--------
MIDI-PYRENEES SCHOOL OF ECONOMICS - M.P.S.E
INSTRUMENTS DE POLITIQUE AGRICOLE ET
LIBÉRALISATION DES ECHANGES:
Application à l'analyse économique du
marché laitier européen
Mémoire en vue de l'obtention du diplôme de
MASTER II RECHERCHE - SCIENCES ECONOMIQUES
« MENTION ECONOMIE DE L'ENVIRONNEMENT, DES
RESSOURCES NATURELLES,
DE L'ENERGIE ET DE
L'AGRICULTURE »
par
IRITIE, BI GOLI JEAN-JACQUES
Ingénieur
Agro-économiste
sous la direction de
Zohra BOUAMRA-MECHEMACHE et de Vincent REQUILLART,
respectivement Chercheur et Directeur de Recherche à
l'INRA.
(c) 13 Septembre 2005, Toulouse
A mon Bébé Domi, merci pour ta
compréhension et ton soutien...
REMERCIEMENTS
Mes premiers mots vont à l'endroit de l'Agence
Universitaire de la Francophonie (A.U.F) qui a financé toute cette
formation en m'accordant une bourse d'études.
Je remercie Monsieur Vincent RÉQUILLART et Madame
Zohra BOUAMRA-MECHEMACHE, tous deux enseignants à l'Université
Toulouse 1 et directeurs de ce mémoire de Master pour avoir
accepté de m'encadrer et d'orienter cette étude; à
travers eux, je remercie tout le corps enseignant et le personnel administratif
de l'Université.
Je remercie particulièrement Madame Aude
SCHLOESING, responsable administrative de l'école doctorale
Midi-Pyrénées Sciences Economiques de l'Université
Toulouse 1. Je reconnais ici sa grande compréhension et son
entière disponibilité dont elle a fait preuve chaque fois que je
l'ai sollicité, pendant que j'étais encore en Côte d'Ivoire
et bien plus, pendant toute la formation à Toulouse. Que Dieu vous
garde !
Je remercie tous les étudiants et stagiaires
ivoiriens à Toulouse et particulièrement les doctorants N'GUESSAN
Philipe, BALLO Zié, DIAKITÉ Daouda, et BALLO Yacouba pour leur
entraide et leur entière disponibilité. Je n'oublie pas mes
frères et collègues YAPI Magloire, AYEKOE Charles pour leur
soutien constant.
Je remercie enfin toute ma famille, parents, amis en
Côte d'Ivoire, qui n'ont cessé de me soutenir.
Que la grâce soit rendue à Dieu !
AVANT-PROPOS
De formation initiale d'Agro-économiste et
Enseignant-chercheur de profession, nous souhaitions vivement combler nos
lacunes en ce qui concerne les méthodes quantitatives appliquées
à l'analyse économique des politiques agricoles et des
filières agro-alimentaires. Ce besoin nous a orienté vers l'Ecole
doctorale Midi-pyrénées Sciences Economiques de
l'Université Toulouse 1 pour son programme de formation de master 2
recherches en économie de l'environnement, des ressources naturelles, de
l'énergie et de l'agriculture. En dépit des nombreuses
difficultés rencontrées pendant la formation, nous gardons en
nous une forte satisfaction ; en effet, la connaissance acquise est
allée au-delà de nos espérances intellectuelles quoique
lourdement supportée pendant toute l'année universitaire.
La fin de la formation est normalement couronnée
par la présentation d'un mémoire de recherche ; c'est
l'objet de ce document. Ce mémoire de recherche a pour thème
« Instruments de politiques agricoles et libéralisation des
échanges : application à l'analyse économique du
marché laitier européen ». La réalisation de
cette recherche nous a permis de comprendre non seulement quelques
subtilités de la modélisation des politiques agricoles, mais
aussi de renforcer nos capacités en analyse microéconomique comme
instrument d'analyse quantitative et qualitative des comportements des agents
économiques. Au delà de ces connaissances techniques acquises,
elle a aussi permis de vérifier que l'endurance, la
persévérance et l'humilité sont très
déterminantes pour tout travail de recherche.
RÉSUMÉ
Le secteur laitier demeure parmi les secteurs agricoles
les plus protégés de l'Union Européenne (UE). En effet,
l'UE utilise fortement différents instruments de politique aux
frontières (subventions aux exportations, les contingents tarifaires (ou
TRQ), droits de douanes) et de politique de soutien intérieur (prix
d'intervention, quotas de productions, aides à la consommation, etc.).
L'objectif de cette étude est d'analyser théoriquement ces
différents instruments de politique laitière et d'examiner
l'impact de la libéralisation des échanges (dans une perspective
du GATT) sur le marché laitier de l'UE. Trois modèles de
politique agricole en équilibre partiel, multi-produits,
multi-régions ont permis de faire cette analyse. Il ressort que la
libéralisation engendre une réduction des prix du lait à
la ferme et des prix produits laitiers ; elle réduit aussi les
productions des produits laitiers sur le marché européen. Les
producteurs européens subissent une perte de bien-être. En outre,
l'UE est plus sensible aux variations des subventions aux exportations.
Mots-clés : marché laitier, instruments
de politique agricole, libéralisation des échanges,
modèle, GATT, Union Européenne.
ABSTRACT
Dairy sector remain among the most protected of European
Union (EU) agricultural sectors. Indeed, EU heavily uses different trade policy
instruments (exports subsidies, import quota or tariff rate quota, tariffs) and
domestic support policy instruments (intervention price, production quotas,
consumption aids, etc.). The objective of this study is to analyze
theoretically these dairy policy instruments and to examine the impact of trade
liberalization (in GATT perspective) on the EU dairy market. Three partial
equilibrium, multi-commodity, multi-region models of agricultural policy and
trade are used in the analysis. Results suggest that liberalization reduces
both farm milk prices and dairy products prices; it also reduces the production
of the dairy products on the European market. The welfare of producers
decreases. Furthermore, the EU is more sensitive to a change of export
subsidies.
Keywords: dairy market, agricultural policy instruments,
trade liberalization, model, GATT, European Union.
