REPUBLIQUE DU CAMEROUN
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Paix -Travail -Patrie
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UNIVERSITE DE YAOUNDE II-SOA
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FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET
POLITIQUES
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DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE
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REPUBLIC OF CAMEROON
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Peace-Work-Fatherland
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UNIVERSITY OF YAOUNDE II-SOA
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FACULTY OF JURIDICAL AND POLITICAL SCIENCES
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DEPARTMENT OF POLITICAL SCIENCE
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UNE LECTURE DE LA COOPERATION AMERICANO-CAMEROUNAISE
DEPUIS 2001 : CONTRIBUTION A
L' ETUDE DES DIMENSIONS PETROLIERE ET
MILITAIRE
Mémoire présenté et soutenu comme
condition partielle d'obtention du
Master II en science politique
Par
Alexis NZEUGANG
Maître en Science Politique
E-mail :
alex070303@yahoo.fr ;
Tel. 77 19 86 83
Sous la Direction de
Avec la collaboration de
Pr Paul NTUNGWE NDUE
Dr John W. FORJE
Associate Professor
Senior Lecturer
Année académique 2005-2006
DEDICACE
Je dédie ce document à deux
personnes qui me sont particulièrement chères : Papa
Tonguembo Emmanuel et mon beau-frère Talla Sob Victor. Qu'ils trouvent
en ce modeste travail le début de ma récompense à leurs
multiples sacrifices.
REMERCIEMENTS
Ceux qui ont contribué à
l'aboutissement de ce travail sont si nombreux qu'il nous est quasi-impossible
de les citer de façon exhaustive. Qu'ils trouvent tous ici l'expression
de notre profonde gratitude.
Mes remerciements vont tout d'abord au Professeur Paul Ntungwe
Ndue et au Docteur John W. Forje ; lesquels ont accepté de guider
mes premiers balbutiements dans le monde de la recherche.
Je remercie tout particulièrement le Professeur Luc
Sindjoun (chef de Département de Science Politique) qui s'est investi
profondément afin de susciter davantage en nous l'amour du travail et la
détermination à réussir.
Mes remerciements vont ensuite à ma famille toute
entière dont mon feu Oncle Tagne Isaac qui m'a aimé, soutenu et
conseillé jusqu'à ses derniers jours ; ma Maman
bien-aimée Toukam Marie pour son soutien permanent, Maman Ngoubissi
Jacqueline et Maman Mabe Lucienne ; notre aîné Armand Noupin
dont je garde bien les conseils, mes aînés Arnaud Fogouho et
Bertrand Ntakam pour leur soutien, ma petite soeur Clarisse Chiéko pour
son soutien multiforme, mon frère Honoré Simo pour son soutien,
ma petite soeur Ida Sikati, ma tante Mefeu Kamga, mon petit frère Alan
Totseu qui m'a apporté l'ultime chance.
A tous mes enseignants de Science Politique, mais
particulièrement au Docteur Mathias Eric Owona Nguini et au Professeur
Joseph .V . Ntuda Ebodé pour leur orientation, les Docteurs Alain
Fogue .T et Yves Alexandre Chouala pour leurs conseils.
Au Diplomate Martial Tchenzette pour son soutien amical et
permanent.
Au Colonel Metogo Atangana Gabriel pour son orientation.
Au Colonel Melly Joseph pour ses conseils.
Au Capitaine Mabally Christian pour son orientation.
Au Caporal Kibuh Mathilda pour son soutien.
A mes amis dont Jules Mazarin Djohou et Sandrine Mafouo pour
leur soutien.
A tous mes camarades de classe pour leur sympathie.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AACD : Agence Américaine pour le
Commerce et le Développement.
ACBSP : African Coastal and Border Security
Programm.
ACOTA : African Contingency Operation Training
Assistance.
ACRI : African Crisis Response Initiative.
AES/SONEL : American Energy Society/
Société Nationale d'Electricité.
AGOA : African Growth Opportunity
Act.
AOPIG : African Oil Policy Initiative Group.
CEEAC : Communauté Economique des
Etats de l'Afrique Centrale.
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale.
CEREMS : Centre d'Etude et de Recherche de
l'Enseignement Militaire Supérieur.
CGG : Commission du Golfe de Guinée.
CIJ : Cour Internationale de Justice.
COPAX : Conseil de Paix et de
Sécurité d'Afrique Centrale.
CRTV : Cameroon Radio and Television.
DGSE : Direction Générale
de la Sécurité Extérieure.
DII : Diamond International Inc.
DSCA : Defence security Cooperation Agency.
EDA : Excess Defence Article.
EMIA : Ecole Militaire Inter Armées.
FAA : Foreign Asistance Act.
FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine.
FMF : Foreign Military Financing
FMI : Fond Monétaire
International.
FMS : Foreign Military Sales.
FY : Fiscal Year.
GSPC : Groupe Salafiste pour la
Prédication et le combat.
IASPS : Institute for Advance Strategic and
Political Studies.
IFES : International Foundation for Election
System.
IMET : International Military Education and
Training.
INS : Institut National de la
Statistique.
MDJT : Mouvement pour la
Démocratie et la Justice au Tchad.
NDI : National Democratic Institute.
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique.
OMC : Organisation Mondiale du Commerce.
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé.
ONG : Organisation Non
Gouvernementale.
ONU : Organisations des Nations Unies.
PIB : Produit Intérieur Brut.
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés.
RDPC : Rassemblement Démocratique du
Peuple Camerounais.
RECAMP : Renforcement des Capacités
Africaines de Maintien de la Paix.
REDEEU : Revue Electronique du
Département d'Etat des Etats-Unis.
RFI : Radio France Internationale.
SCNC : Southern Cameroon National Congress.
SMP : Société Militaire
Privée.
TBC : Tome Broadcasting Corporation.
UA : Union Africaine.
UE : Union Européenne.
UN : United Nations.
US EIA : United States Energy Information
Administration.
US PS : United States Private Sales.
US : United States.
US-AFRICOM : United States
African Command.
USAID : United States Agency for International
Development.
US-EUCOM : United States
European Command.
TABLE DES
MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
TABLE DES MATIERES
v
RESUME
1
INTRODUCTION GENERALE
2
A-SUJET ET SES INTERETS
3
1-PRESENTATION DU SUJET
3
2- INTERETS DU SUJET
4
B-QUELQUES PRECISIONS TERMINOLOGIQUES
6
C-REVUE DE LA LITTERATURE
7
D - PROBLEMATIQUE
8
E-HYPOTHESE
9
F- METHODOLOGIE
10
1-LIEUX DE RECHERCHE
10
2-ANALYSE DE LA COLLECTE DES DONNEES
11
3-INTERPRETATION THEORIQUE DES DONNEES
11
PREMIERE
PARTIE :
LE CAMEROUN : POINT D'APPUI DU
DISPOSITIF DE LA GEOSTRATEGIE AFRICAINE DES ETATS-UNIS
13
CHAPITRE 1 :
LE CAMEROUN DANS LA PETROSTRATEGIE
AFRICAINE DES ETATS-UNIS
16
SECTION 1 : LE CAMEROUN : UNE PORTE
D'ENTREE STRATEGIQUE EN AFRIQUE
18
A-LES FONDEMENTS DE LA CONVOITISE : LES ATOUTS
INTERNES DU CAMEROUN :
........................................................................................
18
1-LES ATOUTS POLITICO-ECONOMIQUES
19
2-LES ATOUTS SOCIO-CULTURELS
20
B - LA POSITION GEOGRAPHIQUEMENT STRATEGIQUE DU
CAMEROUN : OBJET DE LA CONVOITISE
21
1 - UNE OUVERTURE MARITIME DANS LE GOLFE DE
GUINEE
21
2 - LE CAMEROUN ET LE HEARTLAND AFRICAIN
22
SECTION 2 : L'APPORT MULTIDIMENSIONNEL DU
CAMEROUN A LA PETROSTRATEGIE AFRICAINE DES ETATS-UNIS
23
A-L'IMPERATIF AMERICAIN DE DIVERSIFICATION DE SON
APPROVISIONNEMENT EN ENERGIE
23
1 - LES ECHANGES PETROLIERS AVEC LE CAMEROUN
24
2 - LE CAMEROUN ET LES «PETRO-ETATS»
D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE
26
B - L'EXPLOITATION DES RESSOURCES ET LA STRATEGIE
DE L'EQUILIBRE IMPERIAL
27
1 - UNE ZONE HISTORIQUEMENT ACQUISE AUX
EX-PUISSANCES
COLONIALES....................................................................................
27
2 - LE SOUTIEN DU CAMEROUN AU NIVEAU DES INSTANCES
INTERNATIONALES
28
CONCLUSION
30
CHAPITRE 2 :
LE CAMEROUN DANS
LA
STRATEGIE MILITAIRE DES ETATS-UNIS
31
SECTION 1 : LA POLITIQUE AMERICAINE DE
SECURITE EN AFRIQUE : UNE ERE NOUVELLE
32
A-LA SECURITE PETROLIERE
33
1-LA SECURISATION DES INFRASTRUCTURES PETROLIERES
CONTINENTALES
33
2-LA SECURITE MARITIME
35
B-LE CAMEROUN DANS LA CROISADE AMERICAINE DE LUTTE
CONTRE LE TERRORISME
36
1-TERRORISME ET RAISONS OFFICIELLES DU RENFORCEMENT
DE LA PRESENCE AMERICAINE AU CAMEROUN
37
2 - LE CAMEROUN ET LA LUTTE CONTRE LE
TERRORISME
39
SECTION2 : LE CAMEROUN DANS LA STRATEGIE
AMERICAINE DE
CONSOMMATION MILITAIRE
40
A-L'ORIENTATION DU CAMEROUN VERS LE MODELE
AMERICAIN DE CONSOMMATION MILITAIRE
41
1 - UN MARCHE POTENTIEL ?
41
2 - UNE STRATEGIE D'EXTENSION DE LA CULTURE
AMERICAINE ?
42
B-UNE COOPERATION MILITAIRE A VISEE HEGEMONIQUE
43
1-LE PRE CARRE FRANÇAIS EN CAUSE ?
43
2-LA SUSTENTATION DE L'HEGEMONIE AMERICAINE FACE
AUX PUISSANCES EMERGENTES
44
CONCLUSION
45
DEUXIEME
PARTIE :
L'APPUI AMERICAIN : MOYEN
DE
LA GEOSTRATEGIE CAMEROUNAISE ?
46
CHAPITRE 3 :
LA PETROSTRATEGIE AMERICAINE A L'ERE DE LA
RELANCE CAMEROUNAISE
48
SECTION 1 : LE SOUTIEN DES ETATS-UNIS SUR LA
SCENE INTERNATIONALE
49
A-LA QUESTION DE LA SECURITE SOUS-REGIONALE
50
1 - L'APPUI A LA SECURITE DE LA SOUS-REGION
50
2 - LA MISE EN OEUVRE DE L'ARRET DE LA CIJ :
LA QUESTION DE BAKASSI
51
B - LES ETATS-UNIS DANS LA STRATEGIE CAMEROUNAISE
DE DESENDETTEMENT
52
1 - LE SOUTIEN AMERICAIN AUPRES DES INSTITUTIONS DE
BRETTON WOODS
53
2 - L'AMELIORATION DE L'IMAGE DU CAMEROUN SUR LA
SCENE INTERNATIONALE
53
SECTION 2 : LES ETATS-UNIS DANS LA STRATEGIE
CAMEROUNAISE DE DEVELOPPEMENT ET DE COHESION NATIONALE
55
A -L'IMPERATIF DU DEVELOPPEMENT
55
1 - L'ACCROISSEMENT DES INVESTISSEMENTS ET DES
ECHANGES COMMERCIAUX ENTRE LES DEUX PAYS
55
2 - LES RETOMBEES DU PIPELINE TCHAD-CAMEROUN
58
B-LES ETATS-UNIS DANS LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DE
RENFORCEMENT DE LA STABILITE POLITIQUE ET DE
CONSOLIDATION DEMOCRATIQUE
59
1-L'ACCOMMODATION DE LA POLITIQUE AMERICAINE DE
PROMOTION DE LE DEMOCRATIE EN AFRIQUE
59
2-LE RAFFERMISSEMENT DE LA STABILITE POLITIQUE
61
CONCLUSION
62
CHAPITRE 4 :
UNE COOPERATION MILITAIRE
RICHE
D'OPPORTUNITES POUR LE CAMEROUN
63
SECTION 1 : LES INITIATIVES AMERICAINES DE
MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE
64
A-LE CAMEROUN DANS LES PROGRAMMES MILITAIRES DES
ETATS-UNIS EN AFRIQUE
64
1-LE CAMEROUN DANS L'IMET
65
2-LE CAMEROUN DANS L'EDA
66
B-L'AIDE MILITAIRE MULTIFORME DES ETATS-UNIS AU
CAMEROUN ....
67
1-L'AIDE TECHNIQUE
68
2-L'ASSISTANCE HUMANITAIRE
68
SECTION 2 : LES NOUVELLES PRIORITES DE
SECURITE AMERICAINE ET LES INTERETS DU CAMEROUN
69
A-LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU CAMEROUN
70
1 - LE RENFORCEMENT DE LA SECURITE FRONTALIERE
70
2- L'AMELIORATION DE LA SECURITE MARITIME ET
AEROPORTUAIRE
70
B-LE SYSTEME AMERICAIN DE DEFENSE AU PROFIT DU
CAMEROUN ?
72
1 - COOPERATION ET TRANSFERT DE TECHNOLOGIE
MILITAIRE
72
2 - LA QUESTION DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE
73
CONCLUSION GENERALE
75
REFERENCES
79
PROTOCOLE DE RECHERCHE
87
ANNEXES
89
RESUME
L'intense activité diplomatique observée
ces dernières années entre le Cameroun et les Etats-Unis a
suscité notre curiosité et donc notre désir de conduire
une étude sur ce thème. Cette envie est devenue
déterminante au moment où nos travaux liminaires nous ont
révélé la quasi-inexistence d'une étude
scientifique portant notamment sur les relations militaires entre les deux
Etats. Aussi croyons-nous par le biais de ce travail apporter une contribution
à l'éclairage de ces aspects de la coopération
américano-camerounaise. En fait, notre ambition est de savoir, mais
aussi de partager les motifs du renforcement constaté ces
dernières années de la coopération militaire et
pétrolière entre les deux acteurs. L'importance des
intérêts escomptés par les Etats-Unis tels ; la
sécurité, la diversification de leur approvisionnement en
énergie, les affaires, la puissance... face à ceux du
Cameroun à l'instar du désendettement, du développement,
de la sécurité et de la santé nous a permis d'envisager
cette lecture en terme d'interdépendance. C'est grâce au
néoréalisme tenant lieu de théorie d'analyse, soutenu par
les méthodes positiviste et comparative que nous sommes parvenus
à l'analyse des données recueillies en vue de la
démonstration de cette hypothèse. La croissance des
intérêts réciproques des deux acteurs les met effectivement
dans une situation d'interdépendance. Mais, une interdépendance
somme toute asymétrique du fait de leur disproportion criarde.
ABSTRACT
The intense diplomatic activity observed these last years
between Cameroon and the United States aroused our curiosity and therefore, our
desire to work on this theme. This desire became decisive when our introductory
works revealed the quasi-non-existence of a scientific survey conducted notably
on the military relations between the two States. Therefore, we want through
this work, to bring a contribution in clarifying certain aspects of the
Cameroonian and American cooperation. In fact, our ambition is to know, but
also to share the motives of the reinforcement noted these last years of the
military and oil cooperation between the two actors. The interests shown by the
United States in the area of; security, the diversification of their provision
in energy, the business, the power... vis a vis those of Cameroon, like getting
out of debt, development, security and health, permitted us to consider this
work in terms of interdependence. It is thanks to the neorealism theory,
sustained by the positivist and comparative methods that we arrived at the
analysis of the data collected to justify this hypothesis. The growth of the
reciprocal interests of the two actors puts them effectively in a situation of
interdependence. Bu,t an asymmetric interdependence.
INTRODUCTION GENERALE
En guise de rappel historique,
retenons que les Etats-Unis ont entretenu des relations assez timides avec
l'Afrique en général pendant les premières
décennies qui ont suivi les indépendances. (Schraeder,
1994 : 1 ; Leriche, 2003). Cette situation s'explique par plusieurs
raisons au nombre desquelles la conjoncture internationale dominée par
la guerre froide, la sous-traitance stratégique (Ntuda,
2003 :131-154) et l'intérêt stratégiquement mineur de
ce continent aux yeux des Etats-Unis (Aicardi, 1989). C'est dans cette
atmosphère qu'a évolué la première phase de la
coopération américano-camerounaise ; celle qui va de 1960
à 1989.
La deuxième phase qui va de 1990 à 1996 est
marquée par une diplomatie assez tendue entre les deux Etats. Situation
qui trouve son explication dans les exigences américaines de gouvernance
à un moment où le Cameroun est en plein balbutiement
démocratique (Rapport MINREX, 2005). Dans les faits, cette
détérioration s'est traduite par un certain nombre d'actes tels
que : la suspension de l'aide de l'Agence Américaine pour le
Développement International (USAID) (19 Novembre 1993), le recul du
rang du Cameroun parmi les pays africains bénéficiaires de l'aide
américaine, le soutien apporté à « l'opposition
radicale » par l'Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun Mme Frances
Cook, les rapports jugés particulièrement
sévères du National Democratic Institute (NDI) sur l'état
de la démocratie au Cameroun (Ebolo, 1998). C'est ainsi qu'à la
tête de plusieurs rapports revenaient avec une certaine récurrence
les termes suivant : «République multipartite seulement
de nom, le Cameroun continue à être gouverné en
réalité par le Président Biya et son cercle de
conseillers, issus principalement de son groupe ethnique et de son parti le
Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais » (Ebolo,
1998).
Cette turbulence va connaître une accalmie vers la fin
des années 90 donnant naissance à une nouvelle ère dans la
relation Américano-camerounaise. Cette relance trouve en partie son
origine dans deux élections : celle de Kofi Annan à la
tête de l'ONU1(*), et
l'élection présidentielle de 1997 au Cameroun. Cette
dernière élection donne en effet l'occasion à l'organisme
américain, « International Foundation for Election
System » (IFES) de publier un rapport positif sur l'avancement
démocratique du Cameroun. La suite sera ponctuée en juillet et
novembre 1998, respectivement de la visite du ministre américain des
transports, Rodney Sloter et d'une importante délégation conduite
par le maire de New York, D C. M Marion Barryere (Rapport MINREX, 2005).
Cette phase sera accélérée à la
suite des attentats du 11 septembre 2001, lesquels obligent les Etats-Unis
à repenser leur stratégie globale (REDEEU, 2002). Mieux, c'est
notamment l'année 2003, dans la mesure où elle suit le passage du
Cameroun à la présidence tournante du conseil de
sécurité de l'ONU, sustentée par la visite du
Président Paul Biya à Washington à la veille de
l' « opération liberté pour l'Irak »,
qui marque l'âge d'or de la relation américano-camerounaise ainsi
que nous allons le développer plus loin.
A-SUJET ET SES
INTERETS
Il convient d'abord de présenter le sujet avant de
s'appesantir sur ses intérêts.
1-PRESENTATION DU
SUJET
Le débat au sujet de l' [afro-péssimisme] et du
désengagement stratégique des grandes puissances en Afrique entre
dans une nouvelle phase à la fin des années 90. A partir de
cette période en effet, on assiste paradoxalement à un
redéploiement spectaculaire des grandes puissances en Afrique. Les
richesses naturelles de ce continent, les questions de sécurité
et d'affaires, notamment dans le Golfe de Guinée présenté
comme le nouvel [eldorado pétrolier], l'impératif de la
redistribution des cartes portant sur la géopolitique d'un continent de
plus en plus précieux sont en partie à l'origine de cette
convoitise (Awoumou, 2005 :15-20).
Délimitation spatiale : La
coopération américano-camerounaise met en oeuvre deux acteurs aux
limites territoriales bien déterminées. Il s'agit d'abord des
Etats-Unis qui, d'une superficie d'un peu plus de 9 500 000
Km2 et peuplés d'environ trois cent millions d'habitants, se
situent géographiquement en Amérique du Nord. Première
puissance du monde dans de nombreux domaines (militaire, économique,
technologique, politique...), ce pays est limité au nord par le Canada,
au sud par le Mexique, à l'est par l'Océan Atlantique, et
à l'ouest par l'Océan Pacifique. D'autre part, il s'agit du
Cameroun : d'une superficie de 475 442 Km2 et
peuplé d'environ 16 millions d'habitants, le Cameroun est un pays
d'Afrique centrale, situé pour sa zone sud-ouest dans le Golfe de
Guinée. Classé au rang des pays pauvres très
endettés en 2000, mais hégémon de l'Afrique centrale
(CEMAC, voir annexe 1), ce pays est depuis quelques années en pleine
relance économique. Ce sont principalement ces deux acteurs qui nous
intéressent dans le cadre de cette étude. Toutefois, nous
garderons un regard permanent sur l'Afrique en général et le
Golfe de Guinée en particulier, considérés comme le
théâtre du jeu et des enjeux des différents acteurs.
Quant à la délimitation
temporelle, relevons comme l'annonce déjà le
thème que notre analyse prend son départ en 2001. Bien sûr
qu'il n'est pas question d'une rupture rigoureuse de nature à faire fi
du passé. Cette coupure tient à deux raisons principales :
l'amélioration du processus démocratique camerounais, laquelle a
pour corollaire le renforcement de sa coopération avec les Etats-Unis
(Ebolo, 1998) ; puis les attentats du 11 septembre 2001 qui ont conduit
les Etats-Unis à réviser leur politique étrangère
en général et leur stratégie africaine en particulier
(REDEEU, 2002).
Délimitation thématique :
Notre étude porte sur les aspects pétrolier et militaire. Chacun
des deux peut être traité individuellement. Mais le lien qui
existe entre les intérêts pétroliers et les exigences de
sécurité étant très fort, nous avons cru logique de
les étudier parallèlement.
Ce thème peut être analysé de
différentes manières. Il peut s'agir d'une étude
comparative des deux dimensions (pétrolière et militaire), ou
d'une étude des institutions qui régissent ou encadrent cette
coopération, de la légalité ou de la mise en application
des accords, de l'historique de cette coopération avec en perspective le
rapport de force et de domination. Ces orientations ne manquent pas
d'intérêts. Mais, guidés par les exigences
épistémologiques, nous-nous sommes donnée une orientation
précise : l'interdépendance.
Nous focaliserons donc notre attention sur la
coopération militaire et pétrolière en tant que vecteur
potentiel d'une interdépendance entre les deux acteurs. Walter C.
Clemens définit l'interdépendance comme une relation dans
laquelle deux ou plusieurs acteurs sont vulnérables, ou du moins
sensibles quant à leur bien-être (Walter, 1998 :20). Peuvent
contribuer à l'interdépendance, les conditions telles que la
vulnérabilité mutuelle, les échanges commerciaux, le
partage des informations et de certaines exigences de sécurité
(Walter, 1998 :20). La mondialisation de ces dernières
années et la naissance d'enjeux de plus en plus aigus ont davantage
contribué à l'élargissement du sens, du
théâtre et du contexte de l'interdépendance entre acteurs
du jeu international de plus en plus nombreux.
2- INTERETS DU
SUJET
Les intérêts de ce sujet sont à notre
avis, aussi bien scientifiques que stratégiques.
L'intérêt scientifique peut
s'entendre comme l'apport que l'étude d'un fait social donné
confère à la science. Dans le cas d'espèce,
l'exposé des rapports d'intérêt et de dépendance
mutuelle entre le Cameroun et les Etats-Unis permet de comprendre la
relativité de la puissance et la complexité de la
réalité parfois difficilement concevable des relations
internationales actuelles. Les critères de la puissance n'étant
opérants que par rapport à une époque, à un fait
quelconque ou à un acteur donné. C'est la relative autonomie de
la politique qui suppose la latitude de chaque acteur d'agir quelque soient ses
faiblesses qui est ici mise en évidence. En apportant un
éclairage supplémentaire sur les relations militaires et
pétrolières entre les deux Etats, cette étude nous permet
de combler l'une des exigences de l'épistémologie qu'est la
connaissance cumulative.
C'est aussi une hypothèse d'école de la
théorie soutenue par Robert Kéohane et Joseph Nye dans leur
ouvrage intitulé power and interdependance et
publié en 1977. Ces auteurs enseignent en effet que,
l'entrée en jeu de nouveaux acteurs crée une situation
d'interdépendance asymétrique dans laquelle les asymétries
constatées sont «source d'influences mutuelles». Alors
qu'elle relativise le
paradigme «centre-périphérie»
développé par les Marxistes, cette étude renforce
cependant la tendance selon laquelle aucun déterminant n'est jamais
définitivement acquis chez un acteur. Toutefois, compte tenu du
rôle prépondérant que nous accordons aux acteurs
étatiques dans cette étude, nous la voulons plus proche de la
démarche de Waltz (1979) qui suppose davantage une relative
dépendance des souverainetés.
Enfin, l'importance scientifique de cette analyse
réside dans la mise en relief de la nécessité de la
coopération à l'heure de la globalisation. Cette dernière
situation débouche en fait sur la diminution du pouvoir de
contrôle sur les territoires, les hommes, les idées et les
biens ; rendant ipso facto les Etats un peu plus
vulnérables que par le passé.
Intérêt
stratégique : Cette étude se donne pour ambition de
déceler l'arrière-plan des actes posés par chacun des
acteurs en jeu. En fait, la coopération ne serait qu'un moyen pour les
uns et les autres de combler leurs propres déficits. Cette posture
rejoint la démarche des réalistes qui trouvent dans les Etats
des «monstres froids» ne coopérant que lorsque leurs
intérêts sont en jeu (Morgenthau, 1948). Ainsi, tout acte
posé par chacun des acteurs, fut-il d'apparence altruiste, est toujours
rationnel. Cette analyse nous permettra donc d'ouvrir autant que faire se peut
l'agenda caché des acteurs, afin d'en partager le contenu.
