REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
UNIVERSITAIRE
INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE
LA COMMUNICATION
« I.FA.S.I.C »
B.P. 14.988
KINSHASA GOMBE
DEPARTEMENT DU GRADUAT
=======================================================
LA COUVERTURE MEDIATIQUE D'UNE ZONE DE CONFLIT
ARME : Cas de la Radio Okapi en Ituri.
MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA
Jacques Yves
Travail de fin de Cycle présenté et
défendu en vue de l'obtention du grade
de gradué en science de l'information
et de la communication
Directeur : Prof. Jean Claude MATUMWENI
MAKWALA
Lecteur : Ass. François ATUBOLO ELIKA
Année académique 2006 - 2007
I N T R O D U C T I O N
I. P R O B L E M A T I Q U E
Il est admis que le conflit est une instance de rupture dans
la vie de toute société. Trop souvent, les guerres se
perpétuent naturellement : un conflit en suscite un autre,
entraînant inévitablement dans son sillage la mort, la
pauvreté et la destruction... Des médias indépendants et
pluralistes peuvent contribuer de façon significative à rompre ce
cercle vicieux en permettant au dialogue de remplacer le conflit
armé.1(*)
Sous cet angle, l'implication des medias en terme de
sensibilisation des acteurs ainsi que des populations concernés par le
conflit devient une des recommandations même de la société
étant donné que « les journalistes sont souvent
les premiers témoins des atrocités qui se déroulent dans
un espace territorial donné, cela avant que ne viennent se
présenter les autorités et autres délégations
officielles2(*) ».
Le travail d'un média et plus
précisément dans l'audiovisuel, en face d'un conflit armé,
acquiert pour la plupart de cas, un caractère plus délicat
d'autant plus que le conflit suppose une lutte d'intérêts
divergents, un affrontement des valeurs, des actes, des procédures entre
les protagonistes. Lors d'une guerre, la couverture médiatique, la
recherche des faits susceptibles de fournir des éclaircissements sur des
événements, le contact avec les sources d'informations
officielles et non officielles dans une zone antagonique, exige une
célérité, un professionnalisme avéré quand
à la récolte et au traitement de l'information, ainsi que, comme
le veut la déontologie et l'Ethique du métier, une
responsabilité de la part du Journaliste et des médias.
Il est certes vrai que la recherche d'information par les
chevaliers de la plume, présuppose le respect du droit à la
liberté d'expression et du principe de la libre circulation des
personnes et des idées. Cependant, le caractère même du
conflit armé met le journaliste, partant son organe, devant un dilemme,
celui de collecter, traiter et diffuser toute information, en rapport avec le
conflit, en toute liberté et celui de sa responsabilité quant aux
effets de sa plume sur l'évolution du conflit.
A ce titre, l'institut panos de l'Afrique de l'ouest souligne
que « le traitement partial et partisan de l'information, la
désinformation et la propagande, dans une situation aussi
délicate que celle de la guerre, contribue à empoisonner le
climat social et à radicaliser les positions des différentes
parties en conflit.3(*) » Cependant, Olivier Da Lage dans son
travail sur la couverture des conflits et les risques militaires, le cas de la
guerre d'Irak de 2003-2004 a fait remarquer que « la guerre,
à mesure de son déroulement doit être racontée,
décrite, commentée à la fois aux populations des Etats
belligérants et aux autres4(*) »
Ainsi, le journaliste devient implicitement un acteur
secondaire et peut occuper, et cela malheureusement, une position de victime.
Cette situation a donc poussé Jean Philippe Petit à confirmer que
« La plume, la voix et la caméra, armes parfois plus
dangereuses que l'épée, amènent le journaliste à
devenir un acteur indirect du conflit. Certains auteurs n'hésitent
d'ailleurs pas à parler de `'droit d'ingérence'' dans le domaine
de l'information.5(*) »
Néanmoins, chaque média et par le fait
même, le journaliste de par son travail, en tant que vecteur de
l'actualité prétend exercer une liberté totale
d'information en s'ingérant médiatiquement au conflit. Or cette
« ingérence médiatique » conduit parfois les
belligérants à porter atteinte à l'intégrité
physique du journaliste, et même entraver le bon fonctionnement de
médias dans le seul but d'empêcher la diffusion de certaines
informations ou images susceptibles de révéler des
exécutions sommaires, des massacres et autres scènes
insoutenables.
Depuis la guerre dite de
« libération » d'octobre 1996 en RDC, guerre
menée par l'AFDL avec l'appui des Rwandais et des Ougandais, les
tensions jusque là latentes entre certaines ethnies de l'Est du pays se
sont ravivées. En Ituri, particulièrement, la cohabitation entre
les ethnies Hema et Lendu se dégradait. Une crise de longue date,
aggravée par un conflit foncier entre la population de deux ethnies
précitées, débouchait sur des hostilités et des
affrontements, allant des armes blanches jusqu'aux armes à feu. Des
atrocités extrêmes ont été commises dans cette
partie de la République Démocratique du Congo. Des actes de
barbaries et de vandalisme se sont succédés au fil des
années causant des dizaines des centaines des morts, des villages
saccagés et brûlés ainsi que des milliers de personnes
déplacées. Bref..., la personne humaine a été
réduite à l'état primaire de son existence en Ituri.
Toute cette cruelle réalité ne peut et ne
pouvait ne pas être mise à la lumière de tous. Il est
certes vrai, de l'intérêt et du droit fondamental de la population
d'être au courant de tout ce qui se passe dans son village, son district,
sa province et son pays. Il est expressément reconnu dans la
législation congolaise que toute personne a droit à la
liberté d'informer et d'être informé. Cette liberté
est garantie par la loi fixant les modalités de l'exercice de la
liberté de la presse en son article 8 qui stipule, « Toute
personne a droit à la liberté d'opinion et d'expression. Par
liberté d'opinion et d'expression, il faut attendre le droit d'informer,
d'être informé, d'avoir ses opinions, ses sentiments et de les
communiquer sans aucune entrave, quel que soit le support utilisé sous
réserve du respect de la loi, de l'ordre public, des droits d'autrui et
de bonnes moeurs6(*) »
Ainsi, toutes les atrocités en Ituri ne pouvaient
rester dans les oubliettes, sans être publiées par les medias
dans le seul but de contribuer à la cessation des hostilités.
Cependant, il s'avère que l'accès même à
l'information où se déroulaient ces affrontements n'était
pas du tout facile. Et cela, par le fait même de la nature du conflit
à multiples facettes et par la multiplicité des protagonistes sur
terrain.
Dans le champ immense de l'actualité, la presse ne
retient qu'une part infime des événements qui surviennent dans la
vie du monde ou des individus : de ceux qu'elle publie, elle en fait des
nouvelles. Les critères de son choix varient au gré des
circonstances et des journaux, notamment l'importance en soi des
événements retenus et l'intérêt qu'ils peuvent avoir
pour les lecteurs.7(*) A cet
effet, la guerre, le conflit armé devient une source presque
intarissable d'informations d'autant plus que le public, les lecteurs, les
auditeurs ou les téléspectateurs sont plus attirés par
des nouvelles à sensation et le conflit offre au public parfois des
informations au delà de son entendement. C'est à cela que les
médias s'impliquent.
Dans le cas spécifique de la militarisation des
rapports socio-humains entre les hemas et les Lendus, les atrocités
graves se sont succédés et ont bloqué toute perspective de
pacification rapide de cette partie du pays. Le conflit entre ces
communautés dispose d'une dimension identitaire et stratégique de
sorte que la couverture médiatique de celui-ci parait bien
délicate.
Ainsi, eu égard aux affrontements armés entres
les communautés susdites, comment la Radio okapi, à travers ses
journalistes sur le terrain, a-t-elle assuré la couverture
médiatique de ces événements fortement sanglants à
l'Est de la République Démocratique du Congo ?
En d'autres termes comment, face à la
complexité de ce conflit, la Radio Okapi a-t-elle mobilisé des
ressources humaines, matérielles dans le but d'assurer une bonne
couverture médiatique du conflit en Ituri ?
Ces questions constituent les préoccupations
auxquelles nous allons tenter de répondre dans ce travail.
II. HYPOTHESE
Dans une situation des conflits identitaires, les
médias ont tendance, en vue d'assurer une couverture efficace des
événements qui se produisent sur le terrain, de charger les
journalistes les mieux informés sur la question et les enjeux dans la
région.
A cet égard, ces médias mobilisent souvent des
moyens logistiques susceptibles de favoriser la quête de l'excellence
qu'ils recherchent à travers la diffusion d'une information de
qualité, c'est-à-dire, vraie, objective et opportune.
Tout de même, les médias seraient conscients de
reconnaître que le fait de garder dans la zone des conflits des reporters
pendant longtemps pourraient éventuellement les exposer à des
situations d'insécurité d'autant plus que la présence
familière dans la zone de conflit peut amener certains protagonistes
à nuire à leur vie sous prétexte qu'ils
« espionneraient » ceux-ci pour ceux-là.
Sous cet angle, le principe d'objectivité recommande
même que les journalistes originaires de l'une des ethnies en conflits ne
soient pas chargés d'assumer une charge. Dans la nébuleuse
situation de l'Ituri fortement médiatisée au niveau international
et national, il s'est dégagé qu'un organe de presse s'est
illustré et démarquer au niveau national, pour être au
chevet de l'actualité en rapport avec le conflit. Les journalistes de
cette chaîne ont permis à l'opinion et aux organismes tant
nationaux qu'internationaux, aux organisations nationales et internationales de
défense de droits humains, ainsi qu'au public de se rendre compte non
seulement, de l'ampleur des atrocités qui se sont déroulés
dans cette partie de la République Démocratique du Congo mais
aussi, de tout ce qui a été mis en oeuvre pour la pacification de
cette partie du pays.
Ainsi, pensons-nous que la mobilisation des moyens tant
humains que matériels pour couvrir une situation conflictuelle, de
même qu'une rotation permanente des journalistes constituent des
préalables pour donner une information objective.
III. METHODOLOGIE
Eu égard à l'hypothèse émis, il
s'avère important d'aborder ce travail en menant une enquête qui
nous permettra de mettre en lumière les objectifs que s'était
assigné la Radio Okapi en optant pour la couverture médiatique de
la situation conflictuelle de l'Ituri. Il s'agira bien évidemment de
partir des deux sortes d'activités rationnelles à savoir la
rationalité par rapport aux fins et par rapport à des
valeurs8(*). En d'autre
terme, nous tenterons d'évaluer le niveau d'adéquation entre les
moyens humains et matériels mis en disposition par la Radio Okapi et les
objectifs attendus dans la couverture médiatique de la situation
conflictuelle de l'Ituri.
IV. INTERET DU SUJET
Sur le plan théorique, cette étude nous
permettra d'accumuler des connaissances en matière de l'exercice du
métier de journaliste en temps de guerre et à cerner les
exigences dont il faut tenir compte dans la couverture des conflits. Lesquels
la complexité recommande un sens de professionnalisme
élevé et des connaissances particulières.
Dans la pratique, nous bénéficierons de
l'expérience sur terrain des journalistes qui ont couvert les
événements de l'Ituri, expérience qui dans le futur nous
permettra de nous armer pour toute éventualité en cas de
couverture médiatique d'un conflit armé.
Sur le plan personnel, ce travail nous permettra de nous munir
davantage des éléments susceptibles d'enrichir notre bagage en ce
qui concerne la situation conflictuelle de cette partie de la province
orientale en proie à de multiples conflits.
Par ailleurs, la situation de l'Ituri, vaut une étude
minutieuse du comportement des journalistes dans leur pratique, le contact avec
les sources d'information, certaines parfois hostiles. Le but final
étant de démontrer l'importance que revêt le travail d'un
média dans une zone de conflit. Et aussi de plaider en faveur des
journalistes, face à leur situation déjà précaire,
pour une prise en compte d'une protection à la hauteur de leur travail
tant sur le plan national qu'international.
V. DELIMITATION DU SUJET
Notre étude couvre la prestation de la Radio Okapi dans
le district de l'Ituri pendant la période allant du mois de mars 2004 au
mois de décembre 2005. Le choix sur la période ce justifie par
le fait que la Radio Okapi a bien sûr ouvert son antenne à Bunia
au début de l'année 2003, mais seulement nous avons pu avoir
accès à des archives de la Radio Okapi qu'à partir de
l'année 2004, l'année où s'intensifiait les missions
onusiennes à travers les localités internes de l'Ituri. Et nous
la bouclons au mois de décembre 2005, période des affrontements
entre les militaires de l'armée de la République
Démocratique du Congo, les Fardc et les miliciens de FNI (Front des
nationalistes et Intégrationnistes) de Peter Karim dans le territoire de
Mahagi à l'extrême Est du district de l'Ituri au moment où
se déroulait le referendum constitutionnel en République
Démocratique du Congo.
VI. DIVISION DU TRAVAIL
La présente étude est structurée en trois
chapitres. Dans le premier chapitre, nous présenterons le champ de notre
recherche en établissant la cartographie de l'Ituri. Il s'agira de faire
le point sur la situation géographique du district ainsi que sur sa
démographie. Nous épinglerons la question de la migration des
populations qui peuplent le district. Nous y tenterons également de
déceler les causes lointaines et immédiates du conflit entre les
ethnies.
Le second est consacré aux cadres conceptuels et
théoriques. Il y sera essentiellement question de définir les
concepts clés de notre travail ainsi que la théorie qui sous tend
notre analyse.
Le troisième chapitre sera consacré à la
couverture médiatique dans une zone de conflit armé. Il sera
question, dans la première section, de la compétence et du profil
des journalistes en mission dans une zone périlleuse ainsi que les
objectifs de la Radio Okapi en Ituri.
Dans la deuxième section, nous allons cerner les
compétences matérielles et financières qui ont
été mobilisées en vue d'assurer une bonne couverture
médiatique, dans la troisième section, nous nous
attèlerons à analyser la pratique des journaliste dans la
région de l'Ituri.
CHAPITRE PREMIER : LES DETERMINANTS DU CONFLIT EN ITURI
SECTION I : LA CARTOGRAPHIE DE L'ITURI
I.1 : LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE
I.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE
Situé dans la province orientale, le district de
l'Ituri longe la partie Nord-est de la République Démocratique du
Congo. Il partage les frontières avec, au Nord, le district de haut
Uélé et la République du Soudan, à l'Ouest avec le
district de la tshopo, au sud avec la province du Nord Kivu et à l'Est,
il partage une frontière de plus de 600 kilomètres avec la
République de l'Ouganda.
Avec une superficie de 65 659 km2, le district de
l'Ituri représente 2,79% du territoire national et 13% de la superficie
de la Province Orientale. Il est subdivisé en cinq territoires
administratifs qui sont Aru, Djugu, Irumu, Mahagi et Mambasa, 45
Collectivités-Chefferies et Secteurs, 331 Groupements coutumiers et
4.084 Localités.9(*)
I.1.2. BREF APERÇU DE CHAQUE TERRITOIRE.
Chacun des territoires de l'Ituri présente une
particularité de par son histoire, sa population et ses divisions en
collectivités, secteurs et chefferies. Cependant, à ce stade
d'étude, nous ne ferons juste qu'un aperçu sommaire de la
situation de chaque territoire. Le but étant de ressortir les
caractéristiques majeures de chaque groupement humain y vivant,
susceptibles de nous fournir des explications quand à leur implication
dans le conflit objet de notre étude.
1) LE TERRITOIRE D'ARU
Situé au Nord-est du district, le territoire d'Aru a
une superficie de 6. 740 km2. Il est limité au Nord par la
République du soudan, à l'Ouest par le district de haut
Uélé, au sud par le territoire de Mahagi et à l'Est par
la République de l'Ouganda. Le territoire d'Aru compte huit
collectivités, à savoir :
· Alur
· Kakwa
· Kaliko omi
· Lu
· Ndo-kebo
· Nio kamule
· Otso
· Zaki10(*)
Les peuples les plus représentatifs de ce territoire
sont les aluru.
2) LE TERRITOIRE DE DJUGU
Un peu plus au centre du district, le territoire de Djugu a
une superficie de 8,184 km2. Avec dix collectivités, ce
territoire est caractérisé par l'enchevêtrement de la
population Hema et Lendu et d'une cohabitation naturelle entre les deux
peuples. Chaque collectivité se détermine par sa population.
Ainsi donc nous distinguons :
· Bahema Nord
· Bahema Badjere
· Bahema Banwagi
· Banyari de kilo
· Mabendi
· Mambisa
· Ndo-okebo
· Walendu Djatshi
· Walendu Pitshi
· Walendu Tatshi11(*)
Le territoire de Djugu partage ses frontières avec le
district de haut Uélé au Nord, celui de Mambasa à l'Ouest,
Irumu et le Lac Albert au sud et le territoire de Mahagi à l'Est. Comme
on peut le remarquer sans peine, les deux peuples Lendu et Hema occupent
certaines collectivités et parlent la même langue le Kilendu. Les
Hema ayant perdu leur langue pour besoin de communication.
