Croissance economique et protection de l'environnement : le cas du CO2 au Sénégal( Télécharger le fichier original )par Mouhamadou Moustapha LO Université Gaston Berger - 2008 |
Source: Alan D. Lopez «causes of Death: An Assessment of global patterns of mortality Around 1985», world Health statistics quarterly; Vol. 43 N° 2; (1990) ; pp. 93,98 Graphique 2 : Cause de mortalité et nombre de décès entre PI et PED 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 pays en développement pays industrialisés Nous voyons que les maladies causées par la dégradation de l'environnement touchent tous les pays du monde mais les décès consécutifs sont plus accentués dans les PVD car les dispositifs sanitaires n'y sont pas très développés. Croissance économique et protection de l'Environnement b / Santé des êtres végétales A priori, la pollution influence indirectement la survie des espèces végétales notamment à travers les pluies acides et les températures insupportables allant, ainsi, jusqu'à même menacer leur existence. Si on sait que la majeure partie des remèdes prescrits dans le monde provient de la faune et de la flore, alors on saura que la question de l'environnement est plus qu'importante a fortiori que l'on estime que 119 produits pharmaceutiques proviennent des espèces végétales et il reste 250 000 à 950 000 espèces végétales à expérimenter. Aussi, si les espèces végétales sont menacées, l'homme en sera de même car sa survie dépend, inéluctablement, l'existence de la biodiversité. En somme, il faut savoir que la santé est le soubassement d'un progrès pérenne. Si notre environnement est contaminé alors nous seront malsains et donc inefficaces. Chose qui implique une baisse de la production et annihile même le développement. Aussi, les alertes doivent-elles mobiliser plus les PED qui sont aujourd'hui sur la voie d'une forte industrialisation. II / Croissance et ressources naturelles Le petit dictionnaire de Microsoft Encarta 2007 définit les ressources naturelles comme l'ensemble des richesses minérales, forestières et énergétiques. Une ressource naturelle est un bien, une substance ou un objet présent dans la nature, et exploité pour les besoins d'une société humaine. Il s'agit donc d'une matière première (exemple l'eau) ou d'origine vivante (exemple le poisson). Ce peut être de la matière organique fossile comme le pétrole, le charbon ou le gaz naturel. Il peut s'agir aussi d'une source d'énergie : énergie solaire, énergie éolienne. Toutefois, elles sont soient renouvelables soient non renouvelables. 1/ Ressources non renouvelables Les ressources non renouvelables ne sont susceptibles de fournir que des disponibilités de services finies. Elles comprennent l'ensemble des ressources minérales : charbon, pétrole, gaz naturel, minerais métalliques, etc. Le problème de l'environnement concerne plus les ressources non renouvelables et particulièrement le pétrole. Le pétrole est un élément indispensable à de l'activité économique, alors que les dégâts observer sur l'atmosphère, notamment la pollution de l'air, sont dus l'utilisation intensive de cette combustible fossile. Cependant, l'exploitation de cette ressource, si indispensable dans la croissance économique, ne peut durer indéfiniment. Comme tout élément en voie de disparition, le pétrole voit son prix croître de façon exponentielle puisque reflétant une demande de plus en plus forte (condition démographique) et des conditions d'exploitation presque inaccessibles. D'où la nécessité de se pencher sur les ressources renouvelables. 2/ Ressources renouvelables Les ressources renouvelables sont des ressources naturelles susceptibles de fournir une disponibilité de services infinie, convenablement gérée. Elles comprennent la terre (cultivable en particulier), l'eau, l'air, l'ensemble des ressources biologiques, végétales et animales. Les ressources renouvelables principalement les énergies renouvelables ont le mérite de ne pas dégrader l'environnement puisque ne polluant pas comme les autres. Néanmoins, le problème avec les énergies renouvelables est que leur coût est très élevé et elles demandent beaucoup d'expertise pour leur utilisation. Elles s'avèrent souvent non rentables comparées aux énergies provenant des combustibles fossiles comme le pétrole, certes, très pollueurs. B/ La pression sur les ressources naturelles et le problème des déchetsEncore plus que le problème de l'épuisement des ressources naturelles non renouvelables, il y le problème de la gestion des déchets engendrés par l'activité économique. 1 / La surexploitation des ressources naturelles Avec l'accès au développement de l'Occident, du Japon et des Etats-Unis, la pression sur l'environnement et les ressources se fait de plus en plus forte. Il s'agit d'une surexploitation des ressources naturelles, particulièrement, les ressources non renouvelables. Cependant, la surexploitation des ressources naturelles peut revêtir plusieurs formes spécifiquement la déforestation, le surpâturage, la désertification, l'érosion de la biodiversité, l'épuisement des ressources halieutiques etc. En effet, la nécessité d'accroître la production (la croissance économique) fait que l'on intensifie trop l'utilisation des ressources et donc une surexploitation dans certains cas. Il en résulte une inefficacité de l'activité de production. Par ailleurs, les écosystèmes ne peuvent survivre que sous certaines conditions de protection de leurs ressources et fonctionnalités, ce qui soulève la question plus générale du partage des ressources entre l'homme et la nature. Ainsi, la surexploitation des ressources terrestres entraîne de nombreuses conséquences, dramatiques pour la planète. On observe des dérèglements des climats et des écosystèmes, des catastrophes naturelles telles que réchauffement de la planète, fonte des glaces, l'effet de serre dû en partie aux émissions de CO2, exagération dans la consommation des ressources (comme l'énergie). On peut ajouter à cette longue liste le problème des déchets. 2 / Le problème des déchets Les déchets produits par l'activité économique restent toujours au coeur des préoccupations des acteurs de la politique économique. Plus graves encore, les déchets nucléaires dont l'écoulement comporte plusieurs difficultés et fait souvent l'objet de comportements frauduleux. En effet, ces déchets constituent une menace grave pour l'environnement. Ils modifient, altèrent ou détruisent les fonctionnalités des écosystèmes, tant à l'échelle locale que planétaire. En somme, la croissance économique telle que vécue aujourd'hui cause beaucoup de dommages à l'environnement. Elle entrave la bonne marche de l'économie en passant par la baisse des rendements dans l'agriculture et par la santé des personnes, vraies porteurs de croissance (théorie de la croissance endogène). Ainsi, cette croissance tant recherchée pour le développement durable n'est pas infinie. Elle recèle beaucoup de limites que nous verrons dans la section suivante. Section 2 : Les limites de la croissanceLa croissance économique telle que définie par F. PERROUX comporte beaucoup de limites qui sont soit d'ordre économique soit d'ordre physique ou spatiale. I / Les limites d'ordre économique Il s'agit de la loi des rendements décroissants et des multiples problèmes lié au PIB. A/ Le PIB comme un indicateur non pertinent1 / PIB et répartition du revenu Les modèles de croissance suivis jusqu'ici n'ont pas véritablement aidé à élaguer la pauvreté et les inégalités. On constate, après presque cinq siècles de politique de croissance forte, une mauvaise répartition des richesses et une très grande paupérisation. En effet, 80% des richesses sont utilisées par seulement 20% de la population mondiale, c'est-à-dire que la croissance augmente les richesses des plus riches et diminuent celles des plus pauvres. Par exemple, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la production de biens de consommation et de services a fortement augmenté. Le PIB mondial a été multiplié par 7 en 50 ans pour atteindre 36 500 milliards de $ en 2000. Mais sa répartition est très déséquilibrée. L'Occident (E.U, Europe de l'ouest), les Etats-Unis et le Japon ont, par exemple, longtemps monopolisé la richesse mondiale. L'Afrique a été et reste encore le continent de la pauvreté ; seulement 3,8 % du PIB mondial en 1950 et 3,2 % en 2000. 2 / Le capital naturel marginalisé La Chine va bien et pourtant les chinois ne sont pas très satisfaits. Ce dicton a tout son sens dans la mesure où il ressort tout l'aspect social que la politique de la croissance économique dédaigne très fréquemment. La croissance économique est, en effet, un indicateur quantitatif qui n'incorpore que les variables susceptibles d'être valorisées monétairement. Or, la quasi-totalité des biens environnementaux ne sont pas quantifiables. De surcroît, le capital humain et le capital physique ont tous un coût mesuré respectivement par le salaire et l'amortissement. Pour le salaire, d'une façon très commode, c'est le marché du travail qui détermine son niveau. Ce niveau traduit le coût de la main d'oeuvre et résulte formellement de la confrontation entre l'offre et la demande de travail pour aboutir à un prix d'équilibre. S'agissant du capital physique, essentiellement, les outils de production, c'est le marché des capitaux qui régule son prix et c'est la valeur de l'amortissement pratiqué dans l'immobilisation, en vue de renouveler son stock, qui explicite son coût. Par contre pour le capital naturel il n'y a pas de marché qui puisse relater son prix et, de ce fait, il est souvent marginalisé. Pourtant, le capital naturel a également un coût : c'est la perte de bien-être engendrée par l'activité économique. En d'autres termes, les dégâts de l'activité économique sur l'environnement. La mesure des pertes économiques - coût des maladies liées à l'environnement, les efforts supplémentaires effectués toutes choses égales par ailleurs - liées à la dégradation de l'environnement peut en quelque sorte représenter ce coût. 3 / PIB et Bien-être Le P.I.B est un indicateur économique, mais il n'inclut pas un certain nombre d'activités essentielles pour le maintien de la solidarité entre les membres d'une société. On n'y trouve pas des éléments sur l'état de santé de la population, son niveau d'instruction, la qualité des rapports sociaux entre les membres de la société, ou d'autres éléments. Certes la quantité de bien est importante mais pas autant que la qualité de vie. Cependant, les deux ne sont pas très dépendants. Un PIB élevé n'est pas toujours synonyme de Bien-être (voir tableau 1). Tableau 2 : Classement des pays selon leur PIB et selon l'IDH (Indice de Développement Humain)
Source : P.N.U.D , Rapport sur le développement humain, De Boeck, 2002 On voit dans ce tableau que les Etats-Unis qui ont le plus grand PIB se classe en sixième position. Alors que le Norvège se place en première place et pourtant son PIB est plus élevé que celle de la Suède, de la Chine et de l'Afrique du Sud. Par conséquent aucune tendance ne se dégage. Le niveau des richesses matérielles produites et sa croissance ne sont donc pas le seul indicateur pertinent de l'amélioration des conditions de vie dans un pays (voir annexe 7). Il y a d'autres facteurs qui doivent entrer en jeu mais qui ne sont pas pris en compte. Ainsi, le classement des pays selon le PIB n'est pas le même par l'Indice de développement humain (IDH). Donc, l'augmentation du PIB seulement n'est pas suffisante pour réaliser tous les objectifs de la politique économique. Le PIB s'avère, lui seul, impertinent pour appréhender le développement d'une nation8. B / La loi des rendements décroissants face à l'environnement1/ Un concept économique La loi des rendements décroissants telle que stipulée par la théorie économique est une loi économique selon laquelle les gains de production entraînés par l'accroissement d'un facteur de production (tel que la terre, le travail ou le capital), les autres facteurs de production restant constants, finissent, à partir d'un certain seuil, par décroître. 2/ Loi des rendements décroissants et ressources limitées : état stationnaire Telle que vu ci-dessus, la loi des rendements décroissants suppose qu'on ne peut indéfiniment continuer à promouvoir l'élévation de la production. On débouchera certainement sur une situation dans laquelle l'augmentation des facteurs de production n'augmente pas la production : c'est l'état stationnaire et à la limite - si on persiste - on la diminue. Ainsi, les ressources alimentaires étant limitées, si la loi des rendements décroissants s'applique, alors la mise en culture de nouvelles terres sera non seulement plus coûteuse mais aussi moins profitable au fur et à mesure que les besoins alimentaires s'accroîtront. Les économistes classiques, dont Smith, Malthus et Ricardo, avaient quasiment tous, dans leurs écrits, fait allusion à cet état stationnaire inéluctable à long terme. La croissance économique ne leur semble, donc, pas possible à un long terme. La rareté absolue (Malthus) ou relative (Ricardo) de la terre, le fait que la terre soit un input essentiel à la production et à la croissance de la population, ne pouvaient qu'engendrer des rendements décroissants dans l'agriculture, forcer le salaire au niveau de subsistance, réduire les profits et l'accumulation de capital, et donc, mener à un état stationnaire à long terme. Ici la terre est perçue comme une ressource naturelle servant de facteur de production. 8 Voir l'ouvrage de Malcom Gillis ; Dwight H. Perkins ; Micheal Roemer et Donald R. Snodgrass dans économie du développement ; 2 ieme édition ; page 21 Partant, l'accroissement des rendements agricoles ne fera que retarder la disette qui s'annonce, à laquelle risque de s'ajouter les problèmes d'approvisionnement en eau potable9. C / L'accès aux ressources naturelles : les prix prohibitifs des ressourcesAlors que les sociétés traditionnelles mobilisaient surtout des ressources naturelles renouvelables (l'air et l'eau pour la force motrice, la terre et des ressources biologiques végétales et animales pour l'alimentation, le chauffage, l'habillement ou les habitations), les économies issues de la révolution industrielle se caractérisent par une mobilisation massive des ressources naturelles épuisables (charbon, fer, pétrole). Cependant, les ressources énergétiques telles que le pétrole ou le gaz ne seraient pas suffisantes pour assurer la pérennité d'une croissance exponentielle. Les progrès scientifiques ne sont susceptibles que de retarder l'échéance de la pénurie. On peut à l'avance prévoir que la croissance sera dans le siècle à venir handicapée par les prix prohibitifs des ressources naturelles 1 0. D / La question des externalitésLe concept a été énoncé par l'économiste F.PIGOU en 1920 (the economics of welfare). Il est très central en économie de l'environnement. On peut définir les externalités comme les effets positifs ou négatifs qu'entraîne l'activité d'un agent économique à l'extérieur de cette activité ou que subit cet agent en provenance de l'extérieur. Pour illustrer cet effet, PIGOU se sert d'un exemple très simple et classique. Il s'agit de deux usines : l'une située au bord- en amont- de la rivière ; l'autre située en aval. Le premier rejette dans la rivière ses polluants chimiques ; alors que l'autre doit utiliser cette eau pour son fonctionnement. L'entreprise qui est à l'origine de la pollution de l'eau - qui a en, certes, besoin pour sa croissance - contribue ipso facto à l'alourdissement des coûts de production de toutes les entreprises qui utilisent cette eau. 9 On trouve ici une analyse semblable à la célèbre étude du pasteur Thomas Robert Malthus (Essai sur le principe des populations, 1798) qui avait énoncé la loi selon laquelle la population connaissait une croissance géométrique (2-4-8-16-...) tandis que la production agricole ne pouvait au mieux suivre qu'une croissance arithmétique (1-2-3-4-...) et en avait conclu qu'il fallait absolument empêcher la croissance démographique si on voulait éviter une désastreuse disette. Un autre classique, David Ricardo (Des principes de l'économie politique et de l'impôt, 1817) avait quant à lui expliqué en quoi le rendement décroissant des terres combiné à l'accroissement de la population devait amener l'économie vers un état stationnaire et sans croissance. 10 C'est un an après la publication de ce rapport que le monde a connu le premier choc pétrolier. Par suite, elle entraîne indirectement des pertes de productivité pour ces entreprises. On dit, donc, qu'elles subissent une externalité dont la responsabilité est entièrement endossée par l'usine en amont. On peut, toutefois, les mesurer et faire payer l'entreprise pollueuse (voir annexe 1). II / Les limites physiques et spatiales On traitera, ici, le cas de l'empreinte écologique et de la thermodynamique. A / La question de l'empreinte écologique Développée au milieu des années 1990 par Mathis WACKERNAGEL et William REES, l'empreinte écologique se base précisément sur une telle conception de la durabilité forte. Sans toujours nous en rendre compte, nous avons en commun avec les tribus primitifs le fait que notre consommation exploite un « territoire » de la planète. L'empreinte écologique d'une population est la surface de la planète, exprimée en hectares, dont cette population dépend, compte tenu de son mode de vie, pour ses besoins : en produits du sol (surfaces pour l'agriculture, la sylviculture) et en zones de pêche, en terrains bâtis ou aménagés (routes et infrastructures), en forêts capables de recycler les émissions de CO2 (empreinte énergétique) et plus généralement en surfaces d'absorption des déchets. La surface d'empreinte écologique peut être calculée pour l'ensemble de l'humanité, pour un pays, pour une région ou une ville, pour un ménage (sur la base de ce qu'il consomme), pour un poste de consommation finale (alimentation, logement, transport...), etc. Cependant, plus un pays a une croissance forte et plus son empreinte écologique est importante. Par exemple, les Etats-Unis ont un PIB par habitant de quasiment 35 000 dollars et leur empreinte écologique par habitant est de presque 10 hectares. Alors que pour l'Inde ou la Chine ayant un PIB par habitant situé entre 0 et 5 000 dollars, leur empreinte écologique se situe entre 0 et 2 hectares par habitant. Il faut savoir qu'à ce rythme, il faudrait 5 planètes pour les Américains, 3 pour les Français et 1,2 pour le Monde. Ceci constitue bien un effet négatif de la croissance sur l'environnement et pourtant la croissance continue toujours de se faire à un rythme presque exponentiel, perpétuant davantage les craintes11. 11 Selon une les publications du rapport sur le développement dans le monde (1992), la production mondiale atteindrait les 69 billions de dollars en 2030. Et les pays sous développés connaitront une croissance de l'ordre de 4 à 5% et leur production quintuplera par rapport au niveau de l'année 1990. Donc autant de craintes et autant d'incitations pour agir impérativement dans les plus brefs délais. B / Les lois de la physique face à l'environnement : la thermodynamique On doit à Nicholas Georgescu-Roegen la réintroduction des aspects physiques de la production dans le champ de vision des économies. Il a mis en évidence les conséquences de la thermodynamique sur le développement des sociétés humaines12. La thermodynamique est, en effet, le domaine de la physique qui étudie les transformations de la matière et de l'énergie des systèmes macroscopiques. Les concepts de la thermodynamique sont d'une importance fondamentale pour expliquer les limites de la croissance économique actuelle. 1/ Notion de système fermé et système ouvert au sens de la science physique Un système est dit « ouvert » lorsqu'il échange avec son environnement ; dans le cas contraire on dit qu'il est « fermé ». La Terre est un système fermé sur la matière (échanges infimes avec l'univers : quelques météorites) et ouvert sur l'énergie solaire dont le rayonnement la traverse tous les jours. 