B-QUELQUES PRECISIONS
TERMINOLOGIQUES
La coopération, selon
le Lexique de politique, est « une
politique d'entente, d'échange et de mise en commun des activités
culturelles, économiques, politiques et scientifiques entre Etats de
niveau de développement comparable...ou politique d'entente et d'aide
entre Etats de niveau de développement inégaux » (
Dalloz, 2001). Une définition qui nous semble peu adaptée au
contexte actuel des relations internationales. La présente analyse met
bien en évidence deux Etats de niveau de développement
inégaux. Mais, serait-on pour autant fondé à
réduire leur coopération à l'aide, à l'assistance,
ou à la charité ? Le second pan de la définition
suscitée présente la coopération comme « ...une
politique d'entente et d'aide entre Etats de niveau de développement
inégaux ». Or il est d'usage que dans le jargon international,
l'on ne parle d'aide que lorsqu'elle va des pays riches vers les pays pauvres.
C'est donc dire suivant l'esprit de cette définition, qu'entre pays
riches et pays pauvres, la coopération se réduirait aux actes de
bonne volonté, de bienfaisance et de charité. Prendre cette
définition telle quelle, c'est assurément infirmer cette
pensée de George Washington selon laquelle « aucune nation ne
doit être crue au-delà de son
intérêt »2(*). Comment donc comprendre cette définition alors
qu' Henry Kissinger déclare sans équivoque que « la
coopération n'est pas une faveur qu'un pays concède à un
autre ... [Mais qu'elle] sert les intérêts des deux
parties » (Kissinger, [2001] 2003 :63) ? Et que dire de
cette maxime chère aux américains : « trade
not aid » ? Ou de cette pensée du Général
De Gaulle devenue populaire : [entre Etats, il n'y a pas d'ami, mais
seulement les intérêts].
Ainsi compris, la « dialectique des
intelligences » (Coutau-Bégarie, 1999 :70) qui
prévaut dans les relations entre Etats nous commande une démarche
ponctuée de réserve. Cette réserve est d'autant plus
nécessaire qu'il est vrai que nous sommes dans l'ère de la
globalisation, de l'érosion des frontières et de
l'intensification des échanges entre acteurs internationaux de plus en
plus diversifiés. Est-il permis de croire qu'en dehors de l'aide
apportée par les Etats-Unis au Cameroun, ce dernier n'a rien de
significatif à offrir à celui là ? Au delà des
considérations d'ordre matériel, n'est-il pas permis d'envisager
d'autres types d'apport à caractère stratégique et non
nécessairement symboliques ou insignifiants ? Sinon, comment
comprendre l'importance stratégique d'un pays comme le Djibouti aux yeux
des grandes puissances, telles la France et les Etats-Unis, alors qu'il est
classé parmi les plus pauvres du monde ? N'est-ce pas là une
manière à peine dissimulée de réaffirmer
l'importance de tout territoire ? L'apport d'un Etat, mieux, d'un pays
n'est-il que technologique, militaire ou industriel ? Et que dire des
richesses naturelles, des apports d'ordre politique et des
considérations d'ordre stratégiques, géopolitiques et
géostratégiques d'un territoire ? Cette vision à
travers laquelle chaque pays a quelque chose à échanger, quelque
soit sa taille, son emplacement et sa nature nous conduit à lire les
relations entre Etats en termes d'interdépendance.
Le terme militaire se rapporte selon
Larousse (2000) à tout ce qui est «propre à l'armée
et à son organisation».L'armée quant à elle se
définit comme l'ensemble des forces de défense d'un territoire.
Ceci peut s'étendre à tout organe officiel ou officieux
chargé des questions de sécurité.
Quant au domaine pétrolier, il se
rapporte à son sens industriel : toute personne ou
société qui travaille dans la recherche, la prospection,
l'exploitation, le transport, la transformation ou la distribution des produits
pétroliers3(*).
Philippe Mareau ajoute que « le pétrole est à la fois
une source majeure d'énergie et une matière première
à partir de laquelle s'est développée la
pétrochimie...Le pétrole émerge comme ressource vitale
à l'aube du XXème siècle » (Mareau,
2002 :161). Plus loin souligne t-il encore, « Celui qui
contrôle le pétrole, contrôle l'économie
mondiale » (Mareau, 2002 :162).
C-REVUE DE LA
LITTERATURE
Sur la question de la coopération militaire et
pétrolière entre les Etats-Unis et le Cameroun, il n'existe pas
à notre connaissance des travaux proprement scientifiques.
Néanmoins, un certain nombre de travaux de portée
générale ont été commis sur les questions
militaires et pétrolières dans le monde, en Afrique ou plus
précisément dans le Golfe de Guinée. Ils peuvent
être classés en plusieurs catégories : ceux qui
traitent de la question pétrolière et militaire de façon
globale, ceux qui traitent de la politique africaine des Etats-Unis et ceux qui
traitent de la position stratégique du golfe de guinée et du
Cameroun.
Pour ce qui est du premier point, relevons que, suite aux
travaux confiés à l'organisme « the institute for
advanced strategic and political study », la Maison Blanche a
publié en Septembre 2002, le nouveau guide de référence de
la politique globale des Etats-Unis. Le contenu de ce document a
été revu et codifié dans la Revue Electronique du
Département d'Etat, sous le titre : La stratégie de
sécurité nationale des Etats-Unis : une nouvelle ère
(REDEEU, Décembre 2002). Après y avoir dégagé
les grandes lignes de la nouvelle stratégie américaine, cette
revue mentionne que « l'Afrique occupe une place de premier plan dans
la nouvelle stratégie de sécurité nationale ».
L'ouvrage Géopolitique du pétrole : un
nouveau marché, de nouveaux risques, des nouveaux mondes,
commis en 2005 par Cédric De Lestrange, Zélinko et Paillard,
nous renseigne davantage sur cette question. En effet, après avoir
dégagé les risques de la nouvelle géopolitique, les
auteurs en présentent les enjeux actuels (conflits, projection de la
puissance, émergence des marchés, domination...), suivi de
l'ascension de l'Afrique et du Golfe de Guinée en particulier.
Quant aux travaux qui ont trait à la politique
africaine des Etats-Unis, relevons la Revue Afrique
contemporaine dans laquelle Frédéric Leriche présente
la politique africaine des Etats-Unis comme prenant une nouvelle dimension
à la fin de la guerre froide (Leriche, 2003). Jean Christophe Servant
quant à lui souligne dans le monde diplomatique que « le
pétrole africain est devenu un intérêt stratégique
pour les Etats-Unis »
Pour ce qui est des travaux qui se rapportent directement au
Golfe de Guinée et au Cameroun, mentionnons Yves Alexandre Chouala qui
relève dans la crise diplomatique de 2004 entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale, l'importance croissante du Golfe de Guinée
aux yeux des Etats-Unis ainsi que la position stratégique du Cameroun,
leader potentiel de la sous-région (Chouala, : 2005). Les
travaux commis par Joseph .V . Ntuda Ebode (2004b :44-47), Wullson Mvomo
Ela (2005 :7-11), et Damien George Awoumou (2005 :15-20) sur cette
zone militent dans la même direction. En effet, ces auteurs
relèvent chacun dans leurs travaux respectifs, les enjeux, la
convoitise et le positionnement des puissances dans cette sous-région
ô combien convoitée. Ce sont ces travaux qui ont ouvert la
brèche qui tient lieu de problématique qui suit.
D -
PROBLEMATIQUE
La dialectique des intelligences propre aux relations
humaines s'est affirmée sur la scène internationale. Composante
de la stratégie, elle confère un caractère conscient et
calculé aux décisions et aux actes que posent les acteurs dans
leur jeu. Cette hypothèse se vérifie davantage chez les Etats
occidentaux qui jouissent d'une certaine maturité en matière de
relations internationales. La doctrine réaliste à laquelle le
néoréalisme emboîte le pas enseigne que les Etats sont
essentiellement matérialistes et ne se rapprochent que lorsque de cela
dépend leur intérêt national.
La coopération Américano-camerounaise met en
évidence deux Etats qui manifestent une volonté certaine de
donner un poids croissant à leurs relations. Au-delà des raisons
apparemment flagrantes ou souvent clairement exprimées, l'indispensable
[agenda caché] de ces acteurs peut sembler assez riche de
révélations. D'où cette préoccupation lancinante
qui s'emble mériter un peu plus d'attention : qu'est-ce qui
justifie depuis quelques années le renforcement de la coopération
militaire et pétrolière entre les Etats-Unis et le
Cameroun ? Ce resserrement n'est-il pas de nature à mettre les deux
acteurs dans une situation d'interdépendance ? Mieux, comment le
Cameroun et les Etats-Unis en tant qu'unité diplomatique et
stratégique entrent-ils dans une situation d'interdépendance par
le biais de la coopération pétrolière et militaire?
Quels sont les intérêts stratégiques et souvent non
avoués que chacun recherche en entrant en coopération avec
l'autre ?
E-HYPOTHESES
L'intérêt est au coeur du rapprochement des deux
Etats. Le renforcement de la coopération américano-camerounaise
constaté ces dernières années trouve son fondement dans
l'intérêt national escompté par chacun des deux acteurs.
Ces intérêts sont nombreux et variés. En effet, pour les
Etats-Unis, il s'agit entre autres du besoin de sécurité, de la
diversification de leur approvisionnement en hydrocarbures face à la
demande de plus en plus croissante d'énergie et à un Golfe
persique de plus en plus instable et donc de moins en moins sûr ; de
la sustentation de leur hyperpuissance face aux puissances dites
émergentes, des échanges commerciaux, etc. Dit [pays pauvre
très endetté], le Cameroun sait pouvoir tirer parti de la
réorientation de la politique africaine des Etats-Unis. En effet, en
coopérant avec la première puissance du monde, le Cameroun
viserait un certain nombre d'objectifs parmi lesquels le désendettement,
le développement, la sécurité, la lutte contre certaines
maladies, l'amélioration de l'image du pays...Vraisemblablement, les
deux acteurs ont compris qu'ils ont besoin de se rapprocher pour atteindre
leurs intérêts mutuels. Nanti d'une riche diversité en
ressources naturelles à laquelle s'ajoutent de nombreux atouts internes,
le Cameroun jouit d'une position stratégique en Afrique et dans le Golfe
de Guinée. Il y'a là de quoi susciter la convoitise des grandes
puissances au rang desquelles figurent les Etats-Unis. Inversement, le Cameroun
bénéficie et peut continuer à compter sur l'appui
multidimensionnel des Etats-Unis. Il s'agit bien là, à notre
regard, d'un schéma d'interdépendance ; lequel mérite
d'emblée quelques éclairages.
Nous ne manquons pas de détermination. Mais loin de
nous la prétention d'épuiser un thème aussi vaste que la
coopération militaire et pétrolière entre les Etats-Unis
et le Cameroun. Notre tâche consistera à recenser dans ces deux
dimensions un certain nombre d'arguments susceptibles de conforter cette
lecture d'interdépendance. Dire qu'une hyperpuissance comme les
Etats-Unis dépend du Cameroun peut sembler assez curieux ; car le
degré d'inégalité qui existe entre les deux acteurs est
extrêmement grand. Certes, c'est la Maison Blanche qui a établi
que le pétrole du Golfe de Guinée est « un
intérêt vital » pour la sécurité nationale
des Etats-Unis (Awoumou : 2005 :15-20). Ce sont encore les
Américains qui soulignent le leadership du Cameroun dans la
sous-région. Mieux, précisent-ils, « le Cameroun est
une destination essentielle pour la diplomatie américaine en
Afrique »4(*).
Tous arguments susceptibles d'attirer notre curiosité et donc, de fonder
notre lecture d'interdépendance. Toutefois, nous ne pouvons pas perdre
de vue l'hyperpuissance imposante et multidimensionnelle des Etats-Unis qui
dépendraient plus symboliquement du Cameroun qu'il n'en serait
inversement.
F-
METHODOLOGIE
Il s'agit des lieux de recherche, de l'analyse de la collecte
des données, et de l'interprétation théorique des
données.
1-LIEUX DE
RECHERCHE
Nous avons utilisé dans le cadre de ce travail la
technique classique de recherche; à savoir l'enquête documentaire.
Nous l'avons effectué à travers l'Internet et dans des
bibliothèques telles que la Fondation Paul Ango Ela de
Géopolitique en Afrique Centrale, le Centre Culturel Américain,
l'Institut National de la Statistique, et les bibliothèques centrales
des Université de Yaoundé I et II. La jeunesse relative de la
coopération militaire entre les Etats-Unis et le Cameroun ne nous a pas
permis de travailler avec un très grand nombre d'ouvrages. Suivant les
conseils du Général Pierre Samobo que nous avons rencontré
dans le cadre de ces travaux, nous avons collecté et analysé des
articles scientifiques et les propos exprimés dans les médias par
les officiels des deux Etats. Nous avons mené une enquête de
terrain qui nous a conduit tour à tour au Ministère de la
Défense, au Ministère des Relations Extérieures, à
la Gendarmerie Nationale, et à l'Ambassade Américaine où
malheureusement notre demande d'enquête n'a pas eu une suite favorable.
Cette enquête nous a néanmoins permis à travers des
entretiens simples et non directifs, de recueillir quelques informations ;
lesquelles sont restées à certains égards limitées
par la nature «sensible» du thème.
2-ANALYSE
DE LA COLLECTE DES DONNEES
Nous pensons, fort de notre objet d'étude que la
méthode positiviste nous permettra de prendre le recul
épistémologique nécessaire pour analyser et expliquer les
faits dans une neutralité axiologique. La jeunesse actuelle de la
coopération Américano-camerounaise nous conduira aussi vers la
méthode comparative. Celle-ci nous permettra en effet de faire un
rapprochement entre les actes, les faits et propos d'ici et d'ailleurs, afin
d'en dégager certaines similitudes et donc certaines conclusions.
3-INTERPRETATION THEORIQUE
DES DONNEES
Comme mentionné plus haut, les réalités
internationales sont devenues si complexes qu'il est presque impossible de
prétendre les cerner à partir d'un seul paradigme. Cette
difficulté ne justifie pas pourtant le recours au [cocktail
méthodologique] qui ne brille pas non plus par une efficacité
reconnue. Toutefois, dès lors que l'on a ciblé un angle
précis, il devient plausible de mobiliser la théorie qui semble
la plus pertinente pour en rendre compte.
Au regard de la problématique qu'il dégage, ce
thème commanderait naturellement que nous fassions recours à
l' « interdépendance complexe » comme grille
d'analyse. Telle que développée en effet par Robert
Kéohane et Joseph Nye (1977), l'interdépendance est une
théorie qui permet d'expliquer les Relations internationales comme une
discipline caractérisée essentiellement par l'effritement de la
place de l'Etat en tant qu'acteur unique et l'accroissement des échanges
entre des acteurs placés en des pôles différents et
difficilement maîtrisables. Elle suppose une certaine
complémentarité entre ces acteurs qu'elle considère comme
des partenaires. Ce travail prête bien à un schéma
similaire. Mais compte tenu de la place prépondérante que les
Etats y occupent, nous envisageons lui donner une orientation
légèrement différente, mieux, complémentaire.
Au regard de la nature des acteurs en présence, on
pourrait étudier ce thème à partir du paradigme
« centre-périphérie » tel que proposé
par les Marxistes. Ce dernier (paradigme) se donne en effet pour vocation
d'expliquer les relations internationales en terme de stratégie
d'influence et de domination des Etats occidentaux dits du
« nord » et généralement riches sur les
Etats du « sud » généralement pauvres et
facilement malléables. Ces orientations ne manquent pas de pertinence.
Bien au contraire, elles permettraient de cerner davantage les contours du
thème afin de le rendre encore plus intelligible. Mais nous avons
opté pour le réalisme dans sa version
révisée : le néoréalisme. Ce choix tient
à notre avis, non seulement à l'objet de notre étude qui
met en jeu deux acteurs majeurs de la scène internationale (deux
Etats) ; mais également à la nature de leurs relations
essentiellement dominées par la quête rationnelle de
l'intérêt national.
Comme le réalisme, le néoréalisme se
proposent d'observer les faits internationaux avec une certaine
objectivité et d'en rendre compte tels qu'ils sont. Mais en corrigeant
le réalisme du type classique (tendance soutenue au lendemain des deux
guerres mondiales par des chercheurs d'obédience réaliste tels
que Hans Morgenthau et Raymond Aron), le néoréalisme qui
reconnaît d'ailleurs l'accès de nouveaux acteurs sur la
scène internationale, ne fonde plus substantiellement les relations
internationales sur la quête d'intérêts égoïstes
via le recours anarchique à la force. Il (néoréalisme)
présente le besoin d'intérêt via la sécurité
comme le principe directeur des relations entre Etats (Waltz ,1979). Cet avis
est aussi le notre et c'est dans cette optique que nous entendons conduire
cette analyse.
Ce travail tiendra sur deux parties. La première porte
sur le Cameroun comme point d'appui du dispositif de la
géostratégie africaine des Etats-Unis, tandis que la seconde
s'interroge sur l'appui Américain comme moyen de la
géostratégie camerounaise.
PREMIERE PARTIE :
LE CAMEROUN : POINT D'APPUI DU
DISPOSITIF DE LA GEOSTRATEGIE AFRICAINE DES ETATS-UNIS
Il n'existe pas à ce jour une définition
arrêtée et unanimement partagée de la
géostratégie (De Montbrial et Klein, 2000 :263). Cette
situation s'explique par la nature encore élémentaire d'une
discipline qui se reconstruit après avoir été
diabolisée suite à son mauvais usage par certains Etats
totalitaires occidentaux et orientaux au lendemain de la première guerre
mondiale. Néanmoins, l'on peut partager cette ébauche de
définition proposée par Hervé Coutau-Bégarie pour
qui, « la géostratégie est une stratégie
fondée sur l'exploitation systématique des possibilités
offertes par les grands espaces en terme d'étendu, de forme, de
topographie, de ressources de tous ordres » (Coutau-Bégarie,
1999 :367). C'est dans cet ordre d'idées que s'inscrit l'actuelle
stratégie africaine et donc camerounaise des Etats-Unis.
La présence américaine au Cameroun s'inscrit
dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale
définie par l'administration Bush en septembre 2002 (REDEEU, 2002). Les
attentats du 11 septembre 2001 et l'insécurité grandissante du
golfe persique ont en effet amené les Etats-Unis à
redéfinir leur politique étrangère. Il se pose à la
première puissance du monde deux problèmes majeurs : la
diversification des marchés d'importation du pétrole et son
corollaire qu'est la sécurité (REDEEU 2004). C'est
précisément dans cette optique que s'inscrit la politique
africaine des Etats-Unis dont les objectifs pétroliers et
sécuritaires du : sahel, Maghreb, Afrique de l'Est, Afrique
Centrale et Golfe de Guinée5(*).
Au-delà de ces considérations d'ordre global,
les Etats-Unis ont bien une stratégie qu'on peut qualifier de local.
C'est le cas au Cameroun où les objectifs officiellement affichés
sont entre autres la promotion de la démocratie, des droits de l'Homme,
et la lutte contre certaines maladies chroniques6(*). Loin de se limiter à ces aspects
officiellement substantiels, la présence américaine au Cameroun
s'inscrit dans une vaste stratégie qui n'exclut pas les dimensions
pétrolière et militaire (Bouché, 2006).
Parler aujourd'hui de la coopération militaire entre
les Etats-Unis et le Cameroun n'est pas a priori un problème. Mais elle
peut paraître relativement précoce dans la mesure où il
n'existe à ce jour aucun accord rigoureux et formel portant sur la
coopération militaire entre les deux Etats (entretien, Colonel Abba et
capitaine Tsanga, octobre 2006). Toutefois, au regard de la nouvelle
orientation donnée à la stratégie de
sécurité nationale des Etats-Unis par le Président George
.W. Bush en Septembre 2002, et en considération du rapprochement
constaté ces dernières années entre les deux Etats, il
y'a lieu de s'interroger.
Dans ce sens, quelques remarques méritent un peu plus
d'attention. En effet, les Etats-Unis ont inauguré en février
2006 leur nouvelle chancellerie au Cameroun. Un [véritable joyau
architectural] qui leur a coûté environ 24 milliards de Fcfa.
C'est la première fois que les plus hautes autorités de l'Etat
assistent à l'inauguration d'une ambassade au Cameroun7(*). C'est aussi la première
fois depuis une vingtaine d'années qu'un secrétaire d'Etat
adjoint aux affaires africaines prend part à une cérémonie
d'une telle envergure. « La nouvelle ambassade [souligne le
communiqué de presse du jeudi 16 février 2006], véritable
reflet de l'excellence des relations entre le Cameroun et les Etats-Unis, est
une preuve de plus de l'engagement clair et ferme des Etats-Unis aux
cotés du Cameroun »8(*). L'Ambassadeur Niels Marquardt quant à lui
souligne que les Etats-Unis ont « l'intention d'être ici pour
toujours »9(*).Ce
gigantesque bâtiment est par ailleurs l'une des plus grandes ambassades
en Afrique subsaharienne.
Par ailleurs, la visite des officiels américains de
haut rang au Cameroun, ainsi que la redondance de leurs propos nous semblent
très édifiants. Entre le mois de février 2004 et
août 2006, on peut dénombrer près d'une dizaine de visites
de ce genre. Il s'agit entre autres, des sénateurs, diplomates,
généraux et colonels d'armée, voire des conseillers
à la sécurité du Président George Bush sans oublier
de nombreux investisseurs et hommes d'affaires. Les points qui reviennent avec
récurrence au sujet des entretiens étant la
sécurité, les échanges commerciaux, le leadership du
Cameroun dans la sous-région et le besoin d'investissement.
La politique africaine des Etats-Unis, plus
précisément dans les sous-régions Afrique Centrale et
Golfe de Guinée requiert un point d'appui. Le rapprochement
vis-à-vis du Cameroun semble témoigner de leur volonté
à faire jouer ce rôle à ce pays (entretien, Colonel Abba).
L'avancement de ce projet dépend de la volonté politique des deux
Etats (entretien, Colonel Abba). Mais en attendant, les Américains qui
ne cessent de rappeler le « leadership du Cameroun » dans
la sous-région se sont manifestés. «Les Etats-Unis (...)
nourrissent actuellement une stratégie de copartage de l'influence
régionale avec le Cameroun » (Chouala, 2005). Le Cameroun joue
et peut encore jouer «un grand rôle» (entretien, Colonel
Abba) au profit des Etats-Unis en Afrique en général et dans les
sous-régions Afrique Centrale et Golfe de Guinée en particulier.
CHAPITRE 1
LE CAMEROUN DANS LA
PETROSTRATEGIE AFRICAINE
DES ETATS-UNIS
Issu étymologiquement du mot grec
«stratêgos» (chef d'armée), le terme stratégie
est originellement lié à l'art de la guerre. Aujourd'hui,
malgré quelques discordances d'importance mineure, il a
évolué pour s'appliquer à toutes les branches de la vie
sociale (de Montbrial et Klein, 2000 :531-542). La stratégie peut
ainsi se définir comme « un ensemble d'actions
coordonnées, d'opérations habiles, de manoeuvres en vue
d'atteindre un but précis » (Coutau-Bégarie,
1999 :68). C'est dans cette lancée que s'inscrit le
déploiement actuel des Etats-Unis au Cameroun.
Les Etats-Unis sont de plus en plus dépendants des
produits pétroliers, quoiqu'ils soient de grands producteurs de
pétrole (de Lestrange, Zélinko et Paillard, 2005: 87). Le
ravitaillement des industries locales est fortement tributaire des
importations. En 2002, les Etats-Unis importent 53 % de leur pétrole et
16 % de leur gaz naturel. Les experts estiment qu'en 2025, les Etats-Unis
importeront 70 % de leur pétrole et 23 % de leur gaz naturel (Caruso et
Doman, 2004 :31). En cette période, 25 % de ces importations en
pétrole devront provenir du Golfe de Guinée, contre 15 %
actuellement (Lotte, Colomban, Dorgeret, 2005).
Le pétrole africain présente de nombreux
avantages. Il est essentiellement offshore. C'est-à-dire exploité
en haute mer et généralement à l'abri de certaines
turbulences continentales. Il est proche des côtes Est des Etats-Unis,
ce qui implique une économie des frais de transport. Les Etats
concernés sont assez ouverts aux investissements étrangers
(Lotte, Colomban et Dorgeret ,2005).
C'est en partie grâce à ces avantages que le
groupe de travail «African Oil Policy Initiative Group » a
demandé que « le pétrole africain soit
érigé en priorité pour la sécurité nationale
des Etats-Unis après les évènements du 11 septembre
2001». Bref, que le Président George W Bush fasse du Golfe de
Guinée une « zone d'intérêt vital (...) pour la
sécurité nationale des Etats-Unis » (Awoumou, 2005).
Dès lors, on peut s'interroger sur le rôle que
peut jouer le Cameroun dans la stratégie pétrolière des
Etats-Unis en Afrique. Le Cameroun est membre de la commission du Golfe de
Guinée (CGG). Sa production quoique dite marginale,
s'élève à 62 000 barils par jour en 2004 (Lotte, Colomban
et Dorgeret, 2005) et environ 80 000 barils par jour en 2006. En 2001, il
occupe le 37e rang mondial parmi les pays producteurs du
pétrole10(*).
Aujourd'hui, avec le retour de la région de Bakassi (dit potentiellement
riche en pétrole et en ressources halieutiques) sous la
souveraineté camerounaise, ce pays peut espérer un accroissement
notable de sa production.
