BANQUE D'ALGERIE
Mémoire DE FIN D'ÉTUDES
En vue de l'obtention du
DIPLÔME SUPERIEUR D'ÉTUDES
BANCAIRES (DSEB)
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RAROC
Outil de gestion du risque de crédit
Cas de BNP Paribas El-Djazair
Elaboré par:
M. BOUIDER Loukmane
10ème promotion
Encadré par:
M. BENMORSLI Mustapha
Novembre 2008
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Nous tenons à adresser nos vifs remerciements à
tous ceux qui ont contribué à l'élaboration du
présent mémoire et au bon déroulement de notre stage
pratique.
Nos remerciements sont adressés tout
particulièrement à notre encadreur M. BENMORSLI Mustapha
pour ses lectures et ses conseils.
Nous tenons à remercier également le personnel
de la direction des risques de BNP Paribas, en particulier notre
tuteur de stage M. ABBAOUI Sabir pour sa disponibilité, son
aide et sa sympathie.
Nous n'oublions pas de remercier M. AMBAR Mohamed
pour ses conseils précieux, Hicham, Imène, Nesrine Fahima,
Souhaila et Ahlem pour leurs lectures attentives.
Enfin, nous voudrions exprimer notre gratitude à tout
le personnel de l'Ecole Supérieure de Banque, en particulier M. LAROUI
Moussa et Mme. ASSNAMI.
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SOMMAIRE
INTRODUCTION
CHAPITRE PRELIMINAIRE : GENERALITES SUR LES RISQUES
BANCAIRES
Section 1: Nomenclature des risques bancaire
Section 2: La gestion des risques bancaire
Section 3: La réglementation prudentielle
internationale
CHAPITRE I: LA NOTION DE RAROC
Section 1: Le concept de mesure de performance
ajustée pour le risque Section 2: Présentation
de RAROC
Section 3: Les paramètres de RAROC
CHAPITRE II: LA GESTION DU RISQUE DE CREDIT PAR LA
METHODE RAROC
Section 1: La notation interne
Section 2: La modélisation du risque de
crédit Section 3: La mise en place de l'outil RAROC
CHAPITRE III : APPLICATION DE RAROC (ETUDE DE
CAS)
Section 1: Présentation de la structure
d'accueil
Section 2: Présentation du système
de notation de BNP Paribas Section 3: Présentation du
portefeuille
Section 4: Modélisation du risque de
crédit
Section 5: Estimation des paramètres
comptables
Section 6 : Calcul de RAROC
CONCLUSION
INTRODUCTION
L'histoire économique récente ne manque pas
d'exemples de situations de crises et de tensions extrêmes qui ont
démontré le rôle néfaste que peut jouer un
système bancaire fragile en amplifiant le désordre financier. Les
conséquences sont multiples, quoique tout le monde admette que la cause
principale est la concurrence cruelle incitant les banques à se lancer
dans une course effrénée aux parts de marchés très
souvent au détriment de l'autre activité clé des banques
commerciales : le contrôle et la gestion des risques.
Malgré leur ampleur et leurs effets tragiques qui n'ont
jamais cessés de menacer la stabilité de l'environnement
bancaire, ce n'est qu'au début des années quatre-vingt dix que la
gestion des risques est devenue effective. A cette période, les banques
en plus de leur tendance à renforcer leurs fonds propres
conformément aux exigences édictées par l'accord de
Bâle de 1988, elles se sont lancées dans le développement
de nouvelles techniques leur permettant de mieux gérer leurs risques,
notamment le risque de crédit devenu la préoccupation majeure des
banques en raison de son danger désastreux .
Quelques années plus tard, le comité de
Bâle conscient des limites de son premier accord (Bâle I) a
exprimé sa volonté de le remanier et d'instaurer un nouvel
dispositif (Bâle II) dont le principe fondateur est de récompenser
les meilleures pratiques en matière de mesure et de gestion du risque et
de permettre aux banques ayant fait un long parcours dans ce domaine d'utiliser
leur propre savoir-faire et leur technologie pour évaluer leur
risque.
La notation interne étant l'une des mesures principales
prises par le comité de Bâle dans son nouvel accord a
contribué significativement à la diffusion des innovations
managériales utilisant cette approche. Parmi ces innovations on trouve
la méthode RAROC ou Risk Adjusted Return On Capital
adoptée par de nombreuses banques à l'échelle
internationale. Cette méthode fondée sur les principes de la
finance moderne visant l'optimisation du couple risque-rentabilité, a
trouvé une application non seulement en matière de gestion du
risque de crédit, mais aussi comme outil de mesure de performance.
La diffusion rapide de RAROC au sein de l'univers bancaire
ainsi que la multiplicité de ses applications sont deux
éléments parmi d'autres qui ont mis ce concept au coeur d'un long
débat sur son utilité, son efficacité et ses limites.
Le présent mémoire s'inscrit dans ce cadre et a
pour principal objectif de mettre en lumière les aspects
théoriques et pratiques de cette méthode et de s'interroger sur
son adéquation avec le contexte national, en adoptant une
démarche qui vise à répondre aux préoccupations
suivantes :
· Comment peut-on définir RAROC ?
· Quelle sont les conditions préalables pour la mise
en place de la méthode RAROC au sein d'une banque ?
· Quel sont les apports de l'outil RAROC et qu'elles sont
ses limites ?
· Dans le contexte actuel, la méthode RAROC est elle
applicable en Algérie ? Pour répondre à une telle
problématique, notre travail sera organisé comme suit :
· Nous allons entamer notre étude par un chapitre
préliminaire qui nous permettra de mettre en évidence quelques
notions liées à la gestion du risque bancaire et à la
réglementation prudentielle internationale.
· Nous passerons après au premier chapitre dans
lequel nous aborderons RAROC en tant que concept. Nous allons nous
intéresser à définir sa notion et à
présenter ses différents paramètres.
· En suite et à travers un deuxième
chapitre nous allons aborder quelques aspects relatifs à l'application
de RAROC dans la gestion du risque de crédit, les apports de cet outil
ainsi que ses limites.
· Nous terminerons enfin notre étude avec un
troisième chapitre qui sera consacré à une étude de
cas pour présenter les principaux résultats auxquels nous sommes
parvenus après l'application de la méthode RAROC sur un
échantillon réel issu du portefeuille d'engagement de BNP Paribas
El-Djazair.
CHAPITRE PRELIMINAIRE:
GENERALITES SUR LES RISQUES BANCAIRES
Le risque constitue la dimension la plus importante dans
l'environnement bancaire. Pour une banque celui-ci est l'essence de son
activité et la source principale de son profit. Toutefois, la prise de
risque excessive a souvent été à l'origine des
difficultés voir la défaillance des établissements
bancaires. C'est justement dans le but de limiter les effets néfastes de
la prise démesurée des risques et de soutenir la stabilité
et la sécurité du système financier que fut
instaurée la réglementation prudentielle internationale.
Le présent chapitre présente quelques notions
de base liées au risque bancaire et sa gestion, ainsi que le rôle
de la réglementation prudentielle et son évolution depuis le
premier accord de Bâle de 1988.
Nous allons donc dans une première section
présenter les risques relatifs à l'activité bancaire. Le
concept de la gestion des risques sera abordé dans la deuxième
section, tandis que la troisième, elle sera consacrée à la
réglementation prudentielle internationale, son évolution et son
impact sur la gestion du risque de crédit en particulier.
SECTION 1:
NOMENCLATURE DES RISQUES BANCAIRES
« Le risque correspond à l'occurrence d'un
fait imprévisible, ou à tout le moins certain, susceptible
d'affecter les membres, le patrimoine, l'activité de l'entreprise et de
modifier son patrimoine et ses résultats »1.
De cette définition nous pouvons retirer deux
éléments essentiels qui caractérisent le risque dans le
milieu bancaire :
· Le caractère aléatoire et
imprévisible (qui est à l'origine du risque).
· L'enjeu lié aux résultats et pertes futurs
de la banque (conséquence finale).
Plusieurs classifications des risques bancaires peuvent
être proposées. Néanmoins, les banques ont tendance
à adopter la classification proposée par le nouvel accord de
Bâle (ou Bale II), qui distingue trois grandes catégories,
à savoir :
· Le risque de crédit
· Le risque de marché
· Le risque opérationnel
I. LE RISQUE DE CREDIT:
Le risque de crédit est le risque le plus important et
le plus dangereux auquel est exposée une banque. Cette dernière
doit accorder une attention particulière à sa gestion afin de ne
pas être en proie à ses conséquences.
Le risque de crédit peut être défini
comme « la perte potentielle consécutive à
l'incapacité par un débiteur d'honorer ses engagements
»2. Il désigne également, d'une façon plus
large, le risque de perte lié à la dégradation de la
qualité de la contrepartie qui se traduit par une dégradation de
sa note.
Le risque de crédit peut prendre plusieurs
appellations : on parle de risque de contrepartie dans les transactions de
prêt sur le marché interbancaire et financier, et de risque de
faillite ou de crédit proprement dit, pour les transactions sur le
marché de crédit.
On distingue trois types de risque de crédit: le risque
de défaut, le risque de dégradation du spread et le
risque lié à l'incertitude du recouvrement, une fois le
défaut survenu.
1 Elie COHEN - Dictionnaire de gestion. Ed La découverte
.Paris.1997.P308.
2 H.JACOB & A.SARDI - Management des risques bancaires. Ed
AFGES. Paris. 2001. P19
1.1 Le risque de défaut:
Cette forme de risque est associée à l'occurrence
d'un défaut, caractérisée par l'incapacité de la
contrepartie à assurer le payement de ses échéances.
Le Comité de Bâle dans son second document
consultatif, considère un débiteur est en défaut lorsque
l'un ou plusieurs des événements suivants est constaté :
1
· L'emprunteur ne remboursera vraisemblablement pas en
totalité ses dettes (principal, intérêts et commissions)
;
· La constatation d'une perte portant sur l'une de ses
facilités : comptabilisation d'une perte, restructuration de
détresse impliquant une réduction ou un
rééchelonnement du principal, des intérêts ou des
commissions ;
· L'emprunteur est en défaut de paiement depuis
quatre-vingt dix (90) jours sur l'un de ses crédits ;
· L'emprunteur est en faillite juridique.
1.2 Le risque de dégradation du
Spread:
Le spread de crédit est la prime de risque qui
lui est associée. Sa valeur est déterminée en fonction du
volume de risque encouru (plus le risque est élevé, plus le
spread l'est).
Le risque de dégradation du spread est le
risque de voir se dégrader la qualité de la contrepartie
(dégradation de sa note) et donc l'accroissement de sa
probabilité de défaut. Cela conduit à une hausse de sa
prime de risque, d'où la baisse de la marge sur
intérêts.
Ce risque peut être mesuré d'une façon
séparée pour chaque contrepartie ou globalement sur tout le
portefeuille de crédit.
1.3 Le risque de recouvrement:
Le taux de recouvrement permet de déterminer le
pourcentage de la créance qui sera récupéré en
entreprenant des procédures judiciaires, suite à la faillite de
la contrepartie. Le recouvrement portera sur le principal et les
intérêts après déduction du montant des garanties
préalablement recueillies.
Le taux de recouvrement constitue une source d'incertitude pour
la banque dans la mesure où il est déterminé à
travers l'analyse de plusieurs facteurs :
· La durée des procédures judiciaires qui
varient d'un pays à un autre ;
· La valeur réelle des garanties ;
· Le rang de la banque dans la liste des
créanciers.
1 H.JACOB & A.SARDI - Management des risques bancaires. Ed
AFGES. Paris. 2001. P186
II. LE RISQUE DE MARCHE:
C'est le risque de perte d'une position de marché
résultant de la variation du prix des instruments détenus dans le
portefeuille de négociation ou dans le cadre d'une activité de
marché dite aussi de « trading » ou de
négoce.
Le risque de marché englobe trois types de risques :
· Le risque de taux d'intérêt
: il désigne le risque de voir les résultats de la
banque affectés à la baisse suite à une évolution
défavorable du taux d'intérêt.
· Le risque de change : il se traduit par
une modification de la valeur d'un actif ou d'un flux monétaire suite au
changement du taux de change.
· Le risque de position sur actions et produits
de base : qui se traduit par une évolution défavorable
des prix de certains produits spécifiques (les actions, matières
premières et certains titres de créances).
III. LE RISQUE OPERATIONNEL:
Le comité de Bâle définit le risque
opérationnel comme « le risque de pertes directes ou indirectes
résultant d'une inadéquation ou d'une défaillance
attribuable à des procédures, des agents, des systèmes
internes ou d'événements externes ». Il renvoie donc
à des inefficiences de l'organisation et du management de
l'institution.
Sont inclus dans cette définition : Le risque
juridique, le risque informatique, le risque comptable, le risque
déontologique, fraudes, pertes et vols. Sont exclus : le risque de
réputation et le risque stratégique.
Le risque opérationnel correspond à une
série de pertes occasionnées par la gestion de
l'établissement qui ne sont pas liées directement au risque de
marché ou de crédit. La spécificité de ce risque
réside dans la difficulté de sa quantification, ce qui rend sa
gestion assez complexe.
Dans le nouveau ratio de solvabilité du comité de
Bâle, le risque opérationnel fait l'objet d'une exigence de fonds
propres.
SECTION 2:
LA GESTION DES RISQUES BANCAIRES:
La gestion des risques bancaires correspond à
l'ensemble des techniques, outils et dispositifs organisationnels mis en place
par la banque pour identifier, mesurer et surveiller les risques auxquels elle
est confrontée.
On distingue deux approches différentes dans la
gestion des risques ; une première interne portant sur les risques pris
individuellement et selon leur nature (risque de crédit, risque de
marché, risque de liquidité...), quand à la seconde, elle
est globale et constitue un processus holistique, qui suppose une consolidation
de tous les risques et la prise en compte de leur interdépendance.
I. LES OBJECTIFS DE LA GESTION DES RISQUES:
La gestion des risques vise la réalisation de quatre
objectifs1 :
· Assurer la pérennité de
l'établissement, par une allocation efficiente des ressources et une
allocation adéquate des fonds propres qui permettra une meilleure
couverture contre les pertes futures.
· Elargir le control interne du suivi des performances
au suivi des risques associés.
· Faciliter la prise de décision pour les
opérations nouvelles et permettre de les facturer aux clients.
· Rééquilibrer le portefeuille de
l'établissement, sur la base des résultats et des effets de
diversification.
II. LES ETAPES DE LA GESTION DES RISQUES:
La gestion des risques repose sur un processus de six
étapes :
1.1 Identification des risques:
Cette étape consiste à établir une
cartographie des risques auxquels la banque est confrontée. Cet exercice
ne doit pas être limité dans le temps, vu les changements internes
et externes qui touchent le milieu bancaire et qui peuvent engendrer
l'apparition de nouveaux risques.
1.2 Evaluation et mesure des risques:
Elle consiste à quantifier les coûts
associés aux risques identifiés dans la première
étape.
1 Joel BESSIS - Gestion des risques et gestion Actif-Passif des
banques. Dalloz. Paris. 1995. P48
La mesure du risque dépend de la nature de ce dernier,
s'il est quantifiable ou non. Lorsque les risques sont quantifiables comme dans
le cas du risque de crédit et du risque de marché, le concept le
plus utilisé est celui de la Value-at-Risk. Dans le cas des risques non
quantifiables, une méthodologie objective est appliquée pour les
estimer, à travers deux variables:
· La probabilité de survenance d'un
événement négatif, qui à défaut de
quantification, peut se voir attribuer des valeurs relatives : forte, moyenne
et faible probabilité.
· Gravité de l'événement en cas de
survenance du risque : là aussi, en absence de données
quantifiables, on peut attribuer une variable relative : élevé,
moyen, faible.
Le croisement des deux séries de variables, permettra de
donner une idée relative du risque.
1.3 Sélection des techniques de gestion des
risques:
Les techniques de gestion des risques visent principalement l'un
des trois objectifs suivants :
· Eviter le risque
· Transférer le risque
· Encourir le risque
1.4 La mise en oeuvre:
Cette étape consiste à mettre en oeuvre la
technique choisie, elle doit être réalisée par une
unité clairement désignée à cet effet, par exemple
: la salle des marchés pour les risques de marché, la direction
des engagements pour le risque de crédit, ALM pour la gestion du risque
de liquidité et de taux. Quand au risque opérationnel, il a la
particularité d'être plus difficilement attribuable a une
unité spécifique vu ça présence partout.
Le principe fondamental de cette étape de gestion des
risques est de minimiser les coûts attribués à la mise en
oeuvre de la solution.
1.5 Surveillance des risques:
Le suivi permanant des risque est primordial, et ce afin de
s'assurer que les stratégies adoptées donnent des
résultats optimaux. En effet, au fil du temps et selon les
circonstances, il se peut que les décisions initialement prises
deviennent incompatibles avec la conjoncture et de ce fait elles doivent
être modifiées ou carrément remplacées.
1.6 Reporting des risques:
Le reporting est l'aboutissement logique de tout processus de
gestion, il s'agit d'une synthèse qui fait ressortir les
éléments clés sous une forme analytique, adressée
aux responsables sous forme d'un rapport dont le contenu et le niveau de
détail dépend de la fonction du destinataire.
SECTION 3:
LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
INTERNATIONALE
Dans un environnement concurrentiel, de nombreux facteurs
peuvent inciter une banque à prendre des risques parfois importants,
chose qui pourrait la mettre en péril et même menacer la
stabilité de tout le système à cause des effets de
contagion.
C'est dans le but de limiter les effets néfastes de la
prise de risque et de promouvoir la stabilité et la
sécurité du système financier que fut l'avènement
de la réglementation prudentielle.
I. LE COMITE DE BALE:
Le Comité de Bâle a été
créé en 1974 par les gouverneurs des Banques Centrales du groupe
des dix (G1 0) sous l'appellation « Comité des règles et
pratiques de contrôle bancaire », il est constitué des pays
suivants : Belgique, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Luxembourg,
Pays-Bas, Espagne, Suède, Suisse, Royaume-Uni et Etats-Unis. Ces pays
sont représentés par leurs banques centrales ou par
l'autorité de supervision bancaire. Leurs représentants se
rencontrent régulièrement à la Banque des
Règlements Internationaux (BRI) localisée à Bâle
pour parler des enjeux liés à leur responsabilité.
Les taches du comité de Bale sont axées sur :
· L'échange d'informations sur les pratiques
nationales de contrôle ;
· L'amélioration de l'efficacité des
techniques mises en oeuvre pour la surveillance de l'activité bancaire
internationale ;
· La fixation de normes prudentielles minimales dans les
domaines ou elles apparaissent souhaitables.
Il est à noter que le comité de Bâle ne
dispose d'aucun pouvoir légal national ou international, ses conclusions
n'ont pas force exécutoire. Son rôle est plutôt
d'établir des normes de références et des lignes
directrices générales et de formuler des recommandations à
l'égard des bonnes pratiques que ses membres s'engagent à mettre
en oeuvre.
II. L'
|
ACCORD DE BALE DE 1988
|
|
En 1988, le Comité de Bâle instaure pour les
banques exerçant leur activité à l'international un
nouveau cadre appelé « Accord de Bâle »,
définissant les exigences minimales de fonds propres que les banques
doivent respecter en fonction des risques qu'elles prennent.
Le ratio international de solvabilité, appelé
ratio Cooke1 voit alors le jour avec la règle simple
et quasi uniforme de 8% de fonds propres alloués pour chaque
crédit accordé.
Fonds propres nets
Ratio Cooke = > 8 %
Total des encours pondérés par le risque
|
|
Selon Bâle I, les fonds propres exigibles sont
calculés sur la base d'une somme pondérée des
différents types d'actifs d'une banque; ces pondérations
cherchent à refléter le niveau de risque de chaque
catégorie d'actifs.
Pondérations (%) Nature des encours
0 Créances sur des Etats de l'OCDE
20
|
Créances sur les banques et les collectivités
locales des Etats de l'OCDE
|
50
|
Créances garanties par une hypothèque ou
crédit bail immobilier
|
100
|
Toutes les autres créances telles que les obligations
du secteur privé, la dette des pays en voie de développement, les
créances des pays hors OCDE, les actions, l'immobilier, les
bâtiments industriels et les machines
|
|
Tableau 1.1 : La pondération des
encours dans Bale 1
Ce ratio, fut instauré dans la plupart des pays de l'OCDE
au début des années 1990. Il fut aménagé en 1996
afin d'y intégrer la gestion des risques de marché.
L'amendement de 1996
En plus de l'intégration du risque de marché
dans le calcul du ratio de solvabilité, l'amendement de 1996 a
accordé aux banques la possibilité de recourir à leurs
propres modèles internes de risque de marché pour définir
le niveau de fonds propres nécessaires. Il a enfin, permis
l'intégration de certaines garanties hors bilan qui n'étaient pas
prises en compte dans l'accord initial, telle que la titrisation des
créances.
D'abord appliqué aux pays du G10 et aux banques
exerçant leur activité à l'international, l'accord
Bâle1 s'étend progressivement à la plupart des banques
d'une centaine de pays.
1 Du nom du Président du Comité de Bâle de
l'époque
III. LES LIMITES DE BALE I
Depuis la fin des années 90, les limites des accords de
Bâle, notamment en termes d'exigences de fonds propres pour les risques
de crédit devenaient de plus en plus apparentes.
En effet, Bâle I a permis d'atténuer les
inégalités concurrentielles, les banques se couvrant
systématiquement de fonds propres à hauteur de 8 % de leurs
engagements. Toutefois, il correspond à un système
simplifié, peu sensible au niveau réel des risques et qui
présente plusieurs limites:
· Le ratio Cooke ne prend pas en considération de
manière pertinente et suffisamment précise le niveau réel
du risque de crédit, celui-ci est évalué de façon
forfaitaire en fonction du type de contrepartie et du produit. En particulier,
le ratio ne tient pas compte des différences de qualité des
emprunteurs privés puisque quasiment tous les prêts au secteur
privé supportent des charges en fonds propres identiques, quelle que
soit leur maturité, leur montant ou la solidité financière
de leurs bénéficiaires ;
· Le ratio Cooke ne tient compte ni de l'évolution
du niveau de risque (changement de la notation), ni du taux de recouvrement
(qualité de la garantie) ;
· Le ratio Cooke ne prend pas en considération la
réduction potentielle du risque induite par la diversification du
portefeuille parmi de nombreux emprunteurs, industries et localisations
géographiques. Par exemple, le capital réglementaire est le
même, que la banque ait consenti un prêt de 100 millions de dinars
à une seule entreprise ou que la banque ait fait 100 prêts de 1
million de dinars chacun à 100 entreprises différentes
appartenant à des secteurs d'activité différents ;
· Fixer une borne inférieure du ratio à 8%
n'est basé sur aucun fondement économique.
· Le ratio Cooke ignore d'autres risques fortement
présents dans l'activité bancaire comme le risque
opérationnel ;
· Enfin, l'accord de 1988 ne permet pas la compensation
des risques (netting) et n'offre ainsi aucune incitation au recours
aux techniques de couverture du risque de crédit comme les
dérivés de crédit.
Ratio bancaire sommaire, Bâle I n'est plus adapté
à la sophistication croissante des activités bancaires.
IV. LE DISPOSITIF BALE II
En raison de l'évolution considérable de
l'activité bancaire, des marchés financiers, des méthodes
de gestion du risque et des pratiques de surveillance, intervenus depuis la
signature du premier accord, le Comité de Bâle,
présidé alors par W. Mc Donough a jugé
nécessaire d'en réviser le contenu.
4.1 Les piliers de Bâle II :
En 1999, le comité de Bâle propose son premier
document consultatif (CP1) posant les termes de la réforme autours de
trois piliers :
1. les exigences minimales en matière de fonds propres
(Pilier 1)
2. le processus de surveillance prudentielle et de
contrôle interne (Pilier 2)
3. la communication financière et la discipline du
marché (Pilier 3)
A. Le Pilier 1 : les exigences minimales en
matière de fonds propres
Bâle II permet une plus grande différenciation
dans les exigences de capital en fonction de la qualité des risques de
crédit, qui dépend entre autres de la probabilité de
défaut de la contrepartie et de la perte en cas de défaut.
L'accord permet également un traitement plus exigeant
mais aussi plus adapté des opérations de marché, avec des
techniques renouvelées d'estimation de l'exposition au risque de
contrepartie (EPE) et une prise en compte plus stricte du risque de
défaut dans la mesure du risque de marché et du risque de
participation actions.
La grande nouveauté est l'apparition d'une charge en
capital pour le risque opérationnel, qui peut être
évaluée de façon très forfaitaire en fonction des
revenus ou selon le modèle interne de la banque dans le cas du choix de
méthodes avancées. .
L'ancien ratio de solvabilité connu par « ratio
Cook » a été remplacé par le ratio dit «
McDonough ». Ce nouveau ratio, ne change pas l'assiette de calcul
«fonds propres /risques» qui reste fixée à 8%. Par
contre, une ventilation du risque en fonction de sa nature sera exigée
(risque de crédit comptant pour 75%, le risque opérationnel pour
20% et le risque de marché pour 5%). Il faut marquer l'introduction du
risque opérationnel dans l'exigence des fonds propres.
Fonds propres nets
Ratio Mc Donough = > 8 %
Risque de crédit + Risque de marché + Risque
opérationnel
|
|
B. Le Pilier 2 : le processus de surveillance
prudentielle et de contrôle interne
Le deuxième pilier vise à introduire une
cohérence entre les risques assumés et l'allocation de fonds
propres. Il est fondé sur quatre principes fondamentaux :
· L'appréciation, par l'établissement
bancaire, des fonds propres qui lui sont nécessaires (son capital
économique),
· La surveillance prudentielle de ce processus de mesure
et d'allocation des fonds propres (avec la comparaison des fonds propres
réglementaires et des fonds propres économiques),
· Des fonds propres pouvant être supérieurs
aux minima réglementaires,
· L'intervention, en cas de besoin, des
superviseurs.
Un rôle plus important est octroyé aux
autorités de surveillance. Ces dernières doivent, pour chaque
établissement bancaire, s'assurer du caractère adéquat du
processus d'évaluation interne de la solvabilité et peuvent, si
nécessaire, imposer des exigences de solvabilité plus
élevées que les exigences minimales définies
précédemment au titre des risques de crédit dans le cadre
du pilier 1. Ce processus d'évaluation interne de la solvabilité
est appelé ICAAP « Internal Capital Adequacy Assessment
Process »
C. Le Pilier 3 : la communication financière et
la discipline du marché
La discipline de marché doit être plus efficace
en s'appuyant sur une communication financière qui favorise la
transparence, notamment sur l'état des risques et la façon de les
mesurer. Le moyen d'atteindre ce but sera la publication d'un niveau
élevé d'informations et le respect de pratiques saines en
matière de comptabilité et de valorisation qui sont d'une
importance décisive en matière de normes de fonds propres.
4.2 La mesure du risque de crédit selon
Bâle II:
Les instruments de gestion des risques diffèrent
sensiblement en fonction de la taille de la banque, des métiers qu'elle
exerce et de son aversion au risque.
Pour répondre à cette diversité, le
Comité de Bâle propose pour chaque type de risque des
méthodes de calcul entre lesquelles chaque banque pourra choisir, en
fonction du degré de développement de ses techniques de
gestion.
