UNIVERSITE PARIS-SORBONNE UFR de Géographie
(PARIS-IV)
Géographie de l'offre de soins et aménagement
du territoire en Aquitaine
Mémoire de DEA " Géographie et aménagement
"
Juin 2000 Florian BOURY
Directeurs de recherches :
Mme Jeanne-Marie AMAT-ROZE
M. Gérard François DUMONT
Avant-propos
Tenter d'expliquer ce qui a motivé mon
intérêt pour un sujet aussi ardu et complexe qu'il est
intéressant, n'est pas notre but ici. Cependant, je dois avouer que j'ai
atteint un degré particulier de réflexion géographique.
D'une part, j'ai eu la possibilité, si ce n'est la chance, d'être
associé à un travail partiellement géographique avec des
personnes non-géographes dont les connaissances et l'expérience
de leur discipline ont été un enrichissement immensurable.
D'autre part, le sujet de cette étude m'a permis de transposer l'analyse
géographique à un domaine en émergence en
géographie : la santé, en cela je remercie vivement mes
directeurs de recherches, Mme J-M. AMAT-ROZE et M. G-F. DUMONT, d'avoir
encadré mon travail.
Je souhaite également adresser mes sincères
remerciements à l'équipe de l'URCAM d'Aquitaine, et plus
particulièrement à Mmes C. VAN KEMMELBEKE et V. DESQUENNES de
m'avoir supporté pendant trois mois, et à son directeur M G.
GRENIER qui en me permettant de réaliser un stage au sein de son agence,
m'a apporté énormément sur le plan professionnel.
Il m'est impossible de nommer l'ensemble des personnes qui
ont participé à mes recherches ; toutefois, je remercie les
personnes des services de documentation et d'information de l'ORS Aquitaine, du
CREDES, de l'INSEE Aquitaine de leur aide et de leur patience à mon
égard.
Enfin, comment oublier les êtres chers qui m'ont
soutenu encore cette année comme l'an passé ; sans les nommer,
elles se reconnaîtront, mais qu'elles sachent que leur présence a
été pour moi bien plus que du soutien. Je souhaite
également effacer un oubli, j'ai omis de remercier l'an passé mon
grand-père René CAZENAVE, décédé depuis
quelques années et dont le souvenir n'a jamais cessé d'exister en
moi en tant que modèle de pugnacité et de courage.
L'influence de la
réalité géographique
et sociale
L'Aquitaine, troisième région
française par sa superficie (41 308 km²,
Midi-Pyrénées : 45 348 km², Rhône-Alpes : 43 698
km² ; Belgique : 30 500 km², Suisse : 41 293 km²) occupe une
majeure partie du quart sud-ouest du territoire national. Cette surface est un
vaste terrain d'investissement pour l'aménagement du territoire.
Cependant, du point de vue démographique, le rapport population
régionale - superficie (densité régionale : 70
habitants/km², 108 habitants/km² au 01 janvier 1998 en France), et
notamment la répartition spatiale fortement contrasté de
celle-ci, ne favorise pas les actions publiques et les politiques en faveur de
l'aménagement de l'espace régional. L'Aquitaine est une
région étendue, peuplée en 1998 par 2 902 400
habitants1(*). Au
recensement INSEE de 1998, 25 % de la population vivait en milieu rural contre
35 % en 1990. Cette proportion est plus élevée que sur le
territoire national : 24 %en 1998. Parallèlement aux ensembles urbains
où la densité de population est importante (carte A), L'Aquitaine
comporte de nombreuses zones à faible densité.
Carte A :
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine1.png)
Carte B : La région Aquitaine et ses cinq
départements (échelle : 1 : 2 700 000)
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine2.png)
Source : ARH Aquitaine, SROS 199-2004
Par ailleurs, l'importance de la population résidante
varie fortement intra-annuellement entre la période touristique et le
reste de l'année. Ces différentes caractéristiques ont une
influence sur l'aménagement de l'espace, les conditions d'accès
aux équipements, en particulier les équipements sanitaires, ainsi
que sur la fréquence des déplacements et sur la
fréquentation des structures ou professionnels de santé.
Cet ensemble régional ne connaît pas une
évolution uniforme et homogène dans le temps et l'espace. Une
part importante de l'espace régional est constituée par une
Aquitaine majoritairement rurale formée par les départements
limitrophes de la région Midi-Pyrénées, et dont les
limites avec celle-ci sont loin d'être distinctes : la Dordogne, le
Lot-et-Garonne, les Landes et de larges parties de
Pyrénées-Atlantiques et de la Gironde. Sa partie
méridionale est composée des Pays de l'Adour émargeant sur
les Pyrénées-Atlantiques, du Béarn et du Pays Basque,
où les activités agricoles prédominent mais où le
territoire départemental tend à moins subir la polarisation de la
capitale régionale qu'est Bordeaux que de celles, moins intenses, des
unités urbaines de Pau et de Bayonne.
Globalement, l'Aquitaine est une région de basse
pression économique mais non démographique (poids
démographique : + 4,9 % par rapport à la métropole2(*)).
Seuls les départements de la Gironde et des
Pyrénées-Atlantiques présentent une hiérarchie du
territoire particulière, avec respectivement une capitale
régionale pour l'un et deux pôles urbains principaux pour le
second. Dans les trois autres départements, préfectures et
sous-préfectures sont bien souvent dominées par l'influence de
Bordeaux. Globalement, la capitale régionale tend à polariser
l'ensemble de l'Aquitaine à tous les niveaux : économiques,
politiques, démographiques et sanitaires. Seuls Pau et Bayonne
concurrencent cette domination, en grande partie par l'éloignement.
Cet éloignement a favorisé la réponse aux
besoins par la création et le développement des services que la
distance géographique peut rendre inaccessible. D'autant que l'Aquitaine
souffre d'une faiblesse en équipements routiers, autoroutiers et
ferroviaires, mises à part la Nationale 10 à l'Ouest vers
Bayonne, les Autoroutes A 61 le long de la vallée de la Garonne vers
Toulouse, et A 64 de Bayonne à Toulouse et la ligne de TGV Tarbes -
Bordeaux. De nombreuses zones géographiques se trouvent ainsi
enclavées. Or il s'agit bien souvent des zones rurales plus ou moins
isolées. La distance géographique est donc la première
difficulté à laquelle doivent faire face les résidants de
ces régions dans l'accès aux soins.
A cette distance s'ajoutent d'autres types de distances :
économique, culturelle, sociale présentes non seulement en milieu
rural mais également en zone urbaine et périurbaine. Les pouvoirs
publics, depuis une vingtaine d'années, ont pris conscience que ces
difficultés sont souvent génératrices de disparités
ou d'inégalités. Dans le domaine de la santé où
l'offre de soins est très localisée et ponctuelle, la demande et
la consommation largement répartie sur le territoire du fait du
peuplement, et les besoins tout aussi divers que les individus le sont, ces
inégalités sont particulièrement ressenties et
observées.
Le Haut Comité de Santé publique (HCSP, 1998) a
reconnu ces inégalités comme étant l'un des
problèmes majeurs de la santé publique en France. Afin de
corriger ces inégalités, les pouvoirs publiques ont mis au point
une " allocation régionale des ressources " gérée par des
organismes de santé publique à l'échelle régionale
(Union régionale des caisses d'assurance maladie, URCAM, pour le secteur
ambulatoire et l'Agence régionale d'hospitalisation, ARH, pour le
secteur hospitalier) et destinée à une meilleure
adéquation de l'offre de soins aux besoins.
* *
Objectifs et
problématiques
La géographie de la santé a pour but « de
considérer l'approche géographique des faits de santé,
d'appréhender la maladie ou l'état sanitaire d'une population
dans son environnement ; ceci implique une étude exhaustive des
déterminants environnementaux » (BOURY, 1999), afin de
déterminer l'(les) origine(s) des inégalités afin de
mettre en place des actions ou des politiques d'intérêt publique
adaptées de manière à réduire autant que faire se
peut les distances d'accès aux soins.
Les objectifs de l'étude sont donc la mise en
évidence des inégalités géographiques de l'offre de
soins, déterminer la nature de leur relation avec les
déterminants environnementaux, démographiques, économiques
et socio-sanitaires, mettre en évidence les carences ou les
points forts du système de soins en Aquitaine, et notamment son
adéquation à travers l'offre aux besoins de soins, et enfin
définir les liens entre offre de soins et aménagement du
territoire.
L'étude est donc structurée en trois parties :
la première est constituée par le cadre méthodologique de
la recherche ayant abouti au mémoire ; la deuxième partie propose
un premier constat de l'offre de soins en Aquitaine ; enfin la troisième
partie a pour but de mettre en évidence le rôle de
l'aménagement du territoire au coeur du domaine sanitaire.
L'apparent déséquilibre de l'offre par rapport
à des besoins estimés permet ainsi d'identifier un
problème spatial de santé publique. Car l'ensemble des variables
ou des déterminants se combinant à l'échelle des
populations et de l'individu, dessine une géographie de la santé,
un cadre d'intervention pour la planification sanitaire. Celle-ci n'ayant pas
pour objectif « la quête d'une équité utopique »,
mais l'optimisation « de l'efficacité du système de soins en
fonction des moyens disponibles (...) » (PICHRERAL, 1995).
La pertinence de cette étude réside dans le fait
que l'« on manque d'études et de méthodes d'études de
ces inégalités, notamment à échelles fines, celles
pourtant où se déroule l'action. » D'autant que la
réforme du système de santé en France, associée
à l'introduction généralisée des systèmes
d'information, favorise et crée « un besoin d'expertise des
problèmes de géographie sanitaire. » (TONNELLIER &
VIGNERON, 1999)
Un second champ d'intérêt motive cette
étude : l'intégration du domaine de l'aménagement du
territoire en tant que réponse la mieux adaptée en terme
d'inégalités d'équipements.
Au-delà d'un bilan-diagnostic, l'étude se veut
un outil d'aide à la décision auprès des professionnels de
santé et des gestionnaires de santé publique pour une meilleure
adaptation de l'offre à la demande et aux besoins de soins, une
meilleure répartition des allocations régionales des ressources,
une maîtrise des dépenses de santé et une gestion optimale
des risques et des actions de santé publique et de prévention ;
c'est-à-dire la planification du système de santé.
Ainsi, les aspects géographiques du système de
santé sont basés sur des informations statistiques, la
géographie de la santé ne peut donc être uniquement
descriptive, mais elle doit être également analytique et
explicative, « en offrant une vision originale d'un vaste système
sur lequel se penchent beaucoup de regards différents. »
(TONNELLIER & VIGNERON, 1999).
La problématique de cette étude est de mettre en
évidence des disparités d'accès aux soins ou d'état
de santé reposant sur des inégalités d'offres de soins et
pouvant masquer « des injustices spatiales » (TONNELLIER VIGNERON,
1999) sur lesquelles il convient de s'interroger afin d'en déterminer la
nature et le potentiel de correction ou de réduction.
C'est-à-dire définir un cadre et un potentiel d'intervention. Au
final, l'étude géographique doit donc fournir un maximum
d'éléments destinés à répondre aux
problèmes de l'équité et de l'efficacité du
système de soins.
L'aménagement du territoire est la forme de
réponse que propose la géographie, le mode d'intervention le plus
adapté, tenant compte des spécificités régionales
et locales, ainsi que du champ d'action des politiques de santé
publique.
Comment définir un contexte général de la
santé en Aquitaine alors que le système de soins présente
de nombreuses inégalités en fonction de la localisation de
l'offre de soins ? Aussi doit-on évoquer un ou plusieurs systèmes
de santé ? Quel est le pouvoir de polarisation de l'offre de soins ?
Quel est son rôle dans la planification sanitaire ? Comment s'organise
le système de santé au sein des espaces où il y a une
faiblesse des équipements et des professionnels de santé ?
Existe-t-il un schéma unique d'organisation ? Dans quel mesure ce
schéma peut-il être remis en cause et
réévalué ? Peut-on évoquer un seul mode
d'intervention ? Dans quelle mesure l'aménagement du territoire peut-il
intervenir dans le cadre de la planification sanitaire ? L'aménagement
du territoire peut-il être mis en oeuvre de manière uniforme et
adapté à toutes les situations sur l'ensemble du territoire
régional ?
*
* *
Sommaire
Introduction : L'influence
de la réalité géographique et sociale
1
Sommaire
9
Première Partie : Le cadre
méthodologique de la recherche
10
Chapitre I : RÉFLEXIONS
MÉTHODOLOGIQUES
11
Chapitre II : RECHERCHE
DOCUMENTAIRE ET BIBLIOGRAPHIQUE
26
Chapitre III : LE PROJET
URCAM
28
Deuxième Partie : L'offre de soins en
Aquitaine
38
Chapitre I : L'ESPACE AQUITAIN
: UN PEUPLEMENT CONTRASTÉ
39
Chapitre II : UNE
INÉGALE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE L'OFFRE
DE SOINS
AMBUALTOIRE
45
Chapitre III : L'OFFRE
HOSPITALIÈRE À TRAVERS LE SROS AQUITAINE
75
Conclusion : LES PAYSAGES
SOCIO-SANITAIRES DE L'AQUITAINE
96
Troisième Partie : De la planification
à l'aménagement de
l'espace
sanitaire
100
Chapitre I : LA SANTÉ,
ENJEU D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
101
Chapitre II : LES AXES
D'INTERVENTION DU SECTEUR AMBULATOIRE
107
Chapitre III : LA
RESTRUCTURATION HOPSITALIÈRE
111
Conclusion
121
Première Partie
Le cadre méthodologique de la recherche
Chapitre I : RÉFLEXIONS
MÉTHODOLOGIQUES
L'espace, qu'elle que soit sa nature, n'est pas
uniforme, ni homogène ; la diversité de l'environnement
global détermine des paysages dont l'analyse vise à souligner les
différences, les disparités. L'espace est le produit de nature
sociale d'un groupe humain, d'une communauté, d'une
société..., l'expression des genres de vie que l'on y
rencontre.
1. Le territoire : l'espace
géographique de la santé
Cet espace construit, organisé, aménagé,
modifié au rythme des mutations économiques et sociales, est la
projection et le support de rapports sociaux diversifiés,
générateurs d'inégalités du fait même de la
nature hétérogène des sociétés humaines.
Touchant au domaine de la santé, l'espace est
caractérisée par un double aspect : les
inégalités spatiales et les disparités sociales. La
géographie de la santé peut être définie alors comme
le moyen de « mesurer l'adéquation du système de soins
aux besoins de la population. Elle cherche à fournir un cadre pour une
politique d'actions communautaires, plus décentralisées, plus
proches des besoins réels de la population. » (PICHERAL, 1989)
En tentant d'évaluer l'état de santé des
populations, la géographie souhaite mesurer les capacités et les
niveaux de développement de ces politiques, et les aptitudes de ces
populations à préserver leur santé. Parallèlement,
la mesure des niveaux de dessertes et d'équipements socio-sanitaires ont
pour objectif de délimiter les espaces de soins en tenant compte des
décalages entre accessibilités potentielles et recours effectifs
aux soins. L'étape suivante consiste à comparer la
répartition géographique de l'offre de soins afin de situer les
espaces de santé et évaluer en conséquence l'ajustement du
système de soins aux besoins de la population.
Toutefois, la notion de « besoins de
santé » ou « de soins » nécessite
de bien la définir du fait de sa nature non quantifiable et bien souvent
induite ; ce propos fera l'objet d'un développement par la
suite.
En tant qu'outil, la carte est l'objet qui offre les
meilleurs atouts afin de mettre en évidence des espaces, des aires ou
des zones caractéristiques et d'orienter plus justement les choix d'une
politique de santé publique. Cet outil cartographique est partiellement
présent dans ce travail. Il s'agit en effet de la cartographie
réalisée sur système d'information géographique
(SIG) Géoconcept, mis à disposition par l'URCAM Aquitaine dans le
cadre de trois mois de stage dans l'organisme.
Néanmoins, faut-il auparavant définir ce
concept de santé publique afin de ne pas perdre de vue l'objectif
principal de toutes actions dans le domaine de la santé :
« La santé publique ou plutôt la santé des
populations est cette démarche qui vise à améliorer
l'état de santé des populations par la prévention, la
planification du système de soins, l'évaluation des pratiques,
des techniques et des institutions, à surveiller et à
prévenir les risques majeurs par l'observation et l'intervention
épidémiologique. » (H. STROHL, rapport n°880 027
de la Commission de Santé publique, Inspection générale
des affaires sociales, Paris, juillet 1988)
Le souci du géographe est d'observer les
phénomènes de santé à l'échelle la plus fine
possible afin d'évaluer au mieux les disparités et les
inégalités. Or il apparaît que les échelles
communales et cantonales se révèlent trop limitées pour
satisfaire à l'analyse de ces phénomènes. De plus, la
régionalisation de l'organisation sanitaire avec les agences
régionales de l'hospitalisation (ARH) et les unions régionales
des caisses d'assurance maladie (URCAM) a induit la nécessité
d'une définition d'un cadre géographique pertinent pour la
réflexion et l'étude des questions de santé publique,
répondant aux déterminants et aux intervenants du domaine de la
santé et prenant en compte les populations et leur genre de vie autant
que les professionnels de santé ou les structures de soins, c'est
à dire autant les besoins que l'offre.
Dans cette optique, de nombreuses études, notamment le
projet de l'URCAM Aquitaine : « Analyse géographique de
la consommation de soins en Aquitaine », ont opté pour un ou
plusieurs autres découpages de l'espace intégrant des
unités géographiques plus vastes et plus peuplées. Ce
choix implique une perte de finesse de l'information mais elle se fait au
profit d'une sécurité statistique qui permet alors la
création de zones d'études homogènes en fonction de
critères d'analyse appropriés. Cette démarche
méthodologique implique une bonne connaissance de l'espace et de la
société considérés.
A titre d'exemple, une étude de l'ARH Languedoc
Roussillon portant sur les déplacements géographiques des
patients vers les lieux de soins, a initié la création d'un
découpage spatial basé sur les bassins de santé
définis comme étant « une partie de territoire
drainée par des flux, hiérarchisés et orientés
principalement vers un centre, de patients aux caractéristiques et aux
comportements géographiques homogènes. » (TONNELLIER
& VIGNERON, 1999)
L'URCAM Aquitaine, associée aux URCAM
Franche-Comté et Languedoc-Roussillon, a choisi comme niveau
géographique d'étude : le niveau cantonal, le bassin
d'emploi et les zones en aires urbaines. Ces deux derniers découpages
ont été définis par l'INSEE (Annexe I p.128).
L'étude de la distribution spatiale de l'offre de soins
et de son recours détermine l'étude des espaces de soins,
dans une approche double : celle du système de soins et celle du
recours aux soins par les utilisateurs.
La localisation et la répartition des
éléments humains et matériels du système de soins
traduisent des choix institutionnels à travers les politiques de
santé publique nationale et régionale, de la part des
professionnels et des structures de santé. Ceci a pour
conséquence une hiérarchisation spatiale des services de
santé sous la forme d'un ou plusieurs réseaux aux mailles plus ou
moins denses. Simultanément ces choix ont un impact sur es niveaux
d'équipement et de desserte (médicale, hospitalière,
sociale...) des populations et donc sur leur accessibilité aux soins.
La logique de l'étude de l'offre de soins selon ces
deux approches relève autant de la géographie des services et de
l'organisation et de la planification sanitaire que de l'économie et de
la sociologie de la santé. En effet, le but de cette étude n'est
pas seulement l'observation et l'évaluation des contrastes
infrarégionaux et de leurs évolutions dans le temps et l'espace,
mais aussi des mécanismes qui animent le champ de la santé en
Aquitaine. La démarche se veut donc descriptive et analytique.
L'espace de soins régional se subdivise en d'autres
espaces définis selon l'approche choisie : le système de
soins ou le patient. (PICHERAL, 1989)
L'espace médical des praticiens
« correspond au territoire professionnel, à l'aire d'influence
du praticien, dont les limites, la surface et le rayon varient en fonction de
la qualification, du mode et du milieu d'exercice, de la
notoriété... » (PICHERAL, 1989) Ainsi mesure-t-on
l'espace médical d'un généraliste ou de tel autre
spécialiste en milieu rural, en ville, dans tel ou tel quartier urbain,
dans un département ou une région. De même, il est possible
de définir le territoire d'un laboratoire d'analyses ou l'espace
hospitalier d'un établissement de soins. Leur aire d'influence varie
avec leur statut, leur importance, leur équipement technique, les
services offerts, leur notoriété... L'évaluation de tels
établissements pourra se faire de manière statistique (taux
d'équipements en lits par exemple) ou de manière effective.
L'espace sanitaire « correspond à
l'aire de recours aux soins d'une population et son utilisation de tel cabinet,
de tel établissement ou institution. » (PICHERAL, 1989) Tout
dépend du niveau de desserte et d'équipement dont on dispose,
donc de l'accès aux soins. Mais la surface de cet espace et son
extension varient en fonction de la spécificité et la
rareté des soins recherchés. Toutefois, des comportements
spécifiques de la clientèle d'une zone peuvent perturber ce
schéma d'organisation, et déforment de fait l'espace sanitaire.
La notion d'accès ne sous-entend pas forcément recours aux
soins ; la distance n'est plus alors uniquement physique mais
également culturelle et/ou sociale.
Par conséquent, la délimitation et l'analyse
d'un espace sanitaire reposent sur l'étude des flux et des champs
migratoires tout en tenant compte des caractères démographiques,
sociologiques, économiques des populations.
Ceci induit le fait qu'espaces médicaux et espaces
sanitaires ne se recouvrent pas automatiquement ; ce qui traduirait le
poids des comportements respectifs et des stratégies des acteurs du
champ sanitaire et montrerait les limites d'une planification sanitaire trop
rigide.
Ces deux types d'espace sont intégrés à
l'étude de l'URCAM Aquitaine, mais seul l'espace médical a pu
être partiellement cartographié et analysé. Il y manque les
données INSEE concernant les densités de praticiens par commune.
L'espace sanitaire n'a pu être abordé faute de retard dans le
traitement, la validité et le transfert des données. Une
cartographie des flux et de la consommation de soins sera ultérieurement
réalisée.
« L'approche géographique des faits de
santé permet donc de prendre ne compte les populations, leurs besoins,
leurs demandes et leurs pratiques du système de soins,
particulièrement spatiales. » (TONNELLIER & VIGNERON,
1999)
2. Allocation des ressources,
planification sanitaire et aménagement du territoire
La loi hospitalière de juillet 1991 (loi TEULADE) a mis
en évidence l'importance du poids régional en tant que niveau
d'aménagement sanitaire, de maîtrise des dépenses de
santé et d'évaluation du système de soins,
intégrant tardivement le champ de la santé dans le mouvement de
déconcentration et de décentralisation des pouvoirs publics
entamé en 1983. Cette action est à la base de la création
des ARH et des URCAM. Elle est destinée à
« créer un échelon exécutif de type nouveau
rendant des comptes directement au gouvernement, mais coiffant l'action des
services déconcentrés de l'Etat en matière d'action
sanitaire et sociale (...). » (HCSP, 1998) Les ordonnances de juin
1996 ont par la suite étendue ce rôle de la région à
l'ensemble des différents secteurs de médecine
(hospitalière, ambulatoire, libérale, publique et
privé).
Dans ce schéma de décentralisation, les textes
législatifs concernant les budgets attribués aux organismes
administratifs, ont créé des enveloppes financières
régionales : les allocations régionales de ressources. Ces
allocations sont destinées à maîtriser les dépenses
de santé et à réduire les inégalités de
santé afin de répondre de manière efficace aux besoins des
individus. Or cette enveloppe régionale est basée sur des indices
nationaux ; « son principal défaut réside dans
l'inadéquation des critères retenus avec la demande effective,
sans prise en compte des spécificités locales des populations
à desservir et du milieu où elle doit s'appliquer. »
(TONNELLIER & VIGNERON, 1999)
Dans ce contexte, il est légitime de s'interroger sur
la validité et la pertinence d'une politique de répartition
interrégionale des ressources financières, au travers de
l'adéquation aux besoins, de l'équité de ces allocations
au niveau interrégional et infrarégional, et de la
potentialité de ces allocations à réduire les
inégalités de santé.
A première vue, il semble de bon sens de réunir,
dans schéma causal simple, inégalités de santé et
inégalités d'offre de soins, dans le but de préconiser une
répartition régionale des moyens financiers pour rétablir
une certaine égalité entre les régions dans l'allocations
des ressources, ce qui devrait induire une réduction des
inégalités de toutes sortes. Cependant, trois points
interviennent et montrent l'inadaptation d'un tel raisonnement :
- la santé dépasse largement le cadre des
soins,
- la capacité d'adéquation et l'efficience du
système de soins à répondre aux besoins de
santé,
- l'accès aux soins.
Vouloir d'améliorer l'état de santé d'une
population principalement par une meilleure répartition des
professionnels et des outils de santé, c'est-à-dire une
localisation de l'offre de soins plus homogène, fait acte d'un souci
d'équité. Néanmoins, doit-on s'interroger sur l'importance
de ce facteur de localisation dans l'amélioration de l'état de
santé des populations, du fait du rôle tenu par des
déterminants autres que le système de soins : cadre de vie,
environnement social, économique et culturel, comportements et genres de
vie.
D'autre part, en abordant le concept de système de
soins, il est souhaitable de préciser la nature des activités que
ce système recouvre. En effet s'intéresse-t-on à
l'ensemble des moyens et activités dont la fonction est la production
d'actes médicaux, l'éducation et la prévention sanitaire,
la rééducation et la réinsertion par lesquels on peut agir
sur certains déterminants importants de la santé ? Ou bien
réduit-on le système de soins aux simples aspects curatifs ?
Dans les ordonnances de 1996, la seconde approche semble
être adoptée. Aucune relation directe ne peut être
établie entre l'augmentation des allocations régionales de
ressources destinées à une région où les
inégalités de santé sont fortes et l'amélioration
de l'état de santé qui en résulterait.
Dans la perspective moderne de la santé, la
répartition des ressources de soins constitue un axe central de toute
politique sanitaire. Dès lors planifier l'aménagement de l'espace
par le développement des équipements devient une
nécessité à laquelle la géographie doit s'attacher
afin de participer à la réalisation d'une planification sanitaire
pertinente.
Cependant, si l'aménagement du territoire se
préoccupe de justices sociale et spatiale, il est fréquent que
cet aménagement n'a pour résultat remarquable que de renforcer
les centres (milieu urbain) au détriment des périphéries
(milieu rural). D'autant que l'aménagement du territoire relève
fréquemment de décisions administratives cloisonnées, ou
tout au moins manquant de la connaissance du terrain et des individus. De
surcroît, la planification des équipements tend à prendre
le pas sur les réalités locales humaines à la base des
organisations spatiales et sociales. « Une planification vraie doit
être fondée sur une adhésion partagée entre acteurs
et usagers, sinon elle relève de la pure utopie. »
3. Santé, planification, justices
sociale et spatiale
L'objectif de toute planification sanitaire ou politique
d'allocation des ressources, est l'adéquation des ressources aux besoins
des populations. Or ces besoins sont souvent réduits à la simple
demande des usagers, qui agit sur l'offre en termes quantitatifs et de
localisation spatiale. D'où la difficulté des principes et des
outils d'intervention adaptés pour corriger l'inégale
répartition des ressources sanitaires. Cependant les lieux
intègrent différentes représentations possédant une
valeur fonctionnelle, économique, sociale, culturelle... De cette valeur
attachée à l'espace ou au territoire va dépendre la
localisation de l'offre de soins, et par conséquent, son
accessibilité et son recours. Au niveau local, la valeur de l'espace va
guider « les choix, les plans, les stratégies, le niveau
d'encadrement sanitaire, la couverture médicale et hospitalière.
» (PICHERAL, 1998)
Cette structuration de l'espace détermine la valeur
sociale des lieux., et au-delà leur valeur marchande puisqu'il est
reconnu que certains critères socioéconomiques
(solvabilité, niveau de revenu...) constituent des facteurs de
localisation des professionnels de santé. Auquel cas, on ne peut plus
raisonner en terme de justice spatiale. La géographie de l'offre de
soins met alors en cause la justice (ou l'injustice) sociale du système
de santé.
Ce dernier a pour but « de prévenir et de soigner
des maladies et d'améliorer l'état de santé des patients
qu'il traite : en d'autres termes, il s'agit de produire de la santé.
» Ce qui revient à produire des soins. Or les critères
d'équité pour les soins définissent d'une certaine
façon les moyens mis en oeuvre en pratique pour obtenir un
résultat conforme à ce concept d'équité.
