INTRODUCTION
L'histoire politico-économique de notre pays est
marquée par plusieurs périodes dont les plus importantes sont
délimitées par les évènements tels que, l'accession
à la souveraineté nationale, le déclenchement du processus
révolutionnaire et l'avènement de la Conférence des forces
vives de la nation de février 1990.
Chacune de ces périodes marque le départ d'un
ensemble de processus politico-économique regroupant entre autre les
différentes stratégies de lutte contre la pauvreté. Ainsi,
de la période allant de 1960 à la révolution, il a
été envisagé plusieurs stratégies de
développement sans que ces différents plans soient effectivement
mis en exécution à cause de l'instabilité de la vie
politique.
Le début de la période révolutionnaire a
été marqué lui aussi par plusieurs plans de
réduction de la pauvreté et donc du développement
notamment la prise en charge par l'Etat des secteurs vitaux de
l'économie de même que la création de nombreuses
entreprises publiques et semi-publiques. Mais il faut surtout remarquer que les
multiples unités de production ont été mal
gérées si bien qu'on pourrait dire que les différents
plans de développement et de réduction de la pauvreté ont
été sabotés.
Cet état de choses s'est traduit par l'amenuisement du
secteur industriel dont la contribution a été
considérablement réduite car très peu de produits locaux
ont fait l'objet de transformation sur place. Une autre facette de cet
amenuisement a été la mise au chômage de plusieurs chefs
de ménages ; ce qui a constitué une source d'enlisement de
ces ménages dans la pauvreté.
Il en va de même pour le secteur primaire qui devrait
normalement être à la base du développement
économique mais qui par défaut de diversification de la
production agricole et par manque de promotion des exploitations n'a pas
comblé les attentes.
Quant au secteur bancaire, il s'est effondré. Ceci se
caractérise par l'illiquidité quasi-totale des banques.
Dans le but d'enrayer ces distorsions et de réduire la
pauvreté, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures parmi
lesquelles on peut retenir la signature du premier Programme d'Ajustement
Structurel (PAS 1) en 1989 avec les institutions de Bretton Wood (Banque
Mondiale et le Fonds Monétaire International). Les conséquences
immédiates du PAS sont entre autres la réduction de l'effectif
du personnel de l'Etat à travers la mise en oeuvre d'un programme de
départ volontaire de la fonction publique, l'application d'une politique
de réduction des charges étatiques.
Cependant ces actions n'ont pas permis d'obtenir des
résultats satisfaisants car comme on le constate les conditions qui
accompagnent les PAS ne sont pas en adéquation avec les
réalités socio-économiques du pays. La situation
politico-économique s'est donc empirée et c'est dans cette
tension qu'est intervenue la conférence nationale des forces vives de la
nation de février 1990.
Cette conférence a permis l'adoption d'une nouvelle
constitution et la mise en place de plusieurs institutions politiques,
économiques et juridiques afin de permettre un décollage effectif
de l'économie.
Ces mesures ont conduit au renforcement des bases d'une
économie libérale et à la promotion du secteur
privé ; le désengagement sélectif et progressif de
l'Etat des secteurs productifs. Ainsi les bases d'un réel
développement socio-économique ont été
jetées avec plus ou moins de succès.
Prendre des mesures pour réduire la pauvreté et
protéger les populations les plus vulnérables ont
été le leitmotiv des différentes stratégies de
développement. Ces stratégies et programmes d'actions sont
relatifs aux secteurs du transport, de la santé, de l'éducation
et de l'agriculture .
Toutefois, il est à noter que la plupart de ces actions
devant conduire à réduire la pauvreté ont connu des
résultats mitigés. Il importe donc de faire le bilan de ces
différentes actions surtout à l'ère de la
décentralisation afin de connaître le profil de la pauvreté
dans nos diverses villes et campagnes.
1- CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE
1.1 La problématique
Le Bénin fait partie des nations les moins
avancées de la planète. Cet état de choses se
caractérise par un faible niveau de développement humain et la
précarité de la situation socio-économique qui se
manifeste par une progression timide de la croissance économique, le
tout corroboré par un enlisement des populations dans la
pauvreté. Selon le rapport sur le développement humain (PNUD,
2000), près du tiers de la population béninoise est
considérée comme pauvre sur le plan monétaire, et un peu
moins de la moitié de la population est pauvre du point de vue de la
pauvreté non monétaire, autrement dit n'a pas accès aux
services sociaux de base.
A l'origine de cette situation de misère que vit la
population béninoise en général et celle rurale en
particulier, se trouvent les différents programmes d'ajustement
structurel (PAS) et la dévaluation du franc CFA intervenue le 12 Janvier
1994. Ceci a davantage enfoncé le clou élargissant ainsi
l'étendue des populations vulnérables et plus démunies.
Depuis cet instant, la question de pauvreté est devenue
une préoccupation de premier plan pour nos décideurs politiques
à divers niveaux. Mais, face à cette situation, se posent deux
problèmes : la disponibilité des éléments
d'appréciation du phénomène (la connaissance des
populations concernées) mais aussi et surtout les moyens d'y
parvenir.
Grâce à l'appui des partenaires au
développement, notamment le PNUD, plusieurs actions ont
été menées dont les premières sont les
enquêtes et études conduites par le Ministère de
l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP) et l'Institut National
de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) et également par
des experts étrangers et nationaux.
Ces travaux ont donné non seulement naissance à
des éléments d'appréciation du phénomène,
mais également une meilleure orientation dans la mise en place de
nombreuses stratégies et mesures pour une amélioration du niveau
de vie de la population dans son ensemble et de la population rurale en
particulier. On se pose alors la question de savoir si toutes les dimensions de
la pauvreté sont bien cernées.
Aussi à l'ère de la décentralisation,
importe-t- il de se poser quelques questions :
- quel a été l'effet des efforts fournis pour
lutter contre ce fléau ?
- quelles sont les manifestations de la pauvreté dans
les différents départements de notre pays ?
Afin d'apporter quelques éléments de
réponses à ces préoccupations, nous nous assignons pour
tâche, au cours de la présente étude, de dresser le profil
de la pauvreté dans le département de l'Atlantique.
1.2 Les objectifs et les hypothèses
1.2.1 Les objectifs
Les objectifs poursuivis sont à la fois d'ordre
général et d'ordre spécifique
L'objectif général
(OG):
La présente étude a pour but de dresser et
d'analyser le profil du département de l'Atlantique par rapport à
la pauvreté. Ceci nous permettra d'explorer quelques
éléments d'appréciation de la pauvreté afin
d'examiner les différents effets des actions susceptibles de la
réduire et de formuler des propositions pouvant conduire à une
amélioration des effets de ces actions.
Les objectifs spécifiques
(OS):
Il s'agit précisément dans le cadre de ce
travail de :
1- caractériser le profil du département par
rapport à son état sanitaire à partir des
différents indicateurs de santé tels que les
taux bruts de natalité, de mortalité, les taux d'utilisation des
services de santé et quelques ratios socio-sanitaires ;
2- caractériser le niveau d'éducation dans le
département ;
3- caractériser le profil du département par
rapport à la sécurité alimentaire ;
4- présenter la situation du département par
rapport à l'accès à l'eau potable et à
l'électricité.
1.2.2 Les hypothèses
Plusieurs hypothèses sont construites afin de pouvoir
mieux orienter la démarche méthodologique :
Hypothèse /OS1 :
L'état sanitaire des populations de l'Atlantique s'est
amélioré entre 1992 et 2002.
Hypothèse/
OS2 :
Entre 1992 et 2002, les taux bruts de scolarisation et
d'alphabétisation ont connu une progression .
Hypothèse
/OS3 :
i) Le bilan vivrier du
département est excédentaire et a connu une amélioration
constante sur les dix dernières années ;
ii) le revenu des ménages a
connu une augmentation constante sur la période allant de 1992 à
2002.
Hypothèse /OS4 :
La proportion des populations qui ont accès à
l'eau potable et à l'électricité s'est
régulièrement accrue ces dix dernières années.
1.3 La revue de littérature
Le concept de pauvreté dans son ensemble, a fait
l'objet de plusieurs études. Il existe donc dans ce domaine une
littérature assez riche. Dans cette section, nous aborderons les
concepts de pauvreté, de seuils de pauvreté, les causes de la
pauvreté et les moyens de lutte contre ce fléau.
1.3.1 Appréhension du concept de
pauvreté
La pauvreté est un phénomène assez
complexe à plusieurs facettes. Son appréhension n'est pas chose
aisée.
Aho et al, (1997) l'identifient comme étant un
état de privation à long terme de bien-être jugé
inadéquat pour vivre décemment.
La pauvreté, en économie, a trait
essentiellement à un manque de ressources matérielles
nécessaires. Elle est en général analysée par
rapport au revenu ou par rapport à un panier de biens fondamentaux
(correspondant à la possibilité de satisfaire des besoins
minimaux).
Selon la Banque Mondiale (1992), "La lutte contre la
pauvreté : Directive opérationnelle", le terme de
pauvreté a un sens absolu et un sens relatif.
L'idée de pauvreté absolue se rapporte à
l'état de pauvreté perçu comme une situation de non
satisfaction de certains besoins fondamentaux nécessaires pour assurer
la survie physiologique indépendamment du bien-être de la
société entière. Elle renvoie à un seuil de
pauvreté exprimé en valeur absolue. Par rapport au revenu, une
personne se trouve dans la pauvreté absolue si son revenu est en
deçà d'un seuil de pauvreté défini.
La pauvreté relative se vit en termes sociaux. On parle
de pauvreté relative pour des personnes qui sont bien moins loties que
la majorité des autres membres de la même communauté. Une
personne est relativement pauvre par rapport au revenu si elle appartient
à un groupe à faible revenu.
Selon le PNUD, (2001) « la pauvreté du point
de vue des capacités est l'absence de certaines capacités
fonctionnelles élémentaires. Cette forme de pauvreté
s'applique donc aux personnes n'ayant pas la possibilité d'atteindre des
niveaux minima acceptables concernant les capacités fonctionnelles.
Celles-ci peuvent aller du domaine matériel tel que disposer d'une
alimentation convenable, à des critères sociaux plus complexes
comme la participation à la collectivité ».
Cette définition prend en compte l'intégration
de l'être humain dans sa communauté.
Ainsi l'organisation en communauté constitue un facteur
de réduction de la pauvreté.
Il convient donc de remarquer que le concept de
pauvreté n'est pas standard.
Adjovi (2000), soutient à cet effet qu'une meilleure
définition de la pauvreté doit prendre en compte non seulement
les aspects quantitatifs, qualitatifs mais aussi la région,
l'environnement (politique, économique, social, culturel), la
période et surtout doit tenir compte des aspects monétaires,
socio-culturels et de la vision des populations elles-mêmes.
Ces différentes approches de la pauvreté peuvent
être regroupées dans deux principales rubriques à
savoir : la pauvreté monétaire et la pauvreté
humaine.
La mesure de la pauvreté monétaire peut se faire
à partir d'un ensemble d'indicateurs normatifs basés sur les
seuils alors que la pauvreté humaine est appréhendée
grâce à l'indicateur de pauvreté humaine.
1.3.2 Les seuils de pauvreté
Selon Aho et al (op. cit.), le seuil de pauvreté fait
référence à un niveau de bien- être qui permet
à une personne ou à un ménage de vivre de manière
acceptable dans une communauté donnée. Ils distinguent quatre
seuils de pauvreté à savoir :
- le seuil de pauvreté biologique. Il s'agit de la
situation dans laquelle la santé des individus est en danger.
- le seuil de pauvreté normatif : besoins
biologique et sociologique. Il varie selon les valeurs, les habitudes, les
priorités et le niveau de vie moyen de la communauté.
- le seuil de pauvreté relatif : il y a toujours
de pauvre et on s'attache à suivre, l'évolution des revenus ou
des dépenses par rapport aux non pauvres.
- le seuil de pauvreté mixte qui est une combinaison
d'au moins deux des seuils précédemment définis.
Selon l'Enquête sur les Conditions de Vie des
ménages Ruraux (ECVR II 1999-2000), on distingue :
- le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) qui fait
référence à la dépense minimale nécessaire
à un individu ou à un ménage pour se procurer un panier de
biens alimentaires qui respecte à la fois les normes nutritionnelles
d'un régime alimentaire équilibré et des habitudes de
consommation de la population considérée ;
- le seuil de pauvreté non alimentaire (SPNA) fait
référence à la dépense minimale nécessaire
à l'acquisition des biens non alimentaires et des services publics
essentiels à la population ;
- le seuil de pauvreté global (SPG) se
réfère à la dépense minimale nécessaire pour
satisfaire à la fois les besoins alimentaires et non
alimentaires. Il est obtenu en faisant la somme des deux premiers seuils (SPA
et SPNA).
Remarquons que les différents seuils sont variables
dans le temps, suivant le milieu et dépendent des zones
géographiques. L'exemple du SPA dans le département de
l'Atlantique est illustré par le graphique n°1 suivant :
Source : ECVR II, (1999-2000)
Par ailleurs, il faut noter que ces différents seuils
permettent d'élaborer d'autres indicateurs de la pauvreté. Au
nombre de ces indicateurs, on peut citer :
* L'indice de la
pauvreté : il désigne la proportion de la
population vivant en dessous des seuils précités.
* La profondeur de la
pauvreté encore appelée ratio du déficit des
dépenses, elle se calcule comme le quotient de l'écart entre le
niveau moyen de dépense des pauvres et le seuil de pauvreté par
le seuil de pauvreté en question. Il ne suffit pas de savoir quel est le
pourcentage des pauvres, mais à quelle distance sont-ils du seuil de
pauvreté. Cet indicateur permet de savoir la portée effective des
actions menées.
* L'intensité ou
sévérité de la pauvreté est une
mesure du degré de pauvreté des pauvres. Elle permet, dans
l'estimation de la pauvreté, de donner plus de poids aux plus pauvres
dans l'agrégation des écarts moyens standardisés.
1.3.3 L'indicateur de pauvreté humaine
(IPH)
Plusieurs dimensions de la pauvreté sont difficiles
à être appréhendées par les indicateurs classiques
de mesure de la pauvreté monétaire que sont les seuils.
L'indicateur de pauvreté humaine définie par le PNUD (2001)
permet donc de combler ce déficit de mesure de la pauvreté.
L'IPH est un indicateur composite qui tente de chiffrer les
formes de dénuement dans quatre domaines essentiels de l'existence
à savoir : la capacité de vivre longtemps et en bonne
santé, le savoir, les moyens économiques et la participation
à la vie sociale.
Les variables prises en compte ici sont le pourcentage
d'individus risquant de décéder avant l'âge de 40 ans, le
pourcentage d'individus n'ayant pas accès aux services de santé
et à l'eau potable et le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans
victimes de la malnutrition.
1.3.4 Les causes de la pauvreté
La pauvreté est entretenue par plusieurs causes dont
les principales sont :
- l'insuffisance d'accès aux possibilités
d'emploi ;
- l'insuffisance des actifs physiques, notamment la terre, le
capital et le crédit ;
- l'insuffisance d'accès aux marchés où
les pauvres peuvent vendre des biens et
services ;
- la faible dotation en capital humain ;
- la destruction des ressources naturelles qui entraîne
une dégradation de
l'environnement et une baisse de la
productivité ;
- l'absence de participation : les pauvres ne sont pas
associés à l'élaboration des
programmes de développement ;
- la dégradation des termes de l'échange sur le
plan international.
Aho et al (1997),"Manuel d'Analyse de la
pauvreté : Application au Bénin", regroupent ces
différentes causes en trois catégories :
- la dotation inégale en facteurs de
production ;
- le choix individuel des gens ;
- l'inégalité d'accès aux chances de
s'en sortir.
De nos jours, l'élaboration des stratégies de
lutte contre la pauvreté, exige non seulement la prise en compte de ces
causes mais aussi la prise en compte de la vision des populations
concernées. Ainsi les études sur les perceptions de la
pauvreté, du bien-être et de la richesse en milieu rural (EPPR) du
PNUD et du Ministère du Développement Rural (1993 et 1996)
révèlent que les causes de la pauvreté selon les
populations rurales sont :
- la faiblesse du marché et notamment la faiblesse de
la demande pour les produits locaux ;
- l'absence de solidarité au sein de la famille ou de
la communauté ;
- plus on est pauvre, plus il est difficile de s'en
sortir ;
- le manque de volonté des pauvres pour sortir de la
pauvreté.
Cette faiblesse du marché intervient justement dans
l'un des cercles vicieux de la pauvreté auto-entretenue
identifiée par Nurkse (1953) cité par Brasseul (1989). Ce cercle
vicieux se présente schématiquement comme suit :
Titre :
Schéma du cercle vicieux de la pauvreté auto-entretenue
Source : R . Nurkse
cité par Brasseul(1989)
La rupture de ce cercle peut être provoquée par
un apport de ressources extérieures. Ceci pose alors le problème
de l'accessibilité aux micro-crédits qui est une cause non moins
négligeable de la pauvreté dans les zones rurales. A cette cause
s'ajoute également le manque d'organisation paysanne.
Après l'appréhension du concept de
pauvreté, l'étude des indices et des causes de la
pauvreté, il convient maintenant d'aborder les différentes
stratégies de réduction de ce fléau.
1.3.5 Les stratégies de réduction de la
pauvreté
Compte tenu du caractère multidimensionnel de la
pauvreté, plusieurs stratégies sont utilisées pour la
réduire. Dans cette partie, nous aborderons les stratégies
d'ordre général et celles développées par le
Bénin.
