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Diagnostic du profil de pauvreté au Sud-Benin: Cas du département de l'Atlantique

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par D. Mathieu GBAGUIDI
Université d'Abomey-Calavi Bénin - Maîtrise ès sciences de gestion 2004
  

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INTRODUCTION

L'histoire politico-économique de notre pays est marquée par plusieurs périodes dont les plus importantes sont délimitées par les évènements tels que, l'accession à la souveraineté nationale, le déclenchement du processus révolutionnaire et l'avènement de la Conférence des forces vives de la nation de février 1990.

Chacune de ces périodes marque le départ d'un ensemble de processus politico-économique regroupant entre autre les différentes stratégies de lutte contre la pauvreté. Ainsi, de la période allant de 1960 à la révolution, il a été envisagé plusieurs stratégies de développement sans que ces différents plans soient effectivement mis en exécution à cause de l'instabilité de la vie politique.

Le début de la période révolutionnaire a été marqué lui aussi par plusieurs plans de réduction de la pauvreté et donc du développement notamment la prise en charge par l'Etat des secteurs vitaux de l'économie de même que la création de nombreuses entreprises publiques et semi-publiques. Mais il faut surtout remarquer que les multiples unités de production ont été mal gérées si bien qu'on pourrait dire que les différents plans de développement et de réduction de la pauvreté ont été sabotés.

Cet état de choses s'est traduit par l'amenuisement du secteur industriel dont la contribution a été considérablement réduite car très peu de produits locaux ont fait l'objet de transformation sur place. Une autre facette de cet amenuisement a été la mise au chômage de plusieurs chefs de ménages ; ce qui a constitué une source d'enlisement de ces ménages dans la pauvreté.

Il en va de même pour le secteur primaire qui devrait normalement être à la base du développement économique mais qui par défaut de diversification de la production agricole et par manque de promotion des exploitations n'a pas comblé les attentes.

Quant au secteur bancaire, il s'est effondré. Ceci se caractérise par l'illiquidité quasi-totale des banques.

Dans le but d'enrayer ces distorsions et de réduire la pauvreté, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures parmi lesquelles on peut retenir la signature du premier Programme d'Ajustement Structurel (PAS 1) en 1989 avec les institutions de Bretton Wood (Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International). Les conséquences immédiates du PAS sont entre autres la réduction de l'effectif du personnel de l'Etat à travers la mise en oeuvre d'un programme de départ volontaire de la fonction publique, l'application d'une politique de réduction des charges étatiques.

Cependant ces actions n'ont pas permis d'obtenir des résultats satisfaisants car comme on le constate les conditions qui accompagnent les PAS ne sont pas en adéquation avec les réalités socio-économiques du pays. La situation politico-économique s'est donc empirée et c'est dans cette tension qu'est intervenue la conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990.

Cette conférence a permis l'adoption d'une nouvelle constitution et la mise en place de plusieurs institutions politiques, économiques et juridiques afin de permettre un décollage effectif de l'économie.

Ces mesures ont conduit au renforcement des bases d'une économie libérale et à la promotion du secteur privé ; le désengagement sélectif et progressif de l'Etat des secteurs productifs. Ainsi les bases d'un réel développement socio-économique ont été jetées avec plus ou moins de succès.

Prendre des mesures pour réduire la pauvreté et protéger les populations les plus vulnérables ont été le leitmotiv des différentes stratégies de développement. Ces stratégies et programmes d'actions sont relatifs aux secteurs du transport, de la santé, de l'éducation et de l'agriculture .

Toutefois, il est à noter que la plupart de ces actions devant conduire à réduire la pauvreté ont connu des résultats mitigés. Il importe donc de faire le bilan de ces différentes actions surtout à l'ère de la décentralisation afin de connaître le profil de la pauvreté dans nos diverses villes et campagnes.

1- CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE

1.1 La problématique

Le Bénin fait partie des nations les moins avancées de la planète. Cet état de choses se caractérise par un faible niveau de développement humain et la précarité de la situation socio-économique qui se manifeste par une progression timide de la croissance économique, le tout corroboré par un enlisement des populations dans la pauvreté. Selon le rapport sur le développement humain (PNUD, 2000), près du tiers de la population béninoise est considérée comme pauvre sur le plan monétaire, et un peu moins de la moitié de la population est pauvre du point de vue de la pauvreté non monétaire, autrement dit n'a pas accès aux services sociaux de base.

A l'origine de cette situation de misère que vit la population béninoise en général et celle rurale en particulier, se trouvent les différents programmes d'ajustement structurel (PAS) et la dévaluation du franc CFA intervenue le 12 Janvier 1994. Ceci a davantage enfoncé le clou élargissant ainsi l'étendue des populations vulnérables et plus démunies.

Depuis cet instant, la question de pauvreté est devenue une préoccupation de premier plan pour nos décideurs politiques à divers niveaux. Mais, face à cette situation, se posent deux problèmes : la disponibilité des éléments d'appréciation du phénomène (la connaissance des populations concernées) mais aussi et surtout les moyens d'y parvenir.

Grâce à l'appui des partenaires au développement, notamment le PNUD, plusieurs actions ont été menées dont les premières sont les enquêtes et études conduites par le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP) et l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) et également par des experts étrangers et nationaux.

Ces travaux ont donné non seulement naissance à des éléments d'appréciation du phénomène, mais également une meilleure orientation dans la mise en place de nombreuses stratégies et mesures pour une amélioration du niveau de vie de la population dans son ensemble et de la population rurale en particulier. On se pose alors la question de savoir si toutes les dimensions de la pauvreté sont bien cernées.

Aussi à l'ère de la décentralisation, importe-t- il de se poser quelques questions :

- quel a été l'effet des efforts fournis pour lutter contre ce fléau ?

- quelles sont les manifestations de la pauvreté dans les différents départements de notre pays ?

Afin d'apporter quelques éléments de réponses à ces préoccupations, nous nous assignons pour tâche, au cours de la présente étude, de dresser le profil de la pauvreté dans le département de l'Atlantique.

1.2 Les objectifs et les hypothèses

1.2.1 Les objectifs

Les objectifs poursuivis sont à la fois d'ordre général et d'ordre spécifique

L'objectif général  (OG):

La présente étude a pour but de dresser et d'analyser le profil du département de l'Atlantique par rapport à la pauvreté. Ceci nous permettra d'explorer quelques éléments d'appréciation de la pauvreté afin d'examiner les différents effets des actions susceptibles de la réduire et de formuler des propositions pouvant conduire à une amélioration des effets de ces actions.

Les objectifs spécifiques  (OS):

Il s'agit précisément dans le cadre de ce travail de :

1- caractériser le profil du département par rapport à son état sanitaire à partir des

différents indicateurs de santé tels que les taux bruts de natalité, de mortalité, les taux d'utilisation des services de santé et quelques ratios socio-sanitaires ;

2- caractériser le niveau d'éducation dans le département ; 

3- caractériser le profil du département par rapport à la sécurité alimentaire ; 

4- présenter la situation du département par rapport à l'accès à l'eau potable et à l'électricité.

1.2.2 Les hypothèses

Plusieurs hypothèses sont construites afin de pouvoir mieux orienter la démarche méthodologique :

Hypothèse /OS1 :

L'état sanitaire des populations de l'Atlantique s'est amélioré entre 1992 et 2002.

Hypothèse/ OS2 : 

Entre 1992 et 2002, les taux bruts de scolarisation et d'alphabétisation ont connu une progression .

Hypothèse /OS3 : 

i) Le bilan vivrier du département est excédentaire et a connu une amélioration constante sur les dix dernières années ;

ii) le revenu des ménages a connu une augmentation constante sur la période allant de 1992 à 2002.

Hypothèse /OS4 :

La proportion des populations qui ont accès à l'eau potable et à l'électricité s'est régulièrement accrue ces dix dernières années.

1.3 La revue de littérature

Le concept de pauvreté dans son ensemble, a fait l'objet de plusieurs études. Il existe donc dans ce domaine une littérature assez riche. Dans cette section, nous aborderons les concepts de pauvreté, de seuils de pauvreté, les causes de la pauvreté et les moyens de lutte contre ce fléau.

1.3.1 Appréhension du concept de pauvreté

La pauvreté est un phénomène assez complexe à plusieurs facettes. Son appréhension n'est pas chose aisée.

Aho et al, (1997) l'identifient comme étant un état de privation à long terme de bien-être jugé inadéquat pour vivre décemment.

La pauvreté, en économie, a trait essentiellement à un manque de ressources matérielles nécessaires. Elle est en général analysée par rapport au revenu ou par rapport à un panier de biens fondamentaux (correspondant à la possibilité de satisfaire des besoins minimaux).

Selon la Banque Mondiale (1992), "La lutte contre la pauvreté : Directive opérationnelle", le terme de pauvreté a un sens absolu et un sens relatif.

L'idée de pauvreté absolue se rapporte à l'état de pauvreté perçu comme une situation de non satisfaction de certains besoins fondamentaux nécessaires pour assurer la survie physiologique indépendamment du bien-être de la société entière. Elle renvoie à un seuil de pauvreté exprimé en valeur absolue. Par rapport au revenu, une personne se trouve dans la pauvreté absolue si son revenu est en deçà d'un seuil de pauvreté défini.

La pauvreté relative se vit en termes sociaux. On parle de pauvreté relative pour des personnes qui sont bien moins loties que la majorité des autres membres de la même communauté. Une personne est relativement pauvre par rapport au revenu si elle appartient à un groupe à faible revenu.

Selon le PNUD, (2001) « la pauvreté du point de vue des capacités est l'absence de certaines capacités fonctionnelles élémentaires. Cette forme de pauvreté s'applique donc aux personnes n'ayant pas la possibilité d'atteindre des niveaux minima acceptables concernant les capacités fonctionnelles. Celles-ci peuvent aller du domaine matériel tel que disposer d'une alimentation convenable, à des critères sociaux plus complexes comme la participation à la collectivité ».

Cette définition prend en compte l'intégration de l'être humain dans sa communauté.

Ainsi l'organisation en communauté constitue un facteur de réduction de la pauvreté.

Il convient donc de remarquer que le concept de pauvreté n'est pas standard.

Adjovi (2000), soutient à cet effet qu'une meilleure définition de la pauvreté doit prendre en compte non seulement les aspects quantitatifs, qualitatifs mais aussi la région, l'environnement (politique, économique, social, culturel), la période et surtout doit tenir compte des aspects monétaires, socio-culturels et de la vision des populations elles-mêmes.

Ces différentes approches de la pauvreté peuvent être regroupées dans deux principales rubriques à savoir : la pauvreté monétaire et la pauvreté humaine.

La mesure de la pauvreté monétaire peut se faire à partir d'un ensemble d'indicateurs normatifs basés sur les seuils alors que la pauvreté humaine est appréhendée grâce à l'indicateur de pauvreté humaine.

1.3.2 Les seuils de pauvreté

Selon Aho et al (op. cit.), le seuil de pauvreté fait référence à un niveau de bien- être qui permet à une personne ou à un ménage de vivre de manière acceptable dans une communauté donnée. Ils distinguent quatre seuils de pauvreté à savoir :

- le seuil de pauvreté biologique. Il s'agit de la situation dans laquelle la santé des individus est en danger.

- le seuil de pauvreté normatif : besoins biologique et sociologique. Il varie selon les valeurs, les habitudes, les priorités et le niveau de vie moyen de la communauté.

- le seuil de pauvreté relatif : il y a toujours de pauvre et on s'attache à suivre, l'évolution des revenus ou des dépenses par rapport aux non pauvres.

- le seuil de pauvreté mixte qui est une combinaison d'au moins deux des seuils précédemment définis.

Selon l'Enquête sur les Conditions de Vie des ménages Ruraux (ECVR II 1999-2000), on distingue :

- le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) qui fait référence à la dépense minimale nécessaire à un individu ou à un ménage pour se procurer un panier de biens alimentaires qui respecte à la fois les normes nutritionnelles d'un régime alimentaire équilibré et des habitudes de consommation de la population considérée ;

- le seuil de pauvreté non alimentaire (SPNA) fait référence à la dépense minimale nécessaire à l'acquisition des biens non alimentaires et des services publics essentiels à la population ;

- le seuil de pauvreté global (SPG) se réfère à la dépense minimale nécessaire pour

satisfaire à la fois les besoins alimentaires et non alimentaires. Il est obtenu en faisant la somme des deux premiers seuils (SPA et SPNA).

Remarquons que les différents seuils sont variables dans le temps, suivant le milieu et dépendent des zones géographiques. L'exemple du SPA dans le département de l'Atlantique est illustré par le graphique n°1 suivant :

Source : ECVR II, (1999-2000)

Par ailleurs, il faut noter que ces différents seuils permettent d'élaborer d'autres indicateurs de la pauvreté. Au nombre de ces indicateurs, on peut citer :

* L'indice de la pauvreté : il désigne la proportion de la population vivant en dessous des seuils précités.

* La profondeur de la pauvreté encore appelée ratio du déficit des dépenses, elle se calcule comme le quotient de l'écart entre le niveau moyen de dépense des pauvres et le seuil de pauvreté par le seuil de pauvreté en question. Il ne suffit pas de savoir quel est le pourcentage des pauvres, mais à quelle distance sont-ils du seuil de pauvreté. Cet indicateur permet de savoir la portée effective des actions menées.

* L'intensité ou sévérité de la pauvreté est une mesure du degré de pauvreté des pauvres. Elle permet, dans l'estimation de la pauvreté, de donner plus de poids aux plus pauvres dans l'agrégation des écarts moyens standardisés.

1.3.3 L'indicateur de pauvreté humaine (IPH)

Plusieurs dimensions de la pauvreté sont difficiles à être appréhendées par les indicateurs classiques de mesure de la pauvreté monétaire que sont les seuils. L'indicateur de pauvreté humaine définie par le PNUD (2001) permet donc de combler ce déficit de mesure de la pauvreté.

L'IPH est un indicateur composite qui tente de chiffrer les formes de dénuement dans quatre domaines essentiels de l'existence à savoir : la capacité de vivre longtemps et en bonne santé, le savoir, les moyens économiques et la participation à la vie sociale.

Les variables prises en compte ici sont le pourcentage d'individus risquant de décéder avant l'âge de 40 ans, le pourcentage d'individus n'ayant pas accès aux services de santé et à l'eau potable et le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans victimes de la malnutrition.

1.3.4 Les causes de la pauvreté

La pauvreté est entretenue par plusieurs causes dont les principales sont :

- l'insuffisance d'accès aux possibilités d'emploi ;

- l'insuffisance des actifs physiques, notamment la terre, le capital et le crédit ;

- l'insuffisance d'accès aux marchés où les pauvres peuvent vendre des biens et

services ;

- la faible dotation en capital humain ;

- la destruction des ressources naturelles qui entraîne une dégradation de

l'environnement et une baisse de la productivité ;

- l'absence de participation : les pauvres ne sont pas associés à l'élaboration des

programmes de développement ;

- la dégradation des termes de l'échange sur le plan international.

Aho et al (1997),"Manuel d'Analyse de la pauvreté : Application au Bénin", regroupent ces différentes causes en trois catégories :

- la dotation inégale en facteurs de production ;

- le choix individuel des gens ;

- l'inégalité d'accès aux chances de s'en sortir.

De nos jours, l'élaboration des stratégies de lutte contre la pauvreté, exige non seulement la prise en compte de ces causes mais aussi la prise en compte de la vision des populations concernées. Ainsi les études sur les perceptions de la pauvreté, du bien-être et de la richesse en milieu rural (EPPR) du PNUD et du Ministère du Développement Rural (1993 et 1996) révèlent que les causes de la pauvreté selon les populations rurales sont :

- la faiblesse du marché et notamment la faiblesse de la demande pour les produits locaux ;

- l'absence de solidarité au sein de la famille ou de la communauté ;

- plus on est pauvre, plus il est difficile de s'en sortir ;

- le manque de volonté des pauvres pour sortir de la pauvreté.

