La rentabilité économique de la production
d'une entreprise dépend, en général, de la
disponibilité des ressources et des coûts de la production et de
la distribution. Pour parvenir à une rentabilité satisfaisante,
les entreprises des pays développés ont conçu un
système d'organisation appelé Chaine Logistique(en anglais Supply
Chain) qui facilite les différentes sortes de relations entre toutes
les structures qui prennent part à la production d'un bien donné.
On y rencontre de nombreuses activités, notamment la gestion du
transport de départ et d'arrivée, la gestion du parc automobile,
l'entreposage, la manutention du matériel, la gestion des stocks,
l'approvisionnement, la distribution... etc. Toutes ces activités sont
des facteurs de coût qu'il faille minimiser. Parmi ces coûts, le
transport et les activités qui lui sont liées (entreposage,
stockage, manutention, gestion des stocks,...) occupent une place importante.
Ainsi, appui a été pris sur le transport
pour développer la politique du ``stock zéro'' à travers
le concept du Juste-à-Temps qui consiste à la livraison des biens
au moment où le besoin s'exprime réellement. Cela suppose non
seulement une atmosphère institutionnelle favorable, de confiance
totale, de communication permanente entre membres de la chaîne
logistique, mais aussi l'existence d'infrastructures de transport en bon
état et l'inexistence de tracasseries routières.
En fait, en réduisant le temps de rotation du
capital pour un volume de production donné, un système de
transport plus efficace réduit le volume de capital immobilisé,
et à volume de profit constant, augmente le taux de profit.
L'efficacité du système de transport est déterminée
par le temps de transport de chaque expédition d'une part, mais aussi
par la fréquence des liaisons assurées, leur
régularité et leur fiabilité qui permettent de
réduire les stocks tampons et les capitaux immobilisés qui
assurent que le cycle de production ne sera pas interrompu du fait d'une
rupture d'approvisionnement.
Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, l'application de
cette politique nécessite l'implication véritable de tous en
raison des nombreuses faiblesses. En effet, bien que le réseau routier
ivoirien (81 996 km dont 7,90% revêtues et 92,10% non
revêtues) semble être l'un des meilleurs d'Afrique, il n'en demeure
pas moins que son état (63% du réseau revêtu est
âgé de plus de 15 ans et plus de 40% du réseau en terre est
dégradé) présente un état de service pas trop
adapté aux nouvelles tendances logistiques en vogue dans les pays
développés. Cette situation s'aggrave par les tracasseries
rencontrées sur les différentes routes du pays qui
entraînent des pertes de temps et des surcoûts financiers. Or, ces
tendances misent beaucoup sur le temps. En outre, les entreprises de transport
sensées être des prestataires logistiques, sont encore pour
beaucoup dans l'informel et ont un fonctionnement traditionnel. On y rencontre
des entreprises structurées, des entreprises artisanales et des
commerçants-transporteurs. Toute situation qui peut amener toute
entreprise en état de concurrence de s'acquérir un parc
privé en vue de faciliter le transport de ses marchandises, ou dans le
cas contraire laisser le transport aux mains des clients. C'est le constat le
plus évident sur le marché du transport en Côte d'Ivoire.
Ce tableau sombre du paysage du transport de marchandises en
Côte d'Ivoire ne saurait faciliter l'application parfaite de la
technologie logistique en vogue dans les pays développés. Il
mérite un bon toilettage devant aboutir à l'acquisition des gains
substantiels générés par la pratique de cette technologie
à travers les actions suivantes:
· Le désenclavement les zones de production de
matières premières à travers la remise en bon
état des routes revêtues et en terre, des pistes et des ouvrages
dégradés ou détruits;
· Le bitumage des routes pour faciliter
l'approvisionnement et la distribution à travers des plateformes et
entrepôts pouvant être crées sur le territoire
national.
· La réduction de la densité des barrages
sur les routes ;
· L'institution d'un contrôle certifié
(délivrance d'un certificat de contrôle et le plombage du camion)
devra être envisagée au départ des véhicules de
transport de marchandises, pour réduire la gamme des motifs pouvant
être invoqués par les forces de défense et de
sécurité sur les routes ;
· La sensibilisation des forces de défense et de
sécurité (FDS) sur le fonctionnement des entreprises
(industrielles, commerciales,..) et les dangers auxquels elles exposent
ces entreprises et l'Etat (rupture de stocks, perte de temps, délai de
livraison non respecté, notoriété en décadence,
perte de clientèle, problèmes de trésorerie,
impossibilité de paiement des employés, des taxes et
impôts, impossibilité pour l'Etat de rentrer en possession de son
dû, de payer les fonctionnaires, de construire de nouvelles
routes...) ;
· La mise en place de centres de recueil des plaintes
des victimes de tracasseries routières joignable par un numéro
d'urgence (appel gratuit) ;
· La présence d'une marque distinctive sur les
tenues des FDS permettant de les identifier individuellement (numéro,
nom ou prénom,...) pour les dissuader de pratiquer les abus
d'autorité, les trafics d'influence et le racket;
· La mise en place d'unités spéciales de
contrôle des agents contrôleurs routiers ;
· La prise des mesures draconiennes pour
décourager les FDS de tracasser les transporteurs routiers de
marchandises (de la suspension à la radiation) ;
· La formation des transporteurs au métier du
transport en vue d'un fonctionnement moderne et de la connaissance de
leurs droits et devoirs;
· L'autorisation du transport pour compte propre entre
différentes entreprises relevant d'un même conglomérat
industriel, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Favoriser les
transports au sein d'un conglomérat permettra des gains
d'efficacité (moins de retours à vide) ;
· L'implication des industriels dans l'entretien des
zones de production de matières premières à travers
la chaîne logistique ;
· La vulgarisation des structures logistiques
(plateformes, entrepôts, gares routières, etc.) dans le
système de transport routier de marchandises en Côte
d'Ivoire ;
· L'externalisation de la fonction transport.