2/ Entropie13 matérielle et croissance Selon Nicholas Georgescu-Roegen, la terre étant un système fermé sur la matière, n'en échange pas, en conséquence, avec le reste de l'univers. Donc, l'énergie dans le système reste constante. Par conséquent, l'utilisation des ressources entraîne une dégradation de l'énergie mais aussi une dissipation de la matière. La quantité de matière qui s'est dissipée mesure l'entropie du système (état du désordre). La matière est donc soumise elle aussi à la loi de l'entropie. En d'autres termes, Pour Nicholas Georgescu-Roegen, il y a un principe de dégradation de la matière. C'est pourquoi, soutient-il, que les limites physiques que rencontrera la croissance des sociétés industrielles résideront dans l'entropie matérielle, et pas seulement dans la disposition énergétique. D'autre part, du point de vue de la thermodynamique, la matière-énergie absorbée par le processus économique, l'est dans un état de basse entropie et elle en sort dans un état de haute entropie. 12 En 1971, Nicholas Georgescu-Roegen, rattache explicitement sa conception du développement économique à la thermodynamique des systèmes clos de Carnot. Son livre fondamental The entropy law and the economic process effectue la percée décisive consistant à insérer le développement économique dans le flux énergétique de la biosphère. 13 En thermodynamique, l'entropie est une grandeur qui mesure la dégradation de l'énergie d'un système. Elle mesure le degré de désordre d'un système par rapport à son état initial probable. Le processus économique d'un point de vue purement physique ne fait que transformer des ressources naturelles de valeurs (basse entropie) en déchets (haute entropie). A la suite de cette déstructuration de la matière et de l'énergie, les développements économiques actuels affectent ceux qui seront possibles aux hommes de demain. Eu égard à ce principe d'entropie, on voit bien que l'économie actuelle ne peut poursuivre de façon pérenne sa croissance car les ressources - les intrants de la production- disparaissent au fur et à mesure de leur utilisation encore plus si cette utilisation est exagérée. En somme, la croissance économique exerce des effets néfastes sur la nature et le Bien-être sans que cela soit pris en compte. Elle n'est donc pas toujours un bon indicateur. Mais, une autre question se soulève : la nature est-elle gouvernable ? C'est l'objet de la section suivante. Section 3 : Les difficultés liées à l'administration de la nature Evaluer les dégâts de la croissance peut être difficile mais gérer la nature peut être plus difficile encore. En effet, la nature est un monde de systèmes lents et difficile à piloter. I/ La nature : un monde de systèmes lents et incertains A/ Les incertitudes liées aux phénomènes naturels Le monde de la nature est souvent déterminé par son caractère de mutisme. On ne sait pas véritablement ce qui peut découler de nos actes sur la nature. 1/ Une métrologie délicate La métrologie appliquée à l'environnement se définit par toutes les opérations de mesurage ayant pour but de connaître les composantes de l'environnement. Elle ne se limite pas uniquement à l'instrument de mesure mais intègre aussi toutes les opérations nécessaires à la caractérisation d'un milieu : identification, définition, d'un mode de prélèvement représentatif du milieu, développement, installation et configuration des instruments de mesure, élaboration et traitement adaptés, restitution et interprétation des mesures effectuées, etc. Bref, les indicateurs environnementaux ont pour objet de quantifier les informations complexes et de les simplifier pour les rendre accessibles à un large public. Mais, les phénomènes naturels sont très fortuits et généralement très perplexes si bien que les indicateurs ne tardent pas à montrer leurs limites. La grande difficulté réside, donc, dans la pertinence des paramètres à mesurer : difficulté d'apprécier un milieu à partir des données quantitatives quand les aspects subjectifs sont dominants. Il se pose donc un problème de crédibilité des estimations de sorte qu'en matière d'environnement on incite plus qu'on prédit. De la sorte, le manque d'évaluation objective de l'état actuel des ressources est l'une des principales raisons du flou qui entoure actuellement le débat sur l'interaction entre l'environnement et l'économie. A cela s'ajoute le fait que les indicateurs ne sont pas spécifiques à tous. 2/ Les incertitudes sur les mesures a/ L'incertitude liée aux mesures et aux choix de modélisation. Plusieurs modèles ayant la même vraisemblance peuvent donner des résultats très différents lorsqu'ils doivent prédire dans des conditions qui s'éloignent des conditions observées. b/ L'imprévisibilité Certains phénomènes ne peuvent pas être correctement modélisés, en particulier, ceux liés aux évolutions socio-économiques. Par exemple, les choix des individus, les résultats des négociations, des guerres, des modes et autres phénomènes collectifs ne pourront jamais être totalement prédits, en raison de la complexité des phénomènes, mais aussi parce que les prévisions influencent les choix futurs. c/ Les choix éthiques. Lorsque le modèle n'est pas uniquement un modèle prédictif mais est également normatif, qu'il doit donner pour résultat ce qui devrait être fait et non pas ce qui sera fait, alors les hypothèses portant sur l'objectif normatif influencent le résultat du modèle. Par exemple, il faut choisir le taux d'actualisation, le type d'objectif, les poids donnés aux différents objectifs, et aux différents agents, les critères d'efficacité et d'équité. En définitive, les grandeurs mesurées dans le domaine de l'environnement sont, donc, très variables, très aléatoires et peuvent faire appel au simple dénombrement ou au contraire mettre en oeuvre les méthodes d'analyse les plus complexes. B/ L'indétermination de la valeur des biens environnementaux 1/ Valeur et environnement dans la pensée économique a/ Les Physiocrates (entre autres, Quesnay 1750) Pour les physiocrates, seul le travail du fermier avec l'aide de la nature produit un surplus ou une valeur nette. Toutes les autres occupations ne produisent que ce qui est nécessaire pour la reproduction de la classe en question. Le surplus étant seul l'apanage de l'Homme et de la nature, on voit bien la nécessité d'un investissement pour maintenir la fertilité du sol. Les règles du développement durable s'y trouvent déjà. Dans un tel système, la nature est perçue comme source ultime de valeur productrice, le maintien de la fertilité des sols devient une limite absolue afin d'assurer la reproduction du système. La valeur de l'environnement, même si le terme n'est pas formellement employé, devient infinie car ne pas reproduire la fertilité du sol signifie la non reproduction du système. b/ Les Classiques (début Adam Smith 1776) Dans cette approche, une distinction s'opère entre valeur d'usage et valeur d'échange. La valeur d'usage est l'utilité ou la satisfaction que peut nous procurer un bien. Par contre, la valeur d'échange est la faculté que donne la possession de ce bien d'obtenir un autre bien en échange (possibilité d'échange qu'offre le bien). En d'autres termes, elle se définit comme étant l'explication des rapports d'échange entre les marchandises. Ainsi, la valeur d'échange résulte de la confrontation entre l'offre et la demande. Elle est exprimée par le prix. Ici, la demande joue un rôle seulement en indiquant que le bien possède une valeur d'usage qui est pré-requise à la valeur d'échange ; la cause de la valeur d'échange exprimée par le prix sur le marché se trouve du coté de l'offre. c/ Les Néoclassiques A l'instar des classiques, les néoclassiques considèrent la valeur d'usage comme l'utilité. Mais ils intègrent la notion de rareté pour aboutir à ce qu'on appelle utilité marginale. L'utilité marginale est l'importance subjective qu'un individu rattache à la dernière unité d'un bien. Ainsi, le prix d'un bien est déterminé par l'utilité et la rareté. Dans ce système aussi l'environnement n'apparaît pas puisque ne faisant pas l'objet de transition sur le marché. En somme, pour tous ces modèles de valeur d'échange, hormis ceux des physiocrates, la valeur de l'environnement comme tel, n'apparait pas car il n'est pas une marchandise, il n'est pas échangé sur le marché et n'a donc pas de valeur d'échange ou de prix. Il sera toujours postulé une rareté relative mais jamais une rareté absolue ou une limite absolue. La croissance se trouve, ainsi, sans limite absolue car il n'existe aucun facteur absolu limitant dans la théorie. La notion de développement durable de l'époque n'incluait, par conséquent, pas l'aspect environnement. 2/ Caractéristiques des biens publics Les biens publics en particulier ceux concernant l'environnement se caractérisent par le fait que leur accès est ouvert à tous sans limites ni contraintes, de sorte que rien n'incite à les ménager. L'atmosphère, par exemple, est une ressource en libre accès. Elle n'appartient à personne. Par exemple, respirer un air pur, est très important pour tous, mais il est très difficile de persuader, a priori, quelqu'un sur sa pollution - alors qu'il pense que ceci restera toujours comme telle - encore moins de lui faire payer un prix pour y accéder. D'autre part, il y a le caractère non rival et non exclusif des biens collectifs qui constituent des goulets d'étranglement à la politique environnementale. La non rivalité ou le caractère partageable d'un bien signifie que l'utilisation de ce bien par un agent n'en empêche pas l'usage simultané par un autre. Quant au caractère non exclusif il faut en entendre le fait qu'il est presque impossible d'interdire l'utilisation de ce bien par un agent (par exemple l'éclairage). Il est, ainsi, difficile de gérer convenablement ces biens qui en plus ne font l'objet d'aucune transition dans un marché et n'ont pas de prix aux yeux des individus. On comprend bien, alors, les propos de l'économiste Thomas Schelling lorsqu'il disait : « dans la vie , ce qu'il y' a de pire est gratuit ». Il ressort, dès lors, toute la sensibilité de l'environnement et toute l'importance que devraient porter les individus à son égard. 3/ Les défaillances du marché Les raisons pour lesquelles certaines ressources - l'eau, les forets et l'air pur - sont menacées, alors que d'autres - métaux, minéraux et énergie - ne le sont pas, est que la valeur de rareté de celles-ci s'exprime dans les prix du marché, ce qui met en jeu la puissante force de substitution, de progrès technique et de changement structurel. Un point important dans l'analyse classique et néoclassique est d'omettre le volet environnement dans le marché. En effet, tout se joue sur le marché et ce qui n'apparaît pas sur le marché n'est pas pris en compte. Or, l'environnement est externe au marché. C'est pourquoi, la littérature sur les dommages causés à l'environnement insiste lourdement sur les disfonctionnements de marché comme cause essentielle de la dégradation de l'environnement. Ces cas de disfonctionnement du marché surviennent lorsque personne ne détient les ressources considérées (les ressources naturelles ne font l'objet d'aucune propriété privée). C/ L'environnement : un monde de systèmes lents C'est après vingt-cinq ans depuis l'interdiction de l'usage du mercure dans les industries papetières Suédoises, que commença à être constaté un accroissement du taux de mercure dans les lacs suédois. Ceci pour montrer que la nature appartient au monde des systèmes lents, même si elle est dès fois capable d'oscillations rapides ou même brutales. Ainsi, selon Jacques Theys14( dans son article paru dans le numéro 74-75, publié en 1994, de la revue Espaces et Sociétés) : « si d'un coup de baguette magique les pays du monde s'entendaient à stopper d'un seul coup leurs pollutions, il faudrait attendre encore un siècle pour voir la couche d'ozone retrouver son équilibre normal15, plusieurs centaines d'années pour que les océans perdent la « mémoire » d'un possible accroissement de température dû à l'effet de serre16, plusieurs décennies pour que la pollution saline déjà accumulée au Sud de la nappe phréatique Rhénane atteigne Strasbourg ou le Nord du Bas-Rhin ». En résumé, l'environnement ne peut être évalué que s'il a un effet sur l'homme c'est-à-dire que si l'agent économique rationnel peut percevoir cet environnement. Si c'est effets ne sont pas pris en compte dans le marché, il faut s'efforcer de les intégrer directement ou indirectement. Quoique les effets de l'environnement se manifestent dans une longue durée, il faut nettement penser aux générations futures dont le Bien-être peut dépendre, en quelques sortes, de nos comportements d'aujourd'hui. 14 Centre de prospective et de veille scientifique, ministère de l'environnement et université de Paris I. 15 Compte tenu de la durée de vie des CFC (20 ans à un siècle) et du temps qu'ils mettent pour atteindre la stratosphère, où il attaque la couche d'ozone ; on estime que de ceux émis depuis 40 ans n'avait pas encore produit leur effets en 1994. 16 Le transfert méridien de chaleur qui s'opère dans la couche profonde des océans (1 000 à 5000m) joue sur une période de plusieurs siècles. II/ Les difficultés liée à la gouvernance de la nature Les perceptions des individus, la lenteur des cycles de vie des politiques et l'absence de consensus sur les ressources naturelles sont autant d'éléments qui rendent difficile la gestion de l'environnement. A/ Les perceptions sur l'environnement Quand on parle de l'environnement, certains ne semblent pas être directement concernés. Le phénomène est encore plus visible dans les pays en développement (PED). Plusieurs raisons expliquent cela. En effet, les PED sont interpelés très habituellement par d'autres priorités comme, entre autres, l'alimentation et la santé, de telle sorte qu'ils considèrent la lutte contre la dégradation de l'environnement comme une affaire révélant l'opulence ou le (luxe). Or, les individus qui sont les plus démunis sont souvent les plus tributaires des services environnementaux. Ils sont en rapport direct avec leur milieu naturel. Ils y tirent la quasi- totalité de leur revenu. D'autant plus qu'il est très difficile de demander à quelqu'un, par exemple, de ne pas couper du bois ou de ne pas manger les poissons parce qu'ils sont contaminés par les déchets toxiques alors qu'il n'a pas d'autres alternatives. Donc l'environnement y est perçu comme un puits intarissable et sa protection relève, pour certains, d'un ordre somptueux plutôt qu'indispensable. Il semble toujours que la protection de l'environnement est inscrite dans une logique émanant du domaine de l'éthique plutôt que s'inscrivant dans un dialectique de rationalité économique. On constate que ça reste toujours un devoir moral que de vouloir protéger l'environnement. B/ Le cycle de vie des politiques publiques Jacques Theys propose une définition très simple du cycle de vie des politiques. Il le voit comme le délai qui sépare les premières manifestations d'un problème (dommages ressentis, réaction de la population, découvertes scientifiques) de sa résolution. En partant de cette définition il faut escompter dans beaucoup de domaines de l'environnement un délai de 30 à 50 ans avant de réagir, ce qui est considérable, compte tenu de l'irréversibilité des phénomènes environnementaux. Malgré cela, ce que l'on constate, c'est que même les politiques simplement correctrices appliquées dans ce domaine se singularisent par une durée de mise en oeuvre particulièrement longue. Pourtant, rien que la prise en compte des « effets de retard » devrait inciter à anticiper les dégâts sur l'environnement et à prendre des mesures draconiennes. L'expérience historique montre que les politiques environnementales ont toujours été en retard d'une guerre, et se sont montrées peu capables de prévention. Par exemple, cinquante années séparent, le moment où les habitants de Los Angeles auront, pour la première fois, réagi violemment contre le « smog oxydant » et celui où le problème de la pollution automobile aux Etats-Unis pouvait être considéré comme « résolu ». C/ L'absence d'un discours singulier concernant l'environnement : 1/ Conflits d'intérêts sur les ressources Pendant longtemps les théoriciens de l'environnement ont tenté de persuader les agents économiques sur la fermeté de l'écosystème énergétique. Avec Daly (1991) une mise en évidence de l'état stationnaire économe de ressources naturelles a été observée. Mais le développement de la crise économique a conduit à relativiser la portée de ce type d'analyse. Depuis lors, le débat sur les ressources continue à nourrir beaucoup de controverses. Pour certains, comme Nicholas Georgescu-Roegen, il n'y a pas de ressources illimitées ; toutes les ressources sont limitées. Aussi, soutient-il qu'aucun système humain ne peut avoir un rendement de 100%, toute transformation du milieu naturel s'accompagne d'une dégradation irréversible des ressources et aucun recyclage intégral ne peut se concevoir Ainsi, il jette les bases d'une nouvelle orientation de la politique économique basée sur une sobriété et une efficacité des techniques de production au lieu d'un bascule sur les ressources supposées renouvelables. Pour d'autres, les classiques surtout, les ressources sont illimitées. C'est le cas de Jean B. SAY qui ajoute que si elles n'étaient pas inépuisables on ne les aurait pas gratuitement. A l'instar de J B. SAY, David Ricardo nous dit que les facultés originelles et impérissables du sol apparaissent comme un bien libre non menacé par les activités humaines. Croissance économique et protection de
l'Environnement Ce qui rend plus incertains et plus imprévisibles les phénomènes naturels c'est la pluralité des débats. En effet, tous ne s'accordent pas sur les phénomènes environnementaux. Certains adoptent une position modérer tandis que d'autres sont radicales. Le club de Rome par exemple, exige une décroissance totale, alors que les partisans de la soutenabilité ou de l'hypothèse Gaïa apaisent leur discours en soutenant toujours la croissance mais en suggérant des systèmes permettant de la concilier à l'environnement. Nous développerons ces thèses ultérieurement. Conclusion Au terme de ce chapitre, nous retenons que la croissance économique est certes un levier sur lequel on peut s'appuyer pour promouvoir le développement, mais elle recèle beaucoup d'imperfections, notamment, en ce sens qu'elle ne prend pas en compte les aspects sociaux et n'incorpore pas la valeur du capital naturel, certes, difficile à mesurer mais intervenant directement dans l'activité économique. Aussi, la nature comporte-elle beaucoup d'équivoque qui à la longue limite sa gouvernabilité et rend difficile l'application des politiques environnementaux. Toutefois l'humanité a toujours su mobiliser ses forces pour résoudre les plus graves problèmes. Ceci pour dire que des solutions ne manquent pas. On peut bien allier croissance et environnement, c'est-à-dire un développement durable. Ce sera l'objet d'étude du chapitre suivant. VERS UNE CROISSANCE NON
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0 5 000 10 000 15 000
Nombre de personne (en million de personnes)
Sources : Bureau du recensement des États-Unis pour la période allant de -10 000 à 1940 et pour les années antérieures sur les données de United Nations Population Division, Organisation des Nations unies. Consulté le 24 novembre 2007
Cette explosion démographique qui a suivi la révolution industrielle, a accentué énormément les dégâts sur l'environnement en passant, notamment, par le renforcement des pressions sur les ressources naturelles sans parler de l'élévation des prix mondiaux due à une offre se montrant de plus en plus incapable de satisfaire une demande exponentiellement croissante.