L'ensemble du Golfe de guinée est dit
stratégique (Lotte, Colomban et Dorgeret, 2005), certes, mais c'est une
sous-région névralgique, en proie à de nombreux
problèmes tels que la contrebande, la piraterie, les trafics de toute
sorte, les conflits internes, les activités terroristes... (James,
2006). D'où la nécessité d'obtenir la coopération
des Etats de la zone, mais surtout d'un point d'appui en vue d'assurer la
sécurité des investissements effectifs et ceux qui sont
envisagés dans la région.
Par sa position stratégique11(*) (Chouala, 2005), le Cameroun
se présente non seulement comme une porte d'entrée en Afrique,
mais aussi comme un [fleuron] pour la stratégie pétrolière
des Etats-Unis sur ce continent.
SECTION 1 : LE
CAMEROUN : UNE PORTE D'ENTREE STRATEGIQUE EN AFRIQUE
Dit stratégique, le Golfe de Guinée fait l'objet
de nombreuses convoitises depuis la fin des années 90.
Traditionnellement vu comme une zone d'influence française, et notamment
dominé par la société Elf, le Golfe de Guinée
connaît aujourd'hui la ruée de nombreuses puissances à la
tête desquelles trônent les Etats-Unis (Ntuda, 2004). Le Cameroun
dont les côtes sud-ouest s'ouvrent dans l'océan Atlantique,
présente de nombreux atouts ; lesquels font particulièrement
de lui une porte d'entrée et d'assise dans le Golfe de Guinée
(Chouala, 2005). Il s'agit aussi bien de ses atouts internes que de sa position
géographique, par rapport aux autres grands ensembles
géopolitiques du continent africain.
A-LES FONDEMENTS DE LA
CONVOITISE : LES ATOUTS INTERNES DU CAMEROUN
Les mots ou expressions
généralement employés à l'intérieur ou
à l'extérieur pour désigner le Cameroun sont assez
nombreux. Pour exprimer la vision qu'ils ont de ce pays, les observateurs ont
l'habitude d'utiliser des expressions du genre : pays béni des
dieux, un havre de paix dans un îlot tourmenté, Afrique en
miniature, plate-forme en Afrique ou hégémon de l'Afrique
centrale. Tout ceci semble témoigner d'un certain nombre de
qualités exceptionnelles que rassemble ce pays d'Afrique centrale. En
effet, le Cameroun présente sur le plan interne de nombreux
atouts ; lesquels seraient à la base de la convoitise dont il fait
l'objet actuellement. Il s'agit entre autres des atouts
politico-économiques et des atouts socio-culturels.
1- LES ATOUTS
POLITICO-ECONOMIQUES
Sur le plan politique, la Cameroun brille
par une stabilité exceptionnelle en Afrique en général et
subsaharienne en particulier. C'est notamment cet aspect qui séduit
l'observateur (rapport GAFC, 2003). Le Cameroun est aux yeux des
américains un pays stable, un îlot de paix dans une
sous-région tourmentée (Zinga ,24 août 2005), une
destination essentielle pour leurs investissements en Afrique. Depuis son
indépendance obtenue le 1er janvier 1960,
c'est-à-dire pendant plus de quatre décennies d'existence, le
Cameroun n'a connu que deux régimes politiques. Il a essuyé une
tentative de coup d'Etat en 1984, mais aucun changement anticonstitutionnel au
sommet de l'Etat. Cette stabilité semble avoir été encore
plus maintenue sous le régime de Paul Biya actuellement en cours (Hugon
,2005 : 402).
Cette situation est appréciée par les Etats-Unis
qui y trouvent une raison fondamentale à renforcer leur
coopération avec le Cameroun. En ce sens, Madame Jendayi Frazer12(*) au cours d'une conference de
presse au Cameroun soutient que «the United States has a great interest in
the central Africa and Cameroon because it is a country that has been doing
extremely well. This has been in terms of a country with political
stability» (Amayena, 17 février 2006).
Le Cameroun n'a connu aucune guerre civile, ni
interétatique. La crise frontalière qui l'opposait au voisin
Nigeria est aujourd'hui résolue. Le vent de la démocratisation du
début des années 90 a suscité quelques agitations
civiles. Mais la vague a été maîtrisée et le
régime maintenu. Depuis lors, le Cameroun a organisé des
élections qui se sont déroulées avec plus ou moins de
transparence et de contestation, mais jamais de soulèvement notable
(rapport GAFC, 2003). Aussi soutient-on que « la venue des chefs
d'entreprises ayant fui la Côte d'Ivoire confirme bien, avec
éclat, que la stabilité politique dont bénéficie
le Cameroun crée, à l'évidence un climat propice aux
affaires » (Rapport GAFC,2003).
Sur le plan économique, le Cameroun
est incontestablement l'hégémon de l'Afrique Centrale. Par
Afrique centrale, nous faisons allusion aux pays membres de la CEMAC 13(*) (Cameroun, Tchad,
République Centrafricaine, le Gabon, le Congo et la Guinée
Equatoriale). Le Cameroun fournit à lui seul presque la moitié de
la population et du PIB14(*) de toute l'Afrique centrale (Hugon ,2005), (Cf.
annexe 1). Son économie est en pleine croissance, avec un taux qui
oscille entre 4 et 5 % depuis une dizaine d'années (Hugon, 2005 ;
GAFC ,2003). Complété par la diversification économique et
l'implantation de certaines industries de base (Chouala, 2005), le dynamisme
économique dont jouit le Cameroun fait de ce pays un vaste marché
dans la sous-région. Ces atouts sont bien de nature à attirer des
investisseurs. C'est dans cet ordre d'idées que Jendayi Frazer
déclare: «Cameroon (...) has a strong economy (...) Cameroon's
leadership role in Africa and globally is very much appreciated by the United
States and president Bush. That is why he asked me to come here» (Amayena,
17 février 2006).
2-LES ATOUTS
SOCIO-CULTURELS
Le Cameroun est un pays bilingue. L'article1 al 3 de la loi
N° 96-06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du
02 juin 1972 fait du français et de l'anglais les langues officielles de
la République du Cameroun. Elles sont d'égale valeur et
bénéficient d'une égale protection constitutionnelle.
(Constitution camerounaise, 1996 :3). Ce facteur présente toute son
importance, tant il est vrai que la culture, voire la langue, participent des
critères qui justifient l'orientation géographique des
investisseurs. D'où la promotion de la francophonie et du Commonwealth
dont le Cameroun est membre. Le biculturalisme de ce pays fait donc de lui un
enjeu non négligeable (Ebolo, 1998).
Ensuite, le Cameroun rassemble la quasi-totalité des
cultures d'Afrique noire. Il compte une multitude de groupes ethniques et de
langues nationales. En effet, ici on dénombre près de 270 langues
nationales et environ 250 groupes ethniques. Il s'agit des peuples venus des
quatre coins d'Afrique15(*). Par ailleurs, le Cameroun est traversé par
une diversité de religions. Les plus en vue sont le christianisme (53
%), l'Islam (22 %) et les cultes africains (25 %)16(*). Toutes ces cultures se
dissolvent et s'interpénètrent pour ne former au final qu'un seul
peuple, mieux, une même nation vivant pacifiquement sur le même
territoire. Grosso modo, le Cameroun a su maîtriser sa diversité
culturelle. Selon le « paradigme américain de la
diversité dans l'union » (Sindjoun citant P. Raynaud
(1997 :152-157), 2000 : 4), le multiculturalisme dont jouit le
Cameroun peut être un terrain fertile, un véritable catalyseur
pour la promotion de la démocratie et des droits de l'Homme ;
lesquels sont officiellement présentés comme raisons d'être
de la présence américaine dans ce pays.
B-LA POSITION GEOGRAPHIQUEMENT
STRATEGIQUE DU CAMEROUN : OBJET DE LA CONVOITISE
Le Cameroun n'attire pas seulement par ses atouts internes. Il
bénéficie naturellement d'une bonne position en Afrique en
général et dans le Golfe de Guinée en particulier. Il
s'agit notamment de son ouverture dans l'Océan Atlantique,
potentiellement exploitable, et de sa position par rapport au heartland
africain.
1 - UNE OUVERTURE MARITIME
DANS LE GOLFE DE GUINEE
Bien sûr que le Cameroun n'est pas la seule porte
d'entrée en Afrique, ni le seul pays bénéficiant d'une
position stratégique sur ce continent ou dans le Golfe de Guinée.
D'autres zones de ce continent Afrique sont également
considérées comme stratégiques en raison de leur position.
Il s'agit par exemple de la partie sud-est vers Madagascar, de la [corne de
l'Afrique], du Nord-Ouest vers le Cap Vert (Hugon, 2005), (Cf. annexe 2).
Le Golfe de Guinée quant à lui est
présenté en gros comme ayant une position stratégique en
Afrique (Hugon, 2005) ; au point où certains en viennent à
dire que « qui tient le golfe de guinée tient
l'Afrique » (Awoumou, 2005). Cependant, toute analyse faite, l'on se
rend compte que la position stratégique d'un pays ne se réduit
pas uniquement à son emplacement géographique. Tout dépend
de l'enjeu géopolitique, voire géostratégique que l'on
lui porte et notamment de la réalisation des objectifs escomptés.
En ce sens, le Cameroun paraît être une réelle porte
d'entrée et d'assise en Afrique par sa position géographiquement
stratégique et ses atouts internes susmentionnés.
Par ses côtes sud-ouest, le Cameroun s'ouvre dans
l'océan Atlantique. Ce qui lui confère une position
stratégique (Ntuda, 2004a :38). Il jouit de plusieurs
façades maritimes (plusieurs centaines de Km de côte) qui
octroient de nombreuses facilités aux échanges de toute nature
sur le continent. Cette position a été parfois
présentée par les autorités camerounaises pour
séduire les investisseurs, tout comme elle a été
invoquée par certains officiels américains pour justifier leur
intérêt à renforcer leur coopération avec le
Cameroun17(*)
Cette ouverture permet par ailleurs aux autres zones
géographiquement peu avantageuses d'écouler leurs produits
à l'importation et à l'exportation via le Cameroun. (Rapport
GAFC, 2003). Elle profite principalement au Tchad et à la
République Centrafricaine qui n'ont pas de façade maritime.
2 - LE CAMEROUN ET LE
HEARTLAND AFRICAIN
Développée par le géographe britannique
Halford Mackinder en 1904, le heartland renvoyait à la zone d'Europe
centrale et orientale dont le contrôle donnait accès à la
domination du monde. Mais aujourd'hui, ce terme se ramène davantage
à la partie centrale ou intérieure d'un pays, d'une région
ou d'un continent18(*) .
Par heartland africain, nous faisons donc ici allusion aux pays du centre et
à ceux du sahel en allant vers le Nord Ouest et l'Est de ce
continent.
Suivant une analyse faite par Damien Awoumou
(2005 :15-20) et Joseph Ntuda E (2004a :38) dans leurs travaux
respectifs, «le Golfe de Guinée, et notamment sa composante Afrique
centrale, bénéficie d'une position géostratégique
qui le met en contact avec toutes les autres sous-régions»
d'Afrique. Or, déjà hégémon de l'Afrique centrale,
le Cameroun est présenté par le premier analyste ci-dessus
mentionné comme le leader potentiel du Golfe de Guinée. Pourtant,
poursuit-il, « qui tient le Golfe de Guinée tient
l'Afrique ». C'est donc dire l'importance stratégique du
Cameroun dans la scène de projection des puissances en Afrique. Aussi
pourrait-on au terme d'une analyse extensive s'abuser de dire que [qui tient le
Cameroun tient l'Afrique]. En fait, à partir de l'Afrique centrale
dominée par le Cameroun, plusieurs opérations sont
possibles : l'accès en Afrique de l'ouest et la remontée du
sahel, l'accès à la corne de l'Afrique (considérée
comme porte d'entrée et poste avancé des terroristes en Afrique)
en passant par la Centrafrique, le Tchad et le Soudan ; puis la descente
vers les pays des grands lacs dont bon nombre sont membres de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC). Les
Etats-Unis y apprécient le « leadership » du
Cameroun et pensent que ce pays est un «partenaire de choix» sur
lequel ils peuvent compter dans la sous-région (Zinga, 24 Août
2005 ; Amayena, 17 février 2006), (voir annexe 3). Les atouts
internes du Cameroun auxquels s'ajoute sa position géographiquement
stratégique lui permettent donc d'offrir des possibilités
réelles d'accès au coeur ainsi qu'aux différentes
régions du continent.
SECTION 2 : L'APPORT
MULTIDIMENSIONNEL DU CAMEROUN A LA PETROSTRATEGIE19(*) AFRICAINE DES ETATS-UNIS
Les Etats-Unis n'ont pas une politique
pétrolière visant uniquement le Cameroun. Ceci est d'autant plus
vrai que le Cameroun est dit [producteur marginal] de pétrole. Sa
production ayant parfois baissé20(*)ces dernières années. Ce qui n'en fait
pas moins un producteur. Les perspectives sont encourageantes lorsqu'on sait
que le Cameroun est situé dans le Golfe de Guinée ; zone
où les découvertes des gisements de offshore ont
été les plus prometteuses ces dernières années
dans le monde (de Lestrange, Zélinko et Paillard, 2005 :153). Bien
plus, comme d'autres pays de cette zone, le Cameroun a relancé depuis
quelques années les recherches pétrolières sur son
territoire. Le code des investissements a été revu afin
d'encourager les investisseurs à s'engager davantage dans ce domaine
(Ntuda, 2004). Ainsi compris, le Cameroun, comme d'autres producteurs des
sous-régions Afrique centrale et Golfe de Guinée s'inscrit
globalement dans les «défis de la sécurité
énergétique» définis par les Etats-Unis en 2004
(REDEEU, Mai 2004). La valeur de ce producteur aux yeux des Etats-Unis n'est
pas insignifiante. En fait, le rapprochement suscité par les
intérêts pétroliers est bien de nature à accoucher
d'autres bénéfices. Ainsi, en plus des échanges
pétroliers qu'on observe entre les deux Etats, le Cameroun, de par sa
position stratégique joue un rôle important dans les
échanges sous-régionaux, autant qu'il coopère avec les
Etats-Unis au niveau du concert des Nations.
A-L'IMPERATIF AMERICAIN DE
DIVERSIFICATION DE SON APPROVISIONNEMENT EN ENERGIE
Les attentats du 11septembre 2001 et
l'insécurité sans cesse grandissante du golfe persique ont
révélé l'ampleur du risque que les Etats-Unis couraient
à ne compter que sur quelques zones d'approvisionnement
stratégiques. Aujourd'hui encore plus qu'hier, il devient urgent non
seulement d'accroître l'approvisionnement en multipliant les
marchés d'importation du pétrole, (REDEEU, Mai 2004) mais aussi
de nouer des alliances avec des Etats amis capables de contribuer à la
protection des dits marchés ainsi que des routes de transport du
pétrole . C'est dans cette logique que s'inscrit le Cameroun dont
l'importance tient, non seulement à ses échanges
pétroliers avec les Etats-Unis, mais aussi à son rôle
vis-à-vis des autres « pétro-Etats »21(*) de la sous-région.
1 - LES ECHANGES
PETROLIERS AVEC LE CAMEROUN
Les statistiques concernant les transactions
pétrolières sont assez rares. Nos recherches ne nous ont pas
permis de savoir avec exactitude le volume d'exploitation journalière du
pétrole camerounais, ni exactement quelle quantité est
acheminée vers les marchés américains ces trois
dernières années. Toutefois, on peut constater au vu des chiffres
publiés par l' OCDE et l'INS que, Jusqu'en 2002, les échanges
commerciaux entre les Etats-Unis et le Cameroun vont croissants. Il en est
ainsi des exportations du pétrole brut du Cameroun vers les Etats-Unis,
ainsi qu'en témoigne le tableau ci-après.
Variable
Année
|
Quantité (en tonne)
|
Valeur (en F CFA)
|
2000
|
107 079
|
9 764 000 000
|
2001
|
122 542
|
10 950 000 000
|
2002
|
532 475
|
59 518 000 000
|
Source : Institut National de la
Statistique, Annuaire statistique 2004.
La vente du pétrole camerounais à destination
des Etats-Unis représente en 2002 les 70 % du total des exportations
vers ce pays (Cf. annexe 5). Le marché pétrolier américain
occupe le troisième rang derrière l'Espagne et l'Italie (Annuaire
statistique du Cameroun, 2004 : 241-243).
Le Cameroun encourage et facilite de nouvelles recherches
pétrolières. L'octroi des licences de recherches a permis en
octobre 2004, la découverte d'un gisement à Bakingili. De
même, la licence octroyée en 2005 par le gouvernement camerounais
aux sociétés Total et Pecten Cameroon a permis à ces
sociétés de découvrir en juin 2006, un nouveau puit de
pétrole dans le gisement offshore de Dissoni, région du Rio Del
Rey22(*).
L'exploitation du pétrole de la région de
Bakassi sur laquelle le Cameroun a récemment rétabli sa
souveraineté n'est pas en reste des projets américains. Lors de
leur passage au Cameroun en Août 2004, le sénateur
républicain Nebraska. C. Hagel et le général
d'armée Charles Wald ont rencontré le Ministre
délégué à la présidence de la
République en charge de la défense et le ministre des mines, de
l'eau et de l'énergie. Face à la presse, ces visiteurs de haut
rang révèlent qu'ils visent les objectifs qui intéressent
particulièrement leur pays. Ils poursuivent qu'il s'agit entre autres de
la lutte contre le terrorisme, du Sida, des problèmes humanitaires, du
pétrole et des opportunités d'affaires (Ngogang, 29 Août
2004).
Les Etats-Unis se sont donné pour objectif depuis le 11
septembre 2001, l' «acquisition de nouvelles réserves de
pétrole destinées à répondre à la hausse de
la demande intérieure pour les 25 ans à venir» (Harbulot,
2003:63). Ils s'intéressent aux resources naturelles de Bakassi ainsi
qu'en témoigne cette citation de David Applefield: «American oil
executives and diplomats are intensely interested in the 250 square-mile
Bakassi peninsula and its offshore oil and gas deposits».23(*)
D'une superficie d'environ 1000 km2, Bakassi est
dit potentiellement riche en pétrole et en ressources halieutiques. Les
recherches actuelles font état d'une réserve estimée
à environ 215 millions de barils de pétrole et 208 milliards de
m3 de gaz naturel.24(*)
Le lundi 30 octobre 2006, l'Ambassadeur des Etats-Unis au
Cameroun, Niels Marquardt est reçu en audience par le Ministre de
l'énergie et de l'eau. Au menu de leur entretien, on pouvait retenir les
nouveaux projets d'investissement de l'AES /SONEL et des échanges
à propos de Bakassi.25(*)L'exploitation du gaz naturel est aussi
envisagée par les américains.
2-LE CAMEROUN ET LES
«PETRO-ETATS» D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Le terme « pétro-Etats » est
utilisé pour désigner les pays d'Afrique subsaharienne dont le
budget dépend en grande partie du pétrole. A l'exception du
Cameroun dont les recettes pétrolières ne contribuent qu'à
concurrence de 4,9 % au PIB26(*), tous les autres pays membres de la commission du
Golfe de Guinée dépendent essentiellement du pétrole
(Colomban, Lotte et Dorgeret, 2005), (Cf. annexe 4).
Les sociétés pétrolières
américaines, à l'instar de Texaco, d'Exxon Mobil et de Chevron
ont d'énormes intérêts dans ces pays. Aussi ont-elles
besoin, par le biais de leur gouvernement, d'un leader qui puisse contribuer
à la défense de leurs investissements dans la sous-région.
Abuja a été au départ sollicité par Washington
«pour faire office de gendarme dans la sous-région». De
nombreux arguments pesaient en sa faveur en tant que leader naturel (puissance
économique, démographique et politique sur le continent, grandeur
territoriale et influence régionale). Mais ce géant est en perte
de fiabilité à cause de la récurrence des problèmes
tels que la montée du fondamentalisme religieux, la mafia, les
blanchiments des capitaux, le trafic régulier des stupéfiants,
prises d'otages et sabotages quotidiens des installations
pétrolières dans le Delta du Niger. L'Angola qui aurait pu
assurer le leadership de substitution est un pays en ruine et
profondément miné, car traversé par 27 années de
guerre civile (Awoumou, 2005: 15-20).
Les autres Etats ne semblent pas assez crédibles pour
permettre aux Etats-Unis de défendre leurs intérêts dans la
zone. Cette observation semble d'autant plus vraie que le Gabon abrite
déjà une base militaire française, le Congo Brazzaville
n'a pas achevé sa reconstruction après plusieurs années de
guerre civile. La Guinée Equatoriale est menacée
d'instabilité, en plus d'être trop proche des côtes de Sao
Tomé (Chouala, 2005).Toute analyse faite, le Cameroun se retrouve en
tête de liste, du moins parmi ceux qui présentent le moins de
risques. Soit qu'il partage le leadership avec le Nigeria et l'Angola suivant
le schéma qu'Awoumou (2005 :15-20) appelle «l'axe
Abuja-Yaoundé-Louanda » ; ou avec le Tchad suivant l'analyse
de Joseph Ntuda .E (2004a :38) ; soit qu'il le partage directement
avec les Etats-Unis (Chouala, 2005). Le ballet diplomatique observé ces
dernières années entre les deux pays semble conforter cette
logique.27(*)A
l'observation, on constate que le Cameroun figure sur tous les schémas.
C'est donc dire que sa position fait l'unanimité.
Au demeurant, cette position sert actuellement à
l'exploitation et l'acheminement du pétrole tchadien jusqu'au terminal
de Kribi où il est embarqué en direction du marché
mondial. Cette exploitation est assurée grâce à un pipeline
de 1070 km de long. Il traverse le territoire camerounais sur une longueur de
890 km et assure l'acheminement de 225 000 barils de pétrole tchadien
par jour (Tsafack, 2003 :17). Ce pipeline qui constitue l'un des deux plus
grands axes de la pensée stratégique américaine en Afrique
(Abramovici 2004 : 14-15), contribue par ailleurs au renforcement de la
coopération tchado-camerounaise et à l'encouragement des
investissements américains au Cameroun.
B - L'EXPLOITATION DES RESSOURCES
ET LA STRATEGIE DE L'EQUILIBRE IMPERIAL
Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les
Etats-Unis se sentent investir d'une nouvelle mission, celle de tenir les
reines du monde. La puissance comme objectif de la politique africaine des
Etats-Unis n'est donc pas nouveau. L'intérêt de l'Afrique aux yeux
des Etats-Unis est bien souvent passé par cet impératif
(Whitaker, 1981).
Aujourd'hui, face aux nouvelles priorités, les
Etats-Unis veulent contrôler les réserves stratégiques du
monde (Harbulot, 2003 : 63), érigées en
«intérêt vital» pour la sécurité nationale
(REDEEU, 2004). Leur souci étant de diminuer l'influence des puissances
historiques, et bénéficier du soutien des Etats de la
sous-région. C'est dans cette logique que s'inscrit le renforcement de
la coopération pétrolière avec le Cameroun.
1 - UNE ZONE
HISTORIQUEMENT ACQUISE AUX EX-PUISSANCES COLONIALES
Les régions Golfe de Guinée et Afrique centrale
sont historiquement dominées par les ex-puissances coloniales. Il s'agit
notamment de l'Espagne, de la Belgique, de la Grande Bretagne et de la
France ; puissance qui ont bénéficié de la
colonisation pour asseoir leur domination dans la région. L'influence de
ces deux dernières a en partie été soutenue par leurs
grandes Compagnies pétrolières. C'est le cas de la Compagnie
Britannique Shell qui a investi dans plusieurs pays de la sous-région.
L'ex compagnie française Elf était considérée comme
l'un des relais de l'influence de la France dans la sous-région.
Dès leurs indépendances, la France, par la
personne du Général De Gaulle fait signer aux jeunes Etats
africains encore immatures des accords de coopération multiformes qui
lui permettent de pérenniser sa présence en Afrique en toute
quiétude28(*). Les
accords de coopération militaire et ceux portant sur les matières
premières et les ressources stratégiques sont
considérés comme les leviers de cette stratégie. Ces zones
d'influences françaises, généralement appelées
«pré carré», lui permettent de défendre ses
intérêts stratégiques dans la sous-région comme
ailleurs, et généralement en bonne intelligence avec
l'élite politique en place.
Au Cameroun par exemple où ce pré carré
est menacé par l'implantation grandissante d'autres puissances dont les
Etats-Unis, la France a toujours gardé une certaine influence (GAFC,
2003). En effet, jusqu'en 2003, la France était le premier investisseur
étranger au Cameroun, ainsi que son 2e client dans la zone
franc après l'Italie. On compte à cette date près de 160
filiales françaises et environ 200 entreprises privées sur le sol
camerounais. Ces structures emploient près de 30 000 personnes au
Cameroun (GAFC, 2003).
2 - LE SOUTIEN DU CAMEROUN
AU NIVEAU DES INSTANCES INTERNATIONALES
Le renforcement de la coopération
Américano-camerounaise permet à ces deux acteurs de se soutenir
mutuellement au niveau du concert des nations. Nous ne soulignerons ici que le
soutien apporté par le Cameroun aux Etats-Unis. Les deux Etats
« travaillent ensembles », précisait Colin Powell en
2003 (Essomba, 24 mars 2003). Mention doit être faite de ce que chaque
Etat a droit à une voix lors des votes au sein des organisations
intergouvernementales telles l'UA, l'OMC , l'OMS, l'Assemblée
Générale et le Conseil de Sécurité de l'ONU...
D'où, le recours aux alliances et aux soutiens ; lesquels sont
nécessaires lorsque l'on veut parvenir au vote d'une résolution
favorable. C'est cela qui a en partie justifié le renforcement du
rapprochement américano-camerounais à partir de l'année
2002.
