ORGANISME INTER-ETATS REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Université de Yaoundé
II (SOA)
INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE
DEMOGRAPHIQUES (I.F.O.R.D)
27ème PROMOTION (2005-2007)
DETERMINANTS DES DISPARITES ENTRE SEXES EN
MATIERE DE SCOLARISATION AU TCHAD
MEMOIRE DE FIN D'E TUDES
En vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes
Supérieures et Spécialisées en
Démographie (DESSD)
Option : Collecte et Analyse des
données
Présenté et
Soutenu par: MATCHOKE Tchouaféné Vounki
Sous la direction de :
Dr. PARFAIT M. ELOUNDOU-ENYEGUE (Directeur) Dr. HELENE KAMDEM
(Lecteur)
Yaoundé, Juillet 2007
A Lci vvtévvtoire ote vvtovt fr~re MATaH-OK~
Kcicibé4ovtgebbe ;
A Lci vvtévvtoire ote vvtci scecr
MATaH-OK~ ~oziLbé;
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vvt~re
-
yAN4tN4~~ Zipporci.
'TDé~~cace
~E!ME~CIE!MEJ\rT~
La présente étude sur (es déterminants
des disparités entre sexes en matière de sco(arisation au Tcliada
été menée a bonne fin grace au concours de p(usieurs
personnes et institutions. Qu 'i( nous soit permis de (eur adresser notre
reconnaissance.
J\ros vifs remerciements s'adressent a 'Dr. (Parfait !M. *
E.COt)J\r'DOt) ,
EJ\r+Egt)Enotre directeur de mémoire, qui n'a
ménagé aucun effort pour ('encadrement de ce travai(.
J\rous tenons a remercier notre (ectrice 'Dr. 7(J4!M'DE!M
Jfé(~ne dont (es consei(s ont servi a amé(iorer (e travai(, 'Dr.
Jean WJ47(J4!M pour avoir aider a jeter (es bases de cet encadrement sans
oub(ier (e personne(enseignant de ('IfFO~'D.
J\ros remerciements vont a ('endroit des condiscip(es de (a
27e promotion dont (a co((aboration a été d'un
avantage incontestab(e pour (a réa(isation de ce travai(.
J\rotre profonde gratitude va a ('endroit du gouvernement
tcliadien a travers ('t)J\rfF(PJ4 pour (efinancement de notre étude a
('IfFO~'D.
J\ros liommages s'adressent a notre pere !MJ4TCJfO7(E
(Pafingn, a notre mere ,OJ\r+EJ\rE !Massingfa, a notre frere et ami 'DJ4Ot)
fFo&a pour tant de sacrifices; a notre épouse 'DOt)ZJ4J\rE Oua&a
et notre fiston 'DJOJ\r+J4cBE Cliance(in pour tant de privations; nos
frères et amis !MJ4TCJfO7(E Lissouba, !MJ4TCJfO7(E +alira, !MJ4TCJfO7(E
'Doubané, (PJ4fFIJ\rg sOcB'DIcBE, TCJfIJ\rZOt)!McBE (Paliimi sans
oub(ier (esfami((es cBJ4I'DY(Pafing, Ot)J47(J4 Tongba, !McBOt)~IJ\rg !Mbali,
cBIJ47(J4 Tedang.
qxES SIj£ESE'P£IS'PE );~ElI)'PIO~S
ACDI : Action Canadienne pour le
Développement Industriel.
BCR : Bureau Central de Recensement. BET
: Borkou Ennedi Tibesti.
CFA : Centre de Formation et d'Apprentissage
CFC : Centre de Formation Continue CM : Chef
de ménage.
CNC : Centre national de Curricula. CNS
: Conférence Nationale Souveraine.
DCAP : Direction de la Coordination des
Activités en matière de Population.
DDEN : Délégation
Départementale de l'Education Nationale.
EDS (DHS) : Enquête Démographique
et de Santé (Demographic and Health Surveys). ENI :
Ecole Normale des Instituteurs.
EPT : Education Pour Tous.
EVF/EMP : Education à la Vie Familiale/
Education en Matière de Population.
IEB : Inspection de l'Enseignement de Base.
IESG : Inspection de l'Enseignement Secondaire
Général.
ISESCO : Organisation Islamique pour
l'Education, les Sciences et la Culture
MEN : Ministère de l'Education
Nationale.
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
ONU : Organisation des Nations Unies.
ONUSIDA : Programme commun des Nations Unies sur
le VIH/SIDA.
PARSET : Projet d'Appui à la
réforme du Secteur de l'Education au Tchad.
PIB : Produit Intérieur Brut.
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat.
RT : République du Tchad.
SA : Secteur d'Alphabétisation.
SIDA : Syndrome Immuno Déficience
Acquise.
SNRP : Stratégie Nationale de
Réduction de la Pauvreté.
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture. VIH: Virus de
l'Immunodéficience Humaine.
!DES
T4cBLE94TIERES
RE9ERCIE9EWTS III
!DES SIgLES ET IV 4cBRE'r.I4TIOWSLISTE
!DESLISTET4cBLE4)X !DES
LISTE 5Ig'uRES
RES)9E
4cBSTR4CT
V
IX . XII
XIII
XIV
!DES . T4cBLE 94TIERES
EIWTRp!D)CTIOW gEWER4L 2
ICOWTEXE !DE L 'ETV!DE C/4PITRE PRESEWT4TIOW!DQ) ,: TC/4!D.
7
1.1 CARACTERISTIQUES GEOGRAPHIQUES ET ADMINISTRATIVES 7
1.2 CARACTERISTIQUES SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES
10 1.3 CARACTERISTIQUES CULTURELLES : LA SITUATION DE LA FEMME
TCHADIENNE 12
1.4 CARACTERISTIQUES HISTORIQUES 14
1.5 ORGANIGRAMME DU SYSTEME EDUCATIF TCHADIEN 15
1.6 ORIENTATIONS DU SYSTEME 16
II
C/4PITRE C4!DT/EORIQQE ETRE'r.k,: !DEL4
ERELITTER4TORE18
2.1 CADRE THEORIQUE 18
2.1.1 L'offre scolaire 19
2.1.2 La demande scolaire 20
2.1.2.1 Facteurs socioculturels 20
a) Statut de la femme 20
b) Religion 21
c) Ethnie 22
2.1.2.2 Caractéristiques individuelles et familiales
24
a) Niveau d'instruction du chef de ménage 24
b) Statut familial de l'enfant 25
c) Milieu et région de résidence 26
d) Genre 27
2.1.2.3 Contraintes et motivations économiques 29
a) Activité économique du chef de ménage
29
b) Niveau de vie du ménage 30
c) Travail des enfants 31
2.1.2.4 Facteurs sociodémographiques 32
a) Structure par âge et sexe du ménage 32
b) La taille du ménage 33
c) Le sexe du chef de ménage 34
2.2 HYPOTHESES ET SCHEMA CONCEPTUEL 35
2.2.1 Hypothèse Générale : 35
2.2.2 Schéma conceptuel 36
2.2.3 Hypothèses Spécifiques: 37
2.2.4 Définition des concepts 37
III1YPE~2Y : ~J(1PI2PE 9E2J(ODOLOgIQQEY 39
3.1 SOURCES DES DONNEES UTILISEES 39
3.2 EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES 40
3.2.1 Qualité des données sur l'âge
41
3.2.1.1 Qualité des données sur l'âge de
l'ensemble de la population enquêtée. 41
a) Rapport de masculinité 42
b) Indice Combiné des Nations Unies 42
c) Indice de Whipple 43
3.2.1.2 Qualité des données sur l'âge des
personnes de 6 à 24 ans. 44
a) Rapports de masculinité 44
b) Evaluation graphique 45
3.2.1.3 Qualité des données sur l'âge des
chefs de ménage 46
3.2.2 Taux de réponses 47
3.2.3 Biais lié à la méthodologie de la
collecte 48
3.3 MESURE DES VARIABLES 50
3.3.1 Présentation des Variables de l'étude
50
3.3.1.1 Variable dépendante 50
3.3.1.2 Variables explicatives et/ou de contrôle 50
3.4 METHODES D'ANALYSE 54
I'(1J4WJ4L+SE
: ~I55EREWTI C/J4PITRE ELLE IYES DISPJ4RITES EWTRE SEXES
EW ~E
MJ4TIERE SCOLJ4RISJ4J4'U 56 TC/J4!DTIOW
4.1 VARIATION DIFFERENTIELLE DE LA SCOLARISATION SELON LES
CARACTERISTIQUES DES ENFANTS 56
4.1.1 Scolarisation différentielle selon le sexe et l
'âge de l 'enfant 56
4.1.2 Scolarisation différentielle selon le lien de
parenté avec le chef de ménage 58 4.2 VARIATION
DIFFERENTIELLE DE LA SCOLARISATION SELON LE MILIEU ET
LA REGION DE RESIDENCE 59
4.2.1 Scolarisation différentielle selon le milieu de
résidence 60
4.2.2 Scolarisation différentielle selon la
région de résidence 62 4.3 VARIATION DIFFERENTIELLE DE LA
SCOLARISATION SELON LES
CARACTERISTIQUES DES CHEFS DE MENAGE 64
4.3.1 Scolarisation différentielle selon l 'âge
du chef de ménage 64
4.3.2 Scolarisation différentielle selon le sexe du
chef de ménage 66
4.3.3 Scolarisation différentielle selon le niveau
d'étude du chef de ménage 67 4.4 VARIATION DIFFERENTIELLE
DE LA SCOLARISATION SELON LES
CARACTERISTIQUES DU MENAGE 69
4.4.1 Scolarisation différentielle selon le niveau de
vie du ménage 69
4.4.2 Scolarisation différentielle selon la taille du
ménage 71
4.4.3 Scolarisation différentielle selon la survie
des parents 73
C/J4q'ITRE '(1
|
ESSJ4I 'IqyEWTIFICJ4qyES !YETERMIWJ4WT :
ES ISPJ4RITES SEWTTIOWRE
|
EWMJ4TIERE~EJ4'U J4D
SCOLJ4RISJ4TIOWSEXESTC/75
5.1 VUE D'ENSEMBLE 76
5.1.1 Inégalités entre enfants de 6-14 ans
76
5.1.2 Inégalités entre enfants de 15-24 ans
79
5.2 DIFFERENCE SELON LE MILIEU DE RESIDENCE 82
5.3 DIFFERENCE SELON LE NIVEAU DE VIE DU MENAGE 84
5.4 DIFFERENCE SELON LE NIVEAU D 'INSTRUCTION DU CHEF MENAGE
86
5.5 DIFFERENCE SELON LE SEXE DU CHEF MENAGE 89
5.6 DIFFERENCE SELON LA REGION DE RESIDENCE 90
ETCOWCL'USIOWSYWT/ESE,EWERJ4LE 92
. J4WWEXE96
~E5E~E7SVEs cBIcBLIOg~1PJfIQ)Es 98
LIsTi xis T1cBLi1VX
TABLEAU 3.1 : RAPPORT DE MASCULINITE PAR GROUPE D'AGES A
L'EDS-II (TCHAD) 42
TABLEAU 3.2 : INDICES DE WHIPPLE 43
TABLEAU 3.3 : RAPPORT DE MASCULINITE PAR AGE DES ENFANTS
DE 6 A 24 ANS A L'EDS-II (TCHAD). 44
TABLEAU 3.4 : TAUX DE REPONSES SELON LES VARIABLES
UTILISEES DANS L'ETUDE 48
TABLEAU 3.5 : LISTE DES VARIABLES ET MODALITES
53
TABLEAU 4.1 : VARIATION DES TAUX DE SCOLARISATION PAR
SEXE ET INDICES DE PARITE DES TAUX IPT (G/F) SELON LES TRANCHES D'AGES A L'ED
S-II (2004) 57
TABLEAU 4.2 : TAUX DE SCOLARISATION DES FILLES ET DES
GARÇONS ET INDICES DE PARITE IPT (G/F) PAR TRANCHE D'AGES SELON LE LIEN
DE PARENTE AVEC LE CHEF DE MENAGE A L'EDS-II (2004) 59
TABLEAU 4.3 : VARIATION DES TAUX DE SCOLARISATION DES
FILLES ET GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES SELON LE MILIEU DE RESIDENCE ET
INDICES DE PARITE DES TAUX IPT (G/F) A L'EDS-II (2004) 61
TABLEAU 4.4 : VARIATION DES TAUX DE SCOLARISATION DES
FILLES ET GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES SELON LA REGION DE RESIDENCE ET
INDICES DE PARITE DES TAUX IPT (G/F) A L'EDS-II (2004) 63
TABLEAU 4.5 : VARIATION DES TAUX DE SCOLARISATION DES
FILLES ET GARÇONS PAR TRANCHES D'AGES DU CHEF DE MENAGE ET INDICES DE
PARITE DES TAUX IPT (G/F) A L'EDS-II (2004) 65
TABLEAU 4.6 : VARIATION DES TAUX DE SCOLARISATION DES
FILLES ET GARÇONS PAR SEXE DU CHEF DE MENAGE ET INDICES DE PARITE DES
TAUX IPT (G/F) SELON LES TRANCHES D'AGES A L'EDS-II (2004). 66
TABLEAU 4.7 : VARIATION DES TAUX DE SCOLARISATION DES
FILLES ET GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES SELON NIVEAU D'ETUDE DU CHEF DE
MENAGE ET INDICES DE PARITE DES TAUX IPT (G/F) A L'EDS-II (2004).
68
TABLEAU 4.8: TAUX DE SCOLARISATION DES FILLES ET
GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES SELON NIVEAU DE VIE DU MENAGE ET INDICES DE
PARITE DES TAUX IPT (G/F) A L'EDS-II (2004). 70
TABLEAU 4.9: TAUX DE SCOLARISATION DES FILLES ET
GARÇONS ET INDICES DE PARITE DES TAUX IPT (G/F) PAR TRANCHE D'AGES SELON
LA TAILLE DU MENAGE A L'EDS-II (2004). 72
TABLEAU 4.10: TAUX DE SCOLARISATION DES FILLES ET
GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES SELON LA SURVIE DES PARENTS ET INDICES DE
PARITE DES TAUX IPT (G/F) A L'EDS-II (2004). 73
TABLEAU 5.1 : RAPPORT DE CHANCES DE FREQUENTATION
SCOLAIRE DES ENFANTS DE 6-14 ANS SELON LES CARACTERISTIQUES DE L'ENFANT, DE SON
ENVIRONNEMENT ET DU CHEF DE MENAGE (TCHAD 2004). 78
TABLEAU 5.2 : RAPPORT DE CHANCES DE FREQUENTATION
SCOLAIRE DES ENFANTS DE 15-24 ANS SELON LES CARACTERISTIQUES DE L'ENFANT, DE
SON ENVIRONNEMENT, DU CHEF DE MENAGE (TCHAD 2004) 81
TABLEAU 5.3 : SOUS-SCOLARISATION FEMININE PARMI LES
ENFANTS DE 6- 14 ANS ET 15-24 ANS, SELON LE MILIEU DE RESIDENCE. 84
TABLEAU 5.4 : SOUS-FREQUENTATION FEMININE PARMI LES
ENFANTS DE 6- 14 ANS ET 15-24 ANS, SELON LE NIVEAU DE VIE DU MENAGE
86
TABLEAU 5.5 : SOUS-SCOLARISATION FEMININE PARMI LES
ENFANTS DE 6- 14 ANS ET 15-24 ANS, SELON LE NIVEAU D'INSTRUCTION DU CHEF DE
MENAGE. 88
TABLEAU 5.6 : SOUS-SCOLARISATION FEMININE PARMI LES
ENFANTS DE 6- 14 ANS ET 15-24 ANS, SELON LE SEXE DU CHEF DE MENAGE.
90
TABLEAU 5.7 : SOUS-SCOLARISATION FEMININE PARMI LES
ENFANTS DE 6- 14 ANS ET 15-24 ANS, SELON LA REGION DE RESIDENCE. 91
TABLEAU A.1 : EFFECTIFS AYANT SERVI AU CALCUL DES TAUX DE
SCOLARISATION DES FILLES ET GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES 96
TABLEAU A.2 : EFFECTIFS AYANT SERVI AU CALCUL DES TAUX DE
SCOLARISATION DES FILLES ET GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES SELON LE SEXE DU
CHEF DE MENAGE 96
TABLEAU A.3 : EFFECTIFS AYANT SERVI AU CALCUL DES TAUX DE
SCOLARISATION DES FILLES ET GARÇONS PAR TRANCHE D'AGES SELON LES
VARIABLES DE CONTROLE 97
qxEs
£is~E Fig'U~Es
FIGURE1.1: CARTE ADMINISTRATIVE DU TCHAD 9
FIGURE 3.1 : REPARTITION DES EFFECTIFS DES FILLES ET
GARÇONS DE 6-24 ANS PAR AGE A L'EDS-II 45
FIGURE 3.2: TAUX DE SCOLARISATION (%) PAR AGE DES ENFANTS
DE 6-24 ANS A L'EDS-II 46
FIGURE 3.3 : REPARTITION DES EFFECTIFS DES FEMMES ET
HOMMES CHEFS DE MENAGE PAR GROUPES D'AGES QUINQUENNAUX A L'EDS-II ...
46
FIGURE 4.1 : TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS PAR SEXE
SELON LES TRANCHES D'AGES 58
FIGURE 4.2: TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 6-14 ANS
ET 15-24 ANS PAR SEXE ET SELON LE MILIEU DE RESIDENCE 62
FIGURE 4.3: TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 6-14 ANS
ET 15-24 ANS PAR TRANCHE D'AGES ET PAR SEXE SELON LA REGION DE RESIDENCE
64
FIGURE 4.4: TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 6-14 ANS
ET 15-24 ANS PAR SEXE ET SELON LE NIVEAU D'ETUDE DU CHEF DE MENAGE
69
FIGURE 4.5: TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 6-14 ANS
ET 15-24 ANS PAR SEXE SELON LE NIVEAU DE VIE DES MENAGES 71
~~SQ)94~
Cette étude examine les déterminants des
disparités entre sexes en matière de scolarisation au Tchad. Elle
vise à une meilleure compréhension des connaissances des
inégalités scolaires entre filles et garçons notamment en
explorant la variation de celles-ci au sein de plusieurs groupes
socioéconomiques définis par la résidence, l'instruction,
le sexe et l'âge, le lien de parenté, la survie des parents etc.
Le Tchad est particulièrement intéressant comme cadre
d'étude en ce sens qu'elle pourrait bénéficier de la manne
pétrolière pour résoudre ses multiples problèmes
dont celui des inégalités scolaires entre filles et
garçons.
L'hypothèse majeure est que les différences de
scolarisation seraient plus prononcées chez les groupes
vulnérables notamment les ruraux, les pauvres, les moins instruits, les
habitants des régions précaires, etc.
Nous faisons cette étude à partir des
données de l'Enquête Démographique et de Santé (EDS)
du Tchad réalisée en 2004. Nous procéderons à une
analyse bivariée et une multivariée.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus confirment
dans l'ensemble les hypothèses émises sauf dans le cas de la
région de résidence. L'étude souligne en particulier que
les différences entre sexes sont particulièrement fortes chez les
pauvres. Il découle de tout ce qui précède que les
politiques appropriées doivent être entreprises pour
résoudre ces problèmes dans les zones rurales par
l'amélioration de l'offre et des conditions de vie des pauvres.
flBSTRfl CT
This study investigates the levels and determinants of gender
inequalities in schooling in Chad. It advance previous research by exploring
variation in gender inequality among different groups defined by residence and
several characteristics of the household and household head. Chad is a
particular interesting case study because current oil revenues could be used to
support appropriate policies to solve several social problems including gender
inequality in schooling. The main hypothesis is that these gender differencies
are more severe among vulnerable group, such as rural, poor and ineducater
household, as well as residents of underprivileged regions.
Our study uses data from Demographic and Health Surveys (DHS) in
2004 in Chad. We apply bivariate and multivariate statistical analyses to test
our hypotheses. Our results generally support the main hypothesis, except in
the case of region. The study finds paticulary large sex-related difference
among rural and poor households. Based on results, we recommend policies to
improve the supply of schools in rural settings and subsidize the costs of
education for the poor.
~~~ (~)~~~(~ ,~~~?flL~
« Après la mise au monde, il reste l
'éducation. Vivre c 'est persévérer dans son être.
Et pour une société donnée, c 'est par l 'éducation
qu 'elle se perpétue dans son être physique et social. Il s 'agit
d'un accouchement collectif qui prolonge l 'enfantement biologique individuel
»
(Ki-zerbo, 1990, p.15)
L'éducation constitue l'un des attributs les plus
importants de la population car elle détermine pratiquement tous les
aspects de la vie des individus. Elle est à la fois un moteur de
développement économique et un facteur de socialisation et de
modernisation. Pour certains, la scolarisation est source de richesse
économique (Lange, 1993 cité par DABSOU, 2001). D'autres la
considèrent comme source de pouvoir et de liberté, d'autres
encore comme un choix judicieux en vue d'échapper à la
pauvreté, à la marginalisation et à la mauvaise
santé (ACDI, 2001). D'autres enfin la considèrent comme un moyen
d'accès au savoir, au savoir être et au savoir-faire.
L'instruction acquise à travers la scolarisation est l'un des outils
indispensables au bien-être des personnes et au développement
socioéconomique et culturel d'un pays. L'éducation peut
être aussi une puissante arme pour combattre les grands maux tels que les
guerres, les épidémies, la pandémie du VIH/SIDA dont
souffre l'humanité actuelle, elle est un facteur d'accroissement du
capital humain et par conséquent elle permet d'augmenter les
capacités de production des travailleurs.
L'éducation des filles et mères, en particulier,
présente des avantages sociaux et économiques incommensurables.
En effet, les mères (filles d'aujourd'hui) éduquées ont
une plus forte propension à adopter de bons comportements et attitudes
en matière de santé et de nutrition que celles qui ne le sont
pas. Une longue exposition des filles à la scolarisation augmente leur
âge d'entrée en union, réduit leur nombre moyen d'enfants
en fin de vie reproductive et prédispose à l'utilisation des
moyens contraceptifs modernes; et ces mères éduquées
scolariseront convenablement leurs propres filles. Certains auteurs vont plus
loin dans leur argumentation en affirmant que le développement durable
est irréalisable sans la participation active des femmes. En effet, les
attitudes et comportements individuels vis-à-vis de l'environnement sont
dans une très large mesure fonction de l'éducation et plus
spécifiquement de l'instruction. Celle-ci permet à l'individu de
maîtriser certaines
connaissances (des notions concernant le milieu naturel et sa
dynamique) et de prendre conscience des enjeux et risques associés
à l'environnement. A ce titre, l'ancien Secrétaire
général de l'ONU, Kofi Annan, a fait valoir que « toutes les
études montrent qu'il n'y a pas d'outil de développement plus
efficace que l'instruction des filles. Aucune autre politique ne peut autant
accroître la productivité, réduire la mortalité
infantile et maternelle, améliorer l'alimentation et la santé, y
compris la prévention contre le VIH/SIDA ».
Pour toutes ces raisons, il est donc normal que la
scolarisation retienne l'attention des pouvoirs publics. Cette
préoccupation pour la scolarisation a suscité au niveau
international l'adoption des déclarations et conventions à
différentes occasions: la déclaration universelle des droits de
l'homme (1948), la conférence des états africains pour le
développement de l'éducation (1961), le sommet mondial pour les
enfants (1990), la conférence sur l'environnement et le
développement (1992), la conférence mondial sur les droits de
l'Homme (1993), la conférence internationale sur la population et le
développement (1994), la conférence mondiale sur les besoins
éducatifs : accès et qualité (1994), la quatrième
conférence internationale sur les femmes (1995), la conférence
international sur le travail des enfants (1997), le forum mondial sur
l'éducation (2000), la conférence de Dakar (2002). Au cours de
ces différentes rencontres internationales, l'éducation a
été érigée en une des grandes priorités du
développement. Le cadre d'action de Dakar de 2002 va plus loin en
définissant les stratégies pour l'atteinte des objectifs
fixés parmi lesquels l'élimination des disparités entre
les sexes et l'instauration de l'égalité dans la scolarisation
d'ici 2015 renforçant ainsi les objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD).
En ce qui les concerne, les pays africains au lendemain de
leur indépendance ont affiché une volonté manifeste pour
le développement de la scolarisation considérée comme
indispensable à la construction et à la consolidation des jeunes
Etats indépendants. Les jeunes dirigeants africains avaient diverses
appréciations de la scolarisation: Ils se sont d'abord résolument
investis dans la construction des infrastructures scolaires (écoles
primaires, collèges et lycées, universités et grandes
écoles de formations professionnelles, etc.), ensuite dans la formation
du personnel enseignant et puis dans l'attribution des bourses d'études
aux meilleurs élèves et étudiants, tout cela dans le souci
de mise en place d'une offre scolaire de qualité.
Le Tchad a pris à son compte dans le plan d'action
nationale de l'éducation pour tous, les objectifs de Dakar et du
Millénaire. Il a adopté la déclaration de la politique de
population en 1994 dont l'objectif général 3 est
d'éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard
des filles et des femmes. Le secteur de l'éducation a fait l'objet de
plusieurs réflexions ayant abouti à la mise en place des projets
et programmes dont l'usage des langues nationales, le projet EVF/EMP (Education
à la Vie Familiale, Education en Matière de Population), le
PARSET (Projet d'Appui à la Réforme du Secteur de l'Education),
la mise en place du CNC (Centre National de Curricula), etc. L'éducation
nationale a été érigée en secteur prioritaire pris
en charge sur le fond pétrolier et il y a eu l'adoption d'un statut
particulier des enseignants.