Avec un taux de croissance démographique de 2 à 3% par an, on a 28 millions et demi de bouches à nourrir chaque année. Pour l'Afrique, elle verra sa population frôlée la barre des 1,8 milliards de personnes en 2005.
Partant, le célèbre pasteur Thomas Robert Malthus17 avait énoncé la loi selon laquelle la population connaissait une croissance géométrique tandis que la production agricole ne pouvait au mieux suivre qu'une croissance arithmétique et avait conclu qu'il fallait absolument empêcher la croissance démographique si on voulait éviter une désastreuse disette.
17 Dans son ouvrage : « Essai sur le principe des populations, 1798) »
David Ricardo18 avait, quant à lui, expliqué en quoi le rendement décroissant des terres combiné à l'accroissement de la population devait amener l'économie vers un état stationnaire et sans croissance.
Tout ceci pour dire que les ressources ne sont pas illimitées et ne peuvent pas supporter, aussi longtemps, une demande croissant à un taux relativement exponentielle.
B/ La limitation des ressources naturelles
Aujourd'hui 80% de la production est utilisée par 20% de la population. Si tous les humains doivent avoir le même niveau de vie, on risque d'avoir des difficultés liées à l'épuisement des ressources naturelles, et aux rejets de déchets. En particulier les questions de la disponibilité de l'énergie, de l'eau et de la terre vont se poser avec, de plus en plus, d'acuité a fortiori cumulées avec une croissance démographique menaçante.
Il s'agit donc de penser le développement futur des pays encore en voie de développement en lien avec l'environnement. D'autant plus qu'ils sont sur la voie d'une forte industrialisation.
II/ Les inquiétudes sur les progrès du futur
A/ L'industrialisation des pays en voie de développement
Les modèles de développement issus de la révolution industrielle ont eu l'inconvénient d'être très fortement axés sur les ressources non renouvelables comme les combustibles fossiles - celles dont on fait allusion sont essentiellement le pétrole, le gaz naturel et le charbon ; bien vrai qu'il y en a d'autres, mais pas tellement graves ou du moins pas très influentes comparées à celles-ci - qui sont les principaux intrants de l'activité industrielle.
Depuis la prééminence des lois de la physique appliquée à l'économie, notamment avec le principe de la thermodynamique que nous avons vu précédemment - principe qui postule une limitation de toutes les ressources naturelles à fortiori les ressources que l'on dit non renouvelables - les craintes sur la viabilité des économies se sont de plus en plus manifestement exprimées. Beaucoup de vagues des revendications ont vu le jour. On peut, par exemple citer les vagues de préoccupations écologistes qu'ont connues les pays industrialisés19. L'une de la fin des années 1960 à la fin des années 70 (le Club de Rome).
18 Dans son oeuvre très célèbre : « Les principes de l'économie politique et de l'impôt, 1817 »
19 Pour plus d'informations voir l'article d'Albert Loupe et Anne Rocaboy publié dans la revue française de gestion, dans son numéro de mars-avril-mai 1994.
L'autre au milieu des années 80 (ayant un caractère plus durable que le premier, à travers son institutionnalisation et son ampleur mobilisant plus de personnes). Dans la même perspective on peut toujours citer le mouvement des écologistes au Sénégal dénommée les amis de la nature qui a même valu la création d'un parti politique, notamment, le Rassemblement des Ecologistes du Sénégal (RES).
Cela dit, les modèles de développement ont tendance à s'uniformiser et les PED sont toujours en train de mener des programmes allant dans le sens du rattrapage des pays industrialisés (PI). En fait, ils doivent passer, tout compte fait, par la phase d'industrialisation avant d'atteindre la tertiarisation de leur économie. Or, cette phase comme, l'expérience des pays riches l'a montrée, est fortement consommatrice d'énergie et donc vastement dévastatrice de l'environnement. On voit bien clairement toute la crainte qu'il y'a sur les nouveaux pays en voie d'une forte industrialisation. Alors que, les phénomènes environnementaux n'épargnent personne. Par exemple, dans le travail du prix Nobel ALGOR on y voit que le réchauffement climatique a partout des conséquences. Ce n'est pas seulement les responsables qui en sont victimes. D'où la pertinence de repenser les modèles et de coordonner les actions.
Si les pays en développement doivent suivre l'exemple antérieur des pays industrialisés et refaire, dès lors, la même erreur, alors il faut s'attendre au pire : la disparition de la biodiversité et même l'impossibilité de toute vie sur terre. D'après les prévisions, la production mondiale augmenterait de plus de trois, et serait presque dans l'ordre des 69 billions20 de Dollars. Voila bien des chiffres qui devraient faire peur en ce sens que les ressources environnementales seront plus intensément gaspillées.
B/ Compétitivité et environnement
Depuis plusieurs décennies d'atteinte au Bien-être de l'individu, ce dernier s'est toujours montré très indulgent. Les modèles de croissance économique légués par la révolution industrielle - qui au passage sont très attentatoire à l'environnement - n'ont fait l'objet d'aucune critique environnementale sévère dans le passé.
Par contre, aujourd'hui les acteurs de la société se préoccupent de plus en plus de leur Bien- être, tant menacé par les pollutions. Etant les principaux consommateurs des biens et services, les individus réclament davantage le respect des normes environnementales dans la production des biens.
20 Soit 69 000 milliards de Dollars
Ils vont même jusqu'à former des blocs de consommateurs qui veillent sur l'environnement. C'est le cas, par exemple, du mouvement des « consuméristes verts » en France dans les années 94. Plusieurs enquêtes ont révélé, à l'époque, une sensibilité croissante des acheteurs potentiels à l'argument écologique.
Il est, donc, clair que la compétitivité des futures économies incorporera, certainement, le volet Environnement. De sorte que le produit qui intègrera davantage l'environnement aura tendance à se commercialiser le plus. Aussi, faut-il évoquer la question de la globalisation qui entraîne, de plus en plus, une uniformisation des marchés. De toute façon, il est imminent de commencer à apprendre à respecter l'environnement surtout pour les PED.
C/ Les normes internationales
Un autre problème soulevant avec vivacité la nécessité d'agir est celui des normes internationales. En effet, la double évolution des transports et des technologies de l'information fait de la planète un seul et même espace. En toute saison, les productions agricoles ou industrielles se trouvent sur l'ensemble des marchés. La moindre variation des cours de bourse à Tokyo, Londres, New-York est instantanément transmise à l'ensemble des places. Ceci pour dire que tout se passe comme si le temps et l'espace avaient disparu pour laisser place à un vaste réseau immatériel d'interdépendance. Ainsi, faut-il très vite se conformer aux normes et règles en vigueur au risque d'être évincer dans le futur.
D'après une étude de Lionel Fontagné21, 30% des 680 milliards de US$ d'importations mondiales effectivement touchées par des «mesures» environnementales concernent des produits agricoles. Alors que les pays comme les nôtres sont fortement corrélés aux exportations de produits agricoles. D'où l'urgence d'agir vite afin d'être plus compétitifs.
Tout compte fait, la croissance démographique exacerbera les pressions sur les ressources. Ce qui devient inquiétant quand on sait que ce sont les ressources non renouvelables qui sont plus concernées. Donc, pour être économique viable dans l'avenir, il faut désormais s'inscrire dans les objectifs internationaux et apprendre à se conformer aux règles et normes en vigueur, d'autant plus qu'on chemine vers une globalisation sur tous les plans.
21 Directeur du CEPII (fontagne@ cepii. fr). Mondher Mimouni, économiste au Centre du commerce international (CCI, CNUCED-OMC)
Section 2 : Les controverses autour de l'environnement : les thèses en
vigueurI/ Soutenabilité forte et soutenabilité faible
Nous distinguerons le Développement, d'une simple croissance quantitative mesurée par l'augmentation du produit national. Une croissance ne peut être assimilée à un développement que dans la mesure où elle contribue au mieux-être humain sans détruire les mécanismes assurant la reproduction de la biosphère qui la porte. Le développement n'est donc pas un concept uniquement quantitatif, mais également qualitatif. C'est un objectif à long terme.
A/ Origine et définition du développement durable
En 1987, Our Common Future, le rapport final de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement - plus connu sous le nom « Rapport Brundtland » en référence au Premier Ministre Norvégien Gro Harlem Brundtland, qui présidait la séance - propose une définition du développement durable22. Ainsi, dit-il: « sustainable development is development that meets the needs of the present without compromising the ability of future generations to meet their own needs ». Traduit en français, c'est un développement qui permet la satisfaction des besoins présents, sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs.
Cependant, le développement soutenable (durable) a connu un succès énorme si bien que, seulement, deux années plus tard après son apparition J. Pezzey (1989) pouvait en dénombrer plus de soixante définitions différentes.
Toutefois, du fait du caractère potentiellement épuisable des ressources et des critiques émises par le Club de Rome, notamment, à l'endroit de la croissance (halte à la croissance), plusieurs courants d'interprétations ont vu le jour. Ils donnèrent naissance à deux concepts : soutenabilité faible et soutenabilité forte.
B/ La soutenabilité faible
Appelée aussi règle de Hartwick23 ou règle de Solow (1974, 1986) - en référence aux études
de ces deux économistes sur ce sujet - la soutenabilité faible accepte la croissance22 Rapport Bruntland (WCED, 1987, p.43)
23 Voir Hartwark 1977
économique mais à condition que l'on gère les ressources de manière efficace pour maintenir une production ou un Bien-être (ou une utilité en langage économique) au moins équivalent dans le futur. Pour cela, ils proposent la non-décroissance du stock de capital total. En effet, ils distinguent deux composantes du capital total (Kt): le capital naturel et le capital physique. Le capital naturel (Kn) est, essentiellement, composé des ressources naturelles (pétrole, gaz, ressources minières, forêts etc.), tandis que le capital physique24 (Kp) regroupe l'ensemble des infrastructures, les bâtiments, les installations hydroélectriques etc. Nous avons ainsi :
Kt = Kn + K p
Stock de capital total = stock de capital naturel + stock de capital physique
Ainsi, soutiennent-ils, la destruction du capital naturel (à travers son utilisation dans le processus de production) doit être compensée par la création de capital physique, de sorte que le stock de capital total puisse rester constant en valeur. En effet, comme le capital génère du Bien-être via la production de biens et services, ils suggèrent que l'on réinvestisse les ressources financières dégagées par l'activité de production pour élever le stock de capital physique, et partant, permettre aux générations futures de garder le même niveau de production ou avoir un Bien-être, au moins, égal. Par exemple, on peut compenser la consommation du pétrole par la mise au point d'une technologie plus efficace.
Ainsi, l'idée à laquelle les économistes ont eu recours intuitivement pour interpréter la durabilité repose sur la contrainte de non-décroissance de génération en génération du niveau de la consommation ou de l'utilité par tête25. Si, par exemple, une génération souhaite élever son niveau de vie, elle doit faire en sorte que cela soit possible pour toutes les générations futures.
Pour la théorie de la croissance optimale, il s'agit de transmettre de génération en génération un capital donnant accès à un niveau supérieur de consommation. Solow voit, donc, l'exigence de durabilité comme un impératif de préservation indéfinie des capacités productives des sociétés humaines.
24 Pearce et Turn (1990) remplacent, dans leur analyse, le capital physique par le capital technique. Ainsi, le capital à transférer est de deux sortes : le capital naturel et la technologie. Pour eux la technologie assure l'équilibre en permettant aux générations futures de garder le même niveau d'utilité avec des ressources moindre. Voir l'article du magazine informations et commentaires, n° 109, octobre- décembre 1999.
25 Voir les travaux de Solow (1974), (1986) ; Dasgupta et Heal (1974), (1979) ; Pezzey (1989) ; Smulders (1998)
Mais comment donc procéder à une exploitation inter-temporelle des ressources surtout celles épuisables ? Les travaux de Hartwick nous en édifient26.
00
Pour Hartwick : « le prix de la ressource doit augmenter de manière exponentielle (proportionnellement au taux d'intérêt) et la rente tirée de l'exploitation de la ressource doit être réinvestie pour conserver le stock de capital total en valeur ». A cet effet, il propose une optimisation de la somme des utilités actualisées de la consommation soit donc le résultat :
max 1 ii (ct)e-st dt
t 0
C
Ici on considère que l'utilité résulte seulement de l'utilisation (ou la consommation) des ressources. Aucune valeur n'est sérieusement accordée à l'existence du stock. Cela paraît irraisonnable. C'est pourquoi, il introduit dans le problème l'importance de l'existence du stock dans l'utilité. Le nouveau problème devient à présent:
max
t
100 g (ct, st)e-st d C
t
0
Ici l'utilité dépend, certes, de l'utilisation des ressources, mais aussi de l'existence du stock. De plus, certaines hypothèses sont faites sur la fonction d'utilité. On doit avoir :
ul(0)i(0) + 00 et ô < 14 (e)
avec g ( c, s) = iti(c) + t2 (s) la fonction
gi (0)
d'utilité étant supposée additivement séparable.
En appliquant, cependant, la méthode du contrôle optimal on aboutit à un stock optimal s* à conserver pour le compte des générations du futur. Et du fait de l'actualisation qui ne confère que peu de poids aux consommations éloignées, la consommation tendra vers zéro avant que les ressources ne s'épuisent définitivement.
Toutefois, on se heurte au problème de la valorisation des pertes de ressources naturelles et il faut également tenir en compte l'irréversibilité et l'incertitude sur la nature.
26 Les premiers travaux de modélisation proprement dite remontent à Hotelling (1931) qui étudia l'exploitation intertemporelle optimale d'une ressource épuisable ce sont ses conclusions que compléta Hartwick (1977).
De plus contrairement à ce que suppose cette théorie (une substituabilité entre capital naturel et artificiel ce qui légitime la dégradation voire l'épuisement des ressources naturelles à partir du moment où celles-ci sont transformées en un capital artificiel), la substituabilité entre le capital physique et le capital naturel ne peut être continuelle. C'est, d'ailleurs, là où réside principalement leur différence avec les partisans de la soutenabilité forte.
C/ La soutenabilité forte
A l'instar des partisans de la soutenabilité faible, les défenseurs de la soutenabilité forte acceptent la croissance économique à condition que le stock de capital soit maintenu constant. Cette fois-ci, contrairement aux autres, ce n'est pas le stock de capital total qui doit rester constant, mais le stock de capital naturel. Pour eux, c'est le capital naturel qui est à l'origine du Bien-être et donc de la satisfaction des générations futures.
Kt = Kn + Kp
Dans ce contexte, une soutenabilité suppose un transfert nul ou supérieur à zéro du capital naturel (Kn). Par exemple, il faut procéder à un reboisement (augmentation du capital naturel) après une utilisation des ressources forestières (réduction du capital naturel).
Cette vision est largement admise pour plusieurs raisons. D'une part, il y'a les limites de la substituabilité du capital naturel au capital physique à tel point qu'on ne peut, par exemple, continuer indéfiniment à remplacer la disparition des ressources naturelles par la construction d'infrastructures. D'autre part, il y a le risque d'irréversibilité et les incertitudes qui font qu'on ne peut plus user, de la même sorte, des ressources naturelles.
Donc les partisans de la soutenabilité forte préconisent, pour ainsi dire, une politique basée sur le principe de précaution et une soumission totale aux lois de la thermodynamique.
En définitive, la différence entre les deux approches réside, d'une part, dans la forme du stock de capital à conserver et, d'autre part, dans la confiance que l'une ou l'autre accorde à la technologie pour constituer la solution durable. Pour les partisans de la soutenabilité faible, il faut garder constant le stock de capital total, alors que pour les autres, c'est le capital naturel qui doit rester non-décroissant. Ainsi, la question de la complémentarité ou substituabilité entre capital naturel et artificiel est très importante dans le cadre du développement durable.
D/ Entre la règle d'or verte et l'exploitation utilitariste optimale :
l'approche de ChichilniskyDans cette littérature, la démarche de G. Chichilnisky (1996) est de nature très différente. Plutôt que de partir d'une définition a priori de ce qu'est le développement durable, elle adopte une réflexion de nature axiomatique qui impose des contraintes sur ce qu'il ne devrait pas être, à savoir ni une dictature du présent, ni une dictature du futur. Elle est ainsi conduite à caractériser un critère de bien-être qui soit compatible avec ces deux axiomes et dont elle montre qu'il peut être de la forme suivante :
W = fo ii (ct, st) ÄM dt + (1- á) limt,OE, ii (ct, st)
le premier terme fooe ii (ct, st) Ä(t) dt, représente la dictature du présent, de la même
manière le second terme limt, ii (ct, st), représente la dictature du futur, Ä(t) est un terme
d'actualisation utilisé par la génération présente, est une pondération entre la représentation du présent et celle du très long terme.
La résolution de ce problème de maximisation permet de déterminer un stock optimal s^ de ressources à conserver. On ne doit ni imposer des conditions très contraignantes aux générations présentes encore moins sacrifier la génération future. L'approche de Chichilnisky se place, ainsi, entre la règle d'or verte et l'exploitation utilitariste optimale. Elle permet de prendre en compte les générations futures.
II/ La protection de l'environnement : une diversité de point de vue
Beaucoup de controverses alimentent le débat sur la protection de l'environnement. Certains prônent la décroissance ou la croissance zéro et d'autres proposent de changer les pratiques.
A/ Les partisans de la déconnexion : « contre la croissance » 1/ Le Club de Rome : halte à la croissance ou limits to growth
« Halte à la croissance » sous-titre du rapport sur les limites de la croissance, est un rapport demandé à une équipe du Massachusetts Institute of technology (MIT) par le club de Rome en Août 1970. C'est la première étude importante soulignant les dangers écologiques de la croissance économique et démographique que connait alors le monde.