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS i
AVANT-PROPOS ii
RÉSUMÉ/ABSTRACT iii
TABLE DES MATIÈRES iv
LISTE DES FIGURES vi
LISTE DES TABLEAUX vi
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1 : LE GATT ET LA LIBÉRALISATION
DES ÉCHANGES DES PRODUITS
AGRICOLES 3
I. L'AGRICULTURE DANS L'URUGUAY ROUND 4
II. PRINCIPALES DISPOSITIONS DE L'ACCORD SUR L'AGRICULTURE (AAUR)
5
2.1. L'accès aux marchés 5
2.2. Les subventions à l'exportation 6
2.3. Les mesures de soutien internes 6
CHAPITRE 2 : INSTRUMENTS DE POLITIQUE
LAITIÈRE EUROPÉENNE : ANALYSE
THÉORIQUE 8
I. LES CARACTÉRISTIQUES DU SECTEUR LAITIER EUROPÉEN
9
II. LES INSTRUMENTS DE POLITIQUE LAITIÈRE
EUROPÉENNE 10
2.1. Intervention sur le marché du beurre et de la poudre
11
2.1.1. En économie fermée 11
2.1.2. En économie ouverte 12
2.2. Subvention à la consommation intérieure
14
2.3. Intervention sur les échanges internationaux des
produits laitiers européens 15
2.3.1. Les contraintes du GATT sur les
échanges 15
2.3.2. Les contingents tarifaires (TRQs) 16
2.4. La restriction de l'offre : Le régime des
quotas laitiers 18
III. LES RÉFORMES 1999 ET DE 2003 ET L'OCM LAIT ET
PRODUITS LAITIERS 21
3.1. La reforme de 1999 (Agenda 2000) 21
3.2. La reforme de 2003 (Accord de Luxembourg) 21
CHAPITRE 3 : MODÈLES D'ANALYSE
ÉCONOMIQUE ET IMPACTS DE LA LIBÉRALI-
SATION DES ÉCHANGES DANS LE SECTEUR LAITIER
EUROPÉEN 23
I. MODÈLES D'ANALYSE ÉCONOMIQUE ET
NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES 24
II. ETUDES D'IMPACTS DE LA LIBÉRALISATION DES
ÉCHANGES INTERNATIONAUX SUR LE MARCHÉ LAITIER EUROPÉEN
24
2.1. Le modèle UW-Madison du secteur laitier 25
2.1.1. La forme analytique du modèle 25
2.1.2. Les scénarios de simulation 32
2.1.3. Les résultats et analyse des impacts de la
libéralisation 32
2.1.4. Le prolongement de l'étude 35
2.2. Le modèle ERS/Penn State WTO 38
2.2.1. La forme analytique du modèle 38
2.2.2. Les scénarios de libéralisation
42
2.2.3. Les résultats et analyse des impacts de
la libéralisation 43
2.3. Le modèle AGLINK de l'OCDE 44
2.3.1. La structure du modèle 44
2.3.2. Les scénarios de libéralisation
45
2.3.3. Les résultats et analyses des impacts de la
libéralisation 46
2.4. La synthèse des résultats et analyse 48
CONCLUSION 50
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 51
ANNEXES 54
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : soutien des prix en économie fermée
11
Figure 2 : soutien des prix en économie ouverte 13
Figure 3 : subvention à la consommation
intérieure 14
Figure 4 : TRQ avec Importations nettes (M) > au quota
(AM) « régime vrai TRQ » 17
Figure 5 : TRQ avec Importations nettes = au quota
« régime Quota » 17
Figure 6 : TRQ avec Importations nettes (M)
< quota (AM) « régime pur tarif »
18
Figure 7 : Les quotas laitiers 19
Figure 8 : Quota de production et rente du
quota 20
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Instruments de politique laitière
européenne 10
Tableaux Annexe-étude Zhu et al (1999)
Tableau 2-1: Les effets du GATT2000 (Scénario 1) sur
le secteur laitiers 56
Tableau 2-2: Les effets du Libre Echange (scénario 2)
sur le secteur laitier 56
Tableau 2-3: Les effets économiques sur le
bien-être 57
Tableaux Annexe-étude Cox et al (1999)
Tableau 3-1: Impacts sur le prix du lait (en % de variation
de BASE) 58
Tableau 3-2: Impacts sur le surplus du producteur
(changement en millions de $US) 58
Tableau 3-3: Impacts sur le surplus du consommateur
(changement en million de $US) 59
Tableau 3-4: Impacts sur la valeur totale des importations
nettes (chgt en million $US) 59
Tableaux Annexe-étude Langley et al (2003)
Tableau 4-1: Impacts sur la libéralisation du
marché international de lait 60
Tableau 4-2: Les élasticités des produits
laitiers (Union européennes) 61
Tableaux Annexe-étude Shaw et Love (2001)
Tableau 5-1: Impacts de l'augmentation de l'accès aux
marché intérieurs 62
Tableau 5-2: Impacts de la réduction des importations
subventionnées 63
Introduction
Les accords multilatéraux conclus au terme de l'Uruguay
Round en 1994 ont modifié profondément le cadre du commerce
international des produits agricoles. Des règles radicalement nouvelles
ont été établies dans le cadre de l'Accord sur
l'Agriculture de l'Uruguay Round (AAUR), en particulier sous la forme
d'engagements quantitatifs pour les politiques agricoles de tous les pays
signataires en vue d'une libéralisation plus accrue des échanges.
Les principaux engagements concernent l'ouverture du
marché, la limitation des subventions aux exportations et la limitation
des aides à l'agriculture. La période de mise en oeuvre de l'AAUR
a expiré et un nouveau cycle de négociation a
démarré. Cependant, des auteurs soulignent que les engagements
quantitatifs accordés par l'AAUR n'ont pas conduit à des
changements majeurs de politiques agricoles et que de fait la
libéralisation du commerce agricole n'a pas progressé de
manière significative (Arce et al, 2002 ; Messerlin,
2002 ; Shaw et Love, 2001 ; Lorca et Vicens, 2004).
En effet, le secteur agricole demeure un secteur très
protégé. Dans beaucoup de pays développés, l'Etat
intervient encore de façon considérable sur les marchés
agricoles. C'est le cas de l'Union Européenne (UE) où l'on estime
que le soutien au secteur agricole s'élève à près
de 43% de la valeur de la production agricole communautaire (OCDE, 1999). Le
secteur laitier européen retient particulièrement notre
attention. La production laitière constitue la spéculation la
plus importante dans l'ensemble de la communauté
européenne ; elle représente à elle seule 18,4% de la
valeur totale de la production agricole communautaire (Commission
européenne, 2002b). En outre, l'Etat soutient et protège
fortement le marché du lait et des produits laitiers; ce, à
travers une large utilisation de différents instruments de politique
agricole tels que les subventions aux exportations, les quotas d'importations,
quotas de productions, aides à la consommations, droits de douanes, etc.
L'objectif de ce mémoire est non seulement d'analyser
les différents instruments utilisés dans la politique
laitière européenne mais aussi de mettre en évidence les
impacts de la libéralisation des échanges des produits laitiers
(dans une perspective du GATT et des négociations futures) sur le
marché laitier européen.
Pour ce faire, dans une première partie, nous donnerons
un aperçu sur l'accord de l'Uruguay round et principalement sur les
accords sur l'agriculture ; ensuite nous ferons une analyse
théorique des différents instruments de politiques
laitière et les différentes implications sur le bien-être
des agents économiques ; enfin, nous appuyant sur trois
modèles d'analyse économique utilisées dans
différentes études, nous analyserons les impacts de la
libéralisation des échanges sur le marché laitier
européen.
Chapitre 1:
LE GATT ET LA LIBÉRALISATION
DES ÉCHANGES DES PRODUITS AGRICOLES
----------
Le commerce des produits agricoles est quasiment resté
en dehors du champ d'application du GATT, en raison de la
spécificité de ce secteur, particulièrement sensible.
Toutefois, les politiques protectionnistes ont engendré des distorsions
telles que la communauté internationale s'est finalement résolue
à intégrer le secteur agricole au processus de
libéralisation des échanges commerciaux. C'est ainsi l'AAUR, en
réglementant l'accès aux marchés, les subventions à
l'exportation et les mesures de soutien interne, symbolise la rupture avec le
consensus protectionniste qui avait prévalu jusqu'alors.
Dans ce chapitre, nous exposons brièvement l'Uruguay
Round et les principales dispositions de l'AAUR. L'objectif de ce chapitre est
de nous permettre d'appréhender l'environnement international des
échanges des produits agricoles.
