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L'Union Africaine et le projet des Etats-Unis d'Afrique: Identification et Analyse des facteurs entravant la concrétisation de cet idéal panafricain

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par Djibril FOFANA
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise de sciences politiques 2007
  

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SECTION 2 : Les Etats-Unis d'Afrique : Une nécessité

Le projet d'édification à long terme des Etats-Unis d'Afrique qui avait sous tendu la création de l'UA, apparaît aujourd'hui comme une nécessité pour le salut des peuples africains. En effet, sa création s'impose pour une double raison. D'une part, elle sera une concrétisation du rêve panafricain de voir l'Afrique libre et unie (paragraphe 1). D' autre part, elle sera le creuset dans lequel émergera une nouvelle Afrique prospère et paisible.

Paragraphe 1 : Pour une concrétisation du rêve panafricain 

Le rêve d'une unité politique de l'Afrique ne date pas d'aujourd'hui. Depuis le début du XXème siècle avec l'émergence du panafricanisme sous sa forme politique, qui prônait le retour de tous les Africains à la mère patrie, l'unité du continent a toujours été l'objectif primordial des promoteurs du panafricanisme. A ce propos, le panafricanisme était d'ailleurs défini comme, « une aspiration des noirs d'Afrique et de la diaspora qui s'identifient culturellement par leur appartenance à la civilisation négro africaine ; puisant sa force dans la résistance pluriséculaire des Nègres à l'esclavage, cette aspiration se projette dans une unité politique du continent sous la forme des Etats-Unis d'Afrique »59(*).

Plus concrètement, cette unité politique que Kwamé Nkrumah appelait de tous ses voeux60(*), s'est manifestée non seulement par la naissance du panafricanisme, mais également par l'intervention dans la politique mondiale de ce qu'on a appelé la personnalité africaine61(*).

Historiquement, l'expression « panafricanisme », était inconnue avant le XXème siècle, quand, Henry Sylvester Williams de l'île de Trinité et WEB Dubois des Etats-Unis d'Amérique, tous deux descendants d'Africains l'employèrent lors de plusieurs congrès africains, auxquels assistèrent surtout des savants américains d'origine africaine. Une autre contribution notable au nationalisme africain fut le mouvement de « retour à l'Afrique » de Marcus Garvey.

Le premier Congrès panafricain se tint à Paris en 1919, tandis que la Conférence de paix de Versailles était en séance. Clémenceau, alors premier ministre, répondit quand on lui demanda ce qu'il pensait de ce Congrès, « ne lui faites pas de publicité, allez de l'avant ». Sa réaction, était assez typique de celle des Européens de l'époque. L'idée même d'un panafricanisme était si étrange qu'elle semblait irréelle, bien qu'en même temps dangereuse. Il y avait cinquante sept représentants de plusieurs colonies africaines, ainsi que des Etats-Unis et des Antilles. Ils votèrent plusieurs motions dont rien il est vrai ne sortit. Par exemple ils proposèrent que les alliés et les Puissances associées établissent un code de lois en vue de la « protection internationale des natifs d'Afrique ».

Le second congrès se tint à Londres en 1921 et se termina par une  déclaration au monde qui mentionnait que «  l'égalité physique, politique et sociale est la pierre d'angle du monde et du progrès de l'humanité ». 

Deux ans plus tard, en 1923, un troisième congrès panafricain se tint à Londres. L'une de ses résolutions demandait pour les Africains une voix dans leur propre gouvernement, et une autre, le droit d'accéder à la terre et à ses ressources. Ainsi, on commençait à comprendre l'aspect politique de la justice sociale. Mais, malgré le travail de Dubois et d'autres, les progrès furent lents. Le mouvement manquait d'argent et de membres. Les délégués étaient plus des idéalistes que des hommes d'action.

Un quatrième congrès panafricain eut lieu à New York en 1927, avec deux cent huit délégués, et ensuite le mouvement parut reculer pour un temps.

Toutefois, le panafricanisme et le nationalisme africain reçurent une expression véritablement concrète quand le cinquième congrès panafricain se réunit à Manchester en 1945. Pour la première fois, on insista sur la nécessité de mouvements bien organisés et fortement unis, comme condition de succès de la lutte pour la libération nationale en Afrique. Ce congrès rassembla plus de deux cent délégués du monde entier. Il connut un succès retentissant dans le monde entier et se solda par une déclaration adressée aux puissances impérialistes, et réaffirmant la détermination des peuples colonisés à être libres.

« Le cinquième congrès panafricain invite les intellectuels et les travailleurs des colonies à prendre conscience de leurs responsabilités. La longue, longue nuit est achevée. En luttant pour les droits syndicaux, le droit de former des coopératives, la liberté de presse, d'assemblée, de démonstration et de grève, d'imprimer et de lire la littérature nécessaire à l'instruction des masses, vous utiliserez les seuls moyens que vous avez de conquérir vos libertés. De nos jours, il n'ya qu'une seule façon d'agir, et c'est l'organisation des masses »62(*) .

Plus tard, grâce aux efforts conjugués des protagonistes du congrès de Manchester, la Côte de l'Or (actuel Ghana) s'empara de sa liberté et se présenta en 1957 comme l'Etat souverain du Ghana. A cette occasion Kwamé Nkrumah déclara que cette indépendance nationale n'aurait pas de sens si elle n'était pas liée à la libération totale du continent africain.

Après quoi, la première Conférence des Etats indépendants se réunit à Accra en 1958. Ils étaient au nombre de huit : l'Egypte, le Ghana, le Soudan, la Libye, le Libéria, le Maroc et l'Ethiopie. Le but de cette conférence était de confronter les points de vue sur les sujets d'intérêts communs, d'étudier les moyens de consolider et de préserver leur indépendance, de resserrer les liens économiques et culturels entre leurs pays, de tomber d'accord sur des procédés réalistes pour aider les autres africains encore colonisés, enfin d'examiner le grand problème mondial : le maintien de la paix.

Avec cette Conférence, le panafricanisme s'installait sur son véritable terrain, à savoir le continent africain. Elle aboutit à un sursaut d'intérêt pour la cause de la liberté et de l'unité africaine. C'est ainsi, qu'en Novembre 1959, des représentants des syndicats de l'Afrique toute entière se rencontrèrent à Accra pour organiser la Fédération Panafricaine des Syndicats. Le syndicalisme africain ayant toujours été étroitement lié à la lutte pour la liberté et l'unité politique, ainsi que pour le développement économique et social.

Un pas de plus vers la coopération panafricaine eut lieu quelques mois plus tard quand s'ouvrit à Accra, en 1960, la conférence qui devait discuter de l'action positive et de la sécurité en Afrique. Elle avait été convoquée par le gouvernement du Ghana après consultation d'autres Etats africains indépendants, pour étudier la situation en Algérie et en Afrique du Sud, et aussi pour prévoir comment on empêcherait dans le futur, l'Afrique de servir de terrain d'essai pour armes nucléaires. D'autres sujets étaient à l'ordre du jour, comme la libération totale du continent et la nécessité de se garder du néo colonialisme et de la balkanisation, qui l'un et l'autre, s'opposeraient à l'unité. Au milieu de cette même année, une autre conférence des Etats indépendants d'Afrique, qui à l'époque étaient douze, se tint à Addis Abéba. Les délégués parlèrent de la liberté et de l'unité continentale.

Avec le temps, d'autres conférences de tous les peuples d'Afrique eurent lieu, et leurs résolutions et déclarations eurent de plus en plus de poids. Il ne se passait guère de semaine sans qu'on entende parler de quelques réunions d'africains de diverses parties du continent. A mesure que toute l'Afrique se libérait, ces rencontres gagnèrent en participation, en force et en efficacité.

Cet activisme du mouvement panafricain culminera avec la création en 1963 de l'Organisation de L'Unité Africaine (OUA), dont l'objectif était la décolonisation totale du continent et la réalisation de son unité politique. S'il est vrai que celle-ci a réussi à libérer entièrement le continent de la colonisation, il n'en demeure pas moins qu'en ce qui concernait son unité, beaucoup restait encore à faire. C'est ce qui a justifié son remplacement en 2001 à Lusaka et après près de quarante années de fonctionnement, par l'Union Africaine. Cette dernière dont la mission est de parachever l'oeuvre d'unité politique et économique du continent, s'emploie tant bien que mal, à faire de l'idéal panafricain de construction des Etats-Unis d'Afrique une réalité, quand bien même que le chemin vers cette unité politique soit parsemé de nombreux obstacles.

Toutefois, l'espoir reste de mise, car ce ne sera que quand l'unité politique parfaite aura été réalisée que nous pourrons célébrer la fin, triomphante, de la lutte panafricaine et des mouvements africains de libération nationale.

* 59 A.WADE, un destin pour l'Afrique, op.cit. p. 45.

* 60C'est pour ce faire qu'en 1963, il publia son ouvrage intitulé, l'Afrique doit s'unir, où il rappelle l'impérieuse nécessité pour les Etats africains de réaliser l'unité politique

* 61 Kwame NKRUMAH, l'Afrique doit s'unir, op.cit. p.76

* 62 Kwamé NKRUMAH, déclaration to the colonial peoples of the World, approuvé et adopté par le congrès panafricain de Manchester, Angleterre, 15-21 Octobre 1945.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius