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Impact de la "propriété foncière" des migrants sur la gestions des ressources naturelles : cas de Dibien dans la Province du Tuy

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par Bôbakebé Florent SOME
Université de Ouagadougou; UFR/Sciences Humaines; Département de Sociologie - Maîtrise option Sociologie Rurale et du développement 2002
  

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Sur le plan méthodologique, l'étude a combiné de façon complémentaire les deux (02) méthodes usuelles en sociologie, à savoir la méthode quantitative et celle qualitative. Elle est partie sur l'hypothèse principale « La dynamique démographique et socio-spatiale insufflée par l'installation dominante des populations allochtones, les mutations socio-économiques et spatiales qui en découlent, modifient le jeu foncier induisant la modification des tenures foncières qui encouragent l'adoption des techniques de gestion viable des ressources naturelles dans le village de Dibien ». L'ensemble de la population de Dibien et les responsables des services déconcentrés, de projets et ONG ont constitué notre population d'étude.

Le ménage a été considéré comme notre unité d'enquête. La collecte des données a touché les chefs de ménages et les membres des ménages âgés de plus de 15 ans. Conformément a notre démarche d'échantillonnage, l'enquête a touché 77 personnes dont 30 chefs de ménage tous de sexe masculin avec un âge moyen de 48 ans, 40 exploitants simples (membres des ménages) dont 57,5% sont de sexe féminin contre 42,5% de sexe masculin avec un âge moyen autour de 30,5 ans. Et enfin, sept (7) personnes ressources. Cette collecte s'est faite partir des outils tels le questionnaire (chefs de ménage, exploitants simples), le guide d'entretien (personne ressources, services déconcentrés de l'Etat, responsables de projet et ONG). En outre, les informations socioéconomiques du village ont été collectées à partir de la fiche de localité.

Le traitement s'est fait manuellement pour ce qui concerne les données qualitatives. Les données quantitatives, quant à elles, ont d'abord été codées et saisies sur le logiciel Epi-Info Version 2000 sur un masque de saisie conçu à cet effet. Ensuit, elles ont été transférées sur le logiciel SPSS Version 11.5 pour appuration, nettoyage, tabulation etc. C'est après cette opération, que les croisements de variables et la construction des tableaux ont été faits avec du logiciel Ms EXCEL.

Cette recherche avait pour objectif d'appréhender et d'analyser les instances actuelles de gestion du système foncier et des autres ressources et leurs liens. Il ressort de nos investigations que la gestion traditionnelle des terres reste, comme bien d'autres milieux ruraux, dominante à Dibien au détriment de la gestion dite moderne. Cette gestion est dans les mains des autochtones, mais ils souligner que l'instance de gestion subie de plein fouet l'influence de l'installation dominante des immigrants. Les instances de gestion modernes du foncier, sont loin d'être le référent des populations de notre village d'étude, car même le contenu réel de la CVGT révisée qui venait de voir le jour est ignoré par la grande majorité des populations

Pour ce qui est de la typologie des modes d'accès à la terre, Dibien en possède trois modes : le don, l'héritage et le prêt. Le don demeure le principal (90,5%) mode d'accès à la terre des immigrants tout comme l'héritage l'est pour la totalité des populations autochtones et certains immigrants. La vente/achat de terre n'est pas connue pour l'instant dans le village. L'analyse montre que les modes d'accès à la terre à Dibien n'ont pas du tout évolué depuis l'installation des immigrants.

Outre les autochtones, plus 89,5% des immigrants moosés se disent propriétaire des exploitations. Seuls les peulh se disent non propriétaires des terres qu'ils exploitent. Cependant, une grande majorité de nos enquêtés (80% des chefs de ménage et 82,5% des exploitants simples soutient l'insuffisance des terres et des autres ressources naturelles. Pour eux, la brousse est finie. Cette situation est généralement comparée avec la situation antérieure comme l'illustre cet informateur « Avant, même vingt ans déjà, tout notre alentour était des arbres, les terres étaient très fertiles, mais aujourd'hui, on peut s'asseoir ici et voir Bonzan-Pougouli1(*) ».

L'analyse des différentes techniques d'utilisation des ressources naturelles recensées au cours de nos investigations indique une faible évolution dans les pratiques culturales, le niveau d'équipement et le niveau d'adoption des techniques modernes de gestion des ressources naturelles. En effet, il ressort que les techniques culturales ont très peu évolué. Les résultats de l'enquête montrent que si la pratique des semis en ligne est courante de la majorité (86,7%) des producteurs, l'utilisation de la fumure organique (80%) et la fumure minérale à 63,3% des producteurs, la pratique des autres techniques culturales qui devraient contribuer à la gestion des ressources naturelles reste faible. Pour ce qui est du niveau d'équipement, on constate que l'ensemble des ménages possèdent les équipements de `'type traditionnel'' (daba, pioches, coupe-coupe). Pour les équipements plus élaborés, on enregistre une variation significative d'un outil à un autre. Ainsi, par ordre d'importance de possession de ces outils, les chefs de ménage ont déclaré posséder les boeufs de trait (60%), la charrue bovine (56,7%), l'appareil ULV à pile (53,3%), le triangle (46,7%), la charrette bovine (26,7%), l'âne (20%), la charrette asine (13,3%).