Ce rapport est aussi connu sous l'appellation usuelle « rapport Meadows » en référence aux auteurs : Donnela Meadows et Dennis Meadows, Jorgen Randers et William Behrens.
Ainsi, pour étudier les conséquences d'une croissance exponentielle dans un monde fini, ils ont construit un modèle global mondial « modèle du monde » où sont examinées les interactions de cinq variables fondamentales : population, production alimentaire, industrialisation, épuisement des ressources naturelles, et pollution.
D'après the limits of growth
investissements
alimentation
quotas alimentaire produite
individuel souhaitéfécondité quote-part mortalité
par habitant
-
Surface cultivée
Capital investi dans l'Agriculture
Naissance + décès
annuelle annuels
taux d'investissement vie moyenne
du capital
+
Capital investi
dans l'IndustrieProduction
industriellePopulation
dépréciation
Pollution
Figure 1 : Le modèle du monde27 : relation entre population, capital, production et pollution.
27 Ce modèle issu des travaux de l'équipe MIT est destiné à envisager les différentes hypothèses de la croissance jusqu'en 2100.
Cependant, pour cinq paramètres retenus - population mondiale, ressources naturelles, production industrielle par habitant, pollution - l'étude du comportement du modèle global pour la période 1900 - 2100 donne les résultats suivants.
Figure 2 : Etude du comportement du modèle global pour la période 1900 - 2100
production indust/ hbt
alimentation/ hbt
1900 2100
Ressources naturelles
population
pollution
Source : dictionnaire de sciences économiques et sociales ; Tome 2
Pour les auteurs de ce rapport, dans l'hypothèse du maintien des tendances actuelles, l'expansion économique et démographique s'arrêteront au cours du XXI siècle, par épuisement des ressources naturelles, ce qui leur conduit à proposer la croissance zéro pour la réalisation d'un équilibre.
En référence, donc, à leur analyse, la croissance démographique et la croissance économique sont à l'origine de la pression sur les ressources naturelles et des crises alimentaires. Partant, la seule solution pour éviter une évolution catastrophique serait de stabiliser la population, la production industrielle par habitant et opérer une ration alimentaire. Ce théorie a, néanmoins, suscité de nombreuses controverses.
Croissance économique et protection de l'Environnement
2/ Schumpeter et la théorie « destruction-création »L'expression destruction-création fut popularisée par Schumpeter dans son livre Capitalisme, socialisme et démocratie publié en 1942. Elle désigne le processus de disparition de secteurs d'activités conjointement à la création de nouvelles activités économiques.
Pour Schumpeter, la réhabilitation des crises passe par la création de nouvelles choses et la destruction des anciennes donc par une innovation. En fait, il distingue cinq types d'innovation : la fabrication d'un bien nouveau, la découverte d'une nouvelle source de matières premières, une nouvelle structure de marché, une nouvelle organisation productive, une nouvelle méthode de production. Ainsi, dit-il ce n'est pas de l'accumulation des diligences qu'est sortie la révolution des transports, mais de l'apparition du chemin de fer, accompagnée de la disparition des modes anciens de déplacement. Pour dire, ainsi, qu'il faut défaire certaines pratiques et se rattacher à d'autres, plus économes et, donc, plus efficaces.
Par ailleurs, il donne dans cette entreprise de reconstitution une place primordiale à l'entrepreneur. En effet, à la différence des néoclassiques pour qui la société est composée d'individus interchangeables prenant tous la même décision dans des conditions identiques, Schumpeter fait de l'entrepreneur une figure emblématique, une personne particulière, dotée d'une très grande perspicacité, apte à exécuter de nouvelles combinaisons et de les réaliser dans l'exploitation. Bref, il est le moteur de la croissance de par ses innovations. Or, pour Schumpeter, sans innovation, l'économie est stationnaire.
A présent la théorie de Schumpeter retrouve toute sa dimension dans le contexte de l'environnement. Les techniques issues de la révolution industrielle n'ont pas beaucoup accordé de place à l'environnement. Or, aujourd'hui il n'est contesté nulle part que l'environnement doit être érigé en une place prioritaire dans les planifications politiques.
Donc, il faut détruire ces modèles anciens et créer de nouveaux modèles susceptibles de veiller à la protection l'environnement. On voit ici, implicitement, le rôle donné à la technologie. Elle est primordiale. D'ailleurs, Schumpeter s'y est appuyé pour concevoir la plupart de ses thèses.
Croissance économique et protection de l'Environnement
3/ Les tuteurs de la décroissanceRadicalisant plus encore la discussion, certains économistes - dont la principale figure est Serge Latouche - en appellent à rejeter l'idée même de développement - et a fortiori de développement soutenable -, accusée d'être le masque derrière lequel avancent l'occidentalisation du monde et la marchandisation des rapports sociaux. Ainsi, la décroissance est un concept politique, économique et social, se plaçant à l'opposé du consensus politique actuel, selon lequel la croissance économique est un bienfait. Les adeptes de la décroissance proposent de substituer la croissance à une diminution de la consommation et de la production, basée notamment sur la simplicité volontaire, permettant de respecter le climat, l'écosystème et les êtres humains.
Le concept de « décroissance » tente en effet de montrer qu'augmenter encore et toujours la production des biens et services, augmente nécessairement la consommation des ressources naturelles, ne faisant donc qu'accélérer leur épuisement. Il tente de montrer aussi que la dématérialisation de l'économie, espérée par les partisans de la croissance, est un leurre.
Il s'agirait alors de réinventer un imaginaire en matière de changement social en pensant à un « après développement » et en s'assignant un objectif de « décroissance conviviale »28 Toutefois, leur message n'est pas clair ; on n'appréhende pas réellement la définition qu'ils confèrent à la « décroissance », tantôt elle signifie « économie de moyens » - notamment énergétiques et matériels -, tantôt elle vise une véritable décroissance de la production finales. Serge Latouche, lui préfère le terme « d'a-croissance », comme on parle d'« a-théisme »29.
De toute façon, envisager une baisse de la production ne semble pas, a priori, être la bonne solution en ce sens que la croissance est fondamentale pour le développement et que les PED en ont nécessairement besoin pour se développer.
28 Latouche S., « A bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale ! », in M. Bernard, et al. (Sous la coord.), Objectif décroissance, Paris, Parangon, 2003, pp. 19-26.
29 Serge Latouche écrit : « Le projet de construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales autonomes et économes implique, à parler rigoureusement, davantage une « a-croissance », comme on parle d'a-théisme, qu'une dé-croissance. C'est d'ailleurs très précisément de l'abandon d'une foi et d'une religion qu'il s'agit : celle de l'économie. Par conséquent, il faut inlassablement déconstruire l'hypostase du développement » dans Le Monde diplomatique, novembre 2004.
Croissance économique et protection de l'Environnement
B/ Les partisans d'une croissance harmonisée : « pour la croissance »
1 / la thèse de la dématérialisationCette théorie suppose que l'augmentation de la part des services dans la croissance économique peut être une fin qui assortira croissance économique et environnement. En effet, le secteur des services n'est pas polluant et comme l'idéal c'est de continuer la croissance mais aussi de protéger l'environnement, les services augmenteraient la production (PIB= biens et services) et réduiraient la pollution. Les activités tertiaires consomment moins d'énergie que celles manufacturières et sont, donc, moins polluantes.
Si cette thèse a le mérite d'avoir beaucoup persuadé sur le rôle du secteur tertiaire, il ne reste, néanmoins, que théorique. En effet, dans la réalité elle n'est pas souvent vérifiée. En fait, les employés du secteur tertiaire consomment plus d'énergie qu'on peut a priori ne pas le penser. Rien que le secteur du transport (les voitures, trains et avions dès fois) contribue en grande partie à la pollution. Aussi, le flux d'information ne remplace-t-il pas le flux de marchandises.
Bref, il n'y pas de raison, toute chose égale par ailleurs, pour que la dématérialisation conduise à une diminution des émissions de GES. Cette thèse fut également réfutée ardemment par les théoriciens de la décroissance, notamment, Serge Latouche et Paul Ariès.
2/ Thermodynamique des systèmes ouverts et entropie : la substitution et le respect des
limites de reconstitutionLa thermodynamique des systèmes ouverts laisse entrevoir la perspective d'un développement qui n'accélère pas l'entropie sur notre planète. A condition, évidemment, que soient respectées des contraintes strictes :
> les unes relatives aux ressources renouvelables qui ne s'épuisent pas aussi longtemps que les prélèvements dont elles font l'objet se tiennent dans les limites de leurs flux naturels de reconstitution ;
> les autres relatives aux ressources épuisables qui ne se reconstituent pas dans les temps de la gestion humaine et que les prélèvements font donc disparaitre. Mais toute l'histoire économique est faite de la relève des ressources qui s'épuisent, par d'autres qui les remplacent : ainsi, la grave crise du bois au XVIII° siècle a été dépassée par l'adoption du charbon comme force motrice principale ; la question de la durabilité est donc ici celle d'une substitution, en temps utile, des ressources qui s'épuisent par de nouvelles ressources.
D'autres part, en prenant en compte le travail régénérateur des cycles biogéochimiques (et particulièrement du cycle de l'eau), Atushi Tsuchida, Takaeshi Murota et Nabua Kawamiya, trois Japonais, - disciples du pionnier Tamanoï - ont montré que l'activité économique n'accélère pas l'entropie si elle se situe dans les limites des capacités de régénération de ses cycles ("Entropy studies on Ecology and Economy", Tokyo, 1985).
3/ Le Rapport de Leontief
Publié en 1977, à la demande le l'ONU, ce rapport conclut, contrairement à celui du Club de Rome, que, pour les prochaines décennies, le principal obstacle au développement ne sera pas d'ordre économique (rareté des ressources), ni d'ordre démographique (croissance exponentielle de la population), mais d'ordre politique.
Pour Leontief:
ü la croissance démographique est appelée à stabiliser dès lors qu'un certain seuil économique sera atteint ;
ü grâce au progrès de la recherche et des techniques, l'extension des surfaces cultivées et l'amélioration des rendements de la production alimentaire mondiale, permettra de nourrir une population dont le taux de croissance est appelé à décliner ;
ü les ressources naturelles ne connaîtront pas, du moins dans la l'immédiat, de rareté absolue (possibilité de nouvelles découvertes). Seuls les coûts de recherche et d'exploitation deviendront plus élevés ;
ü la pollution est techniquement surmontable, à la condition que les Etats acceptent de payer le prix (estimé à 5% en moyenne du PNB).
En définitive, le débat sur la croissance économique et la protection de l'environnement nourri beaucoup de controverses. Certains sont partisans d'une harmonisation possible et suggèrent, de ce fait, de respecter un certain nombre de conditions. Par contre, d'autres, très radicales, proposent d'arrêter la croissance ou de détruire sa routine en créant une autre. Nonobstant tout ces controverses et toute ces incertitudes, il urge de mettre sur place des politiques environnementales rigoureuses pour dire susceptibles de veiller au maintien du cadre de vie.
Section 3 : Politiques environnementales : vers un développement durable
Nous exposerons dans cette section, tout d'abord, les instruments de politique mis en oeuvre pour la protection de l'environnementale et leurs limites et ensuite les solutions théoriques.
I/ Les instruments actuels de politique et leurs limites
Nous pouvons appréhender les instruments de politique environnementale sur deux angles : l'approche législative et régulatrice et l'approche de marché ou approche économique.
A/ Les instruments juridiques et politiques :
l'approche législative et régulatrice
1/ Droit de
propriété et Réglementation publique
a/ Droit de propriété
Les biens collectifs, tels que la qualité de l'air, les ressources naturelles, font l'objet de plusieurs externalités. Ils génèrent des coûts externes puisque personne n'est détenteurs d'eux. De plus, personne n'est titulaire d'un droit à leur exploitation ni n'en contrôle l'exercice. Ils ne transitent pas dans un marché et donc ont un caractère gratuit.
Ainsi, pour lutter contre la dégradation de l'environnement, ou l'utilisation, sans coût, des biens communs, certains pays ont défini des droits de propriété. Il s'agit, en effet, de transférer ou de laisser le contrôle de ces biens à un agent privé qui en constitue l'offreur. Ce dernier vend ces services - désormais comme tout autre produit - dans le marché sans l'intervention de l'Etat.
Mais, pour bien le réussir il faut, d'une part, que les droits soient bien définis et qu'ils soient exclusifs ; ne laissant place, ainsi, à aucun doute sur leur propriété. Ces droits doivent également bénéficier d'une sécurité et d'une possibilité stricte de recours au pouvoir judiciaire, et donc un exercice de droit commun. D'autre part, si la détention de ces droits est transférable, c'est-à-dire, permettant au détenteur de l'échanger à n'importe quel moment sur un marché, alors son efficacité est garantie.
Toutefois, si cet instrument semble, a priori, efficace, il reste qu'il est très difficile d'établir un droit de propriété sur certains types de biens collectifs. Encore, le caractère exclusif est difficilement gérable. C'est pourquoi, les Etats recourent à d'autres techniques comme l'octroi de quotas, de permis d'accès, de licence d'exploitation : la règlementation.
Croissance économique et protection de l'Environnement b/ Règlementation publique
Cette approche dite en anglais « command and control » vient pour remédier aux limites des droits de propriété. Elle se fonde sur la promulgation et l'application de lois ou de règlements qui prescrivent des objectifs, en définissant des normes, des procédés, des seuils critiques, des standards, des quotas, auxquels doivent se conformer les pollueurs. Cette méthode diffère, donc, de la précédente par le fait que c'est l'Etat qui est ici le détenteur de ces biens et qui règlemente, ainsi, son utilisation.
Par ailleurs, les règlementations quantitatives soulèvent un autre problème : comment les acteurs connaissent-ils les niveaux optimaux d'utilisation et de production ? Si la règlementation remplace le marché, alors les détenteurs du pouvoir réglementaire devront évaluer les caractéristiques des coûts des producteurs et de la demande des usagers. Or, il est très difficile de mesurer les coûts externes de la pollution.
Toutefois, on peut approcher les coûts externes de la pollution par la perte de Bien-être résultant de cette pollution : les maladies causées par la pollution, la baise de la productivité et du revenu etc. Ces coûts, à supposer qu'on peut les mesurer, ils seraient représentés par une courbe comme celle du Coût Marginal de Pollution (CMP). Ils diminuent lorsque les émissions de polluants se réduisent (cf. figure ci-dessous). Dans un autre angle, la lutte contre la pollution a un coût pour les producteurs. C'est le Coût Marginal d'Epuration (CME) qui augmente si la pollution diminue. Ceci étant, l'objectif du décideur serait d'aboutir à un équilibre Q0** (correspondant au point E de la figure ci-dessous) égalisant CMP et CME:
Figure 6 : Equilibre entre CMP et CME : niveau de pollution optimale
Cout-bénéfice
CMP
C*
CME
E
Q1 Q0 ** Q2 Niveau de pollution
Tout de même, cette stratégie n'est pas flexibilité il se pose un problème de choix des normes. Elles sont souvent très arbitraires et sujettes à des enjeux politiques opposant groupe d'intérêt, opinion publique, industriels et promoteurs. De plus, Jorgenson et Wilcoxen (1989) attiraient l'attention sur les effets très négatifs d'un renforcement de la réglementation de l'environnement sur la croissance de la productivité30.
2/ Le principe Pollueur- Payeur (PPP)
C'est l'OCDE qui a défini et recommandé depuis 1972, l'application du Principe du Pollueur Payeur. Il s'agit, en fait, d'une taxation appliquée aux entreprises pollueuses en vue de prendre en compte le coût du facteur environnement considéré jusqu'ici comme gratuite
Mais le problème avec ce principe est qu'il n'incite pas les entreprises à réduire leur pollution. Ces derniers, peuvent, en fait, continuer à polluer tout en payant plus. Donc, par cela même, il n'est pas très agissant dans la lutte contre la dégradation de l'environnement. En plus, son efficacité est très liée à l'évolution du droit en matière de responsabilité.
B/ Les instruments économiques : l'approche du marché
Cette approche permet une extension des droits de propriété de façon à responsabiliser les acteurs, par l'utilisation des stimulants divers : l'écotaxe, les labels écologiques, permis de polluer négociables (permis commercialisables).
1/ La fiscalité environnementale : les écotaxes
Cette approche consiste pour l'Etat de prélever des taxes sur des activités polluantes. En d'autres termes, l'Etat applique des taxes sur l'utilisation des ressources naturelles et sur la pollution en vue de diminuer l'intérêt des producteurs à exploiter les biens communs ou à fabriquer des produits polluants. Elle permet de réaliser, à moindre coût, un objectif global de qualité sans que l'agence (l'Etat) connaisse les coûts de pollution. Par là, cet instrument pallie l'asymétrie d'information qui limitait l'approche par la réglementation. En fait, dans la règlementation publique on n'est pas très sûr de se trouver à la position d'équilibre (Q0**). Les entreprises peuvent surestimer les coûts d'épuration dans l'espoir de se voir nanti d'une plus grande possibilité d'émission.
30 La Corée, la Taïwan, la Thaïlande, l'Indonésie et le Japon ont tous connus une croissance rapide et cela a pesé fort sur l'état de leur environnement. Mais les gouvernants de ces pays se sont employés avec un certains succès à limiter les dommages écologiques grâce à la combinaison d'investissements publics, de réglementation et des sanctions administratifs.
Les décideurs doivent, alors, connaître les coûts d'épuration. Or, ce n'est pas très commode dans la réalité. C'est en cela que la méthode des taxes s'avère plus efficace que la réglementation et, de ce fait, est plus usuelle (voir figure 7 sur leur différence).