En dépit des efforts consentis, les objectifs
fixés tant au niveau international que national sont loin d'être
réalisés. Déjà l'objectif "Education Pour Tous
(EPT) en l'an 2000" fixé à la conférence de Jomtien en
Thaïlande (1990), n'a pas été atteint en Afrique
subsaharienne qui demeure la région du monde la moins scolarisée,
où le problème d'accès à l'école se pose de
manière criante, et où un grand nombre de pays présentent
de faibles rapports de parité (filles/garçons). Le bilan EPT
montre des progrès importants mais il reste plus de 113 millions
d'enfants n'ayant pas accès à l'enseignement et 880 millions
d'adultes analphabètes. Les discriminations entre sexes existent
toujours dans les systèmes scolaires, la qualité de
l'apprentissage et la compétence est loin de répondre aux
aspirations et aux besoins de nos sociétés. A tous ces
problèmes, il faudra rajouter les problèmes nés des
ajustements structurels vécus par les Etats africains, et la persistance
de l'inadéquation éducation emploi.
Le Tchad, pays d'Afrique subsaharienne a connu plusieurs
années de guerre qui ont paralysé ses efforts et causé son
retard dans de nombreux secteurs notamment celui de l'éducation. Le taux
de scolarisation primaire est de 31,8% au niveau national, 53% en milieu urbain
et 26% en milieu rural et les garçons sont à peu près deux
fois plus scolarisés que les filles (40,4% contre 22,8%). Selon les
résultats de l'Enquête Démographique et de Santé
(EDS 2004), une proportion importante de la population tchadienne
âgée de 6 ans ou plus n'a jamais fréquenté
l'école et, plus particulièrement, les femmes (73% contre 54%
pour les hommes). Un tiers des hommes (34%) et moins d'un quart de femmes (23%)
ont fréquenté l'école primaire. Le pourcentage de femmes
ayant atteint au moins le niveau secondaire se situe à 4% contre 12%
pour les hommes. Les données selon le milieu de résidence mettent
aussi en évidence des écarts importants de scolarisation (En
milieu rural, 60% des hommes contre 78%
des femmes n'ont pas d'instruction contre respectivement, 33%
et 52% en milieu urbain). C'est à N'Djaména la capitale que la
proportion d'hommes et de femmes sans instruction est la plus faible
(respectivement, 27% et 43%). Bref à tous les niveaux, il existe une
supériorité numérique des filles non scolarisés par
rapport aux garçons. Les pratiques des familles tchadiennes en
matière d'éducation dénotent d'une construction sexiste
ayant pour corollaire la féminisation de la pauvreté étant
entendu que les femmes n'ont pas accès à l'éducation
formelle facteur d'ascension sociale et d'accès à
l'économie formelle. Pour Dabsou (2001), les filles sont pratiquement
désavantagées dans toutes les régions du Tchad en
matière de scolarisation même si dans les régions du centre
elles semblent avoir un léger avantage que leurs consoeurs du Nord et du
Sud en termes de rapport de chances de fréquentation.
La connaissance des mécanismes qui sous-tendent la
demande d'éducation (notamment au niveau des familles, de la
collectivité et de l'Etat) couplée à celles des facteurs
liés à l'offre est donc nécessaire pour améliorer
la scolarisation et les disparités entre filles et garçons (Pilon
et Yaro, 2001). Même si beaucoup d'études ont été
effectuées sur la scolarisation, peu ont été conduites au
Tchad. C'est dans ce cadre que s'insère la présente étude
sur les déterminants des disparités entre sexes en matière
de scolarisation au Tchad.
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à l'amélioration du niveau de connaissances sur les
déterminants des inégalités scolaires entre garçons
et filles d'où la question de départ: Quels sont les
déterminants des disparités entre sexes en matière de
scolarisation au Tchad? Ladite étude s'insère dans un cadre
global d'étude population et développement en vue de contribuer
à une meilleure connaissance et compréhension des discriminations
entre filles et garçons en matière de scolarisation et à
faire ressortir des éléments nécessaires et indispensables
à la mise en place par les décideurs des mesures pouvant
permettre de réduire lesdites inégalités et d'envisager
une "éducation durable".
Plus spécifiquement, nous envisageons répondre
à plusieurs questions sur :
1- l'ampleur et les inégalités entre filles et
garçons en matière de scolarisation au Tchad.
2- les comportements différentiels des chefs de
ménage en matière de scolarisation des enfants.
3- les déterminants de cette scolarisation
différentielle, notamment en rapport avec : - les
caractéristiques individuelles de l'enfant.
- les caractéristiques des ménages.
- les caractéristiques du chef de ménage. - les
milieux et régions de résidence.
La présente étude s'organise en cinq chapitres
comme suit: Le premier donne le contexte de l'étude, en
présentant notre zone d'étude, le Tchad, son système
éducatif et les politiques éducatives en vigueur dans ce pays. Le
second passe en revue le cadre théorique, donne une synthèse de
la littérature sur la relation scolarisation et sexe des enfants et
résume les hypothèses de notre étude; Le troisième
décrit les aspects méthodologiques, notamment la source des
données utilisées, l'évaluation de la qualité des
données, la présentation des variables de l'étude et la
méthode d'analyse adoptée. Le quatrième présente
les résultats de l'analyse bivariée, et le dernier décrit
l'analyse multivariée.
I /1PI: CO~XE ,
EX T~E £ 'E)(1YE
qyu
'~~~1I(~ /1
1.1 CARACTERISTIQUES GEOGRAPHIQUES ET ADMINISTRATIVES
Le Tchad est situé entre les 7e et
24e degrés de latitude Nord et les 13e et
24e degrés de longitude Est. Il couvre une superficie de 1
284 000km²; il est le cinquième pays le plus vaste
d'Afrique après le Soudan, l'Algérie, le Congo
démocratique et la Libye. Du Nord au Sud, il s'étend sur 1 700 km
et, de l'Est à l'Ouest, sur 1 000 km. Il partage ses frontières
avec, au Nord, la Libye, à l'Est, le Soudan, au Sud, la
République centrafricaine et, à l'Ouest, le Cameroun, le Nigeria
et le Niger. De par sa position géographique, au sud du Tropique du
Cancer et au coeur du continent africain, le Tchad est marqué par une
continentalité accentuée dont l'étranglement
économique est l'une des conséquences. En effet, le pays est
dépourvu de toute façade maritime. Le port le plus proche est
celui de Port Harcourt (Nigeria), à 1 700 km de N'Djaména la
capitale. Cet enclavement extérieur est accentué par une
insuffisance des réseaux routiers qui rend difficile la circulation
durant une bonne partie de l'année.
Le pays appartient à l'Afrique centrale mais en raison
des similitudes des conditions climatiques, il est rattaché
également aux pays sahéliens. Sur le plan climatique, on
distingue trois zones :
· La zone saharienne qui couvre 50% de la superficie du
pays est marquée par une pluviométrie très faible (moins
de 300 mm par an), et par une végétation de type steppique ou
pseudo steppique. Les sols nus caractérisés par les dunes et les
ergs du désert saharien occupent les confins septentrionaux de la
zone.
· La zone sahélienne qui s'étend sur
environ 40% de la superficie du territoire, se situe entre la zone saharienne
au nord et soudanienne au sud. Les pluies n'y sont abondantes que dans la
partie sud (400 à 700 mm par an) et s'étalent sur deux à
trois mois; la formation végétale est celle de la savane
arbustive du type sahélo soudanien.
· La zone soudanienne qui s'étend sur environ 10%
de la superficie du territoire est constituée par deux bassins des
principaux fleuves (le Chari et le Logone). La pluviométrie
dépasse 700 mm par an et peut atteindre 1 200 à 1 300 mm au
Sud.
On rencontre deux saisons au Tchad: la mousson du sud-ouest
provoque la saison de pluie et l'harmattan du nord-ouest la saison
sèche.
Il faut noter qu'au Nord, région essentiellement
désertique, l'offre scolaire seule ne suffit pas à
améliorer le niveau de scolarisation car les parents à
majorité nomade et musulmans, ne croient pas au bienfait de
l'école française et les enseignants affectés dans cette
zone hésitent d'y aller. Au centre du pays, on retrouve
particulièrement la région du Salamat qui est très
enclavée et coupée des autres régions pendant la saison de
pluie et au moment de la rentrée scolaire. Dans cette région, les
équipements scolaires y arrivent tardivement et beaucoup d'enfants des
zones isolées, fortement islamisées sont exclus du système
éducatif. Le sud du pays habitée majoritairement des agriculteurs
chrétiens bénéficie des efforts du pouvoir public en
matière de scolarisation sans oublier l'investissement missionnaire
chrétien dans ce sens.
Sur le plan administratif, tenant compte de la volonté
de rapprocher l'administration des administrés et surtout de prise en
main du développement par les collectivités locales, la
constitution de 1996 révisée en 2005 a institué l'Etat
fortement décentralisé et par Décrets 418/PR/MAT/2002 et
419/PR/MAT/2002, le pays est découpé en 18 régions (y
compris la ville de N'Djaména), 50 départements, 212
sous-préfectures et arrondissements municipaux, 12 sultanats et 471
cantons.
Figure 1.1: Carte administrative du Tchad
1.2 CARACTERISTIQUES SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET
ECONOMIQUES
La population du Tchad, estimée en 1993 à
environ 6 280 000 habitants s'établit en 2005 à 9,3 millions et
atteindra 12 millions en 2015 selon les projections de la Direction de la
Population (DCAP, 2003). Le taux d'accroissement de cette population est
passé de 1,4% en 1964 (Service de Statistique, 1996) à 2,5% en
1993 (BCR, 1995) pour atteindre 3,2% en 2000 selon les projections de la DCAP
en 2003.
Cette population est très mal répartie sur
l'ensemble du territoire, avec pour conséquence des zones de fortes et
de faibles concentrations. Environ la moitié de la population du pays
(47%) est concentrée sur seulement 10% de la superficie du territoire
national. La densité moyenne de la population en 1993 est faible (4,9
habitants/kilomètres carrés) et varie de 0,1 habitants par
kilomètres carrés dans la région septentrionale (BET)
à 52 habitants par kilomètres carrés dans la région
du Logone Occidental au Sud. Cette densité est estimée à
7,2 habitants par kilomètre carré aujourd'hui, et elle atteindra
environ 9,3 habitants par kilomètres carrés en 2015. La
mortalité infantile est de 102%o, avec une espérance de vie
à la naissance de 49,6 ans. Avec un taux brut de mortalité
estimé à 16,3% en 1993 et un taux de natalité de 44,6%o,
le taux d'accroissement naturel est de 2,5%, ce qui signifie que la population
tchadienne est appelée à doubler tous les 28 ans.
La structure par âge et sexe révèle que la
population du Tchad est relativement jeune et à dominance
féminine. En 1993, la population âgée de 15 ans
représentait 48% de la population totale, 47% pour les 15-59 ans et 3,5%
pour les personnes âgées de plus de 64 ans. Les femmes
représentaient 52% de la population et la proportion des hommes
était d'environ 48%. Le niveau de fécondité au Tchad reste
l'un des plus élevés de la sous région. L'Indice
Synthétique de Fécondité (nombre moyen d'enfants par
femme) était de 5,1 enfants par femme en 1964 (Service de Statistique,
1996). Il était estimé à 5,6 enfants par femme en 1993
(BCR, 1995) et à 6,6 enfants par femme en 1996-97 (EDS-I).
Sur le plan économique, grâce à l'appui de
la Facilité d'ajustement structurel renforcé et de la
Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la
croissance depuis 1994, le Tchad a connu une performance macroéconomique
satisfaisante. La croissance du PIB a été en moyenne de 5,2% en
valeur réelle pendant la période 1994-2003. Depuis 2001, elle a
dépassé
9,5% en moyenne par an. D'après les dernières
estimations et projections, le PIB réel a continué d'augmenter
à un rythme soutenu (8,4 et 12,6%) en 2002 et 2003 sous l'effet des
investissements liés au pétrole et de leurs retombées.
En ce qui concerne le développement humain, le Tchad
occupe la 1 67e place parmi les 177 pays inclus dans l'indice du
développement humain des Nations Unies. Les indicateurs sociaux restent
bien en dessous des moyennes de l'Afrique subsaharienne. L'accès
à des sources améliorées d'eau potable s'est étendu
au cours des trois dernières années mais reste limité
à trois personnes sur neuf. Seulement 1% de la population dispose de
l'électricité et on ne compte que 550 kilomètres de routes
revêtues sur un territoire de plus de 1,2 millions
km².
La vitesse d'expansion du VIH/SIDA est inquiétante. En
effet, avec 2 cas en 1986, l'ONUSIDA estime que la prévalence du VIH au
Tchad est d'environ 4,8% et que près de 200.000 personnes y vivent avec
le virus de VIH/SIDA (ONUSIDA, 2004). Avec un taux d'urbanisation de 2 1,4%, le
Tchad est l'un des pays les moins urbanisés de la sous région;
40% de la population urbaine est concentrée à N'Djaména la
capitale et seulement 25 villes avaient plus de 10 000 habitants en 1993.
Le pays compte plus de 160 ethnies regroupées en 13
grands groupes. Quatre religions prédominent: l'islam (53,9%), le
catholicisme (20,3%), le protestantisme et religions connexes (14,4%) et
l'animisme (7,4%). La partie méridionale du pays est habitée
majoritairement par les ethnies fortement christianisées et animistes
alors que la zone septentrionale constitue le bastion des ethnies
majoritairement musulmanes.
La population active est estimée à 2 719 497
individus répartie comme suit:
-52,1% d'hommes et 47,9% de femmes;
-14,8% en milieu urbain et 85,2% en milieu rural;
-99,3% sont occupés et 0,7% des chômeurs.
L'économie du Tchad repose essentiellement sur
l'agriculture et l'élevage avec le coton comme première culture
commerciale. Par ailleurs, le Tchad est deuxième producteur mondial de
la gomme arabique. Les cultures vivrières les plus répandues sont
le mil et le riz. En outre, le Tchad est un grand pays d'élevage.
Le Nord du Tchad fait partie du Sahara et est habité
majoritairement par des musulmans. C'est une zone d'élevage mais aussi
de pêche et d'agriculture surtout dans le lac
Tchad. Au centre du pays cohabitent musulmans et
chrétiens avec pour principales activités l'élevage et
l'agriculture. Le sud est constitué de la savane arborée
où se concentre l'essentiel des terres cultivables. Prenant leurs
sources en République Centrafricaine dans l'Oubangui Chari, les fleuves
Logone et Chari arrosent la vaste plaine du Sud-Ouest, inondable une partie de
l'année avant de se joindre à N'Djaména et de continuer
leur course dans le Lac Tchad. Les poissons des fleuves Chari et Logone
représentent une ressource importante de même que les mines de
natron du Kanem. Les puits de pétrole sont localisés au Sud du
pays (Doba, Moïssala, Bongor, etc.). La majeure partie de la population
tchadienne est concentrée dans les zones fertiles, au sud des fleuves
Chari et Logone.
Il ressort des résultats du RGPH 1993 que les ethnies
du Sud scolarisent plus les enfants que celles du Nord et du Centre. Les Arabe,
Ouaddaï et Peul sont les ethnies les moins scolarisées en milieu
rural au Tchad et, elles sont composées majoritairement de musulmans et
vivent dans les régions du Centre et du Nord.
Le Tchad est un pays pauvre et la lutte contre la
pauvreté reste une priorité, c'est pourquoi la vision du pays
à l'horizon 2015 s'inscrit dans une perspective de réduction de
l'indice d'extrême pauvreté de moitié et d'une
économie post-pétrolière diversifiée et
compétitive. Ainsi, 80% des ressources directes provenant du projet
pétrole tchadien sont affectées aux dépenses des secteurs
prioritaires (Education, Santé, Infrastructures, Environnement,
Ressources en Eau, Défense). Les cinq axes principaux de la
Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP)
sont de promouvoir la bonne gouvernance ; d'assurer une croissance
économique forte et soutenue ; d'améliorer le capital humain ;
d'améliorer les conditions de vie des groupes vulnérables ; de
restaurer et sauvegarder les écosystèmes.
1.3 CARACTERISTIQUES CULTURELLES : LA SITUATION DE LA
FEMME TCHADIENNE
Dans la société traditionnelle tchadienne, la
femme bien que ne prenant généralement pas part aux
assemblées des hommes, avait toujours son mot à dire, en
coulisse, ou alors elle jouait le rôle "d'oreille" de l'homme. Lorsque le
chef ou l'ancien qui préside une réunion s'excuse promptement et
s'absente pour un moment, c'est souvent pour aller consulter la
doyenne ou sa première épouse. Dans cette
société traditionnelle, l'éducation du jeune enfant quel
que soit son sexe, relève du domaine de la femme. C'est elle qui
inculque à l'enfant les valeurs essentielles de son clan. C'est donc par
la femme que se transmettent de génération en
génération et se pérennisent les valeurs de la
société. Elle est la gardienne de la société.
La place accordée à la femme tchadienne varie
selon les zones écologiques du pays. Aussi, la situation de guerre qu'a
connue le pays associée à la crise économique et sociale,
a fait que la femme est devenue la première responsable de la famille,
prenant ainsi la place de l'époux souvent sans revenus, exilé ou
enrôlé dans les organisations politiques. C'est le cas des veuves
dont les époux sont morts dans les maquis ou pour d'autres causes. Les
femmes tchadiennes exercent en grande majorité des activités de
type informel et sans investissements conséquents, ni qualifications
particulières. On les retrouve dans l'agriculture, l'élevage, la
pêche, le commerce et l'artisanat.
Du point de vue de son statut social, la femme tchadienne
connaît de multiples contraintes qui freinent son épanouissement
et empêchent la pleine mobilisation de son énergie. Les droits
moderne, coutumier et musulman coexistent et certaines dispositions de ces
droits sont contraires à la jouissance des droits de la femme. Ainsi,
dans le mariage, la décision d'unir deux jeunes est prise par les chefs
des deux familles sans le consentement des futurs époux et ces
décisions font l'objet d'aucun acte civil. Certaines dispositions du
code civil censées protéger les femmes dans les liens de mariage
ne sont appliquées qu'à une minorité de femmes et la dot
demeure un facteur déterminant dans le maintien des femmes dans une
situation de soumission.
De type patriarcal, du point de vue de la succession, la
société tchadienne donne plus de droits aux garçons qu'aux
filles. Ceci est renforcé par l'ignorance des textes et lois en la
matière par les femmes impliquant la prépondérance de la
tradition. Dans les religions traditionnelles, la femme est associée aux
patrimoines et assimilée aux biens de son époux et, à ce
titre, elle est donnée en héritage à un frère ou
à un cousin du défunt sans son avis dans la majorité des
cas. Les textes fondamentaux de la République traitent de manière
égalitaire la femme et l'homme et confèrent à la femme une
pleine capacité juridique, mais des distorsions existent dans leur
application ; c'est alors en cas de silence de la coutume que le code civil est
appliqué.
Du point de vue de l'éducation, on inculque à la
petite fille dès le bas âge, une image peu valorisante de la
femme. Les travaux domestiques lui sont attribués d'office, même
si certaines peuvent être exécutés par les garçons,
cela en vue de lui faire comprendre qu'elle a intérêt à
"bien se comporter" pour se trouver un mari.
Somme toute, le poids des traditions, les privilèges
sociaux, les valeurs ancestrales et la religion constituent dans une certaine
mesure des freins à l'épanouissement de la femme. La
quasi-absence de volonté politique et le manque de structures ne
favorisent pas l'épanouissement de la femme tchadienne. Le
système traditionnel d'éducation et de formation est basé
sur les principes du système patriarcal qui fait de la femme un
être soumis et respectueux de la "supériorité" de
l'homme.
1.4 CARACTERISTIQUES HISTORIQUES
L'histoire de l'introduction de l'école au Tchad est
étroitement liée à celle de la religion. D'une part, la
pénétration de l'islam a favorisé la naissance des
écoles coraniques, et d'autre part, le christianisme et la colonisation
ont ajouté à cela l'école française dont la
première a été crée à Mao en 1911.
Cependant, dans certaines régions, le système éducatif
formel ne s'est véritablement développé qu'avec
l'arrivée des missionnaires qui, pour le besoin de la cause, se sont
attelés à l'oeuvre d'alphabétisation et de scolarisation
en plus de leur mission d'évangélisation.
Le système scolaire au départ n'était
accessible qu'aux enfants des collaborateurs de l'administration coloniale
(enfants des chefs coutumiers, des sultans, des notables, etc.), limitant ainsi
les possibilités d'accès des filles dont la place était
plutôt au foyer. Il a fallu attendre les années 1960 pour que le
système soit ouvert aux enfants issus de toutes les couches sociales. La
femme étant également un agent de développement, des
dispositions ont été prises pour intégrer les jeunes
filles dans ce système afin de les rendre plus efficaces. Pour inciter
les parents à envoyer davantage les filles à l'école, la
stratégie adoptée par les confessions religieuses, notamment
catholiques, était de créer des écoles et collèges
uniquement pour les filles. Les filles étaient ainsi
défavorisées dès le début de la création des
écoles.
1.5 ORGANIGRAMME DU SYSTEME EDUCATIF
TCHADIEN
Deux ministères sont directement impliqués dans
la gestion du secteur de l'éducation et de la formation : le
Ministère de l'Education Nationale (MEN) et celui de l'Enseignement
Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation
Professionnelle. Au niveau du MEN, trois organismes sont rattachés au
cabinet du ministre :
- La Commission Nationale Tchadienne pour l'UNESCO ;
- Le Centre Pédagogique pour l'ISESCO ;
- Le Centre National des Curricula.
Administrativement, le Tchad est divisé en 18
régions, 50 départements et 212 souspréfectures (ou
arrondissements). Sur le plan de l'éducation, il existe 29
Délégations Départementales de l'Education (DDEN), premier
échelon déconcentré du Ministère de l'Education
Nationale. Dans chaque DDEN se trouvent des structures locales chargées
de l'inspection, de la supervision, de l'encadrement et de la formation : des
Inspections de l'Enseignement Secondaire Général (IESG) ;
Inspections de l'Enseignement de Base (IEB) ; les Ecoles Normales
d'Instituteurs (ENI) ; les Centres de Formation Continue (CFC) ; les Secteurs
d'Alphabétisation (SA) ; les Centres de Formation et d'Apprentissage
(CFA).
Le système éducatif est subdivisé en 4
niveaux d'enseignement : la maternelle, l'élémentaire, le
secondaire et supérieur mais il existe une autre structuration qui est
faite par degré, avec le primaire comme premier degré, le
secondaire comme second degré et le supérieur comme
troisième degré.
- L'enseignement élémentaire
comporte six années d'études et accueille les enfants
âgés de 6 à 11 ans et il est sanctionné par le
Certificat d'Etudes Primaires (CEPE).
- L'enseignement secondaire se
décompose en deux branches : la formation générale et la
formation technique.
o L'enseignement secondaire général comprend le
1er et 2nd cycle d'une durée respective de quatre
et trois ans. Le 1er cycle est sanctionné par le Brevet
d'Etudes du premier cycle (BEPC) et le 2nd cycle par le
Baccalauréat de l'enseignement du second degré.
o La formation technique accueille d'une part, les
élèves de fin de 2e année du 1er cycle des
collèges d'enseignement technique pour une durée de trois ans
sanctionnée par un Certificat d'Aptitude
Professionnelle (CAP), et d'autre part, les élèves de la classe
de 3ème des lycées techniques pour la même
durée sanctionnée par le Baccalauréat de technicien.
- L'enseignement supérieur comprend
les facultés, les instituts et les écoles professionnelles
accueillant les élèves titulaires du Baccalauréat de
durée variable selon les filières et les écoles.
Les langues officielles d'enseignement sont le Français
et l'Arabe.
1.6 ORIENTATIONS DU SYSTEME
Le droit à l'éducation, à la formation et
à l'information est reconnu par la loi. La constitution de 1996
détermine en ses articles 31, 32, 33, 34, 35, 39 et 50 les missions
d'éducation assignées à l'Etat. Elle affirme entre autres
que :
- Tout citoyen a droit à l'éducation ;
- L'enseignement public est laïc et gratuit ;
- L'enseignement privé est reconnu et s'exerce dans les
conditions définies par la loi ;
- L'enseignement fondamental est obligatoire ;
- Les parents ont le droit naturel d'élever et
d'éduquer leurs enfants, ils sont soutenus dans cette tâche par
l'Etat et les collectivités décentralisées.
Depuis l'accession du Tchad à l'indépendance le
11 Août 1960, le pays a fait du secteur de l'éducation l'une des
priorités bien que dans la pratique, la réalisation de cette
priorité soit rendue difficile par la poussée
démographique et la demande sociale d'éducation. Un programme
Education-Formation en liaison avec l'Emploi (EFE) a été mis en
place en 1990 pour mieux orienter la formation en fonction des besoins du
marché du travail, améliorer le rendement du système et
accroître régulièrement le nombre de
bénéficiaires directs des services d'éducation et de
formation.
La Conférence Nationale Souveraine (CNS) du 15 janvier
au 6 Avril 1993, a recommandé la tenue des Etats Généraux
de l'Education qui ont eu lieu du 19 au 29 octobre 1994. Il s'est tenu en
Suisse en 2002, la table ronde de Genève IV (réunion sectorielle
sur l'éducation et la formation au Tchad) au cours de laquelle le
gouvernement a présenté sa
politique sectorielle en matière d'éducation et
la stratégie de sa mise en oeuvre. Le plaidoyer et la mobilisation
sociale en faveur de la scolarisation des enfants et des filles en particulier
sont les grands axes de ladite stratégie. La réduction des
disparités entre sexes occupe une place importante dans cette
stratégie.
Une amélioration de la scolarisation a
été constatée mais reste en déca des attentes.
L'insuffisance des structures d'offre de l'éducation constitue le
principal handicap au développement de l'éducation au Tchad. A
cela, s'ajoute le cycle infernal des années blanches et des
années scolaires élastiques ou tronquées.