Cette faiblesse du marché intervient justement dans l'un des cercles vicieux de la pauvreté auto-entretenue identifiée par Nurkse (1953) cité par Brasseul (1989). Ce cercle vicieux se présente schématiquement comme suit :

Titre : Schéma du cercle vicieux de la pauvreté auto-entretenue

Source : R . Nurkse cité par Brasseul(1989)

La rupture de ce cercle peut être provoquée par un apport de ressources extérieures. Ceci pose alors le problème de l'accessibilité aux micro-crédits qui est une cause non moins négligeable de la pauvreté dans les zones rurales. A cette cause s'ajoute également le manque d'organisation paysanne.

Après l'appréhension du concept de pauvreté, l'étude des indices et des causes de la pauvreté, il convient maintenant d'aborder les différentes stratégies de réduction de ce fléau.

1.3.5 Les stratégies de réduction de la pauvreté

Compte tenu du caractère multidimensionnel de la pauvreté, plusieurs stratégies sont utilisées pour la réduire. Dans cette partie, nous aborderons les stratégies d'ordre général et celles développées par le Bénin.

1.3.5.1 La croissance économique comme moyen de lutte contre la

pauvreté

La question de la réduction de la pauvreté par la croissance économique a fait l'objet de plusieurs controverses.

Pour certains auteurs la croissance économique, socle de tout développement, permet de réduire considérablement la pauvreté. Pour d'autres, cette réduction de la pauvreté qui passe par la croissance économique n'est pas chose évidente.

La plupart des auteurs qui soutiennent la thèse selon laquelle la croissance économique permet de lutter contre la pauvreté, se fondent sur le fait que toute croissance économique génère des revenus qui profitent plus aux démunis.

Pour ces auteurs les revenus générés se traduisent simplement par une hausse du PIB réel par habitant.

Subbarao (1997), en se fondant sur les études de la Banque Mondiale (1996) et de Ravallion et Squire (1997), affirme que la croissance économique surtout celle agricole est un facteur déterminant dans la lutte contre la pauvreté. Il cite en exemple des pays comme la Taiwan, la Malaisie, la Thaïlande, la Chine, qui ont connu des succès considérables en matière de lutte contre la pauvreté. Pour cet auteur, ces succès spectaculaires s'expliquent par des réformes agraires mises en place dans ces pays et les programmes développés par ces mêmes pays en vue de porter assistance aux petits paysans. Mais Subbarao, dans son développement, n'a pas su donner des informations sur comment cette croissance devrait être promue puisqu'une croissance économique génère des ressources pour un développement harmonieux et permet de financer les dépenses susceptibles d'améliorer les niveaux de vie des populations à la base. C'est justement ce que souligne Brasseul (op. cit.), en affirmant : « la croissance économique est une condition nécessaire du développement puisqu'elle permettra de dégager des ressources en faveur de la santé, de l'éducation... »

Selon Tovo (1995), « les stratégies qui réussissent le mieux en matière de lutte contre la pauvreté, ont en général deux objectifs parallèles : en premier lieu, il faut stimuler la croissance économique afin d'augmenter la taille du gâteau à partager... » Pour cet auteur, deux secteurs sont des sources potentielles de croissance. Il s'agit de l'agriculture et le secteur tertiaire.

Toutefois, il faut remarquer que la croissance économique n'est pas une condition suffisante du développement donc de la lutte contre la pauvreté, si celle-ci va de pair avec un accroissement des inégalités, une détérioration des conditions de vie pour les plus pauvres, la misère et la répression politique et sociale. La bonne gouvernance est donc un préalable à la réduction de la pauvreté.

Pour les pays du G-8, la croissance doit être durable et accompagnée d'une redistribution parfaite des revenus générés. A cet effet, dans le rapport des ministres des Finances du G-8 aux chefs d'Etat et de Gouvernement (2000), on peut retenir qu'il convient d'accorder davantage d'attention à une répartition plus équitable des avantages de la croissance.

La plupart des bailleurs de fonds, quant à eux mettent l'accent sur la nécessité de :

- promouvoir une croissance économique durable favorisant un accroissement de la demande de main-d'oeuvre fournie par les pauvres et d'un accès plus large des pauvres aux ressources productives ;

- faire participer les pauvres au processus de développement.

Lessard (1997), après avoir fait le bilan de son expérience en tant que praticien du développement, dans son approche de la problématique économique de la lutte contre la pauvreté, affirme que la majorité des projets qui définissent des objectifs de croissance, d'emploi ou d'augmentation des revenus, sont formulés en misant clairement sur des personnes ayant déjà un minimum de capacités humaines, matérielles et/ou financières au départ. La réduction de la pauvreté extrême échappe donc aux projets et programmes à caractère économique sauf les projets d'infrastructures.

L'Allemagne, dans son approche de croissance retient deux thèmes : « la croissance par les pauvres » qui consiste à mobiliser directement le potentiel de production des pauvres et à promouvoir leur contribution par des travaux à fort coefficient de main-d'oeuvre et « la croissance pour les pauvres » grâce à laquelle les bénéfices d'une productivité économique accrue sont investis dans les interventions ciblées visant à créer des emplois et à fournir des services sociaux. Il existe donc un lien étroit entre croissance économique et pauvreté.

L'autre facteur qui influence la pauvreté est la croissance démographique.

1.3.5.2 La réduction de la croissance démographique comme moyen de lutte contre la pauvreté

La relation entre la forte poussée démographique et la réduction de la pauvreté fait l'objet de polémique. Les populationnistes soutiennent qu'une forte croissance démographique permet un développement humain tandis que les anti-populationnistes évoquent la thèse contraire.

Dans le premier ordre d'idée mais de façon modérée, l'économiste Adjovi (2002), soutient que les actions de réduction du nombre de personnes par ménage par le contrôle des naissances grâce au planning familial ne pourront pas avoir des effets immédiats sur la réduction de la pauvreté. Il estime que la taille des ménages n'est pas une variable déterminante prioritaire de la pauvreté au point où il faudrait s'y attaquer.

Des auteurs comme Hirschman (1959) cité par Brasseul (op. cit.) viennent étayer la position précédente. Il notait déjà que la croissance de la population constituait un défi permettant la hausse du produit par habitant.

Outre les raisons relatées (économies d'échelle, hausse de la demande), on peut donner les arguments suivants (Chesnais, 1987) cité par Brasseul (op. cit.)

- la hausse de la durée de vie, liée à la baisse de la mortalité notamment infantile, modifie les comportements dans un sens plus favorable à l'épargne, à l'accumulation du capital, et à l'investissement humain ;

- le dynamisme est souvent lié à une population jeune mieux armée et prête à adopter de nouvelles idées ;

- la tendance au surpeuplement pousse à l'adoption de techniques modernes dans le domaine agricole (Boserup, 1970).

Cependant, il faut remarquer que l'explosion démographique ne joue pas toujours favorablement dans le processus de développement d'une nation. Ces auteurs ont oublié de souligner que des effets de seuil peuvent jouer dans les relations entre croissance et population. Ainsi, en dessous d'un certain seuil de revenu, la croissance démographique freinerait la croissance économique et elle ne jouerait favorablement qu'au-delà de ce seuil.

Pour les auteurs qui défendent la thèse contraire, ils avancent l'idée selon laquelle l'augmentation de la population absorbe toute augmentation de la production, et que le revenu par tête est condamné à stagner. Pour ces auteurs, la poussée démographique n'est pas un facteur de progrès donc de réduction de la pauvreté.

Soulignons que cette idée avait déjà été formulée au 19ème siècle par John Stuart Mill : « La croissance de la population talonne les améliorations agricoles et efface ses effets aussitôt qu'ils sont produits ». On avançait même que la thèse de Malthus qui s'était révélée fausse pour les pays riches, allait se vérifier au niveau planétaire. Il fallait donc selon une formule frappante « accroître la fertilité des sols et diminuer la fertilité des Hommes ».

Pour ces auteurs, l'accroissement de la population entraîne la nécessité d'investissements en infrastructures du type logement, éducation, santé, moins productifs que les investissements agricoles ou industriels alors que l'épargne a tendance à baisser.

Cependant, il faut remarquer que bien que les investissements agricoles ou industriels soient générateurs de revenus contribuant à la réduction de la pauvreté, il faut dans un premier temps que les fruits de ces investissements soient accompagnés d'une redistribution parfaite des revenus. Deuxièmement un développement industriel s'accompagne toujours d'effets néfastes liés souvent à la santé et nécessite également la formation des agents qui travaillent dans ce secteur. Un investissement industriel ou agricole doit alors s'accompagner d'un investissement en éducation et en santé bien que ces derniers ne soient pas directement productifs.

1.3.5.2 Les stratégies de réduction de la pauvreté au Bénin

Bien qu'il n'existe pas un programme national de réduction de la pauvreté au Bénin, il est défini des mesures nécessaires pour lutter contre ce fléau. Parmi celles-ci, on peut citer :

- la croissance économique tirée par les emplois ;

- l'accès au crédit ;

- la redistribution des richesses ;

- l'investissement dans les services sociaux de base ;

- la décentralisation des centres de décision et de politiques macro-économiques saines.

L'ensemble de ces mesures a été largement discuté au cours de la table ronde de Genève (1992), la table ronde sur la dimension sociale du développement (DSD) à Cotonou (1994), la conférence économique nationale (1996) et lors du colloque sur le minimum social commun (MISOCOM) à Cotonou (1997)

En ce qui concerne la DSD, elle vise à :

- s'attaquer simultanément aux multiples aspects de la pauvreté en renforçant

les politiques macro-économiques et sectorielles afin qu'elles s'intègrent explicitement la dimension sociale du développement dans leurs stratégies ;

- formuler et mettre en oeuvre un programme d'actions ciblées sur des groupes

vulnérables identifiés avec la pleine participation de ces derniers ;

- maîtriser les causes de la pauvreté à travers une observation dynamique des

conditions de vie des populations.

Dans le cadre de la mise en oeuvre de cette stratégie, différents programmes et projets sont initiés et plusieurs actions sont menées. Au nombre de ceux-ci, il convient de rappeler notamment :

- le programme national de la Dimension Sociale du Développement (PNDSD) ;

- le programme national du développement communautaire (PNDC);

- les programmes d'appui au développement local ;

- le programme national communautaire ;

- les programmes et projets spécifiques de lutte contre les maladies ;

- les programmes et projets spécifiques de développement de l'éducation ;

- les programmes et projets d'appui à la production agricole, à la sécurité alimentaire et aux organisations paysannes ;

- les programmes et projets d'assainissement et de protection de l'environnement.

Sous la direction des institutions internationales, de nouveaux outils de lutte contre la pauvreté sont en cours d'élaboration. L'ensemble de ces outils est regroupé dans le document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP). La particularité de ce document est la prise en compte de la vision des populations dans son élaboration.

1.4 La méthodologie

Cette section aborde trois sous-sections importantes de l'étude à savoir, une première sous-section qui s'intéresse aux différentes méthodes utilisées dans la collecte des informations ; une seconde qui retrace les méthodes d'analyse retenues pour le traitement des données et informations recueillies et une troisième sous-section qui relate les difficultés et limites de cette étude.

1.4.1 Les méthodes de collecte des données

Les solutions envisageables pour recueillir des informations quantitatives et qualitatives sur la situation de la pauvreté dans l'Atlantique ne sont pas très variées. La recherche documentaire fondée sur l'examen des documents administratifs, les recensements, les rapports des partenaires au développement, et quelques rares études sérieuses sur quelques uns des aspects de la pauvreté dans l'Atlantique, ne permet d'obtenir que des informations trop parcellisées.

Aussi, à défaut des recensements généraux d'envergure nationale qui par ailleurs ne prennent généralement pas en compte la perception des populations sur la pauvreté dans leur pays, la seule solution pour assurer la participation des populations à l'évaluation des politiques et programmes menés par différents acteurs en vue de réduire ce fléau consiste-t-elle à mener une enquête qualitative pour un but précis.

1.4.1.1- La recherche documentaire

Elle nous a permis de réaliser la problématique, de présenter la revue de littérature et d'identifier des indicateurs pertinents ainsi que des évaluations qui ont été faites suivant diverses méthodes quantitatives, voire qualitatives. Il s'agit d'étudier dans la mesure du possible, les différents aspects de la pauvreté dans le département de l'Atlantique à partir de l'exploitation de la littérature qui aborde plus ou moins le sujet. Pour cela, la présente étude a tenté de dresser le profil de la pauvreté à partir de la documentation obtenue.

Au nombre de ces documents, on peut retenir essentiellement l'ECVR II, les tableaux de bord sociaux, les enquêtes démographiques et de santé au Bénin (EDSB I et II), les annuaires statistiques disponibles à l'INSAE, les rapports nationaux sur le développement humain (RNDH), les documents disponibles à la CAPE, les documents disponibles au niveau des ministères concernés et au niveau de leurs démembrements, les documents disponibles au niveau des partenaires au développement impliqués dans les projets de développement des communautés de base du département.

1.4.1.2- L'enquête qualitative

Pour compléter les informations obtenues au moyen de la recherche documentaire qui ne présente les analyses que du point de vue des auteurs de documents consultés, il est nécessaire d'analyser directement la perception des populations les plus concernées sur le sujet abordé. Cela a l'avantage de permettre une meilleure identification et une évaluation plus proche de la réalité, des différentes dimensions

de la pauvreté telles qu'elles sont ressenties. L'enquête qualitative a comporté les étapes suivantes :

- le choix de la population à enquêter ;

- l'administration du questionnaire élaboré ;

- les entrevues.

1.4.1.2.1 L'échantillonnage

Il est évidemment impossible pour des raisons financières et la contrainte de temps d'enquêter dans sa totalité une population aussi importante que celle du département de l'Atlantique. Il importe donc d'enquêter un nombre réduit d'individus, tout en veillant à la représentativité de l'échantillon par rapport à la population-mère, de façon à pouvoir reconstituer les caractéristiques de celle-ci à partir de celles de l'échantillon.

La méthode probabiliste est celle qui est retenue dans la présente étude car elle a l'avantage de reconstituer les caractéristiques de la population-mère à partir de l'échantillon.

Le plan de tirage est la stratification. Elle consiste, en effet, à subdiviser la population en des unités primaires et à tirer dans chaque unité primaire, au hasard, un nombre d'individus. La population cible de notre enquête est l'ensemble des personnes ayant au moins 25 ans vivant dans les zones rurales du département, qui y résident depuis

5 ans et capable d'assumer une quelconque responsabilité.

Le critère d'âge fixé à 25 ans nous permettrait d'interroger des individus actifs donc capable de nous renseigner sur les différents aspects de la pauvreté dans leur milieu.

Quant au critère de résidence, il est fixé à 5 ans afin de retenir des individus maîtrisant leur milieu de résidence. Nous avons choisi d'interroger 200 individus dans le département. Les unités primaires dans ce cas précis représentent les huit communes que compte le département. La répartition des individus à enquêter par commune est consignée dans le tableau ci-dessous  (obtenu à partir du processus de calcul présenté en annexe 1) :

Tableau n°1 : Répartition de la taille de l'échantillon par commune

Communes

Taille de l'échantillon

Abomey-calavi

77

Allada

23

Kpomassè

14

Ouidah

20

Sô-ava

19

Tori-bossito

11

Toffo

18

18

Atlantique

200

Source : Nos propres calculs à partir des résultats provisoires

du RGPH3-2002

1.4.1.2.2 Le questionnaire

C'est l'outil précieux qui nous a aidé à recueillir la perception des populations sur les différents aspects de la pauvreté tels que la santé, l'éducation, l'alimentation et l'accès à l'eau potable et à l'électricité.

Composé de 19 questions à plusieurs manches, il a été administré individuellement aux populations concernées. Nous avons assuré nous-mêmes son administration.

1.4.1.2.3 Les entrevues

Elles se sont déroulées avec des groupes de 5 à 10 personnes. Nous débattons, dans ces groupes, des différents problèmes que vivent quotidiennement les populations. Les informations sont transcrites au fur et à mesure que la discussion se déroule. Ceci nous a permis de recenser des informations relatant les problèmes collectifs observés en matière de santé, d'éducation, d'alimentation et de l'accès à l'eau et à l'électricité.

1.4.2 Les méthodes d'analyse et de traitement des données

La statistique descriptive est celle qui a été plus utilisée dans l'analyse des informations recueillies. Les données présentées sous forme de tableaux synthétiques, de regroupements et de graphiques, nous ont permis d'apprécier les informations recueillies et de vérifier les hypothèses posées dans le présent travail.

L'indice de prix de Laspeyres est également utilisé pour apprécier l'évolution relative des prix des divers produits dans le département.

Il est défini comme étant la moyenne arithmétique des indices simples pondérés par les quantités de la période de base ou de référence. Cet indice est donné par la formule suivante :

L t/o =

Avec t = période courante ; o = Année de base ou de référence ; p = prix ;

q = quantité ; j = produits

1.4.3 Difficultés et limites de l'étude

La pauvreté est un phénomène assez complexe à plusieurs facettes. Ainsi l'étude de chacune d'elles nécessite d'importants moyens financiers. Nos moyens financiers limités ont été un handicap dans la réalisation de cette étude.

Aux problèmes financiers, s'ajoutent les difficultés auxquelles nous avons été confrontées sur le terrain. Parmi celles-ci, on peut citer :

- la non disponibilité de certaines données notamment celles relatives à l'année 2002 ;

- la réticence de certains enquêtés à fournir les informations ;

- les difficultés d'accès à certaines zones telles que la commune de Sô-Ava ;

- la mauvaise appréciation de l'objet de l'étude par certaines populations.

En dépit de toutes ces difficultés, nous avons pu quand même réaliser cette étude avec les moyens disponibles.

2- LE PROFIL DE PAUVRETE DANS LE DEPARTEMENT DE L'ATLANTIQUE

Pour mieux appréhender le profil du département de l'Atlantique par rapport à la pauvreté, il importe de le situer dans son contexte géographique et socio-économique.

2.1 Présentation de la zone d'étude 

2.1.1 Situation géographique

D'une superficie de 3233 km² (INSAE, 1992), le département de l'Atlantique est l'un des plus petits des douze départements du Bénin et s'étend sur près de 100km de la côte vers l'intérieur du pays. L'Océan Atlantique forme la limite Sud du département qui est limité à l'Ouest par le département du Mono. Le lac Ahémé, le fleuve Couffo et le fleuve Aho constituent les limites naturelles de cette frontière. A l'Est, le département de l'Atlantique est limité par celui de l'Ouémé. Cette frontière passe au milieu de la vallée de l'Ouémé et traverse le lac Nokoué pour rejoindre la côte à la limite du département du Littoral. Au Nord, il se trouve limité par le département du Zou. Cette frontière se situe au niveau géographique des villages de Sêhouê, Kpomè et Djigbé et passe par la dépression de la Lama. (voir carte en annexe)

Ce département compte huit communes dont les chefs-lieux sont : Abomey-calavi, Allada, Kpomassè, Ouidah, Sô-Ava, Toffo, Tori-Bossito et Zè.

2.1.2 Traits physiques

Le département de l'Atlantique, dans son ensemble présente les caractéristiques agro-écologiques suivantes :

· Le relief :

Le département de l'Atlantique est un ensemble formé par un cordon littoral sableux qui s'étend sur environ 5 km de large le long de la côte et qui est découpé par un complexe lagunaire de plus en plus salé et des marrais. Le plateau de terre de barre situé au centre du département descend vers les vallées de l'Ouémé, du Couffo et la dépression de la Lama. Cette partie du département offre d'immenses possibilités agricoles. On y pratique les cultures vivrières, le palmier à huile et le café (en voie de disparition). La région des vallées couvre les lacs Ahémé, Nokoué, Hlan, Dati, Toho et les vallées des fleuves Couffo, Sô et Ouémé puis la dépression de la Lama. La pêche et l'agriculture sont très développées dans cette région.

· Le climat :

Le département de l'Atlantique est essentiellement dominé par le climat sub-équatorial avec deux saisons sèches et deux saisons des pluies. La pluviométrie moyenne annuelle est voisine de 1200 mm, dont 700 à 800 mm pour la première saison des pluies et 400 à 500 mm pour la seconde saison pluvieuse. Les régions Est et le plateau de terre de barre sont les plus arrosées.

En moyenne, la température mensuelle est comprise entre 27 et 31 degrés centigrades. Les écarts entre le mois le plus chaud et le mois le moins chaud n'excèdent pas 3,2 degrés dans la zone sud, alors que cette variation se situe à 3,8 degrés pour le nord du département.

Les mois de février à avril sont les mois les plus chauds et les mois de juillet à septembre sont les mois les plus frais.

· L'Hydrographie :

Le département de l'Atlantique bénéficie d'un important réseau hydrographique constitué des fleuves, des lacs, des rivières, des bas-fonds, des marigots et des lagunes.

Au nombre des fleuves, on distingue le couffo, qui parcourt le département sur près de 50 km et qui se jette dans le lac Ahémé (85km2). La Sô, connue aussi par ses fortes crues, s'étend sur 50 km. Le lac Toho (7km2) prend sa source dans la rivière Sossou. Les crues des fleuves sont souvent les sources de débordement des lacs ; ce qui crée parfois des calamités importantes pour les villages limitrophes.

· Les sols :

Plusieurs catégories de sols sont à retenir dans la formation géologique de l'Atlantique. Il s'agit des:

- sols à hydroxydes : bien individualisés et à matière organique rapidement

décomposée ;

- sols hydromorphes ;

- sols peu évolués.

Le Nord du département est constitué essentiellement des sols noirs tropicaux .

Dans la dépression de la Lama, on rencontre les argiles noires soles qui sont des sols à capacité d'échange élevée, mais à moyenne teneur en matière organique. Les eaux y stagnent pendant la saison des pluies. On rencontre également dans cette région des sols argileux noirs verts isoles. Ils sont moins pourvus en matière organique que les précédents.

Au centre, on rencontre les sols faiblement ferralitiques ou terres de barre caractérisées par des sols roux argileux couvrant une grande partie du plateau d'Allada ; des sols argilo-sableux et des sols rouges à beige-rouges, sablo-argileux.

Les sols du cordon littoral sont des sols peu évolués et chimiquement pauvres.

A l'Est, se trouvent les sols blancs à tendance podzolique qui sont des sols hydromorphes lessivés. Les sols ocres (jaunes et gris) et les sols des marrais caractérisent également le département de l'Atlantique.

· La végétation : 

Elle est dominée par un bush arbustif, associé à des peuplements plus ou moins denses de palmiers à huile, que l'on retrouve sur les plateaux soit à l'état naturel, soit en plantations industrielles. La forêt équatoriale originelle compte tenu du défrichage dont elle est victime n'existe qu'en petits îlots d'extension négligeable.

En bordure de la côte, les sables du cordon littoral sont couverts de plantations de cocotiers.

2.1.3 Caractéristiques démographiques

D'une population de 529.546 habitants en 1992 (RGPH2,1992), le département de l'Atlantique compte en 2002, 805.986 habitants soit 13,76% de la population nationale qui est estimée à 5.856.727 habitants (RGPH3,2002). Il représente ainsi l'un des départements les plus peuplés du Bénin en 2002.

En 1992, on dénombrait 163 habitants au km² contre 249 habitants au km² en 2002 ; ceci lui confère la quatrième position après le Littoral, l'Ouémé et le Couffo. Le taux d'accroissement de 4,29% de la population de ce département entre 1992 et 2002 montre comment, il attire beaucoup de personnes après les départements des Collines et du Borgou qui affichaient respectivement des taux de 4,64% et 4,32% comme l'indique le tableau ci-après :

Tableau n°2 : Evolution démographique et niveau du taux d'accroissement

de la population de l'Atlantique entre 1992 et 2002 et sa comparaison avec les autres départements du Bénin.

Département (nouveau découpage)

Superficie (km2)

Rang superficie

Démographie 1992*

Démographie 2002**

Taux d'accroissement entre 1992-2002

Population

Densité

Rang Densité

Population

Densité

Rang densité

%

rang

Atlantique

3.233

8

529.546

163

4

805.986

249

4

4,29

3

Littoral

79

12

536.827

6.795

1

658.572

8.336

1

2,07

12

Atacora

20.499

3

400.613

19

10

543.929

26

11

3,11

6

Donga

11.126

5

248.695

22

9

341.913

31

9

3,53

5

Borgou

25.856

2

471.975

18

11

720.287

27

10

4,32

2

Alibbori

26.242

1

355.950

13

12

522.619

19

12

3,92

4

Ouémé

1.281

11

568.898

444

2

728.718

568

2

2,51

9

Plateau

3.264

7

307.676

94

6

106.715

124

6

2,83

8

Mono

2.037

9

281.245

138

5

350.467

175

5

2,46

10

Couffo

1.992

10

395.132

200

3

522.904

265

3

2,84

7

Zou

5.243

6

47.874

91

7

596.788

113

7

2,23

11

Collines

13.931

4

340.284

24

8

535.671

38

8

4,64

1

Bénin

114.763

 

4.266.247

59

-

5.856.727

80

 

3,23

 

Source : * I NSAE (RGPH 2-1992)

** I NSAE (RGPH 3-2002)

Selon les études réalisées par le PNUD-DANIDA, MAEP (1999-2000), l'Atlantique compte en moyenne dans les zones rurales six personnes par ménage et 42 enfants de moins de 10 ans sur 100 sont à la charge des actifs. Le taux de dépendance dans les ménages pauvres est de 46% contre 38% dans les ménages non pauvres. Il existe donc une relation directe entre le taux de dépendance et la pauvreté.

Dans cette localité du Bénin, on rencontre essentiellement les Aïzo et les Fon. On y trouve également les Toffin, les Adja, les Mahi, les Plah et Pédah.

Diverses activités y sont pratiquées .

2.1.4 Caractéristiques socio-économiques

Diverses activités économiques sont entreprises par les populations de ce département. Elles comprennent les activités du secteur primaire et du tertiaire car le secondaire est presque inexistant dans les zones rurales.

* Le secteur primaire comprend la production végétale, la production animale et celle halieutique.

La production végétale :

Au plan agricole deux systèmes de culture sont pratiqués par les paysans : les cultures pluviales et les cultures de contre saison :

- les cultures pluviales comprennent :

Les cultures vivrières : les principales cultures vivrières pratiquées dans le département sont le maïs et le manioc. Plus de 80% des superficies emblavées sont consacrées à ces deux cultures. L'arachide vient en tête de liste des cultures oléagineuses annuelles. Nonobstant l'augmentation de la consommation du riz, sa culture n'a pas encore trouvé sa place dans la production agricole du département.

Les cultures industrielles : il existe notamment des palmeraies naturelles et un complexe agro-industriel de 10.854ha de palmiers à huile sélectionnés. Les plantations de café sont très vieilles et la relance de cette dernière est envisagée.

- les cultures de contre saison :

Les paysans installés sur les côtes des lacs et fleuves développent des cultures maraîchères pour satisfaire les besoins des centres urbains. Il s'agit de la tomate et des légumes feuilles. Il en est de même des plantations d'arbres.

Les méthodes rudimentaires sont encore en vigueur dans ce département ; ceci limite la productivité et réduit d'un coup la production à une agriculture de subsistance.

La production animale :

Elle est très peu développée dans l'Atlantique, peu organisée et constitue une activité secondaire pour quelques individus. Les bovins, les ovins et caprins, les porcins et les volailles sont les espèces animales qu'on rencontre généralement dans ce département. Les élevages non conventionnels (lapins, escargots, aulacodes) se développent et constituent une forme de diversification de la production animale.

Plusieurs difficultés sont rencontrées dans cette filière.

La pêche :

C'est l'une des sources non moins négligeables de revenus de la plupart des populations de l'Atlantique. La pêche est relativement développée et mobilise beaucoup de personnes, les nationaux comme les étrangers. Dans les nombreux plans d'eau, la pêche se pratique sous plusieurs formes :

- la pêche continentale

- la pêche maritime

- la pêche maritime industrielle.

Les communes de Calavi, Sô-Ava, Ouidah et Kpomassè sont les plus intéressées par cette activité.

*Le secteur tertiaire comprend :

Le commerce : l'Atlantique compte en moyenne cinquante marchés d'importance locale. Les activités d'importation et d'exportation s'y déroulent.

L'industrie : les industries d'extraction d'huile de palme (Hinvi et Ahozon) constituent le tissu industriel du département.

On rencontre dans ce département, des gisements de pétrole dans la région d'Allada et d'Abomey-calavi, de phosphate et de gravier à Toffo.

Le tourisme : d'énormes possibilités touristiques caractérisent le département. Les villages lacustres de Ganvié et de Sô-Tchanhoué dans la commune de Sô-ava et le musée historique de Ouidah ainsi que les plages pittoresques sont des sources de revenus très importantes. Beaucoup de touristes s'y rendent.

Après la présentation de notre zone d'étude, il convient maintenant de s'intéresser aux déterminants de la pauvreté.

2.2 La situation sanitaire de l'Atlantique

Pour mieux appréhender l'état sanitaire de l'Atlantique, il sera procédé d'une part à l'appréciation des naissances et des décès, l'analyse des naissances vivantes, des poids des nouveau-nés, des mort-nés, d'autre part à l'appréciation des maladies générales et celles infantiles, des cas d'avortement puis à l'analyse de l'accès des populations de ce département aux services de santé.

2.2.1 Appréciation des naissances et des décès

L'appréhension des naissances et des décès se fera à travers l'analyse des taux bruts de natalité et de mortalité, deux indicateurs démographiques qui traduisent respectivement le niveau de reproduction et la situation des décès dans le département.

2.2.1.1 Les naissances

Les départements de l'Atlantique et du Littoral réunis présentaient en 1992 un taux brut de natalité de 45,3%o et occupent ainsi la dernière position en matière de reproduction par rapport aux cinq autres départements (cf. tableau n°3)

En 2002, le taux brut de natalité dans ces deux départements est en moyenne de 37,09%o. L'Atlantique seul affichait à cette même année un taux de 39,30%o contre une moyenne nationale de 40,40%o ; ce qui lui confère le 8ème rang après les départements de l'Alibori, de l'Atacora, du Borgou, de la Donga, des Collines, du Zou, et du Couffo dont les taux varient de 41,50 %o à 45,40%o.

Source : Nos propres investigations à partir des données des statistiques

sanitaires(2002)

Le graphique n°2 ci-dessus illustre bien cette réalité au niveau de chaque département

Le Littoral est le département qui présente la meilleure situation avec un taux de 34,40%o. La situation n'est pas si mauvaise dans l'Atlantique. En effet, les départements de l'Atlantique et du Littoral réunis affichaient entre 1992 et 2002, une variation à la baisse de 8,51%o ; ce qui suppose une adhésion remarquable des populations de ces départements aux politiques de limitation des naissances. Toutefois, des efforts restent à fournir pour réviser davantage le taux à la baisse dans ces départements afin de prévenir les risques liés au sous-emploi, au faible taux de scolarisation et à l'insuffisance des soins de santé qui sont des facteurs déterminants de la pauvreté.

2.2.1.2 La situation des décès.

La mortalité désigne l'action de la mort sur les populations. L'événement qui la caractérise est le décès. Le taux brut de mortalité est l'indicateur démographique qui traduit mieux cet événement.