3) LE TERRITOIRE D'IRUMU
Situé au Sud-est du district, le territoire d'Irumu
est le plus important. Deuxième de par sa superficie qui est de 8, 730
km2 , le territoire d'Irumu a le privilège de porter en son
sein la ville chef lieu du district de l'Ituri, la cité de Bunia. Il
compte par ailleurs douze collectivités et se caractérise par la
majorité des peuples hema. On distingue les collectivités
de :
· Andisoma
· Babelebe
· Baboa-Bakoe
· Bahema boga
· Bahema d'Irumu
· Bahema mitego
· Bahema sud
· Banyari tchabi
· Basili basumu
· Mobala
· Walendu Bindi
· Walese vonkutu12(*)
4) LE TERRITOIRE DE MAHAGI
Le territoire de Mahagi est le plus petit de par sa superficie
qui est de 5, 5221 km2, il partage la plus grande partie de son
territoire avec l'Ouganda à l'Est. Au nord, il est limité par le
territoire d'Aru et le district de haut Uélé. A l'Ouest et au
sud limité par le territoire d'Irumu et le Sud-est donne sur le lac
Albert. Ex aequo avec Aru, le territoire compte huit collectivités :
· Alur-Djuganda
· Anghal
· Djukoth
· Mokambo
· Pandoro
· Wagongo
· Walendu watshi
· War palara13(*)
Contrairement aux autres territoires, à l'instar de
celui d'Irumu où les Hema sont majoritaire et celui de Djugu où
la prédominance Lendu est visible, les deux peuples les plus influant
de l'Ituri, le territoire de Mahagi reste cependant dominé par les
Alur, lequel peuple venu de l'Ouganda est situé, nous en parlerons un
peu plus tard, à cheval sur la frontière Congolo-Ougandaise.
5) LE TERRITOIRE DE MAMBASA
Le plus vaste territoire de l'Ituri, Mambasa a une superficie
de 36. 783 km2, il partage la frontière avec le district de
haut Uélé au Nord, Tshopo à l'Ouest et les territoires
d'Irumu et Djugu à l'Est ainsi que la province du Nord Kivu au sud.
Malgré sa superficie, le territoire de Mambasa ne compte que sept
collectivités à savoir :
- Babombi
- Bakwanza
- Bandaka
- Bombo
- Mambasa
- Walese-dese
- Walese-karo.14(*)
Le territoire de Mambasa un peu plus éloignés de
la frontière ne regorge d'aucune tribu hema et lendu. Sa
caractéristique principale est d'être le bastion des
pygmées, les peuples autochtones installés dans ce territoire il
y aurait plus de 5 siècles.
*
*
*
Il découle de cette présentation, combien
succincte de la géographie de l'Ituri, que ce district est né des
migrations des peuples de l'Est de l'Afrique qui ne se sont pas fortement
éloignés de la frontière. Il est plus simple de remarquer
que les quatre territoires où son bien représentés les
hema et les lendu sont situés le long de la frontière avec
l'Ouganda. Cette précision s'avère indispensable, car elle sera
d'un apport majeur et considérable lorsque nous aborderons les
différentes dimensions du conflit Iturien qui sont liés aux
intérêts économiques, politiques et identitaires. Ce qui
nous amène à parler de l'historique de la population du district
de l'Ituri.
I.1.3. HISTORIQUE
L'histoire de l'Ituri est liée à sa population,
on ne peut pas parler de l'Ituri si l'on n'évoque pas ses habitants. La
formation du district de l'Ituri rime avec le mouvement des migrations
constaté au 16e et 17e siècles dans la
région Nil-Soudan-grands lacs. Un nombre important des groupes humains
s'est éparpillés à travers la partie Est du continent
africain, formant des sociétés segmentaires15(*)... A ce niveau
d'étude, il nous sera très vaste, si nous nous mettions à
retracer l'arrivée de chaque peuple de l'Ituri. Cependant, nous ne
pouvons vous épargner de vous retracer en plus bref, les migrations
Lendu, Hema et Alur. Trois tribus qui constituent la plus grande partie de la
population de l'Ituri. Et dans la section qui suit se rapportant à la
migration, nous ne parlerons que de ces trois tribus en raison du fait qu'elles
constituent celles qui disposent d'un nombre important de populations dans le
district.
I.1.3.1. LES MIGRATIONS DES TRIBUS DE L'ITURI
1) LA MIGRATION DES LENDU (BALE)
Autrement appelés Bale, les peuples dits Lendu sont
d'origine soudanaise. Ils seraient arrivés dans le district de l'Ituri
lors de grands mouvements migratoires qui s'effectuèrent au cours des
16e et 17e siècles. A leur arrivée sur
l'actuel sol de l'Ituri, ils ont trouvé les Nyari et les pygmées
qui seraient arrivés plusieurs siècles avant.
Ainsi, les Lendu chassèrent les Nyari qu'ils
repoussèrent vers l'Ouest et s'installèrent dans la partie Est.
Cependant ils durent lutter constamment contre les Alur arrivés un
siècle plus tard pour conserver leur territoire conquis. De nos jours,
un groupe de Lendu reste encore dans le territoire de Mahagi pourtant
considéré comme le fief des Alur, et conservent leur culture
d'origine. Ces derniers seront regroupés en collectivité par
l'administration belge en 1947 sous le nom de Walendu Watsi. Un autre groupe de
lendu parti du territoire de Mahagi, longea le Lac Albert et les monts bleus et
s'installèrent à Geti dans le territoire d'Irumu. Ainsi, les
Lendu occupent en Ituri, les territoires de Mahagi, Djugu et Irumu où
ils sont majoritaires et parlent la langue Lendu.
2) LA MIGRATION DES ALUR
Les Alur sont les nilotiques situés à cheval sur
la frontière Congolo-Ougandaise. En Ouganda, ils occupent le sud du West
Nile dans le district de Nebbi, tandis qu'en RDC, ils occupent le district de
l'Ituri plus précisément dans le territoire de Mahagi. Les Alur
seraient arrivés en Ituri au milieu du 18e siècle.
3) LA MIGRATION DES HEMA
Arrivée entre 1750 et 1800, la migration des Hema a eu
lieu sous forme d'infiltration. Les Hema sont des nilotiques reparti de part et
d'autre du lac Albert. Ceux de la RDC sont appelés les hema et ceux de
l'Ouganda les Hima. Ces peuples, exception faite à ceux qui habitent le
territoire de Djugu, parlent le kihema ou le kinyoro. Ils sont
éparpillés dans les territoires de djugu et Irumu.
I.1.4. LA DEMOGRAPHIE
La République Démocratique du Congo en crise de
recensement depuis plus d'une décennie, il est difficile d'avancer des
chiffres officiels de la population de l'Ituri. Cependant, si l'on prête
foi aux écrits de Sematumba lorsqu'il parle de la guerre dans une
guerre, qualifiant ainsi la situation conflictuelle de l'Ituri, il souligne
qu'en 2001, Ituri comptait environ 4.605.403 personnes.
Ce chiffre s'apparente également à celui
avancé par les agences humanitaires opérant pendant la guerre
dans la région. Joseph Tshimanga écrit en citant les agences
humanitaires que l'Ituri est peuplé d'environ 4,5 millions
d'habitants.16(*)
Cette population est repartie entre les ethnies Lendu, Hema,
Alur, Bira, Nyari, Mambisa, Ndo okebo, Logo, Lese et Ngiti. Et Joseph Tshimanga
de préciser que les principaux groupes ethniques de la région
sont composés de Alur 500.000 Hab., de hema 160.000 hab., de lendu
750.000 hab., de ngiti 100.000 hab., de bira 120.000 hab., de ndo okebo 100.
000 hab. Les Ngiti appelés également le lendu Bindi font parti de
la grande famille lendu qui forme près de la majorité de la
population de l'Ituri. Il ne faut cependant pas oubliés les mbutes ou
les pygmées qui constituent également une population mais elle
est minoritaire dans la région.
Toutefois, il importe de faire remarquer que les Lendu et les
Hema rassemblés forment au moins 41 % de la population de
l'Ituri.17(*) Voila
pourquoi ils méritent plus d'attention que les autres groupes
segmentaires.
SECTION II. LE CONFLIT EN ITURI
II.1. GENESE ET PROTAGONISTES DU CONFLIT
Au seuil du 21e siècle, l'humanité
qui depuis des décennies tente de se dépouiller des tyrannies et
des barbaries ayant caractérisé les quatre derniers
siècles, ne pouvant en aucune manière imaginer une
rétrogradation du genre de ce qui s'est passé en Ituri. Homo
homine lupus, cet adage latin de l'antiquité où l'homme
était considéré comme loup pour son semblable se serait
vérifié dans le district de l'Ituri. Des massacres impensable
partant inimaginable se sont perpétrés dans cette partie de la
RDC faisant des dizaines des centaines de morts, des déplacés,
des familles déchirées, des villages décimés et des
tribus menacées d'extermination. D'aucun, cependant sous d'autre cieux
ont droit de se poser de multiples questions. Qu'est ce qui a été
le leitmotiv de cet acharnement entre des communautés pourtant
condamnées par la nature à vivre ensemble ? Qu'est ce qui a
été à la base de cette situation qui s'est
enracinée dans les esprits des peuples qui ont vécu sur un
même territoire depuis des siècles ? Il en sera question dans
les lignes qui suivent.
II.1.1. LES CAUSES LOINTAINES
Les peuples de l'Ituri se sont par moment
caractérisés par leurs activités économiques.
Ainsi, les Lendu sont des agriculteurs et les Hema des éleveurs pour ne
parler que de ces deux peuples qui méritent beaucoup trop d'attention.
Cela démontre en effet, une opposition diamétrale des cultures
entre les deux peuples. D'un côté des agriculteurs
attachés à leur terre. Une propriété qui fait
d'eux des sédentaires pour s'occuper de leurs cultures, question de
survie au niveau local. De l'autre côté, les Hema des pasteurs en
quêtent perpétuelle d'espace vitale pour leur bétail. Un
besoin de propension qui s'est traduit par des migrations le long du lac
Albert, région riche et indispensable pour les troupeaux. Quand bien
même le besoin inhérent ; d'une part de préserver
leurs terres et de l'autre d'acquérir plus d'espace pour paître
les bétails, la cohabitation entre les deux ethnies n'aurait pas poser
problèmes aux premières heures de leurs arrivées dans la
région de kibali Ituri.
Les migrations qui auraient eu lieu au 16e et
17e siècles dans les régions sub-sahariennes auraient
permis l'occupation de l'Ituri où vivait déjà avant les
Nyari et les mbutes considérés comme les autochtones de la
région. Ces derniers, les pygmées ont vu émigré
à cet effet sur leur territoire les Lendu. A ce titre, les Lendu se
considèrent comme les premiers propriétaires de la terre acquise
de droit après avoir chassé les Nyari et les mbutes.
Les Hema auraient débarqué un siècle
après les Lendu avec leur cargaison de bétail en quête du
pâturage et s'installèrent à la frontière le long du
Lac Albert. Contrairement aux alurs qui sont aussi des nilotiques et qui se
sont appropriés les terres dans l'actuel territoire de Mahagi en
repoussant les Lendu, les Hema préférèrent de
s'entremêler avec les Lendu dans les territoires de Djugu et d'Irumu. Si
dans la partie sud, les Hema conservèrent leur culture et leur langue
ceux du nord s'adaptèrent aux us et coutume des Lendu jusqu'à
perdre leur langue au profit de kilendu et devirent plus commerçant
qu'éleveurs de nature. Ces deux tribus connus des moments de
cohabitation pacifique au courant de leur histoire commune jusqu'à
l'arrivée de l'homme blanc.
Cette région se fera remarquer par la richesse du sol
mais surtout du sous-sol et cela jusqu'à ce jour. Nous en parlerons un
peu plus loin lorsque nous évoquerons la dimension économique du
conflit en Ituri. Il faut cependant souligner que l'arrivée des hema en
Ituri aurait eu lieu sous forme d'infiltration vers entre 1880 et 1889 avec les
invasions des troupes venues de l'Uganda sous la direction du commandant
Kabalega un des lieutenants de la couronne britannique. Il mourut pendant les
affrontements Hema-Lendu et fut remplacé par un autre lieutenant
Kasegama, ce dernier mourra également lors d'une expédition en
1891. Le chef hema Bomera succédera à Kasegama la même
année.
Les tueries, les massacres, les vols, les viols et les
pillages se succédaient au cours de l'expédition de Bomera ce qui
poussa les Lendu à conspirer la fin physique de ce chef Hema Bomera. Il
sera assassiné en 1911 par les Lendu Bindi dans l'actuel territoire
d'Irumu. Les affrontements qui se suivinrent se propagèrent jusque dans
l'actuel territoire de djugu.18(*)
Lors de la colonisation, dans la région de l'Ituri, les
Lendu se montrèrent hostile au pouvoir colonial. Une attitude qui fut
à la base de diverses confrontations avec l'administration,
l'église et les colons. Conséquence directe de cette situation,
les Lendu connurent la discrimination et la ségrégation tribale
entretenue par les colons. Ainsi, l'on remarqua plus tard que les
autorités politico administratives ont fait bon ménage avec les
Hema. Certains auteurs ont fait allusion à la politique coloniale celle
de semer la division. « La vieille technique de l'administration
coloniale consistant à favoriser certains groupes au détriment
d'autres en faisant répandre des mythes d'infériorité et
de supériorité pour mieux diviser les peuples colonisés, a
bien marché dans l'Ituri en l'occurrence, ce sont les Hema, peuple
pasteur qualifié de supérieur qui a
bénéficié des largesses coloniales au détriment des
agriculteurs Lendu marqués d'un label
d'infériorité.19(*) » Les Hema ont également
été favorisés par les colons belges qui les recrutaient
pour gérer leurs fermes et superviser les travailleurs qui
étaient généralement des Lendu.20(*)
Une situation également relayée par Tshungu qui
déclare en effet « Durant la période coloniale, le
concept de conflit a plutôt occupé une place
prépondérante, la tribu apparaissant, du point de vue de
l'idéologie coloniale, comme une réalité socio-culturelle
marquée par l'exclusivisme. La colonisation a, ainsi créé
des mythes sur la supériorité de certaines ethnies et tribus et
instrumentalisé certaines d'entre elles. Ce qui a favorisé les
sentiments de frustration de celles considérées comme
inférieures.21(*) »
La situation ainsi créée par les colonisateurs
s'étendra jusqu'après l'indépendance. En effet, en 1966
une répression menée contre le peuple Lendu suite à leur
insoumission par l'administration locale fera de nombreuses victimes civiles
parmi les Lendu. Ce qui constitue d'ailleurs à nos yeux une des causes
récentes de ce conflit.
II.1.2. LES CAUSES IMMEDIATES
Si depuis les migrations les peuples habitant la région
de l'Ituri cohabitaient dans la paix et la quiétude, l'arrivée de
l'homme blanc a changé la donne. La qualité de
supériorité octroyée aux Hema créa un climat
malsain dans les relations entre les deux peuples. Cette situation bien
entretenue par les colons a suscité les frustrations qui ont
donné lieu à la haine qui s'est engrangée au fil des ans
dans la communauté Lendu. Cependant, il a fallu attendre l'annexion en
1966 de deux villages Lendu dans la chefferie Bandyango sous l'autorité
Hema pour voir éclater la confrontation qui pourtant, devenait de plus
en plus imminente. Avant le 08 mai 1959 les chefferies Hema des babiasa, des
Bundikasa et des Bandyango ne pouvant s'ériger en chefferie autonome
sollicitèrent l'indulgence des autorités coloniales à cet
effet. Ainsi, afin de permettre aux Hema de Bandyango de s'ériger en
chefferie, le commissaire de district, Monsieur Demeur par sa décision
n° 227 du 19 novembre 1940 a incorporé les villages Lendu de Nombe et de
Lakwa dans la chefferie Bandyango.
N'ayant toujours pas répondu aux critères
fixés par le pouvoir colonial pour se faire ériger chacune en
collectivité chefferie autonome, le commissaire de district de l'Ituri,
Monsieur A. HUYS, par sa décision N° 21/40/1959 du 8 mai 1959
créa le secteur des Bahema-Sud, en réunissant administrativement
les trois chefferies, à savoir celle des Babiasa, des Bundikasa et des
Bandyango y compris les deux villages Lendu, pour constituer le secteur des
Bahema-Sud.22(*)
Toutefois, ces deux décisions ne seront pas mises en application par les
chefs coutumiers de ces chefferies.
Ces deux décisions seront mises en application
après l'indépendance en 1964 avec l'arrivée au pouvoir du
gouvernement de Kibali Ituri dirigé par Jean Fauster Manzikala. Celui-ci
nommera par cette occasion Salathiel Kahwa Mugisa amoti muzora chef de
collectivité secteur des Bahema sud en guise de récompense suite
aux multiples services rendus dans l'opération de ratissage contre les
rebelles dans la région. En plus de ces deux villages, le nouveau chef
Kahwa annexera plusieurs autres villages Lendu dans la plaine de Semiliki sous
la domination Hema. Une situation qui avait suscité des protestations au
sein de la population Lendu. Des réactions qui avaient abouti à
des affrontements sanglants en 1966, 1971, 1979, 1981 et 1992. 23(*)
D'autre part, l'attitude d'une riche famille Hema paraissait
insupportable pour les Lendu. La riche famille Gegere Savo s'attribuait des
terres grâce à sa fortune mais aussi à la largesse des
autorités locales à majorité Hema. Celle-ci achetait des
terres même celles litigieuses.
Les deux situations présentaient donc une mixture qui
donna lieu à la détérioration des relations entre les deux
peuples Hema et Lendu et occasionna comme nous l'avons signalé, des
scènes d'affrontements causant des morts, des déplacés,
des violées et des destructions massives des villages entiers. A ceci,
s'ajoute la conclusion de Tshungu Bamesa, « il y a lieu de
retenir comme principales causes des conflits ethniques dans le territoire de
Djugu, l'explosion démographique, les contentieux fonciers, la
désorganisation de l'administration aggravée par la situation de
non Etat dans le district de l'Ituri, le rôle négatif des
intellectuels, la partialité de l'église, la militarisation
ethnique, la tentative de l'ethnicisation du pouvoir politique, la tentation de
la création d'un Hema land dans le territoire de Djugu, le pillage de
l'économie, les velléités de partition de la
RDC ...»24(*) Ce qui a poussé Suliman Ali Baldo de
penser que ce qui a rendu ces attaques si dangereuses c'est la façon
dont les deux groupes s'identifiaient aux catégories hutu et tutsi au
coeur du génocide rwandais. Les Lendu se perçoivent
désormais comme des parents des Hutu alors que les Hema s'identifient
aux Tutsi. Les deux groupes se sont pendant longtemps livrés à
une compétition pour le contrôle de la terre mais les
identifications récentes et le lien qu'elles ont avec le génocide
menacent de transformer cette lutte en un phénomène beaucoup plus
dévastateur.25(*)
Nous disséquerons chaque aspect de cette assertion
lorsque nous parlerons des différentes dimensions du conflit
« Iturien ».