I. L'Agriculture dans l'Uruguay Round
Les négociations de l'Uruguay Round ont marqué
un tournant majeur en intégrant pour la première fois à
partir de 1995 l'agriculture, au même titre que la plupart des autres
produits, au système de négociations multilatérales sur le
commerce. En effet, avant l'Uruguay Round, le secteur agricole échappait
aux règles du GATT en vertu d'une exemption spéciale. Cette
exemption a permis à de nombreux pays de mettre en place divers
programmes de protection et de soutien pour leur secteur agricole national, qui
visaient entre autres à assurer la sécurité alimentaire,
à freiner l'exode rural et à promouvoir le développement
régional.
Les politiques agricoles, notamment celles qui stimulaient la
production, ont eu un effet de distorsion sur les marchés. Elles ont
encouragé des niveaux de production supérieurs aux
possibilités d'écoulement nationales et internationales et
provoqué une aggravation des tensions commerciales. C'est ainsi que
certains pays se sont lancés dans une surenchère aux subventions
à l'exportation pour écouler leur production excédentaire.
Conscients de cette situation, les membres du GATT ont convenu de tenter
d'assujettir le commerce des produits agricoles aux principes et aux
disciplines du GATT lors des négociations de l'Uruguay Round. Ils se
sont fixés comme objectifs d'augmenter l'accès aux
marchés, de réduire les mesures de soutien directes et indirectes
aux agriculteurs, et d'instaurer une plus grande discipline dans l'utilisation
des subventions et dans le recours aux mesures non tarifaires pour limiter les
importations de produits agricoles.
Les négociations en matière de commerce agricole
ont abouti à deux accords particuliers : l'accord sur l'agriculture et
l'accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires. Nous
présentons ici l'accord sur l'agriculture.
II. Principales dispositions de l'accord sur
l'agriculture (AAUR)
L'AAUR, dont la mise en oeuvre s'effectue sur une
période de six à dix ans à compter du 1er janvier 1995,
comporte diverses mesures visant à améliorer les échanges
commerciaux de produits agricoles, notamment en diminuant la protection aux
frontières, en augmentant l'accès minimal aux marchés et
en instaurant une plus grande discipline dans l'utilisation des subventions,
tant pour le soutien interne que pour les subventions à l'exportation.
Il est supervisé par le Comité de l'agriculture chargé
d'examiner la mise en oeuvre des engagements des pays membres. Au regard de ces
trois éléments, des engagements ont été pris par
les pays membres. L'AAUR s'articule autour de trois grands
piliers, il s'agit de l'accès aux marchés, du soutien interne et
des subventions à l'exportation.
2.1 L'accès aux marchés
Les engagements en vertu du premier volet de l'accord sur
l'agriculture visent à assurer et à accroître
l'accès de l'ensemble des produits agricoles sur les marchés
internationaux. L'accès aux marchés permet aux importations
agricoles de concurrencer les produits nationaux similaires. Les pays membres
se sont engagés à :
- remplacer les barrières non tarifaires par des tarifs
ou droits de douane équivalents ;
- maintenir et élargir les possibilités
d'accès aux marchés par des contingents tarifaires (TRQ pour
Tariff Rate Quota) garantissant l'accès actuel ou un
accès minimal ;
- ouvrir les marchés nationaux aux produits
d'importation à un minimum de 3 % de la consommation nationale et
élargir au minimum cet accès à 5 %.
Les pays développés s'étaient
engagés à assurer une réduction moyenne des droits de
douane de 36% et une réduction minimale de 15% par ligne tarifaire en 6
ans. Les pays en développement ont accepté de réduire
leurs tarifs douaniers sur une plus longue période (10 ans). La
réduction moyenne pour chaque ligne tarifaire est de 24 %, le minimum
s'établissant à 10 %.
Toute mesure autre que les tarifs est interdite ;
cependant, il existe une clause de sauvegarde spéciale (SGS). Celle-ci
permet à un pays membre d'augmenter le droit de douane d'un produit
assujetti à un contingent tarifaire lorsque les importations de ce
produit augmentent au-delà d'un certain seuil ou quand le prix à
l'importation pour ce produit chute au dessous d'un certain seuil.
2.2. Les subventions à l'exportation
En vertu de l'accord sur l'agriculture, les engagements en
matière de subventions à l'exportation se rapportent à la
fois au volume des produits subventionnés qui sont exportés et
aux dépenses liées aux subventions à l'exportation. Les
pays industrialisés ont accepté de réduire de 21 % le
volume des exportations subventionnées et de 36 % leurs dépenses
relatives aux subventions à l'exportation au cours de la période
de mise en oeuvre de six ans, à partir de la période de
référence 1986-1990.
Les pays en voie de développement ont accepté de
revoir leurs réductions à la baisse : réduction de 24 %
des dépenses au chapitre des subventions à l'exportation et de 14
% des exportations subventionnées au cours d'une période de mise
en oeuvre de dix ans. Les pays en voie de développement peuvent
également recourir aux subventions à l'exportation pour
réduire les coûts de la commercialisation des exportations et du
transport. Dans leur cas, ces éléments ne sont pas visés
par les engagements en matière de réduction.
2.3. Les mesures de soutien interne
Le soutien interne du secteur agricole comprend le soutien des
prix du marché, les paiements directs aux producteurs et les autres
mesures qui influencent les marchés. Trois grandes catégories de
mesures de soutien ont été établies: la catégorie
verte : pour les mesures n'ayant pas ou peu d'effets de distorsion sur les
marchés (ex. : recherche, développement régional,
protection de l'environnement); la catégorie bleue : pour les programmes
de limitation de la production (ex.: réduction des superficies
semées en oléagineux de l'Union Européenne) ; la
catégorie orange : pour les mesures qui perturbent les marchés et
sur lesquelles s'appliquent les engagements de réduction du soutien. Au
regard du soutien interne, les principales règles adoptées lors
du dernier cycle de négociations sont : une réduction du soutien
interne de 20 %, exprimée par la Mesure globale de soutien (MGS), qui
prend en compte uniquement les mesures faisant partie de la catégorie
orange; une exemption pour certains produits dans le calcul de la MGS et ce, si
le soutien accordé à ces produits n'excède pas 5 % de la
valeur de la production. Les pays membres en voie de développement ont
accepté une baisse de 13,3 % de leur niveau d'engagement sur une
période de 10 ans.
Toutefois, il faut noter qu'en dépit de tous ces
engagements, le secteur agricole reste très protégé.
Ingco (1996) affirmait déjà qu'en dépit de cet accord, les
droits sur de nombreux produits demeureront très élevés en
l'an 2000 et dans de nombreux cas, ils seront aussi élevés ou
même plus élevés que ceux qui étaient effectivement
appliqués avant l'accord. De l'évaluation faite par Arce et
al (2002), il ressort que, dix ans après la signature de
l'AAUR, les résultats obtenus concernant la libéralisation
mondiale des échanges commerciaux en matière d'agriculture ont
été très faibles. Les marchés agricoles demeurent
parmi les plus protégés du monde, et même les objectifs
atteints ne sont pas très significatifs.