IIC/fl'IcrqE: Cfl'lYqE cr/EOqIQQXE Ecr
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qE<QXE £IcrcrEqflcrQXqE
De nombreuses études ont examiné les
déterminants de la scolarisation en Afrique et des
inégalités scolaires entre filles et garçons. Ces
études ont été guidées par plusieurs
théories et perspectives, lesquelles soulignent l'importance de
plusieurs déterminants complémentaires opérant au niveau
des enfants eux-mêmes, leurs familles, leurs écoles ou la
communauté tout entière. Le présent chapitre décrit
le cadre théorique qui guidera notre étude, et il passe en revue
plusieurs déterminants principaux identifiés dans ce cadre.
2.1 CADRE THEORIQUE
Plusieurs théories ont été
avancées pour expliquer les variations dans la scolarisation des
enfants, notamment les différences entre garçons et filles. Ces
multiples théories peuvent être cataloguées selon plusieurs
critères différents, notamment leur perspective
générale, leur discipline-mère, ou leur point focal. Selon
la perspective, l'on peut distinguer les théories du consensus (qui
mettent l'accent sur le mérite individuel) et les théories du
conflit (qui mettent l'accent sur les privilèges liés à
l'origine sociale). Selon la discipline d'origine, on peut distinguer les
théories économiques des théories culturelles. Selon le
point focal, les théories peuvent mettre l'accent sur les
caractéristiques individuelles, familiales, ou communautaires par
exemple.
Le cadre théorique retenu pour cette étude
repose sur une distinction majeure entre les facteurs de l'offre et les
facteurs de la demande scolaire. En démographie, l'étude de la
demande scolaire est un domaine d'exploration récent. Pendant longtemps,
les chercheurs se sont appesantis sur l'effet de l'offre scolaire. On avait cru
que ces inégalités étaient dues uniquement à
l'insuffisance de l'offre scolaire et qu'il suffisait de mettre en place des
infrastructures scolaires, de former les enseignants, d'offrir des bourses
d'études aux apprenants pour améliorer la fréquentation
scolaire. Les limites de cette approche ont conduit
les chercheurs à faire attention à d'autres
facteurs dits de demande. Ces deux groupes de facteurs sont
présentés ci-dessous.
2.1.1 L'offre scolaire
L'offre scolaire recouvre l'ensemble des facilités
offertes par la société à ses membres en matière de
scolarisation : elle comprend non seulement les infrastructures mais aussi le
personnel enseignant, le matériel didactique, le contenu de
l'enseignement. La qualité de l'offre scolaire (proximité et
équipement des infrastructures, accessibilité financière,
qualification du corps enseignant...) peut influencer le choix de
l'école et la propension des parents à envoyer les enfants
à l'école.
La proximité et l'équipement des infrastructures
scolaires interviennent dans l'explication des disparités entre sexes en
matière de scolarisation. En effet, les parents refusent d'envoyer les
filles dans des écoles peu équipées ou
éloignées des maisons d'habitation pour ne pas les exposer aux
agressions de toute sorte. D'après Hill et King (1993) cités par
Kobiané (2002),
"in Egypt, Morocco and Tunisia, parents are reluctant to
send their daughters to distant schools because they fear exposing them to
moral or physical peril. Even in relatively more open societies of Malaysia and
the Philippines, distance to school is greater deterrent to girl's enrollment
than to boys. (...). In Bangladesh parents have withdrawn girls but not boys
from schools without latrines".
Dans le cas des tribus Massaï de la Tanzanie, Bonini N.
(1998) écrit :
« la faiblesse de l 'offre scolaire, la
quasi-inexistence du passage dans le secondaire (...) sont autant des
conditions qui limitent les stratégies éducatives des parents.
Pour les pères (...), l 'univers des possibles est donc très
restreint. On ne peut véritablement parler de choix éducatifs que
pour deux critères : le sexe des enfants scolarisés et leur
nombre ».
L'accès physique est également à
l'origine des inégalités entre filles et garçons en
matière de scolarisation car comme le soulignent Adjimou et Kouton
(2001), « la scolarisation entraîne des frais importants
d'inscription, d'uniforme et de transport. Pour ces raisons (...), quand la
famille n 'a pas de moyens, les parents donnent souvent priorité
à
l'éducation des fils ». Les mauvais
comportements de certains enseignants vis à vis des filles rendent les
parents réticents à envoyer ces dernières à
l'école. D'après UNESCO (1997), cité par Lange et Pilon
(2000), le harcèlement sexuel est l'un des facteurs qui
déterminent les disparités entre sexes en matière de
scolarisation.
Même si l'offre est un facteur essentiel dans la
scolarisation des enfants, elle n'est pas un facteur suffisant. La
décision d'envoyer les enfants des deux sexes à l'école,
dépend aussi d'autres facteurs dits de demande que nous évoquons
ci-dessous.
2.1.2 La demande scolaire
La demande scolaire est l'expression des comportements,
attitudes et représentations des familles et des ménages face
à l'école (Kobiané, 2002). Elle dépend de plusieurs
facteurs qui peuvent être regroupés en quatre catégories et
incluent les facteurs socioculturels, les caractéristiques individuelles
et familiales, les contraintes économiques, et les facteurs
démographiques.
2.1.2.1 Facteurs socioculturels
La culture est l'ensemble des valeurs et normes
régissant le fonctionnement d'une société. Les attitudes
et comportements, les pensées et les pratiques des individus sont
réglementés par leur culture. Les variables socioculturelles sont
donc importantes dans l'explication des phénomènes sociaux
notamment des disparités entre sexes en matière de scolarisation.
Ces facteurs incluent notamment le rôle et le statut de la femme, la
religion, et l'ethnie.
a) Statut de la femme
Dans les sociétés de l'Afrique subsaharienne en
général et au Tchad en particulier, la femme est d'abord
mère et épouse, exerce ses activités au sein du couple
conjugal et sa fonction principale est celle de la reproduction. En outre, elle
est une "résidente passagère" devant subir une migration pour
cause de mariage qui, en général intervient très
tôt. Il incombe seul à l'homme de générer les
ressources financières du ménage. Par conséquent, il
exerce des activités hors foyer conjugal afin de subvenir aux besoins de
sa famille. C'est
pourquoi l'éducation donnée à l'enfant
dès le bas âge est fondée sur cette division du travail et
la décision de le scolariser en dépend.
Dans une étude portant sur la tribu Massaï de la
Tanzanie, Bonini (1998) écrit : « Si la scolarisation des
garçons peut avoir certaines retombées positives sur l
'unité familiale, celle des filles est en général
considérée comme inutile, ne pouvant profiter à la
famille. [...]. Les connaissances que la jeune fille aura accumulées
durant sa scolarité pourront être d'aucun profit pour ses parents
mais bénéficieront à sa belle famille au côté
de qui elle réside désormais ».
Toutefois, la scolarisation des filles dans l'enseignement
primaire est tolérée car elle
ne présente pas un obstacle majeur au mariage des
écolières.
Dans une étude sur le Burkina Faso, Gérard
(1998) souligne que les femmes sont considérées comme des biens
matrimoniaux, gages de la reproduction biologique et sociale, de la
parenté au point où leur émancipation en dehors du cadre
lignager et des réseaux d'alliance menacerait l'équilibre social.
C'est donc pour cette raison qu'elles sont tenues à l'écart des
domaines masculins, notamment ceux du savoir et du pouvoir, propices à
une telle émancipation.
En définitive, la société traditionnelle
du Tchad est largement défavorable à la scolarisation de la fille
en raison du statut qui lui est assigné. Les normes et valeurs à
l'origine de cet état de fait, trouvent parfois leurs fondements dans
les croyances religieuses qu'il convient d'examiner de près.
b) Religion
Une religion véhicule des valeurs, normes et pratiques.
La religion chrétienne est associée aux valeurs
occidentalo-chrétiennes tandis que l'islam est associé aux
valeurs arabomusulmanes. Dans la littérature, l'islam est cité
comme un frein à la scolarisation alors que la religion
chrétienne est considérée comme favorable à
celle-ci. En effet, Yaro (1995) au Burkina et Gérard (1997) au Mali font
ressortir l'influence négative de l'islam sur la scolarisation des
enfants, notamment celle des filles, résultant du conflit entre
l'école publique laïque et les écoles confessionnelles, en
particulier musulmanes.
Dans la province du Séno au Burkina, la scolarisation
et les stratégies scolaires des ménages sont
déterminées par le fait que selon les parents : «
l'école est sans valeur, nous préférons l'école
coranique ». Dans la province du Bani au Burkina, les ménages
préfèrent envoyer leurs enfants à l'école coranique
car pour eux, l'école des « blancs » ne leur apporte rien de
concret ou de positif.
Il apparaît ainsi un antagonisme entre l'école
formelle et l'islam mais cela ne saurait être
généralisé et des nuances sont à relever. En effet,
à Bouza au Niger, Ali et al. cité par Kobiané (2002),
relève que l'intérêt pour l'école coranique
répond surtout à un besoin social qui est celui d'intégrer
l'enfant dans sa communauté villageoise. C'est pourquoi, il est
accepté que l'enfant fréquente à la fois l'école
classique et l'école coranique ; et dans certains cas, il est
créé l'école franco-arabe qui devient une solution de
substitution.
Au Tchad, les données du recensement de 1993 montrent
qu'en milieu rural tout comme en milieu urbain, les chrétiens sont mieux
scolarisés que les musulmans tant chez les filles que chez les
garçons. Les chrétiens ont une plus forte propension à
inscrire leurs enfants à l'école moderne que les musulmans.
Toutefois, la relation islam et faible scolarisation
féminine en Afrique n'est pas une relation de cause à effet comme
l'illustre « le cas du Soudan où le Nord musulman présente
des taux de scolarisation significativement plus élevés que le
Sud chrétien et traditionnel » (Hyde, 1993 cité par
Kobiané, 2002). Il convient de relativiser le conflit religion
musulmaneécole formelle, et il faudrait considérer d'autres faits
culturels dans l'explication de la demande d'éducation, parmi lesquels
l'ethnie.
c) Ethnie
L'ethnie désigne un regroupement socioculturel. Pour
reprendre les termes de Nicolas (1973 : cité par Kobiané, 2001),
c'est un "composé spécifique en équilibre plus ou moins
stable, de culturel et de social", et apparaît souvent comme un facteur
de différenciation en matière de scolarisation. La conquête
coloniale et l'implantation des missions catholiques d'où sont issues
les écoles et les rapports conflictuels qui en ont
découlés, permettent de comprendre l'attitude de certaines
communautés d'Afrique subsaharienne en matière de
scolarisation.
Au Tchad, l'étude de la scolarisation selon le grand
groupe ethnique au recensement de 1993, a montré que trois groupes du
Sud fortement christianisés se démarquent des autres : le groupe
"Sara" avec 57,5% d'enfants scolarisés, le groupe "Tandjilé" avec
48,4% et le groupe "Mayo-kebbi" avec 47,8%. Les mêmes groupes ethniques
prédominent lorsqu'on examine la scolarisation des filles (RT, 1995). En
revanche, les enfants des groupes ethniques fortement islamisés du Nord
sont les moins scolarisés du pays. C'est ainsi que la forte
scolarisation observée dans certaines régions du Tchad est
considérée comme le résultat d'une acculturation, et la
sous scolarisation existe chez les peuples très attachés à
leurs traditions (Mbaïosso, 1990).
La préservation et la pérennisation des acquis
culturels dans la société traditionnelle africaine
s'opèrent au niveau de l'ethnie sous le contrôle de la famille.
Etant donné que la scolarisation véhicule un modèle
culturel étranger, on comprend aisément le rôle que peut
jouer la famille dans l'appréciation du système scolaire par
rapport aux normes et valeurs sociales en vigueur et au modèle de
développement souhaité (Diallo, 2003).
D'après Bonini (1998), le faible niveau de
scolarisation des enfants chez les Massaï de la Tanzanie s'explique par le
fait que l'école de type occidental était vue comme une
contrainte empêchant les enfants de s'occuper du troupeau alors qu'on ne
voyait pas ses bienfaits.
Les travaux socio anthropologiques faits à travers les
récits de vie et les entretiens de groupe (focus group) ont
également contribué à faire avancer l'état des
connaissances sur les fondements des choix parentaux en matière de
scolarisation. A travers la représentation des rôles et les
statuts, on comprend pourquoi les parents préfèrent investir
davantage dans la scolarisation des garçons que des filles. On comprend
ainsi les subtilités des stratégies familiales ou des
négociations intrafamiliales que ni les approches économiques, ni
les apports de la démographie ne permettent de cerner (Kobiané,
2002).
La principale limite intrinsèque des travaux
sociologiques sur la demande d'éducation dans les pays du Sud est qu'on
ne peut généraliser les résultats trouvés dans les
contextes socioéconomiques différents (Kobiané, 2002). En
plus, on s'en tient dans ces études à l'effet des facteurs
socioculturels pris isolément, une telle démarche ne permet pas
d'appréhender la complexité et la totalité du
problème de la scolarisation dans une société
donnée.
L'homme n'est pas un "simple idiot culturel" ou un "automate
culturel", mais un acteur social et ses comportements dépendent non
seulement des normes et valeurs sociétales mais aussi de aspirations et
considérations individuelles. Ainsi, la décision de scolariser un
enfant dépend non seulement de l'environnement sociologique, mais aussi
et surtout des aspirations et choix des parents, conditionnées par
plusieurs facteurs tels les caractéristiques individuelles et
familiales, les contraintes et motivations économiques, et les facteurs
démographiques.
2.1.2.2 Caractéristiques individuelles et
familiales
Parmi les déterminants individuels et familiaux de la
scolarisation, l'on relève notamment le niveau d'instruction du chef de
ménage, le statut familial de l'enfant, et le genre.
a) Niveau d'instruction du chef de
ménage
L'instruction du chef de ménage influence positivement
la scolarisation des enfants, et particulièrement les disparités
entre sexes en matière de scolarisation. Plus, le chef de ménage
est instruit, plus les enfants ont de chances d'être scolarisés et
de manière plus égalitaire. Pilon (1996) affirme que le niveau
d'instruction de la mère apparaît au moins aussi important sinon
plus que celui du père pour la scolarisation des enfants. Plus le niveau
d'instruction est élevé, moins il y a des discriminations contre
les filles. Abagio (1995) et Shapiro (1999), abordent dans le même sens
en disant: plus le niveau d'instruction du chef de ménage
s'élève, moindres sont les inégalités de
scolarisation entre filles et garçons.
Il ressort aussi d'une étude réalisée par
Wakam en 2001 sur les données du recensement du Cameroun de 1987, que le
niveau d'instruction du chef de ménage tend à favoriser davantage
la scolarisation des filles dans les ménages dirigés par les
femmes et celle des garçons dans les ménages dirigés par
les hommes. Dabsou (2001) a montré que dans le cas du Tchad, plus le
niveau d'étude du chef de ménage augmente, moins grandes sont les
inégalités entre filles et garçons en matière de
scolarisation.
b) Statut familial de l'enfant
Les disparités entre sexes à l'école sont
parfois liées au statut familial de l'enfant dans le ménage.
L'effritement des liens de solidarités, la cherté de la vie
conjugués à l'effet de la crise font que les chefs de
ménage ne peuvent offrir les mêmes chances de scolarisation
à leurs propres enfants et à ceux qui sont à leur charge
d'une part, et d'autre part, entre les enfants de sexe masculin et de sexe
féminin.
Dans une étude sur le Mali, Marcoux (1994)
parvînt au résultat suivant: le statut familial de l'enfant au
sein du ménage de résidence induit des stratégies
scolaires différentes avec un net désavantage pour les filles
confiées à un ménage urbain, même quand une femme
est à la tête du ménage. Selon Wakam (2001), la survie des
parents influence la scolarisation des enfants et jeunes. En effet, les
orphelins de père et mère sont de loin les plus
défavorisés notamment les jeunes de 15-24 ans en terme de
fréquentation scolaire. Le décès de la mère est
plus néfaste que celui du père et les inégalités
sont plus importantes entre filles orphelines et non orphelines qu'entre
garçons orphelins et non orphelins. Au Tchad, Faya (1994 cité par
Biloo 2004) a montré que les enfants orphelins sont le plus souvent
abandonnés par leur famille, car on les dit "touchés par le
mauvais sort", ils sont alors contraints de travailler pour se prendre en
charge et leurs frères, ce qui les prive automatiquement de la
scolarisation.
Les enfants confiés font partis des
défavorisés dans les sociétés africaines. Le
confiage ou "la circulation" des enfants est une pratique courante qui
d'après Messan (2002), va aussi bien dans l'intérêt des
parents (expression et réception de solidarité) que des enfants
(socialisation, scolarisation, apprentissage, etc.). L'approche sociologique du
confiage des enfants considère que, traditionnellement c'est une
confirmation des alliances ou des amitiés entre deux familles ou deux
personnes. C'est pourquoi, la notion de père ou mère de l'enfant
renvoyait à un groupe d'individus chez qui l'enfant pouvait "circuler"
(Antoine et Guillaume, 1984). Aucun calcul économique n'existait dans
cette pratique de mobilité car l'accueil des enfants au sein des
ménages rend compte de la capitalisation de l'humain plutôt que de
l'économique (Wakam, 1994). Et Wakam de continuer, dans le contexte
négro-africain, notamment camerounais, les plus grandes valeurs sont
celles de l'estime et du prestige et cela se mesure à travers le nombre
de personnes que l'on peut rassembler autour de soi et dont on peut s'occuper.
Avec les difficultés économiques et la mutation des valeurs
culturelles
traditionnelles, le confiage perd son sens et les enfants
confiés vivent souvent des situations intenables (Fagnon et Kpadonou,
1997 cités par Biloo, 2004). Pilon (2002) étudiant le travail des
enfants et la scolarisation, est parvenu à la conclusion selon laquelle
le confiage en direction des centres urbains est plus un transfert de main
d'oeuvre qu'une pratique de socialisation, et apparaît de nos jours comme
une stratégie de diversifications des sources de revenus des
ménages.
Il ressort de toutes ces analyses que les chefs de
ménage opèrent parfois des choix de scolariser tel ou tel autre
enfant du ménage au vue de son statut familial, et ce choix joue dans la
plupart des cas en défaveur des enfants de sexe féminin.
c) Milieu et région de
résidence
Les infrastructures scolaires (écoles primaires,
collèges, lycées, universités, grandes écoles,
etc.) sont plus nombreuses et les effets de la modernisation culturelle plus
visibles en milieu urbain qu'en milieu rural où les pesanteurs
socioculturelles continuent d'influencer considérablement les
comportements des individus, notamment des parents en matière de
scolarisation des enfants. On s'attendrait donc à ce que les chances de
fréquentation des ruraux soient plus faibles que celles des citadins.
Au Burkina Faso, Yaro (1995) relève de fortes
disparités entre les trente unités administratives qui composent
le pays; alors que les provinces de la Tapoa et du Séno ont des taux
bruts de scolarisation entre 10 et 20%, le Kadiogo comprenant la capitale du
pays présente un taux de scolarisation de plus de 80%. Ainsi, on observe
une forte proportion des enfants qui fréquentent en ville
conséquence nécessaire d'une forte concentration des
infrastructures scolaires. Wakam (2000), a montré dans le contexte
camerounais que, les enfants du milieu urbain avaient nettement plus de chances
de fréquenter que ceux résidant en milieu rural, et que les
inégalités entre les filles et les garçons sont plus
grandes en campagne qu'en ville. Il faut donc noter que c'est dans les zones
rurales que les pesanteurs culturelles sont très fortes et influencent
la scolarisation en augmentant les disparités entre sexes.
Au Tchad, au recensement de 1993, sur 100 enfants de 6 à
15 ans, 45 sont scolarisés en milieu urbain et 21 en milieu rural (RT,
1995). Le niveau de scolarisation des garçons des
centres urbains est plus élevé que celui des
garçons des zones rurales (50,0% contre 27,6%); et chez les filles, on
observe les mêmes faits (40,8% contre 14,8%). Ainsi, pour 100
garçons tchadiens de 6-15 ans scolarisés, on a 82 filles de 6-15
ans scolarisées en villes et seulement 54 filles de 6-15 ans
scolarisées en campagne. Par ailleurs, le déséquilibre
entre centre urbain et zone rurale à l'intérieur d'une même
région est plus grande.
d) Genre
Dans les sociétés d'Afrique subsaharienne,
l'accès différentiel des filles et garçons s'inscrit dans
un contexte culturel du "construit social", le genre. Pour Locoh (1996), le
genre se définit comme « l'étude des rapports socialement
construits entre les sexes aussi bien au niveau micro social des relations
individuelles qu'au niveau macro social ». Pour Tchouta (1978),
l'éducation différentielle entre les sexes tient une place
importante dans la culture. En effet, le garçon est éduqué
par le père et son éducation est culturelle et relative à
la société globale. En revanche, la fille reçoit une
éducation en étroite relation avec la tradition : elle est sous
l'autorité et le contrôle de sa mère ; elle n'a de contact
avec son père que lorsqu'il l'appelle ou quand elle lui apporte le
repas. La fille est considérée comme une étrangère
parce qu'elle est amenée à partir en mariage, sa charge sera
prise par son époux et par conséquent sa scolarisation n'est pas
nécessaire. Par contre, la charge de la famille revient au garçon
plus tard, son choix pour ce qui concerne la scolarisation est de ce fait
automatique par rapport à la fille.
Belarbi (1985), montre ainsi que ce sont les parents qui
forment la personnalité de l'enfant et ses relations avec autrui. Les
parents apprennent aux filles à jouer les rôles féminins
qui ne s'accommodent pas avec une scolarisation poussée ; et aux
garçons à jouer les rôles masculins.
Gianini (1974) montre que le comportement et le rôle de
la femme et de l'homme au foyer sont conditionnés par l'éducation
différentielle qu'ils reçoivent pendant la petite enfance, cette
différenciation est perceptible à travers l'éducation
reçue à la maison et à l'école par le biais des
jeux, des jouets et de la considération qu'ils ont de la part parents et
des éducateurs à l'école. C'est ce qui justifie l'abandon
à la femme, malgré ses occupations extra domestiques, des travaux
domestiques et de l'éducation des enfants.
Au Tchad, les mariages, les cérémonies
d'excision, les travaux domestiques sont autant des occasions pour retirer les
filles de l'école. Dans les sociétés du sud du Tchad,
c'est l'homme qui exécute toutes les activités difficiles et la
femme ne doit en aucun cas chercher à accomplir les activités
réservées aux hommes, c'est ainsi qu'en zone rurale, il n'est pas
admis que la fille se déplace sur une longue distance pour des motifs
scolaires. Chez les Sara au sud du pays, les rites et pratiques d'initiation,
"le yondo" contribue à faire comprendre au garçon qu'il est le
tout-puissant et ne doit pas se rabaisser devant une femme. Le jeune
garçon entre dans la brousse comme une "femme" et en ressort comme un
"homme", il est ainsi né de nouveau et devient l'égal des autres
initiés et appartient désormais à une classe
supérieure à celle de la femme. Dans ce contexte, l'école
a pour rôle de former les élites et chefs de famille responsables
qui ne sont autres que les garçons. Au Nord et au Centre du pays, les
filles ne doivent pas être tous les temps en contact avec les
garçons, c'est la raison pour laquelle plusieurs parents refusent
d'envoyer les filles à l'école et surtout dans les
établissements mixtes. Habituellement dans ces régions, les
femmes doivent être voilées et soumises à leur mari, elles
n'ont pas le droit d'élever le ton en face de l'homme. Or,
l'école moderne, s'inscrit dans une perspective d'égalité
en mettant les filles et garçons ensemble.
Il apparaît ainsi dans de nombreux cas, que les
clichés de genre renforcent la domination du genre masculin et que cela
se perpétue, se maintient à travers les différences dans
la pédagogie et le contenu de l'éducation inculquée aussi
bien à l'école qu'à la maison. L'école formelle
constitue un cadre de renforcement de décisions fondées sur le
sexe de deux manières: elle façonne l'esprit des enfants en leur
inculquant des modes de pensées et des pratiques bien
stéréotypées, ensuite l'éducation sert à
légitimer cet état de fait en lui conférant une apparence
naturelle et acceptable au point que les filles finissent par céder la
supériorité aux garçons.
La scolarisation est un fait social, et que le fait social est
un « fait total », il existe certainement bien d'autres facteurs
explicatifs des inégalités entre sexes en matière de
scolarisation, notamment les facteurs socioéconomiques.
2.1.2.3 Contraintes et motivations
économiques
La théorie microéconomique ayant à la
base l'hypothèse de rationalité, stipule que les agents
décideurs ont un comportement rationnel, cherchant à maximiser
leur bien-être en fonction de l'environnement économique et des
ressources dont ils disposent. Appliqué dès les années 60
par Becker à la demande d'éducation, cette approche voit la
scolarisation comme un moyen d'augmenter le "capital humain" de l'individu
défini comme l'ensemble des connaissances et des capacités
inculquées en l'individu et susceptible d'accroître sa
productivité.
a) Activité économique du chef de
ménage
La présence des hommes adultes dans le ménage a
une influence négative sur la scolarisation des enfants, non seulement
à cause de l'augmentation du travail domestique mais également
à cause des activités qu'ils exercent et qui pourraient
éventuellement nécessiter l'utilisation des jeunes gens comme
aides familiaux. En effet, Rogers (1978) cité par Marcoux (1994)
souligne que certains types d'activités se prêtent beaucoup plus
au travail familial, augmentent les opportunités d'emploi pour les
membres du ménage, en particulier pour les enfants. Marcoux
relève qu'en milieu urbain malien, les enfants appartenant aux
ménages dirigés par les salariés du secteur moderne
fréquentent l'école dans des proportions plus
élevées que ceux des ménages dont le chef est un
indépendant, et cela quel que soit le sexe de l'enfant. Toutefois, les
écarts de fréquentation scolaire entre filles et garçons
sont très importants pour le groupe des chefs de ménage
salariés et celui des chefs de ménage indépendants du
secteur primaire. Toutefois, ces écarts sont très faibles pour
les chefs de ménage indépendants exerçant dans le secteur
de commerce et des services.