Les localisations des professionnels de santé
génèrent donc des injustices sociales et spatiales puisqu'elles
sont définies sur la base de critères non arbitraires et
inégalitaires donnant une valeur à l'espace qui n'est pas
réelle ou du moins ne faisant pas acte des critères
d'équité. En conséquence, cette "
ségrégation " tout d'abord spatiale, puis sociale, est
créatrice d'inégalités d'accès aux soins, induisant
des inégalités de traitements.
Afin d'évaluer et de corriger ces
inégalités, les mesures des disparités
géographiques sont standardisées de manière à tenir
compte des besoins de la population.. En outre, les critères
d'allocation de ressources tendent à intégrer, outre la taille de
la population, des indicateurs de besoins tels que l'âge, la
mortalité ou la morbidité. Néanmoins, même si elle
est répartie en tenant compte des besoins, la localisation de l'offre
n'est pas suffisante pour assurer une égalité de traitement au
sens de l'équité pour des besoins identiques.
H. PICHERAL (PICHERAL, 1996) estime que la planification
sanitaire est « le processus d'identification des besoins de santé
des populations, de détermination d'objectifs prioritaires, de
prévisions des moyens à mettre en oeuvre. » Cette
définition suppose qu'il est nécessaire de disposer d'une «
assise spatiale » dans lequel s'inscrit un « souci de plus grande
justice sociale ».
En terme de méthodologie, la planification suit trois
étapes (cette méthodologie est suivie par le projet URCAM) :
Ø la recherche d'un consensus sur les finalités
du projet ou de l'étude,
Ø la définition des objectifs prioritaires ou
spécifiques afin de cibler au mieux les interventions,
Ø la détermination et la mise en place des
moyens et des outils d'intervention.
Toutefois, il est important de dégager les perspectives
dans lesquelles s'inscrit la planification sanitaire ; définir la nature
des problèmes posés et l'approche considérée de ces
derniers : humaine ou organisationnelle ?
Dans le cas d'une approche humaine, les besoins de la
population constituent l'épicentre de la logique d'intervention. Ces
besoins sont identifiés par des critères
démographiques (sexe, âge, espérance de vie...),
géographiques (distance d'accès, transports,
topologie...), sociologiques (CSP, niveau et genre de vie,
chômage, précarité...) et
épidémiologiques (morbidité et
mortalité).
Dans une perspective organisationnelle,
l'aménagement de l'espace, l'organisation des
équipements, des services et des professionnels de
santé, est l'axe principal de la démarche planificatrice,
reléguant au second plan la population qui peut alors devenir une
contrainte. (NOGUES & AZEMA, 1996)
Il y a peu de temps encore tout projet de planification
sanitaire reposait sur un découpage de l'espace en secteurs sanitaires.
Or ceux-ci ne prennent en compte ni les mouvements de populations, ni les
spécificités ou les comportements locaux. De plus, ces
démarches ne s'inscrivaient pas dans le temps, en ignorant toute
évolution potentielle dans une dimension spatio-temporelle. Enfin,
l'organisation spatiale de l'offre n'était soumise à aucune
logique d'implantation et de localisation, ce qui provoquait une
inadéquation totale entre l'offre et les usagers. Car, comme le fait
remarquer E. VIGNERON, « l'offre sanitaire étant donnée,
chacun est libre d'aller où il veut ! » (VIGNERON, 1996).
Par conséquent, l'espace médical ne recouvre pas
entièrement l'espace sanitaire. La démarche planificatrice doit
donc être réalisée en faveur des espaces non couverts,
voire marginaux ; cette non-couverture ou marginalité étant
créatrice d'inégalités. De ce fait, le système de
santé peut se prévaloir d'être un « facteur correcteur
des inégalités sociales et spatiales. » (PICHERAL, 1997)
Il est également nécessaire dans ce contexte
d'intégrer les déterminants comportementaux des professionnels de
santé et des patients. C'est à dire tenter de définir au
mieux les besoins des uns et des autres.
4. Quelle(s) définition(s) des
besoins en planification sanitaire ?
Puisqu'il s'agit de raisonner en terme d'équité,
il est nécessaire de raisonner également " à besoin de
soins égal ", ce qui soulève un problème conceptuel et
méthodologique majeur : la définition et l'évaluation
de ces besoins.
La loi hospitalière prévoit que « la carte
sanitaire et le schéma régional d'organisation sanitaire (SROS)
ont pour objet de prévoir et de susciter les évolutions
nécessaires de l'offre de soins en vue de satisfaire de manière
optimale la demande de santé (...) ; ils sont arrêtés (...)
sur la base d'une mesure des besoins de la population. » (Loi
n°91-748 du 31 juillet 1991, article 712-1 du code de la santé
publique)
Or après examen des premiers SROS, B. BASSET et A.
LOPEZ ont jugé que les données épidémiologiques
avaient peu ou pas servi à la démarche planificatrice de
l'adaptation de l'offre de soins. Dans l'idée où les besoins de
santé font parties intégrantes de l'état de santé
d'une population, d'une manière ou d'une autre, deux hypothèses
peuvent être formulées. (BASSET & LOPEZ, 1997)
La première repose sur le fait que l'organisation de
l'offre de soins ignore les besoins de santé des individus ; ce qui
serait quelque peu paradoxal puisque la finalité du système de
santé est de produire des soins en réponse à une demande
traduisant des besoins humains.
La seconde hypothèse revendique l'obligation
d'intégrer les besoins de santé à toute démarche
planificatrice ; ce qui ramène le débat aux problèmes
méthodologiques évoqués précédemment sur la
définition et l'évaluation de ces besoins, et sur
l'adéquation de l'offre de soins aux besoins.
Sans doute ces besoins sont-ils fonction de la taille de la
population, mais le nombre de personnes doit être pondéré
par leur âge : la probabilité de présenter une ou plusieurs
pathologies s'accroît avec l'âge, il est donc normal que les
personnes âgées occasionnent plus de dépenses que de jeunes
individus. De même, sur le plan infrarégional, il est normal que
des zones de peuplement âgé aient des dépenses moyennes
plus élevées que de zones où la population est plus jeune.
Il est reconnu en Aquitaine que les populations jeunes résident
généralement en zone urbaine, et les populations
âgées en milieu rural. Ce schéma de peuplement induit des
besoins et des dépenses plus importantes en milieu rural. L'offre de
soins doit donc être plus dense dans ces régions. Nous verrons par
la suite ce qu'il en est.
Mais l'âge ne suffit pas pour rendre compte localement
des écarts de besoins. Le HCSP3(*), suite à de nombreuses études, a reconnu
« qu'il existe sur le territoire des spécificités
épidémiologiques, des différences dans la
prévalence de telle ou telle pathologie, indépendamment de
l'âge. » (HCSP, 1998) Cependant, rendre compte de ces
spécificités et de leur influence sur le recours aux soins et les
dépenses se révèle particulièrement complexe du
fait de la grande diversité des situations. Pour trouver un indice
commun, il est donc nécessaire de prendre en compte des indicateurs
communs et accessibles (selon la loi Informatique et Liberté
n°78-17 du 6 janvier 1978) tels que la mortalité
générale, prématurée, évitable...
En outre s'il est vrai que la vulnérabilité de
la population aux états morbides est induite par des composantes d'ordre
sociologique et économique, l'introduction d'indicateurs de
vulnérabilité semble opportune : pourcentage d'individus
bénéficiant des minima sociaux, des aides sociales, des personnes
âgées vivant seules, bénéficiant du Ticket
Modérateur, du tiers payant...(HCSP, 1998). Une liste d'indicateurs
éventuels a été proposé dans le cadre du projet
URCAM : "Analyse géographique de la consommation de soins " ; nous
reviendrons plus loin sur cette liste.
R. PINAULT et C. DAVELUY ont défini en 1986 le concept
de besoins de santé en santé publique ; il s'agit de «
l'écart entre un état de santé constaté et un
état de santé souhaité par la collectivité ou ses
représentants. »
Deux problèmes se posent alors.
D'une part, évaluer un état de santé
nécessite de disposer d'indicateurs d'évaluation tels que les
données de mortalité, épidémiologiques et de
consommation.
Les données de mortalité sont très
importantes car elles permettent de connaître les pathologies - causes de
décès, et ainsi d'orienter les politiques de santé
publique.
Cependant, ces données sont limitées « par
le caractère létale de ces pathologies, ce qui ne concernent
qu'une partie des pathologies prises en charge par le système de soins.
» L'étude des différents taux de mortalité ne
permettent ni de déterminer les besoins de santé des individus,
ni de montrer un défaut ou un excès d'équipement du
système de soins. Ceci ouvre le débat sur d'autres questions ne
mettant pas en jeu l'offre de soins, mais des sujets environnementaux ou
socioculturel : accès aux soins, genre de vie, comportements à
risque, desserte du territoire... (SALOMEZ & LACOSTE, 1999)
L'analyse de la morbidité met en oeuvre «
l'estimation de la fréquence et des caractéristiques des
problèmes de santé. » Cette analyse n'a pas de buts communs
avec la planification sanitaire ; elle est réalisée sur un
échantillon d'individus sélectionnés dont on va
étudier l'adaptation aux conditions de vie et du milieu. « De
telles études épidémiologiques, expliquent JL. SALOMEZ et
O. LACOSTE, où sont enregistrées de façon exhaustive dans
le cas d'une affection sur un secteur géographique, sont de
véritables programmes de recherche dont la généralisation
est impossible en raison des coûts et des savoir-faire
méthodologiques qu'ils impliquent. » Pour pouvoir utiliser de
telles sources d'information en planification sanitaire, il est
nécessaire de mesurer outre la fréquence des pathologies, leur
répartition géographique, les facteurs de risque et les
modalités de prise en charge du système de soins. Or peu
d'études offrent cette exhaustivité, jamais les sources de
données permanentes. (SALOMEZ & LACOSTE, 1999)
Les données de consommation portent
généralement sur le PMSI (Programme de médicalisation des
systèmes d'information) des établissements hospitaliers, c'est
à dire leur activité médicale. Or il apparaît
rapidement que les données de consommation issues du système de
soins ne peuvent être utilisée en planification sanitaire, car les
statistiques sont établies sur la base de séjour et non par
patients ce qui rend ces données très dépendantes de
l'organisation du système de soins. De plus, estimer un besoin par la
consommation revient dans le cas où l'offre de soins n'est pas
présente, à estimer qu'il n'y a pas de besoins de soins, ce qui
serait une gageure puisqu'il ne faut pas assimiler besoin et demande. Tout
besoin ne s'exprime pas par une demande de soins, si celui-ci n'est pas
ressenti ; cette conception risquerait d'entraîner de graves situations
de risque, que la planification a pour but d'éviter ou
d'éliminer.
D'autres part, définir un état de santé
implique une base de référence, subjective ou objective,
idéale ou souhaitée. Or cette base de référence
n'est pas unique ; elle diffère selon le modèle de
représentation de la santé. Cette référence tient
compte du niveau de perception des patients : approche globalisante et
communautaire du champ de la santé, et des professionnels de
santé. Ces derniers ont des points de vue dissociés : les
praticiens vont exprimés leur opinion en fonction de la notion de
services fournis, les experts de la santé publiques selon une approche
théorique et idéale. (SALOMEZ et LACOSTE, 1999)
Ce modèle de référence varie
également selon une dimension spatio-temporelle. JL. SALOMEZ et O.
LACOSTE précise qu' « établir un besoin de santé
revient à se situer sur une échelle allant du besoin vital
élémentaire au besoin de bien-être, de confort. »
Cette échelle repose sur les caractéristiques
démographiques, socio-économiques, culturelles ou religieuses
d'une population (schéma 1 p. 23). Or ces caractéristiques
diffèrent au sein d'une même région. En outre, au cours
d'une période, les pathologies soignées ne sont pas les
mêmes et ne s'expriment pas de la même façon en terme de
besoins.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine3.png)
Source : SALOMEZ & LACOSTE, 1999
Le constat du caractère régional des
dysfonctionnement de la société sous l'angle du trait de la
vulnérabilité face à la maladie fait passer la notion de "
besoin de santé " à celle de " besoin de soins ". L'influence
des disparités, socio-économiques par exemple, entre les
populations pourra également s'exprimer dans le type de recours aux
soins, plutôt la médecine de ville ou bien la médecine
hospitalière. Ces disparités infrarégional peuvent
conduire à une rupture entre équité et efficacité
du système de soins. La réponse adéquate à ces
problèmes spatio-temporels ne passe donc pas nécessairement par
l'adaptation des dotations de ressources des régions.
Ainsi le secteur sanitaire est censé développer
une gamme de réponses aux cas de détérioration
significative de l'état de santé de la population allant
au-delà de ce qui serait la conséquence normale de la structure
par âge. L'attribution des ressources à une région doit
permettre à la planification sanitaire de remplir cette mission, et
c'est dans ce cadre que le besoin d'accès aux soins s'identifie de prime
abord à un besoin de ressources à affecter au système de
santé.
Rien ne permet de considérer que cette
détérioration s'effectue de manière homogène sur
l'ensemble du territoire régional, tant en ce qui concerne les
pathologies traitées que de l'ampleur du phénomène. Par
conséquent, il est évident qu'il est nécessaire de
développer régionalement certains pôles d'offre sanitaire
par rapport à d'autres, ce qui pose des problèmes de
planification sanitaire, mais également d'allocations de ressources
comme support financier de cette planification.
Toutefois dans un souci de stabilisation des moyens dans le
temps, cette exigence de l'adaptation de l'offre aux besoins de soins, et donc
à l'état de santé des individus, parce qu'elle peut faire
apparaître des besoins d'accès aux soins spécifiques
à tel ou tel lieu, nécessite de déterminer ce qui, dans
l'état de santé de la population, a réellement un
caractère endémique.
Ainsi une conception élargie de la notion de besoin
d'accès aux soins, incluant une dimension sociologique et
économique, va de paire avec la préconisation d'un espace
sanitaire infrarégional. Dans ce contexte les besoins d'accès aux
soins ne s'identifient plus seulement à des ressources allouées
mais aussi à des procédures d'utilisation de ces ressources.
En outre, la simple mise à niveau de l'offre de soins
n'est en rien une réponse aux besoins de soins ; l'offre peut
être induite par des logiques extérieures ignorant ces besoins.
« Il peut s'agir du maintien ou de l'augmentation de la rétribution
du prestataire (du professionnel ou de la structure de soins) (...), d'une
logique d'aménagement du territoire en dehors de toute
considération sanitaire (...), tous domaines où les
considérations politiques locales ne sont pas absentes. » (SALOMEZ
& LACOSTE, 1999) Mais ces démarches planificatrices ont tendance
à intervenir sur des structures déjà en place. Par
ailleurs, la logique animant ces politiques est fondée sur la
consommation de soins ; or nous avons vu précédemment que
consommation ne correspondait pas avec besoins de soins ou utilisation du
système de soins. Cette logique part du principe que lorsque la
consommation locale est inférieure à une moyenne,
référence régionale ou nationale, cela traduit une
faiblesse des besoins, et par conséquent une utilisation des ressources
limitée. Mais lorsque cette consommation est supérieure à
la moyenne, les besoins ne sont pas considérés comme plus
importants, mais comme une surconsommation que les pouvoirs publics doivent
maîtriser. Cette logique est aberrante, car dans un cas comme dans
l'autre, les acteurs du champ sanitaire n'essaient pas d'évaluer les
besoins de manière objective et efficiente, mais ils statuent sur des
données statistiques subjectives qui ne représentent pas la
réalité, afin de maîtriser dépenses et planification
sanitaire.
Quelle est donc la finalité de politiques locales ?
Gestion des ressources budgétaires ou amélioration sensible de
l'état de santé des individus en essayant d'adapter l'offre aux
besoins ? Une nouvelle fois, le débat porte sur deux aspects
inséparables du système de santé en France : faut-il
favoriser l'aspect financier ou l'aspect humain, sachant que la santé
est avant tout un domaine pour les individus, organisé et
géré par et pour les individus, employant des individus, mais ne
fonctionnant que par des moyens financiers ?
Le schéma 2 montre que l'analyse doit prendre en
compte simultanément plusieurs facteurs.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine4.png)
Source : SALOMEZ & LACOSTE, 1999
Enfin, l'analyse géographique de l'offre de soins en
Aquitaine a pour but de répondre à ces trois questions :
Ø L'offre de soins est-elle globalement suffisante ?
Ø Est-elle adaptée et équilibrée
entre les différents secteurs d'activités ?
Ø Est-elle correctement, voire équitablement,
répartie sur le territoire régional ?
Les deux premières questions induisent une analyse
quantitative, basée sur des statistiques établies sur le rapport
: taux d'équipement par secteur, et de productions.
En outre, il convient d'effectuer une analyse spatiale
dynamique des flux et des aires d'attractions, et une analyse de
démographie médicale (localisation, effectifs,
densités...). Ces analyses ayant pour objectif de formuler des
projections afin d'anticiper sur les futurs besoins.
Cette méthodologie analytique est l'armature du projet
URCAM sur lequel nous reviendrons plus en détail.
* *
Chapitre II : RECHERCHE
DOCUMENTAIRE ET BIBLIOGRAPHIQUE
La recherche documentaire a été
réalisée principalement par Internet sur différents sites
et principalement au CREDES (Centre de recherche, d'études et de
documentation e économie de la santé).
Au CREDES, le centre de documentation nous a permis
d'étudier différentes études et rapports portant sur le
thème de la géographie de la santé ; une majeure partie de
ces travaux ont été réalisés sous la direction de
F. TONNELLIER, directeur de recherche, en collaboration avec V.
LUCAS-GABRIELLI. Ces deux personnes travaillent également dans le cadre
du projet URCAM pour le CREDES.
En raison d'un déménagement du centre de
documentation ayant eu lieu au cours du mois de décembre, nos recherches
se sont arrêtées à cette date.
Par ailleurs, le CEPED (centre français sur la
population et le développement) et l'ORSA (Observatoire de la
santé d'Aquitaine) possèdent chacun un centre de documentation
que nous avons fréquenté également.
La liste suivante est composée des adresses internet
des sites que nous avons visités et qui nous ont fourni documents,
cartes et informations divers.
Sites généraux :
- INSEE : www.insee.fr
- INED : www.ined.fr
- Conseil régional d'Aquitaine :
www.cr-aquitaine.fr
En santé publique :
- Haut Comité de Santé Publique :
www.hcsp.ensp.fr
- URCAM Aquitaine : http//urcam.free.fr
- ARH Aquitaine : http//arh-aqui.alienor.fr
- Banque de données en Santé Publique :
www.bdsp.tm.fr
- CREDES : www.credes.fr
- Ecole nationale de Santé Publique : www.ensp.fr
- CEPED : www.ceped.ined.fr
En aménagement du territoire :
- Délégation à l'aménagement du
territoire et à l'action régionale (DATAR) : www.datar.gouv.fr
La recherche bibliographique a été
effectuée principalement à la Bibliothèque de
géographie de l'Institut de géographie, d'urbanisme et
d'aménagement du territoire et à la Bibliothèque nationale
de France, site F. MITTERRAND.
Une partie des ouvrages consultés l'a été
précédemment dans le cadre de recherche de maîtrise.
Les ouvrages, travaux et autres documents qu'il nous a
été permis de consulter sont le résultat d'enquêtes
et d'analyses d'experts dont la qualité n'est pas remettre en cause.
Cependant, peut-on reprocher à certains un trop peu d'objectivité
et d'ouverture au grand public. En effet, ces documents restent attachés
à un secteur d'activité spécialisé, et sont
destinés à des professionnels ; ce manque de vulgarisation limite
la portée et la pertinence des travaux ce qui est dommageable puisque
l'esprit qui anime ces recherches, est celui d'une meilleure connaissance des
situations et l'apport d'éléments de réponses aux
problèmes, de santé publique par exemple.
Néanmoins, la majeure partie des ouvrages et documents
forment une solide base de travail, ouvrant de nombreuses pistes de
réflexions. D'autant que certains auteurs permettent par leur
développement, l'approche du sujet traité par d'autres voies et
d'analyses pluridisciplinaires.
Enfin, nous nous n'aurons pas la fatuité de critiquer
un à un les travaux des auteurs présents dans la bibliographie,
d'une part par respect pour l'auteur et son travail, d'autre part, nous ne
pensons pas que ce soit l'objet de ce mémoire.
* *
Chapitre III : LE PROJET
URCAM
Part importante du travail de recherche effectué, le
stage réalisé à l'URCAM Aquitaine sous la direction de M
G. GRENIER et Mme C. VAN KEMMELBEKE, nécessite un développement
d'autant qu'il concerne un projet novateur et intéressant tant pour la
géographie et l'aménagement du territoire, que pour l'assurance
maladie et la médecine ambulatoire.
1. Présentation du projet
Lorsqu'en 1991 la loi hospitalière TEULADE a, pour
renforcer le pouvoir décentralisé de la région,
créé les agences régionales de l'hospitalisation, les
ordonnances de 1996 ont par suite prévu d'améliorer la
coordination des différents régimes d'assurance maladie pour
équilibrer les deux secteurs de la médecine au niveau
régional. Ceci s'est traduit par la création des unions
régionales des caisses d'assurance maladie ; seul organisme à
posséder la dimension inter-régime, l'URCAM a pour mission
« la coordination de la gestion du risque entre les trois grands
régimes (régimes agricole, général et
libéral) au niveau régional, mais, surtout, la régulation
régionale de l'objectif d'évolution des dépenses
médicales des professionnels libéraux, médecins et autres.
» (HCSP, 1998)
L'équivalent du SROS, pour l'assurance maladie est le
Programme régional de gestion du risque pour la période 1998-2002
dont l'objectif principal vie à « optimiser l'utilisation des
ressources sous contraintes de rareté. »
Le projet URCAM s'inscrit dans ce programme en créant
une assise destinée à parfaire la connaissance du secteur
ambulatoire sur l'ensemble du territoire régional.
Né en 1998, peu de temps après la
création des URCAM, le projet a été lancé à
la demande de la CCMSA souhaitant connaître plus finement l'état
du champ médical en milieu rural. Institué en premier lieu en
Franche-Comté, le projet a été élargi à deux
autres régions : Aquitaine et Languedoc-Roussillon.
Le projet intitulé "Santé et milieu rural "
correspond parfaitement à la réalité géographique
de la région Franche-Comté, région essentiellement rurale
; jugé trop restrictif et incohérent avec la situation
géographique en Aquitaine, le projet fut rebaptisé en Aquitaine
"Analyse géographique de la consommation de soins en Aquitaine ".
Dans le cadre du projet, interviennent le CREDES, les Unions
régionales des médecins libéraux (URLM), les Caisses
régionales d'assurance maladie (CRAM), éventuellement les ARH, et
les acteurs de santé (aides à domicile, les structures publiques
et privés de proximité, les libéraux et les
paramédicaux, les acteurs de prévention...)
2. Les objectifs et les
limites
Initialement, lors de la mise en place de la convention URCAM
- CCMSA, les objectifs définis du projet visaient à :
- L'appréhension correcte des enjeux et des objectifs
prioritaires en termes de maîtrise des dépenses, d'accès
aux soins et de qualité des soins, et de prévention ;
- La définition des critères et indicateurs
géographiques de santé par l'identification des données
disponibles pouvant rendre compte des spécificités sanitaires et
rurales ;
- La définition de la méthodologie d'analyse et
des actions destinées aux professionnels de santé et aux
assurés sociaux résidant en milieu rural.
Par la suite, le projet a évolué dans sa
conception, son organisation et sa méthodologie. Les objectifs ont
été redéfinis comme suit :
« Promouvoir (notamment en milieu rural) l'analyse et la
mise en oeuvre d'actions
· de gestion du risque,
· d'accès aux soins,
· de santé publique ou de prévention
par
1) la construction d'indicateurs géographiques de
santé pertinents et le développement d'outils d'analyse,
adaptés à la réalité des milieux rural et
urbain,
2) la conception et le développement de
systèmes d'information et de méthodologies de collecte et de
valorisation des données qui pourront s'appuyer les systèmes de
l'assurance maladie,
3) le soutien à des actions expérimentales,
4) une démarche participative qui permette de
valoriser le potentiel et l'expérience des différents
partenaires.
Cette étude devrait notamment permettre de mieux
comprendre les mécanismes qui font obstacle à l'accès
effectif aux soins, qu'ils soient liés à la géographie de
l'offre de soins (distance d'accès), à la situation
économique des personnes concernées (degré de
solvabilisation) ou à des phénomènes d'ordre culturel,
social ou psychologique.
L'intérêt scientifique du projet est
d'établir une méthodologie d'analyse des inégalités
dans l'offre, la consommation, les besoins de soins, et proposer des actions
correctives.
Pour ce faire, plusieurs interrogations se sont posées
auxquelles l'apport de réponses, en tout ou partie, est
nécessaire afin d'atteindre les objectifs fixés
précédemment.
Comment réduire les inégalités
d'accès aux soins, les disparités d'offre au sein d'un
territoire ? Quels aménagements, quelles méthodes ...
peuvent répondre à cet objectif ?
Quelle couverture de l'espace est susceptible d'être
mise en place pour réduire, voire éliminer toutes les
inégalités dans la consommation et l'offre de soins ?
Comment l'aménagement du territoire peut-il
répondre à un tel besoin ?
Les niveaux géographiques retenus par le comité
de pilotage sont ceux du canton, de la ZAU (zonage en aires urbaines) et des
bassins d'emploi. Ces différentes échelles ont l'avantage de
permettre d'une part la construction d'indicateurs géographiques
pertinents et le développement d'outils d'analyse adaptés, et
d'autre part de conserver le niveau de confidentialité requis par la loi
" Informatique et Libertés ".
Le zonage en aires urbaines (ZAU) définit un espace
à dominante urbaine avec des pôles urbains et des communes
périurbaines, et l'espace à dominante rurale. Nous avons
placé en annexe (Annexe I p.128) un document de synthèse
reprenant et expliquant les principaux découpages utilisés par
l'INSEE.
Une des principales limites rencontrées par le projet
est la définition de la ruralité et ses rapports à la
santé. Les spécificités du monde rural sont un facteur de
différenciation en matière de santé. Cependant, le
même problème se pose en ce qui concerne les espaces à
dominante urbaine.
Par ailleurs, le projet souffre de sa dimension
inter-régime. Il est en effet difficile de rapatrier et d'adapter
l'ensemble des données et informations requises. De plus, le traitement
statistique est relativement lourd, et consommateur de temps ce qui occasionne
un retard dans l'avancée du projet. Faute de disponibilité des
données statistiques de l'INSEE, la réalisation cartographique et
les analyses n'ont pu être réalisées au cours de notre
stage. Il en va de même pour les données de l'inventaire communal
et de consommation.
A ceci s'ajoute une période de mise en route quelque
peu difficile de notre part sur le système d'information
géographique (SIG) : GéoConcept, du fait d'un manque de formation
sur SIG.
D'autres contraintes interviennent cependant. Dans le
rapprochement de la population consommante et la population de l'INSEE, les
sections mutualistes ne sont pas incluses dans le Régime
Général alors qu'elles figurent dans la population INSEE. De
même, se pose le problème des régimes particuliers dont on
ne connaît pas la consommation.
En outre, l'étude souffre du manque d'informations
issues du secteur hospitalier.
3. Méthodologie du
projet
La méthodologie du projet repose sur cinq étapes
:
1. Création d'une liste d'indicateurs
géographiques de santé
2. Réalisation de requêtes destinées
à construire une base de données statistique
3. Traitement statistique des données et construction des
indicateurs
4. Réalisation d'une cartographie de l'offre, des flux et
de la consommation sur le système d'information géographique
SIG : GéoConcept, de ces indicateurs au niveau des cantons,
ZAU et zones d'emploi. Cette cartographie repose sur des chiffres
d'effectifs de praticiens à l'échelle communale. Pour une
meilleure lisibilité et analyse des cartes, nous avons pris le parti de
ne faire apparaître que les contours représentant les limites
régionales et départementales et les limites cantonales.
Toutefois, lorsqu'une commune est représentée en couleur sur la
carte, cela sous-entend qu'elle possède au moins un praticien de la
catégorie cartographiée ; dès lors, les limites de cette
commune circonscrivent la tâche de couleur. Les communes ne
possédant aucun praticien de la catégorie professionnelle
cartographiée, sont laissées en blanc ; ceci à des fins
d'optimisation de la lisibilité de la carte, pour ne pas la surcharger
en couleur. Les tailles des effectifs conditionnent le nombre de classes de
couleurs. Par exemple, les omnipraticiens sont forts représentés
sur le territoire régional, leur effectif a donc été
découpé en cinq classes. A l'inverse, les ophtalmologistes ont un
effectif régional restreint, il a donc été
découpé en trois classes.
