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« Campus Ouvert Droit, Ethique et
Société »
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UNIVERSITE DE NANTES - ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES
PARTENAIRES -
AGENCE UNIVERSITAIRE DE LA FRANCOPHONIE
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ANNEE UNIVERSITAIRE 2006-2007
La situation de la femme en Haiti au regard des instruments
nationaux et internationaux
MEMOIRE D'ETUDES
POUR L'OBTENTION DU DIPLÔME D'UNIVERSITÉ DE
2e CYCLE
"ETHIQUE DES DROITS DE L'HOMME"
Présenté par :
Jean Marc-Antoine PREDESTIN
Tuteur :
Antoine DELBLOND
Professeur à l'Université de Nantes
REMERCIMENTS
Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à
Monsieur Antoine DELBLOND, mon tuteur, pour son attention, son soutien et ses
conseils me permettant de mener à terme ce travail de mémoire.
Je n'ai pas le droit d'oublier les femmes qui ont constamment
marqué mon existence, par leur marque d'amour et d'affection à
mon égard, je fais allusion à ma femme, Geneviève ;
à mes deux filles, Christine et Chelsea et à ma mère,
Suzie. Enfin, à Jean Markenley, mon garçon que je souhaite
devenir un fervent défenseur des droits des femmes.
INTRODUCTION
De nos jours beaucoup d'efforts sont faits au niveau
international en vue d'améliorer la situation des femmes. De plus en
plus de voix se sont élevées en faveur du respect des droits
fondamentaux des femmes et condamnent toutes formes de violence et de
discrimination à leur égard. Les femmes et les hommes sont
présentés dans les principaux instruments juridiques
internationaux comme des êtres libres et égaux en droit. Nous
devons reconnaître que les choses évoluent un peu aujourd'hui,
dans la mesure où pendant des millénaires,
l'inégalité des droits entre la femme et l'homme a
été la règle dans presque toutes les
sociétés; riches ou pauvres. Personne ne peut nier les multiples
progrès réalisés par la communauté internationale
dans l'élaboration de politiques, règles et normes juridiques
internationales relatives aux droits de tous les êtres
humains. Cependant, malgré ces progrès constatés au
niveau international, dans beaucoup de pays, les femmes continuent de vivre des
situations critiques où la lutte pour la reconnaissance des mêmes
droits aux hommes et aux femmes est à peine commencée. Tous les
efforts restent à faire.
Les violations des droits fondamentaux accordés aux
femmes par les différents instruments nationaux et internationaux ne
sont pas des problèmes rencontrés uniquement dans les pays
sous-développés. Il s'agit d'un phénomène mondial
qui touche les petits pays comme les grands. Selon l'Amnesty International, la
violence contre les femmes représente le plus grand scandale de notre
époque en matière des droits humains1(*). En dépit des efforts de
renforcement des lois, aucun pays au monde n'a atteint la pleine
égalité entre les sexes, que ce soit de jure ou de facto2(*). Le phénomène
existe partout, aucun pays n'y est épargné à 100%.
Cependant, nous devons admettre que dans les pays de faible niveau
économique comme Haiti, le problème gagne beaucoup plus d'ampleur
et prend des formes les plus variées : physiques, psychologiques ou
sexuelles. Tous les secteurs de la société haïtienne sont
conscients de la gravité de la situation des femmes dans ce pays,
pourtant rien de concret n'est fait en vue d'apporter une amélioration
effective à la situation de violence et de discrimination qui s'installe
contre les haïtiennes.
Selon le dernier recensement général de
population et d'Habitat réalisé en 2003, les femmes sont
démographiquement supérieures aux hommes, elles
représentent 52% sur une population totale de 8, 4 millions
d'habitants3(*). Elles sont
certes majoritaires, mais, paradoxalement elles représentent la
catégorie de gens dont les droits fondamentaux sont les plus
bafoués. Toutes les statistiques concernant les conditions de vie en
Haiti sont au désavantage des femmes. C'est parmi elles que l'on
retrouve le plus grand nombre de pauvres, de victimes de violence et de
discrimination, de sous-payés, d'exploités économiquement,
d'analphabètes, de victimes de VIH/SIDA, etc. Entre 1980 et 1996, une
étude a montré que le nombre de femmes atteints du SIDA a
augmenté considérablement par rapport aux hommes, le ratio passe
de 5 hommes pour une femme à 1 homme pour une femme en 20014(*).
En plus de la supériorité démographique
des haïtiennes, il faut aussi souligner le rôle important qu'elles
jouent dans le développement du pays, tant sur le plan économique
global que sur le plan familial. Dans les foyers, qu'elles soient seules ou
accompagnées de conjoint, elles sont principalement responsables des
travaux domestiques, notamment l'éducation des enfants à la
maison, la survie de tous les membres de la famille. Elles sont là pour
préparer la nourriture, faire la lessive, assurer le nettoyage de la
maison et accomplir toutes les autres tâches domestiques. Malgré
ce rôle primordial, les femmes haïtiennes sont culturellement et
socialement désavantagées5(*). Elles représentent 47.7% des personnes actives
économiquement à l'échelle nationale. Et le taux
d'activité des femmes est de 50.5% au niveau national, selon un calcul
basé sur la population de 10 ans et plus. Pour le taux d'activité
des femmes de 20 ans et plus, cela varie de 52.7 à plus de 90%. En
fonction du taux élevé de chômage en Haiti, la
majorité des femmes actives économiquement évoluent dans
le commerce, elles sont évaluées à 43.9%. Après le
secteur commerciale, les femmes travaillant dans l'agriculture
représentent la deuxième catégorie de femmes les plus
actives dans l'économie, elles sont estimées à 37.4%
selon un rapport du Ministère à la Condition
Féminine6(*).
Paradoxalement, en dépit de la présence active des femmes
haïtiennes dans l'économie du pays, les femmes sont les plus
pauvres parmi les pauvres7(*).
Cette situation que les femmes vivent en Haiti résulte
d'un comportement violent et discriminatoire de la société
à l'égard des femmes. Décrivant la situation de violation
des droits fondamentaux des haïtiennes, l'organisation féministe
« Solidarite Fanm Ayisyen » a fait remarquer
que: « tous les jours, en Haïti, des milliers de femmes
et de filles sont victimes de harcèlement, d'injures,
d'irresponsabilité paternelle, de bastonnades et de viols (conjugaux,
collectifs, répétés, suivi de grossesse et de
ITS/SIDA) 8(*)». Les abus et les exactions dont elles sont
quotidiennement victimes proviennent de partout : de la part de leur
famille, de leur voisin, de la société et même des
autorités publiques. La majorité des femmes vivant en Haiti font
l'objet de discrimination et subissent des violences sous une forme ou sous une
autre. Les autorités étatiques ne sont pas suffisamment
conscientes de la gravité de la situation d'un nombre important de
femmes haïtiennes victimes de violence. Malgré les beaux discours
officiels, les promesses faites ça et là, les belles
théories, on pourrait tenter de parler d'indifférence des
responsables de l'Etat face à la misère de ces victimes.
Les diverses études menées sur la situation des
droits de l'homme en Haiti, les témoignages de femmes victimes, les
observations et la réalité de chaque jour ont tous montré
que cette société ne tient pas compte des droits des femmes.
Pourtant, en plus de la charte fondamentale de la République qui assure
l'égalité de l'Homme et de la femme devant la loi, l'Etat
haïtien s'est également engagé à protéger les
droits des femmes à travers les principaux instruments internationaux
des droits de l'homme. Quoique cela, Haiti demeure un pays où les
droits fondamentaux des femmes ne sont reconnus qu'en théorie,
qu'à travers des discours officiels. La préoccupation des
autorités étatiques haïtiennes ne consiste pas à
oeuvrer pour que les hommes et les femmes puissent se prévaloir de tous
les droits et de toutes les libertés proclamées dans la
Déclaration Universelle des droits de l'homme, sans distinction aucun,
notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion
politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de
fortune, de naissance ou de toute autre situation9(*). De plus, l'article premier de cette
Déclaration précise que : « Tous les
êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en
droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les
uns envers les autres dans un esprit de fraternité».
En tant qu'Etat membre, l'Etat haïtien devrait s'engager
à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies,
le respect universel et effectif des droits des femmes et leurs libertés
fondamentales. Au contraire, lorsque les autorités
publiques ne sont pas impliquées directement dans des actes de
violation des droits des femmes, celles-ci affichent souvent un comportement
d'indulgence ou de tolérance à l'égard des fautifs. Au
lieu de prendre des mesures pour faire appliquer la loi en faveur des femmes
victimes de violence conjugale, certains autorités étatiques
préfèrent rendre ces femmes responsables de ce qui leur arrive.
Dans la réalité, lorsqu'une femme mariée est battue ou
tuée par son mari sous l'accusation de commettre un acte
d'infidélité ou d'insolence, la victime ou ses parents se voient
presque dans l'impossibilité de trouver justice. En ce sens, l'accent
est mis davantage sur les motifs qui portent le délinquant à
commettre le forfait au lieu de le condamner pour son acte délictueux.
De fait, tout crime commis par jalousie par un mari contre sa femme est
excusable.
Il y a lieu de faire remarquer également une
velléité de la part de la société de lutter contre
la violation des droits des femmes haïtiennes. Depuis les
événements des années 1980 qui ont occasionné la
chute de Jean Claude Duvalier, le mouvement féministe haïtien prend
de plus en plus d'expansion10(*). Du coté de l'Etat, on ne reste pas totalement
inactif, depuis plus d'une décennie, un Ministère à la
Condition Féminine et aux Droits de la Femme a été
crée lors du retour en exile du Président Jean Bertrand Aristide
en 199411(*). Mais,
à la vue de tous ceux-la, on a l'impression que le gros du travail reste
à faire. De l'avis de plus d'un, tout reste à faire avant
d'aboutir véritablement à l'amélioration des conditions de
vie de la grande masse des femmes haïtiennes. Les initiatives des
associations des femmes et du Ministère à la condition
féminine consistent pour l'essentiel à dénoncer à
la radio les violences contre les femmes, il ne s'agit pas d'une
démarche faite en vain, mais la dénonciation à elle seule
ne constitue pas une solution au grave problème de violation des droits
de ces femmes.
Le véritable problème concerne l'écart
considérable qui existe entre d'une part, les discours officiels et les
instruments internationaux ratifiés par Haiti et, d'autre part la
réalité que vivent les femmes dans la société.
Entre ce que les officiels disent à la radio ou écrivent à
travers les colonnes des journaux, il y a un monde de différence. La
réalité est que beaucoup de femmes sont violées, battues
et même tuées par des proches parents, des amis, des inconnus,
voire des représentants de l'Etat. Des dénonciations se font
quotidiennement contre la violation des droits fondamentaux des
haïtiennes, beaucoup d'instruments juridiques nationaux et internationaux
condamnent cet état de fait, pourtant le problème persiste et
gagne de plus en plus de terrain. Donc, cela prouve que pour mettre un terme
à la violation des droits des femmes, il faut des actions
concrètes et intégrées au bénéfice des
victimes, impliquant tous les secteurs de la vie nationale et internationale.
Notre objectif général dans le cadre de ce
mémoire d'études consiste à analyser la situation de
violence et de discrimination qui sévit contre les haïtiennes au
regard des instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux
droits des femmes.
De façon spécifique, nous nous proposons
de :
· Définir les formes les plus courantes de
violence et de discrimination exercées contre les femmes en
Haiti ;
· Identifier les causes et les conséquences de la
violation des droits des femmes ;
· Faire un survol autour des instruments nationaux et
internationaux relatif aux droits de l'homme en Haiti tout en mettant
l'accent sur les différentes institutions établies par la loi
afin de protéger les femmes contre la violation de leurs droits
fondamentaux ;
· Stimuler les actions à mener en vue de
prévenir et d'éliminer la violence et la discrimination à
l'égard des femmes, condition indispensable à la
réalisation de l'égalité entre les hommes haïtiens et
les femmes haïtiennes.
Nous l'avons déjà souligné, les femmes
occupent une part très importante dans la société
haïtienne, non seulement elles représentent plus de 50% de la
population, mais aussi, elles sont remarquables par leur grande contribution
dans l'économie du pays. Le fait de restreindre l'exercice des droits
fondamentaux des femmes en exerçant contre elles toutes formes de
violence et de discrimination, on les empêcher de s'épanouir, de
se développer et de participer activement dans la vie de la
société. Des femmes violentées, humiliées,
exploitées et dont leurs droits sont quasiment anéanties
éprouveront des difficultés à pouvoir participer à
part entière et à part égale dans le développement
de notre chère Haiti. Les conséquences de la violence à
l'égard des femmes sont néfastes non seulement pour celles qui en
sont victimes, mais aussi pour la société haïtienne en
général. En ce sens, notre devoir de citoyen nous interpelle
à attirer l'attention de tous sur la situation de violence et de
discrimination dont beaucoup de femmes subissent en dépit de l'existence
des mesures législatives de protection des femmes. Face à ce
grave problème, il est obligatoire pour tous les haïtiens
conscients de l'importance des 52% de femmes de la population haïtienne,
de contribution à la recherche d'une solution. Ainsi, nous avons
jugé nécessaire de travailler sur la condition féminine
haïtienne dans le cadre de notre mémoire d'études pour la
préparation du diplôme de 2e cycle « Ethique
des Droits de l'Homme ». Nous sommes convaincus que cette
étude contribuera à attirer l'attention de la
société sur la situation inacceptable des haïtiennes en
dehors des instruments tant nationaux qu'internationaux relatifs à leurs
droits.
La méthodologie utilisée dans la
réalisation de cette recherche se tourne autour de deux axes : la
recherche documentaire et dans une moindre mesure une enquête de terrain
auprès d'un échantillon de filles et de femmes haïtiennes
âgées de 15 à 61 ans.
En premier lieu, nous avons utilisé diverses sources
documentaires : en plus des idées développées
à travers le support de cours de la formation «
Bâtir La cité Humaine », nous avons
consulté les principaux bibliothèques de la place à la
recherche d'ouvrages traitant la question des droits de l'homme12(*). La bibliographie et les sites
d'internet de référence fournis par les responsables de la
formation « Ethique des droits de l'Homme » nous ont permis
de découvrir des informations jugées utiles. Aussi, un grand
nombre d'instruments juridiques tant sur le plan national qu'internationaux
spécifiques aux droits des femmes ont été explorés.
En conséquence, des documents de L'ONU13(*), de l'OEA, des articles de journaux, et d'autres
supports écrits émanant des institutions
spécialisées dans le domaine des droits de l'homme, ont
été consulté.
En second lieu, nous avons effectué un sondage
auprès d'un échantillon de 136 femmes choisies dans trois
départements géographiques d'Haiti (Ouest, Nord et Nord-Est).
Cette enquête de terrain permettait de recueillir des informations
directement des femmes. Des témoignages, des faits marquants, des
expériences personnelles des femmes sur leur condition de vie, leur
propre perception de l'application des textes nationaux et internationaux
relatifs aux droits des femmes ont été visés par cette
enquête.
A travers cette étude sur la situation des femmes
haïtiennes au regard des instruments nationaux et internationaux des
droits de l'homme, nous nous limitons à considérer les cas les
plus courants de violence et de discrimination à l'égard des
femmes. Notre étude ne concerne pas la traite des femmes, la
stérilisation forcée, les crimes d'honneur commis contre les
femmes, les mutilations génitales féminines, les violences
liées à la dot et autres encore qui sont des formes de violence
et de discrimination presque inexistant en Haiti.
Ce travail est traité en quatre chapitres repartis
comme suit :
Le premier chapitre analyse le sens de certains concepts
généraux qui entretiennent un rapport étroit avec le
thème de ce mémoire d'études. Ainsi, avant d'entrer dans
le vif du sujet, nous essayons de développer le sens de ces notions qui
sont généralement présentes dans les études,
documents ou travaux de recherche en rapport aux droits des femmes. Il convient
aussi de faire un survol historique du mouvement féministe en Haiti,
ainsi que son bilan dans sa lutte pour le respect des droits des
haïtiennes.
Le deuxième chapitre analyse et présente la
situation critique de la femme en Haiti. A travers ce chapitre, nous
considérons les causes et les différentes formes de violences
exercées contre les femmes, ceci en vue de mieux identifier les
solutions à appliquer contre ce fléau national. Car la violation
des droits des femmes en Haiti a des conséquences négatives non
seulement sur les femmes victimes, mais aussi sur leur famille, leurs enfants
et tout le pays.
Le troisième chapitre présente les
différentes institutions publiques haïtiennes chargées,
selon les lois, de protéger les femmes et de faire respecter leurs
droits fondamentaux. Dans ce chapitre, nous avons également fait des
considérations d'ordre juridiques relatives aux droits des femmes,
l'accent est mis sur les instruments nationaux, régionaux et
internationaux de protection des femmes en Haiti.
Enfin, le quatrième chapitre présente une
synthèse des différentes actions proposées par les
instruments internationaux, les ONG, les féministes et les organisations
de défense des droits de l'Homme en vue de lutter contre la violence et
la discrimination à l'égard des femmes. En plus de ces
recommandations, nous avons pensé à identifier d'autres mesures
spécifiques qui doivent être prises en vue de prévenir et
d'éliminer la violation des droits des femmes en Haiti. A cette fin, il
revient prioritairement à l'Etat de prendre ses engagements
vis-à-vis du respect des droits des femmes, mais la
responsabilité incombe également à tous les secteurs de la
vie nationale. Tous et toutes doivent y participer en vue de mettre un terme
aux violences et discriminations à l'égard des femmes
haïtiennes.
CHAPITRE I
CADRES CONCEPTUEL ET HISTORIQUE
Il s'agit d'un chapitre préliminaire qui s'accentue
dans un premier temps sur des notions générales ayant rapport
à notre sujet de recherche. Ensuite, de façon plus
spécifique, nous essayons de faire un survol historique du mouvement
féministe en Haiti tout en analysant son bilan dans la lutte pour le
respect des droits des femmes haïtiennes.
A- LES PRINCIPAUX CONCEPTS EN RAPPORT AU THEME
TRAITÉ
Avant d'entamer l'analyse en profondeur de
la situation des femmes en Haiti au regard des différents instruments
nationaux et internationaux relatifs aux droits des femmes, il convient pour
nous de préciser le sens de certains termes importants relatifs aux
droits de l'homme, plus spécialement, aux droits des femmes. Si en
fonction de la situation particulière des femmes dans les
sociétés, on leur accorde des droits spéciaux, mais en
même temps, l'on doit reconnaître que le concept des droits de
l'homme regroupe les droits de tous les êtres humains en
général : homme, femme et enfants. La définition des
principaux termes utilisés dans ce travail permettra de mieux
appréhender l'analyse de la situation des femmes en Haiti par rapports
aux différents instruments leur garantissant des droits.
1. Droits de l'Homme
Les droits de l'Homme se définissent
généralement comme des droits attachés à la
personne humaine. Il s'agit des prérogatives reconnues aux individus,
considérées comme inhérentes à la personne humaine
et essentielles à la démocratie et à la paix, par
conséquent reconnues par des normes de valeur constitutionnelle ou par
des conventions internationales, afin que leur respect soit assuré,
même contre l'État14(*). Il est aujourd'hui clairement admis que lorsqu'on
parle d'universalité des droits de l'homme, on fait allusion à
des droits attribués à la personne humaine, de l'un ou de l'autre
sexe, sur la base de l'égalité entre les sexes et sans aucune
discrimination entre les droits, tels qu'ils ont été reconnus,
consacrés par les instruments internationaux adoptés par
l'Assemblée Générale des Nations unies.
Dans toutes les définitions des droits de l'homme
apparaît l'idée d'universalité. En parlant de la personne
humaine, on sous-entend tous les êtres humains en général
sans exception de sexe. Les droits de l'homme ont donc un caractère
universel et permanent qui ne peut pas se retrouver dans le positivisme
juridique. En ce sens, basant sur l'origine des droits de l'homme, on tente
d'établir une différence entre ces derniers et les droits
positifs. Pour certains auteurs, les droits de l'homme trouvent leur source
dans le droit naturel plutôt que dans le droit positif15(*). Ce dernier est
présenté comme une législation positive qui est une
construction d'un système normatif, à un moment donné, en
un lieu donné. Donc entre le droit naturel et le droit positif, il en
découle une distinction fondamentale. Si le premier est empreint d'une
permanence : il est établi soit par dieu, soit par la nature, soit par
la raison selon les différentes évolutions des conceptions de la
société humaine ; le second est relatif et est susceptible
d'être reconsidéré par les législateurs. En fait,
les droits de l'homme préexistent aux autres droits. Ainsi, aucun
système normatif n'a besoin de les créer, dès lors qu'ils
sont ancrés dans l'humanité16(*).
Les droits de l'homme forment un tout en fonction de leur
caractère universel. Ils valent partout et pour toutes les personnes
sans distinction de couleur, de sexe, de pays, de religion, de richesse,
d'opinion. Ils sont fondés sur des valeurs universelles (dignité,
liberté, égalité, justice) qui, tout en étant un
idéal pour l'humanité, sont des principes capables de
réguler la vie des hommes, des femmes, des enfants17(*). Les droits de
l'homme ont subi une certaine évolution dans leur contenu au fil
des époques et des perceptions par la communauté humaine de son
statut. Ainsi, de nos jours, on distingue trois générations de
droits de l'homme qu'il importe de souligner sans trop de
détails :
a) La première génération est
composée par les droits civils et les droits politiques. Cette
génération est caractérisée par l'apparition des
premiers textes énonçant et reconnaissant ces droits, sans les
créer pour autant. A noter que les spécialistes et les auteurs
des documents sur les droits de l'homme font remonter la reconnaissance de ces
droits à la « magna carta », la grande charte de
1215, le « bill of right » de 1689 en Angleterre, les
déclarations de 1776 aux Etats-Unis et la déclaration de 1789 en
France ;
b) La deuxième génération des Droits de
l'Homme constituée par les droits économiques et sociaux, a
été dégagée pour l'essentiel au XXème
siècle. Les droits suivants ont été ajoutés
à ceux existants : droits au travail, droits à la protection
sociale, droits à l'instruction et droits à la culture ;
c) La troisième génération des Droits de
l'Homme comprend les droits de solidarité et s'est
développée sur une période récente
s'étendant à partir de la fin du XXème siècle.
En conséquence, comme l'a fait remarqué Kenneth
Minogue, les droits de l'homme appartiennent à tous les hommes de
toutes les époques et ne sont ni exclusifs, ni attachés à
une charge18(*). Les
droits de l'homme appartiennent à un homme tout simplement parce qu'il
est un être humain, qu'il soit de sexe masculin ou de sexe
féminin. Ainsi, les femmes et les hommes ont des droits
inaliénables et dans les mêmes proportions. A chaque fois, dans
le cadre de cette étude sur la situation des femmes en Haiti, que la
mention des droits de l'homme est faite, nous faisons allusions à des
droits fondamentaux appartenant aussi bien aux haïtiens qu'aux
haïtiennes. D'ailleurs les violences exercées à
l'égard des femmes constituent une forme de discrimination et de
violation des droits de l'homme19(*).
2. Droits des femmes
Nous lisons à travers la Déclaration de Vienne
que : « Les droits fondamentaux des femmes et des fillettes
font inaliénablement, intégralement et indissociablement partie
des droits universels de la personne20(*)». Donc, si les droits de l'homme regroupent les
droits fondamentaux et inaliénables de la personne humaine en
général, l'on se demande pourquoi parler des droits de la femme
en particulier? Les femmes en fonction de certaines caractéristiques
particulières font l'objet d'un ensemble de prérogatives
spécifiques qui sont attachées à leur personne. En plus
des droits applicables au bénéfice de tous les individus, il faut
distinguer aussi l'ensemble des mesures juridiques prises à travers les
différentes instruments en vue de permettre aux femmes de jouir leurs
droits, de favoriser par ailleurs la promotion des femmes en les aidant
à se structurer comme des personnes autonomes capables de gérer
leurs propres corps et, de façon générale, toutes les
dimensions de leur vie21(*). Ainsi, Les droits des femmes désignent les
libertés appartenant intrinsèquement aux femmes et filles de tous
les âges, qui peuvent être institutionnalisés ou
supprimés d'une manière illégitime par la loi ou la
coutume dans une société particulière22(*).
Ainsi, en réponse, les droits des femmes font partie de
la notion plus générale de droits de l'homme dont ils se
distinguent par l'activisme qui entoure les réclamations
spécifiques des femmes. En ce sens, s'il n'y avait aucune discrimination
entre individus de sexe masculin et ceux de sexe féminin, on n'aurait
pas besoin de parler de la notion de « droits des
femmes », ce supplément n'aurait en fait aucun sens. Par
rapport à la condition féminine dans le monde entier et
particulièrement en Haiti, il est essentiel de prendre des mesures
juridiques spécifiques en faveur des femmes afin de les protéger
contre les violences sexistes.
3- Sexe, Genre et
Sexospécificité
Abordons d'abord le mot sexe qui se définit comme
l'ensemble des caractéristiques physiques qui permettent de
différencier le mâle de la femelle, l'homme de la femme23(*). Pour le concept genre, il est
plus difficile d'y apporter une définition, mais l'on sait que ce mot
tire son origine de l'anglais « gender »24(*). Selon Brigitte Biche, le mot
genre est devenu incontournable dans les textes internationaux des droits de
l'homme et évoque l'organisation sociale de la différence entre
les sexes et celle de leurs rapports25(*). Pour elle, penser genre, c'est penser que les
rapport sociaux entre les hommes et les femmes, sont déterminants dans
tout processus social. Ainsi, si on dit genre plutôt que de parler des
rapports sociaux de sexe c'est uniquement parce que l'anglais est la langue la
plus utilisée dans les textes internationaux : « Or,
le mot sex y a un sens beaucoup plus restrictif que le mot français sexe
et les anglophones ne peuvent l'utiliser sans laisser planer la confusion entre
rapports sociaux de sexe et rapports sexuels [...]26(*)». Donc, il est
souvent difficile d'établir la distinction entre sexe et genre,
même si la différence existe belle et bien : l'emploi du mot
sexe fait référence aux différences physiques distinguant
les hommes et les femmes, alors que le genre fait référence aux
différences non anatomique, c'est-à-dire psychologiques,
mentales, sociales, économiques ou autres27(*). En Haiti, les associations
féministes admettent plus ou moins la différence biologique
existant entre les haïtiens et les haïtiennes. Par contre, elles se
montrent de plus en plus préoccupées par les rapports sociaux de
sexe entre les hommes et les femmes qui sont toujours beaucoup plus favorables
aux premiers. Ce constat est aussi fait par Save the Children International,
cité dans une étude sur les filles des rues en Haiti :
« les rôles et les responsabilités assignés
à chacun des sexes ne sont pas égaux, si bien que les hommes et
les garçons ont plus de contrôle sur les ressources et un
accès plus grand au pouvoir et à la prise de décision que
les filles et les femmes28(*) ».
Pour la notion de
« sexospécificité », elle parait beaucoup
plus rapprochée de celle de « genre ». La
« sexospécificité » englobe la nature
socialement attribuée aux distinctions entre femmes et hommes. Elle
s'accentue sur les aspects des relations sociales qui sont attribués non
pas en fonction de la différence de sexe mais sur ceux qui sont
enracinés dans les cultures et les attitudes sociales, qui sont donc
construits socialement et de ce fait, sont modifiables avec le temps29(*). Aussi, dans le souci de
protéger les droits des uns et des autres, l'on fait souvent des
considérations basées sur des approches
« sexospécifiques ». En ce sens, il s'agit de faire
en sorte que les besoins différenciés des femmes et des hommes,
ainsi que les obstacles spécifiques auxquels ils se heurtent, soient
pris en considération dans la formulation et la mise en oeuvre des
politiques et des mesures visant à améliorer la situation des
citoyens. Une définition du terme
« sexospécificité » est donnée par
l'Onusida de la façon suivante : « ce que signifie le
fait d'être un homme ou une femme, et comment ce fait définit les
opportunités, les rôles, les responsabilités et les
relations30(*) ». Ce qu'il faut surtout retenir dans cette
définition, c'est la signification accordée au fait d'être
un homme ou une femmes dans une société donnée par
opposition à la détermination chromosomique de l'individu
à sa naissance31(*). Par ailleurs, la
« sexospécificité » façonne les
opportunités qui s'offrent à chacun dans la vie, les rôles
qu'il peut être amené à jouer et les types de relation
qu'il peut avoir32(*).
Nous parlons de
« sexospécificité » dans ce travail, en
fonction de la position des féministes haïtiens qui ont toujours
expliqué les difficultés des femmes haïtiennes à
travers des « rôles sexospécifiques33(*) » que la
société haïtienne assigne aux hommes et aux femmes. Ils
dénoncent des attitudes culturelles liées au patriarcat
permettant aux hommes d'exercer le pourvoir ainsi que de l'emprise sur les
femmes. Au niveau des familles et de la société, il est presque
généralement admis que les hommes et les femmes n'ont pas les
mêmes capacités. Certaines tâches sont essentiellement
destinées au sexe jugé fort, c'est -dire aux hommes et d'autres
à celui jugé faible, c'est- à -dire aux femmes. Donc,
selon les organisations féministes, un tel état d'esprit est
souvent à la base de violence et de discrimination à
l'égard des haïtiennes.
4- Le Féminisme
Selon des idées tirées de l'encyclopédie
en ligne Wikipédia, le mouvement féministe appelé aussi
« Féminisme » est un ensemble
d'idées politiques, philosophiques et sociales né après
l'âge industriel et qui se réclame de mouvements plus anciens ou
d'autres combats menés dans d'autres contextes historiques ; et qui
a ensuite pu être repris à leur compte par les hommes et les
femmes partout ailleurs dans le monde34(*). Par ailleurs, ce mouvement est empreint de
théories sociologiques, de mouvements politiques et de philosophies
s'intéressant à la situation des femmes en particulier dans leur
contexte social, politique et économique. Comme mouvement social, le
Féminisme s'est attaché à promouvoir les droits des femmes
et leurs intérêts dans la société civile. Le
Féminisme est une lutte menée pour et particulièrement par
les femmes, bien qu'elle ait été également activement
supportée par des hommes afin d'abolir l'oppression dont les femmes ont
été, et sont encore, victimes au quotidien dans les
sociétés où la tradition établit des
inégalités fondées sur le sexe. Le Féminisme
analyse la condition féminine dans l'histoire et dans le monde
contemporain en suivant la réflexion initiée par Simone de
Beauvoir, l'une des premières féministes qui revendiqua en France
l'égalité des droits entre hommes et femme35(*).
De nos jours, avec la mobilisation de plus en plus intense de
tous les secteurs des communautés nationales et internationales en
faveur du respect des droits fondamentaux des femmes et de
l'égalité des sexes, le mouvement féministe est en pleine
extension. En Haiti, depuis la chute du régime de Jean Claude Duvalier,
les femmes haïtiennes ne cessent de lutter contre ce qu'elles appellent
« la violence masculine à l'égard des
femmes », elles expriment de plus en plus leur volonté de
ne pas être constamment dominées par les hommes. Ainsi, dans la
section suivante, l'accent sera mis sur le « féminisme
haïtien », notamment sur l'historique et le bilan de ce
mouvement.
B- LE MOUVEMENT FEMINISTE EN HAITI
Comme c'est le cas pour les femmes des grands pays, il n'y a
pas longtemps depuis que les femmes haïtiennes ont la jouissance de
certains droits qui étaient réservés seulement aux hommes.
On arrive jusqu'à affirmer que l'inégalité des droits
entre la femme et l'homme a été la règle pendant des
millénaires dans presque toutes les sociétés36(*). Aujourd'hui, les
haïtiennes sont de plus en plus déterminées à faire
respecter leurs droits fondamentaux. Les femmes haïtiennes ont
exprimé la volonté de jouir de leurs droits depuis le lendemain
de l'indépendance de la jeune république noire, mais ce n'est au
milieu du XXe siècle que l'on pourrait parler véritablement des
droits humains en faveurs des femmes. Donc, à travers cette section,
nous allons nous pencher sur le mouvement féministe haïtien, ses
réalisations ainsi que la perception des observateurs de l'existence de
ce mouvement dans le pays.
1- Survol historique du mouvement
féministe
Les avis sur le début du mouvement féministe
haïtien sont partagés. Si pour certains, ce mouvement commence
à partir de la création de l'association « Ligue
Féminine d'Action Sociale ( LFAS) » en 1934, pour d'autres ce
mouvement date des premiers jours de l'indépendance en se
référant à la motivation libertaire de 180437(*). Les associations de femmes
haïtiennes affirment être les descendantes directes des mains
féminines qui ont construit le pays pendant deux siècles et
auxquelles on rend hommage au cours des fêtes nationales annuelles. Elles
font allusion à des femmes telles que Claire Heureuse Dessalines, Sanite
Belair, Cécile Fatima, Pierrette Jolibois, Marie Jeanne, Suzanne
Louverture et autres considérées comme des femmes courageuses qui
ont milité aux côtés de leurs maris pour le respect des
droits et libertés fondamentaux des haïtiens et des
haïtiennes. Les associations féministes rendent également
hommage aux nombreuses femmes combattantes telle que Victoria Mantou,
dite « Toya », héroïne de
l'indépendance aux côtés de Toussaint L'Ouverture, Jean
Jacques Dessalines et Henri Christophe38(*).
L'histoire du mouvement des femmes haïtiennes est
marqué, selon les féministes, par des efforts pour changer la
mentalité patriarcale, par la lutte pour l'obtention progressive de
l'égalité au niveau légal afin de promouvoir une
société dans laquelle les individus sont effectivement libres et
où ils ne sont plus prisonniers d'une condition définie sur base
de leur genre. La recherche d'une citoyenneté complète pour la
femme en Haïti, qui a commencé avec les héroïnes
fondatrices du pays, a été reprise en 1934 avec la
création de la Ligue féminine d'Action Sociale
considérée, en termes de structure, comme la première
organisation féministe du pays. Cette organisation qui luttait en vue
d'amener l'Etat haïtien à reconnaître le droit à la
femme de voter et d'être candidate à des fonctions politiques,
droits qui n'ont pu être exercés pour la première fois
qu'en 195739(*).
Après cette première conquête
légale, le mouvement féministe est entré en
clandestinité avec l'instauration de la tyrannie de la famille Duvalier
en 1964. Le 3 avril 1986, après la chute du président Jean Claude
Duvalier, les femmes haïtiennes ont organisé une manifestation
historique pour réorganiser le mouvement dans le pays en protestant
principalement contre la féminisation de la pauvreté et
l'articulation entre la répression sociale
généralisée et une plus grande violence à
l'égard des femmes. A l'occasion de cette nouvelle impulsion du
Féminisme haïtien, les femmes haïtiennes ont
réalisé d'impressionnantes manifestations à la capitale,
ainsi que dans les principales villes de province du pays, notamment, à
Cap-Haïtien et aux Gonaïves. Des femmes, issues de toutes les couches
sociales et économiques, revendiquent le droit d'être actrices de
la refondation sociale, de la reconstruction nationale et elles ont
clamé leur désir de vivre dans une société
où la condition féminine ne serait plus
caractérisée par la discrimination et la violence, selon les
termes d'une militante féministe haïtienne, Madame Danielle
Magloire40(*). Cette
militante de l'organisation « ENFOFAM41(*) » ajoute qu'avec la dictature les
organisations de femmes, tout comme les autres mouvements sociaux
revendicatifs, n'avaient pas pu s'exprimer librement, mais les idéaux du
féminisme s'étaient suffisamment enracinés pour permettre
une résurgence. Ces idéaux avaient été
portés, aux environs des années 1930, par la Ligue
Féminine d'Action Sociale (LFAS) qui s'était
spécifiquement attachée à la conquête des droits
civils et politiques. En mémoire de cette journée historique, le
3 avril a été proclamé, en 1996, Journée nationale
du mouvement des femmes haïtiennes42(*).
Présentement, le mouvement féministe
haïtien est en pleine expansion. Ce mouvement se caractérise par
son ampleur, l'éventail des problématiques posées et une
présence certaine au niveau international, notamment dans les
Amériques et les Caraïbes. C'est une véritable
mosaïque, formée par des organisations qui, tout en étant de
différentes tendances, partagent une même
aspiration : « changer le sort défavorable fait
aux femmes43(*) ». Il se signale par sa vigueur, la
continuité de sa présence et surtout sa
crédibilité, selon une auto-évaluation des leaders
féministes44(*).
Aujourd'hui, quasiment dans tous les départements du pays on trouve des
associations de femmes. Parmi les plus actives, nous citons : la CONAP qui
réunit plus de vingt organisations regroupant des femmes
haïtiennes. Aux côtés de la CONAP, on trouve
(Enfofam), « Kay Fanm »,
« Solidarité Famn Ayisyen »,
« Fanm Solèy leve » et autres45(*). Les Associations de femmes de
tous les coins d'Haiti revendiquent une reformulation de la Constitution
haïtienne et des lois du pays. Selon Myriam Merlet, une autre influente
militante féministe du pays, la « législation
du pays a ignoré les haïtiennes depuis la formation de
l'Etat 46(*)». En outre, ces organisations se sont, entre
autre, évertuées d'une part, à lutter pour inscrire la
problématique des femmes dans l'agenda politique national et, d'autre
part, à indexer le phénomène grandissant de la
féminisation de la pauvreté ce, en mettant en lumière les
effets de la condition féminine dans les situations
socio-économiques défavorables de la grande majorité des
femmes47(*).
2- Bilan du mouvement féministe
haïtien
Tout le monde est conscient de la nécessité pour
les femmes haïtiennes de s'associer en vue de mieux revendiquer l'exercice
et la jouissance de tous leurs droits. Le mouvement féministe
haïtien a un rôle crucial à jouer dans le combat contre la
violence et la discrimination à l'égard des femmes, ainsi que
l'idéal d'égalité des droits entre les haïtiens et
les haïtiennes tant souhaité. Ces derniers jours, les femmes
organisées sont de plus en plus présentes sur le terrain. Elles
dénoncent les violations de leurs droits, protestent contre la
discrimination, revendiquent des droits, réclament leur participation
dans tous les domaines de la vie nationale. Il s'agit de signes très
positifs qui donnent l'espoir que demain sera meilleur pour les femmes. Car la
mobilisation des femmes et des hommes est d'ailleurs l'un des
éléments essentiels à la lutte contre la violence et la
discrimination à l'égard des femmes. Cependant, en terme de
bilan du mouvement féministe en Haiti, depuis sa résurgence au
cours des années 1980, les avis sont très partagés. Pour
certains observateurs, la situation de la majorité des femmes demeure
inchangée en dépit des multiples manoeuvres des leaders
féministes et par conséquent se montrent très critiques
vis-à-vis des grandes organisations féministes
particulièrement. En même temps, il y en d'autres qui estiment que
grâce au travail des militantes de ces organisations, des progrès
sont constatés dans la condition féminine en Haiti et il y a de
plus en plus d'espoir en ce qui concerne l'aboutissement du processus devant
conduire au respect des droits fondamentaux des femmes.
Tour à tour, nous considérons à travers
les paragraphes suivants les positions exprimées à l'égard
du mouvement féministe haïtien :
a) Habituellement, les opposants au mouvement féministe
sont des femmes paysans, commerçantes, des habitants des bidonvilles,
des « employés domestiques » et même des
organisations de femmes peu influentes. Pour cette catégorie de femmes,
les dirigeantes des grandes associations féministes ne travaillent que
dans l'intérêt d'un clan48(*). Les leaders influents du mouvement féministe
haïtien exploitent la misère des femmes pour régler leurs
affaires personnelles, expriment-elles. Les « gran
zouzoune49(*) » du mouvement féministe sont
accusées d'exploiter la misère des femmes pauvres,
analphabètes et sous-éduquées pour accéder au
pouvoir politique et accumuler des avantages divers50(*).
D'un ton modéré, Marie Frantz Joachin,
elle-même militante féministe, révèle un manquement
dans les actions du mouvement féministe haïtien. Il y a certes des
dénonciations des cas de violence et de discrimination à
l'égard des femmes, mais les inégalités entre les hommes
et les femmes se maintiennent. Ainsi, Madame Joachin pense que :
« le mouvement féministe devra s'atteler, dans les
années à venir, à relever des défis majeurs
notamment en ce qui concerne les droits sociaux, économiques et
culturels des femmes qui ont été délaissés
[...]51(*) ». Le mouvement féministe
haïtien devra en d'autres termes, changer de paradigme et aurait à
gagner en orientant aussi ses actions vers les droits sociaux,
économiques et cultures, l'une des garanties de la prise en compte des
droits des femmes dans leur globalité52(*). Elle poursuit que : « deux
décennies après, en dépit de certains acquis notamment en
matière de violence faite aux femmes [...] et la mise en place d'une
structure étatique pour porter les problèmes des femmes à
un haut niveau de l'échiquier politique, les inégalités
persistent »53(*).
b) Pour une autre catégorie de gens et même pour
les autorités étatiques, le bilan est tout à fait
appréciable. L'Etat haïtien, particulièrement, est conscient
de l'importance du mouvement des femmes et a fait l'éloge de ses
réalisations. Dans sont rapport à l'occasion du 10e
anniversaire de la déclaration et du programme d'action de Beijing, le
Ministère à la Condition Féminine estime que:
« le mouvement a pu poser la question des rapports sociaux de
sexe dans les différents espaces de la société et ce
faisant, attester de son caractère hautement politique. Ainsi,
grâce aux interventions menées sur différents fronts, le
mouvement a su faire comprendre et accepter que les droits des femmes, outre le
fait d'être invisibles et imprescriptibles, font partie intégrante
des droits de la personne54(*) ».
