A mon Père et à ma Mère qui consentent
d'énormes sacrifices pour financer mes études.
A tous mes Frères et Soeurs qui me soutiennent moralement
chaque fois que j 'en ai besoin.
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est le fruit de notre première
expérience en matière de recherche scientifique. Il doit
sanctionner notre formation au Diplôme d'Etude Approfondie du
Troisième Cycle Interuniversitaire en Economie (DEA-PTCIE) dans la
spécialité Macroéconomie appliquée et l'option
économie internationale. Je voudrais ici exprimer ma sincère
reconnaissance au TOUT-PUISSANT et à tous ceux qui ont contribué
de près ou de loin à sa réalisation.
J'exprime particulièrement ma gratitude au Professeur
Mama OUATTARA, Enseignant chercheur à l'UFR-SEG et Directeur du Centre
Ivoirien de Recherche Economiques et Sociales (CIRES), mon directeur de
mémoire pour son effort dans le suivi de la présente étude
et sa disponibilité permanente malgré ses multiples occupations.
J'adresse également mes remerciements :
Au doyen de l'UFR-SEG de l'Université de Cocody, le
professeur SEKA Pierre Roche pour sa rigueur dans le travail.
Au directeur du PTCI-Abidjan, le professeur Aké G. M.
N'GBO.
A monsieur Deuro N'GARESSEUM chercheur senior à la Cellule
d'Analyse des Politiques Economiques (CAPEC) pour sa disponibilité et
son précieux apport scientifique. A monsieur Saidou BA du FMI (Dakar)
pour la collecte des données.
Mes remerciements vont également à l'endroit de
mes amis KANTE Ibrahim Check, DIALLO Abdoul Kader, SYLLA Aboubacar de la
12ème promotion du DEA-PTCI, KOUAME Akrassi Kouakou Evrard et
tous les autres bienfaiteurs que nous ne pourrions nommément citer.
A tous ces groupes de personnes, nous souhaitons l'assistance et
la grâce de DIEU.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACR : Accords de Commerce Régionaux
ALENA : Accord de Libre Echange Nord
Américain
ANASE : Association des Nations de l'Asie du
Sud-Est
AR: Accord Regional
ASEAN: Association of South East Asian
Nations
ASS: Afrique Subsaharienne
BF: Burkina Faso
CC : Création de Commerce
CEAO : Communauté Economique de l'Afrique
de l'Ouest
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CEE : Communauté Economique
Européenne
CEMAC : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique Centrale
CIV: Côte d'Ivoire
COMESA: Common Market for Eastern and Southern
Africa
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur
le Commerce et le Développement
DC : Détournement de Commerce
G-B: Guinée Bissau
GATT: General Agreement on Tariffs and Trade
MERCOSUR : Mercado Comùn del Sur
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques
PIB : Produit Intérieur Brut
RDM: Reste Du Monde
SADC: Southern African Development Community
TEC: Tarif Extérieur Commun
TCI : Taxe Conjoncturelle à
l'Importation
TDP : Taxe Dégressive de Protection
TVA: Taxe sur la Valeur Ajoutée
UD: Union Douanière
UE: Union Européenne
UEMOA: Union Economique et Monétaire
Ouest Africain
ZLE: Zone de Libre Echange
SOMMAIRE
DEDICACE ..1
REMERCIEMENTS 2
SIGLES ET ABREVIATIONS 3
RESUME 5
INTRODUCTION 6
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES ET RESULTATS
D'ETUDES EMPIRIQUES ANTERIEURES 11
CHAPITRE 1 : FONDEMENTS THEORIQUES DES UNIONS DOUANIERES
12 CHAPITRE 2 : ANALYSE DE L'UNION DOUANIERE DE LA ZONE
UEMOA ET EVIDENCES EMPIRIQUES ..21
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE L'IMPACT DU
TARIF EXTERIEUR SUR LE COMMERCE INTRACOMMUNAUTAIRE ..29
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE 30
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES RESULTATS ECONOMETRIQUES 37
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS . ...42
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...46
ANNEXES . .....55
TABLE DES MATIERES 60
RESUME
L'intégration économique des pays doit engendrer
une meilleure allocation des ressources communes. Cela doit se traduire par une
création de commerce devant aboutir à des progrès
économiques, notamment une hausse du revenu national et une
amélioration du niveau de vie des habitants. Ces résultats
théoriques espérés de l'intégration
économique, connus depuis les travaux pionniers de Viner (1950) et Meade
(1955), ont inspiré les décideurs politiques dans leur
quête de bien-être pour les populations à créer
plusieurs zones de libre échange.
En zone UEMOA, l'instauration d'une union douanière
s'est concrétisée par l'application du Tarif extérieur
commun (TEC) qui est entré en vigueur le 1er janvier
2000.Relativement à l'application de cette politique commerciale et
à sa perspective d'expansion à toute la CEDEAO, cette
étude essaie d'analyser l'impact du TEC sur le commerce des pays membres
de cette organisation d'intégration sous-régionale.
L'étude utilise un modèle de gravité,
permettant d'estimer les déterminants du commerce intra-UEMOA en mettant
l'accent sur l'impact des réformes économiques des années
1994 et 2000.
Nos estimations révèlent que l'harmonisation
douanière intervenue au sein de l'UEMOA depuis le 1er janvier
2000 accroît substantiellement les échanges entre les Etats
membres. Mais que cette hausse résulte d'un détournement de
trafics au détriment des partenaires commerciaux non membres. En outre,
elles montrent également que, les variables classiques du modèle
de gravité (produit intérieur brut et par tête) affectent
positivement et significativement le commerce entre les partenaires de l'union.
Cependant, l'enclavement et la distance en augmentant les coûts de
transport, constituent des entraves criardes au renforcement des
échanges.
L'amélioration des infrastructures nationales de
transport et la densification du réseau intracommunautaire, dans le
cadre des politiques sectorielles de l'UEMOA, contribueront à
accroître le commerce intra-régional. La Côte d'Ivoire et le
Sénégal doivent jouer le rôle de leader dans la
réalisation de ce programme.
Mots clés :
Intégration régionale, Union douanière,
UEMOA, Modèle de gravité.
INTRODUCTION
L'intégration économique des pays doit engendrer
une meilleure allocation des ressources communes. Cela doit se traduire par une
création de commerce devant aboutir à des progrès
économiques notamment une hausse du revenu national et une
amélioration du niveau de vie des habitants. Ces avantages
espérés de l'intégration économique, connus dans la
littérature théorique depuis le travail pionnier de Viner (1950),
ont inspiré les décideurs politiques dans leur quête de
bien-être pour les populations à créer plusieurs zones de
libre-échange.
En outre, les accords d'intégration régionale
sont aujourd'hui une caractéristique majeure du commerce mondial. Les
dernières années sont caractérisées par une
augmentation de nombre de ce type d'accords, comme en atteste la citation
suivante, provenant de l'Organisation Mondiale du Commerce, (OMC) : « La
grande majorité des membres de l'OMC est membre d'un accord commercial
régional ou de plusieurs. La forte augmentation du nombre des Accords de
Commerce Régionaux (ACR) s'est poursuivie depuis le début des
années 1990. Quelque 250 ACR ont été notifiés
à l'OMC jusqu'en décembre 2002, dont 130 après janvier
1995. Plus de 170 ACR sont actuellement en vigueur : quelque 70 ACR
supplémentaires seraient opérationnels mais n'ont pas encore
été notifiés » OMC (2003).
Une autre évolution importante a été le
changement d'attitude des Etats-Unis, traditionnellement opposés aux
accords régionaux qu'ils considéraient comme un frein au
processus de libéralisation des échanges. Les Etats-Unis sont
maintenant profondément impliqués dans l'un des accords
régionaux (AR) les plus importants qui est l'Accord de Libre Echange
Nord Amérique (l'ALENA) et cherchent à étendre le
mouvement de régionalisation à l'ensemble du continent
américain avec l'initiative de la zone de libre-échange des
Amériques. Même le Japon et la Corée du Sud, derniers pays
industrialisés à ne pas être membres d'un AR sont
entrés dans le mouvement en signant un premier accord en 2002 avec
Singapour pour le Japon et avec le Chili pour la Corée du Sud.
De toutes les zones d'intégration et de regroupement,
la Communauté Economique Européenne (CEE), devenue par la suite
l'Union Européenne (UE), est l'exemple qui a exercé le plus de
fascination sur les pays africains. Cependant, sur le plan historique, les
efforts d'intégration en Afrique ont connu des succès
limités, notamment en terme d'accroissement des échanges
régionaux et, plus important encore, en terme d'amélioration de
la croissance
économique des pays signataires des accords
sous-régionaux (Guillaumont et Guillaumont, 1993). Selon Foroutan et
Pritchett (1993), l'échec de l'intégration en Afrique au sud du
sahara sur le plan du commerce régional s'explique fondamentalement par
l'incapacité et/ou le manque de volonté de la part des pays
membres à procéder à des réformes commerciales
préférentielles. Ces reformes constituent un préalable
nécessaire à la création de courants additionnels
d'échanges au sein des zones d'intégration. Langhammer (1992),
Foroutan (1993), Gunning (1995), Diouf (2002) et Sylla (2003) fournissent
d'intéressantes analyses sur les expériences d'intégration
régionale dans les pays en développement.
La prolifération des blocs régionaux
observée a probablement renforcé la motivation des pays du Sud
à poursuivre ou à réorienter leurs expériences
d'intégration, malgré le faible succès des tentatives
précédentes. Dans le cas des pays africains, cet argument
s'ajoute à celui de la marginalisation accrue du continent dans les
échanges mondiaux et au ralentissement de sa croissance
économique. En formant les blocs régionaux, ces pays
espèrent augmenter la taille de leurs marchés et obtenir des
gains de bien-être liés à l'accroissement de leurs
exportations.
Etant donné ce contexte international et les conditions
propres aux pays de l'UEMOA (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte
d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal
et le Togo), on comprend mieux la volonté des gouvernements de ces pays
de renouveler l'expérience après l'échec de la
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO) et de tenter une
nouvelle forme d'intégration régionale.
Ce faisant, ils renoncent à court terme à
certains gains et espèrent tirer d'avantage de profits (accroissement
des échanges, de l'investissement direct étranger,
économie d'échelle, etc...) de leurs nouvelles relations
économiques, à moyen et long terme. Ainsi, l'UEMOA vise à
surmonter les inconvénients dus à la taille réduite des
économies des pays membres, à renforcer la
compétitivité des exportations et minimiser les coûts
d'ajustement. Ces mesures de libéralisation, en modifiant la structure
des incitations, ont visé principalement à réduire le
rôle de l'Etat dans les activités économiques et à
promouvoir le développement du secteur privé.
En outre, les autorités de l'UEMOA ambitionnent de
favoriser, grâce à la libéralisation des échanges
dans le cadre de cette entité économique sous-régionale,
l'insertion harmonieuse et avantageuse de leurs économies dans la
mondialisation.
Au sein de l'UEMOA, les exportations intra-communautaires ont
représenté 9.6% des exportations totales de la zone en 1 980,
13% en 1 990 et 12 ,8% en 2003. Les exportations intra-
communautaires de l'UEMOA ont enregistré une croissance
constante sur la période 1980- 2003 avoisinant une moyenne de 12% des
exportations totales de la zone. Par ailleurs, les échanges
intra-communautaires sont caractérisés par leurs
instabilités par rapport à l'évolution des échanges
commerciaux totaux de l'Union. La performance du commerce interne de la zone
peut être attribuée au gain de compétitivité, suite
à la dévaluation du franc CFA de 1994, et d'une relative
création de commerce des entreprises commerciales obtenues suite
à la reforme des politiques commerciales dans le cadre de l'Union.
Elbadawi (1997), Yeats (1998) et Diouf (2002) constatent que
les AR en Afrique n'ont pas entraîné toujours l'accroissement
espéré des échanges commerciaux entre les pays. Les
études ont montré dans la plupart des cas, que
l'intégration économique entre les pays du sud, dans bien des
cas, révèlent une domination de détournement sur la
création de trafic (De Melo et Grether, 1997 ; Yeats, 1998).