La dégradation des ressources naturelles (RN) est une réalité à Dibien. En effet, dans l'ensemble, tous nos répondants reconnaissent de façon unanime la dégradation progressive des RN. Cela est a confirmé par les propos du chef de terre en ces termes « quand les Mooses sont arrivés, les terres étaient encore fertiles, une petite portion de terre permettait de récolter beaucoup, la brousse était là, il y avait beaucoup d'animaux sauvages, on ne pouvait pas quitter Bonza Pougouli pour aller à Dibien facilement... ». Une forte proportion de 90% de nos répondants soutient la baisse progressive des ressources en eaux et les autres ressources naturelles. Cette vision est renforcée par les propos d'un responsable de groupement en ces mots : « nos animaux n'ont plus rien à manger pendant la saison sèche ni à boire, le seul marigot qui retenait bien l'eau toute l'année, tarit maintenant dès la fin des récoltes »2(*)

De l'analyse de la sécurité des droits fonciers, il ressort qu'une majorité des producteurs surtout immigrants estiment posséder une relative sécurité quant à l'exploitation et même aux investissements sur les terres qu'ils détiennent, dans la mesure où, depuis l'arrivée des immigrants aucun d'entre eux n'a été inquiété. De plus, le chef de terre, soutient que « avant, selon mes grands parents, Dibien, était plein de forêts, il y avait des fauves qui dérangeaient les gens, donc quand les Mooses sont arrivés, le chef de terre en son temps a dit d'aller les installer la bas car ils ne peuvent pas se mélanger avec nous ici, nous ce n'avons pas la même culture (...) et puis, il a ajouté, il faut leur donner toutes les quantités de terres qu'ils veulent, s'ils ont la force, ils n'ont qu'à cultiver...»3(*). Certains informateurs immigrants vont plus loin en soutenant qu'en réalité la terre devrait leur revenir, mais c'est le caractère sacré de la terre qui constitue l'obstacle majeur « les Mooses pouvaient être responsables de cette structure, si nous nous intéressons à aux questions de fétiches dans le village. Si nous ne pratiquions pas la religion musulmane ; au niveau de l'autel de terre, les Phuo posaient leur `'tengkouri'' et nous aussi on posait le nôtre au dessus d'eux séparé par un bois d'ébénier (Diospyros mespiliformis ) et d'une motte de terre, et le jour que ce bois disparaîtra , de même que la motte de terre, les Mooses devenaient alors propriétaires de l'autel de terre, donc gestionnaire de la terre»4(*). Cette analyse confirme notre première et deuxième hypothèse secondaire dans la mesure où dans un premier, la recomposition de l'espace social de Dibien a permis aux immigrants d'avoir une sécurité foncière à l'image des autochtones et dans un deuxième temps, ces droits acquis par les immigrants sont reconnus et acceptés par les structures légitimes en cours dans le village. Ils sont transmissibles aux descendances.

Ces éléments permettent de soutenir que la propriété foncière ou encore sécurité des droits fonciers des immigrants ne constitue aucunement pour le cas de Dibien une contrainte à l'adoption des techniques de gestion des ressources naturelles soucieuse du devenir des générations futures. Les enquêtés estiment plutôt, que ces contraintes sont à liés à la situation économique des producteurs, à leurs conditions sociale et enfin au cadre institutionnel dans lequel ces derniers mènent leurs activités. Ce qui vient soutenir notre troisième hypothèse secondaire. De plus l'adoption des techniques de gestion des RN constitue pour eux (surtout les immigrants) de ne pas poursuivre leur cheminement vers d'autres localités toujours à la recherche des conditions de vie meilleures, surtout qu'ils gardent toujours en mémoire et dans leur conscience, les situations climatiques et pédologiques qui les ont contraintes à la migration. Cette analyse confirme également notre quatrième hypothèse spécifique.

Se fondant les éléments d'analyse qui ressortent de cette étude, il serait judicieux pour l'Etat de prendre l'initiative, de créer un contexte législatif (notamment la sécurisation foncière des exploitations en milieu rural), administratif, économique et politique favorables aux initiatives locales et ce, dans l'optique de promouvoir une agriculture et un élevage plus productifs, plus rémunérateurs pour les producteurs en mettant en place des systèmes de production durable et reproductible.

* 1Bonzan Pougouli est un village voisin situé à environ six (06) Km 

* 2 Entretien avec P.S, 44 environ, responsable de groupement, réalisé le 02/03/05 à Dibien

* 3 Entretien avec M.O, 63 ans, marié monogame, chef de terre à Bonzan Pougouli, réalisé le 03/03/2004

* 4 Entretien avec S.A, homme 54 ans, marié polygame, chef de village, un des plus anciens des immigrés ; réalisé le 25/02/04.

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