II.1.3. LES PROTAGONISTES
Il est certes connu de tous que la situation conflictuelle de
l'Ituri a mis au prise les ethnies Hema et Lendu. Plusieurs témoignages
ont, par ailleurs, fait état de la participation des
éléments Ougandais aux côtés de certains groupes
armés soit sous l'obédience Hema, soit Lendu. Cette assistance
de l'armée ougandaise ravivait la tension. Seulement, ces Hema et Lendu
se sont organisés en multiples milices au gré des dirigeants,
chacun avec son agenda. C'est ce qui a donné naissance aux groupes
armés très actifs disséminés à travers tout
le district de l'Ituri. Il est de notre devoir de situer chaque groupe
armé dans son contexte.
Avant d'en arriver là, nous signalons que le conflit
qui a opposé les Hema et Lendu dans les territoires de Djugu et d'Irumu
avait pour cause commune le conflit foncier alimenté par des
antécédents eu égard à la suprématie
constatée des Hema, une trouvaille coloniale pour s'imposer dans cette
partie de la République Démocratique du Congo.
A ce stade, nous parlons d'une manière aussi succincte
que possible des groupes armés qui se sont illustrés dans les
affrontements en Ituri. Nous nous appesantirons avec un peu plus des
détails sur ce dossier lorsque nous aborderons le volet dimension
politique du conflit.
Sachant que la délimitation de notre travail
s'étale entre les années 2004 et 2005, nous mettrons à
votre disposition juste un brin d'information en rapport avec les groupes
armés de l'Ituri.
Il s'agit notamment de l'UPC-L, UPC-K, MLC,
RCD/ML, FNI, FRPI, PUSIC, FAPC, et de FIPI. Tous ces groupes
armés sont constitués, pour la plupart, sur des bases ethniques.
Et les ethnies les plus représentatives sont les Hema et les Lendu.
II.1.3.1 D'UN GROUPE A UN AUTRE.
1. L'Union des Patriotes Congolais, (UPC) :
Ce groupe à majorité Hema a été
crée en 2002 à Bunia par l'Ouganda avec à sa tête
Thomas Lubanga. Ce dernier, dissident du RCD ML de Mbusa Nyamwisi se ralliera
en janvier 2003 avec le Rwanda par l'entremise du Rassemblement Congolais pour
la Démocratie, RCD basé à Goma. L'Upc de Thomas Lubanga
fut maître de Bunia et la quitta avant l'arrivée des Casques Bleus
de la MONUC qui ont pris la relève de la force internationale
Artémis.
2. Le Mouvement de Libération du
Congo,(MLC) :
Mouvement politico militaire, le MLC a été
crée le 30 septembre 1998 par un groupe des congolais sous la direction
de Jean Pierre Bemba. De 1998 à 2003, ce mouvement politico-militaire
contrôlait la grande partie de la province de l'Equateur et une partie de
la province orientale, notamment le district de l'Ituri grâce à
son alliance avec le RCD/ML de Mbusa Nyamwisi et le RCD National de Roger
Lumbala en juillet 2001. Alliance qui avait donné naissance au Front
pour la Libération du Congo. Ce mouvement politico militaire se muera en
parti politique le 5 avril 2003, un jour après la promulgation de la
constitution de la transition par le Président Joseph KABILA.
3. Le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie-Mouvement de Libération. RCD/ML
Né en décembre 1999 d'une scission avec le RCD
Goma, ce mouvement s'est implanté à l'est et au sud de l'Ituri
notamment à Kisangani et à Beni au Nord Kivu. Bien qu'ayant son
quartier général à Beni, le RCD ML de Mbusa Nyamwisi a
été très virulent dans les affrontements qui se sont
déroulés en Ituri. Soutenu par l'Ouganda, le RCD/ML
contrôla pendant un certain temps la ville de Bunia avant de s'affronter
avec l'UPC de Thomas Lubanga et de quitter Bunia pour se retrancher à
Beni au Nord Kivu.
4. L'Union des Patriotes Congolais- Kisembo
Floribert Kisembo ancien bras droit de Thomas Lubanga se
retranchera suite à des querelles internes au sein de l'Upc de Thomas
Lubanga pour fonder son aile UPC K à la différence de l'UPC L de
Lubanga et toujours avec l'appui Ougandais.
5. Le front des Nationalistes et
Intégrationnistes (FNI)
Ce groupe armé à majorité Lendu fut
l'oeuvre de Floribert Ndjabu sous l'instigation des officiers Ougandais en
janvier 2003. Il participa ardemment à l'éviction de UPC de
Thomas Lubanga de la ville de Bunia. Floribert Ndjabu avec son FNI s'est
toujours présenter en défenseur de la communauté Lendu. Il
s'est par ailleurs allié à d'autres communautés
considérées plus proche des Lendu à l'instar des ngiti.
Floribert Ndjabu fut promu général dans le FARDC avant
d'être arrêté le 11 mars 2005.
6. Forces de Résistance Patriotique en Ituri,
FRPI.
Nous le disions tantôt que le FNI
bénéficia de l'apport de la communauté Ngiti. En effet,
cet apport donna naissance à une milice dirigée par Germain
Katanga. Il fut crée en novembre 2002 et bénéficia lui
aussi secrètement de l'appui ougandais et aussi du gouvernement de
Kinshasa lors des hostilités en 2003. Germain Katanga sera
consacré général au sein des FARDC, il sera lui aussi mis
aux arrêts à kinshasa.
7. Le parti pour la Sauvegarde de
l'Intégrité du Congo (PUSIC)
Les dissidences se sont poursuivies au sein de l'UPC de Thomas
Lubanga de tel enseigne que presque tous les lieutenants se sont retirés
pour former leur milice. Cette situation fut la rusée des officiers
Ougandais. Nous en parlerons lors que nous aborderons la dimension politique du
conflit. De ces dissidences, naquit également le PUSIC avec Kahwa Mandro
en Février 2003 après le rapprochement de l'UPC avec le Rwanda la
même année. Par ailleurs, le PUSIC, se divisera en deux branches,
l'une dirigée par Kahwa Mandro et l'autre par Kisembo Bitamara. Ce
dernier installera son quartier général à Kansenyi au bord
du Lac Albert. Tandis que Kahwa resté à Bunia se convertira
plutard à l'Islam et s'alliera avec la Libye.
8. Front de l'Intégration pour la Pacification
de l'Ituri (FIPI)
A partir de l'Ouganda, un groupe armé
sera crée en Février 2003. Cette nouvelle milice sera
présidée par un chef traditionnel de l'Ethnie Hema Kahwa Mandro
qui lui avait déjà à partir de Bunia formé le Pusic
avec Kisembo Bitamara. Ce nouveau groupe sera plus ouvert aux
communautés Lendu, Ngiti et Hema. FIPI avec Kahwa Mandro prendra le
contrôle de Tcheyi à quelques 12 kilomètres de Bunia le 27
février 2003.
9. Les Forces Armées du Peuple Congolais
(FAPC)
Toujours dans la foulée des dissidents de l'UPC,
Jérôme KAKWAVU l'un des lieutenants de l'UPC qui contrôlait
la partie nord-est de l'Ituri dans le territoire d'Aru et une partie du
territoire de Mahagi, proclamera l'indépendance du territoire
où il contrôlait et formera son parti le FAPC en février
2003. Ce fut l'unique groupe à caractère mixte qui regroupa en
son sein presque toutes les ethnies de l'Ituri. Il reçu le soutient
d'une haute personnalité ougandaise selon le magazine de la MONUC citant
des sources de l'Agence France Presse.26(*) Jérôme Kakwavu installa son quartier
général dans le territoire de Aru et contrôla une bonne
partie du territoire de Mahagi y compris la cité minière de
Mongwalu. Il sera promu général au sein des FARDC avant
d'être incarcéré à Kinshasa la capitale congolaise.
II. 2. LES DIMENSIONS DU CONFLIT DE L'ITURI.
Le conflit pris comme un désaccord entre les individus,
suppose une opposition des idées, des considérations et des
valeurs. Ainsi, en ce qui concerne le district de l'Ituri, les ethnies
culturellement différentes se sont opposées comme nous l'avions
déjà signalés. Et en résumant la réflexion
de Tshungu Bamesa nous avons fait remarquer que les causes du conflit fut entre
autre : L'explosion démographique, les contentieux fonciers et
la désorganisation de l'administration aggravée par la situation
de non Etat dans cette partie du Pays.
Cette façon de circonscrire la situation de l'Ituri,
nous pousse à classifier ce conflit en trois dimensions. La
première cadre avec la démographie de l'Ituri, il s'agit bien
entendu de la question Identitaire des peuples de la région. La seconde
s'étale sur l'occupation territoriale de chaque peuple avec sous
bassement l'activité économique eu égard à leur
position sur terrain. Enfin, la troisième dimension fait allusion
à la situation politique dans le district. Ainsi, nous aborderons dans
les lignes qui suivent les trois dimension du conflit à savoir : La
dimension Identitaire, la dimension économique et la dimension
politique.
II.2.1. LA DIMENSION IDENTITAIRE.
Les identités se trouvent à la base de tous les
conflits et une culture de la paix ne peut se construire sans une articulation
correcte des différentes identités qui se partagent l'espace
social.27(*) Une preuve
suffisante de l'importance que revêt la considération Identitaire
de chaque ethnie.
Les différentes ethnies peuvent pourtant vivre ensemble
et partager le même sol, le même territoire séparer
justement par des délimitations conventionnelles traditionnelles. Il est
certes vrai que chaque peuple trouve une fierté en s'identifiant
à telle ou telle autre ethnie. Cependant, la dérive proviendrait
du fait que les membres d'une ethnie considèrent comme étranger
ou ennemis les ressortissants d'une autre ethnie partageant le même
sol.
En ce qui concerne le district de l'Ituri, l'appartenance
à une ethnie est majeure et par conséquent définie le sort
même qu'on réserverait à l'individu qui pourrait par moment
se trouver dans une situation d'isolement, considérer à tort ou
à raison dangereuse même pour son intégrité
physique.
L'identité est souvent d'ordre culturel où
chaque individu adhère à un certain nombre de perceptions et de
valeurs qui distinguent les ethnies. François Elika dans son ouvrage sur
la géopolitique mondiale, considère l'identité à
l'échelle psychologique. Selon lui, cette considération implique
l'indissociabilité du moi et de l'alter. Elle est une manière
d'avoir un sentiment d'unité structurelle de sa personnalité, une
recherche de l'estime des uns et une ouverture à l'égard des
autres.28(*) Cette
perception voudrait à ce que chaque individu tienne compte non
seulement de sa personne mais aussi de son semblable quelle que soit sa
culture, ses valeurs morales et intellectuelles. Ainsi considérer,
l'identité de chacun étant préservée et garantie,
cela empêche toute dégradation des relations entre les peuples
d'une région donnée.
Le conflit identitaire pourrait alors surgir, comme l'a
souligné François Thual cité par François Elika,
lorsqu'un groupe social se persuade à tort ou à raison qu'il est
menacé de disparaître, soit sur le plan physique, soit sur le plan
politique. Quand celui-ci se sent dépossédé de son droit
de vivre, de son identité et de sa spécificité.29(*)
En Ituri, il s'est avéré à un moment de
l'histoire que les ethnies partageant le même sol se sont laissées
emporter par des considérations néfastes qui ont endeuillé
la région. Chaque peuple voulant s'affirmer et s'approprier de l'espace,
parfois de force, sans considération des aspirations des autres. S'il
est souvent évoqué comme l'élément
déclencheur des hostilités, le conflit foncier, il se
dégage que cela fut agrémenté par un mépris d'un
groupe humain par un autre. Toutes les bonnes consciences du monde ne peuvent
que se poser des questions de savoir, pourquoi tant des haines pour son
semblable avec qui on est condamné par le destin de vivre ensemble ?
Cette question ne valait pourtant pas la peine d'être posée. Mais
en considérant les événements qui se sont
succédés dans cette partie du pays on ne peut penser autrement.
Les Lendu d'un côté, se considérant comme
des premiers habitants à débarquer dans la région avant
tous les autres immigrés, se sont pris pour des autochtones et par
ricochet, ils se sont hissés au rang des premiers propriétaires
terriens tout en affirmant que toutes les terres, du moins des endroits
où ils étaient implantés, leur revenaient de droit eu
égard à la tradition et aux lois coutumières.
De l'autre côté, les Hema, mettant en exergue
leur puissant monétaire avec l'appui des colons belges, se sont
considérés comme des acquéreurs vertébrés
autorisés à tout faire. Aider en cela par une autosuffisance et
un complexe de supériorité. Dans leur mémorandum, les
délégués Hema sous la direction du docteur Djejju Mariska
ont affirmé que « Le pouvoir colonial fi appel aux chefs
coutumiers Hema pour constituer et organiser les Walendu en chefferies, ce qui
n'a jamais été désavoué, jusqu'à ce jour par
les chefs ou sujets Balendu. Au contraire, les chefs coutumiers Balendu
crées par le chef Hema estimèrent cette collaboration comme signe
d'expérience fructueuse à mettre en application pour une
meilleure administration de la population dont ils avaient été
faits responsables... ceci montre à suffisance que les Bahema n'ont pas
envahi les terrains des Walendu. Administrativement, ces derniers proviennent
de bahema (pouvoir et territoriale) dans la mesure où toute la
région était sous la juridiction de Mukama, chef suprême
des bahema et des Walendu.30(*) » Cette façon de considérer
son ethnicité par les Hema nous démontre comment
l'identité de chaque peuple occupe une place de choix.
Ainsi donc, le conflit en Ituri a pris corps à l`image
de chaque groupe ethnique les uns comme les autres emballer par un amour
propre, amour traduit par l'autodéfense. La forte concentration de la
population de chaque ethnie a par ailleurs aménagé le souci des
uns et des autres à penser à l'expansion de son territoire.
Cette réalité se vérifia au sein de la
communauté Hema à caractère agropastoral, en quête
de l'espace vital pour leurs troupeaux. Mais aussi dans les milieux Lendu
où l'arrivée de tout autre peuple aux environs de leur territoire
était considérée comme un affront et une menace à
l'intégrité territoriale. Seulement au delà de cette
perception il est important d'évoquer que la guéguerre entre les
ethnies Lendu et Hema est tout aussi une affaire des élites et non de la
population qui pourtant elle est instrumentalisée et victime. Sematumba
dans sa réflexion sur la guerre en Ituri souligne que plusieurs
analystes qui ont abordé, ce qu'on qualifie de drame de l'Ituri, l'ont
pour la plupart de cas abordé sous l'angle culturel, en mettant en
exergue les conflits séculaires entre les cultivateurs Lendu et les
éleveurs Hema, les autres communautés locales pouvant se classer
selon le côté où elles penchent sur cette balance de la
haine. Une telle lecture est dangereusement réductrice car elle occulte
la donne politique de ce drame dans cette région où se joue coup
à coup de massacres, le positionnement sur le futur échiquier
national de la transition et la dimension économique qui attise toutes
les convoitises.31(*) Cela
étant, il s'avère donc indispensable d'aborder le conflit en
Ituri sur le plan économique et politique.
II.2.2. LA DIMENSION POLITIQUE
L'antagonisme entre les ethnies du district de l'Ituri
caractérisé par des affrontements, des violences et des tueries
est d'une part justifié, comme nous l'avons déjà
mentionné, par des disputes des portions des terres entre les ethnies,
des questions Identitaires, des dignités et surtout de la question
primordiale celle de la gestion du district.