D'autres démarches importantes des associations
féministes sont à signaler, notamment celle qui a rapport avec la
lutte pour l'abrogation des lois contraires aux instruments juridiques
internationaux ratifiés par Haiti. La militante féministe Marie
Frantz Joachin a fait remarquer que la lutte pour le changement des lois
discriminatoires est portée par toutes les associations
féministes55(*).
Cette lutte s'exprime principalement dans les moments d'ouverture
démocratique où les institutions fonctionnent, où le droit
à la parole est garanti. De l'avis de la Madame Joachin: «
la démarche la plus significative entreprise par le mouvement
féministe à cet effet reste les séances de travail avec
les parlementaires de la 46ème législature en 1998 sur la
dépénalisation de l'adultère, la décriminalisation
conditionnelle de l'avortement, la révision du code pénal sur les
lois relatives aux agressions sexuelles et le changement du statut des
travailleuses domestiques dans le code du travail56(*)». On a
mentionné aussi, comme aspect positif, le travail de lobbying accompli
par le mouvement féministe pour inciter le parlement haïtien
à ratifier la « Convention interaméricaine sur la
prévention, la sanction et l'élimination de la violence contre
la femme».
CHAPITRE II
REGARD CRITIQUE SUR LA SITUATION DE LA FEMME EN
HAITI
A travers ce chapitre l'accent est mis sur les formes de
violence et de discrimination les plus couramment rencontrées en Haiti.
Il est également identifié les auteurs des violations des droits
des femmes, les causes et les conséquences de ces exactions sur ces
femmes, leurs familles, leurs communautés et la société
haïtienne toute entière. Ce chapitre repose en grande partie sur
des études et observations réalisées par des organisations
nationales et internationales, des institutions publiques et autres. Egalement
sur le résultat d'un sondage que nous avons effectué sur le
terrain auprès d'un échantillon de 136 femmes choisies dans les
départements de l'Ouest, du Nord et du Nord-est.
A- LES CATEGORIES DE VIOLENCE ET DE DISCRIMINATION
À L'EGARD DES FEMMES LES PLUS FREQUENTES EN HAITI
Dans le cadre de ce travail, les expressions violence et
discrimination à l'égard des femmes sont comprises telles que
définies par les instruments internationaux en vigueur en Haiti,
notamment la Déclaration sur l'élimination de la violence
à l'égard des femmes, la Convention interaméricaine sur la
prévention, la sanction et l'élimination de la violence contre la
femme, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femme, sans oublier la
Déclaration sur l'élimination de la discrimination à
l'égard des femmes. D'abord, les termes violence à l'égard
des femmes, selon l'article premier de la Déclaration, désignent
« tous actes de violence dirigés contre le sexe
féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou
des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de
tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce
soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
L'article 2 de la Convention interaméricaine entend par violence contre
la femme, la violence physique, sexuelle ou psychique :
- se produisant dans la famille ou dans le ménage ou
dans toute autre relation interpersonnelle, que l'agresseur ait partagé
ou non la même résidence que la femme, se manifestant, entre
autres, sous forme de: viols, mauvais traitements ou sévices sexuels;
- se produisant dans la communauté, quel qu'en soit
l'auteur, et comprenant entre autres, les viols, sévices sexuels,
tortures, traite des personnes, prostitution forcée,
séquestration, harcèlement sexuel sur les lieux de travail dans
les institutions d'enseignement, de santé ou tout autre lieu; et
- perpétrée ou tolérée par
l'État où ses agents, ou qu'elle se produise.
Et l'expression « discrimination à
l'égard des femmes » vise toute distinction, exclusion ou
restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de
compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou
l'exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la
base de l'égalité de l'homme et de la femme, des droits de
l'homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique,
économique, social, culturel et civil ou dans tout autre
domaine57(*).
Entre la violence et la discrimination à l'égard
des femmes il y a un lien très étroit. Ce lien est
confirmé par plusieurs des instruments internationaux relatifs aux
droits des femmes. Par exemple, la Recommandation générale No. 19
(onzième session, 1992) affirme dans son article premier que la violence
fondée sur le sexe est une forme de discrimination qui empêche
sérieusement les femmes de jouir des droits et libertés au
même titre que les hommes. Il résulte de cette
considération que la discrimination est une cause de la violence
à l'égard des femmes. De ce fait, nous avons établi tout
au long de ce travail ce lien étroit entre la violence et la
discrimination à l'égard des femmes haïtiennes.
L'autre aspect important à souligner à propos de
la violence et discrimination à l'égard des femmes concerne
l'indisponibilité des informations précises sur l'état de
la situation. Le Ministère à la Condition Féminine et aux
Droits des femmes est consciente de cette difficulté et pense que
l'inexistence des données statistiques officielles rend difficile
l'évaluation de la situation de la violence contre les femmes. Les
violences contre les droits des femmes existent et s'amplifient de jour en
jour, mais pourtant on en entend parler que rarement. Ce silence fait autour de
la violence contre les femmes victimes aggrave la situation car, trop peu de
victimes osent dénoncer ces violences. Nonobstant ces faits, il est
reconnu que la violence est l'une des caractéristiques de la condition
féminine haïtienne. Des constats effectués à ce
sujet, entre juillet 2000 et juin 2004 dans la capitale, semble par ailleurs
indiquer une tendance à la généralisation du viol lors des
actes de délinquance58(*).
L'organisation féministe « Solidarite
Fanm Ayisyen59(*) » a fait un effort louable en publiant un
certain nombre de rapport semestriel sur les cas de violence recensés au
niveau de ses centres « Douvanjou60(*)». Ces rapports
périodiques de la SOFA ne concerne pas l'ensemble du pays et n'informent
pas sur l'ensemble des actes de violence commis contre les femmes. Il s'agit
plutôt des cas dénombrés parmi les femmes victimes qui
viennent chercher de l'aide au niveau des centres
« Douvanjou » établis dans 4
départements géographiques du pays61(*). Pour la période de
juillet à décembre 2005, 301 femmes victimes ont
été recensées62(*) ; 330 pour la période de janvier à
juin 200663(*) et 396 de
juillet à décembre 200664(*). Malgré la gravité de la situation, le
rapport rappelle que le nombre de victimes recensées dans les centres
« Douvanjou » ne reflète pas toute
l'ampleur de la violence faite envers les femmes et les filles en Haïti.
Les données présentées dans ce rapport bilan documentent
les cas dénoncés auprès des centres d'accueil et
d'accompagnement de la SOFA, mais l'état général de la
violence faite aux femmes et aux filles en Haïti estime qu'au moins huit
(8) femmes sur dix (10) sont victimes de violence, selon une étude
menée par une organisation internationale et la SOFA en 200265(*). Les femmes de tout âge
sont concernées par la vague de violence, les rapports informent que les
victimes sont âgés de 6 à 67 ans, bien que les femmes du
groupe d'âge de 18 à 50 ans ont été les plus
ciblées, 87 % selon un rapport de la SOFA66(*).
Les points suivants résument les formes et les
manifestations de violence les plus courantes en Haiti, notamment la violence
domestique, la violence perpétrées sur les femmes au niveau des
communautés et les diverses formes d'exclusion exercée contre les
femmes dans la société haïtienne.
1- La violence domestique
La violence domestique englobe tout un éventail de
comportements violents (violence physique, sexuelle ou psychologique)
exercés par un partenaire à l'encontre de l'autre pour le
contrôler et maintenir cette emprise. Cette violence s'exerce au sein du
foyer familial et les enfants et d'autres membres de la famille sont parfois
également concernés67(*). Nous considérons séparément les
deux formes suivantes de violence domestique:
a) violence conjugale
La violence conjugale est la forme de violence domestique la
plus répandue en Haiti et commise contre les femmes. Cette forme de
violence englobe de multiples actes de contrainte sexuelle, psychologique et
physique commis contre les femmes de tout âge et toutes les classes
sociales. Beaucoup de femmes haïtiennes ont déjà
été victimes de la violence conjugale au moins une fois de leur
vie. L'un des cas exceptionnels qui a bouleversé le pays est celui de
Ginoue Mondésir, une présentatrice de télévision et
actrice de cinéma qui a été battue à mort par son
compagnon. Cela s'est passé le 24 décembre 2005, la dame bien
connue dans le milieu artistique a été atrocement battue par son
concubin à coup d'outils métalliques suite à une dispute
survenue entre ce couple. Elle a été abandonnée sur la
route par son assassin, Monsieur Valdo Jean, lui aussi animateur de
télévision, et secourue par des passants alors qu'elle avait un
oeil crevé et le visage ensanglanté. Sitôt emmené au
centre de santé le plus proche, elle avait rendue l'âme quelque
temps après68(*).
Le dernier cas en date est celui de Dania Alexandre, une
femme de 30 ans, qui a été tuée par son copain, Ronald
Augure, le jeudi 5 avril. Selon les propos de la mère de la victime,
Madame Almalida Cétoute, rapporté par le quotidien haïtien
« Le Nouvelliste », la jalousie serait à la base de
ce crime odieux : « Pendant 10 ans de vie commune, Dania
subissait toujours des actes de violence et se rendait souvent chez moi pour
échapper à la colère de son concubin69(*) ». Les yeux
crevés, les bras cassés, le visage méconnaissable, elle a
été battue avant sa mort. Aussi, Almalida Cetoute et le
frère de la victime, tout en réclamant justice, comptent-ils sur
l'aide de la population pour retrouver le criminel qui a pris la fuite
après son forfait70(*) ».
Les victimes de violence conjugale
constituent la catégorie avec laquelle les intervenantes des centres
« Douvanjou » ont le plus à travailler. Des
330 victimes recensés dans un des rapport de la SOFA, 246 d'entre
elles ont été victimes de violence conjugale, 75% du nombre
total de victimes71(*).
Ces 246 femmes ont subi des agressions psychologiques, économiques,
physiques et sexuelles. Dans le cadre de notre enquête sur les femmes qui
ont été victimes d'acte de violence, 45% ont rapport à la
violence conjugale, soit un nombre de 15 sur 33 (voir Tableau E, annexe II).
b) violence familiale
La violence familiale est celle exercée contre les
femmes haïtiennes par des proches parents, notamment leurs pères ou
mères, frères ou soeurs, oncles ou tantes, et voire des
conjoints. Ces violences sont manifestées sous forme de viol, cas
d'inceste, de sévices, d'injures, de coup et de blessures, menace de
mort, manipulation, harcèlement, isolement, humiliation, etc. Notre
enquête a révélé que 39%, soit un total de 15 femmes
sur 33, des personnes qui sont déjà victimes placent les
violences qu'elles ont subies dans cette catégorie (voir
Tableau E, annexe II). Normalement ce pourcentage est surestimé par
rapport au 2% de femmes et de filles victimes de violence familiale
mentionné dans le dernier rapport de la SOFA72(*). Dans le cadre du dernier
rapport de la SOFA, il s'agit surtout des personnes ayant porté plainte
dans les centres « douvanjou », mais non pas de
l'ensemble des victimes.
2- La violence au niveau des
communautés
Les femmes haïtiennes font face également à
la violence perpétrée contre elles dans la société.
Les violences physiques, sexuelles et psychologiques constituent le lot
quotidien de certaines femmes dans les milieux populeux du pays (Cité
Soleil, Martissant, Raboto, Lafossette et autres quartiers
réputés comme des zones de non-droit dans le pays) dans leur
relation avec des gens autres que des proches ou des membres de leur famille.
Depuis la chute du Président Jean Bertrand Aristide en février
2004 jusqu'à ce jour, la violence atteint un niveau extensif et tous
les secteurs de la population en sont touchés, mais ce sont les femmes
qui sont le plus victimes. Elles subissent des actes de vols à mains
armées, de viols et des traumatismes de toutes sortes de la part des
bandits et des kidnappeurs. Les plus connues des violences faites au niveau des
communautés en Haiti concernent :
a) Viols (non-partenaire)
Le terme « non-partenaire » est
utilisé dans le rapport du secrétaire général des
Nations unies sur les formes de violence à l'égard des femmes,
selon ce document, les femmes courent davantage le risque d'être victime
de violence de la part de leurs partenaires intimes que d'autres personnes,
mais la violence sexuelle de non-partenaire est courante dans de nombreux
contexte73(*). Le viol des
non-partenaires contre les femmes en Haiti est souvent le fait d'un ami, d'un
collègue de travail, d'un patron, d'un voisin, etc. Selon les
révélations de notre sondage, 39 % des femmes victimes de
violence le sont par des gens de cette catégorie. Et, le dernier rapport
de la SOFA informe que près du 1/4 des victimes accueillies ont
été victimes de cette catégorie de violence74(*).
b) harcèlement sexuel sur le lieu de
travail
Le phénomène du harcèlement et de la
violence sur le lieu du travail fait l'objet d'une attention croissante, en
particulier dans le contexte de la hausse des taux de participation des femmes
à la population active et de l'amélioration des dispositions
juridiques et réglementaires dans ce domaine75(*). Dans le cas d'Haiti, nous ne
disposons pas de chiffres exacts sur ce phénomène
d'harcèlement sexuel sur le lieu de travail, mais il s'agit d'un
problème très répandu dans la société
haïtienne. On rencontre ces cas dans le secteur privé comme dans le
secteur public où les patrons, les directeurs, les superviseurs et
autres autorités exercent des pressions sur les employées de sexe
féminin pour exiger d'elles des relations sexuelles en échange de
promotion, de privilèges ou autres. Les femmes approchées en ce
sens n'ont qu'une alternative : accepter de se courber aux caprices du
chef ou refuser et se faire renvoyer de l'institution.
3- Exclusion des femmes
Alors que les femmes représentent plus de la
moitié de la population haïtienne et jouent un rôle central
dans la famille et dans l'économie du pays, cependant elles sont exclues
et marginalisées des postes décisionnels à tous les
niveaux et dans tous les secteurs d'activités76(*). Selon ce constat, on dirait
que la discrimination ou l'exclusion contre la femme en Haiti devient tout
à fait institutionnelle. Les femmes haïtiennes sont
généralement traitées moins bien que les hommes
haïtiens. Prenons l'exemple de ceux qui ont la direction de ce pays depuis
l'indépendance, à 98% les dirigeants d'Haiti sont des hommes. Le
seul chef d'Etat féminin qui a dirigé le pays dans toute son
histoire est Madame Ertha Pascale Trouillot du 13 mars 1990 au 7 février
1991. Pour la fonction de premier ministre qui ne date que depuis 1988,
seulement Madame Claudette Werleigh a occupé cette fonction de novembre
1995 à février 1996. Nous avons eu des femmes ministres,
sénateurs ou députés, mais elles sont très peu par
rapport à la quantité d'hommes ayant occupé ces fonctions.
Les deux derniers cabinets ministériels compte respectivement 4 et 2
femmes77(*).
Une étude menée par Jacques Charmes nous donne
une idée beaucoup plus précise de la situation:
« Pour le calcul du Pourcentage Equivalent
d'Égalité de la Répartition (PEER) dans la
représentation parlementaire, en 2000, le nombre de femmes
siégeant à l'Assemblée est de 3 sur 83 (soit 3,6%) et de 7
sur 27 au Sénat (25,9%), soit 9,1% pour l'ensemble (et 90,9% pour les
hommes)78(*) ».On pourrait considérer
également le taux d'analphabétisme parmi les personnes
âgées de 10 ans et plus pour constater l'écart qui existent
entre les haïtiens et les haïtiennes. Nous avons 38,5%
d'analphabètes parmi les haïtiens âgés de 10 ans et
plus, avec des inégalités très marquées entre les
sexes : 43,3 de femmes et 33, 3 d'hommes. Globalement parmi les personnes
non scolarisées, on dénombre davantage de femmes que d'hommes,
respectivement 31,8% et 22.8 %79(*). Le pourcentage d'individus scolarisé ayant
réalisé des études secondaires et universitaires est
très faible ; respectivement 19.7% pour les hommes et 1.5% pour les
femmes80(*).
Enfin, au niveau économique, la condition du
marché de l'emploi se manifeste par une ségrégation intra
et inter professionnel81(*). En ce sens, les femmes se retrouvent dans les
emplois des secteurs périphériques et des emplois au bas de la
hiérarchie salariale : ouvrières, aides familiales.
Seulement 0.3% des femmes sont au niveau de la direction et au niveau des
cadres supérieurs. De plus des écarts de revenu significatifs
sont observés entre les sexes82(*).
4- Autres catégories de violence et de
discrimination
D'autres catégories de violence ou de discrimination
contre les femmes et les filles haïtiennes peuvent être aussi
mentionnées. Dans une étude réalisée par le Conseil
National de l'Education pour les filles (CONEF), il est fait mention de la
violence verbale dirigée contre les filles haïtiennes par les
hommes (adolescents ou adultes). Ces violences verbales se tournent autour du
thème sexuel et s'exercent contre les filles sur le chemin de
l'école et dans les quartiers, ce sont des taquineries, des railleries,
des injures, des propos obscènes et des commentaires de tout genre
proférés à l'endroit des femmes et des filles83(*). Des violences et
discriminations sont dirigées aussi contre les enfants domestiques par
les résidents des maisons où ils travaillent. Or, les enfants
domestiques en Haiti, selon les différentes études, sont pour la
majorité des filles. Celles-là représentent jusqu'à
75% de l'ensemble84(*).
En gros, la situation d'insécurité que
connaît le pays, les conflits armés entre gangs des quartiers de
non-droit, les échanges de tirs entre bandits et la police, les
affrontements entre groupements politiques rivaux donnent naissance à
diverses formes de violence contre les femmes haïtiennes. Il s'agit
notamment de kidnapping ou enlèvement, de meurtre, des exécutions
sommaires, des séances de torture, de viol et autres infractions
dégradantes perpétrées contre les femmes haïtiennes
au cours de la période de septembre 2004 à 2006.
B- LES AUTEURS DE VIOLENCE ET DE DISCRIMINATION A L'EGARD
DES FEMMES
Parmi les auteurs de violence et de discrimination à
l'égard des femmes, on trouve des proches parents, des inconnus, des
agents de l'Etat et même des étrangers. Il faut faire remarquer
également que les actes de violation des droits des femmes en Haiti sont
perpétrés par des hommes et par des femmes. Dans une très
large mesure les hommes sont responsables des actes de violence ou de
discrimination contre les femmes, mais nous ne devons pas nier non plus le fait
de la participation des femmes à ces actes. Ces derniers temps, presque
tous les réseaux de voleurs, de kidnappeurs et même de violeurs
présentés par la Police Nationale contiennent des femmes.
Récemment parmi les quatre condamnés à
perpétuité pour cause de kidnapping, il y avait une
femme85(*). Donc, dans
cette section, nous présentons les caractéristiques des auteurs
de violation des droits fondamentaux des femmes.
1- Des proches de la victime
Des membres de la famille, des conjoints, des amis et d'autres
proches sont souvent les auteurs des actes de violence ou de discrimination
contre les femmes haïtiennes. Dans un rapport du Secrétaire
Général de l'ONU sur la violence à l'égard des
femmes, il est fait mention des principales formes que des violences
exercées par des proches des victimes peuvent prendre. Il s'agit de
l'administration de coups et d'autres formes de violence conjugale, y compris
le viol conjugal ; la violence sexuelle ; les violences liées
à la dot ; l'infanticide des filles ; les violences sexuelles
contre les enfants de sexe féminin du ménage, les mutilations
génitales des femmes et d'autres pratiques traditionnelles
préjudiciables aux femmes; les mariages précoces ; les
mariages forcés ; la violence non conjugale, la violence
perpétrée contre les employées de maison et d'autres
formes d'exploitation86(*). Certaines des formes de violence mentionnées
dans la liste ne sont pas rencontrées en Haiti, notamment les violences
liées à la dot, l'infanticide des filles et les mutilations
génitales des femmes, mais à part de ces formes là, les
autres constituent des cas courants de violence commis par des proches contre
les femmes. Parmi les femmes victimes de violence ou de discrimination que nous
avons questionnées, plus de 84 % avouent avoir été
victimes de parents, de fiancés, de conjoints, de frères ou
soeurs, de oncles ou tantes, de cousins ou cousines, et même d'amis de la
famille.
2- Des autorités publiques
Souvent les auteurs d'actes de violation des droits des femmes
haïtiennes sont des représentants ou fonctionnaires de l'Etat. Des
agents de police, des gardiens de prison, des juges, commissaires du
gouvernement et d'autres fonctionnaires de l'Etat ont quelques fois commis des
actes de violence ou de discrimination à l'égard des femmes
haïtiennes. Ce sont généralement des actes de violence
sexuelle, d'abus de pouvoir, d'harcèlement sexuel, de viol, de vol, de
négligence administrative, d'humiliation et d'autres actes attentatoires
à la pudeur des femmes commis par ces agents de l'Etat haïtien.