En définitive, les enfants appartenant aux
ménages dont le chef est un travailleur indépendant ont une
grande propension au risque de travailler, et donc de ne pas fréquenter
l'école comparativement à ceux des ménages dont le chef
est un travailleur salarié. Dans bien des cas, l'activité
économique du chef de ménage détermine le niveau de vie du
ménage.
b) Niveau de vie du ménage
Plusieurs études montrent que le niveau de vie du
ménage a une influence sur les disparités entre sexes en
matière de scolarisation. La pauvreté des ménages est
associée à une sous scolarisation des enfants en
général et à celle des filles en particulier.
Dans une étude intitulée « Les
stratégies scolaires des ménages au Burkina », Yaro (1995)
souligne la primauté des facteurs socioéconomiques sur la
scolarisation à Ouagadougou et vérifie que les
différenciations scolaires d'ordre ethnique ou religieux diminuent en
ville et laissent place aux hiérarchies sociales. La scolarisation des
enfants induit une certaine hiérarchisation sociale et
économique. Les ménages dont le chef appartient à la
catégorie sociale élevée, scolarisent de manière
relativement importante leurs enfants tout en leur assurant de meilleures
conditions scolaires. En revanche, les catégories sociales modestes ne
peuvent offrir de conditions d'études complètes à leurs
enfants, et donc il convient d'opérer un choix qui est
généralement orienté vers les garçons.
Analysant les données de l'enquête
démographique du Mali de 1985, Marcoux (1995) met en évidence
l'importance du statut socioéconomique dans l'explication de la
scolarisation des enfants en milieu urbain. Il parvient au résultat
selon lequel les filles des milieux les plus pauvres ont deux fois moins de
chances de fréquenter que celles des ménages aisés. En
revanche chez les garçons, l'écart n'est que de 67%.
Dans le contexte Camerounais, Wakam (2002a) montre que le
niveau de vie du ménage est plus déterminant pour les
garçons chez les femmes chefs de ménage et pour les filles chez
les hommes chefs de ménage. De même, il est plus
déterminant pour la scolarisation des garçons chez les femmes
chefs de ménage que chez les hommes chefs de ménage.
Dans le cas du Tchad, Mbaïndoh (1997) étudiant les
déterminants socioéconomiques et démographiques de la
scolarisation au Tchad note l'avantage des enfants dont les pères sont
salariés sur ceux dont les pères sont des entrepreneurs
individuelles. Cependant, le résultat obtenu par Odi (1995) contraste
avec ceux évoqués précédemment. En effet, il
parvient au résultat selon lequel la relation entre la scolarisation des
enfants et le niveau du ménage est plutôt négative ou
nulle.
Comme on le voit, le niveau de vie des ménages a
généralement une influence positive sur la scolarisation des
enfants. Dans le contexte de crise économique des années 80 et 90
en Afrique, plusieurs pays se sont vus contraints d'adopter des politiques
d'ajustement, avec des conséquences probables sur la demande
scolaire.
c) Travail des enfants
« L'enfant a le droit d'être protégé
contre l'exploitation économique et de n'être astreint à
aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son
éducation ou de nuire à sa santé ou son
développement physique, mental, spirituel, moral ou social » (Haut
Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme, 1989). Plusieurs parents
pensent que les enfants qui étudient seront amenés à
quitter le village pour les études et le travail ; et ceux qui
n'étudient pas aideront leurs parents aux champs et prendront la
relève au village garantissant ainsi la succession. C'est pour cela que
les parents adoptent la stratégie qui consiste à envoyer un
enfant sur deux à l'école. Dans certaines régions du Mali
(Bandiagara), l'école est réservée à
l'aîné car la famille a besoin des enfants pour travailler aux
champs et garder le bétail souligne Patricia Carola (sociologue de l'ONG
Napoli) dans une étude sur l'éducation à travers les
témoignages de deux sénégalaises et d'un malien. Les
enfants sont confiés dès leur bas âge aux marabouts pour
l'apprentissage du coran.
Le travail des enfants est considéré comme un
facteur de différentiation entre filles et garçons à
l'école. Kantieba (1991) dans une étude sur les travaux
ménagers et activités rémunératrices des femmes
dans le district de Bamako, est parvenu aux résultats suivants : les
travaux ménagers occupent 97% des filles de 8 à 14 ans contre 25%
pour les garçons. Une fille sur trois est dans les activités
commerciales et une sur quatre dans l'informel et le petit commerce.
Au Tchad, l'EDS (2004) relève que 83% des enfants
âgés de 5 à 17 ans ont effectué des travaux
quelconques, dont près de la moitié (43%) l'ont fait pendant au
moins 4 heures par jour. Trois enfants sur quatre (75%) ont travaillé
dans le cadre domestique et 13% y ont consacré plus de 4 heures par jour
; 17% des enfants ont travaillé pour quelqu'un d'autre qu'un membre du
ménage au cours de la semaine précédant l'enquête.
La proportion des
enfants qui travaillent augmente avec l'âge, en
particulier ceux qui travaillent pour quelqu'un d'autre, dans les champs ou les
affaires familiales. Une proportion légèrement plus importante
des filles que de garçons avaient travaillé la semaine avant
l'enquête (85% contre 80%) ; en particulier les filles sont plus
impliquées que les garçons dans les travaux domestiques (82%
contre 67%) alors qu'elles le sont moins dans les champs ou les affaires de
famille (46% contre 53%). La proportion d'enfants orphelins qui travaillent en
dehors du ménage est nettement supérieure à celle des
enfants dont les deux parents sont en vie (22% contre 17%).
Les modèles économiques familiaux de la demande
d'éducation comportent des limites notamment lorsqu'on les applique aux
pays en développement : ils revêtent un caractère statique
et ne prennent pas en compte l'incertitude quant aux revenus futurs des
enfants. Par ailleurs, le processus même de prise de décision
n'est pas élucidé et les modèles ne prennent souvent pas
en compte le rôle de la famille élargie, qui y est pourtant
impliquée dans la plupart des cas.
2.1.2.4 Facteurs
sociodémographiques
a) Structure par âge et sexe du
ménage
Dans les pays en voie de développement, compte tenu de
la division sexuelle des rôles dans le ménage et du fait que les
institutions s'occupant des enfants sont rares, les femmes doivent faire face
non seulement aux travaux domestiques mais aussi à la garde des enfants.
Elles se font aider le plus souvent par les filles les plus âgées
du ménage. L'une des hypothèses formulées par les
chercheurs est l'existence d'une relation négative entre le nombre
d'enfants d'âge préscolaire d'un ménage et la
fréquentation scolaire des filles. Dans une étude portant sur
sept pays d'Afrique subsaharienne (Cameroun, Kenya, Malawi, Namibie, Niger,
Tanzanie et la Zambie), Lioyd et Blanc (1996) ont observé cette relation
avec quelques exceptions.
En milieu urbain au Mali, Marcoux (1995), montre que «
l'absence des enfants de 0 à 4 ans diminue les probabilités de
fréquenter l'école de près de 16% pour les filles et d'un
peu moins de 10% pour les garçons alors que la présence d'au
moins deux enfants de cet âge favorise la fréquentation scolaire
des garçons de manière significative ». En revanche, Wakam
(1999) trouve que dans le cas du Cameroun, « c'est dans les ménages
n'ayant aucun enfant en
bas âge et dans ceux qui en ont au moins deux que la
scolarisation des enfants de 6-14 ans est élevée, alors qu'elle
est faible dans ceux ayant un seul enfant ». Toutefois, considérant
la scolarisation chez les 15-24 ans, la relation négative s'observe quel
que soit le sexe mais elle est plus forte chez les filles ; ce qui signifie que
la garde des enfants incombe plus aux adolescents de 15-24 ans qu'aux enfants
de 6-14 ans et qu'elle revient plus aux filles de 15-24 ans qu'à leurs
homologues garçons, et qu'elle est prioritairement confiée aux
adolescentes. Toutefois cette relation constatée n'est pas de cause
à effet car la garde des enfants peut être confiée à
des filles qui ne fréquentent pas et qui peuvent même avoir
été sollicitées à cause de leur
disponibilité.
Aussi, les ménages ne se composent pas uniquement des
enfants d'âge préscolaire mais également des enfants
scolarisables et on s'attend à ce que leur nombre influence
négativement la fréquentation scolaire.
b) La taille du ménage
L'étude de la relation entre la taille du ménage
et la scolarisation des enfants basée sur les théories
économistes de fécondité, montre que les ménages
sont supposés réaliser un arbitrage entre le nombre d'enfants et
l'investissement moyen par enfant. Il existe une interaction entre
quantité et qualité des enfants (quantity-quality trade off)
entraînant une relation négative entre l'éducation et le
nombre d'enfants. Plus le nombre d'enfants est élevé, moins sont
disponibles les ressources en moyenne par enfant.
Dans les pays en développement de l'Afrique
subsaharienne, cette relation négative a montré ses limites car
plusieurs études ont montré que dans le contexte socioculturel
négroafricain, « la quantité et la qualité des
enfants en matière de scolarisation sont tout à fait compatibles
et que la quantité peut même favoriser la qualité »
(Wakam, 2002a). On constate ainsi une différenciation entre l'Asie du
sud-est et l'Afrique subsaharienne due essentiellement à l'organisation
des systèmes familiaux. D'après Kobiané (2002),
l'existence des réseaux de solidarité familiale en Afrique
subsaharienne permet souvent l'accueil des personnes extérieures au
ménage ou l'envoi de certains membres du ménage dans d'autres
unités résidentielles, et cela a pour effet de réduire la
pression du nombre d'enfants sur les ressources disponibles. Les ménages
d'accueil sont généralement plus économiquement
aisés
et disposent des moyens pour la scolarisation des enfants
accueillis. Par ailleurs, d'après Wakam (2002a), les ménages
moins aisés économiquement ne sont pas les seuls à
supporter les frais de scolarisation des enfants accueillis, une partie de ces
frais sont financés par d'autres membres du ménage de la famille
étendue.
Les études de Marcoux (1995) et Wakam (2003, 2002a) ont
montré que la scolarisation des enfants est positivement associée
au nombre de femmes adultes du ménage et négativement à
celui des d'hommes adultes. Cela s'explique d'après Wakam (2003) par le
fait que la présence des femmes adultes déchargerait les filles
scolarisées des travaux domestiques, les hommes adultes seraient en
partie les époux de certaines filles de 15-24 ans qui ne
fréquentent pas et ils augmenteraient par leur présence et leur
nombre, le travail domestique des enfants et notamment des filles, ils
emploieraient les jeunes enfants comme aides familiaux. Par contre Marcoux
(1995) émet deux hypothèses : d'une part, la présence de
ces hommes ne participant pas aux activités domestiques du
ménage, contribue nécessairement à augmenter la lourdeur
des tâches ; Or la participation des enfants notamment des filles est
très importante dans les activités domestiques. D'autre part, ces
hommes font parties des groupes d'âges les plus actifs et par
conséquent, peuvent souvent occuper des emplois où la
contribution des enfants, pour certaines activités, permet
d'améliorer le rendement à un coût très bas. De ce
fait, les enfants de ces ménages seraient plus exposés au risque
d'être sollicités pour contribuer aux activités
économiques des hommes.
c) Le sexe du chef de ménage
En Afrique subsaharienne, les ménages sont
dirigés dans la plupart des cas par des hommes qui en sont les
principaux piliers financiers. Les ménages dirigés par les femmes
sont susceptibles d'être pauvres du fait même des circonstances
dans lesquelles les femmes deviennent chefs de ménage
(décès du conjoint, divorce, polygamie, etc.). On s'attend
à ce que la scolarisation des enfants soit plus faible dans les
ménages des femmes que dans ceux des hommes. Contrairement à
cette attente, plusieurs études -- notamment celle de Clevenot et Pilon
(1996) portant sur sept pays de l'Afrique subsaharienne-- ont montré que
les enfants sont mieux scolarisés quand le chef de ménage est une
femme. La littérature évoque quelques raisons parmi lesquelles :
les femmes seraient plus garantes d'une meilleure allocation des ressources au
sein des ménages ; le soutien que les uns et les autres attendent en
retour de
leurs enfants pour leurs vieux jours, aussi une femme chef de
ménage est épaulée dans la scolarisation des enfants par
ses frères et parents. C'est dans ce sens que certains auteurs se sont
interrogés sur l'origine des ressources des femmes chefs de
ménage pourtant économiquement vulnérables. Wakam (2002a)
affirme que la scolarisation différentielle des enfants selon le sexe du
chef de ménage en faveur des femmes, pourrait être due d'une part,
au soutien économique apporté aux enfants par leurs pères
et d'autre part, à celui apporté « aux femmes par leurs
partenaires sexuels et les autres membres de la famille élargie »,
car en Afrique subsaharienne, si la procréation est l'oeuvre de deux
personnes, l'éducation des enfants incombe à toute la
société, ou tout au moins à la famille élargie.
C'est la raison pour laquelle en Afrique, les familles ne sont pas
nucléaires et abritent entre autres personnes des enfants scolarisables
qui ne sont pas ceux du chef de ménage ayant pour corollaire
l'inégale chance de fréquentation des enfants.
2.2 HYPOTHESES ET SCHEMA CONCEPTUEL
A partir de la revue des théories, nous avons émis
certaines hypothèses à tester dans la suite de notre
étude.
2.2.1 Hypothèse Générale
:
Notre hypothèse de base est qu'il existe dans les
familles des inégalités entre les sexes en matière de
scolarisation des enfants au Tchad. Ces disparités reflètent
l'effet conjugué des facteurs d'offre et de demande scolaire, lesquels
sont eux-mêmes tributaires de plusieurs facteurs opérant au niveau
individuel, au niveau du ménage, et au niveau du contexte
communautaire.
2.2.2 Schéma conceptuel
La scolarisation des enfants dépend de plusieurs
facteurs d'offre et de demande scolaire. La liste et l'influence de ces
facteurs peuvent être résumées par le schéma
conceptuel ci-dessous.
Niveau Individuel
Schéma Conceptuel
Offre scolaire
Facteurs culturels
Niveau Contextuel
Facteurs démographiques
Facteurs historiques et politique éducative
Niveau
du ménage
Contraintes et motivations familiales
Caractéristiques individuelles et familiales
Demande scolaire
Scolarisation Différentielle selon le
sexe
2.2.3 Hypothèses Spécifiques:
S'agissant de l'offre,
H1 : Les disparités entre sexes en
matière de scolarisation sont plus importantes en milieu rural qu'en
urbain.
S'agissant de la demande :
H2 : les disparités entre sexes en
matière de scolarisation sont plus prononcées dans les
ménages de bas niveau de vie que dans ceux de niveau de vie
élevé, dans les ménages dont le chef est moins instruit
que dans ceux dont le chef est plus instruit et dans les ménages
dirigés par les hommes que dans ceux dirigés par les femmes.
H3 : les disparités entre sexes en
matière de scolarisation augmentent avec l'âge des enfants.
H4 : les disparités entre sexes en
matière de scolarisation sont plus importantes dans les régions
du Nord (à dominance musulmane et à faible offre scolaire) que
dans ceux du Sud (à dominance chrétienne et à forte offre
scolaire).
2.2.4 Définition des concepts
La définition des concepts mérite d'être
faite afin de préciser le sens que nous leur donnons dans
l'étude.
La scolarisation : se définit par la
fréquentation scolaire d'un établissement scolaire, public ou
privé au cours d'une période donnée.
La scolarisation différentielle selon le sexe :
La scolarisation est dite différentielle lorsqu'elle n'est pas
accessible aux enfants de la même manière selon leur sexe.
Offre scolaire : est l'ensemble des ressources
scolaires nécessaires à l'organisation de l'enseignement. Il
s'agit notamment des ressources matérielles (locaux, manuels,
matériels
didactiques et autres équipements), humaines (personnel
enseignant et non enseignant) et institutionnelles (progrès scolaires,
encadrement et législations).
Politique éducative : C'est l'ensemble
des mécanismes d'action et d'interventions de l'Etat ou de la
société dont l'objectif est l'amélioration du
système éducatif.
Facteurs culturels : Ce sont les variables
relatives aux normes et valeurs sociétales propres à chaque
région et qui réglementent les attitudes et comportements des
individus, et donc susceptibles d'avoir une influence sur la scolarisation des
enfants.
Caractéristiques individuelles et familiales
: Ce sont les caractéristiques relatives aux enfants, aux
ménages et aux chefs de ménage.
III ~/ 4PIT~E : 4s'E~Ts
MET/O'DOL OgIQtEs
3.1 SOURCES DES DONNEES UTILISEES
Les sources classiques de données pour l'étude de
la scolarisation sont: les statistiques scolaires, les recensements et les
enquêtes.
Les statistiques scolaires sont
généralement très limitées car hormis l'âge
et le sexe des enfants, elles fournissent très peu des indications sur
les caractéristiques individuelles et familiales des
élèves: âge, statut familial, lieu de naissance,
co-résidence ou non des enfants avec leurs parents, ethnie, religion,
caractéristiques démographiques et socioéconomiques du
chef de ménage, structure du ménage, conditions d'habitat, etc.
(Pilon, 1995). De ce fait, elles s'avèrent inadaptées pour
l'étude des déterminants familiaux de la scolarisation.
Les recensements et enquêtes ont le
mérite de combler les insuffisances des statistiques scolaires. En
effet, utilisant le ménage comme unité de collecte, ils
comportent généralement des informations sur l'éducation
(fréquentation scolaire, niveau d'instruction, dernière classe
suivie, etc.), sur les caractéristiques individuelles et familiales des
l'enquêtés. "Malheureusement, on ne peut que constater la modestie
des résultats publiés en matière de scolarisation à
partir des recensements ou d'enquêtes démographiques" (Pilon,
1996). Or, "ces données d'enquêtes et de recensements offrent de
grandes possibilités d'analyse, pouvant répondre, entre autres,
à certains aspects de la problématiques du genre" (Idem).
Une enquête spécifique avec un volet qualitatif
serait nécessaire voire indispensable pour bien comprendre et expliquer
le phénomène des disparités entre sexes en matière
de scolarisation au Tchad.
Dans cette étude, nous nous contenterons d'exploiter
les données existantes, disponibles et récentes de la
Deuxième Enquête Démographique et de Santé du Tchad
(ED S-II) réalisée en 2004 au cours de laquelle 5 369
ménages ont été effectivement enquêtés dont
80,4% dirigés par les hommes et 19,6% par les femmes. Sur les 27 879
personnes
dénombrées, 14 364 étaient de sexe
féminin et 13 515 de sexe masculin et 12 746 personnes de 6 à 24
ans.
L'enquête a utilisé quatre types de questionnaires:
- Le questionnaire ménage;
- Le questionnaire individuel femme;
- Le questionnaire individuel homme;
- Le questionnaire communautaire.
Les informations recueillies sont destinées
essentiellement à l'étude des comportements relatifs à la
santé de la reproduction. Toutefois, certaines données de
l'enquête ménage dont nous nous servons ici, collectées
auprès des individus âgés de 6 à 24 ans, permettent
au-delà de l'offre scolaire, d'étudier les déterminants
familiaux de la scolarisation
Mais avant toute utilisation, il convient d'évaluer la
qualité desdites données.
3.2 EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES
Une condition nécessaire à l'étude des
phénomènes sociodémographiques est la collecte des
données. De leur qualité dépend la fiabilité des
résultats. Cette qualité peut-être compromise dans les pays
en développement notamment dans les pays africains pour plusieurs
raisons:
- Un bas niveau d'instruction des enquêtés, dans
un contexte culturel de l'oralité est souvent à la base de la
mauvaise déclaration de l'âge. En effet, les personnes sans
instruction sont nombreuses en Afrique, et elles n'ont pas une nette
idée de l'âge métrique et situent par conséquent mal
ces évènements démographiques, notamment les naissances
dans le temps.
- Le faible taux des réponses aux questions posées
aux enquêtés.
- Le biais lié à la méthodologie même
de la collecte des informations.
Nous évaluerons successivement la qualité des
données sur l'âge, l'importance des nonréponses et
examinerons les biais liés à la méthodologie de
l'enquête.
3.2.1 Qualité des données sur
l'âge
L'âge est une variable fondamentale dans l'analyse des
phénomènes démographiques en ce sens qu'il constitue le
critère essentiel de sélection et de différentiation des
individus. Bien que d'une importance capitale, les informations sur l'âge
sont souvent mal collectées car en l'absence des documents officiels et
compte tenu du faible niveau d'instruction de l'enquêté (e), la
seule solution bien souvent, reste l'estimation de l'âge de
l'enquêté par celui-ci, par l'enquêteur ou par les deux de
concert. De ce fait, nous nous intéressons dans un premier temps
à la qualité des données sur l'âge de l'ensemble de
la population enquêtée en examinant les rapports de
masculinité et en calculant l'indice combiné des Nations unies et
l'indice de Whipple. Dans un second temps, nous évaluerons la
qualité des données sur l'âge des individus de 6 à
24 ans et des chefs de ménages en recourant à l'examen des
rapports de masculinité et à la méthode graphique.
3.2.1.1 Qualité des données sur
l'âge de l'ensemble de la population enquêtée.
La procédure AGESEX du logiciel PAS donne des rapports
de masculinité et l'Indice Combiné des Nations Unies ; et le
logiciel EXCEL permettent de calculer l'Indice de Whipple.
a) Rapport de masculinité
Tableau 3.1 : Rapport de masculinité par
groupe d'âges à l'EDS-II (TCHAD).
Groupes d'âges
|
Rapports de masculinité (%)
|
0-4
|
103
|
5-9
|
101
|
10-14
|
106
|
15-19
|
91
|
20-24
|
84
|
25-29
|
67
|
30-34
|
90
|
35-39
|
93
|
40-44
|
107
|
45-49
|
88
|
50-54
|
83
|
55-59
|
101
|
60-64
|
94
|
65-69
|
117
|
70-74
|
120
|
75+
|
139
|
Ensemble
|
96
|
Source : traitement des données de l'EDS-II (TCHAD)
L'examen des rapports de masculinité
révèle des irrégularités notamment dans les groupes
10-14 ans; 40-44 ans; 65-69 ans à 75 ans et plus où l'on note une
surestimation de la population masculine par rapport à celle
féminine. Par contre, dans les groupes d'âges 15-19 ans à
35-39 ans, 45-49 ans à 50-54 ans et à 60-64 ans, c'est la
population féminine qui est surestimée par rapport à celle
masculine.
b) Indice Combiné des Nations Unies
Cet indice donne une idée plus précise de la
qualité des données sur l'âge et le sexe. Lorsqu'il est
inférieur à 20, ces données sont de bonne qualité,
lorsqu'il est supérieur à 40, elles sont de mauvaise
qualité. S'il est compris entre 20 et 40, l'Indice Combiné des
Nations Unies autorise à affirmer que les données sont de
qualités douteuses mais acceptables moyennant quelques ajustements.
Dans notre cas, (EDS-II Tchad), il est égal à
59,5. On peut donc affirmer que les données sur l'âge recueillies
lors de la Deuxième Enquête démographique et de
santé du Tchad sont de mauvaise qualité. Cet état de
choses serait dû à la préférence pour certains
âges, notamment ceux se terminant par 0 ou 5. L'indice de Whipple permet
de vérifier une telle attraction.
c) Indice de Whipple
Son calcul consiste à considérer l'effectif des
personnes âgées de 23 à 62 ans, et à calculer la
somme des effectifs de ces individus dont les âges se terminent par 0,
par 5, par 0 ou 5. Puis, on multiplie la somme des dits effectifs par 10 pour
les âges se terminant par 0 ou par 5 et par 5 pour les âges se
terminant par 0 ou 5. L'indice de Whipple est le rapport de ce produit à
l'effectif total des personnes âgées de 23 à 62 ans. Il
varie entre 1 et 5. Lorsqu'il est égal à 1, il n'y a pas de
préférence. Lorsqu'il est inférieur à 1, il y a
répulsion et il y a attraction lorsqu'il est supérieur à
1.
Tableau 3.2 : Indices de Whipple
INDICES DE WHIPPLE
Sexe des personnes
|
Ages terminés par 0
|
Ages terminés par 5
|
Ages terminés par 0 ou 5
|
Masculin
|
2,12
|
1,91
|
2,01
|
Féminin
|
1,92
|
1,94
|
1,93
|
Ensemble
|
2,01
|
1,92
|
1,60
|
Source: Traitement des données de l'EDS-II
(Tchad)
Le tableau 3.2 ci-dessus, montre qu'il y a une attraction pour
les âges se terminant par 0 et pour les âges se terminant par 5
mais l'attraction est plus forte pour les âges se terminant par 0. Les
personnes de sexe masculin ont une meilleure préférence pour les
âges se terminant par 0 que celles de sexe féminin tandis que ces
dernières ont plus de préférences pour les âges se
terminant par 5 que les premiers. D'une manière générale,
les hommes sont plus attirés par les âges terminés par 0 ou
5 que les femmes. On peut donc conclure que l'une des causes de la mauvaise
qualité des données sur l'âge est l'attraction pour les
chiffres se terminant par 0 ou 5.
3.2.1.2 Qualité des données sur l'âge
des personnes de 6 à 24 ans.
a) Rapports de masculinité
Tableau 3.3 : Rapport de masculinité par
âge des enfants de 6 à 24 ans à l'EDS-II (Tchad).
Ages Rapports de masculinité (%)
6 107
7 110
8 95
9 86
10 113
11 113
12 106
13 92
14 104
15 98
16 92
17 84
18 80
19 108
20 71
21 73
22 90
23 102
24 98
Ensemble 97
Source: Traitement des données de l'EDS-II
(Tchad)
Le rapport de masculinité de l'ensemble de la
population de 6-24 ans indique un équilibre relatif entre l'effectif des
garçons et celui des filles c'est-à-dire que cette population
comporte à peu près autant de garçons que de filles. Mais
il existe des disparités entre les âges. En effet, alors que les
effectifs des garçons âgés 7, 10, 11 ans sont
surestimés, ceux des filles de 17, 18, 20, 21 ans sont
sous-estimés par rapport à ceux des garçons.