En 1992, ce taux est de 12,8%o pour l'ensemble Atlantique/Littoral contre un taux de 11,84%o en 2002 dans ces mêmes départements (cf. tableau n°3)

La régression du taux de mortalité dans ces départements témoigne de l'amélioration des conditions sanitaires des populations. Mais remarquons que le niveau des décès demeure critique dans le département de l'Atlantique où le taux brut de mortalité est de 12,70%o à côté de 13,00%o pour l'ensemble du pays en 2002. Ce département fait partie donc des cinq départements qui ont les taux de mortalité les plus élevés et s'aligne ainsi derrière le Zou, les Collines, la Donga, l'Atacora et le Mono qui ont respectivement les taux de 14,70%o, 14,00%o, 13,30%o, 13,20%o et 13,00%o. Les autres départements présentent des taux qui sont compris entre 9,70%o et 12,00%o.

2.2.1.3 Accroissement naturel et migration nette dans l'Atlantique

Pour mieux apprécier l'incidence de la mortalité sur les naissances, on se sert du taux d'accroissement naturel. Ce taux, dans l'Atlantique est de 26,60%o soit 2,66%, le classant ainsi au 9ème rang par rapport aux autres départements.

Ce taux d'accroissement naturel comparé avec celui démographique de l'Atlantique qui est de 4,29% (INSAE 2002, RGPH3), dégage un excédent de 1,63% : c'est le taux net de migration. Ce bilan positif des flux migratoires de 1,63% est le résultat des immigrations en provenance des autres départements et des pays limitrophes tels que le Nigéria et le Togo.

2.2.1.4 La mortalité infantile

L'Atlantique/Littoral constituait en 1992 l'une des poches de la mortalité infantile. A cette année, le taux de mortalité s'élevait à 98%o contre 65,48%o en 2002 comme l'indique le tableau n°4 ci-après.

Tableau n°4 : Situation des taux de mortalité infantile dans l'Atlantique

comparés à ceux des autres départements entre 1992 et 2002

Département

1992

2002

Taux (%o)

Rang

Taux (%o)

Rang

Atlantique

98

4

65,48*

70,70

11

Littoral

60,00

12

Atacora

101

2

107,30

2

Donga

107,40

1

Borgou

84

6

87,80

5

Alibori

87,60

6

Mono

98

4

85,50

7

Couffo

85,30

8

Ouémé

101

2

72,90

10

Plateau

73,00

9

Zou

117

1

90,20

3

Collines

90,20

3

Bénin

99

-

83,20

-

Source : Tableau de bord social, 1998 (P.48)

Annuaire des statistiques sanitaires, 2002 (P.9)

*Nos propres estimations

Le département de l'Atlantique seul enregistrait en 2002, un taux de mortalité de 70,70%o contre une moyenne nationale de 83,20%o 

La situation est meilleure dans l'Atlantique en 2002, après le Littoral qui dégageait un taux de 60,00%o , par rapport aux autres départements dont les taux sont compris entre 72,90%o et 107,40%o. Bien que ce taux de 70,70%o affiché par l'Atlantique ne soit pas l'idéal souhaité, il faudrait remarquer tout de même qu'il y a une amélioration des équipements sanitaires, de l'augmentation du personnel de santé et de la participation de la population dans la réduction du décès infantile.

2.2.2 Appréciation des naissances vivantes

Les données des tableaux de bord sociaux de 1998 et de 2000 d'une part, et les statistiques sanitaires de l'année 2002 d'autre part, indiquent pour l'ensemble des départements Atlantique/Littoral, 27.875 naissances vivantes en 1995 contre 45.050 naissances en 2002. Cet accroissement de 61,61% des naissances vivantes entre 1995 et 2002 est certainement le résultat de l'amélioration des prestations sanitaires et de l'augmentation de la population dans ces départements. On dénombrait en 2002, 23.070 naissances vivantes dans l'Atlantique contre 199.224 naissances pour l'ensemble du pays comme l'indique le tableau n°5 ci-après

Tableau n°5 : Evolution dans l'Atlantique des poids vifs à la naissance inférieurs à 2500 g et comparaison

avec le reste du Bénin entre 1995 et 2002

Département

1995

2002

Naissances vivantes

Naissances vivantes à poids <2500g

Naissances vivantes

Naissances vivantes à poids <2500g

Nombre

Taux (%)

Nombre

Taux (%)

Atlantique

27.875

4.149

15

23.070

2.190

9

Littoral

21.980

3.401

15

Atacora

15.555

1.375

9

11.338

1.175

10

Donga

8.159

986

12

Alibori

19.669

2.078

11

13.033

1.668

13

Borgou

17.595

2.295

13

Ouémé

28.872

3.583

12

25.750

3.214

12

Plateau

14.294

1.717

12

Mono

18.215

1.764

10

12.371

1.175

9

Couffo

14.457

1.233

9

Zou

28.390

3.243

11

21.084

2.654

13

Collines

16.093

2.046

13

Bénin

140.513

16.564

12

199.224

23.754

12

Source : Tableau de bord social,1998,2000

Statistiques sanitaires,2002

2.2.3 Poids des bébés à la naissance

Les statistiques sanitaires de l'année 2002 montrent que 9% des nouveau-nés de l'Atlantique pèsent moins de 2.500g ; ce qui représente un taux meilleur par rapport à ceux de tous les autres départements sauf le Couffo et le Mono qui présentent les mêmes taux de nouveau-nés pesant moins de 2,5kg. Ainsi, l'Atlantique et l'Atocora (10%) contribuent avec le Couffo et le Mono à tirer la moyenne nationale de nouveau-nés (pesant moins de 2500g), sous pondérés vers le bas. Cette moyenne en 1995, était de 12% contre 13% en 2000 (statistiques sanitaires 2000); soit une augmentation de nombre de nouveau-nés moins de 2,5kg. En 2002, elle est de 12% comme l'indique le tableau n°5.

L'analyse des données de ce tableau montre que la proportion de naissances de moins de 2,5kg dans l'Atlantique s'est améliorée entre 1995 (15% de moins de 2,5 kg) et 2002. Les facteurs d'une telle amélioration résideraient dans la quantité et la qualité des dispositifs humains et matériels qui caractérisent les services de néonatologie de l'Atlantique.

2.2.4 Appréciation générale des maladies

Le tableau n°6 ci-après montre que le département de l'Atlantique est la cible de plusieurs maladies dont les plus fréquentes sont :

i- le paludisme qui atteint 34,90% de la population totale et 33,79% des enfants de moins de 4 ans.

ii- les infections respiratoires aiguës : 18,19% au niveau de la population totale et 24,37% au niveau des enfants de moins de 4 ans.

iii- les infections gastro-intestinales y compris la diarrhée : 14,88% au niveau de la population et 15,56% au niveau des enfants de moins de 4 ans.

Remarquons en outre que ces trois maladies sont celles qui attaquent le plus les enfants, qui sont également touchés par l'anémie.

Tableau n°6 : Données épidémiologiques de l'Atlantique

Maladies

Nombres de cas de maladies consultées en 2002

Niveau population totale

Niveau des enfants de 0-4 ans

Effectif

*Fréquence (%)

Effectif

*Fréquence (%)

Rougeole

226

0,13

146

0,18

Poliomyélite

13

0,00

7

0,00

Coqueluche

4

0,00

2

0,00

Tétanos néonatal

4

0,00

4

0,00

Autres tétanos

9

0,00

2

0,00

Méningite

22

0,01

17

0,02

Fièvre jaune

0

0,00

0

0,00

Choléra

32

0,01

0

0,00

Dysenterie bacillaire

3 .765

1,96

2490

3,17

Autres maladies diarrhéiques

6.488

3,38

3454

4,40

Autres affections gastro-intestinales

22.072

11,5

8754

11,16

Paludisme

66.971

34,9

26.490

33,79

Neuro-Paludisme

7.641

3,98

3890

4,76

MST

1.605

0,83

119

0,15

Autres affections uro-génitales

1.151

0,59

158

0,20

Conjonctivite

1428

0,74

518

0,66

Autres affections oculaires

755

0,39

175

0,22

Malnutrition

796

0,41

648

0,82

Anémie

8.668

4,51

4722

6,03

Infections respiratoires aiguës hautes

11.316

5,89

6060

7,73

Infections respiratoires aiguës basses

23.411

12,2

13044

16,64

Morsure de serpent

245

0,12

11

0,01

Rage

0

0,00

0

0,00

Affections dermatologiques

4.787

2,49

2.382

3,03

Affections traumatiques

12.539

6,53

1.275

1,62

Affections cardio-vasculaires

676

0,35

7

0,00

Affections ostéro-articulaires

2.284

1,19

113

0,14

Affections bucco-dentaires

1.620

0,84

677

0,86

Autres affections

13.579

7,07

3228

4,11

Total

191.843

100,00

78389

100,00

Source : Annuaire des statistiques sanitaires, 2002

*Nos propres estimations, septembre 2003

2.2.5 Appréciation des mort - nés et des avortements

Selon le tableau n°7, le nombre de mort-nés dans l'Atlantique au cours de l'année 2002 s'élève à 393. Ce nombre le place au 5ème rang derrière le Plateau, l'Atacora, la Donga et le Couffo dont les nombres de mort-nés sont respectivement de 255 ; 272 ; 343 et 355.

Une comparaison entre l'effectif des mort-nés pour les départements de l'Atlantique/Littoral en 1995 (725 mort-nés) et le nombre de mort-nés pour les mêmes départements en 2002 (1280 mort-nés), révèle que la situation des mort-nés ne s'est guère améliorée.

S'agissant des avortements, l'Atlantique et le Littoral réunis présentent les nombres les plus élevés. En 1995, on dénombrait 1.391 cas pour l'ensemble de ces départements contre 2242 en 2002 dont 865 cas pour l'Atlantique. Au plan national, ce nombre est estimé à 9.196 à cette même année.

La situation des avortements est peu reluisante dans l'Atlantique que dans les autres départements exceptés l'Atacora, le Couffo, le Plateau, la Donga, et le Mono dont les nombres d'avortement sont compris entre 371 et 647. La situation est très critique dans le Littoral (1377 cas en 2002).

Ce progrès relatif de l'Atlantique serait dû en partie aux considérations traditionnelles qui font de la conception de l'accouchement et de la vie de l'être humain, un objet sacré émanant de Dieu.

2.2.6 Les décès maternels

La situation de la mortalité maternelle dans l'Atlantique est relatée par les taux de décès maternel consignés dans le tableau n°7 suivant :

L'Atlantique, en 2002, enregistrait 56 décès pour 100.000 naissances vivantes contre 292 décès pour 100.000 naissances vivantes pour l'ensemble du pays.

Tableau n°7: Situation des mort-nés, des avortements et des décès maternels dans l'Atlantique comparée à celle des

autres départements entre 1995 et 2002

Départements

1995

2002

Nombrede mort nés

Nombre d'avorte-

Ments

Décès maternel

Taux de fréquentation

Des services de santé(%)

Nombre de mort - nés


Nombre d'avortements

Décès maternel

Taux de fréquentation

Des services de santé (%)

Nombre

Taux*

Nombre

Taux *

Atlantique

723

1.391

62

222

37,70

393

865

13

56

25

Littoral

887

1.377

132

601

52

Atacora

441

534

43

276

31,52

272

371

11

97

31

Donga

343

486

26

319

31

Borgou

676

1.140

41

208

36,57

673

881

52

295

37

Alibori

507

883

66

511

33

Mono

485

675

7

38

22,42

444

647

23

186

38

Couffo

355

439

10

69

24

Ouémé

758

1.017

72

249

41,12

846

895

94

365

48

Plateau

255

474

10

70

29

Zou

969

1.347

84

296

29,71

829

949

40

190

32

Collines

523

929

104

646

34

Bénin

4.180

6.242

327

233

33,92

6.337

9.196

581

292

35

Source : Annuaire des statistiques sanitaires, 2002

TBS, 1998 (p 53-55)

*ratio de mortalité pour 100.000 naissances.

Ce département présente à cette même année, le meilleur taux de décès maternel par rapport aux onze autres départements dont le taux varie de 69 à 646 décès pour 100.000 naissances vivantes. Cette performance réalisée par l'Atlantique serait rendue possible grâce aux différentes actions menées en matière de la santé de reproduction dont la maternité à moindre risque et l'éducation à la vie familiale et la parenté responsable en sont les outils.

La maternité à moindre risque suppose des consultations prénatales et post-natales, des accouchements assistés par un personnel qualifié puis la référence des grossesses à moindre risque. Le tableau n°8 présente la situation des consultations dans l'Atlantique depuis 1993.

Tableau n°8: Evolution des femmes enceintes vues en consultations prénatales

(CPR) et des femmes ayant accouchés vues en consultations post- natale (CPO) en %.

 

Indicateurs

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Atlantique

CPR

76

68

67

64

69,6

63,7

88,4

80,2

91,1

68,7

CPO

22

21

25

26

28,6

31,5

37,5

77,8

66

47,5

Bénin

CPR

69

70

69

67

68,1

68

84,5

86,7

90

76,5

CPO

24

27

31

32

34,1

34,8

41,3

43,0

41,7

34,5

Source : Tableau de Bord Social, 2000 (p. 73)

Annuaires sanitaires 2000,2001,2002

Le nombre de femmes vues en consultation prénatale dans l'Atlantique diminue au file des années en passant de 76% en 1993 à 63,7% en 1998 avant d'atteindre 91,1% en 2001 contre 90% pour le Bénin à la même année. Ce nombre oscille autour de 68% entre 1993 et 1998 pour l'ensemble du pays. En 2002, il est de 68,70% dans l'Atlantique et de 76,5% sur le plan national.

Après délivrance, on assiste à une augmentation progressive du nombre de femmes vues en consultation dans l'Atlantique. Ce nombre passe de 22 femmes sur 100 en 1993 à 78 femmes sur 100 en 2000 contre 24 femmes sur 100 pour le Bénin en 1993

et 43 femmes sur 100 en 2000. En 2002, ce taux est de 47,5% dans l'Atlantique et de 34,5% pour le Bénin comme le montre le graphique n°3 ci-après :

Source :Nos propres investigations à des données du TBS(2000) et des statistiques

sanitaires(2000,2001,2002)

2.2.7 Accès aux services de santé

Selon les données du tableau n°9a, 21 personnes sur 100 fréquentent en 1992, les centres de santé dans les départements de l'Atlantique et du Littoral réunis.

En 2002, le taux de fréquentation des services de santé dans ces départements était de 37,20% contre 35% au niveau national. Avec ce taux de 37,20%, l'Atlantique /Littoral occupait la 2ème position derrière le département de l'Ouémé/Plateau, dont le taux est de 41,14%. Les autres départements ont des taux compris entre 29,70% et 35,33%.

Tableau n°9a : Evolution du taux de fréquentation des centres de santé dans

l'Atlantique entre 1992 et 2002 (en%)

Départements

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Atlantique/Littoral

21,2

26,47

30,56

37,70

56

56

56

33

35,93

35,51

37,2

Atacora/Donga

20,77

21,93

26,29

31,52

41

41

41

28

29,60

30,5

31

Borgou/Alibori

27,37

26,70

35,56

36,57

44

44

44

36

35,57

43,31

35,33

Mono/Couffo

16,51

21,14

22,95

22,42

28

28

28

27

24,41

24,9

29,70

Ouémé/Plateau

27,49

28,57

37,49

41,12

48

48

48

37

37,77

45,98

41,14

Zou/Collines

15,13

22,61

24,5

29,71

40

40

40

40

38,82

33,25

32,94

Bénin

21,73

25,12

30,01

33,92

44

44

44

34

34

36

35

Source : Tableau de Bord Social, 1998 (p55)

Tableau de Bord social, 2000 (p 66)

Annuaire statistique sanitaire 2002 et nos propres estimations

Une analyse année, par année révèle que le taux de fréquentation dans l'Atlantique a progressé sur les cinq premières années depuis 1992 avant de se stabiliser autour de 56 % entre 1996 et 1998 pour chuter à 33% en 1999. La tendance est la même pour tous les autres départements et l'ensemble du pays à l'exception des départements du Zou/Collines où le taux s'est stabilisé autour de 40% entre 1996 et 1999.

