Département d'Economie & Gestion
MASTER BANQUE & FINANCE
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
CREDIT AGRICOLE ILE DE FRANCE
Problématique :
Financements des entreprises sous LBO en période de
crise de liquidité : quels risques bancaires ?
Par
Mesmin Borgia DIKABOU
Maître de stage :
Caroline MINIALAI
caroline.minialai@univ-evry.fr
Enseignante en Analyse Financière (Université
d'Evry Val d'Essonnes).
CADIF, 26 Quai de la Râpée- 75012 Paris
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
3
BRIEFING
4
AVANT PROPOS
6
INTRODUCTION
8
I- Les LBO
10
a. Contexte
10
b. Le Montage
10
c. L'intérêt du montage
11
d. Les différents types d'acquisition
par la dette
13
e. Structure financière des
entreprises sous LBO
13
f. La structure de la dette LBO
16
g. La création de valeur des
entreprises sous LBO
17
1. Les fondamentaux de la cible
17
2. La création de valeur dans les
LBO
19
II- Financement des entreprises sous LBO
25
a. Politique du crédit au sein de la
DDE-CADIF
25
b. Politique de risque de la DDE
26
c. Politique de risque des entreprises sous
LBO
26
d. Financement des lignes de crédit
LBO
27
e. Les éléments du dossier de
crédit
27
i. Le niveau des encours
27
ii. Le groupe de risque
27
iii. La notation
28
iv. L'analyse financière des
comptes
30
v. La constitution du dossier de
crédit
32
f. Le passage en comité et le
traitement du dossier
33
g. Les risques bancaires
33
h. Les risques bancaires liés au
renouvellement des lignes de crédit
34
III- Crise financière et LBO
36
a. Dynamique et encours des
opérations LBO
36
b. Origine et manifestation de la crise
financière
40
c. Conséquence bancaire de la
crise
45
1. Augmentation du coût de la
liquidité
46
2. La baisse du niveau de l'endettement
48
3. Conséquence de la crise sur le
crédit aux entreprises
49
d. Gestion des risques liés à
la mise en place de la dette LBO
50
e. Montage ou recapitalisation LBO :
recherche des fonds d'investissements
52
IV- CRITIQUES
53
a. Critère d'analyse pour le montage
d'un dossier de crédit
53
b. Les remèdes à la crise sur
le plan national
53
CONCLUSION
55
ANNEXES
57
CORPUS
75
NOTES
76
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer ma gratitude à toute
personne qui de loin ou de près a contribué :
· au bon déroulement de mon stage au sein du
CADIF, à la direction des entreprises, Secteurs Services,
· à la rédaction du présent
mémoire.
Veuillez trouver dans la présente étude,
l'expression de toute ma reconnaissance.
A mes enfants, Paul, Bryan et en particulier Nathan-Borgia
et Elisia DIKABOU, trouvez ici le témoignage de ma motivation pour une
ascension sociale, gage de votre réussite.
Enfin, je dédie ce travail à mon
frère Victor BOUZANGA-DIKABOU, disparu le 26 février 2008
à la suite d'une longue et pénible maladie.
BRIEFING
Auteur : Mesmin Borgia DIKABOU
Entreprise : Crédit Agricole - IDF
Secteur Services
Titre du rapport : Refinancement des entreprises
sous LBO en période de crise de liquidité, quels risques
bancaires ?
RÉSUMÉ :
Mon stage s'est déroulé au Crédit
Agricole, Direction des Entreprises - Secteur Services sous la direction de
Monsieur Pierre VINCENT.
Les tâches qui m'ont été confiées
s'inscrivent dans le cadre du montage des dossiers de crédit, l'analyse
du risque de contrepartie à travers l'appréhension du groupe de
risque corporate dans son ensemble, la gestion du risque à travers les
facteurs d'alerte tout en restant en phase avec les procédures Bale 2.
L'objectif étant de développer le PNB du portefeuille du
Senior.
J'ai été intégré dans
l'équipe du secteur services où j'ai réalisé le
montage des dossiers de crédit, la gestion du rating, l'analyse
financière, la gestion et le suivi des risques sur les différents
portefeuilles. J'ai enfin piloté la renotation des entreprises sous LBO
suivant la nouvelle grille Moodys. J'ai été le « back
up » des chargés d'affaires seniors au même titre que
les juniors.
J'ai également mise en place des dossiers de
refinancement des lignes de crédit des entreprises sous LBO. Ces lignes
de crédits portaient sur des financements aussi bien de l'exploitation
que sur les projets d'investissements. C'est ainsi que je me suis rendu compte
des écarts entre la doctrine, les enseignements théoriques et la
réalité professionnelle. Ce gap s'appréciation se situe au
niveau des ratios, des covenants et au niveau de la structure financière
de ces entreprises.
La situation financière actuelle a rendu cette
particularité plus subtile. D'où mon intérêt
d'étudier les problématiques bancaires liées aux
refinancements des entreprises sous LBO en période de crise de confiance
sur le marché interbancaire.
J'ai également participé à des groupes de
travail sur l'amélioration du process qualité et ce de
manière transversale.
Mon travail a abouti à un certain nombre de
préconisations. Elles peuvent être nécessaires pour le
développement du PNB de la banque tout en maintenant un niveau de risque
tolérable. Elle permettra également de prendre du recul et
relativiser une situation donnée financière donnée en
fonction de l'industrie dans laquelle l'entité étudiée
évolue.
Ce stage m'a aidé à appréhender ce
métier avec parcimonie et rationalité et j'ose croire avoir
atteint mon objectif d'apprivoiser et travailler dans le monde de la finance
corporate.
|
SUMMARY:
My training course unwinds at Credit
Agricole, Company's management. This training was supervised by Mr
Pierre VINCENT.
The tasks which the management confided me are:
· Editing the framework of the files at credit,
· Analysis of the risks of counterpart through the
apprehension of the group of risk corporate in general,
· The management of the risk through the factors of alert
while staying in norms of Basle 2 procedures.
The objectives being, to develop the Banking Net Product (BNP)
of the portfolio of the Senior Manager.
I was in the team of Sector Services, where I found myself fit
in. I worked with the Senior Analyst in a very single aspect. My job involved
the financing of the company, the management of the rating, the financial
analysis, the management and the follow-up of the risks on various portfolios.
I piloted the renovation of the company under LBO, following the Moody's new
railing. I was the collaborator of the senior analyst in the same way as the
juniors.
The current financial crisis weakened the banking sector.
Therefore, my interests in studying the banking problematic relative under the
LBO in the trust crisis period in inter banking market.
Meanwhile, I have participated in working groups on the
improvement of the «process quality».
This training course helped me to apprehend this profession
with parsimony and rationality. I dare believe to have achieved my aim to tame
and work in the world of the corporate finance.
|
AVANT PROPOS
Le Master en Banque & Finance est délivré
qu'à l'issue d'un stage obligatoire d'au moins quatre mois au terme
duquel l'étudiant est amené à rédiger un
mémoire de fin d'études.
Le but de ce stage est de permettre à l'étudiant
de faire le lien entre les enseignements théoriques qu'il a reçu
pendant le premier semestre de la formation et la réalité
professionnelle. L'intérêt de cette démarche consiste
à identifier des écarts d'appréciation entre les postulats
empiriques et les pratiques professionnelles. Mais il permet également
à l'étudiant ou futur chercheur de se servir des bases
théoriques pour relativiser et prendre du recul lorsqu'il sera
confronté à un cas pratique decorrélé des
règles théoriques. L'objectif de cette démarche est
l'approche de l'efficience du marché1(*) par rapport à la réalité
économique. L'analyse doit toujours être faite de manière
intelligente.
C'est pour répondre à cette exigence que nous
avons effectué notre stage au sein de la banque Crédit Agricole
d'Ile de France.
Afin de mener à bien notre stage, nous avons
essayé de comprendre le fonctionnement et l'organisation du
Crédit Agricole en partant de la nature de la banque, la ligne de
métier jusqu'au service dans lequel nous avons effectué notre
stage.
D'abord le Crédit Agricole est une banque mutualiste.
Elle est divisée par différentes caisses régionales parmi
lesquelles on compte le CADIF (Crédit Agricole d'Ile de France). Ce
dernier a normalement comme périmètre de compétence la
région ile de France.
Ensuite, il convient de distinguer la branche détail de
la banque des activités « corporate ». A quelques
exceptions près, font partie des activités de détail les
personnes morales réalisant 3 M€ de chiffres d'affaires par groupe
de risque2(*). En fait
également partie les entreprises individuelles. Les autres entreprises
font partie des activités de la banque des entreprises ou
activité corporate.
Enfin le secteur services regroupe toutes les entreprises
exerçant les métiers de service aux entreprises ou aux personnes.
Au CADIF, il s'agit sans être exhaustif de trois portefeuilles à
savoir :
· Le bâtiment, les promoteurs et les travaux publics,
la location de véhicules et les activités de taxis,
· La logistique, le transport et les professions
liées à la santé,
· Les médias, la presse, la communication, le
marketing et l'industrie financière.
Le rôle du chargé d'affaires consiste à
développer le PNB de la banque en adéquation avec le profil
risque. Il s'agit d'une conquête maîtrisée et rentable des
clients constituant son portefeuille. Pour assurer cette noble tâche, il
est secondé par un junior qui avec l'assistance du senior, monte les
dossiers de crédit, analyse les données financières, suit
le rating et gère le risque au quotidien. Le Junior en l'absence du
chargé d'affaires seniors présente les dossiers de crédit
au comité de crédit. Enfin, il assure avec l'aide des assistants
le middle office.
Durant le stage, nous avons effectué les tâches
du junior à l'exception de la présentation du dossier en
comité d'engagement.
Dans la rédaction des dossiers de crédit, nous
avons constaté au cours des différentes analyses
financières que la théorie financière en ce qui concerne
le calcul des ratios est en déphasage ave la pratique bancaire en ce qui
concerne les entreprises sous LBO demandeuses de financements. Toutefois, cette
pratique de l'émission massive de la dette nous rappelle
l'intérêt des entreprises à émettre des titres moins
sensibles à l'information cachée du fait de l'imperfection du
marché et de la sous-évaluation des dits titres3(*).
C'est ainsi que nous nous sommes intéressés
à ce cas pour analyser la pratique bancaire et les différents cas
auxquels le banquier est confronté.
Nous espérons apporter quelques éléments
d'appréciation aussi bien aux étudiants qu'aux lecteurs sur les
spécificités du métier.
INTRODUCTION
Il y a moins de deux ans, nous avons assisté à
une forte montée des prix des matières premières
(pétrole, cuivre, fer...) et des produits alimentaires (blé,
céréales...). Cette montée a été suivie des
émeutes en mars-avril 2008 en Afrique, en Amérique latine et en
Asie. L'explication fournit pour justifier cette croissance à deux
chiffres faisait référence à la croissance de
l'économie chinoise et à la faiblesse du dollar.
Certains diront que la crise était prévisible
depuis 5 ans et les premières victimes ne furent pas les banques, mais
plutôt les peuples affamés du sud. Pour plaider dans ce sens, Jean
Ziegler, rapporteur à l'ONU pour le droit à l'alimentation disait
que « brûler de la nourriture et la transformer en carburant
est un crime contre l'humanité ». Cette position a d'ailleurs
été relayée par le programme des nations unies pour
l'alimentation en sigle « PAM4(*) » malgré la ferme opposition des
écologistes trouvant dans cette logique un frein au développement
des énergies renouvelables et à la protection de l'environnement.
Mais cette crise n'a pas autant interpellé la
communauté financière internationale et les argentiers du G8 pour
la simple raison qu'elle n'était pas systémique à court
terme. Les historiens pouvaient à la limite faire une jurisprudence avec
la crise de subsistance de 1926 annonçant la crise de 1929 avec les
opérations de restructuration de l'économie qui ont suivies.
La période des taux directeurs relativement très
bas des années 2000 jusqu'avant l'été 2007,
caractérisée par la faiblesse des taux d'intérêts
à l'économie, la montée en puissance des fonds de private
equity et l'abondance des liquidités a amplifié l'inattention des
régulateurs financiers, des banquiers et des entreprises. Nous avons vu
monter en puissance ses dernières années l'arbitrage5(*) des entreprises pour la dette au
détriment de l'equity comme mode de financement des investissements et
de l'exploitation malgré les conflits d'intérêts mis
à plat par Jensen et Mecking (1976)6(*). Nous avons vu exploser le financement par effet de
levier ou LBO7(*) soit en
anglais « leverage buy out », opération consistant
à lever une forte dette par rapport à l'equity en proportion
minimale de 80/20. A titre indicatif, les transactions LBO en Europe sont
passées de 8 milliards d'euros en 2004 à 182 milliards d'euros
en 2007. La dette y relative a augmenté pour la même
période en Europe de 204 milliards de dollars en s'affichant à
280 milliards. Pendant cette période, la dette a financé aussi
bien l'exploitation, l'investissement que les distributions de dividende, les
rachats d'actions et les LBO primaires, secondaires et tertiaires pour ne
s'arrêter que là. C'est ainsi que les fonds d'investissements du
genre LBO France, Blackstone et KKR ont perçu dans ce type de montage
des opportunités de levreger et cumuler de la liquidité du fait
du mécanisme des remontées de cash de la cible vers la holding,
aspect que nous développerons dans la 1ère partie.
A compter de l'été 2007, la crise des subprimes
a déclenché l'alerte de la crise systémique et
explosé la bulle du crédit. On a constaté de façon
progressive à la suite des principes comptables de fair value, les
dépréciations des actifs financiers des institutions
financières grevant de ce fait leurs résultats et le niveau de
leurs fonds propres. Cette phase a été caractérisée
par l'augmentation de l'aversion au risque et une méfiance sur le
marché interbancaire et donc un resserrement des flux de crédit
aux entreprises. On a constaté en effet les dettes LBO s'effondrer en
2008 à 51 milliards de dollars et les transactions à 48 milliards
d'euros. Au vue du caractère systémique de la crise et pour
assurer sa fonction de régulateur, les Etats et les banques centrales
ont intervenu pour financer le crédit interbancaire et garantir les
dépôts afin d'éviter dans un 1er temps le
phénomène Northenrock à l'anglaise et au second plan
éviter l'assèchement des crédits à
l'économie. On peut citer le plan Paulson pour une garantie à
hauteur de 700 milliards pour les banques aux USA et 380 milliards pour la
France.
Dans ce contexte, nous nous sommes posé les questions
suivantes :
· comment le banquier se comporte pour refinancer les
entreprises sous LBO, trouver des partenaires pour la syndication, prendre
sinon subir le risque de se faire éjecter du pool bancaire ou encore
subir l'entrée d'un schéma de financement industriel et,
· comment le banquier suit-il le risque y afférent
afin d'éviter le défaut dans l'esprit du nouvel accord Bale
II8(*) ?
Pour répondre à cette question, nous avons
d'abord adopté la démarche consistant à approcher
l'étude en expliquant le mécanisme des LBO et le principe de
création de valeur, d'expliciter la structure de la dette émise
pour levreger et les conditions y afférentes.
Après, nous mettrons en relief le montage d'un dossier
LBO argumenté pour le comité de crédit d'une banque.
Ensuite, nous baliserons les conséquences de la crise
de confiance interbancaire actuelle (et ses origines) et ses
conséquences sur le financement des opérations LBO. Nous finirons
par réfléchir sur les différentes pistes
d'améliorer les instruments d'aide à la décision d'octroi
de crédit. En effet, nous ne pouvons terminer cette étude sans
nuancer les conséquences actuelles de la crise sur le financement LBO.
Enfin, cette réalité nous amènera
à tester la juxtaposition de cette donne à d'autres
régions du monde susceptibles d'être touchées par cette
mutation partant du principe que les mêmes causes produisant les
mêmes effets.
2. Les LBO
Par LBO ou « leverage buy out », il faut
entendre l'acquisition d'une entreprise par un ou plusieurs fonds
d'investissement ou private equity, financé majoritairement par la dette
et à condition que le coût de la dette soit inférieur
à la rentabilité désirée des investisseurs9(*). Le recours à la dette
incite l'entrepreneur à faire l'effort pour honorer ses engagements.
Avec le contra de dette, « l'emprunteur devient un ayant droit
résiduel pour le revenu supérieur à la valeur faciale de
la dette »10(*)
. C'est l'approche incitative à l'effort pour dans un contrat de dette
et ce à condition de minimiser les conflits d'agence entre entrepreneur
et actionnaire externe.
2.1.
Contexte
Rappelons que les opérations de LBO venues des USA ont eu
pour objectif à la base :
ü la transmission des entreprises suite à des
problématiques de droit de succession,
ü le recentrage des industriels sur leur coeur de
métiers et de ce fait la cession des activités jugées par
ces derniers non stratégiques.
Mais suite à l'évolution de l'économie et
à une conjoncture favorable au niveau des taux d'intérêt
sur le marché financier et monétaire, d'autres motivations ont
drainé le marché des acquisitions par la dette parmi lesquelles
on peut citer :
ü la mutation dans l'industrie bancaire à travers le
développement des activités de financement, d'Asset Management,
des hedges funds ou d'autres nouvelles branches de la banque. L'objectif
principal consiste à rechercher de façon permanente et
progressive l'EVA11(*).
ü La course au ROE12(*) ou return on equity devant surperformer la
rentabilité désirée des investisseurs.