Somme toute, la structure des rapports de masculinité fait
ressortir des irrégularités dans la répartition par
âge et par sexe de la population de 6-24 ans.
b) Evaluation graphique
Figure 3.1 : Répartition des effectifs
des filles et garçons de 6-24 ans par âge à l'EDS-II
700
600
500
400
300
200
100
0
6 7 8 9101112131415161718192021222324
Ages des filles
700
600
500
400
300
200
100
0
6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 2223 24
Ages des garçons
Les graphiques présentent des courbes aux allures
irrégulières indiquant quelques problèmes de mauvaise
déclaration de l'âge des enfants de 6-24 ans à l'EDS-II.
L'examen des pics montre qu'il y a une attraction pour les âges pairs,
quel que soit le sexe de l'enfant. Par contre, les creux sont
révélateurs de répulsions pour les âges impairs.
La tendance observée de l'allure du graphique est
davantage expliquée par l'allure irrégulière de la courbe
des taux de scolarisation par âge des enfants de 6-24 ans, comme
l'indique la figure 3.2 ci-dessous.
2000 1800 1600 1400 1200
1000
800
600 400 200
0
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69
70-74 75+
Groupes d'âges des femmes
350 300 250 200 150 100 50
0
15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69
70-74 75+
Groupes d'âges des hom mes
Figure 3.2: Taux de scolarisation (%) par
âge des enfants de 6-24 ans à l'EDS-II
40
20
60
50
30
10
0
6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 2021 22 2324
Ages des enfants
3.2.1.3 Qualité des données sur l'âge
des chefs de ménage
Figure 3.3 : Répartition des effectifs
des femmes et hommes chefs de ménage par groupes d'âges
quinquennaux à l'EDS-II
La graphique 3.3, courbe représentative des effectifs
des femmes et hommes chefs de ménage par groupe d'âges
quinquennaux, présente une allure quelque peu régulière
pour les femmes chefs de ménage, avec un pic (maximum absolu) au groupe
d'âge 40-44 ans et une légère perturbation dans les groupes
d'âges 20-24 ans et 25-29 ans. En ce qui concerne les effectifs des
hommes chefs de ménage par groupe d'âges quinquennaux, on observe
une allure relativement irrégulière avec un pic (maximum absolu)
au groupe d'âge 45-49 ans et de légères perturbations dans
les groupes d'âges 40-44 ans, 45-49 ans et 50-54 ans d'une part, et dans
les groupes d'âges 70-74 ans et 75 ans ou plus d'autre part.
3.2.2 Taux de réponses
Le taux de réponses est la proportion des
enquêtés pour lesquels les informations recueillies, ou
supposées être recueillies, figurent dans le fichier d'analyse.
Faisons remarquer que les données relatives à la survie des
parents et à leur présence dans le ménage où vivent
les enfants, ont été collectées pour les enfants de moins
de 18 ans et concernent dans le cadre de cette étude, les 10018 enfants
de 6-17 ans.
A l'exception des variables "lien de parenté avec le
chef de ménage" et "survie des parents" qui ont des taux de couverture
de 87,7% et 75,7% respectivement, toutes les autres variables ont des taux de
couverture supérieurs à 99%, ce qui est satisfaisant. Les
variables milieu de résidence, âge du chef de ménage, sexe
du chef de ménage, âge des enfants, sexe des enfants,
région de résidence, taille du ménage, niveau de vie du
ménage et présence d'enfants de moins de 5 ans ont un taux de
couverture de 100%.
Tableau 3.4 : Taux de réponses selon
les variables utilisées dans l'étude
Taux de couverture
Variables et indicateurs
Effectifs Pourcentage (%)
Fréquentation scolaire 12973 99,2
Niveau d'étude du CM 13054 99,8
Milieu de résidence 13081 100
Age du chef de ménage 13081 100
Sexe du chef de ménage 13081 100
Age des enfants 13081 100
Sexe des enfants 13081 100
Lien de parenté avec le CM 11468 87,7
Région de résidence 13081 100
Taille du ménage 13081 100
Survie des parents 13081 75,7
Niveau de vie du ménage 13081 100
Présence des enfants de -5 ans 13081 100
Source : traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
3.2.3 Biais lié à la méthodologie de
la collecte
Les données que nous utilisons dans ce travail ne sont
pas exemptes de critiques. On peut par exemple, s'interroger sur la pertinence
du ménage comme unité d'observation et d'analyse des
stratégies familiales en matière de scolarisation alors que les
personnes prenant la décision du financement de la scolarisation des
enfants ne résident pas nécessairement dans le même
ménage notamment en ce qui concerne les ménages
éclatés (polygamie) et le phénomène de confiage de
enfants. C'est pourquoi, à cet effet, en Afrique, le chef de
ménage peut n'être ni décideur, ni payeur de la mise
à l'école des enfants qui résident chez lui. Aussi, le
manque d'infrastructures scolaires est très souvent cause de l'exode
rural des adolescents en vue de la poursuite des études en particulier
et dans biens des cas, ils deviennent de facto des chefs de ménage dans
leur lieu d'accueil de manière momentanée soit parce qu'ils sont
locataires, soit parce qu'ils habitent des résidences universitaires
alors du point de vue financement des études, ils dépendent de
leurs parents restés dans leur lieu de départ.
Une autre critique est la surestimation de l'effectif des
femmes chefs de ménage car, la non scolarisation des conjoints pour
cause d'émigration notamment pour l'exode rural ou de polygamie, fait
automatiquement de la conjointe un chef de ménage. Or, l'absence
physique du mari ne signifie pas absence de prise de décision et non
financement de la scolarisation des enfants notamment.
En plus, une analyse en terme de stratégies familiales
devrait s'inscrire dans une perspective longitudinale car la réussite
scolaire et surtout professionnelle des aînés n'est pas sans
influence sur la scolarisation des plus jeunes; or ici nous manipulons des
données du moment ne concernant que les individus résidant au
sein du ménage, ce qui réduit ainsi la portée de cette
analyse.
Conclusion partielle : Ces résultats
indiquent qu'en général, la structure des rapports de
masculinité permet de douter de la qualité des données sur
l'âge et le sexe de la population enquêtée. En effet,
l'objectif de l'EDS (recueil d'informations essentiellement sur le niveau de
fécondité et de mortalité infantile et juvénile) et
son mode d'échantillonnage (avec un accent sur les femmes de 15 à
49 ans) ne permettraient pas une bonne évaluation des rapports de
masculinité. L'indice Combiné des Nations Unies calculé,
égal à 59,5 ; nous permet d'affirmer que les données sur
l'âge recueillies lors de la Deuxième Enquête
démographique et de santé du Tchad manquent de précision.
Toutefois, tous les biais observés et qui sont liés aux mauvaises
déclarations des âges seront minimisés par l'utilisation
des deux groupes d'âges 6-14 ans et 15-24 ans dans les analyses.
3.3 MESURE DES VARIABLES
3.3.1 Présentation des Variables de l'étude
3.3.1.1 Variable dépendante
La variable dépendante "fréquentation scolaire"
est une variable dichotomique dont les deux modalités sont: (1)
fréquente, (2) ne fréquente pas. Elle permet de saisir la
fréquentation différentielle des enfants selon leur sexe. Notre
population cible est celle âgée de 6 à 24 ans.
3.3.1.2 Variables explicatives et/ou de
contrôle
a) Sexe des enfants: C'est le sexe de l'enfant
déclaré au moment de l'enquête et comporte les
modalités (1) masculin et (2) féminin.
b) Sexe du chef de ménage: c'est le sexe
déclaré au moment de l'enquête et comporte les
modalités (1) masculin et (2) féminin.
c) Age des enfants: c'est l'âge
déclaré par les enfants au moment de l'enquête. Nous
distinguerons : les enfants de 6-14 ans et ceux de 15-24 ans.
d) Le lien de parenté avec le chef de
ménage: on distingue
(1) : Les enfants du chef de ménage;
(2): Les autres enfants du chef de ménage: ce sont les
petits enfants, les gendres, les belles-filles, les soeurs, les belles-soeurs,
les frères, les beaux-frères, les enfants sans lien de
parenté avec le chef de ménage etc.
e) Age du chef de ménage: L'âge
déclaré du chef de ménage varie entre 15 et 95 ans. Nous
distinguerons les quatre (4) groupes suivants pour le besoin de
l'étude:
(1): Les chefs de ménage âgés de 15-29
ans;
(2): Les chefs de ménage âgés de 30-44
ans;
(3): Les chefs de ménage âgés de 45-59
ans;
(4): Les chefs de ménage âgés de 60 ans et
plus.
f) Niveau d'étude du chef de ménage:
Nous constituerons trois groupes de chefs de ménage: ceux sans
instruction, ceux de niveau primaire et ceux de niveau d'instruction secondaire
ou plus.
g) La taile du ménage: La variable taille
du ménage comprend les quatre modalités
(1): 1 à 5;
(2): 6 à 8;
(3): 9 à 13;
(4): 14 et plus.
h) Milieu de résidence: La ville de
N'Djaména étant très différente des autres villes
en matière de scolarisation, il nous paraît utile d'en faire une
modalité à part entière. Ainsi, nous distinguons:
(1): N'Djaména;
(2): Autres centres urbains;
(3): Rural.
i) Région de résidence : Cette
variable est mesurée par la zone de résidence qui comporte 8
modalités et selon l'EDS-II, elle permet de faire des analyses
régionales. On a opéré un regroupement en 3 principales
régions du pays (Nord, Centre et Sud) pour des raisons de similitudes
des pratiques religieuses, coutumières, linguistiques, et historiques.
La région de résidence comporte trois modalités:
(1): Nord;
(2): Centre;
(3): Sud.
j) Survie des parents: Elle est issue du
croisement des variables "survie du père" et "survie de la mère",
elle permet de distinguer quatre groupes d'enfants:
(1): Orphelins de père et de mère;
(2): Orphelins de père;
(3): Orphelins de mère;
(4): Enfants ayant les deux parents en vie.
k) Niveau de vie du ménage: Elle comporte
trois modalités issues des cinq que comporte la variable initiale:
(1): Bas: issu du regroupement des niveaux faibles et
très faibles;
(2): Moyen;
(3): Elevé: formé à partir des niveaux
élevé et très élevé.
l) Présence d'enfants de moins de cinq ans:
Elle comporte deux modalités suivantes:
(1): Aucun enfant;
(2): au moins un enfant.
Tableau 3.5 : Liste des variables et
modalités
Sexe
Masculin
Féminin
Sexe
Homme chef de ménage
Enfants du chef de ménage
Lien de parenté avec le CM
Taille
1-5 personnes 6-8 personnes 9-13 personnes 14
personnes et plus
Caractéristiques des ménages
Aucun enfant
Présence des enfants de moins de 5
N'djaména Autres centres urbains
ans Au moins un
Père et mère en vie
Milieu de résidence
Rural
Nord Centre Sud
Bas Moyen Elevé
Région de résidence
Niveau de vie
Orphelin de père et de mère Orphelin de
père Orphelin de mère
Survie des parents
Caractéristiques individuelles des enfants
Autres enfants du ménage
Femme chef de ménage
60 ans et plus
Caractéristiques des chefs de
Secondaire ou plus
Sans instruction Primaire
ménage
Niveau d'étude
21-24 ans
15-29 ans 30-44 ans 45-59 ans
Age
6-9 ans 10-11 ans 12-14 ans 15-17 ans 18-20 ans
Age
Concepts Variables Modalités
3.4 METHODES D'ANALYSE
A l'aide des différentes variables ci-dessous, nous
chercherons à évaluer l'ampleur et tester la persistance des
inégalités entre sexes en matière de scolarisation des
enfants. Pour cela, l'analyse se fera en deux étapes:une analyse
descriptive et une analyse explicative.
· L'analyse descriptive
Nous procéderons à une analyse univariée
visant à décrire les modalités de chaque variable à
partir des distributions des tableaux de fréquences simples qui nous
permettra d'identifier les valeurs aberrantes et variables à recoder.
· L'analyse explicative
Nous ferons une analyse bivariée suivie d'une analyse
multivariée.
b) L'analyse bivariée consistera en la mesure du
degré d'association entre chaque variable indépendante et la
variable dépendante à l'aide du test du Khi-deux, ce qui
permettra de rejeter ou non l'hypothèse de signification des deux
variables par rapport aux seuils de signification retenus (1%, 5% et 10%) et de
décrire la variation de la variable indépendante sur celle
dépendante pour voir en réalité laquelle des
différentes variables indépendantes contribue le plus à la
variation du phénomène étudié qui est la
fréquentation scolaire. L'indicateur de mesure des
inégalités entre sexes en matière de scolarisation choisi
est l'Indice de Parité des Taux de scolarisation IPT (G/F) lorsqu'il
s'agit des inégalités sexuelles entre filles et garçons,
et IPT (HCM/FCM) lorsqu'il s'agit des inégalités sexuelles entre
hommes et femmes chefs de ménage. Il est donné par les formules
suivantes:
IPT (G/F) = (TM/TF).
IPT (HCM/FCM)= (THCM/TFCM) où TM et TF
désignent respectivement les taux de scolarisation des garçons et
des filles; THCM et TFCM désignent ceux des hommes et femmes chefs de
ménages.
La position de cet indice par rapport à 1 permet de
conclure quant à l'existence ou non de discrimination en faveur d'un
sexe ou de l'autre.
c) L'analyse multivariée : Comme le stipule bien
Durkheim: « lorsque deux faits sociaux sont en relation et que l'on
constate que l'un est la cause de l'autre, il faut se demander si cette
association n'est pas due à quelque chose de cachée », c'est
dans cette
perspective que s'inscrit l'analyse multivariée. Elle
intègre toutes les autres variables dans le but de voir l'effet net de
chaque variable indépendante sur la variable dépendante et
d'expliquer la variation de cette dernière. Vu la nature dichotomique de
notre variable dépendante (fréquente, ne fréquente pas),
nous appliquerons la méthode de régression logistique dont
l'équation est la suivante :
ß0 + ß1 X 1 + ß2X2 + + ßnXn ), P(Y)
étant la probabilité pour un
PYExp
()(
= 1()
-PY
enfant de fréquenter l'école, ß0 la
constante du modèle et ßq le coefficient du modèle pour la
variable indépendante Xq. Ainsi, les modalités correspondant aux
coefficients Exp. (ß) inférieurs à 1 ont une
probabilité de fréquentation scolaire inférieure à
celle de la modalité de référence et celles relatives aux
coefficients Exp. (ß) supérieurs à 1 ont une
probabilité supérieure.
Conclusion partielle
Somme toute, il apparaît que les données
recueillies au cours de la Deuxième Enquête démographique
et de Santé du Tchad (EDS-II) ne sont pas exemptes de critiques. Si les
taux de réponses sont relativement satisfaisants, il n'en est pas de
même des données sur l'âge de la population
enquêtée. Nous espérons que les regroupements par larges
classes d'âges pourraient contribuer à résorber ces
insuffisances.
Il) ~W4PI'T?E : 4%4L+SE
qxI55E?E%'TIELLE qxES
qxISP4?I'TES
SExES E%~4'TIE?E
E%'T?EqxE
4Q)
SCOL4?IS4'TIO%'TCW4qx
Dans ce chapitre, nous essaierons d'évaluer l'ampleur
des inégalités entre sexes en matière de scolarisation
selon les caractéristiques des enfants, des chefs de ménage, du
ménage et de l'offre scolaire. Il s'agira donc de calculer les taux de
scolarisation (les effectifs ayant servi au calcul de ces taux se trouvent en
annexe) et d'examiner, à l'aide des tableaux croisés, les
associations éventuelles entre la variable dépendante et les
variables indépendantes et de contrôle. Au chapitre suivant,
à l'examen de l'effet combiné des différentes variables
sur la fréquentation scolaire, certaines de ces associations pourraient
s'avérer fallacieuses. Néanmoins, il nous paraît
nécessaire, avant de faire des analyses plus approfondies, de
procéder à un survol desdites associations simples entre la
variable dépendante et les différentes variables
indépendantes et de contrôle.
4.1 VARIATION DIFFERENTIELLE DE LA SCOLARISATION SELON
LES CARACTERISTIQUES DES ENFANTS
4.1.1 Scolarisation différentielle selon le
sexe et l'âge de l'enfant
Au seuil de 1 %o, le sexe des enfants influence leur
scolarisation. En effet, alors qu'il est de 43,2% pour les garçons, le
taux de scolarisation des filles n'est que de 26,1%. Ainsi, les garçons
ont 2,2 fois plus de chance que les filles d'être scolarisés
(tableau 4.1). Mais ces données globales cachent des disparités
entre les enfants de 6-14 ans et ceux de 15-24 ans. En effet, les
garçons et filles de 6-14 ans ont respectivement des taux de
scolarisation de 45,4% et 33,2% tandis que ceux et celles de 15-24 ans ont des
taux de scolarisation de 38,9% et 14,6% respectivement. On en déduit que
les enfants de 15-24 ans sont moins scolarisés que ceux de
6-14 ans, quel que soit leur sexe et que les
inégalités sexuelles sont plus prononcées chez les
premiers que chez les seconds. Les garçons de 15-24 ans ont 3,7 fois
plus de chance que les filles du même groupe d'âges et les
garçons de 6-14 ans ont 1,7 fois plus de chance que leurs homologues
filles d'être scolarisés.
Tableau 4.1 : Variation des taux de
scolarisation par sexe et indices de parité des taux IPT (G/F) selon
les tranches d'âges à l'EDS-II (2004)
Sexe des enfants Tranche d'âges des
enfants
6-14 ans 15-24 ans 6-24 ans
Garçons 45,4 38,9 43,2
Filles 33,2 14,6 26,1
Ensemble 39,4 26,0 34,5
IPT (G/F) 1,4 2,7 1,7
Proba Khi-deux 0,000 0,000 0,000
Source : traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Ainsi, l'âge jouerait en défaveur des filles car
plus celles-ci augmentent en âge, moins elles ont de chances de continuer
les études (graphique 4.1). Entre 15-24 ans, les filles font l'objet de
sollicitations nombreuses notamment pour les travaux domestiques. Ces
résultats viennent confirmer ceux de Vreyer (1993), Clevenot et Pilon
(1996) faits dans d'autres pays africains. A ces raisons, s'ajoutent des faits
historiques relatifs à l'offre des infrastructures scolaires. Les
enfants de 15-24 ans sont nés entre 1980 et 1988, périodes
à cheval entre les années de troubles sociaux et politiques et le
redémarrage du système scolaire. Durant ces années
d'instabilité, les investissements en faveur de l'éducation ont
été réorientés vers d'autres secteurs jugés
prioritaires rendant ainsi le nombre d'établissements largement
inférieur à la demande et de localisation géographique
éloignée des domiciles. Cet état de faits pousse les
parents à retenir les filles à la maison pour des raisons de
sécurité et à laisser les garçons parcourir de
longues distances. En revanche, les enfants de 6-14 ans sont eux nés
entre 1989 et 1997, périodes pendant laquelle on a assisté
à une amélioration relative de la situation sociale et politique
avec la construction de nombreuses écoles publiques et privées.
Cet accroissement relatif de l'offre a contribué à la
réduction des inégalités entre filles et garçons de
6-14 ans. Cet héritage historique expliquerait en partie la faiblesse
des taux de scolarisation chez les filles de 15-24 ans nées au moment de
la précarité des infrastructures scolaires ; ce serait donc un
effet de génération comme le montre la figure ci-après
:
Figure 4.1 : Taux de scolarisation des enfants
par sexe selon les tranches d'âges
50 45 40 35 30 25 20 15 10
5 0
6-14 ans 15-24 ans 6-24 ans Tranche
d'âges
Garçon Filles
4.1.2 Scolarisation différentielle selon le lien de
parenté avec le chef de ménage
Les ménages africains en général et ceux
du Tchad en particulier sont non nucléaires car ils accueillent en leur
sein des individus étrangers au noyau familial du chef de ménage,
du fait de la solidarité familiale qui est au centre des
stratégies de subsistance de plusieurs ménages. Locoh (1998),
cité par Marcoux (1994), estime que "ces solidarités
représentent en quelque sorte, une réponse aux difficultés
économiques que traversent un nombre croissant de ménages en
Afrique" (p.123), c'est bien pour cette raison que de nombreux ménages
en ville acceptent les enfants ayant un lien ou non avec le chef de
ménage.
Nous avons considéré d'un côté les
enfants du chef de ménage et de l'autre ceux ayant un lien ou non avec
le chef afin d'analyser les associations entre le lien de parenté et la
fréquentation scolaire.
Tableau 4.2 : Taux de scolarisation des filles
et des garçons et indices de parité IPT (G/F) par tranche
d'âges selon le lien de parenté avec le chef de ménage
à l'EDS-II (2004)
Tranche d'âges et sexe des
enfants 6-14 ans 15-24 ans
Lien de parenté
avec le CM G F IPT (G/F) G F IPT
(G/F)
Enfants du CM 44,0 31,9 1,4 40,9 25,3 1,6
Autres enfants 53,6 39,4 1,4 46,3 27,5 1,7
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Proba Khi-deux 0,031 0,000 - 0,06 1 0,000 -
Source: Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Le tableau 4.2 révèle que quels que soient
l'âge et le lien de parenté de l'enfant avec le chef de
ménage, les garçons sont mieux scolarisés que les filles
et que les inégalités sont plus fortes chez les 15-24 ans que
chez les 6-14 ans. En effet, alors que les fils du chef de ménage et les
autres fils du ménage âgés de 6-14 ans ont 1,4 fois plus de
chance de fréquenter l'école que les filles du même
ménage. Les fils du chef de ménage âgés de 15-24 ans
ont 1,6 fois plus de chance d'être scolarisés que leurs soeurs et
les autres garçons du chef de ménage ont 1,7 fois de chance que
leurs homologues filles. Il ressort de cette analyse qu'il n'y a presque pas de
discrimination entre les enfants du chef de ménage et les autres enfants
du ménage quel que soit la tranche d'âges des enfants. Cet
état de fait s'expliquerait par le fait que pour la plupart des cas, les
enfants sont confiés pour la poursuite des études et que
vraisemblablement leurs parents assurent leur scolarité et les autres
frais connexes. Quel que soit le sexe, les enfants du chef de ménage
sont plus scolarisés que les autres enfants du ménage.
4.2 VARIATION DIFFERENTIELLE DE LA SCOLARISATION SELON LE
MILIEU ET LA REGION DE RESIDENCE
Des études antérieures menées en Afrique
ont montré de grandes différences de taux de fréquentation
scolaire et des inégalités entre filles et garçons, entre
le milieu rural et le milieu urbain d'une part et d'autre part entre la
capitale et les autres milieux. Au Tchad comme dans biens d'autres pays
africains, les taux de scolarisation et les inégalités
évoquées entre sexes dépendent en partie de l'offre
scolaire, souvent concentrée dans les centres urbains et certaines
régions bien particulières du pays. Le manque d'hommes et de
matériels en milieu rural influencent négativement le taux de
scolarisation des enfants. D'après Yaro (1995):
« Le déséquilibre scolaire entre
provinces, d'une part, s 'explique en partie par l'inégale
répartition des infrastructures scolaires sur l'ensemble du pays; cela
entraîne sans doute des phénomènes de sous scolarisation
» (p.121).
Par ailleurs, le comportement des parents dans le domaine de
la scolarisation varie d'un milieu à un autre ; et d'une région
à une autre.
4.2.1 Scolarisation différentielle selon le
milieu de résidence
Le milieu de résidence est significativement
associé à la fréquentation scolaire des enfants au seuil
de 1 %o. L'offre scolaire étant meilleure en milieu urbain qu'en milieu
rural, l'on s'attend à ce que les taux de scolarisation soient une
fonction croissante du niveau d'urbanisation du milieu. C'est ce que
révèle le tableau 4.3 où l'on note de forts taux de
scolarisation dans la capitale et les autres centres urbains par rapport au
milieu rural quels que soient l'âge et le sexe. En effet, chez les
garçons de 6-14 ans, les taux de scolarisation à N'Djaména
et en milieu rural sont respectivement 78,1% et 40,5% tandis que chez leurs
homologues de l'autre sexe, ils sont de 67,6% et 28,1% respectivement. Quant
aux inégalités sexuelles entre enfants de 15-24 ans, comme on
pouvait s'y attendre, elles sont plus fortes en milieu rural (3,6) que dans les
milieux urbains (1,8 pour les autres centres urbains et 1,5 pour la ville de
N'Dj aména). Le contraste est que chez les 6-14 ans, quel que soit le
milieu de résidence, les inégalités sexuelles sont
relativement égales (1,2 à N'Djaména, 1,3 dans les autres
centres urbains et 1,4 en milieu rural). Cela s'expliquerait par le fait que
l'accent est mis sur les infrastructures scolaires de base sur l'ensemble du
territoire. Donc, plus on augmente en âge, plus les écarts entre
sexes s'accentuent quel que soit le milieu de résidence. Tant chez les
6-14 ans que chez les 15-24 ans, les écarts augmentent avec
l'urbanisation.
Tableau 4.3 : Variation des taux de
scolarisation des filles et garçons par tranche d'âges selon le
milieu de résidence et indices de parité des taux IPT (G/F)
à l'EDS-II (2004)
Milieu de
Tranches d'âges et sexe des enfants
6-14 ans 15-24 ans
résidence G F IPT (G/F) G F
IPT (G/F)
N'djaména 78,1 67,6 1,2 63,4 42,8 1,5
Autres urbains 61,3 47,8 1,3 49,7 27,0 1,8
Rural 40,5 28,1 1,4 33,3 9,2 3,6
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Proba Khi-deux 0,000 0,00 1 - 0,000 0,000 -
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Les efforts déployés par les pouvoirs publics et
les collectivités locales en faveur de l'école sont relativement
récompensés du point de vue d'équilibre des écarts
entre milieu chez les 6-14 ans. En revanche ces efforts sont toujours
insuffisants en ce qui concernent les enfants de 15-24 ans en milieu rural
où les taux restent faibles et les inégalités importantes.