En Afrique, l'ethnicité joue un rôle majeur dans
la dialectique entre l'homme et la société.32(*) Ainsi donc, il est difficile
de séparer le phénomène politique d'avec le
phénomène ethnique. Jok Oga Ukelo affirme que l'ethnicité
est une arme et une stratégie politique. Il poussa sa réflexion
en considérant le déroulement des campagnes électorales en
Afrique Sub saharienne. Certains candidats argumentent leur propos sur des
fonds tribaux. Votez pour votre frère de tribu, disent-ils.33(*)
Ces derniers en quête du pouvoir, tant soit, au niveau
local que national, ont tiré des ficelles du conflit en
instrumentalisant leurs frères. Ces élites politiques et
intellectuelles n'ont fait qu'aggraver la situation pour des appétits
démesurés du leadership et de positionnement sur la scène
politique. Ils ont été pour beaucoup dans le blocage de
l'engrainage de la pacification de la région. Jok Oga Ukelo a fait
observé que « Des églises, les élites, les
personnalités politiques et hommes de science, a qui l'on
reconnaît les compétences de délibération, de
l'écriture et de la décision, n'ont pas toujours eu un discours
conciliateur. C'est au travers de la manipulation de l'ethnicité qu'ils
ont essayé de couvrir leurs vrais agendas politiques et
économiques.34(*)
Il est certes vrai que parti des conflits entre les ethnies
sur des considérations culturelles et identitaires, la situation de
l'Ituri a bénéficié cependant d'une immixtion des forces
extérieures de la région mais surtout de l'ingérence des
forces armées étrangères. Les accointances entre les Hema
du Congo et les Hima de l'Ouganda ont joué en faveur des milices
à l'obédience Hema qui, tout au long du conflit ont reçu
le soutient des hautes personnalités de la scène politique et
militaire de l'Ouganda. Dans son rapport du 1er février
2001, monsieur Garreton souligne que le conflit actuel en Ituri s'explique en
grande partie non seulement par les conséquences de la présence
des Ougandais, dans la gestion de la population, mais surtout par leur
partialité. L'exemple le plus manifeste de cette partialité a
été la nomination, en juin 1999, au poste de gouverneur du
district nouvellement crée par les Ougandais, et contre la
volonté de la population, de Madame Adèle Lotsove, une Hema, qui
a clairement pris parti pour son ethnie dans l'exercice de ses fonctions,
exacerbant ainsi les tensions résultant des affrontements
précédents.35(*)
La région de l'Ituri a mis en opposition plusieurs
milices rivales qui cependant voulaient faire entendre leur voix sur le plan
national. Le rapport des experts des Nations unies du 21 octobre 2002 indique
que le conflit armé qui a opposé les membres de clans de Hema et
des Lendu, découle en partie des tentatives des politiciens et d'hommes
d'affaires influents visant à accroître les avantages qu'ils
tirent des activités commerciales.36(*)
A cet effet, des alliances se sont nouées de part et
d'autre. La plus spectaculaire fut celle de Front de Libération du
Congo, FLC, alliance conclut entre le MLC de Jean Pierre Bemba, le RCD/ML de
Mbusa Nyamwisi et le RCD/National de Roger Lumbala en juillet 2001. Et celle de
l'UPC de Thomas Lubanga avec le RCD/Goma un mouvement Rebelle
d'Obédience Rwandaise.
Ces alliances ont eu pour conséquence d'une part, la
reconnaissance des leaders sur le plan national et international. D'autre
part, la main mise de ces groupes armés sur les ressources et les
richesses du sol et du sous sol de l'Ituri au détriment même de la
population qui a renforcé par moment certaines de leurs positions. Nous
en parlerons en long et en large lorsque nous aborderons la dimension
économique du conflit.
Comme nous pouvons le remarquer, ce jeu des alliances
changeait au gré des intérêts immédiats. Ainsi
Mbusa Nyamwisi profitera de l'accord cadre issu du dialogue inter congolais
signé entre le MLC et le gouvernement de Kinshasa le 19 avril 2002 qui
par malheur ne sera jamais mis en application, pour ouvrir son espace au
gouvernement de kinshasa. Cette ouverture fut mal digérée par
l'Ouganda qui décida d'en finir avec Mbusa Nyamwisi. L'Ouganda chargera
le MLC et le RCD/N de réaliser la besogne et contraindre le RCD/ML de
quitter l'Ituri. Groupe Lotus basé à Kisangani dans son rapport
de Mars 2003 sur la situation sécuritaire de l'Ituri, signale que pour
se débarrasser de Mbusa Nyamwisi un allié jugé corrompu et
ingrat, les ougandais ont confié à l'Alliance MLC et RCD N, la
mission de lui faire la guerre. C'est dans cette optique que l'Alliance Bemba
et Lumbala avait ouvert le front Isiro-Niania avec le seul objectif
avoué de récupérer tout l'espace sous contrôle du
RCD/ML de Mbusa Nyamwisi.37(*) Entre temps, le même Ouganda arrivera à
convaincre Thomas Lubanga l'un des bras droit de Mbusa Nyamwisi originaire de
l'Ituri de se désolidariser de ce dernier et de le chasser de Bunia avec
une nouvelle milice qu'il organisa avec un bon nombre des Hema.
Cette prise de position Ougandaise s'explique par le fait que
le président Museveni craignait fortement que Mbusa ne lui
échappe totalement après la réunification du Pays
souligne Groupe Lotus.38(*) A la longue, L'UPC de thomas Lubanga qui
contrôlait Bunia fut chassé le 06 mars par le FIPI, Front pour
l'Intégration et la Paix en Ituri, une autre fraction
créée par l'Ouganda sous le commandement du chef Kahwa Mandro
ancien ministre de l'UPC.39(*) A la base son alliance le 06 janvier 2003 avec le
RCD/Goma d'obédience rwandaise. Les officiels et officiers Ougandais en
poste à l'Est de la RDC, conclut groupe Lotus, sont plus
intéressés par l'argent que par la politique. Ce qui les
amène à fabriquer des rebelles congolais qui doivent servir pour
leur enrichissement.40(*)
La situation de l'Ituri n'a pourtant pas évoluée
avec la mise en place du gouvernement de transition issu de la rencontre de Sun
City en Afrique du Sud. Le déploiement de la force multinationale sous
le commandement français, la descente des casques bleus de la Monuc,
l'envoi de la première Brigade brassée n'a pourtant pas
poussé les miliciens à déposer les armes. A maintes
reprises les patrouilles mixtes Fardc-Casques Bleus de la Monuc ont
été victime des attaques des milices de FNI de Peter Karim dans
le territoire de Mahagi pour ne citer que cela.
D'ailleurs l'avènement du gouvernement de transition
à radicaliser la position des certains extrémistes des groupes
armés n'ayant pas trouvé leur compte au sein de la nouvelle
configuration politique du pays. Les leaders des certaines fractions ont
multipliés des attaques contre les positions des FARDC et de la MONUC.
Une façon pour eux de faire entendre leurs voix. Cette manière de
faire a donné l'occasion à certains d'entre eux d'être
auréolé au sein de l'armée régulière de la
RDC le 11 décembre 2004. Toutefois le dernier en date fut Peter Karim,
chef milicien qui s'est illustré dans des attaques contre les
patrouilles Bangladeshi de la Monuc dans les périphéries de
Kodikoka à 8 kilomètres de Mahagi territoire situé
à plus de 200 kilomètres au Nord Est de Bunia vers la
frontière Ougandaise. Peter Karin a été promu colonel dans
l'armée. Ainsi donc, la situation de l'Ituri a pris une autre
tournure, une sorte de chantage pour les uns et un tremplin pour les autres
afin d'accéder à un échelon supérieur sur
l'échiquier nationale, sans pour autant se soucier de la population. La
compétition entre les hommes forts a conduit à la fragmentation
politique et militaire en Ituri.
Tout compte fait, il se dégage que presque toutes les
forces belligérantes en RDC s'étaient positionnés en
Ituri : L'armée gouvernementale alliée à celle du
RCD/ML, l'armée du MLC et du RCD/N, les armées Ougandaises et
Rwandaise. Sans compter tous les combattants organisés en milice, sous
contrôle, soit des Lendu, soit des Hema.
A cet effet, on a droit de se poser la question de savoir
qu'est ce qui attirait toutes ces armées dans cette partie du
pays ? Qu'est ce qui occasionnait ces affrontements sanglants entre les
fils d'un même pays mais divisé par les étrangers et les
appétits divergents ? La dimension économique du conflit
nous livrera quelques pistes de réponse à nos questions.
II.2.3 DIMENSION ECONOMIQUE.
Le district de l'Ituri est l'une des régions les plus
riches de la République Démocratique du Congo. Elle regorge en
elle seule presque toute les richesses du sol et du sous sol Congolais. En
commençant par les bois, en passant par les minerais tel que le diamant,
l'or et le coltant jusqu'à l'or noir ou le pétrole. Sematumba
souligne que cette richesse qui tue la région de l'Ituri est
restée plus au moins fermée sur elle-même jusqu'aux
années 1930... la date où le colonisateur déchira la foret
en traçant un tronçon routier de plus de 600 kilomètres
qui draina plutard une masse importante des humains en quête des terres
arables.41(*)
Toute cette potentialité suscita la convoitise de ceux
qui se considèrent comme leader des communautés
instrumentalisées par les puissances étrangères.
L'archevêque de Bukavu Emmanuel Kataliko décédé en
1999, avait déclaré de son vivant : « Le
conflit ethnique de l'ituri devient de plus en plus un conflit des ressources
naturelles. Les milices ethniques soutenues par des pays voisins se battent
pour le contrôle de cette région riche en minerais. Des pays
étrangers, en collaboration avec leurs amis congolais organisent des
luttes pour les ressources
naturelles. »42(*)
Cela se vérifia par des différents affrontements
qui se sont succédés dans cette partie du Pays. Comme nous
l'avons souligné précédemment. Dans le rapport des
experts de Nations unies sur le pillage des ressources naturelles congolaises
en octobre 2002, plusieurs personnalités Ougandaises sont cités
notamment le général de corps d'armée à la retraite
Salim Saleh, demi frère de Museveni, le général de
division James Kazini, les colonels Noble Mayombo et Kahinda otafiire. Parmi
les personnalités congolaises on cite nommément Mbusa Nyamwisi,
Wamba dia Wamba, John Tibasima, Roger Lumbala, Thomas Lubanga, Peter Karim etc.
Dans le lot on signale que ces personnalités opèrent sous couvert
des entreprises des sociétés écrans dont les plus
cités sont le groupe victoria, Trinity Investiment, la Conmet et
Sagricof.43(*) Sematumba
souligne que ce réseau collabore étroitement avec le groupe de
criminalité internationale Victor Bout. Bout est propriétaire
d'une compagnie aérienne basée à Kampala nommée
Odessa, ex Okapi Air qui partage les temps de vol et les destinations avec
Planet Air, la compagnie de l'épouse du général Salim
Saleh.44(*) Et Colette
Braeckman journaliste belge de conclure : « Il n'y a pas de
tabous dans cette province. Le monde entier est intéressé par ses
richesses. Des firmes multinationales s'installent pour la recherche
de leurs profits.45(*) »
II.3. CONCLUSION.
La situation en Ituri est très particulière tant
sur le plan interne qu'externe. D'abord les ethnies se sont opposées
pour des disputes des terres. Ces affrontements ont été
exploités d'une manière et d'une autre par des leaders ethniques,
intellectuels et politiques de chaque peuple. Ensuite, présentant une
figure d'enfant orphelin, le district de l'Ituri a été envahi par
des forces étrangères soutenues cependant par quelques fils de la
région. Ce qui a occasion un pillage à grande échelle de
ses richesses. D'autre, par ailleurs, ont trouvé en ce conflit une voie
d'émergence sur le plan politique à l'échelle nationale et
même sur le plan militaire, ils ont tiré les ficelles d'une
manière ou d'une autre en guise de satisfaire leurs appétits
gloutons. Mais, ces affrontements ont coûté la vie à des
centaines des milliers de personnes. Ils ont également occasionné
des milliers de déplacés et des dizaines de sans abri qui
jusqu'à ce jours ont encore du mal à retourner dans leurs milieux
d'origines.
CHAPITRE DEUXIEME : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Tout travail scientifique mérite une définition
des concepts essentiels qui constituent son ossature. A cet effet, dans les
lignes qui suivent nous tiendrons à définir les concepts
suivants : couverture médiatique, conflit identitaire et conflit
armé. De même la science étant fondée sur les
théories, il sera question d'attester le cadre d'idées et
principes sous-tendant l'argumentaire de notre étude.
SECTION I : CADRE CONCEPTUEL
I.1 LES MEDIAS ET SES FONCTIONS
I.1.1. Les médias
Le grand dictionnaire encyclopédique Larousse
définit le média comme étant une abréviation de
mass média. Il désigne toute technique de distribution, de
diffusion des oeuvres de l'esprit, écrites, sonores ou visuelles. C'est
aussi, un moyen naturel ou artificiel permettant l'expression et la
communication de la pensée.46(*) Un média, dans le domaine qui nous concerne,
est donc un moyen de diffusion, de transmission et de communication d'une
information. Francis balle, cité par YAV, définit un média
comme un équipement technique permettant aux hommes de communiquer
l'expression de leurs pensées, quelles que soient la forme et la
finalité de cette expression.47(*)
Selon Leonardo et Annick Bureaud, le mot media désigne
aujourd'hui deux choses; les médias de masse et les médias
numériques ainsi que électroniques.48(*) Les médias de masse
font allusion à la Radio, la télévision et la presse
tandis que les médias numériques et électroniques reposent
sur l'ordinateur et l'informatique, ainsi que les "nouvelles technologies de
l'information et de la communication". A la lumière de la
considération que ces deux derniers auteurs font de média, ce
terme recouvre donc aussi bien des canaux de communication utilisables
individuellement (Internet, portables) que des médias de masse produits
de manière centrale et largement diffusés (presse, radio,
télévision).
Par ailleurs, pour Claude Jean Bertrand, le média est
un terme issu de l'anglais medium (moyen) qui est donc d'une manière
générale définis comme des supports techniques servant au
travail de transmission des messages à un ensemble d'individus
épars.49(*) Ces
médias peuvent être repartis en 3 catégories à
savoir :
- Les médias imprimés (Livres, journaux,
magazines, affiches...)
- Les médias films (Photographies,
cinématographies...)
- Les médias électroniques (Radio,
télévision, téléphone, Internet...)
En répartissant les médias en différentes
catégories, Claude Jean Bertrand a mis en exergue l'assujettissement du
monde par le développement de la technologie en matière de la
communication où rien n'échappe à son emprise. Le monde,
en effet, est devenu un grand village, de tel enseigne que d'un point du globe
à un autre, la jonction n'est plus devenue qu'une mince affaire
grâce à la communication qui met en contribution, la Radio, la
télévision, le téléphone et maintenant l'Internet.
Emmanuel Dumont cité par Claude Buse dans son
mémoire avise que, les médias, comme leurs noms l'indiquent, sont
des moyens. On les utilise pour concrétiser un projet de communication,
pour atteindre un objectif. Ils ne sont que des façons possibles de
mettre en oeuvre une stratégie.50(*) Ainsi, les moyens d'informations ne sont en fait que
des moyens de transmission qui varient par rapport au contexte en fonction de
la manière dont on les transmet. Ce qui met un accent particulier sur
les différentes fonctions que remplissent les médias dans la
vie humaine.
I.1.2. Ses fonctions
Le sociologue Jean Stoetzel cité par Francis Balle dans
son ouvrage Médias et société renseigne qu'il est
impossible de comprendre la presse sans envisager les fonctions qu'elle exerce
auprès de son public.51(*) Les médias jouent différentes fonctions
dans la vie sociale et cela selon les auteurs. Pour Derville, les médias
ne remplissent pas toujours les mêmes fonctions, selon les besoins et les
circonstances dans lesquels ils sont utilisés.52(*) Il s'avère que chaque
fonction des médias correspond un besoin social. Ainsi pour Derville les
médias :
· Fournissent des nouvelles au public ;
· Analysent ces nouvelles ;
· Distraient les consommateurs ;
· Diffusent des connaissances ;
· Ils le font dans un cadre de
référence ;
Eu égard à ce qui précède, nous
pouvons déduire que les médias remplissent quatre fonctions
53(*) à
savoir :
1. La fonction Informative
2. La fonction Délibérative
3. La fonction Distractive
4. La fonction Educative.
I.1.2.1. La fonction Informative
La première fonction des médias est de
véhiculer les informations que le public reçoit comme des
certitudes. Bernard Munsoko souligne à cet effet que l'information
sécurise l'individu face aux multiples agressions dont il est victime.
Elle l'aide à vivre en harmonie avec ses voisins, ses semblables, son
environnement, sa société et à assumer son histoire et sa
civilisation.54(*)
Il se dégage que, de par l'évolution de la
communication à travers le monde, les nouvelles diffusées par les
journalistes acquièrent une importance auprès du public auquel
elles sont destinées. Quand bien même la presse ne serait toujours
pas en mesure de rendre compte de tous les événements qui se
produisent à travers le monde, elle a pourtant une considération
prépondérante dans la vie communautaire de telle sorte que Mermet
qualifie notre époque de l'ère médiatique. Pour lui, la
plupart des attitudes et comportements des hommes sont influencés,
modifiés, voire provoqués par l'accumulation des informations de
toutes sortes.55(*)
Sous cet angle, Roland Cayrol atteste que malgré le
fait que nous disposons de multiples sources d'informations, ce sont les
médias qui constituent indubitablement le canal principal dans le monde
par lequel nous parvient l'essentiel des nouvelles politiques.56(*)
Somme toute, les nouvelles de quelques natures que ce soit,
jouent toujours un rôle social très important selon les
entendements de chaque individu. Si pour les uns, l'information renseigne sur
les différentes situations, pour les autres elle sécurise, elle
les avise à prendre des précautions sur certains faits.
Enfin, l'information façonne les attitudes
comportementales des populations de telle sorte que pour résoudre les
conflits entre les hommes, les medias doivent jouer un rôle
déterminant.
I.1.2.2. La fonction Délibérative
La fonction délibérative des médias fait
allusion à l'opinion ou au jugement que peut émettre le
communicateur dans son message. C'est donc un atout pour les hommes de presse.
De par leurs dires ou écrits sur certains événements, les
journalistes peuvent d'une manière ou d'une autre orienter ou
réorienter le débat au sein de l'opinion publique. Munkeni Lapess
a à cet effet, souligné que dans notre cher métier des
journalistes, « Les faits sont sacrés et l'opinion
libre » c'est-à-dire que les faits qui se sont produits sont
comme tels, véridiques et vérifiables, mais chacun a la latitude
de les interprétés, à porter un jugement à sa
manière.57(*)
Nous pouvons ainsi substituer, de ce qui
précède, que les organes de presse n'interviennent pas seulement
selon leurs premières fonctions celle d'informer mais ouvrent parfois
des brèches en permettant aux uns et aux autres à émettre
des opinions. Cette considération ne donne cependant pas à
l'opinion le monopole de la véracité quand bien même
certaines d'entre elles sont parfois près de refléter la
vérité des faits.