En matière de traitement du risque de crédit, le
Comité de Bâle propose deux approches pour le calcul des exigences
en fonds propres: Une approche standard et une approche fondée sur la
notation interne :
A. L'approche standard (Standardized
Approach):
L'approche standardisée est conceptuellement assez
proche de celle précédemment utilisée dans l'Accord de
Bâle I. Elle consiste à mesurer le risque de crédit d'une
manière standard, en s'appuyant sur des notations externes fournies par
des agences de rating, reflétant la qualité de crédit des
emprunteurs.
Selon cette approche, les besoin en fonds propres sont
calculés comme suit :
FP = [E(Pondérations x Expositions)] x 8 %
Les pondérations sont déterminées en
fonction des notations externes, de la classe d'actif et de la catégorie
de l'emprunteur. Les expositions sont les encours nets de provisions
spécifiques.
Les techniques de réduction des risques, telles que les
garanties et les dérivés de crédit, sont prises en compte
par cette approche de manière simplifiée.
L'approche standard est en principe réservée
aux banques de petite et moyenne taille. Les banques de taille plus
significative peuvent y recourir si elles ne peuvent adopter les
méthodes de notations internes dans un premier temps.
B. L'approche fondée sur la notation interne (ou
IRB):
La promotion des méthodes de notation interne du risque
de crédit est l'un des principaux objectifs du comité de
Bâle,
Cette approche a été conçue en tenant
compte des résultats des enquêtes menées auprès des
établissements et associations bancaires qui ont mis en évidence
que l'ensemble des établissements ne sont pas à même de
disposer des données nécessaires au calcul de tous les
paramètres quantitatifs du risque de crédit. Ainsi, la
méthode de notation interne se décline elle-même en deux
approches :
· L'approche IRB Fondation (Internal Ratings Based
approach Foundation): Dans laquelle l'établissement évalue
uniquement la probabilité de défaut (PD), les autres facteurs de
risque seront dérivés à travers l'application de mesures
standards fournies par les autorités de supervision.
· L'approche IRB Avancée (Internal Ratings
Based approach Advanced): Cette approche est ouverte aux banques ayant
démontré leur capacité d'estimer de manière fiable
et constante d'autres paramètres de risque en plus de la
probabilité de défaut (PD). Il s'agit essentiellement de la perte
en cas de défaut (LGD) et l'encours lors du défaut.
Il est à noter que le passage à une approche
plus sophistiquée fait l'objet d'un choix irréversible
«effet cliquet», cela veut dire qu'un établissement adoptant
une approche dite interne ou avancée ne peut décider par la suite
de revenir à une approche moins sophistiquée, que pour un motif
dûment justifié, après autorisation des autorités de
contrôle.
4.3 La mise en place de Bâle II
Cent pays environ prévoient d'appliquer Bâle II
dans les prochaines années, selon une enquête faite en 2006 par
l'Institut pour la stabilité financière. Cela montre tout
l'intérêt qu'y attachent les banques et leurs autorités de
contrôle.
Bien que les discussions sur Bâle II se concentrent
généralement sur les approches avancées, les banques
seront beaucoup plus nombreuses à appliquer les approches standards (qui
sont parfaitement valables et appropriées pour de nombreux
établissements), surtout pendant les premières années.
Pour gérer les risques du passage à Bâle
II, les approches avancées seront introduites progressivement en un an
ou deux, période pendant laquelle Bâle I continuera à
s'appliquer. Dans les deux ou trois premières années, un
«plancher» de fonds propres sera mis en place, afin d'éviter
une chute brutale des exigences de fonds propres. Ce plancher sera
progressivement supprimé à la fin de la
période de transition, mais les autorités de contrôle
pourront exiger qu'il soit maintenu pour certaines banques.
Pour diverses raisons (retards de la législation et
efforts qu'ont dû faire les banques et les autorités pour former
le personnel et augmenter leurs capacités), la mise en oeuvre a
été reportée dans beaucoup de pays. Les pays de l'Union
européenne ont adopté l'approche standard en 2007 et commencent
cette année d'appliquer les approches avancées, tandis que les
banques des États-Unis peuvent demander une période de
fonctionnement parallèle des deux approches pendant trois ans avant
d'adopter en 2011 les approches avancées.
Actuellement, la plupart des systèmes bancaires qui ont
adopté Bâle II sont encore à la période de
transition, les plus avancés étant arrivés au stade du
fonctionnement parallèle ou de l'application du plancher. Le cadre
n'était donc pas encore mis en oeuvre dans beaucoup de pays à
l'été 2007, quand les turbulences ont commencé sur les
marchés financiers.
V. LES FONDS PROPRES REGLEMENTAIRES ET LES FONDS
PROPRES ECONOMIQUES
En plus de leur rôle de financement, les fonds propres
jouent un rôle économique très important. Ceux-ci
représentent un élément essentiel dans la gestion des
risques dans la mesure où ils reflètent le niveau de
solvabilité de l'établissement et constituent la seule garantie
des créanciers en cas de faillite de ce dernier.
Deux concepts de fonds propres bancaires sont souvent confondus,
il s'agit du concept de fonds propres réglementaires et celui de fonds
propres économiques.
5.1 Les fonds propres réglementaires:
Les fonds propres réglementaires correspondent à
l'exigence de fonds propres définie par le régulateur pour faire
face aux différents risques supportés par la banque. Ceux-ci sont
scindés en 3 tiers et doivent couvrir l'exigence de fonds propres telle
que définie par le régulateur, sachant que le Tier 3
peut seulement couvrir une partie des risques de marché.
A. Fonds propres de Base (Tier 1 ou noyau dur)
:
Les fonds propres de base sont définis par leur
caractère permanent, leur subordination légale aux droits des
déposants et autres créanciers et par le fait qu'ils n'exigent
pas de charges fixes obligatoires en contrepartie des gains. Ils incluent donc
le capital, les réserves1 autres que celles de
réévaluation et le résultat de l'exercice non
distribué.
B. Fonds propres complémentaires (Tier
2) :
Ceux-ci ne sont pris en compte que dans la limite de 100% des
fonds propres de base. Au delà, ils peuvent être inclus dans les
fonds propres sur-complémentaires.
1 Il s'agit des réserves légales, statutaires, les
réserves réglementées et les autres réserves qui
sont toutes constituées par affectation des résultats
passés.
Les fonds propres complémentaires incluent:
· Les réserves de réévaluation
comptable : elles ne sont incluses dans la catégorie 2 qu'à
concurrence de 50% de leur montant.
· Les provisions générales : elles ne peuvent
êtres supérieures à 1,25% des actifs auxquels elles font
l'objet.
· Les types de capitaux hybrides : peuvent faire partie
de la catégorie 2 s'ils sont non garantis, subordonnés,
entièrement versés, et s'ils ne sont pas remboursables sans
consentement préalable de l'autorité de contrôle.
· Les dettes à long terme subordonnées :
elles comprennent les dettes traditionnelles non garanties et
subordonnées avec un terme initial fixe de plus de cinq ans. Le montant
de ces dettes ne peut dépasser 50% des fonds propres de base.
C. Fonds propres sur-complémentaires (Tier
3) : Ils sont composés des éléments
suivants:
· les bénéfices intermédiaires
tirés du portefeuille de négociation ;
· les emprunts subordonnés d'une durée
supérieure à deux (02) ans, et dont ni le paiement des
intérêts ni le remboursement du principal ne peuvent contrevenir
au respect de l'exigence globale en fonds propres ;
· la part des ressources subordonnées non retenues
au titre des fonds propres complémentaires
5.2 Les fonds propres économiques:
Les fonds propres économiques représentent une
estimation du montant de fonds propres que la Banque juge nécessaire
pour couvrir les pertes inattendues, auxquelles elle peut avoir à faire
face dans le cours de ses activités, pour satisfaire aux exigences de
ses actionnaires et de ses créanciers, notamment en termes d'aversion au
risque. Ils reflètent les risques propres à chaque métier
et doivent être calculés à l'horizon correspondant à
la période de temps nécessaire pour résoudre les
problèmes liés aux risques. Leur montant suffit donc à
couvrir l'ensemble des risques de crédit, de marché, et des
risques opérationnels.
Le niveau des fonds propres économique est
déterminé en fonction de l'aversion des dirigeants au risque mais
aussi en fonction du rating auquel la Banque aspire, ce rating définit
implicitement le seuil maximal au-delà duquel les pertes possibles sont
d'une rareté et d'une ampleur telles qu'il est non économiquement
viable de s'en protéger.
Prenons l'exemple d'une banque qui vise une note AA sur un
horizon d'un an. Cela correspond à un taux de défaut de 0,03%, ce
qui veut dire que les Fonds propres doivent pouvoir couvrir les pertes dans
99,97% des cas : on parle alors de seuil de tolérance de 99,97%.
Le capital économique se différencie du besoin en
capital réglementaire que ça soit dans sa version «
Cooke » ou même dans les propositions connues « Mc
Donough » notamment par la
prise en compte de la structure du portefeuille
concerné, et de la diversification des risques au sein de ce
portefeuille. Il repose sur une vision « économique » des
risques, par nature adaptée à un portefeuille d'activités
et donc plus précise que la vision prudentielle étalonnée
sur une vision moyenne de l'industrie des services financiers.
Figure 1.1: Fonds propres économiques
et réglementaires
La divergence entre les approches utilisées pour le
risque réglementaire et le risque économique, qui a eu pour
conséquence des objectifs contradictoires en termes de gestion du
capital, a constitué un des problèmes majeurs soulevés par
le nouvel accord de Bâle.
En effet, dans le cadre des propositions initiales du nouvel
accord de Bâle, le calibrage en matière d'exigence relative aux
fonds propres était flou et non systématique. Grâce au
processus de consultation mis en place par le Comité de Bâle, on a
pu assister ces dernières années à une amélioration
entre les approches propres au capital économique et au capital
réglementaire.
CONCLUSION
Dans son nouvel accord et à travers l'approche
basée sur la notation interne, le comité de Bâle a
incité les établissements de crédit à
développer leurs propres outils d'appréciation du risque de
crédit.
Cette incitation a poussé de nombreuses banques
à adopter de nouvelles méthodes utilisant la notation interne,
particulièrement celles fondées sur un concept devenu commun dans
le domaine bancaire, connu sous l'appellation RAROC ou Risk Adjusted Return
On Capital. L'objet du chapitre suivant sera de mettre l'accent sur
l'aspect théorique de ce concept.
CHAPITRE I:
LA NOTION DE RAROC
Dans l'environnement bancaire, la gestion des risques et de la
rentabilité sont indissociables. D'une part, les risques engendrent
l'instabilité des résultats de la banque. D'autre part la prise
des risques est la condition d'une meilleure rentabilité future. Savoir
gérer le couple Risque- Rentabilité constitue pour la banque un
atout incontestable dans un environnement instable et caractérisé
par la concurrence.
Etant conscientes de cette réalité, de
nombreuses banques ont développé des méthodes
avancées leurs permettant une meilleure gestion du couple
Risque-Rentabilité. La plus utilisée parmi ces méthodes
est connue sous le nom RAROC pour Risk Adjested Return On Capial.
L'objet de ce chapitre sera de mettre en évidence les
principaux aspects théoriques liés à la notion RAROC. Nous
allons commencer dans une première section par introduire le concept de
mesure de rentabilité ajustée pour le risque. En suite, nous
allons présenter la notion de RAROC dans une seconde section. Quand
à la troisième, elle portera sur les paramètres
constituant RAROC.
SECTION 1:
LE CONCEPT DE MESURE DE PERFORMANCE AJUSTEE POUR LE
RISQUE
Traditionnellement, les performances au niveau d'un
établissement bancaire sont mesurées en rapportant des
indicateurs de rentabilité financière (marge
d'intérêts, PNB, Résultat net,...) aux fonds propres
comptables de la banque. En effet, cette approche n'est pas tout à fait
correcte, elle présente en effet deux inconvénients majeurs :
d'abord la mesure comptable des fonds propres est un indicateur insuffisant du
risque, en outre, ces mesures sont définies à l'échelle de
l'établissement, puisque les fonds propres ne sont pas alloués
à des transactions ou lignes d'activité spécifiques.
Dans l'univers financier, un niveau de performance n'a pas de
sens indépendamment des risques encourus pour l'atteindre. Pour chaque
niveau de performance, il ya un prix à payer en termes de risque. C'est
ce qui est traduit par le principe fondamental de la théorie
financière : seul le risque est
rémunéré.
Les mesures de performances ajustées pour le risque
(couramment appelées Risk Adjusted Performance Measurement ou
RAPM) ont été mises en place justement pour répondre
à cette problématique et pour permettre de ce fait aux managers
de déterminer lesquelles des activités sont profitables, en
comparant leur rendement ajusté pour le risque contre une mesure
appropriée du coût de capital.
I. DEFINITION D'UNE RAPM :
Une mesure de rentabilité ajustée pour le
risque (RAPM) peut être définie comme le ratio du résultat
obtenu (ou espéré) sur une position sur les capitaux qu'il faut
mettre en réserve pour couvrir la plus grande majorité des pertes
possibles (perte maximale). Un ajustement peut se faire en déduisant une
prime de risque soit du résultat soit du capital soit des deux. Cette
prime de risque exprime la perte probable encourue sur la position.
II. LES FONCTIONS DES RAPM :
Les quatre principales fonctions d'un système de
performances ajustées pour le risque sont:
1) La comparaison des performances d'activités
présentant des niveaux de risque différents : Un
gestionnaire qui dégage un bénéfice de un million en
gérant des bons du trésor n'utilise pas le capital de la banque
de la même manière que celui qui gagne un million en
spéculant sur des titres très volatiles1. Il faut
tenir compte non seulement de la
1Jean Laurent VIVIANI - Mesures de performances
ajustées pour le risque et allocation des capitaux propres.P2
marge bénéficiaire dégagée par un
gestionnaire mais aussi du risque qu'il fait subir à son institution.
2) L'aide à la décision d'engagement
sur la base du couple risque/rentabilité : Les RAPM permettent
de détecter les activités qui présentent un avantage
compétitif et facilitent de ce fait la tache du gestionnaire qui
consiste à constituer le portefeuille lui permettant de maximiser la
rentabilité de son établissement tout en prenant des risques
acceptables. Les RAPM présentent des mesures ex-ante qui permettent donc
de raisonner sur des anticipations de résultat et de risque.
3) La facturation clients en fonction des risques :
Il serait déloyal de faire supporter des charges similaires
à deux contreparties présentant des profils de risque
différents. Les RAPM permettent de mettre en place un système de
tarification différentielle de façon à faire assumer
individuellement à chaque client le coût des risques auxquels son
prêteur pourrait être exposé. Ainsi, les emprunteurs
présentant une situation stable et rentable supporterons un coût
moindre à ceux ayant un profil plus risqué paieront
d'avantage.
4) L'allocation efficiente des fonds propres :
Les fonds propres globaux doivent être alloués aux
centres de décisions. Inversement les consommations de fonds propres des
centres de décisions doivent être ajustées sur les fonds
propres globaux. Les RAPM facilitent les décisions d'allocation des
fonds propres de la banque. Elles permettent ainsi le calcul des capitaux
propres nécessaires pour couvrir l'ensemble des risques pris par les
gestionnaires et de les ajuster sur les fonds propres économiques,
réels ou réglementaires.
III. LES PRINCIPALES RAPM :
Selon la méthode d'ajustement utilisée,
résultent trois ratios de type RAPM :
· RAROC (Risk Adjusted Return On Capital)
: l'ajustement se fait en déduisant une prime de risque du
résultat, et le rapporter aux fonds propres qui lui sont alloués.
Le RAROC consiste donc à moduler les marges, pour corriger la
rentabilité requise en fonction du risque sans moduler le capital de
référence.
·
RAROC =
Fonds propres
Résultat ajusté
RORAC (Return On Risk Adjusted Capital) : Un
ajustement de type RORAC consiste à rapporter les résultats
non-ajustés aux fonds propres corrigés par le risque encouru
(Fonds propres économiques).
RORAC =
|
Résultat
|
Fonds propres ajustés
|
· RARORAC (Risk Adjusted Return On Risk
Adjusted Capital): Il tient compte des deux types d'ajustements:
d'abord une prime de risque sera retranchée du résultat, puis ce
résultat ajusté sera rapporté aux fonds propres
corrigés par le risque encouru.
RARORAC =
Fonds propres ajustés
Résultat ajusté
Au plan conceptuel, le RARORAC est le meilleur ratio de
référence. D'ailleurs, par la suite nous allons nous
intéresser uniquement à ce dernier. Cependant, du point de vue de
la terminologie, la désignation RAROC sera adoptée tout au long
de notre travail.
SECTION 2 :
PRESENTATION DE RAROC
I. HISTOIRE DE RAROC :
L'élaboration de la méthodologie RAROC a
commencé vers la fin des années 70, dans une période
où la finance directe a pris sa revanche sur la finance indirecte,
notamment après la nouvelle théorie du portefeuille de
Morkowitz (1952), basée sur la diversification et le couple
Rentabilité-Risque.
La méthode RAROC a été lancée aux
Etats-Unis au sein de la Bankers Trust par son ingénieur
financier Charles S. SANFORD. L'idée originelle était de
mesurer le risque du portefeuille de crédit bancaire, aussi bien que le
montant de capitaux propres nécessaires pour limiter l'exposition des
déposants de la banque et autres créanciers à une
probabilité spécifiée de perte. Depuis lors, la
méthode RAROC a connu une large diffusion au sein de plusieurs banques.
D'abord dans les pays anglo-saxons, puis rapidement, son utilisation a connu
une généralisation dans le reste du monde.
L'adoption de la méthode RAROC par les banques
françaises a été plus tardive. En effet, le premier
établissement bancaire à avoir introduit cet instrument
était le Crédit Lyonnais avec son application OR2 (Optimisation
Risque-Rentabilité), dont l'objectif essentiel était la lutte
contre la dégradation durable des résultats de la banque,
causée essentiellement par les manquements aux principes de base du
métier, comme la diversification des engagements et le manque de
professionnalisme la sous-tarification du crédit.
Quelques années plus tard, d'autres banques
françaises ont suivi la même démarche, à l'image de
Société Générale qui a lancé « Le
projet RAROC » en 1997, puis la BNP Paribas en 2000.
II. DEFINITION DE RAROC :
RAROC est un indicateur synthétique permettant de
mettre en regard la rentabilité réelle d'une opération
avec le risque qui lui est associé: c'est le ratio entre la marge nette
prévisionnelle après déduction des pertes moyennes
anticipées (Expected loss) et une mesure de la perte inattendue
(Unexpected Loss).
En termes de gestion des fonds propres, le RAROC peut
être défini comme étant un ratio qui exprime le taux de
rendement des fonds propres économiques : C'est donc le rapport entre le
résultat ajusté des provisions correspondant à la perte
attendue, et les fonds propres destinés à couvrir les pertes
inattendues. Comme il s'agit d'une mesure objective, et non
réglementaire, les provisions et les fonds propres sont tous les deux
économiques.
Ainsi, nous pouvons écrire le RAROC sous la formule
suivante:
RAROC =
Pertes inattendues
Revenus -- Coûts d'opération -- Pertes attendues
Ou encore
RAROC =
Fonds Propres économiques
Revenus -- Coûts d'opération -- Provisions
économiques
Une fois calculé, le RAROC est comparé soit
à un ratio-seuil (hurdle rate) tel que le rendement des
capitaux propres (Return on Equity ou ROE), ou le coût
moyen des fonds propres (Weighted Average Cost of Capital ou
WACC), soit à un niveau RAROC* cible, fixé
préalablement par la banque, à partir duquel elle estime que
l'opération apporte de la valeur et devrait être
réalisée.
III. ILLUSTRATION NUMERIQUE DU CALCUL DE RAROC
:
Nous présentons dans l'exemple suivant une approche
comparative entre la méthode classique de calcul de la
rentabilité et la méthode RAROC. Nous considérons deux
facilités de même montant et de même maturité,
accordés à deux clients de classes de risque
différentes.
Dans un but de simplification, les récupérations
en cas de défaut sont supposées nulles. C'est- à-dire les
pertes sont égales aux expositions. Aussi, les marges sont
calculées nettes des coûts supposés proportionnels aux
encours.
Exposition nette
|
A
|
Contrepartie 01 100000
|
Contrepartie 02 100000
|
Echéance
|
B
|
3ans
|
3ans
|
Notations
|
C
|
A
|
B
|
Taux de défaut moyen sur 3 ans
|
D
|
0.30%
|
0.90%
|
Déviation du taux de défaut
|
E
|
1.23 %
|
2.70 %
|
Marge commerciale
|
F
|
0.20 %
|
0.50 %
|
|
Perte moyenne
|
G=AxD
|
300
|
900
|
Perte maximale
|
H= A x E
|
1230
|
2700
|
Recettes cumulées sur 3 ans
|
I = Ax B x F
|
600
|
1500
|
Recettes - Perte moyenne
|
J = I - G
|
300
|
600
|
Fonds propres économiques
|
K = H - G
|
930
|
1800
|
RAROC
|
J/ K
|
32.25 %
|
33.33 %
|
Tableau 2.1 : Calcul de RAROC pour deux
clients de rating différent
La note de la contrepartie 1 étant meilleure que celle de
la contrepartie 2, la marge commerciale va logiquement être plus
élevée pour la contrepartie la plus risquée (2).
En utilisant une mesure de performance non ajustée pour
le risque, l'on peut juger que la transaction avec le client 2 est plus
rentable, dans la mesure où elle offre la plus forte marge. Toutefois,
la mesure de la rentabilité ajustée pour le risque, nous montre
que les RAROC des deux transactions sont presque équivalents. Les deux
transactions offrent le même niveau de rentabilité ajustée
pour le risque.
IV. LES TYPES DE RAROC:
Selon la date et le périmètre des calculs, nous
pouvons distinguer entre quatre types de RAROC à savoir :
4.1 RAROC à l'origine:
Il est calculé à l'octroi du crédit sur
la période allant de la date d'octroi du concours jusqu'à sa date
d'échéance, il est souvent utilisé comme outil d'aide
à la décision ainsi qu'une méthode de tarification des
crédits.
4.2 RAROC résiduel:
Son calcul se fait pendant la période d'utilisation du
crédit, sur un horizon qui va de la date d'observation jusqu'à la
date d'échéance.
Le calcul prend immédiatement les changements des
caractéristiques des clients (notes), des crédits (provisions)
et des garanties. Cependant, la volatilité de ce type ainsi que sa
forte
dépendance des différents évènements
de vie du crédit (commissions, frais de gestion,... etc.) ne permettent
pas l'adoption d'une stratégie par client.1
4.3 RAROC annuel:
Solution intermédiaire aux deux
précédentes, elle peut correspondre à l'exercice
budgétaire et donner la possibilité d'adopter une
stratégie, de fixer des objectifs et de pouvoir mesurer les
résultats à la fin de la période.
4.4 RAROC complet:
Le calcul prend en compte, à une date donnée,
tous les éléments des engagements en cours, de la date d'origine
à la date d'échéance de chaque concours. Sa
stabilité et son exhaustivité lui rendent le plus adéquat
pour l'adoption d'une stratégie que ça soit au niveau individuel
(pour chaque client), pour un portefeuille ou encore une activité.
Le choix parmi ces différents types de RAROC se fait
principalement en fonction de l'utilisation finale et des attentes de
l'utilisateur.
SECTION 3:
LES PARAMETRES DE RAROC
Après avoir défini le concept RAROC, nous nous
intéressons dans cette section à présenter les
paramètres rentrant dans son calcul. En effet, RAROC est une combinaison
de plusieurs paramètres que nous pouvons scinder en deux
catégories : les paramètres liés au risque et les
paramètres comptables.
I. LES PARAMETRES LIES AU RISQUE:
Les deux paramètres de RAROC liés au risque sont
évidemment : la perte attendue (Expected loss) et la perte
inattendue (Unexpected loss). Avant de présenter ces deux
paramètres, il est indispensable de passer en revue au préalable
les trois principales mesures de risque qui rentrent dans leur calcul, en
l'occurrence la probabilité de défaut, l'exposition en cas de
défaut et la perte en cas de défaut.
1.1 La probabilité de défaut
(Expected Default Frequency ou EDF):
La probabilité de défaut est une notion
orientée « contrepartie ». Elle
mesure la probabilité d'occurrence d'un défaut sur une
contrepartie sur un horizon déterminé.
1 T. RONCALLI, La gestion des risques financiers. Ed.
Economica, Paris, 2004, p. 434.
Le concept de probabilité de défaut peut être
évoqué selon deux approches : une approche binaire et une
approche graduée
L'approche binaire est basée sur l'hypothèse qui
suppose que les emprunteurs peuvent être répartis en deux groupes
: les défaillants et les non défaillants (sains). Ainsi, la
probabilité de défaut désigne la probabilité
d'appartenance d'un emprunteur au groupe des défaillants.
Dans l'approche graduée, les contreparties sont d'abord
regroupées dans plusieurs classes de risque. Après on
s'intéresse à calculer la probabilité de migration de
chaque contrepartie vers les autres classes (y compris la classe de
défaut). Ces migrations sont rassemblées dans une matrice de
forme n x (n-1) appelée Matrice de Transition.
Rating AAA AA
A BBB BB
B
CCC
|
AAA
|
AA
|
A
|
BBB
|
BB
|
B
|
CCC
|
Default
|
90,81%
|
8,33%
|
0,68%
|
0,06%
|
0,12 %
|
0,00 %
|
0,00%
|
0,00 %
|
0,70%
|
90,65 %
|
7,79%
|
0,64%
|
0,06%
|
0,14 %
|
0,02 %
|
0,00 %
|
0,09%
|
2,27%
|
91,05 %
|
5,52 %
|
0,74%
|
0,26 %
|
0,01%
|
0,06 %
|
0,02 %
|
0,33%
|
5,95 %
|
86,93%
|
5,30%
|
1,17 %
|
0,12 %
|
0,18 %
|
0,02 %
|
0,14%
|
0,67%
|
7,73%
|
80,53%
|
8,84 %
|
1,00%
|
1,06 %
|
0,00%
|
0,11%
|
0,24%
|
0,43%
|
6,48%
|
83,46%
|
4,08%
|
5,20 %
|
0,22 %
|
0,00%
|
0,22 %
|
1,30%
|
2,38%
|
5,00 %
|
64,85 %
|
19,79%
|
Tableau 2.2: Matrice de Transition
(Source: CreditMetrics, JP Morgan, document technique,
1997)
Exemple : La probabilité qu'une entreprise notée
AAA migre vers la classe AA est 8,33%, et la probabilité que cette
même entreprise garde sa note est 90,81%
1.2 L'exposition en cas de défaut (Exposure At
Default ou EAD):
C'est la valeur effective du montant du crédit
détenue par l'emprunteur au moment du défaut. Elle est
estimée sur la base des montants des engagements restant dus. La notion
d'exposition englobe les encours bilanciels ainsi qu'une quote-part des
engagements hors bilan. L'EAD revêt une double dimension qui couvre les
aspects produits et emprunteur.
L'exposition en cas de défaut des crédits
standards correspond au montant total des flux contractuels encore dus. De ce
fait, elle est fonction du mode de remboursement et d'amortissement.