Néanmoins, ces taxes ne doivent être ni trop élevées - au risque de porter atteinte à la compétitivité des entreprises - ni trop basses - pour ne pas inciter les entreprises à progresser « proprement ». L'autorité doit procéder si besoin se fait sentir à des essais en vue d'arriver à un taux d'imposition efficace qui assure l'équilibre tant recherché dans la réglementation31
Figure 7 : L'analyse Cout-Bénéfice : le Diagramme de PURVEY
C*
Cout et Bénéfice
0 Q** Q Niveau de pollution
(quotas, seuils critiques etc.)
Instruments règlementaire
E
t*
Instruments utilisant les forces du marché
(écotaxes, permis, labels écologiques etc.)
Cout et Bénéfice
0 Q** Q Niveau de pollution
E
Le point d'équilibre est E, correspondant à une pollution Q**. Pour l'atteindre, les émissions de polluants doivent diminuer de (Q - Q**). L'agence dispose de deux instruments : soit en passant par l'instauration d'une taxe uniforme d'un montant unitaire égal à t*(figure à droite, approche fiscale), soit en mettant en place une norme limitant les émissions à Q** (figure de gauche ; approche règlementaire). Cependant, dans un monde où la mise en oeuvre des politiques sont sans coût, l'approche règlementaire et l'approche fiscale sont équivalentes (voir plus loin le théorème de Coase).
31 François Bonnieux et Brigitte Desaigues : Economie et politiques de l'environnement
Croissance économique et protection de
l'Environnement
2 / Le marché de droit de polluer : les
permis commercialisables32
La notion permis de polluer a été définie par Dales (1968) et est reprise, quelques années plus tard, par Montgomery (1972). Il consiste à fixer un plafond de rejets industriels et d'habiliter une agence, spécialisée, à vendre des quotas d'émission aux entreprises. L'avantage avec cette technique est que même sans connaissance sur les coûts de pollution ou les coûts de protection, elle peut réduire la pollution jusqu'à l'équilibre. De plus, elle est flexible contrairement à la réglementation publique. Elle pallie, donc, les limites antérieures.
Néanmoins cette politique se révèle quelque fois incapable de réduire la pollution puisque les entreprises peuvent acheter des quotas supplémentaires et continuer à polluer. Cet achat de quotas peut même dépasser le marché intérieur. Par exemple le Sénégal a vendu ces quotas de pollution à la Belgique qui s'engage, au retour, à investir sur le territoire national. Pourtant, aux Etats-Unis cette politique a bien réussi, alors que dans la zone Européenne on privilégie, toujours, l'approche réglementaire.
Cependant, il faut savoir qu'il est plus facile de baisser le plafond d'émission à partir d'un certain niveau (approche par les quotas) que d'augmenter le taux de redevance (fiscalité). De toute façon, pour bien la réussir il faut que les règles de concurrence parfaite soient respectées sur le marché de permis. Or, dans les PED les marchés sont souvent défaillants. Donc le cas prônant la réglementation ou la fiscalité peut y apparaître, a priori, plus efficace.
3/ La certification environnementale
Il y'a deux types de certification environnementale :
· Certification processus : ISO 14000, EMAS, FSI
· Certification produits : FSC, Labels écologiques (voir annexe pour tous les labels) Mais, nous étudierons, seulement, le cas des labels écologiques appelés aussi écolabels.
Cela dit, les labels écologiques sont des marques volontaires attribuées à des produits en raison de leur qualité de moindre nocivité sur l'environnement que d'autres produits de la même catégorie».
32 Pour plus explications sur les fondements de cette technique, voir le « théorème de Coase » de R.H Coase : « the Problem of Social Cost ». dans Journal of Law and Economics, 3 octobre 1960, pp 1-44.
Les labels écologiques officiels permettent aux entreprises industrielles d'améliorer la qualité écologique de leurs produits dans le cadre d'une concurrence loyale et de valoriser commercialement les efforts qu'ils font pour le respect de l'environnement. Ils reposent sur le principe d'une approche globale du cycle de vie du produit33.
L'Allemagne a été le premier pays à s'intéresser à la labellisation écologique, à définir un label vert (l'Ange Bleu) et à mettre en vente à partir de 1978, des produits spécialement étiquetés. La conférence internationale sur le développement durable de Rio (1992) a, en ce sens, recommandé l'usage des labels écologiques (voir annexe 5 sur les différents labels).
Les labels écologiques agissent donc, à la fois sur les comportements des consommateurs - en créant de la variété (c'est un contrat entre consommateurs et producteurs en faveur de la protection de l'environnement) - et des producteurs.
Des lors, pour la réussite de la politique de labellisation il faut :
· :* L'existence réelle d'un consentement à payer.
· :* L'adhésion de tous les acteurs économiques au label.
· :* La clarté du signal environnemental véhiculé par le label
C/ Une autre limite des politiques environnementales : délocalisation des entreprises
En plus, des limites exposées simultanément avec les instruments de politiques actuels en matière d'environnement, la plus grande difficulté pour la protection de l'environnement réside dans la délocalisation des entreprises, constatée depuis quelques temps et qui sont due à des normes très contraignantes ou une politique austère limitant la compétitivité. Ainsi, les Etats-Unis ont refusé de signer le protocole de Kyoto et, entre autres, motifs, ils ne veulent pas des normes rendant moins compétitifs leurs firmes ; si on sait qu'ils sont les premiers pollueurs mondiaux. Ces rigueur politiques et les arbitrages implicites rendent difficile l'application des politiques environnementales. D'un autre coté, sur le plan international, les réactions différentes par rapport aux effets de l'environnement sont aussi des limites. En chine par exemple, le réchauffement climatique est sous, certaines conditions, avantageux, alors que c'est diamétralement le contraire en Inde.
33 Voir article de pascale Mienville et Patricia Proïa (AFNOR) paru dans le MOCI du 5 juillet 1993. Cet article est expliqué dans Problème économique hebdomadaire N°2.364 du 23 Février 1994.
II/ Les solutions théoriques aux problèmes environnementaux
Pour protéger l'environnement en prenant en compte les externalités, certains économistes ont proposé des solutions et ont fait des recommandations.
A/ L'internalisation des externalités : la taxe
Pigouvienne
1/ Marshall et les effets externes
Alfred Marshall (1842 - 1880) au cours de son analyse des rendements croissants en 1890, a remarqué que les économies internes n'étaient pas suffisantes pour expliquer les rendements croissants de l'organisation industrielle. Il introduits à cet effet, la notion d'économie externe. En effet, les économies externes sont celles résultant du progrès de l'environnement.
Ainsi, on pouvait expliquer le progrès économique avec des rendements agricoles décroissants. Mais Marshall ne donne aucune indication sur la valeur éventuelle que peut prendre ces effets externes. Il se contentait tout simplement de les constater. En plus, il ne voyait que les effets externes positifs. C'est avec Pigou que les effets externes négatifs sont pris en compte.
2/ Pigou et les déséconomies externes
Alors que Marshall s'était uniquement intéressé aux externalités34 positives, Pigou introduit les externalités négatives. Il prend l'exemple de la pollution pour expliciter son analyse. Pour lui la pollution induit des coûts externes qui échappent totalement au contrôle du marché. Or, pour le premier théorème de l'économie du Bien-être, en l'absence d'externalité, si les préférences et les ensembles de production sont convexes, alors tout équilibre concurrentiel est un optimum de Pareto, encore appelé « optimum de premier rang ».
Partant, Pigou suggère une prise en compte dans les frais des entreprises, des charges résultant des effets externes négatifs de leurs activités : c'est « l'internalisation des externalités ». Il y a en effet, une différence entre coût privés et coût social et c'est cette différence qu'il faut internalisée au moyen d'un taxe. Pour cela - comme la monnaie est le seul instrument
permettant de valoriser une chose - il propose d'attacher un quasi-prix à ces effets : " shadow price" . Il ne s'agit pas d'un vrai prix puisqu'il n'y pas de marché, mais d'un prix relatif, fictif.
34 La notion d'externalité a été définie de façon très explicite dans la section 2 du chapitre 1
Par là, Pigou a ouvert la voie aux économistes
néoclassiques qui avancèrent, plus tard, que
par
l'intermédiaire d'une taxe sur les produits polluants on peut
atteindre l'optimum social : c'est
la "taxe Pigouvienne". C'est par la suite, que d'autres économistes néo-classiques proposèrent
le fameux principe pollueur-payeur35. Mais ce dernier ne satisfait pas tous les néo-classiques. Coase proposa autrement.
B/ Théorème de Coase (1937)
1/ La notion de coûts de transaction et coûts administratifs
> coût de transaction : c'est l'ensemble des coûts liés à la mesure des échanges (coûts de négociation, coût de transaction des prix...) ainsi que ceux liés au droit de propriété (coût d'un avocat, coût d'un expert...). Ce sont les coûts d'accès au système de prix (alors que dans la théorie néo-classique, les coûts d'accès au système de prix sont nuls)
> Les coûts administratifs : c'est l'ensemble des frais nécessaires pour définir le pollueur, évaluer monétairement le coût social, prélever la taxe et contrôler son application.
2/ Le théorème de Coase : une remise en cause de « l'internalisation des externalités »
Dans son deuxième article « le problème du coût social » (economica 1937), Ronald Coase remet en question la tradition Pigouvienne d'internalisation des externalités en utilisant une approche basée sur les droits de propriété. Ainsi, dit-il que les problèmes environnementaux ne sont pas très liés aux défaillances de marché - comme le pensait Pigou - mais au défaut réel des droits de propriété. Si les droits ne sont pas très biens définis alors le pollueur a autant de droit de polluer que les pollués de ne pas être pollués.
De plus, en affirmant qu'en l'absence de coûts de transaction, les émetteurs et les récepteurs d'une externalité peuvent atteindre une allocation optimale par la négociation, il met en avant la possibilité d'internalisation des externalités par le système des prix, et ce faisant, l'existence d'autres solutions que l'intervention publique dans ce problème. Ce qui est contraire à la vision de Pigou (internalisation au moyen d'une taxe fixée par le pouvoir public).
35 Voir la section 3 du chapitre 2 ; portant sur les instruments de politique environnementale
Cette critique de l'analyse Pigouvienne sera résumée sous le nom de « théorème de Coase » qui s'énoncer de la sorte : « si les droits de propriété sont tous définis et si les coûts de transaction sont nuls, alors les agents règlent mieux que ne pourrait le ferait l'Etat, les problèmes posées habituellement par les externalités en effectuant des transactions ». Pour Coase c'est l'aspect efficience qu'il faut rechercher dans les solutions aux problèmes des effets externes et non le caractère équitabilité.
3/ Critique sévère du théorème de Coase
Le théorème mentionne deux hypothèses : l'absence de coûts de transaction et définition précise des droits de propriété. Pour la première hypothèse les économistes le critique très fortement. En effet, pour réaliser une transaction de marché, il est nécessaire de découvrir avec qui on veut négocier, d'informer les gens qu'on veut négocier et à quel moment, de conduire les négociations menant à un accord, d'arrêter le contrat, d'entreprendre l'inspection nécessaire pour s'assurer que les termes du contrat sont respectés, etc. Il est très difficile voire impossible de trouver une transaction de marché sans coût - aussi moindre soit-il. C'est pourquoi, certains économistes le qualifient d'hypothèse « irréaliste ». Quant à la deuxième hypothèse, plus réaliste, il faut savoir que l'établissement de droit de propriété comporte plusieurs limites, comme nous l'avons exposé plus haut.
Néanmoins, comme dans la réalité les coûts de transaction sont toujours positifs, Coase, dégage deux cas possibles pour atteindre l'efficience à partir de la comparaison entre les coûts de transaction et les coûts d'organisation de l'administration :
=> Si les coûts de transaction sont inférieurs aux coûts d'organisation de l'administration, alors il faut laisser faire le marché et les externalités disparaîtront au terme de la négociation des agents ;
=> Si par contre les coûts de transaction sont supérieurs aux coûts d'organisation de l'administration, l'état doit intervenir, y compris sous forme réglementaire.
Finalement, beaucoup de phénomènes nous obligent à respecter l'environnement et à l'inscrire davantage dans les préoccupations. Même si les politiques font l'objet de plusieurs controverses et de plusieurs débats, elles restent, quand même, les moyens permettant de protéger la nature sans nuire au progrès économique qui reste toujours un objectif primordial.
TEST D'APPLICABILITÉ DE LA COURBE DE
KUZNETS
ENVIRONNEMENTALE :
XEMPLE DE LA POLLUTION DE CO2 AU SÉNÉGAL
Section 1 : La littérature sur les liens entre croissance et environnement : la Courbe de Kuznets Environnementale36(CKE)
Les liens entre la croissance et l'environnement sont très étroite. Nous dirons même que la croissance et l'environnement sont les deux faces d'une même pièce de monnaie : l'une comme l'autre sont très utiles. Voici une figure qui nous montre l'étroitesse de cette relation.
Figure 3: Complexité de la relation entre croissance économique-environnement
2
9
Institutions
gouvernementales
Commerce
international
Réglementation
environnementale
15
8
1
3
10
11
PIB (Production)
Echelle - Structure - Technologie
14
Citoyens
consommateurs
12
6
13
Qualité de
l'environnement
4 5
7
1 - gain du commerce
2 - hausse du budget des institutions
3 - croissance du PIB = croissance des échanges
4 - les trois effets de la croissance sur l'environnement
5 - effet de retour et d'irréversibilité de la pollution
6 - effet sur la santé et le bien-être
7 - comportement des agents
8 - législation
9 - course vers le bas ou harmonisation des normes
10 - pression
11 - Education et information
12 - incitation à innover
13 - demande de biens « verts »
14 - impact sur les actions individuelles
15 - influence sur la spécialisation
36 Grossman, G. et Krueger, A. "Economic Growth and the Environment", NBER Working Papers n°4634 (1994).
I/ Présentation et fondements de la CKE
A/ Présentation de la CKE
Dans ces études sur le développement et les inégalités, Simon Kuznets37, a montré qu'il existe un lien de causalité entre les inégalités du revenu et le niveau de développement : la courbe de Kuznets38 . Au début, les inégalités de revenus sont faibles, mais elles augmentent avec le niveau de développement. Seulement à partir d'un certain seuil elles commencent à diminuer, bien que le développement atteigne des niveaux élevés.
Cependant, Grossman et Krueger ont appliqué cette logique dans le domaine de l'environnement : Courbe de Kuznets Environnementale (CKE). Ils arrivent à la conclusion que le niveau de dégradation de l'environnement augmente avec la croissance économique, mais à partir d'une certaine limite, il commence à être en déphasage avec la croissance - elle diminue alors que la croissance, elle, se poursuit. A l'instar de Kuznets, ils matérialisent cela par une courbe prenant la forme d'un U inversé : la courbe en U-renversé (figure 4).
Qualité de l'environnement = f(revenus moyens)
Figure 4 : Courbe de Kuznets environnementale
Dégradation de l'environnement
Augmentation Réduction
de la pollution de la pollution
Revenu par habitant
37 Simon Kuznets (1901-1985), économiste américain (d'origine ukrainienne) a reçu le "Nobel" d'économie en 1971 pour ses travaux statistiques sur la croissance, les cycles économiques et le développement. Il a par exemple mis en pièces les thèses de Rostow (1916-2003), autre économiste américain qui affirmait que les pays suivaient partout et toujours la même succession de stades de développement.
38 KUZNETS S. (1955) Economic growth and income inequality, American Economic Review, n. 45, pp. 1-28
Selon leur interprétation, au début du processus d'industrialisation et de développement, la faiblesse des niveaux de revenu induit l'utilisation d'une technologie polluante et une préoccupation environnementale pas très importante. Mais, par suite à l'enrichissement, la qualité de vie devient plus pesant et les technologies - plus propres - qui en découlent réduisent sensiblement la pollution.
Cependant, d'autres facteurs peuvent également justifiés la forme de la CKE. Il s'agit notamment des trois effets de la croissance sur l'environnement, de l'évolution de la structure de la demande, des institutions et de la gouvernance
B/ Les soubassements théoriques de la CKE
1 /
Les trois effets de la croissance sur l'environnement39
Il s'agit de l'effet d'échelle, de l'effet de composition et de l'effet technique. Ces trois effets peuvent ressortir aisément dans l'équation suivante :
? E |
= ?Ct=i AB [EFi+ s^B] +Y i1 où HF = avec : I ' |
E est le montant total d'émissions des polluants provenant de la production des n secteurs de
l'économie ; Ei est le montant d'émissions polluantes du secteur i ( Ei = AB, part des
K
émissions du secteur i dans les émissions
totales) ; ai, la quantité de pollution pour une
unité
monétaire de production dans le secteur i ; si est le
poids du secteur i dans le produit national
(tel que ?ll_i si= 1) et Y le revenu national.
a/ Effet d'échelle
Si la technologie
(on assimilant ici ai à la technologie) et la composition sectorielle ne
change
pas - ai = 0 et si= 0 - alors la pollution augmente avec l'activité économique : Ê = Y . donc, croissance et protection de l'environnement ne cheminent pas dans la même direction.
b/ Effet de composition
En annulant Y? et ai dans l'équation ci-dessus, on ressort clairement l'effet de composition. On
? a, des lors, E |
= ?r: 1 AB [t]. Si l'économie évolue vers une structure productive plus |
propre en moyenne - dans une dynamique de tertiarisation peut être- alors la pollution baisse.
39 Voir article de Myriam NOURRY : la croissance économique est-elle un moyen de lutte contre la
pollution ? les enseignements de la courbe de Kuznets environnementale ; cet article est publié dans « Revue francaise d'économie ; n°3/ vol XXI
Par contre, l'augmentation du poids d'un secteur dans le produit national entraîne des effets néfastes sur l'environnement. L'effet de composition donne des impacts soient positifs soient négatif sur l'état de la nature.
c/ Effet technique
Il conduit à une réduction de la pollution globale. En neutralisant les autres effets, on obtient
-
E = ?i-iAB [ad. Ainsi, si la technologie de production devient de plus en plus propre et
efficace (âi < 0), alors les émissions de polluants diminuent au fur et à mesure 40(cf. annexe 4).