Certains de ces actes pourraient constituer aussi de tortures ou autres
traitements cruels, inhumaines ou dégradants. Aussi, le fait pour les
pouvoirs publics de tolérer la violence à l'égard des
femmes par l'introduction des lois inappropriées ou l'application
inefficace de la législation, assurant dans la réalité
l'impunité aux auteurs de violence à l'égard des femmes
est une forme de violence ou de discrimination de l'Etat vis-à-vis des
femmes87(*).
3- Des employeurs et d'autres individus de la
société
Les violences ou discriminations contre les femmes sont
souvent accomplies par des employeurs, des collègues de travail, des
superviseurs, des chefs d'équipe, des bandits, des inconnus et
même par des ressortissant d'autres pays. En général, il
s'agit de tous les individus de sexe masculin ou féminin qui ne se
trouvent pas dans les catégories d'auteurs d'exaction contre les femmes
que nous avons déjà citées. Ainsi, la majorité des
actes de violation des droits perpétrés contre les femmes
haïtiennes sont classés à l'intérieur de cette
catégorie. Ce sont des actes commis contre les femmes au niveau
communautaire par des individus qui ne sont pas des proches des victimes. En ce
sens, le rapports des Nations unies avance que : « les
femmes doivent faire face à une violence
généralisée dans la société. Les violences
physiques, sexuelles et psychologiques peuvent constituer le lot quotidien des
femmes dans leurs échanges avec autrui dans leur voisinage, les
transports publics, sur leurs lieux de travail, dans les écoles, les
clubs sportifs, les établissements d'enseignement universitaires et les
hôpitaux, ainsi que d'autres institutions sociales, notamment
religieuses88(*)».
C- LES CAUSES DE LA VIOLENCE ET DE LA DISCRIMINATION A
L'EGARD DES FEMMES
Pour mettre un terme à la violation des droits des
femmes, inévitablement il faut identifier et agir sur les causes de ce
problème. De l'avis des Nations unies, le fait de reconnaître que
la violence à l'égard des femmes constitue une forme de
discrimination et, aussi, une violation des droits fondamentaux de l'être
humain, constitue un point d'emblée pour appréhender le vaste
contexte où cette violence apparaît ainsi que les facteurs de
risque correspondants89(*). D'ailleurs, l'analyse de la violence à
l'égard des femmes dans le cadre des droits fondamentaux de l'être
humain fait sien le principe primordial que les causes particulières de
cette violence et les facteurs d'aggravation des risques qu'elle survienne
s'enracinent dans le contexte plus large de la discrimination sexiste
systémique à l'égard des femmes et d'autres formes de
subordination90(*). Dans
cette section, nous identifions les principales causes de la violence à
l'égard des femmes haïtiennes comprise comme une forme de
discrimination et une violation de leurs droits fondamentaux. Parmi ces causes
nous identifions la passivité de l'Etat haïtien, l'inapplication
des lois et des instruments internationaux ayant forces contraignantes en
Haiti, le patriarcat, les inégalités économiques et
autres. Il s'agit d'un résumé des causes identifiés par
les différents documents consultés et également celles
exprimées par les femmes que nous avons questionnées (Voir
Tableau F, annexe II)
1- La passivité de l'Etat
L'une des principales causes de la violation des droits
fondamentaux des femmes en Haiti est la passivité de l'Etat haïtien
face aux actes de violence et de discrimination perpétrés
à l'égard des haïtiennes. La majorité des instruments
internationaux signés et ratifiés par le pays obligent l'Etat
à prendre dans tous les domaines (politique, social, économique
et culturel), toutes les mesures appropriées pour assurer le plein
développement et le progrès des femmes, en vue de leur garantir
l'exercice et la jouissance des droits de l'homme et des libertés
fondamentales sur la base de l'égalité avec les hommes. Ainsi, la
passivité de l'Etat consiste en fait à ne pas tenir compte de ses
obligations envers les femmes. Selon le rapport du secrétaire
général sur les violences à l'égard des femmes,
l'inaction de l'Etat revient à laisser en place les législations
et mesures discriminatoires qui compromettent les droits fondamentaux des
femmes et les marginalisent. L'Etat se décharge alors de ses
responsabilités en matière de mesures préventives et
correctives sur les ONG et les autres groupes de la société
civile. Par ailleurs, en n'agissant pas, l'Etat entérine la
subordination des femmes qui alimente la violence et acquiesce au principe
même de la violence91(*). L'inaction de l'Etat sur la question du bon
fonctionnement du système de justice pénale a des effets
particulièrement nuisibles dans la mesure où l'impunité
des actes de violence à l'égard des femmes encourage la poursuite
de la violence et renforce la subordination des femmes. Lorsque l'Etat ne
parvient pas à tenir les délinquants responsables de leurs actes,
cette impunité non seulement accentue la subordination et l'impuissance
des victimes, mais en outre véhicule l'idée au sein de la
société que la violence masculine à l'égard des
femmes est à la fois acceptable et inéluctable. En ce sens, il en
résulte une normalisation des types de comportements violents92(*).
2- L'inapplication du cadre légal
La république d'Haiti dispose d'un cadre légal
en matière de droits des femmes, mais malheureusement ces dispositions
légales ne sont pas appliquées comme il devrait l'être. Le
pays a signé et ratifié de nombreux traités et accords
internationaux en matière de droits de l'homme et des femmes. De plus
la Constitution haïtienne du 29 mars 1987 est inspirée de la
Déclaration universelle des droits de l'Homme. Donc, le plus grave
problème se pose au niveau de l'inapplication de ses normes nationales
et internationales. L'Etat ne prend pas des mesures pour respecter et faire
respecter les droits des femmes en appliquant les différents instruments
de protection des femmes.
L'impunité est un effet de la passivité de
l'Etat ainsi que de l'inapplication des Lois. C'est pourquoi, nous nous
référons à nouveau à cette réalité
haïtienne (l'impunité) pour expliquer les causes de la violence
à l'égard des femmes haïtiennes dans un contexte
d'inapplication des règles juridiques. Selon un rapport d'Amnesty
International concernant la protection et la promotion des droits humain en
Haiti : « l'impunité s'entend littéralement de
l'absence de punition, soit en pratique du fait que l'État ne donne pas
réparation aux victimes d'atteintes aux droits humains en traduisant en
justice les auteurs présumés des actes ou en réparant
autrement le préjudice subi. En laissant les auteurs commettre des
atteintes aux droits humains, pourtant expressément proscrites par la
loi, sans en subir de conséquences, l'État perpétue leurs
crimes93(*) ». Donc, les délinquants en
ce sens n'ont rien à craindre et pourront à tout moment commettre
leurs forfaits contre les femmes. En général, l'impunité
prive les victimes de leur droit à la justice et bafoue ainsi leurs
droits fondamentaux une deuxième fois. Elle prive les victimes et les
membres de leur famille du droit de faire établir et reconnaître
la vérité, du droit de voir la justice s'accomplir et du droit
à un recours effectif. Or, poursuit ce rapport de l'Amnesty
International, les auteurs de violation des droits humains étant
rarement punis, la population a perdu confiance dans l'administration de la
justice et la primauté de la loi. Cette impunité notoire a non
seulement contribué à l'intensification des violations des droits
humains, mais également favorisé l'augmentation vertigineuse de
la violence au sein de la société haïtienne94(*).
3- Le Patriarcat
Le patriarcat est considéré dans le rapport du
secrétaire général de l'ONU comme une cause universelle de
violence à l'égard des femmes. Nous lisons dans ce rapport que:
« la généralisation de la violence contre les
femmes à l'ensemble des pays, cultures, races, classes sociales et
religions témoigne en effet de l'enracinement du phénomène
dans le patriarcat 95(*)». Défini comme la domination
systématique des femmes par les hommes, le patriarcat a connu diverses
manifestations historiques et fonctionne différemment selon le contexte
culturel, géographique et politique96(*). Ce système s'amalgame dans d'autres
systèmes de subordination et d'exclusion et les interactions entre les
multiples facteurs le façonnent, notamment les passés coloniaux
et la domination post coloniale, les initiatives de construction nationale, les
conflits armées, les déplacements de population et les
migrations. Plusieurs moyens d'une importance déterminante dans la
perpétuation de la domination des hommes et de la subordination des
femmes sont communs à de nombreux contextes. Ces moyens sont
notamment : l'exploitation de l'activité productive et reproductive
des femmes ; le contrôle exercé sur la sexualité et la
capacité reproductive des femmes ; les normes et les pratiques
culturelles qui consacrent le statut illégal des femmes ; les
structures et mécanismes publics qui légitiment et
institutionnalisent les inégalités entre les sexes ; et la
violence à l'égard des femmes97(*).
En Haiti, les associations féministes ont toujours
dénoncé le patriarcat comme étant à la base du non
respect par les hommes des droits des femmes. Elles le considèrent comme
un système d'oppression des femmes. L'expression première du
patriarcat, selon Marie Frantz Joachin, se manifeste par le contrôle du
corps des femmes, notamment par le contrôle de la maternité et de
la sexualité des femmes98(*). Elle rapporte qu'en Haïti, selon des
témoignages de femmes recueillies lors de rencontres sur la santé
génésique, il revient à leurs partenaires de
contrôler leur fécondité, de décider du nombre
d'enfants et de l'espacement des naissances. Il ne leur est pas toujours offert
l'occasion de choisir leurs méthodes de contraception. De nombreux
haïtiens estiment que plus une femme a d'enfants, moins elle a du temps
pour tromper son conjoint. Les enfants constituent ainsi un moyen sûr de
contrôle du corps des femmes99(*).
4- Inégalités
économiques
Les inégalités économiques entre femmes
et hommes constituent aussi un facteur déterminant de violence à
l'égard des femmes haïtiennes. Ces inégalités
économiques et la discrimination dont souffrent les femmes
haïtiennes en ce qui concerne l'emploi, les revenus et l'accès
à d'autres ressources économiques, ainsi que le manque
d'indépendance économique réduisent la capacité des
haïtiennes à agir et à prendre des décisions. En
fait, cela accroît leur vulnérabilité à la violence
masculine. Même si l'indépendance économique ne soustrait
pas les femmes à la violence, mais leur accès aux ressources
économiques peut les rendre mieux à même de faire des choix
décisifs, comme celui d'échapper à des situations
violentes et de bénéficier de mécanismes de protection et
de réparation, précise l'étude de l'ONU sur les violences
à l'égard des femmes100(*).
5- Autres causes
Il est identifié un certain nombre de facteurs de
risque au niveau de l'individu, de la famille, de la communauté, de la
société et de l'Etat qui sont en relation avec la violence
à l'égard des femmes, sans qu'ils ne soient directement
considérés comme des causes:
a) au niveau individuel : la jeunesse, les mauvais
traitements subis dans l'enfance ; le fait d'avoir été
témoin de scènes de violences conjugales dans le foyer ;
l'alcoolisme et la toxicomanie ; le faible niveau éducatif ou
économique ; appartenance a des groupes sociaux marginalisés
et exclus. Ce sont des facteurs qui se rapportent aussi bien aux auteurs de
violence qu'aux victimes.
b) Au niveau familial : le contrôle exercé par
les hommes sur les biens et la prise de décision ; des
antécédents en matière de conflits conjugaux ; et des
disparités importantes entre conjoints en termes de statuts
économiques ou éducatifs ;
c) Au niveau communautaire : isolement des femmes et manque
d'aides sociales en leur faveur ; attitude des communautés
tolérant et légitimant la violence masculine ; et
degrés élevés de marginalisation sociale et
économique, notamment la pauvreté ;
d) Au niveau social : rôles sexospecifiques101(*) consacrant la domination des
hommes et la subordination des femmes; et tolérance vis-à-vis de
la violence comme moyen de règlement de conflits surtout dans une
société comme Haiti où les institutions de justice sont
faibles et où la justice personnelle est monnaie courante.
D- LES CONSEQUENCES DE LA VIOLENCE ET DE LA
DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES
Les conséquences identifiées de part et d'autre
ont montré que la violence à l'égard des femmes constitue
une atteinte à leurs droits fondamentaux et un obstacle à
l'exercice de leurs libertés fondamentales, notamment le droit à
la vie et à la sécurité de la personne humaine, le droit
pour toute personne humaine de jouir du meilleur état de santé
mentale possible, le droit à l'éducation, au travail et au
logement, ainsi que le droit de participer à la vie publique au niveau
nationale. Donc, le fait d'empêcher aux femmes de jouir de ces droits
perpétue la subordination des femmes ainsi que la répartition
inégale des pouvoirs entre les sexes. Cette subordination influe sur la
santé et le bien-être des femmes, entraîne un coût
humain et économique élevé, entrave son
développement tant personnel que celui de sa communauté102(*). Ce sont ces aspects que
nous allons considérer en terme d'effets néfastes de la violence
et de la discrimination à l'égard des femmes.
1- Conséquences sur les victimes
Les retombées directes des violences à
l'égard des femmes ont des influences négatives sur leur
santé et leur développement personnel :
a) Sur la santé des victimes
Diverses études ont montré que la violence
accroît les risques pour les femmes de souffrir de problèmes de
santé physique et reproductive103(*). En outre, les sévices dont elles sont
victimes perturbent leur santé mentale et leur comportement social. Les
femmes victimes de violence sont plus susceptibles de devenir alcooliques et
toxicomanes, de présenter des dysfonctions sexuelles, de faire des
tentatives de suicide, et de souffrir des problèmes de stress
post-traumatiques et de troubles du système nerveux central104(*).
La violence à l'égard des femmes a de multiples
conséquences sur leur santé physique. Il s'agit notamment de
blessures physiques, comme des fractures ou lésions abdominales, ou bien
des maladies chroniques, notamment des douleurs et des troubles
gastro-intestinaux. Les conséquences sur leur santé reproductive
sont notamment des troubles gynécologiques, les infections sexuellement
transmissibles, VIH/SIDA, après les viols par des personnes
infectées, les grossesses non désirées et les
problèmes obstétriques105(*). Les études montrent les liens de plus en
plus étroits entre la violence à l'égard des femmes et
l'infection à VIH et démontrent que les femmes touchées
par le VIH sont plus susceptibles d'avoir subi des violences, et que les femmes
victimes de violence risquent davantage de contracter le VIH106(*). De plus, les effets
psychologiques de la violence à l'égard des femmes peuvent
être aussi graves que ses conséquences physiques. La
dépression est l'une des conséquences les plus répandues
de la violence sexuelle et physique à l'égard des femmes. Les
femmes victimes de violence courent par ailleurs un risque plus grand de
souffrir de stress et de troubles d'anxiété107(*). La SOFA publie des cas
où des femmes haïtiennes ont été
sévèrement brûlées par leurs conjoints laissant des
cicatrices considérables en plus des traumatismes psychologiques (la
peur, le stress, etc.)108(*).
b) sur son développement personnel
En plus des conséquences sur le plan sanitaire que les
violences et discriminations entraînent sur les femmes qui en sont
victimes, il y a lieu de mentionner aussi les retombées négatives
relatives à leur développement personnel. Il est quasiment
impossible pour une femme victime constamment d'actes de violence ou de
discrimination d'avoir l'opportunité de se développer et de
s'épanouir convenablement dans sa communauté ou
société. Dans des pays comme Haiti où la violence et la
discrimination contre les femmes sont la règle, les disparités
entre les femmes et les hommes sont énormes. Les femmes qui sont
directement victimes de violence sont toujours en marge de la
société. Elles n'ont pas la capacité de s'intégrer
dans la vie sociale en tant que membres à part entière et
à part égale de la société où elles vivent.
Le rapport du Secrétaire Général sur toutes les formes de
violence a d'ailleurs confirmé le fait : « Les femmes
victimes de violence sont moins susceptibles de trouver un emploi, tendent
à occuper des postes peu qualifiés et ne
bénéficient guère d'avancements109(*)».
2- Conséquences sur la
société
En restreignant les choix des femmes et en limitant leur moyen
d'action, la violence les empêche de contribuer au développement
et d'en bénéficier. Les retombées de cette violence sur la
croissance économique et la réduction de la pauvreté
devraient constituer une source de préoccupation majeure pour les
gouvernements110(*). Par
ailleurs , la violence à l'égard des femmes compromet et entrave
la réalisation des objectifs du millénaire pour le
développement, notamment ceux en rapport avec la pauvreté,
l'éducation , la santé infantile, la mortalité maternelle,
le VIH /SIDA et le développement durable globale111(*). Les conséquences
sanitaires, sociales et économiques de cette violence peuvent limiter
les éventuels bienfaits des programmes qui poursuivent la
réalisation de chacun des objectifs du millénaire pour le
développement s'ils n `englobent pas des mesures de
prévention et de réparation de la violence à
l'égard des femmes est incompatible avec la réalisation de tous
les objectifs du millénaire pour le développement112(*). En gros, il n'y a point de
doute que la violence à l'égard d'une grande partie des femmes
haïtiennes les empêche de participer pleinement à la vie
sociale et économique du pays. Donc, il est de plus en plus
évident que la situation de pauvreté d'Haiti a rapport au fait
que des mesures ne sont pas prises pour favoriser la participation des 52 %
d'haïtiennes dans le développement de ce pays.
3- Conséquences sur la famille
La violence à l'égard des femmes les appauvrit
individuellement ainsi que leur famille. Elle réduit la capacité
des victimes à apporter une contribution productive à leurs
familles, ainsi qu'à l'économie et à la vie publique de
leurs pays113(*). Par
exemple, les enfants témoins de scènes de violence familiale
risquent de souffrir de multiples troubles comportementaux et affectifs. Les
études ont montrées que la violence familiale entraîne au
moins trois conséquences majeures sur les enfants : problème
de santé, piètres niveau scolaires et recours à la
violence dans leurs propres existences114(*). Les enfants témoins de la violence peuvent
manifester un comportement plus craintif et antisocial. Ils présentent
également des signes d'anxiété et de dépression,
des symptômes traumatiques et des problèmes d'humeur plus
fréquemment que les autres enfants115(*). Ces enfants là deviennent violents et
tendent aussi à manifester des comportements agressifs vis-à-vis
de leurs camarades de classe ou de quartier.
CHAPITRE III
LES INSTRUMENTS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX RELATIFS AUX
DROITS DES FEMMES EN HAITI
Ce chapitre repose pour l'essentiel sur le cadre juridique
relatif aux droits des femmes en Haiti. D'abord, en se referant à la
loi, nous considérons les différentes institutions publiques
haïtiennes chargées de protéger les femmes et de faire
respecter leurs droits fondamentaux. Ensuite, il convient de faire le tour des
principaux instruments nationaux, régionaux et internationaux de
protection des femmes et qui sont en vigueur dans le pays.
A- LES INSTITUTIONS PUBLIQUES CHARGÉES DE FAIRE
RESPECTER LES DROITS DES FEMMES
Il est de la responsabilité de tous les citoyens de
respecter et de travailler à la promotion des droits des femmes, mais la
responsabilité première incombe à l'appareil
étatique de prendre toutes les mesures afin de respecter et de faire
respecter les droits des femmes. Ainsi, dans cette section, notre travail
consiste à nous accentuer sur les principales institutions
étatiques chargées de protéger et de faire respecter les
droits des femmes en Haiti.
1- Les pouvoirs publics dans leur globalité
L'Etat en général est responsable de
protéger, d'assurer la promotion, de respecter et de faire respecter les
droits des femmes. Il est mentionné clairement dans tous les instruments
internationaux que les Etats parties doivent prendre dans tous les domaines,
notamment dans les domaines politique, social, économique et culturel,
toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions
législatives, pour assurer le plein développement et le
progrès des femmes, en vue de garantir l'exercice et la jouissance des
droits de l'homme et des libertés fondamentales sur la base de
l'égalité avec les hommes116(*).
De plus, il faut préciser que l'Etat haïtien a
adhéré au programme d'action de Beijing et par conséquent
s'est engagé à respecter les principes sur lesquels se fonde ce
programme qui se résume ainsi : Egalité des sexes comme base
de développement harmonieux des Nations, égalité des
droits dans tous les domaines, entre les hommes et les femmes, partage
équitable et égal, accès aux ressources pour les hommes et
les femmes.
2- Le Ministère à la Condition
Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF)
Le Ministère à la Condition féminine et
aux droits de la femme a été crée le 8 novembre 1994
à la faveur de l'intensification du mouvement féministe en Haiti
et de la conjoncture de la préparation de la IVème
conférence mondiale sur les femmes tenue en septembre 1995 à
Beijing en Chine. Selon certains observateurs, la création de cette
institution constitue l'une des conquêtes les plus significatives de la
lutte des femmes en Haiti. De la création du MCFDF jusqu'à ce
jour, cette institution gouvernementale a connu des bouleversements de divers
ordres, notamment liés aux ignominies de la vie politique. Le bien
fondé de ce Ministère a été remis en cause à
différentes reprises par les autorités gouvernementales et
parlementaires durant la fin des années 1990. Ces responsables
étatiques évoquaient pour la fermeture du Ministère des
difficultés budgétaires ne permettant pas à l'Etat de
supporter une institution spécifique vouée à la prise en
compte des rapports sociaux de sexe, et la faiblesse de son bilan
institutionnel117(*). Le
mouvement des femmes s'est mobilisé, en 1996-1997, pour réclamer
le maintien du Ministère et la réalisation effective de sa
mission, à travers notamment la définition d'objectifs conformes
à la mission et l'octroi des ressources humaines, matérielles et
financières nécessaires au bon fonctionnement
institutionnel118(*).
