CONCLUSION ET RECOMMANDATION
Fatigué par des programmes implantés ne
répondant pas à la réalité, Haïti ne cesse de
plonger dans la pauvreté extrême. On ne constate que des sols
ruinés, société déstructurée qui sont,
également, des conséquences des politiques
socio-économiques ne rendant pas vraiment compte des besoins
fondamentaux des couches défavorisées, en particulier les paysans
qui sont exploités et méprisés, ainsi que les habitants
des bidonvilles qui sont marginalisés. Plus d'un se demande où
est l'Etat haïtien?
On constate que ce dernier se dissimule à un point tel
qu'on ne sait pas où il est. Comme nous l'avons mentionné, les
programmes d'ajustement structurels imposés par les puissances
étrangères et appliquées par les gouvernements qui se sont
succédés au cours de ces 20 dernières années n'ont
pas jusqu'ici donné les résultats escomptés.
Jusqu'à quand notre gouvernement va enfin mettre les
balises nécessaires, en place, pour atteindre les Objectifs du
Millénaire, dont il était parti prenante ?
Comment continuer à tolérer à ce qu'une
minorité de gens ont assez de nourriture à manger et, en
même temps, la grande majorité de la population ne peut pas
nourrir sa famille ?
Il est de l'intérêt de tous, de travailler
à ce qu'on ait une société juste. Cette dernière
est indispensable pour créer la stabilité. On sait que la
stabilité encourage l'investissement et ceci crée l'emploi et
réduit le chômage afin de bloquer le développement de la
pauvreté qui fait tant de rage. Il n'y a pas d'effet sans cause. Ce
qu'on est entrain d'assister à Shada, est le résultat du mode
d'organisation de l'Etat ou du moins, de la mauvaise gestion du pays.
Pour étayer ce que nous venons d'avancer, prenons
l'exemple du Cap-Haïtien, étant le chef-lieu du département
du Nord et la deuxième ville du pays, qui est doté quasiment de
l'ensemble des infrastructures socio-économiques du Grand Nord, voire le
pays en général, après Port-au-Prince. Mais, quelles
infrastructures ?
A l'inverse, les autres communes du département
continuent à être placées sous la dépendance des
« infrastructures » existant au Cap-Haïtien. Cette situation
alimente le phénomène de l'exode rural comme nous l'avons
déjà expliqué et facilite la prolifération des
bidonvilles, jour après jour aux alentours de la ville. On assiste
à une sorte de paupérisation grandissante de cette tranche de la
population qui se livre à elle-même. En effet, nous
rappelons que l'étude sur le problème de la
pauvreté dans les bidonvilles en Haïti, le cas de Shada au
Cap-Haïtien, a pour objectif principal de déterminer et analyser
les causes du phénomène de la pauvreté dans les
bidonvilles en Haïti et, notamment à Shada. C'est ainsi que les
résultats de notre enquête nous permettent d'affirmer encore que
les causes majeures de la pauvreté à Shada sont :
1- L'absence ou Manque de planification de l'Etat ;
2- Inadéquation à la réalité des
différentes dispositions, prises par l'Etat ou imposées par les
« Amis d'Haïti », en vue d'éradiquer le
phénomène de la pauvreté ;
3- Imposition et l'application de la politique
néolibérale.
4- Manque d'éducation, car un niveau faible en
éducation favorise et encourage la marginalisation du fait que le niveau
d'instruction non compétitif empêche les individus
d'accéder à un emploi bien rémunéré. Ils
sont obligés de pratiquer des petits métiers manuels.
5- Manque d'infrastructures.
6- Chômage
7- Etc.
Devant cette complexité, on a droit de se demander,
à nouveau, « Quoi faire »?
Devons-nous rester comme des spectateurs passifs par devant
cette montée cruelle de la pauvreté qui tue, sacrifie et
marginalise davantage plus de 85 % de la population, notamment ceux des
bidonvilles ? Peut-on continuer à faire croire que c'est le destin qui
veut que le Shada soit ainsi, en ce 21ème siècle ?
On est tous conscients qu'il n'existe pas une baguette magique
pour résoudre le problème. Mais, nous croyons que science et
méthode peuvent nous aider à trouver des solutions alternatives.
Celles-ci dépendent de la volonté et la capacité de l'Etat
à assumer ses responsabilités vis-à-vis du reste de la
population qui n'attend qu'une bonne directive à suivre. On doit
être clair qu'en dehors de ceci, on va continuer à regarder ce
grand épisode de la paupérisation des couches les plus
vulnérables du pays.
