chercheurs ont distingué entre quatre styles de comportement :
Un style autoritaire où l'accent est plutôt mis sur la
tâche. Un style basé sur la conviction et l'influence, où
le dirigeant est soucieux aussi bien de la tâche que des relations au
sein de son groupe de travail et son comportement se distingue par sa
capacité à convaincre et influencer ses subordonnés. Un
style participatif avec des subordonnés
dont le degré de maturité est supérieur à la
moyenne, où le dirigeant témoigne d'un souci élevé
pour les relations et plutôt faible pour la tâche. Enfin, un style
basé sur la délégation, quand le degré de
maturité des subordonnés est élevé et qu'il a un
souci faible pour la tâche et les relations.
Le modèle de Fred Fiedler « contingence des
styles de direction » (P. G. Bergeron, 1989)75(*) considère que
le comportement du dirigeant dépend de la situation qu'on définit
à travers trois variables : les relations entre le dirigeant et les
autres membres de l'entreprise, la structure des tâches et le pouvoir du
dirigeant.
F. Fiedler distingue trois situations : favorable,
moyennement favorable et défavorable. La situation est favorable lorsque
les relations supérieur subordonnés sont excellentes, les
tâches très structurées (répétitives) et le
pouvoir du dirigeant est élevé ; la 2ème
situation est qualifiée par une bonne relation supérieur -
subordonnés, des tâches peu structurées (non axées
sur la répétitivité) et un pouvoir modéré du
supérieur ; la dernière situation est qualifiée par
des relations supérieur - subordonnés pauvres ; des tâches
peu structurées et un pouvoir faible du supérieur.
Selon la théorie de R. Tannenbaum et W. Schmidt (P. G.
Bergeron, 1989)76(*), le comportement du dirigeant dépend
de trois forces :
- Les forces liées au dirigeant (attitudes, valeurs,
préférences des dirigeants, confiance envers les autres...) ;
- Les forces qui relèvent des subordonnés
(intérêt pour la tâche et les objectifs de l'entreprise,
les besoins de contrôle ou de liberté d'action...);
- Les forces liées à la situation (structure,
temps accordé pour la réalisation de la tâche, exigence et
pression des niveaux supérieurs...).
En fonction de l'interaction entre ces trois forces, le
dirigeant sera amené à adopter un style efficace dans des
circonstances particulières.
II.2.3. L'approche intégrative
Selon cette approche, le comportement du dirigeant
résulte de l'interaction entre plusieurs éléments que nous
pouvons regrouper en quatre groupes de facteurs :
- les préférences du dirigeant, qui
résultent en réalité de sa culture et de sa
personnalité ;
- les variables humaines, c'est-à-dire le comportement
et l'attitude des subordonnés ;
- les variables organisationnelles, c'est à dire la
structure de l'entreprise et son mode organisationnel ;
- l'environnement, à travers son dynamisme et les
urgences qu'il crée et auxquels le dirigeant doit faire face.
a- La culture correspond à l'ensemble des normes, des
valeurs et des règles qui ont forgé la manière de penser
et qui régissent le comportement des individus appartenant à une
même communauté (M. Zouaoui & al. 1999)77(*). Elle diffère
d'un pays à un autre. Par exemple, le japonais privilégie les
intérêts de la collectivité et donne la priorité au
groupe ; le français est individualiste mais formaliste,
respectueux des règles et des institutions alors que le tunisien est
plutôt non formaliste, n'aime pas se plier aux règles, l'informel
prédomine sur le formel dans ses relations professionnelles et accepte
difficilement le contrôle. Cependant, la différence peut
paraître entre les dirigeants d'une même communauté et se
manifeste à travers les préférences ; certains
préfèrent le style autoritaire, d'autres, au contraire,
préfèrent négocier avec leurs subordonnés.
b- L'attitude des subordonnés : d'après M.
Zouaoui & al. (1999)78(*), c'est l'attitude des subordonnés qui
oriente le style de direction. Lorsque les subordonnés sont
entreprenants et créatifs, ils incitent généralement le
supérieur hiérarchique à la délégation de
son autorité et à l'adaptation d'un style de direction
plutôt participatif. Par contre, lorsque les subordonnés fuient
les responsabilités préfèrent ne pas prendre des
initiatives et se limiter à l'exécution des demandes du
supérieur hiérarchique, il convient d'adopter le style
autoritaire.
c- Les variables organisationnelles : elles sont
nombreuses ; parmi celles-ci, deux variables influent
particulièrement sur le choix du style de leadership : la structure et
la culture organisationnelle.
Les structures fonctionnelles, centrées sur
l'exécution des tâches plutôt que sur les résultats
ou les objectifs, sont généralement moins favorables, que les
structures par produit ou par marché, basés sur la
délégation.
La culture organisationnelle influe, elle aussi, sur le choix
du style de leadership. En ce sens, quand la négociation fait partie des
usages au sein de l'entreprise, il est difficile d'adopter un comportement
autoritaire où les subordonnés n'ont qu'à exécuter
les ordres du supérieur hiérarchique.
Par ailleurs, un important courant de recherches a
porté sur l'identification des dimensions psychologiques distinguant les
entrepreneurs des autres individus.
Collins & Moore (1970)79(*) ont mis en avant
l'importance des différents aspects de la personnalité et des
caractéristiques socioculturelles des responsables d'entreprises.
Chapelier, (1997)80(*) a également confirmé
l'influence profonde des composantes du profil du dirigeant (formation,
âge, expérience, buts recherchés). Il a en effet
montré que les profils des dirigeants sont liés aux modes de
gestion.
Moran (1998)81(*), Thompson & Strickland,
(1986)82(*) ont confirmé l'influence de la
personnalité du dirigeant, sur le comportement organisationnel, sur la
stratégie adoptée dans la conduite de son entreprise et sur les
performances.
Rokeach (1973)83(*) a confirmé l'influence des valeurs
personnelles sur les comportements. Bandure (1986)84(*) a, par ailleurs,
défini les valeurs personnelles, comme des idéaux présents
dans toutes les circonstances. Selon Feather (1988)85(*) les valeurs
personnelles sont le coeur de la personnalité et influencent toutes les
autres caractéristiques telles que les attitudes, les jugements, les
décisions et les engagements.
Yukl (1981)86(*) a mis en relief l'importance des
compétences techniques dans le style de management.
Les points de vue diffèrent lorsqu'ils concernent
l'influence de la conduite de l'entreprise, notamment lorsque des variables
externes telles que la nature de l'environnement sont prises en
considération. Selon Porter (1991)87(*), le management a
toujours une influence sur la stratégie quel que soit l'impact de
l'environnement.
Sur la base des résultats d'une recherche
orientée vers le risque, l'environnement et l'attitude du
décideur, Mercier-Suissa (1998)88(*) a mis en exergue la relation qui existe
entre l'environnement et le comportement des dirigeants. En effet, selon ce
chercheur, l'environnement instable induit de nouveaux comportements
managériaux.
La littérature a, par ailleurs, montré
l'influence des informations d'origine externe, collectées par le
dirigeant, sur la perception du risque et sur sa prise de décision. A
titre d'exemple, pour M. Barbel (1996)89(*), les sources externes d'influence
modifient très fortement le comportement des dirigeants.
D'autres chercheurs ont étudié l'influence des
compétences et des aptitudes managériales sur le comportement du
dirigeant. Ces compétences peuvent être améliorés
par la formation.
II.3. Compétences et aptitudes
managériales
Robert L. Katz dans son article paru il y a une dizaine
d'années dans la célèbre revue « Harvard Busness
review », a remis en cause le problème du style de management.
(J.P. Thibaut, 1989)90(*). Selon ce chercheur, il ne faut pas essayer
de définir un dirigeant en termes de caractéristiques
personnelles (intelligent) et de comportement (coopératif), mais en
termes de compétences et d'aptitudes.
La compétence est définie comme étant
l'aptitude à transformer une connaissance en action et à obtenir
le rendement escompté. (J. Schermerhorn, 1994)91(*). Elle correspond
à son niveau d'instruction, à son expérience en
matière de gestion, à son intelligence et à la
rationalité de ces décisions.
Traitant du processus d'internationalisation et de la
compétence des dirigeants, P. Leconte & B. Forgues,
(2000)92(*) ont conclu que la compétence des
dirigeants réunit le savoir, les modèles théoriques de
formulation stratégiques et la capacité d'interprétation
de l'environnement. Ceci correspond, en fait, à la capacité de
perception de la réaction et de l'adaptation à l'évolution
de l'environnement ; notion qui a été
développée par plusieurs auteurs.
Par ailleurs M. G. Bédard &
al (1995)93(*) considèrent que les exigences en
matière de compétences, pourraient être rassemblées,
sous trois vocables : savoir communiquer, savoir se comporter et savoir
raisonner. Ces compétences correspondent à la
maîtrise des techniques de communication et d'animation, (aspects
liés à la gestion des ressources humaines), à la
qualité des rapports interpersonnels (capacité d'écoute,
respect de l'autre) et à la confiance en soi. Elles correspondent aussi
à l'habilité à prévoir l'évolution des
situations, à déterminer les problèmes, à fixer des
objectifs stratégiques, à faire des choix, à
réduire les incertitudes, à comparer les performances aux
résultats désirés, à intervenir au besoin pour
assurer les résultats, à affecter les subordonnés selon
les objectifs, à orienter leur travail et à motiver leur
rendement.
Les auteurs D. Helliergel & al. (1992) et J.R.
Shermerhorn, (1994)94(*) traitant du processus du dirigeant, ont
lié la notion des aptitudes du manager aux qualités des managers
efficaces. Selon ces auteurs, les qualités requises pour un gestionnaire
efficace sont au nombre de quatre : être visionnaire et avoir une
pensée stratégique, avoir une capacité de communication
efficace, savoir déléguer des pouvoirs et savoir se comprendre
soi-même.
a- Etre visionnaire, dans la mesure où le dirigeant
présente une capacité d'attraction des gens autour de lui, en
créant une nouvelle vision futuriste des choses.
b- Avoir une capacité de communication
efficace correspondant à la capacité de communiquer
efficacement avec autrui.
c- Savoir déléguer des pouvoirs : c'est le
talent de partager avec des subordonnés la puissance que l'on
détient. Cela signifie que le leader permet à certains de ses
collaborateurs de partager avec lui le choix des objectifs et des
stratégies.
d- Savoir se comprendre soi-même lorsqu'un
dirigeant (considéré comme efficace) connaît ses propres
forces et faiblesses. Celui-ci a tendance à pallier ses points faibles
en s'entourant des personnes capables de l'aider. Les managers efficaces font
continuellement leur examen de conscience : « a quoi suis-je
vraiment bon ? » « Quelles sont mes
qualités ? » « Qu'est ce qui me
manque ? » « En qui ai-je besoin pour
m'améliorer ? ».
La notion de compétence a été aussi
développée par R. L. Katz (1974)95(*). Ce chercheur a
distingué trois niveaux de compétences hiérarchisés
comme suit :
- Les compétences techniques : c'est la
maîtrise d'un métier ;
- Les compétences humaines : c'est la
capacité à travailler au sein d'un groupe et à
réaliser un travail en commun ;
- Les compétences conceptuelles : elles
correspondent à la capacité d'innover, de concevoir, de
modéliser l'entreprise pour formuler le mode de développement le
mieux adapté compte tenu de sa problématique et de
l'évolution de l'environnement.
a- Les compétences techniques correspondent à
des connaissances liées à diverses disciplines : les
sciences et techniques du métier, les sciences et technologies
générales, les sciences de gestion et les sciences
économiques ; c'est la maîtrise d'un métier.
b- Les compétences humaines constituent la
capacité à travailler au sein d'un groupe et à
réaliser un travail en commun ; elles se traduisent par le sens
des relations humaines, le sens de communication, le sens d'animation et de
motivation et la capacité de délégation et de
contrôle.
c- Les compétences conceptuelles correspondent à
la capacité d'innover, de concevoir, de modéliser l'entreprise
pour formuler le mode de développement le mieux adapté, compte
tenu de sa problématique et de l'évolution de
l'environnement et du degré d'acceptation des risques.
Ainsi, il en résulte de ce qui précède
que la notion de compétence, lorsqu'elle est liée au dirigeant,
peut couvrir plusieurs facteurs, dont certains sont attribués à
ses caractéristiques personnelles (intelligence, anticipation, culture,
force de caractère, etc.), son savoir (technique, gestion, organisation,
planification, etc.) et son aptitude à prendre le risque. Si le
dirigeant présente des faiblesses sur certains éléments,
il devrait s'entourer de cadres spécialisés (staff) qui lui
apporteront de l'aide, pour agir d'une manière rationnelle et efficace.
D'ailleurs, certains auteurs, (comme P. G. Bergeron, 1989)96(*), ont même vu
nécessaire que certaines faiblesses devraient être
surmontées à travers la formation. En effet, une analyse
basée sur la dynamique de l'environnement, a permis de laisser supposer,
que les gestionnaires devraient améliorer leurs compétences dans
le domaine des systèmes, des procédés de gestion et des
relations humaines.
III. Comportement des subordonnés
Quand il s'agit d'introduire des modifications dans
l'organisation, un manager est appelé à prendre en compte une
grande quantité d'éléments, y compris la nature des
pressions qui poussent l'organisation vers une transformation, les types de
résistance qui seront opposés, selon toute vraisemblance,
à la nouveauté et au choix de celui ou ceux qui seront
chargés de réaliser le projet.
Gérer le changement implique que l'on soit en mesure
d'adapter une organisation aux exigences de l'environnement et modifier les
comportements habituels des employés. Si les employés ne
modifient pas leurs comportements, l'organisation aura du mal à changer
(Hellriegel, 1992)97(*).
Il en résulte que le comportement des
subordonnées semble constituer un des éléments du
processus de changement organisationnel.
Selon M Zouaoui & al. (1999)98(*), le comportement des
subordonnés peut être appréhendé à travers
trois approches : l'approche des traits de la personnalité,
l'approche des besoins et de la motivation et l'approche situationnelle.
III.1. L'approche des traits de la
personnalité
Cette approche expose la relation qui existe entre le
comportement de l'individu dans l'entreprise, son caractère et ses
caractéristiques personnelles. Ces dernières concernent entre
autres, l'intelligence, l'esprit d'initiative et de créativité,
le degré de maturité, l'esprit de responsabilité, le
caractère autoritaire, participatif, docile ou révolté,
etc.
Elle est utilisée le plus souvent à l'occasion
du recrutement du personnel en se basant essentiellement sur les tests
psychotechniques, dans le but de déterminer les traits personnels des
candidats au recrutement. Elle a été critiquée par le fait
que le comportement ne peut être uniquement expliqué par les
traits de caractère sans tenir compte de la situation dans lequel se
trouve. En effet, l'individu peut être, par exemple : autoritaire
avec ses subordonnés, participatif avec ses collègues, docile et
soumis avec son épouse et ses enfants, etc.
III.2. L'approche des besoins et de la
motivation
Cette approche met l'accent sur le lien qui existe entre le
comportement et les besoins de l'individu. Lorsque celui-ci agit dans le but de
satisfaire un besoin, on dit qu'il est motivé.
Tous les ouvrages, traitant du comportement des individus au
travail, considèrent que le rendement d'une personne (un des principes
de base du management) est fonction de son niveau de compétence et de sa
motivation.
La motivation a été définie comme
étant le moyen par lequel l'entreprise conduit ses membres à agir
dans le sens qu'elle désire. La littérature présente
souvent les trois plus marquantes théories traitant de la
motivation ; celle de Maslow, celle de Herzberg et celle de Skinner.
En se référant à la théorie de
Maslow (1954)99(*) , les dirigeants devraient connaître
et comprendre le type de besoins que leurs subordonnés cherchent
à satisfaire. Leur motivation consiste à agir sur ces besoins. En
effet, Maslow a hiérarchisé les différents types de
besoins que l'individu cherche à satisfaire à travers le travail
dans l'ordre suivant : le besoin physiologique, le besoin de
sécurité, le besoin d'intégration, le besoin d'estime de
soi et le besoin de se réaliser. La hiérarchie des besoins forme
un escalier dont on ne peut gravir un pallier que lorsque celui qui le
précède est déjà franchi.
En se référant à la théorie de
Herzberg (1966)100(*), les éléments qui peuvent
être considérés comme motivationnels sont liés aux
aspects de la tâche et la nature du travail. Selon ce chercheur. Deux
types de facteurs sont à l'origine de la motivation de l'homme au
travail : les facteurs de motivation et les facteurs d'hygiène de
vie.
Le premier type de facteurs est formé de cinq
éléments de satisfaction qui entraînent des changements
durables sur les attitudes des employés ; on distingue :
l'accomplissement d'une tâche importante, la reconnaissance du travail
exécuté, le contenu et la nature du travail, la
responsabilité pour son propre travail et enfin, l'avancement, la
promotion ou le changement de statut.
Le deuxième type de facteurs est aussi formé de
cinq éléments qui se référent au rapport de
l'individus avec son environnement professionnel. Il s'agit de la politique
d'administration de l'entreprise, des qualités et des défauts du
supérieur, de la rémunération, des relations entre les
personnes et des conditions de travail
Skinner (1994)101(*) a développé une
troisième théorie de motivation, dite théorie de
renforcement. Selon cette théorie, les éléments
motivationnelles résident dans la conception d'un environnement de
travail favorable qui se manifeste par l'affectation des employés
à des emplois intéressants, la distribution d'un salaire
satisfaisant et équitable, la promotion et la participation aux
décisions.
III.3. L'approche situationnelle
L'approche situationnelle présente le comportement de
l'individu comme le produit de la situation dans laquelle il travaille. Selon
cette approche, le comportement de l'individu n'est pas déterminé
ni par les traits de la personnalité, ni par les besoins ; il
change en fonction de la situation vécue et des enjeux qu'elle offre.
L'analyse de ces approches et théories, nous
amène à conclure que si le comportement est étroitement
lié à certaines caractéristiques
« personnelles » des individus, il représente
lui-même une variable qui détermine la vie organisationnelle.
En effet, le comportement des membres de l'entreprise est
fonction, d'une part, des caractéristiques personnelles et d'autres
part, des caractéristiques du milieu dans lequel ceux-ci oeuvrent. Le
comportement comprend aussi bien l'adhésion aux objectifs de
l'entreprise et le fait d'assumer des responsabilités que la
résistance ou le conflit.
Par ailleurs, les valeurs jointes à la motivation, la
formation et l'expérience déterminent la décision
personnelle qui génère un certain comportement dans le travail
et certaines attitudes qui évoluent avec l'évolution des facteurs
d'influences organisationnelles (exemple : comportement positif du
dirigeant) ; alors que, les compétences et l'expérience
produisent des résultats personnels et des résultats
organisationnels.
Ainsi, comme il a été conclu par J. Lorsch et J.
Morse (1974)102(*), il existe un lien entre la forme
d'organisation et les motivations individuelles. Lorsque les attentes des
individus correspondent à la forme d'organisation, le degré de
motivation serait élevé. Les membres trouveraient alors plus de
satisfaction, se sentiraient plus compétents dans les situations
où il y a adéquation de la forme d'organisation, de la
tâche à réaliser et du climat créé par le
style de gestion de la direction.
Enfin, il en résulte de ce qui vient d'être
exposé, que toute évolution qui se manifeste au niveau de
l'environnement, influence d'une manière considérable la
structure organisationnelle et le comportement des individus (deux
éléments qui constituent des domaines importants du changement
dans l'entreprise). Lorsque des changements sont introduites dans l'entreprise,
ils peuvent, aussi, impliquer des changements au niveau de la façon dont
les acteurs interagissent, notamment à travers le dispositif
d'information et de communication.
IV. Systèmes d'information, de planification et de
contrôle
La compétitivité d'une ou des stratégies
et l'efficacité de leur mise en oeuvre dépendent, dans une
très large mesure, des systèmes d'information, des
méthodes de planification et des techniques de contrôle
qu'utilisent les directions d'entreprises.
IV.1. Système d'information
Quels que soient leur rôle et leur position
hiérarchique, tous les membres d'une organisation doivent prendre des
décisions, résoudre des problèmes, communiquer, etc.
Chacun est amené à manipuler des informations, à les
collecter, les traiter, les diffuser. L'information constitue donc une
matière première fondamentale de l'organisation qui permet de
connaître, comprendre, décider et gérer.
Selon P. G. Bergeron, (1989)103(*), le système
d'information qui s'adapte à un environnement instable correspond
à des procédés qui visent la prévention et
l'obtention de l'information au sujet de l'environnement en
général, plutôt que des procédés
d'information structurés pour recueillir des données internes.
IV.1.1. Définition
Selon R. Reix, (2002)104(*), tout gestionnaire
qui travaille dans une organisation est confronté au problème de
l'information.
S. Lacrampe, (1974)105(*), a défini le système
d'information comme un ensemble organisé de ressources :
matériel, logiciel, personnel, données, procédures
permettant d'acquérir, de traiter, stocker, communiquer des informations
(sous forme de données, textes, images, sons, etc.) et les utiliser au
service d'un domaine d'activité, d'une fonction de l'entreprise.
En effet, l'information est nécessaire pour agir, pour
décider, contrôler, etc. ; elle constitue un impératif
permanent pour tous ceux qui doivent diriger d'autres personnes ou, plus
modestement, effectuer leur travail quotidien de financier, de commercial, de
comptable, de gestionnaire de production, etc. Lorsque l'information a besoin
d'être saisie, transmise, stockée, retrouvée ou
manipulée, il est évident que l'on devrait disposer des moyens
nécessaires pour le faire.
IV.1.2. Dimensions
Les dimensions du système d'information peuvent
être relevées de la définition de Lacrampe, à
savoir, des ressources matérielles (informatiques) et des ressources
humaines (personnel).
Selon R. Reix (2002)106(*) le système d'information correspond
à un ensemble construit et intégré de ressources
humaines et informatiques.
Selon P. Charpentier (1997)107(*), la notion du
système d'information d'une entreprise suppose l'existence d'un seul
système intégré d'information.
L'intégration, évoquée par Reix et
Charpentier, suppose la fusion, l'inter-relation et l'inter-liaison entre les
différents composants du système d'information. C'est l'aspect
multidimensionnel du système, lequel système est composé
essentiellement d'une base de données alimentée à travers
plusieurs sources d'informations, laquelle base va servir tout demandeur
d'information au sein de l'organisation.
Néanmoins, la réalité se présente
autrement. En effet, on distingue souvent, plusieurs types partiellement
interdépendants de systèmes d'information coexistent dans
l'entreprise (plutôt des sous-systèmes), certains limités
à un individu ou un poste de travail, d'autres concernant une fonction
ou un service, d'autres encore relatifs à une partie de l'organisation
(intégration partielle) mais rarement à l'ensemble de
l'organisation (intégration totale). On distingue :
- Le système d'information comptable et financier,
- Le système d'information de la production,
- Le système d'information en marketing et
commercial,
- Le système d'information en ressources humaines,
etc.
L'ensemble de ses sous-systèmes devrait être en
inter-action à travers l'échange de flux d'informations.
L'information est utile à plus d'un niveau ; au niveau
opérationnel pour réaliser les activités, fonctionnel pour
assurer la qualité et la rapidité de réalisation de ces
activités et décisionnel pour prendre des décisions
stratégiques. Exemple : la production a besoin de la masse
salariale pour déterminer le coût de production, le commercial a
besoin du coût de production pour déterminer le prix de vente, le
dirigeant a besoin des deux informations indiquées pour
déterminer la rentabilité des produits et/ou les comparer au prix
du marché pour prendre, éventuellement, des décisions
stratégique, etc.
R. Reix (2002)108(*), attribue l'ensemble des informations
à deux catégories de systèmes d'information : le
système d'information de gestion et le système d'aide à la
décision.
Le système d'information de gestion permet
d'enregistrer les opérations de l'entreprise, de les suivre
périodiquement et d'en évaluer les résultats. Les tableaux
de bord, outils de mesure de la performance, documents et rapports, fournis
périodiquement ou ponctuellement, entrent dans cette catégorie
d'informations.
Le système d'aide à la décision est
destiné aux dirigeants. Par exemple, le système d'information
stratégique qui permet un accès rapide à des
données concernant l'environnement et ses évolutions. Les
chercheurs présentent maintenant, d'autres systèmes qui sont
destinés à accroître l'efficience des processus
décisionnels à savoir, les systèmes interactifs d'aide
à la décision (SIAD) et les systèmes experts.
Deux catégories de systèmes supports sont
utilisés pour le traitement des différents types
d'informations ; on distingue : les systèmes supports
d'opérations et les systèmes supports de gestion.
Les systèmes supports
d'opérations concernent les activités de bureau, le
traitement des transactions, le fonctionnement et le contrôle des
processus de fabrication (gestion de production assistée par ordinateur
GPAO,) l'aide à la conception (CAO), au dessin (DAO).
Les systèmes supports de gestion regroupent d'un
côté les systèmes de production de rapports de gestion et
de l'autre, les systèmes d'aide à la décision. Les deux
catégories de systèmes ont une importance fondamentale pour le
management des organisations.
a- La production de rapports correspond à la
formalisation de la communication d'informations essentielles à l'aide
de rapports périodiques. (Exemple : tableaux des ventes de la
semaine par rayon, par catégorie de clients, etc.).
b- Les systèmes d'aide à la décision ont
pour objectif d'aider les décideurs à prendre des
décisions. Ils sont fondés sur le principe du dialogue
homme-machine, qui intègrent une base de données et une base de
modèles décisionnels. L'utilisateur peut ainsi, sur une station
de travail, questionner la machine, procéder à des simulations,
tester et évaluer les incidences de ses choix.
D'autres systèmes supports sont utilisés pour la
prise de décision dits « systèmes
experts » et qui cherchent à reproduire, dans un logiciel
de résolution de problème, la démarche et le raisonnement
d'un expert humain. Le système expert intègre une base de
connaissances spécifiques à un domaine, composée de faits
et de règles de raisonnement, reproduisant celui de l'expert
(règles de type : si..., alors...). Les systèmes experts
sont aujourd'hui utilisés par les entreprises (contrôle de
gestion, diagnostics de pannes, diagnostic financier, planification
stratégique...).
Ainsi, il semble que le système d'information a
observé une évolution à travers le temps pour passer d'un
simple système traitant uniquement des informations comptables, à
des systèmes experts traitant de la planification stratégique (A.
Dayan)109(*).
IV.1.3. Système d'information et
changement
Depuis des années déjà, les entreprises
évoluent dans un environnement dynamique et doivent, par
conséquent, prendre les grandes décisions qui engagent
durablement leur avenir dans un contexte rendu très difficile. Selon H.
Lesca (1986)110(*), le dynamisme indique que les changements
qui affectent l'entreprise sont plus fréquents, irréguliers et
divers, d'une plus grande amplitude que par le passé, auquel elle
était peu préparée, et dont les grandes
caractéristiques peuvent se résumer ainsi :
- saturation de la demande nationale ;
- intensité de la concurrence étrangère
sur le marché national ;
- évolution très rapide des technologies
(informatique, robotique, bureautique, matériaux nouveaux, etc.) ;
- raccourcissement du cycle de vie des produits et des
délais de réaction ;
- densification réglementaire : les entreprises se
voient imposer par les administrations des réglementations et des normes
de toute sorte, toujours plus nombreuses et contraignantes, de telle sorte que
la maîtrise des règles en question est considéré
comme un problème en soi.
