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Méthodologie d'évaluation de la capacité de l'aire de mouvement et gestion automatique de l'aire de trafic. Application à l'aéroport de Dakar

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par Alidou SINARE, MOUSTAPHA Amadou Roufa? et Juliette de Confia
EAMAC - Ingénieur 2007
  

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CHAPITRE 3: Présentation de l'état de l'art actuel des

méthodes d'évaluation de la capacité de l'aire de

mouvement

3.1 Introduction

La détermination de la capacité d'un module de stockage ne pose pas de gros problèmes. La capacité d'une citerne est par exemple de 100 hectolitres. Par contre, il est plus délicat de déterminer la capacité d'un module où s'écoulent des flux, dès lors que la présentation de ces flux à l'entrée du module ou du système est aléatoire. En effet, et sauf cas irréaliste, il est toujours possible d'écouler une quantité donnée. Cependant et suivant son importance, les conditions et le temps dans lesquels elle va être écoulée seront différents.

Dans ce chapitre, nous nous attellerons à dresser un panorama des études disponibles sur les méthodes d'évaluation de la capacité de l'aire de mouvement ou de l'un de ses différents maillons.

3.2 Quelques modèles existants d'évaluation de la capacité

i) Modèle proposé par la DGAC- STAC, France

Un modèle d'évaluation de la capacité d'un système de piste a été proposé par le STAC1. Le principe de calcul est basé sur l'application de la théorie de files d'attente à une seule piste. Quatre types de séquences d'opérations sont considérées : atterrissage suivi d'atterrissage, atterrissage suivi de décollage, décollage suivi d'atterrissage et décollage suivi de décollage. La capacité horaire CH (nombre maximum moyen d'avions par heure qui peuvent être servis par la piste) y est donnée par la formule empirique:

CH =

2

1

tAA

pttpptp

2 + + - + -

()(1 ) (1 )

AD DADD

où p est la proportion d'atterrissages sur les décollages ;

1 ex-STBA (Service Technique de Bases Aériennes, France)

tAA (respectivement tAD, tDA et tDD) est le temps moyen d'occupation de la piste pour une opération atterrissage-atterrissage, (respectivement atterrissage-décollage, décollage-atterrissage et décollage-décollage).

Quelques valeurs standard pour tAA, tDD et CH sont :

- 60s» tAA » 150s

- 50s» tDD » 90s

- 30» CH » 80

Ce modèle ne prend pas en compte la distribution des instants d'arrivée ou de départ des avions et est donc très peu précis.

ii) Modèle de détermination de temps d'attente

Des modèles issus de la théorie des files d'attente [Ashford et Wright, 1979] permettent de tenir compte de la variabilité des temps d'opération.

è Ainsi, supposant que la loi de présentation des avions dans le système est poissonienne, que la politique de service est de type `premier arrivé premier servi' (FCFS 1) et que le système est à l'état stationnaire, on peut alors appliquer la formule de Pollaczek-Khinchin [Hillier et Lieberman, 2001], qui donne l'attente moyenne A dans le système :

2

A a

=. . ? + 2

2 1-s
p L

sp

? 1

1 2

est le taux de saturation, 2 est le

s = est le temps de service moyen, 2s

ñ==

p p

nombre moyen d'aéronefs qui demandent à être servis par unités de temps, a est l'écart type du temps de service de moyenne s.

Il ne peut y avoir d'état stationnaire que si 2? p, sinon l'attente est infinie.

1 :First Come, First Served

Figure 3: Attente moyenne théorique en fonction du taux de saturation

è Il est possible de proposer des modèles d'estimation des retards moyens beaucoup plus complexes sans que la précision soit nécessairement meilleure, par exemple, le STBA (1975) a proposé le modèle suivant :

An

()()()

2 ?

mtt

? ?ññññññ

-1-1?-

-1tt1?t ? -

t-1 ? ?

+ + ? ? +

? ?? + ??1 ??

22 2m22

22mmm ?

? ?

où : An est l'attente moyenne totale au cours de la nième heure, m = 2n-1, n est le nombre d'heures dans le même état,

2

t s, 2

= ? + 2 ó ?

? 1 ? ó est la variance du temps de service,

? ?

ñ = ëns, ën est la demande pendant la nième heure, s est le temps de service moyen.