Le but du Ministère est de promouvoir et de
défendre le droit fondamental des femmes et ce faisant, contribuer
à instaurer plus de cohésion sociale. Il s'agit
précisément de réglementer un ensemble de situation, de
concrétiser les prescrits de la Constitution de 1987 et les
réglementations internationales relatives aux droits de la personne. Les
orientations proposées pour les textes de loi se base d'une part, sur le
principe selon lequel il incombe à l'Etat de garantir la protection des
individus en légiférant, en toute équité, et
d'autre part, sur les principes du refus de toutes formes de discrimination
sexuelle et d'exclusion sociale119(*).
En terme de bilan et réalisation, les remarques sont
quasiment les mêmes que celles que nous avons faites pour le mouvement
féministe. Les opinions se différent les unes des autres parmi
les femmes et les organisations féministes. Si pour certains, le
Ministère est un acquis que les femmes doivent conserver afin de mener
la lutte pour le respect des droits de toutes les femmes haïtiennes et
l'égalité de l'homme et de la femme. Pour d'autres, ce
Ministère n'a rien fait de sérieux et que sa raison d'être
est inutile, c'est le cas pour 75% des femmes que nous avons questionné
lors de notre enquête. Selon la SOFA, le Ministère à la
Condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF) est affublé
d'une mission normative inefficace et peu utile en intervention auprès
des femmes victimes de violence. Par cette pratique, le MCFDF transfère
ses responsabilités aux organisations de femmes en leur faisant prendre
en charge des centaines de victimes de violence
« sexospécifique » et ce, sans aucun appui financier
du Ministère120(*). Il y aussi le MOFKA121(*) qui pense que de part son
manque d'engagement vis-à-vis des besoins sociaux des femmes pauvres de
la société, le Ministère participe à la violence
à l'égard de ces femmes.
3- La Police Nationale D'Haiti (PNH)
L'article 269 de la Constitution haïtienne du 29 mars
1987 stipule clairement que la Police est créée pour garantir
l'ordre public et protéger la vie et les biens des citoyens. Il s'agit
en ce sens d'un des aspects du devoir de garantie de l'Etat haïtien
établi par cette Constitution: « l'Etat a l'obligation
impérieuse de garantir le droit à la vie, à la
santé et au respect de la personne humaine, pour tous les citoyens sans
distinction, conformément à la Déclaration universelle des
droits de l'homme (Article 19) ». D'un autre côté,
la loi du 29 novembre 1994 portant sur la création de la PNH, en son
article 7 déclare que : « Les policiers ont pour
mission d'assurer la protection et le respect des libertés des
personnes, des vies et des biens, de garantir la sûreté des
institutions de l'Etat et de "maintenir l'ordre, la paix, la
sécurité, la tranquillité et la salubrité
publique ». Donc à travers ces responsabilités,
la Police nationale d'Haiti détient l'autorité d'intervenir en
vue de la protection des femmes contre tous les actes de violence qu'elles
auraient subis.
De plus, en tant qu'auxiliaire de la Justice, la Police
nationale a pour rôle aussi de rechercher les contraventions, les
délits et les crimes commis en vue de la découverte et de
l'arrestation de leurs auteurs (article 273 de la constitution de 1987). En ce
sens, les auteurs des violences commises contre les femmes, partout où
l'action se passe, devraient être poursuivis par la Police dans le souci
de protéger ces femmes. La police a le mandat de défendre et de
protéger les droits des humains en général, et ceux des
femmes en particulier.
4- Autres institutions
Parmi les autres institutions haïtiennes
impliquées de prêt dans la protection des droits des femmes
figurent l'appareil judiciaire et l'office de protection des citoyens. Les
autorités judiciaires en général, les commissaires de
Gouvernement, les Juges d'instruction et les juges de paix en particulier,
peuvent intervenir pour protéger les femmes contre les abus et les
violations de leurs droits.
L'Office de la Protection du Citoyen est créé
par la Constitution de 1987 en vue de protéger tout individu, adulte ou
enfant, homme ou femme, contre toutes formes d'abus de l'Administration
publique. Son intervention en faveur des plaignants se fait sans aucun frais,
quelle que soit la juridiction (article 207 de la Constitution). Il est de la
responsabilité de l'OPC de recevoir les plaintes des femmes victimes
d'exaction, d'actes de violence ou de discrimination de la part
d'autorités ou agents de l'Etat.
B- LES INSTRUMENTS REGIONAUX ET
INTERNATIONAUX
En plus des instruments juridiques adoptés au niveau
national, la République d'Haiti est engagé par un certain nombre
d'instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme en
général et des femmes en particulier. Tous ces instruments
condamnent directement ou indirectement toutes les formes de violence ou de
discrimination à l'égard des femmes haïtiennes. Non
seulement ils condamnent ces pratiques abjectes à l'égard des
femmes, mais aussi ils établissent des bases pour favoriser aux femmes
la jouissance de leurs droits fondamentaux. L'Etat haïtien, en signant et
en ratifiant ces instruments prend l'engagement de tout mettre en oeuvre pour
respecter et faire respecter les droits des haïtiennes et de travailler
à leur développement personnel et à leur
épanouissement dans la société.
1- Traités régionaux et internationaux
Selon l'article 276-2 de la Constitution haïtienne de
1987 : « les traités, ou accords
internationaux, une fois sanctionnés et ratifiés dans les formes
prévues par la constitution, font partie de la Législation du
pays et abrogent toutes le Lois qui leur sont contraires ». En
ce sens, les conventions suivantes ont force de loi en Haiti par le fait
qu'elles ont été ratifiées par les autorités
parlementaires de la République :
a) La Convention sur l'élimination de toutes les formes
de discrimination à l'égard des femmes, en vigueur en Haiti le 20
juillet 1981. Cette convention fait obligation à l'Etat haïtien
en tant qu'Etat partie de condamner la discrimination à l'égard
des femmes sous toutes ses formes et de convenir de poursuivre par tous les
moyens appropriés et sans retard une politique tendant à
éliminer la discrimination à l'égard des femmes. Le pays
doit s'engager à :
- Inscrire dans leur constitution nationale ou toute autre
disposition législative appropriée le principe de
l'égalité des hommes et des femmes, si ce n'est
déjà fait, et à assurer par voie de législation ou
par d'autres moyens appropriés, l'application effective dudit principe;
- Adopter des mesures législatives et d'autres mesures
appropriées assorties, y compris des sanctions en cas de besoin,
interdisant toute discrimination à l'égard des femmes;
- Instaurer une protection juridictionnelle des droits des femmes
sur un pied d'égalité avec les hommes et garantir, par le
truchement des tribunaux nationaux compétents et d'autres institutions
publiques, la protection effective des femmes contre tout acte
discriminatoire;
- s'abstenir de tout acte ou pratique discriminatoire à
l'égard des femmes et faire en sorte que les autorités publiques
et les institutions publiques se conforment à cette obligation ;
- prendre toutes mesures appropriées pour éliminer
la discrimination pratiquée à l'égard des femmes par une
personne, une organisation ou une entreprise quelconque;
- prendre toutes les mesures appropriées, y compris des
dispositions législatives, pour modifier ou abroger toute loi,
disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une
discrimination à l'égard des femmes;
- et enfin d'abroger toutes les dispositions pénales qui
constituent une discrimination à l'égard des femmes.
b) La Convention interaméricaine sur la
prévention, la sanction et l'élimination de la violence contre la
femme, en vigueur en Haiti le 2 juin 1997. Cette convention
régionale oblige les Etats parties, dont Haiti particulièrement,
à condamner toutes les formes de violence contre la femme et d'adopter
par tous les moyens appropriés et sans délais injustifiés,
une politique visant à prévenir, à sanctionner et à
éliminer la violence. Ils doivent s'engager en outre :
- à ne pas commettre aucun acte de violence et à ne
pas pratiquer la violence contre les femmes et à s'assurer que les
autorités, les fonctionnaires et les agents et institutions respectent
cette obligation;
- à agir avec la diligence voulue pour prévenir la
violence contre la femme, mener les enquêtes nécessaires et
sanctionner les actes de violence exercés contre elle;
- à incorporer dans leur législation nationale des
normes pénales, civiles et administratives ainsi que toute autre norme
qui s'avère nécessaire pour prévenir, sanctionner,
éliminer la violence contre les femmes, et à arrêter les
mesures administratives pertinentes;
- à adopter les dispositions d'ordre juridique pour
obliger l'auteur des actes de violence à s'abstenir de harceler,
d'intimider et de menacer la femme, de lui nuire ou de mettre sa vie en danger
par n'importe quel moyen qui porte atteinte à son
intégrité physique ou à ses biens;
- à prendre toutes les mesures appropriées, y
compris celles d'ordre législatif, pour modifier ou abroger les lois et
règlements en vigueur ou pour modifier les pratiques juridiques ou
coutumières qui encouragent la persistance ou la tolérance des
actes de violence contre la femme;
- à instituer des procédures juridiques
équitables et efficaces à l'intention de la femme qui a
été l'objet d'actes de violence, notamment l'adoption de mesures
de protection, la réalisation d'instructions opportunes et
l'accès effectif à ces procédures;
- à mettre au point les mécanismes judiciaires et
administratifs nécessaires pour assurer que la femme sujette à
des actes de violence soit effectivement dédommagée, qu'elle
reçoive des réparations ou bénéfice d'une
compensation par tout autre moyen équitable et efficace;
- à adopter les mesures législatives ou autres qui
s'avèrent nécessaires pour donner effet à la
présente Convention.
c) Le Pacte International relatif aux droits civils et
politiques, en vigueur en Haiti le 6 février 1991. Haiti en tant
qu'Etat partie à ce Pacte s'engage à respecter et à
garantir à tous les individus se trouvant sur son territoire et relevant
de sa compétence les droits reconnus dans le présent Pacte, sans
distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de
religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou
sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. Le pays s'engage
en outre :
- à garantir que toute personne dont les droits et
libertés reconnus dans le présent Pacte auront été
violés disposera d'un recours utile, alors même que la violation
aurait été commise par des personnes agissant dans l'exercice de
leurs fonctions officielles;
- à garantir que l'autorité compétente,
judiciaire, administrative ou législative, ou toute autre
autorité compétente selon la législation de l'Etat,
statuera sur les droits de la personne qui forme le recours et développe
les possibilités de recours juridictionnel;
- enfin à garantir la bonne suite donnée par les
autorités compétentes à tout recours qui aura
été reconnu justifié.
d) La Convention Américaine relative aux Droits de
l'Homme, en vigueur en Haiti le 27 septembre 1977. Comme toutes les autres
conventions des droits de l'Homme, celle-ci concerne les hommes et les femmes,
la personne humaine en général est concernée selon
l'article premier : « les États parties s'engagent
à respecter les droits et libertés reconnus dans la
présente Convention et à en garantir le libre et plein exercice
à toute personne relevant de leur compétence, sans aucune
distinction fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la
religion, les opinions politiques ou autres, l'origine nationale ou sociale, la
situation économique, la naissance ou toute autre condition
sociale. »
e) La Convention sur les droits politiques de la femme
signée par Haiti le 23 juillet 1957 et ratifiée le 12 juillet
1958122(*); cette
Convention accorde aux femmes le droit de vote sans aucune forme de
discrimination, l'article premier stipule
que : « les femmes auront, dans des conditions
d'égalité avec les hommes, le droit de vote dans toutes les
élections, sans aucune discrimination ». Selon
l'article II : « Les femmes seront, dans des
conditions d'égalité avec les hommes, éligibles à
tous les organismes publiquement élus, constitués en vertu de la
législation nationale, sans aucune discrimination ». Et
également : « Les femmes auront, dans des conditions
d'égalité, le même droit que les hommes d'occuper tous les
postes publics et d'exercer toutes les fonctions publiques établis en
vertu de la législation nationale, sans aucune
discrimination »( Article III).
2- Déclaration Universelle des droits de
l'Homme et les Chartes de L'ONU et l'OEA
En plus des traités internationaux, il y a d'autres
instruments importants qui engagent les Etats membres de l'Organisation des
Nations unies ou de l'Organisation des Etats américains. Par
conséquent, Haiti en tant que membres de ces deux organisations est
tenue de prendre en compte le contenu de ces instruments de politique
internationale. Pour ce qui a trait à la Déclaration universelle
des droits de l'Homme, elle a été ratifiée par l'Etat
haïtien dans les mêmes formes que les conventions,
c'est-à-dire par le Parlement. Parmi les principaux instruments
régionaux et internationaux, nous distinguons :
a) La Déclaration Universelle des droits de l'Homme
du 10 décembre 1948
La Déclaration Universelle des droits de l'homme est le
principal instrument garantissant les droits universelles de tous les
êtres humains : « La Présente
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme comme l'idéal
commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que
tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette
Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par
l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces
droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre
national et international, la reconnaissance et l'application universelles et
effectives, tant parmi les populations des États membres eux-mêmes
que parmi celles des territoires placés sous leur
juridiction 123(*)». Elle stipule en outre que :
« tous les êtres humains naissent libres et égaux en
dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience
et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de
fraternité124(*) ». Et que : « chacun
peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés
proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction
aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion,
d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale,
de fortune, de naissance ou de toute autre situation125(*) ».
b) La Charte des Nations unies de 26 juin 1945126(*).
En signant la Charte des Nations unies, l'Etat haïtien
est convenu à proclamer sa foi dans les droits fondamentaux de l'homme,
dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans
l'égalité de droits des hommes et des femmes.
c) La Charte de l'Organisation des Etats
américains127(*).
Haiti en tant que membre de l'organisation des Etats
américains doit s'engager conformément aux prescrits de la
charte de l'OEA à proclamer les droits fondamentaux de la personne
humaine sans aucune distinction de race, de nationalité, de religion ou
de sexe.
d) A ne pas oublier également la Déclaration
américaine des droits et devoirs de l'homme, adoptée à
la neuvième conférence internationale américaine tenue en
1948 à Bogota, en Colombie. Selon cette
Déclaration : « Toutes les personnes, sans
distinction de race, de sexe, de langue, de religion ou autre, sont
égales devant la loi et ont les droits et les devoirs consacrés
dans cette déclaration128(*) ».
3- Les instruments de politique internationale
Ces instruments, sans avoir les mêmes valeurs que les
conventions dûment ratifiées selon les termes de l'article 276-2
de la Constitution haïtienne de 1987, engagent d'une certaine
manière la République d'Haiti en tant que membre de
l'Organisation des Nations unies :
a) La Déclaration sur l'élimination de la
discrimination à l'égard de la femme proclamée par
l'Assemble Générale des Nations unies le 7 novembre 1967
(résolution 2263) considère que la discrimination à
l'égard des femmes, du fait qu'elle nie ou limite
l'égalité des droits de la femme avec l'homme, est
fondamentalement injuste et constitue une atteinte à la dignité
humaine. Et par conséquent toutes mesures appropriées doivent
être prises pour abolir les lois, coutumes, règlements et
pratiques en vigueur qui constituent une discrimination à l'égard
des femmes, et pour assurer la protection juridique adéquate de
l'égalité de droits des hommes et des femmes129(*).
b) La Déclaration sur l'élimination de la
violence à l'égard de la Femme adoptée par la
résolution 48/104 de l'assemblée générale des
Nations unies du 20 décembre 1993 ;
c) La Déclaration et Programme d'action de
Vienne, adoptés lors de la conférence sur les droits de
l'homme ;
d) La Déclaration et Programme d'Action de
Beijing (Pékin) ont été adoptés le 15 septembre
1995, lors de la 4e conférence mondiale sur les
femmes ;
e) La Résolution 55/68 sur l'Elimination de
toutes les formes de violence, y compris les crimes tels que définis
dans le document final adoptée par l'Assemblée
Générale extraordinaire à sa 23e session
intitulée « les femmes en l'an 2000 :
égalité entre les sexes, développement et paix pour le
XXIe siècle ;
f) La Résolution 52/86 sur les mesures en
matière de prévention du crime et de justice pénale pour
éliminer la violence contre les femmes ;
g) La Résolution 52/2 sur la déclaration
du Millénaire ;
h) La Résolution 58/47 sur l'élimination
de la violence familiale à l'égard des femmes ;
i) La Résolution 1325 de 2000 sur les femmes, la
paix et la sécurité.
C- -LES TEXTES ADOPTÉS AU NIVEAU
NATIONAL
Cette section est consacrée aux instruments juridiques
nationaux relatifs aux droits de l'homme en Haiti, notamment la Constitution
haïtienne de 1987 et les différents textes de loi adoptés
par les autorités haïtiennes. Nous présentons dans cette
section un survol historique sur les droits des femmes à travers les
principales constitutions haïtiennes (de l'indépendance à
1987). Cela permet de mieux informer sur l'état des droits civils et
politiques de la femme tout au long de l'histoire constitutionnelle
haïtienne. Il convient également de faire le rapprochement des
textes adoptés au niveau national avec les instruments internationaux
dûment ratifiés par Haiti en vue de déterminer les
progrès et les faiblesses de la législation haïtienne en
matière des droits de l'homme en général et des femmes en
particulier.
1- Les femmes à travers les Constitutions
haïtiennes
Il est important de faire ce bref rappel historique afin de
monter comment les premiers politiciens et dirigeants haïtiens avaient
traité la question des droits des femmes et de permettre de constater
les progrès réalisés au niveau constitutionnel.
L'historien haïtien Claude Moise distingue deux grandes étapes
historiques en ce qui a trait à la condition féminine à
travers les constitutions haïtiennes. Selon lui, une première
étape va de l'indépendance d'Haiti à 1950 où la
femme a été méconnue comme citoyenne à part
entière130(*). Et
une seconde étape qui va de 1950 à nos jours, où les
chartes fondamentales de la République posent explicitement la question
de la reconnaissance du droit des femmes à l'égalité
civile et politique dans des conditions variables avec l'époque et
l'importance des bouleversements sociaux et politiques131(*).
Au cours de la première phase le statut constitutionnel
de la femme haïtienne était très imprécis ; bien
qu'il soit inscrit dans les constitutions le principe de liberté,
d'égalité, de non discrimination relative à la naissance
et d'hérédité de pouvoir comme principe des droits de
l'homme, les femmes étaient en même temps exclues de la
qualité de citoyennes à part entière jouissant de
l'universalité de leurs droits132(*). La Constitution de 1806 en son article 3 stipule
que « les droits de l'homme en société
sont : la liberté, l'égalité, la sûreté,
la propriété ». Plus loin, l'article 5 de cette
Constitution ajoute que « l'égalité consiste en ce
que la loi est la même pour tous. L'égalité n'admet aucune
distinction de naissance, aucune hérédité de
pouvoir ». Si en apparence, les femmes étaient
considérées comme des haïtiennes libres au même titre
que les hommes, jouissant des droits fondamentaux attachés à la
qualité de citoyen, mais dans la pratique, il semble qu'il n'ait pas
été le cas. L'article 5 de la Constitution de 1805 est
d'ailleurs peu clair en ce qui concerne les caractéristiques d'un
citoyen haïtien, on dirait que les femmes étaient totalement
exclues de la qualité de citoyen haïtien: « Nul
n'est digne d'être haïtien s'il n'est bon père, bon fils, bon
époux et surtout bon soldat ». Cet article a
été repris par l'article 18 de la constitution de 1806 et
l'article 22 de la constitution de 1816 en y ajoutant l'expression :
« bon ami ».
La deuxième étape s'étend de
l'année 1950 jusqu'à la dernière Constitution en
vigueur, celle du 29 mars 1987. Après le renversement du
Président Dumarsais Estimé, on avait relevé des failles au
niveau de la Constitution de 1946, ce qui avait conduit à la formation
d'une nouvelle assemblée constituante dans le but de promulguer une
nouvelle constitution. Cette nouvelle constitution a vu le jour le 28 novembre
1950 et comportait deux innovations majeures : l'élection du chef
de l'Etat au suffrage universel et l'accession de la femme à l'exercice
de ses droits politiques. Cette innovation inscrite au chapitre du droit public
à l'article 4, énonce clairement le principe
d'égalité : « tout haïtien, sans
distinction de sexe, âgé de 21 ans accomplis, exercent les droits
politiques s'il réunit les autres conditions déterminées
par la Constitution et par la loi ». Le deuxième
alinéa de l'article 9 renforce l'article 4 et était ainsi
libellé : « Tout haïtien a le droit de prendre
une part active au gouvernement de son pays, d'occuper des fonctions publiques
ou d'être nommé a des emplois de l'Etat, sans aucune distinction
de couleur, de sexe ou de religion ».