La « turbulence » de l'environnement induit le
changement. Les entreprises ont besoin de faire de plus gros efforts pour
être « à l'écoute » de ces changements. En ce
sens, ces entreprises ont besoin de surveiller les menaces et détecter
les opportunités potentielles dans des temps compatibles avec leur
délai d'adaptation. Ceci implique l'utilité d'un système
d'information où la précision des renseignements demandés
et le facteur temps seraient essentiels. Les informations recherchées ne
peuvent pas être fournies par les circuits traditionnels : croissance des
marchés, évolution des marchés, part des concurrents, prix
pratiqués, évolution des coûts de production,
évolution des procédés...
Le système dans lequel s'inscrit l'entreprise est
devenu complexe et recouvre les nombreux échanges de matières, de
capitaux et principalement d'informations.
Il s'agit donc, de savoir de quelle type d'informations
l'entreprise à-t-elle besoin pour s'adapter au changement d'un
environnement turbulent ?
Selon H. Lesca (1986)111(*), lorsque
l'entreprise ne traitait que des informations comptables, les informations
qu'elles produisaient avaient les caractéristiques suivantes :
- rétrospectives (historiques), dans la mesure
où elles expriment les opérations et les résultats
après coup ;
- introverties parce que ces informations décrivent
l'entreprise vue de l'intérieur ;
- quantitatives, car les informations s'attachent uniquement
aux quantités, coûts, prix, etc. ;
- certaines, car les informations sont, sauf erreur que l'on
s'efforcera de corriger, réputées justes, précises, voir
fidèles.
Ce type de système d'information qui se présente
comme un «rétroviseur» comptable de l'entreprise s'adapte aux
changements extérieurs avec un temps de retard, si la concurrence lui en
laisse encore la possibilité.
En ce moment, l'entreprise a besoin de se doter d'un autre
type de système d'information (complémentaire et non pas
concurrent) tourné vers l'extérieur et vers le futur, capable de
permettre à l'entreprise de « desserrer la contrainte du temps
», que les chercheurs en la matière ont appelé,
«Système d'information pour le management stratégique de
l'entreprise».
Les informations en question visent à éclairer
les options futures de l'entreprise, ses projets éventuels dans
l'avenir. Elles prennent place dans le processus de prise de décision
qui engagera l'entreprise pour de nombreuses années. Par
conséquent les informations utiles sont des informations prospectives
n'ayant que peu ou pas du tout de lien avec le passé de l'entreprise.
Elles doivent être recherchées ailleurs que dans la seule
mémoire de celle-ci.
Les informations utiles pour le management stratégique
renseignent, d'une part, sur les capacités, les forces et faiblesses de
l'entreprise et d'autre part, sur l'environnement et son évolution
auquel, l'entreprise devrait précisément s'adapter. Ces deux
types d'informations, les unes internes et les autres externes, sont absolument
indispensables pour le management stratégique.
IV.1.4. Technologie d'information et
changement
Le changement est aussi induit par l'évolution de la
technologie de l'information. L'informatique est en passe de devenir le premier
outil utilisé dans l'entreprise.
Selon R. Reix, (2002)112(*), les nouvelles
technologies de l'information (NTI) ont pour effet de faire gagner du temps
pour ajouter de la valeur. L'EDI (échange de données
informatisées), l'aide à la décision, la GED (gestion
électronique de document), le courrier électronique peuvent
être donnés comme exemples, lorsqu'ils sont mis en place dans un
contexte d'évolution.
En effet, dans ce contexte, l'entreprise est amenée
à augmenter son potentiel de réaction afin de mieux réagir
à l'évolution des marchés, à l'attaque de la
concurrence et à l'expression d'un nouveau besoin chez le client. Elle
pourra mieux répondre à l'exigence de qualité de ce
dernier, laquelle s'exprime aujourd'hui, aussi bien dans le secteur industriel
que dans le secteur des services.
IV.1.5. Les effets du système d'information sur
l'organisation
Selon R. Reix (2002)113(*), la conception d'un système
d'information a un impact sur la conception de l'organisation, les rôles
individuels et sur les processus de gestion.
S'agissant de la conception de l'organisation, R. Reix a
observé, dans la majorité des organisations, une
corrélation entre le développement de l'usage des technologies de
l'information et l'aplatissement de la structure. C'est-à-dire
qu'à effectif identique, on assiste à la réduction du
nombre de niveaux hiérarchiques. Cette corrélation a
été expliquée par l'amélioration de la
coordination, accrues par la facilité de communication et de traitement
et par les possibilités de communication directe.
L'auteur a, par ailleurs, démontré l'impact des
nouvelles technologies sur le degré de centralisation -
décentralisation. Cet impact est expliqué par le fait que
les technologies de l'information devraient permettre le transfert vers les
niveaux supérieurs de décisions prises auparavant à des
niveaux plus bas. Ce qui conduirait à la centralisation. Elles devraient
permettre aussi le transfert de décisions vers les niveaux
inférieurs, qui se traduit par l'accroissement du degré de
décentralisation. Selon G. P. Huber (1990)114(*), par l'usage des
technologies de communication et d'aide à la décision, la
centralisation est amenée à plus de décentralisation et,
inversement.
Traitant de l'impact du système d'information sur la
coordination, la formalisation et la standardisation, R. Reix a
constaté que le recours aux technologies de l'information s'accompagne,
en général, d'une augmentation sensible des degrés de
formalisation et de standardisation des procédés et que l'un des
résultats les plus immédiats de l'usage des technologies de
l'information est d'améliorer la coordination verticale (entre les
niveaux hiérarchiques) et horizontale (au même niveau
hiérarchique).
Lorsqu'il s'agit de la définition des rôles dans
l'organisation, celle-ci correspond au degré de
spécialisation, au niveau d'enrichissement des tâches et à
la relation au métier.
L'impact sur le degré de spécialisation est
expliqué par l'apparition de nouveaux rôles (programmeurs,
analystes, etc.), et la disparition d'autres (employé comptable, «
teneur de livres »).
L'impact sur l'enrichissement des tâches de
contrôle est traduit par l'incorporation d'expertise dans les
logiciels, tendant généralement à l'enrichissement des
tâches « analyse et auto-contrôle », et
conduisant normalement à plus d'autonomie et de responsabilité
de la part des exécutants. Par exemple, les personnes travaillant sur
des stations de travail connectées par des réseaux ont un
très fort sentiment de contrôle accru. Elles pensent que toutes
leurs opérations sont enregistrées et peuvent ainsi être
examinées, voire disséquées par des
«contrôleurs» anonymes à qui rien ne peut
échapper.
Enfin, les nouvelles technologies ont un impact sur la
relation au métier dans la mesure où, le travail devient
moins « physique » et plus intellectuel.
IV.1.6. Les effets du système d'information sur
les processus de gestion
Selon R. Reix (2002)115(*), les effets les plus probables de l'usage
des technologies d'information sur le processus de gestion, sont la
participation au processus de décision, l'intelligence des
problèmes, la rapidité et la qualité des décisions
et la mémorisation organisationnelle.
La participation au processus de décision s'observe
lorsque, par exemple, un système de messagerie électronique,
permet de consulter plusieurs personnes, quelle que soit leur position
(géographique, fonctionnelle, hiérarchique, etc.) dans
l'organisation.
L'intelligence des problèmes
apparaît lorsque, par exemple, en gestion des approvisionnements, la
surveillance continue des ventes réalisées, liée à
un modèle de déclenchement de commandes géré par
ordinateur, permet au gestionnaire d'identifier plus vite et mieux les produits
« à problèmes ».
La rapidité et la qualité des décisions
s'observent à travers l'utilisation de modèles, le recours
à des systèmes experts, la possibilité de simulation avant
le choix, etc.
Enfin, la mémorisation organisationnelle est traduite
par le stockage des informations. L'automatisme des technologies, permet de
constituer, à partir du traitement des transactions, des bases de
données qui forment les composants essentiels de la mémoire
organisationnelle.
En guise de conclusion, il semble que l'évolution du
système d'information se traduit par plus d'un effet sur les variables
de la structure organisationnelle. C'est ainsi que le changement du
système d'information constitue un domaine fondamental du changement
organisationnel.
IV.2. Système de planification
La planification est le processus qui consiste à fixer
les objectifs, déterminer les moyens nécessaires pour la
réalisation de ces objectifs et définir les étapes
à franchir pour les atteindre (Y. Enregle & al.
1985)116(*).
Selon P. G. Bergeron, (1989)117(*), lorsqu'elle est
concernée par le changement, la planification traduit le long terme et
elle est bien définie et structurée, plutôt qu'une
planification à court terme qui se base en grande partie sur des
intuitions.
La planification fournit aux responsables de l'entreprise un
guide d'actions et un moyen de prévoir le futur et de le gérer.
Elle consiste à répondre à quatre questions :
- Qu'elle est la situation actuelle ?
- Qu'elle est la situation future que l'on veut
construire ?
- Qu'elles sont les moyens à utiliser et les
méthodes à suivre pour y arriver ?
- Est-ce qu'une telle action permet à l'entreprise de
progresser ?
La planification présente plusieurs avantages pour
l'entreprise.
M. Zouaoui & al. (1999)118(*) en
distinguent dix avantages. L'un d'eux est celui qui permet de gérer le
changement que l'entreprise doit assumer en raison du changement de
l'environnement et des changements que nécessite la réalisation
des objectifs fixés.
Néanmoins, comme tout facteur de changement, la
planification se heurte souvent à des réticences qui se
manifestent de différentes manières (M. Capet & al.
1983)119(*) :
- Refus : la direction refuse d'introduire la
planification ;
- Réticences : les procédures existent sur
le papier mais les déclarations sont incomplètes, les
états existent mais ils sont faux, incomplètes ou arrivent en
retard ;
- Rejets : les procédures et les informations
existent, sont de bonne qualité, mais on refuse de s'en servir.
Deux grandes causes sont à l'origine de ces
phénomènes :
- La direction ne s'implique pas ; par exemple
lorsqu `elle ne fournit pas les informations qu'on attend d'elle ;
- La planification peut être mal faite ; par
exemple elle peut comporter des erreurs, lorsque les objectifs ne sont pas
adaptés à l'évolution de la conjoncture ou lorsque les
procédures sont très complexes.
Selon M. Zouaoui & al. (1999)120(*), les plans
qu'utilise l'entreprise sont de différents types. Ils sont
différenciés à partir de deux critères :
- leur objet et
- leur durée.
a- le critère « objet », distingue
entre les plans stratégiques et les plans opérationnels.
Les plans stratégiques sont ceux qui permettent de
positionner l'activité globale de l'entreprise par rapport à
l'environnement. Ils prévoient les rapports de l'entreprise avec son
environnement. Par exemple, déterminer quel type de technologie à
utiliser face au développement que connaît ce domaine ;
décider du comportement de l'entreprise sur le marché face
à la concurrence.
Les plans opérationnels s'occupent plutôt de
l'organisation interne de l'entreprise. Ils analysent et répartissent
l'activité de l'entreprise entre ses différents unités et
éclatent les objectifs de l'entreprise en sous-objectifs assignés
chacun à un service.
b- le critère « durée »,
distingue entre les plans à long terme, les plans à moyen terme
et les plans à court terme.
Les plans à long terme sont celles qui concernent une
période supérieure à huit ans. Ces plans
déterminent globalement la nature de l'activité de l'entreprise
et évaluent globalement ses résultats.
Les plans à moyen terme sont celles qui concernent une
période variant entre trois et huit ans. La durée de ces plans
varie en fonction de la longueur du processus « conception -
fabrication ». Ces plans sont établis tous les ans pour la
période à venir.
Les plans à court terme correspondent aux plans annuels
sont établis afin de prévoir les activités de l'entreprise
pour l'année à venir. Le plus connu de ces plans est le budget.
Selon J. P. Thibaut (1989)121(*), ces plans
devraient être formalisés puis, analysés et
réactualisés chaque année. Lors de sa première
formulation, ou des aménagements annuels, l'entreprise devrait, au
préalable, procéder à un diagnostic interne approfondi
pour détecter les « points forts et les points
faibles » de chaque fonction. Elle devrait aussi, procéder
à une analyse stratégique de ses activités et de sa
position concurrentielle sur le marché. A partir de ce diagnostic et de
cette analyse, la direction de l'entreprise procèdera à la
redéfinition, de manière formelle, ses grandes orientations et
les objectifs qu'elle se fixe à court et moyen terme.
Les plans stratégique et opérationnelle
devraient être, en principe, soumis à l'approbation de
l'équipe dirigeante (par exemple : le conseil d'administration dans
les cas d'une société anonyme).
IV.3. Système de contrôle
La fonction contrôle est celle qui permet au
gestionnaire de s'assurer de la mise en oeuvre des plans. Elle permet de juger
si les objectifs visés sont atteints ou non et pourquoi ils le sont ou e
les ont pas (P. G. Bergeron, 1989)122(*).
Bergeron a définit le contrôle comme étant
le processus qui permet à un gestionnaire d'évaluer sa
performance, de comparer les résultats obtenus à ses plans et
à ses objectifs et de prendre des mesures appropriés pour
remédier aux situations défavorables.
Ainsi le contrôle semble être étroitement
lié à la planification à travers laquelle sont
déterminés les objectifs et les moyens nécessaires pour le
réaliser. Il permet de vérifier si les objectifs fixés
dans le cadre de la planification (plans, budgets, ...) ont été
réalisés et si les moyens ont été employés
conformément aux prévisions. Le contrôle est donc, le
complément nécessaire de la planification.
Selon M. Zouaoui, lorsqu'il concerne le plan
opérationnel, il est dit contrôle opérationnel et est
lié au contrôle concomitant : il concerne les
opérations en cours. Ce contrôle a lieu selon les facteurs
suivants :
- La quantité,
- La qualité,
- Le temps d'exécution,
- Le coût de l'opération.
Les résultats de ces contrôles devraient faire
l'objet d'analyse et de comparaison avec les données correspondantes du
budget pour vérifier les réalisations et remédier aux
différences : c'est ce qu'on a convenu d'appeler le contrôle
budgétaire. Ce dernier relève donc du contrôle
opérationnel et constitue l'un des moyens du contrôle de gestion
les plus acceptés et les plus utilisés.
Lorsqu'il est concerné par le changement, le
contrôle implicite (de type individuel) remplacera le contrôle
explicite (de type policier). Le système de contrôle sera
considéré comme un outil de motivation plutôt qu'un outil
de répression. P. G. Bergeron (1989)123(*) .
En conclusion, dans un environnement dynamique, la
planification formalisée à l'avantage d'orienter le comportement
des individus dans l'entreprise pour les rendre plus rigoureux, attentifs et
précis. La prédominance de l'informel doit céder à
la formalisation ; le laisser aller, laisser faire et le manque de
rigueur, doivent céder à la précision. Le contrôle
est le processus qui permet de s'assurer que l'on est sur la bonne voix.
Quel que soit le domaine concerné par le changement,
(structure organisationnelle, comportement, systèmes d'information, de
planification et de contrôle), le changement procède dans la
pratique par un certain nombre de phases qui en constituent la démarche
à adopter pour introduire le changement dans l'organisation.
3ème chapitre : PRATIQUE DU CHANGEMENT
ORGANISATIONNEL
I. Mise en oeuvre d'un projet de changement
L'investissement en matière d'organisation semble
devoir être solide sur deux plans : une ouverture stratégique
significative et une mobilisation des acteurs qui devraient s'approprier du
projet.
En effet, selon S. Regout (2000)124(*)., une
démarche de changement devrait comprendre deux dimensions à
gérer simultanément : une dimension stratégique
tournée vers l'extérieur et une dimension sociale
procédant de l'attitude des membres de l'organisation face aux risques
associés aux changements qui les concernent directement.
Le même chercheur confirme que le succès d'un
projet repose sur la mise en place d'un dispositif de pilotage composé
de trois acteurs clés que sont :
- Le comité de pilotage, responsable des orientations
et de la décision d'investir,
- L'équipe projet, chargée des études et
de la conduite de changement,
- Le personnel de l'entreprise, directement concerné
par le changement.
Par ailleurs, Regout présente le projet de changement
en trois phases :
- L'écoute stratégique,
- La conception de l'organisation cible et
- La gestion de transition.
a) L'écoute stratégique correspond à un
diagnostic stratégique ayant pour objectif de mettre en relief les
forces et les faiblesses de l'organisation existante ainsi que les menaces ou
opportunités de son environnement. Il permet aussi, de mesurer la
sensibilité sociale du projet, d'évaluer les résistances
ou les exigences de telle ou telle catégorie d'acteur, d'identifier les
obstacles institutionnels, techniques ou financiers ; et enfin,
d'identifier les leviers de changement. Cette phase semble
nécessaire, dans la mesure où elle constitue d'abord, un
moyen d'accumuler, au sein de l'équipe projet, l'énergie requise
pour mener le changement. Elle va permettre, ensuite, d'éclairer et
d'orienter les décideurs sur l'opportunité d'investir et sur
l'envergure du changement envisagé.
b) La conception de l'organisation cible se
réfère à tout ce qui a été
évoqué lors de la phase précédente. Elle portera
sur la reconfiguration des processus, les unités de
responsabilité et le temps de travail, les métiers et les
rôles d'encadrement, le système de classification et de
rémunération, le système de mesure et de gestion, etc.
c) La gestion de transition correspond à
l'élaboration d'un scénario de transition et de la mobilisation
d'un dispositif d'action, sachant que la conduite du changement n'est pas
programmable comme un projet technique, parce qu'elle dépend fortement
des jeux d'acteurs et du contexte économique et social de
l'entreprise.
Enfin, il convient d'évaluer la démarche et les
résultats obtenus, comme cela devrait être le cas pour tout projet
d'investissement.
De son côté, Bergeron s'est
référé aux travaux de L. E. Greiner
(1967)125(*) , pour présenter la
méthode de changement en six étapes :
- Pression et incitation,
- Intervention et nouvelle orientation,
- Diagnostic et identification,
- Conception et collaboration,
- Expérimentation et recherche et
- Renforcement et acceptation.
a) La pression et l'incitation correspondent à la
perception des managers de l'impact du changement de l'environnement sur leur
organisation. C'est cette perception qui va les pousser à
réfléchir sur le changement.
b) L'intervention et la nouvelle orientation : le
comité de direction détermine une ligne de conduite dans le but
d'analyser la situation. Par exemple, on peut nommer un membre de l'entreprise
comme responsable de l'étude, engager un expert-conseil ou former un
comité ad hoc.
c) Le diagnostic et l'identification : cette étape
comprend une étude approfondie de la situation, afin que les dirigeants
soient en mesure d'évaluer la gravité du problème, de
mieux cerner les problèmes et d'engager les cadres inférieurs au
processus de changement.
d) La conception et la collaboration : il s'agit de
concevoir un scénario de solutions pour redresser les situations posant
des problèmes et de solliciter les idées, les suggestions ou les
propositions des gestionnaires de tous les niveaux de l'organisation.
e) L'expérimentation et la recherche : lors de
cette phase, le comité responsable du dossier procède à
des tests de vérification par l'intermédiaire de rencontres avec
différents groupes pour faire la synthèse des commentaires et
s'assurer que la répartition du « nouveau pouvoir » est
comprise et acceptée comme il se doit.
f) Le renforcement et l'acceptation : une fois que les
gestionnaires ont réagi favorablement aux modifications et que les tests
préliminaires sont probants, il reste à les appliquer à
l'ensemble de l'organisation.
En guise de conclusion les démarches exposées
ci-dessus ne présentent pas globalement, de différences
remarquables. Elles correspondent pratiquement à une seule
démarche structurée en trois étapes : le diagnostic,
le plan d'action et la mise en oeuvre du changement résultant.
Enfin, quel que soit le type ou quelle que soit la
démarche du changement, ce dernier se comprend comme un ensemble de
modifications apportées à l'organisation et aux individus en vue
d'atteindre un objectif bien précis, sa réussite semble reposer
sur un certain nombre de préalables qu'il convient d'observer.
II. Conditions de réussite du
changement
Selon D. Hellriegel (1992)126(*), aucune
méthode de changement de l'organisation n'a la moindre chance de
réussir si elle ne prend pas en compte tout ou partie des aspects
organisationnels suivants : le personnel, la tâche, la technologie,
la structure et la stratégie.
Ainsi, il semble que pour en arriver à des changements
durables, la direction doit intégrer toutes les composantes du
changement et percevoir le capital humain comme un instrument clé de la
réussite.
L'intégration de toutes les composantes du changement
correspond à l'exploration des diverses possibilités d'influences
concrètes que les résultats escomptés des changements
peuvent avoir sur les individus ou sur les groupes intéressés.
Pratiquement, il s'agit de repérer, préparer et construire les
zones où l'on estime avoir des négociations et de détecter
les points sur lesquels portera délibérément la
négociation des solutions avec les acteurs intéressés.
Par ailleurs et selon J. R. Shermerhorn.127(*), la réussite
du changement se base essentiellement sur la perception du capital humain
comme instrument de réussite ; celle-ci correspond
à la prise en compte du facteur humain dans le processus du changement.
En ce sens, il semble nécessaire d'associer au projet de changement, le
plus grand nombre d'individus possible et de diffuser
régulièrement les résultats obtenus. Il importe
également de tracer une ligne d'orientation, par rapport auquel, tous et
chacun peuvent s'identifier et pour que les ressources humaines aient une
vision, à la fois commune et cohérente, de la mission que
s'apprête à accomplir l'entreprise. Cette approche semble ne pas
garantir contre toute surprise. Par exemple, il est possible de détecter
des zones dans lesquelles on s'attendait à devoir négocier, alors
que finalement les acteurs auraient changé de tactique, faisant ainsi en
sorte de déplacer le terrain de négociation. A l'inverse, des
conflits imprévus pourraient obliger à négocier sur un
terrain qui était considéré comme ne posant aucun
problème. Il s'agit de reconnaître le caractère
forcément négocié de toute stratégie de changement
et, par conséquent, adopter une attitude consistant à
préparer cette négociation, plutôt que de se voir imposer
des ajustements trop tardivement et dans de mauvaises conditions.
De sa part, D. Pemartin (1987)128(*) conçoit la
réussite du changement sous des aspects différents de ceux de
Schermerhorn. Selon Pemartin, réussir le changement nécessite la
réponse à trois conditions :
- appréhender le changement comme un état et non
comme un moment ponctuel de crise et de déséquilibre,
- prendre en compte les réticences au changement et
- créer les conditions de la réussite du
changement.
a) Appréhender le changement comme un
état : il s'agit de procéder à des changements
permanentes faites par touches successives, plutôt qu'à des
changements profondes et brutales. Lorsque des micro-changements font partie de
la vie quotidienne de l'organisation, cette dernière diminuera la
probabilité d'être confrontée à des modifications
trop marquées. A cette condition, la pratique de micro-changements
permanents permettra à l'entreprise d'avoir à faire face à
des évolutions et non à des révolutions. En effet, une
transformation radicale des règles de fonctionnement, sous la pression
de l'environnement, semble être parfois l'expression d'un échec au
niveau du management lorsque les cadres n'ont pas su préparer l'avenir.
Aussi, les décisions trop différées conduisent souvent les
organisations à prendre du retard par rapport à la concurrence,
ce qui se traduit, entre autres, par une situation économique difficile
ou un climat de travail conflictuel. Il est aussi évident que le
changement dans l'urgence est beaucoup plus difficile à réaliser
et que les risques d'échec sont alors intensifiés.
b) Prendre en compte les réticences au
changement : selon l'auteur, l'introduction d'une nouveauté
s'accompagne d'une modification dans l'équilibre des forces en
présence, provoquant la réticence qu'il serait
inconséquent d'ignorer. Le changement ne se traduira positivement que
si les réticences sont combattues énergiquement. Ne pas prendre
en considération les personnes intéressées et leurs
propositions peut avoir des effets négatifs très graves sur les
plans individuel et collectif. En effet, un changement qui échoue peut
avoir de multiples conséquences financières, temporelles et
relationnelles. Une tentative malheureuse augmentera encore la suspicion, le
malaise et les critiques à l'égard de toutes les propositions
ultérieures. Il serait donc inconséquent de ne pas s'interroger
sur les résistances prévisibles et de ne pas élaborer de
méthodes pour les minimiser.
c) Créer les conditions de la réussite du
changement : selon M. G. Bédard & al. (1995)129(*), la réussite
du changement dans les organisations ne paraît possible que si les
conditions suivantes sont réunies : provoquer des scénarios de
changement positifs, faire des interventions réfléchies,
solliciter un engagement envers l'objectivité et la rationalité
et former les cadres à la pratique du changement.
- provoquer des scénarios de changement positifs dans
le sens où, le changement devrait s'accompagner de méthodes
pertinentes d'instauration. Le changement ne doit pas être l'occasion
pour les salariés de prendre conscience qu'ils sont victimes d'ordres
paradoxales.
- faire des interventions réfléchies, dans le
sens où, les solutions devraient être déterminées en
fonction des spécificités de l'entreprise et des problèmes
posés. Aucune solution pertinente ne pourrait être
découverte si l'on ne se donnerait pas les moyens de définir avec
précision le problème à résoudre.
- solliciter un engagement envers l'objectivité et la
rationalité : un des buts, que devraient poursuivre les promoteurs
du changement organisationnel, serait de faire en sorte que les membres
deviennent des moteurs potentiels du changement. L'anxiété, la
peur de l'incertitude ou de l'inconnu peuvent toujours provoquer la
prédominance de réactions émotionnelles aux dépens
de l'objectivité et de la rationalité, conditions
nécessaires à l'établissement du changement.
- former les cadres à la pratique du changement : le
rôle des cadres est considérable lors de l'introduction du
changement. Ce sont eux, en particulier, qui décident d'utiliser ou non
les techniques appropriées pour obtenir l'effet escompté. Une
maladresse de leur part, pourrait condamner l'évolution, même si
elle n'est parfois qu'apparente. Ainsi, la formation des cadres à la
pratique du changement est essentielle (initiation aux techniques d'animation,
connaissance des méthodes de changement, analyse transactionnelle,
etc.).
En conclusion, réussir le changement semble constituer
la problématique essentielle des entreprises contemporaines. Trop
longtemps, l'immobilisme a été la règle. Or, les
évolutions devraient s'inscrire dans la vie quotidienne des
organisations, afin de ne pas devoir s'effectuer dans l'urgence et de ne pas
être trop profondes.
Vouloir introduire des transformations suppose que des mesures
appropriée» aient été prises au niveau de la
politique générale de l'entreprise. La manière de mettre
en place le changement, en suscitant la participation des salariés et le
suivi de l'opération, devraient être aussi l'objet d'une attention
particulière. La survie des entreprises (voire leur
développement) ne peut s'obtenir que si de nombreuses conditions sont
satisfaites. L'une des plus importantes est d'avoir l'acceptation
véritable des salariés.
Beaucoup de projets de modification avortent, compte tenu des
résistances exprimées par les personnels auxquels on en fait
d'ailleurs le reproche.
Pourtant la résistance au changement est un
phénomène (ayant des explications affectives et rationnelles,
individuelles et collectives), si on veut l'atténuer, il faut le
comprendre avant de la condamner.
III. La résistance au changement
Les pressions qui pèsent sur les organisations pour
qu'elles changent sont permanentes. Il est également inévitable
que les individus résistent au changement, du moins dans une certaine
mesure. Les causes de la résistance au changement sont diverses. La
résistance au changement est un des problèmes les plus
déroutants qu'affrontent les managers car elle prend les formes les plus
diverses.