I.1.2.3. La fonction Distractive
La société moderne exhale de plus en plus l'air
d'une nouvelle culture basée sur les médias. Autant les
médias prolifèrent, autant la communauté trouve en eux une
source indéniable, non seulement d'information et de formation, mais
aussi de distraction. Il se dégage que dans la société
moderne, lire les journaux, écouter la Radio ou regarder la
télévision font parti des loisirs au même pied
d'égalité que les sites touristiques, les salles de spectacles,
les salles d'exposition ou les musées. Jean Stoetzel cité par
Muntu Maladi, signale que les moments choisis pour la lecture de la presse sont
souvent les intervalles de repos, la détente qui suit le
déjeuner, l'attente du dîner ou du coucher chez l'homme. Bien
plus, la lecture du journal est la distraction consciemment recherchée
pendant les temps morts, dans les transports, dans les salons d'attentes, les
jours de fête quand il se peut.58(*)
I.1.2.4. La fonction Educative
Nous avons précédemment mentionné que les
médias sont sources d'information et de formation faisant ainsi allusion
à la valeur que revêtent les canaux de communication dans la
formation de l'individu. Cet atout offre aux consommateurs des médias un
plus dans leurs formations éducatives.
Quand bien, pour beaucoup la fonction éducative des
médias est discutable, il s'avère cependant qu'en se penchant sur
les effets des médias, on pourrait alors se rendre compte de sa
portée sur l'éducation acquise grâce aux médias.
Carl Hovland définit la communication comme étant le processus
par lequel un individu transmet le stimulus afin de modifier le comportement
d'autres individus.59(*)
Ceci démontre comment la consommation des médias peut aussi avoir
des effets sur l'éducation d'un individu. Cette fonction,
dépend également de la manière dont un individu peut
recevoir une information.
I.1.2.5. Conclusion
Nous ne pouvons pas à ce stade conclure que ses
fonctions sont exhaustives, car nous l'avons souligné que les fonctions
des médias dépendent d'un auteur à un autre. Quand en ce
qui concerne notre étude, Jean Stoetzel a fait savoir que la presse est
comme un instrument de « reliance » sociale. Pour lui,
entant que pourvoyeurs privilégiés de nouvelles, les
médias favorisent l'insertion de l'individu dans son groupe...les
nouvelles fournissent en effet les matériaux privilégiées
de la conversation mondaine. A ce titre, elles sont des alliées
sûres pour cette forme superficielle de sociabilité que favorise
la société de masse.60(*)
Par ailleurs, les médias exercent aussi la fonction
cathartique. Selon Francis Balle, le terme cathartique désigne la
réaction de libération provoquée chez un individu par le
rappel d'une émotion refoulée ou d'un conflit non résolu
qui perturbait sa vie psychique. A ce titre en dénonçant les
scandales, en désignant les coupables... la presse donne une
satisfaction, au moins imaginative et verbale, à notre violence,
à nos revendications, à notre besoin de protester.61(*) Nous pouvons ainsi, par
rapport à notre sujet, à savoir la couverture médiatique
d'une zone de conflit armé, chuter que les médias lors d'un
conflit aide l'individu à satisfaire un besoin presque emprisonné
en lui celui d'être informé sur presque tout
événement qui se déroulerait dans sa communauté.
Jean Cazeneuve conclu en considérant que les médias
contribueraient à combler le fossé toujours plus profond entre la
multiplication des besoins et la possibilité de les satisfaire.62(*)
I.2 COUVERTURE MEDIATIQUE
Toute la cohorte des communicologues modernes est
tombée d'accord, à l'instar de Munkeni Lapess, qui a
défini l'information comme étant un fait socialement significatif
que le journaliste diffuse après l'avoir traité.63(*) Ce travail de journaliste ne
se réalise pas sur des faits irréels mais sur des concrets.
Qualifiés de socialement significatif ces faits se déroulent
à travers le temps et l'espace. Ce qui ne permet pas à toutes
personnes d'être au courant de tout ce qui se passe à travers le
monde et en même temps. Sans pour autant ignorer que ce n'est pas tout
événement qui intéresse le public.
A cet effet, des événements dignes
d'intérêt humain exigent la présence d'un journaliste
capable d'en rendre compte. Son travail peut se réaliser en direct ou en
différé selon le support emprunter. Cela peut être un
journal, une radio, une télévision ou même de l'Internet.
En ce qui nous concerne dans notre recherche, nous nous sommes
intéressés à la retransmission à travers la
radio de tout événement susceptible de capturer l'attention du
public. C'est à ce niveau qu'intervient le terme couverture
médiatique. La couverture vient du verbe couvrir et en journalisme,
c'est le fait de rendre compte, par des moyens appropriés, le
déroulement d'un événement. Selon le petit Larousse,
couvrir un événement pour un journaliste, c'est assurer une
information complète et directe sur cet
événement.64(*) En d'autre terme, nous nous permettons de souligner
que la narration de tout événement qui se déroule à
n'importe quel point du globe, mérite la présence d'une personne
qualifiée avec des moyens ou des supports bien déterminés.
I.2.1. Application
Toute couverture médiatique s'effectue suivant
certaines conditions tout en exigeant différentes techniques
journalistiques entre autre, le reportage.
Si pour Bernard Munsoko, le reportage consiste à
rapporter, à décrire un fait ou un événement dont
le journaliste a été un témoin oculaire65(*), pour Munkeni Lapess le
reportage est une description abondante des faits, des événements
qui ont un caractère de spectacle. Il s'agit pour le journaliste d'aller
au-delà de l'événement pour dire comment cela s'est-il
passé.66(*)
Ces définitions font du reportage un travail par
excellence d'un journaliste censé fournir des informations au public.
C'est un devoir pour le journaliste de rapporter au public
l'événement tel qu'il l'a vécu lui-même, à
cet effet, Munkeni Lapess conclu en considérant le journaliste comme
étant un porte voix.67(*)
I.3. LE CONFLIT IDENTITAIRE
Le conflit identitaire est un conflit qui met dans une
position antagonique des groupements humains. Il s'agit au fait, d'une
situation conflictuelle laquelle pousse l'une des parties à se
considérer comme une victime devant la hargne de ses voisins. Le conflit
identitaire est un conflit passionnel qui fait appel à une violence qui
peut être sans limites, une violence dans laquelle l'animal humain
retrouve volontiers ses instincts les plus sauvages.
Le conflit identitaire est également un conflit qui
mobilise par les medias, les journaux, les radios et surtout les
télévisions, qui montrent, démontent et remontent, les
actes d'agression que le groupe supporte et contre lesquels il doit
réagir pour sa défense légitime, donc par tous les
moyens.68(*)
I.4. CONFLIT ARME.
Avant de parler de conflit armé, il vaut mieux
définir d'abord le terme conflit. Selon le Larousse, le substantif
conflit vient du latin confligere, c'est-à-dire heurter. En effet, le
conflit c'est donc un antagonisme, une opposition de sentiment, d'opinion entre
des personnes ou des groupes.69(*) Au sens strict, un conflit est un contentieux sur un
ou des points de droit. On entend par conflit, au sens profond ou authentique
du terme, l'affrontement de deux ou plusieurs volontés individuelles ou
collectives qui manifestent les unes à l'égard des autres une
intention hostile et une volonté d'agression, à cause d'un droit
à retrouver ou à maintenir.70(*) Dans son ouvrage sur l'actualisation de la
protection des journalistes en mission dans une zone de conflit, Jean Philippe
Petit précise que la Chambre d'appel du Tribunal Pénal
International sur l'ex-Yougoslavie dans son arrêt TADIC du 2
octobre 1995 indique que « le droit international humanitaire continue
de s'appliquer sur l'ensemble du territoire des Etats belligérants ou,
dans les cas de conflits internes, sur l'ensemble du territoire sous le
contrôle d'une Partie, que des combats effectifs s'y déroulent ou
non71(*) » Ceci
explique le fait que toute hostilité ou violence qui touche un
journaliste lors d'un conflit dans une zone, la zone est ainsi
considérée comme une zone de conflit armé.
I.4.1. Conflit comme hostilité
Dans une société, le conflit est un affrontement
entre des intérêts, des valeurs, des actes ou des
procédures. C'est aussi un désaccord entre les personnes. Cette
opposition pourrait aller jusqu'à la lutte armée entre deux ou
plusieurs états.
A cet effet, en journalisme, le conflit figure parmi les
critères de choix dans la hiérarchisation des informations.
Bernard Munsoko atteste que la paix ne constitue pas l'état naturel de
notre existence. C'est probablement, le conflit qui constitue l'ordre habituel
des choses.72(*) Ceci
cadre aussi bien avec l'intérêt qu'on pourrait accordé
à un événement. Aldo Falconi suggère que
l'intérêt couvre plusieurs domaines notamment le drame,
l'insolite, le conflit...toute l'histoire humaine est tissée de drame et
des conflits, la popularité des sports est à cet égard un
signe révélateur, car ils ne sont que des conflits
ritualisés.73(*)
Les conflits armés ou les guerres soulèvent
d'importants et cruciaux enjeux environnementaux, ce qui ne laisse pas
indifférent la curiosité du public celle de savoir ce qui s'y
déroule au jour le jour.
SECTION II : CADRE THEORIQUE
La théorie de rationalité par rapport à
des fins et des valeurs, chère à Max Weber et Jürgen
Habermas constitue le fondement de notre travail.
Les organisations modernes sont des structures en quête
de performance entendue ici comme le résultat atteint lorsque les moyens
humains et matériels ont été adéquatement
mobilisés. A cet égard, la performance devient la
conséquence d'un choix optimal que fait une organisation.
Mushi Mugomo74(*) pense que le concept même de la performance est
impensable sans son substrat essentiel à savoir le concept de
rationalité. Il atteste que les organisations ne vivent et se comportent
que par rapport aux objectifs qu'ils se sont fixés.
Sous cet angle, la rationalité devient le fondement de
l'action aussi bien individuelle que collective étant donné que
les hommes se déployant dans une organisation autant que l'organisation
elle-même, mobilisent leurs énergies dans l'unique but de
réaliser ce qui fonde leur existence au sein de l'organisation.
Dans la perspective de Max Weber, la rationalité
transparaît comme la démarche que construit une organisation en
mobilisant ses ressources globales dans le but d'atteindre dans un
environnement d'incertitude des objectifs qui justifient le but existentiel de
l'organisation75(*)
Comme on peut le constater, la rationalité est une
stratégie de gestion et d'adaptation à la complexité de
faits qui concernent la vie des organisations. Or en face d'un conflit aussi
complexe que celui de l'Ituri, le déploiement des ressources en vue
d'assurer une bonne couverture postulait que les responsables de la Radio Okapi
réalisent que la guerre est, comme Michel Crozier l'affirme «
un changement, une rupture calculée. », c'est-à-dire
que dans une guerre, il y a plusieurs enjeux, car la guerre n'est pas un fait
hasardeux moins encore innocent. Elle implique de la part de ceux qu'ils
l'initient « une motivation dont il faut déceler les contours
et cerner les variabilités » de sorte que les journalistes qui
sont sur le terrain en vue de couvrir les événements y
afférant se comportent en conséquence. C'est la raison pour
laquelle, le profil de ces reporters doit être à la hauteur des
enjeux de la guerre et des contours de la configuration des
intérêts immédiats, apparents et lointains. La
rationalité postule la prise en compte des dimensions
suivantes :
* La rationalité substantielle :
Celle-ci, aux dires de Henry Mintzberg, recommande à l'organisation la
mise en place d'une « intelligence de l'environnement intra et extra
sociétal dans le but de permettre à ses membres de se comporter
dans le processus difficile de la quête des finalités, sur la base
du principe de conséquence de causes »
* La rationalité procédurale,
atteste que les acteurs doivent se comporter en connaissance des
conséquences. Dans tous les cas, selon Mintzberg, les organisations ne
doivent pas ignorer que leur capacité à être performante
requiert un comportement finalisé qu'elles savent elles-mêmes
initier et contrôler.
Cependant, en suivant les considérations sur la
rationalité, l'on serait tenté de croire que la programmation et
la volonté suffisent pour une organisation de réaliser ses
finalités. La notion de rationalité limitée
empruntée à Herbert Simon76(*) révèle que les acteurs entendus soit
comme organisations soit comme individus sont en réalité
limités dans leur volonté par plusieurs choses telles que le
flottement de l'environnement, la fluidité de la structure sociale, le
contrôle déficitaire des flux informationnels, les pesanteurs
organisationnelles dues aux structures, aux hommes, à leur faible
intelligence et sens d'adaptabilité, aux aléas politiques de
sorte que tout en voulant mieux faire on peut constater que l'on n'a pas bien
fait ou pas du tout.
II.1. OPERATIONNALISATION DU CONCEPT DE LA RATIONALITE
CHEZ HABERMAS
Opérationnaliser le concept rationalité revient
à intégrer des principes entre les dimensions et les indicateurs.
Ainsi, selon Habermas, la « rationalité » par
rapport à une finalité, peut être appréhendé
à partir de la dimension Instrumentale ainsi que les stratégies.
II.1.1 LA DIMENSION INSTRUMENTALE
Cette dimension fait allusion à la technique, ainsi
Habermas établie une distinction entre les moyens techniques et les
règles techniques. Par moyens techniques, il désigne des moyens
permettant la réalisation effective des objectifs en recourant aux
instruments, machines et autres automates. Tandis que par règles
techniques, Habermas, révèle un système de
stratégie, les règles du choix rationnel.77(*)
Cette cogitation de Jürgen Habermas, nous instigue
à intégrer dans notre recherche certaines composantes avec
multiples indicateurs notamment :
- Composante « savoir faire » et
« qualification » ce qui implique comme indicateur le
niveau de la compétence du personnel, son statut eu égard aux
attentes. On distingue ainsi, les compétences conceptuelles [Analyser,
comprendre, agir de manière systémique] et les compétences
techniques [Méthodes, processus, procédure, techniques d'une
spécialité]
- Composante « force productrice » renvoi
aux indicateurs ressources humaines et matérielles en se referant
à la collecte, au traitement et à la diffusion d'information.
II.1.2. LES STRATEGIES
La stratégie selon le petit Larousse illustré,
est l'art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un
objectif.78(*) Pour
Habermas la stratégie est l'ensemble des règles qui
président au choix rationnel79(*). Ce choix pourrait se réaliser en
conformité avec la théorie de la compétence.
Selon Sandra Bélier la compétence permet d'agir
et/ou de résoudre des problèmes professionnels de manière
satisfaisante dans un contexte particulier, en mobilisant diverses
capacités de manière intégrée80(*). Et Guy le Boterf d'ajouter
que la compétence est la mobilisation ou l'activation de plusieurs
savoirs, dans une situation et un contexte donné81(*). Ainsi, il distingue plusieurs
types de compétence entre autre :
- savoirs théoriques [savoir comprendre et
interpréter]
- savoir-faire procéduraux [savoir comment
procéder]
- savoir-faire cognitifs [savoir traiter de l'information,
savoir raisonner]
Ceci répond de façon circonstanciée aux
questions :
- Qu'est ce qu'on poursuit ?
- Par quel moyen peut-on l'atteindre ?
- Comment le traiter ?
Nous soustrayons à cet effet, deux composantes de la
dimension « stratégie », par rapport à notre
recherche, à savoir :
- Composante « objectif » et
« qualificatif » qui permet d'une part à guider le
travail et la mise au point des moyens et d'autre part de mesurer
l'efficacité finale de l'action. L'indicateur ici c'est la
définition claire de la mission que s'octroie une chaîne dans une
zone donnée.
- Composante « moyens » en plus des
ressources humaines et matérielles, il s'avère indispensable
d'évoquer ici les moyens financiers disponibilisés pour atteindre
les objectifs.
La notion du concept de la rationalité basée sur
des indicateurs tels que débobiner ci-dessus nous permet de dresser
cette grille d'investigation :
Tableau n°1 : Opérationnalisation du
concept de la rationalité
CONCEPT
|
DIMENSIONS
|
COMPOSANTES
|
INDICATEURS
|
Rationalité par rapport à une
finalité
|
Instrumentale
Stratégie
|
Savoir faire
Forces productives
Objectifs
Moyens
|
Compétences conceptuelles et
techniques
Ressources Humaines et matérielles
Mission de la chaîne dans une zone
donnée
Investissement financier
|
CHAPITRE TROISIEME : LA COUVERTURE MEDIATIQUE DU
CONFLIT DE L'ITURI.
Couvrir médiatiquement un événement pour
un journaliste c'est assurer la transmission des informations sur cet
événement. Nous l'avions signalé dans notre introduction
que toute situation conflictuelle devient une source presque intarissable
d'information. Le public, les lecteurs, les auditeurs ou les
téléspectateurs sont plus attirés par des nouvelles
à sensation. Ainsi le conflit offre au public parfois des informations
au delà de son entendement.
Le journaliste a donc pour mission dans des situations
pareilles de fournir des informations qui, dans la mesure du possible,
pourraient offrir une vision claire de l'événement. Ainsi, nous
nous consacrons dans ce chapitre à la vérification de notre
hypothèse. Nous nous préoccupions de démontrer
l'adéquation de l'objectif poursuivi par la Radio Okapi dans sa
couverture médiatique du conflit en Ituri et les compétences
humaines, matérielles et financières disponibilisées pour
y parvenir. Pour se faire, nous avons été entreprendre une
enquête scientifique sur le terrain.
SECTION I : LA COMPETENCE ET LE PROFIL DES
REPORTERS DANS LA COUVERTURE DU CONFLIT DE L'ITURI.