De manière générale, la faiblesse du
commerce entre les organisations sous-régionales africaines
résulte de la combinaison de plusieurs contraintes dont l'absence de
complémentarité entre les profils de productions nationales,
l'inadéquation des initiatives de coopération et
d'intégration régionales, l'importance du secteur informel,
l'insuffisance d'infrastructures, notamment dans le domaine des transports et
des communications, les facteurs géographiques etc. Certains auteurs
comme Diouf (2002) explique l'insuccès des AR africains par la
méthode utilisée c'est-à-dire une intégration par
le marché des pays avant l'intégration physique, tandis que Sylla
(2003) parle d'égoïsme des gouvernants pour expliquer
l'échec de l'intégration en Afrique.
Yeats (1998), Foroutan et Pritchett (1993) et Frankel (1997)
reconnaissent qu'il existe cependant entre les pays africains, un potentiel
d'échange qui peut être développé en supprimant les
obstacles commerciaux (barrières tarifaires et non tarifaires, obstacles
naturels, etc.). Les AR d'Afrique peuvent donc constituer un important levier
de croissance, en favorisant l'accroissement des échanges commerciaux
entre les pays membres d'une part et, avec le reste du monde d'autre part. Ces
accords peuvent engendrer une création de commerce et l'expansion des
exportations, permettant ainsi aux pays membres de financer la croissance
économique.
A notre connaissance, l'étude de l'impact des AR Africains
sur l'expansion du commerce des pays signataires portent en
général sur le commerce intra-africain ou celui d'un groupe de
pays,
réunis au sein d'une organisation
sous-régionale, avec des partenaires extra africains (Elbadawi, 1997 ;
Yeats, 1998 ; Coe et Hoffmaister 1999 ; Cadot et al. 2000 ;
Carrère, 2002). D'autres encore comme N'garesseum (2003) et Gbetnkom et
Avom (2005) ont étudié l'impact spécifique de l'UEMOA sur
le commerce intra-communautaire. Mais les données utilisées ne
s'arrêtent qu'en 2000. Aussi, la mise en place de tarifs
extérieurs communs (TEC) depuis janvier 2000, nécessite-t-il une
évaluation d'impact réel sur l'orientation et l'intensité
des échanges communautaires, surtout qu'il devra à terme
s'étendre à toute la CEDEAO (Projet ECOTRADE).
Quelles ont été les premières
répercussions de cette politique commerciale sur les échanges
intra-communautaires? L'impact de ce tarif sur le commerce intra-communautaire
résulte-il du concept de création ou de détournement de
commerce? Enfin, l'instauration de celui-ci a-til modifié les
déterminants des échanges de l'Union ?
C'est dans le souci de répondre à ces
interrogations que nous avons décidé d'analyser l'impact de cette
Union douanière sur le commerce intra-communautaire six ans après
son entrée en vigueur.
Partant de ces différentes questions l'objectif
principal que nous visons à travers cette étude est
d'évaluer l'impact du tarif extérieur commun appliqué en
zone UEMOA sur le commerce intra-communautaire. De façon
spécifique, cette étude vise à :
> vérifier si le TEC a un impact sur le commerce
intra-communautaire ;
> vérifier, en cas d'impact positif, s'il s'agit de
création ou de détournement de trafic ;
> circonscrire les déterminants du commerce
intra-UEMOA après instauration du TEC.
Pour atteindre ces objectifs, nous partons principalement de
l'hypothèse que la suppression des barrières tarifaires et non
tarifaires au sein de l'UEMOA et l'adoption du TEC ont entraîné un
accroissement du commerce intra-communautaire, une amélioration des
échanges potentiels des économies. Elles ont aussi affecté
positivement la croissance économique des Etats membres de l'Union.
La problématique générale de cette
étude s'inscrit dans le cadre théorique de l'union
douanière dans le processus d'intégration économique. Il
importe par conséquent que l'étude puisse couvrir les aspects
aussi bien théoriques que pratiques de cette question. Ainsi,
après avoir exposé la théorie des unions douanières
et les principaux résultats d'études déjà
effectuées sur la zone (Partie I) , nous
analyserons l'impact du TEC sur le commerce intra-
communautaire de la sous-région UEMOA, tout en
recensant les principaux déterminants des flux commerciaux entre les
pays de l'union à l'aide d'un modèle économétrique
de gravité que nous spécifierons (Partie II).
Enfin, nous concluons par des recommandations de politiques
économiques.
PREMIERE PARTIE :
ASPECTS THEORIQUES ET RESULTATS D'ETUDES EMPIRIQUES
ANTERIEURES
Cette première partie vise essentiellement les
considérations théoriques et les supports empiriques qui
pourraient être utiles à la compréhension de
l'étude. Elle comporte deux chapitres : le premier expose les fondements
théoriques des unions douanières. Quant au deuxième, il
présente l'union douanière en zone UEMOA et les résultats
de certaines études déjà effectuées sur la zone.
CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES DES UNIONS
DOUANIERES
Ce premier chapitre met l'accent sur la théorie des unions
douanières et son implication sur les flux commerciaux basée sur
les travaux pionniers de J. Viner (1950) et ses extensions.
Section 1 : L'ANALYSE STATIQUE DE L'UNION DOUANIERE DE
VINER
Après avoir défini quelques concepts de notre
étude nous présenterons la version simple de l'analyse
douanière de Viner sur les flux commerciaux.
1) Définitions
Présentés parfois comme des remèdes
sûrs au retard économique des pays en développement, les
regroupements économiques se sont multipliés dans ces
régions à partir des indépendances. Cependant l'objectif
des regroupements, les dispositions prises, les secteurs concernés ne
sont pas les mêmes selon les cas. On distingue différentes formes
d'intégration : l'intégration par le marché,
l'intégration par la planification, l'intégration par les
règles. On parle aussi d'intégration par les infrastructures.
L'intégration par le marché est celle qui
accorde aux mécanismes du marché une place centrale dans le
développement des échanges et donc la réduction des
disparités entre économies. Elle est favorisée par la
proximité géographique culturelle ou par des liens
héritiers de l'histoire. L'intensification des échanges à
l'intérieur des régions peut être appréciée
par le critère des grands accords commerciaux qui lient les pays.
L'objectif recherché est de rendre les mêmes biens disponibles
partout, à des conditions de prix et de qualité proche. Elle
atteint une autre forme achevée lorsque l'Etat, pour définir et
faire triompher l'intérêt général aux dépends
de ceux des groupes, est amené à adopter des politiques
nationales communes et à transformer ainsi au plan communautaire
certaines compétences qui lui échappent.
Balassa (1961) distingue les étapes suivantes du processus
d'intégration par le marché :
La zone de libre-échange se limite
à un accord qui élimine les droits de douane et les restrictions
au commerce entre des nations qui conservent cependant des barrières
nationales particulières dans les échanges avec le monde
extérieur à la zone.
L'union douanière est une zone de
libre échange qui intègre certains domaines de la politique
commerciale des Etats membres. Elle implique d'une part la mise en place d'un
tarif extérieur commun vis-à-vis des importations du reste du
monde, et d'autre part le partage des recettes douanières entre les pays
membres selon les règles préétablies.
Le marché commun est une union
douanière qui est complétée d'une libre circulation des
facteurs de production (travail, capital) à l'intérieur de
l'espace. Il suppose l'absence d'obstacles tarifaires et l'existence des moyens
permettant d'imposer les règles de la concurrence.
L'union économique et monétaire,
étape ultime du processus désigne la forte convergence
des politiques économiques et des conjonctures, voire leur
définition par un organisme commun.
L'intégration par le marché se réalise
donc par un processus conduisant les pays membres vers un plus grand
degré d'unité et de libéralisation. De ce fait, la
concurrence se trouve être au centre du mécanisme de
l'intégration qui n'est efficace que dans les conditions de structures
de productions concurrentes.
L'expérience africaine montre qu'historiquement cette
séquence « logique » n'est pas observée ; les unions
monétaires ont souvent précédé les unions
économiques. Les zones de libre échange existaient de fait en
raison de flux non basés sur les avantages comparatifs, mais
plutôt sur la conjonction d'opportunités économiques
artificielles et sur l'existence de réseaux commerciaux transnationaux
à base ethniques.
Les analyses théoriques et surtout empiriques de
l'intégration économique portent essentiellement sur l'union
douanière qui est le premier instrument d'une politique commerciale. En
principe l'union douanière n'a pas besoin de règles d'origines
puisque les pays tiers supportent le même tarif quel que soit leur point
d'entrée dans l'union. La politique
commerciale extérieure à l'intérieur de
l'union relève de l'échelon communautaire. Les tarifs et les
quotas sont communs et les accords multilatéraux sont
négociés par la commission.
Le tarif extérieur commun est un tarif douanier
appliqué dans une zone de libre-échange aux produits en
provenance d'un pays tiers. L'objectif du TEC est de favoriser les
échanges intra-communautaires. On distingue les tarifs
spécifiés qui sont levés sous forme d'un montant par
unité du bien importé et les tarifs ad valorem qui sont des taxes
levées sous la forme d'une fraction de la valeur du bien
importé.
L'une des caractéristiques principales d'un accord de
commerce réside dans la discrimination créée à
l'encontre du monde. L'effet du tarif est d'augmenter le coût de
livraison des biens dans le pays importateur. L'union douanière,
symbolisée par la suppression des barrières tarifaires internes
à la zone et la constitution d'un tarif extérieur commun,
engendre tout d'abord des effets de création et de détournement
de trafic, qualifiés d'effets statiques ; l'extension des marchés
créée par l'union laisse apparaitre ensuite des effets dynamiques
liés aux économies d'échelle et à la
spécialisation.
2) La version de l'analyse statique de l'union
douanière de Viner
L'analyse statique des effets de l'union douanière
permet d'apprécier les effets de court terme de l'intégration
économique à travers les effets de création et de
détournement de commerce. Elle découle de la théorie des
unions douanières élaborée par J. Viner et ses
successeurs.
La création de l'union douanière consiste
à éliminer les droits de douane entre les pays membres et
à ériger un tarif extérieur commun calculé le plus
souvent sur la base d'une moyenne des anciens droits nationaux des pays.
La concurrence entre producteurs de l'union est accrue du fait
de la première mesure, tandis que le TEC peut avoir des effets
différents selon les pays. S'il est correctement calculé,
c'està-dire de manière à rendre compétitive l'offre
des pays partenaires membres, le prix mondial après tarif du produit
sera supérieur aux prix d'offre du pays partenaire communautaire. Ceci
conduit à une élimination du reste du monde sur le marché
communautaire. Le prix d'offre du pays partenaire s'impose alors sur le
marché domestique, la demande domestique est de ce fait satisfaite en
partie par la production domestique et par les importations
intracommunautaires, effet compensé par un changement de l'origine des
importations. Il s'ensuit un détournement de trafic du reste du monde au
profit d'un partenaire communautaire.
La création et le détournement des
échanges commerciaux sont des effets sur la production des
entreprises des pays partenaires communautaires. Dans une démonstration
de
Supposons que P soit le fournisseur le moins coûteux.
Cela signifie que Pp < Pw. Avant l'intégration, le
prix domestique des importations en provenance de P est de Ph = (1+
æ) Pp. La formation de l'union douanière augmente
clairement le bien-être du pays H au travers de la hausse du surplus du
consommateur du montant des aires A+B+C+D compensée en partie seulement
par la baisse du surplus des producteurs A et des recettes tarifaires C. Le
gain net en termes de bien-être résultant de la création de
commerce est représenté par l'aire B (le gain d'efficience
résultant du déplacement de la production de producteurs à
coûts élevés en H vers des producteurs à coûts
faibles en P) et D (la réduction de perte sèche pour le
consommateur provenant de la suppression de la distorsion de prix).
Supposons au contraire que W soit le fournisseur le plus
compétitif : Pp > Pw. L'union douanière sera
alors source de détournement de commerce. Avant intégration, le
prix domestique des importations en provenance de W est Ph = (1+
æ) Pw. Après intégration toutes les importations
en provenance de W seront remplacées par des importations en provenance
de P à un prix Pp inférieur. C'est l'effet de
détournement de commerce pur. Il y a également de la
création de commerce puisque les importations passent de
Co-Qo à C1- Q1. Le gain en termes de surplus du
consommateur est touj ours de A+ B+ C+ D, la perte de surplus du producteur
touj ours A, mais la perte en recettes tarifaires est maintenant de C+ G, car
le produit était disponible à un meilleur prix en W avant
l'union. L'effet net est donc de B+ DG, qui peut être positif ou
négatif.