III.1. Les causes de la résistance au changement
Grouard et Meston (1995)130(*) expliquent la
résistance au changement tantôt par une absence de prise de
conscience du problème, une relégation au second plan du
problème identifié, un manque de connaissance et/ou de
compréhension de la solution, le rejet de la solution, tantôt par
la peur des conséquences anticipées de la solution, les moyens
disponibles, le manque d'intérêt réel ou encore par des
blocages mentaux.
K. Ben Kahla (1999)131(*) attribue la résistance au changement
à des contraintes structurelles trop fortes, une incompréhension
de la part des acteurs des actions d'ordre organisationnel, ambiguës,
ambivalentes ou incertaines; un sentiment d'injustice face aux changements
imposés et/ou un manque de motivation des acteurs lorsque les acteurs du
changement sont conscients du besoin de changement. Ceux-ci compareraient alors
le coût du statu quo au coût du changement et peuvent ou non
décider d'adhérer à celui-ci en fonction de leur
estimation de ces mêmes coûts pour les autres groupes de
l'entreprise.
D. Permartin (1996)132(*) classe les facteurs conduisant à la
résistance au changement en trois catégories :
- Les facteurs individuels : ils relèvent de la
personnalité de l'acteur, de l'anxiété qu'il ressent, de
la méfiance qu'il développe, des questions inévitables
qu'il se pose, de la perte de ses repères et des transactions qu'il
réalise dans un contexte de changement.
- Les facteurs structurels et conjoncturels à savoir
les conditions de travail, le fonctionnement organisationnel (par exemple le
degré de bureaucratisation), le climat de l'entreprise et la
manière d'introduire le changement.
- Les facteurs collectifs de culture tels que (normes,
règles, système de valeurs), ou en rapport avec les
stratégies syndicales ou autres groupes statutaires, catégoriels,
corporatistes.
De ces diverses causes de résistance, M. G.
Bédard & al. (1995)133(*) en fournit l'essentiel et qui sont :
- l'incertitude,
- l'intérêt personnel,
- les perceptions différentes et
- la peur de perdre certaines relations d'affaires :
a) L'incertitude est la réaction qui se manifeste
par l'inquiétude et la nervosité des employés face
à un projet de changement. Les employés vont se poser certaines
questions sur ce qui va se produire, sur l'aptitude à remplir les
nouvelles tâches, sur le nouveau patron auquel on aura à rendre
compte sur les nouveaux subalternes, les nouveaux collègues de travail,
etc.
b) L'intérêt personnel : lorsque surgissent
des changements dans la structure d'une entreprise, les personnes
concernées par ces transformations sont portées à
conserver leur pouvoir et garder leur prestige.
c) Les perceptions différentes se produisent
lorsque les gestionnaires de différents niveaux ne voient pas les
problèmes dans la même optique, que les renseignements ne sont pas
transmis clairement, ou que les communications ne sont pas efficaces et
perturbent la diffusion de l'information.
d) La peur de perdre certaines relations d'affaires : un
travailleur qui occupe un poste pendant plusieurs années craint les
changements dans la nature de son travail et dans ses relations de travail. Des
modifications dans sa tâche comportent souvent de nouvelles
responsabilités. Ce même individu risque de devoir quitter son
local, son personnel, sa secrétaire et son adjoint à
l'administration. De plus, le réseau de communication qu'il entretenait
avec ses patrons, ses subordonnés et ses collègues de travail
peut être sensiblement altéré.
Selon D. Hellriegel & al. (1989)134(*) la
résistance peut se manifester de deux façons :
- Une résistance ouverte ou explicite peut prendre la
forme de grèves, d'une diminution de la productivité, de
négligences dans le travail ou même de sabotages.
- Une résistance sourde ou implicite peut s'exprimer
par un accroissement des retards et de l'absentéisme, des demandes de
mutation, des démissions, une perte de la motivation, une baisse du
moral et un regain d'accidents ou d'erreurs.
La résistance au changement se présente donc,
comme indissociable de ce dernier dans toutes ses perspectives, sociale -
politique - stratégique - organisationnelle - culturelle -
comportementale ...
La résistance peut se traduire par des réactions
minimes et qui peuvent passer inaperçus par le manager, ou des
réactions agressives qui se manifestent d'une manière ouverte.
Les managers, de même que les employés, ont donc, besoin de savoir
et comprendre les raisons et les causes de la résistance au changement.
Mais il ne faut pas croire que la résistance au changement ne puisse
jamais cesser complètement. Les managers devraient apprendre à
déceler et à pallier une grande partie des causes de la
résistance au changement et se conduire ainsi en agents plus efficaces
du changement dans l'organisation.
III.2. Comment réduire la résistance au
changement ?
Savoir surmonter la résistance au changement
nécessite d'abord la compréhension des situations qui ont
généré le changement.
Une méthode a été mise au point par K.
Lewin (1951)135(*), se basant sur l'analyse du champ des
forces. Lewin considère le changement comme un équilibre
dynamique de forces, agissant dans des directions opposées. Certaines
forces (les diverses résistances au changement) agissent en faveur du
statu quo, d'autres pressions diverses agissent en sens contraire et poussent
au changement.
Pour introduire un changement, il convient d'abord, d'agir
pour modifier l'équilibre des forces existant. Selon Lewin, on peut
tenter de changer la situation en adoptant l'approche suivante qui se
présente en trois phases :
- Augmenter la force des pressions vers le changement,
- Réduire ou supprimer complètement les forces
de résistance au changement,
- Changer la direction d'une force, c'est-à-dire
transformer une force de résistance en une pression favorable au
changement.
Ce modèle, présente deux avantages
essentiels :
- En premier lieu, il oblige les managers à analyser la
situation dans laquelle ils se trouvent. En apprenant à diagnostiquer
les forces qui poussent ou résistent au changement, les managers
devraient se montrer de plus en plus capables de comprendre les aspects propres
à toute situation propice au changement et
- En second lieu, il met en évidence les facteurs qui
peuvent être changés et ceux qui ne le peuvent pas.
A partir de l'analyse du champ des forces, le manager cherche
à savoir quelles résistances sont les plus faciles à
réduire ou à supprimer et il commence à agir en
conséquence. Néanmoins, il semble que cette analyse ne garantit
pas toujours le succès du changement. Il se peut qu'une pression
excessive engendre des changements à court terme, mais
l'opération peut présenter un coût élevé. En
effet, toute pression trop forte sur des individus et des groupes risque de
perturber et de déséquilibrer l'organisation. Souvent, la
façon la plus efficace de procéder aux changements
nécessaires consiste à identifier les résistances
existantes au changement et à s'efforcer d'en supprimer ou d'en
réduire le plus possible.
Une démarche de la méthode proposée par
Lewin, pour changer les comportements, mérite d'être
analysé. Elle consiste à gérer et à diriger
soigneusement le changement à travers un processus qui s'applique en
trois étapes : déverrouiller, modifier et reverrouiller.
a) Déverrouiller : c'est la première
étape de la démarche. Il s'agit généralement, de
réduire les forces qui perpétuent le comportement de
l'organisation tel qu'il est. Par exemple : en introduisant une
information qui met en évidence les écarts existants entre les
comportements souhaitables de la part des membres de l'organisation et leurs
comportements effectifs.
b) Modifier : cette étape est celle qui consiste
à faire passer l'organisation ou le département d'un comportement
à un autre. Elle conduit à l'adoption de nouveaux comportements,
valeurs et attitudes grâce à des changements introduits dans les
structures et les procédures de l'organisation.
c) Reverrouiller : la dernière étape
consiste à stabiliser le nouvel équilibre de l'organisation. Pour
y parvenir il faut souvent recourir aux mécanismes de soutien qui
consolident le nouvel état de l'organisation, notamment la culture, les
normes, la politique et les structures organisationnelles.
III.3. Les moyens permanents de lutte contre la
résistance au changement
Le phénomène de résistance au changement
est très complexe à combattre, de par la diversité de ses
origines et la multiplicité de ses manifestations.
Selon D. Pemartin (1987)136(*), il existe
différents moyens permanents de lutte contre la résistance au
changement : la formation, la promotion, l'information et
l'institutionnalisation du changement.
a) La formation : selon Pemartin, le manque de
connaissances accentue le sentiment d'inconnu, d'impuissance face à
certaines situations. Par ailleurs, l'exercice d'une activité trop
limitative s'accompagne, souvent, d'une perte de compétences. Ce
phénomène semble être une conséquence
inévitable et qui devrait être combattue énergiquement. A
contrario, l'apport de connaissances nouvelles s'accompagne souvent de la
volonté de les appliquer par la suite. Ainsi, il est
particulièrement fréquent de constater que les salariés
reviennent de stages de formation continue avec le désir d'utiliser les
apports qui leur ont été faits. La formation apparaît donc,
indispensable, car si l'entreprise ne permet pas aux individus d'actualiser
leurs connaissances, alors elle accepte l'idée de son déclin
futur, imputable à un niveau moyen insuffisant de culture industrielle
des salariés. Sinon, des changements, mêmes minimes, seraient
perçus comme non envisageables par la majorité des
salariés. La formation continue apparaît, encore, comme une
stratégie essentielle dans la recherche du changement. Elle peut
être au service du salarié pour lui permettre de suivre
l'évolution technologique dans sa spécialité. Enfin, elle
ne doit pas se contenter de suivre le changement. Elle se doit de provoquer
chez les individus des évolutions qui puissent être à
l'origine de changements dans le cadre du travail.
b) La promotion : c'est aussi un moyen efficace pour
lutter contre la résistance au changement, dans la mesure où il
devrait avoir pour effet d'améliorer le degré d'engagement de
l'employé (participation, créativité, implication, etc.).
En effet, les personnels demandent d'obtenir des bénéfices en
échange de leur participation, de leur implication, de leur
créativité. Il est évident que les salariés seront
d'autant plus novateurs qu'ils en retireront des avantages.
c) L'information : celle-ci ne doit pas être
ponctuelle et limitée au moment du changement. Elle devrait faire partie
des actions continues qu'une organisation responsable se doit de
développer. A la limite d'ailleurs, quand cet objectif constant n'est
pas poursuivi, une information que l'on développe à un moment
donné, pour une raison particulière, pourrait aller à
l'encontre du but recherché. Cette information pourrait réveiller
la méfiance des employés en se demandant pourquoi la direction
change d'attitude. Elle pourrait augmenter les remarques acerbes du genre :
« Ils ne nous informent que lorsqu'ils ont besoin de nous... ».
d) L'institutionnalisation du changement :
institutionnaliser le changement correspond à saisir le changement comme
un état mais non un moment. C'est dire que le changement devrait fait
partie de la vie de tous les jours. En effet, un problème n'est
jamais totalement résolu, il l'est momentanément et partiellement
ce qui impliquera des réaménagements futurs. De plus, c'est par
cette « institutionnalisation » du changement que l'on
évitera d'être confronté à des évolutions
trop brutales qui ne pourraient que susciter l'opposition.
Ainsi, nous pouvons conclure que les époques où
une entreprise pouvait se contenter d'aborder les problèmes à
court terme sont révolues. L'organisation ne peut pas vivre dans le
présent, celui-ci est trop changeant et l'amènerait à des
modifications incessantes sans ligne directrice. Le présent d'une
entreprise ne prend sa signification que par rapport à une projection
dans l'avenir, à des objectifs éloignés.
Enfin, si le changement procède, par plusieurs
étapes qui concernent la prise de connaissance du problème, le
diagnostic, l'élaboration des solutions et d'un plan d'action,
l'exécution de ce plan et l'évaluation des action
réalisées, tout en essayant de faire face à la
résistance des employés, alors il devrait en principe,
correspondre au programme de mise à niveau, considéré
comme changement délibéré engagé par les
entreprises en vue d'améliorer leur niveau de
compétitivité et qui se réalise selon un schéma
d'action identifiable à celui de la littérature.
4ème chapitre : Programme de mise à
niveau : le changement
I.
Programme de mise à niveau et Changement : contexte
La mise à niveau - fabriquer de meilleurs produits, le
faire avec le plus d'efficience ou évoluer vers des activités
plus « qualifiées » - a souvent été
évoquée dans la littérature relative à la
compétitivité (E. Giuliani & al. 2002)137(*). Elle recouvre
quatre types différents de mise à niveau : la mise à
niveau des processus, la mise à niveau du produit, la mise à
niveau fonctionnelle et la mise à niveau intersectorielle.
a- La mise à niveau des processus correspond
à la transformation des inputs en outputs, de manière efficiente
en réorganisant le système de production ou en introduisant une
technologie supérieure.
b- La mise à niveau du produit c'est
l'évolution de l'entreprise vers des lignes de produits plus
sophistiquées.
c- La mise à niveau fonctionnelle se traduit par
l'acquisition de nouvelles fonctions supérieures dans une chaîne -
design, marketing - ou l'abandon des fonctions génératrices de
faible valeur ajoutée.
d- La mise à niveau intersectorielle, c'est
l'application des compétences acquises dans une fonction
particulière pour fins de transfert vers un nouveau secteur.
Si la mise à niveau se conçoit comme un moyen
pour améliorer le niveau de compétitivité d'un
système économique, son application reste avant tout contextuelle
et concerne tout à la fois la structure de l'industrie et le
comportement des firmes (D. Ernst, 1998)138(*).
Le programme de mise à niveau des entreprises
industrielles a été institué en Tunisie dans le but de
préparer le tissu industriel à faire face à la concurrence
internationale, aussi bien sur le marché local qu'international.
Depuis le début des années 90, l'environnement
économique international s'est fait marqué par des mutations
profondes, rapides et complexes des modes de production, de distribution et
d'organisation de toutes les industries et par la libéralisation et
l'ouverture des économies.
La libéralisation et l'ouverture se sont
matérialisées principalement pour la Tunisie, par
l'adhésion aux côtés de quelques 120 pays à
l'Organisation Mondiale du Commerce "OMC" et par la signature de l'accord
euro-méditerranéen (juillet 1995), établissant une
association entre l'Union Européenne et ses Etats membres d'une part et
la République tunisienne d'autre part.
Depuis ces accords, la politique du gouvernement tunisien
s'est orientée davantage vers la promotion d'une économie ouverte
et concurrentielle. Ces accords offrent à l'industrie tunisienne
l'opportunité de s'introduire dans l'espace économique
européen, espace développé, qui représente le plus
grand marché du monde avec plus de 350 millions de consommateurs. Ils
mettent, par contre, la Tunisie face à l'impératif de la mise
à niveau de son environnement économique, financier,
réglementaire et social, de son système de production et de son
tissu industriel (extrait de l'ouvrage de M. L. Dhaoui, 1996)139(*).
La référence à la littérature du
changement organisationnel de l'entreprise, permet de considérer que le
programme de mise à niveau ressemble à un programme de changement
induit par la turbulence de l'environnement de l'entreprise tunisienne. Il
semble correspondre à une stratégie de changement voulu, car la
mise à niveau de l'entreprise émane d'une logique de
stratégie de développement économique dans un
environnement marqué par une tendance à la globalisation des
économies. Il vise, essentiellement, le gain de
compétitivité de l'entreprise industrielle en Tunisie.
Ainsi, le programme de mise à niveau peut constituer un
facteur externe qui pousse l'entreprise tunisienne à changer, afin
qu'elle puisse assurer sa pérennité dans une économie qui
passe de la protection à l'ouverture.
II. Situation de l'environnement de l'entreprise
tunisienne à la veille de l'accord
Euro-méditerranéen : nécessité de
changer
A la veille de la mise en oeuvre de la politique d'ouverture,
plusieurs études ont été élaborées, afin de
dégager les difficultés d'adaptation et d'intégration de
certaines entreprises industrielles tunisiennes à la dynamique de la
concurrence internationale
Selon A Dhaoui (1996)140(*), ces études
ont révélé, entre autres, les insuffisances
suivantes :
- insuffisances liées à l'infrastructure
institutionnelle,
- insuffisances liées aux compétences
managériales et
- insuffisances liées aux comportements financiers
II.1. Insuffisances liées à
l'infrastructure institutionnelle
Les insuffisances liées à l'infrastructure
institutionnelle comptent parmi les causes des difficultés de
l'entreprise industrielle. Elles sont parfois liées à la
composition de l'infrastructure institutionnelle et parfois à la
structure du système industriel.
a) Contraintes d'ordre structurel : selon A. Dammak
(1995)141(*), parlant de l'environnement
économique tunisien à la veille de l'accord conclu entre l'union
européenne et la Tunisie, les nouvelles données de
l'environnement régional et international imposent une refonte totale
des structures de cette économie. Ces structures, construites sous le
règne d'une protection excessive et ouvertes partiellement à
une petite dose de concurrence, semblent fragiles, peu compétitives
et pas du tout prêtes pour subir une concurrence trop forte.
b) Lorsqu'on parle des insuffisances liées à
l'infrastructure institutionnelle, on fait allusion à la
défaillance du système d'information, l'inadaptation du
système financier, la rigidité de certaines législations
(de change, sociale, commerciale, etc.) et la marginalisation des
activités de recherche et de développement. Sans remettre en
cause les efforts entrepris et déployés, tant pour l'appui que le
support de l'industrie en matière d'accès et d'exploitation
d'informations, de recherche et de soutien à l'innovation technologique,
des difficultés semblent persister dans le domaine industriel. Par
exemple le CEPEX (centre de promotion des exportations) représente la
seule institution qui couvre la promotion de tout produit / service tunisien
à l'étranger.
c) Contraintes liées à la structure du
système industriel : le tissu industriel est composé
essentiellement de petites et moyennes entreprises PME, représentant
environ 96% du total des entreprises tunisiennes. Leur structure et leur
organisation présentent certes l'avantage de souplesse et de
flexibilité. Cependant, nombre d'entre elles sont handicapées
par la faiblesse de la capacité de production, de management et de
marketing, notamment à cause de leurs tailles, de leurs capacités
financières, de gestion très limitées et de l'insuffisance
de leurs économies d'échelle.
II.2. Insuffisances liées aux compétences
managériales
La plupart des enquêtes menées en France et en
Tunisie, portant sur les défaillances et les difficultés
d'entreprises industrielles, attribuaient leur échec au mode de
management : insuffisances en matière de gestion et insuffisances
liées à la compétence des dirigeants (M. L. Dhaoui,
1996)142(*).
Traitant des problèmes de gestion, le tableau
ci-après souligne quelques insuffisances de la gestion des entreprises
tunisiennes, susceptibles d'entraver la réalisation des activités
d'analyse, de planification, de contrôle, de coordination et
d'animation.
Appréciation du système de contrôle de
gestion
|
15 %
|
52 %
|
32 %
|
1 %
|
système à aménager
|
système à reformer entièrement
|
système inexistant à mettre en place
|
en restructuration
|
Maîtrise des principes de contrôle de gestion
|
22 %
|
21 %
|
57 %
|
|
maîtrisent ses principes
|
ne les maîtrisent pas assez
|
ne les maîtrisent pas du tout
|
|
Maîtrise des missions de contrôle de gestion
|
22 %
|
4%
|
74 %
|
|
maîtrisent ses missions
|
ne les maîtrisent pas assez
|
ne les maîtrisent pas du tout
|
|
Existence d'un système de comptabilité
associé à la délégation des
responsabilités
|
25 %
|
2 %
|
73 %
|
|
disposent d'un système associé
|
disposent d'un système différent
|
n'en disposent pas
|
|
Recours aux techniques d'aide à la décision
|
11 %
|
4 %
|
85 %
|
|
y font recours
|
y font recours partiellement
|
n'y ont jamais fait recours
|
|
Existence d'un système d'évaluation des
coûts
|
21 %
|
3 %
|
76 %
|
|
disposent d'un système approprié
|
disposent d'un système pas assez performant
|
partiellement performant
|
|
Appréciation du contrôle budgétaire
|
24 %
|
10 %
|
66 %
|
|
ont un système de contrôle budgétaire
performant
|
n'en disposent pas encore
|
le système fait défaut
|
|
Tableau n° 3 : Résultat d'une
enquête auprès de 100 entreprises tunisiennes
(Source : M. Dhaoui, 1996, p. 62)
D'autres insuffisances liées au management de la
fonction marketing / vente ont été constatées. En
effet, les PME oeuvrent, pour la plupart, dans des secteurs hautement
concurrentiels, disposent de moyens très modestes et aussi pour d'autres
raisons (incompétence, ignorance, coûts, etc.), ne peuvent se
permettre d'assurer que les activités élémentaires de la
fonction marketing - vente (tarification, publicité, vente à
l'export). D'autres activités telles que stratégie
commerciale, études marketing, recherche & développement,
promotion de ventes, etc. ne sont pas remplies.
II.3. Insuffisances liées aux comportements
financiers
Une analyse financière de 35 entreprises industrielles
tunisiennes menée par M. L. Dhaoui a permis de constater les
insuffisances suivantes :
- Un déséquilibre financier des entreprises
enquêtées : les fonds propres sont généralement
insuffisants eu égard aux besoins des entreprises,
- Un recours très poussé vers l'endettement
à court terme qui fait aggraver le déséquilibre de la
structure financière,
- Une insuffisance des ressources propres (capacité
d'autofinancement) : le recours à l'endettement se traduit
excessivement par des frais financiers et qui a absorbé plus de 50% de
l'E.B.E. au cours des trois exercices retenus dans 68% de cas de
l'échantillon étudié et
- Une incitation juridique à créer des
entreprises industrielles avec un déséquilibre financier et une
attraction à l'emprunt ont privilégié le recours massif
à l'endettement au lieu d'utiliser des fonds propres.
Devant cette situation et après la signature de
l'accord de libre échange avec l'union Européenne, des mesures
transitoires d'appui et d'accompagnement ainsi qu'une assistance technique et
financière ont été conçue, afin de préparer
les entreprises industrielles et leur environnement.
En guise de conclusion, le PMN projette de pallier à
toutes les insuffisances présentées ci-dessus, qui semblent
correspondre aux différents domaines de changement traités par la
littérature, à savoir : la structure de l'entreprise, les
comportements, les compétences, le style de management et les
systèmes fonctionnels de l'entreprise.
Parce qu'il correspond à un programme de changement, la
réussite du PMN requiert la mise en place des conditions
préalables nécessaires et l'instauration de tout un environnement
motivant le changement.
III. Environnement du programme de mise à
niveau
Bien qu'il n'y ait aucun texte de loi qui semble l'avoir
défini ; des documents et notes d'informations émanant du
Ministère de l'industrie, ainsi que des discours officiels portent le
programme de mettre à niveau l'entreprise industrielle143(*) et son
environnement. Ce dernier devrait faire l'objet d'actions visant la
redéfinition et la refonte du rôle de l'administration et des
structures de réglementation, de contrôle, de promotion, de
qualité, d'appui et d'analyse, d'assistance aux structures de
production, de renforcement des moyens et des structures de formation
professionnelle.
Le programme de mise à niveau de l'entreprise
proprement dit est du ressort des structures ad hoc de pilotage
composées d'un comité de pilotage (COPIL) et d'un bureau de mise
à niveau qui en assure le secrétariat général.
Le COPIL a pour rôle d'examiner les demandes des
entreprises industrielles désireuses de bénéficier du
programme de mise à niveau et d'octroyer des primes à la
restructuration. Il est présidé par le ministre de l'industrie ou
son représentant et comprend des représentants des
ministères de l'industrie, des finances, de la coopération
internationale, de l'investissement extérieur et du développement
économique, des représentants de l'UTICA, de l'UGTT et des
institutions financières.
Créé par l'article 15 du décret 95-917 du
22 mai 1995 portant sur l'organisation du Ministère de l'industrie, le
bureau de mise à niveau dispose de diverses attributions :
- Définir et mettre en oeuvre la politique du
gouvernement dans le domaine de la mise à niveau de l'industrie et de
l'amélioration de la compétitivité du produit
industriel,
- Assurer la coordination dans ce domaine,
- Procéder aux études nécessaires pour
l'amélioration des programmes de mise à niveau de l'industrie en
collaboration avec les services et organismes spécialisés,
- Assurer en coordination avec les ministères
concernés, la programmation des sources de financement
intérieures et extérieures allouées aux différents
programmes de restructuration et de mise à niveau,
- Négocier les programmes de financement au niveau
bilatéral, multilatéral et régional relatifs aux domaines
de mise à niveau et d'amélioration de la
compétitivité industrielle en coordination avec les
ministères concernés et
- Procéder avec le concours des services
intéressés et des organismes d'appui à l'industrie
à l'élaboration, l'exécution, et le suivi des programmes
de mise à niveau du secteur industriel.
Quatre principaux acteurs ou groupes d'acteurs interviennent
dans le processus d'engagement pour la mise à niveau :
l'entreprise, l'institution financière (banque) le bureau de mise
à niveau et le COPIL.
La procédure de traitement des dossiers transmis au
bureau de mise à niveau par les entreprises candidates au programme,
(contenant une demande, la fiche projet dûment remplie, le rapport de
diagnostic stratégique global et le plan de mise à niveau ainsi
que les conditions de forme et de fond à suivre), commence après
vérification par ledit bureau par l'évaluation du projet. Une
fois le plan de mise à niveau accepté, le bureau inscrit le
dossier à l'ordre du jour et le présente au comité de
pilotage pour examen et avis. Le COPIL peut approuver, demander un
approfondissement du plan de mise à niveau pour un réexamen
ultérieur, ou rejeter le dossier ; dans ce cas le dossier est
réorienté éventuellement vers le bureau d'assistance aux
entreprises en difficultés.
Plusieurs sortes de fonds sont prévues pour financer
les primes accordées aux entreprises retenues pour le programme de mise
à niveau et de restructuration industrielle : le FODEC (fonds de
développement de la compétitivité), le FOPROMAT (fonds de
promotion et de maîtrise de la technologie), les nouveaux systèmes
adaptés aux besoins de financement comparables au FOPRODI, adapté
aux besoins et contraintes des entreprises ( prêts participatifs
crédits de financement des investissements de mise à niveau), le
mécanisme de garantie ou la révision du fonds national de
garantie.
Le premier vise le financement des actions relatives à
l'amélioration de la qualité, le financement des études
sectorielles, l'accord de subvention aux centres techniques et toutes actions
dans le sens du développement de la compétitivité.
Pour les actions à caractère immatériel,
les primes octroyées sur la base du FODEC sont de l'ordre de :
- 70% du coût total des études de diagnostic et
de plan de mise à niveau,
- 20% de la part de l'investissement de restructuration
financé par des fonds propres et
- 10% du reliquat de l'investissement de restructuration
financé par d'autres ressources.
Pour les actions à caractère matériel,
les primes sont de l'ordre de :
- 20% du coût total lorsque le matériel est
financé par les fonds propres de l'entreprise et
- 10% du coût total lorsque le matériel est
fiancé par des crédits.
Le second (FOPROMAT), en place depuis 1990, a pour objet de
contribuer au financement des opérations relatives à
l'acquisition et à la maîtrise de la technologie au profit des PME
en vue de renforcer le taux d'intégration industrielle et le
degré de compétitivité de ces entreprises. Il finance les
opérations suivantes :
- réalisation d'audits technologique et de
qualité (aide financière de 50% du coût global de
l'opération avec un plafond de 10 000 dinars),
- réalisation d'études préalables aux
investissements technologiques (aide financière de 50% du coût
global de l'opération avec un plafond de 10 000 dinars),
- acquisition d'équipement de conception et de
contrôle à caractère technologique (aide financière
de 50% du coût global de l'opération avec un plafond de 100 000
dinars) et
- assistance technique à la réalisation
d'opérations de restructuration pour l'amélioration de la
qualité des produits fabriqués et la compétitivité
de l'entreprise autres qu'énumérées ci-dessus (aide
financière de 50% du coût global de l'opération avec un
plafond de 50 000 dinars).