5. Elaboration d'une analyse géographique de l'offre et
de la consommation de soins : détermination des pôles
d'attraction, identification des inégalités spatiales, des
distances d'accès aux soins, des zones isolées, des clivages
socio-sanitaires, des espaces sur- et sous-médicalisés...
La première étape consiste en la
définition des indicateurs d'atteinte des objectifs :
· Existence ou non des différents produits
attendus ;
· Nombre et impacts des actions menées dans le
cadre du projet ;
· Mise en place d'indicateurs permettant de suivre
l'évolution de la situation à moyen terme (5 à 10
ans) ;
· Satisfaction des bénéficiaires de
premiers niveaux de l'action par une enquête ;
· Utilisation des différents outils et
méthodologies développés et niveau de
généralisation de la démarche ;
· Evaluation du réseau mis en place (nombre,
provenance, zones géographiques...).
a). Les indicateurs d'offre de soins
Les indicateurs géographiques de santé
constituent le corps des requêtes définissant les
caractères de l'offre de soins.
Les indicateurs et les caractéristiques choisis pour
alimenter l'enquête du projet induisent le fait que, comme toute
classification, le résultat n'a pas une valeur absolue. L'appartenance
à une classe ou une ZAU plutôt qu'à une autre peut
être contesté par un choix différent d'échelle ou de
délimitation spatiale. Le but est de mesurer la pertinence des
caractéristiques et des indicateurs devant définir un type de
zone ou d'espace dans une classification destinée à illustrer la
consommation ou l'offre de soins.
Il s'agit donc d'une information d'une réelle
portée pratique pour la gestion du système de santé dans
le sens où elle doit permettre d'identifier les zones ou espaces
d'inégalités : défavorisés, prioritaires,
surmédicalisés... Toutefois, cet outil ne permet en rien
d'apporter un élément de réponse aux problèmes du
fait qu'il est plurifactoriel. De plus, la réponse au problème ne
tient pas en l'analyse simple de l'espace géographique, mais en celle
d'un faisceau de paramètres devant déterminer un schéma
d'intervention.
Cette classification ne prend pas en compte des
phénomènes dont l'étude serait possible à
l'échelle des communes (centre/périphérie...) ; ceci
constituant une des limites du projet. Une étude à ce niveau,
comme à celui des îlots d'habitation ou des quartiers serait tout
à fait complémentaire. On pourrait ainsi obtenir des informations
plus précises concernant la consommation médicale, l'accès
aux soins, la protection sociale et l'état de santé, proposant
une façon d'approcher les différentes logiques de soins et de
comportements de chaque paysage socio-sanitaire. Mais se pose alors le
problème de l'acquisition des données compte tenu de la loi
Informatique et Liberté et du secret médical.
* Pour l'offre de soins ambulatoire, les
indicateurs choisis se divisent en deux thèmes :
La répartition des professionnels de
santé est définie à partir des effectifs et
des densités de praticiens par cantons
L'accessibilité est
déterminée sur la nation de distance spatio-temporelle, selon
trois catégories :
- La distance d'accès permet de prendre en
compte la superficie des communes et d'obtenir une variation continue entre les
communes possédant un praticien et celles qui n'en disposent pas.
- La distance d'implantation correspond à la
distance à vol d'oiseau séparant le centre d'une commune au
centre de la commune la plus proche où exerce le producteur de soins de
la discipline étudiée.
- La distance de clientèle est un calcul
similaire au précédent mais prenant en compte uniquement les
consommateurs de soins.
* L'offre de soins hospitalière est
basée sur des données issues du SROS 1999-2004 et fournies par le
CREDES :
L'hospitalisation (en cours et moyen
séjour) :
- Le nombre de centres hospitaliers régionaux
(CHR),
- Le nombre de lits en hospitalisation complète pour
1000 habitants,
- L'équipement en matériel lourd (IRM4(*), scanner...),
- L'activité en hospitalisation complète :
nombre d'entrées, durée moyenne de séjour, coefficient
d'occupation des lits.
- La distance d'accès à un service de
médecine générale,
- La distance d'accès à un service de chirurgie
générale.
Les urgences :
- La répartition des services d'urgences sur le
territoire régional,
- La distance d'accès à ces services,
- L'implantation des SAMU par secteur sanitaire.
La psychiatrie :
- Le nombre de lits,
- La répartition par âge des patients.
Les structures
médico-sociales :
- La répartition et le nombre d'équipements
gériatriques : hébergement collectif, hébergement
médicalisé,
- La répartition et le nombre d'établissement
pour enfants et adultes handicapés.
b). Divers autres indicateurs
D'autres indicateurs ont été définis afin
d'étudier la structure de la population aquitaine et sa consommation de
soins.
* Les premiers concernent la
démographie ; il s'agit entre autres :
- de la part des classes d'âge 0-19 ans, 20-59 ans,
20-74 ans et 75 ans et plus dans la population totale (recensement 1998),
- du taux de variation annuelle de la population totale entre
1982-1990 et 1990-1998,
- de la part des ménages de une à trois
personnes,
- du pourcentage des familles monoparentales
* Les données
d'épidémiologie seront fournies par l'INSERM et
l'ORSA :
- les dix premières causes de décès,
- l'indice comparatif de mortalité (ICM)
générale,
- l'ICM pour les principales causes de
décès,
- le nombre des décès masculins et
féminins par tranche d'âge,
- les taux de mortalité générale
masculine et féminine,
- le rapport entre les taux de mortalité masculine et
féminine régionaux et les taux nationaux,
- le calcul des années potentielles de vie perdue
(ADP),
- le taux de mortalité prématurée,
- le taux de mortalité infantile,
- l'espérance de vie à la naissance, à
20 ans, à 35 ans, à 40 ans, à 60 ans, à 60 ans et
sans incapacité,
- le niveau de dépendance.
* La morbidité sera
étudiée à partir d'informations fournies par les
différents régimes de l'assurance maladie et le SESI5(*) ; ces informations sont
basées sur
- l'invalidité,
- le taux de vaccination,
- le poids des affections de longues durées (ALD).
* Enfin des données
socio-économiques viendront renforcer cette étude ;
elles concernent :
Ø la couverture sociale obligatoire :
- les effectifs et le pourcentage par rapport à la
population régionale de personnes couvertes par l'Assurance Maladie,
- les effectifs et le pourcentage de personnes couvertes par
les différents régimes.
Ø la couverture sociale supplémentaire :
- les effectifs et le pourcentage de personnes
bénéficiant de l'exonération du Ticket Modérateur
par rapport à la population couverte,
- idem pour l'Aide Médicale,
- le taux de Tiers Payant.
Ø Le niveau et les conditions de vie :
- le nombre d'allocataires RMI,
- le nombre de personnes vivant du RMI,
- le nombre d'allocations d'aide aux handicapés (AAH)
par tranche d'âge,
- le nombre d'handicapés actifs,
- le taux de chômage au sens du Bureau International du
Travail (BIT),
- l'équipement des logements,
- le niveau d'éducation,
- le revenu des ménages ...
A la fin du stage, seule la cartographie et l'analyse de
l'offre par effectifs et par discipline ont été
réalisées, faute de temps et de moyens, et vue de l'ampleur du
projet. Nous avons adjoint une carte calque, volante (carte 18) au
mémoire représentant les cantons d'Aquitaine afin de permettre
une meilleure lecture des cartes d'offre de soins ambulatoire.
*
* *
Deuxième Partie
L'offre de soins en Aquitaine
Réaliser une analyse géographique de services
ponctuels dans le temps et l'espace nécessite une certaine connaissance
d'une part de la population consommante de ces services, d'autre part des
producteurs et de logiques de répartition. Dans le cas de la
santé, cette connaissance est d'autant plus essentielle que la
santé est un marqueur identitaire des populations, des pratiques
sociales et des comportements économiques et socioculturels.
Chapitre I : L'ESPACE AQUITAIN :
UN PEUPLEMENT CONTRASTÉ
L'Aquitaine compte au recensement général de la
population (RGP 99) un peu plus de 2,902 millions de résidents. Entre
1990 et 1999, le peuplement de l'Aquitaine a poursuivi la croissance
préalablement observé au cours de la période
intercensitaire 1982 - 1990 ; son rythme de progression est de l'ordre de 0,4 %
par an depuis 1990 (0,6 % entre 82 et 90), toutefois elle n'est pas
homogène sur l'ensemble du territoire aquitain. Les comportements
démographiques, associés à la structure par âge de
la population et aux mouvements migratoire, sont sensiblement différents
entre les zones rurales, urbaines, littorales, de l'arrière-pays, des
zones et des piémonts montagneux.
La baisse du rythme de progression de la croissance
démographique tient au fait que l'excédent naturel tend à
être résorbé, d'autant que le solde migratoire ne le
compense plus.
Graphique 1 : Population de 0
à 25 ans en Aquitaine en 1999
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine5.png)
Source : INSEE, 2000
Graphique 2 : Population de plus de 65
ans en Aquitaine en 1999
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine6.png)
Source : INSEE, 2000
Les grandes pôles urbains poursuivent leur croissance et
leur développement en étendant leur aire d'influence et l'emprise
du milieu urbain aux zones périurbaines : 37 100 habitants6(*) supplémentaires en 1999
pour l'unité urbaine de Bordeaux, 9 700 pour la conurbation basque
Bayonne-Anglet-Biarritz et 3 800 pour l'unité urbaine paloise. Au total,
ces trois pôles concentrent un tiers des aquitains et
bénéficient de la moitié de la croissance régionale
en effectifs. Les cantons situés notamment au nord de Pau, autour de
Bordeaux, et au nord de Bayonne témoignent de l'expansion des grandes
villes en étant intégrés à l'extension
géographique des grands centres. Cette expansion urbaine diffuse
s'oriente vers l'Ouest et le littoral, ainsi que le long des grandes voies de
communication principalement dans les grandes vallées (Dordogne,
Garonne, Adour, Gave de Pau).
Les unités urbaines moyennes connaissent quant à
elles de fréquents accroissements mais inégaux. Supérieurs
à 20 000 habitants et structurant une grande partie du territoire
aquitain, ces pôles secondaires participent au développement
urbain, mais avec des rythmes de croissance inégaux, bien souvent plus
faibles que les grands pôles urbains. L'agglomération de
Périgueux n'a pas enregistré de croissance entre les deux
recensements ; la commune de Périgueux présente une
légère diminution de résidents. Bergerac,
Villeneuve-sur-Lot et Marmande connaissent la même évolution.
En revanche, les agglomérations d'Agen, de Dax et de
Mont-de-Marsan voient leur expansion urbaine se poursuivre, à un rythme
toutefois inférieur à celui des trois grands pôles urbains
aquitains (entre 0,2 et 0,4 %). Cette expansion se traduit également
dans l'espace par une urbanisation diffuse à leur
périphérie, en intégrant dans leur unité urbaine
peu à peu les communes périurbaines.
En Gironde, seules les communes de Libourne et d'Arcachon
bénéficient d'une tendance similaire ; cependant, une part
importante de leur croissance trouve son origine dans le fait que l'une comme
l'autre appartient à l'aire d'influence de la métropole
régionale bordelaise.
Toutes les petites communes (populations inférieures
à 20 000 habitants : Orthez, Oloron-Ste-Marie, Fumel...) perdent
progressivement des résidants (perte de 500 habitants à
Fumel).
Depuis quelques années, le littoral Atlantique exerce
un certain attrait qui se traduit par une densification de l'espace, pour
l'essentiel sur la côte basque, le sud des Landes et le pourtour du
bassin arcachonnais. De manière générale, l'ensemble des
communes littorales ont gagné 32 000 habitants, tout en subissant un
déficit naturel.
La carte communale des variations des densités entre
1990 et 1999 (carte C p.42) montre une vague d'urbanisation se
développant d'une part depuis Bordeaux vers le bassin d'Arcachon,
d'autre part, entre Dax et la côte sud landaise.
L'espace rural isolé et le reste du territoire à
l'écart des zones d'attraction directe des grandes ou moyennes
agglomérations stagnent ou déclinent. Déficit ou faiblesse
du solde naturel, leurs évolutions se différencient en fonction
du niveau de leurs soldes migratoires, dépendant de facteurs divers tels
que facilités d'accès aux moyennes et grandes
agglomérations, qualité de vie et des sites et la présence
d'activités de services marchands (banques, assurances, services de
santé, touristiques...) et non marchands (services scolaires, de
sécurité...).
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine7.png)
Carte C :
Source : INSEE, RGP 1990 & 1999
Les dépeuplements les plus marqués se situent au
nord de la Dordogne, le nord-est du Lot-et-Garonne et des Landes et la partie
centrale des Pyrénées-Atlantiques.
La carte à base communale de l'évolution de la
population entre 1990 et 1999 (carte D p. 43) illustre ces
phénomènes de déperdition qui s'expliquent de deux
façon : tout d'abord par des départs au profit des plus grandes
agglomérations régionales renforçant ainsi ce courant
d'urbanisation, ensuite par des fuites vers les départements et
régions limitrophes ou non.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine8.png)
Carte D :
Source :INSEE, RGP 1990 & 1999
Ces multiples mouvements démographiques conjuguent
différemment leurs effets selon les départements. La Gironde est
dominée par une vaste et attractive métropole urbaine et
bénéficie de soldes naturels et migratoires largement positifs,
s'opposant ainsi au Lot-et-Garonne qui cumule à la fois un
déficit naturel et migratoire.
La Dordogne est affectée d'un solde naturel
inférieur à celui du Lot-et-Garonne mais parvient à
maintenir un niveau de population stable grâce à un apport
migratoire conséquent (environ 0,4 % par an) avec toutefois
d'importantes disparités locales. Cet excédent migratoire
compense également un léger déficit naturel dans les
Pyrénées-Atlantiques et surtout dans les Landes qui est un des
plus élevés en Aquitaine mais également en France. Les
Pyrénées-Atlantiques présentent elles aussi des contrastes
locaux, notamment entre les grandes zones urbaines et les cantons ruraux du
centre du département.
* *
Chapitre II : UNE INÉGALE
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE L'OFFRE
DE SOINS AMBUALTOIRE
Les professionnels de santé ont dans l'ensemble vu
leurs effectifs augmenter fortement dans les années 80 ; par la suite,
cette croissance s'est essoufflée. Cette progression des effectifs de
praticiens aurait pu et dû permettre de réduire les
inégalités géographiques en terme d'offre de soins.
Le nombre des médecins a crû en France d'un peu
plus de 100 000 praticiens en 20 ans : 69 000 en 1971, 171 700 en 1996.7(*) Cette évolution notable
des effectifs s'est cependant ralentie ces dernières années sous
l'effet conjugué de la baisse du numerus clausus (nombre
défini de diplômé par faculté de médecine) et
du départ en retraite des générations de professionnels de
santé à fort effectif.
Ces disparités régionales s'observent aussi bien
chez les généralistes que chez les spécialistes. Le nombre
de spécialistes a augmenté de manière plus importante dans
l'ensemble des régions françaises. Actuellement, la part des
médecins spécialistes est estimée à la
moitié des effectifs de praticiens ; cette proportion pour l'Aquitaine
est estimée à 50,5 %.5(*)
Ce chapitre est consacré à l'analyse
géographique de l'offre en soins ambulatoire en Aquitaine. Les cartes
qui suivent ont été réalisées sur la base des
effectifs des différentes catégories de professionnels et acteurs
de santé.
L'étude de ces cartes a mis en évidence des
inégalités au niveau de la répartition des effectifs des
différents praticiens à l'échelle régionale ; c'est
à dire des inégalités spatiales dans la répartition
de l'offre de soins. Peut-on dire pour autant que ces inégalités
de répartition induisent des inégalités d'offres et
d'accès aux soins, et à quelle échelle ?
Pour tenter d'apporter des éléments de
réponses à cette problématique, nous nous proposons
d'étudier ces cartes d'offre de soins à différents niveaux
géographiques, pour certaines catégories de praticiens. Il faut
noter cependant que se limiter à ces cartes de répartitions des
effectifs n'est pas suffisant pour émettre des conclusions et proposer
des mesures d'intervention pour réduire d'éventuelles
inégalités infrarégionales en matière de
planification sanitaire. Par la suite dans le cadre du projet " Milieu et
Santé rurale ", des cartes de répartition des densités de
praticiens, des cartes d'accessibilité, de flux et de consommation de
soins seront réalisées ; l'ensemble de ces cartes formera un
support suffisamment exhaustif et rigoureux pour permettre l'analyse
géographique de l'offre et de la consommation de soins en Aquitaine
à différentes échelles, et elle permettra également
de formuler certaines propositions pour intervenir notamment sur les
inégalités de soins.
1. Au niveau régional
Nous allons étudier au niveau régional les
principales catégories de professionnels de santé : les
omnipraticiens, les chirurgiens dentistes, les psychiatres, les
ophtalmologistes, les ORL, les pédiatres, les auxiliaires de
santé (masseurs kinésithérapeutes et infirmiers), les
pharmacies et les laboratoires. Cette analyse permettra de mettre en
évidence les inégalités régionales de l'offre de
soins et d'émettre des hypothèses concernant l'origine de ces
inégalités afin de mieux pouvoir cerner les axes
d'intervention.
a) Les omnipraticiens
(Carte n°1 page 49)
Il faut dissocier le cas des omnipraticiens des autres
catégories de professionnelles à cause de leur nombre largement
supérieur à toute autre catégorie, du fait
également de la nature et de la consommation de soins à laquelle
il se rattache : soins primaires, médecins de famille... D'après
la carte de répartition, nous pouvons constater qu'ils offrent une bonne
couverture de l'espace ; néanmoins, au vue des effectifs,
c'est-à-dire du nombre de médecins par commune, on constate que
les quatre cinquièmes des communes du territoire ne possèdent
qu'entre un et dix médecins généralistes. Tandis que trois
pôles de concentration dominent l'armature régionale ; Bordeaux en
tant que pôle prépondérant où les effectifs sont
plus de 100 fois supérieur à la moyenne régionale (environ
quatre médecins généralistes), qui polarise non seulement
les cantons périphériques mais aussi une grande partie de la
Gironde ; c'est également le cas de Pau et Bayonne. Les cantons
disposant de communes sans omnipraticiens sont rares, quelques-uns se situant
en Dordogne et dans les Landes. La Gironde, le Lot-et-Garonne et les
Pyrénées-Atlantiques sont les départements dont la
couverture du territoire en terme d'offre de généraliste est la
plus optimale. En définitive, la Dordogne et les Landes accusent une
différence sur la couverture du territoire, mais ne concèdent pas
de retard en terme d'effectifs par commune.
Une particularité est à noter, la vallée de
la Garonne présente une forte concentration de médecins
généralistes ; un grand nombre de praticiens sont présents
dans les communes situées en bordure du fleuve. Mais les effectifs
restent dans la moyenne régionale, puisque la quasi-totalité de
ces communes possède entre un et dix généralistes.
Tableau n° 1 : Effectifs et
densité des médecins libéraux en Aquitaine en 1998
|
Omnipraticiens
|
Spécialistes
|
Médecins libéraux
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Effectifs
|
Densité
|
Effectifs
|
Densité
|
Effectifs
|
Densité
|
Dordogne
|
419
|
107,5
|
248
|
63,6
|
667
|
171,1
|
Gironde
|
1569
|
121,5
|
1575
|
122
|
3144
|
243,5
|
Landes
|
400
|
124,1
|
233
|
72,3
|
633
|
196,5
|
Lot-et-Garonne
|
324
|
106,8
|
251
|
82,7
|
575
|
189,6
|
Pyrénées-Atlantiques
|
716
|
119,7
|
760
|
127
|
1476
|
246,8
|
Aquitaine
|
3428
|
118
|
2067
|
106
|
6495
|
223,6
|
|
Source : URCAM Aquitaine - SNIR ; densité pour 100 000
habitants.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine9.png)
Graphique 3
(Source SNIR, réal.: F. Boury) :
b) Les spécialistes
L'ensemble des cartes de spécialistes
(gynécologues obstétriciens, ophtalmologistes, ORL,
pédiatres et psychiatres) présente une apparence similaire au
niveau régional. Seule la carte des chirurgiens dentistes proposent une
perspective un peu différente qui peut s'expliquer en terme d'effectifs
plus importants. De plus, cette situation induit le fait que plus les effectifs
de praticiens sont importants, plus la couverture du territoire est dense.
Un pôle principal : Bordeaux et sa ceinture
périphérique, et deux ou trois pôles secondaires : Bayonne,
Pau et Bergerac, illustrent les phénomènes de concentration en
milieu urbain de ces professionnels.
La couverture du territoire régional est, mis à
part celles des chirurgiens dentistes, très faible ; les communes
où sont installés ces spécialistes, sont très
localisées et il s'agit dans quasiment tous les cas des même
communes, à deux ou trois exceptions près. Peut-on y voir un
phénomène de concentration particulier à l'ensemble
spécialistes au sein de ces communes pour que l'étude de leur
répartition présente une telle similitude ? A priori,
effectivement mais de manière rigoureuse, il nous manque des
éléments pour émettre des hypothèses sur ce sujet.
Au niveau des effectifs, nous retrouvons les mêmes
données que pour les omnipraticiens : les communes disposant des
spécialistes en ont au moins entre un et dix suivant les
spécialités.
· Les chirurgiens dentistes
De la lecture de la carte, il ressort deux idées. D'une
part, les chirurgiens dentistes (carte n°2 page 49) constituent la
spécialité la plus représentée sur le territoire
aquitain ; elle est également celle qui, en terme d'effectifs,
possède la meilleure couverture. D'autre part, sa carte de
répartition est sensiblement la même que celle des omnipraticiens.
Peut-on alors avancer qu'à chaque omnipraticien installé dans une
commune correspond au moins un chirurgien dentiste ?
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine10.png)
Pas tout à fait, s'il est vrai que les cartes de
répartitions des deux catégories se ressemblent, il faut
cependant noter que la couverture est plus inégale et accuse un retard
plus important dans les départements (Dordogne et Landes) en retrait sur
le plan des effectifs d'omnipraticiens. Nous pouvons citer comme exemple pour
illustrer ceci, la vallée de la Garonne. Alors qu'elle présentait
une relative concentration des médecins généralistes, pour
ce qui est des chirurgiens dentistes, ce schéma ne se
répète pas. Seules quelques communes disposant d'un
médecin généraliste, possèdent également un
chirurgien dentiste. Sans penser un seul instant que le médecin
généraliste pourrait intervenir en lieu et place du chirurgien
dentiste, cela permet d'en déduire qu'il n'y a pas de liens entre
l'installation d'un médecin généraliste et celle d'un
chirurgien dentiste dans une commune, bien qu'ils dispensent les soins les plus
consommés par la population.
· Les autres spécialistes
En étudiant les cartes des spécialistes, hors
chirurgiens dentistes, nous avons pris le parti d'associer l'ensemble des
spécialistes, exception faite des chirurgiens dentistes pour des raisons
que nous avons évoquées précédemment. Bien que les
soins prodigués par chacun soient de nature différente, il existe
une forte parenté dans l'expression cartographique des effectifs de ces
catégories.
En effet, cette similitude s'exprime tant au niveau de la
répartition des effectifs que dans leur localisation sur le territoire
régional. Quelques réserves peuvent être cependant
formulée à l'encontre de ce choix. D'une part, le nombre total
des effectifs est différent entre les catégories. Mais la
présence de Bordeaux, Pau et Bayonne induit un biais dans ce volume en
concentrant une large majorité des praticiens ; en ôtant ces trois
pôles, les effectifs à l'échelle régionale sont
équivalents. D'autre part, les populations consommantes ne sont pas les
mêmes en fonction de la nature des soins et de leur localisation, entre
hommes et femmes, entre personnes résidant en milieu rural ou urbain,
par exemple. C'est pourquoi, en tenant compte de ces réserves, nous
effectuerons une analyse globale de l'ensemble des catégories, puis nous
évoquerons les particularités de chacune.
Globalement, les spécialistes sont présents dans
les communes les plus importantes et les plus peuplées, ils tiennent
donc du fait urbain. Les effectifs sont très faibles et peu
présents en milieu rural, et plus précisément dans les
départements à fortes composantes rurales : Dordogne,
Lot-et-Garonne et Landes. La Gironde et les Pyrénées-Atlantiques
(avec des effectifs moindres) sont les plus favorisés, mais la
couverture du territoire est très inégale, en faveur des grandes
villes.
Il apparaît donc que l'offre de soins produites
par les spécialistes, confirme l'expression de médecine de ville,
ou plus encore de médecine d'agglomération urbaine. Elle illustre
parfaitement l'inégalité entre les mondes rural et
urbain.
Quelles conséquences impliquent la géographie de
ce type d'offre de soins sur l'accessibilité et la consommation de la
population aquitaine, et plus particulièrement rurale ? Comment peut-on
intervenir pour réduire les inégalités nées de ces
localisations ?
La gynécologie obstétrique (carte
n°3 p 52) possède la particularité de ne concerner que la
part féminine de la population. Or dans les départements de la
Dordogne, des Landes et du Lot-et-Garonne, profondément ruraux et dont
les populations sont vieillissantes, l'offre de soins y est quasiment
inexistante mises à part quelques communes, généralement
les préfectures et sous-préfectures. On peut donc constater une
forte dépendance de la structure par sexe et par âge de la
population. Dans ce cas encore, comment l'éloignement aux
spécialistes est-il géré ? Que cela induit-il en terme de
flux, de consommations et de risques sanitaires ?
Si l'ophtalmologie (carte n°4 page 52) et
l'oto-rhino-laryngologie (carte n°5 page 54) sont deux
spécialités associées à un certain confort de vie,
la fréquence du recours aux soins est très inférieure
à celle du recours à l'omnipraticien, par exemple.
Néanmoins, le fait de l'éloignement peut être une cause
d'invalidité ou d'absence de détection de pathologies graves.
Là encore, les départements précédemment
cités sont mis en exergue. La Gironde et les
Pyrénées-Atlantiques possèdent une meilleure couverture du
territoire et des effectifs supérieurs, bien que de larges zones en
soient dépourvues : le sud et l'ouest de la Gironde, le centre et le sud
des Pyrénées-Atlantiques. Dans ce cas de figure, se posent encore
les mêmes questions d'accessibilité et de consommation de
soins.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine11.png)
La particularité des pédiatres (carte
n°6 page 54) est d'avoir des patients en bas âge, présentant
donc des symptômes et des pathologies caractéristiques de cette
classe d'âge. Or les populations jeunes sont majoritairement
installées dans les grandes agglomérations, plus rarement en zone
rurale. La carte des pédiatres présente le schéma
récurrent d'une offre de soins concentrée dans les plus grandes
communes de la région. Il faut noter également que les effectifs
sont peu élevés, le maximum de praticiens se situe à
Bordeaux (21 praticiens), hors services hospitaliers prépondérant
dans cette spécialité.
Sur ce sujet, une cartographie des densités viendra
enrichir l'analyse. Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur ce qui
motive l'implantation des praticiens : est-ce due à la forte proportion
des populations jeunes dans les zones urbaines, à la proximité de
structures hospitalières ou bien à la faiblesse de la demande en
milieu rural ? Une combinaison de ces facteurs est plus que probable.
Les psychiatres (carte n°7 page 56) ont
également, par la nature même des soins qu'ils prodiguent, une
clientèle particulière : soit il s'agit de " particuliers ", soit
ils exercent en établissements privés, ou enfin ils combinent ces
deux activités. De fait, leur localisation va être fortement
influencé par leur type de clientèle. Cependant, pour effectuer
une analyse rigoureuse de leur répartition sur le territoire
régional, elle nécessiterait de posséder la carte des
établissements privés orientés sur cette
spécialité.
Malgré cela, la géographie de l'offre de soins
en psychiatrie n'est pas différente de celle des
spécialités précédentes. Nous retrouvons une forte
concentration de psychiatres à Bordeaux (164) et à Pau et
Bayonne. Autour de ces trois villes et principalement à l'ouest de
chacune, les communes périphériques possèdent entre 1 et
10 praticiens. Le reste de la région est très mal desservies dans
cette activité, seules les villes moyennes, préfectures et
sous-préfectures des différents départements disposent de
quelques psychiatres. Les psychiatres (carte n°7 page 56) ont
également, par la nature même des soins qu'ils prodiguent, une
clientèle particulière : soit il s'agit de " particuliers ", soit
ils exercent en établissements privés, ou enfin ils combinent ces
deux activités. De fait, leur localisation va être fortement
influencée par leur type de clientèle. Cependant, pour effectuer
une analyse rigoureuse de leur répartition sur le territoire
régional, elle nécessiterait de posséder la carte des
établissements privés orientés sur cette
spécialité.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine12.png)
Malgré cela, la géographie de l'offre de soins
en psychiatrie n'est pas différente de celle des
spécialités précédentes. Nous retrouvons une forte
concentration de psychiatres à Bordeaux (164) et à Pau et
Bayonne. Autour de ces trois villes et principalement à l'ouest de
chacune, les communes périphériques possèdent entre 1 et
10 praticiens. Le reste de la région est très mal desservies dans
cette activité, seules les villes moyennes, préfectures et
sous-préfectures des différents départements disposent de
quelques psychiatres.