Dans le cas des crédits sur compte comme les
découverts et les facilités de caisse, la mesure de l'exposition
devient plus compliquée en raison du caractère optionnel du
crédit et de l'incertitude liée aux tirages futurs. En effet, il
a été observé que plus la qualité d'un emprunteur
se détériore plus la probabilité de tirages
supplémentaire augmente et inversement, plus sa qualité
s'améliore plus cette probabilité diminue. Ces constatations ont
emmené les banques à faire recours à des mesures
basées sur des hypothèses conservatrices, telles que
considérer le total de l'autorisation exposé à la perte,
ou encore mettre des hypothèses sur les tirages futures en cas de
changement de notation ou de défaut. Dans ce cas, la formule suivante
peut être appliquée :
EAD = Montant utilisé + (La part non utilisée x La
probabilité de tirage)
La probabilité de tirage est estimée à
partir de la structure de la facilité et la notation de l'emprunteur.
Dans le calcul de l'EAD, le comité de Bâle
distingue entre les facilités confirmées et les facilités
non confirmées. Dans l'approche IRB fondation, il retient un taux
forfaitaire de tirage de 75% pour les facilitées confirmées
(committed facilities) qui ne peuvent pas faire l'objet d'une
annulation libre par la banque. Quant aux facilités non
confirmées (uncommitted facilities) qui peuvent être
annulées inconditionnellement et en tout moment par la banque, un taux
de tirage de 0% sera appliqué et l'EAD sera égale par
conséquent au montant d'utilisation.
1.3 La perte en cas de défaut (Loss Given
Default ou LGD):
La perte en cas de défaut est une notion
orientée « Transaction », les pertes étant
généralement dépendantes des caractéristiques du
financement (caractéristiques de l'emprunteur, caractère
subordonné du crédit, garanties reçues, etc...).
Exprimée en pourcentage, elle correspond au taux de
perte constaté en cas de défaillance. Elle se définit
comme une perte économique, qui se mesure en prenant en compte tous les
coûts directs et indirects liés au recouvrement.
La LGD est appréhendée indépendamment du
risque emprunteur. Un emprunteur a différentes LGD s'il dispose de
plusieurs produits.
La perte en cas de défaut dépend directement du
taux de recouvrement. Mathématiquement elle représente le
complément du taux de recouvrement à l'unité.
LGD = 1 - Taux de recouvrement
Le taux de recouvrement dépend principalement des
suretés réelles ou personnelles présentées par
l'emprunteur (garanties, cautions, hypothèque, etc...), du type de
crédit et du niveau de séniorité de l'engagement.
1.4 La perte attendue (Expected Loss ou
EL):
La perte attendue correspond au montant que la banque risque
de perdre en moyenne sur son portefeuille de crédit à un horizon
donné. Ce montant doit en principe être couvert par des provisions
économiques.
Pour chaque ligne de crédit cette perte est fonction de la
probabilité de défaut, de l'encours au défaut et de la
perte en cas de défaut
ELi = EADi x EDFi x LGDi
Le caractère linéaire du moment d'ordre (un) fait
que la perte attendue d'un portefeuille est égale à la somme des
pertes attendues des prêts constituants ce portefeuille.
EL portefeuille =? ELi
La perte attendue n'est pas évidemment la perte qui
sera réalisée effectivement. En effet, les pertes réelles
n'ont pratiquement aucune chance d'être identiques à cette perte
moyenne, celles-ci prennent des valeurs supérieures ou inferieures avec
des probabilités non négligeables. Mais en moyenne, elles se
rapprochent de cette valeur.
1.5 La perte inattendue (UnexpectedLoss ou
UL):
La perte inattendue (ou Unexpected loss) mesure la
volatilité des pertes futures non anticipées. Elle correspond
à l'écart type de la distribution des pertes. Elle peut
être donnée par la formule suivante :
UL = EAD SJEDF2.ó2LGD +
LGD2. ó2EDF
A. La perte inattendue d'une transaction :
La perte inattendue d'une transaction est une mesure du
risque de la transaction avant prise en compte des effets de diversification.
Analytiquement, l'UL est égale à la volatilité de la
valeur de la transaction autour de sa moyenne et est liée à la
volatilité des défauts, à la volatilité de la
valeur en cas de non défaut (possibilité de migration à
l'horizon) et à la volatilité de la valeur en cas de
défaut (la perte en cas de défaut étant une variable
aléatoire).
La perte inattendue d'une transaction est indépendante du
portefeuille dans lequel on la considère.
B. La perte inattendue du portefeuille :
L'UL d'un portefeuille est une mesure du risque du
portefeuille après prise en compte de tous les effets de
diversification, elle varie donc selon les corrélations de défaut
des contreparties qui le composent.
Grâce aux effets de diversification, l'UL d'un portefeuille
est inférieure à la somme des UL des transactions :
UL portefeuille < ? ULtransaction
Cela s'explique par le fait que les ULtransaction ne
sont pas additives:
ULportefeuille = .tJ? j ? ~ ULi.ULj.ñij où:
· i et j deux actifs du portefeuille
· ñij est le facteur de corrélation
entre les titres i et j
· 0 ?ñij =1 et ULi > 0
?é
J?~ ? ~ ULi.ULj.ñij = ? i ? jJULi.ULj.ñij
Puisque ñij =1, nous avons :
? i ? j %JULi.ULj.ñij = ? i ? jvULi.ULj = ? vULi . ? ~
vULj
= (? , vULj )2 < ? |vULj 2|
(inégalité de Cauchy)
? ~ |vULj |2 = ?ULi , nous aboutissons donc à
: ULportefeuille << ?ULi
C. La contribution en risque (RC ou Risk
Contribution):
La perte inattendue du portefeuille est par construction la
somme des Contributions en Risque (Risk contribution ou RC) de toutes
les transactions le constituant.
La contribution en risque (RCi) d'une transaction mesure la
quote-part de la perte inattendue portée dans le portefeuille, compte
tenu de la diminution enregistrée grâce à la prise en
compte de l'effet de diversification. Elle peut être définie comme
la variation du montant total des pertes futures non attendues (UL) lorsque
l'on ajoute cette exposition au portefeuille.
La contribution en risque d'un prêt i (RCi) est
mesurée par :
äULp
RCi = Xi äXi
Où Xi représente la proportion investie dans le
crédit i,
II. LES PARAMETRES COMPTABLES:
Les paramètres comptables de RAROC sont le revenu et
le coût d'opération. La détermination de ces deux
paramètres au niveau global ne présente aucune difficulté
particulière. Tandis qu'au niveau client ou transaction l'estimation du
revenu et coût s'avère très délicate et
nécessite des procédures complexes basées sur la
comptabilité analytique.
3.1 Le revenu:
Les revenus mesurent le profit direct tiré de
l'opération de crédit. Ce profit correspond à la
différence entre la somme des intérêts et commissions
perçus des clients et le montant des intérêts payés
par l'établissement pour financer les ressources mises à la
disposition de la clientèle.
Cette définition renvoie directement au concept du
Produit Net Bancaire (PNB). On peut admettre ainsi que le revenu dans le calcul
de RAROC n'est rien d'autre que le PNB.
Analytiquement, le PNB correspond à l'agrégation
de trois postes : la marge sur intérêts, les commissions nettes et
les produits et charges divers
· La Marge sur intérêts :
elle représente la marge sur l'activité d'intermédiation
du centre de profit, elle est égale à la différence entre
les intérêts reçus des clients et les intérêts
payés.
· Les commissions nettes : elles
correspondent à la différence entre les commissions reçues
de la clientèle et les commissions versées à la
clientèle.
· Les produits et charges divers :
Correspondent essentiellement aux produits du portefeuille titres de
l'établissement ainsi qu'aux opérations de trésorerie et
interbancaires.
La détermination du PNB par opération repose sur le
calcul de la marge sur intérêts et les commissions liées
à cette opération.
A. La marge sur intérêts:
L'appréhension des marges sur intérêts
d'une opération de crédit est liée au système de
mesure des capitaux et des taux de cession interne des capitaux qui ont
été retenus pour le calcul du PNB.
Dans le cas d'un RAROC historique, la solution la plus simple
consiste à prendre les intérêts réels versés
par le client au cours de la période étudiée et à
refinancer les crédits à l'aide d'un taux unique, comme celui du
taux de marché monétaire ou celui du coût moyen des
ressources. D'autres méthodes plus complexes peuvent être
choisies, comme par exemple celle consistant à refinancer les
prêts consentis à la clientèle suivant des taux
dépendant uniquement des conditions de marché1.
Dans le cas d'un RAROC ex-ante, l'estimation des
intérêts à percevoir s'effectue en deux étapes : le
calcul des intérêts en prenant en compte le taux
d'intérêt appliqué et l'échéance du
crédit, puis l'actualisation de ces flux.
B. Les commissions :
Contrairement au calcul de la marge sur intérêts,
le calcul des commissions ne pose pas trop de problèmes particuliers.
Les commissions sont généralement bien
appréhendées, client par client, par les systèmes
informatiquesF2F.
Dans l'application de RAROC, plusieurs approches liées
au calcul des commissions ont été proposées, cela revient
à la disparité des auteurs quand à la prise en compte de
quelques types de commissions ou non. L'approche la plus éminente est
celle qui suppose que les commissions qui doivent être prises en compte
sont celles liées directement à l'opération de
crédit (frais de dossier, commissions d'impayés ou de
remboursements anticipés, commissions de cautions...).
1 M. ROUACH & G. NAULLEAU. Le contrôle de
gestion bancaire et financier .Ed La revue banque. Paris. P172
2 Même ouvrage P173
Dans une approche plus extensive, on intègre
également les commissions perçues par la banque de sa relation
avec la clientèle qui a pu naître suite à l'octroi du
crédit et qui permet la vente d'autres produits et services (Les
commissions de caisse, les commissions de tenue de compte...).
L'approche la plus restrictive suppose que les commissions
doivent être écartées du numérateur de RAROC, dans
la mesure où ce dernier est considéré comme un outil de
tarification ajustée au risque qui s'intéresse à la
rentabilité intrinsèque du crédit (relative
à la transformation des ressources en emplois) et non à la
rentabilité additive (relative aux services)
générée par les commissions.
3.2 Le coût d'opération:
L'estimation des coûts d'opérations exige le
passage par une étape primordiale dans la comptabilité
analytique, il s'agit de faire transiter les charges par les centres de
responsabilité avant de les attribuer aux produits.
Avant de passer au traitement des charges, nous allons aborder de
façon succincte le concept de répartition de la banque en centre
de responsabilité.
A. Définition des centres de responsabilité
analytique :
Un centre de responsabilité se définit comme une
entité de gestion dont le responsable dispose d'une
délégation formelle d'autorité pour négocier des
objectifs et des moyens et dotée d'un système de pilotage de sa
gestion. Plusieurs types de centre de responsabilité peuvent être
distingués :
Les centres de coûts : Ils n'engendrent
que des charges afin de réaliser une prestation ou un produit. Pour le
responsable, il s'agit de respecter un niveau de charge et un budget global de
fonctionnement. Dans la banque, les centres de coût sont
particulièrement nombreux, d'où l'intérêt de les
rattacher à l'une des catégories suivantes :
· ULes centres de
structureU: qui réalisent des prestations non
identifiables et non répétitives. Leur mission est de
contrôler et de coordonner les activités des autres centres comme
par exemple la direction générale ou la direction des engagements
;
· ULes centres de
support:U qui réalisent des prestations identifiables et
non répétitives et dont le mode opératoire n'est pas
aisé à formaliser. On trouve les centres de support au sein des
services généraux comme l'informatique et l'organisation, le
marketing ou les études économiques et financières ;
· ULes centres
opérationnels:U qui réalisent des prestations
identifiables, répétitives et à mode opératoire
formalisé, comme le traitement des chèques et virements ou
l'exécution des ordres de bourse. Ces centres livrent aux autres centres
des prestations dont ils ne maîtrisent pas le volume et qui sont non
rémunérées.
Les centres de profits : ces entités
de gestion sont responsables des coûts mais
aussi génératrices de recettes car elles réalisent des
prestations à caractère commerciale ou
financier. Le responsable d'un centre de profit dispose d'une
délégation de pouvoirs couvrant les conditions de la
négociation commerciale. Les agences bancaires constituent les centres
de profit les plus importants
B. Nomenclature des charges de fonctionnement
:
Selon leur appartenance aux différents centres de
responsabilité de la banque, les charges peuvent être
scindées en deux catégories : les charges directes et les charges
indirectes :
1) Les charges directes :
Les charges directes sont des charges qui peuvent être
reliées sans équivoque au produit qui leur a donné
naissance. La liaison est évidente et le facteur de production concourt
totalement ou partiellement à l'élaboration du
produit1.
Ces charges peuvent être affectées directement
au produit au moyen d'unités d'affectation choisies de façon
adéquate. Une unité d'affectation peut être définie
comme étant une unité de mesure de charges pouvant être
exprimées en terme monétaire.
Les principales charges directes sont : les frais de personnel,
les charges de machine, les coûts immobiliers et les charges
d'économat.
· Les frais de personnel : ces frais
constituent la partie la plus importante des charges directes. Ils
représentent tous les frais relatifs aux effectifs pris au sens large.
C'est-à- dire incluant non seulement la masse salariale mais aussi les
frais de formation, de recrutement, de relations sociales... etc.
L'unité d'affectation la plus logique est le cout minute de
l'employé.
· Les charges de machines : elles
représentent les charges issues de l'utilisation des différents
calculateurs, imprimantes, trieuses de billets... etc. L'unité
d'affection la plus appropriée pour ces charges est le coût minute
de fonctionnement de la machine.
· Les charges immobilières :
liées directement aux surfaces occupées qui incluent leurs frais
d'entretien, l'amortissement des locaux, les loyers et les différents
impôts et taxes afférents,... etc. L'unité d'affectation
est le coût du mètre carré occupé par l'unité
administrative, les surfaces communes sont ajoutées aux surfaces
occupées au prorata des effectifs de chaque unité.
· Les charges d'économat : elles
sont de natures extrêmement diverses. Elles regroupent les fournitures de
bureau, les charges en papier, imprimés, téléphone, fax,
télex,... etc. Les charges d'économat sont
généralement évaluées selon un coût
forfaitaire moyen par opération.
1 Sylvie de Coussergues, gestion de la banque,
édition DUNOD, Paris, 2000
2) Les charges indirectes :
Les charges indirectes sont celles qui ne peuvent être
reliées immédiatement au produit dont on calcule le coût.
Ce sont des charges engendrées par des structures qui ne participent pas
dans l'exploitation bancaire. Il s'agit des structures de la fonction
assistance ainsi que les niveaux hiérarchiques les plus
élevés des autres fonctions.
Les charges indirectes représentent la
difficulté principale du calcul du coût. Les clés de
répartition utilisées pour leur affectation sont souvent
arbitraires et ne permettent pas un calcul fin des différentes
rentabilités.
C. Le processus d'affectation des charges:
1) La détermination des charges à retenir en
comptabilité analytique :
Certaines charges enregistrées en comptabilité
générale ayant un caractère exceptionnel - charges non
incorporables - sont exclues. Inversement, d'autres charges qui ne sont pas
enregistrées en comptabilité générale - charges
supplétives - sont introduites.
+ Charges de comptabilité générale + Charges
supplétive
- Charges non incorporables
= Charges incorporables de comptabilité analytique
2) L'affectation des charges aux centres de
responsabilité :
Dans cette étape, les charges incorporables
calculées dans la première étape, vont être
affectées aux différents centres de responsabilités. Leur
affectation suppose leur maîtrise par les responsables des centres, chose
qui est difficile à appréhender dans la mesure où les
responsables ne sont souvent capables de décider pour une part de leurs
charges que sur accord de leur responsable.
3) La ventilation des charges des centres fonctionnels et des
centres de structure
Cette étape consiste à répercuter sur
les centres de profit et opérationnels les charges indirectes
générées par les centres fonctionnels et les centres de
structure. Cette démarche s'appuie sur des clés de repartions
conventionnels.
4) Le calcul des coûts d'opération :
Les centres opérationnels livrent des prestations
indentifiables et répétitives aux centres de profit moyennant un
prix, ce prix est appelé coût opératoire. Pour le calculer,
plusieurs méthodes peuvent être utilisées (coût
réel, coût standard, ...).
5) La facturation des coûts d'opérations aux centres
de profit :
Cette dernière étape consiste en l'affectation
des charges des différents centres opérationnels aux centres de
profit. Il s'agit d'une facturation interne tenant compte du volume et des
coûts unitaires des opérations.
D. Les méthodes de calcul des coûts
d'opération :
De nombreuses méthodes sont possibles pour calculer les
coûts des opérations, le recours à chacune d'entre elles
dépend des circonstances d'utilisation et des besoins. Nous allons
présenter brièvement les méthodes les plus
utilisées:
1) La méthode du cout réel :
Il est calculé en divisant l'ensemble des charges du
centre opérationnel par le nombre d'opérations effectuées
par ce dernier. Par exemple si le back-office effectue 10 000 ordres de bourse
sur une période déterminée et que le total des charges
constatées durant cette période est de 100 000 um, le
coût unitaire moyen d'un ordre de bourse au back-office serait de
10um.
Cette méthode présente deux
inconvénients : d'abord, Les variations du coût réel dues
au niveau d'activité des centres opérationnels nuisent à
la perception des performances dans la mesure où le centre de profit
n'est pas responsable de ces variations. De plus, Les coûts réels
facturés par les centres opérationnels peuvent être
différents des prestataires externes lesquels seront facturées au
prix de marché.
2) La méthode des coûts standards :
Elle consiste à calculer des coûts
prévisionnels - dans un contexte de fonctionnement normal des centres de
responsabilité - qui constitueront une norme à respecter pour une
période future tel que l'exercice budgétaire. Ils sont obtenus en
divisant les charges globales prévisionnelles du centre
opérationnel par le nombre d'opérations prévues. Prenons
l'exemple d'un centre de traitement de chèques qui prévoit de
traiter 1 000 000 chèques sur une période future.les charges
prévisionnelles sont estimées à 10 000 000 um, ce
qui fait que le coût moyen unitaire standard du traitement d'un
chèque serait de 10um pour la période
considérée.
Ainsi, la méthode des coûts standards permet
d'éviter l'influence de la variation du niveau d'activité des
centres opérationnels sur les centres de profit
3) La méthode des coûts de marché
Selon cette méthode, la facturation des
opérations sera faite au prix de marché. Ce prix correspond au
coût pratiqué par l'ensemble du secteur ou sur la base des prix
proposés par des sous-traitants. Elle permet de ce fait de comparer en
permanence les niveaux de performance internes à ceux du marché.
Cependant, la disparité des conventions analytiques employées par
les banques dans la détermination de leurs coûts et le manque
d'informations rendent sa mise en oeuvre délicate.
4) La décomposition en coûts fixes et coûts
variables
Cette méthode distingue les charges liées
à l'activité (les charges variables) de celles liées
à la capacité et à la période (les charges fixes).
Elle sert à fixer un seuil de rentabilité (notion de point mort)
et à appréhender les effets de variations des volumes
d'activité sur les coûts unitaires. Toutefois, elle n'est pas
très sollicitée dans le secteur bancaire en raison de
difficultés techniques et d'appréhension des critères de
variabilité des charges.
5) La méthode ABC
La méthode ABC (Activity Based Costing)
découle du principe disant que les produits consomment des
activités et les activités consomment des ressources. Les
ressources consommées par un service (personnel, équipement,
locaux) sont allouées par « inducteurs de ressources » aux
différentes activités réalisées. Par la suite des
« inducteurs de coûts » sont déterminés pour
pouvoir allouer les coûts des activités aux produits. Ces
inducteurs se substituent aux unités d'oeuvre ou aux clés de
répartition utilisés dans la comptabilité analytique
conventionnelle.
Cette méthode permet un suivi par activité,
cependant elle est complexe à mettre en oeuvre. La méthode ABC
vise à améliorer l'exploration des charges indirectes dans
l'ensemble des coûts. Elle permet d'apporter une aide en termes de
tarification, en liaison directe avec la comptabilité analytique.
CONCLUSION
A travers ce chapitre, nous avons mis l'accent sur le concept
RAROC et ses différents paramètres.
Dans ce qui suit, nous allons voir comment peut-on appliquer ce
concept dans la gestion du risque de crédit, que peut l'outil RAROC
apporter pour la banque et quels sont ses limites.
CHAPITRE II:
LA GESTION DU RISQUE DE CREDIT
PAR LA METHODE RAROC
Bien que RAROC en tant que concept soit loin de toute
complexité, son application au sein d'une banque requiert la prise d'une
panoplie de mesures permettant l'estimation des différents
paramètres le constituant.
A travers ce chapitre, nous allons présenter RAROC en
tant qu'innovation managériale pour la gestion du risque de
crédit au sein des établissements bancaires. Dans cette
perspective, nous allons procéder par une première section
traitant le concept de notation interne et les procédures des
systèmes de rating pour l'estimation des paramètres de risques au
niveau individuel.
Dans la deuxième section nous allons aborder les principes
essentiels de la modélisation du risque de crédit et l'apport des
modèles dans l'estimation des pertes futures.
Quand à la troisième section, elle portera
essentiellement sur l'aspect pratique de la méthode RAROC, ses
applications en matière de gestion du risque de crédit et un
aperçu sur l'apport et les limites de cet outil.
SECTION 1:
LA NOTATION INTERNE
L'existence au préalable d'un système performant
de notation interne dans la banque est indispensable pour la mise en place d'un
outil de gestion de risque tel que RAROC. La pertinence de ce dernier est
fortement liée à la qualité des outputs du système
de notation.
Dans cette section nous allons présenter les principaux
aspects liés à la notation interne et aux systèmes de
rating au sein des établissements bancaires.
1. ORIGINE DE LA NOTATION:
La notation est apparue aux USA au début du
vingtième siècle par la publication du premier manuel de notation
de John Moody en 1909. Ce dernier a introduit un système
graduel de notation pour les obligations émises par les compagnies des
chemins de fer aux Etats-Unis, dont le but était de résumer
l'information sur la qualité du crédit et de fournir aux
investisseurs une information objective sur les entreprises. Depuis, plusieurs
agences de rating ont vu le jour à l'instar de Fitch Investor
Services en 1922 et Standard & Poor's en 1924. Cependant, ce n'est
qu'aux années 80 que les systèmes de rating ont été
adoptés en Europe.
2. DEFINITION DE LA NOTATION INTERNE
La notation interne constitue un moyen d'appréciation
du risque de perte consécutif à la défaillance de
l'emprunteur. Cette appréciation tient compte de tous les aspects
pouvant renseigner sur la contrepartie qu'ils soient qualitatifs ou
quantitatifs. Le comité de Bâle retient la définition
suivante des systèmes de notations internes :
« Un système de notation recouvre l'ensemble
des processus, méthodes, contrôles ainsi que les systèmes
de collecte et informatiques qui permettent d'évaluer le risque de
crédit, d'attribuer des notations internes et de quantifier les
estimations de défaut et de pertes. »1
Qu'il soit simple ou avancé, un système de
notation interne a pour objectif principal d'affecter chaque contrepartie
à une classe de risque. Les individus ayant été
classés au même niveau de risque doivent donc présenter des
caractéristiques qui se rapprochent.
3. LES DEUX APPROCHES DE LA NOTATION INTERNE
Il existe deux grandes approches pour attribuer des notations
à des prêts ou des emprunteurs :
1 Document consultatif du comité de Bâle,
avril 2003
1) Les systèmes expert : cette
première approche repose sur l'opinion d'experts ; on parle de score
par expertise. Elle reste prépondérante pour les notations
des grandes entreprises, des pays, des collectivités locales, des
financements de projets. Elle s'appuie sur une analyse approfondie des bilans,
des projets... et sur une comparaison avec les notations des agences.
2) Les systèmes de scoring : cette
approche s'appuie sur des analyses statistiques des défaillances
observées dans le passé pour des dettes ou des emprunteurs
comparables. Elle est prépondérante pour les crédits
à la consommation, les prêts hypothécaires, les
crédits permanents (cartes de crédit), les prêts aux PME...
Par son caractère plus automatique, elle est très adaptée
à la gestion des accords de crédit en ligne.
4. LES CARACTERISTIQUES D'UN SYSTEME DE NOTATION
INTERNE:
Des procédures et des critères clairs et
précis doivent être bien définis pour qu'un
établissement bancaire puisse attribuer des notes. Dans son dernier
document consultatif, le comité de Bâle définit un certain
nombre de paramètres indispensables à la mise en place d'un
système de notation interne :
«... les systèmes et processus de notation et
d'estimation doivent permettre d'évaluer avec pertinence les
caractéristiques d'un emprunteur et d'une transaction, de
différencier valablement ces risques et de les quantifier avec
suffisamment de précision et de cohérence ; ils doivent, en
outre, faciliter un usage interne approprié des estimations obtenues.
»1
4.1 La classification des expositions:
Le comité de Bâle exige aux banques
désireuses de se munir d'un système de notations internes de
segmenter leurs portefeuilles de crédit en fonction des
caractéristiques de risque, il a proposé dans sa version
préliminaire les six catégories d'actifs suivantes : Entreprises,
banques, emprunteurs souverains, banques de détail, financement de
projets et enfin les portefeuilles d'actions. Une telle classification des
risques est largement cohérente avec les pratiques bancaires en vigueur.
Ce classement reste toutefois à titre indicatif uniquement, les banques
gardent la possibilité d'utiliser leurs propres classifications des
expositions tout en veillant à leur régularité dans le
temps.
4.2 Les paramètres de notation:
Pour être éligible à l'approche des
notations internes, un système de notation doit être
caractérisé par deux paramètres bien distincts : le risque
de défaut de l'emprunteur et les facteurs spécifiques à la
transaction.
· Le risque de défaut de l'emprunteur : Il
doit être indépendant de la nature des engagements dont a
bénéficié le client. Ainsi, toutes les expositions sur cet
emprunteur appartiendront à la même classe de notation.
1 Document consultatif du comité de Bâle,
avril 2003
· Les facteurs spécifiques à la transaction :
Ils englobent des éléments tels que les sûretés, le
type et la durée du produit et autres.
4.3 Nombre des classes pour les actifs:
Les banques doivent veiller à ce qu'il y ait une
distinction claire entre les actifs sains et les actifs compromis qui
nécessitent une attention particulière de la part des
gestionnaires. En moyenne, les banques adoptent un nombre de classes proche de
10 pour les actifs sains et de 2 ou 3 pour les actifs douteux ou non
productifs, en incluant les classes additionnelles, c'est-àdire celles
affectées des signes + ou - modifiant la totalité ou une partie
des classes. Il est également fortement préconisé
d'établir les classes de façon à faciliter la comparaison
avec les échelles des agences de notations externes.
Le système de notations internes doit permettre une
différentiation correcte et significative des expositions selon les
classes de risques afin d'éviter une concentration excessive au sein
d'une seule catégorie. De manière générale, les
banques doivent veiller à ce qu'il n'y ait pas plus de 30% environ
d'expositions notées à l'intérieur d'une seule
catégorie d'emprunteurs.
4.4 L'estimation des paramètres de
défaut:
La banque doit utiliser toutes les données, les
informations et les méthodes dont elle dispose pour l'estimation des PD,
LGD, EAD. Elle peut même avoir recours à des sources externes si
elle juge qu'elles soient cohérentes.
A. Exigences pour l'estimation des PD:
Les méthodes d'estimation des PD pouvant être
utilisées selon Bâle II doivent s'appuyer sur l'une des trois
techniques suivantes :
· L'expertise et les données de défaillances
internes;
· Le mapping vers les données externes :
il s'agit d'accorder à l'emprunteur non noté par les agences de
notation une note équivalente au rating externe qu'il aurait obtenu. Par
la suite la banque peut utiliser les historiques de PD et de migrations
déjà observés et publiés par ces agences.
