Problématique de la pauvreté et bidonvillisation en Haiti, le cas de Shada au Cap-Haitien( Télécharger le fichier original )par Banet JEAN Université d'Etat d'Haiti - Licence sciences économiques 1999 |
SECTION 2. LES POLITIQUES ECONOMIQUES EN VIGUEURAvant de parler des politiques économiques appliquées en Haïti, il importe pour nous de rappeler que « la politique économique désigne l'ensemble des mesures prises par l'Etat pour modifier l'affectation des ressources, réguler la conjoncture et redistribuer le revenu national. La politique économique se fait en fonction d'objectifs avec des instruments et selon des théories économiques. Pour atteindre ces objectifs, il y a plusieurs instruments disponibles ; le choix se fait en fonction d'options théoriques65 ». Tableau 2.8- INSTRUMENT DE POLITIQUE ECONOMIQUE
65 Notes de cours / http://pauillac.inria.fr/~lang/licence/v1/lldd.html Cependant, comme s'est demandé le professeur Fritz DESHOMMES, peut-on parler de politique économique en Haïti. Depuis quand en a t-on entendu parler dans ce pays ? Depuis quand les grandes options sur la meilleure manière de conduire, de piloter l'économie nationale ont fait l'objet de débats, de discussions ou même d'information ou de sensibilisation 66 . La crise socio-économique tend à persister, tant que les décideurs n'agissent pas en faveur des plus faibles afin de les faire sortir dans leur difficulté. Assez souvent l'Etat se montre désengager en faveur des pauvres et cette situation a le coût qu'elle mérite. A ce propos, Fred Doura fait avancer que l'accélération de la crise économique, durant les deux dernières décennies, a montré l'incapacité de l'Etat haïtien d'intégrer la plus forte partie de sa population dans un projet de développement articulé et de création massive d'emplois. Réduire la pauvreté nécessite une réforme agraire efficace, des investissements importants dans l'agriculture, l'industrialisation rurale et surtout des investissements publics dans l'éducation, la santé et les infrastructures. « Force est de constater que l'économie exclut d'importantes couches de la société, générant ainsi de nouvelles formes d `inégalités, d'injustices sociales, d'exploitations et d'abus. Le coût de l'exclusion, qui apparaît chaque fois que les décisions sont prises par l'Etat au profit des minorités, sans tenir compte de l'intérêt d'un individus ou d'un groupe, est d'autant plus élevé qu'il a d'êtres-citoyens actifs exclus »67. Le développement du pays ou la sortie des démunis dans la pauvreté ne va pas se faire avec une baguette magique. Il demande science et méthode. Joseph Déjoie nous montre que « dans les pays développés, le progrès économique peut-être facilement atteint si ces pays respectent les lois économiques fondamentales. Quoique la tache soit plus difficile que dans les pays développés, un progrès économique viable peut-être atteint en Haïti, si, comme ces pays, nous suivons des principes économiques appropriés et acquérons certains facteurs essentiels qui nous font défaut. Ces facteurs sont en l'occurrence, la connaissance technique moderne, la disponibilité de capitaux, la disponibilité de main-d'oeuvre spécialisée et un plan solide pour l'utilisation de capitaux, de la maind'oeuvre et de la connaissance technique. Si ceux-ci sont fournis, il y aura progrès »68. Comme dit le vieux dicton « Mieux vaut tard que jamais ». C'est vrai, que nous avons beaucoup à faire pour sortir dans ce que nous sommes (Haïti) aujourd'hui, mais c'est une obligation impérieuse. 66 Fritz Deshommes, Politique en Haïti, Rétrospectives et Perspectives 67 Fred Doura, Tome II, pp. 27-28 68 Joseph Déjoie, p.19 Ce que nous vivons maintenant, est le fruit de ce qu'on a semé, notamment avec les différentes politiques économiques appliquées en défaveur de la majorité de la population. A noter que « durant ces 20 dernières années, Haïti confronte à une récession prolongée causée, en partie, par la dégradation du marché du travail liée aux problèmes des systèmes de production traditionnels. Les politiques de libéralisation économique, entamées en 1987 et consacrées en 1996, qui ont sérieusement affecté l'agriculture et l'industrie de transformation »69. Si les politiques économiques ont un poids assez lourd dans les causes de la pauvreté en Haïti, elles ne sont pas aussi les seules. Il y a, aussi, des causes dites sociopolitiques et institutionnelles. Nous tentons de les développer dans la section qui suit. |
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