Les conditions d'un effet global positif sont :
1) Une protection initiale élevée.
2) Une élasticité prix des importations
élevée.
3) Le fait que le partenaire dispose d'un coût de
production (et donc d'un prix dans ce cadre) proche du prix mondial.
On obtient donc un détournement nul si le prix du
partenaire est égal au prix mondial et un effet de création nul
si le prix du partenaire est égal au prix domestique. De manière
générale, le gain net est d'autant plus probable que les pays
sont différents en termes d'avantages comparatifs et donc de prix
relatifs. Plus ces prix relatifs sont différents, plus l'accord
régional « réplique » le libre échange mondial
et donc plus le gain net est important.
L'accord préférentiel rend profitable
l'exportation pour les producteurs en P de leurs produits vers H à un
prix supérieur au prix domestique. Il en va de même pour les
consommateurs en H qui se tournent vers les producteurs de P, dont le produit
est meilleur marché. Le processus se poursuit jusqu'à ce que le
nouveau prix d'équilibre Pu soit atteint. Par conséquent
les effets sur le bien être sont :
- Dans le pays H, les effets en termes de bien-être sont
comme précédemment ambigus, égaux à B + D -G, en
raison des effets contradictoires de création et détournement de
commerce.
- Le bien-être augmente de manière certaine en P. En
effet, les consommateurs perdent E+F mais les producteurs gagnent E+F+I. Il
s'agit d'un effet de création de commerce, I représentant les
profits faits par les producteurs en P sur leurs exportations vers H. Ce
résultat est souvent mis en avant pour expliquer le caractère
réciproque des accords préférentiels de commerce. En
effet, pour un autre bien, le pays H sera exportateur vers F et
bénéficiera donc des gains du pays exportateur apparents dans la
figure 2. Par conséquent, les gains espérés sont plus
importants lorsque les pays acceptent de baisser réciproquement toutes
leurs barrières au commerce.
Deux conclusions importantes se dégagent :
1) L'union douanière est d'autant plus créatrice
de commerce que les courbes d'offre et de demande sont élastiques,
entraînant un rapprochement de Pu et de Pw.
2) Le gain net pour les pays partenaires dans ce cas doit
être évalué ex-post car l'augmentation du coût de
production avec l'instauration de commerce entre les pays transforme une union
douanière en apparence purement bénéfique ex-ante en une
union douanière potentiellement néfaste ex-post.
b) Théorème de KEMP et WAN
L'analyse ci-dessus ne s'intéresse pas au commerce avec
le reste du monde après la constitution de l'union. Un résultat
important connu sous le nom de théorème de Kemp et Wan est qu'il
est toujours possible dans ce cadre de choisir un tarif extérieur commun
qui maintienne les importations en provenance du reste du monde constantes et
garantisse que l'union soit purement créatrice de commerce.
Il existe dès lors une possibilité de manipulation
optimale du tarif extérieur commun par les pays de l'union qui serait
néfaste au bien-être mondial.
Il convient de nuancer cet argument en soulignant que, dans
les faits, la formation d'unions douanières n'a pas contribué
à une augmentation du niveau de protection des pays membres. Cette
crainte semble donc rester assez théorique, d'autant plus que l'article
24 du GATT interdit explicitement toute hausse du TEC à la suite de la
formation d'unions douanières.
2) L'analyse dynamique de l'union douanière
Les effets dynamiques que l'on espère obtenir
grâce à l'ouverture d'un vaste marché communautaire sont
pour partie le prolongement des effets statiques et le résultat
classique de l'exploitation des avantages comparatifs de chaque pays dans le
cadre de la spécialisation. L'analyse dynamique,
caractérisée par la prise en compte du temps dans le processus
d'intégration, se résume en trois principaux effets que sont les
économies d'échelle, le développement de la concurrence et
les investissements au niveau de la zone intégrée.
En effet, les firmes de l'union bénéficient,
partiellement au moins, d'un vaste marché protégé. La
masse de leurs profits augmentant donc, elles peuvent investir dans des
techniques plus productives et mettre au point des produits nouveaux. La
concurrence permettra, par le biais des droits de douane, de rendre les firmes
compétitives et donc efficaces à l'intérieur de la zone
intégrée. L'effet investissement est stimulé au niveau de
chaque pays membre par la concurrence qui offre des possibilités accrues
d'exploitation.
L'extension du marché conduit donc à renforcer
la compétitivité et l'efficacité des firmes à
l'intérieur de la zone intégrée. L'union douanière
révèle les potentialités latentes des pays. Ces
phénomènes ont pour corollaire la spécialisation et la
division du travail qui, à terme, permet de réduire les
coûts de productions. Ce n'est plus la complémentarité,
mais la concurrence entre les économies qui est gage d'une augmentation
de la croissance et de la compétitivité des pays membres de
l'union.
Dans le cadre des pays en voie de développement tels
que ceux regroupés au sein de l'UEMOA, il est généralement
postulé que les économies d'échelle apporteront une
contribution substantielle à la zone intégrée. Ce qui nous
amène à analyser l'union douanière de la zone UEMOA objet
du chapitre suivant
CHAPITRE II :
ANALYSE DE L'UNION DOUANIERE DE LA ZONE UEMOA ET
EVIDENCES EMPIRIQUES
Ce chapitre a pour objet de faire une analyse de l'union
douanière en zone UEMOA en présentant d'une part les
spécificités de l'UEMOA et d'autre part d'exposer les
résultats de certaines études déjà
effectuées.
Section 1: SPECIFICITES DE L'UEMOA
L'objectif de cette première section est de faire une
analyse descriptive du commerce au sein de l'UEMOA. Toutefois pour mieux
comprendre cette analyse il n'est pas superflu de présenter
succinctement l'entité UEMOA et sa politique commerciale.
1) l'UEMOA et sa politique commerciale
Dans cette sous-section nous présentons brièvement
l'entité UEMOA et sa politique commerciale.
a. L'union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine
L'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)
est l'expression de la volonté de huit Etats (Le Bénin, le
Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le
Niger, le Sénégal et le Togo) de consolider leur union
monétaire et de relancer le processus d'intégration
économique de la sous-région, pour en faire une zone de
croissance économique et de prospérité.
L'espace constitué par ces huit Etats couvre une
superficie totale de 3.509.610 km2 et abritait, en 2003, environ
75.900.000 d'habitants. L'entité UEMOA n'est pas homogène mais
constituée d'Etats différents sur le plan de la localisation
géographique, de la dotation en ressources naturelles, des niveaux de
revenus (national et par tête), etc.
Les Etats de l'Union disposent d'importantes ressources
minières, notamment l'or, les phosphates, l'uranium, le pétrole
et le gaz naturel. Cependant, la faiblesse des investissements en
infrastructures de communication et d'énergie, ainsi que le retard dans
la formation des ressources humaines constituent des handicaps pour leur
exploitation. Ces handicaps limitent fortement l'accroissement de la production
et des échanges commerciaux intra-UEMOA d'une part et, entre l'union et
les pays tiers d'autre part.
Le PIB nominal de l'union, en 2005, a été
évalué à 23 130,5 milliards de FCFA, soit environ 28,45%
du Produit Intérieur Brut de la sous région Ouest Africaine. Le
PIB nominal moyen par tête a été estimé, la
même année, à 491,578 dollars des Etats Unis.
L'économie de l'union est dominée principalement par la
Côte d'Ivoire et Sénégal dont les PIB national et par
habitant sont les plus élevés. (cf. graphiques 1 et 2 en annexe
1.)
La Côte d'Ivoire et le Sénégal ont
représenté, cumulativement, 59,20% et 54% du PIB de l'union en
1999 et 2005 respectivement. Ils ont, par ailleurs, les niveaux de PIB par
habitant les plus élevés et les secteurs industriels,
relativement plus développés, par rapport aux autres membres de
l'union.
A cet effet, le processus d'intégration engagé
par l'UEMOA vise à assurer aux Etats membres, une croissance
économique soutenue et un développement commun
équilibré de leur pays et de leurs populations. Il traduit la
volonté des Etats de créer des relations de solidarité et
d'aboutir à une adhésion populaire, gage de
pérennité du processus d'intégration.
b. La politique commerciale de l'UEMOA
L'objectif de la politique commerciale commune de l'UEMOA est
de consolider et de rendre attractif, du point de vue des investissements, le
marché régional induit par l'Union douanière. Les actions
entreprises à cet effet visent tant à assurer une participation
efficiente de l'union au système commercial multilatéral de
l'OMC, qu'à élargir les débouchés des entreprises
de l'Union par la conclusion d'accords bilatéraux en matière
commerciale et d'investissements.
Au titre du marché commun, les Etats membres de l'UEMOA
ont procédé à la libéralisation du commerce
intra-communautaire et à l'instauration du Tarif Extérieur Commun
(TEC) afin de transformer les espaces économiques nationaux en une union
douanière. Concernant le désarmement tarifaire interne, les
produits de cru et de l'artisanat traditionnel bénéficient de la
libre circulation, en franchise des droits et taxes d'entrée. Les droits
et taxes d'entrée sur les produits industriels originaires
agréés ont subi, depuis janvier 2000, un abattement de 100%
tandis que ceux qui frappent les produits industriels originaires non
agréés sont réduits de 5%.
Le Tarif Extérieur Commun est en vigueur depuis janvier
2000. Il se caractérise, entre autres, par la simplification des
systèmes tarifaires en vigueur dans l'Union et son ouverture sur
l'économie mondiale. L'architecture du TEC comprend trois droits et
taxes à caractère permanent et deux taxes temporaires. Le Droit
de Douane, fixé à 20% au
maximum, la Redevance Statistique de 1% et le
Prélèvement Communautaire de Solidarité (PCS) de 1%
constituent les droits et taxes à caractère permanent.
Les taxes non permanentes sont la Taxe Dégressive de
Protection (TDP) et la Taxe Conjoncturelle à l'Importation (TCI). Elles
sont destinées à apporter une protection complémentaire
aux filières affectées par la réforme. Le dispositif
comprend par ailleurs un système de valeur de référence
sur certains produits, pour, notamment, lutter contre le dumping, les
subventions et les variations erratiques des cours mondiaux.
Pour conclure, l'on peut noter que l'UEMOA est l'une des
expériences d'intégration régionale les plus
réussies en Afrique même si beaucoup d'efforts restent à
faire ; notamment dans l'accroissement de son commerce intra-régional.
Objet de la deuxième partie de cette section.
2) Les caractéristiques du commerce intra-UEMOA
De façon générale, cette sous-section
porte sur une analyse descriptive du commerce intra-communautaire de l'UEMOA.
Après avoir mis en évidence les caractéristiques de son
commerce un passage en revue des obstacles au développement du dit
commerce suivra pour tenter d'expliquer sa faiblesse.
a. La participation au commerce intra-communautaire des
pays de l'union
Les productions nationales, au sein de l'UEMOA, sont
très peu complémentaires, ce qui affecte la croissance du
commerce intra-communautaire. La dotation en res sources naturelles, presque
similaires, contraint les Etats de l'union à produire les mêmes
groupes de biens qui sont exportés hors de l'union. Seulement
l'excédent de la production est écoulé sur le
marché sous régional. Ceci explique la faiblesse du niveau du
commerce entre les pays membres de l'union. Comme le montrent les
données (des tableaux 1 et 2 en annexe 2).
Il ressort de l'analyse de ces tableaux 1 et 2 que le commerce
intra-UEMOA est fortement concentré. Ainsi, environ 42,5% des
exportations du Togo sont destinées aux Etats de l'union. Suivi du
Sénégal, Bénin et la Côte d'Ivoire avec
respectivement 25%, 15,9% et 10,9% quant aux autres avec moins de 10% de la
valeur de leurs exportations.
Concernant les importations, plus de 30% des importations du
Burkina Faso sont d'origine intra-communautaires. Il est suivi du Mali (23,7%)
et de la Guinée Bissau (22,5%).