1.3.5.1 La croissance économique comme moyen de
lutte contre la
pauvreté
La question de la réduction de la pauvreté par
la croissance économique a fait l'objet de plusieurs controverses.
Pour certains auteurs la croissance économique, socle
de tout développement, permet de réduire considérablement
la pauvreté. Pour d'autres, cette réduction de la pauvreté
qui passe par la croissance économique n'est pas chose
évidente.
La plupart des auteurs qui soutiennent la thèse selon
laquelle la croissance économique permet de lutter contre la
pauvreté, se fondent sur le fait que toute croissance économique
génère des revenus qui profitent plus aux démunis.
Pour ces auteurs les revenus générés se
traduisent simplement par une hausse du PIB réel par habitant.
Subbarao (1997), en se fondant sur les études de la
Banque Mondiale (1996) et de Ravallion et Squire (1997), affirme que la
croissance économique surtout celle agricole est un facteur
déterminant dans la lutte contre la pauvreté. Il cite en exemple
des pays comme la Taiwan, la Malaisie, la Thaïlande, la Chine, qui ont
connu des succès considérables en matière de lutte contre
la pauvreté. Pour cet auteur, ces succès spectaculaires
s'expliquent par des réformes agraires mises en place dans ces pays et
les programmes développés par ces mêmes pays en vue de
porter assistance aux petits paysans. Mais Subbarao, dans son
développement, n'a pas su donner des informations sur comment cette
croissance devrait être promue puisqu'une croissance économique
génère des ressources pour un développement harmonieux et
permet de financer les dépenses susceptibles d'améliorer les
niveaux de vie des populations à la base. C'est justement ce que
souligne Brasseul (op. cit.), en affirmant : « la croissance
économique est une condition nécessaire du développement
puisqu'elle permettra de dégager des ressources en faveur de la
santé, de l'éducation... »
Selon Tovo (1995), « les stratégies qui
réussissent le mieux en matière de lutte contre la
pauvreté, ont en général deux objectifs
parallèles : en premier lieu, il faut stimuler la croissance
économique afin d'augmenter la taille du gâteau à
partager... » Pour cet auteur, deux secteurs sont des sources
potentielles de croissance. Il s'agit de l'agriculture et le secteur
tertiaire.
Toutefois, il faut remarquer que la croissance
économique n'est pas une condition suffisante du développement
donc de la lutte contre la pauvreté, si celle-ci va de pair avec un
accroissement des inégalités, une détérioration des
conditions de vie pour les plus pauvres, la misère et la
répression politique et sociale. La bonne gouvernance est donc un
préalable à la réduction de la pauvreté.
Pour les pays du G-8, la croissance doit être durable et
accompagnée d'une redistribution parfaite des revenus
générés. A cet effet, dans le rapport des ministres des
Finances du G-8 aux chefs d'Etat et de Gouvernement (2000), on peut retenir
qu'il convient d'accorder davantage d'attention à une répartition
plus équitable des avantages de la croissance.
La plupart des bailleurs de fonds, quant à eux mettent
l'accent sur la nécessité de :
- promouvoir une croissance économique durable
favorisant un accroissement de la demande de main-d'oeuvre fournie par les
pauvres et d'un accès plus large des pauvres aux ressources
productives ;
- faire participer les pauvres au processus de
développement.
Lessard (1997), après avoir fait le bilan de son
expérience en tant que praticien du développement, dans son
approche de la problématique économique de la lutte contre la
pauvreté, affirme que la majorité des projets qui
définissent des objectifs de croissance, d'emploi ou d'augmentation des
revenus, sont formulés en misant clairement sur des personnes ayant
déjà un minimum de capacités humaines, matérielles
et/ou financières au départ. La réduction de la
pauvreté extrême échappe donc aux projets et programmes
à caractère économique sauf les projets
d'infrastructures.
L'Allemagne, dans son approche de croissance retient deux
thèmes : « la croissance par les pauvres » qui
consiste à mobiliser directement le potentiel de production des pauvres
et à promouvoir leur contribution par des travaux à fort
coefficient de main-d'oeuvre et « la croissance pour les
pauvres » grâce à laquelle les bénéfices
d'une productivité économique accrue sont investis dans les
interventions ciblées visant à créer des emplois et
à fournir des services sociaux. Il existe donc un lien étroit
entre croissance économique et pauvreté.
L'autre facteur qui influence la pauvreté est la
croissance démographique.
1.3.5.2 La réduction de la croissance
démographique comme moyen de lutte contre la
pauvreté
La relation entre la forte poussée démographique
et la réduction de la pauvreté fait l'objet de polémique.
Les populationnistes soutiennent qu'une forte croissance démographique
permet un développement humain tandis que les anti-populationnistes
évoquent la thèse contraire.
Dans le premier ordre d'idée mais de façon
modérée, l'économiste Adjovi (2002), soutient que les
actions de réduction du nombre de personnes par ménage par le
contrôle des naissances grâce au planning familial ne pourront pas
avoir des effets immédiats sur la réduction de la
pauvreté. Il estime que la taille des ménages n'est pas une
variable déterminante prioritaire de la pauvreté au point
où il faudrait s'y attaquer.
Des auteurs comme Hirschman (1959) cité par Brasseul
(op. cit.) viennent étayer la position précédente. Il
notait déjà que la croissance de la population constituait un
défi permettant la hausse du produit par habitant.
Outre les raisons relatées (économies
d'échelle, hausse de la demande), on peut donner les arguments suivants
(Chesnais, 1987) cité par Brasseul (op. cit.)
- la hausse de la durée de vie, liée à la
baisse de la mortalité notamment infantile, modifie les comportements
dans un sens plus favorable à l'épargne, à l'accumulation
du capital, et à l'investissement humain ;
- le dynamisme est souvent lié à une population
jeune mieux armée et prête à adopter de nouvelles
idées ;
- la tendance au surpeuplement pousse à l'adoption de
techniques modernes dans le domaine agricole (Boserup, 1970).
Cependant, il faut remarquer que l'explosion
démographique ne joue pas toujours favorablement dans le processus de
développement d'une nation. Ces auteurs ont oublié de souligner
que des effets de seuil peuvent jouer dans les relations entre croissance et
population. Ainsi, en dessous d'un certain seuil de revenu, la croissance
démographique freinerait la croissance économique et elle ne
jouerait favorablement qu'au-delà de ce seuil.
Pour les auteurs qui défendent la thèse
contraire, ils avancent l'idée selon laquelle l'augmentation de la
population absorbe toute augmentation de la production, et que le revenu par
tête est condamné à stagner. Pour ces auteurs, la
poussée démographique n'est pas un facteur de progrès donc
de réduction de la pauvreté.
Soulignons que cette idée avait déjà
été formulée au 19ème siècle par
John Stuart Mill : « La croissance de la population talonne les
améliorations agricoles et efface ses effets aussitôt qu'ils sont
produits ». On avançait même que la thèse de
Malthus qui s'était révélée fausse pour les pays
riches, allait se vérifier au niveau planétaire. Il fallait donc
selon une formule frappante « accroître la fertilité des
sols et diminuer la fertilité des Hommes ».
Pour ces auteurs, l'accroissement de la population
entraîne la nécessité d'investissements en infrastructures
du type logement, éducation, santé, moins productifs que les
investissements agricoles ou industriels alors que l'épargne a tendance
à baisser.
Cependant, il faut remarquer que bien que les investissements
agricoles ou industriels soient générateurs de revenus
contribuant à la réduction de la pauvreté, il faut dans un
premier temps que les fruits de ces investissements soient accompagnés
d'une redistribution parfaite des revenus. Deuxièmement un
développement industriel s'accompagne toujours d'effets néfastes
liés souvent à la santé et nécessite
également la formation des agents qui travaillent dans ce secteur. Un
investissement industriel ou agricole doit alors s'accompagner d'un
investissement en éducation et en santé bien que ces derniers ne
soient pas directement productifs.
1.3.5.2 Les stratégies de réduction de
la pauvreté au Bénin
Bien qu'il n'existe pas un programme national de
réduction de la pauvreté au Bénin, il est défini
des mesures nécessaires pour lutter contre ce fléau. Parmi
celles-ci, on peut citer :
- la croissance économique tirée par les
emplois ;
- l'accès au crédit ;
- la redistribution des richesses ;
- l'investissement dans les services sociaux de base ;
- la décentralisation des centres de décision
et de politiques macro-économiques saines.
L'ensemble de ces mesures a été largement
discuté au cours de la table ronde de Genève (1992), la table
ronde sur la dimension sociale du développement (DSD) à Cotonou
(1994), la conférence économique nationale (1996) et lors du
colloque sur le minimum social commun (MISOCOM) à Cotonou (1997)
En ce qui concerne la DSD, elle vise à :
- s'attaquer simultanément aux multiples aspects de la
pauvreté en renforçant
les politiques macro-économiques et sectorielles afin
qu'elles s'intègrent explicitement la dimension sociale du
développement dans leurs stratégies ;
- formuler et mettre en oeuvre un programme d'actions
ciblées sur des groupes
vulnérables identifiés avec la pleine
participation de ces derniers ;
- maîtriser les causes de la pauvreté à
travers une observation dynamique des
conditions de vie des populations.
Dans le cadre de la mise en oeuvre de cette stratégie,
différents programmes et projets sont initiés et plusieurs
actions sont menées. Au nombre de ceux-ci, il convient de rappeler
notamment :
- le programme national de la Dimension Sociale du
Développement (PNDSD) ;
- le programme national du développement
communautaire (PNDC);
- les programmes d'appui au développement local ;
- le programme national communautaire ;
- les programmes et projets spécifiques de lutte
contre les maladies ;
- les programmes et projets spécifiques de
développement de l'éducation ;
- les programmes et projets d'appui à la production
agricole, à la sécurité alimentaire et aux organisations
paysannes ;
- les programmes et projets d'assainissement et de protection
de l'environnement.
Sous la direction des institutions internationales, de
nouveaux outils de lutte contre la pauvreté sont en cours
d'élaboration. L'ensemble de ces outils est regroupé dans le
document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP).
La particularité de ce document est la prise en compte de la vision des
populations dans son élaboration.
1.4 La méthodologie
Cette section aborde trois sous-sections importantes de
l'étude à savoir, une première sous-section qui
s'intéresse aux différentes méthodes utilisées dans
la collecte des informations ; une seconde qui retrace les méthodes
d'analyse retenues pour le traitement des données et informations
recueillies et une troisième sous-section qui relate les
difficultés et limites de cette étude.
1.4.1 Les méthodes de collecte des
données
Les solutions envisageables pour recueillir des informations
quantitatives et qualitatives sur la situation de la pauvreté dans
l'Atlantique ne sont pas très variées. La recherche documentaire
fondée sur l'examen des documents administratifs, les recensements, les
rapports des partenaires au développement, et quelques rares
études sérieuses sur quelques uns des aspects de la
pauvreté dans l'Atlantique, ne permet d'obtenir que des informations
trop parcellisées.
Aussi, à défaut des recensements
généraux d'envergure nationale qui par ailleurs ne prennent
généralement pas en compte la perception des populations sur la
pauvreté dans leur pays, la seule solution pour assurer la participation
des populations à l'évaluation des politiques et programmes
menés par différents acteurs en vue de réduire ce
fléau consiste-t-elle à mener une enquête qualitative pour
un but précis.
1.4.1.1- La recherche documentaire
Elle nous a permis de réaliser la problématique,
de présenter la revue de littérature et d'identifier des
indicateurs pertinents ainsi que des évaluations qui ont
été faites suivant diverses méthodes quantitatives, voire
qualitatives. Il s'agit d'étudier dans la mesure du possible, les
différents aspects de la pauvreté dans le département de
l'Atlantique à partir de l'exploitation de la littérature qui
aborde plus ou moins le sujet. Pour cela, la présente étude a
tenté de dresser le profil de la pauvreté à partir de la
documentation obtenue.
Au nombre de ces documents, on peut retenir essentiellement
l'ECVR II, les tableaux de bord sociaux, les enquêtes
démographiques et de santé au Bénin (EDSB I et II), les
annuaires statistiques disponibles à l'INSAE, les rapports nationaux sur
le développement humain (RNDH), les documents disponibles à la
CAPE, les documents disponibles au niveau des ministères
concernés et au niveau de leurs démembrements, les documents
disponibles au niveau des partenaires au développement impliqués
dans les projets de développement des communautés de base du
département.
1.4.1.2- L'enquête qualitative
Pour compléter les informations obtenues au moyen de
la recherche documentaire qui ne présente les analyses que du point de
vue des auteurs de documents consultés, il est nécessaire
d'analyser directement la perception des populations les plus concernées
sur le sujet abordé. Cela a l'avantage de permettre une meilleure
identification et une évaluation plus proche de la
réalité, des différentes dimensions
de la pauvreté telles qu'elles sont ressenties.
L'enquête qualitative a comporté les étapes suivantes
:
- le choix de la population à
enquêter ;
- l'administration du questionnaire
élaboré ;
- les entrevues.
1.4.1.2.1 L'échantillonnage
Il est évidemment impossible pour des raisons
financières et la contrainte de temps d'enquêter dans sa
totalité une population aussi importante que celle du département
de l'Atlantique. Il importe donc d'enquêter un nombre réduit
d'individus, tout en veillant à la représentativité de
l'échantillon par rapport à la population-mère, de
façon à pouvoir reconstituer les caractéristiques de
celle-ci à partir de celles de l'échantillon.
La méthode probabiliste est celle qui est retenue dans
la présente étude car elle a l'avantage de reconstituer les
caractéristiques de la population-mère à partir de
l'échantillon.
Le plan de tirage est la stratification. Elle consiste, en
effet, à subdiviser la population en des unités primaires et
à tirer dans chaque unité primaire, au hasard, un nombre
d'individus. La population cible de notre enquête est l'ensemble des
personnes ayant au moins 25 ans vivant dans les zones rurales du
département, qui y résident depuis
5 ans et capable d'assumer une quelconque
responsabilité.
Le critère d'âge fixé à 25 ans nous
permettrait d'interroger des individus actifs donc capable de nous renseigner
sur les différents aspects de la pauvreté dans leur milieu.
Quant au critère de résidence, il est
fixé à 5 ans afin de retenir des individus maîtrisant leur
milieu de résidence. Nous avons choisi d'interroger 200 individus dans
le département. Les unités primaires dans ce cas précis
représentent les huit communes que compte le département. La
répartition des individus à enquêter par commune est
consignée dans le tableau ci-dessous (obtenu à partir du
processus de calcul présenté en annexe 1) :
Tableau n°1 : Répartition de
la taille de l'échantillon par commune
Communes
|
Taille de l'échantillon
|
Abomey-calavi
|
77
|
Allada
|
23
|
Kpomassè
|
14
|
Ouidah
|
20
|
Sô-ava
|
19
|
Tori-bossito
|
11
|
Toffo
|
18
|
Zè
|
18
|
Atlantique
|
200
|
Source : Nos propres calculs à
partir des résultats provisoires
du RGPH3-2002
1.4.1.2.2 Le questionnaire
C'est l'outil précieux qui nous a aidé à
recueillir la perception des populations sur les différents aspects de
la pauvreté tels que la santé, l'éducation, l'alimentation
et l'accès à l'eau potable et à
l'électricité.
Composé de 19 questions à plusieurs manches, il
a été administré individuellement aux populations
concernées. Nous avons assuré nous-mêmes son
administration.
1.4.1.2.3 Les entrevues
Elles se sont déroulées avec des groupes de 5
à 10 personnes. Nous débattons, dans ces groupes, des
différents problèmes que vivent quotidiennement les populations.
Les informations sont transcrites au fur et à mesure que la discussion
se déroule. Ceci nous a permis de recenser des informations relatant les
problèmes collectifs observés en matière de santé,
d'éducation, d'alimentation et de l'accès à l'eau et
à l'électricité.
1.4.2 Les méthodes d'analyse et de traitement
des données
La statistique descriptive est celle qui a été
plus utilisée dans l'analyse des informations recueillies. Les
données présentées sous forme de tableaux
synthétiques, de regroupements et de graphiques, nous ont permis
d'apprécier les informations recueillies et de vérifier les
hypothèses posées dans le présent travail.
L'indice de prix de Laspeyres est également
utilisé pour apprécier l'évolution relative des prix des
divers produits dans le département.
Il est défini comme étant la moyenne
arithmétique des indices simples pondérés par les
quantités de la période de base ou de référence.
Cet indice est donné par la formule suivante :
L t/o =
Avec t = période courante ; o = Année de
base ou de référence ; p = prix ;
q = quantité ; j = produits
1.4.3 Difficultés et limites
de l'étude
La pauvreté est un phénomène assez
complexe à plusieurs facettes. Ainsi l'étude de chacune d'elles
nécessite d'importants moyens financiers. Nos moyens financiers
limités ont été un handicap dans la réalisation de
cette étude.
Aux problèmes financiers, s'ajoutent les
difficultés auxquelles nous avons été confrontées
sur le terrain. Parmi celles-ci, on peut citer :
- la non disponibilité de certaines données
notamment celles relatives à l'année 2002 ;
- la réticence de certains enquêtés
à fournir les informations ;
- les difficultés d'accès à certaines
zones telles que la commune de Sô-Ava ;
- la mauvaise appréciation de l'objet de l'étude
par certaines populations.
En dépit de toutes ces difficultés, nous avons
pu quand même réaliser cette étude avec les moyens
disponibles.