Sur le plan global, il ne nous semble pas
encombrant de rappeler que les deux Etats ont renoué leur collaboration
au milieu des années 90, à l'occasion de l'élection du
nouveau Secrétaire Général de l'ONU. Ce renouveau tient
donc en fait au soutien apporté par le Cameroun à
l'élection de Kofi Annan, candidat appuyé aussi par les
Etats-Unis29(*). Mais
davantage, l'importance du Cameroun aux yeux des Etats-Unis acquiert une
nouvelle dimension à partir du mois de Janvier 2002, lorsque le Cameroun
accède au rang des pays membres non permanents du Conseil de
Sécurité de l'ONU pour 2 ans renouvelables. Au plus fort des
discussions au sujet de l'engagement des forces onusiennes en Irak, les
Etats-Unis ont dû solliciter le soutien du Cameroun. C'était
notamment au moment où le Cameroun devait présider le Conseil de
Sécurité de l'ONU en Octobre 2002. C'est dans cet ordre
d'idée que s'inscrit la déclaration de Colin Powell qui
suit: «Relation between our two countries, I think are excellent
(...) we'll be working with Cameroon in the Security Council as we move forward
(...) »30(*). Le
soutien apporté par le Cameroun aux Etats-Unis justifie la
reconnaissance qui suit: «the United States and Cameroon work
together in the United Nations and a number of a multilateral organisation.
While in the UN Security Council in 2002, Cameroon worked closely with the
United States on a number of initiatives»31(*). C'est encore l'apport du Cameroun qui justifie le
message de remerciement que le Président George Bush adresse le 19 mai
2003 à son homologue Paul Biya en ces termes « Au nom du
peuple américain, je vous prie d'accepter nos voeux les meilleurs en ce
jour spécial, ainsi que l'expression de notre gratitude pour le soutien
que vous-même et le république du Cameroun avez apporté aux
Etats-Unis tout au long de cette année décisive »32(*). Les deux Etats
coopèrent aussi au sein de nombreuses autres organisations
multilatérales.
Sur le plan régional et
sous-régional, les deux Etats travaillent sur des sujets
d'intérêts communs. Les Etats-Unis considèrent le Cameroun
comme «un partenaire de choix dans la lutte contre
l'insécurité dans la sous-région» (Zinga, 24
août 2005). Ils apprécient le leadership du Cameroun dans la
sous-région et encouragent ses engagements en faveur des missions de
sécurité et de maintien de la paix (Amayena, 17 février
2006). Les deux Etats travaillent ensembles au niveau des institutions telles
que la CEMAC et le COPAX (conseil de paix et de sécurité de la
CEEAC). Par ailleurs, comme nous l'avons mentionné plus haut, le
Cameroun, en sa qualité de membre de la commission du Golfe de
Guinée et potentiel leader peut être d'un précieux soutien
aux intérêts Américains dans la sous-région.
CONCLUSION
Au regard de ce qui précède, il ressort que les
Etats-Unis, bien qu'étant hyperpuissants, ont bien besoin du Cameroun
pour accomplir certains de leurs objectifs géostratégiques. Ces
arguments qui militent en faveur de l'interdépendance entre le Cameroun
et les Etats-Unis, ne signifient nullement aliénation de l'un
vis-à-vis de l'autre. Il ne s'agit en réalité que d'une
fibre, mettant en relief l'enchevêtrement des liens observés
depuis quelques années entre acteurs du jeu international. La
dépendance des Etats-Unis vis-à-vis du Cameroun n'exclut donc pas
d'autres relations de même nature à travers le monde, tout comme
l'interdépendance n'épuise pas la souveraineté des Etats.
L'intérêt des uns vis-à-vis des autres accroît leur
dépendance ainsi qu'en témoigne le renforcement de la
coopération miliaire entre le Cameroun et les Etats-Unis.
CHAPITRE 2
LE CAMEROUN DANS LA
STRATEGIE MILITAIRE DES
ETATS-UNIS
Ainsi qu'en témoigne la
récurrence des visites des militaires américains de haut rang au
Cameroun, les questions militaires semblent occuper une place croissante sur
l'agenda des deux acteurs. Entre 2004 et 2006, on peut noter environ sept
visites des personnalités américaines chargées des
problèmes de sécurité au Cameroun. Nous aurons l'occasion
de les mentionner plus amplement au cours des développements. Mais en
attendant, l'on peut s'interroger sur l'inscription du Cameroun dans la
nouvelle stratégie militaire des Etats-Unis. En effet, quelle est la
place, voire le rôle que peut jouer le Cameroun dans la stratégie
militaire des Etats-Unis en Afrique et plus précisément dans les
sous-régions Afrique centrale et Golfe de Guinée ?
En l'état actuel de cette coopération, les
Etats-Unis ne semblent pas avoir une stratégie militaire
spécifiquement camerounaise. La présence militaire
américaine au Cameroun s'inscrirait dans la nouvelle stratégie
africaine des Etats-Unis, ainsi que l'a soutenu le colonel Metogo (entretien,
octobre 2006). Ceci pourrait laisser entendre que les Etats-Unis ont un certain
nombre d'intérêts au Cameroun. Bien plus, au-delà de cet
aspect global, l'émergence du Golfe de Guinée comme nouvel
[eldorado] pétrolier (Mvomo Ela, 2005 :7-11 ; Awoumou,
2005 :15-20 ; Ntuda, 2004b : 44-47), en corrélation avec
un certain nombre de problèmes semble susciter la révision de la
géopolitique sous-régionale. Situation susceptible de rehausser
la valeur géopolitique et géostratégique du Cameroun. Dans
ce sens, le colonel Abba (entretien, octobre 2006) pense que «les
Etats-Unis considérant que le Cameroun peut jouer un grand rôle
pour la sécurité de la sous-région». Avis que partage
le capitaine de vaisseau Tsanga (entretien, octobre 2006), ainsi que d'autres
autorités militaires camerounaises.
SECTION 1 : LA POLITIQUE
AMERICAINE DE SECURITE EN AFRIQUE : UNE ERE NOUVELLE
La question de sécurité n'a jamais
occupé une place aussi abondante sur l'agenda des politiques
américains que ces dernières années. Certes, par le
passé, du moins avant l'effondrement de l'empire soviétique, les
Etats-Unis connaissaient une présence minimale en Afrique. (Schraeder,
1994 :1). Celle-ci se limitait à quelques intérêts
d'importance mineure tels que le maintien de l'influence américaine dans
un climat dominé par l'affrontement est-ouest (guerre froide), la
communication au monde des valeurs américaines (démocratie
libérale, droits de l'homme, technologie, la puissance...) (Whitaker,
1981 : 189). Cette présence se manifestait aussi par une certaine
coopération militaire marquée par une sous-traitance
stratégique dont l'objectif fut l'endiguement du communisme à
travers le monde. Situation qui explique le commerce d'armes que les Etats-Unis
(quoique relativement timide) entretenaient avec certains pays africains, comme
tel fut le cas avec le Cameroun dans les années 60 et 70 (Duignan et
Gann, 1990 :382).
Aujourd'hui par contre, l'impératif de diversification
de l'approvisionnement en énergie (REDEEU, 2004), la mondialisation du
terrorisme (Colomban, Lotte et Dorgeret, octobre 2005), les exigences de
sécurité dans le monde en général et dans le Golfe
de Guinée en particulier (James, 2006) ont amené les Etats-Unis
à réviser leur géostratégie africaine en
général. Le Cameroun se trouve au centre de la stratégie
de sécurité pétrolière sous-régionale en
même temps qu'il est un allié de choix dans la croisade
américaine contre le terrorisme dans cette sous-région et
même en Afrique33(*).
A-LA SECURITE PETROLIERE
Le Cameroun faut-il le rappeler, est dans une
sous-région où les Etats-Unis comptent importer 25 % de leur
pétrole d'ici 2015, contre 15 % actuellement (REDEEU, mai 2004).
Bénéficiant des atouts susmentionnés, le Cameroun peut
être d'un grand apport aussi bien au niveau de la sécurité
des infrastructures continentales que maritimes.
1- LA SECURISATION DES
INFRASTRUCTURES PETROLIERES CONTINENTALES
Par infrastructures pétrolières continentales,
nous faisons allusion à toute structure ou édifice
érigé sur terre, en vue de la prospection, de l'exploitation ou
de l'acheminement du pétrole. Eu égard à certains
problèmes rencontrés en Amérique Latine et parfois en
Afrique, on peut étendre ce besoin de protection aux bureaux du
personnel exploitant pétrolier et même à leur propre
personne.
Le pipeline Tchad-Cameroun est un
gigantesque investissement qui a coûté environ 3,5 milliards de
dollars ; soit un peu plus de 2 500 milliards de francs CFA (Tsafack,
2003 : 17). Il permet d'acheminer le pétrole exploité dans
300 puits situés à Doba (Sud du Tchad), jusqu'au terminal de
Kribi, situé au sud du Cameroun. Cet investissement qui traverse le
Cameroun sur une longueur de 890 km est assurément l'un des plus
coûteux d'Afrique subsaharienne. (Tsafack 2003 :17). C'est donc
à juste titre qu'il mérite d'être protégé. Le
pipeline est exploité par plusieurs sociétés dont la
société malaisienne Pétronas. Mais le gros du pourcentage
revient aux géants américains Exxon-Mobil Corporation (40 %) et
Chevron Corporation (25 %).
Les sabotages perpétrés sur les pipelines
à travers le monde (Ladouceur, 2003) ont obligé les
sociétés pétrolières à procéder
à la militarisation de ces corridors, généralement
appuyées par le « pouvoir militaire des Etats-Unis »
(Ladouceur, 2003). Les Etats-Unis disent vouloir investir au Cameroun, c'est
pour cette raison qu'ils ont besoin de la paix, de la sécurité et
de la stabilité. D'où leur appui à la sécurisation
de l'oléoduc Tchad-Cameroun34(*). Abramovici (2004 :14-15) soutient que
« deux voies stratégiques sont au centre de la pensée
militaire américaine en Afrique : « à l'ouest,
l'oléoduc Tchad-Cameroun, à l'est l'oléoduc
Higleig-port Soudan ». Ceci justifie davantage l'intérêt
des Etats-Unis à soutenir la protection de ces investissements.
Lors des travaux de construction du pipeline Tchad-Cameroun,
c'est une société militaire privée (SMP) qui était
chargée d'en assurer la sécurité. Il s'agissait de la SMP
française Géos qui le faisait pour le compte des
pétroliers américains35(*). Cette société compte plus d'une
centaine de personnes, toutes anciens membres de la DGSE (Direction
Générale de la sécurité Extérieure)
française.
Les actes terroristes perpétrés contre les
pipelines déjà opérationnels sont divers. Il arrive que
les terroristes incendient le corridor en utilisant des bombes. Ils peuvent
aussi utiliser la technique du «bunkering» qui consiste à
cibler les points névralgiques du pipeline, Siphonner ensuite le tuyau,
y extraire du pétrole, puis revendre sur le marché noir (CEREMS,
juillet 2006). Situations courantes dans le Delta du Niger (sud du Nigeria)
depuis quelques années. C'est pour ces raisons que le pipeline
nécessite une protection rapprochée, généralement
assurée par les forces gouvernementales, parfois appuyées par
l'extérieur. En ce sens, le pipeline Tchad-Cameroun est assuré
dans le cadre de la coopération militaire Américano-camerounaise
par un bataillon d'intervention rapide, bénéficiant de l'appui
technique des partenaires extérieurs (entretien, capitaine Mabally,
octobre 2006).
Par ailleurs, la protection continentale
s'étend aussi sur les infrastructures telles que les bureaux, les
raffineries, les stations services et même le personnel36(*). Le Nigeria est devenu le
théâtre quotidien des prises d'otages (qui servent d'objet de
chantage contre rançon) et des sabotages des infrastructures
pétrolières à cause de la faiblesse de ses moyens de
sécurité. Les Etats-Unis sont en train de procéder, en
collaboration avec les forces locales à la sécurisation de
l'ensemble de la région. C'est dans cet ordre d'idée qu'un
responsable du Département d'Etat rapporte : « Les entreprises
américaines prolifèrent dans la région et nous avons
besoin de protéger leurs intérêts et ceux de nos nombreux
ressortissants qui s'y installent progressivement des attaques terroristes qui
pourraient subvenir » (Ngogang, 5 mars 2004).
2- LA SECURITE
MARITIME
62 % des échanges pétroliers du monde
transitent par les mers et océans. (Lestrange, Paillard, Zélenko,
2005 :210). Or il se pose un véritable problème de
sécurité dans les eaux du Golfe de Guinée (Ntuda,
2004 :44-47). Trafics de tout genre, piraterie, prise d'otages, sabotage
des plates-formes pétrolières, non délimitation des
espaces maritimes...sont autant de maux qui minent la sous-région. Il
devient nécessaire, ainsi que l'a souligné le
Général James (2006), d'aider les Etats de la zone à
assurer leur sécurité. C'est dans cette optique qu'après
avoir honoré l'invitation du Président Bush en 2002, le Cameroun
a pris part à la conférence de Naples37(*) qui s'est tenue en Italie au
cours du mois d'Octobre 2004 (Awoumou, 2005 :15-20).
En raison de ses atouts susmentionnés, le Cameroun est
en passe de jouer un rôle encore plus soutenu dans ce sens. D'où
la visite de certains officiers de l'armée américaine visant
à s'assurer de l'état de protection de nos ports,
aéroports et de nos côtes (entretien, colonel Abba, octobre 2006).
Etant donné qu'aucun navire étranger n'a le droit
d'accéder aux eaux territoriales d'un autre Etat sans autorisation, la
coopération de l'Etat camerounais via la marine nationale permet aux
Etats-Unis de sécuriser leurs intérêts dans le domaine
maritime de ce pays. Cette coopération leur permet également de
bénéficier de l'appui des forces maritimes camerounaises
(Entretien, capitaine Mabally, octobre 2006). Le Cameroun a pris une part
active à la mise en oeuvre en 2004 d'une brigade régionale en
attente de l'Afrique Centrale (Njako 2006 : 32). Cette initiative qui a
pour elle de maintenir la paix et de prévenir les conflits dans la zone
est saluée et encouragée par les Etats-Unis qui comptent
bénéficier du leadership du Cameroun dans la sous-région
afin d'assurer la sécurité de leurs intérêts. C'est
ce qui ressort des propos du sénateur James Inhofe qui, en visite au
Cameroun au mois d'octobre 2005, se confie à la presse. En effet, le
sénateur de l'Etat américain d'Oklahoma précise que sa
visite rentre dans le cadre d'une « mission du comité des
services de la marine, services que les Etats- Unis veulent développer
en Afrique en comptant sur le leadership du Cameroun » (Amayena, 10
octobre 2005). Le Cameroun semble donc avoir un rôle important à
jouer dans la sécurisation des infrastructures pétrolières
maritimes.
Ce besoin de sécurité devra s'étendre
à la protection des routes de transport du pétrole. Il s'agit des
chemins maritimes empruntés par les tankers depuis l'embarcation
jusqu'à leur destination. Ceci se fait en prévision des
activités des pirates qui attaquent généralement les
cargaisons (CEREMS juillet 2006 :6). Les Etats-Unis ont l'habitude de
faire appel aux forces locales chargées d'appuyer leurs propres hommes
en matière de sécurité maritime. C'est dans cette logique
qu'ils ont disséminé près d'un million d'hommes au
Moyen-orient. Ce n'est que quand la situation s'aggrave qu'ils prennent
d'autres mesures38(*).
Cette perspective comparative nous permet d'envisager un scénario sinon
pareil, du moins similaire dans le Golfe de Guinée.
Relevons enfin que c'est dans le cadre de cette
sécurité maritime que du 6 au 9 février 2005, un navire de
guerre américain a navigué dans les eaux camerounaises jusqu'au
port de Douala. Sous le commandement du Colonel Barry Gronin, il s'agissait de
la USS Emory S. Land. Ce gigantesque navire de guerre avait à son bord
1400 marines. Selon son commandant, l'objectif de cette expédition
était d'apporter une « assistance technique à la marine
Camerounaise dans le cadre de la coopération et des relations militaires
qui existent entre les deux pays » (Massoussi, 10 février
2005).
B-LE CAMEROUN DANS LA LUTTE
AMERICAINE CONTRE LE TERRORISME
Le terrorisme est devenu un problème mondial (REDEEU,
2002). La menace terroriste plane sur tous les continents et sur tous les Etats
du monde (CEREMS, juillet 2006). L'Afrique n'en est pas épargnée.
Bien plus, elle connaît un lot quotidien de problèmes qui peuvent
faciliter l'implantation des terroristes. Au nombre de ces maux, on peut citer
les maladies chroniques, la pauvreté galopante, le fondamentalisme
religieux, le dysfonctionnement des Etats, la corruption, le trafic d'enfants,
de femmes, d'organes , de drogue , le blanchiment d'argent, faiblesse du
contrôle policer et frontalier, circulation mafieuse des
capitaux...(Mair, 2003 ; Esposti , 2004 :139). Cette menace est
d'autant plus sérieuse que certains pensent que les raisons qui auraient
justifié l'installation du réseau terroriste en Asie sont
réunies en Afrique. D'ailleurs, le réseau terroriste Al
Qaïda semble avoir déjà implanté une de ses antennes
en Afrique. Se revendiquant branche Al Qaïda du Maghreb, le réseau
algérien dit Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat
(GSPC) sème depuis quelques années la terreur dans certains pays
de la région, notamment au Maroc et en Algérie. D'où le
projet de création d'un centre autonome de commandement africain des
forces américaines stationnées sur ce continent (US-AFRICOM).
Devant être opérationnel en 2008, le Quartier
Général de cette force se situerait entre les sous-régions
Afrique centrale et Golfe de Guinée.
C'est dans cette lancée que s'inscrit la lutte
américaine contre le terrorisme au Cameroun. Colin Powell n'a-t-il pas
déclaré que le Cameroun est un partenaire de choix dans la
croisade antiterroriste ? Avant de présenter le Cameroun dans la
lutte contre le terrorisme, il convient d'abord de s'appesantir sur le lien qui
existe entre le terrorisme et les raisons officielles du renforcement de la
présence américaine au Cameroun.
1- TERRORISME ET RAISONS
OFFICIELLES DU RENFORCEMENT DE LA PRESENCE AMERICAINE AU CAMEROUN
Comme nous l'avons mentionné plus haut, les Etats-Unis
soutiennent qu'ils sont essentiellement au Cameroun pour promouvoir la
démocratie, les droits de l'Homme, la bonne gouvernance, la lutte contre
le SIDA et le développement. Soit ! Mais comment comprendre alors
ce lien que le Président George Bush a établi si clairement en
2002 entre certains maux et le terrorisme ? En effet, dans sa nouvelle
stratégie de sécurité nationale publiée en
septembre 2002, le Président américain ressort un rapport assez
logique entre la pauvreté, mal gouvernance, trafics, SIDA et terrorisme.
Ces propos on été revus et codifiés par des experts
dans « la stratégie de sécurité nationale
des Etats-Unis : une ère nouvelle » publiée dans
la Revue Electronique du Département d'Etat des Etats-Unis en
Décembre 2002.
-Démocratie, bonne gouvernance et
terrorisme.
La bonne gouvernance suppose notamment ici le respect des
droits et libertés de l'Homme et une gestion saine et transparente des
ressources publiques. Alan Larson mentionne dans la REDEEU (Décembre,
2002 :19-23) que les terroristes « financent leurs
opérations par le biais d'activités criminelles courantes, comme
la fraude, l'extorsion, les enlèvements et la corruption». Ainsi
compris, la lutte contre la corruption et le détournement des deniers
publics tout comme la promotion de la démocratie viseraient d'abord
à lutter contre le terrorisme, et donc à protéger les
intérêts américains. Cet idéal n'est pas totalement
nouveau ; car quelques années auparavant, il avait
déjà été soutenu par l'ex-président Bill
Clinton en ces termes: «La défense de la liberté et la
promotion de la démocratie dans le monde entier ne sont pas seulement le
reflet de nos valeurs les plus profondes, elles sont aussi d'une importance
vitale pour nos intérêts nationaux» (Ebolo, 1998).
- Pauvreté, trafics et terrorisme.
«L'Afrique occupe une place de premier plan dans la
nouvelle stratégie de sécurité nationale» est un
article que Fisher Thompson a publié en décembre 2002 dans La
Revue Electronique du Département d'Etat des
Etats-Unis. Il y cite les propos du Président George Bush tenus
dans son rapport de septembre 2002. En effet, [souligne le Président des
Etats-Unis], «La pauvreté ne transforme pas les pauvres en
terroristes et en meurtriers. Cependant, la pauvreté, la faiblesse des
institutions et la corruption peuvent rendre les Etats faibles
vulnérables à l'égard des réseaux terroristes et
des Cartels de la drogue se trouvant sur leur territoire». Or, les
Etats-Unis ont fait de la lutte contre le terrorisme leur cheval de bataille.
L'on comprend par ricochet pourquoi ils s'engagent à lutter contre la
pauvreté en Afrique et donc au Cameroun. Blaise Pascal Talla quant
à lui, soutient dans Jeune Afrique Economie (Novembre
2004 :108) que «la pauvreté qui fait le lit de la
désespérance et de la colère fournit des recrues
potentielles aux organisations terroristes ». C'est dans cette
logique qu'en 2002, l' AOPIG propose après étude que les
Etats-Unis oeuvrent en faveur de l'annulation de la dette des pays les plus
pauvres (Servant, Janvier 2003). Ces arguments témoignent à
suffisance de l'intérêt qu'ont les Etats-Unis à lutter
contre la pauvreté au Cameroun.
-Sida et terrorisme.
La lutte contre le Sida participe de la stratégie
américaine de lutte contre le terrorisme. Dans un article qu'il a
consacré à la «place de la coopération internationale
dans la stratégie de sécurité nationale »,
Richard Armitage (2002 :10) soutient que les Etats-Unis ont
augmenté leur aide dans le cadre de la lutte contre le Sida pour
éviter l'impact que ce fléau risque d'avoir sur les pays et
leurs populations. Une analyse similaire est faite par le
général James Jones (2006) dans le rapport qu'il
présentait devant le comité des services armés du
sénat le 07 mars 2006. Le Sida serait donc d'après cette lecture
une cause éventuelle du terrorisme. Blaise Pascal Talla, dans Jeune
Afrique Economie (Novembre 2004 :109) leur emboîte le
pas lorsqu'il relève le lien qu'il peut avoir entre le Sida et le
terrorisme. En fait, La désespérance qui anime le malade du Sida
qui s'estime condamné à mort est bien de nature à
justifier son adhésion aux organisations de malfaiteurs. Ainsi compris,
le Sida serait favorable aux réseaux terroristes dans la mesure
où il leur fournit d'éventuelles recrues.
2 - LE CAMEROUN ET LA
LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Hormis la lutte interne contre le terrorisme, le Cameroun, de
par sa position est en passe de servir de tremplin dans la lutte contre le
terrorisme en Afrique.
Les liens que nous avons établis plus haut entre le
terrorisme et la stratégie de la [soft power] américaine
au Cameroun participent par ricocher de la lutte contre ce fléau. Bien
entendu que le Cameroun brille par sa paix et sa stabilité. Mais il
compte quand même environ 22 % de musulmans. Cette frange de la
population n'est pas offensive. Mais on sait que les Américains ont
l'habitude de se méfier des musulmans à travers le monde ;
car il va sans dire que la majorité des terroristes se recrutent
généralement dans les pays musulmans et arabes. Le
scénario semble assez simpliste au Cameroun. C'est justement pour
canaliser leur conscience afin d'éviter à ces populations ce
genre de dérive que l'Ambassade américaine organise souvent
à leur intention des séminaires et vidéoconférences
portant sur des thèmes tels que la liberté et la tolérance
religieuse39(*).
Les Etats-Unis ont fait don au Cameroun d'un important lot de
matériels destiné à assurer la sécurité
aéroportuaire40(*).
C'est également dans le cadre de la lutte conte le terrorisme que le
ministre des transports Dakolé Daissala a installé le 25
septembre 2006 une commission de sécurité aéronautique.
Profitant ainsi de l'occasion à lui offerte, Sama Juma, Directeur
Général de l'aviation civile camerounaise souligne que
«terrorists have divided differents means of getting at the aviation field
.A recent example was the use of liquid explosives in Britain. All these have
to be checked to make air transport the safest means of transportation»
(Lukong, 26 septembre 2006).
Le Cameroun peut aussi servir de tremplin dans la lutte contre
le terrorisme international. Le Général William E. Ward n'a-t-il
pas dit que les Etats-Unis veulent renforcer le rôle du Cameroun aux fins
d'assurer la sécurité de la sous-région ? (Ndjabun,
21 juillet 2006). D'une part, le Cameroun est entouré d'Etats peu
stables (Nigeria, Tchad, République Centrafricaine...) Ensuite, les
Etats-Unis nourrissent un grand projet ; celui d'atteindre la Somalie et
le Djibouti situés à l'est (Awoumou, 2005 :15-20), en
maîtrisant le bassin du Niger et le Sahel en général, sans
oublier la région des grands lacs dominée par
l'insécurité. Pour parvenir à leurs objectifs, les
Etats-Unis ont institué en 2002 l'opération pan sahel de
lutte contre le terrorisme. En 2004 le Nigeria et le Tchad ont
été joints à cette initiative devenue
trans-sahélienne de lutte contre le terrorisme (Servant,
janvier 2003). Or ces deux derniers pays partagent de très longues
frontières avec le Cameroun. Qui pis est, une partie du Cameroun
septentrional se situe dans cette région du Sahel.