A l'image du continent africain, la faiblesse du commerce
intra-UEMOA est notoire. Plusieurs obstacles sont souvent évoqués
pour expliquer cette faiblesse des échanges
entre pays membres d'organisations sous-régionales
africaines. Dans les lignes qui suivent nous tenterons d'en relever quelques
uns.
b. Bref aperçu des obstacles aux échanges
commerciaux intra-communautaires
En dépit des nombreuses dispositions institutionnelles
(schéma de libéralisation du commerce, tarif extérieur
commun et politique commerciale commune) instaurées dans l'union en vue
de promouvoir le commerce intra-communautaire, force est, aujourd'hui, de
constater que les échanges commerciaux officiels entre ces pays ne
représentent qu'une faible part de la totalité de leur commerce
et ont tendance à stagner voire à régresser. La faible
performance du commerce intra-communautaire s'explique par plusieurs
contraintes :
§ 1. Contraintes liées à la structure de
production de biens
L'un des principaux obstacles au développement des
échanges commerciaux en Afrique en général et dans l'UEMOA
en particulier réside dans la similitude de la structure des biens
produits dans les différents pays. En effet, la plupart des pays
africains fournissent pratiquement les mêmes produits de base agricoles,
alors que les besoins les plus pressants sont les produits manufacturés
(qui représentent en moyenne près de 73% de leurs importations)
pour lesquels les pays développés à économie de
marché ont un avantage certain.
Cette situation reflète l'absence de coordination et
d'harmonisation des politiques de production et de commercialisation. En outre,
le faible niveau technologique entraîne des coûts de production
assez élevés, ce qui provoque un renchérissement des biens
locaux par rapport aux biens importés.
§ 2. Contraintes liées aux infrastructures
Les infrastructures, notamment de transport et de
communication constituent de puissants catalyseurs du processus
d'intégration économique, en ce qu'ils peuvent grandement
faciliter la circulation des personnes, des biens et des services.
Le commerce intra-communautaire se trouve par
conséquent entravé par l'insuffisance de l'infrastructure,
notamment dans le domaine des transports et des communications. Le
réseau routier est constitué en grande partie de voies non
bitumées, donc impraticables sur une grande partie de l'année.
Section 2 : EVIDENCES EMPIRIQUES
Dans cette section, nous présentons d'abord les arguments
en faveur de la création d'une union douanière puis
les résultats d'études déjà effectuées sur
la zone.
§ 3. Contraintes liées au cadre
institutionnel
Défaillance dans l'application des textes visant
à l'expansion du commerce intra-communautaire due à l'absence de
mesures de contraintes ou de sanctions en cas de non application des
dispositions communautaires. Un autre argument avancé pour justifier la
réticence de certains gouvernements à appliquer les accords ou
protocoles communautaires est l'importance excessive accordée à
la souveraineté nationale.
Les obstacles non-tarifaires, c'est-à-dire un certain
nombre de mesures protectionnistes, qui se traduisent par les nombreux barrages
routiers et les postes de douane entre les pays, ceci en dépit des
résolutions qui ont été prises en vue d'assurer une libre
circulation des biens et des personnes. Toutes ces entraves non tarifaires sont
de nature à donner un coup d'arrêt au développement des
échanges commerciaux intra-communautaires. Il convient de
remédier à cette situation qui viole l'esprit de l'union
douanière et du marché commun.
Enfin, les tensions sociopolitiques dans lesquelles se sont
englués des Etats de l'union (Côte D'Ivoire, Togo) au cours de ces
dernières décennies ont également affecté les
performances et les perspectives de ces pays ainsi que celle de la zone
d'intégration économique (la crise ivoirienne surtout). En effet
ces tensions sociopolitiques ont entraîné la destruction massive
de l'outil de production, désorganisé l'appareil administratif,
favorisé le développement du chômage urbain et les fuites
des capitaux.
La présente analyse du commerce intra-UEMOA a
révélé un commerce d'un niveau encore très faible
par rapport au reste du monde. Ce commerce repose sur des produits
essentiellement primaires et est animé par un nombre restreint de pays.
Il est par ailleurs en proie à diverses difficultés dont celles
liées à la structure de production, aux infrastructures de
transport et communication et autres.
Toutefois, des efforts considérables sont
déployés aux niveaux, régional, sous-régional et
bilatéral pour faciliter le commerce intra-régional. Il s'agit,
notamment de la signature de conventions, protocoles et accords, ainsi que de
la création d'institutions et de l'adoption d'initiatives visant
à faciliter les échanges. Cependant, encore faut-il pouvoir
concrétiser dans les faits tous ces efforts.
1) Arguments en faveur de l'union douanière en zone
UEMOA
Les arguments en faveur de l'union douanière sont
fondés sur le fait qu'elle est plus avantageuse que la
libéralisation commerciale unilatérale.
Les pays de la zone UEMOA étant économiquement
faibles, une libéralisation commerciale unilatérale de leurs
économies engendrera plus de problèmes qu'une
libéralisation régionale ou multilatérale. En effet, une
libéralisation unilatérale risque de les priver d'un
élément spécialement important : « l'accès au
marché ». De plus, une libéralisation unilatérale
risque de ne pas leur conférer le pouvoir de négociation dont ils
ont besoin.
Le premier élément qui milite en faveur d'une
union douanière (U.D.) en zone UEMOA est l'accès au marché
et le pouvoir de négociation. En effet, les pays de l'UEMOA ont besoin,
pour accéder au commerce mondial de se constituer en U.D. ayant un
pouvoir de négociation non négligeable. Les termes de
l'échange des membres d'une telle union douanière
dépendent des prix internationaux et droits qui leur sont imposés
par le reste du monde. Dans la mesure où le niveau de ces droits peut
être influencé par la négociation, une union
douanière qui augmente le pouvoir de ses membres est
nécessairement bénéfique.
Le second argument est relatif aux contraintes de
règles d'origine qui constituent davantage une contrainte qui
pèse sur les partenaires dans une zone de libre échange (ZLE)
qu'un atout. C'est dans les principes même de leur fonctionnement
qu'elles constituent un handicap. Dans une ZLE, les exportateurs situés
dans les pays tiers ont l'habitude de passer par le marché du pays
membre dont les droits à l'entrée sont les plus faibles. Cette
« déviation de commerce » conduit les partenaires à
adopter des réglementations destinées à déterminer
si une marchandise est originaire de la zone et donc admise à
bénéficier de la franchise de droits. Ces réglementations
ont le même effet que les barrières commerciales externes de
chaque pays tout en supprimant celles qui existent entre pays partenaires
entraînent deux types de conséquences :
- l'existence de taux de tarifs différents des pays
partenaires par rapport aux pays tiers, nécessite des règles
d'origine : les produits qui circulent entre les pays de la zone doivent avoir
pour origine : l'un des pays partenaires afin d'éviter les
déviations de commerce.
- La différence des taux de protection implique que les
producteurs dans la zone ne peuvent pas faire face aux même prix de biens
échangeables et non échangeables dont la fabrication
nécessite des quantités importantes de biens
intermédiaires à des prix différents dans les
pays partenaires
Ces conséquences empêchent naturellement la ZLE
d'évoluer vers un marché unique tant qu'il n'y a pas
d'unification tarifaire (Krueger, 1993). En revanche, on peut imaginer qu'un
groupe de pays formant une union douanière supprime les
procédures frontalières entre eux. Mais il est impossible que
cela arrive dans une ZLE en raison du nécessaire production de preuves
de l'origine des produits qui circulent dans la zone.
De ce point de vue, la fourniture de la documentation prouvant
l'origine des produits est une tâche ardue. L'union douanière est
donc préférable pour toutes ces raisons à la zone de libre
échange. Toutefois, que disent les résultats d'études
faites sur la zone UEMOA ? Objet du point suivant de cette sous-section.
2) Résultats d'études empiriques
antérieures
Cette sous section consistera à présenter les
résultats des études déjà effectuées
sur la zone.
Ainsi à l'aide d'un modèle d'équilibre
général calculable statique et multi pays Decaluwé et
al. (1998) évaluent les effets potentiels de la création
d'une union douanière en zone UEMOA. Les résultats des
simulations montrent que l'union douanière est bénéfique
sur le bien-être dans presque tous les pays malgré la
diversité dans les gains, la nature et l'ampleur de l'ajustement requis
dans divers pays. Et aussi que, la création d'une zone de libre
échange n'engendre que de faibles gains par rapport à ceux de
l'union douanière. En outre, la mise en place de l'union
douanière a une incidence positive (au détriment des partenaires
extérieurs à cause du détournement de commerce
observé) sur les échanges régionaux au sein de l'union qui
augmentent de près de 9%.
Toutefois ils soulignent que les gains de bien-être
mentionnés dans l'étude sont probablement sous-estimés. En
effet, la prise en compte dans l'analyse des barrières non tarifaires,
de la non convexité dans la technologie des firmes ou des effets
d'accumulation des facteurs aurait probablement généré des
gains plus substantiels.
Laporte (1996) utilisant lui le modèle de
gravité qui comprend l'ensemble des pays de la CEDEAO montre comment
l'UEMOA pourrait s'affirmer comme le pôle de développement durable
en Afrique de l'ouest.
D'autres comme N'garesseum (2003) et Gbetnkom et Avom (2005) ont
étudié l'impact spécifique de l'UEMOA sur le commerce
intra-communautaire. Les résultats de ces deux
études (en dehors de la différence dans
l'échantillon retenu) indiquent que l'intégration
régionale accroît substantiellement les échanges entre les
Etats membres de l'union après les réformes économiques et
que cet accroissement n'est pas seulement dû à un
détournement des flux commerciaux au détriment des partenaires
hors UEMOA.
En plus celle de Gbetnkom et Avom montre également
l'existence de potentialités commerciales importantes entre les
économies de la sous-région.
Toutefois les données utilisées ne
s'arrêtent qu'en 2000. Aussi, la mise en place de tarifs
extérieurs communs (TEC) depuis janvier 2000, nécessite t-il une
évaluation d'impact réel sur l'orientation et l'intensité
des échanges communautaires. Une telle évaluation est surtout
utile car elle permet de mesurer l'écart entre les échanges
réels et potentiels afin d'apporter les mesures correctrices
nécessaires.
Ainsi notre travail vise à évaluer
essentiellement l'impact du TEC appliqué en zone UEMOA sur le commerce
intra-communautaire sans toutefois omettre de recenser les déterminants
du commerce intra-communautaire. Ce qui est l'objet de la partie II de notre
étude.
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE ECONOMETRIQUE DE L'IMPACT DU TARIF EXTERIEUR
COMMUN SUR LE COMMERCE INTRA- COMMUNAUTAIRE
Cette deuxième partie constitue la partie principale de
notre étude. Elle comporte deux chapitres : le premier est
consacré à la présentation du modèle tandis que le
deuxième porte sur la présentation et l'analyse des
résultats.
CHAPITRE III :
METHODE DE RECHERCHE
Ce chapitre porte essentiellement sur la présentation
du modèle utilisé. Il comporte deux sections dont l'une porte sur
la spécification du modèle et l'autre décrit les sources
des données qui ont servi à l'analyse.
Section 1: LE MODELE ECONOMETRIQUE
Il existe plusieurs techniques et méthodes
d'évaluation des échanges régionaux (nous pouvons citer le
suivi d'indicateurs macroéconomiques tels que la croissance et
l'inflation, les flux commerciaux et avantages comparatifs
révélés etc.). Parmi celles-ci, le modèle de
gravité est un outil simple et très efficient pour prédire
les volumes de commerce bilatéral. L'application du principe de
gravitation aux volumes commerciaux est sans doute l'une des relations
empiriques les plus stables et les plus robustes en économie (Mucchielli
et Mayer 2005).
1) Fondements théoriques et justifications
empiriques du modèle de gravité
Le modèle de gravité est une appellation
générique de la famille des modèles quantitatifs
développés par l'astronome Stewart en 1940. Il a connu un large
succès empirique depuis les années 60 (Evenett et Keller, 2002).
Cependant, malgré ce succès, le modèle de gravité a
souffert pendant plusieurs années, sur le plan économique, d'une
absence de fondements théoriques. Les multiples formes d'équation
du modèle qui se sont succédées dans la littérature
empirique peuvent s'expliquer par l'absence d'une théorie consensuelle
(Tinbergen, 1962 ; Pöyhönen, 1963 ; Linneman, 1966 ; Aitken, 1973 ;
Sapir, 1981).
Grâce à une récente vague des travaux
théoriques, le modèle de gravité est passé d'un
embarras de pauvreté des fondements théoriques à un
embarras de richesse des origines théoriques. En dépit du fait
que les discussions continuent, il est désormais reconnu que les
fondements théoriques du modèle de gravité sont
justifiés par des considérations microéconomiques
(Timbergen, 1962 ; Linneman, 1966 ; Anderson, 1979), par des théories du
commerce international (Bergstrand, 1985 ; Deardorff, 1995) et enfin par la
nouvelle économie géographique (Stewart, 1940).