De manière spécifique, le secteur laitier
mondial demeure l'un des secteurs agricoles les plus protégés. En
effet, l'accès aux marchés des produits laitiers est encore
fortement restreint, l'UE et certains pays continuent de subventionner
fortement leurs exportations de produits laitiers (Shaw & love, 2001). Il
est donc intéressant d'analyser les effets de la libéralisation
des instruments de la politique laitière sur le marché lait
européen ; bien avant, nous mettons en évidence ces
différents instruments et analysons les effets théoriques.
Chapitre 2 :
INSTRUMENTS DE POLITIQUE LAITIÈRE
EUROPÉENNE : ANALYSE THÉORIQUE
----------
La politique laitière européenne a pour objectif
principal d'assurer aux producteurs de lait un revenu minimum en leur
garantissant un niveau minimum de prix. Elle est fondée sur un
système de soutien des prix du lait via l'intervention sur le
marché intérieur et aux frontières. L'intervention sur le
marché intérieur repose d'une part sur un système d'achat
de produits laitiers (principalement le beurre et la poudre de lait
écrémé) à un prix minimum (prix d'intervention) et
d'autre part sur un système de subvention à la consommation (pour
le beurre et poudre de lait écrémé) ou à la
production (la caséine). En outre, des quotas à la production de
lait sont utilisés (ils ont été introduits en 1984).
L'intervention aux frontières consiste à maintenir un prix
intérieur supérieur au prix mondial via un système de
taxation des importations et de subventions aux exportations.
Dans ce chapitre, nous présentons les différents
instruments de politique laitière européenne et leurs effets sur
le marché des produits laitiers. Ensuite nous exposons quelques points
caractéristiques des différentes reformes (Accord de Berlin de
mars 1999 et l'Accord de Luxembourg de juin 2003) qui ont introduit des
changements dans la Politique Agricole Commune (PAC) et de manière
particulière dans la politique laitière.
I. Les caractéristiques du secteur laitier
européen
La production laitière représente
l'activité agricole la plus importante dans l'UE (13,8% de la valeur de
la production agricole). L'UE est le premier producteur de lait au monde (24,5%
de la production mondiale en 2000), deuxième exportateur mondial de
beurre, de poudre de lait écrémé et de fromage
après les pays de l'Océanie, premier exportateur mondial de lait
entier en poudre et de lait concentré en 2000. La production de lait
directement consommée ou vendue à la ferme représente 5,8%
de la production totale. La plus grande partie de la production est
destinée à la transformation dans les laiteries (94,2%) où
les composantes du lait sont valorisées dans les différents
produits finaux destinées à la consommation. On distingue les
produits laitiers suivants : le lait, le beurre, le fromage, la poudre de
lait écrémé (PLE), la caséine et les autres
produits laitiers (la crème concentrée ou non contré, le
lactosérum concentré ou non concentré, le sirop de
lactose, etc.).
II. LES Instruments de politique laitière
européenne
Selon la Commission Européenne (2002b), l'Organisation
Commune des Marchés (OCM) du lait et des produits laitiers permet de
stabiliser les prix et d'assurer un niveau de vie équitable aux
agriculteurs grâce à la mise en oeuvre de systèmes
d'intervention, de commercialisation et d'échange avec les pays tiers.
Pour ce faire, l'OCM dispose d'instruments de politiques
intérieures (quota de production, prix d'intervention, subvention
à la consommation et à la production, aides de stockage) et
d'instruments de politiques aux frontières (quota d'importation et
droits de douane associés, subventions aux exportations). Nous avons
récapitulé tous ces instruments dans le tableau
ci-dessous :
Tableau 1: Instruments de politique laitière
européenne
|
Soutien domestique
|
Politiques aux frontières
|
Soutien des prix
|
Autres
|
Accès au marché
|
Concurrence à l'exportation
|
Biens
|
Gestion de l'offre (quota de production)
|
Intervention
|
Autres aides de stockage
|
Subventions à la :
- consommation (1)
- production (2)
|
Droits de douane (tarif)
|
Quota d'importation
(TRQs)
|
Subvention à l'exportation
|
Lait
|
X
|
|
|
|
|
|
|
Beurre
|
|
X
|
X
|
X (1)
|
X
|
X
|
X
|
Fromage
|
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
Poudre de lait écrémé
(PLE)
|
|
X
|
X
|
X (1)
|
X
|
X
|
X
|
Poudre entier de lait
(PG)
|
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
Caséine
|
|
|
|
X (2)
|
|
|
|
Autres produits laitiers
|
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
2.1. Intervention sur le marché du beurre et de la
poudre
Le soutien aux producteurs de lait se fait par
l'intermédiaire d'une intervention sur les marchés du beurre et
de la PLE. Le beurre étant essentiellement constitué de la
matière grasse du lait et la PLE des composantes solides non grasses,
toutes les composantes solides du lait sont présentes dans ces deux
produits laitiers. En régulant les prix du beurre et de la PLE, on
régule donc le prix du lait brut payé aux producteurs. Les prix
d'intervention sont fixés chaque année en rapport avec la
situation du pays et sont directement reliés au prix de soutien (prix
indicatif).
Pour illustrer le programme de soutien et appréhender
ses effets sur les différents agents impliqués, analysons
graphiquement et théoriquement deux cas : soutien en
économie fermée et soutien en économie ouverte avec grand
pays exportateur.
2.1.1. En économie fermée
Soient (DD) et (S) les courbes de demande et
d'offre privée en l'absence de programme de soutien du
gouvernement (voir Figure 1) ; le prix d'équilibre du marché
est de Pc avec un niveau de production Qc. Lorsque le
gouvernement soutient le prix à un niveau P* (prix
d'intervention) supérieur au prix d'équilibre du marché
Pc, la demande des consommateurs diminue et se fixe à
Q0 ; l'offre des producteurs augmente de Qc à
Qg ; la demande du gouvernement est représentée par
la courbe (DgDg) et est parfaitement élastique en P*.
excédent
D
S
P* Dg
Dg
a b c
Pc e
d
f g
D
Q0 Qc Qg
Q
Figure 1 : soutien des prix en
économie fermée
Le prix du marché augmente et passe de Pc
à P*. L'offre excédentaire (Qg-Q0) acquise par
le gouvernement devrait être promptement détruite
(hypothèse théorique car dans la réalité ce n'est
pas cas). Le budget nécessaire à la mise en place de ce programme
est égale à P*(Qg-Q0).
Du point de vue de l'analyse du bien-être des
différents agents, les consommateurs subissent une perte de surplus
égale à l'aire (a+b) à cause de l'augmentation du
prix du marché, les producteurs une augmentation de surplus égale
à l'aire (a+b+c) et les contribuables supportent des
dépenses égales à (b+c+d+e+f+g). Le coût
social net est égal à l'aire (b+d+e+f+g).
2.1.2. En économie ouverte
Pour permettre l'exportation des produits laitiers à
des niveaux de prix correspondant à ceux de ces produits sur le
marché mondial, des restitutions à l'exportation peuvent
être accordées pour couvrir la différence entre les prix du
marché mondial et ceux pratiqués dans la Communauté
Européenne (CE). Les restitutions sont les mêmes sur tout le
territoire de la CE. Elles peuvent être modulées en fonction de la
destination, si cela est nécessaire en raison de la situation du
marché mondial.