On pourrait expliquer cela par le fait que, malgré la création
des écoles en milieu rural, les pesanteurs culturelles sont tellement
fortes que très peu de filles peuvent fréquenter car
l'école moderne est considérée par certains parents comme
génératrice de mauvaises attitudes chez les filles. Toutefois, il
faut signaler que les inégalités entre milieux peuvent masquer
d'autres formes d'inégalités notamment entre régions quand
on sait qu'il existe une forte association entre milieu et région de
résidence.
Figure 4.2: Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans et 15-24 ans par sexe et selon le milieu de résidence
Taux 70 60 50 40 30 20 10
0
N'Djaména Autres
centres urbains
Enfants de 15-24 ans
Rural
Garçon Fille
Taux
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
N'DjaménaAutres
centres
urbains
Enfants de 6-14 ans
Rural
4.2.2 Scolarisation différentielle selon la
région de résidence
Dans l'EDS-II les 18 régions du pays ont
été regroupées en 8 zones qui constituent des
critères d'analyse régionale. Ces 8 zones ont été
regroupées en 3 grandes régions (Nord, Centre et Sud) en se
basant sur les études précédentes qui tiennent compte
notamment des critères linguistiques. La région de
résidence nous renseigne sur l'offre scolaire qui comprend aussi bien
les infrastructures scolaires que le personnel enseignant, le matériel
didactique et le contenu de l'enseignement. Ainsi, la proximité des
établissements scolaires, leurs équipements, leur
accessibilité financière, les qualifications du corps enseignant
sont autant de facteurs pouvant influencer le comportement des parents à
choisir les établissements scolaires et à y envoyer leurs
enfants. Ces facteurs étant variables selon les régions, toute
chose égale par ailleurs, on s'attendrait à observer des
disparités des taux de scolarisation entre sexes selon ces
différentes régions. Par ailleurs, les taux nationaux de
scolarisation dissimulent des disparités considérables entre les
régions selon leur niveau de développement
socioéconomique.
La région de résidence est significativement
associée à la scolarisation des enfants quels que soit leur sexe
et leur âge (Tableau 4.4). En effet, les garçons de 6-14 ans des
régions Centre et Sud ont respectivement 1,3 fois et 1,4 fois plus de
chances d'être scolarisés que les filles tandis qu'au Nord, les
garçons de la même tranche d'âge ont 1,6 fois plus de chance
d'être scolarisés que leurs homologues filles. Quant aux
garçons de 15-24 ans des régions Centre et Sud, ils ont
respectivement 2 fois et 2,9 fois plus de chances d'être
scolarisés que les filles tandis ceux du Nord du pays ont 4 fois plus de
chance d'être scolarisés que leurs homologues filles. Il ressort
de ce tableau que les inégalités sexuelles augmentent avec
l'âge des enfants quel que soit leur sexe. Les régions du Centre
et du Sud sont mieux scolarisées que la région du Nord mais les
inégalités sont plus fortes au Nord que dans les régions
du Centre et du Sud. Les fortes inégalités observées au
Nord peuvent s'expliquer par les pesanteurs religieuses notamment de la
religion musulmane quand on sait que celle-ci s'inscrit dans une perspective
d'antagonisme avec l'école moderne.
Tableau 4.4 : Variation des taux de
scolarisation des filles et garçons par tranche d'âges selon la
région de résidence et indices de parité des taux IPT
(G/F) à l'EDS-II (2004)
-
Proba Khi-deux 0,032 0,032
0,066 0,000
-
Tranches d'âges et sexe des enfants
Région de
résidence G F IPT (G/F) G F
IPT (G/F)
Nord 18,1 11,3 1,6 13,9 3,5 4,0
Centre 36,6 28,4 1,3 31,9 15,8 2,0
Sud 64,7 48,0 1,4 56,4 19,5 2,9
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
6-14 ans 15-24 ans
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
La situation observée au Tchad traduit bien les
inégalités notamment entre sexes malgré les efforts
consentis en vue de les amoindrir. Les inégalités sont plus
importantes dans la région du Nord à majorité musulmane.
Cela nous fait penser que, non seulement les inégalités sexuelles
traduisent des déséquilibres en infrastructures en
infrastructures entre régions mais bien plus des perceptions
différentielles de la scolarisation des filles par les parents. Aussi,
en observant les graphiques ci-dessous, plus on remonte la pyramide scolaire,
plus les taux de scolarisation ont une tendance à la baisse et plus les
inégalités sexuelles s'accentuent. Cela s'expliquerait par les
flux migratoires en matière scolaire qui prennent de l'ampleur à
ces âges. En effet, plusieurs enfants des régions moins
équipées en infrastructures
scolaires surtout supérieures ou secondaires migrent
pour des régions plus équipées en vue de poursuivre les
études ce qui réduit ainsi les chances des filles de
fréquenter car leur déplacement est moins accepté par les
parents.
Figure 4.3: Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans et 15-24 ans par tranche d'âges et par sexe selon la
région de résidence
Garçon Fille
Taux
40
60
20
80
0
Enfants de 15-24 ans
Nord CentreSud
Taux
80 60 40 20 0
Nord Centre Sud
Enfants de 6-14 ans
4.3 VARIATION DIFFERENTIELLE DE LA SCOLARISATION SELON LES
CARACTERISTIQUES DES CHEFS DE MENAGE
4.3.1 Scolarisation différentielle selon
l'âge du chef de ménage
Le tableau 4.5 montre que les inégalités sexuelles
en matière de scolarisation en faveur des garçons existent quels
que soient l'âge du chef de ménage et celui de l'enfant.
Tableau 4.5 : Variation des taux de
scolarisation des filles et garçons par tranches d'âges du chef de
ménage et indices de parité des taux IPT (G/F) à l'EDS-II
(2004)
Tranches d'âges et sexe des
enfants 6-14 ans 15-24 ans
Age du chef de
ménage G F IPT (G/F) G F IPT
(G/F)
< 30 ans 46,1 33,9 1,4 30,5 4,7 6,5
30-44 ans 45,1 34,4 1,3 47,7 13,3 3,6
45-59 ans 46,6 33,8 1,4 42,2 25,2 1,7
= 60 ans 45,8 28,8 1,6 34,6 19,9 1,7
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Proba Khi-deux 0,000 0,00 1 - 0,000 0,001 -
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Les garçons de 6-14 ans vivant chez un chef de
ménage de 60 ans et plus ont 1,6 fois plus de chance d'être
scolarisés que leurs homologues filles tandis que ceux de la même
tranche d'âges vivant chez un chef de ménage de moins de 60 ans
ont seulement environ 1,4 fois plus de chance que leurs camarades filles. Chez
les enfants de 15-24 ans, les inégalités sont très fortes
lorsque le chef de ménage a moins de 30 ans et diminuent avec
l'âge du chef de ménage. En effet, les garçons de 15-24
ans, vivant dans un ménage dirigé par un chef de moins de 30 ans,
ont environ 6,5 fois plus de chance que les filles d'être
scolarisés ; ceux des ménages ayant à leur tête un
chef de 30-44 ans en ont 3,6 fois plus. Les garçons de 15-24 ans des
ménages dirigés par un chef de plus de 45 ans ont seulement 1,7
fois plus de chance de fréquenter que les filles du même
ménage. Dans la tranche d'âges de 15-24 ans, ce sont les chefs de
ménage de moins de 30 ans, c'est-à-dire les plus jeunes qui
scolarisent moins les enfants des deux sexes. La scolarisation diminuent avec
l'âge des enfants quel que soit l'âge du chef de ménage, les
inégalités sont relativement invariantes lorsque l'âge du
chef de ménage augmente chez les enfants de 6-14 ans, ce qui pourrait
s'expliquer par la disponibilité et l'accès équitable aux
infrastructures scolaires de base. Par contre chez les enfants de 15-24 ans,
les inégalités diminuent avec l'âge du chef de
ménage et les taux les plus élevés s'observent à
30-44 ans et 45-59 ans, c'est-à-dire que les chefs de ménage de
pleine activité économique scolarisent davantage les enfants qui
sont sous leur responsabilité ce qui se comprend aisément car ils
sont supposés être économiquement plus stables que ceux de
moins de 30 ans (jeunes chefs de ménage) et de 60 ans et plus
(âgés).
4.3.2 Scolarisation différentielle selon le sexe
du chef de ménage
Les résultats obtenus en ce qui concernent la
scolarisation différentielle des enfants selon leur sexe et leur
âge cachent des disparités entre chefs de ménage de sexe
féminin et ceux de sexe masculin. Plusieurs études menées
dans certains pays africains ont montré que les enfants vivant dans les
ménages dirigés par les femmes sont mieux scolarisés que
ceux vivant dans les ménages dirigés par les hommes. Le tableau
4.6 révèle que la scolarisation des enfants est bien fonction du
sexe du chef de ménage.
Tableau 4.6 : Variation des taux de
scolarisation des filles et garçons par sexe du chef de ménage et
indices de parité des taux IPT (G/F) selon les tranches d'âges
à l'EDS-II (2004).
Tranche d'âges et sexe des
enfants 6-14 ans 15-24 ans
G F IPT (G/F) G F IPT (G/F)
Sexe du chef de ménage
HCM 46,4 34,2 1,4 40,2 14,5 2,8
FCM 41,5 28,8 1,4 34,6 16,5 2,1
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
IPT (HCM/FCM) 1,1 1,2 1,0 1,2 0,9 1 ,3
-
-
Proba Khi-deux 0,000 0,000
0,000 0,000
HCM= Hommes chef de ménage ; FCM=Femmes chefs de
ménage
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
En effet, les garçons de 6-14 ans ont 1,4 fois plus de
chance que les filles d'être scolarisés lorsqu'ils vivent tant
chez les hommes chefs de ménage que chez les femmes chefs de
ménage. Par contre, les garçons de 15-24 ans ont 2,8 fois plus de
chance d'être scolarisés que les filles chez les hommes chefs de
ménages tandis que chez les femmes chefs de ménage, ces
mêmes garçons n'ont que 2,1 fois plus de chance que les filles. Il
ressort de cette analyse que les taux de scolarisation diminuent mais les
inégalités augmentent avec l'âge des enfants quel que soit
le sexe du chef de ménage. En passant de l'homme à la femme chef
de ménage, notamment chez les 15-24 ans, les taux de scolarisation
diminuent ainsi que les inégalités entre sexes. En matière
de scolarisation, les chefs de ménages ont une préférence
pour les garçons mais ici, cette préférence est plus forte
chez les hommes chefs de ménage. Les femmes chefs de ménage ont
tendance à plus scolariser les filles de 15-24 ans que leurs homologues
hommes. On peut donc affirmer que les femmes chefs de ménage scolarisent
les enfants de façon plus égalitaire ; ce qui nous amène
à jeter un regard sur l'indice de parité des
taux entre chefs de ménage. Il ressort donc de ce
résultat que les hommes chefs de ménage accordent la même
chance de scolarisation aux enfants de 6-14 ans que leurs homologues femmes
tandis quand les enfants grandissent et ont 15-24 ans, les hommes chefs de
ménages scolarisent 1,3 fois plus les enfants que les femmes chefs de
ménages. Lorsque nous examinons ce résultat par sexe des enfants,
chez les enfants de 6-14 ans, les hommes chefs de ménage accordent 1,1
fois plus de chance de fréquenter aux enfants (tant aux garçons
qu'aux filles) que leurs homologues femmes tandis que lorsque ces mêmes
grandis sent et ont 15-24 ans, les hommes chefs de ménage accordent 1,2
fois plus aux garçons mais 0,9 fois moins de chance aux filles de
fréquenter que leurs homologues femmes.
Il ressort de cette analyse que les inégalités
entre chefs de ménages augmentent avec l'âge des enfants. En
passant du garçon à la fille, les inégalités entre
chefs de ménages sont identiques et jouent en faveur des hommes chez les
enfants de 6-14 ans. Par contre, les inégalités entre chefs de
ménage chez les 15-24 ans, et jouent en faveur des hommes chefs de
ménages chez les garçons et la tendance s'inverse en faveur des
femmes chefs de ménage chez les filles.
Faisons observer que tous ces effets pourraient changer
lorsque nous combinerons au sexe du chef de ménage,
4.3.3 Scolarisation différentielle selon le
niveau d'étude du chef de ménage
Dans la mesure où l'instruction façonne les
attitudes et comportements des individus, elle joue un rôle
déterminant dans la perception des parents à scolariser les
enfants. En effet, plusieurs travaux ont été menés sur la
relation entre la fréquentation scolaire des enfants et le niveau
d'étude du chef de ménage notamment ceux de Pilon (1996), Shapiro
(1999) et Wakam (1999). Il ressort de ces travaux que d'une part, les taux de
scolarisation des enfants augmentent avec le niveau d'instruction du chef de
ménage, et d'autre part les inégalités sexuelles diminuent
avec le niveau d'instruction du chef de ménage.
Comme on peut s'y attendre, la fréquentation scolaire
des enfants quel que soient leur sexe est positivement associée au
niveau d'instruction du chef de ménage (Tableau 4.7).
Le taux de scolarisation des garçons de 6-14 ans passe
de 32% à 81% lorsque le niveau d'instruction du chef de ménage
passe de "sans instruction" à "secondaire et plus", soit un
accroissement de 153% et celui des filles de cette tranche d'âges passe
de 20,2% à 75,5% soit une augmentation de 274%. Quant aux garçons
de 15-24 ans, ils voient leur taux de
scolarisation passer de 22,7% à 75,9%, soit un
accroissement de 234,4% tandis que leurs homologues filles voient les leurs
passer de 7,2% à 3 8,9% soit un e augmentation de 440,3%.
Tableau 4.7 : Variation des taux de
scolarisation des filles et garçons par tranche d'âges selon
niveau d'étude du chef de ménage et indices de parité des
taux IPT (G/F) à l'EDS-II (2004).
Niveau d'étude du CM
Tranche d'âges et sexe des
enfants 6-14 ans 15-24 ans
G F IPT (G/F) G F IPT (G/F)
Proba Khi-deux 0,000 0,000 - 0,000 0,000 -
Aucun 32,0 20,2 1,6 22,7 7,2 3,2
Primaire 68,5 54,0 1,3 56,4 20,9 2,7
Sec et plus 81,0 75,5 1,1 75,9 38,9 2,0
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Dans la tranche d'âges 6-14 ans, les garçons des
ménages dirigés par un chef sans niveau d'instruction et de
niveau primaire ont respectivement 1,6 fois et 1,3 fois plus de chance
d'être scolarisés que les filles du même ménage,
tandis que dans les ménages où les chefs ont un niveau secondaire
et plus, les garçons ont 1,1 fois plus de chance que les filles. Comme
on devrait s'y attendre, les inégalités sexuelles entre enfants
de 6-14 ans diminuent avec le niveau d'instruction du chef de ménage.
Par ailleurs, dans la tranche d'âges de 15-24 ans, les garçons des
ménages dirigés par un chef sans instruction, ont 3,2 fois plus
de chance que les filles d'être scolarisés mais lorsque nous avons
à faire à des chefs de ménage de niveau primaire ou
secondaire et plus, ces mêmes garçons ont respectivement 2,7 et 2
fois plus de chance que leurs homologues filles. On remarque que quelle soit la
tranche d'âges, comme on devrait s'y attendre, les
inégalités sexuelles diminuent avec le niveau d'étude du
chef de ménage.
Figure 4.4: Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans et 15-24 ans par sexe et selon le niveau d'étude du chef de
ménage
40
90 80 70 60 50
30 20 10 0
Sans instruction
Enfants de 6-14 ans
Primaire Sec et plus
80 70 60 50 40 30 20 10 0
Sans instruction
Enfants de 15-24 ans
Primaire Sec et plus
Garçon Fille
4.4 VARIATION DIFFERENTIELLE DE LA SCOLARISATION SELON
LES CARACTERISTIQUES DU MENAGE
4.4.1 Scolarisation différentielle selon le niveau
de vie du ménage
Le niveau de vie du ménage a une influence sur la
scolarisation au regard de la probabilité du Khi-deux. Des travaux
réalisés dans ce sens font ressortir une association positive
entre le niveau de vie du ménage et la fréquentation scolaire des
enfants: quel que soit le sexe des enfants, les taux de fréquentation
scolaire croissent avec le niveau de vie du ménage d'après les
travaux de MARCOUX (1994), SHAPIRO et TAMBASHE (1996), FILMER et PRITCHETT
(1999). Les résultats du tableau 4.8 sont conformes à ceux des
auteurs cités précédemment. D'après donc ce
tableau, la fréquentation scolaire des enfants est positivement
associée au niveau de vie du ménage.
Tableau 4.8: Taux de scolarisation des filles et
garçons par tranche d'âges selon niveau de vie du ménage et
indices de parité des taux IPT (G/F) à l'EDS-II (2004).
Niveau de vie du ménage
G F IPT (G/F) G F IPT (G/F)
- 0,000 0,000 -
Proba khi-deux 0,000 0,005
Bas 30,1 19,9 1,5 22,3 4,7 4,7
Moyen 43,4 27,8 1,6 37,5 6,6 5,7
Elevé 63,6 50,8 1,3 51,8 28,3 1,8
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Tranches d'âges et sexe des
enfants 6-14 ans 15-24 ans
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Lorsque le niveau de vie passe de "bas" à
"élevé", les taux de scolarisation des garçons et filles
de 6-14 ans connaissent des accroissements respectifs de 111,3% et 155,3%
tandis que ceux et celles de 15-24 ans voient les leurs s'accroître de
132,3% et 502,1% respectivement.
Les garçons de 6-14 ans vivant dans les ménages
de niveau de vie bas ou moyen, ont respectivement 1,5 et 1,6 fois plus de
chance d'être scolarisés que les filles des mêmes
ménages tandis que ceux des ménages de niveau de vie
élevé en ont seulement 1,3 fois plus. Dans la tranche d'âge
15-24 ans, les garçons des ménages de niveau de vie bas, moyen et
élevé ont respectivement 4,7 fois, 5,7 fois et 1,8 fois plus de
chance de fréquenter que leurs homologues filles des mêmes
ménages. Les inégalités sexuelles entre enfants de 15-24
ans face à la scolarisation sont moins importantes dans les
ménages de niveau de vie élevé. Le contraste ici est que
contrairement aux attentes, quelles que soit la tranche d'âges, les
inégalités dans les ménages de niveau moyen sont plus
prononcées que dans ceux de niveau bas. On pourrait expliquer cela par
l'accueil des enfants sans lien de parenté avec le chef de ménage
dans les ménages de niveau de vie moyen.
Il ressort de cette analyse que, quel que soit le sexe et le
niveau de vie, les taux de scolarisation diminuent avec l'âge des
enfants; par contre quel que soit la tranche d'âges et le sexe des
enfants, les taux de scolarisation augmentent avec le niveau de vie des
ménages. Les inégalités quant à elles, quel que
soit le niveau de vie des ménages, augmentent avec l'âge des
enfants tandis qu'en passant du niveau de vie bas ou moyen, les
inégalités augmentent pour ensuite diminuer du niveau de vie
moyen au niveau de vie élevé.
Figure 4.5: Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans et 15-24 ans par sexe selon le niveau de vie des ménages
70 60 50 40 30 20 10 0
Bas Moyen Elevé
Enfants de 6-14 ans
60 50 40 30 20 10 0
Bas Moyen Elevé
Enfants de 15-24 ans
Garçon Fille
Malgré les efforts fournis par le gouvernement tchadien
en matière de scolarisation en général et en particulier
en matière de réduction des inégalités entre sexes,
les enfants des ménages les désavantagés sont largement
sous représentés à l'école. Les
inégalités sont moindre dans les ménages de niveau de vie
élevé quel que soit la tranche d'âges, c'est dire que la
pauvreté a des conséquences énormes sur les chances de
fréquentation des filles car lorsque les revenus des ménages sont
limités, on préfère scolariser les garçons au
détriment des filles qui pourront attendre le mariage.
Le fait ainsi apparent d'inégalité de chance
découle de l'héritage historique, des difficultés
économiques des ménages et des logiques familiales propres
à tout groupe d'individus en matière de scolarisation. A cela, il
faudra raj outer le statut assigné à chaque sexe par la
société (genre).
4.4.2 Scolarisation différentielle selon la taille du
ménage
La théorie de la "quantity/quality trade off" postule
qu'il existe une relation négative entre le nombre et la scolarisation
des enfants. Par contre, «l'un des résultats des résultats
les plus constants qui ressort des études traitant du sujet dans le
contexte africain est [...] que la quantité et la qualité des
enfants en matière de scolarisation sont tout à fait compatibles
dans
les sociétés d'Afrique subsaharienne et que la
quantité peut même favoriser la qualité » (Wakam,
2002a).
Tableau 4.9: Taux de scolarisation des filles et
garçons et indices de parité des taux IPT (G/F) par tranche
d'âges selon la taille du ménage à l'EDS-II (2004).
Tranches d'âges et sexe des
enfants 6-14 ans 15-24 ans
Taille du
ménage
G F IPT (G/F) G F IPT (G/F)
1 à 5 40,9 28,6 1,4 28,3 6,9 4,1
6 à 8 41,9 32,2 1,3 37,2 15,8 2,4
9 à 13 50,7 35,7 1,4 48,6 25,2 1,9
14 et plus 60,6 45,4 1,3 54,3 34,6 1,6
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Proba Khi-deux 0,000 0,033 - 0,00 1 0,007 -
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Il ressort de notre tableau que quels que soient la taille du
ménage et le sexe des enfants, les taux de scolarisation diminuent avec
l'âge des enfants. Par contre ces taux augmentent avec la taille du
ménage quels que soient le sexe des enfants et leur âge. Ainsi, la
relation entre la taille du ménage et la scolarisation des enfants est
plutôt positive dans le cas du Tchad. Cela s'expliquerait par le fait que
dans la plupart des cas, les ménages de grande taille sont ceux des
individus bien nantis et les stratégies de solidarités familiales
y sont courantes par la pratique de confiage des enfants à des fins
purement éducatives. Les garçons de 6-14 ans des ménages
comprenant 1 à 5 enfants et 9 à 13 enfants ont 1,4 fois plus de
chance de fréquenter que les filles des mêmes ménages. Ceux
de la même tranche d'âges des ménages comprenant 6 à
8 enfants et 14 enfants et plus, ont 1,3 fois plus de chance d'être
scolarisés que leurs homologues filles. Chez les enfants de 15-24 ans,
les inégalités diminuent nettement avec la taille du
ménage. En effet, dans les ménages comprenant 1 à 5
enfants, les garçons ont 4,1 fois plus de chance de fréquenter
que les filles ; dans ceux comprenant 6 à 8 enfants, 9 à 13
enfants et 14 enfants et plus, les garçons ont respectivement 2,4 fois,
1,9 fois et 1,6 fois plus de chance d'être scolarisés que leurs
homologues filles.
4.4.3 Scolarisation différentielle selon la survie
des parents
La survie des parents est significativement associée
à la fréquentation scolaire certainement à cause du devoir
de solidarité qui, en Afrique subsaharienne, exige leur prise en charge
par les membres de la famille.
Tableau 4.10: Taux de scolarisation des filles
et garçons par tranche d'âges selon la survie des parents et
indices de parité des taux IPT (G/F) à l'EDS-II (2004).
Proba Khi-deux 0,000 0,015
0,000 0,000
-
-
Survie des
parents
G F IPT (G/F) G F IPT (G/F)
Tranches d'âges et sexe des
enfants
6-14 ans 15-24 ans
Orphelins de père
et de mère 54,5 41,7 1,3 45,1 29,9
1,5
Orphelins de père 62,9 39,1 1,6 71,4 11,5
6,2
Orphelins de mère 44,6 32,6 1,4 44,5 26,2
1,7
Père et mère en
vie 64,4 38,7 1,7 69,0 13,8 5,0
Résidus 26,9 21,7 1,2 35,8 9,3 3,9
Ensemble 45,4 33,2 1,4 38,9 14,6 2,7
Source : Traitement des données de l'EDS-II (Tchad)
Chez les enfants de sexe masculin de 6-14 ans, ils sont mieux
scolarisés lorsqu'ils vivent avec les deux parents (64,4%) que
lorsqu'ils vivent avec un seul d'entre eux (62,9% si mère en vie et
44,6% si père en vie). Chez les filles de la même tranche
d'âge, les enfants doublement orphelins sont mieux scolarisés que
tous les autres (41,7%), ensuite les filles ayant leur mère en vie
(39,1%), enfin viennent celles ayant leur père et mère en vie
(38,7%). Les garçons doublement orphelins de 6-14 ans ont 1,3 fois plus
de chance d'être scolarisés que les filles du même statut,
tandis que lorsqu'ils sont orphelins de mère, de père ou ayant
les deux parents en vie, ils ont respectivement 1,4 fois, 1,6 fois et 1,7 fois
plus de chance d'être scolarisés que les filles. Donc chez les
6-14 ans, les enfants doublement orphelins sont moins discriminés que
les autres, ceci s'expliquerait par le soin particulier accordé à
ces enfants découlant des fondements traditionnels et religieux selon
lesquels le châtiment divin s'abattrait sue ceux qui feraient souffrir
les orphelins.