Bergstrand (1985) est par exemple parvenu à
dériver les équations gravitationnelles pour les produits
différenciés en s'appuyant implicitement sur les modèles
structurels ricardien, d'Heckscher-Ohlin et de rendements d'échelle
croissants.
Si les applications du modèle de gravité sont
nombreuses en Europe et en Amérique Latine (Balassa et Beuvens, 1988 ;
Wang et Winters, 1992 ; Baldwin, 1993 ; Eichengreen et Bayoumi, 1995), elles
sont en revanche assez rares dans les pays africains. La première
application à notre connaissance du modèle de gravité aux
pays d'Afrique au Sud du Sahara (ASS) est l'oeuvre de Foroutan et Pritchett
(1993). Le but visé par ces deux auteurs était de pouvoir
quantifier les échanges potentiels intra-ASS pour les comparer au niveau
du commerce observé. Ils parviennent à la conclusion que le
niveau des échanges intra-ASS est faible pour des raisons
structurelles.
D'autres, comme Naudet (1993), pensent plutôt que le
faible niveau des échanges découle du fait que les pays de la
région n'exploitent pas totalement leurs potentialités
commerciales. Pour ce dernier, le commerce de l'Afrique de l'Ouest pour ne
prendre que cet exemple pourrait représenter 25% du commerce total d'ici
2020.
Laporte (1996) utilise le même modèle en
intégrant l'ensemble des pays de la CEDEAO pour montrer comment l'UEMOA
pourrait s'affirmer comme un pôle de développement durable en
Afrique de l'Ouest.
Dans le souci de circonscrire les déterminants du
commerce intra-africain, Elbadawi (1997) va aussi utiliser le modèle de
gravité traditionnel en intégrant dans son échantillon
quelques groupements régionaux africains. Il insiste
particulièrement sur l'impact des unions monétaires sur le
courant des échanges régionaux. Son travail se situe dans la
lignée de ceux réalisés par Andrew K. Rose (2000, 2002a).
Ce dernier auteur a montré qu'à des niveaux de
développement comparables, les pays appartenant à une union
monétaire commercialiseraient 3,3 fois plus que celui obtenu par Nitsch
(2002) sur le même échantillon mais corrigé des variations
multiples.
D'autres travaux intéressants ont été
réalisés (Mukherjee et Robinson, 1996 ; Cassim et Hartzenburg,
1997 ; Carrère, 2002). Ils conduisent pour la plupart à des
résultats appréciables confirmant l'avantage du modèle de
gravité par rapport aux autres méthodes.
En effet, celui-ci possède un double avantage : (i) Il
constitue une norme de référence pertinente pour
l'évaluation des effets des AR (en prédisant quel aurait dû
être le commerce bilatéral en leur absence) ; (ii) L'introduction
de variables muettes dans ce modèle permet de quantifier directement les
créations et détournements de trafic suite à la mise en
place d'un accord. Ainsi, il nous est possible d'isoler les
caractéristiques inobservables d'un couple de pays qui peuvent
influencer son commerce bilatéral (comme le partage d'une langue
commune, de liens historiques, etc.). Cet impact était en partie
capté, dans les études précédentes (Frankel (1997),
Eichengreen et Bayoumi (1995) ou encore Foroutan et Pritchett (1993), par les
variables relatives aux AR.
Le modèle de gravité proposé dans le cadre
de ce travail s'inspire de la littérature empirique sur ce sujet.
2) Spécification du modèle
Dans sa forme la plus simple, formulée par Tinbergen
(1962), le modèle explique le volume du commerce entre deux pays comme
étant fonction de leurs revenus nationaux et par habitant, de la
distance entre leurs capitales économiques et des superficies de leurs
territoires.
Ainsi le modèle de base est le suivant :
Xij = á0 + á1 (PIBiPIBj) + á2
(PIBTiPIBTj) + á3 (Distij) + á4 (SupiSupj) + åij.
Où :
Xij est la valeur des exportations du pays i vers le pays j ;
PIBi et PIBj sont les produits intérieurs bruts du pays exportateur et
importateur respectivement ; PIBTi et PIBTj sont les produits intérieurs
bruts par tête dans chacun des deux pays ; Distij est la distance entre
les deux capitales économiques des partenaires commerciaux,
mesurée en km ; SUPi et SUPj sont les superficies des pays i et j
respectivement et åij terme d'erreur.ct0 ct1 ct2 ct3 ct4 sont les
paramètres du modèle.
Dans la littérature empirique, le modèle
précédent est rarement estimé sous cette forme. En
fonction des objectifs que se fixent les auteurs, plusieurs variables notamment
muettes sont généralement introduites pour capter les effets
spécifiques des échanges bilatéraux.
Ainsi, par exemple, Frankel (1997) et Matyäs (1997) ont
introduit des variables régionales (facteurs historiques, culturels,
ethniques et politiques) pour évaluer leurs effets sur le commerce
bilatéral, Longo et Sekkat (2001) ont ajouté à
l'équation de base des variables muettes pour prendre en compte les
effets des politiques économiques, de l'investissement direct
étranger et des tensions de politiques dans le pays exportateur et
importateur. Frankel et al. (2000), Pakko et Howard (2001), et
Carrère (2002), etc. ont introduit le taux de change bilatéral
entre le pays exportateur et le pays importateur, Linneman (1966), Aitken
(1973), Elbadawi (1997), Yeats (1998), Longo et Sekkat (2001), N'Garesseum
(2003) et d'autres chercheurs ont ajouté aux variables classiques des
variables de contrôle pour tenir compte de l'effet d'appartenance des
pays à un bloc économique ou une union douanière, etc.
Dans cette perspective, pour circonscrire les
déterminants des échanges communautaires et faire
apparaître clairement l'impact des reformes économiques de
l'UEMOA, nous allons estimer un modèle de gravité augmenté
des variables relatives aux affinités culturelles, géographiques
et économiques.
Les variables « distance » et « superficie
» sont des Proxy, qui permettent d'approcher les coûts de transport
que génère le commerce entre les deux pays partenaires. Dans un
modèle de gravité, ces deux variables (Distij) et (SupiSupj)
agissent comme des facteurs de résistance et affectent
négativement le volume de commerce bilatéral.
Les variables « frontières (Frij) » et «
langue (Lgij) » sont introduites pour tenir compte des effets de la
proximité géographique ou linguistique sur le commerce
bilatéral. La variable (Frij) prend la valeur 1 lorsque les deux pays
ont une frontière commune et la valeur 0 autrement. Quant à la
variable « langue », elle prend la valeur 1 lorsque les deux pays ont
une langue officielle commune et 0 autrement. De plus, pour cette variable
(Lgij), outre l'aspect linguistique, elle prend en compte l'histoire commune
à certains pays (anciennes colonies françaises, anglaises). Le
signe attendu pour ces deux variables (Frij et Lgij) est positif.
Ensuite, on a le cas de la variable « Sans-FM » qui
prend la valeur 0 si les pays i et j ont tout les deux une façade
maritime, la valeur 1 si un des pays est enclavé et la valeur 2 si aucun
des pays i et j n'a de façade maritime. Le signe attendu est
négatif.
Enfin, dans le but de tester la spécificité des
pays de la zone UEMOA par rapport aux autres pays du monde sur le plan des
échanges extérieurs, deux variables indicatrices ont
été ajoutées. La première « UEMOA (Umij)
» capte les effets de l'intégration économique
régionale et se rapporte aux échanges intra-UEMOA. Elle prend la
valeur 1 lorsque les deux pays partenaires appartiennent à la zone UEMOA
et 0 autrement. La seconde « UEMOA Monde (UmMij) » tente de saisir la
spécificité des échanges des pays de la zone UEMOA avec le
reste du monde, elle prend la valeur 1 si le pays i ou j est membre de l'UEMOA,
0 si non.
En introduisant ces différentes variables dans sa
formulation simple, et après linéarisation, le modèle se
présente de la manière suivante :
Ln (Xij) = lna0 + a1ln (PIBiPIBj) + a2 ln (PIBTiPIBTj) + a3
ln (Distij) + a4 ln (SupiSupj) + a5Lgij + a6Frij + a7Sans-FM + a8Umij +
a9UmMij+ åij.
Section 2 : SOURCES ET DEFINITIONS DES DONNEES
L'estimation du modèle de gravité sera
effectuée sur un échantillon composé de 33 pays : (les 8
pays de l'UEMOA, les 7 autres Etats de la CEDEAO puisque tous les pays de
l'UEMOA appartiennent à cet AR qui sera une future union
douanière d'ici 2008, les 15 pays de l'UE compte tenu du volume des
échanges entre les pays de l'UEMOA et ceux-ci (40% des importations et
33% des exportations). A ces pays on a ajouté le Japon, le Canada et les
Etats-Unis.
La période d'analyse est comprise entre 1996 et 2005.
Cette période est divisée en deux sous - périodes de cinq
ans chacune, que sont : 1996-2000 et 2001-2005.
La première nous permet d'analyser la période
après les réformes préférentielles. En effet
créée en Janvier 1994, l'UEMOA est fonctionnelle depuis
Août 1994 et l'année 94 étant aussi celle de la
dévaluation du F CFA, les données de cette année ne
peuvent pas exactement rendre compte de l'impact de l'union. En
conséquence, nous avons préféré utiliser les
données à partir de 1996 pour l'estimation.
Et la seconde sous-période nous permet d'analyser
l'impact spécifique de l'union douanière sur le commerce
intra-communautaire. En effet, le TEC est entré en vigueur en
Janvier 2000. En tenant compte des délais de sa mise en
oeuvre effective par les pays, nous avons opté pour les données
de 2001.
Les flux commerciaux peuvent être mesurés soit
par les exportations, soit par les importations. Hormis la différence
entre les méthodes d'évaluation (exportations aux prix f.o.b. et
importations aux prix c.a.f.), les deux mesures devraient, à priori,
donner les mêmes résultats. Comme Andrew K. Rose (2001 et 2002b)
et Kalbasi (2001), nous avons utilisé les seules statistiques des
exportations, plus complètes et faciles à obtenir. Elles sont
tirées de « Direction of Trade Statistics Yearbook » du FMI
des années 2001 et 2006 qui selon Yeats (1999) est la source
d'information la plus fiable sur les échanges bilatéraux
intra-africains.
En ne s'intéressant qu'au commerce officiel, une part
importante des échanges est laissée de côté,
à savoir les échanges transitant par des voies parallèles.
Ce problème est plus aigu pour le commerce intra-régional que
pour celui avec le reste du monde. Il est toutefois intéressant
d'expliquer le commerce officiel pour deux raisons. D'une part, c'est lui qui
alimente les budgets des Etats. D'autre part, il est réalisé par
les entreprises du secteur moderne, bien implantées, sur lesquelles
repose le développement à long terme des pays.
Le produit intérieur brut et le produit
intérieur brut par habitant sont tirés de International Monetary
Fund, World Economic Outlook Database, Septembre 2006. Comme les flux des
échanges commerciaux, les données des variables
économiques (produit intérieur brut et par tête) sont
évaluées en dollar courant des États-Unis
d'Amérique.
Les superficies (en Km2) et les distances absolues entre les
capitales économiques des partenaires commerciaux sont issues de la base
de données de Andrew K. Rose par Internet, sur son Site Web :
http//
faculty.hass.berkeley.edu/arose.
Tenant compte de
l'hétérogénéité des économies de
notre échantillon, et afin d'obtenir une norme de
référence adéquate pour l'évaluation de l'union
douanière de la zone UEMOA, nous éliminons de
l'échantillon le commerce entre les pays de l'OCDE, essentiellement
composé de commerce intra-industriel. Ce commerce concerne peu les
relations « Nord-Sud » et « Sud-Sud » et par
conséquent ne constitue pas un élément de comparaison
pertinent pour les flux commerciaux impliquant des pays africains (ces deux
types de commerce ne répondant pas aux mêmes facteurs).
Ainsi, nous proposons d'estimer un modèle de
gravité centré sur les exportations des pays de la CEDEAO
(ceux de l'UEMOA y compris) Ainsi, l'échantillon des 33 pays est
composé de
15 pays exportateurs (8 pays UEMOA et les 7 autres pays de la
CEDEAO) ; et pour l'échantillon des pays importateurs, on retient les 15
pays exportateurs augmenté des 15 pays de l'UE, le Canada, le Japon et
les Etats-Unis.