La clé de voûte de ce montage réside
dans :
· Le coût de la dette qui doit être
inférieur au coût moyen pondéré des capitaux et donc
au ROE.
· L'efficacité de la théorie des mandats et,
· La bonne gouvernance couplée avec la
création de valeur dans l'opération.
2.2. Le Montage
L'opération de LBO est structurée par la
création d'une holding ou société de fait qui s'endette
pour acheter une autre société appelée cible. Cette
société cible appartenant à la holding fera remonter
tout le cash issu de l'exploitation au niveau de la holding. Cette
dernière s'en servira pour payer les intérêts de la dette
et le capital (suivant la structure de la dette) à terme.
Les fondamentaux de la société cible ne change pas.
Seule la structure financière et le style de management
diffèrent.
Avec Vcp = valeur des capitaux propres et Vd = valeur de
la dette.
En ce qui concerne la composition des ressources stables, on
peut constater une prédominance de la dette par rapport aux fonds
propres. Par contre pour le style de management, c'est le retour en force des
managers financiers sachant optimiser la capacité de la cible à
rendre l'exploitation et les actifs de l'entreprise très liquide
(amélioration des rations de liquidité, mobilisation des
créances accroissement de la liquidité et la cessibilité
des actifs patrimoniaux. Ces compétences sont nécessaires pour
dégager suffisamment du cash-flow à remonter au niveau de la
holding pour faire fonctionner le montage.
A la place du fond d'investissement, on peut avoir le
management.
2.3. L'intérêt du montage
A titre de rappel, la réussite d'une opération de
rachat par effet de levier doit remplir trois conditions
essentielles:
· La capacité de la cible à
dégager des cash-flows disponibles pour rembourser la dette et les
intérêts,
· L'investissement d'une équipe
dirigeante motivée et compétente,
· La
possibilité d'augmenter la valeur de la cible :
ü en interne par synergies sur les coûts, la
restructuration, l'innovation et la création nouveaux couples
produits/marchés...
ü en externe par la croissance externe, la cession d'actif
ou par fusion.
On compte trois niveaux d'intérêts pour cette
opération :
· Le levier financier : lorsque la
rentabilité économique de la cible est supérieur au
coût de l'argent sur le marché monétaire ou financier, il
est préférable pour un repreneur de financer l'acquisition de la
cible par de la dette que par apport en capitaux. Le cash flow qui seront
dégagés par l'exploitation de la cible seront remontés au
niveau du holding et permettrons de rembourser le capital et les
intérêts de la dette. A l'inverse, on a un effet dit de massue
détruisant la valeur créée. Ce qui peut être
résumé dans la formulation de l'effet de levier qui suit :
rf = Re + ? (Re-i)*D/CP avec
rf = rentabilité financière (ou des capitaux
propres),
Re = rentabilité économique, i = taux
d'intérêt
D = dette et CP = capitaux propres
Il est possible d'introduire de l'endettement à
plusieurs niveaux, soit dans les différents holding
intermédiaires (de moins en moins fréquents), soit directement,
à titre personnel, par les repreneurs pour constituer leur apport. Cette
pratique permettra de démultiplier le levier financier à chaque
niveau où sera logée la dette.
· Le levier fiscal : Grâce à la
mise en place d'une société holding, le nouveau groupe (Holding
et cible) va pouvoir bénéficier, s'il en fait la demande et s'il
répond aux conditions réglementaires (détention d'au moins
95%)13(*), du
régime d'intégration fiscale. La mécanique permet une
économie d'impôt équivalente au taux d'IS multiplié
par le montant des intérêts payés sur la dette
d'acquisition. Cette situation revient à dire que l'Etat subventionne le
montage d'acquisition à hauteur du montant déductible du service
de la dette pondéré de un moins le taux de l'impôt (1-IS).
· Levier juridique : D'un point de vue
juridique, le pouvoir appartient à celui qui détient au moins 50%
des droits de vote (majorité simple). Il suffit donc de détenir
50% de la cible et 50% du holding pour avoir les pleins pouvoirs. Cet effet de
levier peut être démultiplié par la mise en place d'une
succession de holdings « en cascade ». Il est également
envisageable de créer des droits de vote doubles au profit des seuls
repreneurs.
Les moyens supplémentaires pour assurer le montage LBO.
En effet, la détermination du prix de vente des actions constitue
fréquemment un point crucial mettant en péril la conclusion
même de la vente. Pour éviter l'impasse, les parties disposent de
plusieurs moyens :
· Le paiement
différé : Il s'agit, pour le vendeur, d'accepter un
différé de paiement partiel ou total. Cependant, sa
créance sur l'acquéreur est certaine et n'est donc, en principe,
soumise à aucune condition ou aléa (le risque de non paiement
peut être couvert par une caution bancaire). Les modalités de
paiement sont définies dans l'acte de cession et le transfert de
propriété a lieu au moment de la signature du contrat.
· Le crédit vendeur : le
vendeur peut accepter qu'une partie du prix soit transformé en
prêt en faveur du holding tête de groupe. Cette disposition est
souvent formalisée en bonne et du forme par un contrat.
L'intérêt principal pour l'acquéreur est d'impliquer le
vendeur. En effet, en cas d'échec de l'opération d'acquisition,
celui-ci aura peu de chances de récupérer le montant de son
prêt. Pour le vendeur, il présente l'intérêt de
pouvoir vendre au prix souhaité mais en en facilitant le
règlement.
· Le complément de prix ou "earn
out" : dans le cas ou les parties n'arrivent pas à s'entendre
sur un prix, une des solutions envisageable pour aboutir à un accord est
la mise en place d'une clause de «earn out». Il s'agit de convenir
d'un seuil minimal de performance à atteindre par la cible pendant une
durée au-delà duquel toute performance supplémentaire
entraînera le versement, par l'acquéreur, d'un complément
de prix.
2.4. Les différents types
d'acquisition par la dette
Le principe reste le même dans son esprit sauf que les
acteurs ne sont pas les mêmes.
On distingue :
· Le LBO ou leverage buy out : c'est l'acquisition de
la cible par des fonds internes du capital de l'entreprise.
· LBI ou management buy in : l'acheteur vient de
l'extérieur du capital de la société (fonds de private
equity, fonds d'investissements ou les banques).
· LMBO : leverage management buy out :
acquisition de l'entreprise avec comme acquéreur les fonds et le
management existant. C'est le cas de Spie Batignolles dans le BTP avec
l'arrivée du fond Barcleys Equity.
· LMBI ou management buy in : idem que le LMBO mais
avec une nouvelle équipe dirigeante.
· BIMBO (Buy In management Buy Out) : le management
est mixte comptant des cadres dirigeants internes et externes à la
cible.
· LBU (Leverage Build-Up) : lorsque le but des
nouveaux actionnaires est de marier l'entreprise à d'autres
entités (par acquisitions) pour créer soit un pôle
d'activité soit des synergies industrielles.
2.5. Structure financière des
entreprises sous LBO
La théorie classique14(*) nous enseigne que l'entreprise doit disposer
suffisamment des ressources stables pour assurer la pérennité de
son exploitation. Le fond de roulement (FR) doit toujours financer totalement
le besoin en fond de roulement (BFR). Seule cette situation permet dans les
conditions normales du marché une trésorerie nette (TN) positive.
D'où la formule suivante :
TN = FR - BFR
Par fond de roulement, il faut entendre l'excédent des
ressources à long terme sur les emplois de même nature devant
constituer un matelas de sécurité pour assurer le risque de
faillite15(*) et donc
financer les besoins de l'exploitation. Le besoin en fond de roulement (BFR)
est le solde net entre les emplois et les ressources d'exploitation. C'est
aussi le complément de l'actif économique qui est
proportionné au cycle d'exploitation à moins d'un an16(*).
Selon l'analyse fonctionnelle, cette situation serait
l'idéal pour une entreprise nonobstant toute situation
particulière17(*).
Cette situation mérite toutefois d'être relativiser en fonction de
la nature de l'industrie à laquelle appartient l'entreprise.
En effet, suivant la structure de l'entreprise, son secteur
d'activité, on rencontre des situations très diverses et
variées. Certains secteurs d'activité par leur nature
dégagent de manière récurrente abondamment du cash. Ces
derniers financent de ce fait financer les emplois stables. C'est le cas des
hypermarchés dans la grande distribution. En revanche, certaines
industries fortement capitalistiques ont un BFR structurellement
négatif. Les entreprises de ce secteur doivent disposer des ressources
stables nécessaires pour financer toute variation du BFR.
C'est le cas de l'industrie aéronautique très
capitalistique où l'activité exige un fond de roulement
énorme pour financer le décalage de trésorerie entre
l'investissement nécessaire pour produire les avions et les
encaissements fractionnés issus des commandes clients.
Afin de s'inscrire dans une analyse dynamique de l'entreprise,
on peut écrire la formule de la trésorerie nette de la
manière suivante :
?TN = ?FR - ?BFR
Toute variation du BFR doit être proportionnée
à celle du FR pour assurer la stabilité de la trésorerie
nette. Si le FR évolue moins vite que le BFR, la trésorerie se
dégrade. La trésorerie nette est de ce fait en corrélation
négative du BFR.
En cas de croissance soutenue de l'activité, le BFR
évolue très vite suite à l'augmentation des
créances clients et des stocks et donc du CA. Cette variation exige,
comme nous l'avons dit précédemment, une évolution
proportionnée du FR pour assurer le financement de la croissance
à défaut de faire usage de la trésorerie passive
(découvert bancaire, ligne de spot...).
En cas de décroissance, le BFR a tendance d'abord
à se stabiliser pendant que le chiffre d'affaires décroit. S'en
suivra la baisse du BFR qui améliore la trésorerie nette dans
l'immédiat. La baisse du résultat d'exploitation induite par
celle du chiffre d'affaires fait baisser mécaniquement le FR. La crise
de trésorerie va suivre l'accumulation des pertes. Il faut à ce
moment pour suivre l'analyse classique soit arrêter si possible la baisse
du CA soit un coup d'accordéon.
Dans les deux cas, on doit assurer la perte de valeur qui se
traduit généralement au niveau de la liquidité et de la
solvabilité de l'entreprise.
Pour aller un peu plus loin dans la structure des ressources
à long terme, on peut distinguer les capitaux propres et la dette. Sur
le plan juridique et social, les créanciers externes à
l'entreprise ne peuvent pas prendre plus de risque que les actionnaires.
D'où le fameux ratio de l'indépendance financière ne
devant dépasser 1.
Mais dans le cas des LBO, la structure de la dette est
très atypique comme nous l'avons montré dans le chapitre
précédent. Nous pouvons citer à titre d'illustration les
cas d'acquisition par leverage suivants :
· IDEX : CP= 150 Mc contre DLMT = 850 M€,
· SYLVE INVEST : CP + contre DLMT =
· PAPREC :
· Groupe VIVARTE :
On constate la prédominance de la dette par rapport aux
apports en capital ; cette disproportion peut aller du simple au triple
suivant le secteur d'activité et la nature du montage.
Dans le cas de la société ci-après, aussi
bien le ratio brute que nette varie de 2 à 2.5 sur une norme de 1.
Il est certes vrai que certains contrats de dette sont
assortis des garanties de nantissement des titres sur la cible, sur les actifs
des nouveaux acquéreurs ou d'une caution bancaire. Cependant nous sommes
dans une situation atypique qui nous impose par souci de rationalité
d'analyser la structure de cette dette pouvant dépasser l'apport en
capital nécessaire pour acquérir la cible.
2.6. La structure de la dette LBO
La structure de la dette LBO revêt deux types de sources
de financement qui sont le capital et la dette. Dans les lignes de
capital et de la dette, on peut avoir plusieurs déclinaisons :
Ø Le capital : le principe
consiste à acheter une entreprise en apportant en capital un montant
inférieur à celui du capital de la cible. Le différentiel
est financé par la dette. Dans la partie du financement constituant le
capital, les fonds d'investissements incluent dans le package à proposer
au management des options assimilables au capital. Généralement,
il est proposé au management des entreprises sous LBO les options
suivantes :
ü Le sweet equity : c'est un avantage incitatif
offert au management afin de leur permettre d'augmenter leur part dans le
capital de la nouvelle entité en fonction des performances
réalisées. Parmi les moyens existants, on peut compter les
obligations convertibles, les bons à souscrire en actions (BSA), aux
comptes courants ou aux stocks options.
ü Le ratchet ou options de partage de survaleur : le
principe consiste fixer un ratio de création de valeur. Par exemple un
montant d'EVA18(*) de 500
K€ annuel. Lorsque le management surperforme l'objectif, le
différentiel est à repartir entre les différents
shareolders19(*) à
raison par exemple de 50-50.
On appelle EVA le résultat économique qui tient
compte non seulement du coût de la dette comme le fait le calcul du
résultat net, mais aussi du coût des capitaux propres. C'est donc
le niveau du résultat net à partir duquel la valeur est
créée pour l'entreprise.
A titre d'exemple, en 2007, l'EVA de carrefour a
été de 791 millions d'euros, Zara pour 1 022 millions
d'euros et Shell pour 11 865 millions d'euros (source Pierre VERNIMMEN,
ouvrage précité-page 985).
Ø La dette : le montant
global du financement peut être constitué pratiquement que de la
dette car les différentes parties prenantes au montage peuvent en faire
usage chacun à sa manière. Mais pour faire simple, supposons que
la dette ne soit tirée que par la holding personne morale. Elle peut
être composée de :
ü La dette senior : on parle de dette senior
lorsqu'on fait recours à un emprunt bancaire de 5 à 7 ans
spécifiquement consacré à une acquisition. On parle
souvent de tranches (annexe 1) :
§ A pour la partie amortissable,
§ B pour la partie in fine et,
§ de C pour la partie revolving.
ü La dette mezzanine vient compléter la
dette senior. Elle est souvent tirée sur 8 à 10 ans et son
remboursement est subordonné à celui de la dette senior. Elle
s'inscrit généralement dans la logique des prêts
océane20(*) ou
simplement des obligations convertibles classiques. Elle est naturellement
mieux margée que la dette senior.
ü Le prêt relais : prêt bancaire
mobilisable avant la fin du montage LBO et donc avant la remontée des
dividendes de la fille vers la mère.
ü Les dividendes : la remontée
exceptionnelle de ceux-ci peuvent permettre dans une certaine mesure21(*) financer l'acquisition de la
cible (autofinancement).
ü La cession d'actifs de la cible peut aussi
permettre dans une certaine mesure contribuer au financement de
l'opération.
Toutefois ces leviers ont une limite réglementaire suivant
les termes de la loi du 24/07/1966 qui exclut sous certaines
conditions les sûretés ou cautions consenties par la cible
à la mère, les avances ou prêts ainsi que les
mécanismes de fusion entre la cible et la mère.
2.7. La création de valeur des
entreprises sous LBO
Pour parler de la création de valeur sous LBO, il
convient d'abord d'analyser les fondamentaux de la cible car la question que
doit poser tout investisseur ou manager avant de s'investir dans un montage LBO
est de savoir si la cible est capable de rembourser la dette pendant la
durée de celle-ci qui sera en moyenne de 7 à 8 ans ?
2.7.1.1.
Les fondamentaux de la cible
Pour réussir l'opération de leverage, il faut
analyser aussi bien la cible (positionnement, management, outil de production,
la rentabilité...) que les conditions du montage.
Concernant la cible, l'analyse portera sur :
· Son positionnement : la position de leader ou
challenger est une situation appréciable. Il faut également
évaluer la sensibilité du secteur à l'environnement
(chiffre d'affaires en devise...), à la conjoncture (prix des
matières premières, du pétrole...). En somme, il est
très important d'effectuer l'analyse stratégique de la cible
à travers les cinq forces de Porter afin de vérifier si
l'entreprise occupe une position pérenne sur le marché sans
aucune dépendance.
· L'outil économique : s'assurer qu'il n'est
pas dans un état nécessitant des investissements de
renouvellement importants. Le taux d'usage22(*) permet d'évaluer cette situation. On peut
aussi affiner ce ratio en tenant compte de l'usage économique et pas
seulement comptable ainsi que de la valeur vénale des actifs
économiques. La cible dispose-t-elle des capacités de production
pour répondre et à quel coût à la croissance de
l'activité ?
· Le management : il doit être très
impliqué et particulièrement intéressé dans le
montage (très fréquent dans le LMBO) afin d'éviter les
conflits d'agence et assurer la réussite du montage.
· La cible doit être intrinsèquement de
bonne qualité et source de richesse. Pour ce faire, plusieurs
indicateurs sont à vérifier parmi lesquels :
o Un bon niveau des fonds propres par rapport à l'actif
économique (FP/AE),
o Le BFR ne doit pas être très lourd. Il peut
être calculé en jours de CA. Le nombre de jours du BFR correspond
au besoin de ressources nécessaires à son financement. Ce
financement induit des charges financières qui grèvent la
rentabilité financière et partant la CAF nécessaire au
remboursement de la dette LBO.
o La rentabilité d'exploitation ou le taux de
marge : évaluer le niveau de l'EBITDA23(*) par rapport au chiffre
d'affaires. C'est la véritable richesse dégagée par
l'exploitation de l'entreprise. Cette richesse doit être
récurrente pour que la cible ait toujours du cash pendant des
périodes de gap défavorable lié à la conjoncture ou
aux conditions du marché.
o La cible doit disposer entre autres des actifs facilement
cessibles et un portefeuille de créances mobilisables afin de couvrir
des périodes de crise de trésorerie et assurer de ce fait la
montée des dividendes vers la holding pour assurer le service de la
dette.