Le modèle sur la figure 2 (page suivante) est
basé sur l'hypothèse que le pays est un grand exportateur sur un
marché mondial concurrentiel. Cette figure met en évidence les
effets d'un soutien de prix sur les marchés domestique et mondial. A
l'absence de programme de soutien des prix, la demande et l'offre domestique du
pays sont représentées par DD et SS dans la
partie c. La demande et l'offre du reste du monde (Rdm) sont
données dans la partie a par Dr et Sr. La
partie b donne dans le premier quadrant la demande d'exportation (ou
l'importation) du reste du monde XDr ; XDr est la
différence entre Dr et Sr. XSr
représente l'offre d'exportation du Rdm. En outre, nous avons
représenté par XSp l'offre d'exportation du pays
considéré ; XSp est égale à
SS moins DD. XDp représente la demande
d'exportation (ou l'importation) du pays considéré. Le prix
d'équilibre Pc est donné par l'intersection de
XDr et XSp.
R
Dr Sr
XSr
D
a h b
XSp
S
P* P*
Pc
Dg
n m XDp
f e d g
Pw
XDr S
D
X
Xc Xg Q0
Qg
(a)
(b) (c)
Figure 2 : soutien des prix en économie
ouverte
Supposons que le pays initie un programme de soutien au prix
P* et que les importations ne sont pas permises. Ce soutien est mis en
place par un mécanisme de restitution. Les restitutions (R)
permettent d'exporter et donc de stocker moins. Ici, la restitution est
égale à (P*-Pw). La demande globale devient alors
DDg ; l'excédent d'offre (Qg-Q0) n'est pas
détruit comme nous l'avons indiqué dans l'analyse
précédente ; elle est exportée. Soit Xg
cette quantité représentée dans la partie b.
L'offre d'exportation est représentée en b par la courbe
coudée XXSp. Le nouveau prix mondial Pw à
l'équilibre est donné par l'intersection entre XXSp et
XDr. Le programme baisse donc le prix mondial passant de Pc
à Pw et augmente le prix domestique de Pc à
P* ; en outre les exportations du pays augmentent et passent de
Xc à Xg
Comme implications sur le bien-être des agents, l'on
note que le programme de soutien génère un gain pour le
producteur représenté par (a+h+b) dans la partie
c ; il réduit le surplus du consommateur de l'aire
(a+h) en raison de l'augmentation du prix domestique. Le coût
pour le contribuable est donné par l'aire (b+ h+e+d+g+f). La
perte du bien-être collectif est donnée par l'aire
(h+e+d+g+f). En outre, les consommateurs du reste du monde
bénéficient de l'aire (n+m) pendant que les producteurs
perdent (n) du fait du dumping pratiqué par le pays
exportateur.
2.2. Subvention à la consommation
intérieure
Les subventions à la consommation intérieure de
beurre et de lait écrémé liquide et en poudre sont aussi
utilisées comme instruments pour soutenir les revenus des producteurs
laitiers tout en diminuant l'accumulation des stocks.
La figure 3 est une illustration de cette politique.
Stock avant subvention (Q2-Q0)
Stock après subvention (Q2-Q1)
D0 D1
S
P*
Q0 Q1 Q2
Figure 3 : subvention à la consommation
intérieure
P* est le prix d'intervention, D0 et
D1 sont respectivement les courbes de demande avant et après la
politique de subvention à la consommation ; S
représente la courbe d'offre. La subvention à la consommation
à pour effet de déplacer la courbe de demande vers la droite
augmentant ainsi la quantité demandée par les consommateurs (de
Q0 à Q1) et diminuant la quantité
stockée passant de (Q2-Q0) à (Q2-Q1). La
dépense de subvention est donnée par P*(Q1-Q0).
L'aide à la consommation est destinée à
stimuler la consommation des produits laitiers dans la communauté
européenne. La dépense annuelle y afférente s'est
établie en l'an 2000 à 449 millions euros pour le beurre et
à 708 millions d'euros pour la PLE (Commission Européenne,
2002b).
2.3. Intervention sur les échanges internationaux
des produits laitiers européens
Nous donnons ici les contraintes du GATT liées aux
échanges en ce qui concerne les produits laitiers. Ensuite nous
présentons les contingents tarifaires (TRQs), instruments de
tarification introduits depuis l'AAUR et qui prévaut dans le domaine de
l'accès au marché.
2.3.1. Les contraintes du GATT sur les
échanges
Les principaux engagements de l'Accord agricole impliquent
deux volets : le volet importation et le volet exportation. En ce qui
concerne le volet importation, les accords impliquent l'ouverture de deux types
d'accès au marché de l'Union Européenne (UE) dans des
conditions préférentielles. L'accès dit
« courant » correspond aux importations
réalisées dans des conditions préférentielles au
cours de la période 1986-1988 ; l'accès dit
« minimum » correspond à l'ouverture des contingents
complémentaires d'importations à droits réduits. L'UE
devrait offrir l'accès minimum de 3% de la consommation
intérieure aux produits étrangers, qui doit passer à 5%
au terme de la période de mise en place (2000) ; ainsi les
engagements en terme d'accès courant pour le beurre et d'accès
minimum pour la PLE en 1995 étaient respectivement de
76 667 tonnes et 40 401 tonnes.
Pour ce qui est du volet exportation, l'accord implique la
limitation des subventions (en volume et en valeur) aux exportations ; ces
subventions sont considérées comme destabilisatrices pour les
marchés mondiaux. Les quantités exportées avec
restitutions devraient être progressivement abaissées à un
niveau égal à 79% du niveau constaté sur la période
1986-1990. L'AAUR prévoyait, une baisse de 21% des quantités
exportées avec des subventions, et de 36% des dépenses
budgétaires consacrées à ces subventions. Les engagements
de réduction de subvention concernaient tous les produits
laitiers regroupés en quatre catégories: le beurre et la
matière grasse du beurre, la PLE, les fromages et les autres produits
laitiers (principalement poudre de lait entière).
2.3.2. Les contingents tarifaires (TRQs)
Le système de contingent tarifaire ou TRQ est un
mécanisme de protection des échanges associant à la fois
les droits de douane et les quotas. Ce système tentait de remplacer des
mesures non tarifaires, comme l'interdiction à l'importation ou
l'existence de restrictions quantitatives, par une mesure double : une
quantité déterminée d'importations (le quota ou le
contingent) entre avec un tarif zéro ou minimum (in-quota tariff) ;
les importations au-delà du quota supporte des tarifs plus
importants (over-quota tariff).
Notons que l'analyse conventionnelle en équilibre
partiel d'un contingent tarifaire montre que le contingent fonctionne soit
comme un tarif pur, un quota ou un vrai TRQ en
fonction de l'endroit où se situe la demande du produit
échangé. Nous illustrons graphiquement ces trois régimes
et leurs différentes implications1.
Soit DN la demande nette d'importation
d'un pays importateur d'un produit quelconque. DN
représente la différence entre la demande d'importation et
l'offre d'importation du pays considéré. Soient (AM) le quota
d'importation ou accès minimum, M l'importation nette, TIQ le
droit de douane appliqué pour des importations inférieures au
quota et TOQ le droit appliqué pour des importations
au-delà du quota d'importation. Soit Pf le prix à la
frontière qui est égale à la somme du prix mondial et du
droit applicable. Notons respectivement Pd et Pw le prix
domestique et le prix mondial. Le prix domestique est déterminé
par la position de la demande nette d'importation.
Si la demande nette d'importation excède le quota (voir
Figure 4 page suivante), c'est-à-dire, M > AM, le contingent
tarifaire se comporte comme sous un régime de tarif unique
TOQ. Le prix domestique est Pd = Pw+TOQ. C'est le
régime de « vrai TRQ ».
----------------------------------------
1 Pour plus de détails, voir Abbot et Morse
(1999)
Cependant, l'importateur ayant un droit d'importer au droit
TIQ reçoit une rente1 totale
représentée par l'aire (a).
Pd=Pw+TOQ
Pw
Pd
P
M
AM
Importations
TOQ
(a)
DN
Pf=Pw+TIQ
TIQ
Figure 4: TRQ avec Importations nettes (M) > au
quota (AM) « régime vrai TRQ »
Lorsque la demande nette d'importation intercepte l'offre
d'importation dans sa partie verticale (figure 5), i.e M = AM, l'instrument de
politique TRQ se comporte exactement comme un quota. Dans ce cas Pd > Pw +
TIQ. La différence entre le prix domestique et (Pw +
TIQ) est la rente unitaire. La rente totale est
représentée par l'aire (b).
P
DN
Pf=Pw+TOQ
Pd
TOQ
(b)
Pf=Pw+TIQ
TIQ
Pw
AM =M
Importations
Figure 5 : TRQ avec Importations nettes = au quota
« régime Quota »
--------------------------------------------------------
1 Notons que la rente par unité
d'importation in-quota (RuIQ) est donnée
par :RuIQ = Pd - (Pw+TIQ)= TOQ
-TIQ. La valeur totale de cette rente est donnée
par RTot = RuIQ x Volume d'importation
in-quota.
Enfin, lorsque la demande nette d'importation est
inférieure au quota d'importation, le contingent tarifaire se comporte
comme un simple tarif (figure 6) ; il n'y a donc pas de rente.
P
Pf=Pw+TOQ
DN
TOQ
Pd
Pd=Pw+TIQ
TIQ
Pw
M
AM
Importations
Figure 6 : TRQ avec Importations nettes (M) <
quota (AM) « régime pur tarif
»
2.4. La restriction de l'offre : Le régime
des quotas laitiers
Du fait de la politique de soutien des prix menée dans
le cadre de l'OCM, les livraisons de lait ont constamment progressé. A
la fin des années 1970, la production de lait était
supérieure à la consommation totale, tandis que la demande
diminuait pour les produits les plus importants, à savoir le beurre et
la PLE. Dans le souci de rétablir l'équilibre dans le secteur du
lait, l'UE décida de mettre en oeuvre « un
prélèvement supplémentaire » applicable aux
quantités de lait livrées au-delà d'une quantité
totale garantie, le quota laitier communautaire. Le quota communautaire est
réparti entre divers producteurs des Etats membres, grâce à
un système de « quantité de
référence » ou de quotas individuels.
Les quotas laitiers limitent la production. Combinant ses
effets avec ceux des exportations subventionnées et de la protection
contre les importations, le quota total vise à maintenir l'offre sur le
marché intérieur à un volume inférieur à
celui de la demande intérieure (avec ou sans subventions). Le quota
permet ainsi de maintenir les aides et les prix du marché dans l'UE au
dessus du niveau du prix d'équilibre du marché, sans qu'il y ait
accumulation de
stocks publics d'intervention. Nous représentons
simplement le régime de quota sur la figure suivante :
D
Sg
S
P*
Dg
S
Q0 Q Q1
Figure
7 : Les quotas laitiers
En absence de quota sur la production de lait, la courbe
d'offre de lait est donnée par (SS) et la demande
agrégée des produits laitiers en équivalent lait est
(DDg). Dans ce cas, l'équilibre du marché engendre un
excédent d'offre égal à (Q1-Q0). Cet excédent doit
être soit stocké ou exporté sur le marché mondial.
Lorsqu'on introduit un quota (Q) sur la production, la courbe d'offre devient
(SSg). L'introduction du quota permet ainsi de réduire
l'excédent d'offre à (Q-Q0).
Grâce aux effets conjugués du régime des
quotas et des mécanismes de soutien des prix, il dévient plus
facile de maintenir les prix à des niveaux relativement
élevés, ce qui du point de vue économique permet
d'assimiler l'ensemble du dispositif à « une rente »
dont les producteur bénéficient pour chaque kilo de lait qu'ils
produisent et vendent dans le cadre du quota qui leur est alloué.
Quota de production et de rente de
quota
Considérons la figure 8 ; soit la courbe
S représentant la fonction d`offre potentielle de lait à
la ferme d'un producteur laitier. Supposons que les volumes des trois inputs
primaires (le capital, le travail et la terre) sont fixes. La fonction d'offre
est une fonction de court terme, plus précisément la fonction de
coût marginal de production à court terme, pour des volumes de
facteurs primaires donnés.
S
P*
A
D F
Ru
CmQ
B
E
C
QS
Q
Figure 8 : Quota de production et rente du
quota
Cette fonction dépend du prix du lait, des prix des
consommations intermédiaires et des volumes des trois inputs primaires.
Pour un prix du lait donné au niveau P*, la production
s'établit de manière optimale au niveau QS de
façon à égaliser le coût marginal de production et
le prix du lait. La surface ACF représente le surplus du producteur
laitier, i.e., la valeur ajoutée au coût des facteurs qui
rémunère les trois inputs primaires.
L'introduction d'un quota de production au niveau Q
inférieur à QS implique qu'il n'y a pas
d'égalité entre le prix du lait (supposé inchangé)
et le coût marginal de production (CmQ) du quota ;
l'écart (P*-CmQ) représente la rente unitaire du
quota Ru. Le surplus du producteur laitier est maintenant égal
à la surface ACED ; il est composé de deux
parties : le triangle BCE correspondant à la valeur ajoutée
au coût des facteurs (i.e rémunération des facteurs
primaires) et le rectangle ABED correspondant à la rente totale
de quota (i.e la rémunération du facteur additionnel de
production que représente le droit à produire le niveau de
quota).
La rente du quota, qui peut être estimée pour
l'ensemble du secteur, donne une indication approximative de l'effet induit par
le régime des quotas, ainsi que du rôle qu'il joue dans le soutien
des prix.
III. Les réformes 1999 et de 2003 et l'OCM
lait et produits laitiers
3.1. La reforme de 1999 (Agenda 2000)
La reforme de 1999 a été adoptée par les
chefs d'Etats et de gouvernement le 26 mars 1999 lors du Conseil
européen de Berlin. Elle comprend la diminution des prix institutionnels
des céréales et de la viande. Elle étend la
démarche aux produits laitiers en proposant une réduction de 15%
en trois étapes des prix d'intervention du beurre et de la
PLE à partir de la campagne de commercialisation 2005/2006; cette
réduction doit être partiellement compensée par l'octroi
d'une aide directe proportionnelle au quota.
En outre, la reforme prévoit une augmentation des
quotas laitiers (+1,5% en trois fois) de tous les pays membres, au rythme de la
baisse de soutien, avec octroi privilégié des quantités
additionnelles aux jeunes agriculteurs et aux producteurs des zones de
montagne. Néanmoins cinq Etats membres (Espagne, Grèce, Irlande,
Irlande du Nord et Italie) bénéficient d'un accroissement
immédiat de leurs références, repartie sur deux campagnes,
pour un total cumulé de 1,39 million de tonnes (Guyomard et Le Bris,
2003). En pratique la politique des quota laitiers est prolongée au
moins jusqu'en 2007/2008.