2- LE PROFIL DE PAUVRETE DANS LE
DEPARTEMENT DE L'ATLANTIQUE
Pour mieux appréhender le profil du département
de l'Atlantique par rapport à la pauvreté, il importe de le
situer dans son contexte géographique et socio-économique.
2.1 Présentation de la zone
d'étude
2.1.1 Situation géographique
D'une superficie de 3233 km² (INSAE, 1992), le
département de l'Atlantique est l'un des plus petits des douze
départements du Bénin et s'étend sur près de 100km
de la côte vers l'intérieur du pays. L'Océan Atlantique
forme la limite Sud du département qui est limité à
l'Ouest par le département du Mono. Le lac Ahémé, le
fleuve Couffo et le fleuve Aho constituent les limites naturelles de cette
frontière. A l'Est, le département de l'Atlantique est
limité par celui de l'Ouémé. Cette frontière
passe au milieu de la vallée de l'Ouémé et traverse le lac
Nokoué pour rejoindre la côte à la limite du
département du Littoral. Au Nord, il se trouve limité par le
département du Zou. Cette frontière se situe au niveau
géographique des villages de Sêhouê, Kpomè et
Djigbé et passe par la dépression de la Lama. (voir carte en
annexe)
Ce département compte huit communes dont les
chefs-lieux sont : Abomey-calavi, Allada, Kpomassè, Ouidah,
Sô-Ava, Toffo, Tori-Bossito et Zè.
2.1.2 Traits physiques
Le département de l'Atlantique, dans son ensemble
présente les caractéristiques agro-écologiques
suivantes :
· Le
relief :
Le département de l'Atlantique est un ensemble
formé par un cordon littoral sableux qui s'étend sur environ 5 km
de large le long de la côte et qui est découpé par un
complexe lagunaire de plus en plus salé et des marrais. Le plateau de
terre de barre situé au centre du département descend vers les
vallées de l'Ouémé, du Couffo et la dépression de
la Lama. Cette partie du département offre d'immenses
possibilités agricoles. On y pratique les cultures vivrières, le
palmier à huile et le café (en voie de disparition). La
région des vallées couvre les lacs Ahémé,
Nokoué, Hlan, Dati, Toho et les vallées des fleuves Couffo,
Sô et Ouémé puis la dépression de la Lama. La
pêche et l'agriculture sont très développées dans
cette région.
· Le climat :
Le département de l'Atlantique est essentiellement
dominé par le climat sub-équatorial avec deux saisons
sèches et deux saisons des pluies. La pluviométrie moyenne
annuelle est voisine de 1200 mm, dont 700 à 800 mm pour la
première saison des pluies et 400 à 500 mm pour la seconde saison
pluvieuse. Les régions Est et le plateau de terre de barre sont les
plus arrosées.
En moyenne, la température mensuelle est comprise entre
27 et 31 degrés centigrades. Les écarts entre le mois le plus
chaud et le mois le moins chaud n'excèdent pas 3,2 degrés dans la
zone sud, alors que cette variation se situe à 3,8 degrés pour le
nord du département.
Les mois de février à avril sont les mois les
plus chauds et les mois de juillet à septembre sont les mois les plus
frais.
· L'Hydrographie :
Le département de l'Atlantique bénéficie
d'un important réseau hydrographique constitué des fleuves, des
lacs, des rivières, des bas-fonds, des marigots et des lagunes.
Au nombre des fleuves, on distingue le couffo, qui parcourt le
département sur près de 50 km et qui se jette dans le lac
Ahémé (85km2). La Sô, connue aussi par ses
fortes crues, s'étend sur 50 km. Le lac Toho (7km2) prend sa
source dans la rivière Sossou. Les crues des fleuves sont souvent les
sources de débordement des lacs ; ce qui crée parfois des
calamités importantes pour les villages limitrophes.
· Les sols :
Plusieurs catégories de sols sont à retenir dans
la formation géologique de l'Atlantique. Il s'agit des:
- sols à hydroxydes : bien individualisés
et à matière organique rapidement
décomposée ;
- sols hydromorphes ;
- sols peu évolués.
Le Nord du département est constitué
essentiellement des sols noirs tropicaux .
Dans la dépression de la Lama, on rencontre les argiles
noires soles qui sont des sols à capacité d'échange
élevée, mais à moyenne teneur en matière organique.
Les eaux y stagnent pendant la saison des pluies. On rencontre également
dans cette région des sols argileux noirs verts isoles. Ils sont moins
pourvus en matière organique que les précédents.
Au centre, on rencontre les sols faiblement ferralitiques ou
terres de barre caractérisées par des sols roux argileux couvrant
une grande partie du plateau d'Allada ; des sols argilo-sableux et des
sols rouges à beige-rouges, sablo-argileux.
Les sols du cordon littoral sont des sols peu
évolués et chimiquement pauvres.
A l'Est, se trouvent les sols blancs à tendance
podzolique qui sont des sols hydromorphes lessivés. Les sols ocres
(jaunes et gris) et les sols des marrais caractérisent également
le département de l'Atlantique.
· La
végétation :
Elle est dominée par un bush arbustif, associé
à des peuplements plus ou moins denses de palmiers à huile, que
l'on retrouve sur les plateaux soit à l'état naturel, soit en
plantations industrielles. La forêt équatoriale originelle compte
tenu du défrichage dont elle est victime n'existe qu'en petits
îlots d'extension négligeable.
En bordure de la côte, les sables du cordon littoral
sont couverts de plantations de cocotiers.
2.1.3 Caractéristiques
démographiques
D'une population de 529.546 habitants en 1992 (RGPH2,1992),
le département de l'Atlantique compte en 2002, 805.986 habitants soit
13,76% de la population nationale qui est estimée à 5.856.727
habitants (RGPH3,2002). Il représente ainsi l'un des départements
les plus peuplés du Bénin en 2002.
En 1992, on dénombrait 163 habitants au km² contre
249 habitants au km² en 2002 ; ceci lui confère la
quatrième position après le Littoral, l'Ouémé et le
Couffo. Le taux d'accroissement de 4,29% de la population de ce
département entre 1992 et 2002 montre comment, il attire beaucoup de
personnes après les départements des Collines et du Borgou qui
affichaient respectivement des taux de 4,64% et 4,32% comme l'indique le
tableau ci-après :
Tableau n°2 : Evolution
démographique et niveau du taux d'accroissement
de la population de l'Atlantique entre 1992 et 2002 et sa
comparaison avec les autres départements du Bénin.
Département (nouveau découpage)
|
Superficie (km2)
|
Rang superficie
|
Démographie 1992*
|
Démographie 2002**
|
Taux d'accroissement entre 1992-2002
|
Population
|
Densité
|
Rang Densité
|
Population
|
Densité
|
Rang densité
|
%
|
rang
|
Atlantique
|
3.233
|
8
|
529.546
|
163
|
4
|
805.986
|
249
|
4
|
4,29
|
3
|
Littoral
|
79
|
12
|
536.827
|
6.795
|
1
|
658.572
|
8.336
|
1
|
2,07
|
12
|
Atacora
|
20.499
|
3
|
400.613
|
19
|
10
|
543.929
|
26
|
11
|
3,11
|
6
|
Donga
|
11.126
|
5
|
248.695
|
22
|
9
|
341.913
|
31
|
9
|
3,53
|
5
|
Borgou
|
25.856
|
2
|
471.975
|
18
|
11
|
720.287
|
27
|
10
|
4,32
|
2
|
Alibbori
|
26.242
|
1
|
355.950
|
13
|
12
|
522.619
|
19
|
12
|
3,92
|
4
|
Ouémé
|
1.281
|
11
|
568.898
|
444
|
2
|
728.718
|
568
|
2
|
2,51
|
9
|
Plateau
|
3.264
|
7
|
307.676
|
94
|
6
|
106.715
|
124
|
6
|
2,83
|
8
|
Mono
|
2.037
|
9
|
281.245
|
138
|
5
|
350.467
|
175
|
5
|
2,46
|
10
|
Couffo
|
1.992
|
10
|
395.132
|
200
|
3
|
522.904
|
265
|
3
|
2,84
|
7
|
Zou
|
5.243
|
6
|
47.874
|
91
|
7
|
596.788
|
113
|
7
|
2,23
|
11
|
Collines
|
13.931
|
4
|
340.284
|
24
|
8
|
535.671
|
38
|
8
|
4,64
|
1
|
Bénin
|
114.763
|
|
4.266.247
|
59
|
-
|
5.856.727
|
80
|
|
3,23
|
|
Source : * I NSAE (RGPH 2-1992)
** I NSAE (RGPH 3-2002)
Selon les études réalisées par le
PNUD-DANIDA, MAEP (1999-2000), l'Atlantique compte en moyenne dans les zones
rurales six personnes par ménage et 42 enfants de moins de 10 ans sur
100 sont à la charge des actifs. Le taux de dépendance dans les
ménages pauvres est de 46% contre 38% dans les ménages non
pauvres. Il existe donc une relation directe entre le taux de dépendance
et la pauvreté.
Dans cette localité du Bénin, on rencontre
essentiellement les Aïzo et les Fon. On y trouve également les
Toffin, les Adja, les Mahi, les Plah et Pédah.
Diverses activités y sont pratiquées .
2.1.4 Caractéristiques
socio-économiques
Diverses activités économiques sont entreprises
par les populations de ce département. Elles comprennent les
activités du secteur primaire et du tertiaire car le secondaire est
presque inexistant dans les zones rurales.
* Le secteur primaire comprend la
production végétale, la production animale et celle
halieutique.
La production
végétale :
Au plan agricole deux systèmes de culture sont
pratiqués par les paysans : les cultures pluviales et les cultures
de contre saison :
- les cultures pluviales comprennent :
Les cultures vivrières : les principales cultures
vivrières pratiquées dans le département sont le maïs
et le manioc. Plus de 80% des superficies emblavées sont
consacrées à ces deux cultures. L'arachide vient en tête de
liste des cultures oléagineuses annuelles. Nonobstant l'augmentation de
la consommation du riz, sa culture n'a pas encore trouvé sa place dans
la production agricole du département.
Les cultures industrielles : il existe notamment des
palmeraies naturelles et un complexe agro-industriel de 10.854ha de palmiers
à huile sélectionnés. Les plantations de café sont
très vieilles et la relance de cette dernière est
envisagée.
- les cultures de contre saison :
Les paysans installés sur les côtes des lacs et
fleuves développent des cultures maraîchères pour
satisfaire les besoins des centres urbains. Il s'agit de la tomate et des
légumes feuilles. Il en est de même des plantations d'arbres.
Les méthodes rudimentaires sont encore en vigueur dans
ce département ; ceci limite la productivité et
réduit d'un coup la production à une agriculture de
subsistance.
La production animale :
Elle est très peu développée dans
l'Atlantique, peu organisée et constitue une activité secondaire
pour quelques individus. Les bovins, les ovins et caprins, les porcins et les
volailles sont les espèces animales qu'on rencontre
généralement dans ce département. Les élevages non
conventionnels (lapins, escargots, aulacodes) se développent et
constituent une forme de diversification de la production animale.
Plusieurs difficultés sont rencontrées dans
cette filière.
La pêche :
C'est l'une des sources non moins négligeables de
revenus de la plupart des populations de l'Atlantique. La pêche est
relativement développée et mobilise beaucoup de personnes, les
nationaux comme les étrangers. Dans les nombreux plans d'eau, la
pêche se pratique sous plusieurs formes :
- la pêche continentale
- la pêche maritime
- la pêche maritime industrielle.
Les communes de Calavi, Sô-Ava, Ouidah et
Kpomassè sont les plus intéressées par cette
activité.
*Le secteur tertiaire
comprend :
Le commerce : l'Atlantique compte en moyenne cinquante
marchés d'importance locale. Les activités d'importation et
d'exportation s'y déroulent.
L'industrie : les industries d'extraction d'huile de
palme (Hinvi et Ahozon) constituent le tissu industriel du
département.
On rencontre dans ce département, des gisements de
pétrole dans la région d'Allada et d'Abomey-calavi, de phosphate
et de gravier à Toffo.
Le tourisme : d'énormes possibilités
touristiques caractérisent le département. Les villages lacustres
de Ganvié et de Sô-Tchanhoué dans la commune de
Sô-ava et le musée historique de Ouidah ainsi que les plages
pittoresques sont des sources de revenus très importantes. Beaucoup de
touristes s'y rendent.
Après la présentation de notre zone
d'étude, il convient maintenant de s'intéresser aux
déterminants de la pauvreté.
2.2 La situation sanitaire de l'Atlantique
Pour mieux appréhender l'état sanitaire de
l'Atlantique, il sera procédé d'une part à
l'appréciation des naissances et des décès, l'analyse des
naissances vivantes, des poids des nouveau-nés, des mort-nés,
d'autre part à l'appréciation des maladies
générales et celles infantiles, des cas d'avortement puis
à l'analyse de l'accès des populations de ce département
aux services de santé.
2.2.1 Appréciation des naissances et des
décès
L'appréhension des naissances et des
décès se fera à travers l'analyse des taux bruts de
natalité et de mortalité, deux indicateurs démographiques
qui traduisent respectivement le niveau de reproduction et la situation des
décès dans le département.
2.2.1.1 Les naissances
Les départements de l'Atlantique et du Littoral
réunis présentaient en 1992 un taux brut de natalité de
45,3%o et occupent ainsi la dernière position en matière de
reproduction par rapport aux cinq autres départements (cf. tableau
n°3)
En 2002, le taux brut de natalité dans ces deux
départements est en moyenne de 37,09%o. L'Atlantique seul affichait
à cette même année un taux de 39,30%o contre une moyenne
nationale de 40,40%o ; ce qui lui confère le 8ème
rang après les départements de l'Alibori, de l'Atacora, du
Borgou, de la Donga, des Collines, du Zou, et du Couffo dont les taux varient
de 41,50 %o à 45,40%o.
Source : Nos propres
investigations à partir des données des statistiques
sanitaires(2002)
Le graphique n°2 ci-dessus illustre bien cette
réalité au niveau de chaque département
Le Littoral est le département qui présente la
meilleure situation avec un taux de 34,40%o. La situation n'est pas si mauvaise
dans l'Atlantique. En effet, les départements de l'Atlantique et du
Littoral réunis affichaient entre 1992 et 2002, une variation à
la baisse de 8,51%o ; ce qui suppose une adhésion remarquable des
populations de ces départements aux politiques de limitation des
naissances. Toutefois, des efforts restent à fournir pour réviser
davantage le taux à la baisse dans ces départements afin de
prévenir les risques liés au sous-emploi, au faible taux de
scolarisation et à l'insuffisance des soins de santé qui sont des
facteurs déterminants de la pauvreté.
2.2.1.2 La situation des
décès.
La mortalité désigne l'action de la mort sur
les populations. L'événement qui la caractérise est le
décès. Le taux brut de mortalité est l'indicateur
démographique qui traduit mieux cet événement.
En 1992, ce taux est de 12,8%o pour l'ensemble
Atlantique/Littoral contre un taux de 11,84%o en 2002 dans ces mêmes
départements (cf. tableau n°3)
La régression du taux de mortalité dans ces
départements témoigne de l'amélioration des conditions
sanitaires des populations. Mais remarquons que le niveau des
décès demeure critique dans le département de
l'Atlantique où le taux brut de mortalité est de 12,70%o à
côté de 13,00%o pour l'ensemble du pays en 2002. Ce
département fait partie donc des cinq départements qui ont les
taux de mortalité les plus élevés et s'aligne ainsi
derrière le Zou, les Collines, la Donga, l'Atacora et le Mono qui ont
respectivement les taux de 14,70%o, 14,00%o, 13,30%o, 13,20%o et 13,00%o. Les
autres départements présentent des taux qui sont compris entre
9,70%o et 12,00%o.
2.2.1.3 Accroissement naturel et migration nette dans
l'Atlantique
Pour mieux apprécier l'incidence de la
mortalité sur les naissances, on se sert du taux d'accroissement
naturel. Ce taux, dans l'Atlantique est de 26,60%o soit 2,66%, le classant
ainsi au 9ème rang par rapport aux autres
départements.
Ce taux d'accroissement naturel comparé avec celui
démographique de l'Atlantique qui est de 4,29% (INSAE 2002, RGPH3),
dégage un excédent de 1,63% : c'est le taux net de
migration. Ce bilan positif des flux migratoires de 1,63% est le
résultat des immigrations en provenance des autres départements
et des pays limitrophes tels que le Nigéria et le Togo.
2.2.1.4 La mortalité infantile
L'Atlantique/Littoral constituait en 1992 l'une des poches de
la mortalité infantile. A cette année, le taux de
mortalité s'élevait à 98%o contre 65,48%o en 2002 comme
l'indique le tableau n°4 ci-après.