Au niveau du montage, il faut s'assurer que :
· Le prix de la cible soit cohérent avec la valeur
des entreprises du secteur. On fait souvent usage du PER ou price earning ratio
ou de la méthode des comparables. L'objectif est de modérer le
montant du goodwill ou survaleur.
· S'assurer qu'une partie du cash flow à remonter
vers la holding reste au niveau de la cible pour assurer les besoins de
fonctionnement.
· Assurer la couverture d'au moins 50% du montant de la
dette par un swap compte tenue du fait que la dette senior est souvent
contactée à taux variable. Pour ne pas s'exposer à la
hausse des taux, il est très prudent de souscrire un swap de taux our
couvrir la position. Il en est de même de la dette contractée en
devise.
· Mise en place des garanties telles :
o L'assurance homme clé,
o Le nantissement des titres de la cible,
o La clause d'ownership ou le maintien du pacte
d'actionnaire,
o La limitation e l'endettement
o L'usage de la clause pari passu sur la dette
o Le suivi des covenants : leverage (dette nette/ebitda),
gearing (dette nette/FP), ratio de couverture des fonds propres (cash
flow/service de la dette)...
· L'accord unanime des banques pour toute cession
d'actifs de la société. Cette clause est aussi appelée
« negative clause pledge ».
· La demande systématique de waiver ave l'accord
unanime des banques pour toute opération susceptible d'affecter la
rentabilité de la cible.
2.7.1.2.
La création de valeur dans les LBO
Rappelons que la politique de l'entreprise
« consiste d'abord à mettre en oeuvre des décisions
visant à maximiser le création de valeur pour les pourvoyeurs de
fonds et tout particulièrement pour les
actionnaires »24(*).
Quand on parle de création de valeur, il convient de
préciser pour qui cette valeur est -elle créée ? Tous
les acteurs au sein de l'entreprise sont en fait concernés par cette
création de valeur qu'il faut évaluer.
On évalue très souvent la création de
valeur suivant deux méthodes :
· La méthode de la rentabilité
Cette méthode consiste à comparer la
rentabilité économique de l'entreprise (Re) et la
rentabilité désirée (Rd) par les investisseurs.
o Lorsque Re > Rd, il ya création de valeur et la
différence est appelée EVA ou Economic value Added.
o Lorsque Re = Rd, il y a ni création de valeur ni
destruction de valeur.
o Par contre lorsque Re < Rd, il ya destruction de valeur
(voir tableau ci-après) :
· La méthode d'évaluation fondamentale ou
actualisation de cash flow :
On actualise les flux de cash flow dégagés par
l'entreprise. Le taux d'actualisation est le coût moyen
pondéré du capital (CMPC) ou WACC25(*) dont la formule est la suivante :
CMPC = WACC = i * ( D/ [CP+D]) + Re * ( CP /
[CP+D])26(*).
Avec D= dette et CP= capitaux propres.
Pour les fonds d'investissement, acquéreurs des
entreprises c'est la valeur de l'entreprise qui importe et à ce titre,
ce sont les flux de cash avant déduction des intérêts de la
dette qui sont actualisés. On parle alors de la méthode de
« free cash flow on the firme » ou FCFF.
Lorsque l'investisseur recherche la valeur de son actif, il
est préoccupé par la valeur des fonds propres dans lesquels il
détient un titre de propriété. Ce qui l'importe, c'est la
valeur es capitaux propres. On actualise dans ce cas les flux de cash
après déduction des intérêts de la dette. C'est
l'actualisation des « free cash flow on the equity » ou
FCFE.
Sur le principe même de la dette et de l'actualisation
par le WACC, on peut juste constater que si la condition du levier financier
est remplie ie si Re > i, alors la pondération de la dette au taux
d'intérêt fera mécaniquement baisser le WACC comme le
montre le tableau ci-après schématisé dans l'annexe 2.
Par la technique de l'actualisation, la baisse de WACC fait
augmenter la valeur de l'entreprise. Ce qui reviendrait à penser que
dans un secteur d'activité précis comme le bâtiment et les
travaux publics, une entreprise comme Spie Batignoles sous LBO créerait
plus de valeur que ses concurrents par le simple fait de sa structure
financière. L'affirmation est un peu simpliste car le coût des
fonds propres d'une entreprise sous LBO est plus élevé que celui
d'une entreprise du même secteur mais moins endettée. En effet, le
coût de faillite est en corrélation positive avec le niveau de la
dette. C'est pour cette raison que la rentabilité exigée par les
fonds LBO est très élevée pour ces genres de montage afin
d'anticiper le coût de faillite lié au niveau de la dette et les
taux de risque du marché de façon générale.
La lecture du tableau ci-haut dans les deux sens est
très révélatrice. En effet, le niveau de l'endettement
très élevé au montage du LBO est compensé par celui
du coût du capital exigé. Durant la durée de vie du LBO, le
gearing27(*) de la cible
s'améliore du fait du remboursement de la dette senior et le WACC baisse
mécaniquement. Le coût de faillite inclut dans le coût des
capitaux propres à l'inverse diminue. On peut donc oser penser que le
WACC moyen tout au long du LBO n'est pas significativement différent de
celui d'un WACC normatif du secteur.
Le principe de création de valeur dans l'entreprise au
sens du WACC et de l'émission de la dette nous rappelle juste la
théorie financière sur la structure optimale du capital de Franco
Modigliani et Merton Miller (1958). Ces derniers affirmaient comme
indiqué dans les précédents chapitres que la structure
financière d'une entreprise n'a pas d'impact sur sa valeur.
Ce postulat a été très critiqué
dans la pratique. Lorsqu'il s'agit de la rentabilité financière,
il est inéluctable à moyen terme qu'elle est boostée par
l'effet de levier de l'endettement du fait de la déductibilité
des intérêts de la dette.
Il se pose alors la question de l'évaluation de cette
création de valeur fiscale. La méthode usuelle du WACC et donc du
discounted cash flow (DCF) ne permet pas d'appréhender avec
fiabilité la valeur de l'entreprise sous LBO pour des raisons
suivantes :
· l'économie fiscale liée à la
déductibilité des intérêts de la dette est prise en
compte dans le calcul de la valeur de l'entreprise via le WACC,
· l'approche par le WACC suppose que le niveau de ce
dernier est constant alors que la dette LBO comme nous l'avons vu
précédemment baisse progressivement du fait de l'amortissement de
la dette senior.
Pour palier à ces limites d'utilisation du WACC comme
taux d'actualisation de cash flow afin de déterminer la valeur de
l'entreprise, on fait usage de plus en plus à la méthode
d'adjusted present value ou APV.
Cette méthode consiste à évaluer
l'entreprise en supposant qu'elle est dans le 1er cas
financée totalement par fonds propres. On actualise les impôts
théoriquement payés. Mais à quel taux ? Le même
problème est reposé. On peut prendre le coût de
l'endettement pour suivre Modigliani et Miller (1963), le WACC ou le coût
des capitaux propres.
Le coût de l'endettement semble la plus vraisemblable et
la plus simpliste car la valeur de cette économie d'impôt
reviendrait à la valeur de la dette pondérée au taux de
l'impôt soit :
Valeur de l'économie d'impôt = valeur de
la dette X taux d'imposition.
L'actualisation de la valeur économique de
l'impôt trouvée ne peut se faire au taux du WACC pour des raisons
de ses limites évoquées ci-haut. Dans la mesure où
l'économie d'impôt résulte de l'endettement et qu'au final
cette économie reviendrait normalement aux actionnaires, il est normal
et logique que qu'elle soit actualisée au taux exigé par les
actionnaires qui n'est autre que le coût des capitaux propres.
La valeur trouvée est l'économie d'impôt
actuelle. On mesure ensuite l'avantage fiscal de la dette par la
différence entre l'impôt théorique que paierait une
structure entièrement financée par fonds propres et l'impôt
effectif calculé après déduction des intérêts
de la dette du LBO. (plan d'amortissement de la dette réelle).
Ce modèle n'est vrai que lorsque l'entreprise
restera bénéficiaire et qu'elle ne bénéficie pas
d'autres exonérations (report des déficits, modification des taux
d'impôts...).
Avec cette méthode, on peut mesurer la création
de valeur résultant de l'impact fiscal relative la
déductibilité des intérêts de la dette. Ceci est
très distinctif que d'inclure le levier fiscal dans le taux
d'actualisation comme dans méthode du WACC.
Cette méthode permet à juste titre de constituer
un outil d'analyse devant permettre de fixer le prix à payer par un
investisseur en capital lors d'un montage LBO. Il sert aussi d'instrument
d'arbitrage aux investisseurs face à plusieurs opérations de
financement par LBO.
Toutefois, le principe de création de valeur pour
l'entreprise nécessite plusieurs interrogations. Il est certes vrai que
les entreprises sous LBO ont réalisé courant 2007 des
performances supérieures à la moyenne en France.
En effet, selon une étude du journal LE POINT28(*) portant sur un
échantillon des entreprises sous LBO en 2006 et 2007, on
constate que :
· Le chiffre d'affaires des entreprises LBO a
augmenté de 5,6% en moyenne annuelle contre 2,5% pour les grandes
entreprises et 0,7% pour les entreprises moyennes. Cette croissance est
liée à 73% à l'accroissement des effectifs et pour 27% aux
gains de productivité.
· Les effectifs ont augmenté de 4.1% au sein des
entreprises sous LBO contre 0.6% en moyenne au niveau des entreprises
classiques.
· Les salaires ont connu une croissance de 3.3% sous LBO
contre 2.% au niveau de la moyenne des entreprises classiques.
· La formation professionnelle a connu une progression de
2.3% sous LBO contre 1.6% au niveau des entreprises classiques.
· Le taux d'échec ou de faillite ressort à
1.5% pour les entreprises sous LBO contre 4.7% au niveau national.
Mais cette création de valeur est à relativiser
car elle doit profiter à tous les acteurs à participants à
la bonne marche de l'entreprise.
Généralement (y compris pour les entreprises
sous LBO) les limites suivantes sont parfois relevées :
· La création de valeur ne tient pas compte des
coûts d'externalités (coût de pollution pour les industriels
par exemple),
· Le montage s'inscrit dans un horizon moyen terme (6
à 10 ans durée moyenne d'une dette senior ou mezzanine). Dans
cette horizon, très peu d'investissements à long terme ne peuvent
être envisagés, l'objectif étant la remontée massif
du cash vers le holding. L'objectif du LBO entre autre consiste à
maximiser le ROCE29(*). Or
ce dernier se calcule en réduisant l'EBIT30(*) après impôt du
montant de l'actif économique soit :
ROCE = EBIT * (1-IS) / Actif
économique
Avec : IS = taux d'impôt et Actif
économique = Immobilisations nettes augmentée de la ?BFR.
Le fait d'augmenter les investissements permet de baisser le
ROCE ce qui est loin d'être l'objectif des managers des entreprises sous
LBO. On peut comparer la répartition entre le capital et la main
d'oeuvre dans les entreprises sous LBO et on constatera que le capital prend de
moins en moins la place au détriment de la main d'oeuvre. C'est le cas
aux USA, pays où les opérations de montage LBO ont une longue
histoire. Cette réalité valide le cour-termisme31(*) de la stratégie LBO.
Elle peut relancer l'analyse marxiste portant sur l'origine de la
création de valeur au sein de l'entreprise entre le capital et la main
d'oeuvre.
· Le principe de la déductibilité des
charges d'intérêt n'est pas de nature à profiter à
l'Etat. Au contraire, c'est assimilable à une subvention
(équivalente à la valeur de l'APV) au montage LBO.
· Les actionnaires ont certainement une
rentabilité économique supérieure au coût de la
dette, mais au prix d'une renonciation partielle aux dividendes car le cash
doit servir en priorité à rembourser les intérêts de
la dette et l'amortissement de la tranche senior.
· Le coût de faillite n'est pas totalement
intégré dans le calcul de la valeur de l'entreprise. D'où
la formule de la valeur de la cible plus exhaustive comme suit :
· Le gain de productivité des salariés
très souvent moins associés au package des options assimilables
au capital proposé au top management se fait au prix d'une pression
psychologique entretenant un mal être au travail. Cette
réalité est mis au relief dans les rapports annuels des CHST.
· Enfin toutes projections de montage LBO ne tient pas
compte des retournements de conjoncture, de modification systémique de
la structure économique, de l'erreur de surévaluation de la
cible, des conséquences néfastes de LBO secondaires et tertiaire
voir quaternaire. On peut citer à titre d'exemple le cas de l'entreprise
SUBLISTATIC dans le Nord Pas de Calais. Elle a connu trois LBO en 1991 avec un
LMBO (90% des salariés et l'équipe dirigeante rachète
l'entreprise à hauteur de 51.5%, le CREDIT LYONNAIS et d'autres
investisseurs prennent le reste). Ce 1er LBO est très
rentable au regard des résultats dégagés et du bilan
social.
En 1994, le fonds Europe Capital Partners rachète
l'entreprise pour 8.5 fois son prix de 1991. Enfin quand Acland reprend le
3ème LBO, le fond est déjà prudent au
départ. Il met 20 millions d'euros pour 40 millions de dette. Mais la
suite a été la fermeture de l'entreprise suite à la
concurrence chinoise pour certains, erreur d'anticipation pour d'autres.
· A cela nous pouvons aussi ajouter des
conséquences de l'application des nouvelles normes comptables IFRS. Ces
règles ont modifiées fondamentalement la perception de la valeur
de l'actif au prix du marché. Ce qui permet également d'augmenter
proportionnellement la valeur du goodwill ou survaleur. Nous ne
développerons pas davantage cette optique afin de rester focaliser sur
l'aspect LBO et refinancement bancaire.
Pour en revenir, toute entreprise que ce soit la très
petite entreprise (TPE), les PME (petites et moyennes entreprises) et PMI
(petites et moyennes industries) ou la grande entreprise du CAC 40 a besoin de
fonds pour alimenter sa croissance. Si elle ne dispose pas des occasions
d'arbitrage sur les cessions d'actifs afin d'avoir de la trésorerie,
l'entreprise doit lever des fonds ou faire recours à l'endettement. Nos
avons vu que les créanciers n'apporterons les ressources que si la
rentabilité exigée est supérieur à toute
alternative de placements (taux sans risque ou livret A, obligations
d'Etat,...).
Tandis que la grande entreprise dispose des liquidités
et actifs devant servir de collatéral au crédit afin de
s'approvisionner sur le marché obligataire avec un spread de
crédit conforme à son profil de risque, les PME/PMI/TPE vont se
soumettre à des contrôles draconiens relatifs à son
financement, de la pression de son management et de l'asymétrie de
l'information entre entreprise et investisseur final.
Le secteur bancaire réduit considérablement
cette asymétrie au même titre que la théorie des mandats au
sein de l'entreprise. L'enjeu est d'autan plus important lorsque l'entreprise
se trouve très endettée.
Nous allons maintenant voir comment la banque traite les
questions de refinancement des entreprises sous LBO en partant du financement
de l'exploitation - de la mise en place des lignes de financement court termes
- à l'allocation des ressources aux des projets à court et moyen
termes.
3. Financement des entreprises sous
LBO
3.1. Politique du crédit au sein de la DDE-CADIF
La politique du crédit au sein de la DDE du CADIF
exprime une volonté de développement commercial basée sur
la conquête maîtrisée et rentable de la relation avec le
client.
Par maîtrise, il s'agit de fidéliser le client
à travers une conquête des flux32(*) traités. Ils sont moins rentables mais
permettent au client d'être fidèle à la banque.
Par rentable, il faut entendre une relation de partenariat
sans pour autan perdre de l'argent. Il s'agit de la politique de prix des
services offerts à la clientèle.
La conquête de la clientèle requiert
l'implication de tous les collaborateurs de la DDE. Il ne s'agit pas de vendre
un service, mais plutôt de vendre la banque toute entière avec la
conjugaison des synergies à tous les niveaux.
Les chargés d'affaires, assistés de
chargés d'affaires juniors sont donc chargés d'établir des
relations complètes, durables et proposer l'ensemble des produits et
services sur un mode de conseil. Etant des généralistes de la
Banque, ils sont assistés des experts métiers pour établir
tout au de l'année, des propositions pertinentes en phase avec les
besoins du client.
Les axes de développement de la relation commerciale
reposent sur deux éléments majeurs :
· la recherche des nouveaux clients,
· le développement de l'activité existante,
base de la fidélisation clientèle.
Dans les produits proposés aux clients, on peut
distinguer :
· les crédits (bilatéral,
syndiqués...),
· les flux (traitement des salaires...),
· l'épargne salariale et la gestion du patrimoine
du top management,
· les produits bancaires (ELS, certificats, liaisons
informatisées, crédit bail, affacturage, échanges
internationales, crédit documentaire...)
Le directeur de secteur est le 1er responsable de
la réalisation de ses objectifs fixés au Chargés
d'affaires par la Direction.