A quelques facteurs près, toutes ces formules présentent des similarités, elles relient par une relation croissante le taux de saturation et le retard moyen. En se fixant de seuils remarquables, on déduit les niveaux de capacité opérationnelle et de capacité pratique comme l'indique cette figure :

Figure 4:Relation entre le retard, la capacité opérationnelle et la demande de trafic

Ainsi, se fixant un seuil d'attente de 4 minutes, le STBA (1986) en déduisait la capacité pratique de la piste.

Ces modèles ne peuvent tenir compte de façon précise de la configuration des pistes et des conditions réelles de trafic. En effet ces modèles ne prennent en compte qu'un nombre limité de facteurs parmi une multitude de facteurs qui influent sur la capacité du système de pistes et considère un état stationnaire du système, ce qui ne correspond pas à une situation de fonctionnement habituel.

Compte tenu des limites des modèles ci-dessus, différents auteurs se sont intéressés à évaluer la capacité aéroportuaire à partir de données statistiques de ses activités.

iii) Une approche statistique globale

En général, les études développées dans un sens statistique ont un caractère global compte tenu de la forte interaction entre les flux d'arrivée et de départ sur une ou plusieurs pistes. Il serait difficile d'en séparer les causes et les conséquences sur la capacité de chacun.

Nous citons ainsi l'approche statistique globale présentée par Gilbo (1993). La méthode utilisée consiste à estimer la courbe de capacité de l'aéroport en considérant conjointement le nombre d'arrivées et de départs par période de 15 minutes. Cette méthode est fondée sur l'hypothèse selon laquelle pendant la période considérée, les arrivées et les départs observés pendant les heures de pointe reflètent la performance de l'aéroport à son niveau maximum de capacité. Par conséquent, la courbe enveloppant les données observées est considérée comme une évaluation de la capacité de l'aéroport. Les données observées sont organisées selon les conditions de fonctionnement de l'aéroport afin de fournir des courbes de capacité pour différentes conditions spécifiques associées à des configurations de piste et de conditions météorologiques différentes. On suppose que l'aéroport utilise un ensemble limité de configurations de pistes avec une fréquence suffisante pour retirer des données statistiques en nombre suffisant afin d'estimer valablement les courbes de capacité. Les conditions atmosphériques sont groupées par catégories opérationnelles, reflétant ainsi les limitations conventionnelles de visibilité et de plafond. Des courbes de capacité peuvent alors être obtenues pour ces différentes conditions atmosphériques. La méthode considère à la fois le planning des arrivées/départs et l'ensemble des arrivées et des départs observés pendant des intervalles de 15 minutes sur une longue période (par exemple un mois ou plus). Les coordonnées de chaque point montrent le nombre d'arrivées et de départs effectués pendant le même intervalle de 15 minutes. La courbe de capacité est estimée en traçant une enveloppe convexe et linéaire par morceaux, pour couvrir l'ensemble de ces points. On en déduit une relation implicite reliant le nombre maximum de départs possibles au nombre d'arrivées.

Figure 5: Estimation de la capacité pratique selon Gilbo

La méthode précédente proposée par Gilbo élimine certaines valeurs extrêmes observées qui reflètent des événements rares pendant lesquels un aéroport fonctionne au-delà de ses limites opérationnelles normales, c'est-à-dire pendant une période de temps très courte, dans des conditions pouvant éventuellement mettre en jeu la sécurité des opérations. Les critères de rejet sont :

- la proximité des observations extrêmes aux observations les plus fréquentes

- la fréquence relative de ces observations extrêmes.

Dans son approche, Gilbo ne tient pas compte du fait que très souvent les atterrissages présentent un caractère prioritaire par rapport aux décollages. Aussi semble-t-il judicieux d'établir pour un niveau d'atterrissage donné la distribution des fréquences de décollage des aéronefs.

iv) Le Modèle ASAC de l'évaluation de la capacité de piste de la NASA

La NASA, dans le cadre de l'étude ASAC1, a développé un modèle pour l'évaluation de la capacité associée aux pistes d'un aéroport. Ce modèle est destiné à estimer la capacité d'un aéroport en fonction des conditions météorologiques, des procédures de gestion du trafic, de la demande du trafic et du niveau d'équipement de l'aéroport. La capacité est représentée comme la frontière de Pareto des flux des départs et des arrivées par période de temps. La durée de cette période peut varier de 15 à 60 minutes. Cette frontière est la limite supérieure au delà de laquelle les nombres de départs et d'arrivées ne peuvent plus être augmentés simultanément.