Outre les fonds distribués sous forme de subventions,
les crédits octroyés par les établissements financiers
dans le cadre du PMN (c'est-à-dire éligibles aux concours du
FOPRODI) ainsi que les participations des SICAR réalisées dans
les petites et moyennes entreprises travaillant dans les secteurs des
industries manufacturières et des services et bénéficiant
des concours du FOPRODI, sont garantis par le Fonds National de Garantie (FNG).
Cette garantie correspond à :
- La prise en charge des intérêts
découlant des montants impayés en principal des crédits
déclarés au Fonds et ce, durant la période allant du
début de l'engagement par la banque des procédures judiciaires de
recouvrement contentieux du crédit jusqu'à la prise en charge par
le FNG de la part lui revenant du crédit irrécouvrable ;
- La prise en charge d'une proportion allant de 50% à
90% des crédits irrécouvrables. L'intervention du FNG porte sur
les montants en principal du crédit irrécouvrable à
hauteur de deux tiers (2/3) par le FNG et un tiers (1/3) par la banque.
Plus concrètement, plusieurs fonds et avantages sont
accordés à l'entreprise engagée dans le processus de mise
à niveau et se prêtent à un double usage : supporter
les actions envisagées dans les investissements matériels et
immatériels.
Alors que le matériel renvoie à l'acquisition de
nouveaux matériels, outillages... nécessaires à la
production et au support des processus de gestion, remplaçant ainsi
l'outillage technique vétuste ; l'immatériel concerne
l'acquisition de l'expertise par l'implantation d'outils et techniques de
gestion ainsi que par la formation du personnel, afin d'une part, de mieux
porter un contrôle sur les mécanismes de régulation des
systèmes de gestion, mais également d'améliorer le niveau
de compétence des employés.
Ces fonds et avantages semblent encourager plusieurs
entreprises à adhérer au programme de mise à niveau. Mais
faut-il, encore, que ces entreprises aient des objectifs plus nobles que de
profiter de l'aspect financier de programme ?
IV.
Programme de mise à niveau : les lignes de changement
Comme programme de changement, la mise à niveau
devrait, en principe, adopter les mêmes lignes de changement
confirmées par la littérature du changement organisationnel.
Selon M.L. Dhaoui (1996)144(*) le changement dans
le cadre du programme de mise à niveau procède, d'une part,
par l'établissement d'un diagnostic et d'autre part, par le
développement d'un plan d'action.
Le diagnostic global porte sur les divers aspects de
l'organisation et son environnement. Il s'articule autour de l'analyse de
l'environnement, de la structure organisationnelle, des compétences
managériales, de la structure financière, du couple
produits-marchés et des compétences techniques. Il a pour
finalité de situer les forces et les faiblesses, les opportunités
et les menaces et définir les stratégies adéquates
à mettre en oeuvre pour améliorer la compétitivité
de l'entreprise.
L'analyse de la structure organisationnelle peut, par exemple,
porter sur la structure des effectifs, les procédures, le climat
social, le processus de prise de décision, etc. (L'accent mis sur
l'aspect organisationnel ne vise pas un appauvrissement de la
réalité de la mise à niveau. Au contraire, il
caractérise la considération sous un angle précis
(organisationnel) de la dynamique du changement consécutif à la
mise à niveau avec un souci d'analyse profonde sans pour autant ignorer
les autres aspects).
Comme pour tout projet de changement organisationnel, le
changement induit par la mise à niveau de l'entreprise suppose la
réalisation préalable de certaines conditions dont le changement
des conditions mentales des chefs d'entreprises et leur préparation
à la nécessité de changer leur état d'esprit,
à se remettre en cause, à s'adapter au nouveau contexte de
compétition et à considérer les opportunités de
marché, de partenariat et de développement, par exemple à
travers une ouverture du capital au grand public...
En outre, des actions de formation semblent nécessaires
pour, d'une part, atténuer le degré d'aversion au risque des
dirigeants et d'autre part, les préparer à un management
participatif et motivant à plus envisager des projets pour
développer les compétences de leurs employés...La
réalisation de la mise à niveau implique l'enclenchement d'un
processus de changement.
V. La démarche du changement dans le cadre du plan
de mise à niveau
La méthodologie du changement de mise à niveau
repose sur une architecture « PROSMAN »
schématisée par la figure ci-après.
1. Diagnostic stratégique global
4. Mise en oeuvre et suivi
3. Plan de mise à niveau
2. Choix des stratégies de mise à niveau
PROSMAN
Fig.1 : Processus stratégique de mise à
niveau
(Source: M. L. Dhaoui, 1996, p. 166.)
La démarche du processus stratégique de mise
à niveau, opérant particulièrement en Tunisie, s'inspire
des approches développées dans la littérature et qui
comporte les quatre phases de PROSMAN :
- Diagnostic stratégique global,
- Choix des stratégies,
- Formulation du plan de mise à niveau,
- Mise en oeuvre et suivi.
Elle repose sur une concertation accrue et sur un engagement
ferme de tous les opérateurs concernés et essentiellement les
chefs d'entreprises.
a) Le diagnostic stratégique global constitue
l'étape essentielle qui précède les autres étapes
de PROSMAN. La méthodologie du diagnostic global suppose une
démarche assez précise et comporte le recours à cinq
catégories de diagnostic :
- Diagnostic de l'environnement : il a pour but d'analyser les
différentes composantes de l'environnement (économique et social,
industriel, technologique), d'identifier celles qui constituent des contraintes
et des opportunités et d'étudier leurs impacts directs ou
indirects sur la mise à niveau et le développement de
l'entreprise ;
- Diagnostic des produits - marchés et du
positionnement stratégique : il a pour but de mesures les
performances commerciales de l'entreprise et de chacun de ses domaines
d'activités stratégiques et d'apprécier la politique
commerciale et les stratégies mises en oeuvre pour atteindre les
objectifs commerciaux fixés par l'entreprise ;
- Diagnostic financier : il a l'avantage d'offrir une
vision d'ensemble rapide de la situation et du comportement de l'entreprise. Il
couvre l'analyse des états financiers, du tableau de financement, des
coûts et des résultats, la mesure de rentabilité et
l'analyse de l'équilibre financier ;
- Diagnostic technique : il a pour finalité
d'analyser le système et l'outil de production de l'entreprise,
d'évaluer les performances techniques et de déterminer les
principales actions techniques à entreprendre pour mettre à
niveau et développer la compétitivité de
l'entreprise ;
- Diagnostic des compétences managériales :
il a pour but d'évaluer les compétences et les performances
managériales de la direction, d'étudier la structure
organisationnelle de l'entreprise et les dimensions socio-culturelles et
d'identifier les actions à entreprendre pour améliorer ces
compétences
La synthèse de ces diagnostics est l'étape la
plus complexe. Les analystes doivent confronter leurs conclusions et
recommandations pour poser les vrais problèmes et proposer des solutions
réalistes pour les résoudre et mettre ainsi à niveau
l'entreprise.
Selon M.L. Dhaoui (1996), la méthode du diagnostic
global semble être la plus adaptée au contexte de l'entreprise
industrielle tunisienne.
b) Choix stratégiques : l'ensemble des
éléments recueillis et les recommandations proposées dans
un diagnostic stratégique paraissent dicter un choix sur les actions
à entreprendre pour restaurer la viabilité et la
compétitivité de l'entreprise. Ce choix suppose une
réflexion stratégique préalable sur l'avenir de
l'entreprise. Définir une stratégie implique que l'on
détermine à la fois les objectifs à atteindre, les moyens
à mettre en oeuvre et le modèle organisationnel. Pour une
entreprise industrielle opérant dans un marché concurrentiel,
l'objectif fondamental est évidemment l'amélioration de ses
performances, de sa compétitivité et la consolidation des
résultats obtenus afin d'assure son avenir.
c) Formulation du plan de mise à niveau : le plan
de mise à niveau constitue la synthèse des choix
stratégiques. Il combine les objectifs assignés par l'entreprise,
les moyens et les voies nécessaires pour les atteindre.
L'acceptation du plan par les acteurs concernés et par
le Bureau de mise à niveau dépend non seulement de la
fiabilité des informations, de la crédibilité des
solutions et des mesures proposées, mais également de la forme du
plan présenté.
Le plan de mise à niveau doit contenir les
éléments suivants :
- la présentation de l'entreprise,
- la synthèse du diagnostic stratégique,
- les stratégies et les actions de mise à
niveau,
- les conditions et hypothèses de mise à niveau
et
- les projections financières.
C'est parce qu'elle prend en compte tous les aspects
organisationnels de l'entreprise (le personnel, la tâche, la technologie,
la structure et la stratégie), que l'on peut confirmer que la
méthodologie de changement préconisée dans le cadre du
programme de mise à niveau correspond aux différentes
méthodes suggérer présentées dans la
littérature du changement organisationnel. En effet, (rappelons le), les
chercheurs considèrent qu'un changement efficace exigerait souvent une
combinaison de méthodes biens gérées et soigneusement
coordonnées.
VI. Mise en oeuvre du plan de mise à
niveau
L'exécution du plan de mise à niveau consiste
à concrétiser et à réaliser à temps les
concours sollicités, les engagements et les accords pris avec les
partenaires de l'entreprise, en vue de faire aboutir ce plan. En
général il s'agit notamment de procéder à la mise
en oeuvre des actions immédiates de survie, celles à court terme
destinées à accroître la rentabilité et enfin celles
à moyen terme visant à consolider la rentabilité et
à assurer la compétitivité durable de l'entreprise.
Selon M. L. Dhaoui (1996)145(*), les actions
à opérer varient d'une entreprise à une autre. Chaque
entreprise constitue un cas spécifique et répond à une
logique particulière. Pour concrétiser, l'auteur présente
quelques actions capables de répondre aux difficultés et à
certains problèmes rencontrés par la majorité des
entreprises industrielles en Tunisie, à savoir :
l'amélioration des systèmes de gestion, la formation du personnel
et la restructuration financière.
VI.1. L'amélioration des systèmes de
gestion
Dans le cadre de l'amélioration des systèmes de
gestion et en prenant en considération les faiblesses relevées
lors du diagnostic stratégique, les actions suivantes peuvent
être engagées.
- réorganisation de la structure de l'entreprise dans
l'optique d'une compression des coûts et d'une amélioration de la
productivité ;
- réorganisation et dynamisation du marketing et des
ventes ;
- introduction des systèmes informatisés pour
une meilleure gestion du personnel, de la comptabilité, de la
trésorerie, de la facturation ;
- amélioration et introduction progressive de
systèmes et de moyens de production flexibles pour permettre une
adaptation efficace et des réactions rapides de l'entreprise, face
à l'incertitude et au risque de l'environnement et du
marché ;
- introduction de système de gestion de la
qualité, etc.
VI.2. Formation du personnel
Pour mener à bien les actions citées ci-dessus,
il est souvent nécessaire d'engager des programmes de formation et de
perfectionnement du chef de l'entreprise et du personnel pour assurer une
meilleure flexibilité et mobilité du personnel. Ce volet
important mérite une attention particulière, compte tenu de son
impact sur la productivité et sur les performances de l'entreprise.
VI.3. Restructuration financière
En attendant que les premières ressources
financières soient mobilisées et pour les entreprises ayant des
situations financières « fragiles », des actions
immédiates peuvent être engagées afin d'améliorer
la trésorerie, en avançant les encaissements
(accélérer les livraisons et les facturations, accorder des
escomptes sur les paiements comptants et des remises significatives sur les
produits en stocks), en retardant les décaissements (négocier les
délais de règlement des fournisseurs, réduire les
achats, négocier les conditions et les crédits
bancaires...), en interrompant les investissements en cours, etc.
La restructuration financière suppose le
dégagement et la mobilisation à temps de ressources
financières internes et externes, dans le but d'exécuter le plan
de mise à niveau.
Les différentes ressources internes à mobiliser
figurent dans le plan de financement avec indication des
échéances et des montants requis. Parmi celles qui sont
susceptibles d'être mobilisées nous
énumérons :
- les ressources provenant de la cession d'une partie des
immobilisations d'exploitation (cas de cession des branches autonomes
d'activité) ou hors d'exploitation (cession de terrains, des
constructions, des titres de participation, etc.),
- les ressources provenant d'une réduction des
besoins en fonds de roulement entraînant la création d'un surplus
de trésorerie. C'est le cas, par exemple, d'une réduction des
stocks et des crédits clients, de l'utilisation du
crédit fournisseurs, etc. et
- les ressources dégagées au niveau de
l'autofinancement et provenant par exemple d'une diminution des charges, de
gains de productivité ou d'une augmentation des ventes.
Les différentes ressources externes à mobiliser
figurent dans le plan de financement avec indication des
échéances et des montants requis. Celles qui sont susceptibles
d'être mobilisées consistent en :
- les apports en fonds propres à fournir par
les actionnaires dans le cadre d'une augmentation du capital. Ces fonds sont
les plus favorables puisqu'ils ne coûtent rien à l'entreprise
étant rémunérés sur les
bénéfices ;
- les subventions et primes accordées par l'Etat dans
le cadre du Programme National de Mise à Niveau ;
- les emprunts bancaires, destinés à
financer les investissements et à reconstituer le fonds de roulement,
doivent avoir des durées à moyen et à long terme ;
- la consolidation éventuelle des emprunts à
court terme et de certaines dettes à moyen et long terme.
VII. Suivi du plan de mise à niveau
Dans un environnement économique en mutation
permanente, Ansoff (1989)146(*) préconise à bon escient une
vigilance continuelle. C'est pourquoi, pour survivre, toute entreprise est
appelée à mettre en place une « fonction
veille », des dispositifs de surveillance ou un système
rigoureux et régulier de suivi du fonctionnement de l'entreprise et
de sa position dans son environnement (J. R. Edighoffer 1985)147(*).
L'erreur la plus grave, de la plupart des responsables des
entreprises tunisiennes qui tentent presque toujours de masquer leur situation
difficile, est d'attendre trop longtemps avant de réagir, compromettant
de la sorte les chances de mise à niveau et de redressement de leurs
entreprises. Selon M. L. Dhaoui (1996)148(*), plusieurs causes
peuvent expliquer les délais tardifs de réaction des chefs
d'entreprises industrielles en Tunisie dont :
- l'absence d'un modèle de prévention des
difficultés et de méthodes de surveillance de l'environnement
spécifiques aux entreprises industrielles tunisiennes, l'absence d'un
« droit d'alerte » ou de liste d'indicateurs de situation
difficile,
- l'absence de méthode de diagnostic efficace et
spécifique au contexte tunisien,
- l'ignorance et/ou le faible intérêt
accordé par la plupart des chefs d'entreprises aux aides
financières, fiscales et sociales aux entreprises à redresser et
à mettre à niveau,
- les retards enregistrés dans l'établissement
des états financiers,
- l'absence de gestion prévisionnelle et de tableaux
de bord dans la plupart des entreprises industrielles tunisiennes,
- la confusion entre une crise structurelle et un
ralentissement conjoncturel,
- les facilités de trésorerie excessives,
accordées par les banques....
Comme le soulignent Holder, Loeb et Portier
(1984)149(*), la prise en compte des
difficultés, au plus tôt, par les responsables de l'entreprise,
permet de réduire l'effort de redressement et de mise à niveau en
situation de continuation d'exploitation.
- Dans ce cadre et pour assurer un suivi rigoureux à
finalité préventive, M. L. Dhaoui (1996)150(*) propose particulièrement
aux entreprises industrielles opérant dans des environnements assez
turbulents et menaçants, des instruments de suivi
immédiatement opérationnels. Il s'agit :
- d'effectuer un diagnostic régulier et/ou à
chaque fois que les actionnaires, les banquiers ou le commissaire aux comptes
le demandent; ce diagnostic permet de se faire une opinion de
l'évolution de l'entreprise et d'agir lorsque les difficultés
sont réversibles,
- d'établir, d'une manière
régulière et à temps (fin de chaque semestre),
différents documents comptables et financiers : (bilan, comptes de
résultats, plan de trésorerie, budget) et de les remettre aux
actionnaires, aux banquiers et au commissaire aux comptes de l'entreprise,
- de mettre en place, comme l'a proposé J. R.
Edighoffer (1985)151(*), un
« léger tableau de bord » destiné aux
observateurs concernés notamment au niveau des PME. Ce tableau de bord
de gestion comporte des indicateurs liés aux résultats et
permettant de mesurer et d'évaluer les performances
réalisées par rapport aux prévisions.
La mise en place de ce système suppose: une
définition explicite des objectifs à atteindre au niveau de
l'entreprise et de ses unités opérationnelles, l'association du
personnel concerné dans la détermination de ces objectifs et
enfin l'élaboration, à partir du plan de mise à niveau, de
bilans prévisionnels annuels et semestriels, de budgets mensuels
d'investissement et de financement, de budgets mensuels d'exploitation et de
trésorerie.
Les hypothèses et les résultats de ces budgets
devraient être en conformité avec ceux du plan de mise à
niveau. Au fur et à mesure de son exécution, les
réalisations seront rapprochées, d'une manière
régulière, aux prévisions extraites de ce plan. Les
écarts enregistrés doivent être analysés et des
actions correctives doivent être engagées au niveau de la mise en
oeuvre et du plan de mise à niveau.
VIII. Conditions de réussite du plan de mise
à niveau
En se référant à la littérature,
la réussite du processus de mise à niveau devrait exiger la
concertation accrue, la mobilisation et l'engagement ferme de tous les
opérateurs concernés. En effet, la phase d'exécution du
plan de mise à niveau, adopté et accepté par les
principaux partenaires de l'entreprise, est le plus souvent un processus
à long terme qui suppose l'engagement de toutes les parties
impliquées dans le plan de mise à niveau. Réussir un plan
de mise à niveau, suppose donc que l'entreprise atteigne les objectifs
et les résultats escomptés par ce plan.
D'autres conditions de réussite ont été
retenues par M. L. Dhaoui (1996)152(*) et qui devraient être
réunies :
- Le bon choix du responsable de l'exécution du plan de
mise à niveau : sa personnalité, sa compétence, sa
disponibilité, sa volonté et son intérêt sont des
conditions essentielles ;
- L'élaboration d'un programme et d'un calendrier
détaillés d'exécution du plan de mise à niveau en
précisant les objectifs à atteindre, les résultats
chiffrés et escomptés et les activités prévues par
domaine d'activité spécifique (DAS), par division et par service
au niveau de chaque DAS et en énumérant les activités et
le calendrier de leur exécution (date prévue pour le début
et la durée) ;
- La rapidité dans l'exécution du plan :
aussitôt le plan approuvé, la mise à niveau devrait
commencer sans attendre. Tout retard dans l'exécution, notamment dans la
mobilisation des moyens ou dans la mise en place des mesures
décidées, peut mettre en cause la réalisation des
objectifs et des résultats attendus ;
- L'instauration d'un bon climat social fondé sur la
motivation et l'intéressement du personnel aux
résultats ;
- L'information du personnel sur la situation de l'entreprise
et les objectifs du programme de mise à niveau rentre dans ce cadre. Le
comité d'entreprise, ou à défaut, les représentants
des salariés doivent être associés et informés de
toutes les décisions touchant le personnel ;
- La mise en place d'un système simple de suivi et de
contrôle de l'emploi, des ressources, des moyens, de la
réalisation des résultats et des objectifs escomptés.
CONCLUSION
La revue de la littérature a permis de confirmer que le
changement organisationnel dans les entreprises, se définissant comme
l'ensemble des modifications apportées à certains aspects,
(structurels, fonctionnels, comportementaux, etc.) de l'organisation, est
généralement induit à travers plusieurs facteurs. Certains
de ces facteurs sont liés à l'entreprise, dits (internes),
d'autres sont liés à l'environnement de l'organisation et ils
sont dits (externes).
L'objectif du changement organisationnel est souvent
lié à l'amélioration de la compétitivité.
Dans le cas où il se réalise, le changement dans
les organisations peut, en fonction du contexte dans lequel il s'opère
et de la dynamique qui l'anime, prendre diverses formes aussi antinomiques que
le voulu et l'imposé, le radical et l'incrémental,
l'équilibriste et l'émergent. Il peut couvrir tous les aspects et
systèmes de l'entreprise, pris chacun à part ou dans leur
globalité.
Toutefois, dans la pratique, plusieurs modèles de
changement s'offrent à l'entreprise avec quelques
caractéristiques identiques qui constituent les grandes lignes du
processus ou de la démarche du changement : diagnostic,
développement d'alternatives, choix de solution, développement
d'un plan d'action, exécution de ce plan et évaluation des
actions réalisées.
Le programme de mise à niveau, dont l'objectif
fondamental, est aussi, l'amélioration de la compétitivité
et l'adaptation à un environnement turbulent, semble se comparer
à un changement voulu. Il semble procéder selon une
démarche qui n'est pas différente de la théorie.
Plusieurs avantages ont été mis en place
incitant les entreprises tunisiennes à adhérer au programme de
mise à niveau.
Plusieurs entreprises ont adhéré au
PMN dont l'objectif ciblé est, en principe, l'amélioration
de la compétitivité ; néanmoins, il semble utile de
vérifier « à quel degré ces entreprises ont
réussi leur changement » et d'essayer de déterminer les
facteurs qui ont amené à la réussite ou à
l'échec du projet de changement.
Il est évident que la réussite d'un projet
devrait obéir à certains préalables et conditions dont il
convient d'observer et de tenir compte de certains phénomènes
contraignants. La littérature a mis l'accent, essentiellement, sur
l'engagement du chef d'entreprise, de ses subordonnés et de tous les
employés et sur le phénomène de résistance au
changement.
5ème chapitre : INVESTIGATIONS
EMPIRIQUES
I. Hypothèses et méthodologie de
recherche
La question centrale de ce travail, consiste à savoir
si les réalisations dans le cadre du programme de mise à niveau
diffèrent ou non des projections élaborées dans le plan de
mise à niveau.
Compte tenu également de la multitude de points
concernés par le diagnostic global, les actions du plan de mise à
niveau sont également diverses et portent sur les points
dégagés à partir du diagnostic et nécessitant des
modifications. Ces modifications devraient cadrer avec la réalisation de
la stratégie définie pour l'amélioration de la
compétitivité de l'entreprise concernée. Elles peuvent
porter sur la dimension financière, technique, organisationnelle,
commerciale...
L'accent, ici, sera porté sur la dimension
organisationnelle. Plus précisément, l'attention sera
portée sur la structure organisationnelle, le style de gestion de
commandement, le comportement des dirigeants et des employés, le
système d'information des entreprises et les actions visant à
faire face à la résistance au changement dans les entreprises.
Quelles sont les actions envisagées dans ce sens, pour mettre
l'entreprise à niveau ? Ces actions ont-elles été
concrètement réalisées ? Y a-t-il eu d'autres actions ou
modifications non prévues et pourtant réalisées parce que
jugées plus adaptées ? Tels sont les points auxquels il convient
de chercher des éléments de réponse en se basant d'une
part sur les notions de structure et de comportement, et d'autre part, sur des
éléments comme la ligne de produits, la distribution, les
transactions produits-services, la recherche et développement, la mesure
de performance, l'intéressement, le système de contrôle,
les choix stratégiques...
Toutefois, cette idée est à considérer
avec prudence. En effet, la théorie du changement organisationnel
enseigne que la mise en oeuvre d'une stratégie de changement ne se fait
pas toujours sans certaines difficultés et notamment celle de
résistance au changement. La résistance au changement peut
résulter de la prédisposition des acteurs appelés à
remplacer un modèle qu'ils maîtrisent par un autre
caractérisé par une incertitude. Elle peut également
résulter de la reconfiguration de la structure du pouvoir dans
l'organisation suite au changement. La résistance est donc
essentiellement affaire humaine comme le précise Perret :
« la dimension humaine est ... primordiale pour comprendre les freins
et les blocages qui peuvent se dévoiler au cours du processus de
changement. » (V. Perret, 2003)153(*).
I.1. Hypothèses de recherche
Des travaux montrent que l'acteur organisationnel tunisien est
marqué par une forte culture de la dignité dans une organisation
caractérisée par un certain flou (R. Zghal,
1994)154(*) (c'est à dire que les
procédures, les responsabilités, les décisions ... sont
souvent définies avec une certaine ambiguïté), une gestion
des ressources humaines au coup par coup (M. B. Ferjani,
1996)155(*).
En revanche, sur un autre plan structurel, d'autres
études montrent qu'il y avait déjà une nette
évolution des organisations tunisiennes entre 1980 et 1996. Cette
évolution concerne l'adoption de plans opérationnels annuels pour
assurer les coordinations des activités, la délégation de
la prise de décision avec la création de comités ad hoc,
et le fait « qu'au cours du temps, le souci des dirigeants se
déplace progressivement [des aspects techniques de production] vers des
aspects financiers puis commerciaux et enfin vers ceux relatifs à la
gestion du personnel » (J. Châabouni,
1996)156(*).
Donc, il semble que dans les entreprises tunisiennes, il
existe déjà un potentiel de dynamique de reconfiguration
organisationnelle. La logique mise en oeuvre du programme de mise à
niveau semble s'inscrire, dans ce cas, dans un prolongement de cette
prédisposition.
Compte tenu du degré d'organisation du programme et du
suivi qu'il permet, sur la base de ces éléments
contextuels ; l'hypothèse qui peut être émise, de
prime abord, est que les réalisations de changement effectuées
dans les entreprises engagées dans le programme de mise à niveau
ne sont pas a priori significativement différentes des prescriptions
stratégiques d'ordre organisationnel proposées par le plan de
mise en oeuvre.
En d'autres termes, les hypothèses qui peuvent
être déclinées sont les suivantes.
H1 : dans le cadre de la mise
à niveau, des actions de changement de structure (standardisation,
formalisation, centralisation, spécialisation ...) sont entreprises et
effectivement réalisées.
H2 : dans le cadre de la mise
à niveau, des actions de changement de style de commandement sont
entreprises et effectivement réalisées.
H3 : dans le cadre de la mise
à niveau, des actions de changement de modes de gestion entreprises et
effectivement réalisées pour une orientation
stratégique.
H4 : dans le cadre de la mise
à niveau, des actions de changement de système d'information
(introduction des technologies de l'information et de la communication) sont
entreprises et effectivement réalisées.
H5 : Les entreprises
engagées dans le programme de mise à niveau observent une
amélioration de leur compétitivité.
Il convient, en dernière analyse, de savoir si
l'objectif d'amélioration de la compétitivité des
entreprises engagées dans le programme de mise à niveau est
atteint et à quel degré ?
Certes, il n'existe pas de définition ou de mesure
uniques de la compétitivité. Il s'agit d'une notion complexe et
composite pouvant prendre en considération aussi bien des facteurs
quantifiables que des aspects non quantifiables. Elle est dynamique et prend en
compte les perspectives et les tendances futures des paramètres du pays,
de l'industrie et des entreprises (CCE, 1982)157(*). Toutefois, il
convient de souligner que ce sont les entrepreneurs et les salariés qui
la créent eux-mêmes et sont appelés à la
défendre continuellement.
Il s'agit ici de porter une analyse sur l'évolution de
certains indicateurs tels que la part de marché, l'amélioration
de la qualité des produits, la croissance du chiffre d'affaires...
Le modèle de recherche pourra ainsi se
schématiser de la sorte :
Réalisations
Structure
Style de gestion
Comportement
Système d'information
?
?