Plusieurs outils permettent aux chargés d'affaires
d'assurer le pilotage commercial. On peut citer en exemple OSCARE pour le
pilotage commercial, CARENE pour la mesure de la rentabilité et PACIR
pour la planification des visites clients.
L'action commerciale doit être certes dynamique. Mais
elle doit respecter scrupuleusement les aspects réglementaires et
juridiques (Bale II, Code bancaire et monétaire, le code du
marché des intermédiaires financiers...).
3.2. Politique de risque de la DDE
La règle consiste à rechercher des contreparties de
qualité qui présentent une bonne visibilité à 3-5
ans. Le business doit avoir un couple produit/marché présentant
des bonnes perspectives de croissance et de rentabilité.
Sur la forme, l'autorisation doit toujours
précéder l'utilisation. Le passage en comité est
obligatoire dès qu'il ya modification d'un élément
essentiel du contrat (exemple : le montant, l'emprunteur, la durée,
les garanties...).
Les entrées en relations sont réservées
à une catégorie des entreprises respectant une norme de rating.
Le crédit agricole n'exclut aucun financement
d'opérations à une contrepartie jugée de qualité.
Le principe de gestion du risque consiste à veiller au niveau des
encours et à couvrir au maximum les encours des clients moins bien
notés. En ce qui concerne les PMI/PME, il convient de rechercher
activement si possible la garantie OSEO lorsque la note est jugée peu
satisfaisante.
La réglementation bancaire a fixé à 25%
des fonds propres le plafond des engagements bruts hors Foncaris ; au
CADIF cette limite a été ramenée à 20% des fonds
propres de la caisse régionale. Par contrepartie, le CADIF tient compte
de la taille de l'entreprise cliente et de la qualité de la relation
dans l'évaluation des milites. Par exemple, il peut être
fixé comme limite des autorisations à hauteur de un mois de
chiffre d'affaires. Au-delà de cette limite, la caisse serait
amenée à syndiquer tout dépassement avec les autres
entités du groupe (Calyon, LCL, les caisses régionales et
OSEO33(*) en
co-financement ou en garantie. Cette limite peut être revue lorsqu'il ya
apport de collatéral du genre hypothèque.
Il peut être portée une attention
particulière à un secteur d'activité, une industrie
lorsque la conjoncture ne s'y prête malgré le risque de se faire
éjecter dans la relation.
3.3. Politique de risque des entreprises sous LBO
La cible du CADIF est l'entreprise présentant une bonne
visibilité à terme et très peu capitalistique. Certains
secteurs (les SSII, les éditeurs de logiciels ...) n'inspirent pas
confiance pour le financement des LBO en raison des mutations et des
perspectives de croissance soutenue dans ces secteurs d'activités.
En plus des fondamentaux que la cible est censée
remplir, la cible doit disposer :
· De la capacité de générer des
revenus récurrents,
· D'une diversité dans la gamme des produits mis
sur le marché.
· D'un poste client non mobilisé avant le montage
de l'opération,
· Des lignes de crédit confirmées et non
tirées.
L'apporteur doit être de 1er plan, l'objet de
la cession précisée et la moralité des vendeurs
indiscutables. Le prix d'acquisition doit se trouver dans la fourchette basse
de sorte à minimiser le niveau du goodwill pris en charge par
l'actionnaire.
Le niveau de leverage (dette nette/EBITDA) doit être
inférieur à 4.9 et compris entre 2.5 et 4 et les fonds propres et
quasi-fonds propres doivent comprendre une part importante de fonds propres
« durs ».
Le CADIF apprécie particulièrement les tranches
seniors amortissables parce qu'elles permettent de baisser progressivement le
niveau des encours contrairement aux tranches « bullet ».
3.4. Financement des lignes de crédit LBO
Les entreprises sous LBO sollicitent deux catégories de
financement :
· les lignes destinées à financer le court
terme à travers les lignes de spot, de découvert bancaire et de
billet à ordre.
o La ligne spot
o Le découvert bancaire
o Le billet à ordre
· Les lignes de financement à moyen terme :
o Les « stand buy » et,
o Les prêts moyens termes.
En plus de ces lignes, la vrai problématique consiste
à refinancer la dette LBO que nous traiteront en fin de partie III de
notre étude.
3.5. Les éléments du dossier de crédit
Cette partie nous permet d'appréhender le processus
d'engagement de la banque au profit des entreprises. Elle nous permettra de
mieux saisir les risques liés aux financements des entreprises et de
proposer des solutions consistant à réduire voir gérer en
bonne intelligence les risques probables.
3.6. Le niveau des encours
Par encours, il faut entendre l'ensemble des lignes de
financement octroyées par la banque au client et qui ne sont pas encore
totalement remboursées (annexe 7).
Avant toute demande de crédit, la
1ère opération à faire consiste à
évaluer le niveau de ses encours sur l'entité demandeuse et
éventuellement sur le groupe auquel il appartient.
3.6.1. Le groupe de risque
La réglementation bale II exige d'avoir une gestion
sans ambiguïté des groupes de risque. En cas de mise en
défaut, des règles spécifiques s'appliquent quant à
la contagion du défaut dans un groupe de risque.
Lorsqu'on parle d'un groupe avec plusieurs filiales, le groupe
de risque est constitués normalement des filiales emprunteuses dont la
mère ou tête de groupe peut ou ne pas être lient CADIF.
Au crédit agricole, les entités sont retenues
dans l'ensemble appelé « groupe de risque » si la
société mère, dûment identifiée, en assure un
contrôle exclusif (consolidation en intégration globale). Le
contrôle exclusif résulte de l'un des critères
suivants :
· consolidation en intégration globale,
· détention directe ou indirecte de la
majorité des droits de vote dans une des entreprises,
· La société mère désigne
les membres des instances de direction d'une autre entreprise et avoir au moins
40% des droits de vote sur cette entreprise. Elle doit être l'actionnaire
majoritaire dans le capital de cette entreprise.
· Exercice d'une influence dominante statutaire ou
contractuelle sur une entreprise.
· Existance d'une dépendance économique
entre la société consolidante et l'entreprise. Par
dépendance, on entend une relation matérialisée par une
caution ou un contrat tacite tel que la défaillance de l'un entrainerait
systématiquement celle de l'autre.
La société mère dûment
identifiée est la tête du groupe de risque. En cas de joint
venture, la tête du groupe de risque est l'entité qui en assure la
gestion.
Au CADIF, le périmètre d'application du groupe
de risque est validé par le comité des engagements de la banque
ou ses délégataires. La consolidation des autorisations et
encours se réfère de ce fait au périmètre du groupe
de risque.
On peut être amené à rencontrer trois cas
de figure :
· Groupe disposant des comptes consolidés et
client de la banque : la tête de groupe est l'entité qui
consolide au plus haut niveau du groupe.
· Groupe avec comptes consolidés mais dont la
tête de groupe n'est pas cliente de la banque : la consolidante au
plus haut niveau reste la tête de groupe mais elle est traitée
comme prospect.
· Groupe non formalisé et n'ayant pas de comptes
consolidés : l'entité de groupe non consolidante et au plus
haut niveau est la tête de roupe. A défaut, il faut rechercher des
liens de dépendances économiques pour déterminer la
tête de groupe.
Le groupe de risque est matérialisé par une
fiche qui récapitule tous les éléments juridiques du
groupe de risque (annexe 3). Il est géré par le chargé
d'affaires qui l'actualise de façon régulière.
Sans information pour des sociétés n'appartenant
à aucun groupe, il faut rechercher des informations sur tout support
officiel ou solliciter les directions financières des dites
sociétés. Il est aussi conseiller de consulter BATICA,
système de notation du groupe Crédit agricole.
3.6.2. La
notation
En général, la notation est l'attribution d'une
note synthétique à une contrepartie pour résumer à
travers un code la qualité et le prix du crédit d'un
émetteur. La note est issue d'un processus d'évaluation plus
quantitatif que qualitatif. Cette notation est généralement
effectuée par des agences de notations (Moodys, Stand & Poor's,
Fitch...) et les institutions spécialisées (COFACE, Banque de
France...) qui en assurent la diffusion publique.
Ce processus peut aussi être mené en propre au
sein d'une banque. A la différence de la notation par un tiers, la
notation interne de la banque est une information privée. Elle sert
à assurer une cohérence dans le traitement interne des dossiers
de crédit des emprunteurs. Elle permet également de gérer
l'aléa moral, la relation bancaire avec le client de rendre pertinente
la prise de décision au comité de crédit.
Au crédit Agricole d'Ile de France, le processus de
notation est issu d'un système de saisie et de retraitement de
l'information financière du groupe crédit agricole appelé
ANADEFI. C'est un outil dans lequel on saisie les informations comptables et
financières de l'entité demandeuse de crédit. Pour les
comptes sociaux, tous les retraitements (crédit bail, part à
moins d'un an des emprunts...) sont effectués par ANADEFI. Ce dernier
fait ressortir après quelques retraitements34(*), le bilan, le compte de
résultat et le tableau de trésorerie. ANADEFI calcule
également certains rations (rotation de stock, délais
fournisseurs et clients...), le fonds de roulement (FR), le besoin en fonds de
roulement (BFR), la trésorerie nette et la capacité
d'autofinancement nécessaires à l'analyse des performances de
l'entreprise demandeuse.
Mais de prime abord ANADEFI est un outil qui permet
d'attribuer une note à la contrepartie après avoir saisie les
informations financières, sociales et juridiques de l'entreprise. La
partie quantitative de l'outil représente 80% de la note et le
questionnaire qualitative 20%.
La note qui ressort peut prendre toutes les valeurs de A+
à Z (tableau ci-après) :
A chaque note est attribuée une probabilité de
défaut laquelle permet d'apprécier le niveau d'exposition de la
banque sur les engagements consentis. Les notes F et Z illustrent
l'entrée en défaut des contreparties.
L'annexe 5 définie le niveau de risque, la
probabilité de défaut associée et met en relief la
concordance avec les systèmes de notations des agences Moody's et S
& P ainsi que celui de la Banque de France.
Par défaut, il faut entendre au sens de Bale II le
risque de défaillance à un an. Il concerne entre autre :
ü les doutes sur la capacité de l'emprunteur
à rembourser,
ü l'existence des impayés,
ü les procédures collectives et,
ü les clients en CDL (clients douteux litigieux).
La mise en défaut d'une entité entraine par
contagion celui des entités du groupe de risque par actualisation de la
notation. L'exception peut être portée lorsque l'effet de
contagion émane de la filiale non consolidante. Le juge de paix de la
mise en défaut en cas de doute sera les dires d'expert.
La notation de la contrepartie doit intervenir dans les six
à neuf mois suivant la publication des comptes annuels sans
dépasser quinze mois d'antériorité.
Au sein du groupe crédit agricole, la règle
suivante régit la responsabilité de la gestion de la note des
contreparties : « l'établissement qui a le plus
d'engagement sur la contrepartie est RUN (responsable de l'unicité de la
note) de cette contrepartie. Ce qui revient à dire que c'est à
lui que revient la gestion de la note. Celle-ci est à actualiser en cas
de nécessité et sans dépasser une
antériorité de 18 mois. L'outil servant d'interface dans la
gestion de la dite note au sein du groupe Crédit Agricole s'appelle
BATICA35(*).
Concernant les entités sous LBO, il existe une de
notation particulière. Elle est compatible avec les nouvelles
dispositions Bale II relatives à la prise en compte des
déclinaisons de la dette d'acquisition (dette senior, junior,
mezzanine). L'algorithme de calcul de la grille LBO tient également de
la répartition du pool de fonds36(*) entre la dette et les fonds propres, du niveau de la
ligne de financement ainsi que des lignes « in fine ». Une
attention particulière est aussi portée au niveau de la
dépendance économique entre la tête de groupe et la filiale
dans la notation. En effet, il est fortement recommandé par la Direction
Risque du CADIF au chargé d'affaires de mettre en relief dans la gestion
de risque de contrepartie le degré de cette dépendance à
travers le niveau d'intégration (annexe 5). On distingue quatre niveaux
d'intégration en fonction de l'importance de la filiale dans le
groupe :
· L'intégration totale lorsque la filiale est
très dépendante et réciproquement,
· L'intégration forte
· L'intégration moyenne
· L'intégration faible ou non significative
lorsque l'entité est marginale par rapport au groupe.
II convient de signaler que lorsque la note attribuée
à la tête de groupe impactera celles des filiales comprises dans
le groupe de risque. La règle qui est intégrée dans
l'algorithme de calcul établit fait qu'une filiale ne peut être
mieux notée que sa mère. Lorsque la tête de groupe n'est
pas un holding consolidant, on calcule séparément les notes des
filiales. Ces notes sont ensuite pondérées de sorte à
trouver une moyenne qui sera la note de la mère. Par processus habituel,
on actualise les notes des filles en fonction de la note pondérée
trouvée.
3.6.3. L'analyse
financière des comptes
Elle a pour objectif de retrouver au delà des chiffres
la réalité économique de l'entreprise. Le but n'est donc
pas de faire seulement une analyse descriptive et factuelle de la situation de
l'entreprise. Il consiste à avoir une démarche prospective de
sorte à prévoir ce qui pourrait être la situation et
besoins de l'entreprise à moyen terme.
Pour l'actionnaire, l'analyse financière des comptes de
l'entreprise lui permet de vérifier comment l'entreprise est capable de
créer de la valeur. Il est intéressé par la valeur des
capitaux propres. On peut assimiler cette approche à la méthode
d'évaluation FCFE que nous avons abordé ci-haut.
Pour le fonds d'investissement, l'analyse financière
lui permet d'évaluer d'abord l'entreprise c'est-à-dire la valeur
de cession donc le capital et la dette. C'est une vision plus vaste que celle
de l'actionnaire. On assimilerait cette vision en termes d'actualisation des
flux, de la méthode FCFF.
En ce qui concerne le créancier, ce qui
l'intéresse dans l'analyse financière, c'est la capacité
de l'entreprise à rembourser ses dettes. C'est plus les aspects de
solvabilité au sens large et de liquidité stricto sensu qui sont
mis en priorité.
Mais en analyse financière, il n'y a pas de processus
spécifique suivant qu'on ait affaire aux uns comme aux autres. Les
actionnaires et les prêteurs (sans exclure les investisseurs) vont se
retrouver au final devant le tableau de flux qui met en relief pour les
créanciers la capacité de l'entreprise à rembourser ses
dettes et pour les seconds la trésorerie disponible, pilier de toute
valeur37(*). En effet, les
deux notions sont liées car une entreprise qui crée d la valeur
sera solvable alors que, toute chose étant égale par ailleurs,
celle qui en détruit aura inexorablement des problèmes de
solvabilité.
L'analyse financière devrait donc reconstituer,
analyser et projeter le comportement économique et financier de
l'emprunteur afin de gérer de façon optimale la relation
économique basée sur l'octroi de crédit à long
terme.
Le chargé d'affaires s'interroge sur les aspects
suivants :
· l'activité de l'entreprise : croissance du
chiffre d'affaires (croissance organique ou croissance externe),
· la rentabilité : maîtrise des
consommations intermédiaires, proportionalité entre le chiffre
d'affaires et les charges d'exploitation, l'optimisation du besoin en fonds de
roulement (BFR).
· le cash flow : le niveau de la capacité
d'autofinancement et la gestion des leviersy relatifs.
· La structure financière : vérifier
si l'entreprise dispose des marges de manoeuvre pour se financer,
apprécier le niveau d'endettement ou de désendettement (pour les
LBO).
· L'évolution des actifs et la politique
d'investissement : maintien, développement de l'outil de production
ou désinvestissement ? Changement de DAS38(*) ou diversification !
· La structure d'exploitation : de l'analyse des
cinq forces de Porter39(*)
aux besoins de financement de l'entreprise (corrélés à
l'activité ou à l'environnement).
Le chargé d'affaires procède également
à la comparaison des rations de l'entreprise avec ceux du secteur
d'activité afin de positionner l'entreprise par rapport à son
secteur : est-elle performante ou pas par rapport à la moyenne du
secteur ?
Cette analyse comparative est certes très
révélatrice de la santé financière par rapport
à ses concurrents, mais elle a une limite qui consiste à la
comparer par rapport à une moyenne fictive. En effet, la moyenne du
secteur est une pondération statistique qui ne saurait s'identifier
à une structure économique.
La problématique du chargé d'affaires dans cette
démarche est de savoir si la banque doit financer ou pas l'entreprise un
tel. Cette décision est présentée au comité de
crédit de la banque sur dossier de crédit qui reprend
l'historique de l'entreprise et de la relation, l'analyse et le suivi des
comptes annuels, les faits marquants, le suivi de l'utilisation des lignes de
crédits si elles ont été mises en place, ainsi que toutes
informations utiles pour apprécier avec intelligence la situation de la
contrepartie en demande de financement.
3.6.4. La
constitution du dossier de crédit
C'est le dossier central dans une demande d'octroi de ligne de
financement. Il est instruit par le chargé d'affaires qui
présente l'entreprise, effectue un diagnostic complet de la situation
de l'entreprise aussi bien sous l'angle risque que commercial.
Dans le cas où la société emprunteuse
appartient à un groupe, le dossier est présenté en deux
parties :
· le dossier groupe contenant une analyse de toute les
activités par lignes de métiers du groupe. Il met en
évidence la stratégie du groupe, la politique d'investissement,
la gestion de la trésorerie et les modes d'intégration des
filiales qu'il détient.