Cette réalité dans le département de l'Atlantique est traduite par le graphique n°4 qui retrace aussi l'évolution des taux au niveau national. L'évolution progressive des taux de fréquentation des services de santé dans l'Atlantique, témoigne de l'importance non négligeable accordée par les populations de ce département, aux pratiques de la médecine moderne entre 1992 et fin 1998.

Source : Nos propres investigations à des données du TBS'(1998-2000) et sanitaires(2000,2001 ,2002)

Cette importance accordée aux services de santé demeure inchangée de 1996 à 1998 avant de connaître une régression due certainement à un désintéressement des populations aux soins sanitaires modernes, au profit de la pratique de l'automédication qui ne serait qu'une implication logique de la pauvreté. Ceci a été confirmé par les résultats de nos enquêtes qui ont révélé que 19% des populations continuent d'avoir recours à l'automédication.

Une comparaison des différents taux de l'Atlantique avec ceux de l'ensemble du pays confère à ce département une meilleure position par rapport au Bénin.

Dans l'Atlantique rural, 43% (ECVRII,1999-2000) des membres des ménages ont recours aux services de la médecine moderne contre 1% pour celle traditionnelle en cas de maladie contrairement à la pensée selon laquelle la plupart des populations ont recours aux pratiques de la médecine traditionnelle en cas de maladie.

Par ailleurs, il faut signaler que le développement du secteur sanitaire s'appuie non seulement sur les formations sanitaires (FS), mais aussi et surtout sur les prestations d'un personnel important . Le tableau n°9b suivant présente la situation des différents indicateurs socio-sanitaires dans l'Atlantique en 2002 :

Tableau n°9b : Indicateurs socio-sanitaires en 2002 dans l'Atlantique

Départements

Indicateurs socio-sanitaires

Nbre d'hbts/F.S

Nbre d'hbts/Médecin

Nbre d'hbts/Infirmier

Nbre de FAP/Sage- Femme

Atlantique

4.633

8.351

2.578

997

Littoral

2.801

1.274

943

572

Atacora

8.284

23.888

3.924

3.289

Donga

10.002

58.652

8.379

4.109

Borgou

4.914

14.779

2.162

2.503

Alibori

7.930

40.084

3.277

4.586

Ouémé

3.900

8.030

2.106

1.146

Plateau

5.219

20.356

4.285

2.632

Mono

6.667

11.251

2.590

7.348

Couffo

8266

26.229

3.974

6.956

Zou

5.504

13.636

3.015

1.978

Collines

6.699

23.301

3.152

3.191

Bénin

5.416

7.210

2.440

1.555

FS = Formation Sanitaire ; FAP = Femme en Age de Procréer

Source : Annuaire Sanitaire,2002 (P26-27)

Selon les données de ce tableau, l'Atlantique et le Littoral enregistrent un meilleur ratio (Nbre d'hbts/FS) soit respectivement 4633 habitants et 2801 habitants par rapport aux autres départements et à la moyenne nationale qui est de 5416 hbts/FS.

Les départements de l'Atlantique et du Littoral à côté de celui de l'Ouémé, présentent un ratio (Nbre d'hbts/Médecin) relativement meilleur (moins de 10.000 hbts/Médecin) en 2002 par rapport aux départements de la Donga, de l'Alibori, du Couffo, de l'Atacora, des Collines et du Plateau dont les ratios sont supérieurs à 20.000 hbts/Médecin. La moyenne nationale est de 7.210 hbts/Médecin.

En ce qui concerne le nombre d'habitants par infirmier, il est observé une certaine homogénéité sauf dans le département de la Donga où il est noté une valeur de 8.379

habitants par infirmier. La situation du nombre de femmes en âge de procréer par sage-femme est acceptable dans l'Atlantique et le Littoral (997 et 572 FAP/sage-femme). Le Mono, le Couffo, et l'Alibori sont les départements qui ont plus de déficit en sages-femmes.

Au total, les autorités locales et centrales doivent faire de la politique de recrutement du personnel sanitaire, l'une de leur priorité car si rien n'est fait, dans quelques années, on risque de voir les formations sanitaires non fonctionnelles, faute de personnel qualifié. Il se pose alors le problème de sous-emploi dont est victime la population active car le constat révèle que ce n'est pas la main-d'oeuvre qualifiée qui fait défaut mais plutôt la politique d'insertion des diplômés.

L'analyse de la situation sanitaire de l'Atlantique, dans sa globalité est reluisante par rapport aux autres départements. Toutefois des efforts restent à fournir pour assurer aux populations de ce département des conditions sanitaires satisfaisantes.

2.3 Le niveau d'éducation dans le département de l'Atlantique

2.3.1 Appréciation de l'accès à l'éducation

Comme l'indique le tableau n°10 ,le taux brut de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans dans l'Atlantique rural varie selon le sexe et la catégorie socio-économique des ménages.

Tableau n°10: Taux brut de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des

ménages ruraux de l'Atlantique (en pourcentage)

Département

Catégorie socio-économique

Sexe

Ensemble

Féminin

Masculin

Atlantique

Pauvres

39,3

69,7

56,1

Vulnérables

45,2

67,9

57,9

Non-pauvres

56,5

71,9

65,5

Ensemble

43,5

69,6

58,0

Bénin

Pauvres

34,5

47,4

41,5

Vulnérables

36,0

48,7

43,4

Non-pauvres

33,0

52,0

42,9

Ensemble

34,4

49,2

42,0

Source : ECVRII, 1999-2000 (p.53)

Au niveau des enfants de sexe féminin, ce taux est de 43,5% contre une proportion de 69,6% pour les garçons. Ce taux, pour l'ensemble des milieux ruraux au Bénin, est de 42,0% contre 58% pour l'Atlantique rural.

Par ailleurs, une analyse socio-économique révèle que les enfants issus des ménages pauvres sont les moins scolarisés (56,1% contre 57,9% pour les vulnérables et 65,5% pour les non-pauvres). Il existe donc une corrélation entre la scolarisation des enfants surtout celle des jeunes filles et le niveau de pauvreté des ménages dont ils sont issus.

Selon l'ECVRII, (1999-2000) les principales raisons évoquées pour expliquer la faible scolarisation des enfants de cette tranche d'âge sont entre autres, l'âge des enfants jugé insuffisant par 27 ménages sur 100 interrogés et le coût jugé trop élevé avancé par la même proportion de ménages.

Sur 100 ménages interrogés, 10 pensent que les enfants doivent nécessairement les aider dans leurs travaux quotidiens. Ces raisons énumérées témoignent de l'ignorance de la plupart des ménages en matière de réglementation et de l'importance de la scolarisation des enfants dans le processus de développement de l'Atlantique.

Quoiqu'on dise, l'Atlantique présente une meilleure situation par rapport à l'ensemble du pays où le taux de scolarisation des filles est très faible (34%contre

49, 8% pour les garçons).

2.3.2. Le niveau d'instruction dans l'Atlantique

La situation du niveau d'instruction dans l'Atlantique est traduite dans le tableau

n°11. Ce tableau présente les différents niveaux atteints par les populations de ce département en 1996 et en 2001.

En 1996, la proportion des femmes n'ayant reçu aucune éducation formelle est estimée à 51% ; chez les hommes, cette proportion n'est que de 23%.

En 2001, 62% des femmes et 34% des hommes sont sans niveau. La situation est pareille pour l'ensemble du pays où la moyenne nationale en 2001 pour les femmes est de 63% contre 71% en 1996 nonobstant les nombreuses dispositions prises par le gouvernement pour encourager l'instruction des filles.

Par ailleurs, en 1996, 34% de femmes et 46% d'hommes ont le niveau primaire contre respectivement 30% et 51% en 2001 comme l'indique le tableau n°11 ci-après :

Tableau n°11 : Evolution du niveau d'instruction de la population des ménages de

l'Atlantique selon le sexe entre 1996 et 2001 (en pourcentage)

Département

Années

Aucun niveau

Niveau primaire

Niveau secondaire et plus

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

Atlantique

1996

23,2

50,9

46,2

33,5

28,0

14,1

2001

33,5

61,5

50,5

30,3

15,1

7,3

Bénin

1996

46,7

71,3

39,5

22,2

12,5

5,4

2001

40,1

63,1

42,6

28,1

16,4

8,2

Source : EDSBI, 1996

EDSBII, 2001

La proportion des femmes ayant le niveau secondaire et plus ne cesse de décroître. Ainsi, cette proportion passe de 14% en 1996 à 7% en 2001. Chez les hommes, on note également une régression qui se traduit par une proportion de 28% en 1996 et de 15% en 2001, pour le niveau secondaire et plus. Par contre, au plan national, on note une progression ; soit 12,5% en 1996 pour les hommes contre 5,4% chez les femmes. En 2001, cette proportion est de 16,4% et de 8,2% respectivement pour les sexes masculin et féminin.

Le recul du niveau d'instruction généralement constaté dans l'Atlantique et particulièrement celui des femmes pose l'éternel problème de la faible scolarisation des filles malgré la gratuité de l'enseignement primaire dans les zones rurales.

Une politique de sensibilisation doit être alors élaborée pour encourager l'inscription des filles surtout dans les milieux ruraux.

La situation du niveau d'instruction dans l'Atlantique rural, comme le traduit le tableau n°12, en 2000, varie suivant le sexe et la catégorie socio-économique des ménages.

Selon les données de ce tableau, seuls 29% des membres des ménages ruraux ont le niveau primaire, 4% ont au moins le niveau secondaire. La proportion des membres des ménages n'ayant reçu aucune éducation formelle est estimée à 66 % et sont considérés de ce fait comme analphabètes. Cette situation est plus accentuée chez les femmes où près de 79 femmes sur 100 n'ont reçu aucune instruction contre 52 hommes sur100. En 2000, seulement 21% des femmes rurales sont instruites contre 48% au niveau des hommes. Cette tendance est la même pour l'ensemble du pays où seulement 20% des femmes et 39% des hommes sont instruits.

Ces écarts de niveau d'instruction observés entre les femmes et les hommes de l'Atlantique rural, sont les conséquences des mariages précoces dont sont victimes la plupart de nos jeunes soeurs et la conception que certains parents font de la scolarisation des filles. Pour ces parents, l'investissement dans l'instruction de la femme profite uniquement à la famille du futur marié.

Par ailleurs, une analyse suivant la catégorie socio-économique du monde rural de l'Atlantique révèle que les pauvres sont plus instruits que les non-pauvres. En effet, 51% des membres des ménages pauvres ont fréquenté l'école primaire, 61% ont un niveau secondaire et 50% un niveau supérieur contre respectivement 18% et 12% des membres des ménages non pauvres, pour le niveau primaire et secondaire.

Quant aux ménages vulnérables, seuls 30% ont un niveau primaire, 27% un niveau secondaire et 50% un niveau supérieur. Ce paradoxe réside dans le fait que la plupart des membres des ménages pauvres accordent plus d'importance à l'école et y voient un moyen d'amélioration de leurs conditions de vie.

Tableau n°12 : Niveau d'instruction des membres des ménages ruraux selon le sexe et la catégorie socio-économique

Région

Aucune éducation formelle

Alphabétisation fonctionnelle

Alphabétisation en arabe

Niveau primaire

Niveau secondaire

Niveau supérieur

M

F

T

M

F

T

M

F

T

M

F

T

M

F

T

M

F

T

Atlantique (%)

51,6

78,9

65,6

2,8

0,9

1,8

0,2

0,0

0,1

38,6

19,2

28,6

6,7

0,9

3,7

0,2

0,2

0,2

Atlantique

Rural

Non

Pauvre

-

-

-

-

-

-

-

-

-

16,3

22,0

18,2

11,1

20,0

12,2

-

-

-

Vulnérables

-

-

-

-

-

 

-

-

-

29,2

30,3

29,6

30,6

-

26,8

100,0

-

50,0

Pauvres

-

-

-

-

-

-

-

-

-

54,5

47,7

52,2

58,3

80,0

61,0

-

100,0

50,0

Bénin

60,6

80,4

70,5

1,7

0,7

1,2

2,1

0,8

1,4

30,0

16,5

23,3

5 ,4

1,4

3,4

0,2

0,1

0,2

Source : ECVR II,1999-2000 (p 53)

2.3.3 Appréciation du niveau de scolarisation

Un indicateur, non moins important, du développement humain est le taux brut de scolarisation. Ce taux, comparé au taux net de scolarisation permet de faire ressortir les disparités au niveau de l'âge de fréquentation aux différentes échelles de l'enseignement. Pour mieux appréhender le dynamisme de ce taux brut dans l'Atlantique/Littoral, nous nous intéresserons à son étude sur la période allant de 1993 à 2001. Le tableau n°13 traduit les différents taux de scolarisation au niveau de chaque département et pour l'ensemble du pays.

Selon les données de ce tableau, le taux brut de scolarisation de l'enseignement primaire dans l'Atlantique/littoral est en 1993, d'environ 88%. Ce taux place ces départements au premier rang par rapport aux autres départements dont les taux bruts de scolarisation sont compris entre 35% et 62%.

En 2001,ce taux est estimé à 103% ; ce qui confère à ces départements toujours la meilleure position dans l'ensemble du pays. A cette même année, ces taux étaient de 118,5% pour les garçons et 87,3% pour les filles contre des moyennes nationales respectives de 92% et 66%.

Tableau n°13: Evolution dans l'Atlantique des taux brut et net de scolarisation

de l'enseignement primaire comparés à ceux des autres départements

Départements

Sexe

1993

2001

Taux brut

Taux net

Taux brut

Taux net

Atlantique/

Littoral

Masculin

104,0

80,10

118,5

78,9

Féminin

71,05

53,82

87,3

62,3

Total

87,86

67,06

102,9

70,6

Atacora/

Donga

Masculin

52,46

44,78

65,2

42,4

Féminin

24,48

21,39

45,6

31,9

Total

39,42

33,88

56,0

37,5

Borgou/

Alibori

Masculin

43,47

34,69

68,8

49,9

Féminin

25,73

20,63

53,0

40,7

Total

35,03

28,01

61,2

45,5

Mono/

Couffo

Masculin

81,61

70,06

111,4

62,5

Féminin

34,10

29,56

71,7

42,4

Total

59,41

51,13

93,1

53,2

Ouémé/

Plateau

Masculin

94,29

73,10

108,4

70,1

Féminin

51,01

39,15

72,5

52,2

Total

73,64

56,91

91,1

61,5

Zou/

Collines

Masculin

79,56

64,59

86,2

56,8

Féminin

42,85

35,38

62,9

45,8

Total

61,93

50,56

74,8

51,5

Bénin

Masculin

77,01

61,77

92,0

59,9

Féminin

43,37

34,54

65,6

46,5

Total

60,92

48,75

79,3

53,5

Source :TBS, 1998 (p.95)

EDSB II ,2001 (p.20)

Avec le Mono/Couffo et l'Ouémé/Plateau, l'Atlantique/Littoral font partie, en 2001, du groupe de départements dont les performances en matière de scolarisation sont en dessus de la moyenne nationale qui était de 79,3% à cette même année.

Toutefois, beaucoup d'efforts restent à déployer pour corriger les énormes disparités observées dans ce département au niveau des sexes comme l'illustre le graphique ci-après :

Source : Nos propres investigations à partir des données du TBS(1998) et de l'EDSB(2001)

Ce graphique montre que les filles sont très peu scolarisées avec un taux brut de

fréquentation largement en dessous de la moyenne départementale sur toute la

période allant de 1993 à 2001.