3.2. La reforme de 2003 (Accord de Luxembourg)
Les objectifs de la reforme de la PAC de 2003 adoptée
le 26 juin sont identiques à ceux de la reforme Agenda 2000 : une
agriculture européenne compétitive, des méthodes de
production respectueuses de l'environnement, un niveau de vie équitable
et une stabilité des revenus pour les agriculteurs, etc. La philosophie
générale de la reforme est également identique,
c'est-à-dire, la baisse du soutien par les prix (par exemple
réduction du prix d'intervention du beurre de 25% et de celui de la PLE
de 13% et la compensation (partielle) des pertes induites de revenu par des
aides directes. Toutefois, la reforme 2003 se différencie par des
dispositions novatrices :
- le découplage de la politique de soutien des
revenus agricoles : La reforme remplace la plupart des primes
octroyées dans le cadre des différents OCM par un paiement unique
par exploitation calculé sur une base historique. C'est le
« découplage » ; il signifie que les aides
perçues par exploitation sont indépendantes des choix
présents de production de cette exploitation. Dans le cas de l'OCM lait,
les paiements directs obtenus au titre de l'activité laitière
seront intégrés dans l'aide globale aux exploitations à
partir de 2007.
- la conditionnalité (obligatoire) des aides
directes : L'octroi de l'intégralité du paiement unique
par exploitation et des autres aides directes est subordonné au respect,
d'une part de normes règlementaires en matière d'environnement,
de sécurité des aliments, de santé, et de bien-être
des animaux, d'autre part des obligations relatives à la
sécurité sur le lieu de travail. En cas de non-respect, il y aura
réduction des aides directes de façon proportionnelle au risque
et préjudice.
-la réduction (obligatoire) des aides directes via
leur modulation et le renforcement du deuxième pilier : Au
delà d'une franchise de 5 000 euros d'aides directes par an, chaque
exploitation sera soumise à un prélèvement sur le montant
total d'aides directes qu'elle perçoit. Ce prélèvement est
de 3% en 2005, de 4% en 2006 et de 5% en 2007 et au-delà. La somme
économisée sera réallouée sur le deuxième
pilier de la PAC.
Dans le cadre de l'accord de Luxembourg exposé
ci-dessus, le principe de l'existence des quotas laitiers est maintenu jusqu'en
2014.
Chapitre 3 :
MODÈLES D'ANALYSE ÉCONOMIQUE
ET IMPACTS DE LA LIBÉRALISATION DES
ÉCHANGES
DANS LE SECTEUR LAITIER EUROPÉEN
----------
I. modèles d'analyse économique et
négociations interna-tionales
L'analyse quantitative des politiques agricoles et
commerciales est généralement réalisée à
travers les modèles de programmation mathématique et les
modèles économétriques. Dans les modèles
utilisés pour simuler les impacts de la libéralisation des
échanges internationaux dans le secteur agricole, on cherche
essentiellement à évaluer les conséquences commerciales et
les répercussions globales sur le bien-être global des agents, les
flux commerciaux, l'offre et les prix mondiaux et domestiques.
Les modèles utilisés dans les études que
nous présenterons sont des modèles en équilibre partiel
(EP) : le modèle UW-Madison du lait, le modèle ERS/Penn
State WTO et le modèle AGLINK de l'OCDE. Les modèles EP sont
centrés sur un seul marché, contrairement aux modèles
en équilibre général où tous les secteurs
de l'économie sont considérés simultanément.
Pour Bureau et Gohin (2005), les modèles EP permettent de
détailler considérablement un secteur ; en outre, ils
permettent des hypothèses plus réalistes et d'intégrer des
formes mathématiques souples, n'imposant pas ou peu de contraintes
à priori sur la façon dont les biens se substituent les uns aux
autres. Ils permettent aussi un degré de détail suffisant pour
représenter les complexes des politiques agricoles (prix garanti,
quotas, tarifs douaniers, aides plus ou moins découplées,
etc.).
II. Etudes d'impacts de la libéralisation des
échanges interna-tionaux sur le marché laitier européen
Notre analyse est faite à partir des résultats
de quelques études dont celle de Zhu et al (1999), de Cox et
al (1999), de Langley et al (2003) et de Shaw et Love (2001).
Les deux premières mentionnées utilisent le modèle
UW-Madison de lait et les deux dernières utilisent respectivement le
modèle ERS/Penn State WTO et le modèle AGLINK de l'OCDE. Ces
études s'intéressent aux impacts de l'AAUR et de la
libéralisation des échanges sur le marché laitier mondial.
Dans notre analyse, nous nous intéresserons seulement au marché
laitier européen.
2.1. Le modèle UW-Madison du secteur laitier
Ce modèle est mis en évidence à travers
l'étude de Zhu et al (1999). L'objectif de cette étude
est de développer une analyse économique des effets de la
libéralisation des échanges sur le marché laitier mondial.
Pour ce faire, les auteurs ont développé le modèle
UW-Madison, modèle de l'économie laitière mondiale,
prenant en compte les caractéristiques verticales et spatiales du
secteur laitier. Les caractéristiques verticales concernent la
fabrication des différents produits laitiers tandis que les
caractéristiques spatiales concernent la répartition de la
production de lait, de la demande et des échanges des produits laitiers
à travers les différentes régions du monde. Les outils de
politiques laitières (quotas de productions, subventions sur les
marchés internes, droits de douanes, quotas d'importation, subventions
aux exportations) et leurs variations à travers les différents
pays ont été incorporé dans le modèle.
Le modèle est ensuite utilisé pour simuler les
effets de l'accord de l'Uruguay (URAA) et de la libéralisation des
marchés sur l'économie laitière, y compris sur les prix,
le bien-être des différents agents économiques
(consommateurs, producteurs, contribuables) et les échanges
commerciaux.
2.1.1. La forme analytique du modèle
Le modèle UW-Madison du lait est un modèle
hédonique, d'équilibre spatial et de concurrence
interrégionale ; il considère 21 régions du monde, y
compris les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, la Chine, l'Inde, le Japon,
l'Australie, la Nouvelle Zélande, l'Union européenne, l'Europe de
l'Est et l'Union soviétique.
Le modèle analyse l'allocation spatiale de cinq types
de lait primaire (lait de vache, chameau, buffle, brebis, chèvre)
utilisé dans la production de huit types de produits laitiers : le
fromage, le beurre, les poudres grasses (PG), la poudre de lait
écrémé (PLE), la poudre de lactosérum (PL), la
caséine, le lait concentré (Lcon), et les autres produits
laitiers.
Le modèle considère que les produits laitiers
sont homogènes ; les échanges entre les différentes
régions dans l'espace impliquent des coûts de transport.
L'équilibre du marché concurrentiel est obtenu en maximisant une
fonction de quasi bien-être social mesuré par la somme des surplus
du producteur et du consommateur et des coûts nets de transport.
§ Notation
Chaque région i est impliquée dans la
production, la consommation et l'échange du bien primaire (lait) aussi
bien que du bien final ou transformé (produit laitier). Le modèle
est schématiquement représenté en Annexe 1.