Dans ce cas, comment peut-on expliquer cette géographie
pour le moins inégale entre les zones rurales et urbaines ? Est-ce
dû à la seule présence d'établissements
privés de psychiatrie en milieu urbain ? La clientèle
individuelle recourant à ces spécialistes réside-t-elle
uniquement en milieu urbain, ce qui sous-entend que seule ces populations
souffriraient de symptômes nécessitant ce type de soins ? La
clientèle en milieu rural, si elle existe, se déplace-t-elle pour
recourir à ces spécialistes ? Quel(s) facteur(s) pourraient
expliquer la faiblesse des effectifs de psychiatres dans les
départements à dominante rurale (Dordogne, Landes et
Lot-et-Garonne) et la présence plus nombreuse de ceux-ci en Gironde et
dans les Pyrénées-Atlantiques ? Cette partition se
vérifie-t-elle en terme d'accessibilité et de consommation :
sont-elles plus élevées dans ces deux derniers
départements ? Si c'est le cas, est-ce dû aux volumes d'effectifs
plus élevés ou à une plus forte prévalence ?
Une consommation supérieure constitue-t-elle un facteur
de besoins plus important ? Si tel est le cas, de quel type est-il et pourquoi
induit-il un tel phénomène ?
c) Les auxiliaires de santé
La cartographie des auxiliaires médicaux (infirmiers et
masseurs kinésithérapeutes) s'apparente à celle des
chirurgiens dentistes. En effet, nous retrouvons une grande ressemblance tant
au niveau de la localisation des professionnels qu'au niveau des effectifs.
Cependant, les sages femmes (carte n°8 page 56) constituent un
groupe à part ; leur répartition se rapproche davantage de celle
des " autres spécialistes " : une faible couverture du territoire, des
effectifs peu importants, une concentration dans les principales
agglomérations urbaines. Doit-on effectivement rapprocher la
géographie des sages femmes de celles des spécialistes, ou bien
à celle de l'offre de soins hospitalière, notamment aux
structures de proximité ? Qu'en est-il de cette offre lorsque l'on
étudie plus particulièrement les déplacements des sages
femmes ? La couverture du territoire s'en trouve-t-elle modifiée ?
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine13.png)
L'ensemble du territoire régional est couvert, mais de
façon moins discontinue à l'ouest de l'Aquitaine. C'est encore en
Dordogne et dans les Landes que l'on rencontre les effectifs les plus faibles
et les répartitions les plus hétérogènes. En
général, dans chaque canton, une, voire deux communes, dispose
d'un auxiliaire de santé. L'offre y est donc moindre, d'autant plus que
les effectifs sont du même ordre que dans l'ensemble de l'Aquitaine.
Une autre particularité rapproche les auxiliaires de
santé des chirurgiens dentistes: ils connaissent la même
polarisation. Bordeaux est le pôle principal où se mêlent
concentration et effectifs importants, accompagné de sa ceinture
périphérique où les effectifs sont moindres, mais
supérieurs à la moyenne régionale. Les pôles
secondaires : Pau, Bayonne et Villeneuve-sur-Lot principalement où les
effectifs sont également supérieurs à la moyenne
régionale. Puis, des pôles tertiaires complètent cette
hiérarchie de l'armature régionale ; ce sont les communes de
Bergerac, Périgueux, Agen, Marmande, Mont-de-Marsan et Dax, soit les
préfectures et sous-préfectures des trois départements
à dominante rurale.
· Les infirmiers
La carte (carte n°9 page 60) des infirmiers montre, moins
lisiblement que pour les omnipraticiens il est vrai, une répartition
linéaire correspondant aux communes riveraines dans la vallée de
la Garonne ; fait que l'on ne retrouve ni sur la carte des masseurs
kinésithérapeutes, ni sur celle des chirurgiens dentistes.
Comment expliquer ce rôle particulier que joue la vallée de la
Garonne sur la localisation des infirmiers et des omnipraticiens ? Est-ce
dû au fait que c'est un axe de communication avec les régions du
Grand Sud, et notamment Toulouse ? Nous manquons encore
d'éléments pour vérifier toute hypothèse ;
néanmoins, il est réaliste de penser que cette concentration
relative n'est pas due au seul attrait environnemental.
Tableau n° 2 : Effectifs et densité des
auxiliaires médicaux en Aquitaine en 1998
|
Infirmiers
|
Masseurs kinésithérapeutes
|
Auxiliaires médicaux
|
|
Effectifs
|
Densité
|
Effectifs
|
Densité
|
Effectifs
|
Densité
|
Dordogne
|
404
|
103,7
|
167
|
42,8
|
571
|
173,4
|
Gironde
|
1427
|
110,5
|
837
|
64,8
|
2264
|
218,6
|
Landes
|
285
|
88,5
|
226
|
70,1
|
511
|
185,9
|
Lot-et-Garonne
|
410
|
135,2
|
165
|
54,4
|
575
|
215,3
|
Pyrénées-Atlantiques
|
785
|
131,2
|
412
|
68,9
|
1197
|
231,5
|
Aquitaine
|
3311
|
114
|
1807
|
62
|
5118
|
211,2
|
Source : URCAM Aquitaine, SNIR, STATISS ; densité pour
100 000 habitants
Graphique 4 (source : SNIR, STATISS,
réal. F. Boury) :
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine14.png)
· Les masseurs kinésithérapeutes
Une particularité est illustrée par la carte
(carte n°10 page 60) des masseurs
kinésithérapeutes. Il s'agit de la répartition de
ces auxiliaires sur le territoire des Pyrénées-Atlantiques,
très proche de celle des chirurgiens dentistes dans ce même
département. Nous reviendrons plus loin sur le cas du département
en lui-même, mais d'un point de vue régional, la localisation et
la répartition des masseurs kinésithérapeutes est
comparable à celle de la Dordogne. Les effectifs n'y sont pas moindre
qu'en Gironde ou en Lot-et-Garonne, mais la couverture du territoire est plus
lâche, plus discontinue, notamment dans le sud du département,
mais aussi plus polarisée par les trois communes : Bayonne
(associée à Anglet et Biarritz), Pau et Orthez.
Ce département est-il plus l'objet de concentration en
masseurs kinésithérapeutes en milieu urbain ? Les communes
rurales consomment-elles moins ce type de soins ? Ou encore la localisation des
infirmiers est-il induit par la présence d'établissements
privés dans ou à proximité des plus grandes
localités ?
En comparaison avec la carte des infirmiers, pour des
effectifs légèrement supérieurs en faveur de ces derniers,
nous remarquons une différence dans la couverture du territoire
régional : plus homogène pour les infirmiers, plus
localisée pour les masseurs kinésithérapeutes, fait
illustré par le nombre plus élevé de
phénomènes de concentration. Cette constatation implique-t-elle
que les soins en masseurs kinésithérapeutes constituent plus
sûrement une offre de soins de ville, alors que celle en infirmiers est
moins génératrice d'inégalités entre le monde rural
et urbain ?
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine15.png)
d) Laboratoires et pharmacies
Les cartes de répartition des laboratoires et des
pharmacies se distinguent l'une de l'autre tout en se rapprochant dans leur
ressemblance à celles des deux types de cartes distinguées
auparavant : celle du type " chirurgiens dentistes " et celles des " autres
spécialistes " comme les psychiatres, par exemple.
· Les pharmacies
La carte (carte n°11 page 64) des pharmacies
présente une répartition des officines sur le territoire aquitain
proche de celle des chirurgiens dentistes : une couverture importante de
l'ensemble de la région accompagnée, d'une part, des même
centres polariseurs que sont les villes de Bordeaux et sa
périphérie, Bayonne (Anglet et Biarritz), Pau et Bergerac, et
d'autre part des même zones qui en sont dépourvues. De même,
comme pour les chirurgiens dentistes, les départements des Landes et de
la Dordogne, mais aussi des Pyrénées-Atlantiques, font
état non seulement d'une répartition plus dispersée, mais
aussi d'effectifs moindres, donc d'inégalités en terme d'offre de
soins.
Toutefois, comment situer le département du
Lot-et-Garonne dans le contexte régional ? En effet, il s'agit du
département ayant la plus faible superficie et le moins de communes. Or,
si la couverture du territoire est dans sa représentation cartographique
plus proche de celle de la Gironde, par exemple, le nombre de pharmacies par
communes sur un territoire plus restreint devrait être plus
élevé que sur un territoire à superficie plus importante.
Mais il n'en est rien, le nombre d'officines restent dans la mouvance
régionale. Nous pouvons donc supposer que si la couverture est
relativement homogène (aucun canton sans commune disposant d'une
pharmacie), les effectifs restent faibles. Cette hypothèse pourra
être confirmé ou non par la carte des densités. L'offre est
par conséquent modeste mais globalement bien
répartie. A la différence de la Dordogne qui,
pour un territoire plus vaste, présente une dispersion plus importante
des pharmacies et un nombre moindre, soit une offre réduite et moins
bien localisée.
Là encore, les inégalités entre zones
rurales et milieux urbains sont mises en évidence. Ces
inégalités trouvent-elles leur origine dans le fait d'un
peuplement inférieur en milieu rural, donc d'une consommation
susceptible d'être moins importante ? La consommation y est-elle
effectivement moindre ? L'inégalité dans la localisation des
pharmacies induit-elle pour autant des différences de recours et de
consommation ? Est-ce que cette cartographie de la répartition par
effectifs est comparable à celle en terme de densité ?
· Les laboratoires
La carte (carte n°12 page 64) des laboratoires
s'apparente aux cartes de spécialités caractérisées
par des effectifs peu importants. La couverture du territoire régional
est très discontinue et très inégale. Seule la Gironde,
avec surtout Bordeaux et sa périphérie, présente une
couverture relative. La Dordogne, le Lot-et-Garonne, les Landes et les
Pyrénées-Atlantiques disposent d'une très faible offre en
terme de laboratoires ; leur répartition est éparse et
hétérogène dans et autour des villes principales. De
nombreux cantons ne possède qu'une seule commune avec au moins un
laboratoire. On peut donc en déduire que les laboratoires sont des
structures de santé spécialisées, centralisant ce type
d'offre. Ces inégalités de répartition ont-elles une
influence en terme d'accessibilité et de consommation de soins, sachant
que les laboratoires n'en dispensent pas et ne peuvent pas être
considérées comme des structures de proximité ?
Tableau n° 3 : Effectifs des laboratoires et
pharmacies en Aquitaine en 1998
|
Laboratoires
|
Pharmacies
|
|
|
|
Dordogne
|
23
|
173
|
Gironde
|
97
|
589
|
Landes
|
26
|
140
|
Lot-et-Garonne
|
18
|
147
|
Pyrénées-Atlantiques
|
46
|
257
|
Aquitaine
|
210
|
1306
|
|
|
|
Source : URCAM - STATISS
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine16.png)
Graphique 5 et 6 (source STATISS) :
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine17.png)
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine18.png)
2. Au niveau départemental
L'étude par département permet de mettre en
évidence les inégalités infrarégionales et les
particularités de chacun.
a) La Dordogne
Département le plus au nord de la région, le
territoire est composé de nombreuses communes mais ayant des superficies
peu importantes. Les différentes cartes de répartition de l'offre
de soins en Dordogne s'intègrent parfaitement au schéma
régional que l'on a décrit précédemment.
Les omnipraticiens sont relativement bien
répartis sur le territoire départemental, mais en terme
d'effectifs, mises à part Périgueux et Bergerac, les
médecins généralistes sont peu nombreux par commune,
équivalents à la moyenne régionale. Périgueux
polarise une zone centrale au coeur du département.
Les effectifs de spécialistes sont peu
élevés ; les chirurgiens dentistes sont les plus
représentés, mais leur dispersion ne permet pas une bonne
couverture du territoire. Pour les autres spécialités, les
effectifs sont encore moindres et les localisations se limitent aux communes
les plus peuplées, notamment Périgueux et Bergerac. En terme de
représentation, les pédiatres sont les spécialistes les
moins nombreux et les plus centralisés sur les deux plus grandes villes
du département.
Les auxiliaires de santé (masseurs
kinésithérapeutes et infirmiers) sont comparativement aux
spécialistes beaucoup mieux représentés tant au niveau des
effectifs que dans leur localisation. Les infirmiers sont moins
concentrés dans les deux grandes villes et plus dispersés sur le
territoire départemental, à l'inverse des masseurs
kinésithérapeutes, couvrant moins le département et plus
centralisés à Périgueux et Bergerac.
Les pharmacies connaissent une répartition
similaire à celle des infirmiers, leur répartition est
limitée aux villes les plus importantes et fait état d'une
relative concentration à Périgueux et Bergerac. Les
laboratoires présentent une géographie conforme à
celle de la région ; ils sont peu nombreux et disséminés
sur le territoire.
L'offre de soins, en terme d'effectifs en
médecine ambulatoire, présente deux visages
caractéristiques : plus les effectifs de praticiens sont importants,
plus ils présentent une meilleure homogénéité dans
leur localisation ; et inversement pour les catégories dont les
effectifs sont les moins nombreux. En somme, il apparaît moins
d'inégalités géographiques dans l'offre de soins pour les
catégories les mieux représentées.
Néanmoins, cette observation serait-elle
confirmée par les données sur la consommation ?
b) La Gironde
La Gironde bénéficie sans conteste de la
présence de la capitale régionale qu'est Bordeaux. A elle seule,
la commune de Bordeaux possède des effectifs démesurés en
comparaison au nombre moyen de professionnels par commune, et ce pour toutes
les catégories. On ne parle plus alors de polarisation, mais
d'hyperconcentration de l'activité. Exception faite de
Libourne (mises à part les communes de la Communauté urbaine de
Bordeaux), seules les communes périphériques de Bordeaux
possèdent des effectifs supérieurs à la moyenne
régionale, mais en deçà de ceux de la préfecture.
Le reste du département est relativement bien couvert,
avec notamment la vallée de la Garonne (à l'est) et les vastes
unités communales du Parc régional des Landes (à l'ouest
et au sud), mais les effectifs ne dépassent que très localement
la moyenne régionale en ce qui concerne les omnipraticiens et les
chirurgiens dentistes.
C'est en Gironde que les masseurs
kinésithérapeutes et les infirmiers sont les plus
nombreux. La répartition des premiers est plus localisée que
celle des seconds. En effet, les masseurs kinésithérapeutes sont
essentiellement localisés au centre du département autour de
Bordeaux et à l'ouest le long du littoral. Pour leur part, les
infirmiers sont répartis de manière homogène sur le
département, seuls l'est et le sud-est sont moins bien desservis,
exception faite de la vallée de la Garonne.
Il est intéressant de noter en particulier la forte
similitude existant entre les cartes d'omnipraticiens et d'infirmiers, la
couverture du territoire départemental est à une ou deux communes
près la même. Doit-on en déduire un lien particulier ?
Pour les spécialités, hors chirurgiens
dentistes, bien que les effectifs départementaux soient
supérieurs aux autres départements de la région, ceux-ci,
en l'absence de Bordeaux et de sa périphérie, ne seraient pas
beaucoup plus importants. Il en va de même pour la répartition sur
le territoire départemental : très localisée. Les ORL et
les pédiatres sont les spécialistes les moins nombreux et les
moins présents, mais avec des effectifs égaux ou
supérieurs à la moyenne régionale.
La Gironde est le département possédant le plus
de pharmacies, non seulement par la présence de Bordeaux et de sa
ceinture périphérique où elles sont largement
concentrées, mais elles ont également une emprise très
forte sur le territoire qui se dégrade vers l'est du département,
c'est à dire avec l'éloignement de Bordeaux. Ce constat est vrai
également pour les laboratoires avec une présence en dehors de
Bordeaux bien moindre, donc une couverture plus localisée.
L'offre de soins en Gironde est fortement
concentrée à Bordeaux et dans sa ceinture
périphérique, sans pour autant appauvrir le reste du
département en terme d'effectifs de professionnels de santé ;
ceci se vérifie par une relativement bonne couverture du territoire,
excepté pour les catégories de spécialistes (mis à
part les chirurgiens dentistes) qui souffrent comme les autres
départements d'un manque d'autant plus important qu'ils sont très
présents dans la Communauté Urbaine de Bordeaux.
c) Le Lot-et-Garonne
De par sa superficie, la plus réduite de l'Aquitaine,
le Lot-et-Garonne bénéficie d'une couverture de soins proche de
celle de la Gironde. Ainsi, pour les catégories habituellement bien
représentées, l'observation est la même que pour les
départements précédents : elles sont réparties sur
l'ensemble du département, de manière non uniforme il est vrai.
Les omnipraticiens, les chirurgiens dentistes, les
infirmiers et de moindre manière les masseurs
kinésithérapeutes et les pharmacies présentent
le même type de carte. Trois pôles départementaux
concentrent l'offre de soins, la préfecture : Agen et les deux
sous-préfectures : Villeneuve-sur-Lot et Marmande. Toutefois,
Villeneuve-sur-Lot présente des effectifs comparables à ceux
d'Agen, alors que Marmande accuse un léger retard. Dans le reste du
département, les effectifs sont faibles, voire inexistant aux limites
nord et sud-ouest du département.
Les spécialistes et les laboratoires
sont, comme dans l'ensemble des régions d'Aquitaine, très peu
présents en dehors des trois communes les plus importantes, et sont
très localisés. En terme d'effectifs, les psychiatres sont les
moins nombreux ; pour ce qui est de la répartition, les pédiatres
sont localisés uniquement dans les trois communes citées
précédemment.
La géographie de l'offre de soins en
Lot-et-Garonne subit le fait urbain. Les différences d'effectifs
concernent essentiellement les marges nord et sud-ouest du département,
c'est à dire les zones les plus rurales. L'éloignement à
la ville créé donc des inégalités d'accès
aux soins, induites par la localisation de l'offres. Pour ce
département, le constat concernant les spécialistes est le
même : faibles effectifs et concentration urbaine.
d) Les Landes
Le département des Landes possède la
particularité d'avoir deux types de maillage communal et/ou cantonal
induits par la présence du Parc régional des Landes. Au nord, les
unités administratives sont assez étendues (même
découpage que pour le sud de la Gironde), alors qu'elles sont beaucoup
plus réduites au sud. Cette différence implique que les cantons
du nord regroupe plus de communes que ceux des Pays de l'Adour ; et par
conséquent une population supérieure. Comment cette dichotomie
intervient-elle sur la répartition de l'offre de soins ?
Dans ce cas encore, il apparaît que les
omnipraticiens et les chirurgiens dentistes, s'ils sont peu
nombreux, sont présents sur l'ensemble du département à
l'exception de quelques canton du nord-est et du sud-est. Les effectifs les
plus importants se situent dans les pays de l'Adour, et se concentrent
notamment à Mont-de-Marsan et Dax.
Exception faite des chirurgiens dentistes, les
spécialistes sont très faiblement
représentés. Ils se situent essentiellement dans le sud du
département, et plus spécialement à Mont-de-Marsan et Dax,
ne dépassant pas un maximum de dix spécialistes
(gynécologues obstétriciens et psychiatres) par communes.
Les auxiliaires de santé et les
pharmacies sont en nombre peu élevés,
généralement de un à dix praticiens par commune, leur
localisation semble favoriser le sud et l'ouest du département, mais la
différence de surface cantonale peut être trompeuse. Dans ce cas,
la carte par densité fournira plus d'informations. Localement,
Mont-de-Marsan et Dax disposent d'effectifs plus important mais ne polarise pas
leur zone périphérique.
Les laboratoires sont très localisés et
peu nombreux, leur géographie correspond à celle des
spécialistes, avec une bande centrale qui en est dénuée et
s'étalant de l'ouest au nord-est du département.
La géographie de l'offre de soins dans les
Landes illustre parfaitement la situation du département des Landes, en
terme de services en général, de santé en particulier. Le
territoire est largement occupé par le Parc Régional des Landes,
qui créé une partition de l'espace favorisant le sud et le
nord-ouest. A ceci s'ajoute l'habituelle opposition, exacerbée dans les
départements à dominante rurale, entre les moyennes
agglomérations urbaines du sud et les communes rurales peu
peuplées du reste des Landes.
Nous verrons que ces disparités d'offre sont
récurrentes pour le secteur hospitalier.
e) Les Pyrénées-Atlantiques
Département le plus méridional, les
Pyrénées-Atlantiques possèdent la particularité
d'avoir toute sa partie sud en zone de montagne. Aussi peut-on s'interroger sur
le rôle du relief dans l'accès et la consommation de soins ?
En ce qui concerne l'offre de soins, elle présente un
géographie assez marquée. D'une part, deux pôles, l'un
à l'est Pau, l'autre à l'ouest Bayonne, polarisent les communes
qui leur sont périphériques et concentrent une part majeure des
activités médicales. Si Pau se démarque de ses communes
périphériques par ses effectifs en praticiens, Bayonne, quant
à elle, partage bien souvent des effectifs élevés avec
Biarritz, voire Anglet, formant ainsi une conurbation où la desserte
médicale est importante, notamment pour une zone située à
l'extrême sud du territoire régional et national. D'autre part,
des cantons de montagnes peu peuplés et des cantons ruraux dans le nord
et le centre du département.
Les cartes de répartition des cinq services de
santé de base : omnipraticien, chirurgien dentiste, infirmier, masseur
kinésithérapeute et pharmacie, sont à peu de choses
près identiques. Elles montrent toutes une concentration des praticiens
à Pau et dans la conurbation Bayonne - Biarritz - Anglet, à
laquelle se joint la commune de Saint-Jean-de-Luz. De la côte Atlantique
en s'éloignant vers l'est et le centre du département, où
les effectifs par commune diminuent jusqu'à être nuls dans
certains cantons. Puis, en continuant vers l'est, à l'approche de Pau,
les communes disposent à nouveau d'une offre plus importante, notamment
au sud de Pau. Le nord-est et les cantons montagnards du sud du
département sont marqués par la présence de canton
où seules quelques communes disposent faiblement de praticiens. Comment
expliquer ces " vides " en praticiens ?
Il serait intéressant de disposer de cartes de
densité de population, cela permettrait de comparer et d'expliquer par
corrélation ces vides, qui correspondent fortement à des cantons
où les densités de population sont potentiellement très
faibles. Ainsi le dépeuplement de ces cantons pourraient expliquer
l'absence de praticiens. Tout ceci conduit à former une couverture
très inégale et discontinue du territoire, bien qu'une majeure
partie dispose d'effectifs dont les valeurs correspondent à la moyenne
régionale par catégorie.
En ce qui concerne les spécialistes, hormis les
chirurgiens dentistes, et les laboratoires, les
Pyrénées-Atlantiques disposent d'une offre de soins comparable
aux autres départements : très faible à nulle dans les
communes autres que les grandes agglomérations de Pau et Bayonne. Pour
ces catégories professionnelles, la conurbation Bayonne - Biarritz -
Anglet n'est plus apparente, exceptée pour l'ophtalmologie où
Biarritz est remplacée par Saint-Jean-de-Luz. Est-ce due à
l'influence espagnole ? Comment expliquer la présence importante des
professionnels de santé sur la côte basque ? Est-ce le cadre de
vie qui est recherchée ? La population y est-elle plus importante ?
Quelle est la structure par âge des praticiens y exerçant ? Si
elle est supérieure à 50 ans, viennent-ils y terminer leur
carrière ? Ou bien leur présence est-elle due à un
attachement culturel ?
En ce qui concerne Pau, les implantations s'expliquent plus
facilement par le fait notamment qu'elle est la préfecture du
département, qu'elle centralise un grand nombre de structures
médico-sociales, administratives et autres et que la population est
relativement conséquente.
L'offre de soins en Pyrénées-Atlantiques
semblent être induites par la densité de population par canton. En
effet dans les communes assez densément peuplées de Pau et sa
périphérie et des villes importantes de la côte basque, les
effectifs sont relativement élevés alors que dans les cantons
ruraux et montagnards, l'offre de soins est très faible.
Le département connaît donc de fortes
inégalités entre milieu rural et urbain, alors que le milieu
rural y est majoritaire. La couverture du territoire est par conséquent
discontinue, assez hétérogène, très faible dans le
cas des spécialistes. Ces inégalités d'offre
génèrent en conséquence des inégalités
d'accès aux soins, qui peuvent être très importante dans le
cas des cantons les plus isolés.
3. Conclusion
a) Une géographie particulièrement
contrastée
L'étude de l'offre de soins par effectifs en Aquitaine
ne permet en aucun cas d'apporter un jugement qualitatif du système de
soins. Son analyse permet de retracer l'organisation de ce système et
ses logiques d'implantation.
Par ailleurs, cette étude a montré la
nécessité de scinder en deux groupes les catégories de
professionnels cartographiées.
Le premier groupe est composé par les cinq services de
santé de base : les omnipraticiens, les chirurgiens dentistes, les
infirmiers, les masseurs kinésithérapeutes et les pharmacies. Ce
sont les catégories où les praticiens et les structures sont les
plus nombreux et les plus présents sur le territoire régional ;
ils en couvrent la majeure partie.
Le second groupe est celui des spécialistes
(gynécologues obstétriciens, ORL, ophtalmologues,
pédiatres et psychiatres) et les laboratoires. Ce groupe est
caractérisé par des effectifs réduits, très
localisés dans les villes où la population résidente est
relativement importante. Le fait même de la spécialisation des
soins induit pour ce groupe des inégalités dans l'accès
aux soins des populations ; leur localisation en milieu urbain et de
surcroît dans les communes de certaine importance, ne fait
qu'accroître ces inégalités, notamment entre les villes et
la campagne. D'une certaine manière, ces soins génèrent
une certaine ségrégation vis à vis des personnes vivant
à une certaine distance des communes disposant de ces professionnels. En
définitive, aucune dénomination ne convient mieux à se
groupe que celle de " médecine de ville ".
La médecine libérale spécialisée
connaît donc une localisation guidée par l'ampleur du
phénomène urbain, contrastant fortement avec les cinq services de
santé de base, acteurs d'un équilibrage territorial. Le paysage
médical conforte ainsi le rôle de la ville dans la distribution
spatiale des médecins spécialistes libéraux. Le
degré de rareté des praticiens se manifeste par une organisation
orientée principalement autour des noyaux urbains.
Par ailleurs, les représentations cartographiques des
effectifs des professionnels du premier groupe font preuve d'une certaine
adéquation avec le niveau de peuplement de certaines franges rurales. En
effet, plus la population d'une commune ou d'un canton est faible, moins il y a
de professionnels présents dans ces cantons ou communes, et inversement
pour les grandes agglomérations. Ces différences de peuplement
induisent donc des inégalités d'offre de soins. Cependant, si la
localisation des professionnels de santé n'est pas la cause principale
de la faiblesse du peuplement de certaines communes, elle y contribue en
intégrant un ensemble de services (sanitaires ou non) qui en sont
absents.
L'unité géographique du Grand Sud-Ouest
(Aquitaine et Midi-Pyrénées) est constitué par les bassins
versants nord des Pyrénées et de l'ouest du Massif Central. Elle
a donc l'aspect d'une demi-cuvette tranchée par le littoral Atlantique.
Cette unité physique a modelé les voies de circulation, le
regroupement des activités et des populations. L'occupation de l'espace
en Aquitaine s'organise donc autour de deux grands axes qui reprennent, pour
l'essentiel, le tracé des deux grandes voies romaines reliant le sud de
la Narbonnaise et de la Gaulle Aquitaine : la vallée de la Garonne et le
Piémont Pyrénéen. Bordeaux se situe à l'une des
extrémités de la diagonale que la Garonne trace dans la
région. Les deux autres aires urbaines conséquentes (plus de 100
000 habitants) : Bayonne et Pau s'alignent sur le second axe.
Cette organisation spatiale explique pour beaucoup la
localisation des praticiens selon une logique toute commerciale : les
praticiens libéraux sont localisés et concentrés dans les
communes où les effectifs de clients potentiels sont les plus importants
: les grandes aires urbaines et les deux grands axes évoqués
précédemment où les cantons ruraux les plus peuplés
se regroupent. Le reste du territoire étant caractérisé
par de faibles densités de population, la localisation des praticiens
est le reflet conforme de la géographie humaine en Aquitaine. Le monde
rural et ses composantes n'offrent pas les conditions nécessaires au
développement d'une médecine spécialisée, et impose
à la médecine généraliste un certain nombre de
contraintes. Tout ceci intervient dans l'organisation spatiale du territoire :
la localisation, souvent éco-stratégique, des praticiens
contribuent au développement et à la diversité de l'offre
de soins en Aquitaine, notamment en milieu rural. Cette faible diversité
dans la pratique médicale induit l'existence de degrés de
rareté dont l'hétérogénéité est
à la base de l'organisation spatiale du système de
santé.
La Dordogne est un département rural (surface en
zone rurale supérieure à celle en zone urbaine) où l'offre
est répartie de manière assez hétérogène :
dans le centre du département et le long des limites
départementales pour le premier groupe et elle très
localisée pour le second. Les inégalités entre le milieu
rural et urbain sont relativement importante du fait de la distance et de la
faiblesse générale des effectifs. La Dordogne est un des
départements le moins dotés en offre de soins. Il s'agit donc
d'un département sous-médicalisé en terme d'offre de
soins.
La Gironde est un département particulier
où la part des surfaces rurales est supérieure à celle des
zones urbaines, mais où la population est majoritairement urbaine. De
fait, la Gironde est fortement polarisé par Bordeaux dont l'influence
s'étend bien au-delà des limites départementales et
régionales au nord. L'activité médicale est fortement
concentrée à Bordeaux et dans sa ceinture communale
périphérique. L'ensemble du territoire girondin est couvert en
terme d'offre pour le premier groupe, sans créer
d'inégalités rurales/urbaines ; mais ces
inégalités existent dans la couverture du territoire pour les
catégories du second groupe. De plus, ces disparités d'effectifs
sont directement liées à la différence de ces derniers
entre les effectifs localisés à Bordeaux et ceux du reste du
département.
Le Lot-et-Garonne est un département rural
où l'offre est en grande partie localisée en milieu urbain. Les
zones les plus rurales disposent des plus faibles effectifs, ce qui
génèrent de fortes inégalités entre milieux rural
et urbain, accrue avec la distance à la ville, mais ce en terme de
localisation ou de répartition de l'offre, non pas au niveau des
effectifs.
Les Landes sont un département rural occupé
pour moitié par le Parc Régional des Landes au nord. Cette
dichotomie de l'espace tend à favoriser le sud et le nord-ouest, ce qui
créée des inégalités spatiales dans l'offre de
soins. Le premier groupe fait état d'une couverture relativement
homogène et d'une offre en effectifs correspondante à la moyenne
régionale, générant ainsi peu d'inégalités.
L'offre de soins du second groupe est très localisée dans les
communes les plus importantes au détriment des communes rurales qui en
sont dépourvues, générant ainsi des fortes
inégalités d'offre de soins entre les zones rurales et urbaines,
induisant ainsi des inégalités d'accès aux soins, d'autant
que les effectifs demeurent peu élevés.
Les Pyrénées-Atlantiques sont un
département partagé entre la conurbation urbaine de la côte
basque, la zone montagnarde au sud, les zones rurales du centre et du nord-est
et le pôle palois. Cette partition de l'espace sanitaire joue sur l'offre
de soins : très faible en zones rurales et de montagne,
élevée dans les agglomérations urbaines. Cette partition
génère donc des inégalités d'offre entre les
différents types de milieu, notamment rural et urbain, moins importantes
pour le premier groupe, beaucoup plus pour le second dont l'offre est
très localisée dans les grandes agglomérations, accentuant
l'isolement des petites communes rurales.
Suite à cette analyse, différentes
interrogations se posent :
· La couverture relativement homogène de l'Aquitaine
par les cinq services de santé de base, implique-t-elle en
conséquence une absence d'inégalités d'accès ou de
consommation de soins ?
· La répartition des praticiens du second groupe
(spécialistes et laboratoires) est très localisée, dans
les zones urbaines, est-ce que cette offre est conforme à la demande de
la part des populations, notamment rurales, en considérant que cette
demande soit représentative des besoins non quantifiables (loi
"Information et Libertés ") ?
La géographie de l'offre de soins du second groupe
a-t-elle un impact sur l'accessibilité et la consommation des
populations rurales les plus isolées ? Si tel est le cas, comment
peut-on palier à ces inégalités dans le but de les
réduire ?
· Quels sont les facteurs déterminant la
localisation des professionnels de santé sur le territoires
régional et départemental ? Quels sont ceux susceptibles
d'expliquer les différences d'offre entre les départements ruraux
(Dordogne, Landes et Lot-et-Garonne), la Gironde et les
Pyrénées-Atlantiques ?
Ces différences se retrouvent-elles en terme de
consommation par département ? Dans le cas d'une consommation de soins
élevée, est-ce dû au fait d'effectifs plus importants ou
à une plus forte prévalence ?
· Cette géographie de l'offre de soins en effectifs
correspond-elle à celle des densités ? Quelle est l'indice de
corrélation entre ces cartes comparées à celle de
consommation ? Y a-t-il juxtaposition entre la cartographie de l'offre de soins
et la cartographie des flux ?
· A la proximité de la médecine
généraliste s'associe celle d'une médecine
spécialiste, et conforte la place de la ville en tant que lieu
privilégié d'accès aux soins. Mais qu'en est-il du milieu
rural ?
* *
Chapitre III : L'OFFRE
HOSPITALIÈRE À TRAVERS LE SROS AQUITAINE
Depuis 1991 et la loi hospitalière, le secteur
hospitalier a été l'objet d'un encadrement renforcé par
l'ordonnance d'avril 1996. Cet ordonnance a confirmé le rôle
prépondérant du Schéma Régional d'Organisation
Sanitaire (SROS).
Le SROS a pour but de « prévoir et susciter les
évolutions nécessaires de l'offre de soins en vue de satisfaire
de manière optimale la demande de santé. » (ARH Aquitaine,
1999)
Pour cela, le SROS fixe les principes et les orientations qui
vont déterminer la répartition géographique des
structures, des activités et équipements de soins, et de
facto les interventions et les actions opérationnelles mises en
oeuvre à sa réalisation. L'élaboration du SROS a suivi
trois étapes pour aboutir au document final : une mise à plat de
la situation existante et des principales contraintes à prendre en
compte (il s'agit du document de cadrage) ; la définition d'orientations
stratégiques prioritaires permettant de proposer des choix d'actions
(cette étape a produit le rapport d'orientation stratégique) ; en
dernier lieu, l'identification des principes d'organisation et des
opérations à retenir, et dont l'application est prévue
pour les années 1999 à 2004.
1. La situation existante à la
veille de l'élaboration du SROS
Préalable à l'élaboration du SROS
Aquitaine 1999 - 2004, l'analyse de l'état des lieux de l'offre de soins
hospitalière en Aquitaine a abouti aux constats suivants.
Ø Des constats liés à
l'état de santé des aquitains : l'importance des
maladies cardio-vasculaires (16%)8(*), des tumeurs (37%) et des traumatismes (22%) variant
avec l'âge et le sexe, sont les causes de décès les plus
fréquentes. De plus, il apparaît dans l'examen des
différents types de mortalité que celle périnatale et
infantile sont supérieures à la moyenne nationale, traduisant
ainsi une dégradation de la situation depuis 1980.
Ø Des constats liés aux
caractéristiques socio-démographiques :
L'évolution du peuplement aquitain se caractérise principalement
(voir Chapitre I de la présente partie) par un développement
démographique des centres urbains, se prolongeant le long des grandes
vallées fluviales, et un vieillissement des zones rurales qui induit une
croissance de 13 %9(*) des
personnes de plus de 65 ans et une diminution de la tranche d'âge 0 - 24
ans de 5 %. D'autre part, l'attribution des aides sociales, notamment de
l'allocation chômage, du RMI et des minima sociaux, selon les
départements, a mis en évidence un certain nombre de
problèmes liés à la précarité, voire
à la pauvreté.
Ø Des constats liés à
l'organisation de l'offre sanitaire hospitalière : une
surcapacité d'hospitalisation dans les trois disciplines que sont la
médecine, la chirurgie et l'obstétrique ; un faible
développement des alternatives à l'hospitalisation, notamment en
secteur public ; une dispersion des plateaux techniques sur le territoire
régional ; un déséquilibre de l'offre de soins de suite
entre le nord et le sud de la région (carte n° 13 p.77) ; une prise
en charge souvent insuffisante des personnes âgées ; absence de
véritables mises en réseau des différentes structures de
soins.
Ø Des constats liés à
l'évolution de l'environnement hospitalier : le niveau
élevé des dépenses de santé ne concernent pas
seulement le secteur hospitalier, mais il est important d'en tenir compte dans
la mise en place des actions opérationnelles du système de soins.
En outre, les difficultés de la gestion de la démographie
médicale sont croissantes et doivent être une dimension importante
de la structuration de l'offre hospitalière dans un souci de
qualité, de sécurité et d'équité de soins.
Cette démographie médicale est fortement influencée par
les évolutions technologiques qui induisent des mouvements de
concentration des compétences humaines et techniques. Les aspects et les
contraintes liés au concept de sécurité sanitaire
nécessitent une adaptation de l'offre de soins, de manière
à garantir des conditions de sécurité optimales. Enfin la
notion de santé publique induit une place de plus en plus
prépondérante des usagers du système de soins, ce qui
nécessite une approche globalisante des soins, une meilleure
articulation entre les différents secteurs de la médecine :
hospitalière, ambulatoire et médico-sociale.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine19.png)
Ces caractéristiques géodémographiques et
structurelles doivent être prises en compte dans la répartition de
l'offre de soins, afin de concilier accessibilité géographique et
garantie de qualité et sécurité des soins.
2. La structuration de l'offre de soins
en niveau d'offre
Cette structuration détermine l'offre de soins minimale
destinée à répondre aux besoins de la population en tenant
compte de :
Ø de la zone géographique de
référence :
- le bassin d'hospitalisation correspond à l'ensemble
des cantons appartenant à la zone d'attraction d'un pôle
hospitalier. Le bassin est constitué autour du pôle hospitalier
regroupant les structures offrant des activités de médecine, de
chirurgie et d'obstétrique,
- le secteur sanitaire (carte n° 14 p.79),
- la région.
Ø des temps d'accès :
- inférieur à 45 minutes pour les soins de
proximité,
- 45 minutes pour les soins courants et les urgences,
- 1 heure pour les soins spécialisés,
- 2 heures pour les soins hautement
spécialisés.
Ø De la qualité des soins en fonction,
en particulier :
- du plateau technique,
- d'un volume d'activités suffisant garantissant
compétence et expérience.
Cette structuration spatio-temporelle définit quatre
niveaux d'offre de soins qui sont détaillés dans le document 1
pages 80, 81 et 82, et le document 2 pages 83 et 84.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine20.png)
Document 1 : Les niveaux d'offre de soins en
Aquitaine
(Source : SROS Aquitaine 1998 - 2004, ARH Aquitaine)
Le niveau de
proximité
Des moyens d'hospitalisation :
- Médecine
- Soins de suite
- Soins de longue durée
Des activités spécifiques :
- Consultations et soins externes
programmés ou non dans la journée ;
- Consultations avancées des spécialistes
(cardiologie, rééducation
fonctionnelle, pneumologie ...) en fonction des besoins de
la population ;
- Santé publique (soins palliatifs, prise en charge de
personnes
en situation précaire, actions de
prévention et d'éducation pour la santé)
Un espace relais de formation continue pour les
professionnels de la santé
Le niveau I
(accessibilité 45 min)
Des moyens d'hospitalisation :
- Médecine polyvalente et psychiatrie
- Prestations de cardiologie
- Chirurgie viscérale
- Equipe d'anesthésiologie
- Prestations de chirurgie spécialisée en
ophtalmologie, ORL et stomatologie
- Unité d'obstétrique et
prestations de pédiatrie
- Unité de proximité d'accueil, de traitement
et d'orientation des urgences
- Soins de suite adaptés à la prise en charge
des patients âgés
Un plateau technique :
Biologie et imagerie médicales courantes, un secteur
opératoire et un scanner
Des activités de santé
publique
Le niveau II (accessibilité 1
heure)
Des moyens d'hospitalisation :
- Médecine polyvalente ou interne, cardiologie avec
unité de soins intensifs,
pédiatrie, néphrologie, oncologie avec
radiothérapie
- Des prestations d'hépato gastro-entérologie,
de neurologie, de pneumologie,
de rhumatologie, de dermatologie
- Des moyens d'hospitalisation à domicile
- Chirurgie viscérale, traumatologique et
orthopédique, spécialités chirurgicales
(ophtalmologie, ORL et stomatologie)
- Des prestations de chirurgie vasculaire et de chirurgie
urologique
- Unité d'obstétrique, unité de
néonatalogie avec ou sans soins intensifs
- Service d'accueil et de traitements des urgences et
éventuellement unité de
proximité pour les urgences
- Service mobile d'urgence et de réanimation
- Rééducation et réadaptation
fonctionnelle polyvalente
Un plateau technique :
- Biochimie courante, hématologie,
bactériologie, immunologie et parasitologie,
virologie, prestation d'anatomo-pathologie
- Radiologie courante et explorations vasculaires
périphériques, diagnostiques
et interventionnelles, et coronarographie
diagnostique
- Secteur opératoire
- Scanner, angiographie numérisée,
radiothérapie, hémodialyse, médecine
nucléaire et imagerie à résonance
magnétique (IRM)
- Activités de prélèvements de tissus et
d'organes
- Santé publique
Le niveau III (accessibilité 2
heures)
Des moyens d'hospitalisation :
- Médecine identique au niveau II + hématologie
clinique, oncologie avec
radiothérapie, hépato
gastro-entérologie, endocrinologie, diabétologie -
nutrition, neurologie, pneumologie, maladies
infectieuses, rhumatologie,
gériatrie et dermatologie
- Chirurgie identique au niveau II + chirurgie vasculaire,
urologique, plastique
et reconstructive, pédiatrique, thoracique et
cardiaque, maxillo-faciale et
neurochirurgie
- Unités d'obstétrique, de néonatalogie
avec soins intensifs, de réanimation
néonatale, centre pluridisciplinaire de
diagnostic anténatal
- Urgences identiques au niveau II
Un plateau technique :
- Biologie et radiologie identiques au niveau II + biologie
moléculaire, biologie
de la reproduction, cytogénétique,
diagnostic anténatal, explorations
vasculaires périphériques et
coronarographie diagnostique et intervention-
nelle, transferts d'image
- Secteur opératoire et soins intensifs
spécialisés
- Soins aux grands brûlés, pharmacologie et
toxicologie
- Transplantation d'organes
- Equipements lourds identiques au niveau II
Enseignement, recherche et évaluation en
épidémiologie et santé publique
Document 2 : La répartition des
niveaux d'offre de soins par secteur sanitaire
(Source : SROS Aquitaine 1998 - 2004, ARH
Aquitaine)
Secteurs sanitaires
|
Pôle hospitalier
|
Niveaux d'offre
|
|
|
|
Secteur sanitaire 1
|
|
|
(Bordeaux)
|
|
|
|
Bordeaux
|
III
|
|
Arcachon
|
I
|
|
Arès
|
I
|
|
Blaye
|
I
|
|
Langon - La Réole - Bazas
|
I
|
|
Lesparre
|
I
|
|
|
|
Secteur sanitaire 2
|
|
|
(Libourne - Bergerac)
|
|
|
|
Libourne
|
II
|
|
Bergerac
|
I
|
|
Saint-Aulaye
|
Proximité
|
|
Sainte-Foy-la-Grande
|
Proximité
|
|
|
|
Secteur sanitaire 3
|
|
|
(Dordogne)
|
|
|
|
Périgueux
|
II
|
|
Sarlat
|
I
|
|
Belvès
|
Proximité
|
|
Excideuil
|
Proximité
|
|
Nontron
|
Proximité
|
|
Ribérac
|
Proximité
|
Secteur sanitaire 4
|
|
|
(Landes)
|
|
|
(certaines disciplines ne sont présentes que dans l'un des
pôles, l'offre est assurée par coopération entre eux)
|
|
Dax
|
II
|
|
Mont-de-Marsan - Aire-sur-l'Adour - Saint-Sever
|
II
|
|
|
|
Secteur sanitaire 5
|
|
|
(Lot-et-Garonne)
|
|
|
|
Agen
|
II
|
|
Marmande - Tonneins
|
I
|
|
Villeneuve-sur-Lot
|
I
|
|
|
|
Secteur sanitaire 6
|
|
|
(Béarn)
|
|
|
|
Pau
|
II
|
|
Oloron Sainte-Marie
|
I
|
|
Orthez
|
I
|
|
|
|
Secteur sanitaire 7
|
|
|
(Pays Basque)
|
|
|
|
Bayonne
|
II
|
|
Saint-Palais
|
I
|
Pour 7 secteurs sanitaires, l'offre hospitalière se
compose de 26 pôles hospitaliers dont
1 de niveau III,
7 de niveau II,
12 de niveau I,
6 de proximité.
3. L'offre de soins hospitalière
globalement excédentaire
En étudiant la carte sanitaire de la région
Aquitaine et les écarts par rapport aux indices de besoins fixés
par l'Arrêté préfectoral du 15 juillet 1994, l'offre
hospitalière est excédentaire de plus de 23 %10(*) en réadaptation
fonctionnelle, plus de 9 % en chirurgie générale, plus de 5 % en
médecine et plus de 3 % en soins de suite.
Globalement, il est possible de partager en trois groupes les
cinq départements de l'Aquitaine :
Ø Les départements de la Dordogne, du
Lot-et-Garonne et des Landes présentent les mêmes
caractéristiques :
- forte densité de lits pour personnes
âgées en secteur public,
- densité des lits en établissement
médico-sociaux en adéquation avec les caractéristiques
démographiques régionales,
- absence de CHR mais forte densité de lits en
Etablissements Publics ou Participants au Service Publique Hospitalier (PSPH)
de niveau I et de proximité.
Ø Le département des
Pyrénées-Atlantiques :
- forte attraction d'une clientèle
extérieure,
- Densité importante de structures
hospitalières de niveau I et II,
- forte implantation d'établissements médicaux
et socio-médicaux privés.
Ø Le département de la Gironde :
- effectifs des professionnels de santé
démesurés en comparaison aux effectifs moyens
régionaux,
- répartition très localisée des
structures hospitalières à Bordeaux et sa
périphérie, et à Libourne, faiblement présentes en
dehors,
- forte polarisation du CHU de Bordeaux sur la
clientèle extérieure au département,
- densité élevée des lits et des places
en CHR,
faible implantation des établissements privés et
publics PSPH de proximité.
L'Aquitaine est partagée en sept secteurs sanitaires
(carte 14 p.79), chacun dispose d'une offre de soins hospitalière plus
ou moins dense et plus ou moins bien localisée (document 2 p.83 &
84).
a) Le secteur sanitaire 1 Bordeaux comprend la majeure
partie du département de la Gironde : le littoral, le sud et sud-est du
département, ainsi que l'extrême nord des Landes. De loin le plus
vaste, il est également le plus peuplé d'Aquitaine (plus d'1 200
000 habitants11(*)) et le
plus urbanisé du fait de la présence de la Communauté
Urbaine de Bordeaux (CUB) et le pourtour du bassin d'Arcachon. cependant, il
comporte des zones rurales éloignées de Bordeaux, ainsi qu'une
partie du Parc Naturel Régional des Landes, dont le peuplement est
relativement faible, ce qui explique la partition de l'espace régional
selon ce découpage.
Ce secteur comprend six pôles hospitaliers (carte 15
p.87) :
- un pôle hospitalier de niveau 3
: le pôle de Bordeaux concerne 33 établissements
de santé dont 24 ont une activité de court séjour avec ou
sans soins de suite et de réadaptation ;
- cinq pôles hospitaliers de niveau 1 :
ce sont les pôles d'Arcachon (2 établissements en
court séjour et 4 en sois de suite), Arès (1
établissement en court séjour et un en soins de suite et
réadaptation), Blaye (un établissement en court
séjour), Langon - La Réole - Bazas (cinq
établissement en court séjour et soins de suite) et
Lesparre (un établissement en court séjour) ;
- trois pôles de niveau de proximité :
intégrés au pôle de Langon - La Réole -
Bazas, se situant à Monségur, La Réole et Bazas.
b) Le secteur sanitaire 2 Libourne Bergerac comprend
la vallée de la Dordogne, le nord-est de la Gironde et le sud-ouest du
département de la Dordogne. Peu peuplé (sixième secteur
sur sept), il est peu éloigné du secteur sanitaire de Bordeaux et
de son pôle de niveau 3, ce qui engendre des déplacements et des
fuites vers ce dernier.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine21.png)
Il est composé de trois pôles hospitaliers :
- un pôle hospitalier de niveau 2 : le
pôle de Libourne comprenant deux établissements de santé,
l'un public, l'autre privé.
- un pôle de niveau 1 : le pôle
de Bergerac disposant de cinq établissement de santé dont trois
de court séjour.
- deux pôles de proximité :
à Saint-Aulaye (hôpital local ayant des
activités de médecine, soins de suite, soins palliatifs et prise
en charge de personnes âgées) et à
Sainte-Foy-la-Grande (centre hospitalier qui par dérogation est
individualisé en pôle de proximité).
c) Le secteur sanitaire 3 Dordogne comprend le nord et
l'est de la Dordogne. Relativement peu peuplé (cinquième
secteur), il se caractérise par une population âgée et une
faible densité de celles-ci.
Six pôles hospitaliers structure ce secteur :
- un pôle hospitalier de niveau 2 : le
pôle de Périgueux - Saint-Astier dispose de trois
établissements de court séjour, un public et deux privés,
un hôpital local et cinq établissements de soins de suite et
réadaptation dont quatre sont privés ;
- un pôle de niveau 1 : celui de
Sarlat - Domme comprenant un établissement de court séjour
et un hôpital local ;
- quatre pôles de proximité :
à Belvès (hôpital local), à
Excideuil (hôp. local), à Nontron (hôp. local)
et à Ribérac (hôp. local).
d) Le secteur sanitaire 4 Landes correspond au
département des Landes, exceptés les cantons inclus dans le
secteur sanitaire 1. Il s'agit du secteur sanitaire le moins peuplé,
notamment au nord dans le Parc Naturel Régional des Landes, et le plus
âgé après le secteur 3. Il comprend deux
pôles hospitaliers dont la particularité est d'être
soumis à une complémentarité offrant les disciplines et
les activités de niveau 2 ; ce sont les pôles de
Dax et de Mont-de-Marsan - Aire-sur-l'Adour - Saint-Sever. Les
instances politiques publiques ont pris le parti d'associer ces deux
pôles, au détriment de l'individualisation en niveau de
proximité, car il est apparu un gain tant en terme de distance que de
temps.
Le pôle de Dax est composé de trois
établissements de court séjour dont deux sont privés, et
de trois structures de soins de suite et de réadaptation.
Le pôle de Mont-de-Marsan - Aire-sur-l'Adour -
Saint-Sever comprend cinq établissements de santé dont deux
privés.
e) Le secteur sanitaire 5 Lot-et-Garonne est
composé du département du Lot-et-Garonne et deux cantons du sud
de la Dordogne ; il a subi une baisse de population, tout en conservant une
part importante de personnes âgées, et bénéficie
d'un réseau routier performant dans l'accès aux soins.
Trois pôles hospitaliers y sont présents :
- un pôle hospitalier de niveau 2 : le
pôle d'Agen - Nérac disposant de deux établissements
publics, trois privés en court séjour, et un établissement
privé de soins de suite ;
- deux pôles de niveau 1 : le
pôle de Marmande - Tonneins - Casteljaloux dispose d'un
établissement public et deux privés en court séjour, un
hôpital local et un établissement spécialisé en
rééducation fonctionnelle ; le pôle de
Villeneuve-sur-Lot - Fumel - Penne d'Agenais compte un
établissement public et deux privés en court séjour, deux
hôpitaux locaux et un établissement de soins de suite.
f) Le secteur sanitaire 6 Pau - Oloron Sainte-Marie -
Orthez regroupe les cantons du Béarn ; il s'agit du deuxième
secteur le plus peuplé et le plus le jeune après le secteur 1.
Néanmoins, la tendance est au vieillissement et la majeure partie du
secteur est située à plus de 2 heures du pôle de niveau 3
de Bordeaux, essentiellement à cause de la distance et d'un
réseau routier peu satisfaisant.
Ce secteur dispose de :
- un pôle de niveau 2 : à Pau
comprenant treize établissements dont huit en court séjour ;
- deux pôles de niveau 1 : à
Oloron Sainte-Marie (quatre établissements ayant tous des lits en
court séjour) et à Orthez (cinq établissements dont
deux de court séjour).
g) Le secteur sanitaire 7 Bayonne - Saint-Palais
comprend le Pays Basque et trois cantons du sud-ouest des Landes. Ce secteur
est partagé entre une partie occidentale fortement urbanisée et
à forte migration estivale, et une partie orientale rurale peu
peuplée et difficile d'accès. Il s'agit d'un secteur
présentant un essor démographique, mais qui comme le secteur 6 se
trouve à plus de deux heures du pôle de niveau 3 de Bordeaux.
Pour sa part, ce secteur dispose d' :
- un pôle de niveau 2 : à
Bayonne où est présente une offre de soins relativement dense :
27 établissements dont 12 disposant de court séjour et un service
d'hospitalisation à domicile (HAD)
- un pôle de niveau 1 : Saint-Palais -
Ispoure dispose de deux établissements privés.
La carte III en annexe II page 146 illustre les interventions
ayant eu lieu à ce jour.
4. Entre maternité et bassin de
naissance : le cas de la natalité hospitalière
En 1993, la région aquitaine disposait de 50
maternités ayant accueilli près de 31 00012(*) naissances. Or
l'activité des maternités est intrinsèquement liée
à la natalité sur le territoire où elles sont
implantées. (Carte 16 p.91)
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine22.png)
La comparaison entre le lieu de domicile des mères et
la localisation des maternités permet d'appréhender
l'adéquation entre les besoins et l'offre de soins en
obstétrique, anténatalité et périnatalité.
Il est alors possible de représenter cette
adéquation par un découpage de l'espace régional en
bassins de naissance. (Carte 17)
Un bassin de naissance est constitué de la commune dans
laquelle est présent le pôle où sont implantées la
ou les maternité(s) et toutes les communes où résident une
majorité de femmes qui vont accoucher dans la commune pôle. Le
bassin délimitent ainsi les zones d'influence des maternités. En
Aquitaine, ces bassin sont au nombre de 24 dont la taille varie de l'un
à l'autre, mais les cinq plus importants concentrent près de la
moitié des naissances.
![](Geographie-de-loffre-de-soins-et-amenagement-du-territoire-en-Aquitaine23.png)
Dans le cas des grandes agglomérations urbaines
où sont présentes plusieurs communes - pôles, l'importance
des échanges intercommunaux rend particulièrement fragile la
notion de bassin de naissance. Toutefois, celle-ci retrouve tout son
intérêt si les différentes aires d'influence des
pôles fusionnent.
Le potentiel de naissance d'un bassin correspond au nombre de
naissances qu'enregistrerait le pôle si toutes les femmes y
résidant accouchaient effectivement dans la commune pôle. Ceci
explique pourquoi les plus grands bassins, en termes de potentiel,
correspondent aux grandes agglomérations aquitaines : Bordeaux, Pau,
Bayonne, Périgueux, Agen et Libourne, soit plus de 70 % des
naissances.
Néanmoins, les caractéristiques diffèrent
selon la densité de population. Le bassin de bordeaux est marqué
par le poids prépondérant de l'agglomération bordelaise,
mais son influence déborde largement et s'exerce majoritairement sur
plus de 200 communes pour une population de près de 850 000 habitants en
1990. Si son influence décroît avec l'éloignement, elle
demeure importante dans les zones de Langon, Arès et Blaye, pourtant
rendues autonomes par la présence de maternités en limites du
bassin bordelais.
Les bassins de Bayonne et Périgueux présentent
des caractéristiques opposées. Le bassin de Périgueux
couvre un département à dominante rurale à faible
densité compensée par une surface de couverture double de celle
de Bayonne. Cependant, cette extension ne permet pas à Périgueux
d'atteindre l'activité du bassin de Bayonne en obstétrique. Ceci
est dû, outre au fait que la population du bassin de Périgueux
soit inférieure à celle de celui de Bayonne, à la
structure par âge de la Dordogne : plus âgée, ce qui
génère une natalité moindre.
Les bassins de naissance à potentiel plus faible ont
également structures hétérogènes. Lorsqu'ils sont
proches de bassins importants, leur étendue est limitée par ce
voisinage. Leur rôle est alors celui de services de proximité
immédiate, implantés dans des zones de densité humaine
moyenne : par exemple, La Teste - Arcachon, Lesparre - Médoc,
Tonneins...