Il convient donc que les autorités locales prennent des dispositions permettant de renforcer la sensibilisation des parents sur l'inscription des jeunes filles à l'école car cette grande proportion des filles sans instruction constitue une menace pour le développement du département. En effet, la femme constitue la pièce maîtresse du processus de développement et de ce fait doit être dotée d'une capacité intellectuelle assez soutenue.

Ces disparités sont également à noter à l'intérieur même du département de l'Atlantique. Le tableau n°14 permet d'appréhender le taux brut de scolarisation dans les diverses communes de ce département.

Tableau n°14 : Evolution par commune et par sexe des taux bruts de scolarisation

de l'enseignement primaire dans l'Atlantique au cours de l'année

scolaire 1998-1999

Communes

Population de 6-11ans

Masculin

Féminin

Effectif total

Taux brut de scolarisation

(%)

Effectif

Taux * (%)

Effectif

Taux *(%)

Abomey-calavi

30.892

21.298

68,94

16.632

53,84

37.930

122,78

Allada

18.015

8.846

49,10

5.834

32,39

14.680

81,49

Kpomassè

12.624

7.088

56,14

3.806

30,16

10.894

86,30

Ouidah

15.004

8.863

59,07

6.310

40,20

14.894

99,27

Sô-Ava

15.481

4.554

29,42

2.000

12,92

6.554

42,34

Toffo

14.336

7.423

51,78

4.171

29,09

11.594

80,87

Tori-Bossito

9.137

4.835

52,92

2.663

29,14

7.498

82,06

12.845

6.506

50,65

3.170

24,68

9.676

75,33

Atlantique

240.762

116.344

48,32

86.945

36,12

203.289

84,44

Source : Tableau de Bord Social, 2000 (p.101)

* Nos propres calculs, septembre 2003

Selon les données de ce tableau, en 1999, la commune de Sô-Ava a enregistré le taux brut de scolarisation le plus faible du département (42,34%). Cette commune présente, à cette même année, une grande discrimination entre les garçons et les filles en matière de scolarisation. Pendant que les garçons y sont scolarisés à 29,42%, les filles ne le sont qu'à 12,92%. Ce taux de scolarisation des filles représente le plus faible de tout le département.

La commune de Calavi, quant à elle, a réalisé la plus grande performance parmi toutes les autres communes du département, tant au niveau des garçons (68,94%) qu'au niveau des filles (53,84%), avec un taux global de 122,78%. Les taux bruts de scolarisation des autres communes varient de 49,10% à 59,10% pour les garçons, de 24,48% à 40,20% pour les filles et globalement de 75,33% à 99,27%.

La relative performance de l'Atlantique par rapport au taux brut cache cependant des disparités au niveau de l'âge lorsque l'on procède à une analyse du taux net de scolarisation. Ce taux net estimé à 67,06% en 1993, inférieur à celui brut (87,86%) à la même année, vient confirmer le constat selon lequel les ménages de l'Atlantique jugent trop insuffisant la tranche d'âge de 6-11ans recommandée à l'enseignement primaire. La situation est pareille en 2001 où le taux net de scolarisation était de 70,6% contre un taux brut de 102,9%.

Un moyen pour corriger ces énormes disparités enregistrées est l'alphabétisation.

2.3.4 Le niveau d'alphabétisation

Eu égard aux nombreux problèmes d'instruction auxquels sont exposées les populations de l'Atlantique, la politique d'alphabétisation est la plus efficiente qui puisse leur assurer un niveau de compréhension et une accessibilité aux informations utiles pour un développement harmonieux. Le tableau n°15 traduit bien l'évolution du taux brut d'alphabétisation dans ce département.

Tableau n°15 : Situation du taux brut d'alphabétisation dans l'Atlantique comparé

à celui des autres départements du Bénin entre 1994 et 2002

Départements

Sexe

1994

Rang

2002

Rang

Nombre

Taux*

Nombre

Taux

Atlantique/

Littoral

Total

1670

51,81

4

2492

71,20

5

Masculin

1214

62,77

1435

76,00

Féminin

456

35,37

1057

65,70

Atacora / Donga

Total

2910

35,90

6

4386

64,10

6

Masculin

2330

55,16

3266

67,20

Féminin

580

14,94

1120

56,40

Borgou/

Alibori

Total

4367

67,87

1

7840

83,00

2

Masculin

3602

70,34

5220

85,30

Féminin

765

58,26

2620

78,70

Mono/

Couffo

Total

2817

65,57

3

8276

82,20

3

Masculin

2199

69,02

4242

83,80

Féminin

618

55,67

4034

80,50

Ouémé/

Plateau

Total

1266

46,42

5

4499

77,90

4

Masculin

855

55,37

1921

76,80

Féminin

411

34,74

2578

78,70

Zou/

Collines

Total

5166

66,63

2

7590

85,10

1

Masculin

3585

73,01

3564

88,30

Féminin

1581

55,61

4026

82,40

Bénin

Total

18.196

55,92

-

35083

78,70

-

Masculin

13.785

65,89

19648

80,40

Féminin

4.411

37,96

15435

76,80

Source : Tableau de Bord Social, 1998 (p.128)

* Nos propres calculs, septembre 2003

MCPPD/DGCED, Rapport 2002 (p.23)

Selon les données de ce tableau, le département de l'Atlantique/Littoral fait partie des départements présentant les plus faibles taux d'alphabétisation du pays.

En 1994, le taux brut d'alphabétisation dans l'Atlantique/Littoral était de 51,81% ; ce qui les classe au 4ème rang derrière les départements du Borgou/Alibori, du Zou/Collines ; et du Mono/Couffo qui affichent des taux respectifs de 67,87% ; 66,63% et 65,57%. La moyenne nationale à cette même année était estimée à 55,92%.

La situation est peu reluisante, dans le département de l'Atlantique/Littoral, en 2002, où le taux brut d'alphabétisation était de 71,20% contre une moyenne nationale de 78,70%. Ce taux brut d'alphabétisation le place en avant dernière position par rapport aux autres départements dont les taux sont compris entre 64,10% et 85,10%.

Soulignons par ailleurs que d'énormes disparités sont à noter entre les hommes et les femmes. Environ une femme, dans l'Atlantique/Littoral est alphabétisée pour trois hommes en 1994 contre une femme pour un homme dans le Borgou/Alibori à la même année. En 2002, seulement 66 femmes contre 76 hommes sur 100 sont alphabétisées. Cette situation risque d'être contraignante pour la promotion de la femme et notamment de la femme rurale ; laquelle promotion est absolument nécessaire pour le processus de développement humain de l'Atlantique.

Les niveaux d'instruction, de scolarisation et d'alphabétisation relevés précédemment révèlent le déficit en éducation qui caractérise le département de l'Atlantique. Des actions méritent donc d'être mises en oeuvre très rapidement au plan social, institutionnel, politique et économique en vue d'améliorer les différents indicateurs dans la perspective d'un développement humain durable dans l'Atlantique.

2.4 La sécurité alimentaire

2.4.1 La production vivrière

2.4.1.1 La production globale en 2001

Le maïs, le manioc, l'arachide et le niébé sont les principaux produits vivriers cultivés dans le département de l'Atlantique. Le tableau n°16 ci-après retrace la situation de ces cultures dans le département en 2001.

Tableau n°16 : Réalisation des diverses cultures vivrières

dans l'Atlantique en 2001.

Produits

Variables

Maïs

Manioc

Arachide

Niébé

Production (tonne)

97.512

392.438

3.057

2.685

Superficie (ha)

102.942

40.993

5.183

5.478

Rendement (t/ha)

947

9.573

590

490

Source : Annuaire statistique, campagne : 1999-2000(MAEP 2002)

* Les céréales constituées uniquement du maïs ont été cultivés sur 102.942 ha, donnant ainsi une production de 97.512 tonnes soit un rendement de 947 tonnes à l'hectare.

* Le manioc a nécessité 40.993 ha. La production de cette racine a été de 392.438 tonnes. C'est le produit dont le rendement à l'hectare est le meilleur (9.573 tonnes/ha).

* Les légumineuses (arachide et niébé), quant à elles sont cultivées sur près de 10.661 ha pour une production de 5.742 tonnes.

Par rapport à l'année 2000, le département de l'Atlantique a enregistré pour les emblavures, le taux d'accroissement de (-6,51%) dont (-9,35%) pour le maïs,

(-0,46%) pour le manioc, (+1,107%) pour le niébé et (-7,11%) pour l'arachide.

Pour les quantités produites, ces taux sont de (-21,56%) pour les céréales,

de (-4,83%) pour le manioc, de (-29,14%) pour le niébé et de (-22,33%) pour l'arachide.

Les emblavures et les productions obtenues pour les produits vivriers en 2001 ne sont pas meilleures à celles de l'année 2000.

2.4.1.2 Evolution des prix relatifs des cultures vivrières par rapport

aux cultures d'exportation du département

Le tableau n°17 ci-après indique l'évolution des prix relatifs de Laspeyres appliqués aux vivriers (maïs, manioc, arachide) et aux produits d'exportation (ananas) dans le département de l'Atlantique. Le processus d'élaboration de ce tableau est présenté en annexe 2.

Tableau n°17 : Evolution des indices pondérés de prix de Laspeyres appliqués

aux produits vivriers et à l'ananas

Années

Indice de prix de Laspeyres

Prix relatif

Produits vivriers

Ananas

2000

106,6

106,6

1,00

2001

152,4

103,3

0,67

2002

146,8

106,6

0,72

Source : Nos propres estimations, Septembre 2003

Les indices de prix de Laspeyres sont calculés en considérant l'année 1999 comme année de référence ; ceci parce que le relevé de prix de l'ananas l'impose.

La tendance générale associée aux prix relatifs ananas/vivriers dans le département de l'Atlantique est à la baisse sur la période allant de 2000 à 2002. Le niveau général des prix des produits vivriers a donc évolué plus vite que celui de l'ananas. Quels sont alors les effets de cette évolution sur les superficies emblavées en productions vivrières dans ce département ?

2.4.1.3 Tendances des rendements de cultures vivrières dans l'Atlantique.

L'analyse du tableau n°18 ci-après et le graphique n°6 montre que les rendements du maïs se sont accrus légèrement entre 1996 et 1998 avant de décroître et de recroître avec l'évolution des superficies cultivées. Le manioc connaît une dynamique fortement contrastée : sur la période allant de 1996 à 1998, les rendements sont croissants et le taux d'accroissement est estimé à 39,96%. Le rendement de cette culture ne dépend pas tellement des superficies cultivées.

La tendance est la même pour l'arachide à la différence que le rendement de cette légumineuse est faible et elle est peu cultivée compte tenu des superficies emblavées.

Le niébé est le produit vivrier qui a connu le plus mauvais rendement malgré la croissance relative des terres cultivées.

La situation des rendements de ces différentes cultures permet de se poser des questions sur les performances des réformes économiques engagées pendant cette sous-période.

Tableau n°18 : Evolution des superficies (ha) et des rendements (t/ha) des

cultures vivrières dans l'Atlantique.

Produits

Années

Variables

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Maïs

Superficie

91.324

89.300

111.969

102.513

113.564

102.942

Rendement

967

1003

1096

849

1095

947

Manioc

Superficie

24.376

28.691

33.006

36.511

40.806

40.993

Rendement

7.427

9.452

10.395

9.566

10.106

9.573

Arachide

Superficie

6.316

5.407

6.378

5.820

5.580

5.183

Rendement

504

634

620

515

705

590

Niébé

Superficie

3.780

4.430

5.368

4.172

5.418

5.478

Rendement

676

639

495

291

699

490

Source : Annuaire statistique, campagne 1999-2000 (MAEP 2002)

Graphique n°6 : Evolution des rendements et des superficies des produits vivriers cultivés

dans l'Atlantique

Source : Nos propres investigations à partir des données du MAEP(2002)

Au total, cette tendance difficile à caractériser des rendements, corrobore les résultats selon lesquels l'accroissement de la production agricole ces dix dernières années est plus lié à l'extension des surfaces cultivées qu'à l'amélioration de la productivité des autres facteurs.

Ce constat fragilise la situation alimentaire du département et porte ainsi une entorse aux déclarations des personnes enquêtées dont 52% estiment jouir d'une autosuffisance alimentaire. Encore faudrait-il remarquer que parmi ces 52%, certaines personnes ne sont satisfaites de ce qu'elles mangent qu'à certains moments de l'année.

Parmi les 48% des personnes qui prétendent ne pas jouir d'une autosuffisance alimentaire, 50% d'entre elles pensent que ce problème se pose parce que les activités ne sont pas rentables ; 26% estiment que les marchés n'existent pas pour faire écouler les biens produits et enfin 24% posent le problème en terme d'insuffisance de revenu.

Au delà des raisons évoquées pour expliquer l'insuffisance alimentaire, il faut signaler que le département souffre de la non diversification des produits et surtout de la mécanisation de l'agriculture qui jusque là n'est pas encore une réalité.

2.4.2 Les niveaux de demande des produits agricoles ou agro-

pastoraux

S'agissant de la demande des produits, on distingue trois niveaux importants dans l'Atlantique. Les produits font l'objet soit d'une demande locale, soit d'une demande nationale et parfois d'une demande transfrontalière. Nos enquêtes sur le terrain nous ont permis de recenser la force de la demande à ces trois niveaux.

Le tableau n°19 ci-après présente les diverses situations dans le département :

Tableau n°19 : Flux de la demande des produits agricoles et agro-pastorales dans

l'Atlantique.

Produits

Niveaux de la demande

Local

National

Transfrontalier

Maïs

4

2

1

Riz

3

0

0

Manioc et produits dérivés

4

3

2

Haricot

3

1

0

Arachide

2

1

0

Produits maraîchers

4

3

2

Ananas

2

3

2

Patate douce

2

2

1

Poisson

3

3

2

Force de la demande

4 = très forte ; 3 = forte ; 2 = moyenne ; 1 = faible ; 0 = nulle

Source : Résultats de nos enquêtes, septembre 2003.

Ce tableau indique que le maïs, le manioc et ses dérivés et les produits maraîchers font l'objet d'une très forte demande sur les marchés locaux de l'Atlantique surtout le maïs frais, le gari et les tomates fraîches. Le riz et le haricot (qui connaissent une production timide) sont fortement demandés par les populations du département de même que le poisson. Les autres produits (arachide, ananas, patate douce) sont moyennement demandés.

Au plan national, le marché est fortement demandeur pour le manioc et ses dérivés ; les produits maraîchers, le poisson et l'ananas ; moyennement demandeur pour le maïs et la patate douce ; faiblement demandeur pour l'arachide et le haricot. Le riz quant à lui ne fait l'objet d'aucune demande.

La demande transfrontalière est moyenne pour le manioc et ses dérivés, les produits maraîchers, l'ananas et le poisson, faible pour le maïs et la patate douce. Le riz, l'arachide et le haricot ne font pas l'objet de demande.

En somme, les ménages de l'Atlantique, préfèrent le maïs, le riz, le manioc et ses dérivés, le haricot et en font leur base alimentaire. Les produits halieutiques sont également consommés.