Le scénario consiste donc, sinon à assurer la
sécurité de l'ensemble de ces régions, du moins à
éviter que le fondamentalisme qui a déjà atteint le Tchad
ne vienne aggraver la situation du Golfe de Guinée. En outre, les
Etats-Unis se soucient de la sécurité de l'Afrique centrale. Or
quand ils parlent de l'Afrique centrale, ils font généralement
allusion aux 11 pays membres de la CEEAC dont le Cameroun serait à leurs
yeux le leader. A l'évidence, le Cameroun qui se trouve au carrefour de
ces régions jouit, en plus de ses atouts internes, d'une position
stratégique. Au regard de l'évolution actuelle de la situation,
le Cameroun semble devoir être d'un précieux apport à ces
projets géostratégiques, à en croire l'analyse personnelle
de certains officiers camerounais.41(*) Au reste, l'autorisation accordée aux forces
américaines de survoler le territoire, de se poser et de se ravitailler
au niveau des aéroports camerounais témoigne bien du soutien
apporté par le Cameroun dans la lutte contre le terrorisme en Afrique
(entretien, Colonel Abba et Colonel Mélly, octobre et novembre 2006).
SECTION2 : LE CAMEROUN DANS
LA STRATEGIE AMERICAINE DE
CONSOMMATION
MILITAIRE
Symboliquement ébranlés par les
attentats du 11 Septembre 2001, les Etats-Unis se sont jetés dans une
stratégie de sustentation de leur hyperpuissance. Cet impératif
passe entre autres par ce que Christian Harbulot (2003 : 63) appelle la
«volonté de puissance américaine». La
Coopération militaire qu'ils entretiennent avec le Cameroun s'inscrit en
partie dans la stratégie globale de maintien et de pérennisation
de l'hyperpuissance américaine. De ce fait, elle passe par l'orientation
du Cameroun vers le modèle américain de consommation
militaire ; laquelle n'est pas sans effets.
A-L'ORIENTATION DU CAMEROUN VERS
LE MODELE AMERICAIN DE CONSOMMATION MILITAIRE
La coopération militaire américano-camerounaise
aujourd'hui encore fragile ne s'inscrit pas que dans la logique
pétrolière via la lutte contre le terrorisme international. Elle
se veut également culturelle et s'annonce riche d'affaires ainsi qu'en
témoignage le ballet diplomatique des officiels américains au
Cameroun. Les américains ne cachent pas leurs intentions. Ils disent
vouloir investir, faire des affaires au Cameroun.
En plus de la conquête d'un marché potentiel en
Afrique centrale, cette coopération américano-camerounaise
permettrait aux Etats-Unis d'étendre la culture militaire
américaine.
1 - UN
MARCHE POTENTIEL ?
La Coopération militaire entre le
Cameroun et les Etats-Unis permet à ces derniers de vendre du
matériel militaire au premier. Cet aspect n'est pas nouveau ; car
dans les décennies 60 et 70, les factures des armes payées par le
Cameroun n'étaient pas négligeables. En effet, entre 1966 et
1975, la valeur des armes importées par le Cameroun aux Etats-Unis
s'élève à 3 000 000 de dollars. Entre 1975 et 1980, elle
est de 20 000 000 de dollars (Duignan et Gann 1990 : 382).
En visite au Cameroun en Août 2004, le Sénateur
républicain N.Chuck Hagel et le général d'armée
Charles Wald confient que leur présence porte sur les domaines qui
intéressent particulièrement leur pays. Il s'agit entre autres du
pétrole, des opportunités d'affaires, de la lutte contre le
terrorisme (Ngogang, 29 Août 2004). En dehors du commerce pure et simple,
la lutte contre le terrorisme et la protection des intérêts
pétroliers dans le Golfe de Guinée nécessitent des moyens
généralement matériels. Moyens qui manquent parfois
cruellement aux Etats pauvres de la sous-région. Le scénario
consiste donc à mettre d' abord en oeuvre des programmes d'aide,
d'assistance et d'appui aux opérations de maintien de la paix et de
prévention des conflits tels, l'ACRI devenu ACOTA, l'EDA etc. Ensuite,
le gouvernement et parfois les personnes ou sociétés
privées mettent en oeuvre d'autres programmes chargés de la vente
du matériel militaire à l'extérieur.
Ainsi, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) utilise
la Foreign Military Financing (FMF) pour accorder des prêts à
faible taux d'intérêt aux gouvernements étrangers afin
qu'ils achètent les armes américaines. C'est dans cette optique
que s'insèrent les programmes Foreign Military Sales (FMS) et la United
States Private Sales (USPS) destinés à la vente des armes
à l'étranger (Volman, 2005).42(*)
Dans le cadre de la Foreign Military Sales, le Cameroun a
déboursé en 2005 une somme d'environ 150 000 dollars, soit a peu
près 95 millions de francs CFA. Sa facture en 2006 est estimée
à une somme similaire. Quant aux frais déboursés dans le
cadre de la US Private Sales, ils s'élèvent en 2005 à 90
000 dollars, soit environ 57 millions de francs CFA (Volman, 2005). Ces sommes
relativement faibles sont censées lui permettre d'acquérir du
matériel militaire américain.
Vraisemblablement, le meilleur reste à venir ;
car, l'Afrique dont le Cameroun restent pour les Etats-Unis « un
vaste marché où ils n'ont pas encore réellement
investi » (Nghermani, 2006).
2 - UNE STRATEGIE
D'EXTENSION DE LA CULTURE AMERICAINE ?
A en croire Joseph Vincent Ntuda .E, la domination est
davantage culturelle aujourd'hui. Elle s'inscrit dans la
« dialectique des intelligences »43(*). Les Etats-Unis ont mis en
oeuvre une stratégie dite de « shaping » qui
consiste à « façonner l'environnement
international par la diffusion des normes, des valeurs et des standards
américains» (Nghermani, 2006). Les programmes militaires des
Etats-Unis en Afrique visent selon Abramovici (2004 : 14-15)
«... à moderniser et à adapter aux normes
américaines, les forces armées locales».
Le Cameroun n'échappe donc pas à cette logique,
puisqu'il est inscrit dans certains programmes de formation Américaine.
Qui plus est, les Etats-Unis ont crée à l'école Militaire
Inter armées (EMIA) un laboratoire de langue anglaise destiné
à améliorer le niveau des officiers camerounais et l'usage des
standards américains (Njako, 2006). Il s'agit au mieux d'enseigner aux
officiers camerounais l'Anglais opérationnel tel qu'il est
utilisé par les forces Américaines. A l'analyse, le Cameroun
s'intègre dans ce que Philippe Hugon (2005 :405) appelle les deux
principes guidant l'aide américaine en Afrique.
C'est-à-dire «le shaping (façonner l'Afrique aux normes
et standards américains) et la civilisation (développer les
forces démocratiques)».
Par ailleurs, la formation des officiers camerounais dans les
écoles Américaines aurait pour effet l'exportation de la culture
stratégique américaine. Ils rentrent nantis d'une façon de
voir, de concevoir, de penser et d'agir proprement américain. Cette
manière d'importer la culture stratégique américaine peut
faire la fierté des Etats-Unis dans un environnement historiquement
considéré comme zone d'influence des ex-puissances coloniales.
[Pour la petite histoire, nous avons rencontré dans le cadre de nos
entretiens un officier supérieur camerounais qui venait à peine
de retourner au pays après avoir reçu une formation aux
Etats-Unis. Il nous a semblé tout à fait différent par
l'orientation qu'il donnait à son raisonnement et la
compréhension de l'environnement géostratégique
international44(*).]
B-UNE COOPERATION MILITAIRE A
VISEE HEGEMONIQUE
Comme nous l'avons annoncée plus haut, le
rapprochement américano-camerounais s'inscrit dans une stratégie
globale qui consiste au final à sustenter sinon préserver
l'hégémonie américaine.
1-LE PRE CARRE45(*) FRANÇAIS EN
CAUSE ?
Au sortir de la colonisation à la fin des années
50, la France a obtenu des jeunes Etats encore indécis des accords de
coopération stratégiques qui lui assurent son influence et sa
pérennité en Afrique et notamment dans ses ex-colonies (Fogue,
2002). La division idéologique du monde a dû favoriser cette
stratégie française ; puisque les [Super grands] ne
traitaient généralement avec leurs partenaires africains que par
alliés interposés (Aicardi, 1989 : 139 ; Ntuda,
2004 :131-154).
Depuis la fin de la guerre froide au début des
années 90, on assiste à un redéploiement spectaculaire des
grandes puissances en Afrique. Cette période marque le repositionnement
de la France, inquiète du positionnement des autres puissances à
la tête desquelles trônent les Etats-Unis (Escandell, 1997). A en
croire Clara Pulido Escandell, la France serait en perte d'influence,
déclassée au profit des Etats-Unis dans son pré
carré Afrique Centrale. Elle serait réduite à «
une phase essentiellement défensive de son pré
carré » (Escandell, 1997). Selon cet auteur, un ambassadeur
américain disait à Kinshasa46(*)que « la France n'est plus capable de
s'imposer en Afrique ». L'heure semble être à la
redistribution des cartes à propos de la géopolitique africaine.
Nous vivrions aujourd'hui un nouveau partage de l'Afrique entre les grandes
puissances.
L' Afrique Centrale et donc le Cameroun est une zone
historiquement acquise à la France. Mais comme le Golfe de Guinée
par extension, elle est devenue une zone de projection de la puissance
Brésilienne, Japonaise, mais surtout Chinoise et Américaine
(Awoumou, 2005 :15-20 ; CEREMS, Octobre, 2005 ; Ntuda,
2004 :44-48). C'est du moins ce qu'on peut lire dans les exercices de
démonstration de force que les Etats-Unis font dans la zone depuis
quelques années. La France est en « recul » dans
l'ensemble du Golfe de Guinée (Mvomo Ela, 2005 :9). D'ailleurs, en
2002, les Etats-Unis ont déclaré le Golfe de Guinée
« zone d'intérêt vital» pour leur
sécurité nationale (Lestrange, Zélenko et Paillard,
2005 :159).
«Le complexe de Fachoda » suppose que la France
trouve en la présence américaine en Afrique une menace à
ses intérêts (Thompson, 2002 :30-34). Yves Alexandre Chouala
(2005) quant à lui, soutient que la coopération du Cameroun
permettrait aux Etats-Unis d'utiliser ce pays comme « contre
balancier de l'influence Française dans la sous-région...»
C'est dire la valeur du Cameroun dans le jeu d'influence des puissances et donc
des Etats-Unis dans la sous-région.
2-LA SUSTENTATION DE
L'HEGEMONIE AMERICAINE FACE AUX PUISSANCES EMERGENTES
Le pouvoir corrompt, disait Montesquieu. C'est une
expérience éternelle que tout homme qui arrive au sommet veuille
y assurer sa pérennité47(*). C'est dans cette lancée qu'opère l'une
des stratégies actuelles des Etats-Unis. Ils ont besoin de nourrir leur
hégémonie afin de garder l'écart vis-à-vis des
autres puissances, notamment celles qui sont dites émergentes (Chine,
Brésil, Inde, Afrique du Sud, Nigeria...) A en croire le Docteur Mvomo
Ela (2005 :11), « la prise de position des Etats-Unis dans le
Golfe de Guinée constitue « un pas »
supplémentaire vers « l'empire ».
Les Etats-Unis pourraient utiliser le Cameroun comme contre
balancier à la prédominance nigériane dans le bassin Ouest
Africain. «Le Cameroun offre une carte politique supplémentaire aux
Etats-Unis dans la géostratégie à l'échelle du
continent » (Nono, 2003).
A une autre échelle, nous avons la Chine dont la
projection actuelle fait dire aux experts qu'elle est en passe de devenir la
première puissance mondiale (Chauprade, 2003 :43-49). La chine est
« ...l'Etat qui a le plus de chance de se poser en rival des
Etats-Unis à un moment quelconque du siècle nouveau »
(Kissinger, [2001] ,2003 :159). D'où «la
nécessité de trouver dès à présent des
stratégies de blocage en contrôlant et en sécurisant les
principales zones pétrolières du globe» (Ngogang, 2004). La
présence américaine au Cameroun s'explique bien par cette
logique. Aymeric Chauprade (2003 :43-49) quant à lui expose dans,
« la stratégie globale des Etats-Unis face à
l'émergence ne la Chine», l'impressionnant dispositif
développé par les Etats-Unis pour parvenir à cette fin. Il
s'agit entre autres du Contrôle des zones et des ressources
stratégiques du globe, de la multiplication des alliances et de la
coopération militaire avec les Etats situés en des zones
stratégiques du monde etc. Eu égard de ces arguments, le
renforcement de la coopération militaire avec le Cameroun s'inscrit dans
la stratégie de l'hégémonie américaine.
Par ailleurs, la Maison Blanche a publié en Septembre
2002 un document intitulé «Stratégie de
sécurité nationale des Etats-Unis». A certain égard
fidèle au passé américaniste, ce document élabore
quatre grands points dont le deuxième souligne ostensiblement que les
Etats-Unis ne permettent pas que leur hégémonie militaire soit
concurrencée par quelque puissance que ce soit (Keir Lieber et Robert
Lieber, 2002 :35-39).
CONCLUSION
Somme toute, la coopération militaire et
pétrolière entre les Etats-Unis et le Cameroun témoigne
dans cette première partie de la dynamique des relations
internationales. Elle nous montre à un stade encore
élémentaire combien les Etats-Unis ont besoin du Cameroun pour
concrétiser leur stratégie globale et atteindre leurs
Intérêts nationaux. Il s'agit bien là d'un cas
d'interdépendance, notamment dans la mesure où le Cameroun a
besoin de l'appui américain comme moyen de sa
géostratégie.
DEUXIEME PARTIE :
L'APPUI AMERICAIN :
MOYEN DE
LA GEOSTRATEGIE
CAMEROUNAISE ?
Le Cameroun, pays pauvre très endetté a fait le
pari de la modernité et du développement. Le président de
la République Paul Biya a fait des " grandes ambitions" son
principal slogan lors de l'élection du 11 octobre 2004, et son cheval de
bataille au cours du second Septennat. Au nombre des grands défis
à relever figurent la lutte contre la pauvreté, les maladies
chroniques, l'arrimage à la modernité démocratique et le
Pari de la sécurité. Pour sa part, le développement a
toujours été un des objectifs de la politique
étrangère du Cameroun (Mouelle, 1996). L'atteinte de ces
objectifs nécessite la mise en oeuvre d'un certain nombre de moyens.
Basées essentiellement sur la «dialectique des
intelligences» (Coutau-Bégarie, 1999 :70), les relations
internationales supposent que chaque acteur dans la quête de
l'intérêt national choisisse rationnellement ses amis.
En quoi est-ce que le redéploiement stratégique
des Etats-Unis en Afrique peut servir les intérêts du
Cameroun ? «Le Cameroun a de grandes ambitions [...] Nous rapprocher
des Etats-Unis ne ferait que nous rapporter des bénéfices» ;
nous faisait entendre un officier supérieur des armées
camerounaises48(*). En
effet, les Etats-Unis peuvent être d'un appui précieux à
l'atteinte de l'intérêt national escompté par le Cameroun.
Cela est valable aussi bien au niveau de la pétrostratégie
américaine, qu'à celui de la coopération militaire.
CHAPITRE 3 :
LA PETROSTRATEGIE AMERICAINE A
L'ERE DE LA RELANCE CAMEROUNAISE
Le 17 mai 2001, le vice-président Américain D.
Cheney a publié un rapport constatant la croissance de la
dépendance énergétique des Etats-Unis (Lestrange,
Zélenko et Paillard, 2005 :87). La projection actuelle des
Etats-Unis, y compris leur engagement militaire en Irak sont intimement
liés aux intérêts pétroliers (Lestrange,
Zélenko, Paillard 2005). Rappelons également ces propos du
président George Bush à la suite des attentats du 11 Septembre
2001 : [Qui n'est pas avec nous est avec les terroristes (...)
l'Amérique se souviendra de tous ceux qui, en ce moment particulier
seraient restés passifs].
Attentif à la gestion des grands dossiers
internationaux, mais aussi conscient du caractère rationnel de sa
démarche, le Président de la République du Cameroun
était en «visite d'amitié et de travail » aux
Etats-Unis lorsque commençait l' «opération
liberté pour l'Irak» (20 mars 2003). Grégoire Owona,
secrétaire général adjoint du RDPC49(*) et par ailleurs Ministre
délégué chargé des relations avec les
Assemblées, trouve dans cette visite « une des
premières fenêtres ouvertes sur le monde qui se recompose, un
nouvel ordre international où l'amitié garde un sens (...) Dans
ce nouveau monde qui se dessine sous nos yeux, il s'agit de ne pas rater le
train de l'après guerre » (Nouvelle Expression, 26 mars
2003 :5).
C'est donc dire qu'en répondant à l'invitation
du Président Bush, son homologue du Cameroun opère un calcul
stratégique. Celui de tirer parti de la nouvelle stratégie des
Etats-Unis dans le monde et particulièrement en Afrique. En effet,
à la suite de ce voyage, George Bush célèbre le
«Cameroun comme pays stable et bien gouverné...» (Chouala,
2005), tandis que Colin Powell annonce le soutien multiforme que les Etats-Unis
pourraient apporter au Cameroun50(*).
SECTION 1 : LE SOUTIEN DES
ETATS-UNIS SUR LA SCENE INTERNATIONALE
Les Etats-Unis disposent d'une capacité impressionnante
de projection et d'un puissant appareil de propagande (Richardot,
2003 :38-42). A ce titre, ils maîtrisent des facilités
pouvant leur permettre de soutenir le Cameroun tant en ce qui concerne les
questions de sécurité sous- régionales que le
problème de désendettement.
A-LA QUESTION DE LA SECURITE
SOUS-REGIONALE
Le Cameroun est un pays stable, certes, mais il est dans une
sous-région en proie à de nombreuses tensions politico-sociales
et économiques. La Guinée Equatoriale et le Sao Tomé
venaient d'éviter des tentatives de déstabilisation. La
République Centrafricaine est en pleine agitation politique, le Tchad et
le Soudan sont en proie à la rébellion et s'accusent mutuellement
des tentatives de déstabilisation. Le Nigeria est le
théâtre quotidien des sabotages des infrastructures
pétrolières et des prises d'otages dans le Delta du Niger.
L'Angola connaît une accalmie après 27 ans de guerre civile. Le
Congo Brazzaville est en pleine reconstruction après des années
de guerre civile. La République Démocratique du Congo vient
d'expérimenter dans la violence ses premières élections
pluralistes depuis son indépendance. Présenté comme un [un
havre de paix dans une sous-région tourmentée], le Cameroun
ressent un besoin impératif de préserver cette stabilité
exceptionnelle, ce [miracle camerounais]. Aussi a-t-il besoin de l'appui
multidimensionnel de la première puissance du monde.
1 - L'APPUI A LA SECURITE
DE LA SOUS-REGION
Le risque de conflit est aggravé ici par la
convoitise que suscite la sous-région Afrique Centrale et Golfe de
Guinée (Mvomo Ela, 2005 :15-20). Le Cameroun peut compter sur
l'appui américain dans la mesure où l'un de leurs objectifs est
de sécuriser une région où ils comptent importer 25 % de
leur de pétrole dans les décennies à venir. (Lestrange,
Zélenko et Paillard 2005 : 159 ; Didier Olinga, 2006 :3).
Certes, les tensions ne sont pas généralement complètement
éradiquées. Mais la présence américaine ainsi que
son impressionnant dispositif de sécurité est souvent
considérée comme pacificatrice. Nombreuses sont les
régions du globe qui accueillent favorablement la présence
militaire américaine afin de profiter de leur bouclier. En ce sens, Keir
Lieber et Robert Lieber (2002 :35-39) soutiennent que « la
motivation des Etats de diverses régions du monde peut aller de la
possibilité de bénéficier gratuitement du bouclier de la
sécurité américaine à l'effet pacificateur ou
stabilisateur de la présence américaine ». Si ce n'est
gratuit, le Cameroun peut néanmoins bénéficier d'une
sécurité à moindre coût.
Le Cameroun a participé en 2004 à la mise en
oeuvre d'une brigade régionale en attente de l'Afrique Centrale (Njako,
2006). Cette initiative dont le but est de préserver la paix et lutter
contre l'insécurité dans la sous-région est
encouragée par l'Union africaine et soutenue par les Etats-Unis (Zinga,
21 Août 2005).
A la tête d'un déploiement de la marine
américaine qui a séjourné au port de Douala du 6 au 9
février 2005, le colonel Barry Gronin confie que leur mission a pour but
de renforcer la coopération entre les deux Etats aux fins de
sécuriser la sous-région.51(*)
2 - LA MISE EN OEUVRE DE
L'ARRET DE LA CIJ : LA QUESTION DE BAKASSI
Il ressort de la « stratégie de
sécurité nationale » publiée par la Maison
Blanche en Septembre 2002 ; qu'une Afrique « stable
» revêt une importance capitale pour l'administration Bush
(Thompson, 2002 :30-34). Les Etats-Unis s'accommodent mal des crises au
sein d'un continent dont la valeur stratégique ne cesse de
s'accroître. C'est pour marquer leur volonté à oeuvrer pour
la paix dans « une région considérée
désormais comme d'intérêt stratégique
majeur », que les Etats-Unis ont soutenu la signature de l'accord de
Greentree le 12 juin 2006 ; laquelle a eu lieu à New York (aux
Etats-Unis) (Didier Olinga, 2006 :3).
Le Cameroun et le Nigeria sont opposés depuis plusieurs
décennies au sujet de la délimitation de leurs frontières
maritimes et terrestres, notamment au niveau de la région de Bakassi,
potentiellement riche en ressources naturelles. Fidèle à ses
options pacifistes, le Cameroun a porté le problème devant la
Cour Internationale de Justice (CIJ) au milieu des années 90. Par son
Arrêt rendu le 10 octobre 2002, cette Cour a tranché en
reconnaissant la [camerounité] de la région de Bakassi. Mais le
Nigeria n'a pas respecté assez promptement l'Arrêt de la Cour
comme il l'avait promis un mois plus tôt.
Aussi, le Cameroun a-t-il sollicité à maintes
reprises l'appui de la première puissance mondiale pour la mise en
oeuvre effective de cet Arrêt (Lukong, 20 Février 2006). Paul Biya
a reçu en audience le vendredi 17 Février 2006 la
secrétaire d'Etat adjointe aux affaires Africaines. La question de
Bakassi était au menu des entretiens. Par la voie de Jendayi Frazer, les
Etats-Unis ont réaffirmé leur soutien à la mise en oeuvre
de l'Arrêt da la CIJ (Lukong, 20 Février 2006).
Sous l'égide des Nations Unies, il s'est tenu à
Greentree (une banlieue de New York aux Etats-Unis) le 12 juin 2006 une
rencontre entre les deux principaux protagonistes. Etaient présentes en
qualité de témoins, certaines puissances telles que la France, la
Grande Bretagne, l'Allemagne et les Etats-Unis. Il s'en est
dégagé ce que l'histoire a retenu sous le nom d'
« Accord de Greentree ». Au terme de
l'échéance fixée (14 Août 2006), les mêmes
acteurs, soutenus par les mêmes témoins ont pris part, dans la
localité d'Akwa (située aux pourtours de la zone litigieuse)
à la cérémonie de retrait des forces nigérianes de
la péninsule de Bakassi.
C'est en reconnaissance de cet appui que lors de l'audience
qu'il a accordée à l'Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun le 4
Octobre 2006, le Président Paul Biya a remercié les pays amis
dont les Etats-Unis pour le concours qu'ils ont apporté à la mise
en oeuvre de l'Arrêt de la CIJ (Monda, 4 Octobre 2006). Mais auparavant,
par un communiqué signé du Ministre d'Etat, Secrétaire
Général à la Présidence le 17 août 2006, le
Cameroun a exprimé sa gratitude à tous les acteurs qui ont
contribué à l'heureux dénouement de ce
différend.
B-LES ETATS-UNIS DANS LA STRATEGIE
CAMEROUNAISE DE DESENDETTEMENT
Face aux nombreux problèmes socio-économiques
qu'il rencontre depuis le début des années 80, le Cameroun,
comme beaucoup d'autres pays Africains, a eu recours aux institutions
financières internationales que sont le FMI et la Banque Mondiale. Vers
la fin des années 90 (1996), ces institutions ont mis en oeuvre un
nouveau programme à l'attention des pays dits pauvres très
endettés. Il s'agit de l'initiative PPTE qui a pour but d'annuler une
partie de leur dette extérieure, et d'accorder des facilités
économiques aux pays qui en ont atteint le point d'achèvement.
Les Etats-Unis ont une influence sur les institutions de
Bretton Woods en tant que principaux contributeurs. De ce fait, ils peuvent
êtres d'un précieux soutien pour le Cameroun qui a par ailleurs
besoin de soigner son image sur la scène internationale52(*).
1 - LE SOUTIEN AMERICAIN
AUPRES DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS
Le Cameroun a atteint le point de décision de
l'initiative PPTE en 2000. Ce fut le début d'un long programme
économique suivi par le FMI et la Banque Mondiale, lequel aboutira en
partie grâce au soutien des Etats-Unis. La quête de
l'intérêt national américain semble passer ces
dernières années par la diminution du niveau de pauvreté
dans certaines régions du monde. Cet impératif trouve sa racine
dans le rapport de l'African Oil Policy Initiative Group (AOPIG) qui a
proposé en 2002 « un engagement prudent et
contrôlé des Etats-Unis en faveur d'une annulation de la
dette » de certains pays (Servant, Janvier 2003).
En ce sens, le Cameroun sait pouvoir bénéficier
du soutien des Etats-Unis (Lotte, Colomban et Dorgeret, octobre 2005).