Parmi les petits bassins de naissance, certains ont une aire
d'influence plus vaste, correspondant à celles de villes de tailles
moyennes : Oloron Sainte-Marie, Villeneuve-sur-Lot et Bergerac. Leur
éloignement par rapport aux grandes villes, de même que la faible
densité des communes environnantes, leur permet d'avoir une aire
d'attraction plus importante.
L'essentiel des bassins de naissances est composé de
communes aquitaines. Néanmoins, certaines exceptions existent
localement. Ainsi, les trois quarts des communes du bassin d'Aire-sur-l'Adour
sont situées dans le Gers. Dans le bassin d'Agen, 51 communes sur 152,
et 10 % de la population se localisent dans le Gers ou le Tarn-et-Garonne. Ces
communes sont rurales et compte en moyenne 400 habitants.
De même, quelques communes aquitaines sont prises dans
l'aire d'influence de bassins de naissances extra-régionaux,
implantés principalement en limites de la Dordogne où l'influence
de Limoges, Angoulême et Brive-la-Gaillarde est particulièrement
importante.
A l'échelle infra-régionale, l'influence des
grandes maternités est prépondérante. En effet, si plus de
90 %13(*) des femmes
résidant dans les grands bassins y accouchent ; les petits bassins
souffrent de fuites vers ces derniers. Ainsi, près de 40 % de femmes,
résidant dans le bassin de Langon, accouchent en dehors dont 70 %
à Bordeaux.
Cependant, cette attraction n'est pas uniquement
géographique. Les petites maternités souffrent fréquemment
d'un déficit en personnel : gynécologue - obstétricien,
anesthésiste - réanimateur, pédiatre formé en
néonatalogie..., mais également en équipement, dont la
présence assure une meilleure qualité de services. A ceci
s'ajoute le faible pouvoir d'attraction des petites maternités sur leur
environnement. Dans ces bassins, la distance moyenne est logiquement
augmentée par les flux de sortie qui y sont nettement plus
fréquent.
L'évolution de cette notion de distance parcourue
permet également de mesurer l'effet de la fermeture d'une
maternité. Mais la fermeture n'a pas simplement des conséquences
en terme d'éloignement, elle implique une restructuration de
l'organisation de l'offre de soins qui se traduit pour l'usager par une perte
en terme de services proposés, et pour le personnel des pertes d'emplois
ou de replacements au sein d'établissements plus ou moins
éloignés de leur domicile.
Entre 1987 et 1993, le nombre de naissances domiciliées
en Aquitaine a baissé de 6,3 % ( + 1,3 % entre 1993 et 1996).
Parallèlement, le nombre de bassins de naissances est passé de 27
à 24. Depuis 1986, huit établissements ont fermé ou
transféré leur activité obstétrique vers des
établissements plus grands.
La moindre activité des maternités est
liée à la baisse de la natalité potentielle, mais les
bassins de naissances ont subi différemment cette baisse, en fonction de
leur vitalité démographique. Ce sont surtout les grands bassins
qui ont le mieux résisté, du fait de l'effet attractif
exercé par les grandes agglomérations, qui, dans un contexte
général de baisse de la fécondité, ont vu cette
dénatalité compensée par un solde migratoire nettement
positif. En outre, certains pôles : Bayonne, Pau et surtout Dax ont connu
une évolution positive de leur potentiel de 0,3 % à 5 % entre
1987 et 1993, du fait d'une part de la croissance de leur aire d'influence et
d'une moindre baisse de la natalité, d'autre part.
Les plus petits bassins cumulent les effets négatifs
dus à la baisse de la natalité, d'autant plus forte que leur
population jeune est sujette à l'émigration et à
l'influence des grandes maternités.
Le réseau de maternités en Aquitaine est
marqué par un nombre important d'établissements. Toutefois,
peut-on y lire un effet de la géographie régionale et de la
localisation de la population. L'Aquitaine compte les plus faibles
densités de population. Ce large effectif d'unités entraîne
structurellement une activité réduite pour la plupart d'entre
elles. En 1993, onze maternités se situaient en dessous du seuil minimal
de 300 naissances, défini par le HCSP, qui considère qu'une
taille trop réduite ne permet pas d'offrir toutes les garanties en terme
de qualité et de sécurité de soins. Mais la fermeture de
maternités risqueraient de créer des zones entières
dépourvues d'accès à ce service de proximité, du
fait de la spécificité de la géographie locale.
*
* *
Conclusion : LES PAYSAGES
SOCIO-SANITAIRES DE L'AQUITAINE
V. LUCAS-GABRIELLI, F. TONNELLIER et E. VIGNERON (CREDES) ont
réalisé en 1998 une typologie des différents paysages
socio-sanitaires en France. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur
l'analyse des variations spatiales d'indicateurs de santé (offre,
consommation de soins et mortalité) en relation avec l'environnement
socio-économique ; c'est-à-dire la relation entre les
inégalités d'accès aux soins et la structure sociale de
l'espace. La cartographie de cette typologie est basée sur les zones
d'emploi définies par l'INSEE en 1982. Elle permet de représenter
les variables, mettant en évidence les oppositions, et de
réaliser une partition des zones d'emploi en les regroupant en classes
possédant les mêmes critères.
Cette typologie se compose de trois grands types :
- " les types urbains ",
- " les zones de surmortalité - industrie ",
- " les types ruraux ".
Cette analyse utilise un moyen d'observation
privilégié qui est le coefficient de corrélation ; ce
dernier ne permet cependant pas d'établir une relation de
causalité entre variables. Il est important d'éviter la tentation
d'évaluer grâce aux données géographiques, " l'effet
" ou " l'efficacité " des soins, le " résultat " de l'offre de
soins en calculant un indice de corrélation entre consommation de soins
et mortalité, car cet indice ne pourrait tenir compte du temps de
latence dans l'apparition des pathologies, d'autant que la mortalité est
l'aboutissement d'un processus plus ou moins long selon la ou les causes de
décès.
Le but de cette typologie est donc de localiser et relier les
inégalités de l'offre de soins avec la composition sociale entre
densités de services et le niveau social.
« L'Aquitaine appartient à deux de ces
pôles.
Aux types urbains : cartographié comme
classe de type " Métropole régionale " : zones d'emploi
de Bordeaux et de Pau :
- zones très bien équipées en personnel de
santé, se caractérisant par un niveau d'équipement en
personnel comme en lit élevé, des honoraires par
généralistes assez faibles et un indice de mortalité
légèrement inférieur à la moyenne.
- Forte proportion de cadres, de professions
intermédiaires et un niveau de scolarisation et de revenu.
- Mortalité marquée par l'importance des cancers
féminins du poumon et du sein.
Aux types ruraux : composé de trois
classes : " Sud-Ouest ", " Pôles Ruraux ", " Zones
Rurales Isolées ".
- " Sud-Ouest " : forte proportion des personnes
âgées, revenu moyen et salaire annuel moyen inférieurs
à la moyenne régionale ; taux brut de mortalité
élevé, un niveau de mortalité à âge
égal inférieur à la moyenne ; une densité de
généraliste et une consommation de soins assez
élevées.
- " Les pôles ruraux " : zones d'imbrication
classique de la petite industrie et des zones rurales agricoles ; distances
à l'omnipraticien et aux spécialistes libéraux
élevées alors que les densités de spécialistes et
de généralistes sont relativement faibles et que les honoraires
sont élevés ; les principales causes de décès
demeurent le suicide et les accidents.
- " Les zones rurales isolées " : distance
à l'omnipraticien est deux fois supérieure à la moyenne ;
faible densité des services hospitaliers ; proportion
élevée des personnes âgées et taux de variation de
la population négatif ; effet de sélection poussant les
personnes en mauvaise santé à quitter ces zones en raison de
l'isolement ; évolution relative à l'emploi négative, taux
de chômage en croissance constante. »
Il apparaît donc que les
généralistes connaissent une répartition dans la
localisation de l'offre de soins en rapport aux structures sociales nettement
moins liée à certaines catégories sociales (contrastes
moins tranchés entre les catégories socioprofessionnelles) ; les
corrélations locales14(*) diminuent sensiblement, ce qui traduit une bonne
diffusion de l'offre en généralistes. Du rapport offre de soins
et besoins ( : relation entre disponibilité des services et besoins, la
disponibilité n'induit pas obligatoirement un usage effectif ou
efficient), il ressort que la densité de l'offre est plus
élevée lorsque le pourcentage de personnes âgées de
65 ou plus est important. Ceci traduit une certaine adéquation entre
l'offre et les besoins.
Dans leur production de soins, les honoraires des
généralistes sont inversement proportionnels à leur
densité : les honoraires sont les moins élevés dans les
zones d'emplois où la densité de généralistes est
élevée. De plus, la production de soins varie au profit des
catégories socioprofessionnelles les moins favorisées : ouvriers,
artisans, agriculteurs, salariés, inversement pour les CSP les plus
favorisées : cadres, professions libérales.
La localisation des spécialistes est liée
à celle des classes favorisées, parallèlement aux zones de
chalandises où se groupent également des services rares du fait
de leur caractère de spécialité. Les corrélations
locales confirment la forte localisation sociale des spécialistes. En
effet, la densité de l'offre de soins est particulièrement
associée au secteur tertiaire et aux personnes possédant le
baccalauréat ou un niveau d'études supérieures. Cette
situation est inverse pour les classes d'ouvriers, d'artisans... Cette analyse
met en évidence une corrélation inverse entre l'offre de soins et
les besoins, ce qui induit une absence d'adéquation entre la
localisation de l'offre et les besoins estimés.
L'offre de soins hospitalière tend par la
densité de lits, notamment en médecine et en chirurgie
générale, a favorisé les classes sociales
supérieures et celles du tertiaire. La distance d'accès
s'accroît lorsqu'elle est rapportée au pourcentage de personnes
peu ou pas diplômées et aux ouvriers. Rapportée aux
indicateurs de besoins, il apparaît une absence de relation avec la
densité des lits de court séjour. En terme
d'accessibilité, la corrélation est forte entre le pourcentage de
personnes de plus de 75 ans et la distance d'accès aux structures de
soins hospitalières qui tend à s'accroître ; ceci traduit
une forte inadéquation de l'offre aux besoins. De plus, cette situation
montre le caractère très localisé de telles structures,
souvent dans les agglomérations où la part des personnes
âgées est moindre qu'en milieu rural.
En outre, l'augmentation notable de l'offre
hospitalière, entendez par-là : augmentation de la densité
des lits en moyen et long séjour, cette croissance ne correspond pas
pleinement à une augmentation de la demande. L'augmentation conjointe de
l'offre et de la demande est essentiellement due à des facteurs
extérieurs tels que les genres de vie, les comportements de
consommation, un meilleur équipement général, les
facilités de déplacement...
Cette analyse spatiale des relations entre offre de soins et
structures sociales permet de mettre en évidence que la localisation des
professionnels de santé est intiment associée à la
structure sociale de la population aquitaine, que les inégalités
constatées sur l'ensemble du territoire français et aquitain se
vérifient également à un niveau infrarégional,
voire locale. Toutefois, ces inégalités de localisation ne sont
pas de facto des inégalités d'accès effectifs aux
soins. Il faut néanmoins noter la particularité des ouvriers qui
s'ils sont globalement distants de l'offre de soins ambulatoire, ont un taux de
recours aux structures hospitalières élevé.
En outre, l'analyse pour l'Aquitaine met en évidence un
cumul d'inégalités pour les jeunes dont le taux de chômage
varie inversement aux indicateurs d'accès aux soins, et notamment en
terme de densités de praticiens. Cette situation peut-elle être
expliquée partiellement par le fait d'un meilleur état de
santé général des populations jeunes, et donc un moindre
besoin et de fait une moindre consommation de soins ? Néanmoins, peut-on
opposer à cela le fait que les jeunes ont plus fréquemment des
comportements à risques. Mais avant tout, la situation de chômage
est-elle un réel handicap dans l'accès aux soins au vue du nombre
d'aides sociales qui sont perçues ? Par ailleurs, n'est-ce pas le niveau
d'éducation ou de diplôme qui est ici mis en cause, bien que le
niveau d'éducation ou de diplôme ne soit pas facteur de
chômage ?
Ces interrogations montrent la complexité de saisir
l'ensemble des intervenants et des déterminants entrant en jeu dans
l'accès aux soins, que l'on ne peut pas simplement réduire
à la seule offre de soins. Cette complexité explique la
difficulté de définir des politiques de planification sanitaire
et de santé publique les mieux adaptées aux différentes
situations.
*
* *
Troisième Partie
De la planification à l'aménagement
de l'espace sanitaire
« Un médecin, un juge ou un homme d'Etat peuvent
avoir dans la tête beaucoup de belles règles, de pathologies, de
jurisprudence ou de politique à un degré capable de les rendre de
savants professeurs en ces matières et pourtant se tromper facilement
dans l'application de ces règles, soit parce qu'ils manquent de jugement
naturel, sans manquer cependant d'entendement et que, s'ils voient bien le
général in abstracto, ils sont incapables de distinguer
si un cas y est contenu in concreto, soit parce qu'ils n'ont pas
été assez exercés à ce jugement par des exemples et
des affaires réelles. » E. KANT, " Critique de la Raison Pure ",
1781.
Chapitre I : LA SANTÉ,
ENJEU D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Selon M. NOGUES et B. AZEMA, « la planification dans son
sens général vise à promouvoir sous un précepte
d'équité, les biens et les ressources ; elle suppose un
encadrement qui peut être autoritaire, empirique, normatif, pragmatique
ou seulement incitatif. » Elle se doit donc de définir dans un
contexte prospectif « les marques d'une configuration de l'espace-temps
», à partir du développement et d'une volonté
d'organisation et d'aménagement.
Toutefois, cette attitude est soumise à une
concertation entre les différentes forces et secteurs
socioprofessionnels concernés. La planification actuelle est
indissociable de la régionalisation en s'appuyant sur les lois et
ordonnances prônant décentralisation et déconcentration, et
la mise en place des contrats de plan Etats-Régions. Or il
apparaît bien souvent que la concertation évoquée
précédemment repose avant tout sur les moyens financiers
alloués, modifiant la planification sanitaire en planification des
ressources. Cette planification s'exprime en tant qu'outil « posant les
conditions d'un véritable contrat social dans un système
d'économie mixte où coexistent actions publiques et
privées » ; mais outil soumis également aux rapports
conflictuels des forces sociales et/ou économiques.
De manière générale, il est courant
d'évoquer la notion d'aménagement du territoire en lieu et place
de la planification sanitaire ; concept plus abordable mais aussi plus
généraliste qui définit mal la spécificité
des actions réalisées. De plus, l'aménagement du
territoire peut avoir des objectifs différents de ceux de la
planification sanitaire quitte parfois à les associer afin de mieux
distribuer les activités, les acteurs et les populations sur le
territoire, pour réduire les disparités et améliorer sa
performance globale ou celle de certains lieux. L'aménagement du
territoire possède d'autres définitions, reprises dans les
ouvrages " Les spécificités démographiques des
régions et l'aménagement du territoire " (DUMONT, 1996) et "
L'aménagement du territoire français " (alii, sous la
direction de G. WACKERMANN, 1996).
En outre, la planification se veut être un acte
législatif d'orientation, tandis que l'aménagement du territoire
est, dans son sens premier, l'acte matériel entrepris dans la
réalité, traduisant cette décision. Ceci explique bien
souvent l'incohérence ou l'inadéquation de l'une à
l'autre, tant elles peuvent être de nature et de volonté
différente.
L'objectif de la planification sanitaire est la
répartition équitable des services de santé sur le
territoire. Celui de l'aménagement de l'espace sanitaire est
d'intervenir sur l'organisation du système de soins, afin de rendre
l'offre de soins accessible à tous en réduisant autant que faire
se peut les inégalités et les disparités
géographiques de santé, sachant qu'il est utopique de vouloir
atteindre un objectif de totale équité, car ce concept
d'équité ne dépend pas uniquement du système de
soins ou de sa gestion, mais également des usagers, des professionnels
de santé et des caractéristiques démographiques et
épidémiologiques des populations locales, si différentes
entre elles.
La densité des professionnels de santé est un
élément primordial du système de soins, mais n'est pas le
seul facteur influençant l'état de santé : la
disponibilité de l'offre de soins ne signifie pas accès effectif
aux soins, ni efficience de cet accès.
Outre une intervention sur l'aspect matériel du
système de soins (structure, équipement, localisation...), la
planification sanitaire, mais aussi la prévention et l'éducation
sanitaire, notamment en rapport avec les comportements et la perception du
système de soins, font aussi partie des actions publiques de
planification sanitaire. Or ces actions nécessitent de disposer de
structures et de personnels à répartir sur le territoire dans cet
esprit d'équité : il s'agit d'aménager le territoire.
L'aménagement de l'espace sanitaire doit donc conjuguer
politique de santé publique (prévention et éducation
sanitaire vis-à-vis du système de soins et des principaux
problèmes de santé) et allocations régionales de
ressources afin de maîtriser les dépenses et les orienter le plus
efficacement possible.
Mais il est nécessaire de sortir d'un contexte
d'expertise financière et technocratique qui ne se soucie pas des
spécificités locales. De fait, déterminer un cadre
d'intervention à échelle plus fine qui éliminerait les
déséquilibres de l'espace et de l'environnement
socio-économique, comme les bassins de santé (TONNELLIER et
VIGNERON), les bassins d'emploi, les ZAU...
Il faut replacer les questions de santé dans le cadre
de l'aménagement du territoire. Car la santé constitue un enjeu
d'aménagement du territoire particulièrement sensible. La
question de l'égalité d'accès aux soins en tout point du
territoire occupe une place important dans l'élaboration des SROS et
dans les débats sur la loi d'orientation de « la politique
d'aménagement et de développement du territoire » du 04
février 1995. (DUMONT, 1996)
Ceci est une exigence démocratique auquel doit
répondre directement l'aménagement du territoire.
Néanmoins, à l'heure actuelle, nombre de contraintes techniques
et financières empêche toute réalisation dans ce sens. Car
« il existe pourtant des solutions réalistes, soutient M. AMIEL de
la DATAR, des moyens qui permettent de dépasser le noeud des
contradictions et d'oppositions qui constitue cette épineuse question de
l'égalité d'accès aux soins. » (AMIEL, 1995)
La question est particulièrement vive lorsqu'il s'agit
de territoires à faible densité démographique, à
dominante rurale, dépourvues d'agglomérations importantes ou
polarisantes. Car l'absence ou la présence d'un réseau
suffisamment denses de services de soins, représente un facteur
d'attraction ou de répulsion des territoire, un atout ou un handicap
pour le développement local.
Les préoccupations sont duales : d'ordre sanitaire,
qualité et proximité de l'offre de soins ; d'ordre
économique, la structure de soins qu'est l'hôpital ou la clinique,
privé ou public, est un acteur économique déterminant,
bien souvent le premier employeur, la première entreprise de moyennes et
de grandes agglomérations, d'un bassin de vie ou d'emploi, un des "
poumons " de l'activité économique locale ; mais également
un élément indispensable d'organisation, de structuration du
territoire environnant, qui renforce l'aire d'attraction d'une ville ou d'une
agglomération. Ce dernier point explique la vigueur de certaines
réactions quant aux projets de restructurations hospitalières
proposés ces dernières années. Dans ce cas, le rôle
indispensable de l'aménagement de l'espace sanitaire devrait être
de maintenir un réseau de proximité, afin d'éviter toutes
formes d'exclusion ou d'enclavement. Cependant, il faut se méfier d'une
égalité territoriale à tout prix qui recouvrirait une
inégalité sociale bien réelle ; seuls les plus
démunis recourent à l'établissement de proximité
(Carte 15 p. 91). Il est impensable de maintenir des unités
obsolètes voire dangereuses car vétustes et insalubres.
L'aménagement du territoire se doit donc d'éviter tout
immobilisme.
En outre, subsiste un second problème structurel
inhérent au système de santé français, la
maîtrise des dépenses de santé, question épineuse
dans le contexte de la société actuelle en termes
économiques et de cohésion sociale d'autant que les pouvoirs
publics ont tendance à négliger certaines réalités
démographiques tel le vieillissement de la population. L'offre de soins
a besoin d'une plus grande rationalité. Dans ce contexte, s'inscrivent
les récentes restructurations hospitalières
générant tant de débats, qu'il s'agisse de la fermeture de
certains services de chirurgie ou d'obstétrique dans lesquels le nombre
d'interventions est jugé insuffisant pour garantir l'expérience
des équipes médicales et attirer les praticiens les plus
performants, qu'il soit libéraux ou hospitaliers.
Nonobstant ces considérations, les opérations
menées actuellement ne paraissent pas toujours prendre suffisamment en
compte les préoccupations sanitaires et économiques des
populations ou des professionnels de santé, non plus que les
préoccupations d'aménagement évoquées
précédemment. Car, comme le confirme M. AMIEL, « il existe
des solutions réalistes, des moyens concrets pour valoriser les sites de
proximité dans de bonnes conditions de coût et
d'efficacité, et résoudre ainsi - au moins en partie - le conflit
entre demande de qualité et de proximité d'un côté,
contraintes techniques et financières d'autre part. » (AMIEL,
1995)
Il est tout à fait possible de développer des
solutions techniques préexistantes, amplifier un mouvement en cours
tendant, par exemple, à :
Ø instituer de nouvelles formes de présence et
de nouvelles formes de production du service de soins, grâce aux postes
de consultations avancés, à la chirurgie ambulatoire ou à
la télémédecine ;
Ø assurer des services nouveaux, en particulier
l'hébergement en court séjour de proximité en lits de
moyen et long séjour pour les soins de suite, les réadaptations
et les personnes âgées, qui font défaut en bien des endroit
en Aquitaine (Landes, Dordogne, Lot-et-Garonne), ce qui est un des objectifs
des reconversions de lits.
De plus, il est également dans le domaine du possible
de développer les coopérations entre établissements, ce
qui a déjà débuté en Aquitaine dans le cas des
pôles hospitaliers de Mont-de-Marsan et Dax :
Ø horizontalement afin d'accroître la
complémentarité entre établissements voisins (par exemple
dans le cas de la chirurgie ambulatoire) pour mettre ainsi fin aux concurrences
stériles ;
Ø verticalement dans le but de mettre en place des
postes de consultations avancés ou la
télémédecine.
Ce point implique la mise en réseau des
établissements voulue par la circulaire du 3 juin 1993 « relative
à l'adaptation de l'offre de soins hospitalière en
cohérence avec une politique équilibrée
d'aménagement du territoire. » Cette circulaire n'eut pas
immédiatement les échos opérationnels attendus, puisque
aujourd'hui encore cette volonté tarde à se réaliser
concrètement.
Toutefois, ceci implique également de prendre
clairement conscience de la responsabilité territoriale de
l'hôpital, d'accorder une attention particulière aux
établissements de proximité à la limite des seuils
techniques nationaux de fonctionnement (trois cents accouchements par an au
minimum pour le maintien d'une maternité), dont la pertinence n'a pas
été prouvée. Ces seuils, souvent théoriques,
devraient être appliqués en tenant compte de ces
spécificités locales évoquées
précédemment, notamment dans les zones de faible densité,
rurales ou de montagne où, de surcroît, les distances-temps entre
le patient et la structure de soins peuvent être importantes et poser
également des problèmes de sécurité sanitaire.
Il est enfin indispensable de prendre en compte le "
gigantisme " (AMIEL, 1995) de certains établissements type CHR ou CHU,
dont on est droit de se demander si leur croissance ne se fait pas au
détriment des pôles hospitaliers de l'arrière-pays. En
cela, le SROS Aquitaine, deuxième génération, prend
parfaitement en considération ce phénomène.
Cependant, au-delà de l'intervention
opérationnelle destinée à une égalité des
moyens, il paraît plus ambitieux, mais aussi plus réaliste, voire
pour certains peut-être plus inaccessible, de tendre vers un
rapprochement des niveaux de santé des populations au moins à un
niveau infrarégional. Si le système de soins agit sur
l'état de santé à la fois par sa dimension curative et par
sa dimension préventive, de nombreux autres déterminants
interviennent en amont.
Or les enveloppes constituées par les allocations
régionales de ressources ont pour but de financer l'offre de soins. Il
est dans ce cas impératif de faire en sorte que ces allocations
contribue directement à atteindre l'objectif recherché.
Toutefois, on ne peut affirmer que le rapprochement des enveloppes moyennes est
un facteur d'homogénéisation des états de santé.
En effet, d'une part, dans un système de soins
satisfaisant en terme d'offre au plan national, un niveau d'offre
inférieur à un ratio national (la densité moyenne
nationale par exemple) n'est pas pour autant synonyme d'insuffisances ou
d'immobilisme, que des financements supplémentaires permettraient de
corriger. D'autre part, un dispositif d'allocation très
différenciée au niveau régional, telle que la gestion
actuelle des enveloppes et leur déclinaison, ne donne en aucun cas de
gage que ces sommes supplémentaires allouées soient parfaitement
ciblées sur des problèmes ou sur des populations qui sont
effectivement à la source d'inégalités régionales.
De fait, ces inégalités régionales recouvrent bien souvent
des inégalités infrarégionales bien plus importantes qui
tiennent tout autant compte des spécificités locales que de la
gestion du système de soins.
L'harmonisation et la maîtrise des dépenses,
définies par le SROS 1999 - 2004 et le Plan régional de
l'assurance maladie 2000 - 2002, ne peuvent donc à elles seules
contribuer de facto à l'harmonisation des états de
santé. Il est nécessaire qu'elles soient associées
à une politique volontariste régionale ayant le même
objectif et gérant les enveloppes au profit des zones les plus
défavorisées ou, a contrario, en restreignant le budget
alloué aux zones surdotées.
Ainsi, si le principe de justice recherché est celui de
la réduction des inégalités des citoyens devant la maladie
ou la mort, la répartition régionale des enveloppes de
médecine ambulatoire ou hospitalière n'est certainement pas en
mesure d'assurer seule la réalisation de cet objectif de planification
sanitaire, du fait de l'absence de liens étroits entre état de
santé, offre et accès de soins. En cela, les axes de
développement en matière d'aménagement de l'espace
sanitaire sont les parfaits usages opérationnels.
* *
Chapitre II : LES AXES
D'INTERVENTION DU SECTEUR AMBULATOIRE
1. Les axes stratégiques de
l'Assurance maladie (Plan Régional de l'Assurance Maladie 2000 -
2002)
Les axes stratégiques du plan Régional de
l'Assurance Maladie pour 2000 - 2002 ont pour ambition de contribuer à
l'amélioration [en Aquitaine] des performances sanitaires et
économiques du système de santé, dans le cadre d'une
conception élargie des missions de l'Assurance Maladie.
L'Assurance Maladie se doit de mettre en oeuvre une
solidarité financière permettant à toute la population
d'accéder à des soins de qualité, reconnus comme tels, et
médicaments utiles, mais également de mettre en oeuvre des
actions de prévention collective et individuelle et plus largement
encore des actions de santé publique.
La réduction ou l'élimination des dépenses
inutiles, voire dangereuses, doit ainsi permettre de mieux prendre en charge
des dépenses de santé ou de prévention insuffisamment
couvertes.
La maîtrise de l'évolution des dépenses de
santé ne constitue donc pas une fin en soi mais le moyen
nécessaire à la promotion de la santé et à la
préservation du système de protection sociale qui seul peut
garantir l'accès à tous à un système de
santé efficient.
(...)
[Ces axes stratégiques] s'inscrivent dans les orientations
du Plan Stratégique de l'Assurance Maladie : « Des soins de
qualité pour tous - Refonder le système de soins »
approuvé par le Conseil d'Administration de la CNAMTS15(*) en sa séance du 12
juillet 1999.
De l'ensemble de ces éléments et de l'analyse des
données régionales il a été dégagé
trois axes stratégiques :
l Améliorer l'efficience de la réponse aux
besoins de santé :
Contrôle de la qualité des soins et optimisation de
l'utilisation des ressources participent d'une même démarche de
recherche d'efficience. C'est à dire du meilleur rapport du coût
et des performances des actions de santé.
l Repérer et prévenir les facteurs de
risque :
L'activité de prévention en médecine
ambulatoire recouvre notamment :
- La diffusion d'une éducation sanitaire permettant de
favoriser l'adoption volontaire de comportements propices à la
santé
- Le conseil individualisé du patient
- L'acte de dépistage
- La prescription médicale ayant pour but d'éviter
la complication de la pathologie.
l Contribuer à l'optimisation du fonctionnement du
système de santé :
Le fonctionnement du système de santé et notamment
les effets de la sous médicalisation du système d'informations et
du défaut de continuité des soins qui en découle rendent
nécessaires les actions d'optimisation des soins.
La prise en compte de cet impératif amène à
retenir deux priorités :
- Favoriser la coordination et la continuité des
soins
- Développer la professionnalisation de la
gestion du risque.