Tableau n°4 : Situation des taux de
mortalité infantile dans l'Atlantique
comparés à ceux des autres
départements entre 1992 et 2002
Département
|
1992
|
2002
|
Taux (%o)
|
Rang
|
Taux (%o)
|
Rang
|
Atlantique
|
98
|
4
|
65,48*
|
70,70
|
11
|
Littoral
|
60,00
|
12
|
Atacora
|
101
|
2
|
107,30
|
2
|
Donga
|
107,40
|
1
|
Borgou
|
84
|
6
|
87,80
|
5
|
Alibori
|
87,60
|
6
|
Mono
|
98
|
4
|
85,50
|
7
|
Couffo
|
85,30
|
8
|
Ouémé
|
101
|
2
|
72,90
|
10
|
Plateau
|
73,00
|
9
|
Zou
|
117
|
1
|
90,20
|
3
|
Collines
|
90,20
|
3
|
Bénin
|
99
|
-
|
83,20
|
-
|
Source : Tableau de bord social, 1998
(P.48)
Annuaire des statistiques sanitaires, 2002 (P.9)
*Nos propres estimations
Le département de l'Atlantique seul enregistrait en
2002, un taux de mortalité de 70,70%o contre une moyenne nationale de
83,20%o
La situation est meilleure dans l'Atlantique en 2002,
après le Littoral qui dégageait un taux de 60,00%o , par rapport
aux autres départements dont les taux sont compris entre 72,90%o et
107,40%o. Bien que ce taux de 70,70%o affiché par l'Atlantique ne soit
pas l'idéal souhaité, il faudrait remarquer tout de même
qu'il y a une amélioration des équipements sanitaires, de
l'augmentation du personnel de santé et de la participation de la
population dans la réduction du décès infantile.
2.2.2 Appréciation des naissances
vivantes
Les données des tableaux de bord sociaux de 1998 et de
2000 d'une part, et les statistiques sanitaires de l'année 2002 d'autre
part, indiquent pour l'ensemble des départements Atlantique/Littoral,
27.875 naissances vivantes en 1995 contre 45.050 naissances en 2002. Cet
accroissement de 61,61% des naissances vivantes entre 1995 et 2002 est
certainement le résultat de l'amélioration des prestations
sanitaires et de l'augmentation de la population dans ces départements.
On dénombrait en 2002, 23.070 naissances vivantes dans l'Atlantique
contre 199.224 naissances pour l'ensemble du pays comme l'indique le tableau
n°5 ci-après
Tableau n°5 : Evolution dans
l'Atlantique des poids vifs à la naissance inférieurs à
2500 g et comparaison
avec le reste du Bénin entre 1995 et 2002
Département
|
1995
|
2002
|
Naissances vivantes
|
Naissances vivantes à poids <2500g
|
Naissances vivantes
|
Naissances vivantes à poids <2500g
|
Nombre
|
Taux (%)
|
Nombre
|
Taux (%)
|
Atlantique
|
27.875
|
4.149
|
15
|
23.070
|
2.190
|
9
|
Littoral
|
21.980
|
3.401
|
15
|
Atacora
|
15.555
|
1.375
|
9
|
11.338
|
1.175
|
10
|
Donga
|
8.159
|
986
|
12
|
Alibori
|
19.669
|
2.078
|
11
|
13.033
|
1.668
|
13
|
Borgou
|
17.595
|
2.295
|
13
|
Ouémé
|
28.872
|
3.583
|
12
|
25.750
|
3.214
|
12
|
Plateau
|
14.294
|
1.717
|
12
|
Mono
|
18.215
|
1.764
|
10
|
12.371
|
1.175
|
9
|
Couffo
|
14.457
|
1.233
|
9
|
Zou
|
28.390
|
3.243
|
11
|
21.084
|
2.654
|
13
|
Collines
|
16.093
|
2.046
|
13
|
Bénin
|
140.513
|
16.564
|
12
|
199.224
|
23.754
|
12
|
Source : Tableau de bord
social,1998,2000
Statistiques sanitaires,2002
2.2.3 Poids des bébés
à la naissance
Les statistiques sanitaires de l'année 2002 montrent
que 9% des nouveau-nés de l'Atlantique pèsent moins de
2.500g ; ce qui représente un taux meilleur par rapport à
ceux de tous les autres départements sauf le Couffo et le Mono qui
présentent les mêmes taux de nouveau-nés pesant moins de
2,5kg. Ainsi, l'Atlantique et l'Atocora (10%) contribuent avec le Couffo et le
Mono à tirer la moyenne nationale de nouveau-nés (pesant moins de
2500g), sous pondérés vers le bas. Cette moyenne en 1995,
était de 12% contre 13% en 2000 (statistiques sanitaires 2000); soit une
augmentation de nombre de nouveau-nés moins de 2,5kg. En 2002, elle est
de 12% comme l'indique le tableau n°5.
L'analyse des données de ce tableau montre que la
proportion de naissances de moins de 2,5kg dans l'Atlantique s'est
améliorée entre 1995 (15% de moins de 2,5 kg) et 2002. Les
facteurs d'une telle amélioration résideraient dans la
quantité et la qualité des dispositifs humains et
matériels qui caractérisent les services de néonatologie
de l'Atlantique.
2.2.4 Appréciation générale des
maladies
Le tableau n°6 ci-après montre que le
département de l'Atlantique est la cible de plusieurs maladies dont les
plus fréquentes sont :
i- le paludisme qui atteint 34,90% de la population totale et
33,79% des enfants de moins de 4 ans.
ii- les infections respiratoires aiguës : 18,19% au
niveau de la population totale et 24,37% au niveau des enfants de moins de 4
ans.
iii- les infections gastro-intestinales y compris la
diarrhée : 14,88% au niveau de la population et 15,56% au niveau
des enfants de moins de 4 ans.
Remarquons en outre que ces trois maladies sont celles qui
attaquent le plus les enfants, qui sont également touchés par
l'anémie.
Tableau n°6 : Données
épidémiologiques de l'Atlantique
Maladies
|
Nombres de cas de maladies consultées en 2002
|
Niveau population totale
|
Niveau des enfants de 0-4 ans
|
Effectif
|
*Fréquence (%)
|
Effectif
|
*Fréquence (%)
|
Rougeole
|
226
|
0,13
|
146
|
0,18
|
Poliomyélite
|
13
|
0,00
|
7
|
0,00
|
Coqueluche
|
4
|
0,00
|
2
|
0,00
|
Tétanos néonatal
|
4
|
0,00
|
4
|
0,00
|
Autres tétanos
|
9
|
0,00
|
2
|
0,00
|
Méningite
|
22
|
0,01
|
17
|
0,02
|
Fièvre jaune
|
0
|
0,00
|
0
|
0,00
|
Choléra
|
32
|
0,01
|
0
|
0,00
|
Dysenterie bacillaire
|
3 .765
|
1,96
|
2490
|
3,17
|
Autres maladies diarrhéiques
|
6.488
|
3,38
|
3454
|
4,40
|
Autres affections gastro-intestinales
|
22.072
|
11,5
|
8754
|
11,16
|
Paludisme
|
66.971
|
34,9
|
26.490
|
33,79
|
Neuro-Paludisme
|
7.641
|
3,98
|
3890
|
4,76
|
MST
|
1.605
|
0,83
|
119
|
0,15
|
Autres affections uro-génitales
|
1.151
|
0,59
|
158
|
0,20
|
Conjonctivite
|
1428
|
0,74
|
518
|
0,66
|
Autres affections oculaires
|
755
|
0,39
|
175
|
0,22
|
Malnutrition
|
796
|
0,41
|
648
|
0,82
|
Anémie
|
8.668
|
4,51
|
4722
|
6,03
|
Infections respiratoires aiguës hautes
|
11.316
|
5,89
|
6060
|
7,73
|
Infections respiratoires aiguës basses
|
23.411
|
12,2
|
13044
|
16,64
|
Morsure de serpent
|
245
|
0,12
|
11
|
0,01
|
Rage
|
0
|
0,00
|
0
|
0,00
|
Affections dermatologiques
|
4.787
|
2,49
|
2.382
|
3,03
|
Affections traumatiques
|
12.539
|
6,53
|
1.275
|
1,62
|
Affections cardio-vasculaires
|
676
|
0,35
|
7
|
0,00
|
Affections ostéro-articulaires
|
2.284
|
1,19
|
113
|
0,14
|
Affections bucco-dentaires
|
1.620
|
0,84
|
677
|
0,86
|
Autres affections
|
13.579
|
7,07
|
3228
|
4,11
|
Total
|
191.843
|
100,00
|
78389
|
100,00
|
Source : Annuaire des statistiques
sanitaires, 2002
*Nos propres estimations, septembre 2003
2.2.5 Appréciation des mort - nés et des
avortements
Selon le tableau n°7, le nombre de mort-nés dans
l'Atlantique au cours de l'année 2002 s'élève à
393. Ce nombre le place au 5ème rang derrière le
Plateau, l'Atacora, la Donga et le Couffo dont les nombres de mort-nés
sont respectivement de 255 ; 272 ; 343 et 355.
Une comparaison entre l'effectif des mort-nés pour les
départements de l'Atlantique/Littoral en 1995 (725 mort-nés) et
le nombre de mort-nés pour les mêmes départements en 2002
(1280 mort-nés), révèle que la situation des
mort-nés ne s'est guère améliorée.
S'agissant des avortements, l'Atlantique et le Littoral
réunis présentent les nombres les plus élevés. En
1995, on dénombrait 1.391 cas pour l'ensemble de ces départements
contre 2242 en 2002 dont 865 cas pour l'Atlantique. Au plan national, ce nombre
est estimé à 9.196 à cette même année.
La situation des avortements est peu reluisante dans
l'Atlantique que dans les autres départements exceptés
l'Atacora, le Couffo, le Plateau, la Donga, et le Mono dont les nombres
d'avortement sont compris entre 371 et 647. La situation est très
critique dans le Littoral (1377 cas en 2002).
Ce progrès relatif de l'Atlantique serait dû en
partie aux considérations traditionnelles qui font de la conception de
l'accouchement et de la vie de l'être humain, un objet sacré
émanant de Dieu.
2.2.6 Les décès maternels
La situation de la mortalité maternelle dans
l'Atlantique est relatée par les taux de décès maternel
consignés dans le tableau n°7 suivant :
L'Atlantique, en 2002, enregistrait 56 décès
pour 100.000 naissances vivantes contre 292 décès pour 100.000
naissances vivantes pour l'ensemble du pays.
Tableau n°7: Situation des
mort-nés, des avortements et des décès maternels dans
l'Atlantique comparée à celle des
autres départements entre 1995 et 2002
Départements
|
1995
|
2002
|
Nombrede mort nés
|
Nombre d'avorte-
Ments
|
Décès maternel
|
Taux de fréquentation
Des services de santé(%)
|
Nombre de mort - nés
|
Nombre d'avortements
|
Décès maternel
|
Taux de fréquentation
Des services de santé (%)
|
Nombre
|
Taux*
|
Nombre
|
Taux *
|
Atlantique
|
723
|
1.391
|
62
|
222
|
37,70
|
393
|
865
|
13
|
56
|
25
|
Littoral
|
887
|
1.377
|
132
|
601
|
52
|
Atacora
|
441
|
534
|
43
|
276
|
31,52
|
272
|
371
|
11
|
97
|
31
|
Donga
|
343
|
486
|
26
|
319
|
31
|
Borgou
|
676
|
1.140
|
41
|
208
|
36,57
|
673
|
881
|
52
|
295
|
37
|
Alibori
|
507
|
883
|
66
|
511
|
33
|
Mono
|
485
|
675
|
7
|
38
|
22,42
|
444
|
647
|
23
|
186
|
38
|
Couffo
|
355
|
439
|
10
|
69
|
24
|
Ouémé
|
758
|
1.017
|
72
|
249
|
41,12
|
846
|
895
|
94
|
365
|
48
|
Plateau
|
255
|
474
|
10
|
70
|
29
|
Zou
|
969
|
1.347
|
84
|
296
|
29,71
|
829
|
949
|
40
|
190
|
32
|
Collines
|
523
|
929
|
104
|
646
|
34
|
Bénin
|
4.180
|
6.242
|
327
|
233
|
33,92
|
6.337
|
9.196
|
581
|
292
|
35
|
Source : Annuaire des statistiques
sanitaires, 2002
TBS, 1998 (p 53-55)
*ratio de mortalité pour 100.000
naissances.
Ce département présente à cette
même année, le meilleur taux de décès maternel par
rapport aux onze autres départements dont le taux varie de 69 à
646 décès pour 100.000 naissances vivantes. Cette performance
réalisée par l'Atlantique serait rendue possible grâce aux
différentes actions menées en matière de la santé
de reproduction dont la maternité à moindre risque et
l'éducation à la vie familiale et la parenté responsable
en sont les outils.
La maternité à moindre risque suppose des
consultations prénatales et post-natales, des accouchements
assistés par un personnel qualifié puis la
référence des grossesses à moindre risque. Le tableau
n°8 présente la situation des consultations dans l'Atlantique
depuis 1993.
Tableau n°8: Evolution des femmes
enceintes vues en consultations prénatales
(CPR) et des femmes ayant accouchés vues en
consultations post- natale (CPO) en %.
|
Indicateurs
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Atlantique
|
CPR
|
76
|
68
|
67
|
64
|
69,6
|
63,7
|
88,4
|
80,2
|
91,1
|
68,7
|
CPO
|
22
|
21
|
25
|
26
|
28,6
|
31,5
|
37,5
|
77,8
|
66
|
47,5
|
Bénin
|
CPR
|
69
|
70
|
69
|
67
|
68,1
|
68
|
84,5
|
86,7
|
90
|
76,5
|
CPO
|
24
|
27
|
31
|
32
|
34,1
|
34,8
|
41,3
|
43,0
|
41,7
|
34,5
|
Source : Tableau de Bord Social, 2000
(p. 73)
Annuaires sanitaires 2000,2001,2002
Le nombre de femmes vues en consultation prénatale
dans l'Atlantique diminue au file des années en passant de 76% en 1993
à 63,7% en 1998 avant d'atteindre 91,1% en 2001 contre 90% pour le
Bénin à la même année. Ce nombre oscille autour de
68% entre 1993 et 1998 pour l'ensemble du pays. En 2002, il est de 68,70% dans
l'Atlantique et de 76,5% sur le plan national.
Après délivrance, on assiste à une
augmentation progressive du nombre de femmes vues en consultation dans
l'Atlantique. Ce nombre passe de 22 femmes sur 100 en 1993 à 78 femmes
sur 100 en 2000 contre 24 femmes sur 100 pour le Bénin en 1993
et 43 femmes sur 100 en 2000. En 2002, ce taux est de 47,5%
dans l'Atlantique et de 34,5% pour le Bénin comme le montre le graphique
n°3 ci-après :
Source :Nos propres
investigations à des données du TBS(2000) et des statistiques
sanitaires(2000,2001,2002)
2.2.7 Accès aux services de
santé
Selon les données du tableau n°9a, 21 personnes
sur 100 fréquentent en 1992, les centres de santé dans les
départements de l'Atlantique et du Littoral réunis.
En 2002, le taux de fréquentation des services de
santé dans ces départements était de 37,20% contre 35% au
niveau national. Avec ce taux de 37,20%, l'Atlantique /Littoral occupait
la 2ème position derrière le département de
l'Ouémé/Plateau, dont le taux est de 41,14%. Les autres
départements ont des taux compris entre 29,70% et 35,33%.
Tableau n°9a : Evolution du taux de
fréquentation des centres de santé dans
l'Atlantique entre 1992 et 2002 (en%)
Départements
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Atlantique/Littoral
|
21,2
|
26,47
|
30,56
|
37,70
|
56
|
56
|
56
|
33
|
35,93
|
35,51
|
37,2
|
Atacora/Donga
|
20,77
|
21,93
|
26,29
|
31,52
|
41
|
41
|
41
|
28
|
29,60
|
30,5
|
31
|
Borgou/Alibori
|
27,37
|
26,70
|
35,56
|
36,57
|
44
|
44
|
44
|
36
|
35,57
|
43,31
|
35,33
|
Mono/Couffo
|
16,51
|
21,14
|
22,95
|
22,42
|
28
|
28
|
28
|
27
|
24,41
|
24,9
|
29,70
|
Ouémé/Plateau
|
27,49
|
28,57
|
37,49
|
41,12
|
48
|
48
|
48
|
37
|
37,77
|
45,98
|
41,14
|
Zou/Collines
|
15,13
|
22,61
|
24,5
|
29,71
|
40
|
40
|
40
|
40
|
38,82
|
33,25
|
32,94
|
Bénin
|
21,73
|
25,12
|
30,01
|
33,92
|
44
|
44
|
44
|
34
|
34
|
36
|
35
|
Source : Tableau de Bord Social, 1998
(p55)
Tableau de Bord social, 2000 (p 66)
Annuaire statistique sanitaire 2002 et nos
propres estimations
Une analyse année, par année
révèle que le taux de fréquentation dans l'Atlantique a
progressé sur les cinq premières années depuis 1992 avant
de se stabiliser autour de 56 % entre 1996 et 1998 pour chuter à 33% en
1999. La tendance est la même pour tous les autres départements
et l'ensemble du pays à l'exception des départements du
Zou/Collines où le taux s'est stabilisé autour de 40% entre 1996
et 1999.
Cette réalité dans le département de
l'Atlantique est traduite par le graphique n°4 qui retrace aussi
l'évolution des taux au niveau national. L'évolution progressive
des taux de fréquentation des services de santé dans
l'Atlantique, témoigne de l'importance non négligeable
accordée par les populations de ce département, aux pratiques de
la médecine moderne entre 1992 et fin 1998.
Source : Nos propres
investigations à des données du TBS'(1998-2000) et
sanitaires(2000,2001 ,2002)
Cette importance accordée aux services de santé
demeure inchangée de 1996 à 1998 avant de connaître une
régression due certainement à un désintéressement
des populations aux soins sanitaires modernes, au profit de la pratique de
l'automédication qui ne serait qu'une implication logique de la
pauvreté. Ceci a été confirmé par les
résultats de nos enquêtes qui ont révélé que
19% des populations continuent d'avoir recours à
l'automédication.