· Des modèles statistiques de prédiction
des défauts.
B. Exigences pour l'estimation des LGD et EAD
:
Pour les banques sous le régime de l'approche
avancée, les estimations de LGD et EAD doivent représenter une
moyenne pondérée en fonction des défauts sur longue
période pour chacun de ses engagements. L'estimation de LGD moyenne doit
être fondée sur les taux de recouvrement antérieurs et pas
uniquement sur la valeur de marché des sûretés.
L'estimation d'EAD doit quant à elle être attribuée
à chaque facilité, c'est une moyenne pondérée en
fonction des défauts observés pour des facilités et
emprunteurs similaires sur une période suffisamment longue.
4.5 Les dérogations :1
L'attribution d'une note doit reposer sur des preuves
empiriques et satisfaire certaines exigences concernant l'historique de la
série de données, leur représentativité ou encore
la conjoncture économique, néanmoins des jugements personnels
peuvent intervenir et changer la note. Ces dérogations peuvent
être légitimes mais doivent être clairement
justifiées. Elles doivent comprendre des contrôles et des
autorisations de personnes habilitées à effectuer de tels
changements.
5. LA VALIDATION DU SYSTEME DE NOTATION
INTERNE:
Il ne suffit pas de développer un modèle de
notation, mais il faut le mettre en place. Toutefois, avant de l'exploiter, la
banque doit s'assurer que le modèle qu'elle a développé
donne des résultats fiables. C'est pourquoi le comité de
Bâle a préconisé aux banques de développer un
système de « backtesting » dont le but est de
vérifier le pouvoir prédictif de l'outil de notation et le faire
évoluer afin d'avoir des prévisions de défaut plus
exactes.
Jusqu'aujourd'hui, les autorités bancaires n'ont pas
encore arrêté les règles communes de validation des
modèles internes de notation, néanmoins une liste des points
d'attention et des règles de prudence régissant les étapes
de l'élaboration de ces modèles peut déjà
être dressée. Ces règles reposent sur le respect de
certaines normes qualitatives et l'aptitude de passer des tests
statistiques.
5.1 La démarche qualitative:
Il s'agit essentiellement de vérifier la qualité
de l'information collectée et traitée par la banque et de la
validation des procédures de contrôle :
Le niveau de performance du système d'information
reflète la qualité de l'information. A ce stade, le
contrôle se fait sur les éléments permettant l'extraction,
le stockage, la circulation et le traitement des données.
Quand aux normes de contrôle, Celles-ci ont pour
objectif de s'assurer de la régularité des procédures et
règles de contrôle de la structure et du fonctionnement des
modèles internes. Dans ce cadre d'analyse, il est important de
vérifier certains aspects liés à l'indépendance de
la fonction de gestion des risques, la pratique d'un reporting
périodique aux dirigeants de l'établissement et le recours
à des audits réguliers du modèle interne.
5.2 La validation statistique:
Cette étape repose sur deux type de tests ; les tests
de puissance et les tests de calibrage. Les premiers s'intéressent
à la capacité du système de notation à bien
discriminer les emprunteurs selon leur qualité de crédit, quand
aux seconds, leur but est de mesurer la pertinence du calibrage des PD
associés à chaque classe de risque.
1 Antoine SARDI - Audit et contrôle interne
bancaire- AFGES - Paris 2002. P717
SECTION 2:
LA MODELISATION DU RISQUE DE CREDIT:
Dans leur gestion quotidienne du risque de crédit, les
banques ont une préoccupation majeure, qui consiste à
prévoir le montant des pertes qu'elles pourront subir dans le futur sur
leurs portefeuilles d'engagements. Pour pouvoir estimer ces pertes futures, les
banques ont recours à des modèles d'évaluation du risque
de crédit.
La modélisation est une étape primordiale dans
le processus de mise en place d'un système RAROC, vue qu'elle fournie
ses deux paramètres liés aux risques, en l'occurrence, la perte
attendue (Expected Loss) et la perte inattendue (Unexpected
loss).
Dans ce qui suit, nous allons passer en revue quelques notions
sur la modélisation du risque de crédit.
1. LES DIFFICULTES METHODOLOGIQUES DE LA MODELISATION DU
RISQUE DE CREDIT
1.1 La nature de l'événement de
crédit:
A la différence du risque de marché, uniforme,
le risque de crédit a des expressions fort différentes. En effet,
la distribution de pertes dépend de l'événement retenu
comme fait générateur (Défaut, changement de rating,
variation du spread de signature, ...) et en conséquence les
mesures des fonds propres associés vont être distinctes selon que
l'on retienne un événement ou un autre. Cette
réalité était à l'origine de l'apparition de deux
types de modèles d'évaluation du risque de crédit :
les modèles de défaut et les modèles Marked
to Market.
1.2 L'horizon du risque de crédit:
L'estimation de l'horizon de crédit est un exercice
beaucoup plus délicat, qui peut appeler des réponses
légitimes très éloignées. Les deux réponses
extrêmes sont d'une part, l'horizon de l'exercice comptable
(communément d'une année), d'autre part, l'échéance
de la position.
Le choix de l'horizon de l'exercice comptable suppose que
l'horizon du risque de crédit est celui de la constatation comptable des
pertes réelles ou potentielles associées à la
dégradation de la qualité du portefeuille de crédit. Ce
choix est essentiellement guidé par des considérations pratiques
: C'est l'horizon de décision ordinaire des prêteurs, celui au
cours duquel les contrats de crédit sont renégociés et
celui au cours duquel les banques peuvent réunir des informations
nouvelles pour évaluer la solvabilité des emprunteurs. Il
représente également l'horizon sur lequel sont définis les
besoins de fonds propres. Enfin, c'est sans doute aussi, en moyenne, l'horizon
qui correspond à la majorité des crédits.
A l'opposé, le choix de l'horizon de la position comme
horizon du risque paraît indiscutable : un crédit à 7 ans
engage la banque sur un horizon de 7 ans. Cependant, cette approche ne parait
pas aussi évidente quand il s'agit de déterminer les fonds
propres alloués à une opération donnée. Le
problème qui se pose est le suivant : le montant des fonds propres
alloués l'année t à une opération doit-il
couvrir le risque de dégradation de la qualité de crédit
sur cette seule année, ou couvrir le risque associé aux
années ultérieures ?
Dans la deuxième hypothèse, un montant inutile
de fonds propres est engagé dés la première année,
entraînant une utilisation sub-optimale du capital. Une allocation
constituée sur une base annuelle semble en conséquence plus
adaptée, mais elle ne repose alors pas sur une perspective à long
terme des risques encourus et peut se révéler insuffisante
à la fin de l'exercice comptable.
1.3 Le choix du niveau de pertes acceptable:
La mesure des pertes inattendues nécessite la
détermination au préalable d'un seuil de confiance, qui n'est
rien d'autre qu'un quantile élevé de la distribution des pertes
(99.9% par exemple). Le choix de ce paramètre repose sur plusieurs
considérations :
· L'aversion au risque de la banque :
Le degré de prudence des dirigeants ou de leur aversion au risque est le
critère le plus naturel sur la base duquel le seuil de confiance peut
être déterminé. Si la banque est très adverse au
risque, elle choisit un quantile élevé de telle sorte que
l'estimation des pertes potentielles couvre les pertes induites par le plus
grand nombre possible de réalisations des facteurs de risque.
· L'objectif de raiting : Les agences
de notation publient périodiquement les taux de défaut
associés aux différents ratings. Si les dirigeants ont un
objectif de rating, le niveau des fonds propres correspondant (d'où le
seuil de confiance) devrait être celui qui conduit à un taux de
défaut correspondant au rating visé. Par exemple une note
Aaa de l'agence Moody 's correspond à une
probabilité de défaut de 0,03%. De ce fait, une banque qui vise
cette note choisira alors un quantile de 99,97%.
· Les considérations prudentielles
: le régulateur peut imposer le choix d'un quantile
suffisamment élevé pour que les banques constituent un montant de
fonds propres économiques suffisant pour couvrir une part plus
importante des pertes potentielles.
2. LES ETAPES DE CONSTRUCTION D'UN MODELE DE RISQUE
DE CREDIT:
La construction d'un modèle de risque de crédit
s'opère en deux étapes :
2.1 L'évaluation du risque au niveau
individuel
Cette étape est consacrée à la collecte
de l'information sur les éléments constitutifs du risque de
chaque crédit. Elle consiste essentiellement à ranger les
crédits en classes de risque définies par le système de
notation interne de la banque. Sur la base de cette classification, des
probabilités de migration de chaque crédit entre les
différentes classes de risque vont être déterminées.
Dans le cas d'un modèle MTM toutes ces probabilités de migration
sont prises en considération, afin de constituer une matrice de
transition. Tandis que dans le cas d'un modèle de défaut on
s'intéresse uniquement à la migration du crédit vers la
classe de défaut. Celle-ci ne peut constituer une classe de
départ, alors elle est dite « absorbante ».
L'étape suivante consiste à mesurer la valeur
de chaque crédit en fonction de son appartenance aux différentes
classes de risque. Dans le cas d'un modèle de défaut, on
s'intéresse à déterminer la valeur de l'exposition
seulement dans le cas de défaut.
Enfin, il importe de déterminer la perte en cas de
défaut (LGD). Celle-ci dépend du taux de recouvrement en cas de
défaut, qui dépend lui-même de la nature du crédit,
de sa maturité et des garanties qui lui sont associées.
Une fois les facteurs du risque sont déterminés,
l'étape suivante consiste à déterminer la perte attendue
et la volatilité des pertes (perte maximale inattendue) pour chaque
position individuelle.
2.2 L'évaluation du risque au niveau du
portefeuille:
Cette étape consiste en une agrégation des
résultats obtenus dans l'étape précédente, afin de
déterminer le risque global du portefeuille, ce qui suppose
l'intégration des corrélations entre les événements
de crédit.
Le but principal d'un modèle de risque de
crédit reste de construire une distribution de pertes sur la base de
laquelle la perte potentielle maximale (Value at Risk) et le niveau
des fonds propres économique seront déterminés.
A. La distribution des pertes
La distribution de perte d'un portefeuille de crédit,
à un horizon de temps choisi, correspond à une courbe qui relie
la fréquence de perte de crédit à l'intensité du
niveau de celle-ci.
La PDF présente la particularité de ne pas
être de type normal. En effet, celle-ci est fortement asymétrique
(coefficient d'asymétrie1 positif) et leptokurtique
(coefficient d'aplatissement2 supérieur à 1)
Quelle que soit la méthodologie retenue pour sa
construction, le principe reste identique. Pour chaque état de la
nature possible (réalisation des facteurs de risque), il s'agit de
déterminer conjointement la répartition de fin de
période des emprunteurs au sein des classes de risque
1 Appelé aussi Skewness , il
correspond au moment d'ordre 3
2 Appelé aussi Kurtosis, , il
correspond au moment d'ordre 4
(y compris la classe de défaut) et la variation de la
valeur de chaque crédit en fonction de la classe de risque dans laquelle
il se trouve.
Dans le cas d'un modèle MTM, la perte totale s'obtient
alors, compte tenu de l'hypothèse d'indépendance des migrations
conditionnelles, par simple agrégation des positions individuelles. Pour
un modèle s'inscrivant dans l'approche de défaut, il suffit de
déterminer le nombre de défauts dans chaque classe pour chaque
réalisation des facteurs de risque et la perte relative à chaque
défaut.
Les corrélations entre événements de
crédit interviennent entièrement dans ce cadre à travers
le fait que les variations des valeurs individuelles (y compris en cas de
défaut) dépendent directement de la réalisation des
facteurs de risque et sont donc étroitement liées les unes aux
autres.
Deux approches bien distinctes sont utilisées pour la
construction de la PDF: l'approche analytique et l'approche de simulation
· Une approche de type analytique :
consiste en la recherche d'une forme de distribution susceptible d'approcher la
PDF et en particulier sa queue de distribution. Le modèle
CreditRisk+ utilise ce type d'approche : la distribution des pertes
est donnée par une relation de récurrence qui donne la
probabilité de l'occurrence d'une perte de n unités
d'exposition en fonction de la probabilité de l'occurrence d'une perte
de n-1 unités d'exposition;
· Une approche fondée sur la simulation
Monte Carlo : applicable à de très grands portefeuilles,
elle permet de spécifier un montant de pertes agrégées
lié à une réalisation particulière des facteurs de
risque. Dans un premier temps on effectue un nombre de tirages
aléatoires (100 000 par exemple) à partir de la loi de
distribution des facteurs de risque (généralement normale),
après on lie chaque réalisation à un montant de pertes. Il
suffit ensuite d'ordonner ces pertes pour construire l'histogramme de la
distribution. Cette approche est utilisée aussi bien par
CreditMetrics que par KMV.
Ces deux approches peuvent être
complétées par une approche fondée sur la théorie
des valeurs extrêmes (EVT). Celle-ci permet de déduire une loi
asymptotique pour la distribution des grandes pertes. L'usage de cette loi
permet de mieux cerner la distribution des pertes extrêmes pour
lesquelles le nombre de données est généralement
insuffisant.
B. La Value at Risk (VaR)
La Value at Risk (VaR) est la perte maximale sur un
crédit (ou un portefeuille de crédits) à un horizon de
temps et un niveau de confiance donnés.
Dans sa forme générale, la VaR peur
être tirée de la distribution de probabilité des pertes.
Elle est alors égale au quantile d'ordre á de la fonction de
densité des pertes (PDF) :
~~
P (x?x*)= 1-á = f f(x)
~~
dx
Où á est le seuil de confiance choisi (ex : 99%),
x* le quantile d'ordre á et f la PDF.
Si la distribution de la valeur marchande d'un titre est
normale, que sa valeur moyenne est de 100 DA et que son écart type est
égal à 10 DA l'approche par la VaR nous renseigne qu'à 99%
de chance la valeur du titre reste supérieure à 100 - 2,33 ×
10 = 76,7 DA ou bien que la perte soit inférieure à 100 - 76,7 =
23,3 DA.
Ainsi, les éléments nécessaires pour le
calcul de la VaR sont la moyenne et l'écart type des prix des actifs. Si
ces éléments sont facilement estimables pour les valeurs faisant
l'objet d'une cotation, leur estimation dans le cas des crédits
bancaires présente une difficulté car leur valeur n'est pas
directement observable. De plus, l'hypothèse de normalité est
difficilement justifiable car la distribution de cette valeur est fortement
asymétrique.
Figure 2.1 : Distribution des pertes et
VaR
3. MODELES DE DEFAUT VS MODELES MTM
Les modèles de quantification du risque de
crédit peuvent être rangés en deux grandes
catégories: les modèles de défaut (Default model ou DM) et
les modèles Marked to market (ou MTM) :
3.1 Les modèles de défaut (DM)
:
Ces modèles considèrent l'événement
de défaut comme le seul risque de crédit. En conséquent,
deux états de la nature sont jugés pertinents : le défaut
et l'absence du défaut.
Cette approche est généralement la plus
adoptée par les banques car la plupart des prêts consentis par une
banque ont vocation à rester dans son portefeuille jusqu'à
l'échéance finale, quelle qu'en soit l'issue
On retrouve dans cette catégorie le modèle de
référence CreditRisk+ développé par
Crédit Suisse Financial Productes (CSFP),
3.2 Les modèles Marked to market (MTM)
:
Dans ces modèles le risque de crédit correspond
à l'un des événements suivants :
· Un défaut comme dans le cas des modèles
DM
· Un changement de rating
· Une modification du spread, en se qui concerne
les instruments de marché
De ce fait, la dégradation de la cote d'une obligation
par exemple de BBB à BB, entraine une perte pour son détenteur,
malgré l'absence de défaut.
Dans les modèles MTM et contrairement aux
modèles de défauts, la perte attendue peut prendre une valeur
positive ( ce qui se traduit par un gain ) à partir du moment où
la valeur de marché peut évoluer dans un sens positif.
L'approche s'applique principalement aux titres de marché
émis par des firmes notées par les grandes agences de rating
telles que S&P ou Moody's.
Parmi les modèles appliquant cette approche, on trouve
CreditMetrics de JPMorgan .
4. LES MODELES DE REFERENCE: 4.1 CreditRisk+ de
Crédit Suisse
Développé en 1996 par Crédit Suisse
Financial Productes (CSFP), CréditRisk+ est un model de
défaut qui utilise une approche dite actuarielle. C'est un modèle
dans lequel la probabilité de défaut est modélisée
comme une variable continue caractérisée par une distribution de
probabilité. Le comportement des taux de défaut est alors
représenté par la volatilité de ce taux.
Le modèle CreditRisk+ est fondé sur
des hypothèses inspirées des techniques de calcul des primes
d'assurance incendie. Dans un portefeuille d'assurances incendie, chaque
sinistre a une faible probabilité de se réaliser et il est peu
probable que toutes les maisons prennent feu. De plus, le coût de chaque
sinistre est incertain en ce sens qu'une maison peut bruler entièrement
ou partiellement. Par analogie, le modèle CreditRisk+ a
été bâti sur les hypothèses suivantes :
· Chaque crédit est supposé avoir une faible
probabilité de défaut.
· Chaque défaut sur un crédit est
supposé indépendant des défauts des autres
crédits.
· Les pertes peuvent être plus ou moins importantes
et leur montant est considéré comme une source d'incertitude.
Méthodologie du modèle :
Le modèle CreditRisk+ procède à
une décomposition du portefeuille en bandes. Chaque bande
considérée comme un portefeuille distinct qui regroupe des
crédits dont les expositions s'approchent de sa valeur moyenne.
Dans une première étape, le modèle va
s'intéresser au calcul des pertes à l'intérieur de chaque
bande. Ainsi, une probabilité moyenne de défaut va être
attribuée à chaque portefeuille. Cependant, cette
probabilité est incertaine dans la mesure où le taux de
défaut est considéré comme étant une variable
aléatoire.
Dans sa spécification la plus simple, CreditRisk+
suppose que le taux de défaut suit une loi de poisson, la distribution
de probabilité des défauts est alors de la forme :
Où m représente le nombre de prêts
et n le nombre de défauts.
En utilisant cette loi, on peut donc trouver les
probabilités associées au nombre de défauts dans chaque
bande. C'est-à-dire dans chaque portefeuille on calcul la
probabilité qu'il y ait 0 défaut, 1 défaut, 2
défauts, jusqu'à n défauts.
Par la suite, la distribution des pertes sera calculée
à l'intérieur de chaque bande, et les pertes seront
agrégées sur l'ensemble des bandes pour construire de cette
manière la distribution des pertes sur le portefeuille global.
4.2 CréditMetrics de JP
Morgan
La méthode a été développée
en 1997 par le groupe de recherche sur la gestion du risque de la firme
J.P. Morgan pour mesurer le risque de crédit et valoriser les
portefeuilles d'actifs non négociables tels que les prêts et
obligations privées. Son objectif est de permettre aux
établissements de crédit d'évaluer la valeur future de
leur portefeuille et non pas seulement d'estimer leurs pertes potentielles. En
ce sens, il s'agit d'un modèle de transition et non pas de
défaut.
Méthodologie du modèle :
Essentiellement concentré sur une évaluation des
risques au niveau d'un portefeuille, la procédure ne propose pas de
technique d'évaluation des probabilités de défaut
individuelles. En pratique, l'évaluation des probabilités de
transition se fait au niveau des classes de risque (rating) et non au niveau
individuel, ce qui implique que toutes les firmes d'une même classe sont
supposées porter le même risque.
La mise en oeuvre de la méthode repose sur les
étapes suivantes :
1. Une note est attribué à
chaque émetteur (ou émission) en fonction de sa
solvabilité présumée. Cette notation peut être celle
publiée par les agences spécialisées ou une notation
interne ;
2. On détermine une matrice de transition de rating.
Cette matrice consiste à donner pour un émetteur auquel on a
attribué un rating actuel, les différents ratings potentiels
à un horizon donné avec la probabilité de migration de la
note initiale à chacune des notes potentielles. Cette matrice peut
être obtenue à partir des données historiques fournies par
les agences de notation ou par estimation statistique ;
3. A chaque type de rating, on attribue une courbe des taux
prenant en compte le risque spécifique de cette catégorie de
rating par rapport à un émetteur sans risque de crédit.
Cette courbe des taux peut être déterminée à partir
d'un panel d'émissions ayant ce rating ;
4. A chaque émetteur (ou émission), on attribue
un taux de recouvrement en cas de faillite. Ce taux de recouvrement est celui
que donnera le liquidateur aux créanciers de la société en
cas de faillite. Afin de prendre en compte le caractère
spécifique de chaque émission et en particulier les garanties
associées, il peut être plus judicieux d'attribuer un taux de
recouvrement par émission plutôt que par émetteur.
La méthode permet également de se baser sur
l'espérance et la volatilité du taux de recouvrement
correspondant au rating et à la séniorité de la dette.
5. La dernière étape consiste en l'estimation
de la VaR, pour ce faire, CréditMetrics utilise l'approche
fondée sur la simulation Monte-Carlo en générant des
scénarios de valeurs des titres faisant partie du portefeuille. Ces
scénarios sont traduits en transitions vers des classes de risque et
donc directement en valeurs du portefeuille. La distribution empirique de la
valeur future du portefeuille de la banque est ensuite construite sur la base
des résultats obtenus.
5. LA VALIDATION DES MODELES DE CREDIT:
Avant d'utiliser un model, la banque est tenue
d'évaluer sa performance. Elle doit s'assurer de se fait que les
résultats obtenus sont pertinents et convergent vers la
réalité. Pour ce faire les banques procèdent
régulièrement à des tests de validation de leurs
modèles afin d'ajuster des paramètres (coefficients) ou
même de modifier des composantes.
Plusieurs testes de validations sont utilisés pour les
modèles de crédit, les plus connus sont le Backtesting,
le Benchmarking et le Stress testing :
1) Backtesting : Cette méthode
consiste à comparer les valeurs réelles des variables à
celles estimées par le model. Ceci se fait par le calcul de
l'écart dans le passé entre les variables objectifs
(endogènes) estimées préalablement par le model et la
réalité de ces variables constatée ex-post.
2) Benchmarking : Ce teste consiste à
comparer le modèle interne avec des références externes.
Les décalages significatifs dans les résultats restitués
doivent être étudiés et justifiés. Les benchmarks
consistent en des données fournies par des organismes externes
de notation des crédits. Les écarts ainsi
constatés permettent de mettre en lumière les insuffisances et
les forces des méthodologies utilisées par la banque.
3) Stress testing : cette méthode
(appelée aussi Scénario-catastrophe ou de crise) consiste
à introduire différents scénarios extrêmes
concernant les paramètres d'entrée du model (Input), et voir
comment se dernier va se comporter, en observant en particulier les variables
de sortie du model (Output).
SECTION 3:
LA MISE EN PLACE DE L'OUTIL RAROC 1. LES DEUX APPROCHES
DE RAROC :
La méthode RAROC peut trouver une application tant au
niveau d'une cellule de management de risque qu'auprès de la
sphère commerciale. Dans le premier cas, on parle d'application globale
alors que dans le second cas l'approche est locale.
1.1 L'approche globale : RAROC Outil de
gestion
Dans le cadre de l'approche globale, la méthode RAROC
constitue à la fois un outil de gestion Actif-Passif pour gérer
le risque et un outil de mesure des performances. Il s'agit d'un RAROC
historique calculé par les cellules de management du risque sur la base
des données réelles. Le calcul peut porter sur un segment de
clientèle, un secteur d'activité, une agence ou une division.
Une telle utilisation de la méthode RAROC s'inscrit
dans le cadre d'une évaluation des risques et leur confrontation
à la rentabilité générée pour décider
d'une réallocation différente des risques. Elle peut être
utilisée également par la direction financière comme moyen
de mesure de performances.
L'utilisation de cette approche dans la gestion du risque de
crédit doit s'appuyer sur le principe de diversification ; de ce fait,
l'existence d'une opération insuffisamment rentable peut très
bien se justifier puisqu'elle peut constituer une couverture à une autre
opération relativement à ce principe. Des actifs peuvent
être négativement corrélés et permettre une
diminution du risque global dans la mesure où la variation ne
répond pas aux mêmes causes. Au-delà de l'application du
principe de diversification, la cellule Risk Management peut utiliser
des techniques de gestion active de portefeuille afin de réduire la
consommation de fonds propres en ce sens que ces techniques permettent de
réduire voir d'éliminer les pertes exceptionnelles en cas de
survenance. La titrisation synthétique ou le recours à des
dérivés de
crédit ont pour objectif de rapprocher le portefeuille de
créances bancaires de la frontière efficiente c'est-à-dire
d'optimiser le couple rentabilité/risque.
1.2 L'approche locale: RAROC Transactionnel
Dans cette approche, RAROC est considéré comme
un outil prévisionnel tourné vers le futur dans sa conception. Il
s'agit d'un RAROC transactionnel qui estime de manière ex-ante la
profitabilité de l'opération sur la base des données
estimées par le service commercial aux vues de sa connaissance et de son
analyse du client.
Le calcul en avant est particulièrement
intéressant pour les nouveaux crédits. Pour ces derniers, le
RAROC est considéré comme outil de base d'évaluation,
d'aide à la décision mais aussi de tarification.
Au niveau de la relation directe avec le client, le commercial
qui dispose d'un outil de tarification de type RAROC pourra proposer dans des
délais relativement courts une offre personnalisée à son
client. RAROC transactionnel vise à informer le promoteur commercial sur
le couple « rentabilité/risque » prévisionnel au moment
de l'examen d'un dossier de crédit. L'objectif est de parvenir à
une plus grande rationalité dans la procédure d'octroi de
crédit en rendant plus transparente la négociation. Par la suite,
Il y a de ce fait une meilleure gestion des fonds propres dans la mesure
où le calcul systématique de la rentabilité
prévisionnelle nette de risque permet d'ajuster la rentabilité
des fonds propres à priori au niveau de l'opération.
Cependant, l'application de l'approche locale de RAROC ne doit
pas s'arrêter à l'appréciation transaction
sollicitée, la prise en compte d'autres éléments est
nécessaire. Dès lors que la seule activité de
crédit est difficile à rentabiliser, les autres revenus et le
potentiel de développement futur de la relation peuvent constituer une
donnée utile dans la prise de décision.
Objectif
|
RAROC transactionnel
· Tarification
· Décision de crédit
· Structuration
|
RAROC outil de gestion
· Calcul de performances financières
· Gestion du portefeuille
|
Niveau
|
· Transaction
· Client
|
· Client
· Groupe
· Portefeuille
|
Fréquence
|
Demande de crédit
|
Mensuelle, trimestrielle ou annuelle
|
Horizon
|
Ex-ante sur la durée des engagements
|
Ex-post sur 1an
|
Données
|
Prévisionnelles
|
Réelles
|
Alimentation
|
Manuelle
|
Automatique
|
Détail
|
Fin
|
Grossier
|
Utilisateurs
|
· Commerciaux
· Analystes crédits
|
· Unités commerciales
· Direction des risques
· Direction financière
|
|
Tableau 3.1: Comparaison entre RAROC
transactionnel et RAROC outil de gestion
2. LES PRINCIPAUX AXES DE RAROC :
Le calcul de RAROC peut être effectué à
plusieurs niveaux. Ses axes de mesure sont multiples et le choix de l'un ou
l'autre dépendra des besoins du gestionnaire et du type d'analyses qu'il
souhaite réaliser. Bien que la liste ne soit pas exhaustive, il est
possible de retenir les axes auxquels on s'intéresse le plus souvent.