Compétitivité
Plan de mise à niveau
Structure
Style de gestion
Comportement
Système d'information
Fig. 2 : Schéma de réalisation des
changements de MN
I.2. Méthodologie de recherche
Sur le plan méthodologique, compte tenu de la
difficulté qui relève de la multitude de cas de
spécificité d'entreprises d'une part, et d'autre part, le
diagnostic comme le plan de mise à niveau, étant
étroitement liés à la réalité de chaque
entreprise engagée dans le programme, il est aisé de comprendre
que les actions de changement engagées diffèrent d'une entreprise
à une autre. Une investigation au cas par cas semble nécessaire
et la technique d'interview peut paraître appropriée.
L'étude de cas présente l'avantage de permettre
d'examiner un phénomène dans un contexte réel et convient
ainsi à l'investigation des domaines peu structurés.
Les données sont collectées par deux moyens.
Elles sont d'abord collectées à travers l'exploitation de la
documentation relative au programme de mise à niveau des entreprises
engagées objet de la présente recherche. Ensuite et vu que cette
documentation ne pourrait fournir toutes les informations nécessaires
à la compréhension du phénomène de changement
réalisé dans ces entreprises, une investigation par interview a
été réalisée auprès des responsables de ces
entreprises (voir en annexe le guide d'interview).
Les différentes interviews avaient pour but de
permettre de rassembler une grande quantité de données qui
faciliterait une analyse en profondeur des réalisations implicites et
explicites dans le cadre des actions de mise à niveau des
entreprises.
L'étude a porté sur quatre cas
différents : TM, SM, SP et MC. et pour des raisons de
confidentialité, nous avons préféré de garder
l'anonymat de ces entreprises. Les trois premiers cas traduisent les
phénomènes d'échec du programme de mise à niveau,
alors que le quatrième cas traduit les phénomènes de
réussite du dit programme. L'analyse d'un cas de réussite devrait
être appréhendé comme élément de
référence pour mettre en relief les phénomènes
d'échec.
Pour chaque cas, une présentation de l'entreprise est
donnée en précisant le contexte dans lequel le changement s'est
opéré. Ensuite, une synthèse des différentes
réalisations est effectuée, comparativement aux projections
proposées.
Les quatre cas ont finalement fait l'objet d'une analyse
synthétique générale en vue de tirer des enseignements
susceptibles d'aider à comprendre le phénomène
d'échec du changement dans le cadre spécifique de la mise
à niveau.
II. ETUDE DE CAS
II.1. Le cas TM
II.1.1. Présentation de l'entreprise TM et
contexte de changement
L'entreprise TM est une société à
responsabilité limitée créée en 1999 dans le cadre
d'une stratégie d'intégration d'une autre société,
mère d'un groupe de cinq entreprises. TM a démarré avec un
capital de 800 milles dinars.
L'activité de la société TM est le
découpage, le refendage de tôle et la fabrication de divers tubes
métalliques. Elle emploie 20 personnes dont 17 d'entre eux sont
affectées à la production. En 2000, le chiffre d'affaires de
l'entreprise était de 3 millions de dinars ; aujourd'hui il est
à 7 millions de dinars environ.
L'actionnariat est à caractère familial. Le
management est organisé autour du gérant, qui dirige
également, les autres sociétés du groupe.
L'activité initiale de TM était restreinte
à la sous-traitance (découpage, puis ondulation de tôles)
puis elle a progressé vers la fabrication de ses propres produits
standard qu'elle a proposé à un marché qu'elle avait
développé.
L'environnement de l'entreprise était marqué,
essentiellement, par la tendance à l'ouverture des frontières et
le démantèlement douanier. La concurrence internationale devenait
très sévère par le phénomène de
globalisation et la cotation internationale du fer.
Ayant bien perçu le changement de l'environnement de
leur entreprise, les dirigeants étaient déterminés pour
entamer un projet de mise à niveau que réclamait l'ouverture du
marché tunisien.
Un diagnostic stratégique était lancé
dans le cadre d'un programme de mise à niveau, afin de détecter
les points forts et les points faibles de l'entreprise, ainsi que les
opportunités à saisir et les menaces à opposer.
II.1.2. Résultats du diagnostic stratégique
Sur le rapport de diagnostic établi en 2001, nous avons
relevé les conclusions suivantes :
1. Caractéristiques du marché
La tendance du marché local est en progression
constante ; lequel est toujours connecté à d'autres
industries de transformation métalliques. Quant aux exportations depuis
la Tunisie, elles sont considérées comme faibles. Sur les
marchés de proximité, et compte tenu du profil de cette
industrie, le marché reste toujours étroitement lié aux
industries de transformation avoisinantes.
L'analyse du marché a permis de relever les menaces
suivantes :
- La concurrence étrangère est significative
pour un produit à faible valeur ajoutée,
- Les prix de matières premières sont
instables.
2. Politique générale de l'entreprise
La politique générale a été
formulée par l'équipe intervenante suite aux investigations
effectuées auprès de l'équipe dirigeante. Elle se
résume en trois points :
- Surveiller attentivement l'évolution du
marché,
- Connaître sa vraie part de marché par produit
et détecter les opportunités du marché,
- Créer une image forte sur le marché
national.
Quant à la stratégie, celle-ci a
été formulée par l'équipe intervenante, elle
consiste à :
- Décentraliser la structure organisationnelle de
l'entreprise,
- Envisager la mise en place d'une équipe de
représentants commerciaux pour le démarchage de clients
potentiels,
- Définir une stratégie à moyen terme
pour l'entreprise, la diffuser et la transformer en objectifs et
- Adapter le management à la recherche de la
performance par la décentralisation et la responsabilisation.
3. Diagnostic du système de management
Les faiblesses du management se résument en deux
points :
- Management centralisé nécessitant une
présence permanente du gérant,
- Absence d'un système de contrôle de gestion.
Recommandations
- Engager un responsable de haut niveau pour le relais de
direction,
- Consolider l'esprit d'entreprise en vu d'une
préparation de délégation du pouvoir,
- Changer les méthodes de gestion :
définition d'objectifs, actions / vérification,
- Mettre en place un responsable qualité
rattaché directement à la direction générale,
- Mettre en place un système de gestion
prévisionnelle et de contrôle cohérent et
- Mettre en place un système de tableaux de bord.
4. Diagnostic commercial
Le diagnostic commercial a permis de relever les insuffisances
suivantes :
- Faible structuration commerciale : la fonction
commerciale est assurée par le directeur technique, assisté par
une secrétaire et un agent d'exécution des tâches
administratives (facturation, vérification de pièces, etc.),
- Absence d'une force de vente (de nombreuses
opportunités ne sont pas saisies),
- Absence d'activité marketing (absence d'études
sur la demande et la concurrence, absence d'une base de données sur le
marché),
- Absence d'un système de codification et de
nomenclature spécifique,
- Le système de calcul des coûts de revient n'est
pas fiable,
- La direction commerciale ne fait pas l'objet d'une division
administrative au sein de l'entreprise,
- Absence d'un logiciel de gestion commerciale,
- Aucune action de communication n'a été
développée.
Recommandations
- Consolider l'acquis de la notoriété et de la
réputation,
- Préparer les bases d'un démarchage client
local pour les nouveaux produits,
- Développer une force de vente commerciale,
- Mettre en place une fonction marketing pour assurer le suivi
de l'évolution du marché et développer une
stratégie de communication,
- Mettre en place un système de comptabilité
analytique,
- Définir une stratégie cohérente et
- Développer une base de données commerciale.
5. Diagnostic de production
Le diagnostic de la production a porté essentiellement
sur l'aspect technique et a négligé l'aspect organisationnel et
l'aspect management. Les faiblesses relevées sont les
suivantes :
- Absence d'organisation qualité,
- Absence d'objectifs qualité,
- Formation insuffisante,
- Manque de prise de conscience du besoin de mise en place
d'un système qualité,
- Fonctions et responsabilités floues et mal
définies,
- Définition trop floue des objectifs,
- Délégation insuffisante,
- Absence d'un système de motivation,
- Système de maintenance quasi-inexistant,
- Mobilisation insuffisante du personnel et
- Absence d'un manuel de procédures.
Recommandations
- Définir les fonctions et les
responsabilités,
- Adapter le personnel à ses fonctions à travers
des actions de formation et l'embauche de nouveaux opérateurs,
- Planifier l'amélioration de la
productivité,
- Mettre en place un système qualité,
- Mettre en place un système de motivation,
- Mettre en place d'une fonction maintenance et
- Développer la polyvalence du personnel,
6. Diagnostic financier
Le diagnostic financier a fait ressortir les insuffisances
suivantes :
- Rentabilité insuffisante,
- Fonds de roulement insuffisants,
- Encours clients se situant à un niveau très
élevé,
- Stock important,
- Trésorerie négative et
- Découvert bancaire assez élevé,
Recommandations
- Renforcer les capitaux propres afin d'améliorer les
fonds de roulement,
- Réduire l'encours client,
- Maîtriser le volume des stocks et
- Améliorer le suivi du coût de revient et le
calcul des coûts par la mise en place d'un système de
comptabilité analytique.
II.1.3. Résultats des investigations
empiriques
|
Projections
|
Actions non réalisées
|
Structure
|
- Définition des responsabilités (relais de
direction, gestion qualité)
- Création de fonctions (marketing, maintenance)
|
La structure n'est pas claire
|
Style de management
|
- Définition des objectifs et vérification des
actions
- Mise en place de la gestion prévisionnelle, du
système de tableau de bord, d'une gestion orientée client, d'une
comptabilité analytique, d'une gestion stratégique, d'un
système qualité
- Développer la force de vente et le marketing,
- Formation du personnel et maintenance
- Gestion basée sur l'équilibre financier et la
maîtrise des coûts
|
La plupart des recommandations ne sont pas
réalisée
|
Comportement
|
- Consolidation de l'esprit d'entreprise
- Développer la motivation du personnel
|
|
Système d'information
|
- Développer une base de données commerciale
|
|
Tableau n° 5 : les projections et les
réalisations de changement du cas TM
L'entreprise TM est une affaire familiale, parmi d'autres,
héritée par le gérant de la société dont il
est le seul propriétaire.
L'analyse des résultats des investigations
effectuées auprès des différents responsables de
l'entreprise a permis de constater que la structure organisationnelle est
restée floue.
Le gérant (directeur d'un groupe composé de cinq
entreprises évoluant sur deux secteurs différents) assure, tout
seul, la fonction d'approvisionnement, la gestion des exports et le
développement.
Les décisions qui concernent le développement de
l'entreprise à travers les investissements d'extension sont prises
exclusivement par le gérant, saisissant les opportunités offertes
par le marché. Les décisions d'investissement sont, souvent,
prises sur la base d'une étude sommaire de rentabilité, laquelle
est dégagée par la différence entre les revenus et les
charges estimés. Aucune étude de marché n'est
effectuée. Il est arrivé à la société
d'engager de grosses sommes pour l'acquisition de matériel lourd et
d'abandonner l'investissement parce qu'il s'est avéré non
rentable.
La direction de TM est assurée par un directeur
technique qui assure les fonctions technique, commerciale et la gestion de
réalisation des investissements de l'entreprise.
Les autres fonctions, à savoir la gestion de la
fonction financière et administrative et la gestion de la fonction des
ressources humaines sont assurées au niveau de la direction
générale de la société mère.
Par ailleurs, et à travers les investigations, nous
avons constaté que la quasi-totalité des recommandations
formulées dans le rapport du diagnostic stratégique et ayant un
aspect immatériel n'a pas été mise en oeuvre.
En effet, et sur le plan commercial, l'entreprise ne dispose
pas encore ni d'une force de ventes commerciales, ni de fonction marketing, ni
d'un système de comptabilité analytique, ni d'une
stratégie claire et cohérente avec l'évolution de
l'environnement.
Sur le plan technique, aucune recommandation n'a
été mise en oeuvre pour maîtriser l'activité,
améliorer la productivité, assurer la qualité, motiver le
personnel et développer la polyvalence.
L'aspect financier semble ne pas concerner l'entreprise, sauf
à travers la réalisation du chiffre d'affaires. Les
problèmes de financement concernent uniquement la direction
générale du groupe.
L'aspect système semble aussi se limiter à un
système d'information classique constitué de trois supports
d'opérations (logiciel comptable, logiciel commercial, logiciel paie) et
ignorer les autres supports (tels que GPAO), les systèmes de gestion
(planification et contrôle), les systèmes d'aide à la
décision et se limiter uniquement au développement de l'aspect
matériel. D'ailleurs, l'entreprise dispose seulement d'un logiciel
commercial utilisé pour contrôler le niveau des stocks produits
finis, gérer les commandes clients, gérer la facturation et
gérer les comptes clients.
L'aspect immatériel semble ne pas intéresser les
dirigeants. Le seul intérêt recherché à travers ce
plan de mise à niveau était la collecte de la subvention
attribuée sur les investissements matériels. Ceci étant
clairement annoncé par les responsables.
Par ailleurs, une action de réorganisation du groupe
et, entre autre, de la société TM, était lancée
avec l'élaboration d'un manuel de procédures. La
réorganisation prévoyait la décentralisation de la
structure organisationnelle. Ce projet n'a pas été mis en
application et donc abandonné par la direction générale,
parce qu'il allait « toucher » la personne
préférée du directeur général. Les autres
subordonnés semblaient très ouverts à l'idée du
changement, qui leur donnait l'occasion de progresser et d'aspirer à des
promotions et des motivations.
S'il y a projet de changement, il devrait être
orienté d'abord, vers le développement d'un esprit d'entreprise
et des compétences de la direction générale tendant
à modifier l'état d'esprit, le comportement et les attitudes.
L'approche d'une gestion à court terme et non
véritablement stratégique a amené la directeur
général à se débarrasser de toutes les
activités qui lui paraissaient non rentables bien qu'elles appartenaient
à des secteurs porteurs.
II.2. Le cas SM
II.2.1. Présentation de l'entreprise SM et
contexte de changement
L'entreprise SM est une société à
responsabilité limitée au capital de 6,400 millions de dinars
appartenant à un groupe d'intérêt économique,
comprenant les entreprises SM, S1, S2 et S3.
Elle a été créée en 1991 dans le cadre d'une
stratégie d'intégration, pour répondre aux besoins en
emballages métalliques et plastiques de la société
S1 qui est spécialisée en la fabrication de
peinture.
Le groupe a un caractère familial très
limité, la direction du groupe est assurée par le père et
chacun de ses fils assure la direction d'une filiale. Chaque directeur (fils)
est assisté par une des soeurs.
La société SM est spécialisée dans
la fabrication des emballages métalliques en fer blanc (imprimés
ou non) et des emballages plastiques (imprimés ou non). En 1997, elle
employait 35 personnes dont 25 étaient affectées à la
production. Son chiffre d'affaires était de 2,100 millions de dinars et
elle était considérée comme le 2ème
producteur d'emballage métallique en Tunisie. En 2002, son chiffre
d'affaires était de 4 millions de dinars environ.
L'entreprise S1 était le principal client de
la société SM et représentait 70% de son chiffre
d'affaires.
En 1996, l'environnement de l'entreprise était
marqué, essentiellement, par la tendance à l'ouverture des
frontières et l'adoption de nouvelles normes. En effet, les ventes en
vrac tendaient vers la baisse au profit des ventes conditionnées,
d'où l'opportunité pour l'entreprise de saisir de nouveaux
marchés, à condition qu'elle se mette à niveau pour
répondre aux exigences de ces marchés, notamment le secteur
agro-alimentaire.
Ayant bien perçu le changement de l'environnement de
leur entreprise, les dirigeants semblaient être déterminés
pour entamer un projet de mise à niveau que réclamait l'ouverture
du marché tunisien. Aujourd'hui, l'entreprise est à son
2ème programme de mise à niveau.
Un diagnostic stratégique était lancé
dans le cadre d'un 1er programme de mise à niveau, afin de
détecter les points forts et les points faibles de l'entreprise, ainsi
que les opportunités à saisir et les menaces à opposer.
II.2.2. 1er programme de mise à niveau
(1997)
Sur le rapport de diagnostic établi en 1997, nous avons
relevé les conclusions suivantes et les recommandations y
afférentes :
1. Politique générale de l'entreprise
La politique générale a été
formalisée par l'équipe intervenante à travers les
investigations menées auprès de la direction
générale. L'objectif de l'entreprise consistait
à :
- Accroître, en priorité, le chiffre
d'affaires,
- Améliorer la rentabilité de l'entreprise,
- Préserver l'équilibre financier de
l'entreprise.
Pour réaliser ses objectifs, l'entreprise optait pour
la stratégie de diversification afin de diminuer sa dépendance
vis-à-vis de la société S1. En ce sens, un
projet de fabrication des bombes aérosols était en cours, ce qui
devrait lui permettre de s'adresser à un nouveau marché
(fabricants d'insecticides et fabricants de cosmétique).
2. Diagnostic de l'environnement
Les menaces de l'environnement économique, social et
technologique se résumaient aux points suivants :
- Le démantèlement des tarifs douaniers sur les
produits finis,
- Le recrutement est relativement difficile,
- La concurrence dispose d'une chaîne de production
automatique,
- Les possibilités d'amélioration de la position
stratégique de l'entreprise sur le segment de peinture semblaient
très limitées, vu la tendance à l'intégration de
l'activité des emballages pour les entreprises de peinture d'une part et
sa dépendance relative à S1 (concurrent direct de ses clients
potentiels). Néanmoins, un effort commercial, visant à
développer une part de marché additionnel auprès de
certaines entreprises du secteur de peinture, semblait possible et
nécessaire pour atteindre ses objectifs,
- Concernant le segment agro-alimentaire, la taille de
l'entreprise et l'importance relative des investissements ne lui permettait pas
d'être compétitive sur le plan prix, sa position était donc
relativement faible sur le segment.
La position sur ces deux segments n'autorisait pas un
développement offensif très important ; la stratégie
la plus appropriée formulée par l'équipe intervenante pour
le diagnostic, semblait correspondre à une stratégie de maintien,
avec un impératif de rentabiliser les investissements.
C'est l'alternative de diversification dans d'autres segments
qui paraissait opportune, notamment à travers le segment des
aérosols. La demande étant importante, la concurrence locale
n'est pas significative et elle présente un faible niveau de
qualité.
3. Diagnostic organisationnel
Le diagnostic organisationnel a permis de relever les
insuffisances suivantes :
- L'organisation de l'entreprise est
caractérisée par une structure plate ; tous les
départements sont directement rattachés à la direction
générale,
- La fonction de production est dominante par rapport aux
autres fonctions, notamment par rapport aux fonctions commerciale et
financière,
- La tenue de comptabilité, le recouvrement, la gestion
de trésorerie, la réalisation des achats étrangers sont
sous-traités auprès de la société S1 (principal
client de l'entreprise),
- Le style de mangement est jugé
« moyen »,
- Les aptitudes et les compétences de la direction sont
aussi jugées « moyens »,
- Le niveau de formalisation est jugé
« faible ».
Recommandations
- Elaborer un schéma de l'organisation,
- Mettre en place une cellule d'audit interne,
- Mettre en place une cellule de contrôle
budgétaire,
- Mettre en place une fonction de gestion de
trésorerie,
- Elaborer un manuel de procédures.
Les objectifs visés à travers ces
recommandations étaient les suivants :
- Formalisation de l'organisation,
- Définition pour chaque poste de travail de sa mission
son rattachement hiérarchique et fonctionnel, ses attributions
principales et secondaires, ses tâches, son pouvoir de décision,
- Assurer la protection et la sauvegarde du patrimoine la
fiabilité et la qualité de l'information comptable, le respect
des règles de gestion,
- Assurer un meilleur contrôle des coûts,
- Elaborer les différents budgets,
- Assurer le suivi et le contrôle des budgets,
- Epargner les charges d'intérêts et augmenter la
crédibilité financière,
- Elaborer les prévisions de trésorerie à
court terme,
- Choisir les moyens de financement à court terme,
- Contrôler les conditions de banque.
4. Diagnostic du système d'information
Le diagnostic du système d'information a
dégagé les faiblesses suivantes :
- Le système en place ne permet pas une bonne
maîtrise de tous les paramètres économiques de
l'entreprise,
- L'entreprise ne dispose pas de comptabilité
générale. Tous les documents comptables sont confiés
à un comptable indépendant pour l'établissement d'un bilan
annuel à vocation fiscale,
- La marge brute n'est pas analysée par segment
d'activité,
- Les charges d'exploitation ne sont pas suffisamment
détaillées pour les besoins de contrôle de gestion,
- L'entreprise ne dispose pas d'un système de calcul de
coût de revient « comptabilité
analytique »,
- La fixation des prix se fait d'une manière prudente,
en ajoutant au coût de matière un pourcentage fixe jugé
élevé,
- Le système d'information est jugé
« faible »,
- Les méthodes de planification sont jugées
« faibles »,
- Les techniques de contrôle sont jugées
« moyens ».
Recommandations
- Mettre en place un système de comptabilité
générale,
- Mettre en place un système de comptabilité
analytique,
- Mettre en place un système de planification et de
budgétisation,
- Mettre en place un système de contrôle de
gestion (tableau de bord).
Les objectifs visés à travers ces
recommandations étaient les suivants :
- Améliorer l'organisation des documents et
pièces justificatives,
- Fournir des informations fiables et à temps pour les
prises de décision,
- Préparer l'entreprise au passage vers un
système de gestion intégrée,
- Développer une nouvelle approche managériale
visant un suivi permanent des performances et permettant d'agir au moment
opportun.
5. Diagnostic des ressources humaines
Le diagnostic des ressources humaines a permis de
dégager les remarques suivantes :
- La fonction « ressources humaines » est
assurée par la direction générale,
- Les caractéristiques du personnel se
présentent comme suit :
- Un taux d'encadrement très faible,
- Un niveau de compétence très faible,
- Un personnel stable. La stabilité est
expliquée par la faiblesse du niveau intellectuel,
- Les actions de formation se font à l'occasion de la
mise en place de nouveaux équipements.
Recommandations :
- Arrêter un budget de formation,
- Etablir un plan de formation,
- Constituer un comité d'évaluation des actions
de formation.
6. Diagnostic commercial
Le diagnostic a permis de relever les insuffisances
suivantes :
- Faible structuration commerciale : la fonction
commerciale est assurée par le directeur général,
assisté par la secrétaire de direction et un agent
d'exécution chargé des tâches administratives (facturation,
vérification de pièces, etc.),
- Absence de force de vente (de nombreuses opportunités
ne sont pas saisies),
- Absence d'activité marketing (absence d'études
sur la demande et la concurrence, absence d'une base de données sur le
marché),
- Absence de tableau de bord rendant compte des performances
commerciales par segment.
Recommandations
- Recruter des représentants commerciaux,
- Recruter un responsable marketing pour le charger des
études de marché, de la communication et de la promotion,
- Développer un système d'information sur la
demande et la concurrence pour orienter les choix stratégiques,
- Développer un système d'aide à la
décision permettant de mesurer les performances,
- Mettre en place un système de comptabilité
analytique pour déterminer les coûts de revient.
L'objectif de ces recommandations était de :
- Permettre au directeur général de consacrer
plus de temps à la définition des orientations
stratégiques et commerciales,
- Améliorer la part de marché par la
réalisation d'un taux de croissance supérieur à 10%,
- D'être en mesure d'anticiper les mutations
caractérisant un contexte environnemental de plus en plus turbulent et
arrêter la stratégie produit / marché de l'entreprise,
- Adapter la stratégie de l'entreprise à
l'évolution du marché,
- Entreprendre à temps les actions correctives
nécessaires et mesurer les performances de la force de vente,
- Exploiter les gisements de réduction des coûts
permettant de mieux répondre à la demande et améliorer la
compétitivité,
- Renforcer la notoriété de l'entreprise et
développer son image de marque,
- Contribuer à la croissance de l'entreprise en
assurant plus de couverture géographique, plus d'agressivité sur
le marché et une politique de fidélisation des clients les plus
importants.
7. Diagnostic de production
Le diagnostic a porté essentiellement sur l'aspect
technique et a négligé l'aspect organisationnel et l'aspect
management. Une seule recommandation a été formulée
incitant l'entreprise à mettre en place un système assurance
qualité ISO.
II.2.3. 2ème programme de mise à
niveau (2003)
En 2003, l'environnement macro-économique de
l'entreprise était marqué par les phénomènes
suivants :
- Tendance à plus de plastique dans l'emballage,
- Vitesse et automatisation des procédés et
systèmes d'emballages,
- Etiquettes intelligentes, emballage fonctionnel, apportant
de nouvelles fonctions : facilité d'ouverture, de re-fermeture, de
doses unitaires,
- Emballages plus légers,
- Démantèlement douanier,
- Secteur en accroissement continu et reste toujours
porteur,
- Evolution du secteur cosmétique,
- Demande importante d'aérosols ; le secteur est
toujours porteur,
- Secteur de l'agro-alimentaire toujours porteur,
- Secteur de confiserie en évolution et porteur,
- La concurrence n'est pas menaçante pour
l'entreprise.
Bien que l'environnement présente des
éléments favorables pour l'entreprise, celle-ci n'a pas
enregistré une évolution significative de son chiffre d'affaires.
Il lui a été recommandé de faire un effort commercial et
de diversifier sa clientèle.
Un 2ème programme de mise à niveau a
été lancé en 2003 dans l'objectif d'améliorer la
production à travers des investissements dans un matériel visant
à élargir la gamme de produits et améliorant la
qualité, l'accès à des marchés à une plus
forte valeur ajoutée, une meilleure organisation et la
productivité par le développement des activités relatives
à la commercialisation du produit et à la maîtrise de
l'ensemble des activités.
Pour ce faire, l'entreprise envisage :
- L'acquisition de nouveaux moules,
- La modernisation de son parc machine pour l'emballage
plastique,
- La mise en place de normes relatives à
l'hygiène de l'emballage alimentaire,
- La mise en place d'une vraie structure commerciale et
marketing,
- La maîtrise des coûts et de la
productivité.
Un diagnostic stratégique, élaboré en
septembre 2003, a fais ressortir les insuffisances suivantes.
1. Diagnostic organisation du système d'information et
des ressources humaines
L'analyse de la structure organisationnelle a permis de
relever les points faibles suivants :
- La relation fonctionnelle entre les responsabilités
n'est pas définie,
- La fonction commerciale est assurée par le directeur
général qui assume plusieurs fonctions,
- L'entreprise ne dispose pas d'une équipe commerciale
qui assure la prospection de nouveaux clients,
- La fonction technique ne comprend pas un service
méthodes,
- La fonction technique ne dispose d'aucune structure
formalisée de suivi de rendement,
- La fonction financière se limite à la
tâche de recouvrement et la comptabilité est toujours
externalisée,
- Le manuel des procédures n'est pas encore
utilisé.
L'analyse du système d'information à fais
ressortir que ce dernier ait resté limité aux états
financiers édités tous les ans par la société
S1 du même groupe. Il n'est pas établi de budgets ni de
tableaux de bord.
Recommandations :
- Acquérir un logiciel de comptabilité
analytique,
- Mettre en place un système de comptabilité
générale,
- Mettre en place un système de budgétisation et
de tableaux de bord.
L'analyse de la fonction ressources humaines a permis de
relever les remarques suivantes :
- L'entreprise a observé une évolution de son
effectif passant de 63 personnes en 2000, à 75 personnes en 2002,
- La productivité du personnel a connu un
fléchissement depuis l'exercice 2000,
- Le taux d'encadrement est de 11% et il est
considéré comme satisfaisant,
- Le taux de rotation du personnel (turn-over) est en moyenne,
de 46% ; il est considéré comme élevé et
dénote d'une instabilité du personnel,
- Le niveau de qualification est assez faible ; sur un
effectif de 75 personnes 10 seulement ont un niveau supérieur,
- Le système de motivation se limite à ce qui
est prévu par la convention collective du secteur,
- Les actions de formation sont occasionnelles et n'ont pas
concerné l'aspect « management des entreprises ».