· Le dossier de crédit de l'entité
emprunteuse dans lequel il sera analysé les comptes sociaux en tenant
compte du niveau d'intégration et du profil risque par rapport à
la tête de groupe. L'analyse et le diagnostic sera fait uniquement et de
façon plus approfondie que le dossier groupe, au niveau de la ligne de
métier concerné.
Le dossier de crédit est donc composé :
· le récapitulatif des encours du groupe et de
l'entité (voir annexe 6),
· si possible les engagements des autres banques sur la
contrepartie emprunteuse,
· la fiche note issue d'Anadefi et la note Batica,
· la présentation motive de l'objet de la demande
du client,
· la fiche de présentation de l'entreprise (statut
juridique, capital, effectif, actionnariat...),
· la présentation de l'activité et des
produits,
· l'analyse du marché et la stratégie de
l'entreprise,
· l'analyse financière de l'entité (ou du
groupe) en termes d'activité, de rentabilité, de cash et de
structure financière,
· Le reporting et les prévisions des années
à venir.,
· le justificatif de la demande : c'est le
résumé en quelque sorte de la demande de crédit. Il motive
la demande de crédit, met en exergue l'intérêt de la mise
en place du financement, rappelle les performances de PNB et de flux, expose
brièvement le bilan de la relation et les conditions de financement.
C'est la partie maîtresse du dossier de crédit qui est d'ailleurs
lu en 1er par les membres du comité de crédit.
Au CADIF, le dossier de crédit passe en
pré-comité le mardi de la semaine. Sous réserve de l'avis
favorable du pré-comité, le dossier passe en comité des
engagements le mercredi de la semaine. Le comité peut accorder, modifier
ou refuser la demande de financement. Une fois la demande accordée, le
dossier transite par plusieurs services avant le tirage des fonds par
l'emprunteur.
3.7. Le passage en comité et le traitement du dossier
Le dossier de crédit est matérialisé par
un exemplaire unique du dossier de crédit. Cet exemplaire
accompagné de la délibération du comité des
engagements constituent la base juridique de l'engagement et ce avant la
rédaction du contrat de prêt.
Cet exemplaire unique transite par le service juridique de la
banque pour établissement du contrat de prêt. Le contrat de
prêt est ainsi rédigé en bon et du forme. Le contrat est
établit en trois exemplaires. Après la signature des
différentes parties au contrat, ce dernier est envoyé aux
services des impôts pour enregistrement. C'est normalement à ce
moment que le contrat est transmis au back office pour la mise en place de la
ligne pour tirage.
Une attention particulière est portée sur le
niveau des encours et le rythme de remboursement des entreprises sous LBO.
Cette attention est plus forte lorsque les entreprises emprunteuses
concernées sont dans les secteurs en forte corrélation avec la
conjoncture. C'est le cas actuellement du secteur de l'immobilier et des
transports.
3.8. Les risques bancaires
Dans le fonctionnement normal de l'entreprise, celle-ci est
soumise au risque économique et au risque financier. Par risque
économique, on entend la sensibilité du résultat
économique à une variation du niveau de
l'activité40(*). On
peut dire en d'autre terme que le risque économique correspond à
l'élasticité du résultat économique par rapport au
point mort.
Le risque financier apparait lorsque l'entreprise s'endette.
C'est la variabilité de la rentabilité des capitaux propres par
rapport à la rentabilité économique. Plus le ratio
dette/capitaux propres est élevé plus le risque financier est
important. Il est différent du risque de faillite qui n'est autre que
l'impossibilité pour l'entreprise d'honorer ses engagements.
Dans le cas actuel, il ne s'agit pas du risque organique de
l'entreprise mais plutôt du risque auquel la banque est confrontée
dans sa relation l'emprunteur. Quel est le risque que court une banque quant
elle renouvelle ses lignes de crédit, met en place des nouvelles lignes,
augmente le niveau de ses encours encore refinance sa dette LBO ? Le
même problème auquel un établissement de crédit est
confronté est de savoir si elle finance ou pas l'opération, va
-t-il se retrouver à passer une provision pour perte ou encore
sera-t-il serein de la capacité anticipée de la contrepartie
à payer ses dettes ? L'objet de cette étude n'est pas de
passer en revue toutes les catégories des risques bancaires. Nous allons
nous atteler après avoir expliciter les différents types de
risque bancaires, à mettre en exergue ceux pour lesquels la banque
estime être très important à piloter pour gérer le
niveau d'endettement des entreprises sous LBO et éviter de ce fait le
défaut préjudiciable pour la banque.
On distingue :
· Le risque de contrepartie : c'est
le risque probable de voir l'emprunteur dans l'incapacité de ne pas
rembourser sa dette. Il dépend de la nature des engagements :
o La mobilisation des créances est par exemple moins
risquée que les crédits de trésorerie,
o Le crédit à court terme est moins
risqué que le prêt à moyen ou long terme,
o La garantie réduit le niveau de risque,
Certains ratios permettent de piloter et éventuellement
prévoir ces risques. Il s'agit du taux de créances
douteuses41(*) et du taux
de provisionnement des créances douteuses.
· Le risque de liquidité :
c'est un risque inhérent à l'activité de
l'intermédiation ; il se manifeste par l'impossibilité de la
banque à honorer ses engagements du fait du décalage
d'échéances entre les emplois (prêts octroyés) plus
long que celles des ressources (dépôts...). C'est le cas pratique
de Northen Rock en Angleterre en 2008.
· Le risque de marché :
c'est le risque lié à l'évolution défavorable des
conditions du marché. Il en existe trois sortes : le risque de
taux42(*), le risque de
change43(*) et le risque
de position44(*).
· Le risque
d'insolvabilité : il intègre tous les risques que
nous venons de mettre en relief. C'est l'aboutissement d'une série
risque que la banque n'a pas pu gérer.
3.9. Les risques bancaires liés au renouvellement des
lignes de crédit
Comme nous l'avons dit précédemment, dans la
relation banque et entreprise, les risques de contreparties et de marché
(au sens marginal) du CADIF sera étudié.
Le risque de contrepartie repose sur le diagnostic
financier de l'emprunteur, analyse contenue dans le dossier de crédit.
Cette analyse ne se limite pas seulement aux comptes annuels, mais
s'élargie à la politique de développement de l'entreprise
emprunteuse, sa stratégie, l'analyse du marché, son secteur
d'activité et les prévisions de croissance.
L'analyse financière du banquier-chargé
d'affaires porte sur la liquidité, la capacité de dégager
de la CAF45(*) pour
couvrir les engagements à court terme (ligne spot, ligne de
découvert...) ; la structure de financement, l'optimisation d BFR
pour des besoins longs.
Les dispositions de Bale II permettent de calculer ce risque
de contre partie par la méthode IRB avancée :
EL = PD * EAD * LGD
Avec :
PD = probabilité de défaut, c'est la
probabilité annuelle pour qu'une contrepartie fasse
défaut.
EAD = le montant de l'exposition de la contrepartie au
moment de la défaillance,
LGD = c'est le montant de la perte en cas de défaut
(garantie y compris).
Le risque de défaut de la contrepartie sera
constitué de la sommation des différents niveaux de défaut
par client.
Au-delà de la prise en compte du risque de
contrepartie, il est recommandé au chargé d'affaires de baisser
le niveau des encours toutefois que cela est possible. C'est ainsi que toute
opération en devise se voit souvent adossé une ligne de
couverture de taux ou de change.
Toujours dans l'optique de baisser le niveau des encours et
mutualiser le risque sur engagement, le CADIF est souvent amené à
procéder à :
· la syndication intra-groupe crédit agricole. Il
permet de partager le financement de la ligne avec d'autres caisses
régionales avec l'accord du client ou non,
· la syndication extra-groupe qui s'opère souvent
en pool bancaire et parfois sur invitation du client. Un agent ou chef de file
est nommé pour coordonner la levée des fonds.
La syndication extra-groupe permet non seulement de baisser le
niveau d'exposition au risque du groupe crédit agricole, mais aussi et
surtout de limiter l'engagement en fonds propres afin de disposer dans le futur
de marges de manoeuvre pour répondre aux besoins du marché.
Au CADIF, il existe une norme en pourcentage du chiffre
d'affaires en termes d'engagements par groupe de risque. Cette norme serait
revue à la baisse pour les entreprises sous LBO.
En effet, on constate que les banques deviennent plus
vigilantes aux niveaux des encours et au rythme d'amortissement des lignes de
financement des entités sous LBO.
4. Crise financière et LBO
4.1. Dynamique et
encours des opérations LBO
L'AFIC46(*) et PricewaterhouseCoopers ont réalisé
une étude en octobre 2007 sur les opérations liées au
capital investissements. Cette étude, publiée dans la revue
fusion et acquisition de novembre-décembre 2007, montre que les
investissements réalisés au premier semestre 2007 sont en hausse
par rapport au premier semestre 2006.
La décomposition de ces chiffres nous indique les
déclinaisons ci-après :
· En investissements d'amorçage,
o Investissements = 272 millions d'euros (+28.9% par rapport
à S1-2006),
o Nombre d'entreprises = 227 contre 162 en 2006.
· En investissements de développement,
o Investissements = 574 millions d'euros (+36% par rapport
à S1-2006),
o Nombre d'entreprises = 271.
· En transmission LBO,
o Investissements = 5.5 milliards d'euros (+42.8% par rapport
à S1-2006),
o Nombre d'entreprises = 227 entreprises accompagnées.
On peut donc constater que les opérations LBO
représentent 86% du total des investissements et enregistrent la plus
forte progression (+42.8%).
Les investissements de LBO ont aussi enregistré le plus
fort taux de retour sur investissement soit 16.3% contre par exemple 4.5% pour
les transactions de venture capital (voir tableau ci-après) :
Cette tendance est restée soutenue au deuxième
semestre 2007. En effet, une étude47(*) de Barclays Equity publiée en août 2008
indique que les transactions LBO ont augmenté de 4% en 2007. L'article
récuse l'arrivée à maturité du marché des
LBO et confirme à juste titre que les entreprises sous LBO sont bien
créatrices de valeur.
Selon Eric Pierre, associé chez Corporate Finance de
GRANT THORNTON, le manque de statistiques ne permettait pas de confirmer la
dynamique de création de valeur pour les firmes sous LBO (partie 1 du
présent mémoire). L'étude de l'AFIC confirme qu'à
échantillon comparable, les entreprises sous LBO ont affiché une
croissance de 7% nettement supérieur à la moyenne des entreprises
françaises. Il en est de même du nombre des embauches (voir
chapitre sur la création de valeur sous LBO-partie 1).
Le taux de croissance de 4% constaté en 2007 (tableau
ci-dessus) dissimule une tendance baissière des transactions LBO. En
effet, on constate des signaux d'affaiblissement entre le 1er
semestre 2007 et le 2ème semestre 2007 sur trois tranches.
Entre 206 et 2007, la tendance est au développement des
transactions LBO < 75 M€ qui enregistre une croissance de 21%. Cette
tranche de deals mobilise moins de ressources et donc est moins
risquées48(*). La
baisse en volumes est moins forte qu'en valeur (près de 67% selon
Barclays Private Equity) à cause de la chute des méga-deals.
Le taux de réalisation annuel des transactions LBO en
Europe au premier semestre 2008 a été de 25% soit 48 milliards
d'euros au 30/06/2006 pour 182 milliards d'euros en 2007.
Par contre, les fonds disposent de 1 300 milliards de
dollars (dont plus de 260 milliards de dollars pour l'Europe Continentale) de
fonds levés entre 2006 et la fin du premier semestre 2008.
Cette situation est loin d'être un paradoxe dès
lors qu'on a apprivoisé le mécanisme du leverage buy-out. Le
vrai problème actuel des fonds ne réside pas dans la
liquidité, mais plutôt dans le risque de marché et le
niveau de rentabilité. L'aversion au risque étant croissant par
rapport à la situation actuelle, on assiste à un mouvement de
dévissement des financements à effets de levier (fuite des grands
investisseurs en dette à haut rendement-mega-deals).
En effet, au mois d'octobre 2008, « seulement huit
(8) acquisitions à effet de levier de plus de 1 milliard de d'euros ont
été conclus en Europe contre quarante cinq (45) il ya un
an »49(*).
En France, deux de ces acquisitions ont été
réalisées (Converteam et Cegelec avec comme acquéreur le
fonds souverain Qatari Diar. Concernant les transactions de plus 100 millios
d'euros, 8 acquisitions ont été signées en 2008 contre 51
en 2007 (source : center of management buy-out recherch).
Sur les opérations plafonnées à plus de
10 millions d'euros, on assiste maintenant à une montée en charge
des banques régionales et des fonds de dette mezzanine. En tête de
peloton, on trouve courant 2008, la Bred Banque populaire et la Banque Palatine
pour 12 millions d'euros chacune de financements octroyés et le groupe
CIC pour 11 millions d'euros.
Ces petits montants trouvent vite les financements parce
qu'ils ont un équivalent risque tolérable et ne
nécessitent pas suffisamment de fonds propres pour les banques
prêteuses. Ce type de financement ne dégrade pas notablement le
ratio prudentiel bancaire des banques prêteuses compte tenue de la faible
mobilisation en valeur des ressources de financement. En effet, la
réglementation Bale II exige que le ratio de couverture des engagements
bancaires ne soit inférieur à 6-8% contrairement au paysage
actuel (voir page suivante et annexe 9).
Par rapport à cette situation, le niveau des encours de
dettes LBO s'affiche en baisse en 2008 sur les trois continents comme le montre
le tableau et graphique ci-après :
On assiste aussi à une cession des dettes LBO par les
banques aux fonds d'investissements. Le prix de la dite dette se retrouve
parfois lors de la cession au dessous du pair. L'objectif poursuivi est
d'externaliser le risque d'une part et d'améliorer le niveau de fonds
propres de l'autre (même philosophie que la titrisation).
A titre indicatif, rappelons que la réglementation de
Bale exige que tout engagement d'une banque auprès d'un tiers (sous
réserve de la qualité50(*) de ce dernier, nous faisons abstraction des
différents degrés de pondération) pour un montant de 100
euros, la banque doit disposer sur la base du ratio Cooke51(*) d'au moins 8 euros de fonds
propres. La réglementation européenne dans le cadre des accords
de Bale II a fixé le minimum de ce ratio à 6%. Le seuil de
confiance nécessitant un ratio Tier-1 était à 10%. Les
banques au regard du niveau de leurs ratios (tableau ci-après) devraient
lever selon Anne DRIF52(*)
pas moins de 130 milliard d'euros (19% de leur capitalisation boursière)
pour augmenter leurs fonds propres.
Cette situation illustre bien la manifestation des
conséquences de la crise financière actuelle.
4.2. Origine et
manifestation de la crise financière
« Imaginez une règle tenue
verticalement sur votre doigt : cette position très instable
devrait conduire à sa chute, au moindre mouvement de la main ou en
raison d'un très léger courant d'air. La chute est liée
fondamentalement au caractère instable de la position ; la cause
immédiate de la chute est, elle, secondaire » disait
Didier Sornette, 2002.
Beaucoup de prévisions économiques et
financières d'avant l'été 2007 tablaient sur une
croissance mondiale soutenue en 2007 et 2008. Les experts du Fond
monétaire international (FMI) l'ont confirmé en avril 2007 tout
en soulignant la volatilité récente des marchés
financiers53(*).
Quelques mois avant la crise financière liée aux
subprimes qui éclate en août 2007, le marché est loin
d'annoncer le ralentissement mondial et le risque financier des actifs
adossés aux crédits hypothécaires, mais plutôt un
ralentissement non systémique de l'économie américaine. Il
en est de même du risque financier. L'augmentation relative de la
volatilité semblait normale compte tenu du niveau faible du coefficient
bétha54(*) d'alors
très faible mais aucune raison n'était avancée quant
à cette augmentation de la volatilité.
Quand la crise éclate en août 2007, elle commence
d'abord par la crise hypothécaire aux USA. C'est un marché
modeste avec des disparités suivant les Etats. On le chiffre à
près de 1000 milliards de dollars contre 20 000 milliards de
capitalisation boursière américaine et 60 000 milliards de
dollars de patrimoine des ménages américains.
Les raisons de la propagation des effets de ce
« small » portefeuille en crise systémique mondiale
ont été mis en relief dans le rapport précité dont
les différentes étapes majeures sont :
Ø L'aspect macro-économique
Le dérapage vers une dynamique de contagion
systémique peut s'expliquer sur le plan théorique par deux
approches complémentaires:
· Le paradoxe de la tranquilité de
l'économiste américain Hyman Minsky (1970). Ce dernier a
établit que les crises de surendettement surviennent quand tout va bien
dans l'économie. Les agents économiques profitent de la
croissance et des taux d'intérêts bas pour emprunter parfois au
delà du raisonnable. Lorsqu'il ya retournement de conjoncture surtout
pour des raisons de politique monétaire, l'endettement vire
mécaniquement au surendettement.
· Le paradoxe de la crédibilité des
économistes Borio & Shim (2007) qui soutiennent que le succès
de la lutte contre l'inflation renforce la crédibilité des
banques centrales. Compte tenu de la liquidité abondante sur le
marché (excédent commercial des pays émergents et de la
Chine...), le rendement obligataire devient très faible du fait de la
baisse de la prime de risque (annexe10). Se faisant, les banques via leurs
lignes de métiers de banque d'investissements et d'assets management se
sont mis à la recherche de la rentabilité à travers
l'usage des innovations financières très agressives (fonds
dynamiques, produits de spéculations...).