2.1 RAROC transaction:
Au niveau transaction le calcul se fait dans le contexte de
l'approche locale, RAROC est donc du type transactionnel et est effectué
au moment d'octroi du crédit dans un but de tarification sur la base des
données prévisionnelles.
Cette utilisation de RAROC au niveau transaction s'inscrit
comme une démarche d'aide à la prise de décision.
Cependant à ce niveau le résultat fourni par l'outil RAROC ne
doit pas être le seul élément déterminant dans la
prise de décision, la prise en compte d'autres éléments
est nécessaire, notamment les autres engagements du client et
l'importance de la relation pour la banque. De ce fait RAROC doit plutôt
être un outil supplémentaire d'aide à la décision et
ne peut en aucun cas remplacer l'appréciation du chargé
d'étude.
2.2 RAROC client:
Le calcul d'un RAROC par client constitue l'un des enjeux
majeurs de la banque. Cette mesure permet de faciliter l'orientation de ses
choix commerciaux, ceux-ci seront orientés bien sûr vers les
clients présentant une rentabilité cohérente avec le
risque encouru. Le préalable dans cet axe de mesure est de disposer d'un
système d'information performant capable de retracer les
opérations effectuées par chaque client.
2.3 RAROC produit:
Le suivi de la rentabilité ajustée pour le
risque au niveau produit constitue un élément essentiel au
déploiement stratégique de la banque dans la mesure où il
permet de hiérarchiser les produits selon le couple «
Risque/Rentabilité » en parallèle avec le classement selon
le critère « Profit ». Certains produits sont moins rentables
mais présentent un risque mineur. Une banque qui vise une
stratégie de minimisation du coût de capital donnera une
importance particulière à ces produits. Quoique de telles
orientations ne peuvent pas avoir lieu dans un environnement
caractérisé par une concurrence sur les parts de marché
qui oblige la banque d'orienter sa stratégie en fonction des besoins de
sa clientèle.
2.4 RAROC secteur d'activité:
En plus qu'il permet d'avoir une idée sur le couple
« Risque/Rentabilité » au niveau de chaque secteur et
d'orienter les choix commerciaux vers les secteurs les plus
intéressants, le RAROC par secteur est particulièrement
intéressant quand il est pris comme référence dans la
comparaison entre entreprises. En effet, le calcul du RAROC d'une entreprise
(RAROC client) doit s'accompagner d'une comparaison avec celui de ses
principaux concurrents.
Le calcul d'un RAROC par secteur facilitera cette tâche
puisque il permet de comparer toutes les entreprises du même secteur
à une seule référence considérée comme une
moyenne de la rentabilité ajustée pour le risque du secteur.
2.5 RAROC centre de profit:
Cet axe de mesure est essentiel pour la banque en termes de
gestion courante, en effet, il permet de juger les entités de la banque
sur la base du risque et de la rentabilité de leurs actifs
gérés et d'en faire une comparaison entre les différents
centres de profit. Le RAROC par centre de profit permet également une
rémunération des gestionnaires sur la base du rendement
ajusté pour le risque de leur entité de gestion. Une telle
méthode en plus qu'elle va orienter le gestionnaire vers la maximisation
du profit, elle va également l'inciter à bien métriser le
risque afin de maximiser le RAROC de son centre de profit.
3. LA NECESSITE DE LA COMPTABILTE ANALYTIQUE POUR
L'APPLICATION DE RAROC :
La comptabilité générale dégage
de manière synthétique le résultat d'un exercice par
différence entre les produits et les charges classés par nature.
Les informations relatives aux coûts et revenus retournées par ce
système comptable restent insuffisantes et ne répondent pas au
besoin des outils de gestion et de mesures de performances. L'estimation d'un
indicateur de type RAROC axé sur la mesure de rentabilité
à plusieurs niveaux devient impossible vu la difficulté de
distinction entre les exercices de la banque et par rapport à l'axe
opérationnel, et par rapport à l'axe temporel. De ce fait, la
mise en place d'un système de comptabilité analytique capable de
remédier à ce problème s'avère indispensable pour
pouvoir appliquer la méthode RAROC au sein d'une banque.
3.1 Définition de la comptabilité
analytique1:
La comptabilité analytique est un outil de gestion
destiné à suivre et à examiner les flux internes à
l'entreprise afin de fournir les informations nécessaires à la
prise de décision.
Plusieurs objectifs peuvent être assignés à
la comptabilité analytique. Il est possible de retenir les suivants :
· Connaitre les couts des différentes fonctions
assumées par l'entreprise ;
· Déterminer les bases d'évaluation de
certains éléments du bilan de l'entreprise ;
· Expliquer les résultats en calculant les
coûts des produits (biens et services) pour les comparer aux prix de
vente correspondants ;
· Etablir les prévisions de charges et de produits
courants ;
· Constater la réalisation des prévisions et
expliquer les écarts éventuels.
1 Gerard MELYON - Comptabilité analytique -
Ed.Bréal- 2004- P8 & P9
Pour atteindre ces objectifs, le système de
comptabilité analytique d'une entreprise doit être adapté
exactement à sa structure organique et aux activités
d'exploitation particulières qu'elle exerce.
3.2 Les fondements d'un système de
comptabilité analytique:
Un système de comptabilité analytique doit
être adapté à la structure organique de la banque et aux
activités d'exploitation qu'elle exerce. Il doit tenir compte des
caractéristiques des produits commercialisés (produits
liés, dépendants... etc.) mais surtout de la finalité de
l'information recherchée par le gestionnaire qui conditionnera le
degré de finesse des calculs.
La mise en place d'un tel système nécessite la
répartition de la banque en centres de responsabilité, la
définition des unités d'oeuvre et la collecte des informations de
base.
A. La répartition de la banque en centre de
responsabilité :
La décomposition de la banque en centres de
responsabilité s'inscrit dans un but de rattachement des charges
engendrées par les centres ayant une relation indirecte avec le
processus de production (centres auxiliaires) aux centres productifs (centres
principaux).
Une fois cette démarche est accomplie, elle est
complétée par une approche plus analytique qui consiste à
affecter les charges de chaque centre de profit aux produits pour lesquels
elles été engagées. La détermination du coût
de chaque produit permettra par la suite une affectation à d'autres
entités et cela en fonction des préoccupations du
gestionnaire.
B. L'unité d'oeuvre :
Une unité d'oeuvre d'un centre peut être
définie comme l'unité de mesure de son activité. Celle-ci
doit être représentative du travail effectué par le centre
et doit traduire les variations de son activité. Les unités
d'oeuvre permettent d'opérer des transferts de coûts soit d'un
centre de responsabilité à un autre soit aux produits. Le
coût d'une unité d'oeuvre est obtenu en divisant les coûts
accumulés sur un centre de responsabilité par le nombre
d'unités d'oeuvres correspondant. Une unité d'oeuvre peut
être exprimée en unité physique (de temps, poids
quantité, volume) ou en unité monétaire.
C. Les informations de base :
Le fonctionnement d'un système de comptabilité
analytique nécessite un recueil d'informations de deux ordres : des
données monétaires qui correspondent aux charges
enregistrées en comptabilité générale et des
données physiques servant à rattacher les charges aux
produits.
3.3 Les contraintes de mise en oeuvre:
La mise en place d'un système de comptabilité
analytique dans une banque est particulièrement difficile et constitue
un investissement très coûteux pour celle-ci en raison des
spécificités relatives aux établissements bancaires,
notamment :
· La multiplicité des produits
bancaires: Les produits et services bancaires sont de nature
très différente, de plus l'activité bancaire donne
naissance à des produits liés, ce qui complique l'approche de la
rentabilité par produit.
· La rigidité des coûts bancaires
: Les banques sont souvent des entreprises d'une grande taille
comportant un grand nombre de structures qui ne participent pas dans
l'exploitation bancaire. Ces structures engendrent des coûts indirects
qui rendent difficile la mise en place d'un suivi analytique des
résultats.
· Le processus de transformation : Cela
rend les calculs de rentabilité délicats car il faut
résoudre le problème d'affectation des ressources aux emplois.
· La mesure de la rentabilité
prévisionnelle de l'activité crédit : est
délicate à cause des aléas et imprévus qui peuvent
se produire pendant la durée de vie de crédit (défaillance
de l'emprunteur, remboursements anticipé... etc.).
· Le mode d'organisation de la banque :
Les centres de profit de la banque exercent généralement
plusieurs activités, ce qui rend difficile le calcul de la
rentabilité par activités, ainsi que par client et segment
clientèle. Les agences de la banque ne sont pas
spécialisées par marché et à l'intérieur de
l'agence les effectifs ne sont pas affectés par marché.
4. L'APPLICATION DE LA METHODE RAROC DANS LA GESTION DU
RISQUE DE CREDIT:
L'application de la méthode RAROC dans le cadre de la
gestion du risque de crédit peut s'effectuer dans plusieurs contextes et
à plusieurs niveaux :
4.1 La gestion du portefeuille basée sur le
couple Risque-Rentabilité:
La gestion des risques et de la rentabilité sont
indissociables. D'une part, les risques sont définis par
l'instabilité des résultats, d'autre part, la prise de risques
est la condition d'une meilleure rentabilité future. Faire confronter
ces deux notions a pour vocation de donner une meilleure structure du
portefeuille de crédit.
Une première utilisation directe de RAROC est la
gestion du portefeuille de crédit en comparant les couples
Rentabilité/Risque à plusieurs niveaux (transaction, client,
produit, centre de responsabilité...). Cela donne une image globale des
opérations et permet de repérer celles qui présentent des
RAROC au dessus ou au dessous de l'objectif de rentabilité de la
banque.
Dans le portefeuille de la banque, certains engagements sont
trop peu rentables étant donnés les risques qu'ils engendrent,
d'autres sont finalement plus rentables qu'il n'y parait compte
tenu de leur faible risque. Le calcul du RAROC pour chacune
des transactions en plus qu'il permet de rééquilibrer le
portefeuille de manière à accroitre les poids des
activités ou des opérations aux dessus de l'objectif fixé
, il permet également d'effectuer une analyse dans le but de savoir
pourquoi les revenus ne couvrent pas les frais d'exploitation et les risques et
de réviser en conséquence la facturation clients et la nature des
opérations effectuées avec eux.
4.2 L'allocation des fonds propres:
L'une des fonctions majeures de RAROC est l'utilisation de
celui-ci comme outil d'allocation de fonds propres. Il s'agit pour la banque
d'affecter pour chaque unité d'affaire et transaction individuelle un
montant de fonds propres permettant de couvrir les pertes inattendues.
Les systèmes d'affectation de type RAROC allouent le
capital pour deux finalités : le management des risques et la mesure de
performance. Pour la fonction de management de risque, l'objectif primordial
est la détermination de la structure financière optimale de la
banque. Ce processus implique l'estimation de combien le risque
(volatilité) relatif à chaque unité d'affaire contribue au
risque total de la banque et par conséquent, aux besoins globaux de
capitaux de la banque.
Pour la fonction de mesure de performance, l'outil RAROC
affecte le capital aux unités d'affaires en tant
qu'élément d'un processus pour déterminer le taux de
rendement ajusté au risque pour aboutir au calcul de la valeur
économique ajoutée (EVA ou economic value
added) pour chaque unité d'affaire. Cette dernière mesure le
revenu net du coût de capital de l'unité. L'objectif ici est de
mesurer la contribution de chaque unité d'affaire dans la valeur de
l'actionnaire et de fournir une règle pour une budgétisation
efficace du capital et une rémunération au niveau de
l'unité d'affaire.
4.3 La tarification
différenciée:
La tarification différenciée des crédits
consiste à calculer pour chaque crédit un taux
d'intérêt tenant compte de ses caractéristiques. Cette
approche permet de facturer pour chaque affaire un prix reflétant le
coût réel du crédit.
Plusieurs banques utilisent RAROC comme outil de tarification
différenciée, permettant la prise en compte non seulement du
coût du risque mais aussi le coût de rémunération du
capital. En effet, RAROC permet de facturer chaque transaction à un taux
d'intérêt compatible avec les objectifs de rentabilité
ajustée pour le risque fixés au préalable par la
banque.
La démarche est simple : Sachant les objectifs de
rentabilité de la banque (RoE ou RAROC cible), il suffit de
déterminer le taux client qui permet d'atteindre cet objectif.
L'expression de RAROC peut être donnée par :
t x Encours - CR - C - EL / UL > Raroc*
Où t est le taux client, CR est le
coût de ressources, C est le coût d'opération,
EL est la perte moyenne attendue, UL est la perte inattendue et
Raroc* la valeur minimale de rentabilité ajustée pour le
risque fixée par la banque (le RAROC cible).
Pour que la rentabilité ajustée pour le risque
soit acceptable, il faut que:
Raroc*xUL+ EL+ CR+ C t> Encours
Cette équation permet d'avoir un taux seuil sur la
base duquel la banque peut facturer la transaction à son client en
tenant compte non seulement de la marge qu'elle va tirer de cette transaction
mais aussi du risque que cette dernière présente.
L'avantage que la banque peut tirer de l'utilisation d'un
outil de tarification tel que RAROC réside dans la tendance de cet outil
à attirer les meilleures relations. Dans l'approche RAROC, les
entreprises bien notées bénéficient des concours bancaires
à des taux relativement bas. Par contre, les entreprises mal
notées seront pénalisées en leur appliquant des taux plus
élevés. Par conséquent, les premières
préfèrent profiter de l'avantage que l'outil RAROC leur procure,
quand aux secondes, elles vont chercher des établissements qui n'ont pas
encore mis en place un système de tarification ajustée pour le
risque.
4.4 Le provision nement ex-ante:
Le provisionnement ex-ante peut-être défini
comme une démarche consistant à engager le processus de
provisionnement du risque de crédit dès l'octroi d'un concours et
non ex-post au moment du passage de celui-ci en Créances Douteuses et
Litigieuses. L'estimation de la dotation au provisionnement ex-ante repose sur
le calcul du risque de crédit moyen.
En effet, le risque de crédit moyen (ou prime de
risque) correspond à la moyenne des pertes constatées sur un
cycle économique complet. Cette perte moyenne a pour vocation à
être couverte ex ante par les revenus générés par le
crédit. En d'autres termes, elle doit être incluse dans la
tarification du crédit, afin que les flux provenant du remboursement de
l'ensemble des crédits permettent de couvrir cette perte. Il s'agit d'un
pré-provisionnement constitué de façon
régulière tout au long du cycle économique,
réduisant d'autant la volatilité des résultats des
établissements de crédit et le risque de défaillance que
cela induit.
La mise en oeuvre d'un provisionnement ex-ante reste un sujet
très sensible en raison de ses implications fiscales. Il s'agit de
constituer des provisions sur la base d'une estimation statistique
prévisionnelle de la perte moyenne et non pas sur une constatation
réelle des pertes. Or, les provisions connaissent un traitement fiscal
spécifique jusqu'à un certain seuil et les banques ne sont pas
prêtes à dépasser ces seuils sans contrepartie.
L'utilisation de la perte moyenne calculée sur le portefeuille global
par la méthode RAROC fournie une bonne mesure du montant qu'il faudrait
provisionner de façon ex-ante. Cependant, en période de
récession économique, la perte moyenne donne une estimation des
provisions bien plus forte que
l'année précédente et la banque va se
retrouver dans une situation d'arbitrage entre fiscalité et couverture
anticipée de ses pertes.
Les avantages qu'offre le provisionnement ex-ante - notamment
la réduction de la volatilité des résultats des banques -
ont incité de nombreux pays occidentaux à mettre en oeuvre cette
pratique. Les Etats Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Suisse,... sont
des exemples de pays qui ont fait un long chemin dans ce domaine.
5. L'APPORT DE LA METHODE RAROC:
5.1 RAROC médiateur entre le chargé
d'affaire et l'analyste du risque:
Afin de préserver une certaine indépendance
entre le chargé d'affaires et le client, plusieurs banques ont
adopté une organisation reposant sur une scission du processus de
traitement du dossier de crédit en déléguant
l'évaluation du risque à une cellule n'ayant aucun contact avec
le client (le pôle risque), en limitant ainsi le rôle du promoteur
commercial à l'analyse de recevabilité, le traitement
préliminaire et la transmission du dossier au pôle risques. Ce
dernier a pour mission d'analyser le risque et de décider l'acceptation
ou le refus de l'octroi du crédit. Cette scission de la tâche, a
donné lieu à des difficultés de communication entre le
pôle risques, cherchant à maîtriser les risques, et les
promoteurs commerciaux qui ont pour objectif principal de faire fructifier leur
portefeuille clients. Ainsi, les décisions du pôle risques vont
souvent à l'encontre des vecteurs de pilotage sur lesquels se basent les
commerciaux (volume d'activité, PNB,...). Ces derniers vivent cela comme
des freins à leur politique de développement.
Dans ce dialogue de plus en plus difficile, la méthode
RAROC a joué le rôle de médiateur entre promoteur
commercial et analyste de risque en contribuant de ce fait à une
compréhension réciproque. En effet, la méthode RAROC
permet d'éviter une réponse exclusive d'acceptation ou de refus
d'octroi de crédit. Elle donne ainsi au chargé d'affaires la
possibilité de négocier les conditions d'entrer en relation avec
le client. Un chargé d'affaire peut par exemple exiger que le client
accepte de diminuer son exposition au risque (recueil de garanties
supplémentaires) ou d'augmenter le flux des revenus futurs. La dotation
de l'analyste de risque et de l'agent commercial d'un outil tel que RAROC
participe ainsi à la régulation de leurs comportements dans la
mesure où chacun des deux se base sur les mêmes vecteurs : risque
et rentabilité.
5.2 La normalisation des pratiques de gestion au sein de
l'établissement:
La méthode RAROC participe à la
réintégration des actions locales dans le coeur
de l'organisation dans un but de gouvernement par la cohérence. Elle
sert à faire accepter le contrôle et l'accroissement des
contraintes tout en normalisant l'exigence de performance.
L'intégration de la méthode RAROC permet non
seulement de définir des critères objectifs de jugement des
engagements dans une optique de gestion du risque bancaire mais aussi
d'homogénéiser les modes d'action professionnelle. Le risque
bancaire est objectivé, en fonction des produits et des segments, de
façon à laisser le minimum de place à la
subjectivité des jugements de chaque commercial1.
L'utilisation de RAROC peut assurer donc que les décisions de deux
chargés d'études dans deux places différentes, à
temps différent seront prises en utilisant les mêmes principes et
méthodologie de calcul.
Cette normalisation des pratiques de gestion permettra en
outre d'effectuer des comparaisons basées sur plusieurs axes au sein de
l'établissement. Ces comparaisons permettront par la suite de
repérer les clients ayant des résultats sensiblement
inférieurs à la moyenne.
5.3 La rémunération du personnel sur la
base du couple Risque/Rentabilité:
Sont nombreuses les banques qui accordent à leurs
chargés d'études ou directeurs d'agences des primes en
pourcentage fixe du profit réalisé. Cette façon de
rémunération peut être jugée non équitable
dans la mesure où elle ne tient pas compte du risque pris. De ce fait,
ceux qui génère un profit pour un niveau de risque donné
vont être récompensés de la même manière que
ceux qui génère le même profit mais en prenant un risque
plus important. Cette pratique rend le chargé d'études moins
exigeant en termes de risque et plus intéressé par le revenu que
présente l'affaire.
L'application de la méthode RAROC dans ce contexte
peut contribuer à une distribution plus équitable des primes de
rendement. Ainsi, le calcul d'un RAROC par agence peut constituer une
règle de rémunération adéquate qui incitera les
chargés d'études à accorder plus d'attention au risque.
5.4 La mesure de la valeur créée pour
l'actionnaire:
Un principe fondamental dans le monde de la finance stipule
que les sociétés existent pour faire gagner leurs actionnaires.
Par conséquent, une mesure clé de la performance de la gestion
est de réussir à créer de la valeur pour l'actionnaire.
RAROC est extrêmement utile pour mesurer le taux de la
valeur créée pour l'actionnaire. Certes, nul ne peut
prédire avec précision le mouvement du marché ou le prix
d'action d'une société. Cependant, il est possible de
modéliser la fluctuation théorique attendue d'un cours d'action
par diverses mesures de gestion. Bien sûr, la fluctuation
théorique peut ne pas correspondre à la fluctuation réelle
durant toute une période ; le cours au jour le jour évolue avec
le marché, et le marché est soumis à une multitude de
forces économiques. Toutefois, dans le long terme, les modèles
d'évaluation des cours d'actions peuvent réussir à estimer
les mouvements à long terme des cours, car au final les gains d'une
société et son risque sont les pilotes les plus importants de son
cours d'action.
1 Christophe Godowski - L'assimilation de la méthode
RAROC en milieu bancaire
RAROC mesure la valeur créée pour l'actionnaire
en comparant le rendement au coût du capital (en prenant ROE comme taux
butoir). La théorie de la finance définie le coût du
capital comme le rendement net du coût sans risque exigé par les
actionnaires. En général, le coût du capital est entre 4%
et 5% à long terme. Le Modèle d'Evaluation Des Actif Financier
(MEDAF) stipule que le coût du capital des sociétés
individuelles varie en fonction de leur sensibilité aux fluctuations du
marché (qui représente leur Beta).
RAROC peut calculer le taux de la valeur créée
pour actionnaires sur la base du montant de rendement qui a été
généré net du coût du capital (taux butoir). Si le
taux butoir (hurdle rate) est de 15% est le RAROC est de 18%, les 3%
d'excès (ou profits), multipliés par le total du capital
économique représentent la valeur ajoutée pour les
actionnaires (appelée aussi le profit économique). Par
conséquent, toutes les sociétés qui génèrent
un RAROC supérieur au taux butoir devraient être poursuivies car
elles créent une valeur additionnelle pour l'actionnaire.
6. LES LIMITES DE LA METHODE RAROC :
Malgré ses apports multiples, la méthode RAROC
présente quelques limites d'ordre techniques et environnementales:
6.1 La sensibilité de RAROC aux
paramètres:
Un outil de type RAROC est très sensible aux
paramètres de calcul et aux hypothèses. Les paramètres
tels que le taux de défaut et le taux de recouvrement comportent un
aspect subjectif et leur calcul repose sur des fondements différents,
ceci peut affecter fortement la valeur du RAROC. Les hypothèses sur les
projections des utilisations et les règles que la banque peut imposer
par prudence ont aussi leur impact significatif sur l'Output du modèle.
Le paramètre le plus délicat à déterminer est sans
conteste le seuil de confiance qui influe fortement sur le niveau des fonds
propres économiques et par conséquence sur le taux de
rentabilité du capital.
Cette multiplicité des méthodes de
détermination des paramètres a fait du RAROC un indicateur peu
significatif dans la comparaison entre établissements, c'est ce que
explique Bernard Hubert, le responsable du projet Bâle II à la
direction des risques de la Société Générale :
« Ce système a quelques défauts, notamment le manque de
normalisation des méthodes qui rend difficiles les comparaisons entre
établissements ».
Un autre problème qui peut se poser dans ce contexte,
concerne la sensibilité de RAROC particulièrement à la
notation. En effet, la constitution de classes de risques relève le plus
souvent d'une étude statistique historique et de comparaisons avec les
données des agences de rating. Or, il s'agit de définir des taux
de défaillance prévisionnels sur 15 ans pour des contreparties le
plus souvent nationales et non notées par les agences
financières. L'amélioration de la précision de ces
paramètres prendra plusieurs années, avec la constitution de base
de données sur une longue période et la simulation des impacts
économiques et politiques.
6.2 La non prise en compte des options
cachées:
Les bilans des établissements financiers comportent
des options cachées (incorporées) à leurs actifs et
à leur passif. L'option cachée la plus connue est le
remboursement de l'emprunt par anticipation. Il s'agit d'une option car le
client a la possibilité mais non l'obligation de l'exercer.
Le calcul du RAROC ex-ante d'un crédit comportant
l'option du remboursement par anticipation supporte une source
supplémentaire d'incertitude dans la mesure où l'on ne peut pas
savoir si le client exercera cette option et quand il va l'exercer. Une fois
l'option exercée, cela implique une perte de rémunération
d'une part et une réduction du risque d'autre part. En
conséquence, le RAROC calculé verra sa valeur en augmentation ou
en diminution et cela en fonction du revenu et du risque
écartés.
6.3 Le niveau d'expertise du personnel:
L'utilisation de l'outil RAROC requiert une assimilation de
plusieurs concepts, notamment la notation, la modélisation du risque de
crédit ainsi que les techniques de réduction du risque. Une
mauvaise assimilation de ces notions induira de mauvaises
interprétations des résultats par l'utilisateur, ce qui peut lui
empêchera de prendre de bonnes décisions.
Au niveau de la notation, une erreur de deux degrés
entre BBB- et BB (S&P) multiplie par 3 ou 4 la probabilité de
défaillance. Aussi, un retard dans le reclassement des contreparties
suite à la dégradation de leurs situations aura un effet
significatif sur les résultats. Ce genre d'erreur même s'il n'est
pas directement lié à l'outil RAROC conduit souvent à des
résultats erronés du modèle.
L'assimilation des différents concepts et
l'interprétation des résultats retournés par l'outil RAROC
par les collaborateurs est l'un des points clés de la réussite de
l'application de cette méthode au sein de la banque. De ce fait il
s'avère nécessaire d'assurer une formation complète
à l'arrivée des collaborateurs dans le réseau (promotion.
reconversion, embauche,...). De plus une information continue est indispensable
pour maintenir les compétences des équipes.
6.4 La contrainte du marché
Au delà des limites techniques et humaines, l'application
de la méthode RAROC peut être contrainte par des constats
spécifiques à l'environnement dans lequel elle sera
appliquée.
La surcapacité de l'offre, les contraintes de fonds
propres et de rentabilité différentes expliquent la moindre
efficience du marché bancaire et limitent d'autant les
possibilités de tarification offertes par les outils RAROC.
L'application sans discernement de cette méthodologie pourrait se
traduire par des pertes de part de marché significatives, notamment sur
le marché des PME.
La mise en oeuvre d'une approche RAROC ne doit pas être
systématique et à court terme. Le choix de mettre en place un
outil couteux tel que RAROC doit intervenir comme une réponse aux
besoins réels de l'établissement et en fonction des exigences et
contraintes du marché.
CONCLUSION
La méthode RAROC répond à plusieurs
besoins et apporte des solutions multiples aux préoccupations du
Risk Management. Cependant son application au sein d'une banque est
loin d'être aisée ; elle requiert la disponibilité
préalable de certains ingrédients indispensables et la
participation de tous les collaborateurs, en particulier la direction des
risques et la direction de contrôle de gestion.
Dans le chapitre suivant nous allons essayer de toucher l'aspect
pratique de la méthode RAROC à travers une étude sur un
portefeuille d'engagements réel d'une banque algérienne.
CHAPITRE III : (ETUDEDECAS)
APPLICATION DE LA METHODE RAROC
Dans ce qui précède, nous avons passé en
revue les différents aspects théoriques relatifs à la
méthode RAROC et à la gestion du risque de crédit en
général.