Recommandations :
- Acquérir un logiciel de suivi des aléas,
rendements et performances pour améliorer la productivité,
- Recruter des cadres aux postes importants pour
améliorer l'encadrement,
- Fidéliser le personnel par des primes liées
à la productivité pour diminuer le taux du turn-over.
2. Diagnostic commercial
Le diagnostic commercial a dégagé les points
d'insuffisances suivants :
- Absence de structure commerciale proprement dite : pas
de forces de ventes, le commercial a une fonction plutôt
administrative,
- La dépendance par rapport à la direction
générale leur fait perdre beaucoup de clients,
- Les prospections et la politique de communication sont
insuffisantes,
- La dépendance de l'entreprise par rapport à la
société du groupe est très forte,
- Absence d'un système de calcul du coût de
qualité.
Recommandations :
- Recruter un directeur commercial et marketing,
- Etablir des outils et des supports de marketing,
- Mettre en place un système de comptabilité
analytique et de contrôle de gestion,
- Acquérir et maîtriser un logiciel de gestion
intégrée,
- Diminuer la dépendance à la
société S1 du groupe,
- Assister la mise en place d'une stratégie de
pénétration sur les marchés cibles,
- Créer un site WEB orienté vers la
commercialisation des produits.
3. Diagnostic technique
Le diagnostic de la fonction technique a dégagé
les points de faiblesse suivants :
- Absence d'une structure chargée de la fonction
approvisionnement,
- Absence de la fonction étude et
développement,
- Absence de méthodes,
- Absence de système d'information et de gestion de
production informatisée,
- Absence de suivi des activités et de rendements,
- Matériel insuffisant pour maintenir une croissance
constante,
- Perte de temps considérable en manutention,
- La fonction responsable de qualité est assurée
par le directeur administratif et financier,
- Les procédures qualité ne sont pas
appliquées,
- Absence de responsable assurance qualité en plein
temps.
Recommandations :
- Mettre en place un système de gestion de la
production assisté par ordinateur GPAO permettant d'assurer le suivi de
la production et la planification relié à la gestion des
stocks,
- Assister la mise en place d'un bureau d'études et de
développement,
- Recruter un responsable achat et approvisionnement,
- Recruter un responsable assurance qualité,
- Mettre en place et certification de la norme
spécifique à l'emballage,
- Mettre en place un système de calcul de coût
d'obtention de qualité.
4. Diagnostic financier
Le diagnostic de la fonction financière a permis de
constater que la rentabilité de l'entreprise est en baisse :
- Taux de marge brute en décroissance,
- Taux de la valeur ajoutée en décroissance,
- Rentabilité financière et la
rentabilité économique sont en baisse.
Recommandations :
- Faire une diversification de produits et faire des
investissements dans la recherche et le développement,
- Utiliser d'autres sources de financement pour diminuer le
pourcentage de dépendance de la société S1,
- Chercher des marchés à l'export.
II.2.4. Résultats des investigations
empiriques
|
Projections
|
Action non réalisées
|
Structure
|
- Formalisation
- Elaboration de cellules et fonction (audit, contrôle
budgétaire, d'étude, de gestion de trésorerie)
|
Création de la cellule d'audit, celle du service
méthode, celle de contrôle budgétaire, de
comptabilité générale
|
Style de management
|
- Gestion orientée qualité, contrôle des
coûts, fiabilité, crédibilité financière,
prévisions
- Mise en place système de comptabilité
générale, analytique, de gestion budgétaire,
contrôle de gestion, des tableaux de bord
- Recrutement des compétences (commerciaux, responsables
...)
- Développement d'un système d'aide à la
décision
- Orientation stratégique de pénétration
- Mise en place d'une GPAO, et certification
- Orienter la gestion financière vers la
diversification
|
Gestion prévisionnelle
Les procédures ne sont pas appliquées
Le plan de formation
Compétences limitées
Tableau de bord limité
La GPAO
|
Comportement
|
- Développer la motivation du personnel
|
|
Système d'information
|
- Développer un SI sur la demande et la concurrence
- Acquérir un logiciel de gestion des aléas et
celui de gestion intégrée
- Créer un site web
|
Système d'information sur la demande et la
concurrence
|
Tableau n° 6 : les projections et les
réalisations de changement du cas SM
L'analyse comparée des deux rapports de diagnostic
élaborés à l'occasion du 1er et du
2ème plan de mise à niveau a permis de constater que
le 1er projet était orienté vers la création
d'une chaîne de fabrication d'aérosols, sans pour autant accorder
une importance à l'aspect immatériel. En effet, aucune
amélioration relative à l'aspect organisationnel n'a
été constatée lors du 2ème diagnostic.
Les recommandations formulées dans le rapport du 1er diagnostic ont
été reformulées dans le rapport du 2ème
diagnostic.
Sur la base des investigations effectuées avec les
responsables de l'entreprise et qui ont concerné tous les aspects
organisationnels, nous avons constaté que l'entreprise s'est
conformée partiellement aux recommandations qui lui ont
été formulées dans le cadre du 2ème rapport de
diagnostic. En ce qui suit, nous mettons en relief les actions mises en oeuvre
et achevées et celles qui n'ont pas été
réalisées.
1. Structure organisationnelle
Les actions, liées à la structure
organisationnelle, mises en oeuvre et achevées sont :
- Un organigramme de la structure organisationnelle a
été formulé, définissant les relations
fonctionnelles et les responsabilités.
- La mise en place de la fonction gestion de trésorerie
dans le cadre d'une direction administrative et financière mais qui est
dénudée de tout pouvoir décisionnel. Les décisions
sont toujours prises par le directeur général. D'ailleurs la
gestion de trésorerie se limite à un contrôle de la
situation de trésorerie, au suivi des échéanciers et au
contrôle des agios et de l'application des conditions bancaires.
- Une équipe commerciale à été mis
en place sous la supervision du directeur général qui continue
à assurer la direction de la fonction commerciale.
- Un manuel de procédures a été
élaboré.
Les recommandations non réalisées sont :
- La mise en place d'une cellule d'audit interne,
- La gestion prévisionnelle de trésorerie
(toujours ignorée),
- La mise en place d'une cellule de contrôle
budgétaire,
- La création d'un service
« méthodes »,
- Les procédures formulées dans le cadre d'un
manuel ne sont pas appliquées, l'entreprise continue à appliquer
les anciennes procédures. En effet il n'est pas possible d'appliquer les
procédures lorsque la structure organisationnelle proposée n'a
pas été mise en oeuvre. Le directeur général
continue à assurer la direction de la fonction de production et des
approvisionnements.
2. Système d'information
Le système d'information présente encore, les
insuffisances suivantes :
- La comptabilité générale est toujours
externalisée,
- Un manuel de procédures de comptabilité
analytique est élaboré et un logiciel a été mis en
place mais il n'est pas bien exploité,
- La gestion prévisionnelle est ignorée à
tous les niveaux, il n' y a ni planification ni budgétisation,
- L'aspect contrôle de gestion est toujours
ignorée ; seul un ancien système qui correspond à un
simple suivi de la production et des ventes établi par le directeur
continue à exister.
3. Ressources humaines
La vérification de la mise en oeuvre des
recommandations a dégagé les faiblesses qui persistent au niveau
de la fonction ressources humaines et qui sont les suivantes :
- Les actions de formation constituent un luxe offert
occasionnellement à certains employés. Aucun plan de formation
n'est établi. Seul des formations techniques sont effectuées
à l'occasion de l'acquisition d'un nouveau matériel.
- Les compétences en gestion restent toujours
limitées, sinon, leurs prérogatives se limitent à
l'exécution des tâches élémentaires.
- Même si en valeur absolue le taux d'encadrement est
considéré comme satisfaisant, néanmoins relativement, il
continue à souffrir de l'incompétence technique en matière
de gestion.
4. Fonction commerciale
Les actions liées à la fonction commerciale et
ignorées sont les suivantes :
- La direction commerciale continue à être
assurée par le directeur général.
- L'aspect marketing continue à marquer son absence
dans l'entreprise.
- Un embryon de tableau de bord limité à
l'aspect commercial (évolution du chiffre d'affaires par client, par
produit, par secteur) est mis en place à travers un agent assurant le
suivi des activités des représentants.
- Aucune action n'a été engagée, ayant
pour objet la création d'un système d'information portant sur la
demande et la concurrence.
5. Fonction technique
Les insuffisances liées à la fonction technique
relevées dans le cadre de notre recherche sont les suivantes :
- La fonction approvisionnement est toujours assurée
par le directeur général,
- La fonction développement est aussi assurée
par le directeur général et
- Le système de GPAO recommandé est
inexistant.
II.2.5. Conclusions
L'entreprise SM semble avoir échoué son plan de
mise à niveau dans son aspect immatériel. Ceci est du à
plusieurs phénomènes.
Les innovations qui concernent les techniques d'information,
le changement de la nature du travail, l'amélioration des
compétences organisationnelles (délégation de pouvoirs,
amélioration du taux d'encadrement, gestion participative) et
l'amélioration des techniques de gestion (gestion prévisionnelle
et gestion stratégique) sont ignorées par l'entreprise.
Les objectifs du changement tels que formulés dans le
rapport de diagnostic ne semblaient pas intéresser les dirigeants. Tous
les autres aspects à savoir, aptitude à s'adapter au changement
de l'environnement, développement de certaines qualités de
l'organisation, le changement de comportement des individus restaient
très limité à certains actions très
élémentaires tel que la création d'un service commercial.
Ceci est probablement relatif au profil du dirigeant. En
effet, le style de management est du type classique, caractérisé
par l'unité de commandement, par un large éventail de
subordination et par un degré de centralisation élevé
où les individus sont assimilés à des machines. Le style
de comportement qui est du type autoritaire usant de l'approche situationnelle
(l'accent étant mis sur la tâche).
S'agissant des compétences du dirigeant, celles-ci sont
d'ordre technique et se traduisent par la maîtrise du métier. Les
compétences managériales, les compétences humaines et les
compétences conceptuelles sont très limitées parfois
même inexistantes.
Le système d'information, tel qu'il est
recommandé, devrait permettre à l'entreprise de surveiller
l'évolution de l'environnement, changer le style de management,
améliorer les comportements, créer un esprit participatif. La
mise en place de certains éléments du système
d'information n'a pas permis d'atteindre ces objectifs.
La pratique du changement dans l'entreprise ne correspond pas
aux exigences théoriques (pas de comité de pilotage : le
directeur administratif et financier est le seul chargé de superviser
les actions recommandées dans le cadre du plan de mise à
niveau).
Le capital humain n'est pas perçu comme instrument de
réussite. Le facteur de réticence au changement lié aux
subordonnées n'est pas pris en considération. Ainsi, le turn-over
dans l'entreprise est relativement important, parce que les subordonnés
ne peuvent pas aspirer à un changement de statut ou une promotion.
Cependant, la réussite d'un programme de changement exige la
coopération active d'un maximum de gens. Faute d'une motivation
suffisante, personne ne viendra en renfort, et l'opération ne
mènera nul part. D'ailleurs, toutes les actions menées ont
été conçues et mises en place par des personnes
extérieures « consultants ».
Le phénomène de résistance dans
l'entreprise semble être plutôt lié au comportement des
dirigeants qui paraissaient être très conservateurs et n'avaient
pas les capacités requises et les aptitudes à
déléguer les pouvoirs et améliorer leur style de
management.
En conclusion l'échec du changement lié aux
aspects organisationnel est strictement dû à l'état
d'esprit et au comportement des dirigeants. En effet, le directeur
général semble jouer le rôle de gestionnaire mais pas de
dirigeant. Il est fort probable que les bons résultats ne donnent pas
envie de changer.
II.3. Le cas SP
II.3.1. Présentation de l'entreprise et contexte
de changement
L'entreprise SP est une société anonyme au
capital de 460 milles DT, créée en 1972 et entrée en
production en 1974. Son objet est à l'origine la menuiserie et
l'ameublement en plastique.
L'activité a commencé par la fabrication des
volets roulants en plastique usant de la technique d'extrusion.
Faute de marché elle s'est réorientée
vers l'activité de fabrication des articles ménagers puis la
fabrication des emballages en plastique usant de la technique d'injection.
L'entreprise emploie 35 personnes et réalise un chiffre
d'affaire d'environ un million de dinars.
La rentabilité de l'entreprise paraît très
faible. Elle est de 1% environ. L'entreprise devient de plus en plus
troublée par la concurrence des produits asiatiques et du marché
parallèle.
Dans ce contexte, les dirigeants envisagent de rechercher des
solutions radicales pour améliorer le positionnement de l'entreprise sur
le marché et profiter de son savoir-faire pour améliorer la part
de marché de l'entreprise.
Pour ce faire, la direction a décidé de lancer
des programmes de mise à niveau.
Actuellement, l'entreprise est à son deuxième
plan de mise à niveau. Des experts en matière de diagnostic ont
intervenu pour détecter les points forts et les points faibles, ainsi
que les menaces et les opportunités dans le cadre d'une analyse
stratégique.
Sur le rapport de diagnostic établi en 1997, nous avons
relevé les conclusions et recommandations suivantes.
II.3.2. 1er programme de mise à niveau
(1997)
L'analyse de l'environnement de l'entreprise a permis de
constater que le marché de plastique est en évolution constante.
Il est en mutation dû au développement de nouveaux designs
exigés par le consommateur.
Sur le marché de proximité, (pays
maghrébins voisins et Afrique) le besoin est considérable et la
société SP a un avantage de proximité. Les dirigeants de
l'entreprise considèrent la Libye et l'Algérie comme zones de
développement prioritaires après la Tunisie.
- L'export est un marché porteur uniquement pour les
produits peu volumineux,
- La gamme de volets roulants est concurrencée par les
volets en bois. Le volet roulant est encore en phase de lancement,
- L'entreprise est amenée à faire face au risque
généré par le démantèlement douanier.
Le diagnostic interne a porté sur les systèmes
et les fonctions suivants :
- Diagnostic management,
- Diagnostic commercial,
- Diagnostic technique,
- Diagnostic ressources humaines.
1. Diagnostic management
Les insuffisances du management telles que relevées
à travers le diagnostic sont les suivantes :
- Management centralisé nécessitant une
présence permanente du directeur central,
- Gestion budgétaire inexistante,
- Absence de la fonction contrôle de gestion,
- Absence d'un système de tableau de bord et de
reporting,
- Cumul des fonctions comptable et financière.
Recommandations
- Consolider l'esprit d'entreprise en vu de la mise en place
d'une délégation du pouvoir, permettant une responsabilisation
réelle des cadres,
- Changement du mode de management avec concertation,
établissement d'objectifs, actions, vérifications,
- Créer un comité stratégie marketing,
- Mettre en place une fonction qualité
indépendante, la rattacher directement à la direction
générale,
- Créer une fonction de coordination des
systèmes de production,
- Regrouper les tâches à caractère de
gestion dans une même entité (comptabilité
générale, comptabilité analytique, contrôle
budgétaire),
- Créer un poste de gestion administrative et
financière,
- Mettre en oeuvre une politique de veille économique
permettant a l'entreprise de mieux apprécier les stratégies des
clients effectifs ou potentiels ainsi que de la concurrence, afin de renforcer
l'aptitude de la société à anticiper les évolutions
du marché et à saisir les meilleurs opportunités.
2. Diagnostic commercial
Les insuffisances relevées sur la fonction commerciale
sont les suivantes :
- Fonction marketing inexistante,
- Absence d'objectifs, stratégie et plan marketing
formalisé,
- Absence d'une structure commerciale,
- Absence de politique de communication,
- Informations statistiques non exploitées,
- Marge réelle inconnue,
- Outil informatique peu développé.
Recommandations
- Gamme de produits à faire évoluer,
- Se concentrer sur le développement de l'export,
- Mettre en place une structure commerciale,
- Mettre en place des outils pour connaître les
coûts,
- Définir une stratégie commerciale à
moyen terme, la diffuser et la transformer en objectifs,
- Définir une politique commerciale agressive sur le
plan local et internationale,
- Mettre en place de contrôle de gestion,
(système de tableaux de bord, et de mesure de performances),
- Développer un système de communication pour se
faire connaître sur le marché et établir une bonne image de
marque auprès des clients, afin de bénéficier d'un bon
positionnement par rapport à la concurrence,
- Développer un système d'information sur la
demande et la concurrence permettant d'orienter la société dans
ses choix stratégiques de nouveaux clients, nouveaux marchés et
de la politique des prix.
3. Diagnostic technique
Le diagnostic technique a permis de relever les faiblesses
suivantes :
- Fonction méthodes inexistante,
- Absence de gamme opératoire,
- Absence d'ordonnancement et de planification
individualisée,
- Gestion budgétaire inexistante,
- Absence de procédures de maintenance,
- Absence de la fonction recherche &
développement,
- Gestion de production très modeste.
Recommandations
- Mettre en place une fonction méthodes assurant
l'ordonnancement et la planification de la production,
- Mettre en place un système GPAO,
- Mettre en place une structure de gestion de production et un
système de CAE,
- Lancer les procédures de certification ISO.
4. Diagnostic ressources humaines
La fonction ressources humaines présente les points
faibles suivants :
- Le comptable assure la gestion du personnel et de la
paie,
- Plan de formation inexistant,
- Absence de procédures de recrutement,
d'évaluation et de promotion du personnel,
- Absence d'un système de motivation,
- Absence de fiches fonction permettant de décrire les
missions et attributions de chaque personne,
- Faible taux d'encadrement.
Recommandations
- Mettre en place un organigramme adéquat,
- Formaliser les procédures administratives,
- Etablir un programme de formation,
- Mettre en place un système de motivation.
II.3.3. 2ème programme de mise à
niveau (2005)
Dans le cadre d'une stratégie d'intégration
verticale, le président directeur général de la SP
envisage la mise en place d'une ligne de menuiserie aluminium. Ce projet a pour
objectif de compléter la gamme actuelle des volets roulants et
développer la part de marché de l'entreprise dans le secteur de
l'immobilier.
Un 2ème programme de mise à niveau a
été lancé et un diagnostic stratégique a
été lancé dans ce cadre.
Le principal objectif annoncé par les dirigeants est le
développement du volume des ventes et par conséquent du chiffre
d'affaires, et ce, à travers les actions suivantes :
- Intégration de la menuiserie aluminium,
- Développement de l'activité d'extrusion
(volets roulants) destinée au secteur immobilier,
- Développement de la compétitivité de
l'entreprise,
- Amélioration de la productivité des
équipements,
- Développement du portefeuille client,
- Elargissement de la gamme de produits destinés au
marché médical,
- Développement de l'activité des emballages
pour les produits de beauté et des caisses.
1. Diagnostic de l'organisation et du management
Le diagnostic de l'organisation et du management a
dégagé les faiblesses suivantes :
- Absence d'objectifs, stratégies et plans
formalisés,
- Management trop centralisé,
- Structure organisationnelle légère
inadaptée au développement envisagé.
2. Diagnostic de la fonction commerciale
Le diagnostic de la fonction commerciale a permis de relever
les insuffisances suivantes :
- Absence d'objectifs, stratégie et plan marketing
formalisés,
- Chiffre d'affaires faible par rapport au potentiel productif
de la société,
- Absence de force de vente,
- Prix élevé par rapport à la
concurrence,
- Faible part de marché,
- Absence de politique de communication,
- Pas de marché a l'exportation.
Recommandations
- Mettre en oeuvre une politique de veille économique
permettant à la société de mieux apprécier les
stratégies des clients effectifs ou potentiels ainsi que de la
concurrence, afin de renforcer l'aptitude de la société à
anticiper les évolutions du marché et à saisir les
meilleurs opportunités,
- Consolider une assise commerciale en menant une politique
active de promotion / prospection visant à diversifier davantage la
clientèle, et développer de nouveaux marchés
étrangers,
- Développer l'activité des volets roulants qui
constitue un marché porteur,
- Développer une nouvelle gamme de produits tel que les
produits empilables et les pièces techniques destinées au
marché médical,
- Mettre en place un système de calcul de coût
permettant à l'entreprise de définir sa politique de produits et
de prix,
- Développer le marché export,
- Mettre en place une démarche marketing pour
s'introduire dans de nouveaux marchés,
- Développer un système de communication, pour
se faire connaître sur le marché et établir une bonne image
de marque auprès des clients, afin de bénéficier d'un bon
positionnement par rapport à la concurrence,
- Développer un système d'information sur la
demande et la concurrence permettant d'orienter la société dans
ses choix stratégiques de nouveaux clients, nouveaux marchés et
les prix.
3. Diagnostic de la fonction technique
Les insuffisances de la fonction technique sont les
suivantes :
- Le taux d'occupation des équipements rentables est
relativement faible,
- L'entreprise ne dispose pas d'un système lui
permettant de gérer ses approvisionnements et ses stocks d'une
manière rationnelle,
- Le système de gestion de la fonction ne permet pas de
fournir des informations quantifiées permettant de mesurer les
performances de l'activité,
- L'entretien des équipements ne fait pas l'objet d'une
gestion rationnelle et formalisée. L'entreprise ne détient pas un
fichier technique de ses équipements.
Recommandations
- Un système de tableau de bord, de suivi et de mesure
de performances des activités de l'entreprise mérite d'être
mis en place,
- Un système de gestion d'entretien et de maintenance
mérite d'être développé,
- Les locaux ont besoin d'une action de réorganisation
et les stocks ont besoin de faire l'objet d'un suivi permettant de rationaliser
les approvisionnements,
- La création d'un poste de magasinier est
indispensable pour assurer le suivi et le contrôle des mouvements de
matières et de produits finis,
- Elargir la gamme des moules en ciblant de nouveaux
marchés.
4. Diagnostic des ressources humaines
Les ressources humaines présentent les faiblesses
suivantes :
- Faible implication du personnel dans la fixation des
objectifs,
- Age moyen du personnel assez élevé,
- Absence de fiches de fonction pour tout le personnel,
- Absence de programme de formation,
- Le niveau d'instruction initial inadapté.
Recommandations
- Mise en place d'un organigramme fonctionnel et
élaboration des fiches fonctions,
- Mise en place d'un plan de formation annuel adapté au
besoin du personnel.
II.3.4. Résultats des investigations
empiriques
|
Projections
|
Actions non réalisées
|
Structure
|
- Création de comité (marketing) et fonctions
(méthode, qualité) et poste de gestion administrative
- Regroupement de tâches
- Formalisation des procédures et fiches de fonctions
|
Structure reste légère
|
Style de management
|
- Concertation et établissement d'objectifs
- Orientation stratégique de la gestion (commerciale,
...)
- Développer l'export et mettre en place une GPAO, la
certification, un système de CEA, celui d'entretien et de maintenance,
celui de tableau de bord
- Programmer la formation
- Développer l'activité des volets roulants
- Réorganiser les locaux et rationaliser les stocks
- Elargir la gamme de moules
|
La formation
Les actions commerciales
|
Comportement
|
- Consolidation de l'esprit d'entreprise
- Motivation du personnel
|
Motivation du personnel
|
Système d'information
|
- Système de veille économique
- Système de communication externe
- SI sur la demande et la concurrence
|
|
Tableau n° 7 : les projections et les
réalisations de changement du cas SP
Les investigations réalisées dans le cadre de
notre recherche ont permis de constater qu'aucune recommandation ayant un
caractère immatériel n'a été mise en oeuvre. Les
investissements réalisées dans le cadre du 1er
programme de mise à niveau ne concernaient que l'aspect matériel
(matériel technique).
Outre le PDG, l'administration comprend un directeur technique
en fin de carrière ayant le profil d'un ingénieur. Elle comprend
aussi, une autre personne, (dont la formation de base est littéraire)
affectée au poste de tenue de comptabilité et de gestion de
trésorerie. Une troisième personne (ayant un niveau d'instruction
relativement faible par rapport au poste qu'il occupe) est chargée de la
facturation et du suivi des stocks produits finis. Enfin, une secrétaire
de direction chargée du traitement de texte du courrier de la direction
et du standard.
La structure administrative est très
légère et ne dispose pas des compétences requises.
L'aspect formation ne semble pas être considéré parmi les
habitudes de l'entreprise. Cette dernière ne dispose d'aucune
réserve de compétences ; il est évident que la
libération d'une personne pour la formation apparaît très
difficile.
Par ailleurs, et pour satisfaire aux exigences de
qualité des donneurs d'ordre étrangers, l'entreprise a
recruté un technicien spécialisé en systèmes de
qualité. Ce dernier est actuellement employé comme coursier du
PDG.
Les dirigeants ont tendance à céder devant la
concurrence et l'évolution de l'environnement. Le PDG étant en
fin de carrière et ne semble pas s'inquiéter pour le sort de
l'entreprise.
Le PDG est le seul décideur de l'entreprise. Son
comportement semble créer des tensions au niveau des subordonnés
qui manifestent un taux d'absentéisme important. Le personnel
n'étant pas motivé, la productivité est faible, le
matériel est sous-exploité, et aucune action commerciale n'est
engagée pour améliorer le niveau de production et des ventes.
L'entreprise continue à traiter avec des clients classiques dont le
nombre tend vers la diminution pour des raisons de compétitivité.
Les tâches du directeur technique se limite à la
gestion des problèmes techniques, la réalisation des
marchés de volets roulants et l'affectation des équipes de
montage des dits volets.
Encore une fois, le changement, bien qu'il soit introduit dans
le cadre de mise à niveau et subventionné à concurrence de
70% des coûts engagés, ne semble pas intéresser les
dirigeants.
II.4. Le cas MC
II.4.1. Présentation de l'entreprise MC et
contexte de changement
MC est un groupe Tunisien de textile composé de trois
entreprises : MC, ME, et MD.
- MC est une société de production
destinée au marché tunisien ;
- ME évolue sous le régime de la loi 92-81 du 3
août 1992, dont la production est destinée au marché de
l'export ;
- MD est une société commerciale dont l'objet
est la diffusion des produits sur le marché tunisien.
Le groupe MC a pour activité principale la production
et la distribution d'articles en maille. Depuis l'année 1995, le groupe
s'est engagé pour un premier programme de mise à niveau.
Aujourd'hui, il est à son 3ème programme.
Avant le démarrage de son premier programme, son
chiffre d'affaires montait à 3,9 millions de DT ; actuellement il
est à 11,0 millions de DT.
La première société du groupe MC
(société MC elle-même) a été
créée en 1976. Actuellement, son capital social
s'élève à 4,5 millions de dinars.
En 2003, le groupe employait 588 personnes dont 368 sont
affectées à la production, 125 sont affectées à la
distribution et 95 personnes affectées aux activités
administratives et autres.
En 1995, les paramètres de l'entreprise se
présentaient en deçà des résultats attendus :
- Une stagnation du chiffre d'affaires autour de 3,9 millions
de dinars pendant les exercices 93, 94 et 95 et
- Des résultats déficitaires pendant ces trois
exercices.
Etant inquiet de cette situation, alors que l'entreprise
devrait faire face à un changement remarquable de l'environnement qui
présentait des opportunités de développement remarquables,
les dirigeants ont, depuis ce temps, décidé de se lancer dans des
programmes de mise à niveau, tout en espérant que ces programmes
leur permettent de tirer des avantages économiques.