D'où la demande de soutien qu'il a exprimée plusieurs fois en
direction de la première puissance du monde. Tel en a été
le cas le 5 mai 2005 lors du passage de Mme Cindy L. Courville53(*) au Cameroun (Amayena, 6 Mai
2005). Le président a profité une fois de plus du passage de la
Secrétaire d'Etat ajointe au Cameroun pour réitérer sa
demande. L'une comme l'autre, les deux américaines ont répondu
positivement à la demande du Cameroun. D'où l'intervention du
Département d'Etat en Avril 2006 pour convaincre le président du
groupe de la Banque Mondiale d'examiner favorablement le dossier du Cameroun,
afin qu'il franchisse le point d'achèvement de l'initiative
PPTE.54(*)
C'est donc la conjugaison de ces efforts qui a permis au
Cameroun d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE le 28
avril 2006. Et c'est pour cette raison que le Président Paul Biya
exprime son remerciement à l'Ambassadeur des Etats-Unis, Niel Marquardt
au cours de l'audience à lui accordée le 04 octobre 2006.
2 - L'AMELIORATION DE
L'IMAGE DU CAMEROUN SUR LA SCENE INTERNATIONALE
Les Etats-Unis disposent d'un puissant appareil de propagande.
Ils notent les Etats en fonction des critères que les observateurs
trouvent pour les moins subjectifs. Du regard qu'ils portent sur un pays
dépend son image sur la scène internationale. La
« diplomatie publique » est un puissant instrument de
propagande au service des Etats-Unis. Ils font usage d'un langage riche et
généralement fluctuant pour exprimer leur inimitié
à l'égard des Etats peu aimables. Il n'est pas rare d'entendre ou
de voir dans les médias les officiels américains utiliser des
termes et expressions du genre [Etats tricheurs, Etats voyous, axe du
mal55(*), dictature,
postes avancés de la tyrannie...)
Le Cameroun n'a certainement pas encore perdu le souvenir de
la turbulence diplomatique qu'il a traversée entre 1992 et 1996 lorsque
les Etats-Unis l'accusaient de déficit démocratique56(*) (Ebolo, 1998). L'image du pays
en est sortie ternie. D'où la mise en oeuvre dans la même
période d'une politique qu'on pourrait qualifier de réouverture
et dont le but aurait été, sinon de préserver, du moins de
soigner l'image du pays sur la scène internationale. Des exigences
démocratiques somme toute curieuses lorsqu'on sait que les Etats-Unis
s'accommodent parfaitement du régime d'Obiyan Nguema de la Guinée
Equatoriale, nonobstant sa démocratie minimale (Boniface
2006 :443). Ce troisième producteur africain de pétrole a
ainsi été rayé de la liste des 14 pays africains mal
notés en matière de démocratie et des droits de l'Homme
(Servant, Janvier 2003). Bien plus, il attire de plus en plus l'aide et les
investisseurs américains. Un scénario à peu près
similaire est en train de se produire avec la Corée du Nord qui est en
passe d'être rayée de la liste des pays de l' « axe
du mal ». Ce revirement semble trouver son origine dans les
négociations au sujet de l'abandon par ce pays de ses activités
nucléaires à but militaire. En fait, les exigences de
démocratie, des droits de l'Homme et de bonne gouvernance semblent en
passe d'être sacrifiées sur l'autel des marchandages
politico-économiques et militaires57(*); alors même que ce pays ne semble pas avoir
amorcé un pas notable dans ces domaines.
Le Cameroun a donc parfaitement conscience des implications de
la nature des relations qu'il peut entretenir avec les Etats-Unis. Pour avoir
déjà connu une expérience, il sait pouvoir soigner son
image sur le plan international et même interne en entretenant
d'excellentes relations avec la première puissance du monde. La
célébration par George Bush du Cameroun comme « pays
stable et bien gouverné » à la suite de la visite de
Paul Biya en mars 2003 est à cet égard très
édifiant (Chouala, 2005).
SECTION 2 : LES ETATS-UNIS
DANS LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DE DEVELOPPEMENT ET DE COHESION
NATIONALE
En dépit de la relativité de la puissance et de
l'interdépendance croissante des économies, les Etats-Unis
demeurent une hyperpuissance dans presque tous les domaines : culturelle,
idéologique, historique, militaire, économique...(Richardot,
2003 : 40-42). Après la dislocation de l'URSS et sa
réorientation idéologique, la démocratie libérale,
modèle américain, est aujourd'hui le plus partagé du
monde. Le Cameroun, pays pauvre très endetté, sait pouvoir
amorcer le pari du développement et de sa cohésion nationale en
coopérant avec les Etats-Unis58(*).
A - L'IMPERATIF DU
DEVELOPPEMENT
Il s'agit essentiellement des investissements
américains au Cameroun et des échanges commerciaux entre les deux
pays. Compte tenu de son caractère économique assez particulier,
nous présenterons les retombées du pipeline Tchad-Cameroun
à l'écart des autres investissements.
1 - L'ACCROISSEMENT DES
INVESTISSEMENTS ET DES ECHANGES COMMERCIAUX ENTRE LES DEUX PAYS
Depuis la tournée de George Bush en Afrique en juillet
2003, l'accroissement des investissements est l'une des priorités des
Etats-Unis sur ce continent (Hugon, 2005 : 405). Le Cameroun a dû
réviser son code d'investissements afin d'attirer les investisseurs
étrangers (Ntuda, 2004 : 44-48). Les investissements
américains au Cameroun vont croissant. En effet, selon une étude
menée par le Cabinet Development Finance International en accord avec le
gouvernement camerounais, les investissements Américains occupent le
premier rang devant ceux de la France et de la Malaisie parmi les
Investissements Directs Etrangers au Cameroun. Ces trois premiers partenaires
totalisent en 2003 les 89% des Investissements Directs Etrangers au
Cameroun ; soit 982,7 milliards de F CFA. Cette primauté des
Etats-Unis en matière d'investissement au Cameroun a été
soulignée par l'Ambassadeur Niels Marquardt le 04 juillet 2006 en ces
termes : « ...des investisseurs américains fiables
et bien connus comme la société AES, Coca-cola, Exxon-mobil,
Chevron Texaco, Hilton, Mariotte, Caterpillar et des douzaines d'autres ont
fait des Etats-Unis le principal investisseur étranger au Cameroun au
cours de la dernière décennie »59(*). Cette intervention vient
conforter la démarche de la Secrétaire d'Etat adjointe aux
affaires africaines qui faisait savoir en Février 2006 que le Cameroun
est une « destination essentielle pour la diplomatie
américaine en Afrique »60(*).
Marquons un temps d'arrêt pour relever quelques
investissements américains faits ou annoncés en 2006 au
Cameroun. Le 22 mars 2006, l'Agence Américaine pour le Commerce et le
Développement (AACD) a octroyé à la société
SHO Tractafric Cameroun, une subvention dont le but est d'accroître sa
capacité à construire des infrastructures de commerce au Cameroun
et dans les pays voisins. L'AACD compte aussi financer à hauteur de 360
152 dollars (environ 230 millions de FCFA), l'étude de
faisabilité et de mise sur pied d'une société du type
« Joint venture » spécialisée dans le
crédit-bail des équipements lourds du genre Caterpillar. La
«joint venture» est créée entre la SHO Cameroun et
Diamond International Inc (DII), une société Américaine
basée à Chicago61(*).
Lors de l'audience accordée à l'Ambassadeur
Américain le 12 mai 2006, ce dernier a confié au Président
Paul Biya que le group américain Mariott comptait construire un
hôtel de classe international à Douala.
La réalisation du projet Cobalt/Nickel de Nkamouna
(province de l'Est) par la société américaine
Géovic-Cameroon SA commence en 2007.62(*) Il s'agira pendant les deux premières
années d'aménager le site. L'exploitation proprement dite et donc
les retombées n'étant envisageables qu'à compter de
2009.
L'exploitation du gaz naturel figure aussi parmi les projets
des américains. Ces investissements sont susceptibles d'octroyer de
milliers d'emplois aux camerounais63(*).
Le 25 Septembre 2006, la société
américaine «le bus» a relancé le transport urbain par
bus au Cameroun. Elle annonce la mise en circulation d'autres bus dans le cadre
du transport interurbain Yaoundé- Douala-Bafoussam (Mouliom,
2006 :209).
Le Premier Ministre a reçu le 3 octobre 2006 une
délégation d'investisseurs américains. Conduite par le
Vice Président de la société Cisco, ce groupe
spécialisé dans la télécommunication à haut
débit, est venu explorer les possibilités d'affaires au Cameroun
(Monda, 4 octobre 2006).
Le 30 octobre 2006, le Ministre camerounais de
l'énergie et de l'eau a reçu en audience, l'Ambassadeur des
Etats-Unis au Cameroun. Les entretiens portaient entre autres sur
l'amélioration des services de AES/ SONEL au Cameroun et des
réflexions à propos de Bakassi.
Par ailleurs, les Etats-Unis accordent de plus en plus la
possibilité aux camerounais ainsi qu'à leurs produits
d'accéder sur le marché américain. A cet égard, un
accord ciel ouvert a été signé le 17 février 2006
entre le Ministre camerounais des transports et la Secrétaire d'Etat
adjointe aux affaires africaines, Jendayi Frazer. Cet accord permet
désormais d'assurer les vols directs entre le Cameroun et les
Etats-Unis, sans faire escale en France comme par le passé64(*) .
Le Cameroun a été élu à l'AGOA
(African Growth and Opportunity Act) en octobre 2000. C'est une initiative
américaine qui consiste à encourager les exportations africaines
en direction des Etats-Unis grâce à une exonération des
droits de douane. Les exportations camerounaises en direction des Etats-Unis
sont croissantes ainsi qu'en témoigne le tableau ci-après.
Année
Pays
|
2002
|
2003
|
2004
|
Cameroun
|
172 100 000
|
214 000 000
|
308 200 000
|
NB : les chiffres sont en
dollars.
Source : Département du
commerce des Etats-Unis.
Voir Annexe V
En outre, un certain nombre d'établissements bancaires
et d'Agences de financements américains mettent à la disposition
des pays africains dont le Cameroun, des crédits à l'importation
des produits américains. C'est le cas de l'Ex-Im-Bank (Banque
export-import) qui, chaque année met à la disposition des
importateurs camerounais un découvert de 30 milliards de FCFA pour
encourager les importations aux Etats-Unis. Les prêts sont
accordés à un taux d'intérêt
préférentiel de 8 % remboursable en 5 ans (Bowa, 3 juillet
2006).
2 - LES RETOMBEES DU
PIPELINE TCHAD-CAMEROUN
Le pipeline est un oléoduc qui permet d'acheminer le
pétrole exploité depuis Doba (sud du Tchad), jusqu'au terminal de
Kribi (sud du Cameroun), où il est traité et exporté vers
le marché mondial. L'exploitation est assurée par les
sociétés américaines Exxon-Mobil (40 %), Chevron (25%), et
la société malaisienne pétronas (35%). Ce pipeline est
devenu opérationnel en juillet 2003 et génère aux acteurs
concernés de substantiels revenus (Lestrange, Zélinko et Paillard
2005 :159). Les gains qu'en tire le Cameroun sont multiformes.
Pour ce qui est des gains financiers,
relevons que pendant les travaux de construction, les employés
camerounais ont gagné environ 18,9 milliards de FCFA. Durant les 30
années pendant lesquelles le pipeline est censé être
exploité, les employés camerounais sont supposés percevoir
environ 99 milliards de FCFA (Tsafack, 2003 :19). L'Etat du Cameroun quant
à lui est censé percevoir une taxe de passage qui
s'élève à 12 % du prix du pétrole exploité
pendant la durée de vie du pipeline (Lestrange, Zélinko et
Paillard, 2005 : 159). Ainsi, le Cameroun a gagné environ 137
milliards de FCFA pendant la construction. Soit une augmentation de 2 % sur le
PNB. Les activités indirectes sont supposées octroyer au Cameroun
un gain de 375 milliards de FCFA. Soit une augmentation de 1% du PNB (Tsafack,
2003 :21) pendant la durée de vie du pipeline.
Les gains infrastructurels : le passage
du pipeline n'a pas fait que détruire les propriétés et
les biens. Il a aussi contribué à la construction de nombreuses
infrastructures. En effet, on peut citer entre autres la construction d'une
route principale qui relie le Tchad au Cameroun. Elle est censée
oeuvrer pour le renforcement de l'intégration régionale et
l'intensification des échanges entre les deux pays. Une fibre optique a
été installée le long du pipeline pour améliorer le
service du pays en matière de télécommunication (Tsafack,
2003 : 19). Certaines lignes de chemin de fer ont été
retouchées. Il y'a eu intensification du trafic au port de Douala et
à Kribi. Des écoles, des points d'eau, des dispensaires et des
forages ont été construits pour les besoins de la cause.
A-LES ETATS-UNIS DANS LA STRATEGIE
CAMEROUNAISE DE
RENFORCEMENT DE LA STABILITE POLITIQUE ET DE
CONSOLIDATION DEMOCRATIQUE
Ainsi qu'en témoigne leur engagement en Europe et en
Asie après la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis ont fait
preuve du rôle pacificateur de leur présence. En qualité
d'ami des Etats-Unis, le Cameroun s'accommode de l'impératif
américain de promotion de la démocratie en passant par le
raffermissement de sa stabilité politique.
1- L'ACCOMMODATION DE LA
POLITIQUE AMERICAINE DE PROMOTION DE LE DEMOCRATIE EN AFRIQUE
L'inscription de la promotion de la démocratie et des
droits de l'Homme sur l'agenda de politique étrangère des
Etats-Unis date du milieu des années 70. Cette priorité est une
initiative du Congrès à la suite, non seulement des
problèmes rencontrés au Vietnam une décennie plutôt,
mais également du scandale de Watergate (Cingranelli,
1993 : 173). Il convient d'étudier le soutien américain
à la lutte contre la corruption au Cameroun avant de s'appesantir sur la
promotion de la démocratie proprement dite.
Le soutien américain à la lutte contre
la corruption : classé au premier rang parmi les pays les
plus corrompus du monde par l'ONG allemande transparency international entre
1998 et 1999, le Cameroun occupe aujourd'hui la 26eme position sur
un total de plus d'une centaine de pays65(*). Cette amélioration tient en partie au soutien
apporté par les Etats-Unis dans la lutte contre ce fléau. Lors de
son passage au Cameroun en Février 2006, la Secrétaire d'Etat
adjointe aux affaires africaines a répété plusieurs fois
que leur gouvernement comptait coopérer avec le Cameroun dans le cadre
de la lutte contre la corruption (Lukong ,20 février 2006 ;
Amayena,25 février 2006). Un impératif qui viserait comme nous
l'avons démontré plus haut à protéger les
intérêts Américains ; car au lendemain des attentats
du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont établi un lien assez logique
entre la corruption et le financement des activités terroristes.
Pour sa part, l'Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun joue
un rôle actif dans la lutte contre la corruption. Ses discours et
conférences sont en ce sens très significatifs (voir annexe 8).
Le fait que l'arrestation des fonctionnaires accusés d'avoir distrait
des fonds dans les caisses publiques fît suite à ces discours ne
semble pas avoir été un fait du hasard. Au sortir de l'audience
que le Président de la République lui a accordée le 24
février 2006, l'Ambassadeur des Etats-Unis se confie à la presse
en ces termes : « J'ai dit au chef de l'Etat qu'il peut
compter sur le soutien moral et matériel des Etats-Unis dans ce
sens » (Amayena, 25 février 2006). Une sorte d'assurance
apportée au Président de la République quelques temps
seulement après l'arrestation de certains gestionnaires
indélicats des biens publics.
L'appui à l'amélioration des
institutions démocratiques au Cameroun : Les Etats-Unis
interviennent à plusieurs niveaux pour promouvoir la démocratie
au Cameroun. C'est dans ce sens qu'ils soutiennent que: «The US strategy
to promote democracy and human rights focused on strengthening the institutions
necessary for a stable democratic Cameroon, such as a transparent electoral
process and a free, fair and professional press».
Les Etats-Unis encouragent la création et
l'enseignement dans des écoles et collèges des programmes portant
sur les droits de l'Homme, les droits des travailleurs et la lutte contre le
trafic des personnes en particulier.
En préparation des élections municipales et
législatives de 2007, les Etats-Unis négocient avec les officiels
camerounais pour la mise en oeuvre d'un «réel» observatoire
national des élections. La question des élections a
été abordée par le Président de la
République et Jendayi Frayer, au cours de l'audience du 17
février 2006. Leurs entretiens portaient entre autres sur
l'amélioration de la gouvernance, du système électoral et
l'usage des urnes transparentes. La Secrétaire d'Etat a
réaffirmé le soutien de son pays au Cameroun (Lukong, 20
février 2006).
En 2003, les Etats-Unis ont mis en oeuvre un système
de soutien financier aux élections. Cette initiative est
également soutenue par l'Union Européenne (UE), le Canada et le
Japon.
Les Etats-Unis encouragent la décentralisation au
Cameroun. C'est dans cette optique qu'ils ont organisé en Avril 2005, un
séminaire auquel prenaient part 10 maires, 6 ministres et 5
parlementaires Camerounais.
Les Etats-Unis soutiennent la liberté des
médias à travers la sponsorisation des associations des
médias. L'Ambassade américaine a financé à Douala
la création de la société pour le développement des
médias en Afrique. Cet organisme s'étend sur 23 pays et a pour
rôle de protéger les droits des journalistes. Les Etats-Unis
soutiennent les ONG locales engagées dans la promotion et la protection
des droits de l'Homme.
Les Etats-Unis suscitent et encouragent les projets
d'éducation des parents et des enfants ; car suivant une
enquête menée auprès de 2000 personnes, 90 % d'enfants sont
battus à la maison et 97 % à l'école. Les Etats-Unis
oeuvrent en faveur de la promotion des droits de la femme et de la jeune fille
au Cameroun. Ils travaillent par ailleurs avec les responsables de la
défense et de la sécurité afin d'améliorer les
relations entre les forces armées et la société civile.
Les Etats-Unis ont en outre organisé des
séminaires de discussion et des vidéoconférences sur le
thème : «islam et tolérance religieuse». Le
but étant d'apaiser les consciences et de promouvoir la tolérance
et la liberté de religion66(*).
2- LE RAFFERMISSEMENT DE
LA STABILITE POLITIQUE
Ainsi qu'il ressort de la citation ci-dessus
mentionnée, la promotion de la démocratie au Cameroun a pour
objectif de garantir la stabilité politique du pays. Ceci peut sembler
d'autant plus légitime que l'on sait les pays les plus stables de la
planète sont ces qui brillent par leur maturité
démocratique. A contrario, l'instabilité sociopolitique qui
caractérise un grand nombre d'Etats africains trouve son fondement dans
la tendance à l'autoritarisme qui caractérise la plus part des
pays africains. Au terme de la visite du Président Paul Biya aux
Etats-Unis en Mars 2003, le chef du Département d'Etat d'alors faisait
savoir que the «Cameroon is a place of stability in that part of Africa
and we want to do every thing we can to strengthen the government and to
strengthen our relationship with Cameroon»67(*). C'est dire que les Etats-Unis s'engagent sinon
à renforcer, du moins à maintenir la stabilité politique
du Cameroun. Pour y parvenir, ils disent vouloir faire tout ce qu'ils peuvent
pour renforcer le gouvernement. Ce qui semblerait normal dans la mesure
où les investisseurs ont généralement besoin d'un
environnement sociopolitique calme et stable pour leurs affaires.
Il est vrai qu'en considération du rapport
présenté par le général James Jones devant le
sénat américain le 7 Mars 2006, les Etats-Unis le font d'abord
pour leur propre intérêt. Qui plus est, les investissements
Américains au Cameroun ces dernières années sont
croissants. Mais au passage, le Cameroun gagne la paix, le développement
et le progrès social. C'est donc dire que le soutien de la
stabilité politique au Cameroun s'inscrit en partie dans la
stratégie globale des Etats-Unis en Afrique : celle d'une Afrique
stable et démocratique, mieux, celle d'un environnement calme et propice
à leurs sécurité et à leurs investissements.
CONCLUSION
En somme, si la pétrostratégie américaine
est d'abord une manoeuvre visant à protéger
l'intérêt national des Etats-Unis, on peut dire qu'elle ne profite
pas moins au Cameroun. Non pas que ce dernier en profite passivement, car il
est encore libre de refuser la main des Etats-Unis, mais davantage parce qu'il
pose des actes rationnels de nature à atteindre des fins
d'intérêts national. C'est un cas d'interdépendance
à la mesure des effets qu'implique la coopération militaire entre
le Cameroun et les Etats-Unis.
CHAPITRE 4 :
UNE COOPERATION MILITAIRE
RICHE
D'OPPORTUNITES POUR LE
CAMEROUN
Le Cameroun n'entretient pas encore une coopération
militaire rigoureuse et fondée sur des textes concrets avec les
Etats-Unis. Toutefois, au regard des actes actuels et des perspectives qui
s'annoncent, on peut envisager l'avenir avec un peu plus d'enthousiasme. Tout
dépend actuellement de la volonté des décideurs
politiques, ainsi que pensent certains officiers des armées
camerounaises (Abba, Mabally, Tsanga, Octobre 2006). En attendant,
interrogeons-nous sur ce qui est déjà fait ou en passe
d'être fait. En effet, qu'est-ce que la coopération militaire
américano-camerounaise apporte au Cameroun ? Mieux, quel est
l'intérêt du Cameroun à coopérer militairement avec
les Etats-Unis ?
A l'évidence, pourrait-on dire, le Cameroun gagne
beaucoup à accentuer sa coopération militaire avec
l'hyperpuissance mondiale. Celle-ci lui permet de bénéficier non
seulement de ses initiatives de maintien de la paix en Afrique, mais
également de ses nouveaux impératifs de
sécurité.
SECTION 1 : LES INITIATIVES
AMERICAINES DE MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE
Les Etats-Unis s'engagent de plus en plus dans des missions
de sécurité et de maintien de la paix en Afrique. Certes,
l'Afrique représentait déjà dans les années 60 et
70 un intérêt stratégique par rapport à l'atlantique
nord, au golfe persique et à ses matières premières
(Whitaker, 1981 : 101). Mais davantage aujourd'hui, elle «
occupe une place de premier plan dans la nouvelle stratégie de
sécurité nationale » (Thompson, 2002 :30-34).
C'est pour cette raison que les Etats-Unis multiplient et raffermissent leurs
programmes de sécurité et de maintien de la paix sur ce
continent. Ces opportunités sont susceptibles d'apporter un certain
nombre d'intérêts aux pays africains et donc au le Cameroun. En
effet, le Cameroun est inscrit dans certains programmes militaires des
Etats-Unis en Afrique et bénéficie par ailleurs d'un certain
nombre d'aides.
A-LE CAMEROUN DANS LES PROGRAMMES
MILITAIRES DES ETATS-UNIS EN AFRIQUE
Tous les Etats africains ne bénéficient pas
également de tous les programmes militaires américains. Les
Etats-Unis sélectionnent les Etats en direction desquels vont leurs
initiatives. Le Cameroun quant à lui s'inscrit dans l'IMET, dans l'EDA
et dans une certaine mesure dans l'ACOTA.
1-LE CAMEROUN DANS
L'IMET
L'International Military Education And Training est un
programme militaire américain qui se charge depuis près d'un
demi-siècle d'éduquer et de former les militaires des pays
étrangers. Au Cameroun, cette formation est placée sous
l'autorité de l'attaché militaire auprès de l'Ambassade
des Etats-Unis68(*). La
formation reçue est de deux natures : initiale et continue. Dans le
premier cas, les militaires camerounais sont formés pour une
période de quatre ans. Il s'agit de ce qu'on appelle formation
académique ; car elle ne concerne généralement que de
jeunes aspirants qui reçoivent pour leur première fois une
formation militaire. Dans le second, ils suivent un stage de perfectionnement
dont la durée varie et dépend généralement du
besoin exprimé (entretien, Mabally, octobre 2006).
La formation est suivie au sein de certaines écoles
militaires américaines, telles que :
- Le War Collège ou école de
guerre ;
- Le Staff and Command où sont formés les
officiers d'Etat-major ;
- L'Ecole de Commandement d'Unités où sont
formés les officiers commandants d'unité.
Faisons par ailleurs mention d'autres écoles de
formation spécialisées telles que :
- Westpoint située dans l'Etat d'Alabama où sont
formés les officiers de l'armée de terre ;
- La U S Air Force Academy située dans le Colorado,
où sont formés les officiers de l'armée de l'air ;
- Nous avons aussi la US Navy Academy située dans le
Naculis où sont formés les officiers de la marine nationale
(entretien, Mabally, octobre 2006).
Ces écoles forment les officiers camerounais depuis
près de vingt ans (entretien, Colonel Abba, octobre 2006). Entre 2002 et
2006, une dizaine d'officiers camerounais ont reçu une formation
académique aux Etats-Unis (entretien, Capitaine Mabally, Octobre 2006).
Par ailleurs, au cours des mois qui précèdent Août 2005, 27
soldats et officiers camerounais ont reçu une formation spéciale
aux Etats-Unis (Zinga, 21 Août 2005).
Le programme IMET compte former 1400 officiers africains en
2006 pour un coût total de 15,6 millions de dollars69(*) ; soit environ 10
milliards de FCFA. La formation est reçue dans des domaines aussi
variés que la médecine, l'application, le haut commandement, la
mécanique...
Cette formation vise des objectifs tels que :
l'amélioration des relations entre civils et militaires, permettre au
Cameroun de participer plus efficacement aux opérations de maintien de
la paix dans la sous-région et ailleurs, améliorer le niveau de
langue anglaise des militaires camerounais70(*). Lors de sa visite au Cameroun le 20 Juillet 2006, le
général William Ward a manifesté le souhait des Etats-Unis
de renforcer la formation des officiers camerounais dans le cadre de
l'IMET71(*). Ces propos
confirment ceux de la sous secrétaire d'Etat aux affaires africaines
énoncés en février 2006 à l'occasion de
l'inauguration de la nouvelle chancellerie des Etats-Unis au Cameroun. Le
budget alloué à la formation des officiers camerounais depuis
quelques années est croissant, ainsi qu'on peut le constater dans le
tableau qui suit :
Année
Pays
|
2005
|
2006
|
2007
|
Cameroun
|
236 000
|
248 000
|
295 000
|
NB : ces sommes d'argent
sont en dollars américains.
Sources :
www.state.gov ,
www.defenselink.mil , et
www.fms.org .
2-LE CAMEROUN DANS
L'EDA
L'Excess Defense Article est un programme militaire
américain chargé plus spécifiquement des questions de
sécurité intérieure aux Etats africains. Comme son nom
l'indique, il vient en surplus aux autres programmes. Ses frontières ne
nous semblent donc pas clairement définies, notamment par rapport au
programme IMET.
Néanmoins, on peut retenir que l'article 516 de la
Foreign Assistance Act (FAA) intègre le Cameroun dans le budget de la
Fiscal Year (FY ou Année fiscale) 2007 en ce qui concerne l'EDA72(*). Les objectifs de ce programme
sont divers et variés. En effet, l'EDA vise le renforcement de la
sécurité intérieure du pays. Pour ce faire, il octroie
des moyens de lutte contre certaines activités criminelles telles que le
narcotrafic, le trafic des organes et des êtres humains... D'autres
moyens sont alloués aux déploiements des forces locales en vue du
maintien de la paix, à la professionnalisation et la modernisation de
l'armée, ainsi que des efforts militaires du Cameroun73(*). L'on peut mentionner ici le
soutien que les Etats-Unis apportent au Cameroun dans le cadre de la protection
de la forêt du bassin du Congo. Ils contribuent à y
protéger les ressources naturelles, marines, et les espèces
menacées de disparition.
Enfin, on peut s'interroger sur la nature de la formation
donnée par les Etats-Unis aux militaires camerounais à Koutaba,
il y'a de cela quelques années. En effet, au terme d'un entretien que
nous avons eu avec un officier camerounais au Ministère de la
Défense, nous avons appris que des militaires Américains ont
accordé une formation d'une durée limitée aux forces
camerounaises stationnées à Koutaba. Cette initiative a l'air
d'une formation isolée. Aussi se demande-t-on si elle s'inscrit dans le
cadre de l'ACOTA (car l'avantage de ce programme est de former les forces
africaines sur leur propre sol :entretien, Capitaine Mabally, octobre
2006); ou dans l'IMET ? En tout état de cause, on peut retenir que
le besoin ardent qu'éprouvent les américains à
contrôler le Golfe de Guinée est bien de nature à justifier
l'extension des théâtres de l'ACOTA (RECAMP, Octobre 2005), comme
par ailleurs ceux de l'OTAN (Ntuda, 2004 :44-47). ACOTA compte former 40
000 hommes en Afrique d'ici à 2010.
B-L'AIDE MILITAIRE MULTIFORME DES
ETATS-UNIS AU CAMEROUN
L'assistance militaire que les Etats-Unis apportent au
Cameroun est multidimensionnelle. Sans avoir à en constituer un
répertoire complet, nous en identifierons un certain nombre que nous
rangerons sous deux rubriques : l'aide technique et l'assistance
humanitaire.
1-L'AIDE
TECHNIQUE
L'aide technique consiste à apporter un savoir faire
artistique ou scientifique, relatif au bon fonctionnement d'un objet
donné. Sur ce plan, les Etats-Unis manifestent leur volonté de
soutenir le Cameroun. En effet, lors de leur passage au Cameroun, certains
militaires américains de haut rang ont dit en faire un de leurs
objectifs. C'est le cas du Colonel du corps de la marine R Barry Gronin qui,
pendant son séjour du 6 au 9 février 2006 à bord du navire
de guerre USS Emory S. Land, déclare: « le navire est au
Cameroun dans le but d'une assistance technique à la marine
camerounaise dans la cadre de la coopération et des relations qui
existent entre les deux pays » (Le Messager, 10 février
2005).
Dans le même ordre d'idées, les Etats-Unis ont
apporté leur assistance technique à la sécurité
aéronautique camerounaise. C'était lors d'un séminaire
organisé le 26 Février 2004 entre l'administration
aéronautique camerounaise et son homologue américain, dans le
cadre du projet « safe skies for Africa initiative ».
Pendant plusieurs jours, des instructeurs américains ont formé le
personnel de l'autorité aéronautique camerounaise (Cameroon
Tribune, 27 Février 2004). Ainsi qu'a déclaré le Directeur
Général de l'autorité aéronautique camerounaise,
Ignatius Sama Juma, l'administration de l'aviation civile camerounaise a
« bénéficié de trois séminaires ateliers
de formation de très haut niveau en sûreté de l'aviation
civile ».
2-L'ASSISTANCE
HUMANITAIRE
L'assistance humanitaire peut être définie comme
tout soutien dont le but est de venir en aide à certaines
catégories de populations camerounaises. Il s'agit
généralement des malades, des populations villageoises etc. Cette
aide est octroyée par les militaires américains. Toutefois, en
raison de leur rapprochement, nous avons tenu à développer dans
ce titre l'assistance fournie par les membres du corps de la paix.
L'attaché militaire auprès de l'ambassade des
Etats-Unis est chargé d'utiliser les fonds octroyés par le
département d'Etat, via la défense pour soutenir l'aide
humanitaire ainsi que la protection de la biodiversité au
Cameroun74(*). En juillet
2005, une équipe de 80 marines américains parmi lesquels 50
médecins ont offert des soins gratuits à certaines populations du
Nord Cameroun. Dirigée par le capitaine de Vaisseau Elisabeth Wolfe, la
présence de cette équipe s'inscrit dans le cadre du programme
« West Africa Training Curse Medical All rich Programm ».
Les maladies ciblées sont le paludisme et les infections cutanées
(Cameroon Tribune, 12 Juillet 2005).
Par ailleurs, des américains membres volontaires du
corps de la paix aident certains pays africains sur un certain nombre de
questions à coloration humanitaire. Ils sont environ 2200
dispersés dans 38 pays africains, dont à peu près 130 au
Cameroun. Ils s'investissent dans des domaines aussi variés que
l'éducation scolaire et sexuelle, la sensibilisation sur des questions
de santé telles que le Sida, la formation et le recyclage des
enseignants ; les échanges culturels entre le Cameroun et les
Etats-Unis75(*). Le 24
Août 2005, 23 membres du corps de la paix ont prêté serment
dans la salle des conférences de Bandjoun, à l'ouest du Cameroun.
Le budget alloué par les Etats-Unis au corps de la paix est aussi
croissant que les autres. Le constater dans le tableau qui suit :
Année
Pays
|
F Y. 2005
|
F Y .2006
|
F Y. 2007
|
Cameroun
|
2,827
|
3,028
|
3 ,043
|
NB : FY (fiscal Year ou
année fiscale)
Les chiffres sont en milliers de dollars.
Sources :
www.state.gov ,
www.defenselink.mil et
www.fms.org.
SECTION 2 : LES NOUVELLES
PRIORITES DE SECURITE AMERICAINE ET LES INTERETS DU CAMEROUN
Comme nous l'avons souligné plus haut, les Etats-Unis
se sont données de nouvelles priorités de sécurité
nationale dans lesquelles l'Afrique jouerait un rôle de première
place. L'Afrique dont le Cameroun ne peut y parvenir que si des moyens
conséquents lui ont été affectés. De ce fait, on
peut envisager la coopération américano-camerounaise en
matière de lutte contre le terrorisme comme étant mutuellement
bénéfique aux deux Etats.
A-LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU
CAMEROUN
Une coopération américano-camerounaise dans le
cadre de la lutte contre le terrorisme peut avoir plusieurs corollaires au
nombre desquels le renforcement de la sécurité
frontalière, l'amélioration de la sécurité maritime
et aéroportuaire.
1 - LE RENFORCEMENT DE LA
SECURITE FRONTALIERE
« Les frontières du Cameroun sont
très poreuses ». Remarque le capitaine Mabally (Octobre,
2006). Cet officier de l'armée camerounaise souligne aussi qu'il
n'existe pas, à proprement parler en l'état actuel des choses,
une action conjointe entre les Etats-Unis et le Cameroun, allant dans le sens
de la protection des frontières. Propos soutenus aussi par le Colonel
Abba de la direction des relations militaires internationales (Octobre,
2006).
Toutefois, au regard de la densité des
problèmes frontaliers que connaissent le Etats Africains et de
l'impératif américain de sécuriser ce continent en
général et le Golfe de Guinée en particulier, on peut
envisager une aide en direction de la protection des frontières.
Chassés de leur base en Afghanistan, les terroristes se réfugient
en Afrique parce qu'ici, les frontières sont mal
protégées. D'où le concours des Etats-Unis à la
protection des frontières (Lotte, Colomban et Dorgeret, Octobre 2005).
Par ailleurs, les Etats-Unis ont lancé en 2003 l' « African
coastal and border security Programm » (ACBSP). Il s'agit d'un
programme consistant à aider certains pays à protéger
leurs frontières en luttant contre des actes tels que la piraterie, la
contrebande, les trafics... (Volman, 2005). Il ne serait donc pas surprenant de
voir l'aide des Américains orientée dans ce sens. Tant il est
vrai que le Cameroun, pays de Golfe de Guinée, est une
« destination essentielle de la diplomatie Américains en
Afrique» (Lukong, 2006).
2- L'AMELIORATION DE LA
SECURITE MARITIME ET AEROPORTUAIRE
Ainsi que nous l'avons vu plus haut, le Golfe de
Guinée abrite de nombreux intérêts Américains. C'est
pour cette raison qu'ils encouragent et soutiennent la coopération entre
les marines de la sous-région afin qu'elles parviennent à une
sécurité plus efficace. En témoigne les conclusions de la
conférence de Naples en Octobre 2004. La force navale des Etats-Unis
stationnée en Europe a élaboré une stratégie d'une
durée de 10 ans pour sécuriser le Golfe de Guinée. Pour y
parvenir, ils envisagent d'augmenter la sécurité physique des
ports nationaux, améliorer le contrôle des zones
côtières, encourager la sécurité collective
au-delà des bandes littorales (James76(*), 2006).
Sur le plan de la sécurité
aéronautique, il semble utile de souligner d'abord que le
Cameroun ne dispose que d'un seul aéroport proprement militaire :
la base 101 de Yaoundé. Cela dit, l'armée de l'air partage avec
les civils les mêmes aéroports (entretien, Colonel Abba, octobre
2006). En 2003, les Etats-Unis ont fait au Cameroun un don de matériel
destiné à assurer la sécurité aéroportuaire
et aérienne. Propre à lutter contre le terrorisme, ce
matériel est destiné aux aéroports de Douala et de
Yaoundé Tsimalen. La liste du matériel reçu figure dans le
tableau suivant.
Nature du matériel
|
Aéroport de Douala
|
Aéroport de Yaoundé Tsimalen
|
Appareils au rayon X pour contrôle des bagages de
soute
|
2
|
4
|
Appareils au rayon X pour le contrôle des bagages de
cabine
|
4
|
4
|
Détecteurs d'explosifs
|
2
|
1
|
Portiques détecteurs de métaux ou
magnétomètre
|
6
|
4 portiques
8 magnétomètres
|
Les accessoires d'accompagnement tels les régulateurs de
tension
|
Non déterminés
|
Non déterminés
|
Sources : Cameroon Tribune,
27 février 2004.
Au moment où il recevait ce matériel, le
ministre des transports John Begheni Ndeh déclarait : «
cette acquisition est à n'en point douter l'une des plus importants
qu'aucun pays d'Afrique noir n'avait jamais reçue à ce jour en
matière de sécurité de l'aviation » ( Cameroon
Tribune, 27 février 2004).
B-LE SYSTEME AMERICAIN DE DEFENSE
AU PROFIT DU CAMEROUN ?
Nous-nous appesantirons dans ce titre sur deux
questions : le transfert de la technologie et la question du renseignement
militaire. Si la haute technologie militaire permet aux américains de se
hisser au rang de première puissance du monde, l'intense activité
de renseignement qu'ils mènent partout leur permet de recueillir les
informations nécessaires à la prise de décisions utiles.
1 -
COOPERATION ET TRANSFERT DE TECHNOLOGIE MILITAIRE
Les Etats-Unis sont aujourd'hui incontestablement la
puissance la plus avancée en matière de technologie militaire.
Des recherches sont encouragées dans ce sens grâce à un
budget titanesque qui s' élève en 2003 à 379
milliards de dollars (Richardot, 2003 : 38-42) ; soit plus de 250
mille milliards de FCFA.
Des avantages dans ce sens ne semblent pas encore avoir
été acquis au Cameroun. Mais, ils s'annoncent dans la mesure
où des arguments y relatif ont été avancés. En
effet, deux faits nous confortent dans cette logique. Suite à la
transformation de l'African crisis Response Initiative (ACRI) en African
contingency operation and Training Assistance (ACOTA) par le Président
Bush au printemps 2002, l'on assiste à un changement de tactique. Il y'a
extension des zones d'intervention de l'ACOTA. Le matériel
affecté aux forces africaines n'est plus non létal, mais de
véritables armes de combat. Un programme régional de maintien de
la paix est mis en oeuvre. Il vise un entraînement aux tactiques
offensives et un transfert de technologie militaire (Abramovici, 2004 :
14-15). Dans une perspective comparative, on peut envisager cet apport au
Cameroun dans une échéance plus ou moins brève77(*).
Au surplus, lors de sa visite au Cameroun le 05 mai 2005,
Madame Cindy L. Courville78(*) déclare que le Cameroun occupe une position de
leader au sein du COPAX. Qu'en tant que tel, les Etats-Unis comptaient
coopérer avec lui pour assurer la sécurité et la paix dans
la sous-région. Afin d'y parvenir, les Etats-Unis entendent mettre
à la disposition des forces armées locales des capacités
technologiques nécessaires pour assurer leur propre
sécurité ainsi que celle de la sous-région (Amayena, 06
mai 2005).
2 - LA QUESTION DU
RENSEIGNEMENT MILITAIRE
Nonobstant les failles constatées à la suite
des attentats du 11 Septembre 2001, les Etats-Unis disposent à n'en
point douter du système de renseignement le plus perfectionné du
monde. Des milliers d'hommes disséminés sur leur territoire et
partout dans le monde sont chargés à travers différents
organismes de recueillir les informations nécessaires aux politiques.
Des moyens conséquents sont alloués à ce service ô
combien important (Balthazar, Vaisse et David, 2003 : 193-200). Bien
entendu que ce système est développé essentiellement pour
assurer la sécurité des Etats-Unis. Mais, il
bénéficie aussi aux pays amis dans lesquels les Etats-Unis ont
des intérêts. Leur ambassade leur sert généralement
de relais de recueil, de traitement et de transmission des informations comme
ce fut le cas au Gabon, au Zaïre, ou au Congo Brazzaville pour le
problème Angolais dans les années 80 et 90 (Cohen, 2000 :
221).
Les exigences scientifiques ne nous permettent pas d'aller
jusqu'à affirmer avec la Nouvelle Expression (Bambou, 8 février
2006) le rôle de la Central Intelligence Agency (CIA) sur la
sécurité personnelle du président du Cameroun, ni la mise
à sa disposition de la liste des gestionnaires indélicats des
fonds publics. Néanmoins, on peut s'interroger sur l'engagement que les
Etats-Unis ont pris en Mars 2003 par la voix du Secrétaire d'Etat Colin
Powell lorsqu'il déclarait : « Cameroon is a place of
stability in that part of Africa and we want to do every thing we can to
strengthen the government and to strengthen our relationship with
Cameroon »79(*).
Renforcer leurs relations avec le Cameroun ne pose a priori aucun
problème majeur. Mais, comment parviendront-ils donc à maintenir
la stabilité politique, mieux, à renforcer le gouvernement du
Cameroun s'ils ne disposent pas d'assez d'informations ? Cette
préoccupation est d'autant plus lancinante qu'on sait que les Etats-Unis
réitèrent qu'ils veulent investir au Cameroun qu'ils
considèrent comme un partenaire de choix, qu'ils en ont les moyens et
que cette initiative peut être mutuellement bénéfique aux
deux Etats.
Qui plus est, l'information est un précieux instrument
d'aide à la décision politique. Le mythique secret d'Etat oblige
les autorités militaires à être très parcimonieuses,
voire réservées sur cette question pourtant possible80(*). En tout état de cause,
retenons que les Etats-Unis, comme d'ailleurs d'autres grandes puissances ont
l'habitude d'affecter leurs agents de renseignement au service des pays dits
amis. Il en est ainsi lorsque de cela dépendent les
intérêts nationaux des deux partenaires.
Au demeurant, l'Israël entretient une coopération
militaire assez pointue avec le Cameroun. Or en qualité d'allié
stratégique des Etats-Unis, cet Etat dispose aussi d'une capacité
de renseignement très avancée. L'Israël prend une part
importante dans la formation de la garde présidentielle du Cameroun,
tout comme il intervient en matière de renseignement. Il pourrait
travailler en collaboration avec les Etats-Unis dans cette optique. En tout
cas, cela ne nous semble pas utopique (entretien avec un Officier
supérieur des armées camerounaises, octobre 2006).
CONCLUSION GENERALE
Somme toute, la coopération militaire et
pétrolière entre les Etats-Unis et le Cameroun peut être
considérée comme un vecteur potentiel d'interdépendance
entre les deux Etats. Notre attention est restée focalisée non
seulement sur les deux acteurs principaux en quête d'intérêt
national, mais également sur l'Afrique en général et le
Golfe de Guinée en particulier. Ces zones étant
considérées comme le théâtre de projection de la
puissance et de confrontation des intérêts des différents
acteurs. Les deux partenaires dont le rapprochement contribue à
augmenter une fibre supplémentaire au tissu complexe
d'interdépendance observé dans les relations internationales
actuelles recèlent d'énormes intérêts
réciproques. Nous l'avons déjà mentionné,
certes ; mais il ne semble pas superflu de rappeler que
l'interdépendance telle que nous venons de le démontrer ne
signifie ni aliénation, ni épuisement de la souveraineté
des Etats, ni impossibilité d'une pareille dépendance
vis-à-vis d'un autre acteur ou d'autres Etats. Il ne s'agit en
réalité que de la mise en évidence d'un cas de
dépendance mutuelle entre deux Etats aux intérêts
réciproquement croissants.
Les Etats-Unis savent pouvoir tirer parti de la position
stratégique dont jouit le Cameroun sur ce continent. De multiples
intérêts nationaux commandent en fait que la première
puissance du monde élabore une stratégie dont la mise en oeuvre
dépend en partie de sa liaison avec l'Afrique et donc le Cameroun. Face
en effet aux puissances dites émergentes et toujours plus consommatrices
d'énergie, à la nécessité pour les Etats de se
rapprocher en vue de gérer les grands dossiers internationaux, à
l'inquiétude causée par l'ascension spectaculaire d'une Chine
difficilement contrôlable, à l'érosion avancée des
frontières nationales profitant aux réseaux terroristes toujours
plus menaçants, l'action, sinon la réaction passe par la
reconfiguration des grands espaces stratégiques du monde au mieux des
intérêts de l'hégémon. Voilà où se
situe l'intérêt de l'hyperpuissance américaine à se
rapprocher, puis à solliciter l'apport d'un pays dit « pauvre
très endetté » : le Cameroun.
Si le Cameroun doit servir de point d'appui à la
stratégie des Etats-Unis en Afrique en général et dans les
sous-régions Afrique Centrale et Golfe de Guinée en particulier,
il faut bien que la cause en vaille la peine. En relations internationales,
nous l'avons vu, les intérêts des différents acteurs ne
sont pas conciliables ; fussent-ils des alliés. Chaque Etat
étant également rationnel, met en oeuvre les moyens à lui
acquis pour atteindre des fins d'intérêt national. A en croire
Hervé Coutau-Bégarie (1999 : 68), c'est ça, la
stratégie. La coopération, souligne Henry Kissinger ([2001]
2003 :63), « n'est pas une faveur qu'un pays concède
à un autre. Elle sert les intérêts des deux
parties ». C'est ainsi qu'avide d'un certain nombre
d'intérêts, le Cameroun se rapproche des Etats-Unis. Il sait
pouvoir bénéficier de l'apport multidimensionnel de la
première puissance du monde. Ainsi que nous l'avons vu, la
coopération ici étudiée n'a rien d'un jeu à somme
nulle. Bien au contraire, c'est un jeu à somme variable. Il a permis au
Cameroun d'engranger à ce jour un certain nombre de
bénéfices. Le bilan que cette coopération permet de
dégager actuellement, tel que nous venons de voir, permet d'envisager
l'avenir avec un peu plus d'enthousiasme.
C'est bien là, à notre lecture, un
schéma d'interdépendance. Une interdépendance non pas
essentiellement économique telle que développée par Robert
Kéohane et Joseph Nye (1977), mais davantage stratégique et
symbolique. En effet, elle se veut plus stratégique du côté
des Etats-Unis dans la mesure où, disposant d'impressionnants moyens
divers et variés, ils élaborent subtilement une stratégie
dont la mise en oeuvre dépend en partie de leur déploiement sur
le terrain. Les Etats-Unis dépendent stratégiquement du Cameroun
dans la mesure où ce dernier est intégré dans leur
nouvelle pensée stratégique.
Le Cameroun par contre est plus déficitaire en terme
de moyens que de rationalité. Ce qui le réduit à une
stratégie plus réactive sinon passive, qu'active. C'est pour ces
raisons qu'il recherche l'appui américain, nécessaire à
l'atteinte de ses fins d'intérêt national.
L'interdépendance semble pour ainsi dire, plus symbolique que
stratégique.
Aussi, sans se munir du manteau du prophète, mais au
risque de sombrer dans l' [afro-péssimisme], il nous semble important de
jeter un regard prospectif sur cette coopération. Il s'agit de
s'interroger sur son éventuel revers sur le Cameroun en jetant un flash
sur l'ensemble de la sous-région. La tendance actuelle de la situation
impose une dose non pas de pessimisme, mais de vigilance par rapport à
l'avenir. L'on peut légitimement craindre un certain nombre d'ennuis
naissant directement ou non du renforcement de la coopération
américano-camerounaise. En effet, nonobstant les mécanismes qui
ont déjà été ou sont en passe d'être mis en
place pour maintenir la paix et prévenir les conflits, la
sous-région n'est pas à l'abri de tous les risques. Les richesses
naturelles du Golfe de Guinée suscitent des convoitises (Awoumou,
2005 :15-20). Les puissances qui convergent vers la zone déploient
des moyens pour asseoir leur stratégie. Le [positionnement]
français et américain au Cameroun est à cet égard
très révélateur. Il y a risque d'instrumentalisation de
l'Etat. Le refroidissement des relations, voire les conflits observés
entre les Etats de la sous-région en quête de leadership sont
aussi à craindre (Lestrange, Zélenko et Paillard, 2005 :
53-56). C'est en partie pour attirer l'attention positive des Etats-Unis afin
de pouvoir relayer leur leadership sous-régional que la Guinée
Equatoriale a développé une propagande de dénigrement de
l'image du Cameroun en 200481(*) (Chouala, 2005).
La bousculade des grandes puissances pour le contrôle
des ressources pétrolières, la mal gouvernance née du fait
que quelques unes d'entre elles soutiennent certains [pétro-Etats]
autoritaires et peu soucieux des valeurs démocratiques, les conflits
inhérents aux ressources pétrolières, la gestion
calamiteuse qu'en font les Etats africains ont fait demander à certains
observateurs si le pétrole n'est pas une malédiction en Afrique.
Vincent Ntuda Ebodé (2004 :44-47) constate pour sa part que
« la vocation pétrolière du Golfe de Guinée
n'est donc en soi ni une garantie de développement, ni une assurance de
sécurité, moins encore de gouvernance ou de
souveraineté ».
En dehors de ces perspectives d'ordre global, une
coopération militaire accrue avec les Etats-Unis risque d'accentuer la
dépendance du Cameroun vis-à-vis de la première puissance
du monde. Que l'on ne perde pas de vue cette idée selon laquelle la
domination et la quête de la puissance sont au coeur de la
stratégie des Etats (doctrine soutenue par Raymond Aron). C'est en tout
cas ce que constatent Lestrange, Zélenko et paillard lorsqu'ils
écrivent : « les pays producteurs dépendent
aussi des principales puissances militaires pour leur sécurité
intérieure et extérieure » (Lestrange, Zélenko,
Paillard, 2005 :90). Certes, à l'heure de la mondialisation, la
souveraineté des Etats est encore plus qu'hier, proche de la fiction
(Badie, 1999). Mais elle fait sens, et en son nom, les Etats invoquent leurs
droits vis-à-vis de l'extérieur. Alors, où est l'autonomie
stratégique de l'Etat ? Que fait-on du secret d'Etat ? Le
Cameroun ne risque t-il pas de sombrer davantage dans l'extraversion82(*) ?
Par ailleurs, le Cameroun risque fort d'accroître sa
dépendance vis-à-vis des investisseurs américains. Comme
nous l'avons vu en effet, depuis quelques années, les investisseurs
américains affluent au Cameroun. Il est vrai que, dans le cadre d'une
coopération mutuellement bénéfique, le Cameroun en tire
des dividendes certains. Néanmoins, on peut à cet égard
craindre une extraversion encore plus accrue de l'économie nationale.
Cet aspect peut sembler d'autant plus inquiétant qu'on sait que les
investisseurs locaux n'ont pas assez de moyens, du moins pour supporter un
environnement concurrentiel dominé par les multinationales
Américaines. Celles-ci peuvent être tentées d'abuser de
leurs positions dominantes. D'autre part, il est à craindre une
inflation dans certains secteurs de nature à sacrifier le consommateur.
L'on sait par exemple que depuis l'acquisition par voie de privatisation de la
SONEL par la société américaine AES, les factures
d'électricité ont pris un grand coût, devenant par
là même difficilement supportables par le camerounais de bourse
moyenne.
D'éventuels ennuis peut être ; mais, le
stratège les aurait intégré qu'ils seraient circonscrits
et donc maîtrisés, en ce sens qu'ils doivent servir plutôt
que desservir. Vivement que les richesses africaines cessent d'être
vues simplement comme une « malédiction » et
deviennent réellement un facteur de coopération,
d'intégration de développement et d'ordre dans les relations
internationales et stratégiques (Mvomo Ela, 2005 :11), où
chacun trouverait son juste intérêt.
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Loi N° 96-06 du 18 Janvier 1996 portant révision
de la constitution du 2 Juin 1972.
PROTOCOLE DE RECHERCHE
Le thème de ce mémoire s'intitule : une
lecture de la coopération américano-camerounaise depuis
2001 : contribution à l'étude des dimensions
pétrolière et militaire.
La nature relativement nouvelle de ce thème a
suscité de nombreuses difficultés au nombre desquelles
l'accès à l'information. En effet, en plus de la réticence
de certaines personnes rencontrées, l'accès aux ouvrages portant
sur la question a été notre principale difficulté. C'est
pour ces raisons que nous avons été obligés de nous
référer plus souvent aux articles publiés dans les revues,
magasines, l'Internet, et les quotidiens.
Nos recherches nous ont conduit à visiter tour
à tour des milieux tels que le Ministère des Relations
Extérieures. Ici, nous avons été à la direction des
affaires d'Amérique et des Caraïbes, et plus
précisément au Bureau des affaires d'Amérique du Nord.
Nous avons ensuite été au Ministère de
la Défense : ici, nous avons visité tour à tour
l'Etat-Major de l'armée de l'air, la Direction de la
sécurité militaire, la Direction de la coopération
internationale, la Direction des ressources humaines. Nous avons en outre
été à la Gendarmerie Nationale, à l'Etat-Major de
l'Armée de terre et à l'Etat-Major de la Marine Nationale. Enfin,
nous nous sommes rendus à l'Ambassade Américaine où nous
avons déposé auprès de l'attaché militaire une
demande d'accès aux informations restées malheureusement sans
suite favorable. Notre passage à l'Institut National de la Statistique
nous a permis d'obtenir quelques données sur les échanges
commerciaux entre le Cameroun et les Etats-Unis.
Nos recherches documentaires ont été
principalement effectuées dans des bibliothèques telles la
Fondation Paul Ango Ela de Géopolitique en Afrique Centrale, le Centre
Culturel Américain et les bibliothèques centrales des
Universités de Yaoundé I et II.
Les personnes avec lesquelles nous avons eu des entretiens
officiels au cours de ces recherches se situent notamment au niveau des forces
armées et de la Gendarmerie Nationale. Il s'agit entre autres
de :
1- Général Pierre Samobo (Major
Général des armées).
2- Colonel Abba Yagana (division de la coopération
militaire).
3- Capitaine de Vaisseau Tsanga (Etat-Major de la marine
Nationale).
4- Colonel Metogo Atangana Gabriel (Etat-Major de
l'armée de terre).
5-Lieutenant-colonel Ndam Bayard (Gendarmerie Nationale).
6- Lieutenant Colonel Melly Joseph (Etat-Major de
l'armée de l'air).
7-Chef de bataillon Onguéné Nérée
(MINDEF : Sécurité militaire).
8- Capitaine Mabally Christian (MINDEF : Direction des
ressources humaines).
Nous avons eu avec ces autorités des entretiens
simples et non directifs. Ce qui suppose qu'aucun questionnaire n'était
préparé à l'avance. Néanmoins, notre
préoccupation portait notamment sur un certain nombre de questions
telles :
-Le Cameroun entretient-il une coopération militaire
avec les Etats-Unis ?
-Quel est l'état actuel de la coopération
militaire entre le Cameroun et les Etats-Unis.
-Qu'est-ce qui justifie ces dernières années la
visite des militaires américaines de haut rang au Cameroun ?
-Quels seraient les intérêts des Etats-Unis
à coopérer avec le Cameroun ?
-Le Cameroun a-t-il un projet militaire avec les
Etats-Unis ?
-Le Cameroun a-t-il une politique militaire, une
stratégie de sécurité en Afrique Centrale ? et
en Afrique en général ?
-Comment le Cameroun assure t-il sa sécurité
frontalière, maritime, aéroportuaire ?
-Quel est l'apport des partenaires extérieurs dans
cette tâche ?
-Existe-t-il une action conjointe entre le Cameroun et les
Etats-Unis à propos des problèmes de
sécurité ?
-Quel est le rôle de l'armée camerounaise par
rapport aux enjeux du Golfe de Guinée ?
-Comment jugez-vous la position du Cameroun dans la Golfe de
Guinée ?
-En quoi peut-elle être utile à la nouvelle
stratégie africaine des Etats-Unis ?
-Le Cameroun participe t-il de la lutte contre le
terrorisme ? quel est, ou peut être son apport dans ce
sens ?
-Le Cameroun a-t-il un intérêt à
coopérer militairement avec les Etats-Unis ? Lequel ?
-L'armée camerounaise utilise t-elle du matériel
américain ? Lequel ? Depuis combien d'années ?
-Comment l'obtient-il ? par voie de don, ou
d'achat ? Quels en sont les coûts ?
-Quelle est la nature de l'aide militaire des Etats-Unis au
Cameroun ?
-Que dire du transfert de technologie militaire, et des
questions de renseignement ?
-Les officiers Camerounais reçoivent-ils des formations
militaires aux Etats-Unis : Depuis combien d'années en est-il
ainsi ? Quel genre de formation reçoivent-ils ? Dans
quel but se font-ils former ? Dans quelles écoles ?
ANNEXES
ANNEXE I : Les atouts socio-économiques du
Cameroun en Afrique Centrale
ANNEXE II : Les portes d'entrée de
Afrique
Source : (Hugon,
2005 :401)
ANNEXE III : Carte politique de l'Afrique
Source :
http://go.hrw.com/atlas/norm-htm
ANNEXE IV : Statistiques sur la dépendance
pétrolière des pays du golfe de Guinée.
Pays
|
% PIB
|
% Exportation
|
% Revenus
|
Nigeria
|
40
|
95
|
83
|
Angola
|
45
|
90
|
90
|
Congo Brazzaville
|
67
|
97
|
80
|
Guinée Equatorial
|
86
|
90
|
61
|
Gabon
|
73
|
81
|
60
|
Cameroun
|
4,9
|
60
|
20
|
Source : CEREMS, les
enjeux africains : quelles conséquences pour la politique de
défense ? Octobre 2005, p 20.
ANNEXE V : Tableau des échanges commerciaux
entre le Cameroun et les Etats-Unis (1999 -2002)
Produits
|
1999
|
2000
|
2001
|
Poids
|
Valeurs
|
Poids
|
Valeurs
|
Poids
|
Valeurs
|
Huiles brutes de pétrole
|
439 015
|
36 848
|
107 079
|
9 764
|
122 543
|
10 952
|
Carburants et lubrifiants
|
|
|
|
|
103 209
|
8 988
|
Bois sciés
|
6 808
|
2 199
|
8 501
|
2 839
|
7 855
|
2 676
|
Pâtes de Cacao
|
3 090
|
1 859
|
3 896
|
4 082
|
1 134
|
999
|
caoutchouc
|
5 766
|
2 184
|
2 392
|
1 151
|
1 895
|
877
|
Café
|
1 571
|
1 369
|
915
|
1 128
|
588
|
687
|
Feuilles de placages
|
898
|
763
|
284
|
229
|
620
|
478
|
compresseur, ventilateurs
|
2
|
3
|
|
|
18
|
298
|
Traverses en bois
|
80
|
14
|
947
|
176
|
667
|
145
|
Turbines et leurs parties
|
|
|
|
|
1
|
71
|
Coton
|
|
|
|
|
80
|
65
|
Avions et véhicules aériens
|
|
|
|
|
2
|
33
|
Total des produits retenus
|
457 230
|
45 239
|
124 014
|
19 369
|
238 612
|
26 267
|
Total
|
457 991
|
47 190
|
124 324
|
19 542
|
238 743
|
26 352
|
Source : Annuaire statistique du
Cameroun 2004 (INS).
ANNEXE VI : CARTE DE LA PRODUCTION ET DES RESERVES
PETROLIERES D'AFRIQUE EN 2005
Source : Alternatives Economiques
N° 250, septembre 2006, p. 67.
ANNEXE VII : CARTE D
ES RICHESSES PETROLIERES DU GOLFE DE GUINEE
Source : Lestrange, Zélinko
& Paillard, 2005 : Géopolitique du pétrole, un
nouveau marché, de nouveaux risques, de nouveaux mondes, Paris,
Technip.
ANNEXE VIII
EXTRAIT DU DISCOURS PRONONCE PAR L'AMBASSADEUR DES
ETATS-UNIS AU COURS DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU 19 JANVIER 2006 A YAOUNDE
(CAMEROUN)
Conférence De Presse De L'ambassadeur Des Etats
Unis Au Cameroun S.E Niels Marquardt
Yaoundé 19 Janvier 2006
Bonjour Mesdames et messieurs,...
A présent, parlons sérieusement de la
corruption. Le gouvernement camerounais, et le président Paul Biya
lui-même, ont déclaré une guerre ouverte contre la
corruption. Vous, les médias, avez un rôle très important
à jouer dans ce combat, ceci en recherchant la vérité, en
recherchant et en rapportant fidèlement les faits, en faisant preuve de
courage en informant le public - et en évitant d'exploiter
l'accès qu'ils ont au public pour régler des comptes ou pour
assouvir des desseins politiques. Les médias ont déjà
abordé avec succès la formidable question de transparence
publique, et ceci est tout à votre honneur.
C'est avec une grande tristesse que je déplore le fait
qu'une culture de corruption bien développée semble avoir pris
ses racines au Cameroun ces dernières années Aucune institution
ne semble immunisée contre ce dangereux virus, et la corruption est
pratiquée et justifiée par le commun des camerounais, c'est
à dire par de petits enfants, leurs parents, leurs grands-parents, les
fonctionnaires, bref, tout le monde. Les actes de corruption sont devenus si
communs et si banals que certains observateurs se demandent si le sens du
mot « corruption » a une connotation différente au
Cameroun. Offrir quelque chose à l'enseignant de votre enfant avant la
période des examens est un acte de corruption ; Offrir de l'argent
contre un service dans une administration est un acte de corruption ;
Prendre de l'argent en échange d'un marché ou d'un contrat
relevant de votre service est un acte de corruption.
La corruption existe dans tous les pays, et il revient
à chaque gouvernement de le combattre. La notion de base ici est que le
service public est une confiance publique. Par conséquent, aucun
employé, fut- il hautement qualifié, ne devrait
bénéficier d'une gratification personnelle, autre que sa
rémunération officielle, suite a un travail effectué dans
le cadre de son emploi. Dans mon pays, la corruption demeure une
préoccupation, et la guerre contre ce mal continue. Le Bureau d'Ethique
du Gouvernement des Etats-Unis est une organisation puissante qui prend
cette question très au sérieux. Au mois d'avril de chaque
année, mes collègues et moi devons remplir cette fiche SF-278,
dans laquelle nous déclarons nos biens et leur provenance. Je suis
heureux de me livrer à cet exercice tous les ans parce que je sais
que de nombreux autres officiels font la même chose que moi. Par
ailleurs, nous recevons, chaque année, une formation en
éthique, ceci pour nous rappeler continuellement les défis
et aussi les tentations qui pourraient, même par inadvertance, nous
amener à franchir la ligne entre rendre un service publique et violer la
confiance publique.
Loin d'être une simple théorie, cet examen
minutieux se traduit dans les faits. Le mois dernier, mon membre du
congrès, Randy (Duke) Cunningham, de San Diego en Californie, a
été surpris en flagrant délit de corruption et de trafic
d'influence dans le cadre d'une affaire liée à l'immobilier. Ces
faits ont été révélés et il a du
démissionner à la fin de l'année. Il est aussi inculper
pour des délits criminels qui pourraient déboucher sur un
emprisonnement ferme de dix ans. L'argent et le business ont été
confisqués. Des poursuites légales vont être
engagées contre ses corrupteurs. On voit donc que le système peut
ne pas fonctionner à 100%, mais les mécanismes de protection des
biens publics existent.
A mon avis, le Cameroun a les mécanismes
nécessaires pour assurer cette protection des biens publics, dans
l'article 66 de sa constitution. Le texte est court et efficace. Je vous le
lis « Le Président de la République, Le Premier
Ministre, les membres du gouvernement et assimilés, Le Président
et les membres du bureau de l'Assemblée nationale, Le Président
et les membres du bureau du sénat, les députés, les
sénateurs, tout détenteurs d'un mandat électif, les
Secrétaires Généraux des Ministères et
Assimilés, Les Directeurs des Administrations Centrales, Les Directeurs
Généraux des Entreprises Publiques et parapubliques, Les
Magistrats, les personnels des administrations chargées de l'assiette,
du recouvrement et du maniement des recettes publiques, tout gestionnaire de
crédits et des biens publiques, doivent faire une déclaration de
leurs biens et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de
leur fonction.
Une loi détermine les autres catégories de
personnes assujetties aux dispositions du présent article et en
précise les modalités d'application. »
Comme vous devez le savoir, l'article 66 fait partie des
articles de l'actuelle constitution qui n'ont pas encore
été mis en application. J'ai de bonnes raisons de croire que cet
article sera mis en application en 2006. Avec la bonne volonté et
l'engagement du gouvernement camerounais et l'attention des médias,
d'énormes progrès peuvent être réalisés cette
année. Nous espérons pour le mieux que les biens publics vont
revenir au public auquel ils appartiennent. Je ne parle pas seulement de
quelques cas d'individus qui acceptent des dessous de tables dans le cadre
de leur travail, mais je parle également et surtout de nombreux
cas de personnalités qui se servent de leur poste pour distraire des
millions de FCFA, en vue de leur enrichissement personnel. Comme l'a si bien
noté le président Paul Biya, il est impossible de lutter contre
la pauvreté quand une poignée de camerounais détournent
les fonds publics.
Maintenant que la guerre est déclarée, les
autorités doivent avoir les moyens pour la mener. Ce n'est pas assez de
publier les noms des personnes suspectées de corruption, ou de les
relever de leurs fonctions. Les personnes accusées de corruption
doivent être officiellement inculpées, poursuivies et
condamnées si leur culpabilité est établie. Dans le
même temps, leurs biens mal acquis doivent être confisqués
et retournés au trésor public. Le Cameroun doit montrer à
son peuple et au reste du monde que ce genre de crime ne paie pas. Pour
réussir dans cette démarche, les tribunaux doivent être
indépendants et à l'abri de toute interférence, pour
pleinement exercer leurs responsabilités dans la poursuite des cas de
corruption et autres crimes. L'autre aspect fondamental de la démocratie
est que personne n'est au dessus de la loi. Cette mesure peut être
difficile à appliquer, mais autant tout le monde est soumis au
droit, tout le monde devrait bénéficier d'un traitement juste et
équitable sous la loi. Le Cameroun a les structures nécessaires
pour assurer cette justice. Reste à les mettre entièrement en
pratique.
FIN
Source :
www.french.cameroon.usembassy.gov
NB : Ce site est géré par
le Département d'Etat des Etats-Unis.
100
ANNEXE IX
CARTE GEOPOLITIQUE DE LA SOUS-REGION AFRIQUE
CENTRALE
* 1 Au terme d'un entretien
que nous avons eu avec un politologue camerounais, enseignant à
l'Université de Soa, nous apprenons que le deux Etats se sont
rapprochés davantage à cette époque à la faveur de
l'élection du Secrétaire Général de l'ONU. Le
Cameroun et les Etats-Unis auraient coopéré afin de soutenir la
candidature de Kofi Annan.
* 2 Voir George Washington
cité par Alain (Fogue), 2002, Histoire diplomatique, extraversion
étatique et conflits politiques en Afrique noire, Thèse de
Doctorat.
* 3 Voir Encarta.fr.bizrate.com
* 4 Propos retenu par les
médias camerounais lors de la visite en février 2006 de la
secrétaire d'Etat adjointe aux affaires africaines, Madame Jendayi
Frazer au Cameroun.
* 5 Entretien avec un officier
supérieur des armées camerounaises.
* 6 Voir le site de l'Ambassade
américaine au Cameroun.
www.french.Cameroon.usembassy.gov
* 7 Voir les propos de
l'Ambassadeur Niels Marquardt sur le site de l'Ambassade des Etats-Unis au
Cameroun:
www.french.cameroon.usembassy.gov
.
* 8 Citation tirée du
communiqué de presse publié le jeudi 16 février 2006 sur
www.french.cameroon.usembassy.gov
* 9 Citation tirée du
discours prononcé par l'ambassadeur des Etats-Unis lors de
l'inauguration de la nouvelle chancellerie.
www.french.cameroon.usembassy.gov
.
* 10 Source: United States
Energy Information Administration (EIA).
* 11 Position
stratégique soutenue par certains officiers supérieurs des
armées camerounaises, tout comme quelques officiels américains en
visite au Cameroun.
* 12 Le Docteur Jendayi
Frazer est la secrétaire d'Etat adjointe des Etats-Unis aux affaires
africaines. En ce moment, elle est en visite au Cameroun à l'occasion
de l'inauguration de la nouvelle chancellerie des Etats-Unis.
* 13 La CEMAC est la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale.
Instituée en 1994, elle entre en vigueur en 1999.
* 14 Produit Intérieur
Brut.
* 15 Voir site du
département d'Etat
www.state.gov Bureau of african
affairs, January 2006.
* 16 Voir
www.state.gov op. Cit.
* 17 Voir à cet
égard les journaux CRTV radio de 13 h et CRTV télé de 20h,
du 20 juillet 2006 au sujet de la visite de William E. Ward, Commandant adjoint
des forces des Etats-Unis en Europe au Cameroun.
* 18Voir Encarta
fr.bizrate.com
* 19 Nous empruntons ce
néologisme au Dr W Mvomo Ela dans son article intitulé
« Pétrostratégie et appel d'empire dans le golfe de
guinée » Il renvoie à la stratégie
pétrolière.
* 20 Selon la USEIA, le
Cameroun qui exportait environ 107 000 barils/jour en 2001, n'exporte
plus que 62 000 barils/jour en 2004.
* 21 Nous empruntons ce
néologisme à Stefan Mair dans son article « terrorisme
et Afrique, sur les dangers de nouveaux attentats en Afrique
subsaharienne ». Par pétro-Etats, il fait allusion aux Etats
dont l'économie repose essentiellement sur la commercialisation des
produits pétroliers. (Cf. annexe 4).
* 22 Voir RFI service pro, 27
juin 2006 par joannidis.
* 23 Voir David Applefield sur
le site
http://insider.washingtontimes.com
* 24 Voir David Applefield, op.
Cit.
* 25 Cf. Journal CRTV,
télé, 30 octobre 2006, 20h30.
* 26 PIB signifie Produit
Intérieur Brut. C'est le volume de richesse produit à
l'intérieur d'un pays pendant une période donnée. Cette
période est généralement d'un an.
* 27 Suite à un
entretien que nous avons eu avec un officier de la marine camerounaise, nous
avons appris que les Etats-Unis cheminent dans ce sens, même si des
accords ne sont pas encore signés.
* 28 Voir Fogue (Alain),
Histoire diplomatique, extraversion étatique et conflits politiques en
Afrique noire, Thèse de Doctorat, 2002. 381pp.
* 29 Information obtenue au
cours d'un entretien que nous avons eu avec un politologue, enseignant à
l'Université de Soa.
* 30 Voir
www.state.gov
* 31
www.state.gov
* 32 Ce message a
été lu à la CRTV télé le 19 mai 2003.
* 33 Propos de Colin Powell,
publiés sur le site
www.afritude.net le 22 mars 2003
lors de la visite du Président Paul Biya aux Etats-Unis.
* 34 Voir RT 18 MAI 2006, le
messager, « Cameroun : géostratégie, les
américains démentent tout projet de base militaire au
Cameroun ».
* 35 Voir ENS.CG (Ecole
Normale supérieure, centre de géostratégie de paris), sur
www.géostratégie.ens.fr,
et
www.hydrocarbures/fichier
.
* 36 Voir
www.géostratégie.ens.fr
.
* 37 Cette conférence
regroupait un certain nombre de pays ayant des intérêts dans le
golfe de Guinée. L'objectif était de réfléchir sur
les moyens à mettre en oeuvre pour y assurer la sécurité
maritime.
* 38 Voir le site
www.géostratégie.ens.fr
.
* 39 Voir le site de
l'Ambassade Américaine au Cameroun :
www.french.cameroon.usembassy.gov
.
* 40 Voir Cameroon Tribune
du 27 février 2004 sous le titre «Sécurité
aérienne : l'appui des Etats-Unis au Cameroun».
* 41 Anonymat requis.
* 42 Daniel Volman est le
Directeur du programme de la recherche pour la sécurité en
Afrique, au Département d'Etat.
* 43 Ce terme est
utilisé par Hervé Coutau-Bégarie dans Traité de
stratégie Paris, économica, 1999, P.70.
* 44 Nous n'avons pas eu
l'autorisation de citer le nom et le grade de cet officier supérieur.
* 45 Le pré
carré est une zone d'influence politico-économique et culturelle,
composée d'un ou de plusieurs pays et généralement acquise
à une puissance étrangère. Tel est le cas de l'Afrique
centrale pour la France.
* 46 Kinshasa est la capitale
de la République Démocratique du Congo.
* 47 Nous paraphrasons ici
les propos du Docteur Hilaire de Prince Pokam prononcés au 2003
lorsqu'il dispensait le cours de institutions et relations internationales.
* 48 Il ne nous a pas
été permis de révéler l'identité de cette
source.
* 49 Le RDPC (Rassemblement
Démocratique du Peuple Camerounais) est le principal parti politique au
Cameroun.
* 50 Voir le site
www.state.gov du 22 mars 2003 sous le
titre : « Remarks after meeting with Cameroon President
Biya ».
* 51 Voir Le Messager du 10
février 2005 sous le titre « l'armée
américaine aux portes du Cameroun ».
* 52 Cf. le site
www.state.gov
* 53 Le Docteur Cindy L.
Courville est le Directeur du Conseil National de Sécurité en
charge de l'Afrique et conseillère du Président George Bush.
* 54 Voir Le Messager du 18
mai 2006 : « Cameroun :
Géostratégie ; les Américains démentent tout
projet de base militaire au Cameroun ».
* 55 Cf. Hilaire de prince
Pokam, Institutions et relations internationales, 2003.
* 56 Voir infra
(introduction).
* 57 Information obtenue sur
RFI (Radio France Internationale) le 14 février 2007 au lendemain de
l'accord de Pékin entre la Chine, le Japon, la Russie, les Etats-Unis et
la Corée du Nord à propos du programme nucléaire de ce
dernier.
* 58 Nous tenons cette
information d'un cadre de l'administration camerounaise, lequel a requis
l'anonymat.
* 59 Cette citation est
tirée du discours prononcé par Niels Marquardt, le 4 juillet 2006
lors de la célébration pour la première fois de la
fête nationale des Etats-Unis au sein de leur chancellerie au
Cameroun.
* 60 Voir le site
www.isf.net
* 61 Ces informations sont
disponibles sur le site de l'ambassade américaine au Cameroun :
www.french.cameroon.usembassy.gov
* 62 Voir le site
www.rdpcnrw.org et Cameroon Tribune
du 9 février 2007.
* 63Nous tenons cette
information de l'entretien que l'Ambassadeur américain a accordé
à Canal 2 Internationale dans le cadre l'émission
télévisée « Au rythme du monde »,
février 2007.
* 64 Voir le site
www.isf.net
* 65 Information retenue du
journal de la CRTV télé du 8 Novembre 2006 à 20h 30,
présenté par Ibrahim Shérif .
* 66 Toutes ces informations
sont disponibles sur le site de l'ambassade des Etats-Unis au Cameroun :
www.french.Cameroon.Usembassy.gov
* 67 Voir ces propos sur le
site du Département d'Etat Américain :
www.state.gov
, « remarks after meeting with Cameroon president
Biya ».
* 68 Voir «
ambassade, bureau de l'attaché militaire sur le site
www.french.cameroon.usembassy.gov
* 69 Voir site du
Département d'Etat et de la défense :
www.state.gov et
www.defense.link.mil .
* 70 Il s'agit ici en
particulier de ceux qui sont formés en Anglais dans le laboratoire de
langue mis en oeuvre par les Etats-Unis à l'EMIA.
* 71Information tirée du
journal de 20h30, CRTV (télé), 20juillet 2006.
* 72 Voir le Site de Foreign
Military Sales :
www.fms.org .
* 73
www.fms.org op. Cit.
* 74 Voir
www.frenh.cameroon.embssy.gov
: « l'ambassade, bureau de l'attaché
militaire ».
* 75 Voir
www.french.cameroon.usembassy.gov:
« l »ambassade : le corps de la paix ».
* 76 Le général
James .Jones est le commandant des forces des Etats-Unis en Europe. Il
présentait ce rapport devant le comité des services armés
du Sénat le 7 Mars 2006.
* 77 Cette idée vient
d'un officier des armées camerounaises qui a requis l'anonymat.
* 78Le Dr Cindy L. Courville
est alors conseillère du Président George Bush.
* 79 Voir le site du
Département d'Etat
www.state.gov Sous titre:
« Remarks after meeting with Cameroon president Biya » 22 Mars
2003.
* 80 Entretien avec un officier
qui a requis l'anonymat.
* 81 La Guinée
Equatoriale accusait le Cameroun d'abriter une base de mercenaires
chargés de renverser son pouvoir. Ce qui a entraîné
l'expulsion massive de la diaspora camerounaise vivant dans ce pays.
* 82Voir Fogue (Alain)
,2002 Histoire diplomatique, extraversion étatique et conflits
politiques en Afrique noire, Thèse de Doctorat, Université
Robert Schuman de Strasbourg, 381 p.
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