I.1. LA COMPETENCE IDEALE
Un journaliste a pour fonction de porter la bonne information,
au bon moment, à son lecteur, auditeur ou spectateur. Qu'il travaille en
agence, dans un organe de presse quotidien d'information générale
ou spécialisée, le journaliste doit être en quête de
l'actualité. Ainsi, la pratique du journalisme, sur le plan de la forme,
repose sur certains principes fondamentaux et universels, qui ne doivent jamais
être transgressés, à savoir :
- L'exactitude
- L'équilibre
- La clarté
- La distinction entre les faits et les commentaires
- Le respect des personnes et la protection des
sources.82(*)
1° L'exactitude
Il s'agit ici pour le journaliste reporter de vérifier
les faits qu'il rapporte. L'idéal serait pour lui de procéder
à la double vérification, c'est-à-dire tenter de revoir la
même information auprès d'une deuxième source. Cela dans le
but de ne rapporter qu'une information exacte exempt de toute rumeur et imbu de
trop de précision.
2° L'équilibre
Le journaliste dans sa quête d'une bonne information
surtout dans une zone de conflit doit avoir en esprit comme maître mot,
l'équilibre. Il s'agit en effet, de donner les différents points
de vue sur un événement, notamment dans le cas d'une question
controversée, sociale, politique ou économique. Le journaliste
s'efforcera à cet effet de donner la parole à toutes les parties
impliquées.
3° La clarté
Le journaliste se donne pour maître mot la
vulgarisation. C'est-à-dire utiliser des mots simples qui peuvent lui
permettre d'avoir un auditoire plus large auprès des consommateurs des
informations. En d'autre terme, comme l'a toujours soutenu Bernard Munsoko, le
journaliste ne remplirait pas sa mission s'il ne se fait pas comprendre par son
public qui du reste est diverse. Il doit en même temps s'adresser aux
professeurs d'universités et aux paysans. Ainsi, il est obligé
d'avoir un langage clair.
4° La distinction entre les faits et les
commentaires
Le journaliste est censé rendre compte des faits. Il
peut dans la mesure du possible émettre un avis ou un jugement sur un
événement. C'est à ce niveau qu'il doit faire la part des
choses. Le reportage porte, nous le savons, sur des faits réels et non
sur des fictions. Faire la différence entre les faits et les
commentaires revient à se démarquer des ses opinions lors qu'il
faut rendre les faits.
Tout bon journaliste dans sa relation doit souligner cette
ligne de démarcation. En cas d'une couverture médiatique d'une
zone de conflit armé, le mieux serait de ne rapporter que les faits et
à toute occasion donner la source de toute information.
5° Le respect des personnes et la protection des
sources
La recherche de l'information résulte du droit du
public d'être informé, de connaître la vérité
sur des faits. Cela cependant ne sous tend pas la négligence du droit
des individus à leur honneur, à leur vie privée et leur
intégrité physique. Tout journaliste doit en principe, dans son
travail, mettre à l'esprit que le droit fondamental à
l'information n'exclu pas le droit fondamental à l'honneur et à
la vie privée.
L'information publique passe par la recherche de la
vérité, cette démarche pourrait dans certaines mesures ne
pas plaire à certaines personnes qui tenteront de nuire et au
journaliste et à sa source. A cet effet, le journaliste est censé
protéger sa source.
A ces principes journalistiques s'ajoutent les qualités
requises pour un bon journaliste que nous citons :
- La rigueur
- L'honnêteté
- La précision
- La curiosité,
- La rapidité,
- L'audace.
Ces qualités riment bien entendu avec le travail des
journalistes dans une zone de conflit armé. L'idéal serait que le
journaliste s'arme de la rigueur, de l'honnêteté et de la
précision dans le traitement de l'information, ce qui implique le
professionnalisme dans son action. Reporter sans frontière souligne
à cet effet que la crédibilité d'un journal, d'un organe
de presse, repose sur sa capacité à diffuser une information
avérée et précise. Aussi, la publication d'une information
vérifiée est la garantie du sérieux, de la rigueur et de
la bonne foi du journal ou de l'organe de presse.83(*)
Seulement dans un milieu en conflit identitaire il
s'avère que les journalistes en plus du respect de tous les principes
fondamentaux liés à son métier, il doit être en
mesure sur le plan du fond, de cerner certaines réalités du
terrain et du dossier liées au conflit. Il s'agit ici de la
maîtrise et de la connaissance du dossier traiter. D'une manière
générale, toute descente sur terrain d'un journaliste en
reportage exige une préparation au préalable. Cette
préparation est à la fois technique et intellectuelle. Cela
suppose que le reporter en plus de la préparation des matériels
de reportage, il doit aussi se documenter sur le sujet et le milieu dans le
quel il sera en reportage.
Pour le cas échéant, le journaliste est
censé, en tout état de cause :
- Avoir une connaissance appréciable sur les
réalités sociologiques de chaque peuple existant dans son champ
d'action, c'est-à-dire, l'historique de ce peuple, ses racines et ses
origines. Ce qui implique à l'extrême, certains indicateurs
notamment la connaissance de la langue la plus usuelle de la région. En
préfaçant le guide pour communicateur un ouvrage de Jean Ngoma de
la Radio Okapi, Georges Serre alors ambassadeur Français en RDC a
souligné que la précision des mots en journalisme et plus qu'une
nécessité, c'est un devoir...des déclarations mal
rapportées ou d'approximation de langage dans le compte rendu d'un
événement ont eu des conséquences dramatiques...c'est
pourquoi le mot juste doit être votre souci.84(*) Et cela malgré le fait
que par moment le journaliste peut s'accompagner d'un interprète.
- Connaître les acteurs majeurs et principaux du conflit
sur le plan local, national et sous régional. Il s'agit au faite
d'identifier les meneurs des groupes armés constitués sur base
d'appartenance ethnique ou tribale.
- Avoir une maîtrise des ramifications sociopolitiques
engendrées par des acteurs en conflit sur base de leurs
réalités sociologiques.
- Avoir la connaissance des enjeux politiques,
économico-financière. Il s'agira d'arriver à
déceler ceux qui dans l'ombre tirent le ficelle, ceux qui exploitent
pour d'autres fins, le conflit existant entre les ethnies. Et cela sur le plan
local, national et sous régional.
Nous pouvons nous résumer en ce terme, plusieurs
rédactions sont confrontées à la problématique du
profil du journaliste qui devrait être envoyé sur terrain
lorsqu'il s'agit d'une situation liée au conflit armé.
La question principale est celle de savoir faut-il envoyer un
journaliste spécialiste de la région ou un journaliste tout
terrain. Il est préférable dans des tels cas de disposer des
journalistes qui tout en étant des journalistes tout terrain, qu'ils
soient également des spécialistes de la région. Un
journaliste tout terrain, sous entend un journaliste qui a accumulé des
expériences de différentes zones de conflit, qui a un sens solide
dans la pratique et qui du reste a un savoir-faire technique indiscutable.
Tandis que les journalistes spécialistes de la région n'ont
peut-être pas tous les atouts techniques des reporters tout terrain, mais
leur connaissance généralement approfondie du terrain leur permet
des mises en perspective et leur donne accès à des sources que
n'ont pas les autres.
I.2. LA COMPETENCE EFFECTIVE
Il se dégage que les qualités telles que
détaillées ci-dessus constituent à certains égards,
le socle du professionnalisme dans le métier du journaliste. Dans une
zone en conflit armé, il importe de souligner que en plus de
l'exactitude, de la précision, de l'honnêteté dans la
relation des faits, de la rigueur et de la clarté dans le traitement de
l'information, le journaliste sur terrain devrait être non seulement un
spécialiste de la région mais également un reporter tout
terrain, habitué dans la couverture des zones à risque.
A cet effet, certains indicateurs entrent en compte selon
Jürgen Habermas, notamment le savoir faire et la qualification qui
impliquent, la compétence conceptuelle d'un côté
basé sur l'analyse et la compréhension dans l'action et la
compétence technique de l'autre côté, notamment en ce qui
concerne les méthodes appliquées ainsi que la procédure
empruntée pour une couverture médiatique.
Ainsi, posons nous la question de savoir si les journalistes
de Radio okapi en mission dans le district de l'ituri dans la province
orientale ont-ils répondu à ces exigences ? Nous avons
été mener une enquête sur terrain afin de vérifier
l'adéquation entre l'idéal de la profession en matière de
compétence et du profil du journaliste et ce que la Radio Okapi a
disposé en terme de ressource humaine pour cette couverture.
A cet égard, notre enquête est partie de la
notion de rationalité comme le souligne Max Weber en faisant allusion
à la mobilisation globale des ressources dans le but d'atteindre des
objectifs et celle de Henry Mintzberg qui recommande une intelligence intra
et extra sociétal afin de réguler le comportement des membres en
quête de la finalité en connaissance des causes.
Selon le rédacteur en chef de la Radio Okapi, une
rotation permanente des journalistes a été organisée pour
la couverture de la situation en Ituri. C'est-à-dire que toutes les
trois semaines les journalistes, station par station se relayaient à
Bunia. Ainsi nous soulignons que la Radio Okapi en plus de la station de
Kinshasa compte neuf stations régionales à savoir une station
à Mbandaka, à Kisangani, à Bunia, à Goma, à
Bukavu, à Kindu, à Lubumbashi, à Mbuji mayi et à
Kananga. Elle regorge par ailleurs en son sein d'au moins 199 journalistes dont
en moyenne 7 journalistes et 1 technicien par station régionale et au
moins 89 journalistes et 22 techniciens à Kinshasa.
En ce qui concerne la couverture de Bunia, Etienne Rougerie a
précisé que les premiers journalistes envoyés à
Bunia étaient des seniors c'est-à-dire selon lui c'était
des journalistes ayant acquis une certaine expérience dans la profession
du journalisme. Cette sélection se faisait non seulement sur base des
compétences mais aussi de la connaissance de la langue du milieu. Mais
au fur et à mesure que le conflit se propageait et gagnait du terrain,
le travail à Bunia devenait pour Radio Okapi une sorte de terrain de
formation pour les journalistes dans la couverture des zones en conflit
armé. « Des journalistes qui arrivaient sur place avaient la
particularité souvent de ne pas connaître le terrain,
c'était très intéressant de les voir travailler un peu
comme nous internationaux qui travaillent sans connaître le
terrain... » a souligné Etienne Rougerie.85(*)
Ainsi, Radio okapi est partie sur base du professionnalisme
des journalistes pour couvrir la situation de l'ituri. Bien que n'ayant pas au
départ des journalistes spécialistes de la Région de
l'ituri, Radio Okapi s'est constituée une banque des données sur
la situation de l'Ituri avec l'expérience des uns et des autres
accumulée sur terrain lors des rotations organisées. Il faut ici
signaler que par rapport à la délimitation de notre travail,
entre Mars 2004 au décembre 2005, certains journalistes de Radio Okapi
ont eu à effectuer 3 à 5 rotations sur Bunia. Et par ce fait, ils
sont censés avoir une maîtrise de la situation par
expérience.
Mais, aussi savoir qu'à chaque début, toute
descente sur terrain était au préalable
précédée d'une conférence de rédaction au
courant de laquelle le journaliste reporter bénéficiait des
certaines indications eu égard à la politique éditoriale
de Okapi, aux enjeux socio politiques sur terrain, aux motivations des parties
engagées dans le conflit et surtout à sa sécurité.
Des éléments sur les différentes figures de proue du
conflit armé de l'Ituri étaient disponibilisés dans la
rédaction, des photos, des numéros de contact
téléphonique, des cartes géographiques, des archives des
reportages réalisés dans les différentes
localités...bref une documentation assez abondante des
expériences des journalistes sur terrain.
I.3. OBJECTIFS
La mission principale de la Radio Okapi en République
Démocratique du Congo est d'accompagner le processus de paix et de
démocratisation de la RDC en donnant l'information sur la situation
humanitaire et sur la transition. Cet objectif s'inscrit dans le cadre
même de sa création, c'est-à-dire du partenariat qui existe
entre la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC) et l'ONG suisse Fondation
Hirondelle spécialisée dans l'information en zone de
crise.86(*)
A cet effet, l'intervention de Radio Okapi en Ituri pour une
médiatisation du conflit qui a éclaté dans cette partie de
la République Démocratique du Congo s'inscrit dans le respect des
valeurs qu'elle incarne tout en étant une Radio publique au service du
public. La Radio Okapi, incarne et défend les valeurs humaines
notamment :
- L'altérité :
c'est-à-dire le respect des différences entre cultures et la
tolérance.
- La dignité de chacun, mise à
mal par les situations de violence, de guerre et de crise.
La Radio Okapi est une Radio de paix qui cherche à
favoriser les conditions de vie pacifique et la résolution des
conflits. En ouvrant une antenne en Ituri, eu égard à sa mission
première d'accompagner le processus de pacification en RDC, la fondation
Hirondelle à travers la Radio Okapi, avait pour mission de donner une
information vérifiée et équilibrée de la situation
conflictuelle de l'Ituri. D'entrer en contact avec les différentes
sources d'information avec neutralité pour donner une information
objective qui au final contribuerait à la cessation des
hostilités et à la sécurisation de la population.
Etienne Rougérie actuel rédacteur en chef de la
Radio Okapi, et ancien chef d'antenne de Bunia entre 2003 et 2004, souligne que
les combats en Ituri étaient basés, au-delà de
contrôle des terres riches par les uns comme les autres, sur les
réponses à des attaques précédentes entre ethnies.
Allant de riposte en riposte la situation s'empirait et tous cela
étaient parfois basé sur des rumeurs. Ainsi, l'idée pour
Radio Okapi, était d'essayer de donner des faits vérifiés
qui permettent d'apaiser la rumeur et de ne plus donner à
riposter.87(*)
Ainsi, l'objectif de la Radio Okapi, se dégage
clairement ici comme une conjugaison d'effort dans la diffusion avec
objectivité des informations vraies dans le seul but d'arriver à
susciter, dans la population en conflit, le besoin, le souci du retour de la
paix.
A cet effet, poussé par le souci de donner une
information vérifiée et équilibrée, Radio Okapi
s'est octroyée la discipline d'être à deux doigts de
presque tous les événements de l'Ituri. Plusieurs
localités du district de l'Ituri seront en effet couvertes par les
journalistes de Radio Okapi.
Nous nous sommes intéressés, à cet effet,
à savoir comment s'organisait le déplacement des journalistes
dans les différentes localités de l'Ituri. La finalité est
de jauger le travail des journalistes eu égard au conflit qui a
touché une grande partie du district.
Il se dégagé de l'enquête que nous avons
mené que la MONUC dans sa mission de paix en Ituri organisait des
missions de prospection à travers plusieurs localités du
district. Il s'agissait plus souvent des missions conjointes intersection
à savoir la section de droit de l'homme, les affaires politiques, la
section gender, section protection de l'enfance, ainsi que d'autres agences
humanitaires de système des nations unies oeuvrant en Ituri, tous sous
une bonne escorte des casques bleus de la MONUC.
Radio Okapi adjoignait un journaliste dans ce convoi avec
mission de collecter toute information susceptible d'être diffusé
sur l'antenne nationale. Ainsi, plusieurs localités ont
été couvertes par Okapi tel que détaillé dans le
tableau ci-après.
TABLEAU N°2 : Les localités couvertes par
les journalistes
TERRITOIRE DE ARU
|
TERRITOIRE DE DJUGU
|
TERRITOIRE DE IRUMU
|
TERRITOIRE DE MAHAGI
|
TERRITOIRE DE MAMBASA
|
Aru centre
Ariwara
|
Bambou
Blukwa
Drodro,
Fataki
Kafe
Kasenyi
Kobu
Kpandroma
Loga
Marabo
Ninzi
Tchomia
Tsey
|
Aveba
Boga
Bogoro
Bunia
Geti
Kagaba
Marabo
Mongwalu
Nyamavi
Nyankunde
Songolo
|
Mahagi
Mahagi port
|
Mambasa
|
2 localités
|
13 localités
|
11 localités
|
2 localités
|
1 localité
|
En interprétant le tableau ci-dessus, il y ressort que
les journalistes de Radio Okapi dans leur travail de couverture
médiatique du conflit entre mars 2004 et décembre 2005 ont
été dans 29 localités. Les localités de deux
territoires de Djugu et Irumu sont les plus couvertes par les journalistes que
les autres territoires. Cela s'explique par le fait que le conflit en Ituri qui
mettait aux prises les ethnies Hemas et Lendu s'était plus
concentré dans ces deux territoires comme nous l'avions
évoqué dans notre premier chapitre. C'est ainsi que les
journalistes de Radio Okapi ont plus été présents dans ces
deux territoires.
SECTION II : LA COMPETENCE MATERIELLE ET
FINANCIERE
II.1. COMPETENCE MATERIELLE.
L'actualisation du schéma de la communication par
Harold Lasswell part d'une série de question qui marque le processus de
communication à savoir ; Qui a dit quoi ? À
qui ? Par quel canal ? Et avec quel effet ? Partant de ce
schéma notre préoccupation est basée sur la question par
quel canal le message passe. En son sens strict du terme, le
canal réfère aux moyens techniques de diffusion. Abordant
ici la question de la compétence matérielle et logistique, nous
faisons allusion aux moyens techniques qui pour Habermas permettent la
réalisation effective des objectifs. En cela on recourt, souvent aux
instruments, machines et autres engins.
A cet effet, nous avons été obligé de
chercher à savoir quels ont été les moyens techniques
disponibilisés par Radio Okapi pour la couverture et la transmission des
informations en rapport avec le conflit en Ituri.
Si la fondation hirondelle avec la Radio Okapi a
mobilisé une forte ressource humaine, il en est de même des
matériels. L'antenne de Bunia dispose d'un émetteur FM amplifier
Db Electronica de 1 kW et d'un FM Exciter Db Electronica KE 20 ainsi qu'un
décodeur Multichoise DSTV. Ces matériels permettent de recevoir
le signale de Kinshasa et de l'émettre sur l'ensemble de la cité
de Bunia et une bonne partie du territoire de Irumu. L'émetteur de Bunia
a une couverture de plus de 60 kilomètres à vol d'oiseau. Les
journalistes quand a eux disposent des portables MD (minidisque) recorder MZ-B
100 et des micros pour des reportages.