2.4.3 Le bilan vivrier

Les productions obtenues au cours de la campagne 2000-2001, ramenées à la population de l'Atlantique en 2002 identifiée par le RGPH3, nous permettent de dégager les soldes vivriers consignés dans les tableaux n°20, 21 et 22

Tableau n°20: Bilan vivrier des céréales dans l'Atlantique

Bilan vivrier du Maïs

Communes

Normes de consommation

Par tête par Kg (ONASA,2002)

Population de Février 2002(RGPH3-INSAE)

Consom-mation

en tonne (2001)

Production disponible en tonne (MAEP,2002)

Production utile

Solde vivrier

% *

Tonne

Calavi

133

311.672

41.452

17.501

80

14.001

- 27.451

Allada

136

91.063

12.385

8.349

80

6.679

- 5.706

Kpomassè

133

57.639

7.666

16.775

80

13.420

+ 5754

Ouidah

133

77.632

10.325

5.983

80

4.786

- 5.539

Sô-Ava

133

76.817

10.217

793

80

634

- 9583

Toffo

133

74.235

9.873

21.623

80

17.298

+ 7.425

Tori-Bossito

133

44.473

5.915

3.458

80

2.766

- 3149

136

72.455

9.854

23.030

80

18.424

+ 8570

Atlantique

-

805.986

107.689

97.512

80

78.010

- 29.679

Source : Nos propres estimations, Septembre 2003

* ONASA (2002)

Tableau n°21: Bilan vivrier des tubercules et racines dans l'Atlantique

Bilan vivrier du manioc

Communes

Normes de consommation

Par tête par Kg(ONASA,2002)

Population de Février 2002(RGPH3-INSAE)

Consom-
Mation

en tonne (2001)

Production disponible en tonne (MAEP,2002)

Production utile

Solde vivrier

% *

Tonne

Calavi

129

311.672

40.206

58.761

90

52.885

+ 12.679

Allada

92

91.063

8.378

19.028

90

17.125

+ 8.749

Kpomassè

129

57.639

7.435

89.230

90

80.307

+ 72.878

Ouidah

129

77.632

10.015

7.968

90

7.171

- 2.844

Sô-Ava

129

76.817

9.909

1.818

90

1636

- 8.273

Toffo

92

74.235

6.830

120.849

90

108.764

+ 101.934

Tori-Bossito

129

44.473

5.735

22.000

90

19.800

+ 14.063

92

72.455

6.666

72.484

90

65.506

+ 58.848

Atlantique

-

805.986

95.176

392.438

90

353.194

+ 258.018

Source : Nos propres estimations, septembre 2003

* ONASA (2002)

Tableau n°22: Bilan vivrier des légumineuses dans l'Atlantique

Bilan vivrier de l'arachide

Communes

Normes de consommation

Par tête par Kg (ONASA,2002)

Population de février 2002(RGPH3-INSAE)

Consom-
Mation

en tonne (2001)

Production disponible en tonne (MAEP,2002)

Production utile

Solde vivrier

% *

Tonne

Calavi

3

311.672

935

1.273

50

637

- 298

Allada

7

91.063

637

39

50

20

- 617

Kpomassè

3

57.639

173

501

50

251

+ 78

Ouidah

3

77.632

233

241

50

121

- 112

Sô-Ava

3

76.817

230

255

50

128

- 102

Toffo

7

74.235

520

122

50

61

- 459

Tori-Bossito

3

44.473

133

34

50

17

- 116

7

72.455

507

592

50

296

- 211

Atlantique

-

805.986

3.368

3.057

50

1.529

- 1839

Bilan vivrier du niébé

Communes

Normes de consommation

Par tête par Kg (ONASA,2002)

Population de février 2002(RGPH3-INSAE)

Consom-
Mation

En tonne(2001)

Production disponible en tonne

(MAEP,2002)

Production utile

Solde vivrier

% *

Tonne

Calavi

3

311.672

935

1.264

70

885

- 50

Allada

7

91.063

637

28

70

420

- 617

Kpomassè

3

57.639

173

146

70

102

- 71

Ouidah

3

77.632

233

133

70

93

- 140

Sô-Ava

3

76.817

230

185

70

130

- 100

Toffo

7

74.235

520

58

70

41

- 479

Tori-Bossito

3

44.473

133

48

70

34

- 99

7

72.455

507

823

70

576

+ 69

Atlantique

 

805.986

3.368

2.685

70

1.880

- 1.488

Source : Nos propres estimations, septembre 2003

* ONASA (2002)

Selon les données de ces tableaux, le bilan vivrier du maïs est déficitaire et est estimé à (-29.679) tonnes. Seules les communes de Kpomassè, de Toffo et de Zè ont dégagé un solde excédentaire. La commune d'Abomey-Calavi contribue à près de 93% au déficit global et constitue de ce fait la plus grande poche de déficit en maïs suivie de la commune de Sô-Ava dont le solde est de (- 9.583 ) tonnes.

Deux causes expliquent ce déficit : il y a d'une part la qualité des sols et d'autre part la pression démographique qui constitue un facteur de déperdition de la qualité des sols et de la capacité de production agricole.

Le manioc quant à lui présente une situation très reluisante. Il contribue à plus de 79% au disponible vivrier du département.

Le solde de cette racine en 2001 est de 258.018 tonnes. La commune de Toffo y contribue à hauteur de 39,5% tandis que les communes de Ouidah et de Sô-Ava tirent vers le bas ce solde global avec des soldes déficitaires respectifs de (-2.844) tonnes et de (-8.273) tonnes et constituent de ce fait les seules poches de déficit du département.

Le niébé et l'arachide ne présentent pas une situation alimentaire satisfaisante. Le solde de ces produits réunis est déficitaire de (-3327) tonnes. L'arachide seule affichait un déficit de (-1.839) tonnes et c'est seulement la commune de Kpomassè qui arrive à combler l'attente de sa population pour une production de 251 tonnes contre une consommation de 173 tonnes d'arachide. La situation est pareille pour le niébé. Pour ce produit, la commune de Zè est la seule poche de réserve (solde excédentaire de 69 tonnes) dans le département.

Au total, grâce au concours des racines (le manioc), le solde vivrier dans le département est excédentaire et est estimé à 225.012 tonnes. Encore faudrait-il souligner que le manioc seul ne peut constituer le régime alimentaire des ménages et que les habitudes alimentaires évoluent selon le temps. Il importe donc de mener d'autres études définissant les normes de consommation outre que celles réalisées par l'Etude Macry en 1987.

2.4.4 Quelques filières porteuses dans l'Atlantique

2.4.4.1 La filière ananas

De part sa production et son marché d'écoulement, l'ananas apparaît comme une filière d'avenir capable de générer au monde rural un flux de revenus. Son circuit de distribution est le suivant :

Diagramme n°1 : Itinéraire de la filière ananas dans l'Atlantique

Producteurs

Unités de transformation

Grossistes revendeurs de Dantokpa et de Sékou

Détaillants

Consommateurs

Exportation

2%

3% 95%

Légende :

Flux important

Flux faible

Source : Nos propres investigations, Septembre 2003

Cette filière comprend trois ramifications à savoir les grossistes revendeurs, les unités de transformation et l'exportation.

Le diagramme n°1 indique les intervenants à chaque niveau, le sens et l'importance des différents flux entre les opérateurs avec les producteurs en amont et les consommateurs en aval.

Les grossistes revendeurs s'accaparent d'une part importante du marché et constituent la grande source d'approvisionnement tant des consommateurs étrangers, des unités de transformations que des détaillants.

L'exportation de ce produit par les producteurs n'a pas encore connu un grand essor compte tenu des coûts énormes qu'elle engendre. Cet état de choses serait dû également aux différentes tracasseries courues lors de la production de cette culture et lors de l'uniformisation des fruits à maturité afin d'obtenir une récolte groupée respectant les normes d'exportation. A toutes ces contraintes s'ajoute la loi européenne qui régit la filière fruits et légumes par rapport au taux de résidus qu'ils contiennent.

La transformation de ce produit par les quelques rares unités de transformation se fait jusqu'à nos jours sous forme artisanale.

Au total, les autorités locales en collaboration avec l'Etat doivent s'investir afin de faciliter la tâche aux producteurs et exportateurs puis que la promotion de cette filière a un rôle déterminant à jouer dans la lutte contre la pauvreté surtout celle rurale. De plus un développement du tissu industriel doit être envisagé.

2.4.4.2 Les produits maraîchers (Tomate)

Le diagramme n°2 suivant présente l'itinéraire de la filière des produits maraîchers dans l'Atlantique.

Diagramme n°2 : Itinéraire des produits maraîchers (cas de la tomate)

dans l'Atlantique

Producteurs

(villages)

Producteurs

(villes)

Collecteuses

marchés/Villages/Villes

Grossistes Revendeuses  : Atlantique/Littoral

Détaillants

marchés

Consommateurs

Légende :

Flux important

Flux faible

Source : Nos propres investigations (2003)

On dénombre cinq intervenants dans cette filière. L'importance numérique de ces intervenants à chaque niveau n'est pas à négliger.

Les producteurs basés au village traitent beaucoup plus avec les collecteuses et les grossistes revendeuses. Ils diffèrent de ce fait des producteurs positionnés dans les villes. Ces derniers offrent directement leurs produits aux détaillants et aux consommateurs. L'état périssable de ce produit et le manque de moyens de conservation font que les flux sortant du département ne sont pas remarquables.

2.4.5 La production animale

La situation de la production animale estimée est consignée dans le tableau n°23

Tableau n°23 : Effectif estimé du cheptel dans l'Atlantique.

Espèces

Bovins

Ovins

Caprins

Porcins

Volailles

Calavi

9.000

5.900

18.100

4.500

67.500

Allada/Tori

18.000

11.800

30.000

680

-

Ouidah/kpo

9.300

8.500

12.700

-

225.000

Sô-Ava

3.500

300

8.200

-

25.000

Toffo

1.500

4.500

4.600

4.000

29.500

600

11.500

14.000

1.800

100.000

Atlantique

24.900

42.500

87.600

10.900

597.000

Source : CARDER-Atlantique, 2002

Selon les données de ce tableau, la production de volailles est très importante dans l'Atlantique. Les communes de Ouidah et de Kpomassè réunies fournissent 37,69% de la production totale qui est estimée à 597.000 têtes ; la commune de Zè seule regorge 16,75%.

Les conditions climatiques du département rendent difficile la production des bovins surtout celles des porcins. Néanmoins, les communes d'Allada et de Tori- Bossito constituent les pâturages favorables à la production des bovins. On y dénombre 18.000 têtes pour 24.900 têtes au total.

Au-delà de ces chiffres dont la fiabilité est discutable, la principale question qui se pose est celle de la capacité du cheptel à couvrir les besoins en protéines animales des populations. La contribution actuelle des ressources animales à la couverture des besoins en protéines des ménages est faible, même si les besoins sont mal connus.

Outre le fait qu'une partie de cette ressource est une production de prestige, elle est souvent gardée sous forme d'épargne en nature par les éleveurs surtout ceux du Nord du pays comme le révèle l'Atlas de sécurité alimentaire.

Il faut noter de même que le déstockage n'est pas régulier et varie d'une période à une autre de l'année.

Ce déficit animal conduirait inévitablement à l'importation non seulement des animaux sur pieds d'autres départements, mais aussi des produits carnés tels que la viande, le poisson et le lait.

2.4.6 Le revenu des ménages

La question des revenus apparaît d'une importance cruciale dans la littérature économique sur la logique de fonctionnement des marchés du travail dans la plupart des pays en développement.

Quelles que soient les attaches théoriques, le niveau des revenus dans les différents secteurs est, selon Roubaud cité par Souley (2001), une variable centrale autour de laquelle s'opèrent les ajustements et se construisent les formalisations théoriques.

Le tableau n°24 ci-après traduit la formation du revenu dans l'Atlantique

Tableau n°24 : Formation, importance et structure du revenu nominal net annuel par

ménage et équivalent-adulte dans l'Atlantique, comparé aux autres départements

Milieux ruraux

Revenu net moyen du ménage(FCFA)

Rang

Contribution des activités (%)

Agricoles

Non agricoles

Autres

Atlantique

247.498

1

12,0

85,0

3,0

Couffo

81.992

8

56,6

26,9

16,5

Mono

128.108

4

45,7

46,2

8,1

Ouémé

183.545

2

25,4

70,2

4,4

Plateau

121.590

6

20,6

75,0

4,4

Moyenne de la région SUD

152.547

-

32

61

7

Collines

91.977

7

54,9

40,2

4,9

Zou

174.069

3

32,5

61,5

6,0

Moyenne de la région centre

133.023

-

44

51

 

Atacora

75.490

9

80,4

15,9

3,7

Donga

73.393

11

46,9

49,9

3,8

Alibori

124.262

5

80,9

17,8

1,3

Borgou

74.216

10

67,0

27,0

6,0

Moyenne de la région Nord

86.840

-

69

28

4

Moyenne du Bénin

124.137

-

48

46

5

Source : ECVR II, 1999-2000

Selon les données de ce tableau, l'Atlantique présente en 1999/2000 le revenu net moyen par équivalent-adulte le plus élevé (247.498 FCFA) par rapport à l'ensemble du pays. Les activités non agricoles y contribuent pour 85% contre 12% pour les activités agricoles. Les ambitions de développement du Bénin qui considèrent les activités agricoles comme un potentiel susceptible de promouvoir le bien-être dans les milieux ruraux semblent donc être remises en cause dans cette région du pays.

Les revenus des autres départements varient de 73.393 FCFA à 183.545 FCFA.

Au nombre des sources agricoles et non agricoles, les activités génératrices de revenus apparaissent au premier rang. Selon les résultats de nos enquêtes, 71% des personnes interrogées exercent des activités génératrices de revenus ; 33,80% de ces personnes s'occupent de la transformation des produits agricoles ; 38,03% font le commerce des produits à l'état ou ceux transformés ; 11,26% s'investissent dans la pêche ; 7,75% font l'élevage et 9,15% exercent d'autres activités.

Lorsqu'on s'intéresse à l'évolution de ces activités, seules 51 personnes sur 142 estiment qu'elles prennent de volume mais ne sont pas rentables et par suite ne constituent pas de sources potentielles d'augmentation de revenus.

Près de 71,50% des personnes interrogées, estiment que les revenus dégagés par ces activités ne leur permettent pas de satisfaire les besoins alimentaires. L'une des meilleures manières d'améliorer le bien-être en milieu rural est donc d'appuyer la création des activités non agricoles, mais aussi agricoles, compte tenu des relations fortes entre ces deux types d'activités.

Au total, l'Atlantique rural souffre d'une insuffisance de revenu pour vivre décemment. C'est ce qu'expliquent les différents seuils de pauvreté relevés dans ce département.

2.5 Accessibilité des ménages à l'eau potable et à l'électricité

La qualité de vie des populations de l'Atlantique repose non seulement sur l'état sanitaire, l'éducation et la sécurité alimentaire, mais aussi sur l'accès, de ses populations, à l'eau et à l'électricité, deux indices socio-économiques d'importance non moins négligeable. Le tableau n°25 présente la situation de ces indices dans l'Atlantique

Tableau n°25: Evolution du nombre d'abonnés à l'eau et à l'électricité dans
l'Atlantique entre 1992 et 1999, comparé à celui des autres départements du Bénin.

Départements

Nombres d'abonnés à l'eau à la

SBEE

Nombres d'abonnés à l'électricité à la SBEE

Hydrauliques villageoises (ouvrages)

1992

1999

Taux de variation (%)

1992

1999

Taux de variation (%)

1992

1999

Atlantique

+

Littoral

24.407

(57%)

45.610

(57%)

87

48.607

(59%)

106.372

(59%)

118

-

816

(10%)

Atacora

+

Donga

1.455

3.061

110

2.027

4.424

118

-

1.799

Borgou

+

Alibori

3.419

6.801

99

5..931

12.575

112

-

2.239

Mono

+

Couffo

2.205

4.688

113

4.159

11.453

175

-

940

Ouémé

+

Plateau

6.663

11.836

78

15.506

30.857

99

-

987

Zou

+

Collines

4.455

8.612

93

6.475

14.375

122

-

1.704

Bénin

42.604

80.608

89

82.706

180.056

118

-

8.485

Source :TBS, 2000 (p.145, 147-149) et nos propres investigations, Septembre 2003

Selon les données de ce tableau, le nombre d'abonnés à l'eau à la SBEE en 1992, est passé de 24.407 à 45.610 en 1999 ; soit un accroissement de 87% en sept ans. De plus, il est à noter que c'est dans ce département que l'on rencontre le plus d'abonnés (57% contre 43% pour les cinq autres départements du pays.)