Cependant, les effets d'échelle et de composition dominent l'effet technique dans la phase ascendante de la courbe CKE, et partant, la pollution augmenta avec la croissance. En revanche, dans la phase descendante c'est l'effet technique qui l'emporte ; les émissions de polluants commencent à se réduire. On peut, en effet, expliquer cela par le fait qu'à un certain niveau de richesse, l'économie tend vers une tertiairisation et les techniques s'améliorent de façon très propre - due au fait que des pressions s'exercent davantage sur les entreprises qui sont, ainsi, plus incitées à innover ( voir cas di Sénégal traité dans la section 2)
2/ Evolution de la demande
La bonne perception de l'environnement et la qualité du milieu de vie sont dans la réalité plus senties dans les pays riches que dans les PED. En fait, l'augmentation du niveau de vie se fait avec un bouleversement des structures de la demande. Les gens deviennent plus exigeants sur la qualité et le Bien-être, prêts à payer, des fois, plus pour en bénéficier. L'environnement devient un bien de nécessité qu'il faut se payer par tous les moyens.
3/ Institutions et gouvernance
Le développement économique a des influences indubitables sur la qualité des institutions et la gouvernance. L'une des caractéristiques même du développement est la qualité des institutions. Ces dernières jouent un rôle très déterminant dans la deuxième phase de la CKE. En effet, des institutions de bonne qualité permettent l'application stricte des règlementations en matière d'environnement.
40 Apres le premier choc pétrolier on a constaté une sorte de découplage entre l'intensité énergétique efficacité et la croissance économique, dans les pays développés. La technologie y a grandement joué. Puisque les prix était presque prohibitifs es entreprises ont pu faire preuve d'une très grande habileté dans l'utilisation de cette ressources, notamment en développant des techniques très efficacité.
De plus dans les pays à haut revenu, les droits de propriété sont souvent bien définis, de sorte qu'il n'y ait aucun comportement clandestin. Tout cela peut contribuer à expliquer la baissent de la pollution dans la deuxième phase.
Toutefois, beaucoup d'études remettent en cause la forme de la relation. De surcroit les études empiriques ou économétriques ne corroborent pas, tout à fait, cette thèse de courbe en U-inversé, du moins, pour certains types de polluants comme le CO2.
II/ La remise en cause de la CKE
Les effets de retour et d'irréversibilité, l'hypothèse des havres de pollution et les analyses économétriques ne confortent pas les conclusions de la CKE.
A/ La théorie de la course vers le bas (race to the bottom)
Cette théorie renverse le scénario optimiste sur l'environnement et la croissance, prôné par la courbe CKE (Dasgupta et al [2002]). Pour cette théorie, le commerce international est l'élément qui explique la baisse de la pollution dans les pays à revenu élevé. En effet suite à la mondialisation du commerce, les pays développés se spécialisent dans les industries plus propres et plus efficaces (non polluantes) ; tandis que les pays en développement se spécialisent dans les industries polluantes41. Ces pays deviennent, ainsi, moins contraignants en matière de protection de l'environnement. Ils deviennent, dès lors, des « havres de pollution ». Ce déplacement vers les pays moins exigeants se poursuit jusqu'aux limites de dégradation supportées par ces pays. Ainsi, la courbe s'aplatit au lieu de descendre ( figure 5).
Figure 5 : Les déplacements de la courbe de Kuznets environnementale Mesure de la pollution
Course vers le bas
CKE traditionnelle
Revenu par tête
Source : Dasgupta et al [2002
41 Voir les travaux de Meunié [2004] et Stern [1998]
Croissance économique et protection de
l'Environnement
B/ Effet irréversible et Effet de
retour
Ces effets résument, d'une part le fait que l'environnement influe sur la santé et la productivité des acteurs économiques et donc réduit, à long terme, les performances et, d'autre part, le fait qu'à partir d'un certain niveau de détérioration de l'environnement on ne peut plus revenir en arrière. Ainsi, encourager de poursuivre la croissance sans se soucier beaucoup de l'environnement peut-il s'avérer fatale. Partant, ils remettent en cause les conclusions de Crossman et Krueger. Ils suggèrent, subséquemment, l'intégration de la nature tout au début du processus de développement en creusant un « tunnel ». 42
C/ Critique sur la validité empirique et
autres
1/ Les critiques théoriques
Pour Kenneth ARROW et ses collègues, c'est non seulement que les indices utilisés dans les CKE sont extrêmement partiels, mais également que ces données ne prennent absolument pas en compte les effets d'irréversibilité, de fragilité des milieux, d'accumulation des polluants dans les écosystèmes, d'épuisement des stocks de matière et d'énergie, etc.
David STERN et al43, dénoncent, quant à eux, l'absence de prise en compte des interrelations entre dégradation de l'environnement et croissance économique.
2/ Ce que révèlent les tests
Si les résultats observés sur certains polluants comme le dioxyde de souffre (SO2) et le dioxyde d'azore (NO2), sont optimistes, il apparaît, néanmoins, que les relations ne se vérifient pas dans beaucoup de cas comme celui du dioxyde de carbone (CO2) qui, au passage, cause plus de dégâts sur l'environnement que tous les autres. Encore, les résultats restent énigmatiques pour certains polluants qui ont aussi des effets graves sur l'environnement (cf. annexe 6).
D'ailleurs, Christian BRODHAG, Aurélien BOUTAUD, Natacha
GONDRAN de l'Ecole des
Mines de Saint-Etienne en France, ont fait une
régression, sur 128 nations (2000), entre
42 Munasinghe (1999) met en évidence la possibilité pour les pays en développement de ne pas suivre l'exemple des pays développés, en creusant un tunnel à travers la courbe CKE.
43 STERN D.I., COMMON M.S., BARBIER E.B. (1996) Economic growth and environmental degradation: the environmental Kuznets curve and sustainable development, World Development, vol. 24, n.7, pp. 1151-1160
l'empreinte écologique et l'indice de développement humain (IDH), mais les résultats démontrent tout à fait le contraire par rapport à la courbe CKE (cf. annexe 7).
L'empreinte écologique ne diminue pas avec le niveau de développement ; au contraire elle s'accroît avec la richesse des nations.
En définitive, si beaucoup d'éléments contribuent à expliquer la forme de la CKE, il n'en demeure pas moins que les études empiriques ne la confirment pas très souvent, du moins pour certains polluants très pesant comme le CO2. Aussi, la baisse observée peut-elle être due au déplacement des entreprises vers les pays moins contraignants. Quoi qu'il en soit, les effets de retour et d'irréversibilité ne permettent pas de soutenir ces arguments.
La relation entre croissance et environnement n'a pas la même forme selon le pays et selon les types de polluant. Par conséquence, les politiques environnementales n'ont pas un caractère général, mais spécifique à chaque Etat, compte tenu de la forme de sa CKE.
Dans cette section, spécifierons la relation croissance-environnement et l'estimer pour le cas de la pollution par le CO2 et pour l'exemple du Sénégal. Pour cela, nous disposons des séries : taux de croissance de l'émission de CO2, taux de croissance du PIB et du taux de croissance de la population sur la période 1980-2006 (cf. tableau 3). La période 1980 à 2000 sera la période d'étude et celle de 2001 à 2006 servira de validation du modèle (prévision). En outre, nous utiliserons le logiciel E-views, version 3.1. En effet, ce logiciel s'avère très performant pour les modélisations économétriques. Il permet l'exécution de plusieurs tests et des prévisions.
Les hypothèses :
ü Nous supposons que la relation croissance-environnement est linéaire.
ü La croissance n'est pas pour autant responsable de la pollution de CO2 au Sénégal ;
ü On peut protéger l'environnement tout en poursuivant la croissance économique ;
ü Par une dynamique de dématérialisation on peut aboutir poursuivre les deux objectifs
ü La croissance démographique contribue à accentuer les émissions de CO2.
Croissance économique et protection de l'Environnement
Tableau 3 : Les données d'estimation
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Source : African World Bank data 2003; ANSD: Annuaire des statistiques 2006
I/ Spécification du modèle
A/ Spécification du modèle
Les tests empiriques de la CKE se basent sur le l'équation général suivante :
Pit = ai + ?zT.1 iezi (ln Yit )z + Ai Xit + Eit
Avec Pit un indicateur de la dégradation environnementale d'un pays Y à la date t ( en
logarithme), yit le revenu par habitant , Xit un vecteur de co-variables explicatives et Eit leterme d'erreur.
Cependant beaucoup de controverses se sont soulevées notamment dans le choix du degré de l'équation et dans le choix des variables co-explicatives. Mais pour ce qui nous concerne, dans cette étude, nous utilisons le degré d'ordre un. Ce choix est guidé par le fait que le niveau de revenu du Sénégal n'est pas aussi élevé - si l'on prend en compte le niveau généralement admis comme seuil critique - pour permettre une de telle spécification et de plus les données disponibles ne le permettent pas ; la période d'étude n'est pas très longue.
Toutefois, l'activité économique ne peut s'effectuer sans pollution. L'augmentation de la production se traduit impérativement par l'augmentation des intrants de production, soit de façon moins que proportionnelle soit de façon plus que proportionnelle. Donc la modélisation utilisant les grandeurs en valeur n'aura aucune explication économique puisque le coefficient attendu serait positif. Par contre si on prend les variables en terme de variation, l'interprétation sera plus pertinente et plus économiquement significatif. Les coefficients dans ce cas représentent des élasticités c'est-à-dire la sensibilité par rapport à la variable de référence.
Nous retenons cependant la spécification suivante :
TXEMCO2t= ao + aiTXPIBt + a2TXPOPt + Et
L'estimation des paramètres nous donnerait des élasticités puisqu'on utilise des taux.
Croissance économique et protection de l'Environnement
B/ Présentation des variables (endogènes et exogènes)ü TXEMCO2 : est le taux de croissance du PIB. Nous avons choisi le taux de croissance car il mesure la variation et peut avoir la même interprétation que le logarithme. Par ailleurs, le niveau de pollution de CO2 peut être calculé par la méthode proposée par KAYA : la fameuse équation de KAYA qui se résume comme suit :
TEP
PIB
GES =
POP
GES
TEP
PIB
POP
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GES : gaz à effet de serre ; TEP : tonne équivalent pétrole ; POP : population active et PIB Pour le contenue en CO2 de tous les types d'énergie, voir annexe 3
ü TXPIB, représente le taux de croissance du PIB en franc constant de 1999. Ceci pour tenter d'éliminer l'effet de l'inflation qui peut biaiser les estimations ;
ü TXPOP, est le taux de croissance démographique ;
ü Et est le terme d'erreur, qui récupère les pertes d'informations. Les erreurs doivent être nulles en moyenne et avoir une variance constante égale à a2.
ü ao est la constante et les ai (i = 1,2) sont les coefficients des variables exogenes. Ils
représentent les élasticités par rapport au taux d'émission de CO2.
C/ Evolution des données et test de normalité
Pour qu'il soit possible de faire des inférences
statistiques il faut que les erreurs suivent un
processus bruit-blanc
c'est-à-dire nulle en moyenne et de variance égale à celle
de la variable
expliquée [X (O. a2)]. Ainsi, en effectuant le test de normalité de Jarque Bera on voit que tout
les probabilités sont en moyenne toutes supérieures à 5%, ce nous renseigne que non variables suivent en moyenne un processus bruit blanc.
Graphique 4 : Evolution des séries durant la période 1980-2006
Evolution de la série TXEMCO2 Evolution de la série TXPIB Evolution de la série TXPOP
évolution du TXPOP
évolution du TXEMCO2
6
4
2
0
-2
-4
Evolution du PIB
-6
8
4
3
2
1
0
20
10
0
-10
-20
80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06
TXEMCO2
80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06
TXPIB
80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06
TXPOP
D/ Test de stationnarité
Test de Dickey Fuller et test de Phyllips-Perron
Le test de Phillips-Perron prend en compte les erreurs hétéroscédastiques. Partant, il peut être plus intéressant que le test de Dickey Fuller). Les hypothèses sont :
H0 : présence de racine unitaire (non stationnaire)
H1 : absence de racine unitaire (stationnaire)
Augmented Dickey-Fuller Unit Root test on TXEMCO2
ADF Test Statistic |
-4.021564 |
1% Critical Value* |
-4.5348 |
5% Critical Value |
-3.6746 |
||
10% Critical Value |
-3.2762 |
Ici la valeur de l'ADF est supérieure à Critical Value à 5% (-4.021564 < -3.6746). Donc on accepte l'hypothèse H1 : TXEMCO2 est stationnaire.
Phillips-Perron Unit Root test on TXEMCO2
PP Test Statistic |
-5.269337 |
1% Critical Value* |
-4.5000 |
5% Critical Value |
-3.6591 |
||
10% Critical Value |
-3.2677 |
-5.269337 < -3.6591, la variable TXEMCO2 est, aussi, stationnaire avec le test PP
Croissance économique et protection de
l'Environnement
Augmented Dickey-Fuller Unit Root test on
TXPIB
ADF Test Statistic |
-4.192672 |
1% Critical Value |
-4.3738 |
5% Critical Value |
-3.6027 |
||
10% Critical Value |
-3.2367 |
- 4.192672 < -3.6027 donc, au seuil de 5%, la variable TXPIB est stationnaire.
Phllips-Perron Unit Root test on TXPIB
PP Test Statistic |
-6.573341 |
1% Critical Value* |
-4.3552 |
5% Critical Value |
-3.5943 |
||
10% Critical Value |
-3.2321 |
-6.573341 < -3.5943 donc TXPIB est stationnaire. Même résultat qu'antérieurement.
Augmented Dickey-Fuller Unit Root test on TXPOP
ADF Test Statistic |
-4.740035 |
1% Critical Value* |
-4.3738 |
5% Critical Value |
-3.6027 |
||
10% Critical Value |
-3.2367 |
Au seuil de 5% on accepte la stationnarité avec le test
ADF (-4.740035< -3.6027).
Phllips-Perron Unit Root test on
TXPOP
PP Test Statistic |
-13.73637 |
1% Critical Value* |
-4.3552 |
5% Critical Value |
-3.5943 |
||
10% Critical Value |
-3.2321 |
-13.73637< -3.5943 donc le série TXPOP est stationnaire au seuil de 5%.
Au terme de cette analyse de stationnarité, nous retenons que nos variables, TXPIB, TXPOP, et TXEMCO2, sont toutes stationnaires avec les deux tests.
Cependant on peut passer à l'estimation des paramètres
II/ Estimation des paramètres
Toutes nos variables étant stationnaires nous pouvons faire l'estimation. Nous utilisons la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) pour estimer les paramètres.
Voici cependant les résultats que nous obtenons :
Tableau 4 : estimation des paramètres par la méthode des MCO
Dependent Variable: TXEMCO2 Method: Least Squares Date: 07/11/08 Time: 10:43 Sample(adjusted): 1980 2000 Included observations: 21 after adjusting endpoints |
||||
Variable |
Coefficient |
Std. Error |
t-Statistic |
Prob. |
C |
3.088455 |
9.192834 |
0.335963 |
0.7408 |
TXPIB |
-1.342563 |
0.736418 |
-1.823098 |
0.0849 |
TXPOP |
1.166994 |
3.508317 |
0.332636 |
0.7433 |
R-squared |
0.155873 |
Mean dependent var |
2.430238 |
|
Adjusted R-squared |
0.062082 |
S.D. dependent var |
10.12949 |
|
S.E. of regression |
9.810025 |
Akaike info criterion |
7.536250 |
|
Sum squared resid |
1732.259 |
Schwarz criterion |
7.685468 |
|
Log likelihood |
-76.13063 |
F-statistic |
1.661909 |
|
Durbin-Watson stat |
2.439946 |
Prob(F-statistic) |
0.217605 |
III/ Les Tests économétriques
A/ Test de significativité et interprétation des coefficients
1. LM test : Fcalculé =1.66 < Flu(2, 18) = 3.55. donc le modèle n'est pas globalement significatif.
2. Test de student : Au seuil de 5% les coefficients sont tous non significatifs. Mais au seuil de 10% seul le coefficient du TXPIB est significatif (1.823 > 1.734).
3. Interprétation des coefficients : les coefficients sont interprétés comme des élasticités.
? TXEMCO2 |
= - 1.3425 |
?TXP11 |
Ainsi, si le taux de croissance du PIB augmente de 1 point,
alors le taux de croissance de
l'émission de CO2 diminue de -1.3425.
En d'autres termes si le PIB croît de a % alors
l'émission de
CO2 décroît de -1.3425*a %. De la même manière si la
population augmente
de 1%, le taux d'émission de CO2 croît de 1.167%.
Croissance économique et protection de
l'Environnement
B/ Test
d'Hétéroscédasticité de WHITE
Les erreurs sont très souvent différentes en variance et cela fausse les estimations. C'est pourquoi il est important de faire le test d'hétéroscédasticité. Certes, il y'a plusieurs méthodes pour tester l'homoscédaticité. Mais nous utilisons dans cette étude le test de White sans cross term. On teste, au seuil 5%, la significativité des coefficients de l'équation auxiliaire suivante:
.1.2
å2 = ao + aitxpib + a2 txpop + a3txpib2 + a4txpop2 + Vt
Les hypothèses sont :
H0 : ai = a2 = a3 = a4= 0 .(=> le modèle est homoscédastique
H1 : les coefficients sont non tous nuls .(=> le modèle est hétéroscédastique Voici les resultat que nous obtenons avec E-views :
Tableau 5 : Test d hétéroscédasticité de White sans cross term
White Heteroskedasticity Test : |
||||
F-statistic Obs*R-squared |
0.657255 |
Probability |
0.630399 |
|
Test Equation: Dependent Variable: RESID^2 Method: Least Squares |
||||
Date: 07/11/08 Time: 11:21 |
||||
Sample : 1980 2000 |
||||
Included observations : 21 |
||||
Variable |
Coefficient |
Std. Error |
t-Statistic |
Prob. |
C |
11.14298 |
123.2283 |
0.090425 |
0.9291 |
TXPIB |
10.58247 |
11.91884 |
0.887877 |
0.3878 |
TXPIB^2 |
-1.100599 |
2.181463 |
-0.504523 |
0.6208 |
TXPOP |
-144.0313 |
180.1326 |
-0.799585 |
0.4357 |
TXPOP^2 |
61.18570 |
57.69479 |
1.060506 |
0.3047 |
R-squared |
0.141125 |
Mean dependent var |
82.48850 |
|
Adjusted R-squared |
-0.073594 |
S.D. dependent var |
119.0031 |
|
S.E. of regression |
123.3043 |
Akaike info criterion |
12.67144 |
|
Sum squared resid |
243263.2 |
Schwarz criterion |
12.92014 |
|
Log likelihood |
-128.0502 |
F-statistic |
0.657255 |
|
Durbin-Watson stat |
1.661663 |
Prob (F-statistic) |
0.630399 |
Dans ce tableau on voit qu'au seuil de 5% la valeur F-statistic (0.657255) est inférieure à la valeur lue dans la table de Fisher : F (4,16) =3.01. Donc on accepte l'hypothèse nulle (H0). De plus aucun coefficient n'est à l'extérieur de l'intervalle de Student (pour 16 = 20-5 observations). Partant les erreurs ont la même variance. Les estimateurs des MCO sont optimaux
C/ Test d'autocorrélation des erreurs de Durbin Watson
La condition d'utilisation du test de Durbin Watson est satisfaite (nous avons plus de 15 observations et il n'y a pas de variable endogène décalée).