À travers ce chapitre, nous allons mettre en pratique
les techniques étudiées en théorie. Dans ce contexte, nous
allons essayer d'appliquer la méthode RAROC sur un portefeuille
d'engagements d'une banque algérienne en même temps filiale d'un
grand groupe mondial, en l'occurrence BNP Paribas El Djazaïr,
dans laquelle nous avons effectué notre stage pratique.
Notre étude portera sur le calcul d'un RAROC historique
annuel au niveau global, par secteur et par client, sur la période
allant du 31/05/2007 au 3 1/05/2008.
Afin de bien présenter notre travail, nous avons
scindé ce chapitre en six (06) sections :
· Nous allons commencer par une première section
dans laquelle nous exposerons les différents aspects organisationnels
liés à la fonction «Risk Management» au sein
du Groupe BNP Paribas.
· Dans la deuxième section nous allons
présenter le système de notation de BNP Paribas.
· Dans la troisième section nous
présenterons le portefeuille sur lequel nous avons effectué notre
étude. Nous allons exposer également les différentes
étapes et dispositions relatives à la constitution de notre base
de données.
· Dans la quatrième section, nous allons aborder
la démarche que nous avons suivie pour modéliser le risque de
crédit ainsi que les résultats auxquels nous somme parvenus.
· Dans la cinquième section, nous allons
présenter la démarche et les résultats relatifs à
l'estimation des revenus et coûts d'opérations.
· Enfin, la sixième et dernière section
portera sur le calcul de RAROC et l'interprétation des
résultats.
SECTION 1:
PRESENTATION DE LA STRUCTURE D'ACCUEIL
Cette première section sera consacrée à
la présentation des aspects organisationnels de l'entité Risk
Management au sein du Groupe BNP Paribas et le rôle du
pôle Crédit Control & Reporting (CC&R) dans
lequel nous avons effectué notre stage pratique.
I. LE GROUPE BNP PARIBAS
Créé en 2000 suite à la fusion des deux
groupes BNP et Paribas, le groupe BNP Paribas est
aujourd'hui un leader européen des services bancaires et financiers,
avec une présence significative et en croissance aux États-Unis
et des positions fortes en Asie. Le Groupe possède l'un des plus grands
réseaux internationaux, avec une présence dans plus de 85 pays et
plus de 162 000 collaborateurs, dont plus de 126 000 en Europe. BNP
Paribas détient des positions clés dans ses trois domaines
d'activité :
· La Banque de Détail, regroupant trois pôles
:
· Banque de Détail en France (BDDF),
· Banque de Détail en Italie : BNL Banca
Commerciale (BNL bc),
· Services Financiers et Banque de Détail à
l'International (SFDI) ;
· le pôle Asset Management & Services (AMS) ;
· le pôle Banque de Financement et d'Investissement
(BFI). BNP Paribas SA est la maison mère du groupe BNP
Paribas.
II. BNP PARIBAS EL-DJAZAIR
BNP Paribas El Djazaïr est une filiale à
100% de BNP Paribas, créée en 2002. La banque est
devenue en moins de 6 ans une des toutes premières banques
privées sur le territoire algérien avec des fonds propres
avoisinant les huit milliards de DZD. Forte de ces succès, BNP
Paribas El Djazaïr s'est engagée dans un programme très
ambitieux de construction de plusieurs agences qui couvrent progressivement
l'ensemble du pays, en partant d'une base déjà très solide
à Alger et ses environs. Le réseau compte actuellement 41
agences. La banque bénéficie aujourd'hui d'un solide partenariat
avec Cetelem, filiale du groupe BNP Paribas, dans le domaine
des crédits à la consommation. Sa filiale Cardif, dont
l'activité est liée au secteur des assurances a quant à
elle débuté son activité dès 2006. Enfin,
l'activité Leasing, a depuis quelques mois rejoint les différents
métiers présents au sein de la Banque en Algérie.
III. L'ORGANISATION DE LA STRUCTURE GROUP RISK
MANAGEMENT
Group Risk Management (GRM) est une entité
qui a pour mission de garantir à la Direction Générale que
les risques pris par la banque sont conformes et compatibles avec son objectif
de rentabilité et de notation sur le marché. Cette entité
exerce ses fonctions de contrôle en continu, et de manière
nettement différenciée de celle de l'audit effectuée
périodiquement.
Les pôles et les métiers demeurent responsables
pour les risques qu'ils initient. La mission de GRM est de rapporter
à la Direction Générale de la Banque,
indépendamment des responsables des pôles/ Métiers/
Territoires.
Au sein de GRM, on distingue d'autres
entités. Pour chacune on a attribué la mission de gestion et de
suivi d'une catégorie de risque, pour l'ensemble des pôles
BFI et SFDI. Nous citons essentiellement :
· Counterparty Risk & Financial Institutions (ou
CRFI)
· Market and Liquidity Risk (ou MLR)
· Operationnal Risk (ou OR)
· Credit Risk International (ou CRI)
IV. LA STRUCTURE
CREDIT RISK INTERNATIONAL (CRI)
Credit Risk International est la structure au sein de
GRM qui est chargée de la gestion et du suivi des risques
liées aux opérations de crédit à la
clientèle de détail et des entreprises.
L'organisation typique de CRI dans un site de BNP
Paribas est articulée autour de :
· Un Senior Credit Officer (SCO) - ou deux dans
certains cas - responsable de l'équipe de CRI au sein du site
et qui interagi à priori dans le processus d'octroi du crédit
avec les Métiers (Business) et les lignes clientèle
(Client Lines) ;
· Une équipe d'administration du crédit
(Credit Control & Reporting ou CC&R); responsable de
la validation des entrées dans les systèmes de « Risk
Management », afin de servir à un but de reporting des
données risque à la maison mère et aux différentes
structures de contrôle de conformité.
V. LES MISSIONS DE LA FONCTION CREDITCONTROL &
REPOTING
Le dispositif de surveillance et de reporting repose sur la
fonction Credit Control & Reporting (CC&R) dont la
responsabilité est de garantir en permanence: la conformité des
autorisations mises en place aux décisions de crédit, la
fiabilité des données contenues dans les rapports et la
qualité du suivi des risques pris par la Banque.
Les missions de CC&R sont scindées en :
· Une mission de contrôle du crédit qui
inclut les contrôles a priori/de conformité et les contrôles
à posteriori/surveillance du risque ;
· Une mission de Reporting.
5.1 La mission de Contrôle du
Crédit:
A. Contrôle à priori/de conformité
:
· Contrôle des données de la proposition de
crédit ;
· Participation au processus d'approbation ;
· Saisie des données risque dans les systèmes
;
· Contrôle de la documentation juridique ;
· Validation des données saisies dans les
systèmes ;
· Contrôle de la première utilisation ;
· Contrôle des utilisations
irrégulières ;
B. Contrôle à posteriori/surveillance des
risques :
· Responsabilité de suivi du risque ;
· Surveillance quotidienne dues risques ;
· Détection et suivi du risque impayé ;
· Surveillance des utilisations en anomalie ;
· Revue annuelle des clients ;
· Suivi des pièces manquantes ;
· Contrôle du suivi de la validité des
garanties et autres sûretés.
5.2 La mission de Reporting:
· CC&R doit garantir au profit des lignes de
Métiers, des Territoires, de GRM, la production de rapports fiables et
complets des risques. Ces rapports peuvent être pour l'usage des
régulateurs locaux ou de Paris ;
· Ces rapports de suivi des risques doivent permettre aux
Métiers d'être alertés des situations anormales, des
échéances à venir, des situations difficiles... etc.
· CC&R doit également produire des rapports
thématiques, qui sont des états réalisés
ponctuellement à la demande du directeur des risques (SCO), du directeur
de territoire, de Métiers... permettant à ces structures
d'analyser leurs portefeuilles par : rating, secteur d'activité, type de
crédit, montant, durée, capital économique... etc.
SECTION 2:
PRESENTATION DU SYSTEME DE NOTATION DE BNPPARI
BAS
La Politique Générale de Notation Corporate
constitue le cadre qui définit les principes et la
méthodologie de notation des entreprises au sein du Groupe BNP
Paribas. Ce dispositif est fondé sur deux données : la Note
de Contrepartie et le Taux de Récupération Global (TRG).
Le but de cette section et de présenter les principales
procédures et dispositions propre à BNP Paribas en
matière de notation des entreprises.
I. LA NOTE DE CONTREPARTIE: 1.1 L'échelle de
Notes:
L'échelle de note de BNP Paribas est
constituée de douze catégories principales (de 1 à 12)
classées en deux groupes:
· Contreparties saines : de 1 à 10
· Contreparties en défaut : 11 et 12
Des échelons matérialisés par l'adjonction
des signes + et - permettent, à titre facultatif, de hiérarchiser
les contreparties appartenant aux catégories 1 à 10.
Note Qualité de la contrepartie
1
|
Excellent
|
2
|
Très bon
|
3
|
Bon
|
|
4
|
Satisfaisant
|
Contreparties saines
|
5
|
Moyen
|
|
Acceptable
|
7
|
Médiocre
|
8
|
Faible
|
9
|
Préoccupant
|
|
10
|
Très préoccupant
|
Contrepartie en défaut
|
11
|
Défaut
|
|
Défaut irréversible
|
|
Tableau 4.1: Echelle de notation de
BNPParibas
Source : Politique générale de notation corporate
de BNPParibas
Les critères de défaut :
Les contreparties classées dans la catégorie
11 sont celles pour lesquelles on constate :
· soit (a) un risque probable ou certain de défaut
de paiement, susceptible d'entraîner pour la banque un non recouvrement
partiel ou total des créances indépendamment de
garanties reçues (ceci inclut donc les emprunteurs dont
tout ou partie de la dette présente un risque probable ou certain
d'être restructurée en raison de leurs difficultés
financières)
· soit (b) l'existence d'un quelconque défaut de
paiement (en principal, intérêts ou commissions) non
régularisé dans un délai de 3, 6 ou 9 mois suivant le type
de créances,
· soit (c) l'existence d'une quelconque procédure
contentieuse telle que mesures de protection, redressement, ou
assimilées.
Les contreparties classées dans la catégorie
12 sont celles dont la banque estime, en présence d'un
cas de défaut (a), (b) ou (c), qu'elles ont une probabilité
quasi-nulle de retour en sain. Par définition les
contreparties en liquidation judiciaire sont incluses dans cette
catégorie.
1.2 La correspondance avec les ratings des agences de
notation
Pour chaque note dans l'échelle BNP Paribas,
une note équivalente dans les échelles des grandes agences de
notation1 a été attribuée. Cette comparaison
permet de passer aisément d'une échelle à une autre, ce
qui va nous permettre d'exploiter les données statistiques
publiées par les agences de rating.
BNPParibas Moody's S&P FITCH IBCA
|
1+
|
Aaa
|
AAA
|
AAA
|
1
|
Aa1
|
AA+
|
AA+
|
1-
|
Aa2
|
AA
|
AA
|
2+
|
Aa3
|
AA
|
AA-
|
2
|
A1
A2
|
A+
A
|
A+
A
|
2-
|
A3
|
A-
|
A-
|
3+/3/3-
|
Baa1
|
BBB+
|
BBB+
|
4+/4/4-
|
Baa2
|
BBB
|
BBB
|
5+/5/5-
|
Baa3
|
BBB
|
BBB-
|
6+
|
Ba1
|
BB+
|
BB+
|
6/6
|
Ba2
|
BB
|
BB
|
7+/7
|
Ba3
|
BB-
|
BB-
|
7-
|
B1
|
B+
|
B+
|
8+/8/8-
|
B2
|
B
|
B
|
9+/9/9-
|
B3
|
B-
|
B-
|
10+
|
Caa1
Caa2
Caa3
|
CCC+ CCC CCC-
|
CCC+ CCC CCC-
|
10
|
Ca
|
CC
|
CC
|
10-
|
C
|
C
|
C
|
11
|
D
|
SD/D
|
DDD/DD/D
|
12
|
|
Tableau 4.2: Correspondance indicative avec
les échelles de rating des agences de notation
Source : Politique générale de notation
corporate de BNPParibas
1 Standard & Poor's, Moody's et Fitch IBCA
1.3 La méthodologie de notation
A. L'attribution de la Note Contrepartie :
L'attribution de la note de contrepartie résulte d'une
analyse en trois étapes : Première étape -
Note Intrinsèque :
Une note doit être déterminée pour chaque
contrepartie considérée en tant que telle, indépendamment
du support apporté par un tiers, en utilisant l'échelle de Notes
BNPParibas.
Cette note, appelée Note Intrinsèque,
s'apprécie en fonction des catégories de critères
suivantes, communes à quasiment toutes les contreparties :
A) Risque de Business :
· Environnement :
· Environnement politique, économique et social du
Pays de Business
· Secteur d'activité et positionnement de la
contrepartie
· Exposition de la contrepartie au risque
environnemental.
· Evaluation du management (notamment qualité et
transparence de l'information financière),
B) Risque financier :
· Capacité de remboursement
· Sources de financement.
Deuxième étape - Support
:
Une contrepartie peut faire l'objet d'un éventuel support
positif (soutien) ou négatif, de la part d'une autre personne
morale1 à condition qu'il s'agisse :
· d'un actionnaire direct ou indirect détenant en
règle générale au moins une minorité de blocage,
· exceptionnellement, d'une entité sans
participation au capital de la contrepartie mais ayant de forts liens
économiques avec elle (à justifier).
La prise en compte de l'effet support dans la note de
contrepartie requiert l'identification de l'entité de support, qui doit
se voir attribuer elle-même une note de contrepartie.
Il ne peut y avoir, par convention, qu'une seule
entité de support. Lorsqu'une contrepartie a plusieurs actionnaires
à parité, elle doit, en règle générale,
être considérée comme ne bénéficiant d'aucun
support.
Le support, qu'il soit positif ou négatif, on lui
attribue le caractère : `Indéterminé', 'Faible', 'Fort' ou
'Très fort'.
1 Les personnes physiques ne doivent pas être
considérées comme entités de support.
Le caractère 'Total' peut être attribué
juste pour un support positif. Son usage est réservé aux
situations où l'entité de support est légalement
indéfiniment et solidairement responsable de toutes les obligations de
la contrepartie.
Troisième étape - Note de Contrepartie
:
La note de contrepartie résulte de la combinaison de
la note intrinsèque et d'un éventuel support. Cette combinaison
est fonction de la qualité du support - s'il est positif ou
négatif - mais aussi du caractère attribué à ce
dernier (Indéterminé, Faible, Fort, ...). Le tableau suivant
illustre les différentes combinaisons possibles :
Total
Très fort ou Fort
Très fort ou Fort
Faible ou indéterminé
Faible ou indéterminé
Caractère Combinaison : Note
intrinsèque/Note du support
La note de contrepartie du débiteur est égale
à la note de contrepartie de l'entité de support
la note de contrepartie du débiteur est comprise entre
sa note Intrinsèque et la note de contrepartie de l'entité de
support. Plus le support est fort, plus la note de contrepartie est proche de
la note de contrepartie de l'entité support. En aucun cas la note de
contrepartie n'est égale à la note de contrepartie de
l'entité support
La note de contrepartie du débiteur est moins bonne
que sa note intrinsèque, quelle que soit la note de contrepartie de
l'entité de support. Un support négatif très fort se
traduit par une note de contrepartie moins bonne qu'un support négatif
fort.
La note de contrepartie du débiteur est égale
à sa note intrinsèque
La note de contrepartie du débiteur est égale
à sa note intrinsèque
Tableau 4.3 : La combinaison Note
intrinsèque / Note du Support B. La prise en compte du risque
pays
Aucune contrepartie ne peut s'abstraire de son environnement
pays : ce principe conduit à attribuer une note intrinsèque
à l'emprunteur en le positionnant par rapport à la note
moyenne1 pays et à la note max2 de
son pays de business: les contreparties jugées meilleures que la moyenne
des contreparties de leur pays peuvent ainsi se voir attribuer une note
intrinsèque meilleure que la note moyenne de leur pays de
business, en restant toutefois au dessous de la Note Max.
1 La Note Moyenne Pays reflète la probabilité de
défaut médiane de l'ensemble des contreparties privées
d'un pays, sans tenir compte de la sélectivité du portefeuille de
crédit de la banque
2 La Note Max est la meilleure Note Intrinsèque pouvant
être attribuée dans un pays donné.
II. LE TAUX DE RECUPERATION GLOBAL (TRG) :
Le TRG reflète, pour chaque facilité, la
récupération espérée, en cas de défaut de la
contrepartie, par mise en jeu des garanties réelles et personnelles et
par recours direct contre l'emprunteur.
Le Taux de Récupération Global
caractérise ainsi le risque de non récupération
associé à chaque facilité en cas de défaut, quelle
que soit la probabilité de survenance de celui-ci, c'est- à-dire
quelle que soit la Note de Contrepartie de l'emprunteur.
Toutes les facilités octroyées à la
même contrepartie et présentant les mêmes
caractéristiques (garanties, rang...) doivent être
considérées comme ayant la même espérance de
récupération, donc le même Taux de
Récupération Global.
Le Taux de Récupération Global dépend :
· de la position de la banque (position senior ou position
subordonnée) par rapport aux autres créanciers ;
· du type de facilité et, en particulier, de la
structuration éventuelle de la facilité par des garanties
réelles ou personnelles ;
· de l'environnement juridique du pays (qui peut être
plus ou moins favorable aux créanciers en général et aux
banques en particulier) ;
· de la volatilité des actifs.
La pratique conduit à retenir des fourchettes quant
aux TRG à appliquer aux types de transactions pour lesquelles la
position de BNP Paribas est senior : Par exemple, le TRG retenu pour des lignes
en blanc où BNP Paribas est senior est compris entre 15 et 35%, pour des
lignes causées bénéficiant d'une garantie sur actifs le
TRG est compris entre 50 et 75%. ..etc.
Les positions subordonnées doivent se traduire par des
TRG plus faibles que les positions senior.
SECTION 3:
PRESENTATION DU PORTEFEUILLE
Il est utile avant d'entamer notre étude de
présenter le portefeuille sur lequel nous avons travaillé et les
procédures qui ont permis de disposer d'une base de données
compatible avec les objectif de notre étude.
Cette section portera d'abord sur une description des
différentes étapes de constitution de notre base de
données finale. Elle portera également sur les dispositions
relatives à l'attribution des paramètres de risque aux
contreparties et enfin, une analyse descriptive de notre portefeuille
finale.
I. CONSTITUTION DE LA BASE DE DONNEES:
Notre étude de cas porte sur un portefeuille de
crédits accordés par BNP Paribas El-Djazair aux
entreprises (Corporate) de différents secteurs
d'activité.
Les données relatives à ces engagements ont
été extraites de la base de données centrale du Groupe
BNP Paribes (CAPRI) par le biais du logiciel de gestion de base
de données « Business Objects ». Ce dernier nous a
permis d'extraire une base donnée contenant 975 engagements encours
à la date du 31/05/2008, que nous avons prise comme
date de référence.
La base de données fournit les informations suivantes
:
· L'identifiant international de
l'entreprise1
· La raison sociale
· La note de la contrepartie
· Le secteur d'activité
· Le type d'engagement
· La date d'autorisation
· La date d'échéance
· Le montant de l'autorisation
· Le montant utilisé
· Le TRG (Taux récupération global)
relatif à chaque facilité
· Le TRG Senior Unsecured de chaque
contrepartie
A partir de cette base de données, des retraitements
ont été faits afin d'obtenir un échantillon plus
cohérent avec les objectifs de notre étude. Les retraitements en
question ont aboutit à l'élimination de 53 lignes et de disposer
en définitif d'un échantillon composé de 922
crédits accordés à 260 entreprises.
1 Par souci de confidentialité, les identifiants et les
raisons sociales ont été volontairement effacées de la
base de données annexée dans le support magnétique.
Les crédits écartés présentent les
caractéristiques suivantes :
· Une utilisation de 0 DA qui rentrent dans le cadre d'une
ligne de crédit non confirmée;
· Les autorisations bénéficiant d'un TRG
de 100%. Principalement, il s'agit des lignes couvertes par des garanties
à première demande émises par des institutions
financières internationales de premier ordre.
II. DISPOSITIONS RELATIVES A L'ATTRIBUTION
DES PARAMETRES DE RISQUE:
2.1 Exposition en cas de défaut:
Pour calculer l'EAD dans notre cas, nous avons appliqué
les dispositions de la convention interne adoptée au sein du Groupe
BNPParibas. Il est à noter que cette dernière distingue
entre le calcul de l'EAD pour la détermination du capital
réglementaire et son calcul pour le capital économique. Dans le
premier cas, les dispositions de la convention ne sont rien d'autre qu'une
application directe du texte Bâlois. Cependant, pour le calcul du capital
économique, quelques divergences peuvent être
constatées.
Trois cas de figure peuvent alors se présenter :
A. Les facilités confirmées :
Il s'agit des facilités qui ont fait l'objet d'un
engagement formel et qui ne peuvent pas de ce fait être annulées
librement par la banque.
Pour le calcul du capital réglementaire, la part
non-utilisée est pondérée à un coefficient de 75%
et rajoutée au montant utilisé.
EAD = Utilisation + 75% (Autorisation - Utilisation)
Dans le cas du capital économique, la même
démarche a été adoptée. Toutefois, au lieu de 75%,
la pondération de la part non-utilisée n'est que de 55%.
EAD = Utilisation + 55% (Autorisation - Utilisation)
B. Les facilités non confirmées
:
Il s'agit des facilités sans engagement formel, qui
peuvent être dénoncées inconditionnellement ou
entraîner à tout moment et sans préavis, une annulation
automatique par la banque, par exemple à cause de la
détérioration de la qualité de crédit d'un
emprunteur.1
1 Texte intégral Bâle2 - Comité de Bâle
- §312 - Juin 2004
Dans le cas des facilités non-confirmées,
l'hypothèse que l'EAD soit égal au montant utilisé est
adoptée par BNP Paribas, que ce soit pour le calcul du capital
réglementaire ou pour le capital économique.
C. Les cautions de marché :
Dans le calcul du capital économique, ces engagements
bénéficient d'un traitement particulier. L'EAD de chaque caution
est égal à un pourcentage (á) de son montant
utilisé. Ainsi :
EAD = á * Utilisation
Le tableau suivant donne les coefficients de pondération
de chaque catégorie de caution de marché :
Caution
Caution de bonne exécution
|
Coefficient
15%
|
Garantie globale de cautionnement
|
15%
|
Caution de restitution d'acomptes
|
10%
|
Caution de retenue de garantie
|
10%
|
Caution de soumission
|
10%
|
Caution en cas de sous-traitance de marché
|
15%
|
Caution en faveur d'un sous-traitant de marché
|
15%
|
Performance bond
|
20%
|
Ligne cautions de marché
|
20%
|
Cautions de marché diverses
|
20%
|
Tableau 4.4: Coefficients de
pondération des encours sur cautions de marché
2.2 La probabilité de défaut:
Pour attribuer un taux de défaut moyen à chaque
contrepartie, nous avons utilisé le tableau contenu en annexe de la
politique de notation du Groupe, qui associe à chaque note une
série de taux de défauts (de 1 à 10 ans) calculés
sur la base des historiques de défaillances propres au groupe BNP
Paribas. De ce fait, il nous a suffit d'associer à chaque contrepartie
le taux de défaut moyen à un an qui correspond à sa
note.
Toutefois, il s'est avéré être un peu plus
compliqué de déterminer les écarts types des taux de
défaut. En effet, cette donnée - nécessaire dans
l'application CreditRisk+ que nous allons utiliser par la suite -
n'est pas fournie par la banque. Le recours à un processus de «
matching » avec une autre échelle de notation était
la seule solution dans ce cas. A cet effet, nous avons converti les notes de
BNP Paribas vers l'échelle de l'agence Standard &
Poor's à l'aide de la table de correspondance
présentée dans la section précédente. Les
écarts types ont été ensuite extraits d'une table
établie par l'agence de notation Standard & Poor's.
2.3 La perte en cas de défaut:
Pour le calcul de la Perte en cas de défaut de chaque
facilité, il nous a suffit de calculer le complément du Taux de
Récupération Global (LGD = 1 -TRG)
Néanmoins, nous avons constaté que notre
portefeuille contient des facilités pour lesquelles le
TRG n'a pas été attribué. Pour ces crédits
nous avons appliqué le TRG senior unsecured de
la contrepartie.
Le TRG senior unsecured représente une
estimation de la récupération espérée sur
une contrepartie sans la prise en compte des garanties. Sauf
exceptions, il doit être attribué, comme la note
de contrepartie, à chaque contrepartie de BNP PARIBAS et
réexaminé à chaque fois que la note fait
l'objet d'un réexamen.
III. ANALYSE DESCRIPTIVE DU PORTEFEUILLE
:
Cette analyse portera sur une répartition des
entreprises et du volume d'exposition par classe de risque,
par secteur d'activité et par type d'engagement.
3.1 Répartition des entreprises:
A. Par classe de risque :
Le tableau et le graphe ci-dessous illustrent la
répartition des entreprises selon leurs ratings :
4-
6+
6
6-
7+
7
7-
8+
8
8-
9
10-
11
12
Note
4-
|
Nombre 1
|
% 0.38%
|
6
|
18
|
6.82%
|
6-
|
16
|
6.06%
|
7+
|
52
|
19.70%
|
7
|
72
|
27.27%
|
7-
|
37
|
14.02%
|
8+
|
7
|
2.65%
|
8
|
22
|
8.33%
|
8-
|
10
|
3.79%
|
9
|
9
|
3.41%
|
10-
|
1
|
0.38%
|
11
|
4
|
1.52%
|
12
|
4
|
1.52%
|
Tableau 4.5: Répartition des entreprises
par classe de risque
Figure 4.1: Répartition des entreprises par
Classe de risque
Les remarques pouvant être retirées de cette
répartition sont les suivantes :
· Les entreprises dont les notes sont comprises
entre (7-) et (7+) représentent plus de 60% de
l'ensemble des entreprises
· A l'exception d'une entreprise notée
(4-), toutes les autres ont une note supérieure ou
égale à (6). Ceci peut être expliqué par la
prise en compte de la note pays : l'Algérie
étant notée 6, les meilleures entreprises
algériennes ne peuvent être mieux notées que
cela.
· Les contreparties en défaut
(notées 11 et 12) sont de l'ordre de huit (8), elles
représentent de ce fait un pourcentage de 3% de l'ensemble des
entreprises. Parmi ces
huit entreprises défaillantes on trouve cinq (5)
entreprises exerçant dans le secteur «
négoce-commerce ».
B. Par secteur d'activité :
Pour affecter les entreprises aux différents
secteurs d'activité nous avons fait recours en premier
lieu aux codes sectoriels attribués par BNP Paribas aux
entreprises. Ces codes étant constitués de six
chiffres présentent un degré élevé de
précision, ce qui donne une répartition sur des
centaines d'activités. Cependant, l'application simplifiée de
CréditRisk+ que nous allons utiliser par la
suite ne supporte plus que huit (08) secteurs y compris le secteur
représentant le risque spécifique. Par conséquent,
la solution était de construire notre propre
classification qui prend en compte deux critères essentiels : le
nombre d'entreprises qui évoluent dans chaque secteur
et le niveau d'exposition (EAD) par secteur. Cette démarche
nous a permis de répartir les entreprises sur six (06) secteurs
plus un que nous avons appelé « Autres » qui
englobe toutes les entreprises qui n'ont pu être affectées
à l'un des six secteurs. Dans la modélisation,
il sera considéré comme le secteur représentant le risque
spécifique, c'est-à-dire, que les entreprises
qui y sont classées vont être considérées
comme indépendantes.
Les sept secteurs sont les suivants :
· Industrie agroalimentaire : comprend les
entreprises de production et distribution des produits
agroalimentaires ;
· Négoce & commerce : comprend les
entreprises d'import/export et celles de distribution des
produits de large consommation ;
· Secteur pharmaceutique : comprend les entreprises
de production et d'importation de produits pharmaceutiques
;
· BTPH: comprend les entreprises de Bâtiments
et Travaux Publics ;
· Distribution automobile : comprend les
concessionnaires de différentes marques automobiles
;
· Autres industries : comprend toutes autres
industrie hors agroalimentaire ;
· Autres : comprend toutes les entreprises qui
n'ont pu être classées dans les autres
secteurs.
La répartition des entreprises sur les sept (07)
secteurs d'activité est donnée dans le tableau et
le graphe ci-dessous :
Secteur
Agroalimentaire
|
Nombre 22
|
% 8.46%
|
Négoce - Commerce
|
54
|
20.77%
|
Pharmaceutique
|
18
|
6.92%
|
Bâtiments & TP
|
36
|
13.85%
|
Distribution Automobile
|
26
|
10.00%
|
Autres industries
|
47
|
18.08%
|
Autres
|
57
|
21.92%
|
TOTAL
|
260
|
100%
|
|
Tableau 4.6 : Répartition des entreprises
par secteur d'activité
Agroalimentaire Autres
Autres industries BTPH
Distribution Automobile Négoce -
Commerce Pharmaceutique
Figure 4.2 : Répartition des entreprises
par secteur d'activité
3.2 Répartition du volume
d'exposition:
A. Par classe de risque :
La ventilation de l'exposition selon les ratings est
illustrée dans le tableau et le graphique suivants
:
4-
6+
6
6-
7+
7
7-
8+
8
8-
9
10-
11
12
Note
4-
|
EAD (en KDA)
584 506.00
|
%
0.91%
|
6 +
|
9499804.32
|
14.85%
|
6
|
12 420 256.16
|
19.42%
|
6-
|
5 586 241.66
|
8.73%
|
7+
|
6 865 215.48
|
10.73%
|
7
|
15 033 485.90
|
23.50%
|
7-
|
6 416 150.70
|
10.03%
|
8 +
|
862 482.15
|
1.35%
|
8
|
3 612 730.09
|
5.65%
|
8-
|
684 506.14
|
1.07%
|
9
|
1 422 333.68
|
2.22%
|
10 -
|
118 035.39
|
0.18%
|
11
|
323 769.00
|
0.51%
|
12
|
531 842.00
|
0.83%
|
|
Tableau 4.7: Répartition du volume
des expositions par classe de risque
Figure 4.3 : Répartition du volume
d'exposition par classe de risque
La remarque que nous pouvons faire est que 88% du
volume des expositions est reparti sur les entreprises dont
les notes sont inférieures ou égales à 7-.
B. Par secteur d'activité :
Le tableau et le graphique suivants représente la
répartition du volume d'exposition par secteur
d'activité
Secteur EAD (en KDA) %
|
Agroalimentaire
|
10
|
579
|
825.69
|
16.54%
|
Autres
|
8
|
374
|
173.18
|
13.09%
|
Autres industries
|
8
|
668
|
249.09
|
13.55%
|
Bâtiments & TP
|
4
|
601
|
603.54
|
7.19%
|
Distribution Automobile
|
16
|
026
|
597.03
|
25.06%
|
Négoce - Commerce
|
6
|
385
|
369.07
|
9.98%
|
Pharmaceutique
|
9
|
325
|
541.10
|
14.58%
|
|
Tableau 4.8: Répartition du volume
d'exposition par secteur d'activité
mentaire ndustries
tion Automobile - Commerce ceutique
|
|
Figure 4.4: Répartition du volume
d'exposition par secteur d'activité
C. Par type d'engagement
Notre portefeuille comprend différents types
de crédits, que ce soit des crédits du bilan (par
caisse) ou des engagements du hors bilan (crédits par
signature). Les crédits accordés par la banque
sont regroupés en onze (11) catégories:
Les crédits par caisse : crédits à
moyen terme, crédit de trésorerie, découverts,
facilités de caisse, escomptes et Avances
Les crédits par signatures : acceptations, avals,
cautions, ouvertures de crédit documentaire et autres
engagements par signature.
Le tableau et le graphique suivants illustrent la
répartition du volume d'exposition par type de
crédit :
Engagement Acceptation
|
EAD (en KDA)
5 794 859.57
|
%
9.06%
|
Autres crédits par signature
|
|
250
|
778.00
|
0.39%
|
Aval
|
|
481
|
826.09
|
0.75%
|
Avance
|
|
332
|
894.00
|
0.52%
|
Caution
|
1
|
976
|
826.35
|
3.09%
|
CMT
|
13
|
373
|
136.55
|
20.91%
|
Credit de trésorerie
|
|
77
|
969.00
|
0.12%
|
Decouvert
|
9
|
672
|
480.25
|
15.12%
|
Escompte
|
2
|
362
|
517.00
|
3.69%
|
Facilité de caisse
|
7
|
933
|
404.00
|
12.40%
|
Ouverture de credoc
|
21
|
704
|
667.88
|
33.93%
|
|
Tableau 4.9 : Répartition du volume
d'exposition par type d'engagement
|
Figure 4.5 : Répartition du volume
d'exposition par type d'engagement
|
|
SECTION 4:
MODELISATION DU RISQUE DE
CREDIT
La modélisation du risque de crédit
nous fournit les deux principaux paramètres de risque de
RAROC, en l'occurrence : la perte attendue (EL) et la perte inattendue
(UL). Pour estimer ces deux paramètres nous avons
utilisé une application simplifiée du modèle
CréditRisk+, téléchargeable
gratuitement sur le site de Crédit Suisse1.
I. PRESENTATION DE L'APPLICATION CREDITR
ISK+
Cette application de « CreditRisk+ »
est un classeur MS Excel muni d'une macro
complémentaire, qui permet le traitement d'un portefeuille
contenant jusqu'à 4000 facilités.
Le classeur est composé de huit (08) feuilles de
calcul:
· La première « Control Page »
est une page de contrôle, qui permet d'accéder aux
différentes fonctionnalités du modèle.
1
www.csfb.com
· Les pages 2-7 fournissent des exemples afin d'illustrer
les différentes options d'utilisation de l'application.
· La huitième page « Blank Template
» est une page vide, sur laquelle nous allons introduire nos
données.
L'utilisateur doit introduire les inputs suivants :
· Les expositions nettes (EAD ' LGD) ;
· Les taux de défaut moyens ;
· Les écart-types des taux de défaut ;
· Les facteurs de risque (secteurs d'activité).
L'application CreditRisk+ que nous avons utilisé prend
en charge l'approche hold to maturity qui permet de prendre en compte
des échéances différentes. Elle permet aussi une analyse
sectorielle généralisée en affectant une entreprise
à plusieurs secteurs d'activité (ou régions
géographiques). Cependant, dans notre cas, nous allons nous passer de
cette option à cause de la difficulté de sa mise en oeuvre. Nous
allons donc affecter chaque emprunteur à un seul secteur
d'activité.
Le tableau ci-dessous présente les données du
portefeuille telles qu'elles étaient introduites sur la page
Blank Template :
Name
|
Exposure
|
Mean Default rate
|
Default rate
Standard Deviation
|
Sector Split
|
|
Agroa
|
BTPH
|
Négo Com
|
Distri Auto
|
Phar
|
Autr indus
|
1
|
2 464.41
|
2.11%
|
2.00%
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
2
|
93 930.28
|
2.11%
|
2.00%
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
3 262.50
|
21.81%
|
7.78%
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
146 791.38
|
11.27%
|
7.78%
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
5
|
7326.36
|
3.07%
|
2.00%
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
6
|
731.16
|
1.00%
|
1.12%
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
7
|
432.69
|
3.07%
|
2.00%
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
3 419.20
|
8.06%
|
4.44%
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
9
|
4 855.34
|
2.11%
|
2.00%
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
10
|
176 430.99
|
3.07%
|
2.00%
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
11
|
57 629.31
|
6.82%
|
4.44%
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
12
|
204 339.85
|
11.27%
|
7.78%
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
13
|
30 438.84
|
3.07%
|
2.00%
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
14
|
291 505.61
|
0.69%
|
0.99%
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
15
|
176 121.35
|
11.27%
|
7.78%
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
Tableau 4.10 : Extrait1 des
données introduites dans l'application CreditRisk+
Une fois les données sont bien renseignées,
l'utilisateur doit cliquer sur le bouton « Activate model »
afin d'afficher la boite de dialogue sur laquelle il pourra renseigner les
plages de cellules correspondant à chaque Input (exposition, taux de
défaut moyen,...) et celles correspondant aux Outputs (les contributions
au risque, les quantiles et la distribution des pertes). On trouve aussi une
case à cocher « use sector 1 for specific risk » qui
permet de
1 L'intégralité des résultats est
disponible sur le support magnétique annexé.
spécifier que le secteur N°1 concerne les
entreprises dont le défaut n'est affecté que par un risque
spécifique1. Cette boite de dialogue permet également
de choisir un niveau de confiance pour le calcul des contributions. Dans notre
cas, le seuil de confiance choisi est 99.9%.
Figure 4.6: Boite de dialogue de
l'application CréditRisk+
II. LES RESULTATS DE LA MODELISATION:
En cliquant sur le bouton « Proceed », le
programme procède à une vérification des données
introduites, puis il affiche les résultats sur la page de calcul sous
forme de trois tableaux :
· La distribution des pertes
· Les quantiles de la distribution
· La perte attendue de chaque facilité et sa
contribution en risque
2.1 La distribution des pertes:
Pour établir la distribution des pertes, le
modèle procède à une décomposition du portefeuille
à des multiples n de l'unité
d'exposition L. cette unité est choisie
automatiquement par le modèle (elle est de 20 204 KDA dans notre cas).
Par la suite, le modèle associe à chaque montant
(nL) une probabilité d'occurrence d'une perte
égale à ce montant.
1 Dans notre cas, nous avons pris le secteur «
Autres» pour représenter les entreprises affectées
uniquement par le risque spécifique.
Le tableau suivant est extrait1 du tableau
de la distribution des pertes tel qu'il est retourné par
le modèle sur la feuille de calcul :
Figure 4.7 : Distribution des pertes
Exposition Probabilité
|
|
0
|
0.0016%
|
|
20
|
204
|
0.0019%
|
|
40
|
408
|
0.0031%
|
|
60
|
612
|
0.0051%
|
|
80
|
816
|
0.0073%
|
|
101
|
020
|
0.0106%
|
|
121
|
224
|
0.0147%
|
|
141
|
428
|
0.0187%
|
|
161
|
632
|
0.0255%
|
|
· · ·
|
|
· · ·
|
5
|
253
|
040
|
0.0023%
|
5
|
273
|
244
|
0.0022%
|
5
|
293
|
448
|
0.0021%
|
5
|
313
|
652
|
0.0021%
|
|
Tableau 4.11: Extrait du tableau de distribution
des pertes
L'asymétrie de la courbe et sa queue longue
étalée vers la droite nous laisse juger que la
distribution des pertes est conforme avec la forme
théorique.
Le tableau suivant donne les coefficients
d'asymétrie (moment d'ordre 3) et d'aplatissement
(moment d'ordre 4) de la distribution des pertes.
Statistique Formule Valeur
|
|
Coefficient d'asymétrie (Skewness)
|
1 n
|
[x --E(x)] 3
a3
|
1.03
|
|
Coefficient d'aplatissement
(Kurtosis)
|
1 [x -- E (x)] 4
na4
|
-0.44
|
|
Tableau 4.12: Coefficients d'asymétrie et
s'aplatissement de la distribution des pertes
Le Skewness (moment d'ordre 3) étant
non nul confirme l'asymétrie de la distribution. La
valeur positive du coefficient explique l'étalement de la
distribution vers la droite. Tandis que le Kurtoisis
(moment d'ordre 4) négatif indique que les queues comptent moins
d'observations que dans une distribution
gaussienne.
2.2 Les quantiles :
Le tableau des quantiles nous permet d'avoir la valeur
de la VaR à différents niveaux de
confiance.
1
L'intégralité des résultats est disponible sur le support
magnétique
annexé.
CHAPITRE III : (ETUDE DE CAS) APPLICATION DE LA METHODE
RAROC
|
|
|
|
|
|
1514979
|
|
50
|
1389320
|
|
|
75
|
1 861 011
|
|
|
95
|
2 833 334
|
|
|
97.5
|
3 253 512
|
|
|
99
|
3 770 898
|
|
|
99.5
|
4137324
|
|
|
99.75
|
4496294
|
|
|
99.9
|
4 974 183
|
|
|
Tableau 4.13 : Tableau des qua nti les
Comme nous l'avons déjà précisé, le
niveau de confiance retenu dans notre cas pour le calcul du capital
économique et des contributions en risque est 99.90 %.
De la table des quantiles, nous pouvons extraire la VaR à
99.90%
VaR portefeuille = 4 974 183 KDA
La meme table nous fournie la perte attendue (la perte moyenne)
du portefeuille.
EL portefeuille = 1 514 979 KDA
À ce stade, il est devenu possible de calculer le
montant du capital économique. Celui-ci représente le montant de
la perte inattendue (UL) du portefeuille. Il nous suffit donc de soustraire le
montant de la perte attendue de la VaR:
UL= VaR - EL
UL portefeuille = 3 459 204 KDA
2.3 La contribution en risque:
Le troisième tableau fourni par le model, nous donne
le montant de la perte attendue (EL) et la contribution en risque (RC) de
chaque contrepartie. Le calcul des pertes attendues au niveau individuel se
fait de la manière suivante :
ULi = RCi - ELi
Le tableau suivant est un extrait1 du calcul des
pertes inattendues :
1 L'intégralité des résultats est
disponible sur le support magnétique annexé.
Contrepartie
1
|
EL
52.00
|
RC
181.00
|
UL
129.00
|
2
|
1 981.93
|
3 681.00
|
1 699.07
|
3
|
711.55
|
1302.00
|
590.45
|
4
|
16543.39
|
37689.00
|
21 145.61
|
5
|
224.92
|
363.00
|
138.08
|
6
|
7.31
|
125.00
|
117.69
|
7
|
13.28
|
96.00
|
82.72
|
8
|
275.59
|
767.00
|
491.41
|
9
|
102.45
|
214.00
|
111.55
|
10
|
5 416.43
|
14765.00
|
9348.57
|
11
|
3 930.32
|
5 960.00
|
2029.68
|
12
|
23 029.10
|
69875.00
|
46845.90
|
13
|
934.47
|
1425.00
|
490.53
|
14
|
2011.39
|
6213.00
|
4201.61
|
15
|
19848.88
|
53 758.00
|
33 909.12
|
|
Tableau 4.14: Extrait du calcul des pertes
inattendues
SECTION 5:
ESTIMATION DES PARAMETRES COMPTABLES
Après avoir calculé les deux paramètres
liés au risque, il nous reste d'estimer les deux paramètres
comptables : les revenus et les coûts d'opérations.
I. ESTIMATION DES REVENUS:
Dans le calcul des revenus, nous avons adopté
l'approche la plus restrictive qui suppose que les commissions quelque soit
leur nature doivent être écartées. Ainsi, nous allons nous
intéresser à calculer la marge sur intérêts par
client et non pas le PNB qui suppose l'intégration des commissions.
1.1 Détermination des intérêts
perçus:
Dans cette étape nous allons déterminer le montant
des intérêts réels versés par chaque client au cours
de la période allant du 31/05/2007 au 31/05/2008.
Grâce au logiciel de gestion de bases de données
« Business Object » nous avons réussi à
concevoir une base de données contenant les soldes des comptes de
produits sur opérations avec clientèle. Cette démarche
nous a permis d'avoir le montant des intérêts versés par
chaque client au cours de la période étudiée.
Dans le but de calculer un RAROC par secteur nous avons
procéder à une consolidation des comptes afin d'obtenir le
montant des intérêts perçus de chaque secteur. Le tableau
ci dessous illustre la ventilation de ses intérêts :
Secteur
Pharmaceutique
|
Montant (en DZD)
628 779 860
|
Agroalimentaire
|
530
|
508
|
930
|
BTPH
|
355990740
|
Négoce-commerce
|
325
|
707
|
290
|
Distribution Automobiles
|
760
|
155
|
900
|
Autres industries
|
474
|
064
|
210
|
Autres
|
478
|
396
|
740
|
TOTAL
|
3553603
|
670
|
|
Tableau 4.15 : Intérêts
perçus par secteur d'activité
1.2 Calcul du coût des ressources:
Cette étape consiste à déterminer le
coût de refinancement des crédits par caisse. Dans notre cas ce
coût est le taux moyen pondéré des ressources. Pour
l'estimer, nous avons procédé comme suit :
Nous avons calculé les intérêts
versés par la banque à sa clientèle durant la
période étudiée (du 31/05/2007 au 31/05/2008), le tableau
suivant illustre la ventilation de ceux-ci.
Compte Montant (en DZD)
|
Intérêts sur comptes ordinaires
créditeurs
|
19
|
788
|
295.62
|
Intérêts sur livrets ordinaires
|
38
|
396
|
846.52
|
Intérêts sur comptes créditeurs à
terme
|
145
|
702
|
734.32
|
Intérêts sur bon de caisse et bon
d'épargne
|
29
|
723
|
019.71
|
TOTAL
|
233
|
610
|
896.17
|
|
Tableau 4.16: les intérêts
versés par la banque sur les ressources
rémunérées
Par le biais du logiciel « Business Object » nous
avons pu obtenir le tableau ci-dessous qui illustre l'évolution des
comptes des ressources durant la période étudiée. Sur la
base de ces données, nous avons calculé une moyenne pour chaque
catégorie de ressources.
Ressources (en MDZD) Comptes ordinaires
à vue
|
Juin-07
29 500.00
|
Juil-07
29 350.00
|
août-07
29510.26
|
sept-07
30446.46
|
oct-07
30 753.44
|
nov-07
29515.14
|
Dépôts de garantie
|
4425.00
|
4420.40
|
4432.42
|
4 321.99
|
4 349.13
|
4384.90
|
Ressources non
rémunérées
|
33925.00
|
33770.40
|
33 942.68
|
34768.45
|
35 102.57
|
33 900.04
|
CERS
|
1413.20
|
1485.54
|
1518.29
|
1704.93
|
1805.58
|
1866.65
|
Comptes à terme
|
5 083.63
|
5 208.75
|
5 388.01
|
4 342.00
|
4 174.76
|
6 339.11
|
Ressources rémunérées
|
6496.83
|
6 694.29
|
6 906.29
|
6046.93
|
5 980.34
|
8205.76
|
TOTAL
|
40421.83
|
40464.69
|
40 848.97
|
40815.38
|
41082.91
|
42 105.80
|
|
déc-07 janv-08 févr-08 mars-08 avr-08
mai-08 Moyenne
|
30614.84
|
30812.83
|
30708.12
|
33539.92
|
34487.04
|
35343.78
|
31215.15
|
4757.24
|
4700.23
|
4782.35
|
5434.84
|
5 748.15
|
6043.68
|
4 816.69
|
35372.07
|
35 513.06
|
35490.47
|
38 974.76
|
40235.18
|
41 387.46
|
36 03 1.85
|
1932.90
|
1993.48
|
2 084.81
|
2 202.13
|
2 279.83
|
2424.13
|
1 892.62
|
5 749.59
|
6 943.25
|
9665.19
|
12 014.70
|
11850.81
|
10 190.15
|
7 245.83
|
7682.49
|
8936.73
|
11 750.00
|
14216.83
|
14130.64
|
12 614.28
|
9 138.45
|
43054.56
|
44 449.79
|
47240.47
|
53 191.59
|
54365.82
|
54 001.74
|
45 170.30
|
|
Tableau 4.17: Evolution des ressources (de
Juin 2007 à Mai 2008)
Le taux moyen des ressources rémunérées
peut être obtenu en rapportant le total des intérêts
versés par la banque sur ses opérations avec sa clientèle
à la moyenne des ressources rémunérées
estimée sur la période étudiée.
TMPRr = 233. 61 / 9 138.45 = 2.56%
Mais la banque dans son exploitation utilise non seulement
les ressources rémunérées mais aussi les ressources
gratuites provenant essentiellement des dépôts à
vue1. Celles-ci représentent une proportion de 80% du total
des ressources de BNP Paribas El-Djazair.
Pour calculer le TMP de toutes les ressources
(rémunérées et non rémunérées), il
nous a suffit de faire intégrer les ressources non
rémunérées (dépôts à vue et
dépôts de garantie) au dénominateur.
Ainsi le taux moyen pondéré des ressources (TMP)
sera donné par:
TMP= E Intérêts versés / E Ressources
TMP = 0.52 %
Après avoir déterminé le TMP,
l'étape suivante sera de déterminer la maturité de chaque
crédit. Pour les crédits accordés avant le 31/05/2007 et
échoiront après le 31/05/2008 nous avons pris la maturité
égale à une (01) année. Pour les autres crédits, la
maturité représente la durée d'exploitation du
crédit pendant la période d'étude donnée en
année. Elle peut être calculée de la manière
suivante :
Nombre de jours d'exploitation
M
365
|
|
Une fois nous avons déterminé la
maturité, l'estimation du coût de ressources mises à la
disposition de chaque client devient possible. Pour ce faire, il suffit
d'appliquer le taux de 0.52 sur le montant utilisé du crédit
multiplié par sa maturité.
Vue que les crédits par signature ne supportent pas un
coût de ressource, le TMP sera appliqué uniquement sur
crédits par caisse (facilités de caisses, découverts,
crédit de trésorerie, CMT, escompte). Le tableau ci-dessous est
extrait2 du calcul des coûts de ressources
Type crédit Date Date
d'autorisation d'échéance
|
Utilisation Maturité Coût de
(KDA) (Année) ressources (KDA)
|
CMT
|
2003
|
12
|
28
|
2008
|
06
|
03
|
|
149.00
|
1
|
0.77
|
ESCOMPTE
|
2008
|
02
|
27
|
2009
|
02
|
28
|
6
|
600.00
|
0.25
|
8.58
|
CMT
|
2005
|
02
|
16
|
2013
|
01
|
13
|
17
|
500.00
|
1
|
91.00
|
CMT
|
2006
|
06
|
22
|
2012
|
09
|
05
|
52
|
250.00
|
1
|
271.70
|
FACILITE DE CAISSE
|
2007
|
07
|
12
|
2008
|
06
|
30
|
18
|
191.00
|
0.88
|
83.24
|
|
1 Celles-ci peuvent être assimilées à une
ressource à un taux de 0%.
2 L'intégralité des résultats
est disponible sur le support magnétique annexé.
CMT
|
200709 11
|
20120905
|
56000.00
|
0.72
|
209.66
|
CMT
|
200606 19
|
200806 27
|
2083.00
|
1
|
10.83
|
DECOUVERT
|
200805 19
|
200905 31
|
120 000.00
|
0.03
|
17.10
|
CMT
|
200705 03
|
201204 15
|
13 065.00
|
1
|
67.94
|
FACILITE DE CAISSE
|
2007 12 17
|
200803 31
|
15 153.00
|
0.29
|
22.98
|
DECOUVERT
|
200704 18
|
200803 31
|
73 116.00
|
0.83
|
316.84
|
FACILITE DE CAISSE
|
200803 09
|
2008 11 30
|
36768.00
|
0.22
|
41.91
|
DECOUVERT
|
2007 12 18
|
2008 03 31
|
74434.00
|
0.27
|
106.04
|
DECOUVERT
|
2007 12 18
|
200901 31
|
176 989.00
|
0.46
|
421.82
|
|
Tableau 4.18: Extrait du calcul des
coûts de ressources par crédit
1.3 Détermination de la marge sur
intérêts:
La marge sur intérêts est
déterminée en retranchant le coût de ressources du montant
des intérêts versés par le client sur ses lignes du bilan.
Cette marge va représenter dans notre cas le seul revenu
généré par client.
II. ESTIMATION DES COUTS D'OPERATIONS:
L'estimation des coûts par opération s'est
avérée être l'étape la plus compliquée en
raison de l'absence d'un système de comptabilité analytique au
sein de la structure d'accueil.
Pour estimer le coût d'opération, nous avons
fait recours à une démarche simplifiée basée sur
l'hypothèse que le coût de chaque crédit soit proportionnel
au revenu généré par ce dernier, de ce fait notre
démarche va consister à retrancher la même proportion de
chaque revenu d'opération. Cette proportion reflète le poids des
charges engendrées par les opérations de la banque avec sa
clientèle par rapport aux produits générés de ces
opérations.
2.1 Les rubriques concernées:
· Les frais de personnel
· Les impôts et taxes
· Les charges de locations
· Les frais de transport et déplacement
· Les charges diverses d'exploitation bancaire
Rubrique Montant (DZD)
|
Frais de personnel
|
1
|
860
|
424
|
033.90
|
Ch. diverses d'exploitation
|
|
90
|
853
|
707.26
|
Impôts et taxes
|
|
306
|
057
|
474.97
|
Charges de locations
|
|
467
|
865
|
080.33
|
Frais de transports
|
|
212
|
443
|
649.44
|
TOTAL
|
2
|
937
|
643
|
945.90
|
|
Tableau 4.19: Répartition des charges
de BNP Paribas El-Djazair (du 31/05/2007 au 31/05/2008)
2.2 Estimation des charges sur opérations avec
clientèle
Dans cette étape nous allons supposer une relation
linéaire entre les charges et les produits de la banque. Par
conséquent, la proportion des charges sur opérations avec la
clientèle coïncide avec la proportion des produits
générés des opérations avec celle-ci.
E Charges sur opération avec clientèle
|
= E Produits sur opérations avec clientèle
|
|
|
|
Total Charges Total Produits
Le tableau suivant illustre le calcul des charges sur
opérations avec clientèle :
1 Produits sur opérations avec clientèle
|
3
|
730
|
143
|
867.82
|
Total produits
|
7
|
094
|
984
|
677.00
|
Proportion des produits sur opérations avec
clientèle
|
|
|
52.57%
|
Total charges
|
2
|
937
|
643
|
945.90
|
1 charges sur opérations avec
clientèle
|
1
|
544
|
447
|
951.55
|
|
Maintenant qu'on a estimé le total des charges de la
banque sur ses opérations avec sa clientèle, l'étape
suivante sera de déterminer le coût d'opération par client.
Ce coût représente une proportion des revenus
générés par chaque client. Celle-ci peut être
donnée par :
E Charges sur opération avec clientèle
|
= 41.40%
|
E Produits sur opérations avec clientèle
|
|
Ainsi nous allons retrancher du revenu de chaque
crédit une proportion 41.40% qui représentera le coût de ce
crédit. Cela suppose que le revenu d'une opération couvre
forcement le coût de cette dernière, ce qui n'est pas toujours
vrais.
Nous tenons à préciser que notre méthode
est basée sur une hypothèse purement arithmétique, qui ne
repose sur aucune technique comptable.