Toutefois, une condition restrictive est relevée dans
l'article 4 : « l'exercice de ces droits pour les femmes
temporairement limité à l'échelon municipal est soumis
à une période de probation de sept ans puisqu'il ne pourra avoir
son plein effet que dans un délai maximum de trois ans après les
prochaines municipales ». Enfin, le dernier alinéa de cet
article 4 ajoute ceci : « toutefois, la loi règle
les conditions auxquelles la femme sera soumise sous le rapport familial et
matrimonial, l'accès restant ouvert à toutes reformes
jugées utiles pour réaliser un régime
d'égalité absolue entre les sexes ». Avec la
Constitution de 1950, la lutte féminine avait atteint un niveau
décisif, la conquête a été irréversible et la
crise politique de 1957 allait accélérer le processus
d'intégration des femmes dans la vie politique133(*). En dépit des
ouvertures créées par cette Constitution, ce n'était qu'en
1957 que les femmes arrivaient à conquérir effectivement le droit
de vote.
A partir de 1957, la lutte des femmes pour l'exercice de leurs
droits fondamentaux en général et leurs droits politiques en
particulier a connu des avancées significatives. Ainsi, dans toute
l'histoire d'Haiti, les femmes ont voté pour la première fois en
1957. A partir de là, ce n'est plus qu'une formalité,
désormais dans les textes constitutionnels le principe
d'égalité absolue des haïtiens des deux sexes est clairement
établi, sous réserve des conditions imposées par la
Constitution et par la loi134(*). A quelques nuances près,
l'égalité de sexe est reprise dans les mêmes termes dans
les constitutions de 1957, de 1964, de 1983 et de 1987. Pour la Constitution du
29 mars 1987, la dernière en date, nous en donnerons beaucoup plus de
détails dans les prochains paragraphes.
2- Le cadre juridique national relatif aux droits des
femmes
Nous n'avons pas l'intention de relever tous les textes de loi
adoptés au niveau national relatifs à la condition
féminine. L'objectif est surtout de mettre l'accent sur les principaux
instruments juridiques internes touchant spécialement les droits des
femmes haïtiennes. Parmi les plus importantes dispositions
législatives prises au niveau interne en rapport avec la situation des
femmes en Haiti, nous distinguons la Constitution haïtienne du 29 mars
1987 et d'autres Lois et Décrets :
a) La Constitution du 29 mars
1987 : Cette Constitution est la dernière en
date de la République d'Haiti et a été inspirée de
la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et d'autres
instruments internationaux importants relatifs aux droits de la personne
humaine pour garantir les droits inaliénables et imprescriptibles de
chaque haïtien, sans distinction de sexe, de classe sociale ou de
religion. La Constitution de 1987 a été conçue pour
fortifier l'unité nationale, en éliminant toutes discriminations
entre les haïtiens et les haïtiennes. L'article 17 précise
que les haïtiens sans distinction de sexe et d'état civil,
âgés de dix-huit (18) ans accomplis, peut exercer leurs droits
civils et politiques et sont égaux devant la Loi (article 18). En ce
sens, la Constitution de 1987 ne fait pas de distinction entre hommes et
femmes, entre haïtiens et haïtiennes;
b) Décret du 6 juillet 2005 modifiant les
sanctions en matière d'agression sexuelle ;
c) Le Décret du 8 octobre 1982 : ce
Décret donne à la femme mariée un statut conforme à
la constitution de 1983 et élimine toutes les formes de discrimination
à son égard. Cet instrument juridique accorde à l'homme et
à la femmes les mêmes obligations dans le mariage, nous lisons
dans l'article premier que : « le mariage crée entre
le marie et la femme, les droits et devoirs réciproques tels : vie
commune, fidélité et assistance ». Avant
l'adoption de ce Décret, la femme mariée ne jouait pas un
rôle d'égal à égal avec son mari dans le foyer,
c'était le mari qui décidait de presque tout. Avec ce
Décret, la puissance paternelle est remplacée par
l'autorité parentale. Cette autorité, selon l'article 13,
appartient tant au père qu'à la mère. Néanmoins,
en dépit des innovations apportées par ce Décret au profit
de la femme mariée, l'article 5 trahit en quelque sorte l'attente des
féministes haïtiens, nous y lisons ce qui suit: « ils
choisissent de concert la résidence de la famille. Cependant, le
domicile conjugale demeure celui du mari135(*) » ;
d) Le Décret du 3 mars 1975 accordant à
la femme haïtienne le droit de remplir la fonction de jurée. Dans
son article 4, il est stipulé ce qui suit : « la
femme haïtienne, en conformité de la Constitution en vigueur, fera
partie du Jury de jugement ». Il s'agit là d'un acquis
pour les femmes haïtiennes qui étaient exclues de faire partie des
Jury de jugement. Cet aspect de l'exercice des droits civiques était un
privilège exclusif réservé aux haïtiens de sexe
masculin, les femmes ne pouvaient pas remplir cette fonction ;
e) Le Code du travail haïtien : sous l'empire
de la législation du travail, les femmes et les hommes ont les
mêmes droits et les mêmes obligations (Art.316 CT.). Pour un
travail de valeur égale, la femme recevra un salaire égal
à celui payé au travailleur de sexe masculin (Art.317 du CT.).
L'article 330 interdit formellement : toute discrimination entre les
femmes mariées et celles qui sont célibataires quant à la
mesure de leurs droits et obligations et quant aux conditions effectives du
travail ; ainsi que le fait de congédier des travailleuses pour le
seul motif de la grossesse ou de l'allaitement ; et enfin d'exiger des
femmes en état de grossesse qu'elles effectuent au cours des trois mois
précédant l'accouchement, des travaux demandant un effort
physique excessif ;
f) Le Code civil haïtien et autres : Dans les
autres Codes de lois, particulièrement dans le Code civil, plusieurs
articles font allusion aux femmes, mais pas toujours dans leurs
intérêts. Par exemple la recherche de paternité est
interdite, il ne permet pas à une femme de se recourir au test d'ADN
pour démontrer le père de son enfant, ni non plus à une
femme non mariée de déclarer le père de son enfant.
3- Les faiblesses relevées au niveau des textes
nationaux
Les faiblesses des lois haïtiennes sont
étudiées en fonction du refus des autorités
étatiques d'harmoniser les textes nationaux adoptés depuis
très longtemps avec la Constitution et surtout avec les instruments
juridiques internationaux signés et ratifiés par la
République d'Haiti. Ainsi, il y a le besoin pressant d'harmoniser les
textes juridiques aux conventions internationales ratifiées par Haiti.
Cette harmonisation est nécessaire afin de doter le pays d'instruments
juridiques aptes à favoriser la mise en application des conventions
internationales qui sont contre la violence et la discrimination à
l'égard des femmes.
Les lois haïtiennes sont en général
désuètes et par conséquent dépassées par la
réalité contemporaine. Et ceci à tous les niveaux.
Certaines lois qui sont particulièrement discriminatoires à
l'égard des femmes sont encore en vigueur. Jusqu'à
présent, en son article 285, le Code Pénal prévoit une
peine d'emprisonnement de trois mois au moins à deux ans au plus pour la
femme reconnue coupable d'adultère. L'homme, pour la même faute,
n'est passible que d'une amende variant de 100 à 400 gourdes
(article 287 du Code Pénal Haïtien). Et ce qui parait
révoltant, c'est que l'article 269 du Code Pénal, deuxième
alinéa, déclare « excusable le meurtre commis par
l'époux sur son épouse et/ou sur son complice surpris en flagrant
délit dans la maison conjugale ». Il est à
signaler également l'absence totale de garanties accordées par la
loi en matière de succession aux femmes engagées dans les unions
consensuelles. Ce mode d'union étant pratiquement le plus répandu
en milieu rural, les femmes paysannes ou citadines n'ont presque jamais la
possibilité d'hériter de leurs concubins.
CHAPITRE IV
SYNTHESE DES RECOMMAMDATIONS PROPOSÉES POUR LA
PREVENTION ET L'ELIMINATION DE LA VIOLATION DES DROITS DES FEMMES
Tout au long de ce travail, nous avons montré que la
violence et la discrimination à l'égard des femmes
haïtiennes constituent un problème grave qui affecte la vie de
beaucoup de femmes haïtiennes. Ces violations constituent également
un obstacle à l'égalité des droits et au
développement du pays. La violence et la discrimination mettent la vie
des femmes haïtiennes en péril et nuisent au plein
épanouissement de leurs capacités. Elles entravent l'exercice de
leurs droits de citoyen et constituent également un préjudice
pour leurs familles et communautés. Devant une telle situation, tout
citoyen honnête, qu'il soit homme ou femme, doit penser à faire
quelque chose pour mettre un terme à ces infractions commises
constamment contre les haïtiennes. En ce sens, dans un premier temps, ce
chapitre se donne pour tâche de présenter une synthèse des
recommandations déjà publiées dans différents
documents de l'ONU, des ONG et d'autres organisations de défense des
droits de l'homme afin de prévenir et d'éliminer toutes les
formes de violence et de discrimination à l'égard des femmes.
Ensuite, il s'agit, de notre côté, de proposer d'autres mesures
à adopter afin de faire cesser les différentes formes de
violation des droits des femmes en Haiti.
A- LES ACTIONS À ENTREPRENDRE
De nos jours, il y a beaucoup de données disponibles
sur les actions à entreprendre pour lutter contre les violations des
droits fondamentaux des femmes. Ces données émanent de diverses
études, des accords intergouvernementaux, des déclarations, des
rapports et autres documents publiées par des organismes internationaux,
des ONG, et d'autres institutions tant au niveau national qu'international.
Particulièrement, l'organisation des Nations unies émet un
ensemble de recommandations contre la violation des droits des femmes qui sont
applicables dans toutes les sociétés. Ces recommandations fixent
des responsabilités tant au niveau de la communauté nationale que
celui de la communauté internationale. A travers « l'Etude
approfondie de toutes les formes de violence à l'égard des
femmes136(*) », les Nations unies
présentent des mesures que chaque secteur doit prendre, en ce qui le
concerne, afin de prévenir et éliminer les violences et
discriminations à l'égard des femmes. Par rapport aux
différents engagements pris, les Etats ont l'obligation de
défendre l'égalité entre les hommes et les femmes,
d'élaborer et de mettre en oeuvre efficacement un cadre juridique et des
principes d'action régissant l'entière protection des droits
fondamentaux des femmes. En outre, les pouvoirs publics n'ont pas seulement la
responsabilité de réagir aux actes de violence commis contre les
femmes, mais il leur incombe également de repérer les types
d'inégalités susceptibles d'engendre la violence, et de prendre
des mesures pour y remédier.
Compte tenir de la multiplicité des actions
recommandées par les instruments internationaux, les organismes
nationaux et internationaux, les différentes ONG nationaux et
internationaux, les associations féministes haïtiens, les
organisations de défense et de protection des droits de l'homme, pour
mettre un terme aux violations des droits des femmes, nous présentons
dans cette section une synthèse de ces différentes
recommandations. Un accent particulier est mis sur la lettre ouverte d'Amnesty
International au président de la République D'Haiti, René
García Préval, à propos des mesures à prendre en
vue de la protection et la promotion des droits femmes137(*). Il y a lieu aussi de
mentionner également les différents points de vue exprimés
par les femmes qui ont répondu à nos questions lors du sondage
(Voir Tableau G, annexe II).
1- L'Etat doit honorer ses engagements politiques
A l'occasion de la quatrième conférence mondiale
des Nations unies sur les femmes qui s'était tenue à
Pékin en 1995, l'Etat haïtien avait pris l'engagement de
réaliser l'égalité des droits et la dignité
intrinsèque des hommes et des femmes, atteindre les autres objectifs et
adhérer aux principes consacrés dans la Charte des Nations Unies,
la Déclaration universelle des droits de l'homme et les autres
instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, spécialement
la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination
à l'égard des femmes, la Déclaration sur
l'élimination de la violence à l'égard des femmes et la
Déclaration sur le droit au développement. L'un des premiers
devoirs de l'Etat, c'est de garantir la pleine réalisation des droits
fondamentaux des femmes et des petites filles. En ce sens il est alors
recommandé que l'Etat haïtien:
d) assume sa mission de coordonnateur de toutes les
administrations publiques au niveau national et communautaire, indispensable
à l'élaboration de stratégies durables destinées
à mettre un terme à la violation des droits des femmes ;
- prenne des mesures concrètes pour combattre les
causes structurelles de la violence et de la discrimination à
l'égard des haïtiennes (pauvreté, instabilité
politiques, etc.) et pour renforcer les activités de prévention
de la violence masculine à l'égard des femmes dans un large
éventail de domaine d'activité comme la lutte contre le VIH/SIDA,
la santé reproductive, l'aménagement urbain, la réduction
de la pauvreté, le développent et
l'alphabétisation ;
- adopte des plans d'action suivis et mis à jour
régulièrement par les pouvoirs publics en consultation avec, les
organisations intergouvernementales, les ONG nationales et internationales, les
associations de femmes ;
- propose une vue globale des causes et des
conséquences de la violence à l'égard des femmes dans des
programmes appropriés d'éducation et de formation à tous
les niveaux (formation professionnelle des travailleurs sanitaires,
enseignants, agent de police, gardien de prison, travailleurs sociaux,
etc.) ;
- réforme, renforce et applique les
dispositions législatives prises au niveau national ;
- ratifie sans réserve tous les traités relatifs
aux droits de l'homme qui ne le sont pas encore, notamment les protocoles
facultatifs à toutes les Conventions ratifiées par Haiti, en
particulier le protocole facultatif à la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes ;
- prenne des mesures punitives ou disciplinaires à
l'égard de tout agent étatique, à tous les niveaux de
responsabilité (policiers, fonctionnaires civils, juges, gardiens de
prison ou travailleurs de santé) coupables de violation des droits des
femmes ;
- prenne des mesures pour faciliter que les femmes victimes ont
accès à la justice et à une protection égale
devant la loi et que les auteurs d'actes de violence à l'égard
des femmes ne restent pas impunis.
2- Renforcer les structures nationales chargées de
protéger les femmes
Il faut le renforcement des institutions tant étatiques
que de la société civile chargées de protéger les
femmes haïtiennes et de faire appliquer leurs droits fondamentaux. Il
s'agit du Ministère à la condition Féminine et aux droits
des femmes, du système judiciaires, de la Police Nationale, de l'Office
de Protection du citoyen et des Associations féministes. Ce
renforcement doit se faire en accordant des moyens nécessaires tant sur
le plan des ressources matériels que celui des ressources humaines
qualifiées.
Pour le renforcement des structures nationales chargées
de protéger les femmes, il est recommandé à l'Etat
de :
- améliorer les compétences des juges,
commissaires du gouvernement, agent de police en vue de leur permettre de
répondre aux besoins des femmes victimes et d'en garantir leurs droits
à travers l'éducation professionnelle, la formation et d'autres
programmes de renforcement des capacités ;
- améliore le traitement donné aux
employés du système judiciaires, de la Police nationale, des
services sociaux en leur accordant des salaires raisonnables et du
matériel nécessaire pour lutter contre les actes de violence et
de discrimination commis contre les femmes ;
- agir de concert avec les organisations de défense des
droits des femmes en élaborant des politiques et diffuser des documents
en vue de promouvoir la sécurité des femmes dans leur foyer, dans
la collectivité et en détention, et mener des campagnes
d'initiation aux principes du droit pour informer les hommes et les femmes de
leurs droits ;
- réformer le système judiciaire en vue de le
rendre plus apte à fournir une justice impartiale pour tous et toutes et
qui respecte les Lois et les Conventions en matière des droits des
femmes ;
- financer les programmes d'action des associations
féministes contre la violence et la discrimination à
l'égard des femmes haïtiennes;
- encourager l'émergence d'Association de
défenses des droits des femmes à travers tout le pays en leur
fournissant aides et assistances (financiers, techniques, etc.)
- fournir un budget adéquat à l'Office de
Protection du Citoyen, lequel budget devra permettre à cette institution
d'avoir des bureaux dans les 10 départements géographiques du
pays.
3- Appliquer les dispositions des Instruments
internationaux
L'application des normes internationales rentre aussi dans le
cadre des engagements de l'Etat haïtien, mais vu l'importance de ces
dispositions dans le processus de lutte contre la violence à
l'égard des femmes, nous estimons nécessaire de les
considérer à part.
Il est recommandé que l'Etat haïtien :
- comble les écarts entre les normes internationales et
les législations nationales. Les règles et normes internationales
ne sont pas suffisamment mises en pratique, car l'impunité et la
violation des droits des femmes haïtiennes résultent de
l'incapacité de respecter les normes internationales via une action et
une mise en oeuvre au niveau national ;
- suive et applique les recommandations formulées lors
des examens périodiques des rapports, ainsi que lors des
procédures de communication et d'enquête, s'il y a lieu, par les
organes créés en vertu d'instruments internationaux relatifs aux
droits de l'homme, en particulier celles du comité pour
l'élimination de la discrimination à l'égard des
femmes ;
- élimine toutes les discriminations à
l'égard des femmes, examine et de revoie toutes les politiques et
pratiques publiques pour assurer qu'elles ne sont pas discriminatoires à
l'égard des femmes ;
- veille à la conformité des dispositions de
leurs multiples systèmes juridiques, lorsqu'elles existent, avec les
normes internationales relatives aux droits de l'homme, notamment le principe
de non-discrimination ;
- améliore la connaissance des victimes sur leurs
droits et les recours qui leur sont ouverts, ainsi que leur capacité de
les revendiquer grâce à un véritable accès à
la justice ;
- promulgue de nouveaux textes de lois, afin de doter le pays
d'instruments juridiques aptes à favoriser la mise en application des
Conventions Internationales (beaucoup d'accords et traités
internationaux sont signés et ratifiés par Haiti mais ne sont
jamais publiés dans le Moniteur que est le journal officiel du pays).
4- Lutter contre la féminisation de la
pauvreté
Les femmes haïtiennes sont plus sévèrement
touchées par la pauvreté que les hommes. Le fait de lutter contre
les violations des droits des femmes signifie aussi qu'il faut lutter contre la
féminisation de la pauvreté en Haiti. Il faut garantir aux femmes
haïtiennes les différents droits économiques et sociaux,
notamment les droits à l'héritage, à la
propriété, au logement et à la sécurité. Les
actions à entreprendre en ce sens doivent :
- garantir aux femmes les différents droits
économiques et sociaux, notamment le droit d'avoir accès au
crédit, les droits au travail, à l'héritage, à la
propriété, au logement et à la sécurité
sociale ;
- procéder à des évaluations d'impacts
sur les femmes pour assurer que les politiques socio-économiques ne
maintiennent ni n'aggravent la violence et la discrimination à
l'égard des femmes mais appuient activement la prévention et
l'élimination de ces infamies ;
- faire la promotion de l'entreprenariat chez les femmes en
vue de combattre le fait qu'elles soient les plus pauvres des pauvres. Car
l'encouragement de l'esprit d'entreprenariat parmi les femmes peut être
un outil important contre la subordination des femmes par les hommes et surtout
contre la pauvreté ;
- valoriser la contribution économique des
commerçantes haïtiennes du secteur informel. Ces dernières
contrôlent environ la moitié du secteur informel d'Haiti, qui
lui-même regroupe 70% de la population active
économiquement ;
- éliminer la discrimination au niveau salarial qui est
très défavorables aux femmes. Généralement, on
offre aux haïtiennes une rémunération inférieure
à celle offerte aux haïtiens pour un même travail.
5- Autres actions
Beaucoup d'autres actions sont à entreprendre afin de
mener la lutte, particulièrement, contre la violence à
l'égard des haïtiennes, il s'agit pour les autorités
étatiques de:
- condamner clairement et publiquement tous les actes de
violence à l'égard des femmes, qu'ils soient commis par des
agents de la force publique ou par des particuliers ;
- instaurer un programme national pour mettre fin à la
violence contre les femmes en formant notamment un groupe de travail
composé de représentants pertinents de l'État tels que des
ministres, des magistrats, des juges, des policiers, des professionnels de la
santé, des experts près les tribunaux et des membres
d'organisations populaires et de défense des femmes ;
- veiller à ce que les femmes ayant subi des violences
aient accès aux services et ressources dont elles ont besoin, ainsi
qu'à des services de réadaptation, et prévoir des mesures
de protection spéciales pour les femmes et les jeunes filles des
communautés particulièrement exposées en raison de
violences armées;
- mettre en oeuvre des programmes de sensibilisation et
d'information à l'intention des dirigeants des organismes publics et des
membres influents de la société civile concernant l'importance de
ne pas stigmatiser les victimes de violence sexuelle et liée au genre,
et prendre des mesures pour renforcer l'autonomie des femmes et des jeunes
filles afin qu'elles soient capables de demander de l'aide et un soutien
adéquat
- sensibiliser opinion publique sur les conséquences
des violences et discrimination à l'égard des femmes et
encourager les hommes à participer dans la lutte en faveur des droits
des femmes ;
- reconnaître le rôle moteur joué par les
femmes dans la lutte pour mettre un terme à la violence à
l'égard de la femme, en particulier les organisations locales de femmes,
leur permettre de mener leurs actions sans entraves, et d'appuyer activement
leurs efforts ;
- impliquer les femmes dans les grandes décisions
engageant le pays, les encourager à participer dans les activités
de développement et dans la direction des partis politiques ;
- encourager les hommes haïtiens à participer dans
des activités visant à prévenir et à
éliminer la violence et la discrimination contre les femmes.