Aujourd'hui l'entreprise est à son 3ème plan de
mise à niveau (le 1er est lancé 1995, le
2ème en 1999 et le 3ème en 2003). A chaque
fois, un diagnostic stratégique est réalisé, pour
détecter les points forts et les points faibles de l'entreprise, ainsi
que les opportunités à saisir et les menaces à opposer.
II.4.2. 1er programme de mise à niveau
(1995)
Le rapport de diagnostic laisse relever un certain nombre de
constatations, mettant en relief les caractéristiques de
l'environnement du secteur :
- Le secteur du textile / habillement était en ce
moment le premier secteur exportateur de l'industrie tunisienne.
- Des études ont fait ressortir que l'essentiel des
valeurs réalisées à l'exportation, provenait des produits
de la confection et de la bonneterie qui représentaient environ 92% de
la valeur totale des exportations du secteur. La croissance de l'export d'une
année à une autre est estimée de 6% environ.
- L'Etat tunisien a mis en place un programme de
libéralisation progressive permettant d'une part, la réduction
graduelle des restrictions quantitatives, et d'autre part, la rationalisation
des droits à l'importation. Ce programme a aussi concerné le
secteur de l'habillement. Il a débuté en 1989.
Par ailleurs, et à l'horizon de l'an 2000, le
marché tunisien de la maille de qualité, marché sur lequel
se trouvait positionné le groupe MC, était confronté
à une environnement caractérisé par les
phénomènes suivants :
- Ouverture des frontières et abaissement des
tarifications douanières et
- Montée en puissance de la grande distribution,
L'offre du prêt-à-porter en Tunisie est assez
variée. Elle est structurée de la façon suivante :
- La production locale,
- Les importations organisées,
- Les importations non organisées (marché
parallèle),
- Les importations individuelles et
- La friperie
Les principaux lieux d'achat en Tunisie sont les centres
commerciaux, les boutiques, les grandes surfaces et enfin les souks. Toutefois,
il y a un grand nombre de personnes, de divers milieux sociaux, achètent
leurs vêtements à la friperie.
Outre cela, le développement du marché
parallèle, a attiré beaucoup de consommateurs, auquel, il vient
s'ajouter « le phénomène de la valise ».
Le marché est caractérisé par la
saisonnalité de l'achat.
A. Positionnement stratégique du
groupe
Le groupe MC étant spécialisé dans la
fabrication de tissus et d'articles d'habillement en maille ; il est
présent sur deux marchés distincts :
- La fabrication des produits finis confectionnés
destinés au marché local tunisien (52% de l'activité des
ateliers hors finition), d'une part, et
- Le travail à façon réalisé pour
le compte de confectionneurs européens, essentiellement italiens et
français (l'activité export représente 48% de
l'activité des ateliers), d'autre part.
Le groupe exerce quatre métiers, à
savoir :
- La création de collections et de modèles,
- Le tricotage,
- La confection d'articles d'habillement en maille et
également en chaîne et trame, et
- La commercialisation d'articles prêt-à-porter
sur le marché local à travers son propre réseau de points
de vente implanté sur l'ensemble du territoire tunisien.
B. Politique générale du groupe
La politique générale a été
formalisée par l'équipe intervenante à travers les
investigations menées auprès de la direction
générale. L'objectif général défini par
l'entreprise visait à :
- Améliorer la rentabilité tout en acceptant des
périodes d'investissements,
- Développer l'activité de la marque sur le
marché local,
- Diversifier l'activité de l'entreprise (à
travers le lancement d'autres gammes de produits),
- Développer l'activité de l'entreprise et
réduire sa dépendance vis-à-vis de la marque, et
- Améliorer la compétitivité de
l'entreprise sur le plan qualité, capacité et coût de
production.
Pour réaliser ses objectifs l'entreprise avait
envisagé de :
- Optimiser la structure organisationnelle de l'entreprise
(organigramme, procédures, organisation),
- Optimiser le système d'information de la
société,
- Augmenter la productivité de l'outil de
production,
- Améliorer le taux d'encadrement,
- Moderniser les équipements,
- Former le personnel,
- Etendre la ligne de la marque par l'introduction
d'accessoires compatibles avec le positionnement de la marque (sacs, ceintures,
chaussures, etc.),
- Associer les connaissances dans la distribution du
prêt-à-porter sur le marché local et à la
notoriété d'un partenaire étranger, en vue de créer
une nouvelle chaîne de points de vente sous le label du partenaire, et
- Développer l'activité du négoce
à l'export.
C. Diagnostic interne de l'entreprise
Le diagnostic interne, élaboré dans le cadre du
programme de mise à niveau, a porté sur les systèmes et
les fonctions suivants :
- Diagnostic technique ;
- Diagnostic commercial ;
- Diagnostic financier.
Sur le rapport de diagnostic, nous avons relevé,
uniquement, les insuffisances qui concernent l'aspect organisationnel et
management de l'entreprise.
1. Diagnostic technique
Le diagnostic technique a mis en évidence les
insuffisances suivantes :
- Absence d'une fonction logistique centralisée et
globale conduisant à une mauvaise maîtrise des approvisionnements.
Il en résulte une production en flux poussant, dont l'ordonnancement est
piloté par la livraison et la réception des matières
premières,
- Non planification de la mise à disposition du
marché,
- Estimation du coût de revient imprécise,
- Ordonnancement non fiable intégrant des contraintes
d'approvisionnement,
- Organisation fonctionnelle non performante conduisant
à un taux de service très insuffisant, à une
quantité de stocks matières et produits semi
élaborés anormaux, à des stocks produits finis non
écoulés en fin de collection et en période favorable.
2. Diagnostic commercial
Au niveau de la fonction commerciale, il a été
constaté les points suivants :
- Absence de plans de collection structurés
définissant les responsabilités, les chemins critiques et les
échéances à respecter,
- Absence de suivi d'un taux de service des points de vente
par rapport aux commandes,
- Au niveau des points de vente on gère la
pénurie plutôt que la distribution.
3. Diagnostic financier
S'agissant de la fonction financière, il a
été relevé que :
- Le groupe souffre d'une carence organisationnelle (absence
d'un organigramme, manuel de procédures, ...),
- La politique d'investissement mérite d'être
revue dans la mesure où, une bonne partie des immobilisations est
financée par des crédits à court terme,
- Le groupe souffre d'un déséquilibre financier
(fonds de roulement négatif et insuffisance des fonds propres),
- Le résultat du groupe n'est pas en rapport avec les
performances et l'ancienneté dans le secteur.
D. Plan d'action recommandé lié aux
aspects organisationnel et management
Pour remédier à toutes ces insuffisances, il a
été recommandé de :
- Mettre en place un système de planification et de
suivi des processus de collection et d'industrialisation,
- Mettre en place une fonction « management
logistique »,
- Agencer et aménager un bureau d'étude,
d'industrialisation, de mise au point des produits et installation du
matériel CAO-DAO,
- Mettre en place un système de contrôle de
gestion,
- Elaborer l'organigramme du groupe,
- Instaurer un manuel des procédures au sein du
groupe,
- Recruter un directeur administratif et financier,
- Instaurer un système de comptabilité
analytique de gestion,
- Préparer une stratégie pour aborder la
disparition des barrières douanières,
- Elaborer une stratégie marketing et commerciale,
- Mettre en place un système de gestion qualité
et
- Recruter un responsable assurance qualité.
II.4.3. 2ème programme de mise
à niveau (1999)
A. Objectifs et stratégie
annoncés
Les objectifs définis sont au nombre de trois :
- Augmenter la rentabilité de l'entreprise,
- Augmenter le chiffre d'affaires des points de vente par
l'introduction d'une nouvelle gamme de produits complémentaires à
la gamme actuelle,
- Se diversifier à l'exportation par une augmentation
de la sous-traitance et par le développement des ventes sous la marque
de l'entreprise.
La stratégie, que l'entreprise envisage d'adopter pour
la réalisation de ses objectifs, se résume en cinq
points :
- Créer et développer une activité
teinture / ennoblissement (intégration),
- Créer et développer une ligne de produits
prêts à porter rectiligne (diversification),
- Continuer à développer de nouveaux points de
ventes,
- Se positionner à l'export sans se tourner vers le
marché du coût / minute et
- Développer la sous-traitance sur les marchés
à forte marge.
B. Impact du 1er programme de mise à
niveau
Le diagnostic stratégique élaboré pour un
2ème programme de mise à niveau, a fait ressortir
l'impact du 1er programme de mise à niveau qui se
résume aux points suivants :
- Le groupe a maintenu la même structure,
- Le chiffre d'affaires a atteint le niveau de 7,0 millions de
dinars parce que le nombre de points de vente a augmenté,
- La situation financière est restée
inchangée et l'entreprise a toujours besoin de trésorerie,
- La marque du groupe reste toujours forte et sur laquelle on
peut continuer de comptabiliser,
- La rentabilité est fortement pénalisée
par la génération d'invendus,
- L'outil de production s'est nettement amélioré
et
- La démarche ISO est enclenchée
Les investissements immatériels réalisés
dans le cadre du 1er programme de mise à niveau ont concerné les
éléments suivants :
- mise en place d'un système de planification et de
suivi des processus de collection et d'industrialisation et
- recrutement d'un directeur administratif et financier
C. Positionnement de l'entreprise à la veille
du 2ème PMN
L'analyse du positionnement de l'entreprise dans le cadre du
diagnostic de l'entreprise dans le cadre d'un 2ème programme
de mise à niveau, a fait ressortir les constatations suivantes :
- L'entreprise est présente sur deux marchés, le
marché local et le travail à façon destiné à
l'exportation,
- L'entreprise possède des points de vente en
franchise,
- La marque de l'entreprise est positionnée sur le
moyen et haut de gamme,
- La marque développe trois collections par an et
représente environ 300 modèles,
- L'entreprise exerce 5 métiers : création
de modèles, tricotage, confection, commercialisation et
sous-traitance,
- Par rapport à la concurrence, la marque est
perçue de qualité avec une offre attrayante, et
- La direction générale estime qu'il existe
encore un potentiel de développement.
D. Diagnostic interne de l'entreprise
1. Diagnostic commercial
Le diagnostic commercial a permis de relever les points
faibles suivants :
- Le niveau d'invendus reste extrêmement
élevé et constitue une menace très importante pour la
situation financière (absence de la fonction « management
logistique),
- Les données statistiques sont exploitées en
retard (production, stock, ventes, charges de production) ; il manque une
personne qui puisse coordonner et analyser toutes ces informations,
- Le retard de mise en place de la collection sur le
marché constitue une menace pour la notoriété de la
marque.
Il a été recommandé de :
- Mettre en place une fonction logistique travaillant dans le
cadre de la direction commerciale et
- Affecter une personne pour l'analyse des statistiques
disponibles et surveiller en permanence l'évolution des ventes par
rapport aux prévisions afin de transmettre au plus tôt, les
modifications au service logistique.
2. Diagnostic technique
Sur le plan organisationnel et outre l'absence d'une fonction
logistique, aucune insuffisance n'a été relevée. Ainsi, et
afin de passer d'une économie de produit à une économie de
marché (ce qui correspond à un changement des méthodes de
gestion), il a été recommandé de mettre en place une
fonction logistique qui constituerait l'interface entre la fonction commerciale
et la fonction de production. Elle aura pour mission principales de :
- Coordonner les lancements en fabrication en fonction des
demandes commerciales,
- Surveiller l'évolution de la prise d'ordre par
rapport aux prévisions,
- Planifier les lancements par thème et
- Répartir les charges par atelier.
Pour cela, il a été recommandé :
- une formation à la gestion pour l'encadrement
supérieur,
- une assistance et un accompagnement nécessaires
à la mise en place et à la réussite du changement.
Par ailleurs, il a été recommandé de
mettre en place un système de GPAO et l'accompagner par la formation et
l'assistance nécessaires.
3. Diagnostic financier
Sur le plan organisationnel, il a été
constaté les points suivants :
- Absence d'organigramme,
- Absence d'un manuel des procédures,
- Absence de suivi rigoureux des charges les plus
importantes,
- Absence d'un système de comptabilité
analytique,
- La direction financière est réduite à
la fonction comptable et à la gestion de la caisse et
- Les fonctions allouées aux agents de la direction
financière ne sont pas définies.
Il a été recommandé de lancer les actions
suivantes :
- Etablir un organigramme qui reflète la situation
réelle de l'organisation et un organigramme cible permettant la
réalisation des objectifs de la fonction financière et comptable
de l'entreprise,
- Etablir des pouvoirs écrits et des fiches fonctions
pour les différents responsables et agents de la direction
financière,
- Définir les centres de responsabilités et des
centres de coûts au niveau des différentes entités.
4. Système d'information
Le diagnostic du système d'information a permis de
relever les insuffisances suivantes :
- Le système d'information comptable est réduit
à la comptabilité générale, il ne couvre pas le
volet analytique et prévisionnel,
- L'absence d'états financiers consolidés du
groupe ne permet pas aux dirigeants de prendre des décisions
appropriées sur la base de données objectives,
- La fonction contrôle de gestion est pratiquement
absente, ce qui freine le suivi des réalisations des plans et des
programmes de mise à niveau,
- Les prix de cession internes entre les
sociétés du groupe sont facturés d'une manière
forfaitaire ; ce qui n'est pas en corrélation avec les coûts
effectifs et qui fausse toute analyse financière objective.
Il a été recommandé le
développement du système d'information par :
- Le renforcement des moyens matériels
informatiques,
- Le développement de logiciels répondants aux
besoins actuels et futurs de l'exploitation,
- L'assurance d'une meilleure intégration des
programmes actuels,
- L'acquisition d'un logiciel de gestion électronique
des documents,
- L'assistance à la maîtrise des
équipements informatiques et
- L'assistance technique en informatique.
II.4.4. 3ème programme de mise
à niveau (2003)
A. Impact du 2ème programme de mise
à niveau
Le rapport de diagnostic du 3ème programme
de mise à niveau devrait, en principe, présenter l'impact du
2ème programme, néanmoins, aucune information en ce
sens, n'a été fournie.
B. Positionnement de la société à
la veille du 3ème PMN
L'analyse du positionnement stratégique de l'entreprise
élaboré dans le cadre du 3ème programme de mise
à niveau, a permis de relever les éléments
suivants :
- L'entreprise présente, toujours, trois collections
par an,
- Le style des articles est diversifié,
- La qualité est jugée bonne mais le coût
d'obtention est élevé,
- Le volume des ventes a enregistré, entre
l'année 2000 et 2002, une évolution de 16%,
- La distribution de la quasi-totalité des produits de
l'entreprise est assurée à travers les points de vente de
l'entreprise,
- L'exportation des produits finis a constaté une
régression très importante entre 2000 et 2002 et
- L'exportation de la façon a évoluée de
1,3% entre 2000 et 2002.
C. Diagnostic interne de l'entreprise
Le diagnostic du programme de mise à niveau (2003) a
porté sur l'aspect technique (comme pour les deux programmes
précédents) et sur l'aspect ressources humaines (contrairement
aux anciens diagnostics). Le diagnostic de l'aspect commercial n'a
dégagé aucune insuffisance.
1. Diagnostic des ressources humaines
Le diagnostic des ressources humaines a
dégagé :
- Une productivité qui a enregistré un
fléchissement en 2001 comparativement à l'exercice 2000, puis
elle a amorcé une amélioration en 2002,
- Un taux de rotation « turn-over »
élevé et qui dénote d'une certaine
instabilité ; ce phénomène est très
remarquable au niveau du personnel administratif.
2. Diagnostic technique
Les insuffisances relevées sont les suivantes :
- Le rendement des activités de production est
resté toujours en deçà des normes,
- L'organisation de la fonction méthodes mérite
d'être revue,
- Le coût d'obtention de la qualité n'est pas
contrôlé.
Pour combler à ces carences, il a été
recommandé des actions d'assistance technique et la mise en place des
moyens matériels et de produits logiciels adaptés aux besoins de
l'entreprise.
3. Diagnostic financier
Le diagnostic financier a permis de dégager les
insuffisances suivantes :
- Le fond de roulement persiste à niveau très
faible,
- Le besoin de fond de roulement est très important,
- Le groupe recourt excessivement aux crédits
« court terme » ce qui a pour effet de pénaliser la
rentabilité de l'entreprise,
- Des investissements sont financés par des dettes
à court terme.
Il a été recommandé de :
- Consolider le fond de roulement,
- Ramener les dettes à court terme à un niveau
acceptable,
- Financer le besoin en fond de roulement par des ressources
à long terme,
- Améliorer la rentabilité économique et
financière du groupe par :
la baisse du coût d'endettement
la maîtrise des achats et des charges à travers
la mise en place
- d'un système de calcul de coûts,
- d'un système de suivi par tableaux de bord et
- d'un système de gestion budgétaire
Par ailleurs, la synthèse du diagnostic relatif au
3ème programme de mise à niveau a
présenté un tableau portant sur les investissements
immatériels recommandés permettant de développer les
compétences, renforcer la structure de l'entreprise, et
développer encore le système d'information. La liste des
investissements était la suivante :
- Assistance technique informatique,
- Assistance marketing,
- Assistance méthode,
- Assistance technique coupe,
- Assistance technique bureau d'études,
- Assistance technique planification et logistique de
production,
- Assistance technique organisation production,
- Recrutement cadre marketing,
- Recrutement cadre méthodes,
- Recrutement cadre qualité,
- Assistance pilotage programme mise à niveau,
- Conception et mise en place d'un système de
comptabilité analytique,
- Rédaction d'un manuel de comptabilité
analytique,
- Conception et mise en place d'un système de tableaux
de bord financier,
- Conception et mise en place d'un système
budgétaire,
- Etude de restructuration financière,
- Assistance restructuration financière,
- Acquisition d'un logiciel d'analyse de l'activité de
production « open executif cegid »,
- Acquisition d'un logiciel pour bureau d'études et de
création,
- Acquisition d'un logiciel pour développement et
programmation,
- Acquisition d'un logiciel de planification
« Orliplan »,
- Acquisition d'un serveur,
- Acquisition de 12 PC et
- Acquisition de 7 imprimantes.
D. Résultats des investigations
empiriques
Un récapitulatif des principales réalisations
comparées aux programmes d'actions prévues avec les premier,
deuxième et troisième plans de mise à niveau de
l'entreprise présente une synthèse de la situation de changement
du groupe MC. (Voir tableau ci-après) :
|
Projections
|
Actions non réalisées
|
Structure
|
- Mise en place de nouvelles fonctions (logistique,
étude ...)
- Elaborer l'organigramme du groupe
- Instaurer un manuel des procédures
- Recours à l'écrit et fiche de fonctions
- Définition de centres de responsabilité
|
Les principales projections ont été
réalisées
|
Style de management
|
- Mettre en place un système de planification et de suivi
des processus
- Mettre en place le « management
logistique »,
- Mettre en place un système de contrôle de
gestion,
- Recrutement d'un personnel qualifié (administratif et
financier, qualité)
- Instaurer un système de comptabilité analytique
de gestion, de gestion qualité
- Orientation stratégique (pour aborder la disparition des
barrières douanières,
- Elaborer une stratégie marketing et commerciale,
- Formation du personnel (cadre supérieurs) et assistance
technique (GPAO)
- Orientation équilibre financier, maîtrise des
coûts, tableau de bord et gestion budgétaire
|
L'essentiel est réalisé sauf le système de
comptabilité analytique et celui de contrôle de gestion
|
Comportement
|
|
|
Système d'information
|
- Acquisition de TIC,
- Mise en place d'un système de CAG
- Intégration des programmes
- Assistance technique informatique
|
Acquisition de TIC et diverses assistances sauf celle du
« open executive cegid »
|
Tableau n° 4 : les projections et les
réalisations de changement du cas MC
A la fin du 1er plan de mise à niveau,
l'entreprise a mis en oeuvre plusieurs actions recommandées, sauf celles
relatives à la mise en place d'un système de comptabilité
analytique et d'un système de contrôle de gestion.
A l'achèvement du 2ème plan de mise
à niveau, les mêmes insuffisances, que celles constatées
à la fin du 1er plan, ont été constatées.
A la fin du 3ème plan de mise à
niveau, toutes les recommandations étaient mises en oeuvre, sauf celles
relatives à l'acquisition d'un logiciel d'analyse de l'activité
de production « open executif cegid » qui semble être
abandonnée par la direction sur proposition d'un ingénieur
informaticien nouvellement recruté et qui s'est engagé pour la
résolution du problème d'interfaces et le développement du
système d'aide à la décision.
L'entreprise tend à occuper la meilleure position sur
le marché local et elle est en train d'agir sérieusement sur le
marché international, à travers sa propre marque.
Le changement est considéré comme réussi,
dans la mesure ou la direction a toujours soutenu le changement et a fournit un
effort considérable, pour lutter contre tout phénomène de
résistance. En effet, la direction n'a pas hésité de
licencier de hauts cadres pour leur manque de rigueur et de
ténacité. Les actions de formation sont continues et touchent
à tous les niveaux.
Le turn-over est considéré comme assez
important, parce que les dirigeants considèrent que leur entreprise
n'ait plus droit à l'erreur et elle n'hésite pas de changer le
personnel, lorsqu'il ne suit pas la voie de changement où lorsqu'il
s'avère incompétent pour s'acquitter convenablement des
prérogatives qui lui sont allouées.
Si aucune action visant à changer le comportement des
dirigeants et des employés n'a été mentionnée,
c'est parce que le groupe avait déjà une gestion plutôt
décentralisée et favorisant la participation et la
responsabilisation. La motivation des employés est
développée par des moyens monétaires (salaires et
prêts sans intérêts) et non monétaires.
Aujourd'hui l'entreprise présente les facteurs de
réussite suivants :
- Une structure organisationnelle basée sur la
délégation des pouvoirs, la responsabilisation et la mesure des
performances,
- Un style de management usant de l'approche par les
systèmes où, tous les éléments du système
organisationnel à savoir, les caractéristiques de l'entreprise,
son système opérationnel, son environnement, sa structure
organisationnelle, les conditions de travail, le comportement des individus,
sont pris en considération,
- Un comportement du dirigeant caractérisé par
un style participatif et considérant que les subordonnés sont
compétents et ont atteint un niveau élevé de
maturité et où le souci est plutôt porté sur les
relations que sur les tâches,
- Une équipe dirigeante dotée de toutes les
compétences requises. En effet, et s'agissant d'une entreprise
familiale, chacun des membres de la famille dispose d'une compétence
spécifique distinguée de celle de l'autre. Actuellement le
père assure les fonctions de la direction générale, le
fils aîné qui assure les fonctions de directeur
général adjoint et de la direction commerciale et marketing,
ayant les compétences requises pour cette fonction et la fille qui
assure les fonctions de direction des approvisionnements. Cette équipe
présente l'avantage d'avoir la capacité de travailler au sein
d'une équipe, la capacité de concevoir, de modéliser et de
formuler, la capacité d'écoute et de respect de l'autre, etc.,
- Un système d'information relativement
intégré et toujours en amélioration,
- Un système de motivation dans l'entreprise
très développé. Les ouvriers sont motivés sur la
base de la productivité. Le salaire mensuel varie en fonction de la
productivité. Le personnel administratif bénéficie de
plusieurs avantages, ils sont payés 14 mois sur 12, outre les autres
avantages comme l'octroi de prêts sans intérêts et qui sont
souvent assez importants,
- La motivation, les actions de formation continue et le style
participatif ne laissent pas l'occasion aux subordonnés de manifester
une réticence au changement. D'ailleurs le phénomène de
changement a toujours été dans les habitudes de l'entreprise.
III. Synthèse des cas
Le changement constitue dans l'univers des organisations un
thème majeur de la recherche en gestion, dans la mesure où une
réflexion en terme de transformation se substitue à des
raisonnements de stabilité et de permanence. Le changement devient une
préoccupation inhérente à l'univers de la gestion, il
engendre de ce fait la nécessité d'une meilleure
compréhension de ses mécanismes.
Aujourd'hui l'efficacité et la pérennité
de l'entreprise constituent les résultantes de sa capacité de
changement. En effet le changement est conçu comme une solution
permettant à l'organisation de répondre au problème
crucial de l'adaptation à l'environnement dont elle dépend. La
quête de solutions spécifiques dans l'espace et dans le temps
remet en cause l'idée de modèle universel et définitif et
amène à concevoir le changement comme une
nécessité. L'efficacité, la performance et la
pérennité de l'organisation ne sont assurées que par sa
capacité à évoluer et à s'adapter. Cependant le
changement organisationnel ne pourra être envisagé comme une
véritable réponse aux défis de l'environnement externe que
dans la mesure où l'organisation dispose d'une telle capacité de
changement.
La capacité traduit la réussite ou
l'échec d'un projet de changement organisationnel. C'est sur cette
capacité de changement des systèmes de l'entreprise que nos
travaux se sont penchés.
L'analyse des objectifs initiaux d'un projet de changement
devrait mettre en opposition deux aspects de changement : l'aspect
déterministe par opposition à l'aspect volontariste du
changement.
L'aspect déterministe se manifeste par le
caractère inflexible de l'organisation et voit dans la structure, le
système et la culture des facteurs de rigidité et d'inertie. Ces
facteurs tendent à préserver l'organisation des changements.
Cette conception déterministe met l'accent sur les facteurs de
permanence de l'organisation et voit dans les pressions de l'environnement le
principal moteur des transformations. Il en est le cas de la
société SP qui enregistre une faible rentabilité et qui
subit l'effet de la concurrence asiatique et du marché
parallèle ; et de la société TM qui est
menacée par l'ouverture des frontières et la concurrence
internationale.
Par opposition à cette vision, l'approche volontariste
met en évidence le rôle prépondérant des choix
stratégiques, de l'acteur comme facteur de transformation de
l'organisation. L'action intentionnelle acquiert le rôle central dans les
capacités de l'organisation à répondre à son
environnement externe et les facteurs internes deviennent les réels
moteurs de la dynamique organisationnelle. C'est le cas de la
société MC qui réalise des actions permanentes de
changement. En effet, MC est considérée toujours en
période de changement, que les actions soient intégrées
dans le cadre d'un programme de mise à niveau ou réalisée
en dehors de ce cadre. Il semble que la réussite des actions de
changement repose sur une certaine prédisposition de l'entreprise au
changement d'une manière générale.
Les difficultés qui viennent à l'encontre de la
réussite d'un projet de changement résident dans les
mécanismes qui poussent l'organisation à maintenir une certaine
permanence. Les différents composantes du conteste organisationnel comme
l'histoire de l'organisation, ses structures et ses systèmes de gestion,
sa culture ou son système de pouvoir développent des
résistances qui freinent et font échouer le changement.
Ces composantes du contexte organisationnel devraient
être prises en compte dans l'élaboration et la mise en oeuvre du
changement dans la mesure où c'est sur elles qu'il va falloir agir pour
parvenir aux changements souhaités.
Un projet de changement doit être toujours
considéré sous son aspect volontariste à partir du moment
où il est, soit décidé sous la contrainte de
l'environnement, soit décidé dans un cadre stratégique.
La réussite nécessite préalablement de
relever l'intention des décideurs en premier lieu et de prendre
connaissance des éléments de diffusion et de réalisation
effective en deuxième lieu.
En effet, il semble que le changement ne peut pas
réussir si le grand patron n'est pas lui-même supporter ;
néanmoins il faut que le projet réunisse autour de lui des
personnes qui partagent le même engagement que celui du patron.