SECTION 6:
CALCUL DE RAROC
Après avoir réuni tous les paramètres
constituant le RAROC, nous allons à présent procéder
à l'application de cette méthode. Pour ce faire, nous allons
calculer dans un premier temps un taux butoir (hurdle rate) qui
représentera notre objectif de rentabilité. Par la suite, Nous
allons calculer le RAROC global du portefeuille, un RAROC par client et par
secteur d'activité, pour aboutir à une analyse des
résultats, sur la base de laquelle nous tirerons nos conclusions.
I. LE CALCUL DU TAUX BUTOIR (HURDLE RATE):
Le taux butoir que nous avons choisi est le taux de rendement
des fonds propres ROE (Return On Equity), la formule de cet indicateur
est donnée par :
La ventilation des fonds propres de la banque au 3 1/12/2007 est
donnée par le tableau suivant :
LIBELLE
CAPITAL SOCIAL
|
MONTANT (KDA)
3 500 000.00
|
RESERVES AUTRES QUE RESERVES DE REEVALUATION
|
|
463
|
406.84
|
FONDS POUR RISQUES BANCAIRES GENERAUX
|
1
|
158
|
281.28
|
REPORTA NOUVEAU CREDITEUR
|
1023540.00
|
BENEFICE DE L'EXERCICE
|
1
|
733
|
190.00
|
à déduire
|
|
|
IMMOBILISATIONS INCORPORELLES D'EXPLOITATION
|
|
53
|
128.00
|
FONDS PROPRES DE BASE
|
7
|
825
|
290.11
|
FONDS PROPRES COMPLEMENTAIRE
|
|
|
-
|
à déduire
|
|
|
PARTICIPATIONS DANS DES BANQUES ET EF
|
|
15
|
675.00
|
FONDS PROPRES NETS
|
7
|
809
|
615.11
|
|
Tableau 4.20 : Ventilation des fonds propres de
la banque au 31/12/2007 Le taux de rentabilité des fonds propres (ROE)
est donc de :
ROE = 22. 19%
II. LE CALCUL DE RAROC PORTEFFEUILLE:
Bien qu'au niveau global RAROC ne puisse être
considéré comme un outil gestion, son calcul est peut être
jugé intéressant pour mesurer la performance globale vu qu'il
fournit un indicateur synthétique de la rentabilité
ajustée pour le risque au niveau global.
Dans le calcul du RAROC global sur notre portefeuille, nous
nous sommes retrouvés devant un constat particulier qui nous a
posé un problème d'ordre méthodologique. Il s'agit de la
prise en compte ou non des entreprises défaillantes. Celles-ci
contribuent avec un pourcentage de 29% dans la VaR du portefeuille, ce qui
influera fortement le résultat. De plus nous avons constaté
qu'aucune de ces contreparties n'a généré
d'intérêts durant la période de notre étude, cela
nous laisse supposer que ces entreprises se sont retrouvées en cessation
de paiement avant le début de cette période, ce qui pourra
justifier leur élimination.
De ce fait, nous avons jugé intéressant de
procéder au calcul de RAROC global de deux manières
différentes : dans un premier temps nous calculons RAROC en
intégrant toutes les contreparties (saines et défaillantes), par
la suite nous allons écarter les entreprises défaillantes et voir
l'impact de celles-ci sur le RAROC.
Le calcul de RAROC sur le portefeuille incluant toutes les
contreparties (saines et défaillantes) est illustré dans le
tableau suivant :
LIBELLE Intérêts perçus
|
MONTANT (KDA)
3 551 371.38
|
Coût de ressources
|
|
112
|
448.15
|
Marge sur intérêt
|
3
|
438
|
923.23
|
Coûts
|
1470
|
428.07
|
Perte attendue (EL)
|
1
|
514
|
979.17
|
VaR (à 99.9 %)
|
4
|
974
|
188.00
|
UL
RAROC global
|
3459 208.83
13.11%
|
|
Tableau 4.21 : Calcul de RAROC du portefeuille
global
Avant d'estimer le RAROC sur le portefeuille des entreprises
saines, il est utile de présenter quelques données relatives
à la contribution des huit entreprises défaillantes dans le
risque global du portefeuille
ID
65
|
Secteur
Autres industries
|
EL
5 769.00
|
RC
11 861.00
|
Contribution dans laVaR
0.24%
|
115
|
Négoce-commerce
|
84 148.20
|
160 820.00
|
3.23%
|
143
|
Négoce-commerce
|
52 406.75
|
82 171.00
|
1.65%
|
153
|
Négoce-commerce
|
147 515.25
|
335 143.00
|
6.74%
|
165
|
Négoce-commerce
|
187 702.50
|
476 366.00
|
9.58%
|
167
|
Autres industries
|
71 701.50
|
128 547.00
|
2.58%
|
171
|
Autres
|
20 907.00
|
31 733.00
|
0.64%
|
201
|
Négoce-commerce
|
115 433.10
|
223 678.00
|
4.50%
|
TOTAL
|
|
685 583.30
|
1450319.00
|
29.16%
|
|
Tableau 4.22: Contribution des entreprises
défaillantes dans le risque global
Le calcul de RAROC global sur les entreprises saines est
illustré dans le tableau suivant :
LIBELLE Intérêts perçus
|
MONTANT (KDA)
3 551 371.38
|
Coût de ressources
|
|
108
|
020.03
|
Marge sur intérêt
|
3
|
443
|
351.35
|
Coûts
|
1
|
470
|
428.07
|
Perte attendue (EL)
|
|
829
|
395.87
|
VaR (à 99.9 %)
|
3
|
523
|
869.00
|
UL
RAROC global
|
2694473.13
42.44%
|
|
Tableau 4.23: Calcul de RAROC global sans
prise des expositions sur les clients en défaut
III. LE CALCUL DE RAROC PAR CLIENT:
Vue le nombre important de contreparties constituant notre
portefeuille, nous allons limiter notre étude sur un nombre restreint de
clients. Ainsi, notre étude va porter sur le calcul de RAROC pour 25
clients sur lesquels la banque a les expositions nettes les plus importantes.
Notons que l'exposition sur ces 25 clients représente 56% de
l'exposition totale de la banque sur son portefeuille Corporate. Le
tableau ci-dessous illustre le calcul de RAROC de ces clients :
145
|
Note 6-
|
Secteur Distribution Auto
|
Encours (KDA)
2 020 326.47
|
Marge (KDA)
101 928.91
|
Coûts (KDA)
42 198.57
|
EL (KDA)
29496.77
|
UL (KDA)
440 133.00
|
RAROC
7.36%
|
186
|
6+
|
Agroalimentaire
|
1920 020.28
|
80 518.09
|
34420.95
|
13248.14
|
192 086.00
|
18.37%
|
25
|
6
|
Pharmaceutique
|
1536 393.07
|
62 180.63
|
26441.89
|
15 363.93
|
182 680.00
|
12.18%
|
26
|
6
|
Distribution Auto
|
1 119 578.19
|
85 277.18
|
35 960.29
|
11 195.78
|
101 743.00
|
42.10%
|
168
|
6+
|
Distribution Auto
|
924 195.30
|
121 785.35
|
50456.96
|
6 376.95
|
49 072.00
|
152.13%
|
63
|
7
|
Autres industries
|
832 159.70
|
67 278.52
|
28767.39
|
25 547.30
|
177 180.00
|
8.55%
|
49
|
7+
|
Autres industries
|
698 817.34
|
48 827.07
|
20507.53
|
14745.05
|
87 544.00
|
18.65%
|
242
|
7
|
Distribution Auto
|
659 898.63
|
13496.67
|
6073.69
|
20258.89
|
120 748.00
|
-12.77%
|
80
|
6
|
Distribution Auto
|
647 896.66
|
14428.78
|
6085.40
|
6478.97
|
39212.00
|
5.70%
|
29
|
7
|
Agroalimentaire
|
630 655.75
|
84 752.50
|
35 087.54
|
19361.13
|
113 739.00
|
32.11%
|
189
|
7
|
Agroalimentaire
|
607 405.53
|
18 322.34
|
9 174.23
|
18647.35
|
107 490.00
|
-10.69%
|
261
|
7
|
Pharmaceutique
|
573 408.55
|
108 837.49
|
45 880.71
|
17603.64
|
94 932.00
|
58.65%
|
125
|
7+
|
Commerce
|
571 898.41
|
22 021.08
|
9424.67
|
12067.06
|
61396.00
|
1.07%
|
126
|
8
|
Pharmaceutique
|
563043.51
|
70878.06
|
29439.66
|
38399.57
|
199071.00
|
1.89%
|
74
|
6
|
Autres industries
|
543 709.82
|
41 855.78
|
17536.68
|
5 437.10
|
25 722.00
|
93.08%
|
210
|
6
|
Autres industries
|
520 637.90
|
75 949.00
|
31892.63
|
5 206.38
|
24 034.00
|
206.35%
|
260
|
7+
|
Autres industries
|
468 118.29
|
21 998.62
|
9 107.43
|
9 877.30
|
43 795.00
|
8.89%
|
144
|
7
|
Distribution Auto
|
467 909.96
|
54434.02
|
22 783.70
|
14364.84
|
69428.00
|
31.39%
|
240
|
7
|
Agroalimentaire
|
447892.39
|
6571.19
|
2888.97
|
13750.30
|
64316.00
|
-19.91%
|
56
|
7
|
Agroalimentaire
|
435 281.18
|
110 065.93
|
49684.77
|
13363.13
|
59 895.00
|
101.04%
|
45
|
6
|
Commerce
|
416 877.56
|
15 580.80
|
6456.41
|
4 168.78
|
16533.00
|
40.08%
|
28
|
6
|
Distribution Auto
|
408 597.22
|
6622.37
|
2746.55
|
4085.97
|
18068.00
|
-1.50%
|
194
|
6
|
BTPH
|
393 219.39
|
81998.97
|
34897.19
|
3932.19
|
15 330.00
|
378.75%
|
117
|
7
|
Autres industries
|
381 427.13
|
22 285.11
|
9566.10
|
11709.81
|
43849.00
|
3.14%
|
35
|
4-
|
BTPH
|
371 830.10
|
42850.13
|
18688.63
|
780.84
|
2946.00
|
1079.86%
|
|
Tableau 4.24: Calcul de RAROC par client
IV. LE CALCUL DE RAROC PAR SECTEUR
D'ACTIVITE:
Le calcul de RAROC par secteur d'activité permet de
repérer les secteurs les plus rentables compte tenu du risque qu'ils
génèrent ainsi que ceux qui produisent des risques importants
sans procurer la rentabilité souhaitée.
Comme nous avons fait dans le calcul du RAROC global, nous
allons d'abord calculer le RAROC de chaque secteur d'activité en
intégrant le risque sur les entreprises défaillantes, en suite
nous allons le recalculer pour les secteurs dans lesquelles on trouve des
contreparties en défaut.
Secteur Pharmaceutique
|
Marge
610 383.28
|
Charges
260 314.86
|
EL
133 954.71
|
UL
510 998.29
|
RAROC
42.29%
|
Agroalimentaire
|
501
|
867. 18
|
219
|
630.70
|
141 540.49
|
561 966.51
|
25.04%
|
BTPH
|
345
|
781.89
|
147
|
380.17
|
40520.45
|
46 058.55
|
342.78%
|
Négoce-commerce
|
317
|
798.60
|
134
|
842.82
|
696 488.11
|
858 926.89
|
-59.79%
|
Distribution-Auto
|
752
|
697. 17
|
314
|
704.54
|
132 556. 17
|
825 927.83
|
36.98%
|
Autres industries
|
463
|
878.40
|
196
|
262.58
|
234 303.70
|
492 512.30
|
6.76%
|
Autres
|
448
|
749.00
|
198
|
056.25
|
135 615.54
|
162 818.46
|
70.68%
|
Calcul sans prise en compte de l'exposition sur les
entreprises défaillantes
|
Négoce-commerce
|
321
|
596.52
|
134
|
842.82
|
109 282.31
|
167 954.68
|
46.13%
|
Autres industries
|
464
|
387.90
|
196
|
262.58
|
156 833.19
|
429 574.80
|
25.91%
|
Autres
|
448
|
869.80
|
198
|
056.25
|
114 708.54
|
151 992.45
|
89.55%
|
|
Tableau 4.25: Calcul de RAROC par secteur
V. INTERPRETATION DES RESULTATS:
Après avoir calculé le RAROC, nous passons
à présent à l'étape la plus importante de notre
travail qui consiste en l'interprétation des résultats
obtenus.
Nous commençant d'abord par le RAROC global ; le taux
de 13,11% obtenu du calcul de celui-ci sur le portefeuille incluant les
entreprises en défaut bien qu'il soit inférieur au taux butoir de
22.19%, sa valeur positive nous enseigne que le revenu total net des charges
couvre bien le montant de la perte moyenne attendue et cela malgré
l'importance des pertes constatées sur les contreparties
défaillantes. Cependant, RAROC étant inferieur au taux de
rentabilité des fonds propres signifie que le revenu ne permet pas une
rémunération du capital au taux de 22.19%.
Concernant le RAROC sur le portefeuille des entreprises
saines ; celui-ci est égal à 42.44%, il dépasse donc
largement le taux butoir. Le revenu permet dans ce cas de couvrir le risque
moyen et de rémunérer les fonds propres au taux de 22.19%. La
différence de 20.25% représente la valeur créée en
pourcentage. De ce fait le profit économique ou la valeur
économique ajoutée (Economic Value Added ou EVA) est
donné par :
EVA= Marge - Coûts - EL - UL*22.19% = 545 623.82 KDA
Dans le premier cas, où RAROC est inferieur au taux de
rémunération du capital, la différence de - 9.08%
représente une destruction de valeur en pourcentage, l'EVA est donc de -
314 082.449 KDA.
Passons à présent au RAROC client ; le calcul de
cet indicateur sur 25 clients nous a donné les résultats suivants
:
· 4 clients ont un RAROC négatif,
c'est-à-dire les marges nettes des coûts d'opérations ne
permettent pas de couvrir la prime de risque (la perte attendue).
· 10 clients présentent un RAROC positif mais
inferieur au taux butoir, dans ce cas là, le risque moyen est couvert,
cependant les flux encaissés ne permettent pas d'atteindre le niveau de
rentabilité de 22.19%.
· 11 clients ont un RAROC supérieur au taux butoir ;
les revenus générés permettent donc de couvrir le risque
moyen et de rémunérer le capital.
Le cas le plus remarquable est celui du client (35) qui
présente un RAROC de 1079% ; cela parait aberrant, mais si on observe la
note du client on peut déduire que ce taux très
élevé peut être expliqué par la prime de risque et
la contribution en risque qui sont très faibles et cela grâce
à la note exceptionnelle du client (4-), ce dernier étant le seul
client à avoir une note inferieure à (6).
Le calcul par secteur d'activité nous permet de
repérer deux cas marquants, le premier est le RAROC très
élevé du secteur des Bâtiments et Travaux Publiques (343%),
cela s'explique par le niveau relativement faible de la perte attendue et la
perte inattendue du secteur en question. Ce constat revient principalement aux
types de crédits sollicités par les entreprises de ce secteur. En
effet, nous avons constaté que les cautions de marché
représentent une part très importante des lignes accordées
à ce secteur. Comme nous l'avons déjà
démontré, ce type de caution bénéficie d'un
traitement particulier dans le calcul de l'EAD. La valeur de l'exposition sur
ces engagements est égale au montant des utilisations
pondéré par des coefficients ne dépassant pas 20%, ceci
donne des expositions faibles si on les compare au montant utilisé.
Le deuxième cas est celui du secteur Négoce
& Commerce, celui-ci affiche un RAROC de -59% dans le calcul incluant les
entreprises défaillantes et une valeur de 46% quand on l'a
calculé uniquement sur les entreprises saines. L'interprétation
serait évidente si on observe le montant très important de la
perte attendue et inattendues relatives aux cinq entreprises
défaillantes exerçant dans le secteur commercial celles-ci en
plus qu'elles présentent une contribution très importante dans la
VaR du secteur , elles n'ont généré aucun revenu durant la
période de notre étude.
CONCLUSION
L'application de la méthode RAROC repose sur un
processus qui fait intervenir plusieurs cellules de la banque, notamment la
cellule « Risk Management » et la cellule «
Contrôle de gestion ». La multiplicité des types et des axes
de RAROC en plus qu'elle permet à cet outil de trouver une application
dans différents domaines, elle donne au gestionnaire des solutions en
fonction de ses propres besoins.
CONCLUSION
L'application de la méthode RAROC dans la gestion du
risque de crédit apporte de nombreuses solutions aux
préoccupations quotidiennes du gestionnaire. Plusieurs banques de
renommée internationale ont témoigné de son
efficacité et de son importance non seulement en matière de
gestion du risque de crédit mais aussi comme outil de mesure de
performances.
Cependant, l'adoption d'une telle approche en plus qu'elle
requiert des procédures préalables incontournables et très
coûteuses à mettre en place, elle suppose que la banque doit
être éveillée des limites techniques, humaines et
environnementales qui peuvent être à l'origine d'une mauvaise
application de cette méthode. Elle suppose également que
l'intégration de l'outil RAROC au sein de l'établissement doive
se faire avec prudence et d'une manière progressive.
En dehors des dispositions relatives à sa mise en
place, RAROC - comme tout modèle de gestion - doit être
considéré comme un outil supplémentaire d'aide à la
prise de décisions. Ses résultats ne peuvent en aucun cas se
substituer à l'avis du gestionnaire, si ce dernier juge qu'ils sont
erronés. En définitif, l'efficacité de l'outil RAROC et la
qualité de ses résultats dépendent de la manière
dont il sera utilisé.
Pour en revenir au contexte national, nous pensons que
l'adoption de la méthode RAROC et de toute autre méthode
similaire ne peut pas avoir lieu en l'état actuel des choses. L'absence
des bases de données informatisées, des systèmes de
notation interne et des systèmes de comptabilité analytique au
sein des banques algériennes ainsi que le retard de la
réglementions algérienne (celle-ci n'étant pas encore en
mesure de passer de Bâle I à Bâle II) tous ces
éléments constituent un obstacle majeur empêchant les
banques algériennes d'adopter toute nouvelle méthode de gestion
des risques.
La transition vers un système bancaire moderne bien
qu'elle constitue un investissement énorme pour les banques, bien
qu'elle soit coûteuse en termes de temps et d'argent, elle est
nécessaire et il est temps pour que nos banques réagissent en ce
sens.
Dans ce contexte, les banques algériennes sont tenues
de constituer et de fiabiliser leurs données historiques des
défauts comme une première étape pour adopter une
politique de notation qui tiendraient mieux compte des
spécificités de l'environnement algérien. Elles sont
tenues également de procéder à l'informatisation de leurs
données afin de rendre celles-ci facilement accessibles et plus
sécurisée. En outre, il est indispensable de mettre en place des
systèmes de comptabilité analytique permettant de disposer d'une
information comptable minutieuse, nécessaire pour le contrôle de
gestion et la gestion des risques. Enfin, le rôle des
autorités de supervision est très important
dans ce cadre; ceux-ci doivent tracer un plan de transition de Bâle I
à Bâle II et veiller sur le passage commun et progressif des
banques vers l'application du nouveau dispositif.
Le fruit de la prise de telles mesures sera l'instauration
d'une base solide d'une gestion active des risques qui permettra la mise en
place de toute innovation managériale capable d'apporter du nouveau au
Risk Management.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES:
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.Repères, La decouverte.1997
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Ed.Bréal - 2004
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crédit dans les institutions financières, Ed. REVUE BANQUE.
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mondialisation. Ed Economica. Paris. 1998
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· J. MATHIS - Fonds propres économiques « Raroc
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· Ninad MAUSKAR - Deriving Business Value from RAROC. Aout
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· S D AGUAIS & L R FOREST JR - The Future of
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November 2000.
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Risques. Cours ENSAI de 3ème année 2001.
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· ABBAOUI Sabir- Modélisation du risque de
crédit- Ecole Superieure de Banque, Alger, 2005.
· AMBAR Mohamed - La gestion du risque de crédit par
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· BENNANI HASSAN Yasmine - Les modèles internes dans
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DESCARTES, Paris V,2001.
· GUELLATI Rafik - RAROC: Outil de gestion du risque de
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· SAADAOUI Nassim - Modélisation du risque de
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Supérieure de Bnaque, Alger, 2005.
SITES WEB:
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www.csfd.com
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www.defaultrisk.com
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www.findarticles.com
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www.gtnews.com
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www.standardandpoors.com
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1: La pondération des encours
dans Bâle I 13
Tableau 2.1: Calcul de RAROC pour deux clients
de rating différent 26
Tableau 2.2: Matrice de Transition
28
Tableau 3.1: Comparaison entre RAROC
transactionnel et RAROC outil de gestion 52
Tableau 4.1: Echelle de notation de BNPParibas
68
Tableau 4.2: Correspondance indicative avec les
échelles de rating des agences de notation 69
Tableau 4.3: La combinaison Note
intrinsèque / Note du Support 71
Tableau 4.4: Coefficients de pondération
des encours sur cautions de marché 75
Tableau 4.5: Répartition des entreprises
par classe de risque 76
Tableau 4.6: Répartition des entreprises
par secteur d'activité 77
Tableau 4.7: Répartition du volume des
expositions par classe de risque 78
Tableau 4.8: Répartition du volume des
expositions par secteur d'activité 78
Tableau 4.9: Répartition du volume
d'exposition par type d'engagement 79
Tableau 4.10: Extrait des données
introduites dans l'application CreditRisk+ 80
Tableau 4.11: Extrait du tableau de distribution
des pertes 82
Tableau 4.12 : Coefficients d'asymétrie
et s'aplatissement de la distribution des pertes 82
Tableau 4.13 : Tableau des quantiles
83
Tableau 4.14: Extrait du calcul des pertes
inattendues 84
Tableau 4.15 : Intérêts
perçus par secteur d'activité 85
Tableau 4.16 : les intérêts
versés par la banque sur les ressources rémunérées
85
Tableau 4.17: Evolution des ressources (de Juin
2007 à Mai 2008) 85
Tableau 4.18: Extrait du calcul de coûts
de ressources par crédit 87
Tableau 4.19: Répartition des charges de
BNP Paribas El-Djazair 87
Tableau 4.20 : Ventilation des fonds propres de
la banque au 31/12/2007 89
Tableau 4.21: Calcul de RAROC du portefeuille
global 90
Tableau 4.22 : Contribution des entreprises
défaillantes dans le risque global 90
Tableau 4.23: Calcul de RAROC global sans prise
des expositions sur les clients en défaut 91
Tableau 4.24: Calcul de RAROC par client
91
Tableau 4.25: Calcul de RAROC par secteur
92
LISTE DES FIGURES
Figure 1.1: Fonds propres économiques et
réglementaires 20
Figure 2.1: Distribution des pertes et VaR
47
Figure 4.1: Répartition des entreprises
par classe de risque 76
Figure 4.2: Répartition des entreprises
par secteur d'activité 77
Figure 4.3: Répartition du volume des
expositions par classe de risque 78
Figure 4.4: Répartition du volume des
expositions par secteur d'activité 78
Figure 4.5: Répartition du volume
d'exposition par type d'engagement 79
Figure 4.6: Boite de dialogue de l'application
CreditRisk+ 81
Figure 4.7: Distribution des pertes
82
LISTE DES ANNEXES
1) Base de données des engagements
2) Calcul de l'encours net
3) Calcul des coûts de ressources
4) Consolidation par contrepartie
5) Utilisation de l'application CreditRisk+.
6) Calcul de RAROC global
7) Calcul de RAROC client.
8) Calcul de RAROC secteur.
Annexes supplémentaires:
1) La réglementation algérienne en matière
de gestion de risque de crédit.
2) Convergence internationale de la mesure et des normes de
fonds propres
TABLE DES MATIE RES
INTRODUCTION 4
CHAPITRE PRELIMINAIRE : GENERALITES SUR LES RISQUES
BANCAIRES 6
Section 1 : Nomenclature des risques bancaire
7
1 Risque de crédit 7
2 Risque de marché 9
3 Risque opérationnel 9
Section 2: La gestion des risques bancaire
10
1 Les objectifs de la gestion des risques 10
2 Les étapes de la gestion des risques 10
Section 3: La réglementation prudentielle
internationale 12
1 Le comité de Bâle 12
2 L'accord de Bâle de 1988 12
3 Les limites de Bâle I 14
4 Le dispositif Bâle II 14
5 Les fonds propres réglementaires et les fonds propres
économiques 18
CHAPITRE I : LA NOTION DE RAROC 21
Section 1: Le concept de mesure de performance
ajustée pour le risque 22
1 Définition d'une RAPM 22
2 Les fonctions des RAPM 22
3 Les principales RAPM 23
Section 2: Présentation de RAROC 24
1 Histoire de RAROC 24
2 Définition de RAROC 25
3 Illustration numérique du calcul de RAROC 25
4 Les types de RAROC 26
Section 3: Les paramètres de RAROC 27
1 Les paramètres liés au risque 27
2 Les paramètres comptables 31
CHAPITRE II: LA GESTION DU RISQUE DE CREDIT PAR LA
METHODE RAROC 38
Section 1: La notation interne 39
1 Origine de la notation 39
2 Définition de la notation interne 39
3 Les deux approches de la notation interne 39
4 Les caractéristiques de la notation interne 40
5 La validation du système de notation interne 42
Section 2: La modélisation du risque de
crédit 43
1 Les difficultés méthodologiques de la
modélisation du risque de crédit 43
2 Les étapes de construction d'un modèle de risque
de crédit 44
3 Modèles de défaut Vs modèles MTM 47
4 Les modèles de référence 48
5 La validation des modèles de crédit 50
Section 2: La mise en place de l'outil RAROC
51
1 Les deux approches de RAROC 51
2 Les principaux axes de calcul de RAROC 53
3 La nécessité de la comptabilté analytique
pour l'application de RAROC 54
4 L'application de la méthode RAROC dans la gestion du
risque de crédit 56
5 L'apport de la méthode RAROC 59
6 Les limites de la méthode RAROC 61
CHAPITRE III : APPLICATION DE RAROC (ETUDE DE CAS)
64
Section 1: Présentation de la structure d'accueil
65
1 Le groupe BNP Paribas 65
2 BNP Paribas El Djazair 65
3 L'organisation de la structure Group Risk Management
66
4 La structure Credit Risk International 66
5 Les missions de la fonction Credit Control & Reporting
66
Section 2: Présentation du système de
notation de BNP Paribas 68
1 La note de contrepartie 68
2 Le taux de récupération global (TRG) 72
Section 3: Présentation du portefeuille
73
1 Constitution de la base de données 73
2 Dispositions relatives à l'attribution des
paramètres de risque 74
3 Analyse descriptive du portefeuille 76
Section 4: Modélisation du risque de crédit
79
1 Présentation de l'application CreditRisk+ 79
1 Les résultats de la modélisation 81
Section 5 : Estimation des paramètres comptables
84
1 Estimation des revenus 84
2 Estimation des coûts d'opérations 87
Section 6 : Calcul de RAROC 89
1 Le calcul du taux butoir (Hurdle rate) 89
2 Le calcul de RAROC portefeuille 90
3 Le calcul de RAROC par client 91
4 Le calcul de RAROC par secteur d'activité 92
5 Interprétation des résultats 92
CONCLUSION 95
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLES
LISTE DES FIGURES LISTE DES ANNEXES TABLE DES
MATIERES
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