Une comparaison des différents taux de l'Atlantique
avec ceux de l'ensemble du pays confère à ce département
une meilleure position par rapport au Bénin.
Dans l'Atlantique rural, 43% (ECVRII,1999-2000) des membres
des ménages ont recours aux services de la médecine moderne
contre 1% pour celle traditionnelle en cas de maladie contrairement à
la pensée selon laquelle la plupart des populations ont recours aux
pratiques de la médecine traditionnelle en cas de maladie.
Par ailleurs, il faut signaler que le développement du
secteur sanitaire s'appuie non seulement sur les formations sanitaires (FS),
mais aussi et surtout sur les prestations d'un personnel important . Le tableau
n°9b suivant présente la situation des différents
indicateurs socio-sanitaires dans l'Atlantique en 2002 :
Tableau n°9b : Indicateurs
socio-sanitaires en 2002 dans l'Atlantique
Départements
|
Indicateurs socio-sanitaires
|
Nbre d'hbts/F.S
|
Nbre d'hbts/Médecin
|
Nbre d'hbts/Infirmier
|
Nbre de FAP/Sage- Femme
|
Atlantique
|
4.633
|
8.351
|
2.578
|
997
|
Littoral
|
2.801
|
1.274
|
943
|
572
|
Atacora
|
8.284
|
23.888
|
3.924
|
3.289
|
Donga
|
10.002
|
58.652
|
8.379
|
4.109
|
Borgou
|
4.914
|
14.779
|
2.162
|
2.503
|
Alibori
|
7.930
|
40.084
|
3.277
|
4.586
|
Ouémé
|
3.900
|
8.030
|
2.106
|
1.146
|
Plateau
|
5.219
|
20.356
|
4.285
|
2.632
|
Mono
|
6.667
|
11.251
|
2.590
|
7.348
|
Couffo
|
8266
|
26.229
|
3.974
|
6.956
|
Zou
|
5.504
|
13.636
|
3.015
|
1.978
|
Collines
|
6.699
|
23.301
|
3.152
|
3.191
|
Bénin
|
5.416
|
7.210
|
2.440
|
1.555
|
FS = Formation Sanitaire ; FAP = Femme en Age de
Procréer
Source : Annuaire Sanitaire,2002 (P26-27)
Selon les données de ce tableau, l'Atlantique et le
Littoral enregistrent un meilleur ratio (Nbre d'hbts/FS) soit respectivement
4633 habitants et 2801 habitants par rapport aux autres départements et
à la moyenne nationale qui est de 5416 hbts/FS.
Les départements de l'Atlantique et du Littoral
à côté de celui de l'Ouémé,
présentent un ratio (Nbre d'hbts/Médecin) relativement meilleur
(moins de 10.000 hbts/Médecin) en 2002 par rapport aux
départements de la Donga, de l'Alibori, du Couffo, de l'Atacora, des
Collines et du Plateau dont les ratios sont supérieurs à 20.000
hbts/Médecin. La moyenne nationale est de 7.210 hbts/Médecin.
En ce qui concerne le nombre d'habitants par infirmier, il est
observé une certaine homogénéité sauf dans le
département de la Donga où il est noté une valeur de 8.379
habitants par infirmier. La situation du nombre de femmes en
âge de procréer par sage-femme est acceptable dans l'Atlantique et
le Littoral (997 et 572 FAP/sage-femme). Le Mono, le Couffo, et l'Alibori sont
les départements qui ont plus de déficit en sages-femmes.
Au total, les autorités locales et centrales doivent
faire de la politique de recrutement du personnel sanitaire, l'une de leur
priorité car si rien n'est fait, dans quelques années, on risque
de voir les formations sanitaires non fonctionnelles, faute de personnel
qualifié. Il se pose alors le problème de sous-emploi dont est
victime la population active car le constat révèle que ce n'est
pas la main-d'oeuvre qualifiée qui fait défaut mais plutôt
la politique d'insertion des diplômés.
L'analyse de la situation sanitaire de l'Atlantique, dans sa
globalité est reluisante par rapport aux autres départements.
Toutefois des efforts restent à fournir pour assurer aux populations
de ce département des conditions sanitaires satisfaisantes.
2.3 Le niveau d'éducation dans le
département de l'Atlantique
2.3.1 Appréciation de l'accès à
l'éducation
Comme l'indique le tableau n°10 ,le taux brut de
scolarisation des enfants de 5 à 14 ans dans l'Atlantique rural
varie selon le sexe et la catégorie socio-économique des
ménages.
Tableau n°10: Taux brut de
scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des
ménages ruraux de
l'Atlantique (en pourcentage)
Département
|
Catégorie socio-économique
|
Sexe
|
Ensemble
|
Féminin
|
Masculin
|
Atlantique
|
Pauvres
|
39,3
|
69,7
|
56,1
|
Vulnérables
|
45,2
|
67,9
|
57,9
|
Non-pauvres
|
56,5
|
71,9
|
65,5
|
Ensemble
|
43,5
|
69,6
|
58,0
|
Bénin
|
Pauvres
|
34,5
|
47,4
|
41,5
|
Vulnérables
|
36,0
|
48,7
|
43,4
|
Non-pauvres
|
33,0
|
52,0
|
42,9
|
Ensemble
|
34,4
|
49,2
|
42,0
|
Source : ECVRII, 1999-2000 (p.53)
Au niveau des enfants de sexe féminin, ce taux est de
43,5% contre une proportion de 69,6% pour les garçons. Ce taux, pour
l'ensemble des milieux ruraux au Bénin, est de 42,0% contre 58% pour
l'Atlantique rural.
Par ailleurs, une analyse socio-économique
révèle que les enfants issus des ménages pauvres sont les
moins scolarisés (56,1% contre 57,9% pour les vulnérables et
65,5% pour les non-pauvres). Il existe donc une corrélation entre la
scolarisation des enfants surtout celle des jeunes filles et le niveau de
pauvreté des ménages dont ils sont issus.
Selon l'ECVRII, (1999-2000) les principales raisons
évoquées pour expliquer la faible scolarisation des enfants de
cette tranche d'âge sont entre autres, l'âge des enfants
jugé insuffisant par 27 ménages sur 100 interrogés et
le coût jugé trop élevé avancé par la
même proportion de ménages.
Sur 100 ménages interrogés, 10 pensent que les
enfants doivent nécessairement les aider dans leurs travaux
quotidiens. Ces raisons énumérées témoignent de
l'ignorance de la plupart des ménages en matière de
réglementation et de l'importance de la scolarisation des enfants dans
le processus de développement de l'Atlantique.
Quoiqu'on dise, l'Atlantique présente une meilleure
situation par rapport à l'ensemble du pays où le taux de
scolarisation des filles est très faible (34%contre
49, 8% pour les garçons).
2.3.2. Le niveau d'instruction dans
l'Atlantique
La situation du niveau d'instruction dans l'Atlantique est
traduite dans le tableau
n°11. Ce tableau présente les différents
niveaux atteints par les populations de ce département en 1996 et en
2001.
En 1996, la proportion des femmes n'ayant reçu aucune
éducation formelle est estimée à 51% ; chez les
hommes, cette proportion n'est que de 23%.
En 2001, 62% des femmes et 34% des hommes sont sans niveau.
La situation est pareille pour l'ensemble du pays où la moyenne
nationale en 2001 pour les femmes est de 63% contre 71% en 1996 nonobstant les
nombreuses dispositions prises par le gouvernement pour encourager
l'instruction des filles.
Par ailleurs, en 1996, 34% de femmes et 46% d'hommes ont le
niveau primaire contre respectivement 30% et 51% en 2001 comme l'indique le
tableau n°11 ci-après :
Tableau n°11 : Evolution du niveau
d'instruction de la population des ménages de
l'Atlantique selon le sexe entre 1996 et 2001 (en
pourcentage)
Département
|
Années
|
Aucun niveau
|
Niveau primaire
|
Niveau secondaire et plus
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Atlantique
|
1996
|
23,2
|
50,9
|
46,2
|
33,5
|
28,0
|
14,1
|
2001
|
33,5
|
61,5
|
50,5
|
30,3
|
15,1
|
7,3
|
Bénin
|
1996
|
46,7
|
71,3
|
39,5
|
22,2
|
12,5
|
5,4
|
2001
|
40,1
|
63,1
|
42,6
|
28,1
|
16,4
|
8,2
|
Source : EDSBI, 1996
EDSBII, 2001
La proportion des femmes ayant le niveau secondaire et plus ne
cesse de décroître. Ainsi, cette proportion passe de 14% en 1996
à 7% en 2001. Chez les hommes, on note également une
régression qui se traduit par une proportion de 28% en 1996 et de 15% en
2001, pour le niveau secondaire et plus. Par contre, au plan national, on
note une progression ; soit 12,5% en 1996 pour les hommes contre 5,4% chez
les femmes. En 2001, cette proportion est de 16,4% et de 8,2% respectivement
pour les sexes masculin et féminin.
Le recul du niveau d'instruction généralement
constaté dans l'Atlantique et particulièrement celui des femmes
pose l'éternel problème de la faible scolarisation des filles
malgré la gratuité de l'enseignement primaire dans les zones
rurales.
Une politique de sensibilisation doit être alors
élaborée pour encourager l'inscription des filles surtout dans
les milieux ruraux.
La situation du niveau d'instruction dans l'Atlantique
rural, comme le traduit le tableau n°12, en 2000, varie suivant le sexe
et la catégorie socio-économique des ménages.
Selon les données de ce tableau, seuls 29% des membres
des ménages ruraux ont le niveau primaire, 4% ont au moins le niveau
secondaire. La proportion des membres des ménages n'ayant reçu
aucune éducation formelle est estimée à 66 % et sont
considérés de ce fait comme analphabètes. Cette situation
est plus accentuée chez les femmes où près de 79 femmes
sur 100 n'ont reçu aucune instruction contre 52 hommes sur100. En
2000, seulement 21% des femmes rurales sont instruites contre 48% au niveau
des hommes. Cette tendance est la même pour l'ensemble du pays
où seulement 20% des femmes et 39% des hommes sont instruits.
Ces écarts de niveau d'instruction observés
entre les femmes et les hommes de l'Atlantique rural, sont les
conséquences des mariages précoces dont sont victimes la plupart
de nos jeunes soeurs et la conception que certains parents font de la
scolarisation des filles. Pour ces parents, l'investissement dans
l'instruction de la femme profite uniquement à la famille du futur
marié.
Par ailleurs, une analyse suivant la catégorie
socio-économique du monde rural de l'Atlantique révèle
que les pauvres sont plus instruits que les non-pauvres. En effet, 51% des
membres des ménages pauvres ont fréquenté l'école
primaire, 61% ont un niveau secondaire et 50% un niveau supérieur
contre respectivement 18% et 12% des membres des ménages non pauvres,
pour le niveau primaire et secondaire.
Quant aux ménages vulnérables, seuls 30% ont un
niveau primaire, 27% un niveau secondaire et 50% un niveau supérieur.
Ce paradoxe réside dans le fait que la plupart des membres des
ménages pauvres accordent plus d'importance à l'école et
y voient un moyen d'amélioration de leurs conditions de vie.
Tableau n°12 : Niveau d'instruction
des membres des ménages ruraux selon le sexe et la catégorie
socio-économique
Région
|
Aucune éducation formelle
|
Alphabétisation fonctionnelle
|
Alphabétisation en arabe
|
Niveau primaire
|
Niveau secondaire
|
Niveau supérieur
|
M
|
F
|
T
|
M
|
F
|
T
|
M
|
F
|
T
|
M
|
F
|
T
|
M
|
F
|
T
|
M
|
F
|
T
|
Atlantique (%)
|
51,6
|
78,9
|
65,6
|
2,8
|
0,9
|
1,8
|
0,2
|
0,0
|
0,1
|
38,6
|
19,2
|
28,6
|
6,7
|
0,9
|
3,7
|
0,2
|
0,2
|
0,2
|
Atlantique
Rural
|
Non
Pauvre
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
16,3
|
22,0
|
18,2
|
11,1
|
20,0
|
12,2
|
-
|
-
|
-
|
Vulnérables
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
|
-
|
-
|
-
|
29,2
|
30,3
|
29,6
|
30,6
|
-
|
26,8
|
100,0
|
-
|
50,0
|
Pauvres
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
54,5
|
47,7
|
52,2
|
58,3
|
80,0
|
61,0
|
-
|
100,0
|
50,0
|
Bénin
|
60,6
|
80,4
|
70,5
|
1,7
|
0,7
|
1,2
|
2,1
|
0,8
|
1,4
|
30,0
|
16,5
|
23,3
|
5 ,4
|
1,4
|
3,4
|
0,2
|
0,1
|
0,2
|
Source : ECVR II,1999-2000 (p 53)
2.3.3 Appréciation du niveau de
scolarisation
Un indicateur, non moins important, du développement
humain est le taux brut de scolarisation. Ce taux, comparé au taux net
de scolarisation permet de faire ressortir les disparités au niveau de
l'âge de fréquentation aux différentes échelles de
l'enseignement. Pour mieux appréhender le dynamisme de ce taux brut
dans l'Atlantique/Littoral, nous nous intéresserons à son
étude sur la période allant de 1993 à 2001. Le tableau
n°13 traduit les différents taux de scolarisation au niveau de
chaque département et pour l'ensemble du pays.
Selon les données de ce tableau, le taux brut de
scolarisation de l'enseignement primaire dans l'Atlantique/littoral est en
1993, d'environ 88%. Ce taux place ces départements au premier rang
par rapport aux autres départements dont les taux bruts de
scolarisation sont compris entre 35% et 62%.
En 2001,ce taux est estimé à 103% ; ce qui
confère à ces départements toujours la meilleure position
dans l'ensemble du pays. A cette même année, ces taux
étaient de 118,5% pour les garçons et 87,3% pour les filles
contre des moyennes nationales respectives de 92% et 66%.
Tableau n°13: Evolution dans
l'Atlantique des taux brut et net de scolarisation
de l'enseignement primaire comparés à ceux
des autres départements
Départements
|
Sexe
|
1993
|
2001
|
Taux brut
|
Taux net
|
Taux brut
|
Taux net
|
Atlantique/
Littoral
|
Masculin
|
104,0
|
80,10
|
118,5
|
78,9
|
Féminin
|
71,05
|
53,82
|
87,3
|
62,3
|
Total
|
87,86
|
67,06
|
102,9
|
70,6
|
Atacora/
Donga
|
Masculin
|
52,46
|
44,78
|
65,2
|
42,4
|
Féminin
|
24,48
|
21,39
|
45,6
|
31,9
|
Total
|
39,42
|
33,88
|
56,0
|
37,5
|
Borgou/
Alibori
|
Masculin
|
43,47
|
34,69
|
68,8
|
49,9
|
Féminin
|
25,73
|
20,63
|
53,0
|
40,7
|
Total
|
35,03
|
28,01
|
61,2
|
45,5
|
Mono/
Couffo
|
Masculin
|
81,61
|
70,06
|
111,4
|
62,5
|
Féminin
|
34,10
|
29,56
|
71,7
|
42,4
|
Total
|
59,41
|
51,13
|
93,1
|
53,2
|
Ouémé/
Plateau
|
Masculin
|
94,29
|
73,10
|
108,4
|
70,1
|
Féminin
|
51,01
|
39,15
|
72,5
|
52,2
|
Total
|
73,64
|
56,91
|
91,1
|
61,5
|
Zou/
Collines
|
Masculin
|
79,56
|
64,59
|
86,2
|
56,8
|
Féminin
|
42,85
|
35,38
|
62,9
|
45,8
|
Total
|
61,93
|
50,56
|
74,8
|
51,5
|
Bénin
|
Masculin
|
77,01
|
61,77
|
92,0
|
59,9
|
Féminin
|
43,37
|
34,54
|
65,6
|
46,5
|
Total
|
60,92
|
48,75
|
79,3
|
53,5
|
Source :TBS, 1998 (p.95)
EDSB II ,2001 (p.20)
Avec le Mono/Couffo et l'Ouémé/Plateau,
l'Atlantique/Littoral font partie, en 2001, du groupe de départements
dont les performances en matière de scolarisation sont en dessus de
la moyenne nationale qui était de 79,3% à cette même
année.
Toutefois, beaucoup d'efforts restent à déployer
pour corriger les énormes disparités observées dans ce
département au niveau des sexes comme l'illustre le graphique
ci-après :
Source : Nos propres
investigations à partir des données du TBS(1998) et de
l'EDSB(2001)
Ce graphique montre que les filles sont très peu
scolarisées avec un taux brut de
fréquentation largement en dessous de la moyenne
départementale sur toute la
période allant de 1993 à 2001.
Il convient donc que les autorités locales prennent
des dispositions permettant de renforcer la sensibilisation des parents sur
l'inscription des jeunes filles à l'école car cette grande
proportion des filles sans instruction constitue une menace pour le
développement du département. En effet, la femme constitue la
pièce maîtresse du processus de développement et de ce fait
doit être dotée d'une capacité intellectuelle assez
soutenue.
Ces disparités sont également à noter
à l'intérieur même du département de l'Atlantique.
Le tableau n°14 permet d'appréhender le taux brut de
scolarisation dans les diverses communes de ce département.