2. Les interventions
opérationnelles proposées dans le cadre du projet URCAM
Les axes stratégiques développés
précédemment reprennent de manière synthétique les
orientations définies par l'Assurance Maladie et notamment l'URCAM
Aquitaine pour le Plan Régional de l'Assurance Maladie.
Ces orientations sont d'essence planificatrice en intervenant
de manière structurelle sur le système de soins, et n'ont pas de
répercussions concrètes sur l'offre de soins ambulatoire. La
plupart ont pour but d'intervenir sur certains domaines de la médecine
ambulatoire à des fins économiques puisque le but avoué
est de réduire et maîtriser les dépenses de
santé.
Dans le cadre du projet « Analyse géographique de
la consommation de soins en Aquitaine », nous avons proposé, en
tant que prolongements au projet, de mettre en place des actions
d'aménagement du territoire afin de répondre aux besoins non
satisfaits, et de générer ou d'accroître un effet
d'attraction concernant les espaces isolés et en déclin, dans un
but de décentralisation ou de décongestion des espaces
densément peuplés :
· Un développement social des
zones les plus isolées (zones rurales isolées), permettrait une
reconstitution du lien social et une conservation du patrimoine culturel
humain, générant ainsi une modification des genres de vie, des
besoins de santé, influant sur l'offre et la consommation de soins.
Cependant, il serait judicieux de s'interroger sur la pertinence de cette
action, qui dépend effectivement de la nature même de
l'opération de développement social entrepris.
· Une opération de
« revitalisation » économique non pas
à échelle aussi fine que la commune mais à un niveau plus
large comme le canton ou le bassin de vie, voire à une nouvelle
entité territoriale intégrant les communes... ;
entités manquant le plus cruellement de moyens financiers, où il
serait intéressant d'effectuer une redistribution différente des
capitaux ou des budgets détenus par les collectivités locales,
les conseils généraux et régionaux, voire l'Etat ou la
Communauté européenne.
· Des interventions au niveau de la formation des
professionnels de santé dans le but de modifier la
démographie médicale, en développant un ou
plusieurs axes de motivation : scientifique, culturel, financier, social,
environnemental... destinée à palier une moindre couverture
médicale du territoire. Cela revient aux acteurs et professionnels du
système de santé à lancer un vaste programme de
réaménagement de l'espace et du territoire sanitaire.
3. La réforme de l'internat
Cette intervention au niveau de la démographie
médicale a débuté par la réforme datant de 1984 sur
l'internat.
Le nombre de médecins par région est fortement
lié à la date d'implantation des facultés de
médecine et à l'instauration du nouveau régime attribuant
le numerus clausus et le nombre de postes d'internes.
L'inégale répartition des médecins est
ainsi corrigée par le fait que les régions, comptant une faible
part de praticiens, en forment désormais proportionnellement plus que
les autres. La liberté d'installation limite cependant la portée
de cette tentative de rééquilibrage des densités, la seule
incitation à l'installation dans les régions faiblement
médicalisées étant que les médecins y ont une
activité plus importante.
Le nombre de médecins s'installant dans chaque
région dépend du nombre de médecins formés dans
cette région et de la somme des flux migratoires.
Parmi les médecins en activité au 1er
janvier 1994 et diplômé depuis 1986, 73 %16(*) exerçaient dans leur
région de thèse, ce taux atteint 76 % parmi les praticiens actifs
au 1er janvier 1996 diplômés depuis huit ans. Il
sembleraient donc que dans l'ensemble les nouvelles modalités du
troisième cycle (obligation pour les étudiants de se
déplacer pour trouver un poste d'internat) n'aient pas fait baisser la
proportion de ceux qui s'installent dans leur ville de thèse.
En outre, si cette réforme s'applique plus ou moins
bien suivant les régions, qu'en est-il de ces installations à un
niveau infrarégional, sachant l'Aquitaine ne possède qu'un seul
CHU à Bordeaux ? Les taux d'installation dans leur ville de thèse
des jeunes praticiens permet d'expliquer en partie l'hyperconcentration des
praticiens au sein de la Communauté Urbaine de Bordeaux.
* *
Chapitre III : LA
RESTRUCTURATION HOPSITALIÈRE
1. De l'aménagement du territoire
dans le secteur hospitalier
F. HEGEL, en 1807 dans son traité la
"Phénoménologie de l'esprit ", a fondé le concept de "
l'universel concret " pour traduire la nécessité à travers
toute action de faire coïncider l'universel (la théorie, le
général) et le concret (la pratique, le cas particulier).
Dans le cas du SROS, l'universel correspond à
l'approche théorique, technique, élaborée par les
spécialistes et les acteurs du champ sanitaire ARH, DRASS, CRAM... Le
concret s'entend comme le projet d'établissement dont
l'élaboration est exigée par la loi hospitalière n°
91-748 du 31 juillet 1991 ou loi TEULADE, mais aussi par les rapports de force
locaux.
La planification est ainsi définie à
l'échelon régional et devient le noyau central de la politique
hospitalière qui s'appuie :
- d'une part, sur la carte sanitaire, instituée
en 1970, déterminant les limites des régions et des secteurs
sanitaires, ainsi que la nature et l'importance des équipements à
mettre en oeuvre pour répondre aux besoins de la population. La carte
sanitaire définit des ratios concernant les capacités
d'hébergement et les équipements lourds par rapport aux effectifs
de population ; elle fixe également les normes d'utilisation des
techniques médicales coûteuses ;
- d'autre part, sur le SROS organisant à
l'intérieur de chaque région la répartition
géographique des équipements ou des activités.
Toutefois, « une panoplie sophistiquée de
critères uniquement sanitaires ne feront jamais un bon SROS. »
(JAIN, 1993) En effet, la planification hospitalière ne peut en aucun
cas se contenter de nos jours d'une somme d'indicateurs et de ratios extraits
d'origine informatique que l'on élèverait au rang de " nouvelles
tables de la Loi ", mais elle ne peut être non plus l'addition
incohérente de volontés et de désirs particuliers souvent
antagonistes et contradictoires.
La double articulation de l'universel - concret permet
d'éviter d'élaborer uniquement un schéma théorique,
un raisonnement purement intellectuel mais politiquement irrecevable, car sans
liens concrets avec le " vécu " des hospitaliers ou des élus
locaux.
Un des axes d'interventions pour concilier à la fois
l'intérêt général et le particulier est
indéniablement le domaine de l'aménagement du territoire. M.
FOUILLAT (DRASS Rhône-Alpes) explique qu' « en basant l'approche sur
la géographie humaine, il est possible d'intégrer les
données d'aménagement du territoire, non comme une contrainte
mais comme un élément parmi d'autres et dès le
début de la démarche de la planification. »17(*)
De fait, l'élaboration d'un SROS doit tenir compte de
l'ensemble des travaux de toute nature qui permettent de disposer d'une masse
non négligeable de données démographiques,
économiques, sociologiques... Ces données sont de plus mises en
perspectives et font partie d'analyses prospectives qui dessinent le visage
futur de la région, dont doit faire partie, au même titre que les
autres équipements (routiers, fluviaux, immobiliers...),
l'équipement hospitalier. Ce sont ces données économiques
et socio-démographiques plus larges qui rendent les acteurs locaux,
hospitaliers et élus plus accessibles à une démarche plus
spécifiquement sanitaire, car comme l'écrit M. FOUILLAT : «
Le niveau stratégique (d'aménagement du territoire) qui fixe pour
le long terme des orientations ou des buts est, un peu paradoxalement, un bon
exercice pédagogique pour l'ensemble des acteurs. En effet, il ne pose
pas la question directement en terme d'enjeux institutionnels pour les
établissements mais au contraire les éclaire sur leur
environnement, ce qui permettra de pondérer leur propre logique en terme
de développement pour bâtir des projets équilibrés.
»
Il est vrai que mettre en avant le concept
d'aménagement du territoire peut servir de prétexte à un
acharnement thérapeutique au bénéfice de structures
obsolètes que ne justifie plus l'évolution démographique
et économique d'un secteur et que condamnent les contraintes
liées à la sécurité.
En ce sens la circulaire n°21 du 3 juin 1993 relative
à l'adaptation de l'offre de soins hospitaliers en cohérence avec
une politique équilibrée d'aménagement du territoire a
levé toute ambiguïté quant à la position des pouvoirs
publics en général, du ministère des affaires sociales, de
la santé et de la ville en particulier. Cette circulaire vise à
préciser les principaux objectifs et motifs de santé publique au
coeur de la restructuration hospitalière rendant nécessaire la
transformation du tissu hospitalier, tout en maintenant des
établissements de proximité de qualité, notamment dans les
zones rurales ou faiblement urbanisées.
Le principe général de la recomposition de
l'offre hospitalière est de :
« regrouper sur des sites de moyenne
proximité les plateaux techniques hospitaliers les plus
conséquents afin de répondre à la fois à une
meilleure qualité des soins et de sécurité pour les
malades et de rationaliser l'allocation des ressources de l'assurance maladie
affectée au secteur hospitalier.
maintenir, voire développer sur des sites de
proximité immédiate, à savoir dans certaines
localités desservant des zones rurales, des soins hospitaliers de
premier recours ou de surveillance et de suite répondant aux besoins
les plus courants et fréquents de la population environnante.
L'objectif principal (...) est de constituer une mise en
réseau graduée et coordonnée des divers hôpitaux,
cliniques et professionnels de santé implantés sur une même
zone sanitaire, afin de doter chacun de missions non plus concurrentes mais
complémentaires. »
Cette mise en réseau a pour but de favoriser la
création de filières de soins plus adaptées aux besoins
des patients, évitant ainsi redondances, double emploi et parcours
inutiles, tout en renforçant la qualité et la
sécurité des prestations répondant à l'exigence
croissante exprimée par les usagers.
Le Ministre délégué à la
santé poursuit dans la circulaire en expliquant les motifs de
santé publique répondant à ces objectifs.
« Une politique pertinente d'aménagement du
territoire implique certes le maintien de petits établissements de
proximité mais à la condition expresse qu'un tel maintien
conduise à une meilleure adaptation des services qu'ils rendent à
la population.
En effet, la sécurité des malades ne saurait
être sacrifiée à la survivance de services souvent
médiocres, voire véritablement dangereux pour la santé
publique et dont les effets médicaux et leur volume d'activité
resteront toujours insuffisants, notamment en matière d'urgences, de
réanimation, de chirurgie, de maternité et pour certaines
disciplines de médecine spécialisée.
Il convient en revanche de conserver et de promouvoir les
hôpitaux de proximité qui non seulement demeurent
nécessaires pour répondre à des demandes actuellement non
satisfaites, en garantissant le maintien des emplois existants,
redéfinis à cet effet.
C'est pourquoi certains petits centres hospitaliers ou
cliniques privés constituent des maillons essentiels de coordination et
d'organisation des soins entre le domicile, la médecine ambulatoire
libérale, les structures et les services alternatifs à
l'hospitalisation et les établissements de santé publics et
privés disposant de plateaux techniques plus importants et
spécialisés. »
Cette circulaire a le mérite de bien définir et
délimiter le cadre des interventions opérationnelles concernant
la recomposition de l'offre de soins hospitalière : «
aménagement du territoire, oui ; assistance respiratoire pour
hôpital ou service sans avenir ou obsolète, non. »
Cependant, la réussite d'une telle politique
d'aménagement du territoire plus cohérente en matière
hospitalière implique de respecter quatre conditions essentielles :
- le développement de différentes formes de
partenariat entre le secteur hospitalier et l'ensemble des professionnels et
acteurs de santé libéraux ambulatoires, notamment en
matière d'urgences, de prise en charge des personnes âgées,
d'hospitalisation à domicile et de télémédecine ;
- la mise en oeuvre effective des outils de
coopération entre établissements de santé, tels que
prévu par la loi hospitalière de 1991 (fusions, regroupements,
reconversions de lits...).
- une organisation adaptée d'un réseau de
transports médicalisés tant publics que privés
garantissant un maillage du territoire rendant effectif les
complémentarités entre les divers établissements
concernés et favorisant le désenclavement des structures de
santé de proximité et des zones rurales qu'ils desservent ;
- l'utilisation d'expériences nationales
préalablement menées en matière d'organisation des soins
et le recours à des références régionales issues de
consensus avec les organismes et experts médicaux concernés,
notamment dans le cadre des commissions régionales d'évaluation
médicale des établissements.
La fermeture des services hospitaliers, notamment en milieu
rural, rend difficile l'obtention d'un équilibre satisfaisant : si
l'accès géographique est compromis, on sacrifie la
disponibilité des soins, surtout pour des personnes ne disposant pas de
moyens d'accès aux services éloignés. Inversement, les
soins délivrés par les grands centres, ne correspondent pas
toujours ni aux attentes des patients, ni à un environnement convenable.
Une restructuration défavorisant les petites structures n'est donc pas
synonyme d'avant ages en terme d'accessibilité. Aux Etats-Unis, la
fermeture des petites maternités au cours des années 80
commencent à montrer de mauvais résultats. (MICK, NAIDITCH &
BOURGUEIL, 1997)
En ce qui concerne la qualité des soins, la notion de "
masse critique " (CHARPAK et alii, 1997) est invoquée pour
justifier certaines fermetures. Les recherches ont montré que lorsque ce
type de seuil existait, il concernait surtout des procédures rarement
réalisées aux sein de petits hôpitaux. Quant au chiffre de
300 accouchements par an, il n'existe aucune étude permettant de
l'étayer scientifiquement. (MICK et alii, 1997) A l'inverse, de
nombreux travaux montrent qu'un suivi de grossesse permettant le
repérage des femmes à haut risque et leur transfert
anténatal vers les centres bien équipés, permet d'assurer
aux femmes accouchant dans les petites structures, une qualité des soins
au moins égale à celle des grandes structures.
En définitive, il apparaît qu'il serait
dommageable d'ignorer l'aménagement du territoire, tout en s'accrochant
uniquement aux indicateurs sanitaires traditionnels ou plus récents,
mais dont le degré de sophistication peu parfois laisser parfois
perplexe.
Se placer dans une perspective d'aménagement du
territoire bien comprise, sans la démagogie qui peut quelque fois
l'accompagner quand elle est exprimée pour freiner toute
évolution, revient à assurer, à correctement baliser le
terrain et à se situer dans une démarche planificatrice souple,
accompagnant les évolutions et les mutations régionales sans les
anticiper, ni les retarder.
En outre, l'aménagement du territoire permet d'adopter
un point de vue prospectif d'autant plus important que très souvent les
études et les projets s'inscrivent dans la durée d'un plan, comme
le propose la récente publication du Commissariat général
du Plan " Santé 2010 " (groupe " Prospective du système de
santé ", La Documentation Française).
2. La recomposition hospitalière
en Aquitaine
N'ayant pas eu la possibilité, ni le temps, ni les
moyens de pouvoir consacrer une partie de cette étude au secteur
hospitalier, l'analyse de la recomposition hospitalière en aquitaine
sera relativement synthétique et s'appuiera sur les axes d'intervention
définis dans le SROS pour la période 1999 - 2004.
Suite à l'état des lieux réalisés
précédemment, le SROS a dégagé dix orientations
stratégiques pour l'offre et le système de soins hospitalier.
Trois de ces orientations sont liées à la prise en charge de
certaines catégories de personnes :
- Les personnes âgées, du fait du
vieillissement, la nécessité d'améliorer les structures
d'accueil en fonction de besoins spécifiques de soins qui ont
évolués parallèlement à la structure par âge
de la population. Le but est de « promouvoir une véritable
coordination gérontologique en prenant en compte la diversité des
acteurs de la politique menée en faveur des personnes
âgées. » (SROS, 1999)
- Les adolescents et leurs problèmes de
santé ;
- La prise en charge à la naissance.
Trois orientations sont basées sur la prise en compte
des pathologies les plus fréquemment soignées.
- Les conduites addictives desquelles découlent
les principales causes de décès ; il s'agit notamment de la
dépendance à l'alcool, du tabagisme, de la toxicomanie et l'abus
de médicaments. Pour cela, il convient de développer les
structures hospitalières adaptées.
- Les activités de cancérologie doivent
être réorganisées car leur prise en charge est complexe :
« transversale au système de santé, intégrant
prévention, dépistage, traitements et soins palliatifs ; elle met
en jeu une grande diversité de structures et de professionnels.
»
- La prise en charge des pathologies
cardio-vasculaires organisée pour les soins hospitaliers et
ambulatoires, dont les techniques de soins sont en constante évolution
et nécessite des plateaux techniques de plus en plus lourds. Le SROS
doit définir précisément « les différents
niveaux de soins et d'équipement des plateaux techniques, la
répartition des structures de soins et de réadaptation, les
articulations des structures hospitalières entre elles, mais
également avec l'ensemble du dispositif ambulatoire » ; l'objectif
étant « la mise en place de filières de soins
coordonnés rationalisant l'offre de soins actuelle et permettant
l'intégration des conséquences de l'évolution des
techniques médicales. »
Enfin, les quatre dernières orientations concernent
plus particulièrement le système de soins dans sa dimension
structurelle.
- Faciliter l'accès aux soins en
réduisant les obstacles d'ordre économique et social, notamment
dans les zones rurales isolées et les zones périurbaines
marquées par la précarité, voire la pauvreté, et
pour cela en étendant « les missions des établissements de
santé à la lutte contre l'exclusion sociale. »
- Intervenir sur la notion de proximité afin de
garantir la qualité des soins ; eu égards à la superficie
régionale et à la diversité des besoins à
satisfaire, la notion de proximité est devenue incontournable. Il est
donc « nécessaire de renforcer la structuration de l'offre de soins
de manière à améliorer la couverture des besoins de
santé et le maillage de l'offre de soins. »
- Organiser le système hospitalier en
réseaux afin de réduire la multiplicité des acteurs et
des activités dans la prise en charge des pathologies, pour
améliorer l'efficacité, la qualité et l'efficience du
système de santé.
- Anticiper les progrès médicaux au
niveau des pratiques et des techniques, qui se répercutent sur
l'organisation des structures hospitalières, « en précisant
en particulier le rôle des plateaux techniques, leur organisation, leur
hiérarchisation, leur niveau d'équipement... »
En résumé, le SROS a pour but de définir
les axes d'interventions devant marquer l'évolution de l'organisation
régionale :
La mise en réseau et la coordination des
établissements et des professionnels de santé pour des
populations ou des problèmes de santé dont la prise en charge
doit être améliorée, ainsi que la mise à disposition
de plateaux techniques regroupés et complémentaires ;
Développer l'implication des hospitaliers dans le
dispositif de prévention et d'éducation pour la santé ;
En outre, il nous paraît nécessaire d'anticiper
l'évolution prévisible de la démographie médicale
par le renforcement de la couverture géographique régionale selon
les carences locales. Car le fondement du SROS est de prévoir « les
évolutions nécessaires de l'offre de soins et déterminer
la répartition géographique des installations et activités
de soins. »
Actuellement, la recomposition hospitalière concerne
six secteurs :
Ø Les secteurs sanitaires 1 (Bordeaux) et 2
(Libourne - Bergerac) par la mise en réseau de la maternité
de Blaye avec le centre hospitalier (CH) de Libourne, par la mise à
disposition d'une couverture pédiatrique à partir du CH de
Libourne, car le maintien de la maternité de Blaye, nécessaire en
raison de situation géographique excentrée de ce pôle
hospitalier, est subordonné à la présence d'un
médecin pédiatre que l'activité du CH de Blaye ne justifie
pas à elle seule. De plus, dans le secteur sanitaire 2, la
reconversion de 20 lits de chirurgie en 15 de post-cure alcoolique au CH de
Sainte-Foy-la-Grande est en projet du fait de l'absence, jusqu'à
présent, de lits de ce type dans la région Aquitaine, et
favorisée par la situation septentrionale de Sainte-Foy-la-Grande.
Ø Le secteur sanitaire 4 (Landes) par la
conversion de 15 lits d'obstétrique en six de chirurgie au CH de
Mont-de-Marsan et un de médecine à la polyclinique
d'Aire-sur-l'Adour, parallèlement à la mise en place d'un accord
d'association au service public hospitalier avec le CH de Mont-de-Marsan, pour
le maintien d'une antenne obstétricale à la polyclinique, pour la
mise en oeuvre d'une unité de six lits de soins continus à la
policlinique et pour la participation de celle-ci à la prise en charge
des urgences. A ceci, s'ajoute le projet de transformation de 14 lits de
médecine de post-cure alcoolique à la clinique Maylis à
Narosse qui trouve sa justification dans la situation géographique de
celle-ci : au sud du département.
Ø Le secteur sanitaire 5 (Lot-et-Garonne) par
le transfert à Villeneuve-sur-Lot de la maternité de la clinique
Sainte-Thérèse au CH, du fait du faible niveau d'activité
de cette maternité et par l'existence de trois sites obstétriques
(dont deux privés) dans la même ville, s'accompagnant du transfert
d'un médecin obstétricien de la clinique au CH ; également
par la reconversion du service de chirurgie et du bloc opératoire du CH
de Nérac, permettant d'individualiser une unité de soins de suite
portée de 10 à 20 lits, de renforcer la médecine,
l'accueil et le long séjour, et de porter la capacité du service
de soins à domicile de 10 à 30 places. En outre, un projet
concerne le CH de Marmande - Tonneins : la réalisation d'un centre
hospitalier intercommunal par fusion de deux entités juridiques et la
modernisation de l'ensemble, dont les différents aspects sont : le
regroupement de la direction, des services administratifs, des blanchisseries
et des cuisines, le regroupement des maternités et des chirurgies sur le
seul site de Marmande ; la restructuration des soins de suite et de
réadaptation à Tonneins.
Ø Le secteur sanitaire 6 (Béarn) par le
transfert au CH de Pau de l'activité d'hospitalisation en
obstétrique du CH d'Oloron-Sainte-Marie, en maintenant à Oloron
des consultations avancées, transfert qui est dû à la
faible activité de la maternité d'Oloron et l'existence d'une
offre privée obstétrique sur ce pôle.
Ø Le secteur sanitaire 7 (Pays Basque) par le
regroupement à la polyclinique de La Côte Basque Sud à
Saint-Jean-de-Luz, de l'ensemble de l'activité d'accueil, de traitement
et d'orientation des urgences médicales et chirurgicales de la zone de
Saint-Jean-de-Luz, qui se justifie par le caractère quelque peu
excentré de cette zone par rapport à Bayonne et l'afflux de
population estivale ce qui induit une organisation de l'offre de soins en
utilisant les moyens d'un unique plateau technique aux normes de
sécurité et de qualité requises. Concernant le CH de La
Côte Basque réunissant le site de Bayonne et celui de
Saint-Jean-de-Luz, un projet de restructuration complète de
l'hôpital de Saint-Léon à Bayonne sur cinq ans est en
cours, devant permettre la mise au niveau des autres établissements
hospitaliers d'Aquitaine, de cet établissement vétuste, d'offrir
aux usagers des prestations de soins, médico-techniques et
hôtelières d'un niveau élevé et d'améliorer
l'organisation interne de l'établissement afin d'amorcer une
recomposition en réseau d'une offre de soins actuellement fortement
dispersée sur l'aire urbaine de Bayonne.
Il manque à ce début de recomposition
hospitalière (débutée en fin 1999) les informations
concernant le secteur sanitaire 3 (Dordogne). Est-ce dû au fait qu'aucune
réalisation ou aucun projet n'ont été
décidés ? Ou est-ce que l'état du système de soins
est actuellement satisfaisant ? Cela paraît peu probable.
Ce deuxième SROS a le mérite de parfaitement
tenir compte des directives ministérielles quant à la
planification et à la restructuration du système de soins
hospitalier.
Cependant, ce document définit mal les moyens humains
et financiers qui devront être mis en oeuvre pour les cinq prochaines
années. En outre, peut-on s'interroger sur le facteur temps qui
conditionne ces interventions : d'une part, les techniques et les
équipements évoluent avec une grande
célérité ; d'autre part, les besoins, les pathologies et
les comportements se modifient constamment. Ainsi ce qui est vrai aujourd'hui,
le sera-t-il d'ici trois à cinq ans ?
Le SROS anticipe-t-il assez sur l'avenir et fait-il preuve de
suffisamment de souplesse dans ces orientations ? Est-ce pour cette raison que
persiste un flou méthodologique et opérationnel ?
*
* *
Conclusion
Après dix ans de décentralisation, l'action
sanitaire relève pour l'essentiel des compétences de l'Etat et du
financement de l'assurance maladie. Le rôle de l'Etat est de fixer le
cadre institutionnel général de l'action de santé
publique, de définir des objectifs, d'être d'une certaine
manière « le concepteur d'un projet et de définir les
règles du jeu dans l'intérêt collectif et individuel.
» (OBERLE, 1997)
Toutefois, ce rôle exige que l'Etat s'appuie sur les
initiatives locales, sur la connaissance intime que les institutions et les
acteurs locaux ont du terrain, afin de concevoir les meilleures réponses
aux besoins si diversifiés. De ce point de vue, la
déconcentration est une réponse à ce besoin pressant de
proximité, de lisibilité des lieux de décision.
La décentralisation a largement contribué
à l'existence politique du territoire ; cette dimension a trouvé
son expression physique dans l'aménagement du territoire, et plus
spécifiquement dans la planification sanitaire pour la santé
publique.
Cependant, la complexité de l'organisation du
système de santé, et auparavant un contrôle
aléatoire de cette planification, induit actuellement des
problèmes d'équité et d'égalité. La
décentralisation s'est révélée être un
facteur d'autonomie et donc de liberté. Mais elle a également
produit des inégalités entre les différents territoires.
Or l'action politique de santé ne s'articule plus uniquement à un
niveau juridico-administratif de compétence, mais en tant qu'espace
socio-politique, comme un lieu d'interaction où se retrouvent les
différents acteurs de la déconcentration et de la
décentralisation : l'Etat, la région au travers de ces organismes
de santé publiques (ARH, DRASS, URCAM...) et politiques (Conseil
régional), le département (Conseil général, Caisses
primaires d'assurance maladie, DDASS...) et la collectivité locale :
commune ou canton, mais également d'autres acteurs de la
société civile, notamment associatif.
Aussi, au moment où la société
s'interroge sur les principes de solidarité et de justice sociale sur
laquelle elle repose, il paraît essentiel de ne pas perdre de vue
qu'au-delà des réponses techniques, certains choix relève
de la morale politique. Si la décentralisation a entraîné
un progrès dans la définition de la démocratie dans la
mesure où elle a accru les compétences des pouvoirs locaux, elle
a pourtant peu mobilisé les citoyens eux-mêmes. Or il s'agit
là de questions essentielles pour la santé publique. «
Renforcer la place du patient, n'est pas seulement lui reconnaître des
droits, c'est aussi lui permettre d'intervenir en tant qu'individu - citoyen
dans un système dont il est l'usager et le consommateur. Rendre plus
efficace le système de santé nécessite évidemment
l'avis des professionnels de santé, mais celui des usagers est
essentiel. » (BOURY, 1999) Cela suppose une modification sensible de
l'organisation et de la gestion du système de soins ; mais
également et surtout un changement dans l'approche culturel de la
santé par rapport à la population, soit ne pas considérer
les individus uniquement comme des assurés sociaux de simples
consommateurs de soins, ne pas raisonner seulement en terme de couverture.
Actuellement, le défaut majeur des organismes de
santé publique est de négliger tout dialogue avec les individus,
en privilégiant un débat interne entre acteurs et professionnels
dont les résultats dépassent bien souvent l'entendement de
l'usager qui raisonne en terme de proximité. Donc si l'usager doit faire
l'effort de sortir de ce cadre de proximité, les " experts " doivent
quant à eux s'efforcer de dépasser le cadre institutionnel.
La multiplication et l'éclatement des instances de
décision et des organismes chargés de mener les actions de
santé publique à l'échelle régionale, ont introduit
des facteurs d'inertie, de gaspillage (financements croisés,
redondance...) de cloisonnement et de confusion. L'absence d'unité entre
les organismes ayant en charge la gestion du système de soins est un
handicap qui pose « des problèmes institutionnels et de
compétence territoriale. » (TONNELLIER & VIGNERON, 1999)
Dans cet ordre d'idée, la décentralisation s'est
faite selon une logique de répartition des structures et des
financements et moins selon une logique d'objectifs de santé et de
démographie, ce qui a induit un manque de vision globale,
intersectorielle. Or la contrainte budgétaire et financière
devient de plus en plus forte et imposera des changements comportementaux,
sociaux et économiques aux différents acteurs, dont les
praticiens et les usagers font partie. Néanmoins, sous la seule
contrainte financière, le changement est aveugle et peut conduire
à moins d'efficacité, sûrement à moins de justice
sociale. La nature plus complexe des problèmes de santé publique
actuels appelle donc une mobilisation de compétences techniques, dont
l'aménagement du territoire, et d'acteurs sociaux plus nombreux et
divers. Mais cette complexité nécessite également plus de
souplesse dans la conduite des actions, en laissant place à
l'expérimentation, avec des partenariats à
géométrie variable selon les configurations locales et
sectorielles.