Ce tableau montre également que le nombre d'abonnés à l'électricité dans ce département s'est accru de 118% en 1999 à partir d'un niveau de 48.607 abonnés en 1992.

Cependant, la situation n'est guère encourageante lorsque l'on s'intéresse aux ouvrages d'hydrauliques villageoises. L'Atlantique, en 1999, ne totalisait que 816 points d'eau et possédait ainsi 10% des ouvrages d'eau de l'ensemble du pays ; ceci lui confère la dernière place après les départements du Borgou/Alibori (2.239 points d'eau), l'Atacora/Donga (1.799 points), qui occupaient respectivement les première et deuxième places. Le nombre de points d'eau dans les autres départements varient de 940 à 1.704.

Par ailleurs, des disparités sont à souligner entre le milieu rural et le monde urbain et péri-urbain à l'intérieur même du département nonobstant les statistiques globalement encourageantes. Le tableau n°26 illustre très bien ces disparités. Ce tableau montre qu'en 1992, la SBEE a approvisionné 588 abonnés (33%) en milieu rural contre 1.215 (67%) abonnés dans l'Atlantique urbain et péri-urbain.

En 1999, on dénombrait dans l'Atlantique rural, 965 abonnés soit 17% contre 4.622 (83%) abonnés en milieu urbain et péri-urbain. Ainsi, le monde rural a régressé de

16 % en nombre d'abonnés à l'eau à la SBEE.

Quant à l'électricité, le milieu rural totalisait 407 abonnés en 1992 et regorge ainsi 8% des abonnés du pays contre 92% dans les milieux urbain et péri-urbain. Cette proportion d'abonnés dans le monde rural a progressé pour passer en 1999 à 2.938 abonnés (14%) contre 17.423 (86%) dans l'Atlantique urbain et péri-urbain. Un grand effort est à mettre à l'actif du monde rural où le taux de variation est de 622% sur la période allant de 1992 à 1999.

Toutefois, des efforts restent à fournir pour corriger les disparités entre les communes de l'Atlantique rural où on notait par exemple la quasi-inexistence d'abonnés en eau et à l'électricité dans les communes de kpomassè et de Zè. En effet, des résultats de nos enquêtes, il ressort que 72,50% des personnes interrogées continuent d'utiliser le pétrole lampant comme mode d'éclairage.

S'agissant des ouvrages d'hydrauliques villageoises, sur les 816 points d'eau réalisés en 1999, seulement 708 sont fonctionnels à cette même année.

Le milieu rural de l'Atlantique s'accapare du plus grand nombre (539 points d'eau contre 169 en milieu urbain et péri-urbain). La couverture du déficit en eau potable dans l'Atlantique rural est donc rendue possible grâce au nombre relativement important de points d'eau ; soit 76% du nombre total dans ce département

Au total, les autorités publiques doivent mettre l'accent sur l'entretien des infrastructures existantes et la construction de nouveaux équipements en eau et en électricité afin d'assurer aux populations de l'Atlantique, un développement durable.

Des actions urgentes sont aussi à poser par la SBEE pour satisfaire les innombrables demandes en eau et en électricité car, selon les résultats de nos enquêtes, près de 69% des personnes interrogées estiment que les prestations en eau et en électricité de la SBEE sont passables, 23 % pensent qu'elles sont médiocres voire nulles et 8 % estiment qu'elles sont assez bonnes.

2.6 Analyse récapitulative du profil de pauvreté dans l'Atlantique

Cette analyse est faite à partir du test de rang. L'analyse en composante principale (méthode ACP). Cette méthode consiste à présenter sous une forme graphique, le maximum de l'information contenue dans un tableau de données. Les résultats de ce test sont consignés en annexe 1. Selon ces résultats, il ressort que le Littoral et l'Ouémé d'une part et l'Atlantique d'autre part, présentent un bon profil par rapport aux autres départements.

3- PRINCIPALES CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS EN TERME DE POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE.

3.1 Analyse des résultats et vérification des hypothèses

Hypothèse/OS1

Cette hypothèse stipule que "l'état sanitaire des populations de l'Atlantique s'est amélioré entre 1992 et 2002".

L'analyse des résultats issus de nos enquêtes nous a permis de constater que 68% des enquêtés reconnaissent l'existence des infrastructures sanitaires mais en nombre limité. Ces infrastructures sont de deux types : publiques et privées et se trouvent éloignées des zones rurales.

Le paludisme et les infections respiratoires sont les maladies qui touchent le plus souvent les populations. Mais des actions urgentes telles que la promotion des moustiquaires imprégnées sont engagées.

S'agissant de l'accès des populations aux centres de santé, 72% des personnes interrogées se rendent dans les centres pour se faire soigner en cas de maladie. Les autres s'y rendent mais après l'automédication ou recours aux guérisseurs traditionnels.

L'appréciation des prestations données par ces centres et leur coût varient selon que l'on fréquente les centres publics ou les centres privés. 43% des interrogés estiment que les prestations sont bonnes dans les centres privés et communautaires. 51% des interrogés sont passablement satisfaits et 6% le sont médiocrement.

Seuls 34% pensent que les coûts sont élevés notamment dans les centres privés ; 62% apprécient moyennement les coûts et 4% les trouvent bas.

S'agissant des enfants, ils jouissent d'une bonne couverture vaccinale mais manquent de suivi dans leur croissance. Ce manque est rendu possible grâce à la quasi-inexistence des centres de promotion sociale. Seuls 46% reconnaissent l'existence de ces centres.

A l'issue de ces différentes analyses et celles des graphiques retraçant le nombre de naissances, les consultations et le taux de fréquentation, nous avons pu identifier, sur la période allant de 1992 à 2002, que la situation sanitaire de l'Atlantique est reluisante. L'état sanitaire des populations de ce département s'est donc amélioré entre 1992 et 2002. Cette hypothèse est alors vérifiée.

Hypothèse/OS2

Elle suppose que "entre 1992 et 2002, les taux bruts de scolarisation et d'alphabétisation ont connu une progression significative"

L'analyse des courbes du graphique n°5, nous montre que le taux brut de scolarisation a connu une progression ces dix dernières années.

Il est à signaler par ailleurs que le taux d'accroissement du nombre d'alphabétisés entre 1992 et 2002 est de 49,22%. Il traduit donc une progression du taux d'alphabétisation au cours de cette période.

Au total, le taux brut de scolarisation et le taux d'alphabétisation ont progressé entre 1992 et 2002, mais l'hypothèse d'une progression significative est à relativiser.

Selon les résultats issus de nos enquêtes, 53% des personnes interrogées ne sont pas scolarisées et 78% parmi elles ne savent ni lire, ni écrire dans leur langue. Pour se justifier, elles avancent les raisons selon lesquelles l'emploi du temps est inadéquat avec le temps qu'elles consacrent à leurs activités agricoles. De même 32,69% avancent l'argument de la quasi-inexistence des centres d'alphabétisation. L'hypothèse d'une progression significative n'est donc pas vérifiée

Hypothèse/OS3

Elle est constituée de deux hypothèses identifiées comme suit :

Hypothèse i) elle stipule que "le bilan vivrier du département est excédentaire et a connu une amélioration constante ces dix dernières années".

L'analyse de la production en 2001 et de la consommation nous a permis de nous rendre compte que le solde vivrier de l'Atlantique est excédentaire et est estimé à 225.012 tonnes même si le manioc y contribue à près de 115%.

S'agissant d'une "amélioration constante", elle est à relativiser puisque les rendements des produits varient dans le temps, et la population du département s'accroît au jour le jour si bien que les productions n'arrivent plus à couvrir les besoins alimentaires des populations de ce département.

Au terme de ces analyses, il est à noter que bien que le solde vivrier soit excédentaire, il n'est pas le résultat d'une amélioration constante. L'hypothèse 3.i n'est donc pas vérifiée.

Hypothèse ii) : Selon cette hypothèse, "le revenu des ménages a connu une augmentation constante entre 1992 et 2002".

A l'issue de l'analyse du revenu, il ressort que les populations de l'Atlantique n'arrivent pas à satisfaire leurs besoins alimentaires, faute de revenu. De plus, il faut remarquer que la plupart de ces populations n'ont rien réalisé de tangible ces dernières années. Encore faudrait-il signaler que seulement 6% des personnes interrogées ont pu acquérir un moyen de transport qui est un outil précieux pour la saisie de nouvelles opportunités. Cette hypothèse n'est donc pas vérifiée.

Hypothèse/OS4

Elle suppose que "la proportion des ménages ayant accès à l'eau potable et à l'électricité s'est accrue ces dix dernières années".

L'analyse du tableau n°25 révèle que les nombres d'abonnés en eau potable et en électricité se sont accrus respectivement de 87% et de 118% entre 1992 et1999. On peut donc affirmer que l'hypothèse est vérifiée. Toutefois, il faut remarquer que peu de personnes ont accès à l'électricité et à l'eau potable de la SBEE dans les zones rurales. Près de 72,50% des interrogés utilisent le pétrole lampant comme mode d'éclairage et plus de 92,50% se servent du bois de feu dans la cuisson des aliments.

3.2 Principales conclusions

Au terme de cette étude, quelques enseignements se dégagent :

· Les infrastructures sanitaires notamment les centres de santé existent mais se

trouvent éloignés de certaines populations surtout dans les zones rurales et sont mal équipés, en particulier ceux publics.

· Les infrastructures sanitaires privées occupent une bonne position dans le

département de l'Atlantique

· La plupart des populations du département ont accès aux centres de santé mais

déplorent parfois les prestations données par les centres publics et les coûts très élevés pratiqués par les centres privés.

· Les taux de natalité et de mortalité ont considérablement baissé ces dix dernières

années.

· Une grande priorité est accordée à la santé des enfants. Le département bénéficie

d'une bonne couverture vaccinale.

· Les populations de l'Atlantique jouissent d'un état sanitaire assez satisfaisant ces

dix dernières années. Toutefois les enquêtes sur le terrain nous ont permis de nous rendre compte que dans certaines localités de l'Atlantique, des centres de santé sont construits sans être équipés de personnels compétents. Ce manque se fait remarquer surtout au niveau des maternités qui ne disposent pas de sage-femme.

· Le niveau de scolarisation a progressé dans le département.

· Des écoles manquent dans certaines localités du département.

· Le niveau d'instruction notamment celui des femmes est faible et varie suivant

que les ménages dont elles sont issues sont pauvres, vulnérables ou non pauvres

· L'inadéquation entre le temps consacré aux activités agricoles et l'emploi du

temps pour l'alphabétisation a rendu timide l'évolution du taux d'alphabétisation. A cette cause s'ajoute la quasi-inexistence et le non-fonctionnement des centres d'alphabétisation.

· Le niveau de scolarisation dans l'Atlantique est satisfaisant de façon générale

malgré la disparité au niveau du sexe.

· Le solde en 2002 des produits vivriers du département est excédentaire grâce au

solde dégagé par le manioc. Ceci prouve déjà la qualité de l'alimentation des populations de l'Atlantique. Le manioc est consommé souvent sous sa forme transformée qu'est le gari qui n'est pas riche en nutriment.

Il faut noter aussi que l'agriculture dans ce département souffre de la non mécanisation. Des outils rudimentaires sont toujours d'usage dans le département.

· Les populations de l'Atlantique souffrent d'une insuffisance de revenu pour

vivre décemment. Ceci est dû à la non rentabilité des activités génératrices de revenu.

· Le milieu rural du département souffre de l'électrification et de l'alimentation

en eau potable malgré la proportion élevée des abonnés.

· Le bois de feu est le moyen le plus utilisé dans la cuisson des aliments ainsi la

déforestation gagne du terrain dans le département.

· Le département de l'Atlantique présente un meilleur profil de pauvreté par

rapport aux autres départements notamment sur les plans sanitaire, de l'éducation et de l'accès à l'eau potable et à l'électricité.

Cependant, certaines contraintes limitent nos conclusions notamment celles liées à la non disponibilité de certaines informations telles que celles de l'année 2002. Une extension de cette étude dans les autres départements et la prise en compte de ces informations dans le traitement des données seraient la bienvenue. Toutefois, à l'état actuel de nos investigations, nous pouvons faire quelques suggestions dans le sens de l'amélioration des politiques de lutte contre la pauvreté.

3.3 Implications en terme de politique de lutte contre la pauvreté

Pour améliorer les conditions de vie des populations béninoises en général et celles de l'Atlantique rural en particulier, quelques actions sont nécessaires :

· Construire davantage des centres de santé plus proches des populations et assurer leur équipement en instruments adéquats et les doter de personnel qualifié.

· Développer et généraliser des associations ou mutuelles de santé (sous forme d'assurances maladie) pourrait être exploré pour réduire le risque auquel sont exposées les populations en cas de maladie.

· Maîtriser la démographie à travers la planification des naissances en milieu rural.

· Continuer à doter les villages d'école et rendre l'enseignement primaire effectivement gratuit comme le préconise déjà certaines lois tout en encourageant l'instruction des filles.

· Doter les communes de centres d'alphabétisation ou les rénover et concevoir l'emploi du temps des alphabétiseurs pour qu'il soit adéquat avec la disponibilité des populations.

· Elaborer et mettre en oeuvre effectivement des politiques relatives à l'offre des produits agricoles : la modernisation des techniques de production, le développement des infrastructures routières, de télécommunication, de formation et de vulgarisation aux paysans et commerçants. Le développement des infrastructures est un préalable au développement local et à une bonne circulation des produits agricoles entre les zones du département d'une part, et également à des conditions adéquates de conservation et de stockage des denrées d'autre part. Il faut mener des actions dans le sens de la construction et l'entretien des pistes de desserte rurale, les marchés et les magasins de stockage.

· Développer l'auto-promotion des producteurs et diversifier la production. Ceci passe par la recherche et l'exploitation de nouvelles filières porteuses surtout celles pouvant être couplées avec les productions vivrières et des mesures d'encouragement des producteurs aux regroupements tels que les unions de producteurs leur permettant de prendre en charge leur destinée.

· Les politiques agricoles doivent se baser sur la rationalité du producteur qui se manifeste par son aptitude à répondre de façon conséquente aux incitations. Ceci permettrait d'endiguer les menaces de famine dont fait objet le département.

· La promotion des productions vivrières suppose une bonne organisation de la filière, du type de celle qui existe pour les cultures d'exportation. Avec la décentralisation, les autorités locales doivent donc chercher à instaurer un système efficace de mise en place des facteurs de production : organiser les différentes filières vivrières par la mise en place de système original de crédit qui permette aux paysans de disposer des facteurs de production et aux commerçants et à la banque de récupérer leurs avances de fonds. L'achat d'engrais, de semences améliorées et du matériel agricole ainsi que le stockage et la commercialisation doivent ainsi être pré-financés à des conditions assez souples sans cesser d'être suffisamment répressives pour obliger les paysans à rembourser leurs dettes. Ainsi, les cultures vivrières pourront connaître une évolution semblable à celle des produits d'exportation. Elles peuvent alors non seulement générer des prix rémunérateurs qui constituent des incitations à la production mais également créer un pouvoir d'achat nécessaire au développement d'un marché aussi bien interne qu'externe.

· Encourager la promotion des petites et moyennes entreprises en mettant en oeuvres des dispositions pouvant leur permettre d'accroître leur productivité afin de permettre à la population active de trouver un emploi.

· Créer des points d'eau dans les villages pour servir de source de bien-être pour les populations privées jusqu'à présent de ce bien naturel.

· L'extension du réseau électrique ou la prise des dispositions afin d'assurer l'électrification des zones rurales permettrait aux populations de mener des activités intenses.

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