Les résultats de l'estimation empirique nous
permettront de déterminer l'impact de l'union douanière sur le
commerce intra-communautaire ; en d'autres termes, en fonction de la robustesse
des coefficients estimés, on interprètera cet impact en comparant
les coefficients des deux sous-périodes pour juger de leur constance en
faisant ressortir l'impact du TEC sur le commerce intra-communautaire.
CHAPITRE IV : ANALYSE DES RESULTATS
ECONOMETRIQUES
Ce chapitre a pour objet d'analyser les résultats de
nos différentes estimations. Il se subdivise en 2 sections dont l'une
sert à présenter les résultats de nos estimations et
l'autre sert à l'analyse de nos résultats
économétriques.
Section 1 : PRESENTATION DES RESULTATS
La particularité des échanges des pays de
l'Afrique de l'Ouest est qu'il y'a absence totale d'échanges pour un
grand nombre de relations bilatérales. Ainsi, la valeur des
échanges entre deux pays peut être nulle. Avec une
spécification en logarithme, une telle observation deviendra
indéterminée.
Pour résoudre ce problème, il y'a deux
possibilités. On peut éliminer les valeurs nulles si leur
pourcentage dans les observations est faible et utiliser par la suite les
moindres carrés ordinaires (MCO) pour l'estimation du modèle. Si
la proportion des observations nulles est élevée, l'utilisation
des MCO conduit aux résultats biaisés lorsque la variable
expliquée prend des valeurs uniquement supérieures ou
égales à zéro. Green (1981) montre que ce biais est une
fonction linéaire inverse de la proportion d'observations non nulles de
l'échantillon. Il est courant dans ce cas, d'utiliser une technique
d'estimation non linéaire telle que le Tobit (estimation par le maximum
de vraisemblance), qui reconnaît explicitement l'existence des valeurs
nulles de la variable dépendante et les traite comme les flux des
échanges non enregistrés tout en normalisant la distribution du
terme d'erreur.
La norme de notre étude sera estimée par le
modèle suivant :
Ln (Xijt) = lna0 + a1ln (PIB iPIBj)t + a2 ln (PIBTiPIBTj)t +
a3 ln (Distij) + a4 ln (SupiSupj) + a5Lgij + a6Frij + a7Sans-FM + a8Umijt +
a9UmMijt+ åij.
Nous estimons notre équation par un modèle Tobit
en panel avec effets aléatoires. Les estimations sont effectuées
à l'aide du logiciel économétrique STATA 9.0
pour les deux sous périodes. Les résultats des
estimations des deux sous-périodes sont résumés dans le
tableau n°3.
Tableau n°3 : Résultats des
estimations (variable dépendante : la statistique d'exportations
bilatérales).
Variables indépendantes
|
|
1996-2000
|
|
2001-2005
|
Coefficients
|
Statistique z
|
Coefficients
|
Statistique z
|
Constante
|
-8,486
|
|
-(4,93) ***
|
10,551
|
|
-(2,95) ***
|
ln (PIBiPIBj)t
|
1,399
|
|
-(16,95) ***
|
0,001
|
|
(1,85) *
|
ln (PIBTiPIBTj)t
|
-0,030
|
|
-(0,44)
|
1,086
|
|
(9,79) ***
|
ln (Distij)
|
-2,041
|
|
(8,81) ***
|
-1,739
|
|
-(3,96) ***
|
ln (SUPiSUPj)
|
-0,015
|
|
(0,21)
|
-0,862
|
|
(7,22) ***
|
Sans-FM
|
-1,194
|
|
-(4,53) ***
|
-3,366
|
|
-(6,34) ***
|
Frontière commune (Frij)
|
0,768
|
|
(1,19)
|
2,695
|
|
(1,99) ***
|
Langue commune (Lgij)
|
1,084
|
|
(3,26) ***
|
1,235
|
|
(1,80) *
|
UEMOA (Umijt)
|
2,59
|
|
(4,40) ***
|
2,405
|
|
(1,96) **
|
U EMOA-Monde (UmMijt)
|
-0,014
|
|
-(0,05)
|
-1,331
|
|
-(2,18) **
|
Nombre d'observations
|
|
1672
|
|
1666
|
P-value
|
|
0,0000
|
|
0,0000
|
Source : Calcul de l'auteur.
Nota : les chiffres entre parenthèses
représentent les statistiques z ; *, ** et *** coefficients
respectivement significatifs au seuil de 10%, 5% et 1%. Toutefois nous retenons
le niveau de 5% pour l'analyse des résultats.
Section 2 : ANALYSE DES RESULTATS
Globalement, sur la période 1996-2000, plusieurs
variables du modèle ont les signes att endus à l'exception du
Produit intérieur brut par tête qui est négatif et non
significatif. Ainsi une variation de 1% du produit intérieur brut (PIB)
accroît les exportations d'environ 1,4%.
Comme attendu, les exportations décroissent avec les
coûts de transport. Le coefficient de la variable (Distij) a le signe
attendu et est significatif. La distance est un facteur statique qui est ici
utilisée comme Proxy pour tenir compte de l'effet des coûts de
transport et autres coûts de transaction. Le coefficient
associé à cette variable est négatif et
statistiquement significatif. Il indique que le commerce
bilatéral décroît de façon plus que proportionnelle
par rapport à la distance en d'autres termes une variation de la
distance entre les pays partenaires de 1% entraîne une baisse des
exportations de l'ordre de 2,04%.
En ce qui concerne la variable UEMOA (Umij) pour
l'intégration régionale, elle affecte positivement les
échanges à l'intérieur de la sous-région. En effet,
toute chose étant égale part ailleurs, les pays de l'UEMOA
tendent à échanger environ 13,33 fois [exp. (2,59)] plus par
rapport à des pays qui ne sont pas membres de l'organisation
sous-régionale au cours de la période qui est prise en compte.
Ce signe positif est celui théoriquement att endu car,
l'un des principaux objectifs de l'UEMOA, comme celui de la plupart des
organisations d'intégration régionale, est de favoriser les
échanges commerciaux entre les pays membres. Par conséquent, un
signe négatif serait contraire à la théorie sur les
préférences régionales et les unions douanières.
La hausse des flux commerciaux peut être un simple
détournement de trafics, au lieu d'une création de commerce.
L'examen du signe de la variable UEMOA-Monde (UmMij) permet de savoir si
l'UEMOA a permis une création de commerce ou un simple
détournement des échanges au détriment des partenaires
commerciaux extérieurs à l'union.
A propos de UmMij, destinée à capter le
détournement des échanges, elle a le signe attendu mais elle
n'est pas significative. Il apparaît alors que l'effet net de l'UEMOA
pour cette période sur les échanges intra-communautaires
après les réformes est positif.
Les estimations révèlent aussi que le poids de
l'histoire joue dans la détermination de la direction des flux
commerciaux. En effet, toute chose égale par ailleurs, des pays qui ont
une langue commune tendent à échanger environ 2,96 fois plus
[exp. (1,084)], par rapport à des pays qui n'ont pas de langue commune.
Contrairement à la variable langue commune, la frontière commune
« Frij » a le signe positif attendu mais n'est pas statistiquement
significatif. La contiguïté des Etats de l'union a un effet
positif, sans plus, sur les échanges commerciaux au cours de la
période qui est prise en compte. L'enclavement des partenaires
commerciaux « pays sans façade maritime » a le signe attendu
et est très significatif (au seuil de 1%).
En somme, les résultats de la sous-période
1996-2000 montrent que l'UEMOA favorise les échanges
intra-communautaires. Ce constat est proche des conclusions de
Gbetnkom et Avom (2005) selon lesquelles l'effet net de l'UEMOA
sur les échanges intracommunautaires après les réformes
est positif pour la sous-période 1996-2000. En plus, ce résultat
confirme les conclusions de Foroutan et Pritchett (1993) sur les raisons de
l'échec des regroupements régionaux en Afrique Subsaharienne.
Enfin, il confirme aussi notre hypothèse de départ selon laquelle
la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires accroît
le commerce interne dans un groupement.
Le deuxième compartiment du tableau n°3
présente les résultats des régressions pour 2001-2005.
Cette période est destinée à capter l'effet de l'union
douanière sur le commerce intra-communautaire objet de notre
étude.
Les coefficients des variables traditionnelles du
modèle de gravité ont tous les signes attendus et sont
statistiquement significatifs à l'exception du PIB et de la langue qui
ne le sont pas au seuil retenu pour l'analyse.
Le Produit intérieur brut par tête (PIBT) est
positif et est significatif au seuil de 1% ce qui traduit que tout
accroissement du pouvoir d'achat des consommateurs telle que mesuré par
le PIBT augmente les exportations.
L'effet des barrières naturelles sur le commerce est
négatif comme prédit. Les échanges communautaires de la
zone décroissent avec l'augmentation de la distance. Cette variable est
significative à 1% comme à la première période. De
même, l'enclavement affecte négativement les échanges
communautaires comme prédits. Cette variable « Sans-FM »
muette est encore significative à 1%.
De ce qui précède, on peut dire que la distance
et l'enclavement des partenaires commerciaux dans l'UEMOA sont donc des
facteurs déterminants de l'accroissement de leurs échanges. Ce
résultat interpelle les pays de l'union qui doivent d'une part
améliorer les réseaux de transports internes et, d'autre part,
développer le réseau international, dans le cadre des politiques
sectoriels de l'UEMOA, pour se connecter au Burkina Faso, au Mali et au Niger
qui sont dépourvus de façades maritimes.
Le coefficient positif et statistiquement significatif
associé à la variable « Frij » indique que toute chose
égale par ailleurs, des pays « adjacents » tendent à
échanger environ 14,8 1 [exp. (2,68)] plus par rapport à des pays
qui n'ont aucune frontière commune.
A propos de la variable UEMOA (Umij) destinée à
capter l'impact de l'harmonisation douanière sur le commerce, qui est
l'une de nos variables d'intérêt, elle est touj ours
significative. Ce qui montre que l'instauration du Tarif extérieur
commun (TEC) qui est la réforme majeure de cette période a un
impact positif sur le commerce des pays membres. En
effet, toute chose étant égale par ailleurs, le
niveau du commerce des pays membres a augmenté de 11,08 fois [exp.
(2,405)].
Pour ce qui est de l'autre variable d'intérêt la
variable « UmMij » destinée à capter le
détournement des échanges, elle a le signe attendu mais
contrairement à la première période elle est significative
pour cette période. De ce résultat, on peut conclure que l'UEMOA
induit un détournement vers le commerce intra-communautaire en
détériorant les conditions d'échanges commerciaux avec
l'extérieur au cours de la période qui est prise en compte pour
l'analyse.
En fait, la définition même du TEC mis en place
explique ce résultat : une des composantes de ce TEC étant
laissée à l'appréciation des juridictions nationales, les
pays l'ont utilisée pour se compenser des pertes de revenu tarifaires
dues à l'harmonisation des autres droits de douane et pour assurer
à leur industrie une protection minimale. Par conséquent, le TEC
n'était plus le même selon les pays et souvent celui-ci
était plus élevé que les anciens droits appliqués
aux pays tiers, ce qui a favorisé l'apparition et l'augmentation du
DC.
De plus, ce DC peut s'expliquer aussi par le fait que le TEC
de l'UEMOA est une création artificielle. En ce sens que, la mise en
place du TEC qui marque le passage à l'union douanière doit
être précédée par le désarmement douanier
total entre les pays membres et pour tous les types de produits ; autrement dit
par l'avènement préalable d'une zone de libre échange ;
or, rien de tel dans l'UEMOA, où les produits industriels non
agréés sont toujours soumis aux droits de douane. Ensuite, dans
un ensemble économique, le TEC s'obtient en faisant la moyenne des
tarifs des pays membres1 ; dans l'UEMOA, le Fond Monétaire
International (FMI) a procédé à une simple harmonisation
tarifaire, ce qui fait que le taux maximum des droits de porte est
ramené de 65% à 22%. La forte baisse du taux de protection
extérieure qui en résulte ne bénéficie qu'aux
multinationales qui exportent sur le marché.
Ce résultat sur le TEC est également
observé par Decaluwé et al. (1998). Leurs simulations
ont révélé la présence de DC lors de la mise en
place d'une union douanière entre les pays de l'UEMOA.