Sur place à Bunia un studio a été
monté pour permettre aux journalistes qui recueillent des informations,
de les traiter sur cool édit pro, un programme de traitement de son qui
les permet ensuite d'envoyer ces sons à Kinshasa via FTP. Celui-ci est
un système d'envoie de son par Internet à la chaîne
nationale.
Cette ressource matérielle peut se résumer dans
le tableau suivant :
TABLEAU N° 2 : Description des matériels
de l'antenne de Bunia
DESCRIPTION
|
MODELE
|
NUMERO SERIE
|
QUANTITE
|
Fm Amplifier Db Electronica 1 kw
|
|
67306005
|
1
|
Fm Exciter Db electronica KE 20
|
|
|
1
|
Décodeur Multichoise DSTV
|
|
|
1
|
Portable MD recorder
|
MZ-B 100
|
|
6
|
MD Tascam MD-350
|
MD-350
|
180496
|
1
|
MD Tascam MD-350
|
MD-350
|
18455
|
1
|
CD Player PMD331
|
PMD 331
|
NZ03030720026
|
1
|
MD Tascam MD 801R MKII
|
MD-801R MKII
|
390068
|
1
|
Double K7 Deck Marantz
|
PUD 51C
|
MZ030302180031
|
1
|
Tuner Marantz
|
ST 4000
|
MZ000304002806
|
1
|
Telos One
|
95811
|
|
1
|
Console Dateq
|
BCS 25 SERIE
|
760128
|
1
|
Stereo Source Selector
|
SP X 20
|
SPX 202113
|
1
|
Microphone Sony
|
|
|
6
|
Antenne parabolique
|
|
|
2
|
L'interprétation de ce tableau nous donne une
idée générale sur la compétence matérielle
de la Radio Okapi dans son travail de couverture. En effet, tous ces
matériels ont été disposés pour le travail en
Ituri. Les journalistes disposaient de la possibilité de transmettre par
Internet leur reportage qui ensuite était diffusé sur l'Antenne
mère de Kinshasa.
II.2 LA COMPETENCE FINANCIERE.
Le travail de Radio Okapi en Ituri reposait sur le partenariat
qui existe entre la fondation hirondelle et la MONUC. Ainsi, les moyens
financiers important ont été disponibilisés. Si pour la
première année en 2002 le budget global de la Radio Okapi
était de 4 millions de dollars, ce budget a été
doublé en 2006 soit près de 8 millions de dollars
américains. Ainsi, selon le responsable des finances de la MONUC la
couverture de la situation de l'Ituri entre 2004 et 2005 à
bénéficier d'une cagnotte de près de deux millions de
dollars. Quand on sait que tous les journalistes en déplacement
bénéficiaient d'un frais de mission d'au moins 50 dollars par
jour à chaque rotation sur Bunia.
Tous les déplacements des journalistes étaient
assurés par le charroi automobile de la MONUC. Des avions de la MONUC
assuraient la rotation des journalistes. Sur place en Ituri, des
déplacements s'organisaient à véhicule sous escortes des
blindés de la MONUC pour atteindre certaines localités non loin
de la ville de Bunia. Quand aux endroits les plus éloignés, ou
enclavés, le déplacement s'effectuait en
hélicoptères convoyés par des militaires casques bleus.
Ainsi, nous signalons en passant que la période entre
juillet 2003 et juin 2004 le budget de la MONUC était de 677 312 300
dollars. Tandis que la période entre le 1e juillet 2004 au 30
juin 2005 le budget global de la MONUC était de 1 milliard de dollars
américain selon un communiqué de presse à l'issu de la
réunion de la cinquième commission des Nations Unies.88(*)
Nous pouvons nous résumer en ce sens, la Radio Okapi en
soi n'a pas mobilisé un financement pour la couverture de la situation
en Ituri, mais elle s'est basée sur son partenariat avec la MONUC pour
être en mesure d'assurer avec beaucoup trop de facilité la
couverture médiatique du conflit en Ituri. Ainsi, le financement global
de la MONUC a par ailleurs soutenu l'action des journalistes de Radio Okapi
dans cette zone.
SECTION 3 : LA COMPETENCE ANALYTIQUE
Nous l'avons souligné dans notre introduction que la
militarisation des rapports socio-humains entre les ethnies de l'Ituri,
notamment les Hemas et les Lendus, a ouvert la voie à des
atrocités graves, lesquelles se sont succédés au fil du
temps et ont bloqué toute perspective de pacification rapide de cette
partie du pays.
Et retenons que ce conflit entre communauté vivant en
Ituri portait une dimension identitaire et stratégique de sorte que la
couverture médiatique de celui-ci parait bien délicate. Dans
cette perspective, la présente section traitera du travail des
journalistes de Radio Okapi en Ituri. Eu égard à la
délimitation de notre travail à savoir entre Mars 2004 et
Décembre 2005 et par rapport à notre enquête au sein de la
Radio Okapi nous avons répertorié dans les archives des
reportages réalisés par les journalistes de Radio Okapi en Ituri
ce qui suit :
TABLEAU N° 3 : Tableau des reportages
réalisés en 2004
MOIS
|
REPORTAGES
|
Mars
|
14
|
Avril
|
12
|
Mai
|
11
|
Juin
|
17
|
Juillet
|
14
|
Août
|
12
|
Septembre
|
11
|
Octobre
|
8
|
Novembre
|
7
|
Décembre
|
14
|
TOTAL
|
120
|
TABLEAU N° 4 : Tableau des reportages
réalisés en 2005
MOIS
|
REPORTAGES
|
Janvier
|
9
|
Février
|
8
|
Mars
|
11
|
Avril
|
10
|
Mai
|
6
|
Juin
|
12
|
Juillet
|
7
|
Août
|
10
|
Septembre
|
13
|
Octobre
|
6
|
Novembre
|
9
|
Décembre
|
12
|
TOTAL
|
113
|
De ce qui précède il se dégage qu'au
moins 120 reportages ont été réalisés par les
journalistes d'Okapi en 2004 tandis qu'en 2005 au moins 113 reportages ont
été réalisés. A cet effet, on s'aperçoit
qu'en 2004 il y avait plus de reportages juste pour dix mois alors que pendant
toute l'année en 2005 le nombre de reportage est de 113 reportages
d'où une chute d'au moins 7 reportages. Ceci s'explique par le fait que
la situation était plus tendue en 2004 qu'en 2005.
A cet effet, toujours en considérant notre
délimitation, nous avons retenus trois reportages des ces années.
Il s'agira d'analyser les compétences par rapport au
traitement de l'information, quel a été l'angle pris par le
journaliste ? Le pourquoi de cette prise de position ? Quels sont les
mérites et les failles dans ces reportages par rapport aux
objectifs ? Quelle analyse faire sur le plan de la forme et du fond de ce
reportage.
Reportage N°1.
Bunia
7h
12/03/04
Situation déplorable a Songolo dans la
province orientale. Constat d' une première mission conjointe
humanitaire et militaire de la Monuc qui s' est rendue dans ce
village situé a 30 Km de Bunia. Des affrontements avaient
opposé des éléments du FNI a ceux de l' UPC dans
ce secteur.
Explication Sophie Baderha
A l'arrivée des blindés de la MONUC les
habitants de Songolo sortent sur les pas de leurs portes. Il y a surtout des
vieillards et des enfants, une bonne partie des adultes se cache toujours en
brousse. A la sortie du village les miliciens lendu du FNI armés d'arc
et de flèches, des lances des quelques kalachnikov redoutes encore une
attaque des hema de l'Upc. Mais les combats se font beaucoup plus rare et les
déplacés commencent à rentrer. Le village a beaucoup
souffert des combats et de pillages mais une centaine de maison est toujours en
cours de rénovation. Les habitants de songolo sourient à la
délégation mais ils ont une mauvaise mine. Les routes qui
mènent à Bunia sont toujours coupées, l'approvisionnement
ne vient pas, les étales du marché sont vides, les cultures ont
été dévastées et la réserve des semences a
disparus.
La vie cachée en brousse par peur des combats et de
pillages a laissé des traces, surtout des maladies de peau. Le nouvel
ennemi principal, n'est peut être plus la milice d'en face mais la faim
et la maladie. A songolo comme ailleurs en Ituri, il faut toujours lutter pour
vivre.
De Bunia Sophie Baderha Radio Okapi.
L'analyse
Ce reportage est une description de la situation humanitaire
d'une cité en Ituri après des affrontements entres les Hemas de
l'UPC et les Lendus de FNI.
Du point de vue interne de l'information, le journaliste
décrit l'aspect de la cité après les combats. Il souligne
dans son reportage, les conséquences socio-économiques mais aussi
psychologiques de la guerre. Il décrit les armes utilisées par
les combattants Lendu à savoir des flèches, des lances et des
quelques kalachnikov.
Le journaliste souligne par ailleurs, l'enclavement de la
cité de Songolo. Les routes qui mènent vers la cité sont
coupées et le ravitaillement n'est plus assuré, les cultures sont
dévastées. Non seulement qu'on pourrait déplorer le fait
que la situation humanitaire est beaucoup trop dégradante, mais aussi la
vie sociale est instable.
Débarqué dans la zone quelques temps
après les affrontements, le journaliste a pris soin de prendre pour
angle ici l'intérêt public. C'est-à-dire, mettre à
la lumière du public les conséquences sociales d'une guerre
interethnique. Le but final étant de susciter le souci dans les uns et
les autres de mettre un terme aux combats fratricides.
Cependant, le lancement même de ce reportage affiche
quelques manquement eu égard aux questions de référence.
Nulle part, le journaliste précise le temps. Quand est ce que le convoi
s'est rendu dans cette cité. Ensuite, parlant des affrontements entre
Lendu et Hema dans la cité de songolo, le reporter ne précise pas
à quand remonte le dernier combat entre les deux factions.
Seulement, la descente sur terrain du reporter a
été rendue possible grâce aux casques bleus de la MONUC. Ce
qui met en exergue la question de la sécurité des journalistes.
Une sécurité que le journaliste doit en principe être la
première à se la garantir et cela par la rigueur dans le
traitement de l'information.
A cet effet, le journaliste a décrit dans son reportage
la position des combattants Lendu à la sortir de la cité
prêt à toute attaque Hema. Ce qui ne nous paraît pas
prudent. Il transparaît ici une mise en garde à l'autre partie
c'est-à-dire aux combattants Hema de ne plus s'aventurer à
revenir vers la cité Songolo de peur de tomber entre les mains de Lendu
qui veille sur leur cité, surtout qu'il souligne à la fin de son
reportage que le nouvel ennemi principal n'est peut être plus la
milice d'en face... cela pourrait dans la mesure du possible n'être
qu'une figure de style mais il laisse entrevoir en effet l'antagonisme qui
existe entre les parties. En stipulant ainsi, le journaliste n'a pas
donné la source de son information. Qu'est ce qui a dit que les Lendu
redoutaient une attaque des Hema ? De qui tient-il ce sentiment des Lendu
? Peut-être que c'est juste son imagination eu égard à la
tension qu'il présentait dans une cité presque
déserte ?
Par ailleurs, ce que le reportage n'a pas bien
développé c'est l'aspect maladie dans la population, en
épinglant les maladies de peau le journaliste n'a pas donné des
détails à ce sujet.
Quand bien même le reportage est basé sur
l'intérêt public, le reporter a laissé ressortir de son
reportage une contradiction dans ses dires. Il souligne que le village a
beaucoup souffert des combats et de pillages mais une centaine de maison est
toujours en cours de rénovation. C'est qui voudrait dire que ces combats
n'ont pas eu d'impact profond.
Toutefois, le reportage retrace une situation réelle de
condition de vie des habitants de l'ituri se trouvant dans les zones en proie
aux combats.
Reportage N° 2
Bunia
7h
27/07/04
La cité Ndrele dans un état
lamentable. Un mois après les combats entre FAPC et FNI deux
groupes armé de l'Ituri. Ndrele cette cité commerciale du
territoire de Mahagi donne le spectacle d'apocalypse ; absence de vies
humaines, magasins pillés, habitations détruites. Des
précisions avec Charles Ntiricha qui a fait le déplacement
de Ndrele cette cité commerciale.
Reportage
Personne ne passe la nuit à Ndrele, quand on y
entre c'est la désolation, plusieurs magasins et boutiques ont
été systématiquement pillés de même que
certaines maisons. Seuls des miliciens de FAPC en tenue civile circulent dans
quelques artères. Certains habitants ont fui les villages environnants.
D'autres se sont réfugiés en Ouganda. Quelques habitants
courageux viennent tout de même la journée voir si leurs maisons
n'ont pas encore été pillées.
Difficile, on vient seulement passé de fois
la journée voir l'état de la maison parce qu'il y a toujours
d'infiltration de ces gens là, il est difficile de passer la nuit. Il
faut qu'on puisse se retirer de à une ou deux kilomètres. Si on
vient il faut arriver vers huit, neuf heure, comme ça 13 h 14 h on
commence à vider aussi la cité.
Ndrele qui était habité par près de
dix mil personnes est aujourd'hui une cité fantôme. Sa population
déplacée ne sait à qui se vouer.
Maintenant on ne compte même pas sur ces
membres de FNI FAPC on pense si peut être la MONUC arriverait ici,
ça allait attirer ces gens là qui sont aux frontières
Il y a quelques la MONUC a exigé une
démilitarisation de cette cité afin que la population soit
sécurisée. Le FAPC et le FNI ont promis de se rencontrer
très prochainement pour discuter de la question, mais reste que les
deux factions accepter de céder la gestion des taxes dont elles se
disputent les revenues.
Bunia Charles Ntirica Radio Okapi
L'analyse
Le reportage ici se base sur la destruction du tissu
économique d'une cité commerciale par la guerre entre les groupes
armés FAPC et FNI. Nous l'avions souligné que le FNI est
d'obédience Lendu, tandis que le FAPC regroupait en son sein des
combattants de différentes ethnies confondues. Seulement, au fur et
à mesure que le conflit s'aggravait, les finalités divergeaient
eu égard au profit que tirait l'une ou l'autre faction. La chute du
reportage en témoigne lors que le journaliste souligne en disant que
reste à savoir si les deux factions accepteront de céder la
gestion des taxes dont elles disputent les revenues.
Le journaliste décrit une scène désolante
d'une cité commerciale détruite. Il a tenu à
préciser que son arrivée à Ndrele intervient un mois
après les combats entre les deux groupes armés le FNI et le FAPC.
La cité est vidée de sa population ; cette information le
reporter la tire des témoignages de quelques hommes courageux qui
reviennent au village pour vérifier leurs habitations. En leur donnant
la parole, le journaliste se dédouane des critiques des uns et des
autres sur sa source d'information.
Respectant les objectifs de la Radio Okapi en ituri, le
journaliste se fait le porte parole d'une population en situation
déplorable. En leur accordant la parole, la population a trouvé
en Radio Okapi un canal pouvant lui permettre d'implorer une assistance
internationale pour les sortir de cette situation.
Et le journaliste de chuter sur l'implication de la MONUC dans
la pacification de cette partie du pays.
Bon reportage qui donne des éclaircissements sur les
conséquences et les enjeux du conflit. Le journaliste semble
maîtriser en amont les enjeux des combats entre les groupes armés.
Il souligne que ces miliciens ont même prévu une rencontre entre
eux pour discuter de la question de la gestion des taxes. Cela donne une
impression que le reporter est mieux informé sur les deux factions et
les motivations de leur lutte.
Reportage N°3
Bunia
7h
7/10/05
CHAPO
En Ituri, le tribunal militaire de garnison de Bunia a
condamné ce vendredi un ex-commandant de bataillon de la milice des
Forces armées du peuple congolais, FAPC, à sept ans de prison. Il
est également renvoyé des forces armées de la
république démocratique du congo.
José des chartes Menga a suivi ce
procès.
Reportage
Le major Ricky Mutakama ancien commandant de bataillon de FAPC
à Aru était poursuivi par la justice militaire pour violation des
consignes. Cet officier qui avait déjà intégré les
FARDC à Kinshasa, avait évité de rejoindre le centre de
brassage de Mushaki dans le nord Kivu pour se retrouver de nouveau à Aru
en passant l'Ouganda. Selon le ministère public cet officier avait
rejoint des ex chefs miliciens en Ouganda pour infiltrer les FARDC afin de
déstabiliser l'Ituri à partir de Aru.
Le jugement a été prononcé dans une
audience publique à la place dite la tribune. Major Innocent Mayembe
président du tribunal de garnison///
Le tribunal militaire de garnison d'Isiro Bunia dit
établi en fait comme en droit l'infraction mise à charge de Ricky
Mutakama et le condamne par conséquent comme suit à sept ans de
servitude pénale principale pour violation des consignes.
Prononce contre lui la destitution de FARDC. Voila,
détachement bolongola ye tenue na bottine.
Le condamné estime que le jugement n'a pas
été juste, bien qu'il ait été assisté par
deux avocats. Ricky Mutakama entre les mains de soldats de la justice
militaires qui l'amène en prison rejette la peine.
- On dit que dans cinq jours on peut toujours
faire recours,
- alors qu'elle est votre point de vue, vous allez faire
appel ?
- C'est la dernière chance.
- Vous allez donc faire recours,
- Oui !
- Vous n'acceptez pas ce jugement ?
- Non !
Quand bien même qu'il rejette la peine prononcé
ce vendredi, Ricky Mutakama avait admis les griefs portés
à sa charge par le ministère public lors de l'instruction du
dossier.
