2.3. Situation de l'approvisionnement alimentaire a
Kinshasa
2.3.1. Diversification des voies
d'approvisionnement
Les principales provinces qui approvisionnent Kinshasa sont
la province de Bandundu et du Bas-Congo. Ces deux provinces tiennent cette
position suite a leur situation géographique a proximité de la
ville province de Kinshasa. Mais il faut noter bien d,autres
provinces approvisionnent aussi Kinshasa en produits alimentaire, il
s,agit particulièrement de: l,Equateur, la
Province orientale et la province du Kasal.
Les ravitaillements en provenance de la province de
l'Equateur et de la province Orientale ont cessé depuis le début
de la deuxième guerre en septembre 1998. Afin d'éviter des
pénuries alimentaires graves a la ville, les Kinois se sont
débrouillés pour trouver d'autres voies de desserte, notamment a
partir de la province de Bandundu. Le tableau 8 montre les changements des
tonnages des produits arrivant a Kinshasa selon les sources
d'approvisionnement.
Tableau 8. Pourcentages d'approvisionnement en produits
agricoles de Kinshasa par voie fluviale par province d'origine
Province d,origine
|
Janvier-Mai 1996
|
Janvier-Mai 1999
|
Janvier-Mais 2001
|
Orientale
|
12
|
0
|
0
|
Equateur
|
52
|
13
|
5
|
Bandundu
|
18
|
80
|
91
|
Kasal
|
18
|
7
|
4
|
|
Source: KUPAY, GRET (2001) cités par TOLLENS (2003)
En 1996, environ 52% des produits agricoles arrivant a
Kinshasa par bateau provenaient de la province de l'Equateur; depuis 1999,
entre 80 et 91% de ces produits proviennent de la province de Bandundu. Une
bonne partie de la province de l'Equateur ainsi que toute la province Orientale
étant occupées a l,époque par la
rébellion et donc séparées de la capitale. Le volume des
produits arrivant de Bandundu a plus que triplé depuis le début
de la seconde guerre en aoüt 1998; le tonnage global moyen est
passé de 3.500 tonnes a environ 11.000 tonnes par mois. Le gros de ce
tonnage est constitué de produits alimentaires; d'autres produits
agricoles (tels que le café et le caoutchouc) produits dans le Bandundu
sont aussi acheminés en petites quantités par voie fluviale a
Kinshasa (TOLLENS, 2006).
Le commerce fluvial vers Kinshasa a presque doublé
entre 1990 et 1999/2000. En 1990, 107.000 tonnes de produits ont
été déchargées dans les ports de la ville contre
200.000 tonnes en 1999/2000. En 1990, deux tiers du trafic fluvial ont
été assurés par l'ONATRA (société
para-étatique) et seulement un tiers par le secteur privé. Dix
ans plus tard, 95% du trafic fluvial étaient assurés par des
opérateurs privés. Ce transfert remarquable du trafic fluvial des
provinces de l'Equateur et Orientale vers la province de Bandundu est une
preuve frappante de la flexibilité des transporteurs fluviaux congolais
lorsqu'ils sont confrontés a des situations difficiles (TOLLENS,
2003).
Tableau 9. Nombre de bateaux enregistrés a
l'arrivée a Kinshasa selon leur provenance en 1996 et 1999
Provenance
|
1996
|
1999
|
Bandundu
|
130
|
246
|
Equateur
|
162
|
51
|
Kasal
|
30
|
29
|
Province Orientale
|
42
|
0
|
|
Source: Bescoplan/GRET, septembre 2000, p. 63 cités par
Tollens
Les baleinières étaient très rares dans
les années 80. Aujourd'hui, elles sont fabriquées par des
artisans congolais dans le chantier naval d'Eola dans le territoire d'Idiofa et
dans le chantier de NioKi dans le territoire d'Inongo. Le chantier d'Inongo
date du temps colonial alors que celui d'Eola est d'installation relativement
récente.
Il convient de noter que le transport fluvial s'est agrandi
de manière a répondre aux besoins alimentaires de la ville de
Kinshasa, et qu'en plus le réseau routier reliant Kinshasa a la province
de Bandundu a été l'objet d'importantes réparations. Le
projet PAR (Projet d'Appui a la Réhabilitation), financé par
l'Union Européenne, a permis de réhabiliter les principales
routes asphaltées entre Mbanza-Ngungu et Kinshasa et entre Kinshasa et
MbanKana en 1998 et 1999. Plusieurs routes de desserte, particulièrement
dans la province de Bandundu, ont été réparées en
méme temps que des pistes menant aux principaux points d'embarcation le
long des rivières, permettant ainsi le développement des sources
alimentaires alternatives.