La recherche de l'efficacité et la contrainte
financière justifient et appellent l'introduction d'évaluation
des politiques publiques comme élément permanent de la
définition des stratégies et du pilotage des actions
gouvernementales comme celles des autres collectivités territoriales.
En mettant l'accent sur la réduction des
inégalités d'offre de soins, nous avons souhaité attirer
l'attention sur le fait que l'aménagement de l'espace sanitaire est une
des formes d'interventions les plus adaptées aux réalités
socio-démographiques et à la conjecture économique
actuelle, car elle doit prendre en compte à la fois les politiques de
santé publique et les stratégies visant à la
maîtrise des dépenses de santé. Cette démarche
permet « de sortir d'un débat uniquement « comptable » et
centralisateur : la politique de santé concerne des individus dans des
espaces concrets. » (TONNELLIER & VIGNERON, 1999)
Dans une étude réalisée dans les
années 80, H. PICHERAL18(*) constatait qu'un certain "laissez-faire" de la part
des pouvoirs publics, aboutissait à d'incontestables
inégalités qu'est loin de compenser le secteur public. Or la loi
du 31 décembre 1970 sur la carte sanitaire, soit il y a trente ans,
était de réduire, puis de supprimer les disparités, les
inégalités ou les iniquités de l'offre de soins dans tous
les secteurs sanitaires. Aujourd'hui, le constat est le même, la
motivation des pouvoirs publics est inchangée et récurrente. A
croire qu'en trente ans, le fonctionnement du système de soins en France
est resté statique et inerte, n'a pas évolué alors que la
démographie et les progrès scientifiques modifiaient
profondément les réalités socio-sanitaires.
Aujourd'hui, un débat oppose deux conceptions de la
gestion du système de santé.
D'une part, les partisans d'une dimension humaniste, largement
représentée par les acteurs et les professionnels de santé
exerçant quotidiennement sur le terrain, favorisent l'aspect
prévention publique et sensibilisation des collectivités locales
aux principaux problèmes de santé publique, tout en essayant
d'intervenir au niveau de l'offre de soins afin d'en faciliter l'accès
au plus grand nombre d'usagers, et ce non seulement en terme de distance
spatiale mais aussi sociale, économique et culturelle.
D'autre part, les politiques, les " experts " et autres
intervenants de santé publique qui raisonnent plus en terme de
système que de soins ou de besoins, préfèrent agir sur
l'organisation fonctionnelle de la santé, en rééchelonnant
les allocations de ressources attribuées aux régions, en
traçant de multiples découpages territoriaux destinés
à définir des localisations stratégiques de l'offre de
soins ; c'est-à-dire pouvant répondre à une demande la
plus large possible en réduisant les structures de soins les moins
efficientes selon une valeur seuil attribuée non pas un type de
structure mais à un secteur d'activité.
La faiblesse de cette orientation tient au fait qu'elle ignore
fondamentalement les spécificités locales. Pour atteindre de tels
objectifs : efficience économique et efficacité sanitaire, il est
nécessaire d'étudier au cas par cas chaque structure. Mais les
moyens humains et matériels ne permettent pas d'intervenir sur l'offre
de soins en maintenant une qualité identique en tout point du territoire
pour un budget supportable pour les collectivités territoriales. Mais
ces objectifs (efficacité économique et efficience sanitaire)
sont-ils utopiques ? Est-il si invraisemblable de pouvoir atteindre un jour de
tels objectifs ? Quoi qu'il en soit, les investissements matériels et
humains seront conséquents et la situation demeurera complexe tant que
persistera une organisation structurelle non unifiée.
On constate alors combien la complexité des situations
et la diversité des déterminants sont susceptibles de ralentir
les réformes et la modernisation (systèmes d'information ...) du
système de soins.
Intervenir à la fois en terme d'équité et
de qualité est une démarche essentielle, si elle permet une
maîtrise, voire une réduction à la fois des dépenses
de santé et des inégalités de santé dans
l'intérêt de l'usager car cela conditionne l'efficacité des
politiques de santé. Néanmoins, il est impératif
d'éviter toute dispersion des actions et d'unifier l'ensemble des
acteurs.
Aujourd'hui, on assiste au " réveil " des pouvoirs
publics dans la gestion du système de santé en France, par des
actions et des projets d'études qui tendent à se
généraliser et à s'homogénéiser,
réalisés à différentes échelles (de la
région à la commune) dans un relatif (mais apparent ?)
désordre qui reflète trop clairement le manque de communication
entre les organismes publics et les luttes de pouvoirs au sein des instances
politiques et juridiques. Ainsi, c'est avec l'état de santé des
français que l'on jongle pour atteindre dans certains cas des buts assez
obscurs.
Il est nécessaire d'associer les données locales
d'épidémiologie et le contexte social et économique, car
l'espace construit, organisé, aménagé, modifié au
rythme des mutations économiques et sociales, est la projection et le
support de rapports sociaux diversifiés, générateurs
d'inégalités du fait même de la nature
hétérogène des sociétés humaines. Or les
faits de santé sont le reflet de cette construction permanente,
engendrant adaptations, conflits, ruptures, évolutions qui s'inscrivent
autant dans l'espace que dans le temps.
Pour la géographie de la santé, la justification
finale est, non pas comme le suggère F. TONNELLIER et E. VIGNERON,
« la répartition équitable des services sur le territoire
», mais la réduction des inégalités
géographiques constatées dans la localisation de l'offre de
soins, et rendre l'accès à cette offre le plus équitable
possible, ce qui trouve sa finalité dans l'aménagement du
territoire.
Dès lors, intervient la problématique suivante :
comment corriger, modifier, réduire les inégalités
géographiques d'offre de soins ?
L'organisation spatiale du système de santé
permet, outre son évaluation (théorique, qu'en est-il dans la
pratique pour les usagers ?), de mettre en lumière ses
disfonctionnements, ses inadaptations aux réalités locales, ses
insuffisances tant en terme d'équipements que de personnel, tout ce qui
contribue à générer les inégalités
constatées ; mais également ses atouts, ses performances
quantitatives et qualitatives sur la santé des populations.
En effet, en replaçant le système de soins
aquitains dans le contexte national, plus d'un observateur a pu constater que
ce système est un des plus performant qui soit en France.
En l'état actuel des choses, plusieurs interrogations
sont à prendre en compte.
- Faut-il utiliser les découpages administratifs, les
différents zonages apparus récemment ou créer une
échelle d'intervention unique ?
- Comment intervenir sur l'offre de soins ambulatoire
libérale et hospitalière publique tout en respectant le droit des
professionnels de santé de s'installer là où bon leur
semble, pouvant créer en cela des inégalités de
santé ?
- Quelle(s) définition(s) des besoins
adoptée(s) pour parfaitement cibler les interventions en fonction des
problèmes de santé aussi divers que le sont les
spécificités locales ? Faut-il y adjoindre une dimension spatiale
et/ou temporelle ?
- En terme d'aménagement du territoire, faut-il
proposer et adopter des actions unifiées pour les différents
acteurs, ou doit-on laisser à chacun comme actuellement son secteur
d'intervention ?
- L'aménagement du territoire et la géographie
de la santé doivent-ils se borner au rôle de consultant,
cartographe... en intervenant de manière sporadique et ponctuelle, ou
doivent-ils prendre part au vaste chantier de restructuration du système
de santé en tant qu'acteur à part entière ?
*
* *
*
Glossaire
Au regard de la diversité des caractères
géographiques abordés dans notre étude, nous avons
jugés utile d'y joindre ce glossaire. Ce dernier reprend en grande
partie les termes définis par H. Picheral (1996) en géographie de
la santé, d'autres sont tirés de divers ouvrages ou ont
été définis par Mme Amat-Roze lors de ses enseignements,
enfin certains proviennent de différentes sources.
Agent pathogène :
Organisme vivant à l'origine d'une maladie infectieuse
(virale, bactérienne ou parasitaire). Elément fondamental de la
chaîne épidémiologique *.
Doté de caractères propres qui
déterminent son pouvoir (ou potentiel) pathogène : son
aptitude à se propager (CONTAGIOSITE : proportion de malades sur
l'ensemble de la population à risque * TAUX D'ATTAQUE) ;
à provoquer la maladie (PATHOGENECITE :
proportion des individus infectés malades sur la population
infectée totale) ; à entraîner des troubles morbides
graves ou mortels (VIRULENCE : dans ce cas, les décès se
mesurent par la létalité *). Sa survie et sa
reproduction s'effectuent dans des conditions spécifiques d'un espace
(le biotope) et supposent un RESERVOIR d'infection. Ce
réservoir peut être humain (malades ou porteurs de germes latents,
convalescents, sains) ou animal (domestique ou sauvage)
Voir : Causalité * - Diffusion * -
Espace pathogène * - Transmission *.
Années potentielles de vie perdues
(APVP) :
Indicateurs usuels permettant d'apprécier l'importance
d'une maladie ou d'un comportement par rapport à d'autres.
Si un décès à tout âge, quelle que
soit sa nature, compte toujours pour un décès ; on
conçoit que ces décès n'ont cependant pas la même
importance selon l'âge, notamment en terme de prévention.
D'où, l'intérêt de compter le nombre d'années de vie
perdues par rapport à une espérance de vie moyenne de 75 ans.
ARH :
Agence régionale de l'hospitalisation, en charge de la
gestion du secteur hospitalier, produit pour une période de cinq ans un
schéma régional d'organisation sanitaire (SROS) *.
Carte sanitaire :
Document administratif et légal découpant le
territoire en secteurs d'action sanitaire et sociale. Outil de
planification * et de programmation des équipements sanitaires,
du personnel médical et paramédical (ressources sanitaires
*) pour une meilleure desserte de la population
(politiques de santé *).
Centre de santé :
Un centre de santé constitue le premier niveau de
recours aux soins *. Base du système de soins * et
assimilable au DISPENSAIRE, il n'assure que des soins ambulatoires.
Son activité peut être diverse : diagnostic
et dépistage (laboratoire, CENTRE D'EXAMEN DE SANTE),
thérapeutique (centre de soins médicaux, infirmiers, dentaires),
polyvalente ou spécialisée, d'urgence, de conseil et d'assistance
...
C.I.M. :
Classification Internationale des Maladies, traumatismes et
causes de décès. Nomenclature ordonnée et mode de
chiffrement fixé et révisés périodiquement
(actuellement : la neuvième révision) par
l'Organisation Mondiale de la Santé
(O.M.S.).
Cette classification sert de référence aux
institutions sanitaires des pays membres pour l'établissement de
statistiques normalisées de morbidité * et de
mortalité *.
Communauté :
Groupements de territoires ou de personnes reposant sur des
identités ou des similitudes d'intérêts, et se superposant
à des unités plus petites correspondant des territoires ou
à des groupes définis administrativement ou socialement
structurés.
Complexe pathogène :
Concept forgé par M. Sorre en 1933, pour cerner
l'ensemble des processus et des modalités de la chaîne
épidémiologique *, et les interactions de facteurs dont la
maladie humaine est la résultante.
Ce concept repose sur la notion d'interdépendance et
d'association parasitaire dans des conditions spécifiques de
transmission * liées aux conditions du milieu naturel.
Ce concept limité au cas des maladies transmissibles,
doit être enrichi à d'autres pathologies ( système
pathogène *).
Desserte médicale :
Mesure de la répartition spatiale du corps
médical et paramédical. Cet indicateur de santé cerne le
volume de la clientèle théorique et potentielle de chaque
praticien. Il se calcule par le rapport de la population (ou la fraction de.)
sur le nombre de praticiens (ex. : 1 médecin pour 400 hab.).
Voir : Ressources sanitaires *,
Géographie des soins *.
Diffusion :
Analyse dans le temps et l'espace de la propagation d'une
maladie * transmissible et des modalités de son extension et de
sa transmission.
Efficacité :
Capacité d'une thérapeutique, d'une structure de
soins, d'une action de santé à produire l'effet attendu
d'elle.
Efficience :
Prend en compte simultanément l'efficacité et
le coût d'une action ou d'une structure ; une structure est plus
efficiente qu'une autre, lorsque, avec la même dotation de ressources,
elle obtient de meilleurs résultats en quantité et qualité
de santé produites.
Egalité :
Absence complète de distinction entre les hommes, sous
le rapport des droits. L'égalité se définit comme la
distribution identique des services de santé entre différents
individus au sein d'un même pays par opposition avec
l'équité * qui est la juste distribution de ces
ressources éventuellement de manière inégalitaire.
Equité :
Disposition à faire à chacun part égale,
à respecter les droits de chacun : " avoir le sens de
l'équité " ; conception d'une justice naturelle qui n'est pas
inspirée par les règles du droit en vigueur.
Épidémiologie :
Méthode d'étude de la distribution des
maladies, de leur fréquence et de leur étiologie * dans
les populations humaines à des fins préventives dans le cadre
d'une politique de santé *.
Elle se fixe trois objectifs principaux : 1) identifier
des facteurs et des populations à risque * ; 2)
définir des programmes et des actions de santé ; 3)
évaluer les capacités de ces mesures pour améliorer
l'état de santé de la collectivité.
Espace
épidémiologique :
Projection spatiale de la combinaison de diverses composantes
de l'environnement, de leurs relations et interactions, et de leurs
manifestations morbides.
Espace (territoire)
pathogène :
Projection spatiale des systèmes
pathogènes *. Territorialisation dans laquelle la maladie s'inscrit
(cible spatiale). Terme générique en recouvrant une typologie
selon leur taille et la nature dominante du complexe pathogène
* de la maladie * et des processus de leur étiologie.
Sa lecture permet de différencier les populations selon
leur état de santé dans un espace donné.
Voir : Foyer
épidémiologique *, Causalité *, Facteurs
de risque *.
Espace sanitaire (espace de soins) :
Aire de recours aux soins * des individus et de
groupes de populations. Sa taille varie en fonction de la nature et de la
spécificité des soins *, mais aussi de la densité
et du réseau des systèmes de soins *.
Facteur de risque :
Caractéristique individuelle ou collective,
endogène ou exogène, augmentant
de façon systématiquement significative la
probabilité d'apparition et de développement d'une
maladie *.
Foyer épidémiologique (foyer
naturel de la maladie) :
Aire géographique d'extension limitée
correspondant à un espace pathogène * défini par
ses caractéristiques naturelles et son écosystème. Sans
intervention humaine, environnement responsable du caractère
endémique de la maladie transmissible (complexe
pathogène *, espace épidémiologique *).
Genres de vie :
Ensemble des formes matérielles d'existence chez les
groupes humains vivant en économie fermée ou semi-fermée,
caractérisé par un thème fondamental d'activité
vitale ou en association étroite avec un milieu géographique de
production (P.George) ; ensemble d'existence se caractérisant par
un thème fondateur d'activité (P.Vidal de la Blâche).
Géographie de la
santé :
Synthèse de la géographie des maladies
* et de la géographie des soins *. Correspond à la
conception actuelle de la GEOGRAPHIE MEDICALE dans les pays anglo-saxons
(HEALTH GEOGRAPHY), trop longtemps assimilée à la PATHOLOGIE
GEOGRAPHIQUE et à l'EPIDEMIOLOGIE SPATIALE.
Géographie des maladies :
Etude de la distribution sociale et spatiale des
maladies *, souvent confondue, à tort, avec la GEOGRAPHIE
MEDICALE. Elle restitue la pathologie et le malade dans leur environnement
global. La géographie des maladies se distingue de l'EPIDEMIOLOGIE
SPATIALE, qui cherche à mesurer et analyser les causes de
différences de fréquence des maladies dans l'espace et le temps.
La géographie des maladies entend évaluer leurs effets sur les
activités de l'homme, sur l'occupation, la mise en valeur et
l'organisation de l'espace.
Géographie des soins :
Analyse spatiale des ressources sanitaires * et du
recours aux soins *. Elle donne la répartition dans l'espace et
le temps du système de soins * et de l'ensemble de l'appareil
de distribution des biens et de services médicaux et
médico-sociaux à différentes échelles (desserte
médicale *). Elle constitue également une étude
géographique et sociale de la fréquentation des services de
santé * et de la consommation médicale. Enfin, elle
recherche une meilleure satisfaction des besoins de santé * et
une orientation plus efficace des investissements publics et privés
(planification sanitaire *).
HAD : Hospitalisation à
domicile.
HCSP : Haut comité de la santé
publique.
Hygiène du milieu :
Notion concernant toutes les mesures capables de limiter ou
de supprimer les effets délétères des agents physiques,
chimiques ou biologiques, et à promouvoir les actions de la
santé publique *.
Incidence :
Incidence de morbidité *. L'incidence est la
mesure de la fréquence des nouveaux cas de maladie * survenus
pendant une période donnée au sein d'une population
déterminée. Elle exprime donc la vitesse de propagation de la
maladie.
Voir : Epidémiologie
*.
Létalité :
Indicateur de santé * correspondant à
la proportion de décès dans une population malade au cours d'une
période déterminée. Ce taux de mortalité sert
d'indicateur de la gravité de la maladie mais aussi d'indice de survie
et d'efficacité du système de soins *.
Maladie :
Terme générique exprimant tout état
d'altération de la santé physique, mentale et sociale, toute
mauvaise adaptation ou inadaptation à l'environnement.
La maladie peut être objective (diagnostiquée) ou
subjective, perçue et ressentie de façon variable suivant le
milieu social, culturel et selon les époques.
Les maladies sont classées, par le C.I.M., suivant
leur étiologie : HERIDITAIRES OU GENETIQUES ;
TRANSMISSIBLES, infectieuses et parasitaires, provoquées par un
agent pathogène * ; CHRONIQUES
(dégénératives, liées au vieillissement) ;
IATROGENES à la suite d'un acte médical (I.Illitch).
Autre classification selon les populations à risque
* : les maladies professionnelles liées à des
conditions de travail spécifiques ; sociales *
selon les caractéristiques socio-économiques et socioculturelles
de la population ; de l'âge ...
Voir : Géographie des
maladies *.
Morbidité :
Longtemps assimilé à la maladie *,
concept désormais étendu aux notions de déficiences,
d'incapacité, de handicap et de dépendance.
E. Levy distingue trois types de morbidité :
1) La morbidité DIAGNOSTIQUEE, enregistrées,
codées par les différents organes du système de
soins * à l'occasion du recours aux soins * des
individus.
2) La RESSENTIE, perçue par l'individu et
répondant à sa propre représentation (sociale,
psychologique, culturelle, etc.) de son état de santé ;
mesurable uniquement par des enquêtes directes (morbidité
auto-déclarée).
3) La OBJECTIVE correspondant à
l'état de santé mesuré grâce à des examens
systématiques de dépistage, en dehors de toute
représentation ou perception des individus et/ou de l'institution de
soins.
Mortalité évitable :
Part de la mortalité * générale
ou selon les causes de décès * qui pourrait être
évitée en l'état actuel des connaissances
médicales et de l'efficacité du système de
santé * et surtout du système de
soins *.
Mortalité
prématurée :
La mortalité considérée comme
précoce correspond aux décès survenus avant 65 ans, limite
arbitraire mais correspondant le plus souvent à l'âge de la
cessation d'activité professionnelle.
Oncologie :
Discipline médicale étudiant les tumeurs
cancéreuses (syn. cancérologie).
ONDAM : Objectif national de
dépenses d'assurance maladie.
Pathologie :
Terme recouvrant la classification des maladies, leurs
causes, leurs symptômes et leurs complications.
Plateau technique :
Tout équipement en matériel nécessitant
un investissement important à l'achat et en fonctionnement, et un
personnel très qualifié. Leur installation et leur localisation
le plus souvent réglementé, compte tenu de leur coût.
PMI : Protection maternelle infantile.
PMSI : Programme de médicalisation
des systèmes d'information.
Population sentinelle :
Echantillon représentatif de l'état de
santé de la population en son entier.
POSU : Pôle spécialisé
d'accueil et de traitement des urgences.
PRS : Programme régional de
santé.
PSPH : Participation au service public
hospitalier.
Précarité :
Etat de « fragilité » et d'
« instabilité » sociale pour une durée
indéterminée, résultant d'une succession
d'événement aboutissant à des situations de fragilisation
économique, sociale et familiale.
Prévalence :
Indice de morbidité représentant le nombre
total de cas de maladies observés dans une population donnée
à un moment précis.
Voir : Epidémiologie
*.
Recours aux soins :
Appel aux systèmes de soins *. Le recours aux
soins doit être distingué de l'accès aux soins *
qui ne traduit qu'une capacité matérielle ou réglementaire
à user des
services de santé *.
Comportements individuels ou collectifs en fonction de
déterminants socio-économiques et socioculturels (âge,
sexe, milieu familial et social, appartenance religieuse, niveau
d'éducation et de revenus, etc.), socio-sanitaires et
géographiques (milieu urbain et rural, région de
résidence, distance/temps au prestataire de service ...). L'aire du
recours aux soins d'individu ou d'une population constitue son espace
sanitaire *.
Réseau :
Base d'un système de relations hiérarchiques et
fonctionnelles, matérielles ou non, qui s'inscrivent dans l'espace
à plusieurs échelles, de manière horizontale ou
verticale.
Risque :
Probabilité, aléatoire ou non, d'un
événement qui menace la santé * ou met en danger
la vie d'un individu ou d'une population.
Ne pas confondre le risque qui exprime une probabilité
(menace, danger potentiel) et l'incidence * qui traduit une
réalité.
On distingue :
1) les risques naturels dont les effets nécessitent
une médecine de catastrophe ;
2) les risques anthropiques, liés à
l'organisation de la société, aux modes de vie et de travail, aux
comportements ;
3) les risques technologiques (pollution, etc.).
L'ampleur d'un risque, sa fréquence, sa durée,
son aire de diffusion * et d'extension éventuelle sont fonction
de facteurs à risque * et menacent des populations à
risque *.
Santé :
Notion subjective, variable selon les individus, des
sociétés, des époques, du
fait de ses multiples composantes : biologiques,
psychologiques, sociales,
économiques, culturelles, ...
En 1946, l'OMS la définit comme étant
« un état de bien-être physique, mental et social, et ne
consiste pas seulement en l'absence de maladies ou
d'infirmités. »
En 1986, lors de la Conférence d'Ottawa, l'OMS, prenant
en compte son caractère statistique, a revu la définition
précédente en faisant ressortir « les concepts
d'équilibre, de processus au cours duquel sont appelées les
notions de capacités individuelles et communautaires à s'adapter
à l'environnement. » (M. Moradell)
Ø SAMU : Service d'aide
médicale d'urgence.
SAU : Service d'accueil et de traitement
des urgences.
SMUR : Service mobile d'urgence et de
réanimation.
SROS : Schéma régional
d'organisation sanitaire.
Système de santé :
Organisation réglementaire des services de
santé et de protection sociale relevant d'une conception morale et
éthique.
Un système de santé se définit
par :
1) la structure et les caractéristiques du
système de soins * et de l'appareil producteur de biens et de
services de santé ;
2) les institutions de gestions et les modes de
financement.
Système de soins :
Partie du système de santé *
correspondant à l'OFFRE de soins. Le système de soins
représente les caractéristiques et l'organisation de la
distribution des soins *
d'un point de vue administratif, juridique économique,
social et spatial.
Voir : Géographie des
soins *.
Territoire pathogène :
Espace dans lequel la maladie ou ses agents s'inscrivent,
déterminant une cible spatiale. Sa lecture permet de
distingué les populations dans un espace donné.
UPATOU : Unité de proximité
d'accueil, de traitement et d'orientation des urgences.
URCAM : Union régionale des caisses
d'assurance maladie.
*
* *
Listes des illustrations
Liste des documents :
Document 1 - Les niveaux d'offre de soins en Aquitaine . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80-82
Document 2 - La répartition des niveaux d'offre de soins
par secteur sanitaire . . . . . . . . 83-84
Liste des tableaux :
Tableau n° 1 - Effectifs et densité des
médecins libéraux en 1998 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
47
Tableau n° 2 - Effectifs et densité des auxiliaires
médicaux en Aquitaine en 1998 . . . . . . . 58
Tableau n° 3 - Effectifs des laboratoires et pharmacies en
Aquitaine en 1998 . . . . . . . . . . . 62
Liste des graphiques :
Graphique 1 - Population de 0 à 25 ans en aquitaine en
1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Graphique 2 - Population de plus de 65 ans en Aquitaine en 1999
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Graphique 3 - Répartition des médecins
libéraux en Aquitaine en 1998 . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Graphique 4 - Répartition des auxiliaires médicaux
en Aquitaine en 1998 . . . . . . . . . . . . . . 58
Graphique 5 - Répartition des laboratoires en Aquitaine
en 1998 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Graphique 6 - Répartition des pharmacies en Aquitaine en
1998 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Liste des schémas :
Schéma 1. - Les facteurs qui agissent sur la
santé, d'après Evans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
23
Schéma 2. - Les facteurs à prendre en compte dans
l'analyse de la réponse aux besoins de soins . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . 25
Liste des cartes :
Cartographie INSEE :
Carte A - Variation totale de la population des aires urbaines
entre 1990 et 1999 . . . . . . . . . 3
Carte B - La région Aquitaine et ses cinq
départements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4
Carte C - Variation de la densité de population entre
1990 et 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Carte D - Evolution de la population entre 1990 et 1999 . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Cartographie URCAM :
Carte 1 - Répartition des omnipraticiens par commune en
1999 en Aquitaine . . . . . . . . . . . 49
Carte 2 - Répartition des chirurgiens dentistes par
commune en 1999 en Aquitaine . . . . . . 49
Carte 3 - Répartition des gynécologues
obstétriciens par commune en 1999 en Aquitaine . .52
Carte 4 - Répartition des ophtalmologistes par commune en
1999 en Aquitaine . . . . . . . . . 52
Carte 5 - Répartition des oto-rhino-laryngologistes par
commune en 1999 en Aquitaine . . . 54
Carte 6 - Répartition des pédiatres par commune en
1999 en Aquitaine . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Carte 7 - Répartition des psychiatres par commune en 1999
en Aquitaine . . . . . . . . . . . . . . 56
Carte 8 - Répartition des sages femmes par commune en
1999 en Aquitaine . . . . . . . . . . . . 56
Carte 9 - Répartition des infirmiers par commune en 1999
en Aquitaine . . . . . . . . . . . . . . . 60
Carte 10 - Répartition des mass. -
kinésithérap. par commune en 1999 en Aquitaine . . . . . .60
Carte 11 - Répartition des pharmacies par commune en 1999
en Aquitaine . . . . . . . . . . . . . 64
Carte 12 - Répartition des laboratoires par commune en
1999 en Aquitaine . . . . . . . . . . . . . 64
Cartographie ARH :
Carte 13 - Offre en soins de suite adultes . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Carte 14 - Secteurs sanitaires en Aquitaine . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Carte 15 - Pôles hospitaliers et niveaux d'offre de soins
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Carte 16 - Offre de soins en Périnatalité . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Cartographie INSEE :
Carte 17 - Les bassins de naissances aquitains en 1993 . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Bibliographie
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[2] AÏACH, P.(1987b), " Les débats scientifiques
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La santé de l'homme, dans revue "Santé et territoires",
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* 1 Source : Données
INSEE, RGP 1999
* 2 Source : GF. DUMONT, 1996
* 3 Haut Comité de
Santé Publique
* 4 Imagerie à
résonance magnétique
* 5 Service statistiques,
études et systèmes informatiques
* 6 Source : Recensement
général de la population 1999, INSEE Aquitaine.
* 7 Source : M. SIMON, 1996.
* 8 Source : SROS Aquitaine,
1999
* 9 Source : SROS Aquitaine,
1999
* 10 Source : Programme
régional de gestion du risque 2000-2002, URCAM Aquitaine, 1999
* 11 Source : SROS Aquitaine,
1999
* 12 Source : INSEE, 1996
* 13 Source : INSEE, 1996
* 14 Le coefficient de
corrélation locale est calculé sur la base d'unités
spatiales contiguës, qui a pour but d'éliminer les effets
d'autocorrélation spatiale se traduisant sur une carte par le
regroupement des zones géographiques voisines dans la même
classe.
* 15 Caisse nationale
d'assurance maladie des travailleurs salariés
* 16 Source : SESI, 1996
* 17 M. FOUILLAT, article : "
Planification sanitaire : théorie et pratique ", dans la revue LASS.
* 18 PICHERAL, 1984
* 19 Ecole nationale de
santé publique
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