Afin de procéder au calcul de la capacité, les paramètres pij, le temps moyen entre deux opérations ýij , l'écart type du temps inter-opérations, où le premier avion est de type i et le deuxième est de type j, sont définis. La fonction de distribution des temps inter opérations N(t, p, ý), est supposée suivre une loi normale. Le temps moyen entre deux arrivées est alors donné par :

P AA t= ?? PP i N t , ì , ó

() j ( ij ij )
ij

Pi est la proportion d'avions de type i dans le flot des arrivants.

L'estimation du nombre d'arrivées sur la piste pendant une heure est alors donnée par l 'expression :

60

M

??

PiPj ij

ì

ij

Cette formule donne la valeur de la capacité associée à la situation où on considère uniquement des arrivées. Les départs seront alors insérées dans le flux des arrivées de manière aléatoire. La fonction de distribution du temps disponible pour effectuer cette insertion est donnée par :

p p N ? ì ìì ì ó óóó?

?? - - - +++

2 2 2 2

j ij RRc,ijRRc

i ??

A DAD

ptRRc() ---= ?? AD i j

En augmentant progressivement le nombre de départs on obtient une série de points qui décrivent la courbe de capacité.

1 Aviation System Analysis Capability

Ce modèle de capacité ne peut avoir qu'un caractère indicatif ; il sera difficile de l'utiliser pour évaluer l'influence de tel ou tel paramètre ou de telle ou telle modification d'une procédure opérationnelle sur la capacité du système de pistes. On peut ainsi considérer qu'avec ce modèle, on atteint la limite de ce que la théorie peut apporter pour évaluer la capacité d'un système de pistes.

v) Méthode analytique proposé par le docteur Antonio A. Trani1

Le principe de cette méthode est de partir du temps minimum qui sépare le traitement de deux avions consécutifs par le système de piste. La capacité cherchée sera alors l'inverse de ce temps minimal. Elle s'appuie à la fois, sur les performances des avions en approche et au départ, sur les séparations réglementaires et sur les catégories de turbulence de sillage. Ces données seront déterminées en tenant compte de la composition de trafic.

Cette méthode suppose deux hypothèses :

- La configuration ouverte (Opening case) : la vitesse d'approche Vi de l'aéronef i de tête est supérieure à celle de l'aéronef j (vitesse Vj) qui le suit en approche, Vi >Vj Le temps minimal qui sépare deux arrivées

consécutives est : )

ä

1 1

T=+ã-

ij (

ij V V V

j j i

Figure 6: Configuration ouverte.

1 Virginia Polytechnic Institute and State University, US.

- La configuration fermée (Closing case) : la vitesse d'approche Vi de l'aéronef i de tête est inférieure à celle de l'aéronef j (vitesse Vj) qui le suit en approche, Vi < Vj. Le temps minimal qui sépare deux arrivées

ä

consécutives est : T=

ij

ij V

j

Figure 7: Configuration fermée.

Finalement un temps minimal moyen de séparation entre deux arrivées consécutives est calculé en tenant compte de la probabilité d'occurrence des deux configurations cidessus. Pour la piste destinée à l'arrivée uniquement, la capacité sera donnée par :

C1
=

Tij

Dans le cas d'une piste destinée à l'atterrissage et au décollage, la méthode consiste à voir combien de départs il est possible d'insérer entre les arrivées ; soit n ce nombre. On aura :

C +

= 1

n

Tij

Cette méthode nous paraît satisfaisante. Cependant, les hypothèses (minima) prises en compte ne s'appliquent directement pas au cas des aéroports ASECNA.

Une des méthodes d'évaluation de la capacité de piste que nous allons proposer consistera à adapter ce modèle de Trani aux terrains ASECNA (Voir partie II).

vi) Méthode par simulation

Une autre approche de l'évaluation de la capacité est possible en essayant de modéliser directement les processus physiques mis en jeu, notamment avec leurs aléas et leur caractère non stationnaire. Suivant le degré de détail avec lequel les flux d'aéronefs sont appréhendés par les modèles de simulation, on discernera des modèles de type macroscopique.

vii) Quelques outils existants de calculs de capacités et de simulations

Des outils d'évaluation de la capacité existent :

- des outils algorithmiques dédiés à la détermination de la capacité aéroportuaire ou de l'un des maillons de l'aéroport (The FAA Airfield Capacity Model, CAMACA) ;

- des outils de simulation dédiés à la détermination de la capacité aéroportuaire ou de l'un des maillons de l'aéroport (ARCTerm, SIMMOD, RAMS+Sol, TAAM, OPAL) ;

- des outils de simulation généralistes (AUTOMOD, FLOWSIM).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault