Université de
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
Unité de Formation et de Recherche des Sciences
Sociales et des Humanités
Histoire médiévale
Mémoire de deuxième année de
Master :
Maÿlis Outters
La nomination des animaux par Adam
dans l'Occident latin du XIIe au XVe
siècle.
Étude iconographique
2006
Sous la direction de Monsieur Bruno LAURIOUX
et de Madame Marie-Anne POLO de BEAULIEU
Introduction
Le premier acte du propriétaire d'un animal est
de lui donner un nom, tous les chiens en ont, chaque mouton a reçu le
sien du berger. Par cet acte l'homme s'approprie l'animal, il devient son
maître. Mais le nom est rarement dû au hasard, il peut correspondre
à un aspect physique ou comportemental de l'animal. Et cet acte de
nommer l'animal remonte selon la tradition chrétienne aux premiers jours
de la Création, c'est même le premier acte officiel de
l'Homme.
Les récits bibliques du cycle de la
Création plantent tout d'abord le décor du paradis terrestre dans
lequel se trouvait Adam. Les exégèses contemporaines ont
divisé le récit de la Création en deux parties. Deux mains
semblent avoir rédigé ce récit, et les deux textes ont
été accolés. Le récit «yahviste» est de
tradition plus ancienne et reflète le mieux les croyances tribales
d'Israël véhiculées oralement. Le récit sacerdotal,
qui a été mis par écrit par les prêtres en exil
à Babylone, fixe le début de l'Histoire sainte par la
création de l'univers.
D'après le récit de tradition
«sacerdotale» (Gn. I), Dieu fit le jour et la nuit et leurs
luminaires, le ciel peuplé d'oiseaux, la mer grouillante de poissons et
la terre habitée par les bêtes et les hommes.
Après avoir créé l'environnement de
l'homme, Dieu instaure une hiérarchie parmi les créatures.
À l'homme, qu'il fit mâle et femelle (Gn I, 27), il donna la
supériorité sur toutes les créatures terrestres, animales
comme végétales.
Le récit «yahviste» (Gn. II)
centré sur l'homme, donne quelques précisions quant à
cette supériorité de l'homme. Dieu demande à Adam de
nommer tous les animaux pour qu'il puisse ainsi se les approprier et les
dominer, car «nommer c'est à la fois savoir et avoir»1(*). Les noms des animaux
déterminent leur fonction sur la terre, Adam manifeste donc dans cette
scène son discernement, sa science et son pouvoir, son rôle de
seigneur de la terre. Toute la sagesse d'Adam trouve sa source dans cet
épisode, avant l'acte du péché originel qui va en partie
ruiner la réputation du premier couple.
Cette rencontre entre Adam et les animaux devait aussi
combler le sentiment de solitude du premier homme. Dieu dit : non est bonum
esse hominem solum faciamus ei adiutorium similem sui2(*) , cette aide sera utile,
entre autre, à la reproduction du genre humain. Adam passe alors en
revue tous les animaux, mais aucun animal ne lui convient, aucun ne comble sa
solitude, aucun ne lui ressemble. D'où l'indispensable création
d'Ève qui suit le passage de la nomination des animaux.
Dans les commentaires, cette scène de la
nomination des animaux est occultée par d'autres passages de la
Création. En amont par la création des animaux et de l'homme, et
plus largement de tout l'univers, en aval par la création de la femme et
surtout par tout le récit du péché originel. La nomination
des animaux se retrouve écrasée entre ces deux grands temps de la
Genèse. Elle fait partie des actes de la Création, puisque
l'imposition du nom parachève la création des animaux qui
obtiennent ainsi une raison d'être, mais elle appartient aussi au
récit de la vie du premier homme3(*). Notons ainsi que le jeu d'Adam (XIIe s.), premier
drame liturgique en langue vulgaire, retrace la vie du premier homme en
ignorant la scène de la nomination, Adam est avant tout le premier
pécheur. La faible place qu'occupe la scène dans les
commentaires, dans la pensée médiévale explique le peu de
représentations iconographiques qui la concernent.
On retrouve cette représentation
iconographique4(*) dans quelques bibles
où l'enluminure tient une place particulière. Car si dans la
plupart des bibles médiévales une des rares pages
enluminées est l'initiale de la Création représentant les
Six jours de la Création, la nomination des animaux est rarement
comprise dans ces six jours. Il faut donc attendre le XIVe siècle, et le
développement des bibles historiales richement enluminées,
spécialement celle de Guiart des Moulins qui connût un grand
succès durant deux siècles. L'enrichissement des manuscrits de la
Bible, multiplie les enluminures de la «nomination des animaux».
Le genre littéraire qui nous offre le plus grand
nombre de représentations de la nomination des animaux est celui du
bestiaire. Les bestiaires font partie des manuscrits les plus richement
enluminés, car ils sont destinés en grande partie à
l'aristocratie et une enluminure accompagne chaque article d'animal. Certains
bestiaires introduisent leurs énumérations d'animaux par le
récit de la Création et plus particulièrement par la
dénomination des animaux accomplie par Adam. En premier lieu parce que
la Bible reste une référence pour beaucoup d'ouvrages savant,
considérée comme le plus vieux livre de l'humanité, son
ancienneté lui donne autorité. En second lieu parce qu'Adam est
le premier qui donna les noms aux animaux qui sont répertoriés
dans le bestiaire, «de même que les bêtes se présentent
devant Adam lorsqu'il leur donne leurs noms, de même elles passent
ensuite devant le lecteur du bestiaire en un défilé solennel de
symboles»5(*). Enfin beaucoup de
bestiaires placent la scène de la nomination des animaux dans les
chapitres sur le bétail, en suivant le texte des Étymologies
d'Isidore de Séville (636), qui est la base de tous les
bestiaires médiévaux avec le Physiologus.
Nous disposons aussi du cas d'une encyclopédie,
Le Livre des propriétés des choses de Barthélemy
l'Anglais ( v. 1250), encyclopédie très diffusée qui
introduit son chapitre sur les animaux terrestres par la nomination que fit
Adam. Si les enlumineurs aiment à représenter les
différents animaux mentionnés, rares sont ceux qui
représentent la nomination des animaux.
Enfin pour enrichir ce corpus d'enluminures, nous avons
jugé utile de nous référer à des mosaïques,
des fresques et des tapisseries du XIe et XIIe siècles, qui furent
certainement des modèles recopiés. La mosaïque de la
Création de Saint-Marc de Venise, elle-même
héritière de modèles byzantins, a eu un certain
rayonnement sur les enluminures des bestiaires.
De l'étude iconographique, ressortent plusieurs
types de nomination.
Selon la représentation fidèle de la
scène biblique, Adam est nu, Dieu est présent en personne ou
symboliquement. L'enlumineur cherche à reproduire plus ou moins
fidèlement des éléments du paradis terrestre.
Le deuxième type cherche plutôt à
montrer une hiérarchie entre l'homme et l'animal et la puissance de
l'homme. Cette supériorité s'exprime en premier par le
vêtement d'Adam dont la présence ne peut qu'être
significative, puisqu'au moment de la nomination Adam est censé
être nu. Adam est vêtu comme un patriarche ou comme un
évangéliste des enluminures carolingiennes, il peut être
assis sur un trône, tenir un phylactère, il n'est plus
créature parmi les créatures, il est roi de la Création.
L'homme créé à l'image de Dieu est comparable au Dieu
créateur. L'époque de l'explosion des écoles et des
universités ne pouvait ignorer le premier acte savant de l'homme. Adam
est le premier maître, parfois vêtu et coiffé comme un
maître médiéval, trônant en chaire et qui enseigne
ses vérités.
D'autres enluminures mêlent les deux passages de
la Genèse traitant de la domination de l'homme sur le monde animal (Gn.
I, 26 et II, 19-20), ce qui explique la présence occasionnelle
d'Ève : c'est au genre humain que revient cette domination. Le
deuxième récit de la création n'est que la version
sensible d'un premier récit idéal6(*).
Une autre piste parait intéressante à
explorer : les animaux. Dans la Bible, aucune mention n'est faite des animaux
amenés et nommés par Adam, l'artiste est alors libre de choisir
ses animaux (s'il ne recopie pas un manuscrit). Ils sont soit les
représentants d'un groupe, soit une référence symbolique.
Comme l'a noté Michel Pastoureau l'animal a connu une formidable
promotion dans le christianisme médiéval par rapport à
l'Antiquité païenne. «Le Moyen Âge chrétien
le place sur le devant de la scène et le dote d'une âme plus ou
moins rationnelle»7(*). L'animal
est avant tout symbolique pour l'Église, chaque animal choisi dans une
enluminure a une raison symbolique.
L'époque paléochrétienne offre
l'iconographie la plus développée au niveau quantitatif de la
nomination des animaux, elle suit en grande partie le modèle
d'Orphée charmant les animaux8(*). Puis il faut attendre le XIIe, pour retrouver cette
scène sur les fresques des églises en Ombrie, dans les
mosaïques vénitiennes puis dans les bibles et dans les bestiaires.
Le XIIIe siècle connaît un véritable enrichissement
qualitatif et quantitatif des enluminures. La surenchère d'enluminures,
que connaissent les derniers siècles du Moyen Âge,
nécessite de nouveaux sujets iconographiques, ou une élaboration
d'anciens sujets. C'est dans ce contexte que se multiplient les enluminures sur
la nomination des animaux. Elles se multiplient aussi pour d'autres raisons
culturelles ; d'une part l'intérêt intellectuel pour le nom et
d'autre part l'intérêt artistique pour les jardins et plus
spécialement le jardin paradisiaque, qui fait que les scènes du
paradis terrestre sont richement enluminées.
En effet à partir du XIIe siècle un
nouveau débat divise les sphères philosophiques et
théologiques de l'Occident Médiéval. La question des
universaux donne du fil à retordre aux plus grands penseurs des
siècles du Moyen Âge central et tardif. Les noms imposés
par les hommes aux réalités deviennent objet de débat :
ont-ils une existence réelle, ou seulement intellectuelle, sont-ils
corporels ou incorporels, mais aussi, quelle est l'origine de ces notions
générales ? Est-ce justement Adam le premier homme qui les a
inventés, ou l'humanité, qui peut alors nommer, et comment
nomme-t-il ? Ces questions autour du nom vont en quelque sorte permettre
aux intellectuels de s'identifier les uns par rapport aux autres, et alimenter
les nombreux débats entre écoles, puis entre
universités.
L'intérêt du Moyen Âge pour
l'origine des mots s'exprime aussi par l'étude des étymologies
qui est quasi systématique, pour comprendre un mot, depuis Isidore de
Séville, qui est le grand référent du
Moyen Âge.
Enfin, il est intéressant de constater que notre
actuel système de désignation des personnes s'est installé
du XIe au XIIIe siècle. La pénurie du stock de prénoms a
provoqué l'apparition des noms. Les hommes ont dû se
différencier, s'identifier par l'emploi d'un surnom.
Par ces quelques exemples nous voyons que le nom a un
importance capitale et qu'il intéresse au plus haut point philosophes et
théologiens.
Or le passage de la Genèse qui est l'objet de
notre étude nous montre les premières nominations de l'homme. La
Bible est la première référence pour les
théologiens, par elle doivent s'éclaircir les questionnements de
l'homme. C'est ainsi qu'Isidore de Séville se reportera au passage de la
Genèse sur la nomination des animaux pour introduire son propos sur les
animaux domestiques dans ses Étymologies. Une vaste
problématique se pencherait sur l'impact de cette scène sur ces
questions. Dans notre étude, nous chercherons à comprendre
comment l'iconographie représente ces questionnements, ces notions
liées à la nomination. Quels sont aussi les évolutions
quant à la réflexion sur le nom, et comment sont-elles
figurées sur les enluminures ? Les enluminures sont souvent des
condensés de théologie, où peuvent être
illustrées plusieurs notions.
Pour analyser les différentes sources qui
s'offrent à notre étude, nous avons donc cherché dans les
sites iconographiques des bibliothèques9(*), dans les catalogues de bibliothèques, ou autres
supports, des enluminures sur la nomination des animaux. Ce travail de
recherche fait, nous avons effectué un dépouillement
systématique des sources, autant que possible, autour du
manuscrit : datation, auteurs, enlumineurs, destinataire, possesseur,
langue. Une grosse partie de ce travail a été effectué en
master 1. Puis nous avons identifié le texte en rapport avec
l'enluminure : le passage de la Genèse, le commentaire d'Isidore
de Séville sur ce passage, dans ses Étymologies, pour
les bestiaires, ou encore des gloses dont celle inspirée de
l'Historia scholastica de Pierre le Mangeur (1180) et la glose
ordinaire issue de la bible française du XIIIe siècle10(*) . Ces enluminures ont
été comparées entre elles, les spécialités
de chacune identifiées et dans la mesure du possible expliquées.
Les récurrences aussi ont été notées pour
reconnaître des idées générale, acceptées par
tous. Les absences de certains animaux ont été
relevées.
Pour les différentes interprétations il a
été nécessaire de chercher chez les auteurs
médiévaux, leurs explications et leurs commentaires. En premier
lieu ceux qui auraient pu influencer les enlumineurs. À commencer par
saint Augustin qui est l'un des Pères de l'Église le plus
influent au Moyen Âge, puis d'autres intellectuels
médiévaux, «ceux qui font métiers de penser et
d'enseigner leur pensée»11(*), qui ont pesé dans la pensée
médiévale et dans les esprits. Au même rang que saint
Augustin, les commentaires de la Genèse des Pères de
l'Église ont une place importante dans la pensée
médiévale, ils servent souvent de fondement aux commentaires
médiévaux. Après la renaissance du XIIe siècle qui
apporte un renouveau dans les Arts et un épanouissement de la culture
patristique latine, le bouillonnement philosophique du XIIIe siècle,
dans les écoles et les universités, renouvelle la manière
de voir les choses. Un choix a du alors être fait entre les
théologiens, les philosophes et les intellectuels. Nous avons choisi
ceux dont les idées ont été reprises et ont apporté
une nouveauté dans la théologie comme Robert Grosseteste
(1253), Thomas d'Aquin (1274), Albert le Grand (1280) et
Maître Eckhart (1328), mais aussi ceux qui véhiculent les
idées communes, acceptées par tous, comme Isidore de
Séville (636) ou Honorius Augustodunensis (XIIe s.).
Dans notre corpus iconographique nous retrouvons l'homme
face aux animaux, l'homme dominant les animaux. C'est un schéma, souvent
lié à un mythe religieux, que l'on retrouve dans beaucoup de
civilisations. Dans l'Orient Ancien, Enkidu compagnon de Gilgamesh doit choisir
entre la vie parmi les animaux, qu'il protège, et la vie parmi les
hommes12(*) , la civilisation de
l'Ancien Testament, nous montre Noé qui sauve l'espèce animale du
Déluge, puis dans la culture gréco-romaine Orphée charme
et dompte tous les animaux par son art musical.
Le christianisme médiéval, issu des
traditions hébraïque et gréco-romaine, interprète
cette domination à sa manière. Jusqu'au XIIIe siècle la
plupart des manuscrits de notre corpus sont l'oeuvre de clercs, inspirés
par des écrits de clercs. Les enlumineurs qui ont
représenté la nomination des animaux par Adam, ont soit
recopié l'enluminure d'un autre manuscrit, soit ont été
inspirés par un modèle intellectuel ou un concept
théologique, en rapport avec le passage de la Genèse. Aux XIVe et
XVe siècles, les schémas restent les mêmes, bien que la
touche laïque soit pour certains manuscrits de plus en plus lisible.
Pouvons nous en déduire une certaine vision des clercs sur le monde
animal ? Les animaux ayant été nécessairement
choisis, sélectionnés dans le parc animalier à disposition
des enlumineurs, quels sont ces animaux ? Quel reflet peuvent-ils nous donner
de la société médiévale ? Quelle évolution
constater quant au choix des animaux et que révèle-t-elle
?
Par la nomination, Adam n'est plus seulement le premier
homme, mais il devient aussi roi de la création. en nommant les animaux
il prouve qu'il les connaît. Comment est représenté l'Adam
«savant», celui qui est dans la pleine connaissance divine ?
Quelle place obtient-il dans la théologie
médiévale ?
De plus, ce sujet iconographique nécessite
parfois la représentation du paradis terrestre. Il est le pendant du
paradis céleste, l'un se trouvant à l'alpha et l'autre à
l'oméga. La société médiévale est une
société eschatologique, pour qui le Paradis est le but ultime
à atteindre. Du moins les clercs essayent de sensibiliser le
chrétien à ce but. La vision du paradis terrestre, à
travers l'iconographie de la nomination des animaux est alors très
intéressante. Quel est ce Paradis idéal perdu par le
péché de l'homme, comment est-il considéré, peut-on
là encore constater une évolution dans cette
représentation ? Dans quels manuscrits retrouvons- nous les images
les plus développée du paradis ?
Plus largement quels sont les différents enjeux
liés à la nomination d'après les commentaires et comment
ces enjeux sont-ils rendus dans l'iconographie ? Quelle évolution
constater à travers les textes et les images quant à
l'interprétation de cette scène ? Qu'indiquent ces
interprétations sur le monde contemporain, que reflètent-elles de
la pensée médiévale ? Quel écart peut-on
constater entre les enluminures et le texte ?
Nous répondrons à ces diverses
interrogations en deux parties.
La nomination des animaux touche quatre notions
fondamentales : la parole, la science, l'autorité et la
sexualité. En parlant, en nommant d'autres créatures, l'homme se
distingue foncièrement de l'animal. Par la nomination, Adam met à
jour son omniscience en trouvant un nom qui correspond à chaque
animal : la nomination et la connaissance sont deux notions intimement
liées. L'homme obtient la suprématie sur le monde animal, il
devient seigneur de l'Éden. Cette scène précédant
la création de la femme a des conséquences sur la relation qui
unira les deux humains.
Cette iconographie reflète aussi l'image du
paradis terrestre. Le choix des animaux, des végétaux et
l'agencement du jardin nous montrent que le paradis terrestre est un lieu
imaginaire. L'harmonie qui règne entre Adam et les animaux aidée
par l'angélique nature, nous montre un endroit rêvé par les
clercs, et à travers eux peut-être par certains laïcs. Le
monde animal qui a aussi perdu l'accès au paradis terrestre par la faute
de l'homme, mais qui respecte le dessein que Dieu a sur lui, est un exemple
à suivre.
Première partie : L'image d'Adam par la
nomination des animaux
Le passage de la nomination des animaux est l'un des
rares où l'on voit Adam hors du contexte du péché. Si dans
l'imaginaire médiéval Adam est avant tout le premier
pécheur, il est aussi le premier homme. A travers l'iconographie de la
nomination des animaux nous pouvons identifier d'autres facettes d'Adam. Il est
pleinement homme quand il parle mettant ainsi son intelligence à
l'épreuve, c'est un modèle pour les savants car il a
élaboré la première nomenclature. C'est aussi un
souverain, le seigneur du Paradis, et enfin il prépare la venue de la
femme en refusant de s'identifier aux animaux.
Chapitre 1 : Homme par la parole
1. Le geste et la parole
Le face à face d'Adam avec l'animalité le
fait devenir homme de parole, il n'est plus seulement créature parmi les
créatures, il est celui qui parle, celui dont l'intelligence
s'exprime.
Par la nomination Adam accomplit son premier acte de
parole. Pour représenter la parole les enlumineurs n'ont pas eu recours
a des transformations au niveau de la bouche d'où sont émis les
sons de la voix. La tapisserie de Gérone13(*) (ill. 1) en cela fait exception, celle qui confirme la
règle : Adam ouvre la bouche. Or dans les enluminures «les
personnages de condition n'ouvrent pas la bouche»14(*) pour s'exprimer. En règle
générale, la parole s'exprime à travers les gestes de
celui qui la profère. Il est aisé d'expliquer le choix de
représenter la parole par des gestes pour l'iconographie, pour une
raison pratique, de larges gestes se repèrent plus facilement qu'une
bouche ouverte. Cependant la parole ne s'exprime pas seulement par des gestes
dans les enluminures, mais aussi dans la vie réelle. Pour
Grégoire de Nysse (395), les mains sont faites, en premier lieu,
pour la parole :
Les mains peuvent prêter leur utilité pour tout
art, toute activité, [...]. Mais c'est avant tout pour la parole que la
nature a ajouté les mains à notre corps, [...]. Les oeuvres des
mains sont une aide nécessaire à l'élocution. C'est
pourquoi, si quelqu'un dit qu'elles ont été données
à la nature douée du langage afin de parler, il ne
s'éloigne vraiment pas de la vérité [...]. Les hommes
parlent en lettres, mais vraiment ils s'entretiennent entre eux, d'une certaine
façon, par les mains qui saisissent les voix mêmes par les notes
des lettres.15(*)
Le geste d'Adam qu'on pourrait appeler le geste de la
désignation, est revêtu d'une certaine autorité grâce
à la présence de Dieu qui confirme son acte. Cette
présence est plus ou moins explicite. Dieu, assis sur un trône,
est imposant dans la mosaïque de Saint-Marc16(*) (ill. 6), et Adam le regardant, donne leur nom aux
animaux. Dieu moins majestueux dans le bestiaire de Guillaume le Clerc17(*) (ill. 11), n'en est pas moins le
supérieur (de par sa taille) de qui vient le pouvoir. Enfin une
présence simplement suggérée dans le bestiaire de Saint
John's College18(*) (ill. 23),
où Adam a déplié trois doigts de sa main gauche, le pouce
l'index et le majeur, rappelant l'unité de la Trinité. Dieu est
plus présent dans les enluminures de la bible qui représentent
plus systématiquement la scène dans son
«environnement».
La parole s'incarne parfois en un phylactère,
dans le bestiaire de Saint-Pétersbourg19(*) (ill. 4), Adam tient un phylactère de sa main
gauche, qui symbolise sa parole. Le phylactère, «symbole de la
Vérité et de la Sagesse»20(*) est un élément essentiel aux prophètes
ou aux apôtres transmettant le message divin. Ici, Adam accomplit un acte
d'autorité, un acte divin. Dans le bestiaire de la Boldeian Library21(*) (ill. 18), le phylactère est
comparable à une bulle de parole, il y est inscrit : Hic dat nomina
bestiis Adam. Les autres phylactères sont vierges (ill. 4 et 10),
leur seule présence suffit à évoquer la parole d'Adam, sa
parole divine empreinte d'autorité.
La parole est donc très codifiée, que ce
soit par le geste ou par le phylactère. Le XIIIe siècle est une
époque qui voit les progrès de l'écriture, de la lecture,
du livre manuscrit, en d'autres termes on assiste au chant du cygne de
l'oralité. La parole éclate à travers la
prédication des ordres mendiants mais aussi par le biais des
universitaires, des laïcs qui se livrent à une véritable
prise de parole. La parole se codifie, les «péchés de la
langue» sont répertoriés22(*). Il n'est pas étonnant alors de voir se multiplier
la scène de la nomination, où la parole tient une première
place, dans les bibles et les bestiaires.
Les gestes d'Adam deviennent de plus en plus
conventionnels. Nous avons identifié plusieurs gestes liés
à la nomination. Les deux principaux sont ceux de l'imposition
et de la désignation. Adam fait le geste de l'imposition
lorsqu'il étend sa main en direction des animaux, la paume
tournée vers le sol (9 occurrences). En trois occasions cette imposition
du nom se fait sur un animal spécifique : le mouton (ill. 3), la
licorne (ill. 27) et le lion (ill. 6), mais l'élection d'un animal lors
de l'imposition des noms est plutôt rare. La désignation se
caractérise par un index tendu horizontalement en direction des animaux,
il est exclusivement fait de la main droite (9 occurrences)23(*). Ce geste est à rapprocher du
geste d'autorité (6 occurrences), l'index étant cette fois
pointé vers le haut, c'est le geste que font les prédicateurs ou
clercs lorsqu'ils enseignent. Trois gestes accomplis par Dieu lorsqu'il est
présent. Ainsi la parole d'Adam est assimilée à trois
gestes spécifiques, trois codes.
Au Moyen Âge toute parole s'accompagne d'un
geste, et tout geste s'accompagne d'une parole, ne serait-ce que dans la
liturgie24(*) ou les sacrements25(*). La parole n'a pas de valeur sans
geste et réciproquement. L'acte d'Adam pourrait s'apparenter en cela
à un acte liturgique, le sacrement du baptême comme nous le
verrons plus loin.
Dans la tradition orientale qui se reflète dans
la Caverne des Trésors26(*), Adam est prêtre, au même titre que
prophète et roi, les trois fonctions religieuses de l'Ancien Testament.
Cette idée s'est exportée en Occident par le biais de l'influence
byzantine. Ce que nous constatons dans l'iconographie du XIIIe
siècle : lorsqu'Adam est vêtu, il l'est à la
façon des patriarches byzantins. Soit Adam est assis de profil
drapé dans son manteau (ill. 4, 5, 7, 18) soit il est debout dans un
style très byzantin entre deux femmes couronnées comme dans dans
le bestiaire d'Alnwick Castle27(*)
(ill. 10). Mais si Adam est considéré comme prêtre,
prophète et roi dans la littérature orientale, il reste dans
l'iconographie la créature nue au milieu des autres créatures. La
manière de représenter Adam comme un prophète est
orientale. Cette grandeur d'Adam est frappante dans le bestiaire d'Aberdeen28(*) (ill. 5) et son jumeau de la
Boldeian Library (ill. 18) : la figure élégante et
élancée d'Adam, assis sur un trône au dossier
allongé se distingue nettement sur le fond d'or. Adam a la même
position que Dieu créant les animaux29(*) dans les bestiaires respectifs, mais plus largement il a la
pose des patriarches et des évangélistes des siècles
précédents.
Notons aussi la présence des deux femmes
couronnées qui encadrent Adam dans le bestiaire de Northumberland (ill.
10), leur présence pour le moins originale pourrait symboliser deux
vertus d'Adam, comme sa sagesse, son intelligence ou sa science. Elles tiennent
des phylactères vierges de toutes inscription, mais leur présence
renforce néanmoins la sainteté, la grandeur d'Adam.
2. La parole qui fait l'homme
Depuis Aristote qui est largement commenté au
XIIIe siècle, l'homme n'est qu'un animal politique, mais un des
attributs qui le différencie nettement de l'animal c'est son
intelligence qui s'exprime par la parole.
Le langage fonde la liberté de l'homme,
impliquant l'absence des objets ; il provoque la prise de conscience par
l'homme de son autonomie par rapport à la nature (il s'affirme distinct
d'elle) et par rapport à Dieu (c'est l'homme qui nomme les bêtes).
Car nommer pour qui nomme c'est se distinguer de ce qu'il nomme et se voir ou
se vouloir une identité différente. Adam fait à l'image de
Dieu est bien différent des animaux. Les enluminures marquent bien cette
différence. Adam se détache toujours des animaux, qui sont soit
en groupe compact à coté de lui (La plupart des enluminures,
entre autres les illustrations 9, 15, 16, 19, 20...), soit autour de lui, lui
faisant un cercle d'honneur (ill. 13), soit parqués dans des
«cases», face à Adam (ill. 4, 5, 18,). Ou encore, il existe de
fortes différences physiques entre Adam et les animaux dans la bible
flamande30(*) (ill. 27) Adam est plus
grand que tous les animaux, même l'éléphant. Dans un
bestiaire Adam est franchement séparé du reste des animaux par un
bandeau (ill. 10). Et c'est la parole qui sépare l'homme des animaux
comme le phylactère qui traverse le bandeau dans le bestiaire de
Northumberland (ill. 10).
La raison, l'intelligence de l'homme s'exprime par la
parole. Et la nomination, nous dit saint Augustin, «fait apparaître
que c'est par sa raison que l'homme est supérieur aux animaux, parce que
seule la raison peut, en portant sur [les animaux] un jugement, les
différencier et les distinguer par un nom»31(*)
Cependant la parole de l'homme est différente de
celle de Dieu, pour saint Thomas d'Aquin. Dieu est supérieur à sa
créature, car il possède une personnalité spirituelle dont
le signe est précisément la parole souveraine, la parole
créatrice, puisque sa seule expression suffit à produire des
êtres. «Dieu dit : `Que la lumière soit !' Et la
lumière fut.» (Gn I, 3)
3. Le langage d'Adam
Cette première parole d'Adam a posé bien
des questions aux commentateurs médiévaux32(*). À commencer par ce fameux
langage originel, parlé par Adam : quel était-il,
était-il constitué comme l'étaient les créatures
dès leur apparition à la vie ?
Gilbert Dahan remarque que les commentateurs
médiévaux ont peu utilisé de considérations
étymologiques à propos de la nomination. Or l'origine des mots,
l'étymologie, reste la base pour éclairer les problèmes de
toute connaissance. C'est par l'étymologie qu'on peut approcher
l'essence d'un mot. «Quand tu auras vu l'origine du nom, tu comprendras
plus vite sa vertu»33(*) nous
dit Isidore de Séville, l'étymologiste de référence
durant tout le Moyen Âge. Il fait peu de doute que la langue
originelle est l'hébreu. La Glose Ordinaire et l'Histoire
scolastique de Pierre le Mangeur (1180), textes de base des
écoles et des universités, le confirment. Pour Pierre le Mangeur,
«Adam imposa [aux animaux] leur nom en langue hébraïque, qui
était la seule depuis les commencements. Et depuis il est convenu que
les noms qui furent donnés jusqu'à la division des langues, sont
en hébreu.»34(*), ce qui
est prouvé «par le fait que tous les noms propres qui se trouvent
dans la Genèse jusqu'à la division des langues sont
hébraïques»35(*).
La nature du langage qui aujourd'hui pose des questions,
n'en posait pas au Moyen Âge. Le premier langage qui est une
nomenclature n'est pas concret, il est abstrait. Henri de Gand l'explique ainsi
:
Appelavitque Adam... cuncta, selon l'espèce,
non selon le nombre. En effet comme le nom est, de même que la
définition, un discours sur la quiddité, l'essence est une pour
tous les individus d'une même espèce. c'est pourquoi l'imposition
réelle d'un nom ne peut se faire que pour une espèce de
même que la définition ne définit que
l'espèce36(*)
Adam a donc devant lui un monde pur, d'idée
abstraites, un monde qu'il nomme, de ce fait dans l'abstrait. Cependant les
imagiers illustrent le passage de la Genèse par des images très
concrètes. Le récit de la Genèse est effectivement le
récit concret des débuts de l'humanité pouvant
répondre aux questions abstraites des hommes.
Adam parlait-il avec les animaux ? Les enluminures
nous montrent des animaux attentifs, réceptifs à la nomination,
ils regardent en général Adam droit dans les yeux. Les contes
médiévaux se font l'écho de cette croyance : ceux qui
s'ouvrent par «C'était au temps où les bêtes
parlaient...»37(*), rappellent
cette époque idyllique. Dans les contes où les hommes peuvent
comprendre le langage des animaux, ils ont souvent accès à des
secrets qui leur donnent richesse et félicité. Cette croyance
populaire est à rapprocher de celle qui se rapporte à l'âge
d'or de l'humanité qu'était l'Éden. Le dialogue que
paraît entretenir Adam avec les animaux est une des raisons de sa toute
puissance.
La première parole de l'homme, une des rares
qu'il ait prononcée dans le Paradis, est une parole qui lui fait honneur
car la nomination des animaux a prouvé toute sa science. Par la
dénomination de chaque êtres vivants, Adam manifeste
éminemment sa nature raisonnable, il montre qu'il est capable de tous
les identifier.
Chapitre II. Maître et père par le don du
nom
La première parole d'Adam a été une
imposition de noms, cette parole est la manifestation de l'omniscience d'Adam.
Car, d'après le Cratyle, nommer ce n'est pas trouver une
étiquette arbitraire pour désigner des objets, c'est exprimer
avec un mot la réalité spécifique des objets38(*).
Voici Cratyle qui prétend mon cher Socrate, que
chaque chose a un nom qui lui est naturellement propre ; que ce n'est pas un
nom, celui dont quelques hommes se servent après être
tombés d'accord de s'en servir et qui consiste que dans une certaine
articulation de la voix ; mais que la nature a attribué aux noms un sens
propre, le même chez les grecs et les barbares.39(*)
En reprenant Platon la pensée
médiévale nous donne une version chrétienne du
Cratyle. Le nom renferme en lui l'essence même de l'être
nommé. Pour nommer les animaux Adam doit connaître leur essence,
leur nature. Or Adam a la pleine connaissance, il n'a pas besoin de communiquer
avec Dieu, il donne aux animaux un nom conforme aux idées de Dieu,
puisqu'il a toute sa connaissance. Dans les textes anciens rabbiniques40(*) , Dieu demanda d'abord aux anges de
nommer les animaux, mais n'ayant pas la même connaissance que l'homme,
ils ne purent le faire. Et c'est par cette connaissance que l'homme est plus
grand que les anges41(*). Pour
presque tous les exégètes chrétiens l'imposition de noms
exprime l'opération conventionnelle par laquelle Adam applique aux
réalités les conceptions que lui fournit l'Esprit-Saint.
1. Adam le premier maître
Dieu forma le premier homme parfait, non seulement pour
ce qui est de son corps, afin qu'il pût aussitôt engendrer, mais
aussi pour ce qui est de son esprit dans la connaissance, à laquelle il
peut attendre naturellement afin de pouvoir aussitôt enseigner42(*)
Ce texte de Nicolas de Lyre (1349), nous
présente Adam comme un maître, ceux qui aux XIIe et XIIIe
siècles ont pris tant d'importance dans les écoles et les
universités. L'iconographie nous donne parfois une telle image d'Adam.
Dans un bestiaire de la BNF du XIIIe s.43(*) (ill. 12), ainsi que dans celui de Saint John's College
(ill. 23), Adam porte la toque des maîtres, et sa main accomplit un geste
de souveraineté, l'index élevé, en signe d'autorité
de sa parole44(*). Cette attitude est
à rapprocher de celle du prêcheur, qu'il soit clerc ou Mendiant,
dont la parole revêt d'une certaine autorité. Adam pourrait
être un modèle pour ces maîtres de la parole. D'autant plus
qu'un autre geste souvent accompli par Adam pour cette scène est celui
de l'enseignement, l'index pointé horizontalement, comme dans les
enluminures du De natura animalium de Cambrai45(*) (ill. 15) ou du Le livre des
propriétés des choses de Barthélemy l'Anglais46(*) (ill. 20).
En effet, tous les commentateurs médiévaux
s'accordent à dire que les noms donnés par Adam correspondent
à la nature des animaux, à leurs
caractéristiques :
Dans les Commentaires de la Genèse
d'André de Saint-Victor :
Il faut savoir qu'Adam imposa des noms aux
réalités d'après certaines propriétés qui
sont en elles. C'est pourquoi il est dit : pour qu'il vît
comment les appeler, c'est-à-dire afin qu'il vît
attentivement à partir de quelles propriétés imposer des
noms à chacun47(*).
Dans les Commentaires de la Genèse de
Nicolas de Gorran : «Appellavit Adam nominibus suis :
c'est-à-dire de noms leur convenant et non pas d'appellations vaines et
données arbitrairement»48(*).
Ou encore dans les Commentaires de la
Genèse de Maître Eckhart (1328) : «Adam a
imposé un nom à chaque chose d'après ses
propriétés si bien que ce nom en indique la nature et les
propriétés naturelles»49(*). Un peu plus loin, il donne l'exemple des devins qui se
fondent sur les noms qui sont attribués aux hommes, «et leur font
confiance pour tirer des présages du nombre de la figure ou encore de
l'ordre des lettres»50(*)
Le nom renferme donc toutes les propriétés
de l'animal, et Adam a su trouver pour chacun le nom qui correspondait à
ses propriétés. En cela Adam est le modèle du
maître, du sage, et c'est pourquoi les commentateurs
judéo-hellénistiques puis chrétiens mettent en rapport le
sage onomatothète de la philosophie grecque avec Adam :
est sage celui qui établit les noms51(*).
Ainsi l'homme, par le simple fait de nommer les animaux,
«remplit sa vocation «scientifique» à l'état pur,
c'est à dire non idéologique : tout le contraire de la
«science» représenté par l'arbre de la
connaissance»52(*). La science
d'Adam est le summum scientifique qu'ait pu avoir un homme, l'Homme.
Adam est considéré comme omniscient puisqu'il a eu une
connaissance parfaite de la création sur laquelle il régnait et
cette considération va déboucher au XIIIe siècle sur la
doctrine scolastique de la science infuse.
D'après ceci notre passage suggère qu'Adam
connaissait les natures de toutes les choses, puisqu'il leur a donné un
nom à toutes. Adam a donc été originairement doté
par Dieu d'une science parfaite afin qu'il connaisse tout ce qui est ou peut
être saisi à la lumière de l'intellect agent, comme disent
les théologiens [Albert le Grand et Thomas d'Aquin, mais à propos
de l'intellect de Christ].53(*)
La nomination des animaux provoque non seulement la
connaissance de l'homme, mais elle le pousse aussi à se connaître
lui-même. Pour saint Thomas d'Aquin l'homme n'avait pas besoin
matériellement des animaux dans l'état d'innocence, mais il en
avait besoin pour prendre une connaissance expérimentale de sa
nature54(*). «Il fallait voir
[les animaux] et les considérer pour les nommer, il fallait les
apprendre pour les prendre dans la parole. Adam ne pouvait inventer leur
nature, il se devait de la respecter. Les noms viennent d'un regard
obéissant à la nature même des choses»55(*).
Nommer c'est aussi classifier, distinguer et isoler les
uns des autres des éléments connus, ce qui marque le premier
stade de la pensée. Ainsi le motif de la nomination des animaux trouve
toute sa place dans les bestiaires qui sont la codification des savoirs
médiévaux sur les animaux. Le XIIIe siècle est connu pour
être celui de l'encyclopédisme, les savoirs sont
classifiés, répertoriés. Le premier acte d'Adam est de
nommer les animaux pour les distinguer, voire les classifier.
Nous voyons l'oeuvre de cette classification dans la
distinction rigoureuse que fait un bestiaire d'Oxford (ill. 23) entre les
oiseaux. Outre le coq et la chouette qui sont facilement identifiables,
l'enlumineur a travaillé avec précision pour représenter
deux bouvreuils (plumage gris et noir et poitrine rouge), deux chardonnerets
(oiseaux blancs aux touches rouges, jaunes et noires), deux pies (noires et
blanches) ainsi qu'un faisan (tout brun avec une longue queue).
Dans la bible de la Pierpont Morgan Library56(*) (ill. 9), les animaux sont
divisés en trois catégories : les oiseaux dans le ciel ou
dans les arbres, les quadrupèdes sur la terre et une baleine
(représentante de tous les poissons) dans l'eau ; cette même
classification se retrouve dans le bestiaire d'Oxford (ill. 23), le bestiaire
d'Anne Walshe57(*) (ill. 24) et le
Liber de bestiis et aliis rebus58(*) (ill. 25). D'une manière plus
précise ou plus isidorienne, dans le bestiaire de
Saint-Pétersbourg (ill. 4), les animaux sont classés selon qu'ils
sont des volatiles, des bêtes sauvages ou du bétail. Enfin le
bestiaire d'Alnwick Castle (ill. 10), qui présente un nombre
impressionnant d'animaux dans l'enluminure de la nomination, divise ses animaux
en trois groupes : les volatiles, les quadrupèdes et les
bêtes rampantes.
2. Le père des animaux
L'acte accompli par Adam est à la fois un acte de
connaissance et de co-création59(*), Robert Delort parle d'une deuxième création
opérée par l'homme, en effet en leur donnant un nom, Adam a
achevé la création divine des animaux. Par ce nom ils
acquièrent leur rôle sur la terre, leur raison
d'être.
En nommant les animaux, Adam peut revendiquer une
certaine paternité sur le monde animal, car, pour Philon d'Alexandrie
les mots d'Adam «deviennent les noms non seulement de l'objet
appelé, mais de celui qui l'a appelé»60(*). Comme un père qui
lègue son nom.
Nous avons vu que par ses gestes, celui de l'imposition
et celui de la bénédiction, Adam paraissait accomplir un acte
divin, un sacrement. L'imposition des noms est à rapprocher de
l'imposition du nom de l'enfant lors du baptême.
À partir du XIe siècle le baptême
des enfants se généralise, «car qui est plus malade que le
nourrisson, incapable de dire qu'il est malade ?»61(*). Et pour la plupart des statuts
synodaux l'administration du sacrement doit s'accompagner de l'attribution du
nom de l'enfant. Mais jusqu'au XVe siècle la formule du baptême
sera discutée.
Adam a-t-il procédé au baptême de la
création ? Un texte de tradition arménienne du XIVe
siècle, le dit clairement : «Cette nomination est dite comme
étant faite dans une dignité religieuse parce qu'elle est
analogue au baptême d'un enfant»62(*). L'Orient donne plus facilement à Adam les
rôles de prêtre, prophète et roi63(*). En Occident cette comparaison est moins
systématique.
En Occident, plus fréquemment les commentateurs
médiévaux cherchent les points de similitude entre Adam et le
Christ, nouvel Adam. La nomination des animaux est comparée à la
nomination des apôtres dans la vie du Christ. Par exemple la glose de la
bible du XIIIe siècle sur la nomination des animaux est exclusivement
consacrée à une comparaison avec le Christ. Comme Adam le Christ
«apela toutes choses par leur nons en sa predication, touz ceuls qui le
voloient croire apela par noviaux nons, car il les apela fuiz Dieu»64(*). Et à propos de cette
imposition des noms aux apôtres, «il faut noter qu'à l'image
de cette imposition d'un nom le prêtre impose aux enfants leur nom
lorsqu'il les baptise»65(*).
L'idée du baptême de la Création opérée par
Adam passe par la comparaison de ce dernier au Christ.
L'enluminure du bestiaire de Sloane66(*) (ill. 13) diffère des autres
par la position d'Adam. Planté au milieu des animaux qui ont une
attitude de soumission et d'écoute, Adam de face, bras ouverts,
ressemble au Christ prêchant, c'est la figure du bon pasteur au milieu de
son troupeau. Et à travers cette figure du bon pasteur nous retrouvons
celle du père attentif envers tous ses enfants.
Chapitre 3 : Seigneur de l'Éden
«En donnant un nom propre à tous les
animaux, l'homme ne fait pas tant sortir l'animal de son anonymat qu'il n'est
mis en position d'incontestable supériorité, comme si la nature
attendait de lui qu'il lui imprime sa marque»67(*) . La nomination des animaux n'est qu'une précision
pour expliquer la supériorité de l'homme sur le monde animal.
Dans le premier récit de la Création nous voyons que l'homme doit
soumettre les poissons, les oiseaux et les bestiaux (Gn I, 26 et 28), en
d'autres termes il est appelé à être seigneur de la
Création.
Et Honorius Augustodunensis, en reprenant saint
Augustin, explique dans l'Elucidarium la suprématie de l'homme
sur le monde par son propre nom, c'est à dire par son essence
même, «l'homme reçu un nom tiré des quatre points
cardinaux (Anatole, Disis, Arctos, Mesembria) que
ses descendants devaient peupler, comme Dieu domine tout dans le ciel, l'homme
devait tout dominer sur terre»68(*) . Adam a donc un caractère universel, qui lui permet
un pouvoir sur toutes les créatures.
1. Le pouvoir idéal
Selon Pierre le Mangeur ( v. 1180), c'est parce
qu'il a été créé à l'image de Dieu et qu'il
a un esprit rationnel que l'homme a acquis la supériorité sur le
monde animal69(*) . Ce pouvoir est
souvent présenté comme un modèle de gouvernement, puisque
Adam alors était parfait et que le monde n'avait pas été
perturbé par le péché originel.
Robert Grosseteste (1253) dans son commentaire
nous présente le pouvoir idéal qu'exerçait Adam :
Fait à l'image de Dieu, l'homme surpasse les
autres créatures. Car il était obéissant, en accord avec
son Créateur et ne s'est jamais détourné de cette
obéissance. Jamais il n'a été perturbé par un
mouvement irrationnel et c'est pourquoi toute chose était en son
pouvoir, dans un gouvernement de paix.
En outre, Jean [Chrysostome, ( 407)],
évêque de Constantinople a dit que tous les animaux étaient
sujets de l'homme. Le fait que certains tuent des hommes aujourd'hui est un
châtiment du péché originel70(*).
Que devons-nous penser du pouvoir de l'homme ? Alors que la
plupart de bétail lui est soumis, d'autres animaux peuvent le tuer
à cause de la fragilité du corps humain. Le pouvoir de l'homme
était-il aussi grand quand l'homme était dans un état de
grâce et de liberté que quand il était dans un état
de déchéance ? Dans le Paradis, tous les animaux vivaient
sous l'autorité de l'homme, en paix avec les autres et dans
l'obéissance de l'homme71(*)
Nous avons là l'image du système
monarchique médiéval, où idéalement un peuple vit
en paix sous l'égide d'un roi qui a un pouvoir de droit divin. Le don
d'un nom est aussi un acte de souveraineté. Il instaure une
hiérarchie entre le donateur et le nommé. La nomination d'un
sujet par son roi est un acte de discernement et de reconnaissance. C'est une
relation de roi à sujet qui s'instaure entre Adam et les animaux72(*) .
Maître Eckhart (1328) profite de son
commentaire sur la nomination des animaux pour faire une comparaison des
qualités d'Adam maître des animaux et de celles d'un
détenteur de l'autorité à l'époque
médiévale :
Au sens moral, dominer autrui ne se mérite pas et
ne doit pas être confié à qui est dominé par des
passions. Et qui n'excelle pas par une vertu plus élevée et plus
parfaite ne doit pas dominer autrui [...]. Le Simonide écrit :
«il est insensé de vouloir commander autrui quand on n'est pas
capable de commander à soi-même73(*)
2. Tout pouvoir vient de Dieu
À l'époque médiévale, tout
pouvoir digne de ce nom vient nécessairement de Dieu. Adam n'est pas
tout puissant, seul Dieu est tout puissant. Et si Adam domine tous les animaux,
même le lion, nous voyons dans la mosaïque de Venise (ill. 6)
qu'Adam a sa tête et son pied tournés vers Dieu, et nous montre
ainsi le siège réel du pouvoir. Cette image est renforcée
par le fait que Dieu trône majestueusement sur un siège, à
coté d'Adam qui reste debout. Dans une bible historiale de Guiart des
Moulins74(*) (ill. 21), Adam rejette
sa main gauche en arrière, paume ouverte, en signe d'acceptation du
pouvoir que lui confère Dieu qui, derrière, bénit la
scène. Ce même geste se retrouve dans la bible de la Pierpont
Morgan Library (ill. 9), ou encore dans le bestiaire de Guillaume le Clerc
(ill. 11). Dans une bible Dieu tient le poignet d'Adam (ill. 9) et il affirme
ainsi, d'une manière corporelle, son pouvoir sur sa dernière
créature. Adam appartient à Dieu, il lui est soumis, comme les
animaux qui n'ont d'yeux que pour Dieu et Adam. Le pouvoir qu'Adam a sur les
animaux lui vient de Dieu, parce qu'il est la seule créature a
être à l'image de Dieu, comme nous l'explique Thomas d'Aquin :
«Les supérieurs gouvernent toujours les inférieurs. Aussi
comme l'homme est au dessus de tous les autres animaux car il a
été fait à l'image de Dieu, est-il très convenable
que les autres animaux soient soumis à sa conduite»75(*)
Adam reste soumis à Dieu. Dans l'enluminure d'une
bible historiale76(*) (ill. 19) Dieu
a un geste d'autorité à l'encontre d'Adam, sa paume gauche
ouverte, invite Adam à nommer les animaux, qui sont
désignés par son index droit tendu ; Adam, obéissant
à son supérieur, s'exécute. La soumission d'Adam est aussi
notée dans son imitation du geste de Dieu, qui est très explicite
dans un bestiaire du XIIIe siècle conservé à Cambridge77(*) (ill. 14). Cependant l'imitation est
imparfaite, Dieu élève son index gauche, il demande à Adam
de nommer les animaux ; quant à Adam il élève son
index droit, la main par laquelle le geste a vraiment une efficacité,
où le geste agit, puisqu'en nommant les animaux, Adam leur donne une
«âme», une raison à leur existence, ainsi qu'un
maître. Dieu commande, mais Adam seul agit.
3. Seigneur de l'Éden
Pour l'homme médiéval, Adam est seigneur
de l'Éden. Les comparaisons ne manquent pas dans les commentaires.
Guiart des Moulins nous présente Adam comme le «seigneur des
bestes». Le Jeu d'Adam, drame du XIIe siècle, fait dire
à Dieu : «De tote terre avez la seignorie»78(*). Dans un bestiaire anglais79(*) (ill. 16), Adam apparaît comme
un seigneur, car il détient des insignes traditionnels du pouvoir :
un sceptre et des gants. Enfin sa pose hiératique et son geste
d'autorité (l'index pointé vers le haut) confirment cette image
de seigneur laïc. Nous ne connaissons pas le possesseur de ce bestiaire,
mais les seigneurs laïcs étaient les premiers destinataires des
bestiaires au XIIIe siècle en Angleterre. Si ce bestiaire était
effectivement destiné à un laïc, il n'est pas
étonnant de voir une telle représentation d'Adam, modèle
des seigneurs.
Adam a sa main posée sur la tête du lion
dans la mosaïque de Venise (ill. 6). Le lion est le symbole du pouvoir
laïc (d'autant plus à Venise, où le lion est
l'emblème de la ville), c'est l'animal royal par excellence. Adam domine
le roi des animaux ; ainsi sa suprématie est-elle renforcée
par la soumission du lion. Dans la littérature ou l'art, la soumission
d'un lion au Moyen Âge exprime la royauté et la grandeur d'un
homme : ainsi dans le lai de Haveloc le Danois, Argentille rêve que
les lions s'agenouillent devant son mari, preuve qu'il deviendra roi80(*).
Le cerf est un animal fréquent dans cette
iconographie, surtout aux XIIe et XIIe siècles. La relève est
peut-être assurée par la licorne au XIVe siècle. Ces deux
animaux au majestueux couvre chef représentent l'aristocratie,
l'aristocratie qui a le privilège de chasser certains animaux dits les
animaux nobles, l'aristocratie courtoise. Deux animaux christiques81(*) que nous retrouvons aussi bien dans
les bibles que dans les bestiaires destinés à l'aristocratie
laïque.
Le lion et le cerf (ou la licorne) sont souvent
côte à côte, à une place de choix. Dans le bestiaire
d'Aberdeen (ill. 5) les lions ont la première place, la première
case, suivis par les cerfs, eux-mêmes talonnés par les chevaux.
Ces étages supérieurs, sont «remplis» par les animaux
nobles. Des animaux en qui l'aristocratie anglaise peut s'identifier. On ne
connaît pas le possesseur de ce bestiaire, sinon qu'il appartenait
sûrement à la famille royale, peut-être même à
Richard Coeur-de-Lion. Le bestiaire jumeau de la Boldeian Library, met dans la
première «case» deux lions, avec un cerf et un chien
ressemblant fortement à un lévrier, le chien noble. Dans le
Liber de bestiis et alliis rebus (ill. 25) seuls trois
quadrupèdes font face à Adam : la licorne, dont Adam tient
la corne, symbole de pureté, le lion et le lévrier. Parmi les
oiseaux on reconnaît l'aigle et chez les poissons un dauphin. Ce sont des
animaux nobles et/ou héraldiques. Nous pourrions multiplier les exemples
pour voir que les animaux symbolisant l'aristocratie occupent une place
importante dans l'iconographie d'une scène expliquant le pouvoir
terrestre de l'homme sur ce qui l'environne.
Le péché originel d'Adam, nous dit Anselme
de Canterbury (1109) est comparable à la félonie d'un
vassal envers son suzerain. Adam a renié son allégeance, il a
injurié l'honneur de Dieu qui lui a retiré ses dons surnaturels
comme le seigneur retire le fief du vassal félon82(*).
Toutefois l'iconographie qui se fait la plus explicite
quant à la comparaison du pouvoir d'Adam au pouvoir séculier se
trouve dans l'Orient chrétien à partir du Xe siècle.
Là où comme nous l'explique Xénia Muratova, les fresques
des églises financées par des princes glorifient le pouvoir
séculier83(*)
Chapitre 4. Adam prépare la création
d'Ève
Pierre le Mangeur dans son Histoire
Scolastique, débute ainsi son commentaire sur la nomination des
animaux :
Dieu dit aussi : Il n'est pas bon que l'homme soit
seul ; faisons lui une aide qui soit semblable à lui [Gn
II,18], pour avoir des enfants. Car ce qui est semblable naît par nature
de choses semblables. Mais pour qu'Adam ne voie pas la création de la
femme comme superflue [Dieu lui amena les animaux] parmi lesquels il pensait
trouver quelqu'un de semblable à lui84(*).
La nomination des animaux précède la
création de la femme. En nommant les animaux Adam s'aperçoit
qu'aucun d'entre eux ne lui convient pour être son aide, son double. Le
terme latin utilisé, adjutorium, renfermant l'idée de
secours. Ainsi la nomination met en valeur les animaux parmi lesquels Adam
aurait pu trouver une aide, ainsi que la femme, qui devient à la suite
de cet épisode irremplaçable et indispensable à
l'homme.
Dans la division de son commentaire de la Genèse,
Guillaume d'Alton85(*) place la
nomination des animaux dans le commentaire sur la création de la femme.
Ce qui nous montre une relation indissociable entre la nomination des animaux
et la création de la femme, l'une étant le prélude de
l'autre. La création de la femme est une conséquence de la
nomination des animaux.
Le langage est fortement lié à la
sexualité humaine. Les animaux ont défilé devant Adam pour
qu'il les essayât, pour qu'il se rende compte de sa différence.
Autant d'échecs, jusqu'à l'apparition de la sexualité
humaine, qui n'est plus uniquement bestiale86(*). Un sujet sur lequel les commentaires
médiévaux se font très discrets.
Nous pouvons voir dans la mosaïque de Saint-Marc
(ill. 6) que les animaux sont tous en couple, et à l'image des animaux,
Adam cherche sa semblable dans le parc animalier. Ce sont des couples
très liés, parfois il semble y avoir deux têtes sur un seul
corps. L'accent est mis sur l'union étroite du couple, sur leur
similitude. Les animaux sont aussi en couples dans le bestiaire d'Aberdeen
(ill. 5). Deux exceptions se présentent : le lapin est seul, il
représente ici le chrétien seul en danger, comme un lapin qui
à tout à craindre des nombreux prédateurs qui
l'environnent. Et les félins qui sont au nombre de trois : un lion,
une lionne, une panthère ou un léopard. La représentation
des couples d'animaux reste cependant rare, puisqu'elle est
réservée à l'iconographie de l'Arche de Noé. Seuls
les commentaires juifs précisent que les animaux sont venus en
couple87(*)
La nomination de la femme suit celle des animaux. En
voyant les couples d'animaux défiler devant lui, Adam se rend compte de
sa singularité, il ne voit pas parmi les animaux une créature
semblable. Adam ressemble en effet plus à Dieu qui est son
modèle, puisqu'il a été fait à son image. Les
enluminures sont explicites sur ce point. Un bestiaire de Cambridge (ill. 14)
isole les animaux qui ne forment qu'un bloc compact face à Dieu et
à Adam. D'autant plus qu'en imitant le geste de Dieu, Adam renforce la
similitude des deux êtres. En nommant les animaux, en leur donnant des
nom déterminant leur nature Adam se rend compte de la différence
qui les sépare, mais il n'est pas en son pouvoir de susciter un
être semblable à lui.
L'importance des lapins dans les enluminures
représente aussi la la fécondité et la reproduction.
Chaque couple d'animal a la possibilité de se reproduire. Les lapins
très nombreux à l'époque médiévale88(*) élevés dans les
garennes, symbolisent le but premier du couple : la reproduction.
Dieu créé donc la femme et, en la voyant,
Adam procède comme il l'a fait pour les animaux, il la nomme, pour se
l'approprier, et de ce fait il la domine. Et saint Augustin d'ajouter :
«l'homme donna donc un nom à sa femme comme le supérieur
à l'inférieur»89(*). Dans son commentaire sur la création de la femme
les parallèles sont fréquent avec la nomination des
animaux.
La femme a été faite comme une aide pour
l'homme, afin que leur union spirituelle donnât une progéniture
spirituelle à savoir les bonnes oeuvres de la louange divine, tandis
qu'il dirige et qu'elle obéit, qu'il est lui dirigé par la
sagesse et elle par l'homme. Car la tête de l'homme est le Christ et
celle de la femme est l'homme [1 Co II, 3]. C'est pourquoi il est dit, il n'est
pas bon que l'être humain soit seul. Il restait encore à faire que
l'âme dominât le corps, parce que le corps occupe le rang de
serviteur, mais encore que la raison de l'homme se soumît sa propre
partie animale, à l'aide de laquelle il commande au corps. La femme que
l'ordre des choses soumet à l'homme a été
créée pour en donner l'exemple, afin que ce qui apparaît
avec évidence en deux êtres humains, masculin et féminin,
pût également être observé en un seul : l'intime
et l'esprit doit, en tant que raison de l'homme tenir soumis le mouvement
instinctif de l'âme, par lequel nous agissons sur les membres du corps,
et il doit par une juste loi, imposer une mesure à celle qui est son
aide, de la même façon que l'homme doit diriger la femme et ne pas
lui permettre de dominer l'homme, car lorsque cela arrive, c'est le
renversement et le malheur dans la famille90(*)
L'homme domine la femme comme l'Homme domine les
animaux, et comme l'être humain domine ses passions par la
raison.
Mais un changement fondamental s'est
opéré, «en nommant Ève Adam passe du nommer au dire,
de l'imposition des noms à des êtres muets au dialogue dans la
liberté intime et ouverte à la fois»91(*) . Dans une bible de Charles le
Chauve92(*) Adam fait le même
geste pour nommer la femme que pour nommer les animaux, mais le commentaire qui
accompagne l'image emploie le terme vocare (Christus Evam ducit
Adae quam vocat viraginum), alors que pour les animaux les expressions
appelavit, indidit vocabula ou imponere nomina sont
utilisées. Avec le verbe vocare le nommé n'appartient
plus seulement à une simple nomenclature mais une certaine relation
s'établit entre celui qui nomme et celui qui est nommé.
Le thème de la sexualité humaine est peu
abordé dans les commentaires93(*) ; les penseurs ont vite focalisé leur
exégèse sur d'autres aspects. La nomination des animaux et leur
domination sont aussi, symboliquement, la domination des «animaux
intérieurs» de l'homme. L'homme doit combattre ses démons
intérieurs et «pour échapper à l'emprise du mal
imposer son autorité sur cette faune du chaos à l'instar
d'Orphée charmant les animaux et d'Adam leur donnant un nom»94(*). Autrement dit par saint Augustin,
l'homme a en lui-même «une partie raisonnable qui dirige et une
partie animale qui est dirigée»95(*).
Homme, maître, père, seigneur,
époux, les différentes facettes d'Adam s'offrent à nous
dans l'acte de la nomination des animaux. Adam est un homme idéal, un
modèle pour l'humanité, pour tous les hommes, proposé par
les clercs. Plusieurs fonctions sociales sont valorisée, Adam est
pasteur, maître et seigneur, une vision de l'Occident
médiéval, du «prêtre, prophète et roi»
vétérotestamentaire. Adam apparaît en homme parfait dans un
lieu idéal.
Le Paradis perdu, monde inaccessible et
recherché
Une image se créé du paradis terrestre au
cours des derniers siècles du Moyen Âge, avec sa
végétation, ses animaux et son harmonie idéale. Et ce
grâce à une nouvelle approche du monde animal et naturel.
Grâce à une meilleure maîtrise de ces deux milieux. Cette
image se retrouve dans l'iconographie du paradis, mais aussi des jardins
idéaux, les jardins courtois.
Le Paradis est surtout un lieu inaccessible, dont les
mérites et la beauté sont vantés par les clercs. C'est un
lieu recherché physiquement, en Orient, nombre de voyageurs racontent
s'en être approché. Cette période d'harmonie entre les
hommes et les animaux, période révolue depuis le
péché originel, mais qui est aussi recherchée.
Chapitre 1. La domination de l'animal entre
théorie et réalité
La nomination des animaux nous montre un homme qui
domine les animaux, il les domine physiquement par sa taille, mais aussi
psychologiquement puisque tous les animaux, même le lion, lui paraissent
soumis. Théoriquement l'homme est le maître de tous les animaux,
cependant la réalité médiévale est toute autre et a
tendance à nous montrer la crainte d'un monde mal maîtrisé
et dangereux.
1. Une suprématie spirituelle pour faire face
à la réalité médiévale
À l'époque médiévale nous
constatons surtout une crainte du monde animal. Les hommes se sentent faibles
face à la bête féroce, ce sentiment
d'infériorité aurait dû normalement être
effacé grâce à l'image d'Adam dominant la faune toute
entière par l'attribution d'un nom. Les hommes sont davantage enclins
à se ranger à l'avis des auteurs antiques et non des clercs
médiévaux et à regarder leurs soi-disant inférieurs
avec crainte et envie. La bête suscite la convoitise pour des vertus
essentiellement physiques, comme la force, la rapidité, le courage. Le
surnom de lion était attribué à certains hommes ayant des
qualités exceptionnelles de chef, attribuées au lion par les
bestiaires, comme la magnanimité, la justice, la
générosité, mais aussi la force, l'ardeur au combat et la
fierté, par exemple Richard Coeur-de-Lion, mais aussi Louis VIII le
Lion, père de saint Louis. Les surnoms d'animaux sont cependant rares,
car l'Église les a combattus durant le haut Moyen Âge. Cette
lutte s'inscrit dans celle du paganisme qui lie trop souvent l'animal à
la divinité. Seul le lion qui doit sa promotion aux clercs subsistent
à la différence de l'ours et du lion. Les clercs ne veulent pas
d'animaux déifiés.
Au niveau linguistique, le terme bestiae qui
englobe toutes les bêtes sauvages montre la méconnaissance du
monde animal sauvage au Moyen Âge. Car Adam en donnant un nom
à chaque animal apparaît comme le «créateur»
individuel des animaux, s'approprie et domine ainsi la faune, il la
maîtrise. Ainsi l'absence d'appellation particulière pour certains
animaux sauvages les laissent dans une pénombre peu rassurante96(*) que l'homme ne maîtrise
pas.
La bête sauvage fait peur, elle tue,
dévaste, vole, bref elle est maléfique. Pensons aux loups ou aux
ours, mais aussi aux animaux fantastiques qui peuplent les récits et
l'imaginaire, comme tous les monstres qui vivent dans les confins de la terre
habitable.
Aux débuts du christianisme en Occident, la lutte
contre les bêtes sauvages, les dragons et les serpents, s'identifie
à la lutte contre le paganisme et les forces démoniaques. Cette
lutte se fait physiquement et symboliquement. Charlemagne organise dans les
forêts germaniques des chasses à l'ours visant
l'élimination totale de la bête. L'Église a mis à la
tête du royaume animal le lion, un animal bien moins dangereux.
Symboliquement il n'appartient pas aux traditions orales celtes et germaniques,
il est presque inconnu, et n'est en aucun cas objet de
vénération. Matériellement, le lion ne fréquente
pas l'Occident à l'état sauvage, c'est un animal uniquement
scripturaire et exotique. L'Église se méfie des animaux sauvages
que l'homme ne peut maîtriser et qui sont donc susceptibles d'admiration
voire de vénération97(*). C'est pourquoi dans les enluminures de la nomination des
animaux concernant le Moyen Âge Central, les ours sont
quasi absents, sauf dans un bestiaire de la fin du XIIIe siècle
(ill. 13) ainsi que dans la tapisserie de Gérone (début du XIe
s., ill. 1) et la mosaïque de Saint-Marc de Venise (début XIIe s.,
ill. 6). Effacer l'animal de l'iconographie fait partie du programme de
dévalorisation de cet animal. L'exemple de l'ours témoigne de
l'impuissance de l'homme face à la sauvagerie de l'animal et qui n'a
d'autre recours que l'élimination.
Une autre absence paraît surprenante dans
l'iconographie de la nomination des animaux, celle du loup. Le loup est
l'animal dangereux du Moyen Âge98(*) , en témoignent tous les fabliaux et contes qui le
mentionnent. Dans le journal d'un Bourgeois de Paris, les loups
rôdent souvent dans cette ville qui subit les méfaits de la guerre
civile, au début du XVe siècle, ils déterrent les
cadavres, croquent les chats, les chiens voire les femmes et les enfants. Les
loups sévissent aussi dans les forêts, font des ravages dans les
troupeaux. Depuis l'époque carolingienne et tout au long des
siècles médiévaux des chasses et des battues sont
organisées, pour éliminer les meutes de loups. En outre la
croyance en l'existence du loup-garou exprime cette peur tenace du loup. Si le
loup est bien installé dans la littérature
médiévale, il est quasiment absent de notre corpus
iconographique, toutefois il demeure toujours l'incertitude des loups qui sont
comparables à des chiens et vice versa, comme dans le bestiaire
de Saint-Petersbourg (ill. 4) et celui d'Anne Walshe (ill. 24).
L'homme ne maîtrise pas du tout le loup, il le
craint plus qu'autre chose, d'autant plus que le loup intervient surtout en
période de misère. Le loup aurait pu donc trouver sa place sous
le commandement d'Adam, qui a eu la suprématie sur tous les animaux
d'autant plus sur le loup. Cependant le loup est un animal trop
maléfique et les bestiaires n'en font pas un portrait
élogieux : c'est un prédateur, un carnassier, un voleur, un
trompeur (qui revêt la peau du mouton), une bête noire qui n'agit
que la nuit dans les ténèbres et dont les yeux brillants ne font
que renforcer ce portrait diabolique99(*). Bref, un animal mauvais qui n'a pas sa place dans le lieu
saint qu'est l'Éden.
Éric Baratay note une absence des animaux dans
les descriptions de Paradis alors qu'ils abondent dans les enfers100(*) : l'animal fait peur et
spécialement l'animal sauvage que l'homme ne peut pas dompter, l'animal
qui peut tuer l'homme. Étrangement les animaux dangereux ne sont pas
majoritaires dans les enluminures de la nomination des animaux. Leur place
serait pourtant naturelle, pour montrer le pouvoir qu'avait l'homme dans
l'état d'innocence, sur l'humanité contemporaine. Or à
part les lions, au nombre de vingt-quatre, qui doivent surtout leur
présence à leur symbolique royale, nous avons seulement cinq
ours, quatre panthères, deux serpents et peut-être un loup. En
règle général Adam ne fait face qu'à des animaux
qui ne sont pas dangereux pour l'homme à l'époque
médiévale. L'enlumineur a préféré
représenter des animaux dont l'homme a toujours gardé la
domination. Seul le lion rappelle que la suprématie d'Adam
s'étendait aussi aux prédateurs.
Avec le christianisme une distinction très nette
se fait entre l'homme et l'animal. La nomination des animaux et plus largement
la suprématie de l'homme sur le monde animal prend un sens
matériel qu'elle n'avait peut-être pas à l'origine. La
bête est un objet créé pour le bien de l'homme, centre et
maître de la création. Il a le droit de l'utiliser au quotidien,
de la tuer pour se vêtir, se nourrir ou l'utiliser pour son plaisir101(*). C'est pourquoi Isidore de
Séville a placé son commentaire de la nomination des animaux
juste avant l'exposé sur les animaux domestiques, ceux qui sont le plus
clairement utiles et utilisés par l'homme : bovins, ovins, caprins.
2. La domination des animaux domestiques et sauvages
De la domination d'Adam sur les animaux, les hommes
n'ont conservé qu'une partie de leur pouvoir en particulier sur les
animaux domestiques. Et ce sont surtout ces animaux qui sont
évoqués dans le corpus iconographique. Les enlumineurs
représentent les animaux sur lesquels l'homme peut exercer son pouvoir.
Robert Grosseteste (1253) nous explique que le péché
originel n'a rien changé à la domination de l'homme sur les
animaux :
Dieu a donné la domination à l'être
humain, mais il prévoyait que l'homme aurait besoin des animaux
après la Chute [...]. Si l'homme n'était pas tombé, les
autres créatures le serviraient simplement dans l'obéissance.
Mais après le péché, la création a pris feu
à cause du tourment infligé par le Malin. Mais à travers
ce tourment, ils n'ont pas cessé de servir102(*) .
Déjà saint Augustin consacrait une partie
de son commentaire de la nomination des animaux (Gn. II, 18-24) au pouvoir
donné aux hommes de domestiquer certains animaux :
Dieu créant l'homme lui a donné le pouvoir,
même lorsqu'il porte une chair de péché, de maîtriser
et d'apprivoiser non seulement les bestiaux et les bêtes de sommes
soumises à son usage, non seulement les oiseaux domestiques mais encore
ceux qui volent à l'air libre et n'importe quelle bête
féroce, et de leur commander par la puissance de la raison et non par la
force physique, lorsque mettant en jeu leurs appétits et leurs
souffrances, il les captive et les maîtrise peu à peu en les
alléchant, en les refrénant, en relâchant son emprise et
ainsi les dépouiller de leur comportement sauvage pour les amener
à revêtir en quelques sorte des moeurs humaines103(*) .
Le fait d'avoir la possibilité de domestiquer, du
moins d'apprivoiser, la plupart des animaux, même le lion ou l'ours que
l'on retrouve dans les ménageries, renforce l'homme dans sa position de
supériorité face à l'animal. À partir du XIIIe
siècle les ménageries ne sont plus seulement l'apanage des
princes et des riches abbayes, mais aussi de chapitres, de prélats, et
de seigneurs104(*). Les animaux
exotiques sont exhibés aux foules. Au XIIe siècle, Raoul Tortaire
moine de l'abbaye de Fleury assiste à un spectacle à Caen
donné par le duc de Normandie : il peut admirer des animaux
réputés dangereux comme un lion, un léopard ou un lynx, ou
plus inoffensif, un chameau et une autruche105(*). En fin de compte presque tous les animaux du corpus
iconographique peuvent être occasionnellement dominés par l'homme.
Et c'est à Adam que le Moyen Âge doit cette domination
partielle sur tous les animaux. En donnant un nom aux animaux Adam a
affirmé sa maîtrise sur le monde animal, de même le grand
seigneur propriétaire affirme sa puissance en peuplant son jardin
d'animaux sauvages ou exotiques106(*) .
3. Une créature à disposition de l'homme ou
la créature soeur ?
L'animal est une créature mise à la
disposition de l'homme qui peut s'en servir et le tuer. Cette idée
jalonne les écrits chrétiens. Par exemple à partir du XIIe
siècle, on lit dans l'Elucidarium que les animaux sont faits
pour l'homme, qu'ils soient bons ou mauvais. L'Elucidarium d'Honorius
Augustodunensis a une grande influence dans le monde médiéval
puisqu'on y retrouve des passages dans de nombreux manuscrits en langue
vulgaire. Lui qui n'a eu aucune influence dans le monde universitaire parisien,
a longtemps alimenté la vie religieuse des foules, et transmet des
idées admises par le plus grand nombre :
Dieu créa les animaux nuisibles avec autant de soin que
les anges et pour sa plus grande gloire. Les mouches et moustiques piquent
l'homme et le rappellent à l'humilité, ce sont des moustiques,
non des lions ou des ours qui ont dévasté le royaume de pharaon,
les fourmis et les araignées lui donnent l'exemple du travail. Toutes
les créatures sont bonnes, et toutes ont été
créées pour l'homme, qu'elles soient belles, curatives,
nourrissantes ou édifiantes.107(*)
Pour minimiser la puissance physique qu'a l'animal sur
l'homme, les interprètes de la Bible mettent en valeur la dignité
de l'homme qui a été fait à l'image de Dieu. L'animal est
une créature bien distincte de l'homme. En 1277, les autorités
ecclésiastiques et théologiques ont condamné la
thèse philosophique selon laquelle était interdit par la loi
naturelle «le meurtre des animaux irraisonnables, tout comme celui des
animaux raisonnables, même si elle l'interdisait à un degré
moindre»108(*). le
«meurtre» n'est pas un terme adéquat aux animaux, puisqu'il
s'applique nécessairement à un être humain.
Saint Thomas d'Aquin affirme que les animaux ne
perçoivent pas l'immatériel, le spirituel, de ce fait il condamne
les procès des animaux, car ces derniers n'ont pas la notion du bien et
du mal109(*) .
Albert le Grand, qui montre comment l'animal est parfois
capable de déductions, apporte une autre restriction en soulignant que,
pour l'animal le plus intelligent, les signes restent toujours des signaux,
mais ne deviennent jamais ce que nous appellerions aujourd'hui des symboles.
Deux différences essentielles qui semblent établir une
frontière imperméable entre l'homme et la bête. La
bête s'éloigne de l'homme.
D'autre part, d'après le récit de la
Création, l'animal est la créature soeur de l'homme : ils
ont été façonnés tous les deux le sixième
jour, à partir de la glaise par la main de Dieu. Il existe deux termes
en latin pour signifier le nom : nomen, désigne le nom des
personnes et vocabulum, qui désigne plutôt le
nom commun, le mot. Or pour le nomination des animaux la Bible et ses
commentaires utilisent en majorité le terme nomen. Le fait que
les animaux aient une anima, un souffle de vie qui les anime,
les rapprochent plus des hommes que des choses ou des êtres
inanimés. Adam a reçu le même souffle de vie du
Créateur.
Isidore de Séville dans son texte mentionnant la
nomination des animaux (annexe, texte 2) utilise les deux termes
nomen et vocabulum. L'objectif de l'ouvrage étant le
recension des étymologies des noms d'animaux, les mots, peut-être
Isidore a-t-il préféré utiliser un terme
«technique», grammatical, les noms donnés par Adam
étant les noms communs faisant l'objet d'une étude
étymologique par la suite. Cependant le fait que ce soit un passage
biblique, Isidore a préservé le vocabulaire imposé par
saint Jérôme. Une autre hypothèse voudrait qu'Isidore ait
voulu faire preuve de son savoir linguistique et montrer l'étendue de
ses connaissances latines. Les deux termes désignant le nom, sont
utilisés régulièrement l'un après l'autre.
Aux derniers siècles du Moyen Âge,
sous l'effet des prédications des mendiants, s'opère une
démonisation des animaux. Certaines bêtes sont de plus en plus
précisément assimilées à certains
péchés capitaux. Ce qui diffère des siècles
précédents où l'animal était
considéré comme un être inférieur mais souvent
envisagé dans une perspective positive. Cette transition se fait au
début du XIIIe siècle lorsque s'ouvre chez les théologiens
le grand débat sur la rationalité de l'âme humaine. L'homme
a été tiré vers la rationalité et l'animal vers
l'irrationalité. Un fossé infranchissable se creuse alors entre
ces deux créatures. Les êtres hybrides, mi-homme, mi-animal
disparaissent. Cependant quelle que soit l'époque, les êtres
hybrides n'ont pas leur place dans la scène de la nomination des
animaux. Les créatures mi-homme, mi-animal sont
considérées, par quelques récits légendaires sur la
Création110(*), comme des
ratés de la création, repoussés aux
extrémités de la terre, et qui n'ont donc pas eu le droit
d'appartenir à l'ensemble parfait de la Création que Dieu
considéra comme «très bon», à la fin de son
travail.
Il reste cependant l'exception de saint François
d'Assise que nous étudierons plus loin, qui a eu une vision sur les
animaux souvent opposée à ses contemporains. Pour lui les animaux
sont sans aucun doute les créatures soeurs dont l'homme devrait
s'inspirer un peu plus souvent.
Chapitre 2. Le jardin paradisiaque
1. L'explosion des jardins au XIIIe siècle
Au XIVe siècle, l'individu considère la
nature qui l'entoure comme un monde désacralisé mais riche en
poésie. Ce sera une des missions du peintre de participer à
l'inventaire de tout ce qui en fait la beauté. Il s'attachera tout
spécialement à représenter les animaux dans leur
environnement111(*). Au milieu du
XIIIe siècle s'ouvre l'ère des grands voyages en Orient et les
récits de voyages dont celui de Marco Polo qui vint enrichir le
bestiaire et l'herbier médiéval.
Les enlumineurs s'évertuent à enrichir et
décorer leurs vignettes. L'enluminure fait la beauté du manuscrit
et à de riches commanditaires correspondent de riches illustrations. Les
XIIe et XIIIe siècles voient l'émergence des jardins de plaisirs,
ce ne sont plus simplement des potagers ou des carrés d'herbes
médicinales, mais des arbres et des fleurs qui viennent garnir un espace
qui ne fera que croître tout au long de la fin du Moyen Âge
dans les domaines seigneuriaux. Cette transformation des jardins est due en
partie à l'influence arabe dont les Normands ont découvert les
merveilles en Sicile. Par l'amélioration des jardins l'homme montre sa
maîtrise de la nature, il veut la dominer, mais aussi vivre en harmonie
avec elle, «et au delà, vivre en harmonie avec le divin»112(*) . Le jardin d'Éden
représente cet âge d'or où l'homme vivait avec Dieu en
harmonie avec une végétation luxuriante et féconde et des
animaux soumis et pacifiés.
Bien des histoires d'amour du XIIe et XIIIe
siècles se déroulent dans des jardins, mais la description la
plus classique est donné dans le Roman de la Rose : des arbres
fruitiers, des gazons fleuris, des tonnelles sur lesquelles grimpent des
rosiers, une fontaine et un hortus conclusus.113(*) Cette description du Paradis est
issue de l'image véhiculée par le Cantique des cantiques, qui
servira plus de modèle aux représentations paradisiaques que les
quelques indices laissés par le récit de la
Création.
2. Le modèle de la Genèse
La description du paradis terrestre dans la
Genèse est en effet assez vague pour laisser à l'enlumineur libre
cours à son imagination. Les éléments indispensables du
Paradis se retrouvent dans les enluminures de la nomination les plus
travaillées.
En cela les bestiaires se distinguent des bibles. Les
enluminures des bestiaires répondent à un besoin
«scientifique», ce sont presque des croquis pour chaque article
d'animal, et l'image de la nomination se réduit au minimum, c'est
à dire Adam, souvent assis sur un trône et des animaux, voire
quelques éléments naturels servant de support comme dans le
bestiaire de Anne Walshe (ill. 24) et le liber de bestiis de Cambridge
(ill. 25) où l'arbre, l'eau et le rocher ne sont là que pour
soutenir les animaux aériens, marins et terrestres.
Pour les bibles, l'enluminure s'insère dans une
série d'image relatant des épisodes de la Genèse. La
nomination des animaux par Adam vient après la description du jardin
d'Éden (Gn II, 8-14), et les éléments identifiant
l'Éden se retrouvent sur les vignettes enluminées. La promotion
que reçoivent les jardins, tant dans a vie réelle qu'au niveau
symbolique (dans la littérature courtoise), se reflète dans
l'iconographie, qui emprunte d'autres éléments.
Nous avons d'abord les quatre fleuves, un des rares
indices naturels et géographiques laissés par la Genèse.
Puis l'arbre, le roi des éléments naturels, qui à lui seul
peut représenter la végétation créée par
Dieu. Suivent les fleurs plus spécifiques au Cantique des
cantiques, comme la clôture, fermant le jardin clos du Cantique.
Certains animaux sont indissociables du Paradis qui est leur milieu
naturel.
La Genèse lègue les noms de quatre
fleuves, le Phison, le Geon (qui au Moyen Âge
étaient identifiés comme le Nil et l'Indus), le Tigris
et l'Euphrates. Ce qui a permis de vite localiser l'Éden en
Orient. Ces fleuves prennent donc source dans l'Éden. Dans les deux
bibles historiales de Guiart des Moulins, les quatre fleuves de l'Éden
prennent source aux pieds d'Adam (ill. 19 et 21). Nous retrouvons l'image
d'Adam à la source de la nature, comme il a eu la paternité sur
les animaux en leur donnant un nom. Les fleuves de l'enluminure de Saint-Omer
(ill. 21) prennent source sous un arbre, l'arbre de vie. Cet arbre est en effet
au centre de la vignette, peut-être est-ce le souci de bien placer
l'arbre de vie qui se trouve au centre du jardin d'Éden (Gn II, 9).
Cette position centrale se retrouve dans le bestiaire de Meermanno114(*) (ill. 28).
L'arbre est le deuxième élément
identifiant l'Éden, puisque la Genèse mentionne l'existence de
deux arbres, l'arbre de vie au milieu du jardin et l'arbre de la connaissance
de ce qui est bon ou mauvais» (Gn. II, 9). Des arbres multicolores (vert
rouge et jaune) garnissent l'Éden de la bible de la Pierpont Morgan
Library (ill. 9), ils sont l'illustration du verset de la Genèse
décrivant les arbres : «le Seigneur Dieu fit germer du sol
tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger» (Gn II, 9). Les
arbres servent de toile de fond à tous les jardins
médiévaux, spécialement les arbres fruitiers. Les
enluminures ne sont pas assez précises pour déterminer la nature
des arbres, mais depuis que les rois normands de Sicile ont diffusé les
citronniers et les orangers depuis la Sicile, ces deux arbres sont devenus les
arbres par excellence des jardins courtois ou mystiques, dans la
littérature et l'enluminure115(*).
L'arbre reste l'élément essentiel au
décor du Paradis, l'enluminure du bestiaire du Vatican (ill. 17) qui n'a
pour ainsi dire aucun élément «inutile», purement
décoratif, possède son arbre, un arbre qui ne sert pas de support
à quelques oiseaux de la Création, un arbre qui a pour seule
«fonction» de représenter le Paradis, l'arbre de vie.
3. Le modèle du Cantique des cantiques
Avec le temps l'image du paradis terrestre va
s'étoffer, la bible flamande du XVe siècle (ill. 27) nous offre
un sol garni de fleurs et des arbres remplis de fruits. L'étrange ciel
du bestiaire de Meermanno (ill. 28) mélange la nuit
étoilée et le jour nuageux. L'influence sur la littérature
courtoise qui décrit si bien les jardins est évidente . Les
fleurs du Roman de la Rose sont innombrables, comme dans le Cantique
qui abonde de parterre fleuris, de lys et de fleurs des champs116(*) :
«Violete y avoit trop bele
Et pervenche freche et novele ;
Si ot flors blanches et vermeilles ;
De jaunes en y ot merveilles...»117(*)
L'hortus conclusus connaît au XIIIe
siècle une forte promotion, parallèlement à celle de la
Vierge. Le jardin clos dont parle le Cantique des cantiques a
été identifié comme étant la Vierge
préservant en son sein son trésor, le Christ : hortus
conclusus soror mea sponsa hortus conclusus fons signatus118(*) . S'il intègre des plantes
symbolisant la Vierge, comme le lys, la violette, la rose ou l'iris, ce jardin
comprend des éléments du Paradis décrit dans la
Genèse, comme l'arbre de la Connaissance et l'arbre de Vie. La
représentation du jardin clos se transforme par la suite en celle du
jardin courtois du Roman de la Rose, lieu de délices où
l'idée de la fécondité est associée à
l'amour et où les personnages se réunissent autour de la fontaine
de l'amour119(*). Le lieu
d'où surgit la vie, s'est vu transformé en lieu d'amour avec la
littérature laïque. La femme courtisée est un jardin clos,
un coeur à pénétrer, un jardin de délice. Ce lieu
de vie et de fécondité qu'est le paradis, l'hortus
conclusus, est représenté par les lapins très
nombreux dans le corpus iconographique (ill. 2, 4, 5, 7, 8, 10, 13, 14, 18, 21,
23, 28), les lapins par leur prolifération et leur côté
sensuel sont le symbole par excellence de la fécondité. Enfin la
vie est «gravée» sur les genoux d'Adam sous la forme de
petites croix gammées dans la tapisserie de Gérone (ill.
1).
Le panneau représentant «la création
et la chute» qui orne le folio 14 des Heures du duc de
Bedfort120(*) (ill. 26) nous montre
le goût de l'aristocratie princière pour les jardins de plaisir
où coulent les quatre fleuves à partir de la fontaine de vie, sur
un sol parsemé de petites fleurs et d'arbres fruitiers. La nomination
des animaux se trouve elle-même aux extrémités du jardin,
accolée à une barrière de vannerie. Une barrière
très symbolique qui ferme le jardin du Paradis.
4. Les animaux du Paradis
On perçoit un changement parmi les animaux
à la fin du XIIIe siècle. Hormis le bétail (caprins,
bovins et ovins) très représenté dans tout le corpus
iconographique, pour des raisons que nous avons évoquées plus
haut (en référence au texte d'Isidore de Séville, et par
le fait que l'homme ait maintenu sa supériorité sur ces animaux),
les animaux du Paradis prennent une place importante. Comme le lion, le paon et
le chameau, tous trois présents dans les Heures du duc de
Bedfort (ill. 26).
Même si les bestiaires insistent plus sur
l'orgueil et la vanité du paon, celui-ci par sa beauté et sa
majesté appartient au bestiaire du jardin paradisiaque : sa queue
ouverte ressemble au firmament, il devient l'apanage des jardins
aristocratiques. Pour le Physiologus, «le paon est un oiseau
charmant, plus que tous les oiseaux du ciel»121(*) . Le paon appartient plus au jardin courtois, au jardin
des délices, qu'au jardin du Paradis, mais l'amalgame entre ces deux
jardins allant croissant, il n'est pas étonnant de le voir dans une
bible du XVe siècle, d'autant plus qu'elle est destinée à
un homme de la haute aristocratie, le duc de Bedfort, fils d'Henri IV
d'Angleterre alors régent de France. La symbolique
paléochrétienne a pu favoriser l'entrée de cet animal dans
le Paradis, puisque présent dans les catacombes, le paon
représentait la vie éternelle aux coté du cerf et de la
colombe122(*) , deux animaux
représentés dans l'enluminure. Or s'il ne manque qu'une chose
dans l'Éden, c'est bien la mort.
La présence du lion est presque
systématique et l'on peut être tenté de dire que ce n'est
pas un animal exotique au Moyen Âge123(*). Sa présence paraît toute naturelle dans le
bestiaire de Meermanno (ill. 28), au milieu d'animaux domestiques : une
vache, une chèvre, un bélier, un cheval, un chien et un lapin.
Cependant elle est nécessaire pour montrer qu'Adam n'avait pas la
même domination sur les animaux que les hommes contemporains de cette
enluminure, pour montrer que tous les animaux pouvaient se côtoyer. De
plus, son titre de roi des animaux permet au lion d'être une des figures
essentielles du Paradis, une figure indispensable.
Quant au chameau, qui est l'animal symbolique de
l'Orient, il rappelle que la jardin d'Éden se situe en Orient.
L'éléphant, est doublement un animal du Paradis, par son
exotisme, et par son symbolisme. Il est l'image d'Adam et d'Ève.
L'article sur l'éléphant de Guillaume le Clerc dans son
Bestiaire d'Amour, nous présente ces animaux qui viennent
d'Inde et d'Afrique et les compare au premier couple :
«En ces bestes par verite
sont Eve et Adam figure
quant il furent en paraïs»124(*).
Adam et Ève sont souvent mis en parallèle
avec le couple que forment l'éléphant et
l'éléphante. Les comparaisons véhiculées par les
bestiaires ne manquent pas entre ces deux couples. Les éléphants
sont chastes, et ne s'accouplent qu'après avoir mangé du fruit de
la mandragore, fruit offert par la femelle pour aguicher le mâle. La
femelle n'enfante que dans l'eau pour protéger sa progéniture du
venin du serpent ou du dragon, ennemi par excellence de
l'éléphant. Au delà du couple primitif, les
éléphants représentent toute la descendance d'Adam qui
doit attendre l'arrivé du nouvel Adam, le Christ, pour se relever du
péché, comme un éléphant tombé qui ne peut
se relever même aidé de douze autres (les prophètes), sinon
grâce à un saint petit éléphant, Car d'après
les bestiaires seul un éléphanteau parviendra à relever
l'éléphant tombé. L'éléphant malgré
cette double interprétation est plus rare dans le corpus iconographique
(ill. 2, 4, 27).
C'est pourquoi dans le bestiaire de Saint-Petersbourg
(ill. 4), l'éléphant et le chameau se retrouvent au même
niveau, ils représentent l'Orient, le berceau géographique du
Paradis. À la fin du Moyen Âge les représentations se
fixent et l'éléphant représente plus l'Afrique et le
dromadaire l'Asie. Il n'est pas rare de voir des dromadaires dans les
bestiaires du XIIIe siècle (voir les ill. 4, 7, 8, 10, 13), le bestiaire
de la Boldeian Library (ill. 18) copie du fameux bestiaire d'Aberdeen (ill. 5)
a même rajouté l'animal que son modèle avait omis. Le
bestiaire d'Aberdeen s'est contenté d'animaux indigènes, mis
à part les lions.
Enfin le dernier animal qui pourrait appartenir aux
«animaux du Paradis» serait la licorne. Les bestiaires racontent que
la licorne se fait capturer une fois endormie sur le sein d'une vierge.
L'interprétation mystique est que la licorne représente le Christ
descendu sur terre dans le sein de la Vierge et capturé et tué
par les hommes. L'association de la licorne avec une vierge, puis avec la
Vierge Marie, la met souvent au milieu de l'hortus conclusus, ce
jardin clos et interdit à l'homme depuis le péché
originel. L'hortus conclusus est l'Éden ou le fruit de la
Vierge qu'est le Christ. Par association d'idées, la licorne devient
animal du Paradis. Symbole de virginité et de pureté comme
l'éléphant, elle symbolise la sainteté du Paradis, et le
plus bel exemple en est la série de la dame à la
Licorne, conservée au musée de Cluny. Les licornes font une
apparition remarquée au XVe siècle au détriment de l'autre
animal à la majestueuse ramure, le cerf.
La bible flamande du XVe siècle (ill. 27) qui
tente du recréer l'ambiance paradisiaque à travers une
végétation florissante, a aussi sélectionné ses
animaux. Outre la chèvre et un quadrupède (peut-être un
cheval), nous avons le cerf christique, ainsi que des animaux exotiques, ceux
du Paradis, le lion, l'éléphant et la licorne.
Chapitre 3. Espoir d'un retour à l'harmonie
originelle
À travers les hagiographies, puis par
l'iconographie, nous remarquons une constante tout au long du
Moyen Âge; celle de la quête du Paradis terrestre, une
quête physique comme en témoignent les récits de voyageurs.
Mais c'est aussi une quête mystique, celle de retrouver l'harmonie
originelle entre les créatures, une harmonie qui est preuve de
sainteté. La complexification des jardins, leur amélioration au
cours des siècles médiévaux nous montre cette quête
au niveau de la végétation. Le jardin d'Éden est un
modèle pour les jardins aristocratiques laïcs, dans l'espoir de
retrouver l'harmonie entre l'homme et la nature. La quête de l'harmonie
paradisiaque chez les clercs se retrouve plutôt dans l'harmonie entre
l'homme et l'animal.
1. Le saint et les bêtes sauvages
La supériorité spirituelle de l'homme sur
l'animal a été fortement et paradoxalement soulignée tout
au long du Moyen Âge, alors que le simple rapport de force physique
entre l'animal et l'homme n'a jamais été si désavantageux
pour ce dernier. Mais il ne s'agit précisément pas de faire
valoir un droit de nature de l'homme sur l'animal, fondé sur une
puissance plus grande, mais sur une différenciation de dignité
entre l'homme et l'animal, l'homme étant fait à l'image de
Dieu125(*). Adam, fait à
l'image de Dieu, dans son état d'innocence domine tous les animaux. Nous
avons vu que l'homme par la faute du péché à perdu sa
supériorité sur certain animaux, ou plutôt comme
l'expliquent les commentaires, les animaux se sont rebellés contre
l'homme pécheur. Ils n'avaient plus de raison de rester dans
l'obéissance d'un homme rebelle à Dieu.
Maître Eckhart (1328) n'impute pas, comme la
plupart des commentateurs, au péché originel de l'homme, la perte
de l'autorité sur tous les animaux. Adam, selon maître Eckhart, a
eu la supériorité sur les animaux parce que sa raison dominait
ses passions, ce qui est dans l'état naturel des choses. La passion est
naturellement inférieure à la raison or les animaux sont des
êtres de passion et l'homme est un être de raison. Qu'un animal
n'obéisse pas à un homme n'est donc pas naturel. Car comme
l'explique maître Eckhart :
«par nature tout animal est soumis à
l'homme : on peut voir qu'un seul homme même jeune et faible conduit
et gouverne tout un troupeau de bête de somme ou d'autres animaux.
Même un petit garçon monte un énorme destrier, le
maîtrise et le conduit par le frein»126(*)
Les bêtes brutes n'obéissent plus à
l'homme, quand elles sont agitées par les passions, c'est à dire
quand elles ne sont pas dans leur état naturel. L'homme a donc
autorité sur tous les animaux dans leur état naturel, non
pervertis par les passions, les hommes du Moyen Âge peuvent avoir
cette supériorité comme l'avait Adam. Il est donc possible de
retrouver cet état harmonieux où les animaux vivaient en paix
sous l'égide de l'homme.
L'homme peut retrouver parfois cette domination, par le
long travail de l'apprivoisement et de la domestication. Tous les animaux
peuvent être domestiqués, comme le prouvent les ménageries
médiévales. Cependant les animaux, qui eux n'ont jamais
été dans la désobéissance vis-à-vis de Dieu,
peuvent parfois se soumettre de leur propre chef à la volonté
d'un saint homme, lui même soumis à Dieu. Car même s'il a
perdu son pouvoir de supériorité à cause du
péché, en luttant contre celui-ci l'homme est capable de
retrouver cette souveraineté. La Légende dorée
nous donne l'image d'un saint Blaise comparable à Adam au milieu des
animaux :
Après avoir reçu l'épiscopat [de Sebaste
en Cappadoce], à cause de la persécution de Dioclétien,
Blaise gagna une caverne où il mena une vie érémitique,
les oiseaux lui apportant sa nourriture, et les bêtes s'attroupant autour
de lui d'un coeur unanime, ne le quittant que lorsqu'il leur avait
imposé les mains pour les bénir ; et s'ils étaient
malades, ils venaient aussitôt le voir et en rapportaient une
guérison complète. Le gouverneur de cette région ayant
envoyé ses soldats à la chasse, ceux-ci étaient
restés bredouilles et étaient arrivés par hasard devant la
grotte de saint Blaise. Il y trouvèrent une grande foule de bêtes
debout devant lui. toutes leurs tentatives pour les capturer furent vaines,
aussi l'annoncèrent-ils stupéfaits à leur
maître[...].127(*)
Les hagiographies du haut Moyen Âge regorgent
de soumissions de bête sauvages à un saint. Dans son ouvrage sur
le bestiaire médiéval, Jacques Voisenet montre que «dans une
littérature presque exclusivement cléricale [...] le pouvoir de
la sainteté sur le monde physique a été mis en exergue. Il
s'étend sur tout le règne animal et permet de faire respecter
l'ordre divin d'avant la faute originelle, où les espèces douces
et paisibles côtoyaient sans danger les bêtes devenus par la suite
féroces [...]. Le saint s'érige en protecteur des animaux les
plus faibles, de ceux poursuivis par des prédateurs ou par des
chasseurs. Dans ce jeu cruel de la violence quotidienne[...] il s'interpose et
réintroduit un équilibre paradisiaque»128(*). Dans Le Pré
spirituel de Jean Moschus nous avons l'exemple d'un lion qui se fracasse
le crâne contre la tombe du moine qui l'avait soigné et nourri, et
qu'en échange il protégeait. Et l'auteur de conclure :
Tout cela se fit non pas qu'il faille lui attribuer une
âme raisonnable mais parce que Dieu voulait glorifier ceux qui le
glorifiait[...] durant leur vie [...] et montrer comme les bêtes
étaient soumises à Adam avant qu'il eut transgresser son
commandement et qu'il eut été chassé du Paradis des
délices129(*)
Saint Jérôme fut aussi accompagné
d'un lion tout dévoué auquel il avait enlevé une
épine du pied : c'est la force brute vaincue par la
pitié ; de même saint Blaise fait rendre à un loup un
pourceau qu'il avait volé à une pauvre femme130(*) et saint François d'Assise
apprivoise le loup qui terrorisait les gens de Gubbio.
Beaucoup de bêtes sauvages sont
métamorphosées au contact des saints, ermites ou moines. Chez
certaines on notera des changements alimentaires, le lion cité
précédemment est devenu herbivore au commandement de son moine.
«Il s'agit d'une véritable conversion qui leur fait embrasser le
mode de vie érémitique, modèle qui s'impose même aux
bêtes sauvages alors que de nombreux hommes, dans leur aveuglement,
refusent de reconnaître cet idéal»131(*)
2. Retrouver l'harmonie originelle
L'idée d'un retour à l'harmonie originelle
qui transparaît donc dans plusieurs textes médiévaux,
trouve sa source dans la Bible, dans le fameux passage du livre d'Isaïe
(XI, 6-8) :
Le loup habitera avec l'agneau,
Le léopard couchera près du chevreau,
Le lion et la brebis seront nourris ensemble,
Un petit garçon les conduira.
La vache et l'ourse auront même pâture,
Leurs petits même gîte.
Le lion comme le boeuf mangera du fourrage.
Le nourrisson s'amusera sur le trou de l'aspic,
Sur le nid du basilic, l'enfant sevré posera sa
main.132(*)
Les ermites et les anachorètes qui vivaient comme
des animaux , vêtus de peau de bêtes et hirsutes, cherchaient au
delà de cette épreuve humiliante, à retrouver l'harmonie
originelle qui régnait entre Adam et les animaux, entre Adam et la
création de manière plus générale, et par là
à s'approcher de Dieu. Mais cette vie érémitique orientale
a connu moins d'engouement en Occident, car elle était souvent
lié à la folie, folie d'un homme qui abandonne ses
caractères humain comme la raison et la parole133(*) . Or la parole est à
l'origine de la domination de l'homme sur le règne animal, à
l'origine aussi de l'harmonie, puisque c'est par la parole qu'Adam a
attribué à chaque animal son rôle dans le paradis terrestre
et plus largement sur terre, c'est la parole qui a créé une
différence indispensable entre les créatures, une
différence qui a permis une certaine hiérarchie, et cette
hiérarchie a permis à son tour l'harmonie sous la coupe de
l'homme. En Occident plutôt que de vivre comme et parmi les animaux, les
saints imposent leur autorité aux animaux, les plus féroces
deviennent doux et les plus sauvages adoptent une vie de société,
et ce souvent par une simple parole du saint, ou un geste comme la
bénédiction ou l'imposition des mains.
Cette autorité sur le monde animal montre une
situation idéale, montre quel fut l'âge d'or de l'humanité
dans l'Éden, elle renforce l'homme dans son idée de
supériorité sur le monde qui l'entoure, un monde qu'il
maîtrise de mieux en mieux.
L'image d'Adam nommant paisiblement les animaux dans un
décor paradisiaque appartient à une constante de l'époque
médiévale : l'image du paradis des délices dont les
portes ont été fermées et que l'humanité a perdu de
vue. Le Paradis perdu hante la plupart des hommes au Moyen Âge, qui
rêvent secrètement de le retrouver ; c'est un quête physique
qui refait régulièrement surface. Sur les cartes
médiévales, la présence du Paradis est l'un des
éléments les plus stables134(*) . Les voyageurs, les pèlerins en Orient racontent
parfois s'être approché de l'Éden. La légende de
saint Brendan, qui voyagea pendant trois ans, avec en tête la recherche
du paradis terrestre, montre une certaine originalité en partant vers
l'ouest135(*) .
Les textes hagiographiques se réfèrent
souvent à l'âge d'or paradisiaque où Adam régnait
sur la faune, quand ils décrivent les relations étroites entre un
saint et un animal, et ce dans une perspective de retrouver un jour cette
harmonie.
On retrouve aussi l'idée de paradis dans les
ménageries. Celle-ci n'ont pas comme locataires que des animaux
exotiques, on y trouve aussi des animaux indigènes tels les cerfs, les
ours ou les sangliers. Dans son article sur les jardins et les
ménageries, Élisabeth Antoine se demande pourquoi des animaux
appartenant au bestiaire du diable, ou ayant plus d'aspects négatifs
(comme le sanglier ou le paon), côtoient des animaux très
valorisés par les bestiaires (comme le lion et le cerf). C'est
peut-être justement pour parachever la prophétie du livre
d'Isaïe. Une telle ménagerie se trouvait dans le palais des papes
à Avignon au XVe siècle, Au niveau symbolique cette
variété d'animaux peut s'expliquer par l'image de l'harmonie
paradisiaque retrouvée, «toutes les valeurs négatives
attribuées aux animaux sont annulées et l'harmonie du monde est
restituée»136(*)
Chapitre 4. L'exemple du monde animal
Le monde animal sert d'exemple aux hommes, la
scène de la nomination des animaux n'a pas été
interprétée comme un simple don de noms par l'homme aux animaux.
Le monde animal qui est superposable au monde humain, offre ainsi au
commentateur médiéval une approche différente du texte de
la Genèse . D'une part les animaux dominés par Adam sont les
passions dominées par la raison, et d'autre part le troupeau de la
chrétienté est comparé aux animaux de la création
soumis et obéissants envers le pasteur.
1. Dominer ses animaux intérieurs
Dans la domination que Dieu donne à l'homme sur
les animaux, Origène voit une injonction à soumettre les
instincts bestiaux de l'homme, cette sorte de «jardin zoologique de
l'homme»137(*) ; ces animaux
sont soit tout ce qui procède de l'âme et de la pensée du
coeur, soit tout ce qui provient des désirs corporels et des mouvements
de la chair.
Les clercs proposent donc à l'homme du
Moyen Âge un champ illimité de domestication, extensible
à tout le règne animal où aucune bête n'est
finalement plus apprivoisable qu'une autre puisqu'il faut retrouver à
l'instar du saint l'état «naturel» dans lequel le monde aurait
dû vivre. La supériorité de l'homme sur le monde animal,
c'est la supériorité de la raison sur les passions. Le sens
allégorique de la nomination des animaux (tel que l'a décrit
Henri de Lubac138(*) ), c'est que
l'homme à l'instar d'Adam qui domine les animaux en les nommant
raisonnablement, doit dominer ses passions intérieures par la raison.
Tout ces démons intérieurs qui se cachent dans l'homme, et qu'il
doit dominer se retrouvent personnifié dans un animal : le sanglier.
C'est un animal à figure ambivalente qui se
retrouve souvent dans les bestiaires en marge des enluminures. Seule la
tête du solitaire émerge de la marge dans le bestiaire de
Saint-Petersbourg (ill. 4), où il fait piètre figure entre
l'éléphant, le boeuf et le cheval. Le bestiaire d'Aberdeen (ill.
5) nous montre deux sangliers (le mâle et la laie) coupés par la
marge, sa copie d'Oxford (ill. 18) fait ressortir la couleur noire de l'animal.
Dans le bestiaire d'Oxford139(*)
(ill. 7) il marche à contre courant, il est caché par la
chèvre debout qui ainsi le domine physiquement, comme les autres grands
quadrupèdes qui lui sont accolés. Caché, noir,
diminué : l'enluminure reflète bien les textes.
Le sanglier accumule toutes les défauts du
diable, Henri de Ferrières énumère ainsi ses dix
défauts diaboliques, en comparaison aux qualités christologiques
du cerf. Il est laid, noir, hérissé, il vit dans les
ténèbres, a deux armes redoutables comme les crochets de l'enfer,
il ne regarde jamais vers le ciel, fouille le sol toute le journée et ne
pense qu'aux plaisirs terrestres, il est sale, a les pieds tordus, et est
paresseux140(*). Le
Physiologus le décrit comme étant le diable qui sort de
la forêt pour ravager les vignes, c'est-à-dire qu'il sort des
ténèbres pour ravager les âmes mal barricadées dans
la volonté de Dieu141(*) .
On constate que le sanglier du bestiaire d'Oxford (ill. 18) est dans la
même case que les chèvres et le mouton, représentants du
troupeau chrétien, une chèvre qui est souvent l'image du mauvais
chrétien tourne sa tête du coté du sanglier, attirée
par le Mal.
L'homme doit dominer ses passions, il doit se
séparer de ses vices, comme le castor se coupe ce que les bestiaires
pensaient être ses testicules. Dans le bestiaire de Saint-Petersbourg
(ill. 4) le castor est en pleine action.
Le bestiaire d'Alnwick Castle (ill. 10) qui se distingue
des autres par l'abondance des animaux, a aussi la particularité de
présenter des animaux qui se battent. Alors que l'harmonie et la paix
devraient régner dans le jardin d'Éden, le chien mord le cheval
au cou, et le taureau affronte le lion. Ces animaux qui peuvent avoir une
symbolique très positive représenteraient, ici par leurs combats,
certains péchés capitaux, comme l'orgueil pour le lion et le
cheval, la colère pour le taureau et l'envie pour le chien. Les autres
quadrupèdes accolés complètent ce palmarès, la
paresse de l'âne, la luxure du chat, l'avarice de l'écureuil, ou
sa gourmandise, lui qui est en train de grignoter sa noisette. Le sanglier et
le hérisson sont les pécheurs par excellence qui vivent dans les
ténèbres. Quant au singe au regard perfide, tenant en sa main un
fruit rouge, il est l'image de l'homme, d'Adam qui péchera par le fruit
défendu. Tous ces «animaux» doivent être dominés
par l'homme : comme Adam, isolé des animaux par un cadre, domine
cette faune par sa raison et sa sagesse (peut-être personnifiées
par les deux femmes couronnées). Nous retrouvons le singe dans d'autres
enluminures tenant un fruit, qu'il présente au chien dans un bestiaire
d'Oxford (ill. 7), pastiche de la tentation d'Ève. L'effet de miroir
pour l'homme est plus flagrant dans le bestiaire de Saint-Petersbourg (ill. 4)
où un singe croque un fruit juste en face d'Adam, presque collé
à lui. Alors qu'il est dans toute se gloire Adam est déjà
mis face à son destin.
Mais l'animal n'est pas qu'une représentation
zoomorphe des péchés, l'animal a aussi valeur d'exemple, et
incarne des vertus. Le symbolisme des animaux est très ambivalent, rares
sont ceux qui n'ont qu'une signification positive ou négative.
2. Saint François d'Assise : l'animal
modèle
Pour les clercs au Moyen Âge l'animal n'est
pas un vulgaire instrument, puisque l'homme et l'animal appartiennent à
la même création, et sont liés par un même destin
celui des créatures de Dieu, appelées à chanter sa gloire.
Au XIIIe siècle, saint François d'Assise a fortement mis en
relief la beauté et la valeur des animaux en allant même, par un
étrange renversement des rôles, jusqu'à encourager ses
frères à obéir aux bêtes :
Et [le bon frère] est soumis et subordonné,
À tous les hommes qui sont dans le monde.
Et pas uniquement aux seuls hommes,
Mais aussi à toutes les bêtes et à tous
les fauves.
Pour qu'ils puissent faire de lui ce qu'ils voudront,
Autant qu'il leur sera donné d'en haut par le
Seigneur142(*)
Saint François invite donc ses frères
à se soumettre totalement à ceux qui leur sont naturellement
soumis, et cela pour cultiver la vertu d'obéissance et aussi
d'humilité . C'est en effet «en apprenant à obéir
à ce qui nous est soumis de droit sinon de fait [les animaux] que nous
désapprenons cet air de supériorité que nous avons sur
ceux qui nous sont parfois soumis de fait sinon de droit [des
hommes]»143(*). L'animal est
un reflet de l'homme, sur lequel le moine peut exercer ses vertus en
considérant l'animal comme le plus humble des hommes, mais aussi digne
de respect puisque créature divine.
Cependant saint François, par sont attachement
à ces «frères inférieurs», fait figure
d'exception dans le monde chrétien du XIIIe siècle.
Le fait que l'animal ait été nommé
par Adam, et qu'il ait été son vassal, ne range pas l'animal
entièrement du côté diabolique. De plus avec le
péché originel l'homme rétrograde derrière l'animal
sur l'échelle qui monte vers Dieu. L'animal peut donner des
leçons à l'homme qui n'a pas su respecter sa nature, qui
était de rester dans l'obéissance du Créateur. C'est
pourquoi les clercs du Moyen Âge l'ont utilisé comme
référent de l'homme. Jacques Voisenet parle même de
«projection des valeurs cléricales»144(*) sur le monde animal. Car l'animal
incarne ce que l'homme n'est pas, ou ce qu'il fuit, comme les
péchés capitaux qui sont parfois représentés par
des animaux145(*). Les clercs
investissent les animaux des qualités dont on voudrait être
paré mais aussi des fautes dont on aimerait être
débarrassé.
Les bestiaires qui sont l'un des deux supports
privilégiés du corpus iconographique étudié, sont
des recueils de leçons morales prises dans le monde animal qui s'offre
en exemple aux hommes. La zoologie ne peut-être qu'une partie de la
théologie puisque la nature est divine, de là tous les animaux
ont une ou plusieurs symboliques.
Lorsque saint François prêche aux animaux,
aux oiseaux, ce n'est pas simplement une certaine bienveillance à
l'égard des plus simples créatures, c'est pour montrer aux hommes
qui refusent la Parole, le message évangélique, que les animaux
qui sont dépourvus de raison acceptent de l'écouter.
L'iconographie de saint François prêchant aux animaux ou aux
oiseaux146(*) est comparable
à celle de la nomination des animaux. Dans les deux cas un homme adresse
la parole à des animaux qui ont une attitude attentive sinon soumise.
L'homme s'adresse à des animaux à défaut d'autres hommes.
L'un impose avec autorité des noms qui respectent les desseins de Dieu,
l'autre prêche une parole d'autorité, la parole de Dieu.
3. Un modèle d'obéissance
L'image d'un saint face aux animaux réceptifs
à sa parole, a une grande histoire tout au long du Moyen Âge.
Le saint se distingue par ses miracles et durant le Haut Moyen Âge,
ces miracles s'exercent souvent sur des animaux. Les vies de saint regorgent de
bêtes sauvages apaisées, à commencer par les ours, ou les
loups, d'animaux dévoués au maître. Le saint par sa sagesse
provoque la soumission de l'animal, qui retrouve en lui son maître,
c'est-à-dire l'homme qui est dans l'obéissance de Dieu, comme
Adam avant la chute. La vie de saint Martin décrite dans La
Légende dorée, montre la grande obéissance des
animaux au saint, contrairement à la majorité des
hommes :
À un serpent qui traversait le fleuve à la
nage, Martin dit : «Au nom du Seigneur, je t'ordonne de rebrousser
chemin.» Aussitôt en suivant l'ordre du saint, le serpent se
retourna et rejoignit l'autre rive. Martin dit alors en gémissant :
«Les serpents m'écoutent et les hommes ne mécoutent pas
!»147(*)
Même l'animal mauvais, chassé par le saint,
détient la vertu d'obéissance et d'écoute que n'ont pas
tous les hommes, en cela ils sont exemplaires. Sur l'enluminure des Heures
à l'usage de Thérouanne représentant Saint
François prêchant aux animaux, un clerc replié sur
lui-même, les mains sur les oreilles pour ne pas écouter, s'oppose
au lion et aux oiseaux attentifs ; seul le singe, miroir de l'homme se
détourne, tenant dans ses mains une pomme, la pomme du
péché. On retrouve aussi ce modèle d'un homme dominant des
animaux obéissants et attentifs chez le pasteur.
Le modèle paternaliste qui s'imposait au
Moyen Âge était celui du Bon Berger, le Christ menant son
troupeau. Ainsi l'évêque a une crosse de berger qui symbolise son
pouvoir sur les chrétiens, de même l'abbé qui a
autorité sur ses moines. Les animaux dociles, loyaux et
obéissants à un maître plein d'attention, sont un exemple
pour tous les subordonnés148(*). Dans l'enluminure d'un manuscrit d'Hugues de
Fouilloy149(*) montrant le Christ
qui confie une crosse de commandement à un abbé, les animaux, et
plus spécialement le troupeau, représentent les chrétiens.
Il y a une différence entre le troupeau de chèvres qui
représente les mauvais chrétiens et les moutons qui
représentent les bons. Cette crosse de commandement se retrouve entre
les mains de Dieu dans un bestiaire de Cambridge (ill. 14). Le corps
détourné de Dieu à Adam montre qu'il lui cède une
partie de son pouvoir sur les animaux . En face, les animaux n'ont d'yeux que
pour leur nouveau pasteur.
C'est l'obéissance du troupeau qui prouve la
bonne conduite du pasteur. La vertu d'obéissance transparaît dans
les enluminures de la nomination des animaux. Parmi les animaux choisis nous
retrouvons souvent des animaux symbolisant l'obéissance. Ce qui renforce
l'idée de soumission. L'âne et le boeuf sont les animaux du labeur
et de l'obéissance silencieuse, le boeuf est l'éternel vaincu,
celui qui oeuvre sous le joug. Dans le bestiaire de Rochester150(*) (ill. 8) le cerf et les lions sont
face à Adam, la tête haute, ils occupent la place centrale de la
vignette. Deux animaux tournent le dos à Adam, l'âne qui baisse la
tête, une charge sur le dos, et une patte en avant le montrant en action,
et un dromadaire harnaché, monté par un chamelier qui tient un
fouet, lui aussi une patte en avant. Ces deux animaux représentent de
manière explicite le travail que doivent accomplir les animaux sous
l'ordre de l'homme. Ils sont eux aussi modèle de labeur et
d'obéissance. Deux vertus dans lesquels peuvent s'identifier les moines,
qui mènent une vie exemplaire pour tous les hommes. Le sanglier qui a
souvent été présenté comme animal diabolique, peut
alors se comprendre comme le symbole des ermites. Le sanglier, ou solitaire,
est toujours à l'écart dans les enluminures, comme l'ermite qui
vit isolé.
L'harmonie entre l'homme, les animaux et la nature
paraît réelle dans l'iconographie et l'exégèse de la
nomination des animaux. Ces derniers sont une source de perfectionnement de
l'homme.
Conclusion
L'iconographie, tout comme les commentaires sur la
nomination des animaux par Adam, reste pauvre. Ce passage de la Genèse,
outre les questions linguistiques et nominales, évoque la relation de
l'homme à l'animal, une relation essentielle à l'époque
médiévale. Car, comme aime à le répéter
Michel Pastoureau, l'animal n'a jamais été aussi bien mis en
valeur qu'au Moyen Âge, où il a reçu une formidable
promotion par rapport à l'Antiquité. Cependant les passages
bibliques de référence, quant à la justification de la
relation homme/animal, seront plutôt, dans l'Ancien Testament,
l'épisode de l'arche de Noé (Gn. VII-VIII), ou simplement la
suprématie donné par Dieu à l'homme sur la création
(Gn. I, 26).
Cette scène est rare en iconographie, car elle se
situe entre deux autres grands passages bibliques mettant en scène un
nombre important d'animaux : la création des animaux par Dieu, une
scène qui nous l'avons vu est parfois mis en parallèle de la
nomination des animaux, dans les bestiaires, et l'arche de Noé,
où pour la deuxième fois, les animaux passent en revue devant un
homme qui représente l'humanité. La proximité de ces deux
scène explique la rareté des enluminures sur la nomination des
animaux ; l'enluminure est un luxe qui n'est pas à la portée de
tous. Notons aussi que d'autres passages de la Création peuvent
représenter la soumission des animaux, comme la création de
l'homme où l'on voit des animaux soumis, ou le mariage d'Adam et
d'Ève où, comme dans une enluminure des Antiquités
judaïques de Flavius Josèphe, les animaux font figures de
témoins soumis et dociles de cette union151(*) .
Cependant cette scène nous donne une image
différente de l'Adam pécheur qui prime au Moyen Âge.
Adam est avant tout l'homme au pied de l'arbre de la connaissance qui croque le
fruit défendu offert par Ève et qui entraînera le
péché dans le monde. Cette scène est inscrite dans tous
les programmes iconographiques des églises, que ce soit sur les
chapiteaux, dans les vitraux ou sur les fresques. La plupart des bibles
enluminées sont illustrées de cette scène. Cet acte efface
le reste des actes du premier couple. Or si Adam a malgré tout une
meilleure image qu'Ève, ne serait-ce qu'à travers le Jeu
d'Adam, c'est d'une part parce que la femme est cause de la
malédiction, mais d'autre part parce qu'il a nommé les animaux
qui, comme nous l'avons vu, le faisant pleinement homme, lui donne une image de
prophète, de père de la création, de maître et de
seigneur de l'Éden, une image au final qui annonce plus aisément
le nouvel Adam.
Le bestiaire est le genre de manuscrit qui nous offre le
plus d'enluminures de la nomination des animaux. Il est très
apprécié de l'aristocratie d'Angleterre et de France, qui
retrouve dans Adam nommant les animaux un modèle de seigneur. Quant aux
intellectuels qui utilisent les bestiaires, ils reconnaissent en Adam le
premier maître qui a su donner aux choses leur définition exacte
par la nomination.
Les commentaires sur la nomination des animaux ont
permis en outre de déterminer la position de l'homme face à la
création, et plus spécialement face aux animaux. De la
créature inférieure, à utiliser ou à tuer, à
la créature soeur les commentaires ont évolué en fonction
du rapport des hommes à la nature. Le choix des animaux présents
devant Adam dans les enluminures de la nomination des animaux nous montre une
certaine image du Paradis où règne l'harmonie entre les
bêtes féroces et les animaux inoffensifs, sous la domination de
l'homme. Dans les derniers siècles du Moyen Âge, l'homme a
conscience de maîtriser un peu mieux la nature, et nous pouvons le
constater dans le corpus de nos enluminures où l'élément
végétal prend une plus grande importance. Ainsi les enluminures
traduisent par des images à la fois la pensée théologique
et l'imaginaire médiéval.
Annexes
Textes
1. L'Exameron d'Ambroise de Milan (1397)
2. Etymologie d'Isidore de Séville, Livre
XII.
3. Historia Scholastica de Petrus Comestor,
Liber Genesis.
4. Guiart des Moulins, Le premier volume de la
Bible en francoiz. Livre de la Genèse.
5. Glose de la Bible du XIIIe s.
6. Livre des Propriété des choses de
Barthélémy l'Anglais.
7. La nomination des animaux par les textes juifs.
8. Extraits du Cantique des cantiques.
|
60
62
64
66
67
68
69
71
|
Enluminures
1. La nomination des animaux
2. Autres enluminures liées au sujet
|
85
99
|
1. L'Exameron d'Ambroise de Milan (1397)
Ambroise de Milan, Exameron, q. 51, PL, cap. XI,
vol. 14
Texte latin :
51. Ergo causam humanae generationis agnovimus sed
quia plerosque movet qui diligentius intuentur quomodo si vel primo magnum
munus Dei fuit circa homines, ut in paradiso homines collocarentur, vel postea
magnarum remuneratio videretur esse meritorum, ut ad, paradisium justus
unusquisque rapiatur, dicuntur etiam bestiae et pecora agri, et volatilia coeli
in paradiso fuisse. Unde plerique in paradisium animam hominis esse voluerunt
in qua virtutum quaedam germina pullulaverint : hominem autem et ad
operandum, et ad custo diendum paradisum positum, hoc est, mentes hominis cujus
virtu animam videtur excolere, nec solum excolere, des etiam cum excoluerit,
custodire.
Bestiae autem agri et volatilia coeli quae adducuntur
ad Adam nostri irrationabiles motus sunt, eo quod bestiae vel pecora quaedam
diversae sunt corporis passiones, vel turbulentiores, vel etiam languidiores.
Volatilia autem coeli quid aliud aestimamus, nisi inanes cogitatione quae velut
volatilium more nostram circum volant animam, et huc at que illuc vario motu
saepe traducunt ? Propterea nullus inventus, est mentus nostrae similis adjutor
nisi sensus, hoc est similem sibi istam noster potuit invenire.
Traduction :
51. Donc nous avons admis l'origine de la
création de l'homme, mais parce qu'elle interroge la plupart [des
penseurs] qui considèrent avec grande attention la question de savoir si
le grand don de Dieu pour les hommes [les autres créatures] existait
avant, qui fait que les hommes aient été établis dans le
paradis, ou si il semblerait que la récompense des grands mérites
vienne après, de sorte que chaque juste soit enlevé au Paradis.
On dit que même les bêtes, les animaux des champs et les oiseaux du
ciel étaient au Paradis. D'où le fait que la plupart aient voulu
que le Paradis soit l'âme de l'homme dans laquelle les semences de vertus
se multiplieraient. Or les hommes ont été placés au
Paradis pour le travailler et le garder, c'est à dire pour qu'ils
cultivent la vertu de l'âme, non seulement cultiver le Paradis , mais
aussi lorsqu'ils l'auront cultivé, le garder.
Or les bêtes des champs et les oiseaux du ciel
qui sont conduits à Adam représentent nos mouvements
irrationnels, parce que les différentes bêtes ou animaux des
champs sont les passions du corps, soit plus turbulentes, soit même plus
paresseuses. Mais que penser des oiseaux du ciel, sinon qu'ils sont les vaines
pensées qui volent autour de notre âme à la manière
des oiseaux et la traversent ça et là dans des mouvements
différents. À cause de cela, aucune aide semblable n'a
été créée par notre esprit, si ce n'est la
pensée, c'est à dire aisthèsis [la perception],
aucune aide semblable à notre nouss [esprit] n'a
été trouvé.
2. Les Étymologies d'Isidore de
Séville
Isidorus Hispalensis. Etymologiae, Livre XII :
Des animaux, traduction : Jacques André, Paris, Belles Lettres,
1986, pp. 36-43.
Texte latin :
«De pecoribus et iumentis
Omnibus animantibus Adam primum vocabula indidit,
appelans unicuique nomen ex praesenti institutione iuxta conditionem naturae
seruiret. Gentes autem unicuique animalium ex propria lingua dederunt uocabula.
Non autem secunndum Latinam linguam atque Graecam aut quarumlibet gentium
barbararum nomina illa imposuit Adam, sed illa lingua quae ante diliuuium
omnium una fuit, quae Hebrea nuncupatur. Latine autem animalia viue animantia
dicta, quod animentur uita et moueantur spiritu. Quadrupedia uocata quia
quattor pedibus gradiuntur: quae dum sint similia pecoribus, tamen sub cura
humana non sunt, ut cerui, dammae, onagri, et cetera. Sed neque bestiae sunt,
ut leones, neque iumenta, ut usus hominum iuuare possint.
Pecus dicimus omne quod humana lingua et effigie caret.
Proprie autem pecorum nomen his animalibus adcommodari solet quae sunt aut ad
uescendum apta, ut oues et sues, aut in usu hominum commoda, ut aqui et ueteres
communiter in significatione omnium animalium pecora dixerunt, pecudes autem
tantum illa animalia quae eduntur, quasi pecudes. Generaliter autem omne animal
pecus a pascendo uocatum.»
Traduction :
«Du bétail et des bêtes de
somme.
C'est Adam qui, pour la première fois, imposa
des noms à tous les êtres animés, appelant chacun, par une
institution immédiate, d'un vocable conforme à la condition
naturelle à laquelle il était assujetti. Les peuples
donnèrent d'autre part, un nom dans leur propre langue à chacun
des animaux. Mais les noms imposés par Adam ne furent pas pris au latin
ou au grec ou à un des peuples barbares, mais à la langue unique
et universelle d'avant le déluge, nommée hébraïque.
On dit en latin animalia (animaux) ou animantia (êtres
animés), parce que la vie les anime (animentur) et que le
souffle vital leur donne le mouvement. Le nom des quadrupèdes,
vient de ce qu'ils marchent sur quatre pattes : tout en ressemblant au
bétail, ils ne sont pas domestiqués, ainsi les cerfs, les daims,
les onagres, etc. Mais ce ne sont ni des bêtes féroces, comme les
lions ; ni des bêtes de somme, capables d'aider aux besoins de
l'homme.
Nous appelons pecus (bétail) tout ce
qui est privé de l'apparence et du langage humain. Mais l'usage est
dénommer spécialement pecora (bestiaux) les animaux
propres à l'alimentation, comme les ovins et les porcs, ou
appropriés au service de l'homme, comme les chevaux et les bovins. Il
existe une différence entre pecora et pecudes :
en effet les Anciens disaient couramment pecora au sens de
«l'ensemble des animaux» et pecudes seulement des animaux
consommés (quae edentur), pour pecuedes. Mais d'une
manière générale pecus de pascere
(paître), désigne tout animal.»
3. Historia scholastica de Petrus Comestor
Petris Comestoris, scholastica historia. Liber
Genesis, Turnhout, Brepols 2005.
«chap. XVI : De impositione nominum
animantium principaliter, et mulieris formatione.
Dixit quoque Deus : Non est bonum hominem solum esset
; faciamus ei adjutorium, ad procreatidos liberos, quod sit simile
illi. Simila enim de similibus naturaliter nascentur. Sed ne videretur
Adae superflua mulieris formatio, ideo adduxit Deus ad Adam omnia terrae
animantia et aeris. In quibus intelligenda sunt, et aquae animantia. A
parte totum accipe. Vel universa sunt terrae, quia etiam quae de aquis condita
sunt aliquid habent terrae in se : vel potius pisces post ab hominibus sunt
cogniti, et inde nominati. quod patet, quia aequivocantur animalibus terrae,
quia similes his deprehensi sunt. Fecit autem ut omnia simul eo nutu venirent,
quo omnia creavit : vel forte factum est per angelos. Adduxit autem pro duobus,
ut imponeret homo eis nomina, in quo scirent eum sibi praeesse, et sciret Adam
nullum ex eis simile sibi. Et imposuit eis nimina Adam lingua Hebraea, quae
sola fuit ab initio. quod inde per penditur, qui nomina quae leguntur usque ad
divisionem linguarum Hebraea sunt. Et non invento simili sibi, immisit Deus
soporem in Adam, non somnum, sed exstasim in qua creditur supernae
interfuisse curiae. Unde et evigilans prophetavit de conjonctione Christi et
Ecclesiae, et de diluvio futuro, et de judicio per ignem ibidem cognovit, et
liberis suis postea indicavit.»
traduction :
Chap XVI : Principalement de l'imposition des
noms aux animaux et de la formation de la femme.
Dieu dit aussi : Il n'est pas bon que l'homme
soit seul ; faisons lui une aide qui soit semblable à lui
[GnII,18], pour avoir des enfants. Car ce qui est semblable naît par
nature de choses semblables. Mais pour que Adam ne voit pas la création
de la femme comme superflue, qui pensait trouver parmi les animaux quelqu'un de
semblable à lui, pour cela Dieu amena à Adam tous les animaux
de la terre et de l'air. Dans lesquels il faut comprendre les animaux de
l'eau. D'une partie, interprète l'ensemble. Ou bien ils sont tous
terrestres, car même ceux qui se cachent dans l'eau ont de la terre en
eux , ou plutôt les poissons ont été connus après
coup par les hommes, et ensuite nommés. Ce qui est évident car
ils sont nommés, à leur découverte, comme les animaux
terrestres auxquels ils ressemblent.
Il fit en sorte que ceux qu'il avait crée,
viennent à son commandement152(*) ; ou alors ce fut un acte courageux des anges. Il les
amena par deux, pour que l'homme leur donne un nom par lequel ils sachent qu'il
les dominait153(*) tous, et qu'Adam
comprenne que nulle parmi eux n'était semblable à lui. Et Adam
leur imposa leur nom en langue hébraïque, qui était la seule
depuis les commencements. Et depuis il est convenu que les noms qui furent
donnés jusqu'à la division des langues, sont en hébreux.
Et n'ayant pas trouvé quelqu'un de semblable à Adam, Dieu fit
tomber une torpeur sur Adam [Gn II,21], non pas un sommeil mais
plutôt une extase par laquelle on croit qu'il vit la cour céleste.
C'est pourquoi à son réveil il prophétisa le mariage du
Christ et de l'Église, le déluge à venir et il apprit
là le jugement par le feu, et il l'enseigna à ses enfants par la
suite.
4. Bible Historiale de Guiart des Moulins
Guiart des Moulins, Le premier volume de la Bible en
francoiz, 1531, ff. 2v, 3v.
[Gn I, 26] Notre Seigneur donna à l'homme
seigneurie sur toutes les autres bestes, et en ce est notée la
dignité de l'homme en trois choses. Premièrement ce qu'il est
fait à l'image de Dieu, après pour ce qu'il fut fait par grande
délibération. Car quand Dieu fit les autres choses ainsi qu'il
eut dit, elles firent faites [...] et après est notée la
dignité de l'homme ainsi qu'il fut fait seigneur des bestes. Car Dieu
qui savoit qu'il feroit tôt, fait mortel par pechie, qui devant le pechie
n'estoit pas mortel lui donna les bestes pour manger et pour le vetir et pour
lui aider à son travail et avant le pechie n'avait il done aux hommes ni
aux bestes à manger fors seulement les herbes et les fruits des arbres.
Et notez ceci que l'homme perdit la seigneurie par son pechie, des grandes
bestes, si comme les lions afin qu'il sut qu'il perdit telle seigneurie par son
pechie et ainsi fut-il des petites bestes perdit il la seigneurie si comme des
mouches
[Gn II,18-20] Derechef dit notre seigneur, il n'est pas
bon que l'homme soit seul, faisons lui une aide semblable à lui. Quand
donc toutes les bestes et les oiseaux furent formés notre Seigneur dieu
les amena à Adam pour voir comme il les nomerait. Et Adam les noma tous
et le nom qu'il leur laissa est leur nom.
Donc Dieu dit il n'est pas bon que l'homme soit seul,
faisons lui une aide semblable à lui. Voire, pour engendrer enfants, car
les choses semblables naissent de choses semblables naturellement. Et adonc
mena dieu les bestes et les oiseaux à Adam et leur mit leur nom en
langue hébraïque qui fut la première raison. Et quand Adam
ne vit nulle entre les bestes et les oiseaux semblables à lui, Dieu
l'endormi non pas de droit dormir mais ainsi comme fit ravy. Et dit-on qu'il
fut adonc en la souveraine court de paradis, de quoi quand il s'éveilla,
il prophétisa de la conjonction de Jesus Christ et de Sainte
Église, du déluge, et du jugement advenir par le feu. Et le
montre après et le dit à ses enfants.
5. Glose de la Bible du XIIIe s.
La Bible française du XIIIe siècle.
Édition critique de la Genèse, présenté par
Michel QUEREUIL, Genève, Droz, 1988, publications romanes et
françaises, n°183, p. 107.
(d'après le manuscrit français 5056 de la
BnF)
«Damedieux dist : «Il n'est pas bonne
chose que home soit seuls : fesons li aide semblable a lui.» Donques,
quant Dieux ot formé de la terre toutes les choses qui ont ame et les
oisiaux du ciel, il les amena a Adam, que il veïst coumant il les apelast
; tout ce que Adam apela d'ame vivant, ce est li nons de lui ; Adam apela par
leurs nons toutes les choses qui ont ames et touz les oisiaux du ciel, et
toutes les bestes de la terre. Certes Adam n'avoit pas aide samblable a
lui.
Adam nos senefie Jhesu Crist, car, aussi come Adam fu
peres a touz les mortiex, aussi Jhesu Crist est peres aus esperitieux, et aussi
comme Adam fu fait de la terre virge, nasqui Jhesu Crist de la Virge Marie. Il
apela toutes choses par leur nons, car Jhesu Crist, en sa predication, touz
ceuls qui le voloient croire apela par noviaux nons, car il les apela fuiz
Dieu. Il n'avoit pas aide en terre qui li aidast a engendrer ligniee devant que
il s'endormi ; cist dormirs fu la glorieuse mort qu'il souffri en la croiz et
lors fu formee Sainte Esglise de son cousté, car ele fu sacree et
santefiee par le sanc et par l'eve qui issi de la plaie qu'il ote ou
costé, aussi comme fame fu faite du costé d'Adam, ce sunt li
Crestien qui sunt regenerez par le baptesme et croient le sacrement et sunt
apelez fuiz Dieu par grace»
6. Livre des Propriété des choses de
Barthélémy l'Anglais
Jean Corbechon, d'après Barthélemy
l'Anglais, Le livre des propriétés des choses, une
encyclopédie au XIVe siècle, Bernard RIBÉMONT (trad.
et com.), Paris, Stock, 1999, coll. Moyen Âge.
«Ici commence le XVIIIe livre des
propriétés des choses, qui traitent des choses sensibles et
particulièrement de celles dont l'Écriture fait mention. On
appelle bête toute chose qui est composée de chaire et d'esprit,
vivant soit dans l'air comme les oiseaux, soit dans l'eau comme les poissons,
soit sur la terre comme les hommes, les animaux sauvages et apprivoisés,
les vers et les serpents.
Moïse au commencement de la Bible classe les
choses qui ont une âme, ou esprit de vie, en trois parties : les uns
il les appelle bêtes sauvages, les autres il les nomme animaux
domestiques : ceux-ci sont destinés au service de l'homme, à son
usage et ils doivent lui venir en aide ; parmi eux certains sont
destinés au labour, comme les chevaux, d'autres doivent porter de la
laine pour vêtir hommes et femmes, comme les brebis et les moutons,
d'autres sont destinés à être mangés, comme les
porcs et quantité d`autres espèces. Moïse appelle tout
être vivant qui chemine sur sa poitrine et rampe sur la terre en se
contractant et en s'étirant, comme le font les vers, les couleuvres et
les serpents. Il appelle bêtes celles qui sont farouches et sauvages et
qui frappent de la corne, de la dent ou du pied, comme le font les sangliers,
les loups, les tigres et leurs semblables qui sont des bêtes sauvages, et
par nature plus farouche que les animaux domestiques»
7. La nomination des animaux par les textes juifs.
MIDRASH RABBA
trad. angl. FREEDMAN, 1977.
Quand le Saint béni soit-il
voulût créer Adam, il prit conseil auprès des anges qui le
servaient, disant `faisons l'homme' (Gn I,26). Quelle sera la nature de cet
homme, demandèrent-ils ? Sa sagesse dépassera la
vôtre, répondit-il. Que fit le Seigneur ? Il fit venir les
animaux, bêtes et oiseaux, devant eux et leur demanda ; quel sera le
nom de cet animal ? Il ne surent répondre. De celui-ci ? Il ne
surent pas davantage. Quand il fit défiler les animaux devant Adam et
qu'il lui demanda : Qu'est ceci ? Il répondit : un boeuf...,
un cheval..., un âne....
Les traditions juives
GUIZBERG, Louis, Les légendes des juifs. La
création du monde, Adam, les dix générations,
Noé,
trad. G. Sed-Rajna, Paris, Le Cerf/Institut Alain de
Rothschild, 1997, Patrimoines judaïsme. p. 48.
La sagesse d'Adam apparût pleinement lorsqu'il
donna des noms aux animaux. Alors il fut manifeste que Dieu, lorsqu'il
contestait les arguments des anges qui s'opposaient à la création
de l'homme, avait raison en affirmant que l'homme posséderait plus de
sagesse qu'eux. Lorsqu'Adam fut âgé d'une heure seulement, Dieu
réunit les animaux du monde entier devant lui et devant les anges. Ces
derniers furent invité à donner un nom aux différentes
espèces, mais ils ne purent accomplir la tâche. Adam quant
à lui parla sans hésitation : «Ô Seigneur du
monde, le nom qui convient à cet animal est boeuf, ...cheval, ...lion,
...chameau», et ainsi il les nomma tous, trouvant le nom convenable
à la particularité de chaque animal.
RACHI
Le commentaire de Rachi sur le Pentateuque,
trad. Israël SALZER, Paris, Comptoir du livre du Kéren Hasefer,
1957
[Gn I, 26] Les hommes domineront. Mot à
double face, domination o déchéance. S'il a du mérite
l'homme domine la bête. S'il n'a pas de mérite, il descend plus
bas que la bête et la bête le domine.
Et dominez-là. Le mot peut-être
pris pour un singulier, il s'adresserait alors à l'homme qui,
étant maître de la femme, veille à ce qu'elle n'aille pas
vagabonder. En outre ceci l'apprend que l'obligation de perpétuer
l'espèce incombe à l'homme puisqu'il est le maître, et non
à la femme.
[Gn II, 19] On apprend en outre que Dieu amena les
bêtes à l'homme pour qu'il leur donne un nom, le jour même
de leur création. Le Midrach explique le verbe (il nomma) dans le sens
de dominer, assujettir [Cf : Deut. XX,19 «Quand tu
assiégeras une ville en maître»]. Dieu place les bêtes
sous la domination de l'homme. Tout ce que l'homme aura nommé
être vivant, c'est là son nom. Modifie l'ordre des mots et
explique : tout être vivant auquel l'homme aura donné un nom,
ce sera son nom pour toujours.
Une aide semblable à lui. Si l'homme le
mérite elle sera une aide, s'il ne le mérite pas, elle sera face
à lui un adversaire.
Lorsque Dieu amena les animaux, il les amena par couple,
mâle et femelle. L'homme dit : chacun a sa compagne, moi je n'en ai
pas.
8. Extraits du Cantique des cantiques
(Texte de la Vulgate,
http://www.fourmilab.ch/etexts/www/Vulgate/Song_of_Solomon.html)
Texte latin :
(II, 1-3) ego flos campi et lilium convallium
sicut lilium inter spinas sic amica mea inter
filias
sicut malum inter ligna silvarum sic dilectus meus inter
filios sub umbra illius quam desideraveram sedi et fructus eius dulcis gutturi
meo
(II, 5) fulcite me floribus stipate me malis quia amore
langueo
(II, 8-9) vox dilecti mei ecce iste venit saliens in
montibus transiliens colles
similis est dilectus meus capreae hinuloque cervorum en ipse
stat post parietem nostrum despiciens per fenestras prospiciens per
cancellos
(II, 12-13) flores apparuerunt in terra tempus putationis
advenit vox turturis audita est in terra nostra
ficus protulit grossos suos vineae florent dederunt odorem
surge amica mea speciosa mea et veni
(IV, 12-15) hortus conclusus soror mea sponsa hortus
conclusus fons signatus
emissiones tuae paradisus malorum punicorum cum pomorum
fructibus cypri cum nardo
nardus et crocus fistula et cinnamomum cum universis lignis
Libani murra et aloe cum omnibus primis unguentis
fons hortorum puteus aquarum viventium quae fluunt impetu de
Libano
Traduction :
(II, 1-3) Je suis une fleur des champs, un lys des
vallées.
Comme un lys parmi les ronces, telle est mon amie parmi
les filles.
Comme un pommier dans les bois, tel est mon chéri
parmi les fils.
(II, 5) Soutenez-moi avec des fleurs ;
Restaurez-moi avec des fruits car je languit
d'amour.
(II, 8-9) J'entends mon chéri ! Le voici : il
vient !
Sautant par dessus les monts, bondissant par dessus les
collines,
Mon chéri est comparable à un chevreuil ou
a un faon de cerf.
Le voici : il s'arrête derrière notre mur
;
Il regarde par la fenêtre ; il épis par le
treillis.
(II, 12-13) Les fleurs apparaissent sur terre ; le
temps de la taille arrive ;
Et on entend la voix de la tourterelle sur notre
terre.
Le figuier présente son fruit vert, et les vignes
en fleurs donnent leur senteur.
(IV, 12-15) Tu es un jardin clos, ma soeur, ô
fiancée ;
Un jardin clos, une source verrouillée !
Tes surgeons sont un paradis de grenadiers, avec des
fruits abondants :
le cyprès avec le nard, du nard et du safran, du
roseau et du cinnamome,
avec tous les arbres du Liban :
de la myrrhe et de l'aloès, avec tous les onguents
de première qualité.
Je suis une fontaine de jardin, une source d'eaux vives,
coulants du Liban !
Enluminures
Bibliographie.
I. Sources.
1. Enluminures.
2. Sources éditées.
3. Sources traduites.
II. Instruments de travail.
III. Ouvrages généraux
IV. Travaux spécialisés.
1. Sur la pensée
médiévale.
2. Sur les animaux.
3. Sur l'iconographie médiévale.
4. Sur le langage, la parole et la nomination.
IV. Outils informatisés.
1. Base de donnée.
2. Sites internet.
I. Sources.
1. Enluminures :
· Bestiaire, Aberdeen, University
Library, Ms. 24, fol. 5, (v. 1200).
· Bestiaire du duc de Northumberland,
Alnwick Castle, coll. du duc de Northumberland, Ms. 447, fol. 5v, (v.
1250-1260).
· Liber de bestiis et aliis rebus,
Cambridge, University Library, ms. Gg. 6.5, fol. 2v, (v. 1425) .
· Bestiaire, Cambridge, Gonville &
Caius College, Ms. 372/621, fol. 2, (v.1275-1300).
· Bestiaire, Copenhague, Kongelige
Bibliotek, Gl. kgl. S. 1633 4°, fol. 21v, (v. 1400-1425).
· Physiologus de Cambrai, Douai,
bibliothèque municipale, ms. 711, fol. 17, (v. 1270-1275).
· Bestiaire, La Haye,
musée de Meermanno, 10 B 25, fol. 18v, (v 1450).
· Bestiaire et Lapidaire, London,
British Library, ms. Royal 12 F XIII, fol. 34v, (v. 1230).
· Bestiaire, London, British Library,
ms. Sloane 3544, fol. 15v, (fin XIIIe s.)
· Heures du duc et de la duchesse de
Bedfort, London, British Library, Add. Ms.18850, fol. 14,
(v1429).
· Bible historiale, London, British
Library, Add. Ms. 38122, fol. 12, (v. 1440).
· Bible, New York, Pierpont Morgan
Library, Ms. M.638, fol. 1v, (v.1250).
· Bestiaire, Oxford, Boldeian Library,
ms. Ashmole 1511, fol. 9, (v. 1311).
· Bestiaire, Oxford, St John's College,
Ms. 61, fol. 2, (v. 1220).
· Bestiaire, Oxford, St John's College,
Ms. 178, fol. 172 v, (XIIIe, XIVe s.).
· Nicolaus de Lyra, Postilla litteralis in
Genesis, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 364,
fol. 5v, (v.1395-1402).
· Bestiaire, Paris, Bibliothèque
nationale de France, ms. lat. 6838 B, fol. 14, (XIIIe s.).
· Bestiaire, Paris,
Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 3630, fol. 82v, (v.
1275-1300).
· Guillaume le Clerc, Bestiaire divin,
Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 1444, fol. 244v, (v.
1250-1300).
· Guiart des Moulins, Bible historiale,
Paris, Bibliothèque Nationale de France, ms. fr. 152, fol. 14,
(XIVe s.).
· Guiart des Moulins, Bible historiale,
Paris, bibliothèque Sainte-Geneviève, ms 0020, fol. 7v,
(v.1320-1337).
· Barthélemy l'Anglais, Le livre des
propriétés des choses, Paris, bibliothèque
Sainte-Geneviève, ms. 1029, fol. 229, (v. 1350).
· Bible de Saint-Castor de Coblentz,
Pommersfeden, bibliothèque municipale, cod. 333, fol. 1v, (XIIe
s.).
· Saint-Pétersbourg, Rossiiskaia
Natsionalkaia Biblioteka, Saltykov-Shchedrin Q.v.V1, fol. 5, (fin XIIe
s.).
· Vatican, bibliothèque apostolique, reg.
lat. 1862, fol. 8.
2. Sources
éditées :
· Albert le Grand, De Anima, Bonn,
éd. de «Cologne», 1955.
· Barthélemy L'Anglais, De
proprietatibus rerum, Francfort, 1601, réimp., Francfort,
1964.
· Bestiarium. Fac-similé du
manuscrit du bestiaire Ashmole 1511, M.F. DUPUIS , S. LOUIS (trad.), X.
MURATOVA, D. POIRION (com.), Paris, 1984.
· La Bible française du XIIIe
siècle. Édition critique de la Genèse,
présenté par Michel QUEREUIL, Genève, Droz, 1988,
publications romanes et françaises, n°183.
· Petris Comestoris, scholastica historia.
Liber Genesis, Turnhout, Brepols 2005.
· The Medieval Bestiary, MURATOVA, X.
(com.), Moscou, Iskusstvo Art Publishers, 1984. (fac-simile du bestiaire
conservé à Saint-Pétersbourg, RNB, Saltykov-Shchedrin
Q.v.V1, fol. 5).
· Thomas de Cantipré, Liber de natura
rerum, Berlin/New-York, éd. H. Boese/W. de Gruyter,
1973.
· Vincent de Beauvais, Speculum
naturale, Douai, 1624, réimp., Graz, Akademische Verlagsanstalt,
1964.
3. Sources traduites :
· Bible latine-française :
vulgate et traduction nouvelle d'après l'original. t1 :
Livres historiques de l'Ancien Testament, par
VERDUNOY, Joseph, Dijon, Publications Lumière, 1934.
· Saint Augustin, Les Confessions,
Joseph TRABUCCO (trad. et com.), Paris, Garnier flammarion, 1964.
· Saint Augustin, Contre les
Manichéens (De Genesi contra Manichaeos), trad. P. MONNAT,
Turnhout, Brepols, 2004.
· Grégoire de Nysse, La
Création de l'homme, Jean-Yves GUILLAUMIN (trad.), Paris,
Desclée de Brouwer, 1982, coll. Pères de la Foi.
· Origène, Homélies sur la
Genèse, intr. : Henri de Lubac trad. : Louis Doutreleau,
Paris, Le Cerf, 1977, réed. 2003.
· ALEXANDRE, Monique, Le Commencement du
Livre de la Genèse. La version grecque de la Septante et sa
réception, Paris, Beauchesne, 1988, coll. «Christianisme
antique»
· Isidorus Hispalensis. Etymologiae, Livre
XII : Des animaux, J.André (trad.), Paris, Belles
Lettres, 1986.
· Physiologos. Le Bestiaire des
bestiaires, Arnaud ZUCKER (trad. et com.), Grenoble, J. Millon,
2004.
· LEFÈVRE, Yves, L'Elucidarium et les
lucidaires. Contributions par l'histoire d'un texte à l'histoire des
croyances religieuses en France au Moyen Âge, Paris, Bocard,
1954.
· Robert GROSSETESTE , On the Six Days of
the Creation, trad. C.F.J. MARTIN, auctores britannici medii aevi, VI(2),
Oxford, University Press, 1996.
· Saint François d'Assise,
Écrits, trad. Th. DESBONNETS, J. Fr. GODET, TH. MATURA, D. VORREUX,
Paris, Le Cerf, 1981, réed. 1997.
· Saint Thomas d'Aquin, Somme
théologique, les origines de l'homme, trad. A. PATFOORT, o. p., H.
D. GARDEIL, o.p., Paris, Le Cerf, 1963, réed. 1998.
· Le Commentaire de Rachi sur le
Pentateuque, Israël SALZER (trad.), Paris, Comptoire du livre du
Kéren Hasefer, 1957.
· Maître Eckhart, Commentaire de la
Genèse, Fernand BRUNNER, Alain de LIBERA, Ed WÉBER, En ZUM
BRUNN (trad. et com.), Paris, Cerf, 1984.
· Brunetto Latini, Le Livre des
trésors, dans Gabriel BIANCIOTTO (trad.), Bestiaires du
Moyen Âge, Paris, Stock, 1989.
· Pierre de Beauvais, Le Bestiaire,
dans Gabriel BIANCIOTTO (trad.), Bestiaires du
Moyen Âge, Paris, Stock, 1989.
· Guillaume le Clerc de Normandie, Bestiaire
divin, dans Gabriel BIANCIOTTO (trad.), Bestiaires du
Moyen Âge, Paris, Stock, 1989.
· Jean Corbechon, d'après
Barthélemy l'Anglais, Le Livre des propriétés des
choses, une encyclopédie au XIVe siècle, Bernard
RIBÉMONT (trad. et com.), Paris, Stock, 1999, coll.
Moyen Âge.
· GUINZBERG, Louis, Les Légendes des
juifs. La création du monde, Adam, les dix générations,
Noé, trad. G. Sed-Rajna, Paris, Le Cerf/Institut Alain de
Rothschild, 1997, Patrimoines judaïsme.
II. Instruments de travail.
· Bibliographie annuelle de
Moyen Âge tardif. Auteurs et textes latins, nos 12, 13, 14,
Brepols, Paris-Turnhout, 2002, 2003, 2004.
· Dictionnaire du Moyen Âge,
s.d. : GAUVARD, Claude, de LIBÉRA, Alain, ZINK, Michel, Paris, PUF,
2002.
· Dictionnaire des lettres
françaises. Le Moyen Âge, s.d. : GREVITE, George
(1ère éd.), HASENOHR, Geneviève, ZINK, Michel (2ème
éd.), Paris, Fayard, 1964, rééd. 1994.
· Dictionnaire encyclopédique du
Moyen Âge, s. d. VAUCHEZ, André, Paris, Cambridge, Roma,
Le Cerf, 1997.
· DAUZAT, Albert, DUBOIS, Jean, MITTERAND,
henri, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Paris,
Larousse, 1989.
· Dictionnaire raisonné de l'Occident
médiéval, s.d. : LE GOFF, Jacques, SCHMITT, Jean-Claude,
Paris, Fayard, 1999.
· DURTIAT, Marcel, L'Art roman, Paris,
Citadelles, coll. «L'art et les grandes civilisations», MAZENOD,
Lucien (s.d.), 1982.
· DUCHET-SUCHAUX, Gaston, PASTOUREAU, Michel,
Le Bestiaire médiéval. Dictionnaire historique et
bibliographique, Paris, Le Léopard d'Or, 2002.
· FOUILLOUX, Danielle, LANGLOIS, Anne, LE
MOIGNÉ, Alice, SPIESS, Françoise, THIBAULT, Madeleine,
TRÉBUCHON, Renée, Dictionnaire culturel de la Bible,
Paris, Cerf/Nathan, 1999.
· GAFFIOT, Félix, Dictionnaire
latin-français, Paris, Hachette, 1999.
· Grundriss der Romanischen Literaturen des
Mittelalters. t. 6 : La Litterature didactique,
allégorique et satirique, Heidelberg, Winter, 1968.
· IMPELLUSO, Lucia, La Nature et ses symboles,
Paris, Hazan, 2004.
· Lexicon der christlichen
Ikonographie,KIRSCHBAUM, Engelbert (s. d.), t.1, Alleimeine
ikonographie, t.5, ikonographie der Heiligen, Herder, Roma,
Fribourg, Bâle, Vienne, 1968, rééd. 1994.
· Les Bibles en français. Histoire
illustrée du Moyen Âge à nos jours, BOGAERT,
Pierre-Maurice (s. d.), Brepols, Turnout 1991.
· La Bible, traduction
oecuménique, Paris/Villiers, Le Cerf/Société biblique
française, 8e édition, 1998.
· MARIÑO FERRO, Xosé-Ramón,
Symboles animaux. Un dictionnaire des représentations et croyances
en Occident, trad. CH. Girard et G. Grenet, Paris, Desclée de
Brouwer, 1996.
· MORGAN, Nigel, A survey of Manuscripts
Illuminated in the British Isles. t.3, Early Gothic Manuscripts
1190-1250. t.5, Later Gothic Manuscripts 1390-1490.
J.J.G. Alexander, Harvey Miller Publishers, Oxford University Press,
1988.
· MIQUEL, Pierre, Dictionnaire symbolique
des animaux, zoologie mystique, Paris, Le Léopard d'Or,
1992
· RÉAU, Louis, Iconographie de l'art
chrétien. t.2, Iconographie de la Bible, Paris, PUF, 1956,
rééd. 1988.
· SED-RAJNA, Gabrielle, La Bible
hébraïque, Fribourg, Office du livre, 1987.
· VERNET, André, La Bible au
Moyen Âge, bibliographie, Paris, éditions du
CNRS, 1989.
III. Ouvrages généraux
· BRENOT, Anne-Marie, COTTRET, Bernard, La
Jardin : figures et métamorphoses, Dijon, Éditions
universitaires, 2005.
· KEITH, Thomas, Dans le jardin de la
nature. La Mutation des sensibilités en Angleterre de l'époque
moderne. 1500-1800, Paris, Gallimard, 1985.
· KING, Ronald, Les Paradis terrestres. Une
histoire mondiale des jardins, Paris, Albin Michel, 1980.
· LE GOFF, Jacques, Les Intellectuels au
Moyen Âge, Paris, Le Seuil, 1957, réed. 1985.
· L'Individu au Moyen Âge.
Individuation et individualisation avant la modernité, BEDOS-REZAK,
Brigitte, IOGNAT-PRAT, Dominique, (s. d.), Paris, Flammarion-Aubier,
2005.
· LOUYS, Daniel, Le Jardin d'Éden.
Mythe fondateur de l'Occident, Paris, Le Cerf, 1992.
· ZINK, Michel, La Littérature
française au Moyen Âge, Paris, PUF, 1992.
IV. Travaux
spécialisés.
1. Sur la pensée médiévale
:
· ANDERSON, Gary A., The Genesis of
Perfection. Adam and Eve in Jewish and Christian Imagination,
Louisville/London, Westminster John Knox Press/Leiden, 2001.
· BAYARD, Jean-Pierre, La Légende de
saint Brendan. Découvreur de l'Amérique. Légende du
XIe siècle d'après la traduction romane de A. Jubinal, Paris,
éd. La Maisnie, 1988.
· BURIDANT, Claude, «les paramètres
de l'étymologie médiévale» dans
L'Étymologie de l'Antiquité à la Renaissance, Cl.
BURIDANT (s. d.) , Lille, Le Septentrion, 1998, pp. 11-56.
· DAHAN, Gilbert, L'Exégèse
chrétienne de la bible en Occident médiéval. XIIe-XIVe
siècle, Paris, 1999.
· GILSON, Étienne, La Philosophie au
Moyen Âge. Des origines patristiques à la fin du XIVe
siècle, Paris, Payot, réed. 1999.
· de LIBERA, Alain, Penser au
Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. chemins de
pensée, 1991.
· de LIBERA, Alain, Albert le Grand et la
philosophie, Paris, Vrin, 1990.
· Litterature on Adam and Eve,
ANDERSON, Gary, STONE, Michael, TROMP, Johannes, (s.d. ), Boston/Köln,
Brill/Leiden, 2000.
· LOBRICHON, Guy, «Une nouveauté,
les gloses de la Bible» dans Le Moyen Âge et la Bible,
RICHÉ, Pierre, LOBRICHON, Guy, (s.d.), Paris, Beauchesne, 1984, pp.
95-114.
· LOBRICHON, Guy, La Bible au
Moyen Âge, Paris, Picard, 2003.
· de LUBAC, Henri, Exégèse
médiévale, les quatre sens de l'Écriture, Paris, Le
Cerf, 1964-1967, 4 vol.
· MINOIS, Georges, Les Origines du mal. Un
histoire du péché originel, Paris, Fayard, 2002.
· RIBÉMONT, Bernard,
«L'encyclopédisme médiéval et la notion d'instinct
animal : étude du comportement ou imaginaire ?», dans
De natura rerum. Étude sur les encyclopédies
médiévales, Orléans, Paradigmes, coll.
Medievalia, 1995, pp. 383-400.
· SALVAT, Michel, «Jean Corbechon,
traducteur ou adaptateur de Barthélemi l'Anglais ?» dans BRUCKER,
Charles, Traduction et adaptation en France, à la fin du
Moyen Âge et à la Renaissance, Paris, Champion,
1997, pp. 35-46.
· SU MIN-RI, Andreas, Commentaire de la
caverne des trésors. Étude sur l'histoire du texte et de ses
sources, Louvain, Peeters, 2000, Corpus scriptorum christianorum
orientalum, vol. 581.
· VAN DEN ABEELE, Baudoin, «Vincent de
Beauvais ; naturaliste, les sources des livres d'animaux du Speculum
naturale», dans LUSIGNAN, Serge, PAULMIER-FOUCARD, Monique (s.d.),
Lector et compilator. Vincent de Beauvais, frère prêcheur. Un
intellectuel et son milieu au XIIIe siècle, Grâne, Fondation
Royaumont, Créaphis, 1997.
· VERNIER, Jean-Marie, Théologie et
métaphysique de la Création chez Thomas d'Aquin, Paris,
Téqui, 1995, coll. «croire et savoir».
· VIGNAUX, Paul, Philosophie au
Moyen Âge, Paris, Vrin, 2004.
· WIRTH, Jean, «structure et fonction de
l'image chez Thomas d'Aquin» , dans BASHET, Jérôme, SCHMITT,
Jean-Claude (s.d.), l'image, fonction et usages des images dans l'Occident
médiéval, Paris, cahiers du léopard d'or,
1996.
2. Sur les animaux :
· BARATAY, Éric, L'Église et
l'animal (France XVIIe-XXe s.), Paris, Le Cerf, 1996.
· BARATAY, Éric, MAYAUD, Jean-Luc,
«Un champs pour l'histoire : l'animal» dans Cahiers
d'histoire, Lyon, 3/4, 1997, pp. 409-442.
· BARATAY, Éric, Et l'homme
créa l'animal. Histoire d'une condition, Paris, O. Jacob,
2003.
· BESSEYRE, Marianne, «L'alphabet de la
Création : l'animal dans la Bible» dans Bestiaires du
Moyen Âge, les animaux dans les manuscrits, TESNIÈRE,
Marie-Hélène, DELCOURT, Thierry, Paris, Somogy, 2004, pp.
16-31.
· CERVELON, Christophe, L'Animal et
l'homme, Paris, PUF, 2004.
· DELORT, Robert, Les Animaux ont une
histoire, Paris, Le Seuil, 1984.
· Des bêtes et des hommes. Le rapport
à l'animal : un jeu sur la distance, LIZET, Bernadette,
RAVIS-GIORDANI, Georges, (s.d.), Paris, éd. du Comité des Travaux
Historiques et Scientifiques, 1995.
· FROGER, Jean-François, DURAND,
Jean-Pierre, Le Bestiaire de la Bible, Moléans, éditions
DésIris, 1994.
· JOSSUA, Jean-Pierre, La Licorne. Histoire
d'un couple, Paris, Le Cerf, 1995.
· L'Animal exemplaire au
Moyen Âge. Ve-XVe siècles, BERLIOZ, Jacques, POLO de
BEAULIEU, Marie-Anne, (s.d.), colloque international d'Orléans, 26-27
septembre 1996, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1999.
· Le Monde animal et ses
représentations au Moyen Âge (XIe-XVe siècles),
Actes du XVe congrès de la société des historiens
médiévistes de l'enseignement supérieur public, Toulouse
les 25 et 26 mai 1984, Toulouse, Le Mirail, 1985.
· LOISEL, Gustave, Histoire des
ménageries de l'Antiquité à nos jours. t.1 :
Antiquité, Moyen Âge, Renaissance, Paris, Doin, Laurens,
1912.
· MURATOVA, Xénia, «Adam donne leurs
noms aux animaux. L'iconographie de la scène dans l'art du
Moyen Âge et ses traits particuliers dans les manuscrits des
bestiaires enluminés du XIIe et du XIIIe siècles», dans
Studi Medievali, 3ème série, A Gustavo Vinay, XVIII,
t.2, 1977, p. 367-394.
· de PALOL, Pere, El Tapís de la
creoció de la catedral de Girona, Barcelona, Proa, 1986.
· PASTOUREAU, Michel, «Bestiaire du Christ,
bestiaire du Diable. Attribut animal et mise en scène du divin dans
l'image médiévale», dans Couleurs, images, symboles.
Études d'histoire et d'anthropologie, Paris, Le Léopard
d'or, 1998.
· de PURY, Albert, Homme et animal, Dieu les
créa. Les Animaux et l'Ancien Testament, Genève, Labor et
Fides, 1993.
· RIBÉMONT, Bernard, «Le Monde
animal dans l'Ymago Mundi de Pierre d'Ailly», dans De natura
rerum. Étude sur les encyclopédies médiévales,
Orléans, Paradigmes, coll. Medievalia, 1995. pp.
401-414.
· TOYNBEE, J.M.C. Animals in Roman Life and
Art, London, 1973.
· VAN DEN ABEELE, Baudoin, «Bestiaires
encyclopédiques moralisés. Quelques succédanés de
Thomas de Cantimpré et de Barthélemy l'Anglais», dans
Reinardus, vol. 7, 1994, pp. 209-228.
· VILLENEUVE, Roland, Le Lion. Vie, moeurs,
symbolique, littérature, Paris, Avatar, 1993.
· VOISENET, Jacques, Bestiaire
chrétien, l'imagerie animale des auteurs du Haut Moyen Âge
(Ve-XIe s.), Toulouse, Presses universitaires du Mirail,
1994.
· VOISENET, Jacques, Bêtes et hommes
dans le monde médiéval. Le bestiaire des clercs du Ve au XIIe
siècle, Turnhout, Brepols, 2000.
3. Sur l'iconographie
médiévale :
· de BRUYNE, Luc, «L'Imposition des mains
dans l'art chrétien», dans Rivista di archeologia
cristiana, n°20, 1943, pp. 41-153.
· CAZELLES, Henri, «Gestes et paroles de
prières dans l'Ancien Testament» dans Gestes et paroles dans
les diverses familles liturgiques, conférences Saint-Serge, 24e
semaine d'études, (Paris 1977), Roma, Centro Liturgico Vincenziano,
1978, pp. 87-94.
· CHASTEL, André, Le Geste dans
l'art, Paris, Lévi, 2000.
· DAVY, M. M., Initiation à la
symbolique médiévale, Paris, flammarion,
1964.
· DUCHET-SUCHAUX, Gaston, PASTOUREAU, Michel,
La Bible et les saints, guide iconographique, Paris, Flammarion,
1990.
· GARNIER, François, «L'Imagerie
biblique médiévale» dans RICHÉ, Pierre, LOBRICHON,
Guy, (s.d.), Le Moyen Âge et la Bible, Paris, 1984, p.
401-428.
· GARNIER, François, Le Langage de
l'image au Moyen Âge, t.1 : Signification et
symbolique, t.2 : Grammaire des gestes, Paris, Le
Léopard d'or, 1989.
· GEORGE, Wilma, YAPP, Brundson, The Naming
of Beasts : Natural History in the Medieval Bestiary, London,
Duckworth, 1991.
· HELLENKEMPER, Gisela, La Création
du monde. Les mosaïques de Saint-Marc à Venise, Paris, Le
Cerf, 1986.
· HOWELL JOLLY, Penny, Made in God's Image.
Adam and Eve in the Genesis Mosaïcs at San Marco, Venice, Los
Ageles/London, University of California Press/Berkeley, 1997.
· La France romane du Xe au milieu du XIIe
siècle, GABORIT-CHOPIN, Danielle (s. d.), Catalogue de l'exposition
du musée du Louvre, 10 mars-6 juin 2005, Paris, Hazan, 2005.
· Le Moyen Âge en lumière,
DALARUN, Jacques (s. d.), Paris, Fayard, 2002.
· L'Image. Fonctions et usages des images
dans l'Occident médiéval, BASCHET, Jerôme, SCHMITT,
Jean-Claude, (s. d.), Paris, Le Léopard d'Or, 1996.
· MAGUIRE, H., «Adam and the animals :
Allegory and the literal Sense in Early Christian Art», Studies on Art
and Archeology in Honnor of Ernst Kitzinger, Dumbarton Oaks Papers,
n°41, 1987, pp. 363-373.
· PASTOUREAU, Michel, Figures et Couleurs.
Études sur la symbolique et la sensibilité
médiévales, Paris, Le Léopard d'Or, 1986.
· PASTOUREAU, Michel, Couleurs, images,
symboles : étude d'histoire et d'anthropologie,
Paris, Le Léopard d'Or, 1989.
· PASTOUREAU, Michel, Bleu. Histoire d'une
couleur, Paris, Seuil, 2002.
· PASTOUREAU, Michel, Une histoire
symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, Seuil,
2004.
· PAYNE, Ann, Medieval Beast, London,
British Library, New York, 1990.
· SCHMITT, Jean-Claude, La Raison des gestes
dans l'Occident médiéval, Paris, Gallimard, 1990.
· SMEYRS, Maurice, «La miniature»,
dans Typologie des sources de l'Occident médiéval,
fasc.8, Turnhout, Brepols, 1974, réed. 1985.
· STERLING, Charles, La Peinture
médiévale à Paris, 1300-1500, t.1, n°59 :
Maître de Bedfort, Heures du duc et de la duchesse de Bedfort,
Paris, Fondation Wildenstein, 1987, coll. bibliothèque des Arts, pp.
419-434.
· WIRTH, Jean, L'Image
médiévale, naissance et développement (VIe-XVe s.),
Paris, Méridien Klincksieck, 1989.
4. Sur le langage, la parole et la nomination
:
· CASAGRANDE, Carla, VECCHIO, Silvana, Les
Péchés de la langue. Discipline et éthique de la parole
dans la culture médiévale, Paris, Le Cerf, 1991.
· CHRÉTIEN, Jean-Louis, L'Arche de la
parole, Paris, PUF, 1998, réed. 1999.
· DAHAN, Gilbert, «Nommer les
êtres : exégèse et théories du langage dans les
commentaires médiévaux de Genèse II, 19-20» dans
EBBESEN, Sten, Sprachtheorien in spätantike und Mittelalter,
Tübingen, 1995.
· DUBOIS, Claude-Gilbert, Mythe et langages
au XVIe siècle, Paris, Ducros, 1952.
· HUISMAN, Bruno, RIBES, François,
Les Philosophes et le langage, Paris, Sedes,1986.
LEFEBVRE-TEILLARD, Anne, Le Nom, droit et
histoire, Paris, PUF, 1990.
· SCRIABINE, Marina, La Parole dans le
récit de la Genèse, conférence des «lundis de
l'Institut d'Herméneutique» animée par Paul BAZAN, le 26
nov. 1973, Paris, Institut d'Herméneutique, 1973.
· SIBLOT, Paul, «Appeler les choses par
leur nom», dans Noms et re-noms : la dénomination des
personnes, des populations, des langues et des territoires, AKIN, Salih
(s. d.), Rouen, CNRS/ Publications de l'université de Rouen,
1999.
IV. Outils
informatisés.
1. Base de
donnée :
· Thésaurus des images
médiévales pour la constitution de bases de données
iconographique, mis au point par la GAHOM, Paris, CRH/EHESS, 1993
2. Sites internet :
· aedilis.irht.cnrs.fr (Aedilis de l'Institut de
Recherche de l'Histoire des Textes)
· base.kb.dk/manus_pub/cv/manus/
(bibliothèque royale du Danemark)
· bestiary.ca/manuscripts (répertoire des
bestaires anglais)
· colecties.meermanno.nl/handschriften/
(enluminures du musée Meermanno à la Haye)
· expositions. BNF.fr/bestiaire
(Physiologus de Douai)
· gahom.ehess.fr (site du Groupe d'Anthropologie
Historique de l'Occident Médiéval)
· gallica. BNF.fr/themes (sur
l'encyclopédisme médiéval)
· liberfloridus.cines.fr (enluminures de la
bibliothèque Sainte-Geneviève)
· mandragore. BNF.fr (enluminures de la
bibliothèque nationale de France)
· prodigi.bl.uk/illcat/welcome.htm (British
Library)
· web.ccr.jussieu.fr/urfist/mediev.htm
(Ménéstrel, site des médiévistes)
·
www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/index.htm (oeuvres de saint
Augustin)
· www.abdn.ac.uk/bestiary/bestiary.hti (Aberdeen
Library, sur les bestiaires)
·
www.boldey.ox.ac.uk/dept/scmss/wmss/medieval.htm (manuscrits de la Boldeian
Library)
· www.enluminures.culture.fr (enluminures des
bibliothèques municipales de France)
·
www.fourmilab.ch/etexts/www/Vulgate/Vulgate.html (texte de la Vulgate)
Table des matières
Première partie : L'image d'Adam par la
nomination des animaux
chapitre 1 : Homme par la parole
1. Le geste et la parole
2. La parole qui fait l'homme
3. Le langage d'Adam
chapitre 2 : Maître et père par le don du
nom
1. Adam le premier maître
2. Le père des animaux
chapitre 3 : Seigneur de l'Éden
1. Le pouvoir idéal
2. Tout pouvoir vient de Dieu
3. Seigneur de l'Éden
chapitre 4 : Adam prépare la création
d'Ève
Deuxième partie : La quête du Paradis
perdu
chapitre 1 : La domination de l'animal entre
théorie et réalité
1. Une suprématie mystique pour cacher la
réalité médiévale
2. La domination des animaux domestiques et
sauvages
3. Une créature à disposition de l'homme ou la
créature soeur ?
chapitre 2 : Le jardin paradisiaque
1. L'explosion des jardins au XIIIe siècle
2. Le modèle de la Genèse
3. Le modèle du Cantique des cantiques
4. Les animaux du Paradis
chapitre 3 : Rêve d'un retour à l'harmonie
originelle
1. Le saint et les bêtes sauvages
2. Retrouver l'harmonie originelle
|
11
12
12
15
15
18
19
21
23
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24
25
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42
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48
51
51
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54
57
59
90
102
|
chapitre 4 : L'exemplarité du monde animal
1. Dominer ses animaux intérieurs
2. Saint François d'Assise, l'animal est un
modèle
3. Un modèle d'obéissance
Conclusion
Table des annexes
Bibliographie
Table des matières
|
* 1 Cl.-G. Dubois, Mythe
et langages au XVIe siècle, Paris, 1952, p. 46.
* 2 Vulgate, Gn II, 18 : Il
n'est pas bon que l'homme soit seul, faisons lui une aide semblable à
lui
* 3 Dans la Bible du
XIIIe siècle ce passage est la première mention du nom
Adam, La Bible française du XIIIe siècle.
Édition critique de la Genèse, présenté par M.
Quereuil, Genève, 1988, p.107.
* 4 Les enluminures sont
réprtoriées en fin de volume dans l'ordre chronologique.
* 5 X. Muratova, «Adam
donne leurs noms aux animaux. L'iconographie de la scène dans l'art du
Moyen Âge et ses traits particuliers dans les manuscrits des
bestiaires enluminés du XIIe et du XIIIe
siècles», Studi Medievali, 3ème série,
XVIII, t. 2, 1977, p. 373.
* 6 D'après Philon
d'Alexandrie dans M. Alexandre, Le Commencement du Livre de la
Genèse. La version grecque de la Septante et sa réception,
Paris, 1988, p. 278.
* 7 «Le
Moyen Âge chrétien face à l'animal» dans M.
Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge
occidental, Paris, 2004.
* 8 X. Muratova, «Adam
donne leurs noms aux animaux...», art. cit., p. 368.
* 9 Dépouillement des
sites d'enluminures de bibliothèques anglaises, américaines,
allemandes, francophones, espagnoles et italiennes. www.enluminures.culture.fr,
pour les bibliothèques municipales de France ; mandragore.bnf.fr,
pour la BNF ; liberfloridus.cines.fr, pour la BSG, se
référer à la bibliographie pour les autres
bibliothèques.
* 10 La Bible
française du XIIIe siècle est composée de la
Vulgate rectifiée par les corrections de l'université de Paris en
1226, et entièrement glosée par la glossa ordinaria,
La Bible française du XIIIe siècle. Édition
critique de la Genèse, prés. par M. Quereuil, op.
cit.
* 11 J. Le Goff, Les
Intellectuels au Moyen Âge, Paris, 1957, réed. 1985, p.
4.
* 12 H. Massoudy,
L'Histoire de Gilgamesh, Paris, Alternatives, 2004
* 13 Il s'agit de la
tapisserie de la Création conservée à Gérone en
Catalogne et composée vers 1100
* 14 Fr. Garnier, Le
Langage de l'image au Moyen Âge, t. 1: Signification et
symbolique, Paris, 1989, p.135.
* 15 Grégoire de
Nysse, La Création de l'homme, J.-Y. Guillaumin (trad.), Paris,
1982, p. 82.
* 16 Mosaïque de la
Création, dans le narthex de Saint-Marc de Venise, vers 1230.
* 17 Guillaume le
Clerc, Bestiaire divin, Paris, Bibliothèque nationale de France,
ms. fr. 1444, fol. 244v, (v. 1250-1300).
* 18 Bestiaire,
Oxford, St John's College, Ms. 178, fol. 172 v, (XIIIe, XIVe s.).
* 19
Saint-Pétersbourg, Rossiiskaia Natsionalkaia Biblioteka,
Saltykov-Shchedrin Q.v.V1, fol. 5, (fin XIIe s.).
* 20 Fr. Garnier, Le
langage de l'image au Moyen Âge, t.2, op. cit., p.
172.
* 21 Bestiaire,
Oxford, Boldeian Library, ms. Ashmole 1511, fol. 9, (v. 1311).
* 22 Voir C. Casagrande,
S.Vecchio, Les Péchés de la langue. Discipline et
éthique de la parole dans la culture médiévale,
Paris, Le Cerf, 1991.
* 23 Ce geste est plus
généralement défini par Fr. Garnier comme le geste de
l'enseignement, dans Le Langage de l'image..., op. cit., p.170.
* 24 H. Cazelles,
«Gestes et paroles de prières dans l'Ancien Testament»
dans Gestes et paroles dans les diverses familles liturgiques,
conférences Saint-Serge, 24e semaine d'études, (Paris 1977),
Rome, 1978, pp. 87-94.
* 25 Voir entre autre : I.
Rosier-Catach, La Parole efficace. Signe, rituel, sacré, Paris,
2004.
* 26 A. Su Min-Ri,
Commentaire de la caverne des trésors. Étude sur l'histoire
du texte et de ses sources, Louvain, 2000, p149.
* 27 Bestiaire du duc
de Northumberland, Alnwick Castle, coll. du duc de Northumberland, Ms.
447, fol. 5v, (v. 1250-1260).
* 28 Bestiaire,
Aberdeen, University Library, Ms. 24, fol. 5, (v. 1200).
* 29 Pour le bestiaire
d'Aberdeen voir l'annexe p. 89, où l'on voit qu'Adam a le même
vêtement et le même visage que Dieu et il accomplie le même
geste de bénédiction. Mais son humanité se manifeste par
ses pieds chaussés et son trône qui le confirment dans son pouvoir
terrestre. Alors que Dieu voit sa divinité soulignée par une
auréole
* 30 Bible historiale,
Flandre, v. 1440, London, British Library, Add. Ms. 38122, fol.
12.
* 31 Saint Augustin,
Contre les Manichéens (De Genesi contra Manichaeos), livre
II, XI, 16, trad. P. Monnat, Turnhout, Brepols, 2004.
* 32 Pour plus de
précisions pour cette question voir : G. Dahan, «Nommer les
êtres : exégèse et théories du langage dans les
commentaires médiévaux de Genèse II, 19-20» dans S.
Ebbesen, Sprachtheorien in spätantike und Mittelalter,
Tübingen, 1995.
* 33 Isidorus
Hispalensis. Etymologiae, Livre I, chap. 29. Paris, Belles Lettres,
1986.
* 34 «Et imposuit
eis nomina Adam lingua Hebraea, quae sola fuit ab initio», dans
Petris Comestoris, scholastica historia. Liber Genesis, Turnhout,
Brepols 2005, col. 1070, voir annexe 2.
* 35 D'après les
Commentaires de la Genèse de Dominique Grima,
exégète thomiste à Toulouse au début du XIIIe
siècle, cité dans G. Dahan, «Nommer les êtres...,
art. cit., p. 132.
* 36 Henri de Gand,
Lectura ordinaria super Genesim, cité dans G. Dahan,
«Nommer les êtres..., art. cit., p. 136.
* 37 É. Brassey,
Le Bestiaire fabuleux. Contes et légendes de France, Paris,
Pygmalion, 2001.
* 38 Platon, Cratyle ou
la propriété des noms, cité dans : Br. Huisman,
Fr. Ribes, Les philosophes et le langage, Paris, Sedes, 1986. pp.
21-60.
* 39 Ibid., pp.
23-24
* 40 voir annexe 7.
* 41 G. Anderson, The
Genesis of Perfection. Adam and Eve in Jewish and Christian Imagination,
Louisville/London, Westminster John Knox Press/Leiden, 2001, p. 22. Voir annexe
6.
* 42 Nicolas de Lyre,
Postilla in Genesis, Cité dans : G. Dahan, «Nommer
les êtres..., art. cit., p. 150.
* 43 Bestiaire,
France du nord, XIIIe s., Paris, Bibliothèque nationale de France, ms.
lat. 6838 B, fol. 14.
* 44 Fr. Garnier, Le
Langage de l'image au Moyen Âge, t.1, op. cit., p.
167.
* 45 Physiologus de
Cambrai, v. 1270-1275, Douai, bibliothèque municipale, ms. 711,
fol. 17.
* 46 Barthélemy
l'Anglais, Le livre des propriétés des choses, manuscrit
de Gaston Phébus comte de Toulouse, v. 1350, Paris, bibliothèque
Sainte-Geneviève, ms. 1029, fol. 229.
* 47 Cité
dans : G. Dahan, «Nommer les êtres..., art. cit., p.
144.
* 48 Ibid.,
* 49 Maître
Eckhart, Commentaire de la Genèse, F. Brunner, A. de Libera, E.
Wéber, E. Zum Brunn (trad. et com.), Paris, Cerf, 1984, p. 395.
* 50 Cité dans :
G. Dahan, loc. cit.
* 51 M. Alexandre, Le
Commencement du Livre de la Genèse, op. cit., p. 281.
* 52 D. Louys, Le
Jardin d'Éden. Mythe fondateur de l'Occident, Paris, Le Cerf, 1992,
p. 64.
* 53 Maître
Eckhart, Commentaire de la Genèse, op. cit., p.
395.
* 54 Saint Thomas
d'Aquin, Somme Théologique, les origines de l'homme, Q96, trad. A.
Patfoort, H. D. Gardeil, Paris, Le Cerf, 1963, réed. 1998, p. 193.
* 55 J.-L.
Chrétien, L'Arche de la parole, Paris, PUF, 1998, réed.
1999, p. 4.
* 56 Bible, New York,
Pierpont Morgan Library, Ms. M.638, fol. 1v, (v.1250).
* 57 Bestiaire d'Anne
Walshe, Angleterre, 1400-1425, Copenhague, Kongelige Bibliotek, Gl. kgl.
S. 1633 4°, fol. 21v.
* 58 Liber de bestiis et
aliis rebus, Cambridge, University Library, ms. Gg. 6.5, fol. 2v, (v.
1425)
* 59 M. Scriabine, La
Parole dans le récit de la Genèse, Paris, Institut
d'Herméneutique, 1973.
* 60 Philon d'Alexandrie,
Legum allegoriae, II, 18, cité dans, J.-L.
Chrétien, L'Arche de la parole, op. cit., p. 4.
* 61 Compte-rendu d'un
élève d'Anselme de Laon, cité dans A. Lebebvre-Teillard,
Le Nom, droit et histoire, Paris, PUF, 1990, p. 21.
* 62 Dans Y. T'Ulkuranc'i,
«Selections from On the creation of the world» dans
Litterature on Adam and Eve, G. Anderson, M. Stone, J. Tromp, (s. d.
), Boston/Köln, Brill/Leiden, 2000, p. 188.
* 63 «La
royauté, le sacerdoce et la prophétie, s'appellent le don ou les
trois dons donnés par Dieu à notre père Adam», A. Su
Min-Ri, Commentaire de la caverne des trésors, op. cit.,
p. 150.
* 64 La Bible
française du XIIIe siècle. op. cit, p.107.
* 65 La Légende
de Compostelle. Livre de saint Jacques, I, B. Gicquel (trad.), Paris,
2003, p. 236.
* 66 Bestiaire
français, (fin XIIIe s.), London, British Library, ms. Sloane
3544, fol. 15v.
* 67 Ch. Cervelon,
L'Animal et l'homme, Paris, PUF, 2004, p. 57.
* 68 Y. Lefèvre,
L'Elucidarium et les lucidaires. Contributions par l'histoire d'un texte
à l'histoire des croyances religieuses en France au
Moyen Âge, Paris, Bocard, 1954, §64, p. 116.
* 69 P. Howell Jolly,
Made in God's Image. Adam and Eve in the Genesis Mosaics at San Marco,
Venice, Los Ageles/London, University of California Press/Berkeley,
1997.
* 70 Jean Chrysostome,
In Genesim Homelia, IX, 4-5, PG 53, c. 78-80.
* 71 Robert Grosseteste,
On the Six Days of the Creation, trad. C.F.J. Martin, auctores
britannici medii aevi, VI(2), Oxford, University Press, 1996, p. 243-244.
* 72 A. de Pury, Homme
et animal, Dieu les créa. Les animaux et l'Ancien Testament,
Genève, Labor et Fides, 1993, p. 49.
* 73 Maître
Eckhart, Commentaire de la Genèse, op. cit., p.
399.
* 74 Guiart des Moulins,
Bible historiale,Saint-Omer, XIVe s., Paris,
Bibliothèque Nationale de France, ms. fr. 152, fol. 14.
* 75 Saint Thomas d'Aquin,
Somme Théologique,op. cit., p. 190.
* 76 Guiart des Moulins,
Bible historiale, Paris, v.1320-1337, Paris, bibliothèque
Sainte-Geneviève, ms 0020, fol. 7v.
* 77 Bestiaire,
Angleterre, v.1275-1300, Cambridge, Gonville & Caius College, Ms. 372/621,
fol. 2.
* 78 le jeu d'Adam,
ordo representaciones Ado, prés. W. Noomen, Paris, Champion, 1971,
v. 167.
* 79 Bestiaire,
Angleterre, v. 1275-1300, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms.
lat. 3630, fol. 82v.
* 80 cité dans M.
Bloch, Les Rois thaumaturges. Étude sur le caractère
surnaturel attribué à la puissance royale et
particulièrement en France et en Angleterre, Paris, Gallimard,
2000, p. 257.
* 81 M. Pastoureau,
«Bestiaire du Christ, bestiaire du Diable. Attribut animal et mise en
scène du divin dans l'image médiévale», dans
Couleurs, images, symboles. Études d'histoire et
d'anthropologie, Paris, Le Léopard d'or, 1998.
* 82 G. Minois, Les
Origines du mal. Un histoire du péché originel, Paris,
Fayard, 2002, p. 86.
* 83 Xénia Muratova
décrit quelques fresques dans son étude «Adam donne leurs
noms aux animaux», art. cit., p. 379.
* 84 Petris
Comestoris, op. cit., annexe 2
* 85 Commentaires de la
Genèse de Guillaume d'Alton, cité dans
G. Dahan, nommer les êtres..., op. cit., p. 127.
* 86 G. Dahan, Nommer
les êtres..., op. cit., p. 127.
* 87 voir annexe 7, le texte
de Rachi (1040-1105).
* 88 R. Delort, Les
Animaux ont une histoire, Paris, Le Seuil, 1984, pp. 299-320.
* 89 Saint Augustin,
Contre les Manichéens, op. cit., livre II, XIII, 18.
* 90 Saint Augustin,
Contre les Manichéens, op. cit., livre II, XI, 15.
* 91 J.-L.
Chrétien, L'Arche de la parole, op. cit., p. 8.
* 92 Bible de Charles le
Chauve dite de Vivien, faite à Saint-Martin de Tours, IXe s.,
Paris, BNF, ms. lat. 1, fol. 10v.
* 93 Ce thème semble
avoir été plus exploité dans la tradition juive. Parmi les
animaux qui défilaient devant Adam, certains avaient des rapports
sexuels, et Adam a envié leur plaisir et a eu envie d'une partenaire.
Dans G. A. Anderson, The Genesis of Perfection. Adam and Eve in Jewish and
Christian Imagination, Louisville/London, Westminster John Knox
Press/Leiden, 2001, p. 43.
* 94 Entretiens avec
Héraclite d'Origène, cité dans J. Voisenet,
Bêtes et hommes dans le monde médiéval. Le bestiaire
des clercs du Ve au XIIe siècle, Turnhout,
Brepols, 2000, p. 283.
* 95 Saint Augustin,
Contre les Manichéens, op. cit., livre II, XI,16.
* 96 J. Voisenet,
Bêtes et hommes dans le monde médiéval, op.
cit., p. 195.
* 97 G. Duchet-Suchaux, M.
Pastoureau, Le Bestiaire médiéval. Dictionnaire historique et
bibliographique, Paris, Le Léopard d'Or, 2002, p. 101.
* 98 R. Delort, Les
Animaux ont une histoire,op. cit, pp. 245-272.
* 99 P. Miquel,
Dictionnaire symbolique des animaux, zoologie mystique, Paris,
Le Léopard d'or, 1992, p. 190, et G. Duchet-Suchaux, M.Pastoureau,
Le Bestiaire médiéval., op. cit., p. 96, R.
Delort, Les Animaux ont une histoire,op. cit, pp. 245-272.
* 100 É. Baratay,
Et l'homme créa l'animal, op. cit., p. 155.
* 101 É. Baratay,
Et l'homme créa l'animal. Histoire d'une condition, Paris,
O. Jacob, 2003, p. 157.
* 102 Robert Grosseteste,
On the Six Days of the Creation, op. cit., p. 241.
* 103 Saint Augustin,
Contre les Manichéens, livre IX, XII, 20, op. cit.
* 104 voir G.
Duchet-Suchaux, M. Pastoureau, Le Bestiaire médiéval.,
op. cit., p. 88-89
* 105 Exemple cité
par G. Loisel dans Histoire des ménageries de l'Antquité
à nos jours. t.1 : Antiquité, Moyen Âge,
Renaissance, Paris, Doin, Laurens, 1912, p. 160.
* 106 É. Antoine,
«Jardins et ménageries de la fin du Moyen Âge. Le prince
au jardin d'Éden» dans A.-M. Brenot, B. Cottret, Le
Jardin : figures et métamorphoses, Dijon, Éditions
universitaires, 2005, p. 52.
* 107 Y. Lefebvre,
L'Elucidarium et les lucidaires, op. cit., §65, 67, p.
116.
* 108 La Condamnation
parisienne de 1277, art. 20, trad. D. Piché, cité dans Ch.
Cervelon, L'Animal et l'homme, op. cit., p. 58.
* 109 M. Pastoureau, Une
histoire symbolique du Moyen Âge occidental,op. cit.
* 110 D. Maclagan, La
Création et ses mythes, Paris, Le Seuil, 1977.
* 111 M. Durliat, «le
monde animal et ses représentations iconographiques du XIe au
XVe siècle» dans Le monde animal et ses
représentations au Moyen Âge (XIe-XVe
siècles), Actes du XVe congrès de la SHMESP,
Toulouse les 25 et 26 mai 1984, Toulouse, Le Mirail, 1985, p. 72.
* 112 É. Antoine,
«Jardins et ménageries de la fin du Moyen Âge. Le prince
au jardin d'Éden» , art. cit., p. 51.
* 113 R. King, Les
Paradis terrestres. Une histoire mondiale des jardins, Paris, Albin
Michel, 1980, pp. 74-85.
* 114 Bestiaire de Anne
Walshe, Copenhague, Kongelige Bibliotek, v. 1400-1425, Gl. kgl. S. 1633
4°, fol. 21v.
* 115 cité dans R.
King, Les Paradis terrestres. op. cit., p. 83.
* 116 voir l'annexe 6
* 117 cité dans R.
King, Les Paradis terrestres. op. cit., p. 83.
* 118 «Tu es un
jardin clos, ma soeur, ô fiancée ; un jardin clos, une source
verrouillée !» (Ct. IV, 12). Voir annexe 8.
* 119 «L'hortus
conclusus» dans L. Impelloso, La Nature et ses symboles,
Paris, Hazan, 2004, p. 12.
* 120 Heures du duc et
de la duchesse de Bedfort, commandés par Philippe le Bon, v.1429,
London, British Library, Add. Ms.18850, fol. 14.
* 121 A. Zucker,
Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, Grenoble, éd. Millon,
2004, p. 267.
* 122 G. Duchet-Suchaux, M.
Pastoureau, Le bestiaire médiéval, op. cit., p. 105.
* 123 ibid, pp.
90-92, Michel Pastoureau hésite quant à déterminer
l'exotisme du lion tant il fait parti intégrante de l'environnement
visuel de l'homme au Moyen Âge, sur les chapiteaux, les blasons, les
enluminures, les vêtements, etc.
* 124 Guillaume le Clerc,
Bestiaire d'Amour, Paris, BNF, ms. fr. 14969, fol. 60.
* 125 Ch. Cervelon,
L'Animal et l'homme, op. cit., p. 57.
* 126 Maître
Eckhart, Commentaire de la Genèse, op. cit., p.
397.
* 127 Jacques de Voragine,
La Légende dorée, Paris, Gallimard, la
Pléïade, 2004, p. 202.
* 128 J. Voisenet,
Bêtes et hommes dans le monde médiéval. op. cit.,
p. 208.
* 129 Moschus, Le
pré spirituel, cité dans J. Voisenet,
Bêtes et hommes... op. cit., p. 212.
* 130 La Légende
dorée, op. cit., p. 203.
* 131 J. Voisenet,
Bêtes et hommes... op. cit., p. 209.
* 132 d'après le
texte de la vulgate : [6]habitabit lupus cum agno et pardus cum hedo accubabit
vitulus et leo et ovis simul morabuntur et puer parvulus minabit eos [7]vitulus
et ursus pascentur simul requiescent catuli eorum et leo quasi bos comedet
paleas [8]et delectabitur infans ab ubere super foramine aspidis et in caverna
reguli qui ablactatus fuerit manum suam mittet.
* 133 J. Voisenet,
Bêtes et hommes ... op. cit., p. 279.
* 134 CH. Deluz « Le
Paradis terrestre, image de l'Orient lointain, dans quelques documents
géographiques médiévaux», Senefiance,
n°11, 1981, pp. 145-161.
* 135 J.-P. Bayard, La
Légende de saint Brendan. Découvreur de l'Amérique.
Légende du XIe siècle d'après la
traduction romane de A. Jubinal, Paris, éd. La Maisnie, 1988.
* 136 É. Antoine,
«Jardins et ménageries de la fin du Moyen Âge. Le prince
au jardin d'Éden» , art. cit., p. 56.
* 137 expression de P. Cox
Miller dans «Origen on the Bestial Soul. A Poetics of Nature»,
Vigilae Christianae, 36, n°2, 1982, p. 132.
* 138 H. de Lubac,
Exégèse médiévale, les quatre sens de
l'Écriture, Paris, Le Cerf, 1964-1967, 4 vol.
* 139 Bestiaire en
provenance de York (Angleterre), v. 1220, Oxford, St John's College, Ms. 61,
fol. 2.
* 140 G. Duchet-Suchaux, M.
Pastoureau, Le Bestiaire médiéval., op. cit.,
p. 128.
* 141 A. Zucker,
Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, op. cit., p.
302-303.
* 142 Saint
François d'Assise, Écrits. Salutation des Vertus, Paris,
Le Cerf, 1981, réed. 1997, p. 273.
* 143 Ch. Cervelon,
L'Animal et l'homme, op. cit., p. 58.
* 144 J. Voisenet,
Bêtes et hommes dans le monde médiéval. op. cit.,
p. 252.
* 145 Par exemple la
très belle enluminure du Miroir historial de Vincent de
Beauvais intitulée «La Chevauchée des péchés
capitaux» où les animaux symbolisant un péché sont
chevauchés par des hommes, l'ours renvoie à la gloutonnerie, le
lion à l'orgueil, l'âne à la paresse, le singe à la
luxure, un quadrupède à l'avarice, le sanglier à la
colère et le chien à l'envie. (Paris, BNF, ms. fr. 50, fol. 25,
1463), voir annexe p. 88.
* 146 voir annexe p. 87.
* 147 La Légende
dorée, op. cit., p. 922.
* 148 Th. Keith, Dans
le jardin de la nature. La Mutation des sensibilités en Angleterre
à l'époque moderne, 1500-1800, Paris, Gallimard, 1985, p.
44.
* 149 voir l'annexe p. 99.
* 150 Bestiaire de
Rochester, v. 1230, London, British Library, ms. Royal 12 F XIII, fol.
34v.
* 151 voir annexe p. 98.
* 152 nutu : commandement,
signe de tête, volonté.
* 153 praesse : être
à la tête, commander, guider, diriger, protéger
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