Une ligne de transport ne peut pas transporter une
quantité illimitée de puissance active. C'est d'ailleurs ce qui
impose, en partie, la limite de stabilité en régime permanent. La
puissance maximale qu'une ligne peut débiter se calcule comme suit:
[13]
Posons une charge de puissance S ch = P + j Q au bout de la
ligne illustrée à la figure (I.12). On prend la tension aux
bornes de la charge comme tension de référence :
Vch = Vr = V? (I.32)
00
r
La tension aux bornes d'entrée de la ligne a la forme
:
V s = V S cos(ö) + j V S sin(ö)
(I.33)
De (I.31) et (I.33) on déduit que :
Vsin s
D'où
P
(I.34)
(I.35)
()()
Avec 0 = 3 L, è étant la longueur électrique
de la ligne. Pour une longueur donnée de la ligne, l'amplitude maximale
de la puissance qui peut être transmise sur la ligne est :
Cette dernière équation met en évidence deux
caractéristiques très importantes de puissance maximale
transportable par une ligne :
· La puissance est proportionnelle au carré de la
tension de ligne et la puissance maximale transmise diminue avec la longueur de
la ligne. En effet, Zo est pratiquement indépendante de la longueur de
la ligne, alors que sin (âL) croît avec cette dernière.
· Pour les lignes longues non compensées, la
puissance maximale transmise est donc relativement faible, ce qui est une
contrainte majeure du point de vue de la stabilité du réseau.
Comme il est très important que la limite de stabilité en
régime permanent soit a plus élevée possible, il faut donc
augmenter la puissance maximale transportable. Comme on considère dans
ce mémoire que le niveau de tension est un paramètre fixe, seul
la compensation des lignes permet d'augmenter la puissance maximale
transportable.
I.6 Compensation d'une ligne de transport
d'énergie électrique
La compensation est une modification artificielle des lignes
de transport d'énergie électrique de façon à
pouvoir transporter plus de puissance tout en maintenant un niveau de tension
proche de la valeur nominale [10] [14] [18]. En agissant ainsi, on respecte les
deux contraintes fondamentales requises pour le transport de l'énergie
électrique : maintien du synchronisme entre les différents
alternateurs du réseau et maintien du niveau de tension constant et
proche de la valeur nominale à toutes les barres du réseau.
Au paragraphe (§ I.5.2), on a démontré que
lorsqu'une charge qui est égale à l'impédance
caractéristique de la ligne Zo est connectée en bout de ligne, la
tension sur le réseau est constante et égale à la tension
nominale. La puissance transportée par la ligne absorbée par la
charge est alors égale à la puissance naturelle de la ligne
Po.
Dans ce cas particulier, la seconde contrainte fondamentale
du transport de l'énergie électrique, qui maintien la tension
à sa valeur nominale, est respectée. Pour respecter cette seconde
contrainte, indépendamment de la charge, il s'agit donc de modifier
artificiellement l'impédance caractéristique de la ligne de
façon à ce qu'elle soit toujours égale à la charge
du réseau.
La nouvelle impédance caractéristique de la
ligne est nommée impédance caractéristique virtuelle
Z'0 . Avec une ligne ainsi modifiée, la nouvelle
puissance naturelle
virtuelle de la ligne est 0P' .
Si la ligne est modifiée de façon à
toujours maintenir son impédance caractéristique virtuelle
égale à l'impédance de la charge, la puissance active
absorbée par la charge est en tout temps égale à
0P' et le profil de la tension sur la ligne est plat.
Pour respecter la première contrainte fondamentale du
transport de l'énergie électrique à savoir le maintien du
synchronisme entre les alternateurs, il est nécessaire que la puissance
active transportable par la ligne soit le plus élevée possible et
que l'angle de transmission est faible, tout en maintenant un niveau de tension
proche de sa valeur nominale. Les équations (I.35) et (I.36)
suggèrent donc de diminuer artificiellement l'angle 0 = f3 L, ce qui
permet d'augmenter la puissance maximale transportable [19].
L'impédance caractéristique d'une ligne est
fonction de l'inductance série par unité de longueur et de la
capacité shunt par unité de longueur de la ligne. Ce sont donc
ces deux paramètres que l'on doit contrôler pour modifier
l'impédance caractéristique de la ligne. Pour modifier Zo, il
s'agit d'ajouter, d'une façon appropriée, des inductances et des
condensateurs sur la ligne. C'est une technique de compensation par
contrôle de la puissance réactive. Pour diminuer l'angle 0 = f3 L,
deux choix sont possibles : soit diminuer f3, soit diminuer la longueur L de la
ligne.
Une façon efficace de diminuer f3 est d'ajouter des
condensateurs en série avec la ligne pour diminuer sa réactance
inductive. C'est encore une fois une technique de compensation qui utilise le
contrôle de la puissance réactive qui s'écoule sur la
ligne, Pour diminuer la longueur de la ligne, il suffit de la sectionner en
plusieurs tronçons, indépendants les uns des autres, transportant
la même puissance. Le sectionnement d'une ligne est réalisable en
imposant, d'une façon appropriée, la tension à
différents endroit sur la ligne : l'utilisation des compensateurs
statiques permet d'assurer cette stratégie.
On distingue principalement trois techniques de compensation
qui permettent de modifier aussi bien l'impédance caractéristique
Zo de la ligne que l'angle 0 : la compensation shunt, la compensation
série et la compensation par sectionnement. Chacune de ces techniques a
une influence à la fois sur Zo et sur 0. Le choix d'une technique par
rapport à une autre est souvent un choix économique.