1 Dans la communauté économique européenne,
le TEC avait été obtenu en 1968 en faisant la moyenne
arithmétique entre le taux le plus élevé (celui de la
France) et le taux le plus bas (celui de l'Allemagne). La
France
ainsi défavorisée,
devrait trouver compensation dans la
politique agricole commune.
En outre, ce résultat en dehors de la mise en
évidence de la mauvaise application des mesures (application non
uniforme : exonérations, régime d'incitations, favorisant
potentiellement des entorses au régime TEC et mauvais maîtrise des
règles d'origine...) vient renforcer l'idée de Boungou Bazika
(2001) et Békolo-Ebé (2001) que l'échec de
l'intégration africaine est le caractère externe de la dynamique
de ce processus. En effet, le processus de
l'intégration régionale a souvent montré
qu'il était suscité de l'extérieur, par les grandes
puissances et non de l'intérieur par les Etats africains
eux-mêmes. Ainsi le processus d'intégration régionale court
ainsi le risque d'échapper au contrôle des acteurs, les africains
eux-mêmes, les premiers concernés. Il risque de ne pas
correspondre aux contraintes historiques, politiques, économiques et
culturelles des sociétés qui sont sensées être
intégrées.
A l'analyse des résultats, nous pouvons conclure dans
l'ensemble que la régression a favorablement répondu aux attentes
théoriques concernant les effets des variables utilisées dans
notre modèle. L'on a pu avoir une idée nette de quelques
déterminants du commerce intra-UEMOA après l'harmonisation
douanière.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le modèle de gravité n'a été que
rarement utilisé dans le cadre des pays d'Afrique Subsaharienne et dans
l'UEMOA en particulier. Il n'y a donc que très peu de résultats
quantifiables sur les phénomènes de création et de
détournement de commerce sur cette zone. Or étant donné
l'intérêt des pays de l'UEMOA pour l'intégration
régionale (tous les Organes et Institutions prévus par le
Traité du 10 janvier 1994, sont aujourd'hui opérationnels) il est
important d'analyser l'évolution du commerce entre ces pays, et, dans le
cas ou ce commerce aurait augmenté, de déterminer si le
phénomène est dû principalement à une
création ou à un détournement de commerce. En effet, si le
détournement d'importations domine, cela peut aggraver les
problèmes de compétitivité des pays membres de
l'accord.
Dans cette étude, une attention particulière a
été accordée à l'impact de l'union douanière
sur le commerce intra-UEMOA et les déterminants de celui-ci après
l'harmonisation tarifaire intervenue au 1er Janvier 2000.
Les résultats de l'étude montrent, que l'UEMOA
(le TEC) favorise les échanges intracommunautaires, même si cet
impact n'est pas aussi important que ceux qui sont engendrés par les AR
d'Asie du Sud-Est ou d'Amérique Latine. Par ailleurs, l'accroissement du
commerce, attribuable à l'union douanière induit un
détournement de flux commerciaux au détriment des partenaires
hors UEMOA.
Enfin, l'étude a permis d'identifier le produit
intérieur (brut et par tête) et les affinités culturelles
captées par la variable langue commune « Lgij » comme facteurs
déterminants de l'accroissement du commerce bilatéral au sein de
l'UEMOA. Par contre, la distance entre les pays partenaires et l'enclavement
sont les principales contraintes à l'expansion du commerce intra-UEMOA.
Il faudrait aussi souligner que l'instauration du TEC n'a pas modifié
les déterminants du commerce du groupement.
Quatre implications majeures peuvent être tirées des
résultats de cette étude :
1. L'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine offre
aux pays membres l'opportunité d'accroître leur commerce
intra-communautaire et hors zone. Les pays de
l'UEMOA devraient donc renforcer davantage la
coopération interne et procéder à la libéralisation
totale des échanges intra-communautaires en veillant à
l'application complète de la politique commerciale de l'union. Pour
différentes raisons, le TEC est appliqué de façon
partielle par les Etats de l'union. Certains ont introduit de nouveaux droits
et taxes de porte en plus de ceux inscrits au TEC et ne respectent pas touj
ours la dégressivité de la TDP. De nouvelles taxes internes sont
parfois mises en place, en plus des seuls TVAs et droits d'accises
harmonisés qui sont autorisés par l'union. L'élimination
de tous ces obstacles tarifaires et non tarifaires contribuera à plus
d'échanges commerciaux intra-UEMOA.
2. La perspective des moins values de recettes
douanières a constitué une difficulté majeure dans la mise
en oeuvre des programmes de consolidation de l'union douanière de la
zone et de son marché commun. Une méthode pour dissiper cette
crainte de perte de revenus (justifiée ou pas) et encourager la
participation effective à un programme de libéralisation des
échanges est d'introduire un mécanisme de compensation effective,
durable et financé sur une base régulière qui s'occupera
des questions de perte de revenus, du manque d'équité et/ou des
inégalités qui découleraient de la mise en oeuvre des
programmes de libéralisation des échanges. Un tel
mécanisme est susceptible d'encourager les pays à respecter les
programmes de l'union. La Côte d'Ivoire, locomotive de l'UEMOA et le
Sénégal sont appelés à jouer un rôle de
leader pour amener les pays qui auraient le sentiment de ne pas profiter de
l'intégration à appliquer totalement les accords. Pour cette
question de compensation qui se heurte souvent à l'antagonisme entre
Etats membres (le cas de la CEAO dans les années 1980 avec l'arrêt
des contributions de la Côte d'Ivoire et le Sénégal),
certains auteurs ont suggéré la compensation en termes des
infrastructures des projets intégrateurs afin de créer des biens
communs, durables et utiles à tous.
3. Parmi les facteurs qui affectent négativement le
commerce intra-UEMOA, le coût des transports, exprimé par la
distance absolue entre les partenaires et l'enclavement sont très
déterminants. Cette contrainte doit être levée pour
permettre au commerce intra - UEMOA de s'accroître. Ainsi, à
l'approche libre échangiste et institutionnaliste de
l'intégration régionale qui est celle privilégiée
dans la région et qui semble recevoir l'aval des principaux bailleurs
de fonds ne sera pas suffisante. Elle devra être
complétée
par une approche regionale du développement sectoriel
et des infrastructures notamment dans le domaine du transport, de
l'énergie et de la télécommunication pour connecter les
pays de l'union, particulièrement à ceux du sahel qui sont
enclavés. Toutefois, en tenant compte de la limite des ressources
budgétaires des Etats en proie à des crises financières,
il serait alors judicieux de ne financer que les interconnexions jugées
prioritaires sur la base des études de trafic de biens et de personnes
qu'elles pourraient contribuer à augmenter de façon significative
au niveau des frontières ainsi que des coûts de transport qu'elles
pourraient induire à la baisse. La logique économique devrait
prévaloir sur la logique géopolitique dans le choix des
tronçons jugés prioritaires.
4. Adopter des mesures destinées à promouvoir le
commerce intra-régional et la compétitivité de leurs
produits resteront sans effet si les pays de l'UEMOA ne se dotent pas du cadre
fondamental qu'exige tout programme d'expansion du commerce. Deux
éléments sont indispensables dans l'optique d'un tel cadre ; il
s'agit de la stabilité macro-économique et de la promotion de
l'initiative privée. En outre, la paix et la sécurité
(facteurs potentiels de désintégration de cette
sous-région avec la crise socio politique de la Côte d'Ivoire) ont
un rôle crucial en ce qui concerne la mise en oeuvre des programmes de
libéralisation des échanges commerciaux. Par conséquent,
la paix, la sécurité et la résolution des conflits doivent
mériter une attention de tous les instants afin de créer un
environnement propice pour les activités de la zone et au renforcement
de la confiance des investisseurs pour l'attrait des investissements directs
étrangers.
En somme les résultats de cette étude ont mis en
relief l'importance de la suppression des barrières tarifaires et non
tarifaires, l'adoption du TEC dans la zone UEMOA et de la continuité de
l'application des politiques de réformes. Ceci est un gage pour
l'intensification des échanges et par conséquent pour
l'amélioration des conditions de croissance économique. Dans ces
conditions, l'intégration régionale et d'autres actions à
mener pourront être des initiatives provenant des africains et pour le
bien-être des africains.
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présentée par Mr Jean-Luc, Senou, Directeur du commerce à
la commission de l'UEMOA, à l'occasion de la réunion
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ANNEXES
Annexe 1
Graphique 1: part des Etats membres dans le PIB de
l'UEMOA en 1999 et 2005 (%)
PIB 99 % PIB 05 %
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Togo
Sénégal
Niger
Mali
Guinée Bissau Côte d'Ivoire Burkina Faso
Bénin
Source : construit par l 'auteur à
partir des données du FMI, World Economic Outlook Database, September
2006.
Graphique 2: PIB par tête dans les pays de
l'UEMOA en 1999 et 2005 (en $ E.U)
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
|
|
|
PIBT 99 PIBT 05
|
|
Bénin Burkina Faso Côte d'Ivoire Guinée
Bissau Mali Niger Sénégal Togo
Source : construit par l 'auteur à
partir des données du FMI, World Economic Outlook Database, September
2006.
Annexe 2
Tableau 1 : exportations intra-UEMOA par pays et par
destination en 2005 (en % des exportations totales du pays
Pays
Exportateurs Destinations
|
Bénin
|
BF
|
CIV
|
G-B
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Togo
|
Total
|
Bénin
|
...
|
1,458
|
0,373
|
0,0
|
2,45
|
5,962
|
0,885
|
4,837
|
15,965
|
BF
|
0,021
|
...
|
0,21
|
0,013
|
1,851
|
3,97
|
0,024
|
0,673
|
6,762
|
CIV
|
2,055
|
3,188
|
...
|
0,144
|
2,185
|
0,536
|
1,815
|
1,009
|
10,902
|
G-B
|
0,009
|
0,009
|
0,097
|
...
|
_
|
0,0
|
0,0
|
0,167
|
0,282
|
Mali
|
0,041
|
1,77
|
0,186
|
_
|
...
|
0,203
|
0,093
|
0,020
|
2,313
|
Niger
|
0,067
|
0,433
|
0,524
|
0,0
|
0,493
|
...
|
_
|
0,04
|
1,557
|
Sénégal
|
0,98
|
1,038
|
2,362
|
2,446
|
16,885
|
0,339
|
...
|
0,939
|
24,989
|
Togo
|
11,45
|
18,23
|
1,711
|
0,0
|
7,295
|
2,977
|
0,876
|
...
|
42,539
|
Source : Calcul de l'auteur à partir des données de
la Direction of Trade Statistics Yearbook du FMI 2006
Tableau 2 : importations intra-UEMOA par pays et par
destination en 2005 (en % des importations totales du pays)
Origine Pays importateurs
|
Bénin
|
BF
|
CIV
|
G-B
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Togo
|
Bénin
|
...
|
0,044
|
0,039
|
0,0
|
0,393
|
2,376
|
0,017
|
2,05
|
BF
|
0,01
|
...
|
0,015
|
0,028
|
0,372
|
1,981
|
0,003
|
0,473
|
CIV
|
6,986
|
23,33
|
...
|
4,253
|
8,459
|
5,155
|
2,89
|
6,538
|
G-B
|
0,00 1
|
0,0
|
0,002
|
...
|
_
|
0,0
|
_
|
0,03 6
|
Mali
|
0,012
|
0,441
|
0,009
|
_
|
...
|
0,066
|
0,007
|
0,008
|
Niger
|
0,025
|
0,13
|
0,029
|
0,0
|
0,079
|
...
|
_
|
0,022
|
Sénégal
|
2,027
|
1,513
|
0,620
|
18,235
|
13,011
|
0,65
|
...
|
0,079
|
Togo
|
4,461
|
6,701
|
0,055
|
0,0
|
1,418
|
1,438
|
0,09
|
...
|
Total
|
13,522
|
32,159
|
0,762
|
22,516
|
23,732
|
11,666
|
3,007
|
9,917
|
Source : Calcul de l'auteur à partir des données de
la Direction of Trade Statistics Yearbook du FMI 2006
Annexe 3
Description des configurations dans
l'échantillon :
pairid: 897, 903, . . ., 29579 n = 334
year: 1996, 1997, . . ., 2005 T = 10 Delta(year) = 1;
(2005-1996)+1 = 10
(pairid*year does not uniquely identify observations)
Distribution
Freq.