Hypothèses :
H0 : p = 0 les erreurs sont non corrélées (Indépendance des erreurs) H1 : p 0 les erreurs sont liées
Pour n = 21 et k = 2 on a (dans la table de Durbin Watson) : d1=1.13 et d2= 1.54.
p > 0 ? p = 0 ? p < 0
0 1.13 1.54 2 2.46 2.87 4
La valeur donnée par le tableau 4 d'estimation est 2.4399. Donc on se trouve dans la zone d'indépendance, mais à quelques centimes de la zone d'incertitude. Ce résultat est plus visible sur le graphique 5, qui montre une évolution très proche de l'évolution cyclique. On peut, toutefois, accepter l'hypothèse d'indépendance des erreurs.
Graphique 5 : Test d'autocorrélation des erreurs de Durbin Watson
évolution des erreurs
80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06
RESID
20 10 0
- 10
- 20
- 30
L'examen du graphique de l'évolution des erreurs semble présager une auto corrélation des erreurs. En effet, l'évolution des erreurs est très proche de l'évolution cyclique.
D/ Test Reset de RAMSEY
RAMSEY considère que la plupart des mauvaises spécifications résulte du fait que les erreurs ne sont pas souvent nulles en moyenne. D'où l'importance de ce test de spécification L'équation auxiliaire est
Y = aX + bZ + E
H0 : le modèle est bien spécifié
H1 : le modèle est mal spécifié
En effectuant le test dans E-views on voit que la probabilité est de 0.51 > 5%. En prenant les valeurs de Fisher on voit : F-statistic = 0692 > F critique (1, 16)= 4.49. Donc on conclut que le modèle est très bien spécifié.
E/ Test de stabilité 1. Test de CHOW (Breakpoint 1994)
Chow Breakpoint Test: 1994 |
|||
F-statistic Log likelihood ratio |
0.078984 |
Probability |
0.970416 |
La probabilité est largement supérieure à 5% donc on accepte l'hypothèse de stabilité des coefficients. Le modèle est stable.
Le même test effectué sur les périodes 1992 et 1997, correspondant respectivement à la convention de RIO et l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto (que le Sénégal a ratifié), conclut à une stabilité des coefficients.
Test de CUSUM
15 10 5 0 -5
|
84 86 88 90 92 94 96 98 00
|
La courbe ne coupe en aucun point le corridor ; elle reste dans toute la période à l'intérieur du corridor alors le modèle est stable (même résultat)
IV/ Prévision à un horizon de six années
Graphique 6 : Prévision pou l'horizon 2000-2006
|
80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06
TXEMCO2F #177; 2 S.E. |
|
Forec as t: TXEMCO2F Ac tu a l: TXEMCO2 Forecast sample: 1980 2006 Included observations: 21 Root Mean Squared Error 9.082318 Mean Abs olute Error 7.058438 Mea n Abs. Perc e nt Error 100.6680 Theil Inequality Coefficient 0.614611 Bias Proportion 0.000000 Variance Proportion 0.433889 Covariance Proportion 0.566111 |
Critère U de THEIL = 0.614611 donc compris entre 0 et 1. Alors la méthode de prévision étudiée est meilleure que la méthode naïve. Nous pouvons, néanmoins, utilisé ce modèle à des fins de prévisions mais il y'a quelques inconvénients car le MAPE est très élevé et le U de THEIL est un peu éloigné de zéro.
V/ Confirmation des prévisions et explication des résultats
Les résultats de l'estimation aboutissent à la conclusion que le taux de croissance des émissions de CO2 n'est pas très expliqué par le taux de croissance du PIB. Le Sénégal semble se trouver dans la deuxième phase de la CKE où l'on observe une relation inverse entre pollution et croissance comme Grossman et Krueger l'on soutenu. Ceci est paradoxal puisque le niveau de revenu permettant un renversement de tendance n'est pas encore atteint. Plusieurs explications peuvent jaillir. Le Sénégal fait il l'exception ou bien qu'est ce qui explique cette tendance à la baisse de la pollution ?
Nous apporterons une réponse précise à cette question en examinant les graphiques de contribution dans les performances économiques et ceux des d'évolution des secteurs.
Croissance économique et protection de l'Environnement Graphique 7 : Evolution du PIB par branche d'activité
Evolution du PIB par branche d'activité
0 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
secteur primaire |
561,8 |
584,4 |
506,3 |
602,4 |
578,3 |
663,6 |
648,4 |
697,4 |
773,2 |
secteur secondaire |
681,8 |
774,1 |
830,4 |
854,6 |
921,6 |
938 |
954 |
1101,5 |
1232,2 |
secteur tertiaire |
1458,8 |
1565,1 |
1670,1 |
1781,3 |
1921,5 |
2051 |
2180,1 |
2425,4 |
2639,1 |
adm publique |
629,4 |
651,8 |
710,8 |
748 |
812,5 |
910,6 |
1019,7 |
1115,7 |
1213,2 |
totale |
3331,8 |
3575,5 |
3717,6 |
3986,4 |
4233,9 |
4563,3 |
4802,2 |
5340 |
5857,8 |
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
Source : les données nous ont été fournies par l' ANSD
Nous voyons plus clair cela en analysant la dynamique de l'évolution des secteurs de l'économie. Voici quelques graphiques illustrateurs.
Le secteur tertiaire est de loin le secteur le plus dominant dans le PIB du Sénégal (presque la moitié). En effet, le secteur tertiaire tire fort à soi la croissance du PIB. Il a en général la plus grande part de contribution dans la croissance du PIB. Or le secteur tertiaire n'est pas pollueur - hormis le transport, qui n'occupe ici qu'une faible part.
Ainsi, Les propositions de Joseph Schumpeter (voir la théorie de la Destruction-Création) ou la thèse de dématérialisation semblent jouer pleinement leur rôle au Sénégal.
Cependant examinons l'évolution du secteur tertiaire. Le graphique ci-dessous nous en renseigne.
Croissance économique et protection de l'Environnement Graphique 8 : Evolution du secteur tertiaire et du secteur secondaire
y = 0,131x + 4,808
y = -0,173x + 4,811
secteur secondaire
secteur tertiaire
Linéaire (secteur secondaire)
Linéaire (secteur tertiaire)
10
8
6
4
2
0
-2
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
-4
Source : les données sont fournies par l'ANSD
Les courbes de tendance révèlent une tendance à la baisse du secteur secondaire et une tendance à la hausse du secteur tertiaire (cela est plus clair avec l'équation des courbes de tendance). Donc une tertiarisation progressive de l'économie Sénégalaise. Cela est très satisfaisant pour une politique de lutte contre la dégradation de l'environnement et donc le développement durable.
Graphique 9: Composition du secteur industriel
1400
1200
1000
-200
800
400
600
200
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
composition du secteur secondaire
activité extractive fabrication de corps gras autres industires electricité, gaz et eau construction
totale
Source : Base de données ANSD
La composition du secteur industriel Sénégalais est dominée par le secteur des autres industries. En effet pour l'émission de CO2 c'est le secteur de la production d'électricité et le secteur de l'urbanisation qui sont véritablement les plus indexés. Alors que, sur ce graphe, on voit qu'au Sénégal ces secteurs évoluent certes mais pas très menaçantes pour la pollution et aussi ils ne dominent pas l'évolution, ce qui fait que la pollution a tendance à se réduire comme les résultats économétriques l'ont prouvés (voir estimation). Nous avons une dynamique de tertiarisation très rapide pour le Sénégal.
Les résultats de cette modélisation montrent que le produit intérieur brut (PIB) n'est la cause directe de la pollution atmosphérique pour le cas du CO2 au Sénégal. La relation est plutôt inverse. La croissance induit une réduction du taux de croissance de la pollution. Contrairement à certaines analyses qui indexaient au premier chef le PIB comme responsable de la pollution, nous voyons que pour le cas du Sénégal la relation n'est pas très étroite (le coefficient n'est pas significatif au seuil de 5%) et même si à un certain seuil on accepte la relation, le PIB évoluerait en sens contraire au taux de pollution de CO2. Une augmentation du taux de PIB se traduit par une baisse du taux d'émission de CO2. L'explication est clairement fournie par la composition de l'économie Sénégalaise (voir graphiques 7, 8, 9 précédents).
Ainsi, la lutte contre la pollution atmosphérique au Sénégal et pour le cas concernant le CO2, doit être accès sur une politique rigoureuse de croissance économique forte et une incitation à innover des secteurs polluants tels que la production d'électricité et l'urbanisation. Cependant, beaucoup d'études faites sur les pays à revenu très élevé montrent en premier que les hypothèses de Grossman et Krueger se vérifient, mais à partir d'un niveau élève de revenu, le parallélisme revient : une croissance qui détériore l'environnement. Ceci conduit ,donc ,à bien se prévenir des éventualités du futur en essayant progressivement et de façon très modérée - au risque de rendre moins compétitives les entreprises nationales - d'introduire des politiques prenant en compte l'environnement.
A présent, si nous avions disposé des données sur une période très longue avant 1980, on aurait pu tester une relation quadratique. Puisque les résultats montrent que nous sommes sur la deuxième phase de la CKE. Donc, ce courbe de Kuznets environnementale semble s'appliquer bien pour le cas du Sénégal. Mais nous observons une certaines réserve puisque la relation peut avoir une forme cubique. En effet, la pollution peut bel et bien continuer à partir d'un niveau élevé de revenu.
Equilibré le triangle de développement durable |
Pour rendre le développement plus durable, il faut équilibrer le triangle de développement durable, c'est-à-dire de peser l'aspect social (insertion, promotion et gouvernance), économique (croissance, efficience et stabilité et environnement (biodiversité, ressources naturelles et pollution)
Aspect économique
Aspect social Aspect environnemental
Améliorer la recherche environnementale
La recherche environnementale est celle qui se préoccupe de comprendre les relations entre l'homme et son milieu, entre l'homme et ce qui l'entour : comprendre le présent et le passé pour pouvoir agir intelligemment sur le futur.
Education Relative à l'Environnement (ERE)
Le but de l'éducation relative à l'environnement est de former une population mondiale consciente et préoccupée de l'environnement et des problèmes qui s'y rattachent, une population qui ait les connaissances, l'état d'esprit, les motivations et le sens de l'engagement qui lui permettent de travailler individuellement et collectivement à résoudre les problèmes actuels, et à empêcher qu'il ne s'en pose de nouveaux. (UNESCO-PNUE, 1976).
Lutter contre la pauvreté
La pauvreté, surtout dans les PED, modifie, d'une part, les priorités (la protection de l'environnement devient un « luxe » que ces pays ne peuvent pas s'offrir dans bien des cas) et, d'autre part, empêchent que les réglementations protectrices, même lorsqu'elles existent, soient effectivement appliquées par les gouvernants. Donc la lutte contre la pauvreté est tout à fois un impératif moral et une nécessité pour la sauvegarde de l'environnement. « sans bonne protection de l'environnement, pas de développement viable ; sans développement, pas de protection de l'environnement qui vaille.
Miser sur la technologie |
Comme nous l'avons vu précédemment, la concentration de CO2 augmenta avec la croissance économique, il faut donc, après l'application de mesures incitatives, promouvoir des technologies plus propres et plus efficaces, susceptibles de protéger la nature tout en faisant progresser le développement comme le montre la figure ci-dessous.
Figure 8 : rompre le lien entre croissance et dégradation de l'environnement
Indice quantitatif
Temps
Application Adoption de techniques
de mesures plus propres et
d'incitation à plus efficaces
la protection de
l'environnement
La technologie joue donc un grand rôle dans la lutte contre la dégradation de l'environnement particulièrement celle contre la pollution atmosphérique, en passant par des innovations de procédés (techniques) et de produits (les écolabels). De nombreux gouvernements considèrent l'innovation technologique comme l'un des principaux leviers sur lequel il faut s'appuyer pour promouvoir l'éco-développement, notamment à travers les implications suivantes :
technologie -, énergie pollution -, l' croissance économique un bien-être
Néanmoins, pour encourager les entreprises à
innover, il faut également introduire des
réformes fiscales.
Ces dernières peuvent favoriser l'innovation technologique et motiver
le
secteur privé à investir dans la R&D ou dans les équipements propres.
Relativiser les mesures de protection |
Un spécialiste indien disait : « jusqu'à
présent les ressources communes ont été gratuites,
ce
qui a aidé à l'industrialisation des premiers arrivants.
Les négociations en cours visent à
.'enclore" ou à restreindre l'usage de ces ressources ce qui se traduit par des coûts plus élevés d'industrialisation pour les nouveaux arrivants (et ceux qui sont sur la voie). Il faut donc une répartition du fardeau imposé par la préservation de l'environnement, "équitable, mais asymétrie" au bénéfice du Sud ».
Efficacité dans l'utilisation des ressources naturelles
Plus qu'un devoir morale, la protection de l'environnement à travers la modération dans l'utilisation des ressources naturelles a dépassé le cadre d'un acte civique et se profile à l'horizon d'un comportement économique. Le paradigme absolu de l'économie réside dans le fait que les ressources sont rares et les besoins illimitées. C'est dans cette hypothèse fondamentale dépourvue de toute considération critique, que l'économie fut réellement construite.
Par conséquent, un développement économique fondé sur une utilisation absurde des ressources ne peut se poursuivre indéfiniment sans remettre en péril la capacité de survie de la planète. Il se pose un problème de gestion efficiente des ressources. Il faut changer, sans tarder, les modèles de croissances anciennes si l'on veut préserver l'intégrité à, long terme des, des systèmes naturels qui assurent le maintien de la vie sur terre.
Liée la politique économique et
l'environnement : intégrer la variable
environnement
Pour assurer une croissance « viable » qui soit compatible avec les besoins des populations et les contraintes de la nature, il faut faire en sorte qu'un lien systématique s'établisse entre les politiques économiques et celle de l'environnement et ceci à tous les niveaux de l'administration dans tous les secteurs de l'économie.
Vers un « PIB vert » |
Le « PIB vert » a été formule au sommet de « l'Arche » en 1989 par les chefs d'Etat des sept pays les plus industrialisés. Il s'agit d'un indicateur synthétique qui synthétise les données sur l'environnement en vue d'une édification à la prise de décision des pouvoirs publics et d'une évaluation stricte du niveau de production nationale incorporant tous les coûts et tous les facteurs en particulier le facteur naturel. Il s'agit, bref, d'une mesure destine à intégrer l'environnement dans la politique économique de sorte l'évaluation des progrès puisse refléter les vraies performances.
Développement « désirable »
La définition classique du développement durable issue de la commission Brundtland (1987) peut apparaître dépassée. En effet, il ne s'agit plus de viser la satisfaction des besoins lointains des générations futures mais la satisfaction actuelle des besoins : il ne s'agit plus d'anticiper des problèmes mais de les résoudre définitivement. Autant aujourd'hui proposer des solutions efficaces et définitives plutôt que de renvoyer l'étude aux générations futures.
Ainsi le développement durable peut laisser place au « développement désirable » qui regroupera l'ensemble des solutions viables aux problèmes environnementaux et sociaux que connait la planète. Ce nouveau modèle de développement, facteur de croissance économique et d'emploi serait une véritable « économie ouverte », basée sur l'économie sociale et solidaire, la dématérialisation, le ré-emploi-réparation-recyclage, les énergies renouvelables, le commerce équitable et la relocalisation
Les inquiétudes au sujet de l'environnement grandissent souvent de manière très désordonnée, très individualiste. Le sentiment d'ignorance et d'impuissance grandissent et cela conduit à deux attitudes dangereuses et qu'il faut bien éviter :
- Celle du protectionnisme excessif : « il faudrait tout protéger, tout conserver, au détriment du développement des sociétés humaines » ;
- Celle, au contraire, du « tant que rien n'est prouvé, continuons à produire, continuons à gaspiller ou à utiliser sans souci les ressources, faisons confiance absolue dans la technologie qui résoudra les problèmes au fur et à mesure qu'ils se présenteront ;
L'économie quoique ne prétendant pas à valider quelque système de valeur que se soit, ne saurait désormais éluder la question de la responsabilité des générations présentes et du Bien-être des générations futures. Un modèle de développement durable doit satisfaire les générations présentes et futures. Il ne devrait, toutefois, pas se poser un arbitrage entre le développement et l'environnement comme c'est le cas de l'inflation et le chômage (dilemme inflation-chômage). Il s'agit tout simplement de réconcilier deux politiques concourantes à un même objectif : le Bien-être collectif.
Définir le développement comme l'évolution d'une société qui utiliserait ses gains de productivité non pour accroître indéfiniment une production génératrice de dégradations de l'environnement, d'insatisfactions, de désirs refoulés, d'inégalités et d'injustices, mais pour diminuer le travail de tous en partageant plus équitablement les revenus de l'activité, ne constitue pas un retour en arrière par rapport à la critique du développement actuel. Cela ne condamne pas à rester à l'intérieur du paradigme utilitariste, si les gains de productivité sont obtenus sans dégrader ni les conditions de travail ni la nature. A partir du moment où l'on admet que l'humanité ne reviendra pas à l'avant-développement et que, de ce fait, les gains de productivité existent et existeront, leur utilisation doit être pensée et rendue compatible avec la reproduction des systèmes vivants.
Ainsi, la lutte pour la préservation de l'environnement n'est pas un combat contre le développement. Il ne s'agit pas de produire moins, mais de produire différemment. En fait, la lutte est engagée contre les externalités négatives qu'engendre le développement. La poursuite du développement est souhaitable mais pas au prix d'un sacrifice de l'environnement. Nous devons donc développer des outils encourageant le développement mais n'affectant pas le milieu naturel, pour ainsi dire, une promotion de l'éco-développement. Il faut savoir qu'un taux de croissance élevé (du PIB) n'est pas forcément synonyme de développement ou de Bien-être collectif. Il ne faut donc pas avoir le fétichisme du chiffre : 2% de croissance qui profite à tous, c'est peut-être mieux que 8% accaparés par quelques uns. Il faut cependant dire et répéter que la croissance des richesses produites est un formidable levier pour améliorer le sort de tous. Mais cela ne se fait pas sans des choix politiques qui disent clairement comment la croissance doit être utilisée ou au service de quels idéaux collectifs elle doit être mise.
Toutefois, la lutte ne doit pas être solitaire mais solidaire puisque les dégâts sur l'environnement affectent en même temps tous les pays du monde. Les hommes peuvent être individuellement innocents et collectivement responsables, tous coupables et victimes en même temps. Mais il faut observer quelques vigilances en se sens que les problèmes ne sont pas les mêmes selon les pays et partant les stratégies de lutte doivent différer. Les pays en développement ne doivent pas être les boucs émissaires. En réalité, ils n'ont pas, pour autant, détruit leur environnement et donc ne doivent pas subir les mêmes contraintes que les autres. Le prix du respect de l'environnement (les normes) ne doit léser personne. Il doit être relatif, équitable et être à la portée des moins avancés.
D'une façon générale, si l'on veut harmoniser l'expansion économique et la protection de l'environnement, il convient de reconnaître que la croissance peut comporter des avantages pour l'environnement et que la santé de l'environnement naturel est profitable à l'économie. Or, ce combat n'est pas encore gagné. L'environnement reste toujours un défi mondial.
A partir du moment où la croissance menace la reproduction de la nature, elle se trouve confrontée au caractère réel des flux (matériels et énergétiques) qu'elle transforme et, au très long terme, des phénomènes naturels. Elle est condamnée à redécouvrir qu'elle n'a pas seulement une dimension monétaire, mais qu'elle prélève aussi, transforme et rejette des flux réels et qu'en cela elle interfère avec les cycles naturels assurant la reproduction de la biosphère. A cet égard, un auteur disait : « la course effrénée à la croissance économique va atteindre son summum, et alors l'homme découvrira que l'argent n'est pas synonyme de Bien-être, encore moins de développement. Quand le dernier arbre sera coupé, la dernière rivière empoisonnée, les capacités d'autoépuration du milieu naturel dépassées et le dernier poisson mort, alors l'homme saura que l'on ne se nourrir pas seulement d'argent ».
Banque Mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1992, (édition spéciale sur le développement et l'environnement), Washington, Banque Mondiale 1992.
World Commission on Environment and development (Commission Bruntland), Our common future, New York, Oxford University press, 1987.
Club de Rome, Halte à la croissance, Paris, Fayard, 1972
Passet René, le developpement durable : de la transdisciplinarité à la responsabilité.
Lahsen Abdelmalki et Patrick Mundler, Environnement et développement : enjeux et ambigütés, publié dans Information et Commentaire, n°109, Octobre-Décembre 1999
R. H. Coase : The Problem of Social Cost, 1960
N. Georgescu-Roegen, The Entropy Law and the Economic Process, 1971
A. C. Pigou : L'économie du bien être, 1932
Abdelmalki L. et Mundler P, Hachette, Coll. HU, 1995ANDS, rapport sur l'état de l'environnement 2005.
Pearce et Turner, 1990, soutenabilité forte et soutenabilité faible.
Alain Rerat, Production alimentaire mondiale et environnement : notre avenir en jeu, édition
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Malcolm Gillis, Dwight H. Perkins, Michael Roemer et Donald R. Snodgrass, economie du développement, 2ieme édition, traduction de la 4ième édition américaine/ Bruno Baron-Renault.
Dasgupta P. et Heal G., "The optimal Depletion of Exhaustible Resources", 1974.
Francois Perroux, L'économie du XXe siècle, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1991, p.191, 763. (1ere édition 1961).
CMED, Notre avenir à tous, Montréal, les editions du fleuve, 1988, p.XXIII ( 1ere édition anglaise 1987). Defaire le développement et refaire le monde, acte du colloque de la ligne d'Horizon, l'Aventure 2003.
Myriam NOURRY, la croissance économique est-elle un moyen de lutte contre la pollution ? les enseignements de la courbe de Kuznets environnementale ; dans « Revue Française d'Economie » ; n°3/ vol XXI.
BARTHELEMY P., 1981, « Répartition des revenus et developpement économique : aspects théoriques », These de doctorat d'Etat, Université d'Aix-Marseille III, Mai
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OCDE, l'état de l'environnement, OCDE 1991, Paris.
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Coopération inter-universitair (Turin-Sahel), Acte du colloque de Saint-Louis du 23-25 juin 2003, sous la direction d'Abdoulaye NIANG.
WEBOGRAPHIE
=> www.IFEN.fr
=> www.ladocumentationfrancaise.org => www.environnement.gouv.sn
Dans « Problèmes économiques »
Problème économique, environnement, Hebdomadaire n°2.278, 3 Juin 1992. Problème économique, environnement, Hebdomadaire n°2.364, 23 Fevrier 1994 Problème économique, environnement, Hebdomadaire n°2.407, 18 Janvier 1995. Problème économique, environnement, Hebdomadaire n°2.455, 17 Janvier 1996. Problème économique, environnement, Hebdomadaire n°2.527, 9 Juillet 1997. Problème économique, environnement, Hebdomadaire n°2.515, 9 Avril 1997.
Problème économique, le changement climatique un defi mondiale, bimensuel n°2.930. Problème économique, Comment parvenir au développement durable ?, n°2653,23, 2000.
Information et commentaire n°109, Octobre-Decembre, Bilan d'une fin de siècle, Revue internationale des sciences sociales appliquées,
Annuaires des technologies clés, Agence pour la diffusion de l'information technologie, Septembre 1997.
Dictionnaire des 50 années de recherche pour le Développement, Sciences au Sud REGARDS (sur l'actualité), Coût de la pollution atmosphérique, Novembre 1989, n°155. Guide de l'environnement global, vers un développement durable 1992
Catégories de valeurs économiques de l'environnement |
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Valeurs d'usage personnelles |
Valeurs non liées à l'usage |
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Valeurs d'usages |
Valeurs |
Valeurs d'option |
Valeurs |
Valeurs |
Produits pouvant
être |
Avantages |
Valeurs d'usage |
Valeurs |
Valeurs attachées |
Bois, Commerce d'insectes |
Fonctions |
Biodiversité |
Espèces |
Modifications |
Source : CCE (1992).
Croissance économique et protection de
l'Environnement
ANNEXE 2 : Des dates repères sur
l'évolution des acquis en matière
d'environnement
1972 : La notion d'écodéveloppement apparaît lors de la conférence sur le développement organisée par l'ONU à Stockholm
1972 : Rapport Meadows pour le Club de Rome (Halte à la croissance) 1979 : Première conférence de l'ONU sur le climat (Genève)
1987 : Rapport Bruntland qui popularise le concept de développement durable utilisé par des organisations de l'ONU depuis le début des années 1980
1989 : Deuxième conférence de l'ONU sur le climat (La Haye)
1992 : La conférence de Rio (organisée par la CNUCED) adopte plusieurs documents :
- Déclaration sur l'environnement et le développement - Déclaration sur les forêts
- Convention sur le changement climatique
- Convention sur la biodiversité
- Agenda 21
La conférence de Rio est souvent appelée Sommet de la Terre 1995 : Conférence sur le développement social (Copenhague) 1995 : Conférence sur les changements climatiques (Berlin)
1995 : Conférence sur la protection de la couche d'ozone (Vienne) 1997 : Second Sommet de la Terre (New York)
1997 : Protocole de Kyoto (fixe comme objectif une réduction de 5,2% des émissions de gaz à effet de serre en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990).
1998 : Conférence de Buenos Aires
2000 : Conférence de La Haye
ANNEXE 4 : la diminution de l'intensité énergétique constatée dans les années 70
Jusqu'au milieu des années 1970, on constate une liaison étroite entre la croissance du PIB et la croissance de la consommation d'énergie. Mais les années 1973 (premier choc pétrolier), vont montré que la liaison n'était pas aussi étroite qu'on le pensait ; et même elle est beaucoup plus souple qu'on le supposait. Ce tableau nous fait état des constats :
1973 |
1983 |
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OCDE |
550 |
450 |
Europe des 12 |
390 |
320 |
France |
330 |
280 |
Japon |
420 |
312 |
Etats-Unis |
790 |
620 |
Cette évolution est due est expliquée par plusieurs choses dont :
ü Le progrès technique
ü Les économies d'énergie dues à la hausse des prix. (innovation et efficacité)
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Par Christian BRODHAG ; Aurélien BOUTAUD ; Natacha GONDRAN ; Ecole des Mines de Saint-Etienne (France), Centre SITE
Croissance économique et protection de l'Environnement ANNEXE 7 : Empreinte écologique et IDH
Les Coefficients de régression Empreinte écologique et IDH
(empreinte écologique et P18) de 128 nations (2000)
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Source :
ü IDH : données fournies par les Nations unies (PNUD) pour 2000 : UNDP (2002) Human Development Report 2002 : Deepening democracy in a fragmented world, UNDP, 277 p. http://hdr.undp.org/reports/global/2002/en/indicator/indicator.cfm?File=indic 276 1 1.htm- l
ü Empreinte écologique : données fournies par le WWF et Redefining Progress pour l'année 2000 : LOH J. (Ed.) (2002) Op.cit.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 1
LISTE DES SIGLES UTILISES 2
INTRODUCTION GENERALE 3
CHAPITRE 1 CROISSANCE ET ENVIRONNEMENT : UNE POLITIQUE DIFFICILE 9
SECTION1 : UNE CROISSANCE ECONOMIQUE ATTENTATOIRE A L'ENVIRONNEMENT 10
I / Les dommages de la croissance sur l'environnement 10
A / Les effets directs de la croissance sur l'environnement 10
1 / Pollution et destruction de la couche d'ozone 11
2 / Réchauffement climatique 11
3 / L'atteinte à la biodiversité 12
B / Les effets indirects : les implications sur l'agriculture et la santé 12
1/ Les effets de la pollution sur l'agriculture 12
a / Pollution atmosphérique et salinisation des sols 12
b / Pollution et pluies acides 13
c / pollution et l'évapotranspiration 14
2/ Les effets de la pollution sur la santé 15
a/ Santé des êtres humains 15
b / Santé des êtres végétales 17
II / Croissance et ressources naturelles 17
A/ Les ressources naturelles 17
1/ Ressources non renouvelables 17
2/ Ressources renouvelables 18
B/ La pression sur les ressources naturelles et le problème des déchets 18
1 / La surexploitation des ressources naturelles 18
2 / Le problème des déchets 19
SECTION 2 : LES LIMITES DE LA CROISSANCE 20
I / Les limites d'ordre économique 20
A/ Le PIB comme un indicateur non pertinent 20
1 / PIB et répartition du revenu 20
2 / Le capital naturel marginalisé 20
3 / PIB et Bien-être 21
B / La loi des rendements décroissants face à l'environnement 22
1/ Un concept économique 22
2/ Loi des rendements décroissants et ressources limitées : état stationnaire 22
C / L'accès aux ressources naturelles : les prix prohibitifs des ressources 23
D / La question des externalités 23
II / Les limites physiques et spatiales 24
A / La question de l'empreinte écologique 24
B / Les lois de la physique face à l'environnement : la thermodynamique 25
1/ Notion de système fermé et système ouvert au sens de la science physique 25
2/ L'entropie matérielle et croissance 25
SECTION 3 : LES DIFFICULTES LIEES A L'ADMINISTRATION DE LA NATURE 26
I/ La nature : un monde de systèmes lents et incertains 26
A/ Les incertitudes liées aux phénomènes naturels 26
1/ Une métrologie délicate 26
2/ Les incertitudes sur les mesures 27
a/ L'incertitude liée aux mesures et aux choix de modélisation. 27
b/ L'imprévisibilité 27
c/ Les choix éthiques. 27
B/ L'indétermination de la valeur des biens environnementaux 28
1/ Valeur et environnement dans la pensée économique 28
a/ Les Physiocrates (entre autres Quesnay 1750) 28
b/ Les Classiques (début Adam Smith 1776) 28
c/ Les Néoclassiques 28
2/ Caractéristiques des biens publics 29
3/ Les défaillances du marché 29
C/ L'environnement : un monde de systèmes lents 30
II/ Les difficultés liée à la gouvernance de la nature 31
A/ Les perception sur l'environnement 31
B/ Le cycle de vie des politiques publiques 31
C/ L'absence d'un discours singulier concernant l'environnement : 32
1/ Conflits d'intérêts sur les ressources 32
2/ Les divergences des positions 33
CHAPITRE 2 VERS UNE CROISSANCE NON PREJUDICIABLE A L'ENVIRONNEMENT : UN DEVELOPPEMENT DURABLE 34
SECTION 1/ POURQUOI DEVRAIT-ON AGIR DANS L'IMMEDIAT 35
I/ Les constats : des chiffres qui parlent 35
A/ La croissance démographique 35
B/ La limitation des ressources naturelles 37
II/ Les inquiétudes sur les progrès du futur 37
A/ L'industrialisation des pays en voie de développement 37
B/ Compétitivité et environnement 38
C/ Les normes internationales 39
SECTION 2 : LES CONTROVERSES AUTOUR DE L'ENVIRONNEMENT : LES THESES EN VIGUEUR 40
I/ Soutenabilité forte et soutenabilitéfaible 40
A/ Origine et définition du développement durable 40
B/ La soutenabilité faible 40
C/ La soutenabilité forte 43
D/ Entre la règle d'or verte et l'exploitation utilitariste optimale : 44
II/ La protection de l'environnement : une diversité de point de vue 44
A/ Les partisans de la déconnexion : « contre la croissance » 44
1/ Le Club de Rome : halte à la croissance ou limits to growth 44
2/ Schumpeter et la théorie « destruction-création » 47
3/ Les défenseurs de la décroissance 48
B/ Les partisans d'une croissance harmonisée : « pour la croissance » 49
1 / la thèse de la dématérialisation 49
2/ Thermodynamique des systèmes ouverts et entropie : la substitution et le respect
des limites de reconstitution 49
3/ Le Rapport de Leontief 50
SECTION 3 : POLITIQUES ENVIRONNEMENTALES : VERS UN DEVELOPPEMENT DURABLE 51
I/ Les instruments actuels de politique et leurs limites 51
A/ Les instruments juridiques et politiques : l'approche législative et
régulatrice51
1/ Droit de propriété et Réglementation publique 51
a/ Droit de propriété 51
b/ Règlementation publique 52
2/ Le principe Pollueur- Payeur (PPP) 53
B/ Les instruments économiques : l'approche du marché 53
1/ La fiscalité environnementale : les écotaxes 53
2 / Le marché de droit de polluer : les permis commercialisables 55
3/ La certification environnementale 55
C/ Une autre limite des politiques environnementales : délocalisation des
entreprises 56
II/ Les solutions théoriques aux problèmes environnementaux 57
A/ L'internalisation des externalités : la taxe Pigouvienne 57
1/ Marshall et les effets externes 57
2/ Pigou et les déséconomies externes 57
B/ Théorème de Coase (1937) 58
1/ La notion de coûts de transaction et coûts administratifs 58
2/ Le théorème de Coase : une remise en cause de « l'internalisation des
externalités » 58
3/ Critique sévère du théorème de Coase 59
CHAPITRE 3 TEST D'APPLICABILITE DE LA COURBE DE KUZNETS ENVIRONNEMENTALE : EXEMPLE DE LA POLLUTION DE CO2 AU SENEGAL 60
SECTION 1 : LA LITTERATURE SUR LES LIENS ENTRE CROISSANCE ET ENVIRONNEMENT : 61
I/ Présentation et fondements de la CKE 62
A/ Présentation de la CKE 62
B/ Les soubassements théoriques de la CKE 63
1 / Les trois effets de la croissance sur l'environnement 63
a/ Effet d'échelle 63
b/ Effet de composition 63
c/ Effet technique 64
2/ Evolution de la demande 64
3/ Institution et gouvernance 64
II/ La remise en cause de la CKE 65
A/ La théorie de la course vers le bas (race to the bottom) 65
B/ Effet irréversible et Effet de retour 66
C/ Critique sur la validité empirique et autre 66
1/ Les critiques théoriques 66
2/ Ce que révèlent les tests 66
SECTION 2 : TEST SUR LA RELATION CROISSANCE-ENVIRONNEMENT AU SENEGAL 67
I/ Spécification du modèle 69
B/ Présentation des variables (endogènes et exogènes) 70
C/ Evolution des données et test de normalité 70
D/ Les tests de stationnarité 71
II/ Estimation des paramètres 73
III/ Les Tests économétriques 73
IV/ Prévision à un horizon de six années 77
V/ Confirmation des prévisions et explication des résultats 77
Conclusion et recommandations spécifiques 80
SECTION 3 : QUELQUES RECOMMANDATIONS GENERALES 81
q Améliorer la recherche environnementale 81
q Lutter contre la pauvreté 81
q Miser sur la technologie 82
q Vers un « PIB vert » 84
CONCLUSION GENERALE 85
BIBLIOGRAPHIE 87
ANNEXES 89
TABLE DES MATIERES 96