CHAPITRE 2 : APPROCHE DE LA DESCOLA RISATION ET
DE LA MARGINALITE
La déscolarisation et la marginalité
juvénile sont des phénomènes sociaux qui ne sont pas
nouveaux à Abidjan, encore moins dans les milieux sociaux
défavorisées. Plusieurs recherches en ont fait leur objet
d'étude. C'est pourquoi leurs facteurs sont connus de façon
générale, de même que leurs manifestations et leurs
conséquences. Toutefois, certains aspects peuvent s'avérer
spécifiques à Yahoséi.
PARAGRAPHE 1 : APPROCHE DE LA DESCOLARISATION A
YAHOSEI
Il s'agit pour nous de jeter un regard sur d'une part les
manifestations et d'autre part les facteurs et les conséquences
immédiates de la déscolarisation.
I- Manifestations de la déscolarisation
à Yahoséi
La déscolarisation est une réalité
indéniable à Yahoséi aussi. Nous y avons interrogé
30 adolescentes déscolarisées âgées de 14 à
19 ans et dont le niveau d'étude est en majorité le primaire.
Nous avons eu aussi à interroger 15 adolescentes
scolarisées du même âge. Bien que ces filles aient toutes le
niveau secondaire, la majorité n'en est qu'au premier cycle. Ceci nous
emmène à comprendre que les filles sont victimes du retard
scolaire. De même, nous pouvons remarquer que la déscolarisation
intervient en bas âge à Yahoséi. En effet, si l'on fait la
différence entre l'âge actuel et celui de la
déscolarisation, on se rend compte que pour plus de la moitié des
filles, elle est intervenue entre 5 et 11 ans. Par conséquent, on peut
dire que parmi les enfants scolarisées au départ,
l'éducation de base n'est pas assurée pour elles toutes.
II- Facteurs et conséquences de la
déscolarisation à Yahoséi
33,33% de filles ont évoquées comme causes de
leur déscolarisation le manque de moyens financiers de leurs
parents. Ceci s'explique par le fait que les parents sont souvent
licenciés, à la retraite ou encore de petits fonctionnaires ou
commerçants et des paysans. De même, ces enfants sont souvent
issus de familles nombreuses avec l'effet de la polygamie et le père
n'arrive pas toujours à faire face aux besoins de tous ses enfants. A la
suite de cette première cause, on note que 23,33% de filles disent avoir
quitté l'école par démotivation personnelle. En effet,
leur intérêt pour l'école s'affaiblit souvent à
cause de redoublements répétés ou encore de frustrations
reçues de la part des enseignants mais aussi de l'absence
d'encouragement provenant des parents et de leurs milieu de vie qui leur offre
peu ou pas de modèles en matière de réussite scolaire. En
outre, ce sont 16,68% d'adolescentes déscolarisées qui le sont
à cause de l'exclusion scolaire. En effet beaucoup
d'élèves de Yahoséi obtiennent de mauvais résultats
scolaires car il leur manque souvent le minimum de supports matériels
scolaires. Leur cadre de vie et les familles recomposées ou
monoparentales dont ils sont issus retentissent sur leur stabilité
psychologique et leurs aptitudes scolaires. Les goulots d'étranglement
que représentent souvent les classes d'examens comme le CM2, la
troisième et la terminale sont de véritables freins à la
scolarité des enfants des milieux défavorisés, les parents
ne disposant pas de moyens financiers pour leur assurer une scolarité
privée une fois renvoyés du système public. Les
adolescentes dont la déscolarisation relève du
décès du père ou de cas de maladie représentent
chacune pour leur part, 13,33%.
Le décès du père signifie très
souvent dans une famille défavorisée, la fin de toute prise en
charge scolaire et même financière car celui qui reçoit la
garde de l'enfant n'est pas toujours prêt à s'engager dans des
dépenses scolaires. Par ailleurs, la maladie est un facteur
extérieur qui handicape souvent l'enfant et lui fait prendre du retard
et plus tard, quand bien même il guérit les parents ne voient plus
le besoin pour lui de reprendre l'école, prétextant qu'il peut
réussir par d'autres voies.
Les conséquences de toute cette déscolarisation
souvent précoce (au cours préparatoire ou
élémentaire) sont l'analphabétisme, le fait que les jeunes
ne disposent pas de diplôme, ils se retrouvent dans une situation
d'oisiveté et d'errance et quelque fois même de marginalité
dite sociale.
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