Lorsque les dirigeants des entreprises SP, SM et TM de par
leur système de gestion, leur culture et leur système de pouvoir
semblent ne pas être convaincu du changement qui touche l'éventail
de leur pouvoir, elles ne peuvent pas s'attendre à la réussite de
leurs projets de changement.
Lorsque le dirigeant estime que le développement ne
passe qu'à travers des investissements en matériel pour
intégrer d'autres segments de marché ou d'autres secteurs
porteurs et abandonner des secteurs en activité pris par la concurrence,
sans oser comprendre ce qui se passe autour de lui, il ne peut pas s'attendre
à la réussite de son projet de changement, s'il mérite
d'être appelé projet de changement.
Quelquefois, les dirigeants sont paralysés par les
risques. Ils craignent de susciter des réflexes défensifs chez
les employés les plus anciens, de perdre le contrôle des
événements, de menacer les résultats à court terme
et de se voir reproché d'avoir provoqué une situation de
crise.
Lorsque le projet de changement ne s'intègre pas dans
un cadre stratégique de développement et qu'il est
décidé sous contrainte, on ne peut s'attendre à sa
réussite.
Par ailleurs, si le dirigeant se caractérise par un
comportement autoritaire, il ne peut pas exceller dans la conduite des hommes,
et de ce fait, il ne peut pas se faire champion du changement. Le changement
est un travail d'équipe et un comportement autoritaire ne peut mener
nulle part.
En conséquence pour assurer la réussite de tout
projet de changement, il va falloir développer la mentalité des
dirigeants et les compétences orientées vers une gestion
stratégique de l'entreprise, avant de s'engager dans un tel projet.
L'enjeu étant très délicat
Cependant, il convient de comprendre le changement non pas
uniquement au niveau des décideurs mais également au niveau des
acteurs qui animant les systèmes d'actions concrets et qui, par leur
capacité à accepter, adopter ou au contraire résister,
transformer les intentions, construisent le changement organisationnel.
La notion des autres acteurs du changement, qui constituent
les principaux éléments de diffusion et de réalisation
effective du changement, couvre, en premier lieu, les conseillers auxquels les
décideurs font souvent appel ; (faute de réserves de
compétences) et couvre, en deuxième lieu, les acteurs peuplant
l'organisation, dans la mesure où, se sont eux qui animent les
structures et les systèmes organisationnels et se sont eux qui vont
donner une vie, sens et efficacité aux changements envisagés.
Lorsque l'entreprise ne dispose pas des compétences
requises pour engager une action d'appréhension de ses forces et ses
faiblesses, des menaces qu'elle risque et opportunités qu'elle lui sont
offerts, elle a souvent recours à des consultants externes pour faire le
travail à sa place.
S'agissant surtout de structures légères,
plusieurs phénomènes peuvent être à l'origine de
l'échec du projet.
1. l'incapacité de l'intervenant à bien
percevoir toutes les sources d'échec. Il s'agit essentiellement d'une
structure qui ne dispose pas de réserves de compétences et il
s'agit aussi de la réticence au changement émanant et du
dirigeant et des subordonnés (principaux acteurs de changement).
2. l'incapacité de l'intervenant à adapter les
recommandations qu'il propose aux moyens disponibles de l'entreprise. En effet,
il serait aberrant de recommander à une entreprise, ayant une
légère structure et un chiffre d'affaires relativement faible ou
réalisant des marges très faibles, de lancer des projets
coûteux et qui dépassent largement les moyens de l'entreprise.
Par exemple, recommander la mise en place d'un système de GPAO,
alors que le processus de fabrication est très simple, ou que
l'entreprise ne dispose pas des compétences requises pour le
manipuler ; ou encore, recruter quelqu'un pour le faire, alors que la
coûts sont supérieurs aux avantages. C'est le cas de la
société SP.
3. le troisième phénomène incombe
à l'arrière-pensée de l'intervenant à vouloir
présenter un rapport consistant cherchant une facturation
« consistante ». C'est le cas de la société
TM où l'intervenant a été obligé de faire la
confusion entre la structure de la société mère et la
structure de la société objet du diagnostic pour aménager
son rapport.
Par ailleurs l'entreprise ne peut pas espérer voir son
projet réussir si ses acteurs ne disposent pas des compétences
requises pour les projets d'amélioration et de développement. Le
changement ne peut réussir sans réserves de compétences.
L'incompétence semble être la source de réticence et par
suite d'échec de changement.
La structure entrepreneuriale de la Tunisie présente
des entreprises familiales ayant démarré et évolué
dans un environnement stable et protégé et ayant appris des
méthodes de gestion qui ne sont plus valables pour gérer
l'entreprise dans un environnement instable. L'entreprise se retrouve
chargée d'un effectif qui ne peut pas facilement accepter le changement.
Le travail étant appris sur le tas, il est parfois même difficile
de le modifier.
Le lancement d'un programme de changement exige la
coopération active d'un maximum de gens. Faute d'une motivation
suffisante, personne ne viendra en renfort
Il semble, par ailleurs, que l'entreprise ne peut pas aspirer
à la réussite de son projet de changement, si elle ne dispose pas
des moyens financiers nécessaires pour le faire.
Ainsi il faut que le projet de changement soit à la
hauteur des moyens humains et financiers de l'entreprise. Il en est le cas des
entreprises SP et TM. Les pertes financières laissent moins de latitude
à l'action ; c'est le cas de la société SP. Par
ailleurs, les bons résultats ne donnent pas envie de changer ;
c'est le cas de l'entreprise SM.
En définitive, il convient tout d'abord de
préparer le dirigeant puis les subordonnés à l'idée
du changement. La formation et l'information sont deux facteurs
nécessaires.
La formation est un facteur de motivation qui donne l'occasion
à l'employé de gagner plus que confiance en lui-même. Ainsi
lorsqu'on lui attribue une nouvelle tâche, il saura facilement
l'assimiler et l'appliquer à partir du moment où on lui a appris
les théories de base. Un employé intelligent saura même
prendre des initiatives d'amélioration et de changement. L'idée
du changement commence à s'accrocher dans son esprit et ses
comportements. Il devient beaucoup plus ouvert au changement.
L'information est le 2ème facteur de
motivation de changement. Informer les subordonnés revient à leur
donner conscience de l'évolution des phénomènes
environnementaux qui influent sur l'évolution de l'entreprise. Les
informer des risques à courir si l'entreprise n'accepte pas le
changement et ne s'adapte pas à l'environnement. Il faudrait introduire
dans les esprits, l'idée qui consiste à faire le lien entre la
pérennité de l'entreprise et la survie de l'employé et que
la disparition de l'entreprise pourrait entraîner la perte de l'emploi et
le risque de chômage.
Il faudrait que le changement passe dans les habitudes de
l'entreprise ; pour cela, il convient de faire comprendre à chacun
le rôle des nouvelles approches, attitudes et comportements pour
l'amélioration des performances. Toute bonne compréhension passe
par une bonne communication. Il convient pour les PME de communiquer à
travers les réunions d'information, d'évaluation ou autres. Pour
assurer une bonne communication, il faudrait que les dirigeants fassent passer
leurs messages à tous les niveaux. Il s'agira d'apprécier dans
chaque réunion, par exemple, comment les solutions proposées
correspondent (ou non) au schéma global du changement ; on
examinera lors des séances d'évaluation, comment l'attitude de
tel ou tel employé concorde ou non avec cette vision.
Le changement devrait émaner de l'entreprise et mis en
oeuvre par les compétences de l'entreprise. Dans le cas des entreprises
ayant une structure organisationnelle légère et ne disposant de
réserves de compétences, celles-ci n'ayant pas les moyens pour
mettre en oeuvre leurs projets de changement ont souvent recours à des
compétences externes. La réussite du changement n'est pas
évidente si l'intervention du conseiller consiste à concevoir et
mettre en place, elle est par contre normalement évidente, si les
conseillers interviennent pour assister les employés de l'entreprise
dans leur projet de changement en termes conceptuel et institutionnel.
C'est parce qu'elle dispose d'une réserve de
compétences et des moyens matériels requises, c'est parce que les
dirigeants sont ouverts et compétents, c'est parce une culture de
changement a été introduite dans les habitudes de l'entreprise,
que l'entreprise MC a vu ses projets de changement réussir.
Trois éléments semblent déterminants dans
la réussite du changement dans le cadre de la mise à niveau des
entreprises tunisiennes. Il y a d'abord l'attitude des dirigeants qui parfois,
sans pour autant être profondément engagé et convaincu des
actions de changement, prétendent vouloir entreprendre la mise à
niveau pour abandonner le plan prévu à la moindre
difficulté. Leur motivation était surtout axée sur les
fonds que le programme offre. Une fois acquis, le souci de la recherche d'une
meilleure compétitivité ne les préoccupe plus
véritablement.
Vient ensuite la taille de l'entreprise. En effet, les PME
sont connues pour leurs ressources financières relativement
limitées par rapport aux grandes entreprises. Pour cette raison, il leur
est parfois difficile de mobiliser les ressources nécessaires pour faire
face à certaines situations imprévues dans le cadre du programme.
Par contre, les grandes entreprises se prêtent mieux à facilement
pallier à de telles situations du moment où elles disposent du
potentiel nécessaire.
Le troisième point est la réserve de
compétences c'est-à-dire les ressources humaines
compétentes disponibles. Dans une situation de changement, les
ressources humaines d'une entreprise devraient pouvoir facilement s'adapter aux
nouvelles situations. Or, pour s'adapter, une certaine polyvalence ou un
certain niveau de qualification est nécessaire. Les entreprises qui
disposent d'un personnel compétent et dynamique peuvent facilement
suivre la dynamique environnementale.
Les trois éléments déterminants ne sont
pas indépendants, au contraire, ils sont étroitement liés
l'un les autres. Par exemple, à supposer qu'une entreprise dispose d'un
personnel très compétent, si la direction ne voit pas
l'opportunité de permettre aux employés de faire preuve de ces
compétences (dans le cas d'une forte centralisation), les chances de
réussir le changement dans le cadre de la mise à niveau restent
très faibles.
Pareillement, lorsque l'entreprise est dirigée par un
responsable qui accepte de faire participer son personnel compétent aux
différentes prises de décisions, le changement ne pourrait
facilement être mener à terme si cette entreprise est de taille
réduite et ne dispose pas de suffisamment de ressources pour faire face
à la dynamique environnementale.
CONCLUSION GENERALE
Ce travail était motivé par un constat sur le
terrain du comportement des entreprises à entreprendre des actions de
changement sans pour autant parvenir à les réaliser
effectivement. En effet, suite aux diverses interventions que nous avons eu
à opérer, il nous a semblé que les entreprises
présentent des difficultés à implémenter
correctement un projet de changement organisationnel.
Le changement dans le cadre spécifique d'une entreprise
laisse constater que cette dernière est en étroite interaction
avec son environnement. Il s'agit d'un système ouvert,
c'est-à-dire, un ensemble d'éléments en interaction et
dont le comportement se régule en fonction des conditions externes
suivant des processus permettant de se rapprocher d'un équilibre
homéostatique, l'approche systémique de l'organisation enseigne
que les entreprises se présentent comme des systèmes ouverts sur
leurs environnements. En tant que tels, elles ne peuvent pas ne pas
réagir aux différentes évolutions qui résultent de
la dynamique environnementale.
Dans le contexte actuel d'évolution permanente de
l'environnement aussi bien interne qu'externe, le changement se présente
donc beaucoup plus comme étant un comportement normal plutôt
qu'une exception. En effet, lorsque l'environnement change, l'entreprise qui
refuse de changer les attitudes, les comportements, les structures, ...
s'expose au risque d'inadaptation à son contexte, c'est-à-dire,
qu'elle risque d'être en difficulté dans un monde
caractérisé entre autres par le développement de la
concurrence qui tend à condamner inévitablement les entreprises
les moins adaptées. Il est presque admis que « ne pas faire
face au changement, c'est s'exposer inévitablement au risque de la
disparition » (Wartzlawick, 1980)158(*).
L'environnement global présente l'avantage d'offrir
à l'industrie tunisienne une grande opportunité pour se
positionner et conquérir des marchés dans l'espace
économique européen et mondial. Il met en revanche nos
entreprises face à un impératif de changement qui se
matérialise par le mouvement de mise à niveau de son
environnement économique, financier, réglementaire et social, de
son système de production et de son tissu industriel.
Si le changement devrait s'appréhender comme l'ensemble
des modifications apportées, pour le cas du présent travail,
à l'organisation, dans la littérature une multitude de facteurs
qui poussent les entreprises à procéder à ces
modifications se dégagent. Certains de ces facteurs relèvent de
l'environnement interne alors que d'autres sont induits par la dynamique de
l'environnement externe. La diversité de ces facteurs d'une part, et la
différence de perception au niveau de acteurs d'autre part, expliquent
en partie la diversité d'approches du changement. Plusieurs types
dichotomiques de changement se présentent à savoir les
changements équilibriste/émergent, incrémental/radical,
imposé/voulu.
Le changement voulu, qui semble correspondre à la
dynamique de la mise à niveau des entreprises implique qu'un certain
nombre d'objectifs soient identifiés afin de guider intentionnellement
les efforts. Ces efforts sont orientés dans des domaines
organisationnels qui sont susceptibles de mieux améliorer la valeur de
l'entreprise.
Le changement se prête à une analyse
multidimensionnelle dans la mesure où il peut s'appliquer à
plusieurs domaines relevant chacun d'une dynamique environnementale
différente.
Aussi, il peut être relevé que les
évolutions qui se manifestent au niveau de l'environnement influencent
d'une manière considérable la structure organisationnelle, le
style de management ou le comportement des individus, des
éléments qui constituent des domaines importants du changement
dans l'entreprise. Les modifications introduites peuvent donc impliquer des
actions au niveau de la façon dont les acteurs interagissent notamment
à travers le dispositif de communication
La structure, par exemple, qui représente l'ossature
qui permet à l'organisation de fonctionner est étroitement
liée à la nature de l'environnement dans lequel elle
évolue, la technologie qu'elle adopte, ses choix stratégiques
etc., l'entreprise est confrontée à la question d'adaptation de
sa structure suivant certaines dimensions telles que la centralisation /
décentralisation, la formalisation, la standardisation...
Quel que soit le domaine concerné, la structure, le
comportement ou le système d'information, le changement procède,
dans la pratique, par un certain nombre de phases qui en constituent en gros la
démarche.
Toutefois, l'adaptation de l'organisation ne se réalise
généralement pas sans grandes difficultés. Elle risque en
effet d'être source de tensions et de résistances de la part des
acteurs concernés par les changements auxquels donne lieu la
« nouvelle organisation ».
Qu'en est il des entreprises qui sont engagées dans le
processus de mise à niveau ?
Ce travail apporte des éléments de
réponse à cette question en dégageant les aspects du
changement qui ont été pris en considération dans
l'élaboration des plans de mise à niveau. Il explique
également les causes de la non réalisation effective des actions
prévues.
L'étude empirique a porté sur quatre cas
différents : TM, SM, SP et MC.
Une des quatre entreprises a pu réaliser l'essentiel
des actions de changement envisagées dans le cadre de sa mise à
niveau (le cas MC). Une autre en a réalisé une bonne partie mais
pas totalement. Les deux autres ont, pour l'essentiel, ignoré la plupart
des actions recommandées.
Il est apparu que l'entreprise, qui a réalisé
les différents changements, a pu conforter sa position sur le
marché local et le marché international. Pour les autres,
l'impact de la mise à niveau reste relativement limité
Trois éléments semblent déterminants dans
la réussite du changement dans le cadre de la mise à niveau des
entreprises tunisiennes :
- L'attitude des dirigeants qui parfois, sans pour autant
être profondément engagé et convaincu des actions de
changement, prétendent vouloir entreprendre la mise à niveau pour
abandonner le plan prévu à la moindre difficulté. Leur
motivation était surtout axée sur les fonds que le programme
offre. Une fois acquis, le souci de la recherche d'une meilleure
compétitivité ne les préoccupe plus
véritablement.
- La taille de l'entreprise. En effet, les PME sont connues
pour leurs ressources financières relativement limitées par
rapport aux grandes entreprises. Pour cette raison, il leur est parfois
difficile de mobiliser les ressources nécessaires pour faire face
à certaines situations imprévues dans le cadre du programme. Par
contre, les grandes entreprises se prêtent mieux à facilement
pallier à de telles situations du moment où elles disposent du
potentiel nécessaire.
- La réserve de compétences c'est-à-dire
les ressources humaines compétentes disponibles. Dans une situation de
changement, les ressources humaines d'une entreprise devraient pouvoir
facilement s'adapter aux nouvelles situations. Or, pour s'adapter, une certaine
polyvalence ou un certain niveau de qualification est nécessaire. Les
entreprises qui disposent d'un personnel compétent et dynamique peuvent
facilement suivre la dynamique environnementale.
Une étude, sur un large échantillon, permettrait
de dégager et de valider, statistiquement, la relation entre les
facteurs relatifs à la taille, le style de direction et la
réserve de compétences dont dispose une entreprise et
l'amélioration de sa compétitivité suites à la
réalisation des actions de changement dans le cadre du PMN.
- Quelques recommandations
Plusieurs propositions peuvent être avancées
relativement aux facteurs dégagés de l'investigation
empirique.
Tout d'abord, la relation entre le succès du changement
et la taille de l'entreprise invite à penser qu'il serait fort
profitable aux petites entreprises ambitieuses et engagées dans le PMN
de trouver de la part du comité de pilotage du programme, sinon un fonds
spécial, du moins une assistance l'aidant à faire face aux
aléas liés à la dynamique du changement.
Par rapport à la réserve de compétences,
il peut être recommandé de rehausser le niveau du critère
« compétences disponibles » de sélection des
entreprises qui s'engagent dans le programme de mise à niveau. Il s'agit
principalement de s'assurer au préalable que les employés de
l'entreprise disposent d'un savoir et savoir-faire suffisants polyvalent pour
être suffisamment flexibles.
La formation peut apporter des solutions pour
l'amélioration des compétences et lever la résistance au
projet de changement. Néanmoins, il convient de choisir le cadre dans
lequel la formation est organisée. Est-ce dans le cadre de l'entreprise
ou en dehors de l'entreprise (intra ou inter entreprises) ? Chacun de ces
deux approches présente des avantages et des inconvénients. La
formation en inter- entreprises présente l'avantage de faire profiter
l'entreprise de la polyvalence des compétences et profiter les
participants du partage de l'expérience des autres, alors qu'elle
présente, souvent, l'inconvénient de ne pas répondre aux
attentes de l'entreprise. La formation en intra entreprise présente
l'avantage d'être plus ciblé, dans la mesure où elle
regroupe tous les employés concernés par un processus et permet
d'apprendre la même base et de « parler le même
langage » pour mieux communiquer et réaliser efficacement les
tâches. Néanmoins, il présente l'inconvénient de ne
pas pouvoir développer la polyvalence. Une nouvelle approche qui
présente les remèdes aux inconvénients des deux
premières dite « démarche de mise en grappe »
vient d'être lancée par les centres de formation continue, (elle
est encore au stade d'essai)159(*). Cette approche consiste à
réunir en grappe 5 à 10 PME dans le cadre d'un projet
spécifique à finalité, pour suivre une formation
groupée, appuyée par un accompagnement périodique
personnalisé en entreprise.
Le comportement de la direction est bien plus à
orienter vers l'ouverture, la décentralisation et la
délégation. Il s'agit, avec cette logique, d'orienter les
entreprises à profiter des compétences de tous les
employés en les faisant participer activement aux différentes
activités à valeur ajoutée. La place des différents
acteurs « ressources externes » est également
à reconsidérer dans la gestion du changement. L'expert comptable
peut être considéré comme un acteur très utile de
par son expérience, sa polyvalence et sa connaissance de
l'entreprise.
Il serait peut-être opportun de songer à mettre
en place un comité d évaluation des réalisations des
actions de changement, notamment celles relavant de l'adaptation du style de
direction. Les entreprises réalisent-elles une gestion plus
participative comme elles s'engagent à le faire dans le cadre du
PMN ?
L'intérêt à accorder à ces aspects
de la gestion du changement (relatifs à la taille, le stock de
compétences et le comportement de la direction) dépasse le seul
cadre du programme de mise à niveau pour concerner toute tentative de
changement dans toute entreprise.
Annexe : Guide d'interview
Il convient de rechercher des indices pouvant éclairer
la compréhension du processus de changement de mise à niveau, en
axant les questionnements autour des points suivants :
A. Identification de l'entreprise : raison sociale, date
de création, secteur d'activité,...
B. Les raisons perçues, ayant poussé à la
mise à niveau :
C. L'environnement de l'entreprise
D. Les objectifs de l'entreprise
E. La stratégie de l'entreprise
F. La politique de l'entreprise
G. Les différentes recommandations d'ordre
organisationnel contenues dans le plan d'action de mise à niveau
H. Les changements effectifs réalisés et
variables à vérifier
1. Au niveau de la structure
- degré de spécialisation,
- degré de standardisation,
- degré de formalisation,
- degré de centralisation,
- configuration,
- l'adaptabilité à l'environnement,
- l'adaptabilité à la technologie,
- l'adaptabilité à la stratégie,
- l'âge de l'entreprise,
- la taille de l'entreprise,
- le mode de propriété de l'entreprise.
2. Au niveau du style de management
- le degré de centralisation - décentralisation
des décisions,
- le niveau de satisfaction des subordonnés,
- les conditions de travail,
- le climat social,
- le comportement du dirigeant,
- les préférences du dirigeant,
- l'attitude des subordonnés,
- la structure fonctionnelle,
- le profil du dirigeant,
- les compétences techniques du dirigeant,
- les compétences managériales du dirigeant.
3. Au niveau comportemental
- les caractéristiques personnelles des
employés,
- les programmes de formation,
- le système de motivation,
- le niveau d'adhésion
4. au niveau du système d'information
- les logiciels,
- la technologie d'information,
- le niveau d'intégration,
- les systèmes supports,
I. Les résistances rencontrées et les mesures
prises pour les surmonter
- les réactions de résistance
- les actions entrepris pour la lutte contre la
résistance
J. La compétitivité perçue de
l'entreprise comparée avant et après le changement.
- Analyse de l'évolution des performances de
l'entreprise
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* 1 L'approche volontariste
du management considère que le comportement des entreprises est
essentiellement guidé par les choix des acteurs qui imposent leur
volonté à leur environnement (strategic intent). Par contre,
l'approche déterministe suppose une prééminence de
l'influence des facteurs environnementaux dans le succès ou
l'échec d'une affaire (ex : l'écologie des populations). G.
Hrebiniak, W. F. Joyce, « Organizational adaptation : strategic
choice and environmental determinism », ASQ, September, 1983, pp.
336-349 pour une synthèse de la question.
* 2 Une autre approche
consiste à considérer l'action ou le comportement comme une
combinaison de volonté et du déterminisme. Voir G. Hrebiniak, W.
F. Joyce, op. cit.
* 3 N. Siggelkow,
« Evolution toward fit », Administrative Science Quarterly,
Vol.47, n°1, mars 2002, p. 127.
* 4 K. E. Boulding,
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* 5 L. V. Bertalanffy,
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* 6 D. Pemartin,
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* 7 P. Watzlawick
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cité par Pemartin op. cit. p 12
* 8 G. J. B. Probst & al.
, « Gérer le Changement Organisationnel » Les
éditions d'organisation, Paris, 1992, p. 20 et suivantes.
* 9 B. Grouard, F. Meston,
« L'entreprise en Mouvement », Dunod, Paris, 1995, p.
15.
* 10 D. Permartin op. cit. p
19
* 11 D. Hellriegel, J.W.
Slocum, R.W. Woodman « Management des Organisations » De
Boeck & Larcier s.a. 1992, p 600
* 12 M.G. Bédard
& R. Miller « La Gestion des Organisations » Les
Editions de la Chenelière inc 1995, p 188
* 13 D. Permartin op. cit. p
20
* 14 D. Hellriegel & al.
Op. cit. p 600
* 15 D. Hellriegel & al.
Op. cit. p 602
* 16 M. J. Hatch,
« Théories des organisations : de l'intérêt
de perspectives multiples » DeBoeck Université, 2000.
* 17 M.G. Bédard
& al. op. cit. p 197
* 18 M.G. Bédard
& al. op. cit. p 180
* 19 B. Grouard & al.
op. cit. p. 17
* 20 K. Ben Kahla,
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questions théoriques, méthodologiques et
épistémologiques », Colloque La
flexibilité : condition de survie, ISCAE, Tunis, Mars 1999.
* 21 D. Hellriegel & al. ,
op.cit p 596
* 22 M. G. Bédard &
al. , op.cit p 580
* 23 D. Hellriegel & al. ,
op.cit p 596
* 24 D. Hellriegel & al. ,
op.cit p 599
* 25 Bédard & al. ,
op.cit p 581
* 26 Bédard & al. ,
op.cit p 582
* 27 Bédard & al. ,
op.cit p 583
* 28 Bédard & al. ,
op.cit p 584
* 29 H. Tsoukas & R.
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entre déterminisme et volontarisme, changement construit et changement
prescrit, changement simple et changement complexe.
* 30 M. Thibaud,
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changement »
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* 31 H. Tsoukas & al. ,
op.cit. pp. 567-582.
* 32 C. Taylor,
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* 33 C. C. Roux-Dufort &
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* 34 K. Ben Kahla, op.
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* 38 D. Helleriegel, op. cit. p
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* 39 J.R. Shermerhorn, op. cit.
* 40 P.G. Bergeron, op. cit.
* 41 D. Helleriegel, op. cit. p
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* 49 R. Zghal. (1994) op. cit.
p 131
* 50 Y.F. Levian op. cit. p
57
* 51 P. G. Bergeron op. cit. p
519
* 52 M.G. Bédard
& al. , op. cit. p 569
* 53 D. Helleriegel, op.
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* 54 M.G. Bédard, op.
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* 55 T. Burns & al.
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* 57 D. Helleriegel, op. cit. p
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* 58 J. R. Shermerhorn, op.
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* 59 J. Woodward
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* 60 C. Perrow « A
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* 61 M.G. Bédard
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* 62 J.R. Shermerhorn & al.
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* 63 M.G. Bédard &
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* 65 M.G. Bédard &
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* 67 P.G. Bergeron op. cit.
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* 68 J. P. Thibaut op. cit.
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* 69
Développée par M. Zouaoui & al. op. cit. p 37
* 70 M. Zouaoui & al. op.
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* 71 P.G. Bergeron, op. cit. p
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* 72 P.G. Bergeron, op. cit. p
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* 73 P.G. Bergeron , op. cit. p
354 ; M.G. Bédard, op. cit. p 337
* 74 P.G. Bergeron, op. cit. p
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* 75 P.G. Bergeron, op. cit. p
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* 77 M & S Zouaoui, op.
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* 126 Helleriegel & al.
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* 127 Shermerhorn & al.
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* 128 D. Permartin, op. cit. p
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* 129 M.G. Bédard &
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* 130 B. Grouard, F.
Meston, op. cit.
* 131 K. Ben Kahla, op.
cit.
* 132 D. Pemartin, op. cit.
p 40
* 133 M.G. Bédard &
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* 134 D. Hellriegel & al.
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* 142 M. L. Dhaoui op. cit. p.
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* 143 Entreprise qui ne
relève de celles concernée par la loi 95-34 du 17 avril 1995,
relative au redressement des entreprises en difficultés
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* 158 Wartzlawick
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* 159 Notre participation
à un séminaire de formation des instructeurs intervenant dans le
cadre de la nouvelle approche de « mise en grappe ».