Tableau n°14 : Evolution par
commune et par sexe des taux bruts de scolarisation
de l'enseignement primaire dans l'Atlantique au cours de
l'année
scolaire 1998-1999
Communes
|
Population de 6-11ans
|
Masculin
|
Féminin
|
Effectif total
|
Taux brut de scolarisation
(%)
|
Effectif
|
Taux * (%)
|
Effectif
|
Taux *(%)
|
Abomey-calavi
|
30.892
|
21.298
|
68,94
|
16.632
|
53,84
|
37.930
|
122,78
|
Allada
|
18.015
|
8.846
|
49,10
|
5.834
|
32,39
|
14.680
|
81,49
|
Kpomassè
|
12.624
|
7.088
|
56,14
|
3.806
|
30,16
|
10.894
|
86,30
|
Ouidah
|
15.004
|
8.863
|
59,07
|
6.310
|
40,20
|
14.894
|
99,27
|
Sô-Ava
|
15.481
|
4.554
|
29,42
|
2.000
|
12,92
|
6.554
|
42,34
|
Toffo
|
14.336
|
7.423
|
51,78
|
4.171
|
29,09
|
11.594
|
80,87
|
Tori-Bossito
|
9.137
|
4.835
|
52,92
|
2.663
|
29,14
|
7.498
|
82,06
|
Zè
|
12.845
|
6.506
|
50,65
|
3.170
|
24,68
|
9.676
|
75,33
|
Atlantique
|
240.762
|
116.344
|
48,32
|
86.945
|
36,12
|
203.289
|
84,44
|
Source : Tableau de Bord Social, 2000
(p.101)
* Nos propres calculs, septembre 2003
Selon les données de ce tableau, en 1999, la commune
de Sô-Ava a enregistré le taux brut de scolarisation le plus
faible du département (42,34%). Cette commune présente, à
cette même année, une grande discrimination entre les
garçons et les filles en matière de scolarisation. Pendant que
les garçons y sont scolarisés à 29,42%, les filles ne le
sont qu'à 12,92%. Ce taux de scolarisation des filles
représente le plus faible de tout le département.
La commune de Calavi, quant à elle, a
réalisé la plus grande performance parmi toutes les autres
communes du département, tant au niveau des garçons (68,94%)
qu'au niveau des filles (53,84%), avec un taux global de 122,78%. Les taux
bruts de scolarisation des autres communes varient de 49,10% à 59,10%
pour les garçons, de 24,48% à 40,20% pour les filles et
globalement de 75,33% à 99,27%.
La relative performance de l'Atlantique par rapport au taux
brut cache cependant des disparités au niveau de l'âge lorsque
l'on procède à une analyse du taux net de scolarisation. Ce
taux net estimé à 67,06% en 1993, inférieur à celui
brut (87,86%) à la même année, vient confirmer le constat
selon lequel les ménages de l'Atlantique jugent trop insuffisant la
tranche d'âge de 6-11ans recommandée à l'enseignement
primaire. La situation est pareille en 2001 où le taux net de
scolarisation était de 70,6% contre un taux brut de 102,9%.
Un moyen pour corriger ces énormes disparités
enregistrées est l'alphabétisation.
2.3.4 Le niveau d'alphabétisation
Eu égard aux nombreux problèmes d'instruction
auxquels sont exposées les populations de l'Atlantique, la politique
d'alphabétisation est la plus efficiente qui puisse leur assurer un
niveau de compréhension et une accessibilité aux informations
utiles pour un développement harmonieux. Le tableau n°15 traduit
bien l'évolution du taux brut d'alphabétisation dans ce
département.
Tableau n°15 : Situation du taux
brut d'alphabétisation dans l'Atlantique comparé
à celui des autres
départements du Bénin entre 1994 et 2002
Départements
|
Sexe
|
1994
|
Rang
|
2002
|
Rang
|
Nombre
|
Taux*
|
Nombre
|
Taux
|
Atlantique/
Littoral
|
Total
|
1670
|
51,81
|
4
|
2492
|
71,20
|
5
|
Masculin
|
1214
|
62,77
|
1435
|
76,00
|
Féminin
|
456
|
35,37
|
1057
|
65,70
|
Atacora / Donga
|
Total
|
2910
|
35,90
|
6
|
4386
|
64,10
|
6
|
Masculin
|
2330
|
55,16
|
3266
|
67,20
|
Féminin
|
580
|
14,94
|
1120
|
56,40
|
Borgou/
Alibori
|
Total
|
4367
|
67,87
|
1
|
7840
|
83,00
|
2
|
Masculin
|
3602
|
70,34
|
5220
|
85,30
|
Féminin
|
765
|
58,26
|
2620
|
78,70
|
Mono/
Couffo
|
Total
|
2817
|
65,57
|
3
|
8276
|
82,20
|
3
|
Masculin
|
2199
|
69,02
|
4242
|
83,80
|
Féminin
|
618
|
55,67
|
4034
|
80,50
|
Ouémé/
Plateau
|
Total
|
1266
|
46,42
|
5
|
4499
|
77,90
|
4
|
Masculin
|
855
|
55,37
|
1921
|
76,80
|
Féminin
|
411
|
34,74
|
2578
|
78,70
|
Zou/
Collines
|
Total
|
5166
|
66,63
|
2
|
7590
|
85,10
|
1
|
Masculin
|
3585
|
73,01
|
3564
|
88,30
|
Féminin
|
1581
|
55,61
|
4026
|
82,40
|
Bénin
|
Total
|
18.196
|
55,92
|
-
|
35083
|
78,70
|
-
|
Masculin
|
13.785
|
65,89
|
19648
|
80,40
|
Féminin
|
4.411
|
37,96
|
15435
|
76,80
|
Source : Tableau de Bord Social, 1998
(p.128)
* Nos propres calculs, septembre 2003
MCPPD/DGCED, Rapport 2002 (p.23)
Selon les données de ce tableau, le département
de l'Atlantique/Littoral fait partie des départements
présentant les plus faibles taux d'alphabétisation du pays.
En 1994, le taux brut d'alphabétisation dans
l'Atlantique/Littoral était de 51,81% ; ce qui les classe au
4ème rang derrière les départements du
Borgou/Alibori, du Zou/Collines ; et du Mono/Couffo qui affichent des taux
respectifs de 67,87% ; 66,63% et 65,57%. La moyenne nationale à
cette même année était estimée à 55,92%.
La situation est peu reluisante, dans le département de
l'Atlantique/Littoral, en 2002, où le taux brut d'alphabétisation
était de 71,20% contre une moyenne nationale de 78,70%. Ce taux brut
d'alphabétisation le place en avant dernière position par rapport
aux autres départements dont les taux sont compris entre 64,10% et
85,10%.
Soulignons par ailleurs que d'énormes
disparités sont à noter entre les hommes et les femmes. Environ
une femme, dans l'Atlantique/Littoral est alphabétisée pour trois
hommes en 1994 contre une femme pour un homme dans le Borgou/Alibori
à la même année. En 2002, seulement 66 femmes contre 76
hommes sur 100 sont alphabétisées. Cette situation risque
d'être contraignante pour la promotion de la femme et notamment de la
femme rurale ; laquelle promotion est absolument nécessaire pour
le processus de développement humain de l'Atlantique.
Les niveaux d'instruction, de scolarisation et
d'alphabétisation relevés précédemment
révèlent le déficit en éducation qui
caractérise le département de l'Atlantique. Des actions
méritent donc d'être mises en oeuvre très rapidement au
plan social, institutionnel, politique et économique en vue
d'améliorer les différents indicateurs dans la perspective d'un
développement humain durable dans l'Atlantique.
2.4 La sécurité alimentaire
2.4.1 La production vivrière
2.4.1.1 La production globale en 2001
Le maïs, le manioc, l'arachide et le niébé
sont les principaux produits vivriers cultivés dans le
département de l'Atlantique. Le tableau n°16 ci-après
retrace la situation de ces cultures dans le département en 2001.
Tableau n°16 :
Réalisation des diverses cultures vivrières
dans l'Atlantique en 2001.
Produits
Variables
|
Maïs
|
Manioc
|
Arachide
|
Niébé
|
Production (tonne)
|
97.512
|
392.438
|
3.057
|
2.685
|
Superficie (ha)
|
102.942
|
40.993
|
5.183
|
5.478
|
Rendement (t/ha)
|
947
|
9.573
|
590
|
490
|
Source : Annuaire statistique,
campagne : 1999-2000(MAEP 2002)
* Les céréales constituées uniquement du
maïs ont été cultivés sur 102.942 ha, donnant ainsi
une production de 97.512 tonnes soit un rendement de 947 tonnes à
l'hectare.
* Le manioc a nécessité 40.993 ha. La
production de cette racine a été de 392.438 tonnes. C'est le
produit dont le rendement à l'hectare est le meilleur (9.573
tonnes/ha).
* Les légumineuses (arachide et niébé),
quant à elles sont cultivées sur près de 10.661 ha pour
une production de 5.742 tonnes.
Par rapport à l'année 2000, le
département de l'Atlantique a enregistré pour les emblavures,
le taux d'accroissement de (-6,51%) dont (-9,35%) pour le maïs,
(-0,46%) pour le manioc, (+1,107%) pour le
niébé et (-7,11%) pour l'arachide.
Pour les quantités produites, ces taux sont de
(-21,56%) pour les céréales,
de (-4,83%) pour le manioc, de (-29,14%) pour le
niébé et de (-22,33%) pour l'arachide.
Les emblavures et les productions obtenues pour les produits
vivriers en 2001 ne sont pas meilleures à celles de l'année
2000.
2.4.1.2 Evolution des prix relatifs des cultures
vivrières par rapport
aux cultures d'exportation du
département
Le tableau n°17 ci-après indique
l'évolution des prix relatifs de Laspeyres appliqués aux vivriers
(maïs, manioc, arachide) et aux produits d'exportation (ananas) dans le
département de l'Atlantique. Le processus d'élaboration de ce
tableau est présenté en annexe 2.
Tableau n°17 : Evolution des
indices pondérés de prix de Laspeyres appliqués
aux produits vivriers et à
l'ananas
Années
|
Indice de prix de Laspeyres
|
Prix relatif
|
Produits vivriers
|
Ananas
|
2000
|
106,6
|
106,6
|
1,00
|
2001
|
152,4
|
103,3
|
0,67
|
2002
|
146,8
|
106,6
|
0,72
|
Source : Nos propres
estimations, Septembre 2003
Les indices de prix de Laspeyres sont calculés en
considérant l'année 1999 comme année de
référence ; ceci parce que le relevé de prix de
l'ananas l'impose.
La tendance générale associée aux prix
relatifs ananas/vivriers dans le département de l'Atlantique est
à la baisse sur la période allant de 2000 à 2002. Le
niveau général des prix des produits vivriers a donc
évolué plus vite que celui de l'ananas. Quels sont alors les
effets de cette évolution sur les superficies emblavées en
productions vivrières dans ce département ?
2.4.1.3 Tendances des rendements de cultures
vivrières dans l'Atlantique.
L'analyse du tableau n°18 ci-après et le graphique
n°6 montre que les rendements du maïs se sont accrus
légèrement entre 1996 et 1998 avant de décroître et
de recroître avec l'évolution des superficies cultivées.
Le manioc connaît une dynamique fortement contrastée : sur
la période allant de 1996 à 1998, les rendements sont croissants
et le taux d'accroissement est estimé à 39,96%. Le rendement de
cette culture ne dépend pas tellement des superficies
cultivées.
La tendance est la même pour l'arachide à la
différence que le rendement de cette légumineuse est faible et
elle est peu cultivée compte tenu des superficies emblavées.
Le niébé est le produit vivrier qui a connu le
plus mauvais rendement malgré la croissance relative des terres
cultivées.
La situation des rendements de ces différentes cultures
permet de se poser des questions sur les performances des réformes
économiques engagées pendant cette sous-période.
Tableau n°18 : Evolution des
superficies (ha) et des rendements (t/ha) des
cultures vivrières dans l'Atlantique.
Produits
|
Années
Variables
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Maïs
|
Superficie
|
91.324
|
89.300
|
111.969
|
102.513
|
113.564
|
102.942
|
Rendement
|
967
|
1003
|
1096
|
849
|
1095
|
947
|
Manioc
|
Superficie
|
24.376
|
28.691
|
33.006
|
36.511
|
40.806
|
40.993
|
Rendement
|
7.427
|
9.452
|
10.395
|
9.566
|
10.106
|
9.573
|
Arachide
|
Superficie
|
6.316
|
5.407
|
6.378
|
5.820
|
5.580
|
5.183
|
Rendement
|
504
|
634
|
620
|
515
|
705
|
590
|
Niébé
|
Superficie
|
3.780
|
4.430
|
5.368
|
4.172
|
5.418
|
5.478
|
Rendement
|
676
|
639
|
495
|
291
|
699
|
490
|
Source : Annuaire statistique, campagne
1999-2000 (MAEP 2002)
Graphique n°6 : Evolution des rendements et
des superficies des produits vivriers cultivés
dans l'Atlantique
Source : Nos
propres investigations à partir des données du MAEP(2002)
Au total, cette tendance difficile à
caractériser des rendements, corrobore les résultats selon
lesquels l'accroissement de la production agricole ces dix dernières
années est plus lié à l'extension des surfaces
cultivées qu'à l'amélioration de la productivité
des autres facteurs.
Ce constat fragilise la situation alimentaire du
département et porte ainsi une entorse aux déclarations des
personnes enquêtées dont 52% estiment jouir d'une
autosuffisance alimentaire. Encore faudrait-il remarquer que parmi ces 52%,
certaines personnes ne sont satisfaites de ce qu'elles mangent qu'à
certains moments de l'année.
Parmi les 48% des personnes qui prétendent ne pas
jouir d'une autosuffisance alimentaire, 50% d'entre elles pensent que ce
problème se pose parce que les activités ne sont pas
rentables ; 26% estiment que les marchés n'existent pas pour
faire écouler les biens produits et enfin 24% posent le
problème en terme d'insuffisance de revenu.
Au delà des raisons évoquées pour
expliquer l'insuffisance alimentaire, il faut signaler que le
département souffre de la non diversification des produits et surtout
de la mécanisation de l'agriculture qui jusque là n'est pas
encore une réalité.
2.4.2 Les niveaux de demande des produits agricoles ou
agro-
pastoraux
S'agissant de la demande des produits, on distingue trois
niveaux importants dans l'Atlantique. Les produits font l'objet soit d'une
demande locale, soit d'une demande nationale et parfois d'une demande
transfrontalière. Nos enquêtes sur le terrain nous ont permis de
recenser la force de la demande à ces trois niveaux.
Le tableau n°19 ci-après présente les
diverses situations dans le département :
Tableau n°19 : Flux de la demande
des produits agricoles et agro-pastorales dans
l'Atlantique.
Produits
|
Niveaux de la demande
|
Local
|
National
|
Transfrontalier
|
Maïs
|
4
|
2
|
1
|
Riz
|
3
|
0
|
0
|
Manioc et produits dérivés
|
4
|
3
|
2
|
Haricot
|
3
|
1
|
0
|
Arachide
|
2
|
1
|
0
|
Produits maraîchers
|
4
|
3
|
2
|
Ananas
|
2
|
3
|
2
|
Patate douce
|
2
|
2
|
1
|
Poisson
|
3
|
3
|
2
|
Force de la demande
|
4 = très forte ; 3 = forte ; 2 =
moyenne ; 1 = faible ; 0 = nulle
|
Source : Résultats de nos
enquêtes, septembre 2003.
Ce tableau indique que le maïs, le manioc et ses
dérivés et les produits maraîchers font l'objet d'une
très forte demande sur les marchés locaux de l'Atlantique
surtout le maïs frais, le gari et les tomates fraîches. Le riz et
le haricot (qui connaissent une production timide) sont fortement
demandés par les populations du département de même que
le poisson. Les autres produits (arachide, ananas, patate douce) sont
moyennement demandés.
Au plan national, le marché est fortement demandeur
pour le manioc et ses dérivés ; les produits
maraîchers, le poisson et l'ananas ; moyennement demandeur pour
le maïs et la patate douce ; faiblement demandeur pour l'arachide et
le haricot. Le riz quant à lui ne fait l'objet d'aucune demande.
La demande transfrontalière est moyenne pour le manioc
et ses dérivés, les produits maraîchers, l'ananas et le
poisson, faible pour le maïs et la patate douce. Le riz, l'arachide et le
haricot ne font pas l'objet de demande.
En somme, les ménages de l'Atlantique,
préfèrent le maïs, le riz, le manioc et ses
dérivés, le haricot et en font leur base alimentaire. Les
produits halieutiques sont également consommés.