B- NOS RECOMMANDATIONS PERSONNELLES
En analysant les recommandations déjà
publiées tant sur le plan national que sur le plan international, nous
réalisons que le gros du travail est déjà fait, il ne
reste qu'à appliquer ces différentes propositions pour que la
violation des droits des femmes cesse en Haiti. Cependant, nous devons tenir
compte de certains aspects spécifiques au pays, notamment ses valeurs
culturelles, sa situation socio-économique, son environnement politique
et bien d'autres facteurs qui font d'Haiti un pays différents des
autres. En ce sens, tout en tenant compte des recommandations
déjà émises, nous proposons aussi d'entreprendre des
mesures particulières en vue de luter contre la violence à
l'égard des haïtiennes et d'assurer le respect de leurs droits
fondamentaux.
1- Instaurer la discrimination
positive en faveur des femmes haïtiennes
La discrimination positive permettra de réduire les
inégalités entre les haïtiens et les haïtiennes, dans
quasiment tous les domaines de la vie nationale les statistiques sont toujours
défavorables aux femmes. En ce sens nous proposons de :
- réserver des quotas d'inscription scolaire et
universitaire aux haïtiennes en vue de leur assurer un meilleur avenir et
de l'insertion dans la société haïtienne ;
- réserver des quotas en matière d'embauche aux
femmes dans le secteur formel et dans la fonction publique en vue de
réduire la disparité en termes d'emploi entre les femmes et les
hommes haïtiens. Cela permettra aussi d'assurer une certaine
visibilité aux femmes qui sont trop souvent exclues dans la
société ;
- réserver des quotas de participation aux femmes au plus
haut niveau de l'administration publique (les fonctions ministérielles,
parlementaires, les directions générales, la cour suprême,
etc.) ;
- accorder des subventions privilégiées aux partis
politiques désignant des femmes aux postes électives ;
- adopter toutes autres mesures relatives à la
discrimination positive visant à favoriser l'épanouissement et le
développement des femmes.
2- Renforcer les mesures pénales contre
les violateurs
En renforçant les mesures pénales, les
délinquants seront ainsi découragés à commettre
leurs forfaits contre les femmes. En ce sens, des mesures législatives
doivent être prises afin de punir sévèrement les coupables
de violation des droits des femmes. Des crimes commises à l'égard
des femmes (tels que: viol, enlèvements, meurtre de conjoint ou
d'inconnu, etc.) doivent être punis de fortes peines et
accompagnées des dommages-intérêts très
élevés. Il est recommandé aux responsables de l'Etat
de :
- punir les délinquants de peines allant de 20 ans
à perpétuité et des dommages-intérêts allant
jusqu'à plusieurs millions de gourdes en se basant naturellement sur
les capacités économiques des délinquants ;
- créer un tribunal spécial chargé de
juger des cas de violation des droits des femmes (violence sexuelle,
discrimination et autres infractions à l'égard des
femmes) ;
- destituer de leurs fonctions les violateurs des droits des
femmes lorsqu'ils sont des agents de l'Etat, cette mesure doit être
appliquée contre tous les fonctionnaires ou responsables de l'Etat, quel
que soit son niveau de pouvoir ;
- accorder aux femmes victimes la possibilité de se
faire défendre par des avocats payés par l'Etat ou bien leur
permettre de se présenter par devant les tribunaux sans avoir besoin de
se faire accompagner obligatoirement d'avocat ;
- ne pas établir aucune différences entre le
viol conjugal et celui commis par des inconnus. Et de plus encourager les
victimes de viols et de sévices conjugaux ou familiaux à porter
plainte.
C- LES ACTEURS IMPLIQUÉS
Les recommandations à elles seules ne pourront jamais
mettre un terme à la violence et la discrimination à
l'égard des femmes, il faut des acteurs potentiels pour accomplir les
différentes actions proposées. Il est indispensable que tous les
secteurs de la vie nationale et internationale (les autorités
étatiques, les organisations de la société civile, les
organisations internationales, les ONG) assurent un rôle moteur dans la
lutte pour faire cesser les violations contre les droits des femmes. Il est
primordial pour l'Etat haïtien de mettre un terme à
l'impunité et de satisfaire à son obligation de rentre des compte
en matière de violence à l'égard des femmes pour
prévenir et réduire ce fléau, et ainsi de traduire dans la
pratique leur engagement d'agir. Nous insistons beaucoup sur le rôle de
l'Etat en tant que organe de régulation, il doit coordonner les actions
contre la violation des droits des femmes, mais l'Etat à lui seul ne
pourra rien faire d'efficace, il faut la participation de tous les secteurs de
la vie nationale et internationale pour aboutir à une solution viable et
durable.
Les institutions du secteur public, les organisations
intergouvernementales, les organisations non gouvernementales, ainsi que
d'autres groupes de la société comme, notamment, les
organisations de femmes, les associations qui oeuvrent pour la défense
des droits de l'homme, les medias, les syndicats, les universités, ont
tous un rôle important à jouer dans ce long processus. De ce fait,
nous considérons dans cette section, les acteurs les plus importants
qui doivent apporter à un niveau ou à un autre leur contribution
dans le combat contre la violence et la discrimination à l'égard
des femmes en Haiti.
1- Les pouvoirs publics
Le rôle des pouvoirs publics est de coordonner
l'application des programmes d'action contre la violence et la discrimination
à l'égard des femmes en Haiti. L'Etat a pour mission
générale de créer ou de renforcer un mécanisme
institutionnel chargé de définir les priorités en
étroite collaboration avec les organisations internationales, les
associations féministes et d'autres groupes intéressés de
la société civile qui oeuvrent en faveur des droits des femmes.
L'Etat haïtien a pour tâche de promouvoir et de coordonner les
activités des différents ministères, surtout ceux qui
s'occupent des droits des femmes, affaires sociales, de l'éducation, de
la santé et de l'économie et des finances. Il revient à
l'Etat d'encourager la participation du secteur des ONG et veiller à ce
que les mesures prises par le secteur public et les organisations
non-gouvernementales en faveur des femmes se complètent et ne soient pas
isolées ou en contradiction. Si le budget de l'Etat le permet, les
pouvoirs publics pourront même appuyer sur les plans technique et
financier, des projets entrepris au niveau communautaire afin de
prévenir la violence et la discrimination contre les femmes.
2- La communauté internationale
En tant que pays le plus pauvre des Amériques, Haiti a
besoin de l'aide internationale pour supporter ses programmes. Le rôle de
la communauté internationale dans toutes les activités de ce
pays est indispensable, spécialement pour mener la lutte en faveur de la
promotion et du respect des droits des haïtiennes. En ce sens, les
organismes internationaux sont des acteurs importants. Par exemple des
coopérations du type de celle engagée par l'Agence Canadienne
pour le développement Internationale au bénéfice des
filles et des femmes haïtiennes sont à encourager. A travers le
« Fonds Kore Fanm », le gouvernement canadien vise
à aider les organisations et les institutions
haïtiennes à promouvoir, à protéger et à
défendre les droits des femmes138(*).
Il est un fait incontournable que l'élimination de la
violence et de la discrimination à l'égard des femmes doit passer
par des actions multisectorielles globales et coordonnées associant de
multiples partenaires de la communauté internationales (les institutions
financières internationales, les différents organismes de l'ONU,
les organisations régionales, etc.). Ces institutions doivent renforcer
leur responsabilisation en matière de lutte contre la violation des
droits des femmes en vue d'accélérer la mise en oeuvre des
engagements, normes et règles dans ce domaine. D'ailleurs, l'action
juridique, la fourniture de service et les activités de
prévention destinées à combattre la violence à
l'égard des femmes exigent des ressources financières importantes
et de façon permanence.
3- Les ONG de défense des droits de
l'Homme
Les ONG nationales et internationales sont
particulièrement ciblées comme des acteurs concernés dans
la bataille contre les violations des droits des femmes. Ces organisations sont
très nombreuses en Haiti et existent pour appuyer les communautés
dans tous les domaines ou l'Etat n'est pas en mesure de prendre seul ses
responsabilités. Les ONG sont toutes importantes dans le processus,
qu'il s'agisse de celles qui luttent pour la protection des droits des femmes
ou de celles qui opèrent dans des domaines aussi variés que le
développement communautaire, la santé et la micro-finance. Comme
l'a fait remarquer un rapport de la coopération canado-haïtien sur
le développement du secteur privé, en « l'absence
d'un environnement gouvernemental et politique habilitant et de réseaux
institutionnels dignes de ce nom, les ONG et autres organisations civiles
peuvent jouer un rôle majeur de relais et préparer le terrain pour
des actions plus structurantes139(*)». Normalement, comme il est aussi
mentionné dans ce rapport, il serait important de faire en sorte que
les ONG sur lesquelles la programmation s'appuie soient des ONG
compétentes ou susceptibles de l'être rapidement grâce
à un bon appui de renforcement institutionnel [ ..]140(*) ».
4- La société Civile
Les hommes et les femmes de la société civile
haïtienne sont aussi des acteurs potentiels dans la lutte contre la
violence et la discrimination à l'égard des femmes. Comme il est
dit à travers l'étude de l'ONU, la lutte pour la transformation
des relations entre les sexes et l'élimination de la violence à
l'égard des femmes ne peut aboutir sans la participation des hommes. Les
stratégies visant à associer les hommes à la
prévention de la violence à l'égard des femmes sont
notamment des actions de sensibilisation à cette question aux
cotés des groupes organisés tels ; les syndicats, les
associations, les universités, ainsi que des campagnes qui mettent en
avant des modèles positifs de participation masculine à la lutte
contre la violence à l'égard des femmes141(*).
En guise de stratégie, les hommes haïtiens
pourraient participer dans des campagnes en faveurs du respect des droits
fondamentaux des femmes. Nous avons l'exemple d'une campagne
expérimentée pour la première fois au Canada en 1991 et
qui est adoptée aujourd'hui dans plus d'une quarantaine de pays. Cette
campagne dénommée « Ruban blanc »
encourage les hommes et les garçons à porter des rubans blancs
à l'occasion de la journée internationale pour
l'élimination de la violence à l'égard des femmes, chaque
25 novembre, en signe d'engagement personnel de ne jamais commettre de violence
à l'égard des femmes, de ne pas tolérer et de ne pas
rester silencieux face à aucune forme de violence contre les
femmes142(*).
Enfin, c'est le travail de tous les citoyens haïtiens de
participer dans la lutte pour le respect et l'application des droits
fondamentaux reconnus aux femmes. Tous les secteurs de la vie nationale doivent
y être impliqués ; les agents de l'Etat, les universitaires,
les professeurs, les journalistes, les artistes, les femmes et les filles, les
hommes, les institutions nationales et internationales, tous et toutes ont une
partition à jouer.
CONCLUSION
Comme nous l'avons mentionné, la violation des droits
des femmes est partout dans les pays riches comme dans les pays pauvres. Elle
ne se limite pas à une culture, région ou pays en particulier,
ni à des groupes spécifiques de femmes dans une
société. Toutes les femmes pourraient être victimes d'une
façon ou d'une autre. Cependant, dans les pays sous
développés où le niveau économique des citoyens est
pratiquement faible, les femmes sont davantage exposées à
être victimes d'actes de violence et d'exclusion. Donc en tant que pays
pauvre, Haiti n'offre pas un environnement propice aux femmes pour qu'elles
jouissent pleinement et entièrement tous leurs droits fondamentaux.
Toutes les femmes haïtiennes, quel que soit son niveau d'éducation,
ses possibilités économiques, son rang sociale, font d'une
façon ou d'une face à la violence ou à la discrimination
dans ce pays. Toutefois, nous devons reconnaître aussi que celles qui
sont les plus pauvres sont plus exposées à la violence et
à la discrimination. Les femmes de la paysannerie, les habitants des
bidonvilles, les analphabètes, les femmes au chômage et sans
ressources économiques et celles qui résident dans les quartiers
chauds de la capitale sont davantage victimes des actes de violences que les
autres.
La République d'Haiti est engagé par les plus
importants instruments régionaux et internationaux de protection des
femmes. De plus, la Constitution du pays garantit aux filles et aux femmes les
mêmes droits que les hommes, sans compter les discours officiels qui font
semblant de se soucier aux femmes, de respecter et de faire respecter leurs
droits. Néanmoins, la situation des femmes en Haiti est très
critique, dans presque tous les domaines de la vie nationale, on voit
visiblement la discrimination à l'égard des femmes. Les
statistiques sont généralement défavorables aux femmes
haïtiennes par rapport aux hommes. Les haïtiennes sont
quotidiennement victimes de violence ou d'exclusion. Au lieu d'une
amélioration de la condition féminine dans ce pays, on ne fait
qu'observer la montée de la violence à l'égard des femmes.
Les chiffres relatifs aux atteintes sexuelles publiés par les
organisations de femmes haïtiennes sont alarmants, mais loin de
représenter l'ampleur du problème, dans la mesure où la
honte ressentie par les victimes de violences sexuelles et le manque de
confiance dans l'appareil judiciaire amènent de nombreuses femmes
à se taire. Donc, la situation est toujours plus angoissante que celle
présentée dans les rapports. Il en ressort que la violence
sexuelle et le viol sont des crimes particulièrement graves. Or, il est
extrêmement préoccupant de constater que les cas signalés
ne font pas l'objet d'enquêtes sérieuses et que les auteurs de ces
actes ne sont pas traduits en justice.
Par ailleurs, à travers des analyses, études et
observations, nous avons pu réaliser que les causes de la violence et la
discrimination à l'égard des femmes ont un rapport étroit
avec la passivité de l'Etat vis-à-vis des différents
engagements pris au niveau international. L'Etat ne prend pas des mesures
suffisamment efficaces pour empêcher la perpétration d'actes de
violence ou de discrimination contre les femmes. Les lois de protection des
femmes ne sont pas appliquées, les criminelles ne sont pas punies, des
mesures ne sont pas prises pour améliorer la situation économique
des femmes qui sont les plus pauvres de la société. De plus, on
ne lutte pas assez contre les tabous qui font croire que les femmes sont faites
pour être dominées par les hommes. Tous ceux-là constituent
de facteurs qui encouragent la violation des droits des femmes dans la
société haïtienne.
En effet, les actes de violence ou de discrimination à
l'égard des femmes ont des conséquences néfastes sur les
femmes, leurs familles, leurs communautés et la société
toute entière. Donc, il est obligatoire que des actions soient
entreprises afin de combattre et éradiquer toutes les formes de violence
à l'égard des femmes. En tant qu'Etat partie aux principaux
instrument relatives aux droits des femmes, l'Etat doit prendre des mesures qui
s'imposent pour protéger les droits des haïtiennes contre toutes
les formes de violence, notamment le viol, les sévices, l'exclusion,
etc.
L'application des mesures recommandées dans le cadre de
ce travail requiert la participation de tous, mais il revient principalement
aux pouvoirs publics, aux autorités étatiques de mener les
actions et de les coordonner. Elle exige par contre une volonté
politique et une détermination à mettre un terme à la
violence contre les femmes, en particulier aux viols et aux homicides, qui ne
sauraient plus être tolérés. L'Etat a besoin
obligatoirement du support de tous les hommes et de toutes les femmes du pays,
des institutions de la société civile, des ONG, des organismes
internationaux. Sans une conjugaison des efforts on ne parviendra pas à
mettre fin à la violence et à la discrimination à
l'égard des femmes haïtiennes.
Enfin de compte, nous espérons que les idées
développées à l'intérieur de ce mémoire
soient une contribution dans la bataille en faveur du respect et de la
promotion des droits des femmes. Notre tâche ne s'arrêtera pas
là et en tant que personne consciente des retombées
négatives de la violence et discrimination à l'égard des
femmes sur le pays, nous continuerons à lutter jusqu'à ce que les
droits des femmes haïtiennes soient reconnus par tous.
BIBLIOGRAPHIE
LES OUVRAGES :
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- Ministère à la Condition Féminine et aux
Droits des Femmes (MCFDF), Rapport de Beijing+10, février
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Défis du Présent et Rêves d'Avenir : Plaidoyer pour
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- OIT/BIT/IPEC, Etude Exploratoire sur l'Exploitation Sexuelle
des Mineurs à des Fins Commerciales, première édition
2003, 100 pages.
TABLES DES MATIERES
REMERCIEMENTS
....................................................................................2
INTRODUCTION
........................................................................................
3
CHAPITRE I : CADRES CONCEPTUEL ET HISTORIQUE
...............................10
A- LES PRINCIPAUX CONCEPTS EN RAPPORT AU THEME
TRAITÉ....................10
1- Droits de l'Homme
............................................................................
10
2- Droits des femmes
.............................................................................12
3- Sexe, genre et Sexospécificité
...............................................................13
4- Féminisme
.....................................................................................15
B- LE MOUVEMENT FEMINISTE EN
HAITI.....................................................16
1- Survol historique du mouvement
féministe ...............................................16
2- Bilan du mouvement féministe
haïtien ....................................................18
CHAPITRE II : REGARD CRITIQUE SUR LA SITUATION DE
LA FEMME EN HAITI
................................................................................................21
A- LES CATEGORIES DE VIOLENCE ET DE DISCRIMINATION A L'
ÉGARD DES FEMMES LES PLUS FREQUENTES EN
HAITI.............................................21
1- La violence Domestique
....................................................................23
a) La Violence conjugale
....................................................................24
b) La violence familiale
.....................................................................25
2- La Violence au niveau des communautés
................................................25
a) Viol (non-partenaires)
..................................................................25
b) Harcèlement sexuel sur le lieu de travail
............................................26
3- L'exclusion des femmes
...................................................................26
4- Autres catégories
............................................................................27
B- LES AUTEURS DE LA VIOLENCE ET DE LA DISCRIMINATION A
L'EGARD
DE LA FEMME
..................................................................................28
1- Des proches de la victime
....................................................................29
2- Des autorités publiques
.......................................................................29
3- Des employeurs et d'autres individus de la
société ......................................30
C- LES CAUSES DE LA VIOLENCE ET DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD
DES FEMMES
...................................................................................30
1- La passivité de l'Etat
.........................................................................31
2- L'inapplication des Lois
....................................................................31
3- Le
Patriarcat ..................................................................................32
4- Inégalités économiques
......................................................................33
5- Autres
Causes..................................................................................34
B- LES CONSEQUENCES DE LA VIOLENCE ET DE LA DISCRIMINATION A
L'EGARD DES FEMMES
.....................................................................35
1- Conséquences sur les victimes
..............................................................35
a) sur la santé des victimes
..................................................................35
b) sur son développement personnel
.......................................................36
2- Conséquences sur la société
................................................................36
3- Conséquences sur la famille
................................................................37
CHAPITRE III : LES INSTRUMENTS NATIONAUX ET
INTERNATIONAUX RELATIFS AUX DROITS DES FEMMES EN HAITI
....................................38
A- LES INSTITUTIONS PUBLIQUES CHARGEES DE FAIRE RESPECTER
LES
DROITS DES FEMMES
.......................................................................38
1- Les pouvoirs publics dans leur globalité
................................................. 38
2- Le Ministère à la condition
féminine et aux droits de la femme ......................39
3- La Police Nationale
..........................................................................40
4- Autres Institutions
............................................................................41
B-LES INSTRUMENTS REGIONAUX ET INTERNATIONAUX
.........................41
1- Traités Régionaux et Internationaux
.........................................................41
2- Déclaration universel des droits de l'Homme et les
chartes de l'ONU et l'OEA......45
3- Les instruments de politique internationale
.................................................46
C-LES TEXTES ADOPTÉS AU NIVEAU NATIONAL
.....................................47
1- Les femmes à travers les Constitutions
haïtiennes .......................................47
2- Le cadre juridique national relatif aux droits des
femmes ...............................49
3- Les faiblesses relevées au niveau des textes
nationaux .................................. 51
CHAPITRE IV : SYNTHESE DES RECOMMAMDATIONS
PROPOSÉES POUR LA PREVENTION ET L'ELIMINATION DE LA VIOLATION DES
DROITS DES FEMMES
................................................................................................52
A- LES ACTIONS À ENTREPRENDRE
......................................................52
1- L'Etat doit honorer ses engagements politiques
.........................................53
2- Renforcer les structures nationales chargées de
protéger les femmes ................54
3- Appliquer les Dispositions des Instruments
Internationaux ...........................55
4- Lutter contre la féminisation de la
pauvreté..............................................56
5- Autres
actions..................................................................................57
B- RECOMMANDATIONS PERSONNELLES
................................................58
1- Instaurer la discrimination
positive en faveur des femmes haïtiennes .................58
2- Renforcer les mesures pénales contre les
violateurs .....................................59
C- LES ACTEURS
IMPLIQUÉS..................................................................59
1- Les pouvoirs publics
..........................................................................60
2- La communauté internationale
..............................................................61
3- Les ONG de défense des droits de l'Homme
.............................................61
4- La société
Civile...............................................................................62
CONCLUSION
.........................................................................................63
BIBLIOGRAPHIE
....................................................................................65
ANNEXES
.................................................................................................I
ANNEXES
ANNEXE I : QUESTIONNAIRE
Enquête auprès d'un échantillon de
femmes haïtiennes
Dans les départements de l'Ouest, du Nord et du
Nord-est
Période : Décembre 2006 -
février 2007
1. Age de la répondante ?:
.....................................................................