Chez les garçons de 15-24 ans, les enfants ayant leur
mère en vie sont plus scolarisés que tous (71,4%), ensuite
viennent ceux ayant leur père et mère en vie (69,0%), ceux
doublement orphelins (45,1%) et ceux orphelins de mère (44,5%). Chez les
filles de la même
tranche d'âge, les enfants doublement orphelins sont
mieux scolarisés que tous (29,9%), ensuite viennent les filles
orphelines de mère (26,2%), celles ayant leur mère et père
en vie (13,8%) et enfin celles orphelines de père1 1,5%). Chez les
enfants doublement orphelins de 15-24 ans, les garçons ont 1,5 fois plus
de chance d'être scolarisés que les filles, tandis que ceux
orphelins de mère, ceux ayant les deux parents en vie et ceux orphelins
de père ont respectivement 1,7 fois, 5 fois et 6,2 fois plus de chance
d'être scolarisés que les filles de même statut. Il
découle de ces analyses que les enfants doublement orphelins et
orphelins de mère sont moins discriminés que les autres, aussi un
traitement particulier est accordé aux filles doublement orphelines car
en Afrique subsaharienne, elles doivent partir en mariage et l'héritier
s'attend à récupérer la dot de celle-ci en compensation de
toutes les dépenses effectuées.
rn CWJ4P IcrqE : ESSJ4I (IX 'I(IXEgsfcrIFICJ4
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EgsfcrqE SExES Egsf~J4crIEqE (IXE
J4 Q)
SCoLJ4qISJ4crIogsfcrCWJ4(IX
Le chapitre précédent a permis d'examiner
l'association entre la fréquentation scolaire et plusieurs variables
indépendantes. Ces associations brutes donnent une première
évaluation des hypothèses énoncées, mais elles ne
contrôlent pas les effets combinés des différentes
variables de cette étude. Le présent chapitre est consacré
à une analyse multivariée qui permet de vérifier si ces
associations observées persistent lorsqu'on contrôle toutes les
autres variables indépendantes. C'est aussi à ce niveau que nous
vérifierons les hypothèses émises au chapitre II.
Dans une première partie nous examinerons
l'évolution de l'effet du sexe de l'enfant, lorsqu'on contrôle
progressivement pour d'autres variables dans les modèles retenus.
L'observation se fera pour les deux tranches d'âge : 6-14 ans et 15-24
ans. Le modèle M0 nous donne les effets bruts de chaque variable, en
revanche les effets nets sont obtenus grâce aux autres modèles qui
contrôlent de manière cumulative pour l'âge de l'enfant
(Modèle M1); le lien de parenté de l'enfant avec le chef de
ménage (modèle M2), la région et le milieu de
résidence (modèle M3) ; l'âge du chef de ménage, son
sexe et son niveau d'instruction (modèle M4), le nombre d'enfants de
moins de cinq ans, le niveau de vie du ménage, la taille du
ménage et la survie des parents (modèle M5). Par ailleurs, la
deuxième partie du chapitre réservée à la
vérification des hypothèses, concernera les variables suivantes :
milieu et région de résidence, le niveau d'instruction du chef de
ménage, le niveau de vie du ménage, l'âge des enfants, le
sexe du chef de ménage.
L'analyse se fera de la manière suivante :
L'interprétation des rapports de chance nous donnera la variation de
l'effet du sexe sur la fréquentation scolaire avec l'addition des autres
variables ; Les résultats seront interprétés en termes
d'écart des rapports de chance et par rapport à la
modalité de référence. L'interprétation de
l'évolution de la statistique r nous permettra de
connaître les variables déterminantes de la scolarisation
différentielle des filles et garçons au Tchad.
5.1 VUE D'ENSEMBLE
Les tableaux 5.1 et 5.2 présentent une vue d'ensemble
des résultats obtenus pour 6 modèles de régression
logistique sur les rapports de risques respectifs de fréquentation
scolaire entre filles et garçons de 6-14 ans et de 15-24 ans au niveaux
brut et net. D'une manière générale, on constate aussi
bien chez les enfants de 6-14 ans que chez ceux de 15-24 ans, une sous
scolarisation féminine pour l'ensemble des modèles retenus. De
fortes inégalités sont observées chez les 15-24 ans.
5.1.1 Inégalités entre enfants de 6-14
ans
Au niveau brut, la probabilité pour une fille de
fréquenter l'école est 41% moins élevée que celle
d'un garçon. Les mêmes risques de fréquentation sont
observés en M1 où est introduit l'âge de l'enfant et en M2
où le lien de parenté est introduit. L'introduction
simultanée des variables région et milieu de résidence
dans le modèle M3, fait passer le rapport de chance de 0,59 à
0,55 renforçant ainsi les inégalités entre garçons
et filles. Dans le modèle M4, l'âge du chef de ménage, son
sexe et son niveau d'instruction viennent renforcer les
inégalités entre filles et garçons. En effet, le rapport
de chance de fréquentation est passé de 0,55 à 0,52. Dans
le modèle M5, la présence des enfants de moins de cinq ans, le
niveau de vie, la taille du ménage et la survie des parents maintient
les inégalités entre filles et garçons.
Au niveau du lien de parenté, les chances de
fréquentation des autres enfants du ménage sont 1,41 fois plus
élevées que ceux des enfants du chef de ménage. Dans les
modèles M4 et M5, la situation est inversée en faveur des enfants
du chef de ménage. En effet, de 1,06 en M3, le rapport de chance de
fréquentation passe à 0.96 et 0.95 respectivement en M4 et M5.
Cela signifie que les caractéristiques culturelles, du ménage et
du chef de ménage ont une forte incidence sur les
inégalités de scolarisation des enfants.
Les risques de fréquentation des enfants sont
positivement associés au niveau d'urbanisation, conformément au
résultat de l'analyse bivariée. En effet, dans le dernier
modèle, les enfants vivant à N'Djaména et dans les autres
centres urbains ont respectivement 4,3 fois et 1,5 fois plus de chance d'aller
à l'école que les enfants du milieu rural. Dans le dernier
modèle, comparés aux enfants du Nord du Pays, les enfants du
Centre et du Sud ont respectivement 1,6 et 6,1 fois plus de chance de
fréquenter l'école, ce qui vient confirmer les résultats
bivariés. S'agissant du niveau de vie du ménage (Modèle
5), les rapports de chance de fréquentation scolaire des enfants
augmentent avec le niveau de vie du ménage. En effet, les enfants des
ménages de niveau moyen et élevé, ont respectivement 1,3
et 2,1 fois plus de chance de fréquenter l'école que ceux des
ménages avec un niveau de vie bas. Du niveau d'instruction du chef de
ménage (Modèle M5), les enfants des ménages dont le chef a
un niveau primaire et secondaire et plus, ont respectivement 2,63 et 5,14 fois
plus de chance d'aller à l'école que ceux dont le chef n'a aucune
instruction. Une fois de plus, ce résultat vient confirmer celui de
l'analyse bivariée. Les enfants des hommes chefs de ménage ont
81% moins de chance de fréquenter que ceux des femmes chefs de
ménage.
Relevons qu'en dehors de la variable « région de
résidence », les rapports de chance diminuent à partir du
modèle M3 jusqu'au dernier. Cette baisse traduit l'interaction entre les
variables culturelles, celles du chef de ménage et du ménage
introduites successivement à partir de M3. Par ailleurs, l'effet de la
région de résidence est relativement renforcé par ces
mêmes caractéristiques. Toutes les variables ayant un pouvoir
explicatif supérieur ou égal à 0,10 (le sexe de l'enfant,
la région et le milieu de résidence, l 'instruction du chef de
ménage et le niveau de vie du ménage), ont préservé
la taille de leur effet après contrôle. Il s'agit par ordre
décroissant de la région de résidence (0,2 1), du niveau
d'instruction du chef de ménage (0,18), du milieu de résidence
(0,11) et du niveau de vie du ménage (0,10). Ce sont en
définitive des variables déterminantes au niveau de la
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans.
Tableau 5.1 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon les
caractéristiques de l'enfant, de son environnement et du chef de
ménage (Tchad 2004).
Variables Effets bruts
M0 M1 M2
|
Effets nets M3
|
M4
|
M5
|
A. Sexe de l'enfant (MR= Masculin)
|
|
|
|
Féminin 0,59*** 0,59*** 0,59***
|
0,55***
|
0,52***
|
0,52***
|
Statistique r 0,11*** 0,11*** 0,11***
|
0,11***
|
0,12***
|
0,12***
|
B. Lien de parenté avec le Chef de ménage
(MR=enfants du CM)
|
|
|
|
Autres enfants 1,41*** 1,43***
|
1,06 ns
|
0,96 ns
|
0,95ns
|
Autres cas 0,48 ns 0,63 ns
|
0,56 ns
|
0,54 ns
|
0,61 ns
|
Statistiques r 0,06*** 0,06***
|
0,00 ns
|
0,00 ns
|
0,00 ns
|
C. Région de résidence (MR=Nord)
|
|
|
|
Centre 2,77***
|
1,56***
|
1,49***
|
1,59***
|
Sud 7,57***
|
8,11***
|
5,16***
|
5,14***
|
Statistique r 0,28***
|
0,32***
|
0,22***
|
0,21***
|
D. Milieu de résidence (MR=Rural)
|
|
|
|
N'djaména 5,12***
|
12,30***
|
6,98***
|
4,25***
|
Autres urbains 2,32***
|
2,62***
|
2,15***
|
1,46***
|
Statistiques r 0,19***
|
0,24***
|
0,17***
|
0,11***
|
E. Sexe du Chef de ménage (MR=féminin)
|
|
|
|
Masculin 1,28***
|
|
0,87*
|
0,81**
|
Statistique r 0,03***
|
|
0,01*
|
0,02**
|
F. Instruction du Chef de ménage (MR=aucun)
|
|
|
|
Primaire 4,59***
|
|
2,88***
|
2,63***
|
Secondaire ou plus 10,15***
|
|
5,89***
|
5,14***
|
Statistique r 0,33***
|
|
0,20***
|
0,18***
|
G. Enfants de moins de cinq ans (MR=aucun enfant)
|
|
|
|
Au moins un 1,10*
|
|
|
0,96 ns
|
Statistique r 0,01*
|
|
|
0,00 ns
|
H. Niveau de vie du ménage (MR=bas)
|
|
|
|
Moyen 1,64***
|
|
|
1,31***
|
Elevé 4,02***
|
|
|
2,11***
|
Statistique r 0,25***
|
|
|
0,10***
|
I. Taille du ménage (MR=1-5 personnes)
|
|
|
|
6 à 8 1,13**
|
|
|
1,03***
|
9 à 13 1,47***
|
|
|
1,03***
|
14 et plus 2,19***
|
|
|
0,99***
|
Statistique r 0,09***
|
|
|
0,00 ns
|
J. Survie des parents (MR=mère père
décédés)
|
|
|
|
|
Mère seule en vie 1,04 ns
|
|
|
0,56**
|
Mère Père en vie 1,12 ns
|
|
|
0,86 ns
|
Père seul en vie 0,68***
|
|
|
0,78**
|
Autres 0,35***
|
|
|
0,47**
|
Statistique r 0,05***
|
|
|
0,01*
|
Notes : Signification: ns=non significatif; * =
au seuil de 10% ;**= au seuil de 5% ;***= au seuil de 1% ; MR :
|
modalité de référence ; L'âge de
l'enfant a été introduit en M1. L'âge du chef de
ménage a été introduit en M2.
|
5.1.2 Inégalités entre enfants de 15-24
ans
Avant de commenter l'effet de notre variable principale (le
sexe de l'enfant), il est utile de passer en revue les résultats de
toutes nos variables de contrôle. Dans l'ensemble, l'influence de ces
variables va dans le sens attendu en théorie ou montré par les
travaux empiriques passés. Ainsi, les enfants du chef de ménage
ont plus de chances de fréquenter l'école que les autres
;1 les enfants du Centre et du Sud ont (1,24 et 6,53 fois) plus de
chances de fréquenter que les enfants du Nord, région fortement
islamisée et manquant d'infrastructure scolaires 2 ; les
enfants de N'Djamena et des autres centres urbains ont (6,44 et 1,66 fois) plus
de chances de fréquenter que les autres3 ; Par rapport aux
non-instruits, les chefs de ménage ayant un niveau d'éducation
primaire ou secondaire et plus ont (3,23 et 9,69 fois) plus de chances de
scolariser leurs enfants ; le nombre d'enfants de moins de 5 ans dans le
ménage n'a pas une influence significative (0,85 ns) ; le niveau de vie
du ménage est positivement associé à la
fréquentation scolaire ; et les catégories essentielles de survie
des parents n'ont pas une influence statistiquement significative,
conformément aux résultats de Lloyd et Blanc (1996).
En contradiction avec les résultats de plusieurs
travaux passés, les chefs de famille masculins n'ont pas une propension
à scolariser significativement moindre (0,78 ns) que celle des chefs de
ménage féminins. De plus, on note une relation
curvilinéaire entre la taille du ménage et la
fréquentation scolaire ; en effet la fréquentation baisse
lorsqu'on passe des
1 Au niveau brut, les autres enfants du ménage ont
légèrement plus de chance de fréquenter l'école
(1,18 fois plus) que les enfants du ménage. Au niveau net, en
présence de l'âge de l'enfant au modèle M2, ce rapport de
chance augmente légèrement en faveur des autres enfants du
ménage (1,20 fois plus). L'introduction des variables contextuelles que
sont la région et le milieu de résidence, inverse l'effet du lien
de parenté sur les risques de fréquentation des enfants. Le
rapport de fréquentation des autres enfants du ménage tombe
à 69 fois moins que celui des enfants du chef de ménage, soit une
diminution de 42,5%. L'introduction des variables relatives au chef
ménage et au ménage accentue cette nouvelle tendance au point
où dans le dernier modèle, les autres enfants du ménage
ont 57 moins de chance de fréquenter que les enfants du ménage.
L'école secondaire et supérieure nécessitant plus de
moyens, les chefs de ménage doivent faire un choix parmi les enfants
à scolariser.
2 Au niveau brut, les enfants du Centre et du Sud ont
respectivement 3,6 et 6,6 fois plus de chance de fréquenter
l'école que ceux du Nord. Dans tous les modèles, les risques de
fréquentation au Nord du pays, demeurent inférieurs à ceux
dans les régions du Centre et du Sud, ce qui reste en conformité
avec les résultats de l'analyse bivariée.
3 Ces résultats sont conformes aux résultats de
l'analyse bivariée, preuve incontestable de l'avance de N'Djaména
et des autres centres urbains en équipement et infrastructures
scolaires.
ménages de 1 à 5 personnes à ceux de 6
à 8 personnes, mais elle augmente à nouveau dans les
ménages plus larges que 8 personnes.
A part la taille et le niveau de vie du ménage, toutes
les autres variables ayant un pouvoir explicatif supérieur ou
égal à 0,10 ont préservé leur niveau après
contrôle. Il s'agit par ordre décroissant du niveau d'instruction
du chef de ménage (0,22), la région de résidence (0,20),
le lien de parenté (0,14), le milieu de résidence (0,13). Chez
les enfants de 15-24 ans, les variables déterminantes dans la
fréquentation scolaire sont le niveau d'instruction du chef de
ménage, la région et le milieu de résidence, le lien de
parenté de l'enfant avec le chef de ménage.
S'agissant maintenant de notre variable principale (le sexe),
au niveau brut, la probabilité pour une fille de fréquenter
l'école est 73% moins que celle d'un garçon4. Ce
désavantage des filles se maintient généralement avec
l'addition des contrôles successifs. Il reste d'abord à 0,27
(modèle M1), puis passe à 0,37 (M2), puis à 0,29
(modèle M3), puis 0,27 (modèle M4), et enfin 0,25 (modèle
M5).
4 Comparés au niveau observé pour les enfants de
6-14 ans, ceci confirme le résultat de l'analyse bivariée qui
montre une aggravation des inégalités entre sexes avec
l'âge de l'enfant.
Tableau 5.2 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 15-24 ans selon les
caractéristiques de l'enfant, de son environnement, du chef de
ménage (Tchad 2004)
Variables Effets bruts
M0 M1 M2
|
Effets nets M3
|
M4
|
M5
|
A. Sexe de l'enfant (MR=Masculin)
|
|
|
|
Féminin 0,27*** 0,27*** 0,37***
|
0,29***
|
0,27***
|
0,25***
|
Statistique r 0,25*** 0,25*** 0,18***
|
0,20***
|
0,20***
|
0,20***
|
B. Lien de parenté avec le Chef de ménage
(MR=enfants du CM)
|
|
|
|
Autres enfants 1,18* 1,20**
|
0,69***
|
0,56***
|
0,57***
|
Résidus 0,17*** 0,23***
|
0,16***
|
0,09***
|
0,14***
|
Statistiques r 0,25*** 0,20***
|
0,22***
|
0,20***
|
0,14***
|
C. Région de résidence (MR=Nord)
|
|
|
|
Centre 3,62***
|
1,15 ns
|
1,15 ns
|
1,24 ns
|
Sud 6,60***
|
9,89***
|
6,05***
|
6,53***
|
Statistique r 0,21***
|
0,30***
|
0,21***
|
0,20***
|
D. Milieu de résidence (MR=Rural)
|
|
|
|
N'Djaména 4,66***
|
18,64***
|
8,38***
|
6,44***
|
Autres urbains 2,44***
|
2,77***
|
2,13***
|
1,66***
|
Statistiques r 0,23***
|
0,26***
|
0,17***
|
0,13**
|
E. Sexe du Chef de ménage (MR=féminin)
|
|
|
|
Masculin 1,15 ns
|
|
0,92 ns
|
0,78 ns
|
Statistique r 0,01 ns
|
|
0,00 ns
|
0,01 ns
|
F. Instruction du Chef de ménage (MR=Aucun)
|
|
|
|
Primaire 3,65***
|
|
3,30***
|
3,23***
|
Secondaire ou plus 8,24***
|
|
9,87***
|
9,69***
|
Statistique r 0,32***
|
|
0,23***
|
0,22***
|
G. Enfants de moins de cinq ans (MR=Aucun enfant)
|
|
|
|
Au moins un 0,91 ns
|
|
|
0,85 ns
|
Statistique r 0,00 ns
|
|
|
0,00 ns
|
H. Niveau de vie du ménage (MR=Bas)
|
|
|
|
Moyen 2,06***
|
|
|
1,63***
|
Elevé 4,82***
|
|
|
2,07***
|
Statistique r 0,25***
|
|
|
0,08 ***
|
I. Taille du ménage (MR=1-5 personnes)
|
|
|
|
6 à 8 2,06***
|
|
|
0,97***
|
9 à 13 3,59***
|
|
|
1,32 ns
|
14 et plus 4,94***
|
|
|
1,20***
|
Statistique r 0,22***
|
|
|
0,02*
|
J. Survie des parents (MR=mère père
décédés)
|
|
|
|
|
Mère seule en vie 0,79 ns
|
|
|
0,64 ns
|
Mère Père en vie 0,80 ns
|
|
|
0,60 ns
|
Père seul en vie 0,92 ns
|
|
|
0,92 ns
|
Autres 0,46 ns
|
|
|
0,40***
|
Statistique r 0,13***
|
|
|
0,12***
|
Notes : signification : ns=non significatif ;
*=au seuil de 10% ;**=au seuil 5% ; *=au seuil de 1% ;
|
MR=modalité de référence ; L'âge de
l'enfant introduit en M1 ; celui du chef de ménage en M2.
|
Que ce soit chez les 6-14 ans que chez les 15-24 ans, les
filles sont moins scolarisées que les garçons, montrant une
marginalisation continue des filles au sein de la société
tchadienne. L'on pense dans nos sociétés que la fille n'a pas
besoin de l'éducation formelle pour jouer son rôle de mère
et épouse. Cette réalité reste valable au sein de la
société tchadienne. En effet, il existe au sein de la
société une conception réductionniste de la scolarisation
des filles, par conséquent elles sont moins scolarisées. Les
difficultés que rencontrent les filles pour réussir leur cursus
scolaire trouvent leurs fondements dans les stéréotypes du
sexisme scolaire auxquels il faut ajouter le scepticisme des parents quant aux
bénéfices de la scolarisation des filles. Aussi, l'attitude des
missionnaires ayant introduit l'école au Tchad est pour beaucoup dans la
moindre importance accordée à la scolarisation de la fille. En
effet, les missionnaires encourageaient les garçons à faire des
longues études tandis que les filles étaient orientées
vers les formations en couture, en art culinaire etc.
5.2 DIFFERENCE SELON LE MILIEU DE RESIDENCE
L'examen du tableau 5.3 présentant les rapports de
chance de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans et 15-24 ans
selon le milieu de résidence, nous donne les résultats
ciaprès :
1- Une sous scolarisation féminine quel que soit
l'âge et le milieu de résidence ;
2- Les inégalités sont plus prononcées en
milieu rural que dans les deux autres milieux, notamment chez les enfants de
15-24 ans.
Chez les 6-14 ans, les effets bruts prennent les valeurs 0,59
et 0,57. C'est en milieu rural que les chances de fréquentation des
filles sont très faibles. En effet, elles ont 43% moins de chance que
les garçons d'être scolarisées. L'examen des effets nets
fait apparaître la même tendance du milieu rural par rapport aux
autres milieux en terme de disparités entre sexes. De manière
générale, l'introduction des variables de contrôle donne
les résultats suivants : les filles vivant à N'Djaména ont
42% moins de chance que les garçons d'être scolarisées ;
les filles vivant dans les autres centres urbains ont 48% moins de chance et
celles du milieu rural en ont 49% moins que leurs homologues garçons
d'être scolarisées.
Chez les 15-24 ans, on constate au niveau brut que les
inégalités sont très élevées en milieu rural
que dans les deux autres milieux. En effet, les filles de N'Djaména ont
56% moins de risques de fréquentation que les garçons, celles des
autres centres urbains ont 62% moins et enfin celles du milieu rural en ont 80%
moins. Au niveau de tous les milieux, le contrôle par le lien de
parenté atténue les disparités entre sexes. Le
contrôle par la région de résidence, les
caractéristiques du chef de ménage, puis du ménage
amplifie l'effet de disparités.
Les différences observées entre
N'Djaména, les autres centres urbains et le milieu rural peuvent
s'expliquer par l'inégalité dans l'implantation des
écoles, les pesanteurs culturelles et les l'effet de crise
économique. En effet, l'inégale répartition des
infrastructures scolaires entre les milieux fait qu'on observe à la fin
du cursus primaire ou secondaire, une émigration scolaire vers les
grands centres urbains afin de poursuivre les études. Les pesanteurs
culturelles résultent de la perception différentielle de
l'utilité de l'école dans les milieux de résidence. Dans
les milieux urbains exposés au modernisme, les parents ont une grande
propension à scolariser les filles. Enfin, l'effet de crise impose un
choix aux parents du point de vue de la scolarisation et la
préférence est accordée de facto aux garçons sur
qui les parents comptent plus dans leurs vieux jours.
Tableau 5.3 : Sous-scolarisation féminine
parmi les enfants de 6-14 ans et 15-24 ans, selon le milieu de
résidence.
Milieu de Effets bruts Effets nets
résidence A B C D E
M0 M1 M2 M3 M4 M5
|
ENFANTS DE 6-14 ANS
|
N'Djaména
Fille 0,59*** 0,59*** 0,59*** 0,59*** 0,58*** 0,58***
Statistique r 0,09*** 0,09*** 0,09*** 0,09*** 0,09***
0,09*** Autres centres urbains
Fille 0,58*** 0,58*** 0,58*** 0,57*** 0,53*** 0,53***
Statistique r 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11** 0,12***
0,11*** Rural
Fille 0,57*** 0,57*** 0,57*** 0,54*** 0,52*** 0,51***
Statistique r 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,12*** 0,12***
|
ENFANTS DE 15-24 ANS
|
N'Djaména
Fille 0,44*** 0,44*** 0,58*** 0,58*** 0,52*** 0,45***
Statistique r 0,17*** 0,17*** 0,09*** 0,09*** 0,10***
0,12*** Autres centres urbains
Fille 0,38*** 0,38*** 0,46*** 0,43*** 0,42*** 0,37***
Statistique r 0,19*** 0,19*** 0,15*** 0,15*** 0,14***
0,15*** Rural
Fille 0,20*** 0,20*** 0,28*** 0,21*** 0,18*** 0,16***
Statistique r 0,28*** 0,28*** 0,22*** 0,24*** 0,24*** 0,24***
|
Notes : Signification: ns= non significatif, *=
au seuil de 10%, **= au seuil de 5%; ***= au seuil de 1%.
Les variables de contrôle :
A= L'âge de l'enfant ;
B= Le lien de parenté de l'enfant avec le Cm ;
C= La région de résidence ;
D= L'âge du chef de ménage, le sexe du Cm, le niveau
d'instruction du Cm ;
E= Le nombre d'enfants de moins de cinq ans, le niveau de vie, la
taille du ménage, la survie des parents.
|
5.3 DIFFERENCE SELON LE NIVEAU DE VIE DU MENAGE
Une relation positive existe entre le niveau de vie du
ménage et la scolarisation des enfants. Les auteurs tels TAMBASHE (1999)
cité par KOBIANE (2002) sont parvenus à des résultats
selon lesquels la discrimination envers les filles se réduit avec
l'augmentation du niveau de vie. Toutefois, cette réduction de la
discrimination envers les filles avec le niveau de vie du ménage n'est
pas toujours observée (SHAPIRO et TAMBASHE 1999). Le tableau 5.4
présente les rapports de chance de fréquentation scolaire des
enfants de 6-14 ans et 15-24
ans par sexe et en fonction du niveau de vie du ménage.
L`examen de ces rapports fait constater que les garçons sont plus
scolarisés que les filles quel que soient le niveau de vie du
ménage, l'âge des enfants et le modèle
considéré.
Dans les ménages de niveau de vie bas, la
probabilité pour un garçon de 6-14 ans de fréquenter
l'école est au niveau brut, de 1,74 fois supérieure à
celle de son homologue fille. Dans le modèle M1 où le
contrôle par l'âge de l'enfant ne fait pas varier les effets bruts,
par contre celui par le lien de parenté, fait augmenter
légèrement les effets bruts et le rapport de chance devient 1,76.