Le condamné de ce jour avait même
demandé pardon au tribunal lors de l'audition des parties.
Bunia José des chartes Menga Radio Okapi.
L'analyse
Il s'agit ici d'un procès contre un ancien commandant
bataillon de FAPC basé à Aru qui pourtant avait
intégré les FARDC se retranche encore en ouganda. Il faut
signaler en passant que la force armée du peuple congolais est un groupe
armé dissident de l'UPC. Il contrôlait la partie est de l'Ituri
à la frontière avec l'Ouganda. Ce groupe regorgeait en son sein
des combattants de différentes ethnies avec le soutien de l'Ouganda.
Le journaliste dans son traitement du point de vue interne de
l'information a ressorti le fait que le passage de ce major en Ouganda
était mal perçu par les autorités. Il est ainsi
accusé d'être en connivence avec des chefs miliciens à
l'étranger. Fallait-il que le journaliste souligne cet aspect dans
son reportage ? En effet, cela est important car en 2005, la situation en Ituri
devenait telle qu'il paraissant aussi flagrant l'implication des certaines
puissances étrangères dans le conflit en Ituri. Elles tiraient
profit de l'instabilité de la situation par des groupes armés
interposés et déstabilisaient tout processus de pacification.
Le journaliste a, par ailleurs, indiqué que cette
accusation est du ministère public et cela cadre bien entendu avec la
politique éditoriale de Radio Okapi, celle de ne jamais prendre position
mais de donner la paternité de l'information à qui de droit.
Le journaliste a également cherché à
donner la parole au condamné quand bien même il était entre
les mains des soldats en partance vers son lieu de détention. A ce
point, nous soulignons l'équilibre qui se dégage dans ce
reportage. La parole est accordée à toutes les deux parties.
Du point de vue externe de l'information, il se dégage
des non dit qui d'ailleurs constituent la toile de fond quand à la
compréhension de l'information. La condamnation sous entend qu'il y
avait d'abord une décision d'un côté de FAPC
d'intégrer les FARDC, chose qui ne figure pas dans ce reportage. Cela
pourrait peut être se trouver dans un corpus de l'information et qu'il
serait déjà traité dans un autre reportage. De l'autre
côté, la décision prise par le gouvernement, de mettre un
point final aux actions des ex-miliciens intégrés au sein de
l'armée régulière n'est perçus ici qu'implicitement
lorsque le journaliste souligne qu'il y a violation des consignes.
Le journaliste termine son reportage d'une manière
fermée, c'est à dire que sa chute laisse entrevoir certains
questionnements sans réponse. Le commandant arrêté
était-il le seul à être arrêté ? Y
avait-il d'autre éléments arrêtés avant lui ?
Est-ce qu'il y aura d'autres qui seront arrêtés ? Cet aspect
n'est pas perçu. Le journaliste dans ce cas pouvait, soit
énumérer que celui qui venait d'être condamné
était le premier ou le dernier d'une liste, soit laisser une ouverture
pour d'autre procès qui pourrait surgir.
En guise d'une conclusion partielle en rapport avec la
réalisation des reportages des journalistes, Il faut souligner que la
Radio okapi avait mis en place une chaîne de production dans le seul but
de procéder à chaque niveau à la vérification de
l'information. Ainsi, toute descente du journaliste sur terrain a
été préalablement cordonnée par le chef d'antenne
Bunia et la rédaction centrale de kinshasa. De tel enseigne que en
commençant par le reporter en passant par le chef d'antenne Bunia, le
secrétaire de rédaction à Kinshasa et le rédacteur
en chef jusqu'au présentateur du journal, l'information est
peaufinée et vérifiée avant de passer à l'antenne.
CONCLUSION GENERALE
La recherche d'une bonne compréhension sur la
couverture médiatique d'une zone en conflit armé a
été le leitmotiv de ce travail. Nous sommes partis de
l'idée que la situation conflictuelle de l'Ituri a laissé des
empruntes dans l'histoire récente de la République
Démocratique du Congo. Aussi, aujourd'hui il importe que toutes les
péripéties liées à la guerre en Ituri soient mises
à la disposition du publique. Ce travail de la communication de masse
est bien évidemment le travail des journalistes.
A cet effet, pour mieux mener cette étude nous l'avons
subdivisé en trois chapitres. Nous nous sommes basés, dans le
premier chapitre à ressortir les déterminants de ce conflit. Il
a été essentiellement question de tenter de mettre en
lumière premièrement les causes lointaines et immédiates
de ce conflit entre les peuples du district de l'ituri tout en remontant
à leurs migrations dans la région. Secondement, donner plus des
détails sur les enjeux et les dimensions de ce conflit. Dans le
deuxième, nous nous sommes investis primo à définir
certains concepts qui ont constitué l'ossature de notre travail et
secundo à circonscrire les théories qui nous ont permis
d'établir des lignes de conduites sur lesquelles notre travail a
trouvé des réponses scientifiques y afférentes.
Et enfin dans le troisième, nous nous sommes
attelés à analyser de prime abord les compétences
humaines, matérielles et financières disponibilisées et
certains reportages réalisés par les journalistes de la Radio
Okapi dans leur couverture de la situation en Ituri.
Une question a motivé notre recherche à savoir
comment la Radio Okapi a-t-elle assuré la couverture médiatique
des événements fortement sanglants de l'Ituri ? Ce qui a
donné la voie à une sous question celle de savoir comment, face
à la complexité de ce conflit, la Radio Okapi a-t-elle
mobilisé des ressources humaines, matérielles et
financières dans le but d'assurer une bonne couverture
médiatique de ce conflit ?
En émettant l'hypothèse selon laquelle la
mobilisation des moyens tant humains, matériels que financiers pour la
couverture et la rotation permanente des journalistes en Ituri, ont
constitué des préalables pour donner une information objective.
A cet effet, nous nous sommes basés sur la
théorie de la rationalité par rapport à des fins et des
valeurs défendue par Max Weber et Jürgen Habermas.
Ce concept de rationalité donne lieu à deux
dimensions dans son opérationnalisation, à savoir la dimension
instrumentale et les stratégies. Dans sa dimension instrumentale, il
existe deux composantes :
- La composante « savoir faire » qui
implique comme indicateur les compétences conceptuelles et les
compétences techniques.
- la composante force productrice avec comme indicateurs les
ressources humaines et matérielles.
Dans sa dimension stratégique deux composantes entre en
compte également, notamment :
- La composante « objectif » où il
s'agit de définir clairement des objectifs que s'assigne une
organisation dans la recherche d'une finalité, ainsi que
- La composante « moyens » ce qui implique
les moyens financiers conséquemment à l'objectif.
En guise de ce qui précède, nous sommes descendu
sur terrain en menant une enquête au sein de la Radio Okapi pour
vérifier notre hypothèse. Ce qui nous amener à comprendre
que la Radio Okapi s'était assigné comme objectif de donner une
information vérifiée et équilibrée de la situation
conflictuelle de l'Ituri. De contacter dans la neutralité toutes les
sources disponibles pour donner une information de qualité,
c'est-à-dire, vraie, objective et opportune qui au final contribuerait
à la cessation des hostilités et à la sécurisation
de la population.
Ainsi dans leurs réalisations, les reporters de la
Radio Okapi ont mis en valeur les principes déontologiques de
l'équilibre journalistique dans le traitement de l'information, le sens
profond de la vérification de l'information avant toute diffusion. Quand
bien même certaines failles ont été constatées en ce
qui concerne la forme dans leurs réalisations, dans le fond, la ligne
éditoriale eu égard aux objectifs a été strictement
respecté et suivi à la loupe dans la chaîne de production
mise en place par la Radio Okapi.
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TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE..............................................................................
DEDICACE................................................................................I
REMERCIEMENT.......................................................................II
INTRODUCTION.........................................................................1
I.
PROBLEMATIQUE...................................................................1
II.HYPOTHESE...........................................................................5
III.METHODOLOGIE....................................................................6
IV. INTERET DU
SUJET...............................................................7
V. DELIMITATION DU
SUJET........................................................8
VI. DIVISION DU
TRAVAIL...........................................................8
CHAPITRE PREMIER : LES DETERMINANTS DU CONFLIT EN
ITURI.......................................................................................10
SECTION I : LA CARTOGRAPHIE DE
L'ITURI.................................10
I.1 : LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET
HISTORIQUE...........10
I.1.1. SITUATION
GEOGRAPHIQUE...............................................10
I.1.2. BREF APERÇU DE CHAQUE
TERRITOIRE.............................10
1. Le territoire
d'Aru....................................................................11
2. Le territoire de
Djugu..............................................................11
3. Le territoire
d'Irumu.................................................................12
4. Le territoire de
Mahagi............................................................13
5. Le territoire de
Mambasa.........................................................14
I.1.3.HISTORIQUE......................................................................15
I.1.3.1. LES MIGRATIONS DES TRIBUS DE
L'ITURI.........................16
1. La migration des Lendu
(bale).................................................. 16
2. La migration des
Alur.............................................................. 11
3. La migration des
Hema........................................................... 12
I.1.4. LA
DEMOGRAPHIE............................................................12
SECTION II. LE CONFLIT EN
ITURI.............................................13
II.1. GENESE ET PROTAGONISTES DU
CONFLIT...........................13
II.1.1. LES CAUSES
LOINTAINES...............................................13
II.1.2. LES CAUSES
IMMEDIATES................................................15
II.1.3. LES
PROTAGONISTES.....................................................17
II.1.3.1 D'UN GROUPE A UN
AUTRE...........................................18
1. L'Union des Patriotes Congolais,
(UPC).....................................18
2. Le Mouvement de Libération du Congo,
(MLC)............................18
3. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Mouvement
de Libération.
(RCD/ML).............................................................18
4. L'Union des Patriotes Congolais-
Kisembo.................................18
5. Le front des Nationalistes et Intégrationnistes
(FNI)......................19
6. Forces de Résistance Patriotique en Ituri,
FRPI...........................19
7. Le parti pour la Sauvegarde de l'intégrité du
Congo (PUSIC)..........19
8. Front de l'Intégration pour la pacification de l'Ituri
(FIPI).................19
9. Les forces armées du Peuple Congolais
(FAPC)...........................20
II. 2. LES DIMENSIONS DU CONFLIT DE
L'ITURI..........................20
II.2.1. LA DIMENSION
IDENTITAIRE.............................................20
II.2.2. LA DIMENSION
POLITIQUE...............................................23
II.2.3 LA DIMENSION
ECONOMIQUE.............................................26
II.3.
CONCLUSION....................................................................27
CHAPITRE DEUXIEME : CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE............................................................................28
SECTION I : CADRE
CONCEPTUEL............................................28
I.1 LES MEDIAS ET SES
FONCTIONS..........................................28
I.1.1. Les
médias.......................................................................28
I.1.2. Ses
fonctions....................................................................29
I.1.2.1. La fonction
Informative.....................................................30
I.1.2.2. La fonction
Délibérative....................................................31
I.1.2.3. La fonction
Distractive......................................................31
I.1.2.4. La fonction
Educative.......................................................32
I.1.2.5.
Conclusion.....................................................................32
I.2. COUVERTURE
MEDIATIQUE................................................33
I.2.1.
Application........................................................................33
I.3. LE CONFLIT
IDENTITAIRE....................................................34
I.4. CONFLIT
ARME..................................................................34
I.4.1. Conflit comme
hostilité........................................................35
SECTION II : CADRE
THEORIQUE..............................................35
II.1. OPERATIONNALISATION DU CONCEPT DE LA RATIONALITE CHEZ
HABERMAS....................................................................37
II.1.1 LA DIMENSION
INSTRUMENTALE.......................................37
II.1.2. LES
STRATEGIES..........................................................38
CHAPITRE TROISIEME : LA COUVERTURE MEDIATIQUE DU CONFLIT DE
L'ITURI.................................................................40
SECTION I : LA COMPETENCE ET LE PROFIL DES REPORTERS DANS LA
COUVERTURE DU CONFLIT DE L'ITURI.......................40
I.1. LA COMPETENCE
IDEALE...................................................40
1° L'exactitude.........................................................................41
2°
L'équilibre...........................................................................41
3° La
clarté.............................................................................41
4° La distinction entre les faits et les
commentaires.......................41
5° Le respect des personnes et la protection des
sources...............41
I.2. LA COMPETENCE
EFFECTIVE..........................................43
I.3.
OBJECTIFS.....................................................................45
SECTION II : LA COMPETENCE MATERIELLE ET FINANCIERE...48
II.1.Compétence
matérielle......................................................48
II.2 Compétence
financière.......................................................50
SECTION 3 : LA COMPETENCE ANALYTIQUE...........................51
CONCLUSION
GENERALE......................................................60
BIBLIOGRAPHIE....................................................................62
TABLE DES
MATIERES..........................................................65
INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE
LA COMMUNICATION
« I.FA.S.I.C »
====================================================================
Monsieur :
................................................................................................
Dans le cadre de notre travail sur la couverture d'une zone de
conflit et plus précisément sur le travail qu'a abattu Radio
Okapi en Ituri, nous vous prions de bien répondre à cette
série des questions.
Merci d'avance pour votre compréhension.
Jacques Yves MOLIMA
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
1. Combien de personnes Radio Okapi compte-t-elle en son
sein ?
a) Kinshasa................b) Provinces................c)
Total.........
2.Comment se repartissent-elles : Journalistes ...
Administration..........
Techniciens.....................Autres................
3. Quel est le profil des journalistes de Radio Okapi ?
Licenciés..............
Gradués..................diplômés
d'Etat.......................
4. Quelle est leur formation de base :
Diplômés en journalisme ................ Autres............
5. De quels équipements dispose Radio Okapi ?
(Liste complète si
possible)...........................................................................
6. De combien de station dispose Radio Okapi en
province ?....................................
a) citez les et donnez le nombre de journaliste en leur
sein.........................
b) donnez le nombre de techniciens.
.......................................
7. Combien de reportage la chaîne a-t-elle
réalisés sur le conflit en Ituri de 2004 à
2005..........................................
8. A quelle proportion peut-on évaluer : a) Les
reportages réalisés par les journalistes locaux en
Ituri ?........................b) Ceux réalisés par les
journalistes venus d'ailleurs ?......................
9. Selon quels critères désignez-vous les
reporters pour couvrir les événements sur les
théâtres de conflit ? - Compétence
(Formation).............expérience (avoir déjà couvert un
conflit) ...............ancienneté dans la
maison......................résidence dans la zone à
couvrir.................un ou plusieurs critères parmi ceux-là
(citer)
10. Quel était le profil de ces journalistes pour
l'Ituri ?.......................................................
11. Quels moyens financiers la chaîne a-t-elle
engagés ?
* 1 Koïchiro
Matsuura, L'UNESCO à Belgrade : Le rôle positif
potentiel de la presse dans des situations d'après conflit,
www.unesco.org
* 2 Colas, D.
La sociologie des conflits identitaires et culturels, Ed. Presses des
Trois rivières, Montréal, 2001, p 45.
* 3 Médi@ction
N°35, Journalistes face aux conflits en Afrique : l'information
prise au piège, Internet
www.panos-ao.org/article.php3?id_article=2516
* 4 Da Lage. O.,
La couverture des conflits et les risques militaires Le cas de la
guerre d'Irak de 2003-2004,
http://mapage.noos.fr/odalage/autres/conflits.html
* 5 Petit, J
P., Actualisation de la protection des journalistes en mission
périlleuse dans les zones de conflit armé, p 1
www.uparis2.fr/crdh/pub/200105petit.htm
* 6 Art 8,
Loi n 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de
l'exercice de la liberté de la presse.
* 7 ALBERT, P.
La presse et la guerre, remarque d'un historien, in
l'information dans les conflits armés, harmattan, 2001, p 63.
* 8 Sodaigui,
Le processus de rationalisation chez Weber,
http://www.chez.com/msodaiguises/theme1.htm
* 9 Bha-Avira Mbiya
Michel-Casimir, En Ituri, quelle est l'ethnie la plus minoritaire
par rapport aux autres ?
www.societecivile.cd
* 10 Saint
Moulin,L. Atlas de l'organisation administrative de la
République Démocratique du Congo, Cepas-Kinshasa,
2006 ;p106.
* 11 Idem, p
102
* 12 Saint Moulin,L.
op cit. p 104
* 13 Idem p
107
* 14 Saint Moulin,L.
op cit. p 105
* 15 Information tirée
du mémorandum de l'élite hema dénonçant l'agression
des lendu contre leur peuple, mémorandum adressé aux
médiateur du conflit entre Lendu et Hema lors de la rencontre du juillet
1999 à bunia.
* 16 Magazine Monuc N
22, p 16.
* 17
Op cit. p 16.
* 18 Asadho,
rapport sur le conflit inter-ethnique Hema-Lendu en territoire de djugu
dans la province orientale,
www.icc-cpi.int
* 19 Asadho,
op cit.
* 20 Travail forcé pour
l'or tiré du site
www.cobelco.org
* 21 TShungu
Bamesa, Guerre inter-communautaire dans le territoire d'Irumu in Table
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* 22TShungu
Bamesa, op. cit.
* 23 TShungu
Bamesa, op. cit.
* 24 Idem
* 25 Suliman Ali
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* 26 Monuc
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* 27 Elika, F.
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* 28 Elika, F. op. cit.
* 29 Elika, F.
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* 33 Idem. p 4
* 34 Jok Oga
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* 35 Roberton
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* 36 Monuc
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* 38 idem
* 39 Sematumba,
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* 40 Groupe
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* 41 Sematumba, O, op
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* 42 Monuc
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* 43 Rapport des
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nous a accordé le rédacteur en chef de la Radio okapi Etienne
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