Les points de convergence des deux paradoxes cités
précédemment sont le surendettement des agents économiques
et la course à la rentabilité des institutions
financières.
Ces dernières ont ainsi affichées ces
dernières années des performances économiques sans
précédents. Cette logique économique a conduit les
différents acteurs du marché financier dans un cercle vicieux.
Comme le dit Irving (1933) : le « choc de productivité
booste la croissance qui aliment les anticipations positives des profits et
donc soutien aux investissements qui sont financés par le
crédit »55(*). Dans le cas d'une expansion excessive du
crédit, le crédit a pour régulateur l'inflation,
bête noire des régulateurs centraux. Pour y remédier, les
banques centrales ont fait usage du taux d'intérêt directeur en
l'augmentant et par conséquent le coût du crédit aux agents
économiques.
Ø L'aspect micro-économique
On peut compter deux dysfonctionnements majeurs :
· Les exigences de rentabilité
A partir de l'année 2000, la bourse était en
berne. Les actifs risqués chutaient pratiquement sur le marché.
Le constat empirique et validée par la théorie financière
a observée que la chute des actifs risqués se traduit
généralement par la hausse des actifs non risqués56(*). Mais ce principe n'a pas
été respecté pour des raisons macro-économiques
évoquées ci-haut. D'une part, les fonds d'investissements d'une
part ont cherché d'autres relais de croissances pour satisfaire les
exigences de rentabilités des investisseurs (parmi lesquels les LBO, la
titrisation...). D'autre part les banques (y compris les hedges funds) en
concurrence accrue ont accéléré le développement
des produits innovants, développé davantage les activités
des produits dérivés et structurés et
dévissé les conditions de prêt du fait de la concurrence.
· L'assouplissement des conditions de
prêts
L'activité bancaire est procyclique en fonction de la
conjoncture et du niveau des taux d'intérêt. Lorsque les taux sont
bas, le crédit est accessible et bon marché et inversement. C'est
ainsi qu'à partir de 2000, le crédit était bon
marché (graphique ci-contre). Pour capter davantage les flux, les
banques n'ont pas hésité à faire élaborer des
stratégies très offensives (trois 1ère
années à taux fixe et après passage au taux variable, le
différé de l'amortissement du capital...) envers la
clientèle en ratissant large vers une niche, celle des
« subprimes » autrement dit les ménages très
modestes lesquels ne remplissent pas les conditions de prêts
traditionnelles.
Cette niche a été exploitée en surfant
abusivement sur des dispositions législatives américaines (comme
Française d'ailleurs) consistant à encourager l'accès
à la propriété des ménages modestes. Les courtiers
de crédit étant payé à la commission et les banques
ont fait exploser le portefeuille de crédit dans leur course à
l'appât du gain. Ceci a été fait au détriment de la
qualité de la contrepartie emprunteuse. La dette globale
hypothécaires est passée de 200 milliards de $ en 2002
à 645 milliards de $ en 2006 dont 23% des subprimes57(*).
Rappel :
Aux USA (idem en UK) contrairement en France et en
Allemagne, la plus grande partie de la dette immobilière est
octroyé à taux variable. La solvabilité de
l'acquéreur n'est pas déterminée seulement en fonction de
son patrimoine et revenu avant l'acquisition de l'objet du financement
demandé, mais plutôt et surtout en fonction de la valeur du bien
à acquérir, ce dernier servant de collatéral à
l'achat. L'emprunteur a la possibilité d'emprunter davantage au
même rythme que le bien acheté prend de la valeur, la tendance
à la baisse n'étant pas garantie.
Au 2ème semestre 2006, on assiste au
dégonflement de la bulle immobilière aux USA.
Le cycle du crédit à taux bas arrivant à
saturation comme nous l'avons souligné ci-haut, la FED58(*) utilise son levier
monétaire pour contenir l'inflation en augmentant son taux
d'intérêt directeur passant de 1% à 5%59(*). Les ménages
emprunteurs à taux variable ont vu leur remboursement exploser du fait
de la corrélation positive entre le montant à rembourser
(principal et intérêt) et le niveau des taux. Par la loi de
l'offre et de la demande (offre étant très supérieur
à la demande), la valeur des biens immobiliers se sont mis à
effondrer. Le collatéral de la dette perdant progressivement de la
valeur, les institutions financières prêteuses ont
été contraintes au vue de l'augmentation des taux de
défaut (annexe 11) de saisir les biens portés en garanties (les
maisons) pour limiter la casse. Dans une seconde étape, ils ont mis la
pression pour exiger des remboursements à ceux qui pouvaient encore
payer.
Les emprunteurs à taux fixe désirant garder
leurs résidences ont eu en revanche durant cette crise
l'opportunité de refinancer leur prêt et gagner le
différentiel de taux à travers plusieurs leviers de la dette
(durée du prêt, montant des échéances...). Cette
possibilité ne s'est offerte qu'à ceux qui à la conclusion
de leur prêt, le taux de leur prêt bancaire était
supérieur au niveau des taux pendant la crise. Mais le nombre des
emprunteurs faisant partie de cette catégorie était et est encore
très marginal (dixit Etudes Calyon).
Ø Les pratiques financières à
haut risque
Une des innovations majeures (1970) de l'industrie
financière venue des Etats-Unis d'Amérique et qui a
été exporté dans le monde entier c'est la
titrisation60(*). Elle a
été amplifiée et soutenue par la mondialisation de
l'économie, l'interconnexion et l'interdépendance des
marchés financiers à travers le monde.
La logique de la titrisation consiste à transformer une
créance en un titre pouvant faire l'objet d'une transaction.
Généralement la titrisation consistait à transformer les
prêts bancaires traditionnellement illiquides en titres
négociables sur le marché par le biais d'un véhicule
d'investissement appelé SPV61(*) lequel finance cette acquisition par émission
des titres sur le marché de la dette (annexe 12). L'originateur de la
dette peut aussi si elle le souhaite garantir le risque du portefeuille
titrisé par un CDS (crédit default swap) tout en assurant la
liquidité par la tranche équity. Nous ne développerons pas
cet aspect de la titrisation qui n'est pas le coeur de notre sujet.
Cette technique ne semblait présenter que des avantages
parmi lesquels on peut citer :
· la réduction de la vulnérabilité
du système par la mutualisation du risque de crédit entre
plusieurs investisseurs,
· l'élargissement de la gamme des produits
financiers pour les investisseurs et,
· l'économie en fonds propres pour les banques et
établissements de crédits par le mécanisme de sortie
d'actifs cédés de leurs bilans et ce conformément aux
règles prudentielles Bale II.
La titrisation comme nous l'avons vu concernait initialement
les prêts hypothécaires d'où l'appellation de Mortgage
backed securities (MBS). Rapidement, son champ d'activité a
été élargi à d'autres classes d'actifs tels les
crédits automobiles, les prêts étudiants, les encours de
cartes de crédits... On parlera alors d'Asset backed securities (ABS).
Dans la même logique que les produits dérivés, on a
assisté à une explosion des produits dans cette industrie. Les
encours des titrisations ont été doublés de 1996 à
2007 (graphe ci-après) :
On a constaté une relation entre le niveau
d'endettement des ménages et celui des encours de titrisation,
particulièrement les encours des ABS en très forte hausse (annexe
13) : l'endettement des ménages aux USA est passé de
4 500 milliards de dollars en 1996 à plus de 13 000 milliards en
2007 pendant que celle des ABS a atteint des proportions très
importantes passant de près de 3 milliards de dollars à plus de
10 000 milliards de dollars pour la même période.
Lorsque la clientèle classique des prêts dite
« prime » a commencé à fléchir, les
prêteurs se sont mis à courtiser la clientèle la moins
solvable ou « subprimes » à l'aide des formules
commerciales défiant toute concurrence. Comme les prêteurs, les
intermédiaires du crédit et les investisseurs sont à la
recherche des rendements élevés, on s'est retrouvé dans un
cercle vicieux. La technique financière devant servir à
transférer le risque vers ceux qui en sont moins averse a conduit les
prêteurs à le négliger. L'illustration évidente de
cette parodie est la montée au même moment des encours de
prêts liés aux subprimes et des taux de défaut.
Les investisseurs malgré cela ont acheté les
CDO62(*) issus de
l'émission de la dette titrisée parce qu'ils avaient un bon
rating (note financière). Les agences de notation qui étaient
à la fois conseil des banques dans le montage des produits
structurés et institutions de notation indépendantes ont
attribué à ces actifs des notes alignés très
souvent à des actifs sans risques. C'est pourquoi ces actifs ont pu
aussi être vendus à des institutionnels, des fonds, des
collectivités locales...
Ces produits ont ainsi permis de booster les performances
bancaires (par effet de levier) des branches investissements, asset management
(ou gestion des fonds) et fonds spéculatifs (hedges funds...). On peut
citer à juste titre en exemple la société
générale qui a vu son ROE63(*) croître très vite depuis 2003 avant de
chuter de 22 points en 2007 en raison de la crise et de l'affaire
Kerviel64(*).
Source : Website Société
Générale
Rappelons que la hausse des taux
d'intérêt a fait suite à la montée des encours de
crédit et avait pour but de réguler au niveau de l'inflation
comme nous l'avons souligné. Les emprunteurs ont subi dans cette hausse
du coût de l'argent une augmentation de leur niveau de remboursement du
fait des intérêts de la dette. S'en est suivi la baisse des prix
dans l'immobilier alors que le bien financé par emprunt servait de
collatéral aux prêteurs.
Les ménages les plus modestes ont été de
plus en plus nombreux à ne plus pouvoir rembourser leur prêt et
voir leur maison saisie. La baisse des prix et les échéances
impayées sur prêts ont entrainé la chute des titres
adossés à ces crédits. Etant titrisés et
cédés en cascade, les risques que les banques estimaient s'en
débarrasser se retourne contre les émetteurs de titres avec des
conséquences systémiques. Le déclic de la crise fût
alors donné par la faillite de deux fonds de Bear Stearns en juin 2007
déclenchant de ce fait la crise. Au niveau Français, on a
assisté à la fermeture des fonds chez BNP Paribas et ODDO &
Cie.
Les banques se mettent à déprécier
à tour de bras des actifs susceptibles d'avoir des subprimes comme
sous-jacent.
Les différentes étapes de la crise des subprimes
sont résumées à l'aide du schéma
ci-après :
Source : Conseil
d'analyse économique
4.3.
Conséquence bancaire de la crise
La crise financière a affecté les
résultats des banques à plusieurs niveaux :
ü Hausse des défauts des emprunteurs immobiliers
principalement aux USA, en Grande Bretagne et en Espagne,
ü L'intégration dans leur bilan des CDOs que les
SVP n'ont pas pu vendre65(*).
ü Le cout de recapitalisation des banques du fait de la
réintégration des actifs sortis suite à la titrisation. De
ce fait, les banques se doivent de trouver des fonds propres alors que le
risque intrinsèque bancaire ne fait que croître.
ü L'arrivée des fonds souverains dans le capital
des banques (GSIC66(*) est
entrée en décembre 2007 dans le capital à terme de UBS)
qui n'a pas calmé la dépréciation des valeurs
bancaires.
Les estimations sur le niveau des pertes à subir par
les banques ne cessaient de prendre des proportions
inquiétantes comme le montre le tableau ci-après:
Les pertes subies par les banques (tableau ci-dessous) suite
aux dépréciations d'actifs ont entamé leurs fonds propres
et aggravé à court terme l'assèchement de la
liquidité. Il s'en est suivi le risque à court terme de la
contraction de l'offre de crédit et son corollaire qui n'est autre que
la baisse du niveau de l'endettement.
4.3.1.1.
Augmentation du coût de la liquidité
Avant de parler de la liquidité, il nous parait utile
d'éclaircir cette notion. La liquidité peut prendre trois
dimensions :
· La liquidité des actifs est la facilité
avec laquelle ils peuvent être convertis en numéraires sans perte
de valeur. C'est la logique du plan comptable français qui consiste
à classer les actifs bilanciels par degré de liquidité
croissante.
· La liquidité du marché est la
possibilité d'acheter ou de vendre sur un marché un actif sans
influence notable sur leur prix et leur volatilité. C'est le cas des
titres sur le marché secondaire67(*) boursier. On dira par exemple que le titre d'une
entreprise du CAC40 est plus liquide que celui d'un titre coté sur le
nouveau marché.
· Sur le plan monétaire, c'est la quantité
d'actifs nécessaires pour assurer l'intermédiation afin de
financer l'économie de façon optimale.
Notre analyse portera plus sur la liquidité
monétaire qui est corrélé au financement des
entreprises.
Pendant que la liquidité macro-économique
continue à croire, il se pose le problème de la crise de
liquidité interbancaire. L'un des facteurs majeur à l'origine de
la crise est la baisse de la valeur des actifs utilisés en garantie et
le mécanisme de contagion (annexe 14). Ce dernier a occasionné un
enchainement non récurent : les actifs non performants étant
dans un panier de deals pour constituer un actif synthétique a fait
disparaitre ou déprécier une quantité considérable
des actifs dont la plus part étaient de bonne qualité. Ce
phénomène a engendré l'illiquidité du
marché.
Les points suivants permettent de porter caution à
cette affirmation :
· Les investisseurs détenteurs de ces actifs,
devenus très averse au risque et détenteur de ces produits issus
de la titrisation se sont mis à vendre par peur de perdre de l'argent.
N'ayant pas d'acheteur en phase, les prix se sont orientés à la
baisse.
· L'absence d'un marché des produits
structurés et donc la difficulté de les évaluer à
un prix de marché.
· L'utilisation des instruments financiers à fort
effet de levier a donné l'impression aux investisseurs une impression
trompeuse de liquidité abondante.
La dynamique d'externalisation du risque par la sortie
d'actifs au bilan des banques et la généralisation de cette
mécanique bancaire a semé un doute sur le marché
interbancaire. Il s'est installé une présomption entre les
banques de détenir à la charge de l'autre ces actifs et leur
niveau d'exposition. Il est devenu difficile à partir du 1er
trimestre 2008 et particulièrement au milieu du mois d'octobre pour les
banques de se prêter entre elle. Le taux interbancaire s'est
envolé comme l'indique le tableau ci-haut. Le deuxième graphe
ci-contre montre que cette évolution a commencé au début
de l'année 2006 et s'est accentué à partir de 2007. Cette
situation est induite par l'augmentation de la prime de risque due à
l'aversion croissante des acteurs du marché au risque.
Dans le cas du CADIF, la caisse régionale disposerait
aussi bien au niveau régional que national d'une marge suffisante des
fonds propres. C'est une capacité supplémentaire d'allocation des
ressources à long terme. Cette donne est confortée par la masse
des dépôts à vue du groupe. Les demandes de financement
à court terme sont tarifées en majeure partie sur la base de
l'Euribor (1) et non de l'Eonia (2) compte
tenu du cout de la liquidité (annexe 15).
(1) L'Euribor est, pour une échéance
donnée (par exemple : trois mois, souvent noté EUR3M) le
fixing
calculé chaque jour ouvré à 11h, heure française,
publié par la
Fédération
Bancaire Européenne (FBE), d'un taux moyen auquel un
échantillon de 43 grandes banques établies en Europe
prêtent en blanc (c'est-à-dire sans que le prêt ne soit
gagé par des titres) à d'autres grandes banques.
(2) Le taux EONIA est la moyenne, pondérée
par les montants, des taux effectivement traités sur le marché
monétaire interbancaire de l'euro pendant la journée par un large
échantillon de grandes banques, pour les dépôts/prêts
jusqu'au lendemain ouvré. C'est un taux au jour le jour.
Dans le cas d'un financement classique, on rajoute à
l'Eonia ou à l'Euribor le coût de la liquidité et on se
refinance sur le marché lorsque les ressources internes ne peuvent
être mobilisées.
La politique actuelle de la caisse régionale CADIF
consiste à allouer des ressources non pas à une tarification au
jour le jour (Eonia) mais plutôt sur des périodes
d'intérêts allant de 3 à 6 mois par exemple. D'où
les recommandations d'indexer les tarifs des lignes sur l'Euribor sachant qu'il
est souvent supérieur à l'Eonia (graphique ci-haut). Le
différentiel entre le taux commercial appliqué et l'Euribor
constitue la marge brute de l'opération. Utiliser l'Eonia à la
place de l'Euribor reviendrait à se refinancer sur le marché via
l'ALM68(*) du groupe
crédit agricole au taux de l'Eonia majoré du coût de la
liquidité (annexe 15). Ce qui, dans les conditions actuelles du
marché absorberait l'Euribor et détruirait de la valeur.
4.3.1.2.
La baisse du niveau de l'endettement
La période qui a précédé la crise
financière a été marquée par l'utilisation
croissante et massive du levier d'endettement : rachat d'actions par les
entreprises, endettement des ménages, titrisation des créances et
financement des dettes LBO.
La crise actuelle a permis une réduction de
l'endettement bancaire pour plusieurs raisons parmi lesquelles :
· difficultés de titrisation,
· le rejet de la complexité des produits
financiers,
· la hausse de l'aversion au risque des investisseurs,
· la hausse de la volatilité sur le
marché.
· l'excès d'endettement (dette LBO en
particulier).
Les fonds de LBO ont été durement touchés
par la crise. Comme nous l'avons vu au point III, le niveau des encours est en
forte baisse. Alors qu'ils représentaient en 2006-2007 un
cinquième des opérations de fusions-acquisitions, leur part
représente à peine de 8% des dites opérations sur les
premiers mois de l'année 2008. On a ainsi assisté à la
baisse du niveau des fusions- acquisitions dans le monde de un tiers au premier
trimestre 2008. Le niveau de ces transactions est revenu à celui de 2005
à 533 milliards de d'euros (Thomson Financial). Naturellement, le
marché américain en pâtit le plus. Les marchés
anglais, français et espagnol commencent à afficher des signes de
baisses assez significatives.
4.3.1.3.
Conséquence de la crise sur le crédit aux entreprises
On a vu plus haut une double exigence de
liquidité : au niveau des investisseurs qui se débarrassent
des actifs susceptibles de perdre de la valeur du fait de la perception
négative des projections de croissance du marché et les
entreprises qui souhaitent avoir un accès permanent au marché
sans augmentation du prix du crédit.
Ces derniers temps, on constate plutôt que les
entreprises en général et celles sous LBO en particulier ont de
moins en mois accès aux financements aussi bien bancaires
qu'obligataires.
Le discours public des institutions financières
s'articule autour de la capacité et la volonté des banques
à prêter aux entreprises.
Les faits suivants peuvent corroborer cette
offensive :
· L'octroi d'un prêt de 13 milliards d'euros
consentis à EDF par sept banques pour financer l'acquisition de British
Energie,
· Le financement accordée à BHP pour son
offre de 40 milliards d'euros sur Rio Tinto dans laquelle a participé la
BNP et on peut en citer d'autres.
Dans la réalité et si on agrège la
situation globale, les banques prêtent de moins en moins et font beaucoup
attention au risque de contrepartie.
La réglementation Bale II faisant, le prix du
crédit devrait être proportionné au profil risque de
l'emprunteur. Plus son raiting est mauvais plus élevé sera le
spread. Mais actuellement et au-delà du périmètre LBO
(montage risqué en terme de ratio dette/fonds propres), on constate une
généralisation du rationnement de crédit aux
entreprises.
Cette situation s'est particulièrement
dégradée avec la faillite de Lehman Brothers, le plan de
sauvetage de l'assureur AIG et l'amplification de la crise.
Les raisons de ce rationnement de crédit ont
été mises en relief ci-haut et on peut revenir
particulièrement sur les points suivants :
ü les banques ne peuvent plus se défaire sur le
marché secondaire du crédit des contrats de dettes qu'elles
signent avec leurs clients (baisse de la titrisation, dévissement du
marché secondaire de crédit).
ü Les fonds propres des banques ont
considérablement baissé du fait de la dépréciation
des actifs risqués et des effets collatéraux de la crise des
subprimes.
Les relations entre banques et entreprises se trouvent ainsi
bouleversées et une situation de méfiance s'installe surtout pour
les petites et moyennes entreprises autrefois courtisées. On assiste
ainsi à une augmentation du spread de crédit de manière
général et ce aussi bien aux USA qu'en Europe (annexe 16).
La situation se complique davantage du fait de l'importance du
marché du crédit, de la sous capitalisation des PME
françaises et du poids de l'intermédiation bancaire au
détriment de l'obligataire actuellement.
Les crédits syndiqués ont baissé de
près de 40% en Europe et de 61% en France (source Dealogic).
Les émissions obligataires ont aussi plongé de -55%
en Europe69(*).
4.4. Gestion des
risques liés à la mise en place de la dette LBO
Les contrats de prêt des entreprises sous LBO se
durcissent du fait de la crise de liquidité. Les banquiers renouent avec
les pratiques classiques du financement des entreprises.
La forte croissance des volumes en 2006 et 2007 a
encouragé des financements plus agressifs.
Les leviers pouvaient atteindre jusqu'à neuf fois
l'Ebitda. Les dettes seniors étaient de plus en plus remplacées
par les tranches mezzanines plus rémunérateurs.
La conséquence de la crise conduit les banques à
revoir les conditions et modalités de montage des opérations LBO.
On constate le retour des structures de financement plus conservatrices avec
des leviers inférieurs à ceux des montages agressifs d'antan. En
effet, le ratio dette senior/Ebitda est passée de 4.7 en 2007 à
4.2 au premier semestre 2008 (Standard & Poor's).
Il ya renversement du rapport de force entre prêteurs et
fonds d'investissements. Le temps où les investisseurs envoyaient les
« term sheet » détaillées avec les clauses
qu'ils souhaitaient y voir figurer est révolu. Les lettres d'engagement
des banques sont de moins en moins fermes.
On constate également la montée en puissance des
clubs deals au détriment de la syndication classique assorti d'un chef
de file arrangeur de la dette.
La syndication consiste à choisir un agent
principal arrangeur de la dette. Cet agent bancaire perçoit une
commission dite d'arrangement mais prend le risque de syndication qui veut dire
que si aucune banque ne veut cofinancer le montage, il lui revient d'assurer le
financement différentiel. Par contre le club deal sous-entend que toutes
les banques sont connues d'avance et partent sur les mêmes bases avec
parfois des contraintes d'unanimité sur certains aspects contractuels
majeurs. On peut cependant estimer l'existence de risque d'entente bancaire
au détriment de l'emprunteur.
Après le closing d'une opération de montage LBO,
la vie de ce montage qui ne dépasse plus 7-8 ans en moyenne, est
très encadrée. Les covenants70(*) (annexe 17) qui régissent l'exploitation et
les performances de la cible ou du groupe consolidé sont moins
permissibles. On assiste à un resserrement des seuils de
tolérance.
Les établissements bancaires demanderaient même
que les covenants semestriels soient maintenant calculés sur la base de
comptes audités ou certifiés.
Les clauses de changement structurel qui permettent de changer
le niveau de la dette sans l'unanimité des prêteurs deviennent
inenvisageables.
Le refinancement de la dette qui était possible lorsque
le levier dette/Ebitda baissait ou encore suit à l'amélioration
d'un autre convenant a été également exclu du champ des
possibilités.
On assiste également à une montée en
puissance de la dette senior qui du fait de l'amortissement du capital fait
baisser progressivement le niveau des encours bancaires vis-à-vis de
l'emprunteur.
Toute modification d'une clause essentielle du contrat
nécessite maintenant l'accord unanime des prêteurs et cette
disposition est formalisée dans un avenant appelé dans le
vocabulaire d'usage « waivers ».
La valorisation des cibles sont revues à la baisse du
fait :
ü du niveau du taux d'actualisation qui augmente (suite
à la hausse de la prime de risque et du coût de la dette),
ü de la dégradation à l'optimum du cas
management qui reste très optimiste et moins en phase avec le
marché. En effet, lors du montage d'une opération LBO, le
management fournit aux prêteurs un business plan sur la durée de
l'opération. Ce cas est dégradé par la banque en
scénario de crash test. Cela consiste à prévoir par
itération une croissance moindre que celle fixée par le
management. Cette dégradation peut aller jusqu'à une possible
récession.
Cette méthode permet juste d'évaluer le niveau
de solvabilité de la cible dans le cas d'un retournement de conjoncture
et les marges de manoeuvre que dispose l'entreprise pour rembourser le
crédit.
Enfin on assiste à une remontée des marges
à leur niveau historique (275-375 points de base au dessus de l'index
tarifaire de taux).
4.5. Montage ou
recapitalisation LBO : recherche des fonds d'investissements
Il est de plus en plus difficile de trouver des repreneurs de
dette LBO à cause de deux catégories de risque :
· le risque spécifique lié à
l'opération,
· le risque systémique.
On constate toutefois que les banques financent les
opérations LBO :
· à la limite de leurs matelas de
sécurité en fonds propres,
· en fonction de la qualité de la cible et de la
relation avec la banque ou le groupe bancaire,
· des marges et de la composition du club deal.
Les fonds d'investissements sont également
intéressés par les montages à condition que le niveau de
rentabilité surtout issu des cas dégradés soit
supérieur à l'exigence de rendement de leurs investisseurs et que
les co-financeurs croient à la réussite du montage.
Enfin, les fonds souverains sont partenaires dans ces genres
d'opérations généralement en méga deals et sous
réserve de veto du pouvoir réglementaire et politique. Se pose
à ce moment le problème de gouvernance, sujet intéressant
pour une réflexion intellectuelle.
5. CRITIQUES
Nous abordons cette partie pour essayer de comprendre les
pistes permettant d'améliorer la situation actuelle et proposer les
pistes de solution pour créer davantage de valeur pour un financement
LBO. Nous nous attellerons sur la proposition d'une analyse diversifiée
avec une dose de l'optique RAROC. Nous aborderons également les contours
des mesures gouvernementales d'aide de sortie de crise.
5.1. Critère
d'analyse pour le montage d'un dossier de crédit
Nous estimons que la force commerciale et
l'appréciation du risque peuvent s'avérer incompatibles à
un certain niveau de l'étude ou de la relation banque-entreprise. A ce
titre, il serait à titre expérimental souhaitable de
détacher le chargé d'affaire senior de la fonction du montage de
dossier qui sera confié soit au chargé d'affaire junior soit
à une autre équipe en transversal de sorte à lutter contre
une possible montée en puissance de l'importance du PNB au
détriment du risque.
Il est également très utile d'intégrer
dans le montage du dossier de crédit une méthodologie de calcul
affiné de la marge par rapport au profil de risque de la contrepartie.
La référence à OSCARE comme outil d'évaluation de
la marge nous semble peu fiable si l'on tient compte de la marge nette.
La montée en volume des dossiers de crédit est
une source de risque opérationnel. Il en est de même des
opérations de middle-back office qui sont des consommateurs de temps
pour les chargées d'affaires. Leur externalisation du
périmètre du secteur serait créatrice de synergie et un
gain de temps considérable à allouer éventuellement
à la prospection et conquête dela clientèle.
Enfin et sous réserve des modalités
d'application, il serait souhaitable d'intégrer de façon
progressive la méthode RAROC71(*) (Risk adjusted return on capital) qui met plus en
exergue le gain net dégagé pour une opération de
financement.
Le ratio RAROC vise deux objectifs principaux: établir
une mesure uniforme de performance et offrir un outil fiable pour l'allocation
du capital. Dans les deux cas, l'avantage de la méthode est
d'intégrer un ajustement adéquat du risque quelque soit le type
d'investissement.
5.2. Les
remèdes à la crise sur le plan national
Le gouvernement a mis en place deux dispositions pour juguler la
crise économique et relancer la machine du crédit à
l'économie :
· La mise en place d'un prêt de 10.5 milliards aux
banques. Le mécanisme se déroulera de la manière
suivante :
o L'Etat emprunte 10.5 milliards d'euros sur le marché,
o Il les prête aux banques à un taux donné
(on parle de 8%)
o Ces fonds sont destinés à renforcer le niveau des
fonds propres des banques.
o Les banques rembourseront à l'Etat en 2013.
· Mise en place d'une ligne de garantie pour les banques
à hauteur de 320 milliards qui fonctionnera comme suit :
o L'Etat et les banques sur expression des besoins cde ces
derniers trouvent une solution pour financer l'économie par
cautionnement du refinancement des banques sur les marchés financiers et
monétaires.
o L'implication de l'Etat redonne confiance au système
financier (dans la philosophie des opérations de nationalisation
partielle en Grande Brétagne).
o Cette caution est facturée aux banques près de
0.6 à 0.8% des montants tirés,
o Les banques pouvant emprunter sur le marché peuvent
faire davantage du crédit aux entreprises, aux collectivités
locales et aux particuliers.
Enfin, l'Etat met en place un nouvel outil pour les
entreprises en difficulté : la Fudicie.
Cet outil est une forme de trust à la française.
Les banques françaises auront la possibilité de céder la
dette sur une entité en difficulté. Cette dette est
transformée en capital au sein de l'entreprise en difficulté. La
gestion de cette dernière est confiée à un fonds de
retournement spécialisé. Après le redressement de
l'entreprise, la dette de la banque est remboursée, l'entreprise
conforte son niveau de fonds propres et le fonds en assurant le redressement de
l'entreprise gagne des commissions.
C'est une sorte de dispositif gagnant-gagnant. Les
méfaits existent certes mais l'objectif est d'éviter la faillite
de l'entreprise.
D'une part la banque n'a pas intérêt à ne
pas y participer au risque de perdre l'encours sur le client (la provision
étant déjà constatée) et d'autre part elle ne perd
pas l'opportunité de capter les flux potentiels.
Une demande d'agreement pour les fonds de retournement est
actuellement en cours auprès de l'autorité des marchés
financiers (AMF).
CONCLUSION
La structure de financement par la dette a inondé la
théorie financière et posé des postulats qui peuvent
être validés suivant le secteur d'activité et la nature de
l'industrie dans laquelle évolue l'entreprise.
La prédominance de la dette dans la structure
financière est corrélée aux caractéristiques et
conditions du marché. Lorsque les taux sont faibles, le risque
spécifique est bas et l'aversion au risque moindre. Les investisseurs
sont plus orientés vers l'allocation des ressources à long terme
et les investissements se trouvent soutenus dans les entreprises en
général.
Durant tout le cycle des opérations de fusions
acquisitions, nous avons assisté à une explosion du niveau de la
dette jusqu'en 2007. On pouvait s'attendre déjà à un
dévissement cette dynamique du fait des projections de la crise aux USA
si l'on tient compte uniquement du ralentissement économique qui
était prévisible (déficit du compte courant, niveau de la
dette, niveau du dollar...). Le monde de l'entreprise, microcosme de
l'économie mondiale a été insensible aux prévisions
des grands économistes qui mettaient déjà en relief les
fondamentaux d'une crise financière systémique. C'est le cas de
N. ROUBINI qui a prévu la fin du modèle économique de la
banque d'investissement et de la faillite de Merryl Lunch. Actuellement, il
projette même la faillite de Goldman Sachs et dans une certaine mesure
celle du géant City Groupe si et seulement leur modèle de base
n'est pas remis en cause.
La chute de Lehman Brothers est venue confirmer la crise
financière et remis en cause l'euphorie du financement excessif par la
dette. Elle a signé la mort d'une politique d'externalisation du risque
à travers le processus de titrisation. Elle a aussi freiné la
course à la performance financière
décorrélée de la création de valeur au niveau
économique réel. Elle a mis en exergue une double exigence de
liquidité : les investisseurs qui ne veulent plus posséder
des actifs risqués et les emprunteurs qui veulent avoir un accès
permanent aux financements. Au milieu se trouve l'intermédiation qui
elle a un enjeu de taille : revoir le modèle de son business. Cette
crise a été comme nous l'avons dit au début de cette
étude non pas à cause des raisons immédiates de son
émergence mais plutôt à la remise en cause d'un
système.
Les conséquences au niveau des entreprises a
été le rationnement du crédit et particulièrement
des PME puisque les titres qu'elles émettent sont déjà
moins liquides.
La crise a aussi permis de changer le rôle de la finance
dans l'économie : les produits financiers doivent avoir pour
sous-jacent l'économie réelle et non spéculative. Les
actifs financiers classiques doivent poursuivre l'objectif de leur
création : c'est le cas des produits dérivés qui
doivent plutôt assurer la couverture des risques inhérents
à chaque industrie et non servir d'outil de spéculation
financière ou de performance virtuelle.
Enfin, au sujet du financement des opérations de LBO et
l'impact au niveau de la gestion du risque bancaire, les établissements
financiers sont plus regardant sur le financement par effet de levier. Elles
exigent davantage que le projet économique à financer porte sur
une vraie création de valeur économique et que la
visibilité de l'entreprise soit assurée à moyen terme. Les
covenants ou indicateurs de risque sont dorénavant à produire
semestriellement sur la base des comptes audités. Les avenants aux
contrats de dette sont maintenant assujettis à l'accord unanime des
banques. On assiste également à la monté en puissance des
clubs deals bancaires au détriment de l'hyper-puissance d'antan des
fonds d'investissements.
En somme, la pression sur le marché interbancaire va
s'orienter progressivement vers des normes plus acceptables suite aux
différentes mesures gouvernementales et réglementaires.
Les banques centrales vont dorénavant prendre sans
hésiter des initiatives portant sur la coordination de leur politique
à l'image de la baisse coordonnée récente des taux
directeurs.
L'économie réelle certes en crise est
censée repartir sur les bonnes bases comme dans tout cycle
économique.
Il n'en demeure pas moins que cette crise amplifiée par
la mondialisation de l'économie nous incite à
réfléchir sur les leçons à tirer au niveau des
économies très faiblement intégrées dans le
système mondial. C'est le cas de l'économie africaine pour
lesquelles le rôle des fonds de private equity dans la création de
valeur serait une orientation intéressante pour une réflexion
intellectuelle. Serait-on dans un système où l'application de ce
qui a failli dans les économies occidentales serait la recette à
dupliquer dans l'environnement africain tant en termes de leverage, de
stratégies de fonds d'investissement que de création de valeur
sans adaptation avec pour objectif rendre l'économie de cette
région du monde plus dynamique ?