Le contrôle par la région et le milieu de résidence, puis
par les variables caractéristiques du chef de ménage fait
augmenter les effets successivement à 1,99 et 2,01. Enfin, le
contrôle par les variables caractéristiques du ménage fait
baisser légèrement cet effet, le faisant passer à 1,98.
Ainsi, il est 1,89 fois plus probable de retrouver à l'école un
garçon de 6-14 ans d'un ménage de niveau de vie bas. Il est
observé à peu prés la même tendance
d'évolution dans les ménages moyen et élevé.
Après contrôle par toutes les variables de l'étude, dans
les ménages de niveau de vie moyen, un garçon de 6-14 ans a 1,99
fois plus de chance de se retrouver à l'école que son homologue
fille tandis que dans les ménages de niveau de vie élevé,
un garçon de la même tranche d'âge à 1,85 fois plus
de chance que la fille de fréquenter l'école.
Chez les enfants de 15-24 ans, la même tendance est
observée, un garçon d'un ménage de niveau de vie bas a
8,26 fois plus de chance de fréquenter l'école, celui d'un
ménage de niveau moyen a 8,60 fois plus et celui d'un ménage de
niveau élevé en a 2,75 fois plus. Globalement, passant du niveau
de vie bas, au niveau de vie élevé, les inégalités
diminuent en terme de scolarisation. Par ailleurs, du niveau de vie bas au
niveau de vie moyen, dans les deux tranches d'âge, les
inégalités augmentent, cela pourrait s'expliquer par l'accueil
des enfants sans lien de parenté avec le ménage dans les
ménages de niveau de vie moyen et en particulier des filles qui sont
plus orientées vers les travaux domestiques que vers l'école.
En somme, on dire que les enfants vivant dans les ménages
nantis, disposent des facilités tant sur le plan matériel que
financier pour fréquenter l'école.
Tableau 5.4 : Sous-fréquentation
féminine parmi les enfants de 6-14 ans et 15-24 ans, selon le niveau de
vie du ménage
Niveau de Effets Effets nets
vie du bruts A B C D E
|
ménage M0 M1 M2 M3 M4 M5
|
ENFANTS DE 6-14 ANS
|
Bas
|
Fille 0,58*** 0,58*** 0,57*** 0,50*** 0,50*** 0,50***
Statistique r 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,12*** 0,12*** 0,12***
|
Moyen
|
Fille 0,50*** 0,50*** 0,50*** 0,52*** 0,51*** 0,50***
Statistique r 0,14*** 0,14*** 0,14*** 0,12*** 0,12*** 0,12***
|
Elevé
|
Fille 0,59*** 0,59*** 0,59*** 0,57*** 0,54*** 0,54***
Statistique r 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11***
|
ENFANTS DE 15-24 ANS
|
Bas
|
Fille 0,17*** 0,17*** 0,20*** 0,13*** 0,14*** 0,12***
Statistique r 0,28*** 0,28*** 0,25*** 0,29*** 0,26*** 0,27***
|
Moyen
|
Fille 0,12*** 0,12*** 0,18*** 0,14*** 0,13*** 0,12***
Statistique r 0,32*** 0,32*** 0,25*** 0,26*** 0,26*** 0,25***
|
Elevé
|
Fille 0,35*** 0,35*** 0,50*** 0,45*** 0,41*** 0,36***
Statistique r 0,21*** 0,21*** 0,13*** 0,14*** 0,15***
0,16*** Notes : Signification : ns= non significatif, *= au seuil de 10%,
**= au seuil de 5% ; ***= au seuil de 1%.
Les variables de contrôle :
A= L'âge de l'enfant ;
B= Le lien de parenté de l'enfant avec le Cm ;
C= La région et le milieu de résidence ;
D= L'âge du chef de ménage, le sexe du Cm, le niveau
d'instruction du Cm ;
E= Le nombre d'enfants de moins de cinq ans, le niveau de vie, la
taille du ménage, la survie des parents.
|
5.4 DIFFERENCE SELON LE NIVEAU D'INSTRUCTION DU CHEF
MENAGE
Les rapports de chance de fréquentation scolaire des
enfants de 6-14 ans et 15-24 ans selon le niveau d'instruction du chef de
ménage sont présentés dans le tableau 5.5. Il ressort de
ces résultats que (1) la sous scolarisation féminine existe quels
que soient le niveau d'instruction du chef de ménage et le
modèle, mais elle est plus prononcée chez les enfants de
15-24 ans. (2) Les inégalités sexuelles entre
les enfants sont plus importantes chez les enfants dont le chef de
ménage a un niveau d'instruction bas, notamment chez les 6-14 ans ; (3)
La tendance est inversée chez les 15-24 ans où l'on constate que
c'est chez les enfants des chefs de ménage n'ayant aucune instruction
que l'on enregistre les moindres inégalités sexuelles entre
enfants.
Chez les 6-14 ans, il ressort aux deux niveaux (brut et net)
que les filles ont moins de chance de fréquenter lorsqu'elles vivent
dans les ménages dont les chefs ont un niveau d'instruction bas. Cette
chance d'être scolarisée en moins pour les filles passe au niveau
net, du minimum chez les chefs de ménage sans niveau à un maximum
chez ceux de niveau secondaire et plus.
Chez les enfants de 15-24 ans, cette tendance est
inversée. Considérant les deux niveaux bruts et nets, on constate
que les inégalités sont moindres dans les ménages dont le
chef est sans niveau d'instruction et que dans les ménages dont le chef
a un niveau primaire ou secondaire et plus, les inégalités sont
identiques. Après l'introduction des variables de contrôle, les
rapports de chance diminuent jusqu'à 3,04 pour les sans niveau et 4,55
pour les niveaux primaire et secondaire et plus.
La sous scolarisation est avérée dans les
ménages dont les chefs de ménage ont un niveau bas et chez les
6-14 ans, cela s'explique essentiellement par le travail domestique des filles
dans les ménages avec à la base une absence d'importance
accordée à la scolarisation des filles du fait de l'ignorance, du
poids de la tradition ou encore du manque de moyens financiers. Dans les
ménages dont le chef est de niveau secondaire et plus, chez les 15-24
ans, les fortes inégalités s'expliqueraient par l'accueil des
enfants venant du milieu rural pour continuer les études secondaires ou
supérieures. Dans ces ménages, dans la plupart des cas, la
conjointe travaille et les filles sont orientées beaucoup plus vers les
travaux domestiques
Tableau 5.5 : Sous-scolarisation féminine
parmi les enfants de 6-14 ans et 15-24 ans, selon le niveau d'instruction du
chef de ménage.
Niveau Effets Effets nets
d'instruction bruts A B C D E
|
du Cm M0 M1 M2 M3 M4 M5
|
ENFANTS DE 6-14 ANS
|
Sans niveau
|
Fille 0,54*** 0,54*** 0,54*** 0,50*** 0,49*** 0,49***
Statistique r 0,12*** 0,12*** 0,12*** 0,13*** 0,13*** 0,13***
|
Primaire
|
Fille 0,54*** 0,54*** 0,54*** 0,53*** 0,52*** 0,51***
Statistique r 0,13*** 0,13*** 0,13*** 0,13*** 0,13*** 0,13***
|
Secondaire et plus
|
Fille 0,72** 0,72** 0,72** 0,74* 0,74* 0,78ns
Statistique r 0,05** 0,05** 0,05** 0,04* 0,03* 0,00 ns
|
ENFANTS DE 15-24 ANS
|
Sans niveau
|
Fille 0,26*** 0,26*** 0,44*** 0,32*** 0,33*** 0,33***
Statistique r 0,23*** 0,23*** 0,14*** 0,17*** 0,17*** 0,16***
|
Primaire
|
Fille 0,20*** 0,20*** 0,27*** 0,26*** 0,26*** 0,22***
Statistique r 0,31*** 0,31*** 0,23*** 0,22*** 0,23*** 0,23***
|
Secondaire et plus
|
Fille 0,20*** 0,20*** 0,21*** 0,20*** 0,20*** 0,16***
Statistique r 0,31*** 0,31*** 0,27*** 0,27*** 0,26*** 0,27***
|
Notes :
Signification : ns= non significatif, *= au seuil de 10%, **= au
seuil de 5% ; ***= au seuil de 1%.
Les variables de contrôle :
A= L'âge de l'enfant ;
B= Le lien de parenté de l'enfant avec le Cm ;
C= La région et milieu de résidence ;
D= L'âge du chef de ménage, le sexe du Cm ;
E= Le nombre d'enfants de moins de cinq ans, le niveau de vie, la
taille du ménage, la survie des parents.
|
5.5 DIFFERENCE SELON LE SEXE DU CHEF MENAGE
Il ressort des études précédemment faites
en Afrique subsaharienne que les femmes scolarisent mieux les enfants que leurs
homologues hommes (PILON, 1995 ; CLEVENOT et PILON, 1996). Le tableau 5.6
présente les rapports de chance de la fréquentation scolaire des
enfants de 6-14 ans et de 15-24 ans par sexe de l'enfant et selon le sexe du
chef de ménage. Il ressort de ces résultats que (1) Quels que
soient la tranche d'âge et le modèle retenu, les files sont plus
défavorisées que les garçons aussi bien chez les femmes
que les hommes chefs de ménage. (2) les filles de 15-24 ans sont plus
défavorisées que celles de 6-14 ans notamment chez les hommes
chefs de ménage.
Chez les 6-14 ans, les inégalités sont plus
prononcées chez les femmes chefs de ménage. En effet, au niveau
net, les garçons ont 2,25 et 1,90 fois plus de chance de
fréquenter que les filles, respectivement chez les femmes chefs de
ménage et chez les hommes chefs de ménage ; la tendance est la
même au niveau brut. Après l'introduction des variables de
contrôle, on constate que les risques de fréquentation scolaire
des filles diminuent mais celles des garçons augmentent ; ce qui
signifie donc que les inégalités varient selon le sexe du chef de
ménage.
Chez les 15-24 ans, la situation est différente. C'est
chez les hommes chefs de ménage que les inégalités sont
plus grandes. Au niveau brut, les garçons ont 3,98 et 2,67 fois plus de
chance de fréquentation scolaire que leurs homologues filles
respectivement chez les hommes chefs de ménage et chez les femmes chefs
de ménage. La même tendance est observée après
introduction des variables de contrôle. Chez les 15-24 ans, les femmes
scolarisent les enfants de façon moins inégalitaire.
Tableau 5.6 : Sous-scolarisation féminine
parmi les enfants de 6-14 ans et 15-24 ans, selon le sexe du chef de
ménage.
Sexe du Effets Effets nets
chef de bruts A B C D E
ménage M0 M1 M2 M3 M4 M5
|
ENFANTS DE 6-14 ANS
|
Homme chef de ménage
|
Fille 0,60*** 0,60*** 0,60*** 0,56*** 0,53*** 0,53***
Statistique r 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,11***
|
Femme chef de ménage
|
Fille 0,57*** 0,57*** 0,57*** 0,48*** 0,47*** 0,44***
Statistique r 0,11*** 0,11*** 0,11*** 0,13*** 0,13***
0,13*** ENFANTS DE 15-24 ANS
|
Homme chef de ménage
|
Fille 0,25*** 0,25*** 0,37*** 0,28*** 0,25*** 0,23***
Statistique r 0,26*** 0,26*** 0,18*** 0,20*** 0,20*** 0,21***
|
Femme chef de ménage
|
Fille 0,37*** 0,37*** 0,45*** 0,36*** 0,34*** 0,34***
Statistique r 0,19*** 0,19*** 0,15*** 0,17*** 0,17*** 0,16***
|
Notes: Signification : ns= non significatif, *=
au seuil de 10%, **= au seuil de 5% ; ***= au seuil de 1%.
Les variables de contrôle :
A= L'âge de l'enfant ;
B= Le lien de parenté de l'enfant avec le Cm ;
C= La région et milieu de résidence ;
D= L'âge du chef de ménage, le niveau d'instruction
du Cm ;
E= Le nombre d'enfants de moins de cinq ans, le niveau de vie, la
taille du ménage, la survie des parents.
|
5.6 DIFFERENCE SELON LA REGION DE
RESIDENCE
Le tableau 5.7 présente les rapports de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans et de 15-24 ans par
région de résidence. Dans toutes les régions, et quels que
soient le modèle et la tranche d'âge, les filles sont moins
scolarisées que les garçons.
Ainsi, il apparaît que : Chez les 6-14 ans, les filles
sont désavantagées dans toutes les régions, même si
dans la région du Centre, elles semblent avoir un léger avantage
que leurs consoeurs du Nord et du Sud. Dans toutes les régions,
l'ampleur des inégalités est croissante du modèle M0 au
modèle M5. Du Nord au Sud, les garçons ont respectivement 1,99 ;
1,63 et 2,13 fois
plus de chance de fréquentation scolaire que les filles.
L'introduction des variables de contrôle entraîne une augmentation
des disparités observées au niveau brut.
Chez les 15-24 ans, la même tendance s'observe dans les
régions en matière de scolarisation. Du Nord au Sud, les
garçons ont respectivement de 4,12 ; 2,66 ; et 5 fois plus de chance de
fréquentation scolaire que les filles. Le contrôle par les
différentes variables, entraîne contrairement une diminution des
disparités observées au niveau brut contrairement à
l'effet observé chez les 6-14 ans.
Tableau 5.7 : Sous-scolarisation féminine
parmi les enfants de 6-14 ans et 15-24 ans, selon la région de
résidence.
Région de Effets Effets nets
résidence bruts A B C D E
M0 M1 M2 M3 M4 M5
|
ENFANTS DE 6-14 ANS
|
Nord
|
Fille 0,58*** 0,58*** 0,58*** 0,56*** 0,53*** 0,50***
Statistique r 0,10*** 0,10*** 0,10*** 0,10*** 0,10*** 0,10***
|
Centre
|
Fille 0,69*** 0,69*** 0,68*** 0,64*** 0,63*** 0,61***
Statistique r 0,07*** 0,07*** 0,08*** 0,08*** 0,08*** 0,08***
|
Sud
|
Fille 0,50*** 0,50*** 0,50*** 0,50*** 0,48*** 0,47***
Statistique r 0,14*** 0,14*** 0,14*** 0,14*** 0,15*** 0,15***
|
ENFANTS DE 15-24 ANS
|
Nord
|
Fille 0,23*** 0,23*** 0,32*** 0,28*** 0,23*** 0,24***
Statistique r 0,23*** 0,23*** 0,16*** 0,18*** 0,18*** 0,16***
|
Centre
|
Fille 0,40*** 0,40*** 0,63*** 0,47*** 0,42*** 0,38***
Statistique r 0,17*** 0,17*** 0,08** 0,11*** 0,12*** 0,13***
|
Sud
|
Fille 0,19*** 0,19*** 0,24*** 0,24*** 0,23*** 0,20***
Statistique r 0,32*** 0,32*** 0,26*** 0,26*** 0,25*** 0,25***
|
Notes : Signification : ns= non significatif, *= au seuil de 10%,
**= au seuil de 5% ; ***= au seuil de 1%.
Les variables de contrôle :
A= L'âge de l'enfant ;
B= Le lien de parenté de l'enfant avec le Cm ;
C= Le milieu de résidence ;
D= L'âge du chef de ménage, le sexe du Cm, le niveau
d'instruction du Cm ;
E= Le nombre d'enfants de moins de cinq ans, le niveau de vie, la
taille du ménage, la survie des parents.
|
F~Co~CL 'USio~
SY~~/FSF,F~F?flLF
La présente étude s'était fixée
comme objectifs, d'évaluer l'ampleur et les déterminants des
inégalités entre filles et garçons en matière de
scolarisation au Tchad. L'étude a concerné les enfants
âgés de 6 à 24 ans. Par ailleurs deux groupes d'âge
ont été retenus afin de mieux mettre en évidence les
disparités, il s'agit des enfants de 6-14 ans et ceux de 15-24 ans.
Notre hypothèse de base est que les inégalités scolaires
liées au sexe varient en fonction de certaines caractéristiques
liées à l'offre scolaire, aux ménages, aux chefs de
ménage et aux enfants eux-mêmes. L'examen de ces hypothèses
a été fait à partir des données de l'Enquête
Démographique et de Santé du Tchad (EDS-II),
réalisée en 2004 auprès de 5 369 ménages. La
régression logistique nous a servi de modèle d'analyse au niveau
multivarié.
Au terme de notre analyse, il ressort effectivement qu'il
existe dans les familles tchadiennes des inégalités entre sexes
en matière de scolarisation des enfants. Il apparaît plus
spécifiquement que :
1- Les filles sont plus défavorisées que les
garçons en matière de scolarisation des enfants et que les
inégalités sont plus prononcées chez les enfants de 15-24
ans que chez ceux de 6-14 ans conformément à notre
hypothèse.
2- Les femmes chefs de ménage scolarisent mieux et de
façon moins inégalitaire, les enfants de 15-24 ans des deux sexes
que leurs homologues hommes. Cependant elles scolarisent plus les
garçons que les filles, et de façon plus inégalitaire les
enfants âgés de 6-14 ans. Ainsi, notre hypothèse se trouve
partiellement vérifiée dans la tranche 15- 24 ans.
3- Les taux de scolarisation des enfants augmentent avec le
niveau d'instruction du chef de ménage. Chez les enfants 6-14 ans, les
inégalités sont plus importantes dans les ménages dont le
chef a un niveau d'instruction bas que dans ceux dont le chef est de niveau
secondaire et plus. En revanche, c'est la tendance inverse qui s'observe chez
les enfants de 15-24 ans, situation explicable par le confiage des enfants pour
la
poursuite des études en milieu urbain. Notre
hypothèse se trouve ainsi vérifiée dans la tranche 6-14
ans.
4- L'élévation du niveau de vie des
ménages augmente les chances de fréquentation scolaire des
enfants. Mais les inégalités persistent entre filles et
garçons dans les ménages dont le niveau de vie est moyen,
inégalités explicables par l'accueil des enfants sans lien de
parenté avec le chef de ménage. Du niveau de vie bas, au niveau
élevé, les inégalités dans les deux tranches
d'âge diminuent.
5- La sous scolarisation féminine est plus importante
en milieu rural que dans les centres urbains tant chez les 15-24 ans que chez
les 6-14 ans ; la même tendance est observée quant aux
inégalités sexuelles.
6- Les disparités entre sexes sont plus importantes
dans les régions du Nord et du Sud que dans la région du Centre,
mais du Nord au Sud, les disparités entre sexes restent très
prononcées au Sud tant chez les 15-24 ans que chez les 6-14 ans. Ce
résultat vient donc infirmer notre hypothèse.
En ce qui concerne les déterminants des disparités
entre sexes en matière de scolarisation au Tchad, nous avons noté
les caractéristiques suivantes :
- Pour les 6-14 ans : la région de résidence (0,2
1), le niveau d'instruction du chef de ménage (0,18), le milieu de
résidence (0,11) et le niveau de vie du ménage (0,10). - Pour les
15-24 ans : le niveau d'instruction du chef de ménage (0,22), la
région de résidence (0,20), le lien de parenté avec le
chef de ménage (0,14) et le milieu de résidence (0,13).
Il est important de signaler que les inégalités
sexuelles en matière de scolarisation ne s'expliqueraient pas seulement
par les variables de contrôle introduites dans les différents
modèles. L'ampleur et la résistance de ces
inégalités traduisent un problème réel et profond
qui s'expliquerait par les rôles dévolus et les statuts
assignés par la société à chacun de ses membres.
C'est pourquoi, il convient à ce niveau d'intégrer l'approche
genre à la planification du développement afin d'éviter la
marginalisation des femmes et de combattre l'inégalité dont elles
en sont victimes du simple fait de leur appartenance au sexe "dit faible", ce
qui entraînera un partage équitable des ressources et des
responsabilités. Un travail d'éducation, de
sensibilisation et de plaidoyer s'impose à cet effet, pour convaincre
les leaders d'opinions, les décideurs et les parents de la
nécessité de scolariser les filles. Les décisions de
nature politique doivent donner l'impulsion indispensable à ce
changement escompté. L'ère pétrolière devrait
être une occasion unique pour l'amélioration des taux de
scolarisation et la réduction des inégalités sexuelles au
Tchad.
La présente étude représente nos premiers
pas en matière de recherche purement démographique, et par
conséquent, elle n'est pas exempte d'imperfections. Nous n'avons pas la
prétention d'avoir épuisé le sujet. D'une manière
générale, l'Enquête Démographique et de Santé
comme son nom l'indique si bien est destinée à saisir beaucoup
plus les aspects démographiques et sanitaires de la population
plutôt que l'aspect scolaire. Même si les variables relatives
à la scolarisation y ont été introduites, elles permettent
de saisir la scolarisation de manière parcellaire et ne permettant pas
une bonne compréhension des facteurs de la sous scolarisation des
enfants.
Tout au long de l'étude, il a été fait
constat d'une discrimination à l'égard des filles, l'explication
de cet état de fait peut commencer à partir de la construction
sociale que l'on fait de la scolarisation. Le genre explique en partie la sous
scolarisation féminine au Tchad, cela nous permet de formuler les
recommandations suivantes :
- Renforcer l'intégration de l'approche genre aussi bien
dans les différents programmes de développement que dans la vie
quotidienne des hommes et femmes au Tchad.
- Une étude spécifique de type qualitatif
réalisée conjointement au primaire, secondaire et
supérieur par le gouvernement sera plus adéquate pour une
meilleure identification des déterminants des inégalités
sexuelles du point de l'accès des enfants à l'école.
- Poursuivre et intensifier les efforts actuels par une meilleure
répartition spatiale des infrastructures scolaires selon les
degrés de l'enseignement.
- Réduire la pauvreté afin que tous les enfants en
âge de fréquenter soient scolarisés sans aucune
distinction.
- Comme l'a si bien souligné le Directeur
Général de l'UNESCO, K. Matsuura : « ...l
'inégalité est due à des forces plus profondes
agissant sur la société, qui vont au delà des
frontières de l 'éducation. Le changement à introduire
devrait porter sur un large éventail de politiques économiques et
sociales ainsi dans l 'éducation elle-même, si l 'on veut faire de
l 'égalité des sexes dans l 'éducation une
réalité »
-Il s'avère que le milieu de résidence
est un facteur important pour les inégalités entre sexes, les
autorités tant au niveau national que décentralisé doivent
promouvoir une politique d'intensification des structures scolaires de sorte
que les filles n'aient pas à faire des grandes distances en zone rurale
à la recherche des établissements scolaires.
J4gvgvEXE
Tableau A.1 : Effectifs ayant servi au calcul
des taux de scolarisation des filles et garçons par tranche
d'âges.
1910 4204 872 2239 2781 6443
1356 4083 374 2554 1730 6638
Garçons
Filles
Sexe des
enfants Population
scolaire
Tranche d'âges des enfants
6-14 ans 15-24 ans 6-24 ans
Population scolarisable
Population scolaire
Population scolarisable
Population scolaire
Population scolarisable
Ensemble 3265 8288 1246 4793 4511 13081
Tranche d'âges des enfants
6-14 ans 15-24 ans
Population scolaire Population scolarisable Population
scolaire
Population scolarisable
Sexe du Chef de ménage
HCM 2854 7055 1086 4064
FCM 411 1233 160 729
Ensemble 3265 8288 1246 4793
Tableau A.2 : Effectifs ayant servi au calcul
des taux de scolarisation des filles et garçons par tranche d'âges
selon le sexe du chef de ménage.
Tableau A.3 : Effectifs ayant servi au calcul
des taux de scolarisation des filles et garçons par tranche d'âges
selon les variables de contrôle.
Tranche d'âges et sexe des enfants
6-14 ans 15-24 ans
G F G F
Pop scolarisable
Variables de contrôle
Pop scolaire
Pop scolarisable
Pop scolaire
Pop scolarisable
Pop scolaire
Pop scolaire
Pop scolari sable
Sexe du Chef de ménage
HCM 1680 3618 1174 3437 778 1936 308 2128
FCM 230 554 181 629 93 269 66 400
153
|
332
|
107
|
316
|
148
|
486
|
35
|
747
|
847
|
1878
|
607
|
1763
|
244
|
512
|
103
|
775
|
646
|
1386
|
469
|
1386
|
341
|
808
|
168
|
666
|
264
|
576
|
173
|
601
|
138
|
399
|
68
|
341
|
Age du Cm Moins de 30 ans 30-44 ans 45-59 ans 60
ans et plus
Lien de parenté
Enfants du Cm 1490 3389 1037 3255 553 1351 245 967
Taille du m
1à 5 362 886 281 982 193 682 81 1178
6 à 8 752 1795 554 1721 249 670 109 692
9 à 13 550 1085 362 1013 292 601 119 473
14 et plus 246 406 159 350 138 254 64
185 Niveau d'étude du Cm
Sans instruction 875 2738 559 2762 296 1303 113 1569
Primaire 695 1015 466 863 315 559 130 622
Sec et plus 336 415 327 433 258 340 128
329 Niveau de vie du
ménage
Bas 529 1755 342 1717 159 712 48 1012
Moyen 333 768 217 781 160 427 29 437
Elevé 1048 1649 797 1568 553 1067 297 1048
Milieu de résidence
N'Djaména 242 310 209 309 175 276 101 236
Autres centres urbains 306 499 222 464 162 326 93 344
Rural 1361 3362 925 3293 534 1602 180 1948
Région de résidence
Nord 162 896 100 883 60 432 20 570
Centre 484 1322 395 1391 246 770 121 766
Sud 1264 1954 861 1793 566 1004 233 1193
Survie des parents Orphelin de père et
de
mère 138 253 105 252 41 91 29 97
Orphelin de père 22 35 18 46 10 14 3 26
Orphelin de mère 1675 3753 1185 3634 298 669 178 680
Père et mère en vie 67 104 43 111 20 29 8 58
Autres enfants 420 783 316 802 223 482 98 357
~cE5cE~cEs'vccES cBIcBLIOg?fl?J{IQt)cES
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