En terme de mesures alternatives, nous proposons à ce que
l'Etat :
1- Encadre et canalise les actions des Organisations Non
Gouvernementales notamment dans les milieux ruraux et urbains. Avec toutes
leurs défaillances constatées, on ne peut
pas nier et négliger l'apport considérable des
ONG au cours de ces deux décennies dans la « lutte contre la
pauvreté » et en même temps, l'Etat doit travailler pour
reprendre le contrôle où ses interventions étaient absentes
;
2- Mène sans relâche, une politique de
démarginalisation au profit des pauvres. Notre enquête nous permet
d'affirmer que la population n'exige que du respect de leur droit de vivre.
C'est-à-dire la capacité, d'une part, de pourvoir aux besoins
primordiaux de leur famille (nourriture, logement, éducation, ...),
d'avoir un emploi stable ou du travail à faire et, d'autre part, de
participer activement dans les grandes décisions engageant cette
génération et future ;
3- Active la reforme agraire et la décentralisation.
Il doit prouver qu'il ait une volonté réelle de freiner le
développement grandissant des bidonvilles autour des grandes villes du
pays, en particulier au Cap-Haïtien. L'étude nous permettait de
retracer la zone originelle des habitants de Shada. Plus de 85 % des gens
viennent de la campagne, en quête d'une vie meilleure en ville.
L'Etat a pour responsabilité de doter les milieux
ruraux des infrastructures de bases (routes, hôpitaux/centre de
santé, école,...) et doit réaliser une reforme agraire
afin d'encourager les habitants à vivre dans leurs milieux d'origine. En
les questionnant, ils n'ont pas vraiment envie de venir s'installer en ville.
En revanche, comment voulez-vous que le paysan soit resté à la
campagne alors qu'il n'a pas de quoi à prendre soin des membres de sa
famille à tous les points de vue ?
En bon père ou bonne mère de famille, c'est normal
qu'il ou elle prenne ses responsabilités de chercher « la vie
» là où elle parait être existée.
On ne peut pas parler de lutte contre la pauvreté sans
tenir compte des droits les plus fondamentaux de l'individu, à savoir de
se nourrir, se vêtir, avoir un logement , s'éduquer/ se former,
etc. La lutte pour une Haïti juste devrait être l'objectif de tout
citoyen- haïtien, aujourd'hui, en vue de se réaffirmer comme peuple
aux yeux du monde entier.
Nous constatons que la précarité de la situation
socio-économique des habitants compromet beaucoup à leur
épanouissement général. La manière même de
s'entasser dans des maisonnettes mal confectionnées a un impact assez
négatif sur leur état sanitaire. Des maladies comme la
diarrhée, malaria et tuberculose font rage dans ce bidonville à
cause de la mauvaise gestion de l'environnement et de manque
d'hygiène.
Le mode de vie de la population de Shada met à jour le
niveau extrême de la pauvreté en Haïti, en ce début du
21ème siècle. Nous constatons que la grande
majorité de la population s'efforce de subsister avec leur maigre moyen
économique. Comment accepter qu'une petite partie baigne dans
l'opulence, alors que la grande majorité se plonge sans arrêt dans
le désespoir ? Ne sont-ils pas tous fils d'une même nation Ces
genres de rapports ne sont-ils pas les sources des différentes
instabilités du pays ? On doit changer cette tendance, si on veut
éviter d'éventuelles tensions sociales en Haïti. Nous
reprenons, la véritable lutte de tout vrai haïtien aujourd'hui,
doit être contre : la faim, l'inégalité,
l'analphabétisme, mauvaise condition d'hygiène et le
chômage. La nécessité nous en oblige ! Une autre Haïti
est réellement possible, mais, avant tout, il nous faut de la
volonté, la capacité et détermination. La reconstruction
du pays doit être démarrée de toute urgence, sinon,
Haïti deviendra un pays invivable. On doit travailler à
réduire la pauvreté, afin de pouvoir l'éradiquer, en
retour. C'est la seule façon d'intégrer le grand concert des
nations et de faire preuve de reconnaissance à la grande bataille que
nos valeureux héros ont mené pour notre indépendance, dans
le but d'avoir un pays juste et prospère pour tous ses fils.
« Mieux vaut tard que jamais ».
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