Chez la personne âgée (plus de 65 ans), une
large étude prospective du groupe canadien de McCusker, Cole et Primeau,
conduite conjointement avec un essai randomisé discuté plus bas
(76), a donné lieu à cinq publications d'importance (77-81). Dans
cette étude, l'ECA est dépisté au moyen du SPMSQ (Short
Portable Mental Status Questionnaire, un instrument de dépistage des
troubles cognitifs) chez les patients admis via les urgences dans un
hôpital général. Par la suite, les patients inclus et ne
souffrant pas d'ECA sont à nouveau dépistés durant leur
première semaine de séjour (seulement une fois), à la
recherche d'ECA incident. Les cas d'ECA prévalent et incident sont
ensuite examinés séparément. Parmi les 1552 patients
dépistés, 243 souffrant d'ECA et 118 contrôles sont
enrôlés dans l'étude. Chez les patients souffrant d'ECA, la
démence, la sévérité et le type d'ECA, les
activités de la vie quotidienne et la morbidité sont
évalués au moyen d'instruments standardisés et
validés. La cohorte est ensuite revue à deux, six et douze mois
par un assistant indépendant du groupe de recherche qui mesure les
différents outcomes. Tine analyse de régression incluant les
facteurs confondants identifiés par comparaison des deux groupes
(âge, sexe, statut marital, co-morbidité, score physiologique,
situation de vie, éducation, démence) est effectuée. Les
résultats principaux de cette étude de cohorte sont les suivants
:
· Après ajustement aux facteurs confondants,
les patients atteints d'ECA, qu'ils souffrent ou pas
d'une démence concomitante, présentent (à
2, 6 et 12 mois) des troubles cognitifs (mesurés par le
MMSE) plus importants et un statut fonctionnel (mesuré
par le Barthel Index, l'index de
Charlson, un score physiologique, un score d'activités de
la vie quotidienne et l'index de sévérité
clinique) plus mauvais que les patients ne souffrant pas d'ECA.
Cette différence est plus marquée
chez les patients avec ECA surajouté à une
démence et chez les patients souffrant d'un ECA plus
sévère (78).
· L'ECA est un facteur indépendant de la survie
à 12 mois (HR 2.11 IC 95% 1.18-3.77), l'effet est plus marqué
chez les patients avec ECA surajouté à une démence (77)
· L'ECA présent à l'admission n'a pas
d'influence sur la longueur du séjour, mais l'ECA apparaissant pendant
le séjour augmente cette durée de manière
indépendante (7.78 jours de plus, IC 95% 3.07-12.48) (81).
· Les type hypoactif et mixte (symptômes hypo et
hyperactifs) d'ECA sont associés à une plus longue durée
de séjour que le type hyperactif (81).
Tine autre étude prospective a examiné la
survie et la présence de troubles cognitifs trois ans après un
épisode d'ECA chez 38 patients avec ECA seulement ou ECA et
démence et 165 contrôles (82). Le risque relatif de mort est
augmenté (RR de 1.8 IC 95% 1.11-1.92) et le temps moyen de survie
diminué (510 +/- 67 vs 1122 +/- 200) chez les patients avec ECA. Le
risque relatif de développer une démence après un
épisode d'ECA est également plus grand (3.23 IC 95% 1.86-5.63).
Dans un autre travaul, O'Keeffe a montré une augmentation substantielle
de la mortalité durant l'hospitalisation (de 5 à 16%) et à
six mois (de 15 à 31%) chez les patients âgés atteints
d'ECA, ainsi qu'un doublement de la durée moyenne de séjour (83).
D'autres études récentes ont démontré qu'un ECA
survenant durant une hospitalisation était associé à un
risque accru d'institutionnalisation subséquente (qui passe de 6
à 24%) et de la mortalité à trois mois chez la personne
âgée (84) indépendamment de l'état de santé
et du statut fonctionnel et social.
Chez le patient institutionnalisé et âgé
(plus de 65 ans), souffrant de déficit cognitif préalable, un
travail prospectif a finalement examiné la survie à long terme
(trois ans) d'un groupe de 102 patients dont 53 ont été
hospitalisés pendant la période et 49 n'ont pas eu
d'hospitalisation (85). Chez les patients hospitalisés, la
présence d'un ECA à un moment ou un autre ne prédit pas la
survie de manière indépendante après ajustement aux
facteurs confondants. Ces résultats sont toutefois à prendre avec
prudence puisque le diagnostic d'ECA dépend des cliniciens des
différents hôpitaux dans lesquels se passe l'étude,
impliquant donc très probablement un sous diagnostic important.