CONCLUSION
Au moment, où l'Afrique s'apprête à
franchir une nouvelle étape dans son évolution politique, avec
notamment le Grand Débat sur le Gouvernement de l'Union lancé par
l'UA, et qui a constitué le thème principal à l'ordre du
jour du sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UA qui s'est tenu du
1er au 3 Juillet 2007 à Accra(Ghana), l'épineuse
question de la construction des Etats-Unis d'Afrique est toujours
d'actualité. En effet, rien ne présageait que le sommet d'Accra
se solderait par une décision favorable à la réalisation
immédiate de l'unité politique continentale, tant il est vrai que
les divergences sont encore présentes. D'un coté, il y a ceux qui
sont pour une réalisation immédiate des Etats-Unis d'Afrique,
avec pour têtes de file les présidents libyen Mouammar Kadhafi et
Sénégalais Abdoulaye Wade. De l'autre, il y a les
modérés qui pensent qu'il est prématuré aujourd'hui
de parler des Etats-Unis d'Afrique. Ces derniers préconisent en effet de
renforcer les organisations régionales existantes, pour avancer vers
l'unité du continent par étapes. Cette option est défendue
par l'Afrique du Sud entre autres.
Au sortir de cette étude, il apparaît à
l'évidence que de nombreuses contraintes sociopolitiques empêchent
une réelle unité de l'Afrique.
v Tout d'abord, les Etats en Afrique sont essentiellement des
territoires contigus plutôt que des Etats-nations. Alors que
l'idée de l'Etat continue à avoir une certaine résonnance,
l'appel pour une Afrique unifiée aussi bien en terme économique
que politique, montre que l'Etat africain dans sa forme actuelle pourrait
devenir à terme un obstacle et une barrière artificielle à
l'unification ultérieure du continent.
v Ensuite, il y a cette incongruité entre l'accent mis
sur la souveraineté nationale d'une part et la forte aspiration à
une intégration économique et politique d'autre part. L'UA
étant la parfaite manifestation de ce paradoxe.
v A cela s'ajoute, les préoccupations de
sécurité étroite des Etats, définis en termes de
sécurisation et de viabilisation de l'Etat, de ses institutions et
démembrements, qui pourraient être des obstacles majeurs à
l'intégration et à l'unité continentale.
v Enfin et surtout, le manque de volonté politique de
la part des dirigeants, ainsi que l'absence de ressources humaines et
financières adéquates sont des facteurs essentiels qui entravent
la réalisation de l'unité politique du continent.
Néanmoins, en dépit de ces obstacles, des signes
annonciateurs d'un renouveau du panafricanisme sont de plus en plus visibles
sur le continent. Les réformes et transformations politiques et
institutionnelles engagées par l'UA, sont salutaires et aideront
certainement à parachever l'indispensable mutation qui permettra
à l'UA de baliser la voie vers les Etats-Unis d'Afrique.
Les doutes que l'on peut raisonnablement émettre sur la
capacité de l'UA à concrétiser dans un délai assez
court, le projet d'édification des Etats-Unis d'Afrique, ne peuvent
néanmoins faire l'économie d'un simple constat. En effet, il est
indéniable que l'opinion publique africaine beaucoup plus aujourd'hui
qu'hier, est très sensible à l'appel panafricain. En atteste la
floraison partout en Afrique de mouvements sociaux qui appellent de toutes
leurs forces à l'édification d'un Etat fédéral
africain.
Pour peu qu'elle soit davantage associée à la
construction de ce nouvel espace africain(ne fut-ce qu'à travers
l'octroi au parlement d'une réelle capacité de
représentation des populations africaines), l'opinion publique
africaine serait certainement en mesure d'infléchir le carcan
« politicien » et « souverainiste » qui
caractérise les structures de l'Union.
Dès lors, il nous parait que, l'association de toutes
les forces vives de la société africaine au projet
d'édification des Etats-Unis d'Afrique, demeure la stratégie la
plus démocratique et la moins impopulaire qui permettra à l'UA de
réussir sans trop de difficultés et d'oppositions cette noble
mission panafricaine.
L'espoir est donc permis !
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