En 1998/1999, le manioc en provenance de Bandundu a
remplacé le mals qui venait de la province de l'Equateur lorsque
celle-ci ainsi que la province Orientale étaient coupées de la
capitale par la guerre. L'huile de palme, le riz et les arachides ont
également vu leur offre diminuer. L'huile de palme, la troisième
denrée alimentaire la plus importée après le manioc et le
mais, est encore une denrée chère dans la capitale; elle est
vendue dans de petits récipients en plastic de 50 a 100 ml. Le savon,
produit fabriqué principalement avec de l'huile de palme, est tellement
cher que sa barre (unité de fabrication) ne se vend qu'après
avoir été divisé en deux ou quatre morceaux. Les vieilles
palmeraies sauvages dans le Kwilu et le Bas-Congo ont été
réhabilitées pour répondre aux nouvelles
possibilités économiques créées par la crise
(TOLLENS, 2006).
2.3.2. Importations alimentaires
Les importations alimentaires pour la ville de Kinshasa,
particulièrement celles de blé, de riz et des poissons
congelés (principalement le chinchard appelé communément
mpiodi) sont en augmentation depuis les années 80 (GOOSSENS et al.
1994). Plus de 200.000 tonnes d'aliments ont été importés
chaque année depuis la fin des années 90. Une bonne partie de ces
aliments était réexpédiée a l'intérieur du
pays et méme réexportée au Congo-Brazzaville. Ces aliments
sont tellement bon marché qu'ils concurrencent sérieusement les
produits locaux. Les réparations apportées a la route
Kinshasa-Mbanza-Ngungu ont facilité le transport par camion
de ces produits a partir du port de Matadi; mais moins de
produits animaux ont été importés en 2000 et 2001,
particulièrement la volaille, a cause de l'augmentation des
contrôles des prix, du manque de devises et de la
détérioration rapide du taux de change. ORGAMAN, la plus grande
société importatrice des produits alimentaires au Congo, a
réduit ses importations de poissons et viande congelés de 67.648
tonnes en 1999 a 62.655 tonnes en 2000. Au contraire, CONGO FUTUR et SOCIMEX,
deux sociétés libanaises basées a Anvers, ont
augmenté leurs importations de produits alimentaires, concurrencant
ainsi très sérieusement la société ORGAMAN
(TOLLENS, 2006).
Les importations des céréales sèches,
particulièrement la farine de blé et le riz, ont
sérieusement augmenté depuis le début de la
deuxième guerre en 1998. Les importateurs libanais (CONGO FUTUR et
SOCIMEX) se sont également lancés dans le commerce des
céréales sèches. Malgré une taxe de franchise de
35% imposée par le gouvernement, plus de 100.000 tonnes de farine de
blé ont été importés en 2000, et beaucoup plus
encore en 2001. Cependant, un bon pourcentage de ces importations est
entré dans le pays frauduleusement sous couvert de la "procédure
d'enlèvement d'urgence" a Matadi, ce qui signifie que seulement une
partie des taxes est officiellement payée. Cette concurrence
illégale a affecté MIDEMA dont les minoteries (situées a
Matadi) n'utilisent actuellement qu'environ 40% de leur capacité
(110.000 tonnes en 2000).
Le pain est disponible partout dans la ville de Kinshasa a
des prix particulièrement bas. Des baguettes de pain de 150 a 200 gr se
vendent a environ USD 0.10 la pièce. Quoique le pouvoir d'achat des
ménages (revenu mensuel moyen est de $50) soit faible, ces baguettes
sont relativement bon marché et sont un aliment de bonne valeur
nutritionnelle. A l,heure actuelle, les principales boulangeries de
la ville sont B.K.T.F. et UPAK; elles possèdent de grandes installations
et sont très efficientes dans la fabrication du pain. Elles
possèdent des points de vente un peu partout a travers la ville.
Les récoltes de riz exceptionnellement bonnes en
Thallande et au Vietnam ont entraIné la chute des cours mondiaux du riz,
et par conséquent augmenté les importations en riz de
qualité au Congo. Le Vietnam, la Chine, le PaKistan et les USA sont les
principaux fournisseurs du Congo en riz. Celui-ci coüte environ USD
0.50/Kg par sac de 25 ou 50Kg et beaucoup plus s'il est vendu au
détail.
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