Innover au-delà du modèle occidental
« universel » pourrait transformer la création de
valeur en Afrique en outil ou instrument de développement de
référence. Ce qui permettra de la sortir du carcan de
l'économie de l'assistance et du cloisonnement afin de l'intégrer
dans le cercle du bien être.
Cette piste de recherche est notre objectif pour les
années à venir.
ANNEXES
ANNEXE 1
ANNEXE 2
ANNEXE 3 : Groupe de risque
Tableau de création ou d'évolution de
groupe de risque
( note pour création ; E-mail ou note pour
évolution d'un Groupe de risque)
Date :
Agence :
Code portefeuille :
Nom du Chargé d'Affaires senior :
|
|
6. Groupe de risque
|
|
|
Constitution
|
|
|
|
|
|
Suppression
|
|
|
|
|
X
|
Modification (rajout ou suppression d'une filiale)
|
|
|
|
|
|
Modification de la tête de groupe
|
|
|
|
|
|
Restreint, équivalent ,hors périmètre ( ne
pas utiliser pour l'instant )
|
|
|
|
Tête de groupe de risque
|
SIRET
|
Raison sociale
|
|
|
|
|
..................
|
............................................................
|
Constitution
|
|
|
|
|
|
Tête de groupe sans changement
|
|
|
|
..................
|
............................................................
|
Changement tête de groupe
|
|
|
|
Entreprises appartenant à un groupe de risque
|
SIRET
|
Raison sociale
|
Constitution
|
Modification
|
Suppression
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Signature du Chargé d'Affaires :
ANNEXE 4 : Cartographie de la notation des entreprises
à la DDE.
ANNEXE 5
ANNEXE 6
CREDIT AGRICOLE D'ILE DE FRANCE
DOSSIER DE CREDIT
REF : DOS98.DOC
NOM DE L'ENTREPRISE :
|
Groupe :
|
SIEGE SOCIAL (adresse) :
|
|
ACTIVITE :
|
Forme juridique :
|
|
|
CLIENT
|
Date d'entrée en relation :
|
Mode d'entrée en relation :
|
Si prospect voir P2
|
|
OBJET PRINCIPAL DU DOSSIER :
|
NATURE DES CONCOURS
(en milliers d'euros)
|
AUTORISATIONS PRECEDENTES
|
UTILISATION OU ENCOURS
|
AUTORISATIONS DEMANDEES
|
ECHEANCE
|
GARANTIES (préciser
pour les renouvellements) : inchangées
|
C. T
-
|
|
|
|
|
|
L.M.T
-
|
|
|
|
|
|
CAUTIONS
-
|
|
|
|
|
|
COUVERTURE
- TAUX
- DEVISES
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL
|
|
|
|
|
MODALITES :
|
ENCOURS RESTANT DUS SUR ANCIENS LONG ET MOYEN TERME
|
|
|
.
|
ENGAGEMENTS MAXI APRES DEMANDE (dont Encours / L.M.T )
|
|
|
COVENANTS
|
|
|
|
|
|
|
|
ENGAGEMENTS
SUR LE GROUPE
|
Autorisations actuelles
R 1 R2 (Blanc)
|
Utilisations actuelles
R1 R2 (Blanc)
|
Engagements maxima après demande
(y compris encours / anciens LMT)
R1 R2 (Blanc)
|
Crédits C.T
|
|
|
|
|
|
|
L.M.T
|
|
|
|
|
|
|
Couverture
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
|
|
|
|
|
|
Centre de Responsabilité : 52
Secteur :
Auteur de l'étude :
Chargé d'Affaires :
|
DECISION du :
_
// Comité des Engagements :
_
// Sous-Comité :
_
// Décision en délégation :
|
Dr de C. Aff/Resp Secteur :
|
Observations du Décideur :
Décaissement après signature du contrat mais avant
prise de garanties
|
COTE BDF :
|
NOUVELLE COTE CADIF :
|
|
|
|
|
|
|
Clients : CEDRIC PB 52 sous IMS/Prospects : FIBEN : module 27
|
COTE CADIF PRECEDENTE :
|
|
|
|
|
|
|
N° de compte support des autorisations
|
N° SIREN
|
|
CODE NAF
|
|
|
|
VISA JUR / DDE
Déblocage avant prise de garanties
|
VISA Back-Office
|
VISA DAI (éventuellement)
|
COMPTES CERTIFIES :
|
OUI
|
|
NON
|
|
(Obligatoires pour les cotes d'orientation 1 à
5)
|
SI PROSPECT : ORIGINE DE L'ENTREE EN RELATIONS :
|
ANNEXE 7
ENGAGEMENTS BANCAIRES
ETAT DES ENGAGEMENTS ACTUELS (banques par ordre
décroissant d'importance)
BANQUES
NATURE DES CONCOURS
|
CADIF
|
BNP
|
FORTIS
|
RBS
|
TOTAL
|
TRESORERIE COURT TERME
. O.C.C
. Escompte commercial
. MCNE
. Dailly
. Crédits de trésorerie
. Autres C.T
|
|
|
|
|
|
ENGAGEMENTS PAR SIGNATURE
. Cautions FRANCE
. Cautions Etranger
. CREDOC
. Autres
|
|
|
|
|
|
ENCOURS DE CREDITS A L.M.T
|
|
|
|
|
|
TOTAL
|
|
|
|
|
|
ETAT DES ENGAGEMENTS APRES LA NOUVELLE DEMANDE
(inscrire les banques par ordre décroissant d'importance,
banque principale : 1° colonne)
BANQUES
NATURE DES CONCOURS
|
CADIF
|
BNP
|
FORTIS
|
RBS
|
TOTAL
|
TRESORERIE COURT TERME
. O.C.C
. Escompte commercial
. MCNE
. Dailly
. Crédits de trésorerie
. Autres C.T
|
|
|
|
|
|
ENGAGEMENTS PAR SIGNATURE
. Cautions FRANCE
. Cautions Etranger
. CREDOC
. Autres
|
|
|
|
|
|
ENCOURS DE CREDITS A L.M.T
|
|
|
|
|
|
TOTAL
|
|
|
|
|
|
ANNEXE 8
Dettes LBO
Banques Prêteuses
ANNEXE 9
ANNEXE 10
ANNEXE 11
ANNEXE 12
Source : Conseil d'Analyse Economique-
2008
ANNEXE 13
ANNEXE 14
ANNEXE 15
ANNEXE 16
ANNEXE 17
CORPUS
1. Websites
www.banquedefrance.fr
www.cambis.org
www.vernimmen.net
www.credit-agricole.fr
www.socgen.com
www.lesechos.fr
www.latribune.fr
2. Ouvrages
1. Pierre Vernimmen : Finance d'entreprise (2009),
Edition Dalloz
2. Gérard GARIBALDI : L'analyse
stratégique, Edition d'organisation
3. Hubert de la Bruslerie : Analyse financière et
risque de crédit, Ed. Dunod (1999)
4. G. SAUVAGEOT : La Finance, Edition Nathan
5. Gerry Jonson & Kevan Scholes : Exploring Corporate
strategy, Edition Pearson
6. Simon PARIENTE : Analyse financière et evaluation
des enterprises.
3. Articles de presse
1. Alternative Economique : N°274 de Novembre
2008
2. Les échos
4. Etudes
a. Rapport sur la crise des subprimes-CAE
b. Etude CALYON sur les LBO en 2008
c. Bale II et le Financement des PME - Dauphine 2007, Mesmin
DIKABOU
d. Liquidité et marché de liquidité,
Banque de France
NOTES
* 1 Selon Markowitz (1952),
l'ensemble des agents du marché disposent des mêmes informations
au même moment sur les données fondamentales de l'économie
et du marché. Il n'existe pas de distorsion ou d'asymétrie dans
la diffusion de l'information. Le prix devrait donc refléter la
réalité économique sur la valeur d'un actif.
Théorie contredite par les réalités du marché.
* 2 Le groupe de risque
désigne l'ensemle des entités ou filiale d'une entreprise dont
cette dernière a le contrôle.
* 3 Pecking-order theory de
Myers & Majluf (1984) : « les bonnes entreprises
émettent des titres dont la valeur est moins sensibles à
l'information cachée car ils sont moins
sous-évalués ».
* 4 Programme alimentaire
mondial
* 5 L'aritrage au sens des
hypothèses et avantage des postulats de Modiglianni et Miller sur la
structure optimale de financement.
* 6 Théorie of the
firm : agency costs.
* 7 Leverage uy out : nous
utiliserons cette expression tout au long de l'étude par simple
simplification. Nous ne tiendrons pas compte s'il s'agit d'un vrai LBO, d'un
LBI, LMBO ou LMI.
* 8 Bale 2 : comité
réuni à Bale en Suisse au sein de la Banque des règlements
internationaux (BRI) afin de dicter les nouvelles règles prudentielles
régissant les banques et entrées en vigueur fin 2007. Il s'agit
surtout de définir le niveau économiquement justifié des
fonds propres nécessaire à une anque pour assurer sa
solvabilité.
* 9 Par investisseur, il faut
entendre au sens large le détenteur actuel ou potentiel des titres de
propriété de la société. A ne pas confondre avec
le créancier ou l'entrepreneur au sens de Ricardo.
* 10 Jensen and Meckling (1976)
dans théorie de l'agence et structure du capital.
* 11 EVA : economic value
added ou bénéfice résiduel, Henri BOUQUIN - Contröle
de Gestion (2004)
* 12 ROE = Résultat net/
Capitaux propres
* 13 Dispositif Charasse selon
lequel le holding doit détenir au moins 95% du capital de la fille pour
que les intérêts de la dette soient déductibles au titre de
l'intégration fiscale.
* 14 Analyse fonctionnelle du
bilan- G. SAUVAGEOT, La Finance - Ed. Nathan (2004)
* 15 Le risque de faillite au
sens de la loi du 25/01/1985 dont l'esprit de faillite consiste à ne pas
pouvoir faire face au passif exigible à vue.
* 16 Pierre VERNIMMEN, Finance
d'Entreprise-2009, Edition Dalloz.
* 17 En effet, il existe des
secteurs d'activité où le BFR est structurellement négatif
car l'activité génère de façon récurrente du
cash permettant de financer des emplois à long terme. A contrario, il
existe des industries où le BFR est structurellement positif et
nécessite de ce fait suivant l'analyse fonctionnelle des ressources
stables pour assurer toute variation du BFR.
* 18 EVA = Economic value
added
* 19 Les actionnaires dans le
nouveau montage.
* 20 OCEANE : obligation
convertible ou échangeable en action nouvelle ou ancienne.
* 21 A hauteur du montant des
réserves distribuables.
* 22 Soit on fait usage du
ratio montant net des immobilisations corporelles/ montant brut pour
évaluer le degré d'utilisation de l'outil, soit on fait usage du
taux d'usage de l'outil avec ?amortissements/montant brut.
* 23 EBITDA : earning
before interest taxes de^preciation and amortization . C'est
l'équivalent de l'exédent but d'exploitation (EBE).
* 24 Pierre Vernimmen, Finance
d'entreprise -Ed Dalloz (Page 663).
* 25 Weighted average cost of
capital en anglais.
* 26 Par simplicité,
nous raisonnant en terme de WACC avant impôts. Pour tenir compte de
l'impact fiscal, on devrait appliquer la formule ci après :
i*(1-IS)*(D/[D+CP])+Re*(CP/[CP+D]).
* 27 Gearing = Dette
nette/CP
* 28 Le Point N° 1801 du
22 mars 2007, page 80.
* 29 Return on capital employed
ou rentabilité économique après impôts.
* 30 Earning before interest
and taxes.
* 31 Pierre Yves
CHANU (conseiller confédéral de la CGT pour les questions
économiques : « Les fonds n'investissent pas », le
Point 197 du 22 juillet 2007.
* 32 Par flux, il faut entendre
le traitement des salaires, des lettres de change, la domicilation
autorisations de trélèvements...
* 33 L'avantage de syndiquer
avec OSEO c'est de ne pas être en concurrence car il ne recherche pas des
flux.
* 34 Pour approfondissement,
cf-Hubert De La Bruslerie - Analyse financière et risque de
crédit, chez Dunod, Pages 89-92.
* 35 Outil de rating du
groupe Crédit Agricole (LCL y compris). Il est interconnecté avec
le système d'information de la banque de France pour les
différentes consultations telles le fichier FIBEN, FCC, le Groupe de
risque, les engagements des contreparties sur d'autres d'établissements
bancaires...
* 36 Patrick CASTEX :
cours de gestion financière MSG 2007- Paris Dauphine. L'analyse pool de
fonds est proche de la logique du tableau de financement fonctionnel. Elle
refuse l'affectation des ressources longues aux emplois longs. Conforme
à la théorie financière qui rappelle que les ressources
financent les emplois. D'où la cohérence entre la
rentabilité des ressources (WACC, ROE, ROCE...) et la rentabilité
suffisante des emplois de fonds (ROI...). L'analyse Pool de Fonds a entre autre
une limite au niveau de la lisibilité de la politique de l'entreprise
dans cet ensemble déstructuré des emplois et des ressources.
* 37 Pierre VERNIMMEN, Finance
d'entreprise, Dunod-2009, page 184
* 38 DAS : domaine
d'activités stratégiques - Gérard GARIALDI, L'analyse
stratégique des éditions d'organisation 2002).
* 39 Gerry Johnson & Kevan
Scholes : Exploring Corporate Strategy, page 132-Ed. Pearson
* 40 G.SAUVAGEOT, Ouvrage
précité-page 54.
* 41 Créances douteuses
brutes/Créances brutes
* 42 Evolution à la
hausse ou à la baisse du taux de change.
* 43 Evolution
défavorable du coût de devises dans lesquelles l'entité
detient des créances ou des dettes.
* 44 Variation
défavorable du prix de l'actif détenu en poretefeuille.
* 45 Capacité
d'autofinancement.
* 46 Association
française des investisseurs en capital.
* 47 Magazine Fusion
Acquisition de juillet-août 2008, page 34.
* 48 Sous réserve de la
proportion et la durée de la partie in fine de la dette.
* 49 Baromètre
candover-incisive media.
* 50 En effet, suivant qu'on
prête à une banque, à un particulier, à une banque,
à un Etat de l'OCDE ou non, le niveau de pondération pour
l'application d taux de perte n'est pas le même : accord de bale I
& II-Banque des règlements internationaux (BIRD).
* 51 Premier accord de Bale en
1988 : ratio forfaitaire de 8% pour les fonds propres des banques.
* 52 Les Echos du
09/10/2008-page 6.
* 53 Rapport sur la crise des
subprimes -2008 : Conseil d'Analyse Economique
* 54 Le coefficient betha
mésure la volatilité d'un titre financier par rapport à
son portefeuille ou à un indice.
* 55 Travaux de Fisher Irving
(1933) repris par Boyer (1988)
* 56 G. CADIOU / HOUBRON :
Cours de Revenu à taux fixe & Investissements - financements des
entreprises, MBF Année 2007/2008- Université d'Evry
* 57 Le Figaro :
janvier 2007, supplément économique, Alternative Economique 265,
janvier 2008.
* 58 La Reserve
fédérale américaine.
* 59 Les Echos du
03/09/2007
* 60 Les 1ères
opérations de titrisation ont vu le jour en 1970 sous l'auspice de trois
agences spécialisées disposant de la garantie de l'Etat :
Fannie Mae, Freddie Mac et Ginnie Mae.
* 61 Special purpose
vehicule
* 62 CDO : collaterised
debt obligation ou obligation adossé à un ou des actif(s).
* 63 ROE : Return on
capital employed autrement dit la rentabilité des capitaux
(dette+equity).
* 64 Jérôme
Kerviel est le trader arbitragiste sur indice qui a fait perdre à la
société générale la somme de 4.9 milliards d'euros
en prenant des positions sur les contrats à terme sur indice face
à des flux de compensation qui auraient été fictifs. Une
procédure judiciaire est en cours.
* 65 Ces actifs feront l'objet
d'une provision après évaluation en mark to market compte tenu du
risque spécifique bancaire.
* 66 Government of Singapore
Investment Company et un fond du moyen orient ont apporté 13 milliards
de franc suisse au titre d'obligations convertibles en actions uniquement.
* 67 Le
marché
secondaire est celui sur lequel sont échangés des titres
financiers déjà créés (sur le
marché
primaire). En assurant la
liquidité
des investissements financiers, le
marché
secondaire assure la qualité du
marché
primaire et l'évaluation des titres financiers. Marchés
primaire et secondaire sont donc très complémentaires (P.
VERNIMMEN-2009). Marché où s'échange des titres
contrairement au marché primaire qui est celui des introcuctions.
* 68 ALM : Asset and
Liability Management ou gestion actif-passif. Elle revient à s'assurer
que l'équilibre entre les différents types de ressources
financières et types d'emplois financiers est tel qu'il n'y ait pas de
risque de
solvabilité
ou de
liquidité,
tout en optimisant la
rentabilité
générale.
* 69 Elsa CONESA , Les
Echos - Octobre 2008
* 70 Covenants : ce sont
des seuils de ratios contractuels qui sont fixés et que l'emprunteur
doit respecter tout au long de la vie du montage. La violation ou le non
respect d'une des dispositions peut entrainer l'exigibilité de la
dette.
* 71 Le ratio RAROC est
très connu du milieu bancaire.
|