2.4.3 Le bilan vivrier
Les productions obtenues au cours de la campagne
2000-2001, ramenées à la population de l'Atlantique en 2002
identifiée par le RGPH3, nous permettent de dégager les soldes
vivriers consignés dans les tableaux n°20, 21 et 22
Tableau n°20: Bilan vivrier des
céréales dans l'Atlantique
Bilan vivrier du Maïs
Communes
|
Normes de consommation
Par tête par Kg (ONASA,2002)
|
Population de Février 2002(RGPH3-INSAE)
|
Consom-mation
en tonne (2001)
|
Production disponible en tonne (MAEP,2002)
|
Production utile
|
Solde vivrier
|
% *
|
Tonne
|
Calavi
|
133
|
311.672
|
41.452
|
17.501
|
80
|
14.001
|
- 27.451
|
Allada
|
136
|
91.063
|
12.385
|
8.349
|
80
|
6.679
|
- 5.706
|
Kpomassè
|
133
|
57.639
|
7.666
|
16.775
|
80
|
13.420
|
+ 5754
|
Ouidah
|
133
|
77.632
|
10.325
|
5.983
|
80
|
4.786
|
- 5.539
|
Sô-Ava
|
133
|
76.817
|
10.217
|
793
|
80
|
634
|
- 9583
|
Toffo
|
133
|
74.235
|
9.873
|
21.623
|
80
|
17.298
|
+ 7.425
|
Tori-Bossito
|
133
|
44.473
|
5.915
|
3.458
|
80
|
2.766
|
- 3149
|
Zè
|
136
|
72.455
|
9.854
|
23.030
|
80
|
18.424
|
+ 8570
|
Atlantique
|
-
|
805.986
|
107.689
|
97.512
|
80
|
78.010
|
- 29.679
|
Source : Nos propres estimations,
Septembre 2003
* ONASA (2002)
Tableau n°21: Bilan vivrier des
tubercules et racines dans l'Atlantique
Bilan vivrier du manioc
Communes
|
Normes de consommation
Par tête par Kg(ONASA,2002)
|
Population de Février 2002(RGPH3-INSAE)
|
Consom-
Mation
en tonne (2001)
|
Production disponible en tonne (MAEP,2002)
|
Production utile
|
Solde vivrier
|
% *
|
Tonne
|
Calavi
|
129
|
311.672
|
40.206
|
58.761
|
90
|
52.885
|
+ 12.679
|
Allada
|
92
|
91.063
|
8.378
|
19.028
|
90
|
17.125
|
+ 8.749
|
Kpomassè
|
129
|
57.639
|
7.435
|
89.230
|
90
|
80.307
|
+ 72.878
|
Ouidah
|
129
|
77.632
|
10.015
|
7.968
|
90
|
7.171
|
- 2.844
|
Sô-Ava
|
129
|
76.817
|
9.909
|
1.818
|
90
|
1636
|
- 8.273
|
Toffo
|
92
|
74.235
|
6.830
|
120.849
|
90
|
108.764
|
+ 101.934
|
Tori-Bossito
|
129
|
44.473
|
5.735
|
22.000
|
90
|
19.800
|
+ 14.063
|
Zè
|
92
|
72.455
|
6.666
|
72.484
|
90
|
65.506
|
+ 58.848
|
Atlantique
|
-
|
805.986
|
95.176
|
392.438
|
90
|
353.194
|
+ 258.018
|
Source : Nos propres estimations,
septembre 2003
* ONASA (2002)
Tableau n°22: Bilan vivrier des
légumineuses dans l'Atlantique
Bilan vivrier de l'arachide
Communes
|
Normes de consommation
Par tête par Kg (ONASA,2002)
|
Population de février 2002(RGPH3-INSAE)
|
Consom-
Mation
en tonne (2001)
|
Production disponible en tonne (MAEP,2002)
|
Production utile
|
Solde vivrier
|
% *
|
Tonne
|
Calavi
|
3
|
311.672
|
935
|
1.273
|
50
|
637
|
- 298
|
Allada
|
7
|
91.063
|
637
|
39
|
50
|
20
|
- 617
|
Kpomassè
|
3
|
57.639
|
173
|
501
|
50
|
251
|
+ 78
|
Ouidah
|
3
|
77.632
|
233
|
241
|
50
|
121
|
- 112
|
Sô-Ava
|
3
|
76.817
|
230
|
255
|
50
|
128
|
- 102
|
Toffo
|
7
|
74.235
|
520
|
122
|
50
|
61
|
- 459
|
Tori-Bossito
|
3
|
44.473
|
133
|
34
|
50
|
17
|
- 116
|
Zè
|
7
|
72.455
|
507
|
592
|
50
|
296
|
- 211
|
Atlantique
|
-
|
805.986
|
3.368
|
3.057
|
50
|
1.529
|
- 1839
|
Bilan vivrier du niébé
Communes
|
Normes de consommation
Par tête par Kg (ONASA,2002)
|
Population de février 2002(RGPH3-INSAE)
|
Consom-
Mation
En tonne(2001)
|
Production disponible en tonne
(MAEP,2002)
|
Production utile
|
Solde vivrier
|
% *
|
Tonne
|
Calavi
|
3
|
311.672
|
935
|
1.264
|
70
|
885
|
- 50
|
Allada
|
7
|
91.063
|
637
|
28
|
70
|
420
|
- 617
|
Kpomassè
|
3
|
57.639
|
173
|
146
|
70
|
102
|
- 71
|
Ouidah
|
3
|
77.632
|
233
|
133
|
70
|
93
|
- 140
|
Sô-Ava
|
3
|
76.817
|
230
|
185
|
70
|
130
|
- 100
|
Toffo
|
7
|
74.235
|
520
|
58
|
70
|
41
|
- 479
|
Tori-Bossito
|
3
|
44.473
|
133
|
48
|
70
|
34
|
- 99
|
Zè
|
7
|
72.455
|
507
|
823
|
70
|
576
|
+ 69
|
Atlantique
|
|
805.986
|
3.368
|
2.685
|
70
|
1.880
|
- 1.488
|
Source : Nos propres estimations,
septembre 2003
* ONASA (2002)
Selon les données de ces tableaux, le bilan vivrier
du maïs est déficitaire et est estimé à (-29.679)
tonnes. Seules les communes de Kpomassè, de Toffo et de Zè ont
dégagé un solde excédentaire. La commune d'Abomey-Calavi
contribue à près de 93% au déficit global et
constitue de ce fait la plus grande poche de déficit en maïs
suivie de la commune de Sô-Ava dont le solde est de (- 9.583 )
tonnes.
Deux causes expliquent ce déficit : il y a
d'une part la qualité des sols et d'autre part la pression
démographique qui constitue un facteur de déperdition de la
qualité des sols et de la capacité de production agricole.
Le manioc quant à lui présente une situation
très reluisante. Il contribue à plus de 79% au disponible
vivrier du département.
Le solde de cette racine en 2001 est de 258.018 tonnes. La
commune de Toffo y contribue à hauteur de 39,5% tandis que les
communes de Ouidah et de Sô-Ava tirent vers le bas ce solde global
avec des soldes déficitaires respectifs de (-2.844) tonnes et de
(-8.273) tonnes et constituent de ce fait les seules poches de
déficit du département.
Le niébé et l'arachide ne présentent pas
une situation alimentaire satisfaisante. Le solde de ces produits
réunis est déficitaire de (-3327) tonnes. L'arachide seule
affichait un déficit de (-1.839) tonnes et c'est seulement la commune
de Kpomassè qui arrive à combler l'attente de sa population
pour une production de 251 tonnes contre une consommation de 173 tonnes
d'arachide. La situation est pareille pour le niébé. Pour ce
produit, la commune de Zè est la seule poche de réserve
(solde excédentaire de 69 tonnes) dans le département.
Au total, grâce au concours des racines (le manioc),
le solde vivrier dans le département est excédentaire et est
estimé à 225.012 tonnes. Encore faudrait-il souligner que le
manioc seul ne peut constituer le régime alimentaire des
ménages et que les habitudes alimentaires évoluent selon le
temps. Il importe donc de mener d'autres études définissant les
normes de consommation outre que celles réalisées par l'Etude
Macry en 1987.
2.4.4 Quelques filières
porteuses dans l'Atlantique
2.4.4.1 La filière ananas
De part sa production et son marché
d'écoulement, l'ananas apparaît comme une filière d'avenir
capable de générer au monde rural un flux de revenus. Son circuit
de distribution est le suivant :
Diagramme n°1 : Itinéraire de
la filière ananas dans l'Atlantique
Producteurs
Unités de transformation
Grossistes revendeurs de Dantokpa et de Sékou
Détaillants
Consommateurs
Exportation
2%
3%
95%
Légende :
Flux important
Flux faible
Source : Nos propres investigations,
Septembre 2003
Cette filière comprend trois ramifications à
savoir les grossistes revendeurs, les unités de transformation et
l'exportation.
Le diagramme n°1 indique les intervenants à chaque
niveau, le sens et l'importance des différents flux entre les
opérateurs avec les producteurs en amont et les consommateurs en
aval.
Les grossistes revendeurs s'accaparent d'une part importante
du marché et constituent la grande source d'approvisionnement tant des
consommateurs étrangers, des unités de transformations que des
détaillants.
L'exportation de ce produit par les producteurs n'a pas encore
connu un grand essor compte tenu des coûts énormes qu'elle
engendre. Cet état de choses serait dû également aux
différentes tracasseries courues lors de la production de cette culture
et lors de l'uniformisation des fruits à maturité afin d'obtenir
une récolte groupée respectant les normes d'exportation. A toutes
ces contraintes s'ajoute la loi européenne qui régit la
filière fruits et légumes par rapport au taux de résidus
qu'ils contiennent.
La transformation de ce produit par les quelques rares
unités de transformation se fait jusqu'à nos jours sous forme
artisanale.
Au total, les autorités locales en collaboration avec
l'Etat doivent s'investir afin de faciliter la tâche aux producteurs et
exportateurs puis que la promotion de cette filière a un rôle
déterminant à jouer dans la lutte contre la pauvreté
surtout celle rurale. De plus un développement du tissu industriel doit
être envisagé.
2.4.4.2 Les produits maraîchers
(Tomate)
Le diagramme n°2 suivant présente
l'itinéraire de la filière des produits maraîchers dans
l'Atlantique.
Diagramme n°2 : Itinéraire des
produits maraîchers (cas de la tomate)
dans l'Atlantique
Producteurs
(villages)
Producteurs
(villes)
Collecteuses
marchés/Villages/Villes
Grossistes Revendeuses : Atlantique/Littoral
Détaillants
marchés
Consommateurs
Légende :
Flux important
Flux faible
Source : Nos propres investigations
(2003)
On dénombre cinq intervenants dans cette
filière. L'importance numérique de ces intervenants à
chaque niveau n'est pas à négliger.
Les producteurs basés au village traitent beaucoup plus
avec les collecteuses et les grossistes revendeuses. Ils diffèrent de ce
fait des producteurs positionnés dans les villes. Ces derniers offrent
directement leurs produits aux détaillants et aux consommateurs.
L'état périssable de ce produit et le manque de moyens de
conservation font que les flux sortant du département ne sont pas
remarquables.
2.4.5 La production animale
La situation de la production animale estimée est
consignée dans le tableau n°23
Tableau n°23 : Effectif
estimé du cheptel dans l'Atlantique.
Espèces
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Porcins
|
Volailles
|
Calavi
|
9.000
|
5.900
|
18.100
|
4.500
|
67.500
|
Allada/Tori
|
18.000
|
11.800
|
30.000
|
680
|
-
|
Ouidah/kpo
|
9.300
|
8.500
|
12.700
|
-
|
225.000
|
Sô-Ava
|
3.500
|
300
|
8.200
|
-
|
25.000
|
Toffo
|
1.500
|
4.500
|
4.600
|
4.000
|
29.500
|
Zè
|
600
|
11.500
|
14.000
|
1.800
|
100.000
|
Atlantique
|
24.900
|
42.500
|
87.600
|
10.900
|
597.000
|
Source : CARDER-Atlantique, 2002
Selon les données de ce tableau, la production de
volailles est très importante dans l'Atlantique. Les communes de Ouidah
et de Kpomassè réunies fournissent 37,69% de la production totale
qui est estimée à 597.000 têtes ; la commune de
Zè seule regorge 16,75%.
Les conditions climatiques du département rendent
difficile la production des bovins surtout celles des porcins.
Néanmoins, les communes d'Allada et de Tori- Bossito constituent les
pâturages favorables à la production des bovins. On y
dénombre 18.000 têtes pour 24.900 têtes au total.
Au-delà de ces chiffres dont la fiabilité est
discutable, la principale question qui se pose est celle de la
capacité du cheptel à couvrir les besoins en protéines
animales des populations. La contribution actuelle des ressources animales
à la couverture des besoins en protéines des ménages est
faible, même si les besoins sont mal connus.
Outre le fait qu'une partie de cette ressource est une
production de prestige, elle est souvent gardée sous forme
d'épargne en nature par les éleveurs surtout ceux du Nord du
pays comme le révèle l'Atlas de sécurité
alimentaire.
Il faut noter de même que le déstockage n'est pas
régulier et varie d'une période à une autre de
l'année.
Ce déficit animal conduirait inévitablement
à l'importation non seulement des animaux sur pieds d'autres
départements, mais aussi des produits carnés tels que la
viande, le poisson et le lait.
2.4.6 Le revenu des ménages
La question des revenus apparaît d'une importance
cruciale dans la littérature économique sur la logique de
fonctionnement des marchés du travail dans la plupart des pays en
développement.
Quelles que soient les attaches théoriques, le niveau
des revenus dans les différents secteurs est, selon Roubaud cité
par Souley (2001), une variable centrale autour de laquelle s'opèrent
les ajustements et se construisent les formalisations théoriques.
Le tableau n°24 ci-après traduit la formation du
revenu dans l'Atlantique
Tableau n°24 : Formation,
importance et structure du revenu nominal net annuel par
ménage et équivalent-adulte dans l'Atlantique,
comparé aux autres départements
Milieux ruraux
|
Revenu net moyen du ménage(FCFA)
|
Rang
|
Contribution des activités (%)
|
Agricoles
|
Non agricoles
|
Autres
|
Atlantique
|
247.498
|
1
|
12,0
|
85,0
|
3,0
|
Couffo
|
81.992
|
8
|
56,6
|
26,9
|
16,5
|
Mono
|
128.108
|
4
|
45,7
|
46,2
|
8,1
|
Ouémé
|
183.545
|
2
|
25,4
|
70,2
|
4,4
|
Plateau
|
121.590
|
6
|
20,6
|
75,0
|
4,4
|
Moyenne de la région SUD
|
152.547
|
-
|
32
|
61
|
7
|
Collines
|
91.977
|
7
|
54,9
|
40,2
|
4,9
|
Zou
|
174.069
|
3
|
32,5
|
61,5
|
6,0
|
Moyenne de la région centre
|
133.023
|
-
|
44
|
51
|
|
Atacora
|
75.490
|
9
|
80,4
|
15,9
|
3,7
|
Donga
|
73.393
|
11
|
46,9
|
49,9
|
3,8
|
Alibori
|
124.262
|
5
|
80,9
|
17,8
|
1,3
|
Borgou
|
74.216
|
10
|
67,0
|
27,0
|
6,0
|
Moyenne de la région Nord
|
86.840
|
-
|
69
|
28
|
4
|
Moyenne du Bénin
|
124.137
|
-
|
48
|
46
|
5
|
Source : ECVR II, 1999-2000
Selon les données de ce tableau, l'Atlantique
présente en 1999/2000 le revenu net moyen par équivalent-adulte
le plus élevé (247.498 FCFA) par rapport à l'ensemble du
pays. Les activités non agricoles y contribuent pour 85% contre 12%
pour les activités agricoles. Les ambitions de développement du
Bénin qui considèrent les activités agricoles comme un
potentiel susceptible de promouvoir le bien-être dans les milieux ruraux
semblent donc être remises en cause dans cette région du
pays.
Les revenus des autres départements varient de 73.393
FCFA à 183.545 FCFA.
Au nombre des sources agricoles et non agricoles, les
activités génératrices de revenus apparaissent au
premier rang. Selon les résultats de nos enquêtes, 71% des
personnes interrogées exercent des activités
génératrices de revenus ; 33,80% de ces personnes s'occupent
de la transformation des produits agricoles ; 38,03% font le commerce
des produits à l'état ou ceux transformés ; 11,26%
s'investissent dans la pêche ; 7,75% font l'élevage et 9,15%
exercent d'autres activités.
Lorsqu'on s'intéresse à l'évolution de
ces activités, seules 51 personnes sur 142 estiment qu'elles prennent de
volume mais ne sont pas rentables et par suite ne constituent pas de
sources potentielles d'augmentation de revenus.
Près de 71,50% des personnes interrogées,
estiment que les revenus dégagés par ces activités ne
leur permettent pas de satisfaire les besoins alimentaires. L'une des
meilleures manières d'améliorer le bien-être en milieu
rural est donc d'appuyer la création des activités non
agricoles, mais aussi agricoles, compte tenu des relations fortes entre ces
deux types d'activités.
Au total, l'Atlantique rural souffre d'une insuffisance de
revenu pour vivre décemment. C'est ce qu'expliquent les
différents seuils de pauvreté relevés dans ce
département.
2.5 Accessibilité des ménages à
l'eau potable et à l'électricité
La qualité de vie des populations de l'Atlantique
repose non seulement sur l'état sanitaire, l'éducation et la
sécurité alimentaire, mais aussi sur l'accès, de ses
populations, à l'eau et à l'électricité, deux
indices socio-économiques d'importance non moins négligeable.
Le tableau n°25 présente la situation de ces indices dans
l'Atlantique
Tableau n°25: Evolution du nombre d'abonnés
à l'eau et à l'électricité dans
l'Atlantique entre 1992 et 1999, comparé
à celui des autres départements du Bénin.