|
of T_i:
Percent
|
min
7
Cum. |
|
5% 25% 50% 75% 95% max
10 10 10 10 10 20
Pattern
|
322
|
96.41
|
96.41 |
|
1111111111
|
2
|
0.60
|
97.01 |
|
1111111.11
|
2
|
0.60
|
97.60 |
|
11111111.1
|
2
|
0.60
|
98.20 |
|
111111111.
|
1
|
0.30
|
98.50 |
|
.111111111
|
1
|
0.30
|
98.80 |
|
1.11111111
|
1
|
0.30
|
99.10 |
|
1111.11. .1
|
1
|
0.30
|
99.40 |
|
1111111.1.
|
1
|
0.30
|
99.70 |
|
1111111112
|
1
|
0.30
|
100.00 |
|
(other patterns)
|
334
|
100.00
|
|
|
XXXXXXXXXX
|
. sum
Variable |
|
Obs
|
Mean
|
Std. Dev.
|
Min
|
Max
|
+
cty1 |
|
3338
|
675.4799
|
37.25786
|
624
|
748
|
cty2 |
|
3338
|
285.0099
|
243.8053
|
111
|
748
|
year |
|
3338
|
2000.494
|
2.870826
|
1996
|
2005
|
pairid |
|
3338
|
9494.129
|
10183.04
|
897
|
29579
|
sans_fm |
|
3338
|
.3466147
|
.5329892
|
0
|
2
|
+
frij |
|
3338
|
.0677052
|
.251277
|
0
|
1
|
lgij |
|
3338
|
.2447573
|
.4300076
|
0
|
1
|
ln_xijt_ |
|
3338
|
12.04985
|
5.933138
|
0
|
23.85121
|
ln_supis |
|
3338
|
24.00205
|
2.437751
|
16.16013
|
30.16787
|
ln_disti |
|
3338
|
7.696905
|
.8536379
|
4.845462
|
12.87297
|
+
ln_pibip |
|
3338
|
69.09492
|
1861.422
|
18.13938
|
98314.27
|
ln_pibti |
|
3338
|
14.58199
|
2.599912
|
4.052155
|
29.73236
|
umijt |
|
3338
|
.077891
|
.2680401
|
0
|
1
|
ummijt |
|
3338
|
.6327142
|
.4821375
|
0
|
1
|
+
|
|
|
|
|
|
Détail des résultats de l'estimation pour
la sous-période 1996-2000
xttobit ln_xijt_ ln_pibip ln_pibti ln_supis ln_disti sans_fm frij
lgij umijt ummijt if year<=2000
Obtaining starting values for full model:
Iteration 0: log likelihood = -4642.048
Iteration 1: log likelihood = -4641.9381
Iteration 2: log likelihood = -4641.9381
Fitting full model:
Iteration 0: log likelihood = -4641.9414
Iteration 1: log likelihood = -4641.9414
Random-effects tobit regression Number of obs = 1672
Group variable (i) : pairid Number of groups = 334
Random effects u_i ~ Gaussian Obs per group: min = 4
avg = 5.0
max = 10
Wald chi2(9) = 703.56
Log likelihood = -4641.9414 Prob > chi2 = 0.0000
ln_xijt_ | Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]
+
|
|
|
|
|
|
|
|
ln_pibip
|
|
|
1.399253
|
.0825308
|
16.95
|
0.000
|
1.237496
|
1.56101
|
ln_pibti
|
|
|
-.0297954
|
.0677339
|
-0.44
|
0.660
|
-.1625513
|
.1029605
|
ln_supis
|
|
|
-.0153198
|
.0740901
|
-0.21
|
0.836
|
-.129894
|
.1605337
|
ln_disti
|
|
|
-2.040926
|
.2316971
|
-8.81
|
0.000
|
-2.495044
|
-1.586808
|
sans_fm
|
|
|
-1.194086
|
.2634446
|
-4.53
|
0.000
|
-1.710428
|
-.677744
|
frij
|
|
|
.7685053
|
.6439287
|
1.19
|
0.233
|
-.4935718
|
2.030582
|
lgij
|
|
|
1.083571
|
.3321051
|
3.26
|
0.001
|
.4326568
|
1.734485
|
umijt
|
|
|
2.590304
|
.5892161
|
4.40
|
0.000
|
1.435461
|
3.745146
|
ummijt
|
|
|
-.0140322
|
.2987093
|
-0.05
|
0.963
|
-.5994916
|
.5714272
|
_cons
|
|
|
-8.486339
|
1.720634
|
-4.93
|
0.000
|
-11.85872
|
-5.113958
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
/sigma_u
|
|
|
1.616754
|
.1295796
|
12.48
|
0.000
|
1.362782
|
1.870725
|
/sigma_e
|
|
|
3.626906
|
.0701561
|
51.70
|
0.000
|
3.489402
|
3.764409
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
rho
|
|
|
.1657685
|
.0240453
|
|
|
.1229621
|
.2171839
|
Observation summary: 0 left-censored observations
1672 uncensored observations 0 right-censored observations
. ereturn list Scalars:
|
|
|
e(rc)
|
=
|
0
|
e(ll)
|
=
|
-4641.94140625
|
e(converged)
|
=
|
1
|
e(ic)
|
=
|
1
|
e(df_m)
|
=
|
9
|
e(chi2)
|
=
|
703.5553687634891
|
e(p)
|
=
|
1.1899199396e-145
|
e(N_g)
|
=
|
334
|
e(g_min)
|
=
|
4
|
e(g_avg)
|
=
|
5.005988023952096
|
e(g_max)
|
=
|
10
|
e(N_c1)
|
=
|
1672
|
|
|
|
e(N) = 1672
e(sigma_e) = 3.626905572392015 e(sigma_u) = 1.616753822195872
macros:
e(cmd) : "xttobit"
e (ivar) : "pairid" e(depvar) : "ln_xijt_"
e(title) : "Random-effects tobit regression"
e(distrib) : "Gaussian"
Détail des résultats de l'estimation pour
la sous-période 2001-2005
.xttobit ln_xijt_ ln_pibip ln_pibti ln_supis ln_disti sans_fm
frij lgij umijt ummijt if year>2000
Obtaining starting values for full model:
Iteration 0: log likelihood = -4635.1009
Iteration 1: log likelihood = -4623.8774
Iteration 2: log likelihood = -4623.7407
Iteration 3: log likelihood = -4623.7406
Fitting full model:
Iteration 0: log likelihood = -4623.7593
Iteration 1: log likelihood = -4623.7593
Random-effects tobit regression Number of obs = 1666
Group variable (i) : pairid Number of groups = 334
Random effects u_i ~ Gaussian Obs per group: min = 3
avg = 5.0
max = 10
Wald chi2(9) = 253.45
Log likelihood = -4623.7593 Prob > chi2 = 0.0000
ln_xijt_ | Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]
+
|
|
|
|
|
|
|
|
ln_pibip
|
|
|
.000063
|
.000034
|
1.85
|
0.064
|
-3.65e-06
|
.0001296
|
ln_pibti
|
|
|
1.085695
|
.1109033
|
9.79
|
0.000
|
.8683284
|
1.303061
|
ln_supis
|
|
|
-.8618969
|
.1193957
|
-7.22
|
0.000
|
.6278857
|
1.095908
|
ln_disti
|
|
|
-1.73932
|
.4393934
|
-3.96
|
0.000
|
-2.600515
|
-.8781246
|
sans_fm
|
|
|
-3.366318
|
.5308851
|
-6.34
|
0.000
|
-4.406834
|
-2.325803
|
frij
|
|
|
2.69566
|
1.351883
|
1.99
|
0.046
|
.0460173
|
5.345303
|
lgij
|
|
|
1.234761
|
.6855053
|
1.80
|
0.072
|
-.1088045
|
2.578327
|
umijt
|
|
|
2.404945
|
1.229591
|
1.96
|
0.050
|
-.0050091
|
4.8149
|
ummijt
|
|
|
-1.331473
|
.610548
|
-2.18
|
0.029
|
-2.528125
|
-.1348212
|
_cons
|
|
|
-10.55153
|
3.577876
|
-2.95
|
0.003
|
-17.56404
|
-3.539021
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
/sigma_u
|
|
|
4.626544
|
.1994319
|
23.20
|
0.000
|
4.235665
|
5.017423
|
/sigma_e
|
|
|
3.006704
|
.0586173
|
51.29
|
0.000
|
2.891816
|
3.121592
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
rho
|
|
|
.703064
|
.0202174
|
|
|
.6622945
|
.7414213
|
Observation summary: 0 left-censored observations
1666 uncensored observations 0 right-censored observations
. ereturn list
scalars:
|
e(rc) e(ll) e(converged) e(ic) e(df_m)
|
= = = = =
|
0 -4623.75927734375
1 1
9
|
|
|
e(p)
|
=
|
1.86194500382e-49
|
|
|
e(N_g)
|
=
|
334
|
|
|
e(g_min)
|
=
|
3
|
|
|
e(g_avg)
|
=
|
4.988023952095809
|
|
|
e(g_max)
|
=
|
10
|
|
|
e(N_c1)
|
=
|
1666
|
|
|
e(N)
|
=
|
1666
|
|
|
e(sigma_e)
|
=
|
3.006704095631982
|
|
|
e(sigma_u)
|
=
|
4.626544093357938
|
|
macros:
|
|
|
|
|
|
e(cmd)
|
:
|
"xttobit"
|
|
|
e (ivar)
|
:
|
"pairid"
|
|
|
e(depvar)
|
:
|
"ln_xijt_"
|
|
|
e(title)
|
:
|
"Random-effects tobit
|
regression"
|
|
e(distrib)
|
:
|
"Gaussian"
|
|
TABLE DES MATIERES
DEDICACE 1
REMERCIEMENTS 2
SIGLES ET ABREVIATIONS 3
RESUME 5
INTRODUCTION 6
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES ET RESULTATS
D'ETUDES EMPIRIQUES ANTERIEURES ....11 CHAPITRE 1 : FONDEMENTS
THEORIQUES DES UNIONS
DOUANIERES .....12
Section 1 : L'ANALYSE STATIQUE DE L'UNION
DOUANIERE DE VINER .12
1) Définitions 12
2) La version de l'analyse statique de l'union douanière
de Viner .14
Section 2 : LES EXTENSIONS DE LA VERSION SIMPLE
DE VINER ET ANALYSE
DYNAMIQUE 17
1) Les extensions de la version simple de VINER
17
a) Coûts croissants .17
b) Théorème de KEMP et WAN . 18
2) L'analyse dynamique de l'union
douanière .20
CHAPITRE 2 : ANALYSE DE L'UNION DOUANIERE DE LA
ZONE
UEMOA ET EVIDENCES EMPIRIQUES 21
Section 1: SPECIFICITES DE L'UEMOA 21
1) l'UEMOA et sa politique commerciale 21
a. L'union Economique et Monétaire Ouest Africaine .21
b. La politique commerciale de l'UEMOA 22
2) Les caractéristiques du
commerce intra- UEMOA 23
a. La participation au commerce intra-communautaire des pays de
l'union .23
b. Bref aperçu des obstacles aux échanges
commerciaux intra-communautaires .24
§ 1. Contraintes liées à la structure de
production de biens
|
..24
|
§2. Contraintes liées aux infrastructures .
|
24
|
§ 3. Contraintes liées au cadre institutionnel
|
...25
|
Section 2 : EVIDENCES EMPIRIQUES 25
1) Arguments en faveur de l'union douanière en zone UEMOA
....27
2) Résultats d'études empiriques
antérieures ..27
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE L'IMPACT DU
TARIF EXTERIEUR SUR LE COMMERCE INTRA COMMUNAUTAIRE .29
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE 30
Section 1: LE MODELE ECONOMETRIQUE
|
..30
|
1) Fondements théoriques et justifications empiriques du
modèle de gravité
|
..30
|
2) Spécification du modèle
|
32
|
|
Section 2 : SOURCES ET DEFINITIONS DES DONNEES
|
.34
|
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES RESULTATS
ECONOMETRIQUES . 37
Section 1 : PRESENTATION DES RESULTATS
Section 2 : ANALYSE DES RESULTATS
|
37
38
|
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
|
..43
|
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
|
...47
|
ANNEXES
|
.53
|
TABLE DES MATIERES
|
.59
|
|