2. Etat Civil ? :
....................................................................................
3. Niveau
d'études ? :.............................................................................
4. Lieu d'habitation? ville ou
campagne ?......................................................
5. Activités
professionnelles ?..............................................................................
6. Avez-vous déjà subi des actes de violence ou de
discrimination en tant que
femme ?...................................................................................................
7. Si oui, de la part de qui ? et de quel type de violence
ou de discrimination s'agissait-il ?
....................................................................................
8. Avez-vous porté plainte et où ça
?.........................................................
9. Faites vous partie d'une Association de femmes (si oui, citez
l'association) ?......
..................................................................................................
......................................................................................................
10. Que pouvez-vous dire de cette Association (son rôle,
ses réalisations, etc.) ?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
11. Si non, pourquoi n'en faites-vous pas partie ?
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
12. Connaissez-vous l'existence du Ministère à la
Condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF) ?
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
........................................................................................................
13. Si oui, que connaissez vous de
Ministère ?..................................................
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
14. Connaissez vous des Lois nationales et des Traités
internationaux de protection des femmes
haïtiennes ?...........................................................................
15. Si oui, citez ceux que vous
connaissez ?.........................................................
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
16. Selon vous quelles sont les causes de la violence et
discrimination à l'égard des femmes
haïtiennes ?..................................................................................................
...................................................................................................
..................................................................................................
...................................................................................................
17. Selon vous qu'est qui doit être fait pour
prévenir et éliminer la violence et discrimination à
l'égard des femmes
haïtiennes ?.............................................
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
18. Autres ? (vos commentaires, témoignages, etc. sur
la situation des femmes
haïtienne) ?...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
ANNEXE II : TABLEAU DES RÉSULTATS
DONNÉES RECUEILLIES SUR UN ÉCHANTILLON DE
136 FEMMES
Tableau A : Choix de l'échantillon par
Département Géographique
Département
|
Quantité/Echantillon
|
Ouest
|
56/136
|
Nord
|
45/136
|
Nord-est
|
35/136
|
Tableau B : Répartition par tranche
d'âge
Tranche d'âge
|
Quantité/Echantillon
|
Pourcentage
|
14-25 ans
|
35/136
|
26%
|
26-35 ans
|
67/136
|
49%
|
36-50 ans
|
27/136
|
20%
|
+ de 50 ans
|
7/136
|
5%
|
Tableau C : Résultats Variés
Libellé
|
Quantité/Echantillon
|
Pourcentage
|
% de femmes ayant été Victimes de violence et de
discrimination
|
33/136
|
24 %
|
% de victimes ayant porté plainte
|
13/33
|
39%
|
% de femmes connaissant l'existence des Lois
|
36/136
|
26%
|
% de femmes connaissant l'existence du MCFDF
|
45/136
|
33%
|
% de femme faisant partie d'une association de femmes
|
47/136
|
35%
|
Tableau D : Type de Violence et discrimination
subies par les victimes
Type
|
Quantité/Echantillon
|
pourcentage
|
Sévices
|
14/33
|
42%
|
Injures et humiliation
|
14/33
|
42%
|
Viol/vols
|
12/33
|
36%
|
Autres
|
11/33
|
33%
|
Tableau E: Répartition par auteurs des actes
de violence et de discrimination
Auteur
|
Quantité/Echantillon
|
Pourcentage
|
Conjoint/Fiancé
|
15/33
|
45%
|
Parent
|
13/33
|
39%
|
Voisin/inconnu
|
13/33
|
39%
|
L'Etat et autres
|
11/33
|
33%
|
Tableau F: Causes identifiées par les femmes/
Violence et Discrimination*
Les causes identifiées
|
Fréquence/Echantillon
|
Pourcentage
|
Impunité
|
94/136
|
69%
|
Inapplication des lois
|
86/136
|
63%
|
Pauvreté chez les femmes
|
76/136
|
56%
|
Insécurité
|
77/136
|
57%
|
Irresponsabilité de l'Etat vis-à-vis des femmes
|
67/136
|
49%
|
Méconnaissances par les hommes des droits des femmes
|
53/136
|
39%
|
Analphabétisme chez des Femmes
|
35/136
|
26%
|
Analphabétisme chez les hommes
|
34/136
|
25%
|
Autres
|
33/136
|
24%
|
Tableau G: Solutions proposées pour lutter
contre la violation
Des droits des femmes*
Les solutions
|
Fréquence/Echantillon
|
Pourcentage
|
Application des lois
|
93/136
|
68%
|
Renforcement des lois/ Adoption de nouvelles mesures
|
92/136
|
68%
|
Renforcement des structures étatiques
|
89/136
|
65%
|
Renforcement de la capacité économique des
femmes
|
89/136
|
65%
|
Encourager les femmes et les filles à s'organiser
|
88/136
|
65%
|
Assurer l'équité entre l'homme et la femme
|
87/136
|
64%
|
Sensibiliser les hommes à respecter les droits des
femmes
|
57/136
|
42%
|
Campagne de motivation à la radio
|
56/136
|
42%
|
Encourager l'intégration des femmes dans les
activités politiques
|
55/136
|
40%
|
Alphabétisation pour les femmes et les hommes
|
54/136
|
40%
|
publications des lois pour que les femmes en soient au courant
|
53/136
|
39%
|
Encadrement des Associations de femmes par l'Etat et le
Gouvernement
|
52
|
38%
|
Autres
|
52
|
38%
|
* Plusieurs réponses ont été données
en même temps par les répondantes, donc l'ensemble des
réponses ne totalise pas 100%, soit 136 répondantes.
* 1Amnesty international:
http://web.amnestyinternational.org
* 2Association Internet pour la
Défense et la Promotion des Droits de l'Homme (AIDH):
http://.aidh.org/Femme/HP_DdF.htm
* 3 Institut Haïtien de
Statistique et d'Informatique (IHSI), Résultat final du 4e
Recensement Général de Population et d'Habitat de 2003.
* 4 Policy Project II,
Femme et Développement, Volume 1, No. 1, 8 mars 2001, p.2.
* 5 Ibid, p.1.
* 6 MCFDF :
Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des
Femmes, Rapport National Beijing+10, p.6. Source : ,
http://www.cities-localgovernments.org/uclg/upload/docs/HAITI_French.pdf
* 7 Policy Project, Loc.
Cit., p.2.
* 8 SOFA : Solidarite Fanm
Ayisyen (Solidarité entre les femmes haïtiennes), Rapport Bilan
III, juillet 2006, p.1. Source :
http://www.collectif-haiti.fr/data/File/sofa_rapport_2006_1.doc
* 9 Article 2 de la
Déclaration Universelle des droits de l'Homme de 1948.
* 10 Clorinde, Zéphir,
Femmes pour la paix et la justice en Haiti, Montreuil, 8 mars 2007,
Sources:
http://www.penelopes.org/article.php3?id_article=4761
* 11 MCFDF, Loc. cit., p. 4..
* 12 Les
bibliothèques et Centre de documentation suivants ont été
consultés : Bibliothèque du Collège Notre Dame du
Perpétuel Secours du Cap-Haïtien, Bibliothèque du
Collège Regina Asumpta du Cap-Haïtien, le Centre de documentation
de Jurimédia du Cap-Haïtien.
* 13 Nous faisons
référence également à certains organismes du
système de l'Organisation des Nations unies.
* 14 Encyclopédie en
ligne Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_de_l'Homme
* 15 Sylvie GRUNVALD,
Initiation à la Formation « Ethique des droits de
l'Homme », terminologie générale.
* 16 Ibid.
* 17 AIDH:
http://www.droitshumains.org/enseign/tousles/index.html
* 18 Laqueur Walter et Rubin
Barry, Anthologie des Droits de l'Homme, Nouveaux Horizons, Manille,
1998, p.30.
* 19 Nations Unies, Etudes
approfondies de toutes les formes de violence à l'égard des
femmes, rapport du Secrétaire Général, 2006, p.16.
* 20 Article 18,
Déclaration de la Conférence de Vienne, 25 juin 1993.
* 21 Encyclopédie en
ligne Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_des_femmes
* 22 Ibid.
* 23 Dictionnaire Hachette
Encyclopédique, ed. 2001, p. 1734.
* 24Encyclopédie en
ligne Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Genre_sexuel
* 25 Brigitte Biche, Pour
une pratique de l'Approche genre dans le développement, Forum Echos
du Cota, p. 3.
* 26 Ibid.
* 27 Encyclopédie en
ligne Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Genre_sexuel
* 28 Centre D'Appui
Familiale /Save the children /HSI, Défis du Présent
et Rêves d'avenir : Plaidoyer pour une Responsabilité
Sociale/Etude sur la Situation et la Condition des filles de la rue et des
filles dans la Rue de la zone métropolitaine de Port-au-Prince,
2003, pp.12-13.
* 29 Fareda Banda et Christine
Chinkin, Minorités, Peuples Autochtones et
Sexospecificité, Rights Group International, 2006, p.7.
* 30
Sexospécificité et VIH/SIDA, Coll. Meilleures pratiques
d'ONUSIDA, 2000, p. 3.
* 31 Ibid.
* 32 Ibid.
* 33 Rôles
respectifs que les sociétés assignent aux femmes et aux
hommes.
* 34Encyclopédie en
ligne Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9minisme
* 35 Ibid.
* 36 Guy Lagelée et
Gilles Manceron, la Conquête mondiale des droits de l'homme,
Unesco, 1998,
http://www.droitshumains.org/Femme/Drts_Femme.htm
* 37 Evandro Bonfim, Les
femmes haïtiennes, gardienne de la tradition libertaire du pays
(traduit par Anne Vereecken pour le Réseau d'information et de
Solidarité avec l'Amérique latine/RISAL ; Source :
ADITAL :
http://www.adital.org.br ) /
article publié sur le site : /
http://www.penelopes.org/article.php3?id_article=5023
, mars 2004
* 38 Ibid.
* 39 Claude MOISE,
l'Evolution du droit de la femme à travers l'histoire
constitutionnelle d'Haiti de 1804 à 1987, dans (Haiti: la
constitution de 1987 et les droits de l'Homme, Actes du colloque Internationale
MICIVIH-PNUD sous le patronage du Président de la République),
Port-au-prince, 28-29 avril 1997, p.116.
* 40 Danielle Magloire,
Les Haïtiennes dans la tourmente de la crise économique,
Nouvelle Image d'Haiti, Mars 2003- No. 15, p.2.
* 41Une organisation
féministe haïtienne fondée en 1987 dont le but est de
défendre les droits des femmes.
* 42 Ibid.
* 43 Ibid.
* 44 Ibid.
* 45 D'autres organisations
existent partout à travers les 10 départements
géographiques du pays, nous ne citons que celles qui sont les plus
connues et qui se trouvent dans la capitale haitienne.
* 46 Myryam Merlet ,
cité dans l'article « les femmes haïtiennes, gardiennes
de la tradition libertaire du pays ».
* 47 Danielle Magloire,
Loc.cit.
* 48 Certaines femmes que nous
avons questionnées et des membres des organisations de province et de la
capitale tels REFEJUS, ODEFAT (Organisation pour le Développement des
femmes truviennes), etc.
* 49 Ce terme créole
fait allusion aux femmes instruites de la classe moyenne et de la bourgeoisie
haïtienne. Ces femmes là sont des privilégiées qui ne
connaissent pas le sort de la majorité des haïtiennes.
* 50 Témoignage de
membres d'organisation de femmes (Regroupement des Femmes pour la Justice
Sociale)
* 51 Marie Frantz Joachin,
Mouvement féministe haïtien: Esquisses de Bilan et
perspectives, 7 mars 2007.
Source :
http://www.alterpresse.org/spip.php?article5743
* 52 Ibid.
* 53 Ibid.
* 54 MCFDF., Loc. cit.,
p.20.
* 55 Marie Frantz Joachin,
Loc.cit.
* 56 Ibid.
* 57 Article premier de la
Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination
à l'égard des femmes.
* 58 MCFDF., Loc. cit.,
p.15.
* 59 SOFA (Solidarité
entre les femmes Haïtiennes)
* 60 Ce mot vient du
créole haïtien et signifie « à
l'aube » en français
* 61 Des centres
« Douvanjou » sont établis dans les
départements de l'Ouest, Artibonite, Sud-est et la Grand-Anse
* 62 Alter Presse :
http://www.alterpresse.org/spip.php?article4036
, 27 janvier 2006
* 63 SOFA, Cas de Violence
accueillis et Accompagnés dans les centres Douvanjou de la SOFA de
janvier à juin 2006, Rapport Bilan III, p.3.
* 64Alter Presse :
http://alterpresse.org/spip.php?article5715
, 13 mars 2007
* 65SOFA, Loc.cit.,
p.3.
* 66 Ibid, p.4.
* 67 Conseil de l'Europe,
Rapport de la commission sur l'égalité des chances pour les
hommes et pour les femmes, Doc 9525, 17 juillet 2002, par. 7.
* 68 Alterpresse,
http://www.alterpresse.org/imprimer.php3?id_article=3835
* 69Le Nouvelliste,
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=42054&PubDate=2007-04-11
* 70 Ibid.
* 71 SOFA, Loc.cit.,
p.5.
* 72 Ibid.,,.,
p. 8.
* 73 Nations unies,
Loc.cit., p.47.
* 74 SOFA, Loc. cit,
p6.
* 75 Nations unies,
Loc.,cit, p.48.
* 76 Marie, G.O. Jean Baptiste
et Bonny Jean Baptiste, Femmes et pouvoirs : enjeux pour un
véritable développement d'Haiti, sept 2005, p.2
* 77 Cabinet dirigé
par le premier ministre Gérard Latortue (2004-2006) et celui
dirigé par Jacques Edouard Alexis (2006-à ce jour).
* 78 Jacques Charmes, Les
indicateurs de développement humain en Haiti, Cahier No. 2, juin
2002, p. 15,
http://hdr.undp.org/network/attachments/Calculating%20the%20HD%20Indices_Haiti.doc
* 79 MCFDF, Loc.cit.,
p.5.
* 80
Ibid.
* 81 Bureau d'Etudes TAG, 2001,
cité dans le rapport du MCFDF (Beijing+10), p. 6.
* 82 Ibid.
* 83CONEF, cité
dans « Etude Exploratoire sur l'Exploitation Sexuelles des
mineurs à des fins commerciales », pp.20-21.
* 84MAST/Haiti
Solidarité Internationale, Les Fondements de la Pratique de la
domesticité des enfants en Haiti, HSI, 2002, p.46.
* 85 Radio Métropole
Haiti/
http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.phtml?id=12435
* 86 Nations Unies, Loc.
cit, p.42.
* 87 Ibid., p
50.
* 88 Ibid., p.46.
* 89 Ibid, p31.
* 90 Ibid.
* 91 Ibid., p. 38.
* 92 Ibid, p. 32.
* 93 Amnysty
International, HAÏTI : Lettre ouverte au
président de la République d'Haïti, René
García Préval, à propos des recommandations d'Amnesty
International concernant la protection et la promotion des droits humains
/
http://news.amnesty.org/library/Index/FRAAMR360112006
, Document public Index AI : AMR 36/011/2006 Octobre 2006, EFAI
* 94 Ibid.
* 95 Nations Unies, Loc.
cit, p.32.
* 96 Ibid.
* 97 Ibid., p32.
* 98 Marie Frantz Joachin,
Loc.cit.
* 99 Ibid.
* 100 Nations Unies, Loc.
cit, p.36.
* 101 Rôles
respectifs que les sociétés assignent aux femmes et aux
hommes.
* 102 Nations Unies, Loc.
cit, p.42.
* 103 Heise,L. Violence
against women: the hidden health burden, world health statistic Quarters,
vol.46, No.1, 1993, pp. 78-85, cité par les Nations unies ( Loc.cit.,
p54) .
* 104 Cohen, M.M. and
Maclean, H. Violence against Canadian Women, BMC Womens health, vol.
4, (suppl. 1), august 2004, pp.S22-S46, cite par Nations unies ( Loc.cit., p.
55).
* 105 Heise, L., Ellsberg, M.
and Gottemoeller M., A global Overview of gender-based violence,
international journal of Gynaecology and obstetrics, vol.78, Suppl 1,
2002, pp.S3-S14 cité par ( Loc. Cit, p. 55)
* 106 Global coalition on
Women ans AIDS, cité par Nations unies (Loc. cit., p. 55)
* 107 Campbell, J. C.,
cité par Nations Unies (Loc.cit., p. 56)
* 108 SOFA, Loc. cit.,
p.12.
* 109 Lyon E., cité par
Nations Unies (Loc. cit., p. 56).
* 110 Moser, C., Moser, A.,
Background paper on gender-Based violence, cite par Nations unies ( Loc. cit.,
p.25).
* 111 Assemblée General
de l'ONU, résolution 60/1
http://www.un.org/womenwatch/daw/vaw/report.pdf
* 112 Sachs, J., Investing in
development: a practical plan pour achieve the Millenium development Goals,
cité par (Nations Unies, Loc.cit, p.25)
* 113 Nations Unies, Loc.cit.,
p.57
* 114 Lyon, E., cité
par Nations unies (Ibid., p. 57)
* 115 Kitzmann, K. M. et al.,
Cité par Nations unies (Ibid., p. 57).
* 116 Article 3 de la
Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination
à l'égard des femmes, en vigueur en Haiti le 20 juillet
1981.
* 117 MCFDF, Loc. cit.,
p.4.
* 118 Ibid.
* 119 Ibid.
* 120 SOFA, Loc.cit.,
p.7.
* 121 MOFKA : Mouvman
Fanm Aktif Kafou: lettre ouverte adressée au Ministre à la
Condition Féminine et aux Droits des femmes à l'occasion de la
journée internationale des femmes, Le Nouvelliste, no. 37580 du
vendredi 9 au dimanche 11 mars 2007, p.39.
* 122 Haut Commissariat aux
droits de l'Homme,
http://www.unhchr.ch/french/html/menu3/b/treaty1e_fr.htm
* 123 Préambule de
la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
* 124 Article premier de
la Déclaration.
* 125 Article 2-1 de la
Déclaration universelle des droits de l'homme.
* 126 Des amendements aux
articles 23,27 et 61 de la charte ont été adoptés par
l'Assemblée Générale des nations Unies le 17
décembre 1963 et sont entrés en vigueur le 31 août 1965. Un
autre amendement à l'article 61 a été adopté par
l'Assemblée générale le 20 décembre 1971. Un
amendement à l'article 120, adopté par l'assemblée
générale le 20 décembre 1965, est entré en vigueur
le 12 juin 1968, Source AIDH :
www.aidh.org/Biblio/Onu/LaCharte.htm
* 127 Reformée par le
protocole de Buenos aires en 1967, par celui de Cartagena de Indias en 1985,
par le protocole de Washington en 1992 et par le protocole de Managua en 1993/
Source OEA:
www.oas.org/juridico/fran%E7ais/charte.html
* 128 Article II de la
Déclaration américaine des droits et devoirs de l'homme.
* 129 Article 1 et 2 de
la Déclaration sur l'élimination de la discrimination à
l'égard de la femme.
* 130 Claude MOISE, Loc.
Cit., p.105.
* 131 Ibid.
* 132Ibid.
* 133 Ibid,
p.116.
* 134 Ibid,
pp.117-118.
* 135 Le Décret du 8
octobre 1982 donnant à la femme mariée un statut conforme
à la constitution et éliminant toutes les formes de
discrimination à son égard. Moniteur no. 75 du jeudi octobre
1982
* 136 Nations unies, Loc.cit.,
pp.118-131.
* 137 Collectif Haiti de
France/
http://www.collectif-haiti.fr/news.php?piId=198
* 138 ACDI (Agence canadienne
pour le Développement international) : Source :
http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900SID/KHII-6YL4Z4 ?OpenDocument
* 139
http://www.acdi-cida.gc.ca/INET/IMAGES.NSF/vLUImages/Performancereview2/$file/Haiti-fr.pdf
* 140Ibid.
* 141 Nations Unies, Loc.
cit., p.114.
* 142
www.whiteribbon.ca.
|