Départements
|
Nombres d'abonnés à l'eau à la
SBEE
|
Nombres d'abonnés à l'électricité
à la SBEE
|
Hydrauliques villageoises (ouvrages)
|
1992
|
1999
|
Taux de variation (%)
|
1992
|
1999
|
Taux de variation (%)
|
1992
|
1999
|
Atlantique
+
Littoral
|
24.407
(57%)
|
45.610
(57%)
|
87
|
48.607
(59%)
|
106.372
(59%)
|
118
|
-
|
816
(10%)
|
Atacora
+
Donga
|
1.455
|
3.061
|
110
|
2.027
|
4.424
|
118
|
-
|
1.799
|
Borgou
+
Alibori
|
3.419
|
6.801
|
99
|
5..931
|
12.575
|
112
|
-
|
2.239
|
Mono
+
Couffo
|
2.205
|
4.688
|
113
|
4.159
|
11.453
|
175
|
-
|
940
|
Ouémé
+
Plateau
|
6.663
|
11.836
|
78
|
15.506
|
30.857
|
99
|
-
|
987
|
Zou
+
Collines
|
4.455
|
8.612
|
93
|
6.475
|
14.375
|
122
|
-
|
1.704
|
Bénin
|
42.604
|
80.608
|
89
|
82.706
|
180.056
|
118
|
-
|
8.485
|
Source :TBS, 2000 (p.145, 147-149) et nos
propres investigations, Septembre 2003
Selon les données de ce tableau, le nombre
d'abonnés à l'eau à la SBEE en 1992, est passé de
24.407 à 45.610 en 1999 ; soit un accroissement de 87% en sept ans.
De plus, il est à noter que c'est dans ce département que l'on
rencontre le plus d'abonnés (57% contre 43% pour les cinq autres
départements du pays.)
Ce tableau montre également que le nombre
d'abonnés à l'électricité dans ce
département s'est accru de 118% en 1999 à partir d'un niveau
de 48.607 abonnés en 1992.
Cependant, la situation n'est guère encourageante
lorsque l'on s'intéresse aux ouvrages d'hydrauliques villageoises.
L'Atlantique, en 1999, ne totalisait que 816 points d'eau et possédait
ainsi 10% des ouvrages d'eau de l'ensemble du pays ; ceci lui
confère la dernière place après les départements
du Borgou/Alibori (2.239 points d'eau), l'Atacora/Donga (1.799 points), qui
occupaient respectivement les première et deuxième places. Le
nombre de points d'eau dans les autres départements varient de 940
à 1.704.
Par ailleurs, des disparités sont à souligner
entre le milieu rural et le monde urbain et péri-urbain à
l'intérieur même du département nonobstant les statistiques
globalement encourageantes. Le tableau n°26 illustre très bien
ces disparités. Ce tableau montre qu'en 1992, la SBEE a
approvisionné 588 abonnés (33%) en milieu rural contre 1.215
(67%) abonnés dans l'Atlantique urbain et péri-urbain.
En 1999, on dénombrait dans l'Atlantique rural, 965
abonnés soit 17% contre 4.622 (83%) abonnés en milieu urbain et
péri-urbain. Ainsi, le monde rural a régressé de
16 % en nombre d'abonnés à l'eau à la
SBEE.
Quant à l'électricité, le milieu rural
totalisait 407 abonnés en 1992 et regorge ainsi 8% des abonnés
du pays contre 92% dans les milieux urbain et péri-urbain. Cette
proportion d'abonnés dans le monde rural a progressé pour passer
en 1999 à 2.938 abonnés (14%) contre 17.423 (86%) dans
l'Atlantique urbain et péri-urbain. Un grand effort est à mettre
à l'actif du monde rural où le taux de variation est de 622%
sur la période allant de 1992 à 1999.
Toutefois, des efforts restent à fournir pour corriger
les disparités entre les communes de l'Atlantique rural où on
notait par exemple la quasi-inexistence d'abonnés en eau et à
l'électricité dans les communes de kpomassè et de
Zè. En effet, des résultats de nos enquêtes, il ressort que
72,50% des personnes interrogées continuent d'utiliser le pétrole
lampant comme mode d'éclairage.
S'agissant des ouvrages d'hydrauliques villageoises, sur les
816 points d'eau réalisés en 1999, seulement 708 sont
fonctionnels à cette même année.
Le milieu rural de l'Atlantique s'accapare du plus grand
nombre (539 points d'eau contre 169 en milieu urbain et péri-urbain).
La couverture du déficit en eau potable dans l'Atlantique rural est
donc rendue possible grâce au nombre relativement important de points
d'eau ; soit 76% du nombre total dans ce département
Au total, les autorités publiques doivent mettre
l'accent sur l'entretien des infrastructures existantes et la construction de
nouveaux équipements en eau et en électricité afin
d'assurer aux populations de l'Atlantique, un développement
durable.
Des actions urgentes sont aussi à poser par la SBEE
pour satisfaire les innombrables demandes en eau et en
électricité car, selon les résultats de nos
enquêtes, près de 69% des personnes interrogées estiment
que les prestations en eau et en électricité de la SBEE sont
passables, 23 % pensent qu'elles sont médiocres voire nulles et 8 %
estiment qu'elles sont assez bonnes.
2.6 Analyse récapitulative du profil de
pauvreté dans l'Atlantique
Cette analyse est faite à partir du test de rang.
L'analyse en composante principale (méthode ACP). Cette méthode
consiste à présenter sous une forme graphique, le maximum de
l'information contenue dans un tableau de données. Les résultats
de ce test sont consignés en annexe 1. Selon ces résultats, il
ressort que le Littoral et l'Ouémé d'une part et l'Atlantique
d'autre part, présentent un bon profil par rapport aux autres
départements.
3- PRINCIPALES CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS EN TERME DE
POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE.
3.1 Analyse des résultats et
vérification des hypothèses
Hypothèse/OS1
Cette hypothèse stipule que "l'état sanitaire
des populations de l'Atlantique s'est amélioré entre 1992 et
2002".
L'analyse des résultats issus de nos enquêtes
nous a permis de constater que 68% des enquêtés reconnaissent
l'existence des infrastructures sanitaires mais en nombre limité. Ces
infrastructures sont de deux types : publiques et privées et se
trouvent éloignées des zones rurales.
Le paludisme et les infections respiratoires sont les
maladies qui touchent le plus souvent les populations. Mais des actions
urgentes telles que la promotion des moustiquaires imprégnées
sont engagées.
S'agissant de l'accès des populations aux centres de
santé, 72% des personnes interrogées se rendent dans les centres
pour se faire soigner en cas de maladie. Les autres s'y rendent mais
après l'automédication ou recours aux guérisseurs
traditionnels.
L'appréciation des prestations données par ces
centres et leur coût varient selon que l'on fréquente les
centres publics ou les centres privés. 43% des interrogés
estiment que les prestations sont bonnes dans les centres privés et
communautaires. 51% des interrogés sont passablement satisfaits et 6%
le sont médiocrement.
Seuls 34% pensent que les coûts sont
élevés notamment dans les centres privés ; 62%
apprécient moyennement les coûts et 4% les trouvent bas.
S'agissant des enfants, ils jouissent d'une bonne couverture
vaccinale mais manquent de suivi dans leur croissance. Ce manque est rendu
possible grâce à la quasi-inexistence des centres de promotion
sociale. Seuls 46% reconnaissent l'existence de ces centres.
A l'issue de ces différentes analyses et celles des
graphiques retraçant le nombre de naissances, les consultations et le
taux de fréquentation, nous avons pu identifier, sur la période
allant de 1992 à 2002, que la situation sanitaire de l'Atlantique est
reluisante. L'état sanitaire des populations de ce département
s'est donc amélioré entre 1992 et 2002. Cette hypothèse
est alors vérifiée.
Hypothèse/OS2
Elle suppose que "entre 1992 et 2002, les taux bruts de
scolarisation et d'alphabétisation ont connu une progression
significative"
L'analyse des courbes du graphique n°5, nous montre
que le taux brut de scolarisation a connu une progression ces dix
dernières années.
Il est à signaler par ailleurs que le taux
d'accroissement du nombre d'alphabétisés entre 1992 et 2002 est
de 49,22%. Il traduit donc une progression du taux d'alphabétisation au
cours de cette période.
Au total, le taux brut de scolarisation et le taux
d'alphabétisation ont progressé entre 1992 et 2002, mais
l'hypothèse d'une progression significative est à relativiser.
Selon les résultats issus de nos enquêtes, 53%
des personnes interrogées ne sont pas scolarisées et 78% parmi
elles ne savent ni lire, ni écrire dans leur langue. Pour se
justifier, elles avancent les raisons selon lesquelles l'emploi du temps est
inadéquat avec le temps qu'elles consacrent à leurs
activités agricoles. De même 32,69% avancent l'argument de la
quasi-inexistence des centres d'alphabétisation. L'hypothèse
d'une progression significative n'est donc pas vérifiée
Hypothèse/OS3
Elle est constituée de deux hypothèses
identifiées comme suit :
Hypothèse i) elle stipule que "le bilan
vivrier du département est excédentaire et a connu une
amélioration constante ces dix dernières années".
L'analyse de la production en 2001 et de la consommation
nous a permis de nous rendre compte que le solde vivrier de l'Atlantique
est excédentaire et est estimé à 225.012 tonnes
même si le manioc y contribue à près de 115%.
S'agissant d'une "amélioration constante", elle est
à relativiser puisque les rendements des produits varient dans le temps,
et la population du département s'accroît au jour le jour si bien
que les productions n'arrivent plus à couvrir les besoins alimentaires
des populations de ce département.
Au terme de ces analyses, il est à noter que bien que
le solde vivrier soit excédentaire, il n'est pas le résultat
d'une amélioration constante. L'hypothèse 3.i n'est donc pas
vérifiée.
Hypothèse ii) : Selon cette
hypothèse, "le revenu des ménages a connu une augmentation
constante entre 1992 et 2002".
A l'issue de l'analyse du revenu, il ressort que les
populations de l'Atlantique n'arrivent pas à satisfaire leurs besoins
alimentaires, faute de revenu. De plus, il faut remarquer que la plupart de ces
populations n'ont rien réalisé de tangible ces dernières
années. Encore faudrait-il signaler que seulement 6% des personnes
interrogées ont pu acquérir un moyen de transport qui est un
outil précieux pour la saisie de nouvelles opportunités. Cette
hypothèse n'est donc pas vérifiée.
Hypothèse/OS4
Elle suppose que "la proportion des ménages ayant
accès à l'eau potable et à l'électricité
s'est accrue ces dix dernières années".
L'analyse du tableau n°25 révèle que les
nombres d'abonnés en eau potable et en électricité se sont
accrus respectivement de 87% et de 118% entre 1992 et1999. On peut donc
affirmer que l'hypothèse est vérifiée. Toutefois, il faut
remarquer que peu de personnes ont accès à
l'électricité et à l'eau potable de la SBEE dans les zones
rurales. Près de 72,50% des interrogés utilisent le
pétrole lampant comme mode d'éclairage et plus de 92,50% se
servent du bois de feu dans la cuisson des aliments.
3.2 Principales conclusions
Au terme de cette étude, quelques enseignements se
dégagent :
· Les infrastructures sanitaires notamment les centres
de santé existent mais se
trouvent éloignés de certaines populations
surtout dans les zones rurales et sont mal équipés, en
particulier ceux publics.
· Les infrastructures sanitaires privées occupent
une bonne position dans le
département de l'Atlantique
· La plupart des populations du département ont
accès aux centres de santé mais
déplorent parfois les prestations données par
les centres publics et les coûts très élevés
pratiqués par les centres privés.
· Les taux de natalité et de mortalité ont
considérablement baissé ces dix dernières
années.
· Une grande priorité est accordée
à la santé des enfants. Le département
bénéficie
d'une bonne couverture vaccinale.
· Les populations de l'Atlantique jouissent d'un
état sanitaire assez satisfaisant ces
dix dernières années. Toutefois les
enquêtes sur le terrain nous ont permis de nous rendre compte que dans
certaines localités de l'Atlantique, des centres de santé sont
construits sans être équipés de personnels
compétents. Ce manque se fait remarquer surtout au niveau des
maternités qui ne disposent pas de sage-femme.
· Le niveau de scolarisation a progressé dans le
département.
· Des écoles manquent dans certaines
localités du département.
· Le niveau d'instruction notamment celui des femmes est
faible et varie suivant
que les ménages dont elles sont issues sont pauvres,
vulnérables ou non pauvres
· L'inadéquation entre le temps consacré
aux activités agricoles et l'emploi du
temps pour l'alphabétisation a rendu timide
l'évolution du taux d'alphabétisation. A cette cause s'ajoute la
quasi-inexistence et le non-fonctionnement des centres
d'alphabétisation.
· Le niveau de scolarisation dans l'Atlantique est
satisfaisant de façon générale
malgré la disparité au niveau du sexe.
· Le solde en 2002 des produits vivriers du
département est excédentaire grâce au
solde dégagé par le manioc. Ceci prouve
déjà la qualité de l'alimentation des populations de
l'Atlantique. Le manioc est consommé souvent sous sa forme
transformée qu'est le gari qui n'est pas riche en nutriment.
Il faut noter aussi que l'agriculture dans ce
département souffre de la non mécanisation. Des outils
rudimentaires sont toujours d'usage dans le département.
· Les populations de l'Atlantique souffrent d'une
insuffisance de revenu pour
vivre décemment. Ceci est dû à la non
rentabilité des activités génératrices de
revenu.
· Le milieu rural du département souffre de
l'électrification et de l'alimentation
en eau potable malgré la proportion
élevée des abonnés.
· Le bois de feu est le moyen le plus utilisé
dans la cuisson des aliments ainsi la
déforestation gagne du terrain dans le
département.
· Le département de l'Atlantique présente
un meilleur profil de pauvreté par
rapport aux autres départements notamment sur les plans
sanitaire, de l'éducation et de l'accès à l'eau potable et
à l'électricité.
Cependant, certaines contraintes limitent nos conclusions
notamment celles liées à la non disponibilité de certaines
informations telles que celles de l'année 2002. Une extension de cette
étude dans les autres départements et la prise en compte de ces
informations dans le traitement des données seraient la bienvenue.
Toutefois, à l'état actuel de nos investigations, nous pouvons
faire quelques suggestions dans le sens de l'amélioration des politiques
de lutte contre la pauvreté.
3.3 Implications en terme de politique de lutte contre
la pauvreté
Pour améliorer les conditions de vie des populations
béninoises en général et celles de l'Atlantique rural en
particulier, quelques actions sont nécessaires :
· Construire davantage des centres de santé plus
proches des populations et assurer leur équipement en instruments
adéquats et les doter de personnel qualifié.
· Développer et généraliser des
associations ou mutuelles de santé (sous forme d'assurances maladie)
pourrait être exploré pour réduire le risque auquel sont
exposées les populations en cas de maladie.
· Maîtriser la démographie à travers
la planification des naissances en milieu rural.
· Continuer à doter les villages d'école et
rendre l'enseignement primaire effectivement gratuit comme le préconise
déjà certaines lois tout en encourageant l'instruction des
filles.
· Doter les communes de centres d'alphabétisation
ou les rénover et concevoir l'emploi du temps des alphabétiseurs
pour qu'il soit adéquat avec la disponibilité des populations.
· Elaborer et mettre en oeuvre effectivement des
politiques relatives à l'offre des produits agricoles : la
modernisation des techniques de production, le développement des
infrastructures routières, de télécommunication, de
formation et de vulgarisation aux paysans et commerçants. Le
développement des infrastructures est un préalable au
développement local et à une bonne circulation des produits
agricoles entre les zones du département d'une part, et également
à des conditions adéquates de conservation et de stockage des
denrées d'autre part. Il faut mener des actions dans le sens de la
construction et l'entretien des pistes de desserte rurale, les marchés
et les magasins de stockage.
· Développer l'auto-promotion des producteurs et
diversifier la production. Ceci passe par la recherche et l'exploitation de
nouvelles filières porteuses surtout celles pouvant être
couplées avec les productions vivrières et des mesures
d'encouragement des producteurs aux regroupements tels que les unions de
producteurs leur permettant de prendre en charge leur destinée.
· Les politiques agricoles doivent se baser sur la
rationalité du producteur qui se manifeste par son aptitude à
répondre de façon conséquente aux incitations. Ceci
permettrait d'endiguer les menaces de famine dont fait objet le
département.
· La promotion des productions vivrières suppose
une bonne organisation de la filière, du type de celle qui existe pour
les cultures d'exportation. Avec la décentralisation, les
autorités locales doivent donc chercher à instaurer un
système efficace de mise en place des facteurs de production :
organiser les différentes filières vivrières par la mise
en place de système original de crédit qui permette aux paysans
de disposer des facteurs de production et aux commerçants et à la
banque de récupérer leurs avances de fonds. L'achat d'engrais, de
semences améliorées et du matériel agricole ainsi que le
stockage et la commercialisation doivent ainsi être
pré-financés à des conditions assez souples sans cesser
d'être suffisamment répressives pour obliger les paysans à
rembourser leurs dettes. Ainsi, les cultures vivrières pourront
connaître une évolution semblable à celle des produits
d'exportation. Elles peuvent alors non seulement générer des prix
rémunérateurs qui constituent des incitations à la
production mais également créer un pouvoir d'achat
nécessaire au développement d'un marché aussi bien interne
qu'externe.
· Encourager la promotion des petites et moyennes
entreprises en mettant en oeuvres des dispositions pouvant leur permettre
d'accroître leur productivité afin de permettre à la
population active de trouver un emploi.
· Créer des points d'eau dans les villages pour
servir de source de bien-être pour les populations privées
jusqu'à présent de ce bien naturel.
· L'extension du réseau électrique ou la
prise des dispositions afin d'assurer l'électrification des zones
rurales permettrait aux populations de mener des activités intenses.
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