Soient wi le vecteur des biens primaires produits
et xi le vecteur des biens primaires utilisés dans
la région i, i = 1,...,I. On note respectivement
yi et zi les vecteurs des biens finaux produits et
utilisés dans la région i .Tous les biens primaires et
finaux peuvent être échangés entre les régions. Soit
Tij = 0 le vecteur des exportations de biens primaires de la
région i vers la région j et tij = 0
le vecteur des exportations des biens finaux de la région i
vers la région j. On note respectivement Cij = 0
et cij = 0 le vecteur des coûts de transports par
unité de biens
primaires échangés de la région
i vers la région j et le vecteur des coûts de
transport par unité de biens finaux échangés de la
région i vers la région j.
§ La technologie de production
On suppose que la production du bien final y dans chaque
région requiert deux sortes d'input : le vecteur des biens
primaires x et un autre vecteur d'inputs (capital et travail) noté
vi. L'utilisation efficiente de vi en situation de
concurrence parfaite requiert la minimisation de coût tel :
Gi(xi, yi) = Minv
[ri'vi: (vi, xi, yi)
Ti] (1)
où Ti est l'ensemble des possibilités
de production. Gi(xi, yi) est la fonction de
coût optimal d'utilisation des inputs vi conditionnelle aux
niveaux d'outputs yi et aux inputs xi ;
?Gi/?yi > 0 et ?Gi/?xi <
0. Soit ri le vecteur des prix de vi dans la
région i.
On note ensuite que la fabrication des produits laitiers
(biens finaux) requiert l'utilisation des composantes intrinsèques du
lait (en l'occurrence matière grasse, caséine, protéine
lactosérum et autres matières solides). Ces composantes sont
recombinées et allouées entre les différents produits
finaux. Soit ais (coefficient de transformation technique) la
matrice des quantités de la sième composante par
unité de lait xi dans la région i et bis la
matrice des quantités de la sième composante par
unité de bien final yi dans la région i. Sous une
technologie de Leontief1, la transformation des inputs primaires en
produits finaux dans la région i doit satisfaire :
bis'yi = ais'xi
i = 1,...,I , s = 1,...,S (2)
où S est le nombre de composantes du lait.
L'équation (2) est l'équation bilan de l'allocation des
composantes s dans la région i. C'est la contrainte de
faisabilité technique.
§ L'équilibre du marché
L'équilibre du marché est obtenu à
travers la maximisation du bien-être social mesuré par la somme
des surplus du producteur et du consommateur et des coûts nets de
transport et de fabrication. Dans un secteur vertical avec plusieurs stades de
production, l'on soustrait le coût de transformation à chaque
stade. L'on obtient la fonction de quasi bien-être :
V(w,x,y,T,t) = ?i CBi(zi) -
?i PCi(wi) - ?i
Gi(xi,yi) - ?i,j
TijCij - ?i,j tijcij
(3)
où CBi(zi) est le
bénéfice du consommateur dans la région i ;
PCi(wi) est le coût de production du bien primaire
wi dans la région i ;
Gi(xi,yi) est le coût de transformation
dans la région i donné par l'équation (1).
On suppose que V(w,x,y,T,t) est concave et satisfait
?CBi(zi)/?zi = pic et
?PCi(wi)/?wi = pis.
pic et pis sont
respectivement les vecteurs des prix du marché des biens primaires et
des biens finaux ; cela suppose qu'en situation de concurrence, les prix
reflètent les bénéfices marginaux des consommateurs et les
coûts marginaux des producteurs.
---------------------------------------------------------
1 Dans chaque région, on suppose que la
quantité totale de composante par unité de produit est
fixe ; la technologie de transformation est de la forme Leontief ;
sinon les coefficients de transformation seraient fonction des quantités
produites et la contrainte (2) deviendrait :
bis(yi)'yi =
ais(xi)'xi , i = 1,...,I , s =
1,...,S. (2')
En outre, la maximisation de la fonction de quasi
bien-être agrégé V(w,x,y,T,t) doit satisfaire deux
ensembles de contraintes : les contraintes des flux d'échange et
les contraintes de non négativité. Les flux d'échange
entre régions doivent satisfaire les conditions suivantes :
wi = ?j Tij (4a)
?j Tji = xi (4b)
yi = ?j tij (4c)
?j tji = zi (4d)
Ces restrictions garantissent que la somme des exportations et
de l'utilisation intérieure dans chaque région ne peut pas
excéder la production intérieure et que la consommation
intérieure dans chaque région ne peut pas excéder la somme
de production intérieure et des importations. Ces conditions doivent
être vérifiées pour les biens primaires ((4a) et (4b))
ainsi que pour les biens finaux ((4c) et (4d)).
Le problème d'optimisation représentant
l'équilibre spatial concurrentiel est donc:
Maxw,x,y,z,T,t { ?i
CBi(zi) - ?i PCi(wi) -
?i Gi(xi,yi) - ?i,j
TijCij - ?i,j
tijcij }
s/c : bis'yi =
ais'xi (5)
wi = ?j Tij ;
?j Tji = xi ; yi =
?j tij ; ?j tji =
zi
(w, x, y, z, T, t) = 0
On montre qu'à l'absence d'intervention du gouvernement
(pas de taxe, de subventions et de quotas), ce problème d'optimisation
engendre une allocation des ressources efficiente (Chavas et al (1998)
cité par Bouamra (1999)). Les multiplicateurs de Lagrange
associés aux contraintes (4) représentent les prix du
marché alors que les multiplicateurs de Lagrange associés
à la contrainte (2) donnent les prix fictifs des composants du lait.
Pour analyser la politique laitière, on introduit la
présence des contingents tarifaires (TRQ) et droits de douanes
associés, les subventions à l'exportation, l'intervention sur les
prix, les subventions à la consommation ainsi que les quotas de
production ; en outre, la politique laitière étant soumise
aux contraintes du GATT, l'analyse nécessite la prise en compte
explicite de ces contraintes.
§ Introduction des politiques du gouvernement
Les contingents tarifaires (TRQ) et droits de
douanes associés
L'on modélise les TRQ en introduisant deux niveaux de
droits de douanes avec des restrictions. En fait, pour une région
i, le volume d'importation d'un bien est divisé en deux
parties : une première partie (IQ, pour in-quota) est
importée avec un droit de douane bas et ensuite l'autre partie (OQ, pour
over-quota) est importée avec niveau élevé de droit de
douane.
On note ?ij le vecteur des droits de douanes
unitaires imposés sur les échanges des biens primaires de la
région i vers la région j et
ïij celui imposé sur les échanges des biens
finaux. Soient respectivement Qi et qi le vecteur des
quotas d'importation (TRQs) des biens primaires et le vecteur des quotas
d'importation des biens finaux dans la région i.
Les quotas d'importations sont complètement
utilisés en premier lieu avec des droits de douanes bas avant de
permettre d'autre importation avec des droits de douane élevés.
On note ainsi les contraintes suivantes:
TijIQ = Tij (6a)
tijIQ = tij (6b)
?i TijIQ = Qj
(6c)
?i tijIQ = qj
(6d)
Ces contraintes traduisent que les exportations IQ d'un bien
d'une région i vers une région j ne peuvent
pas excéder les exportations totales de ce bien de la région
i ((6a) et (6b)) et que la somme des exportations IQ d'un bien
d'une région i vers une région j ne peut pas
excéder le TRQ pour ce bien admis dans la région j ((6c)
et (6d)).
Les subventions aux exportations
Pour chaque région, la quantité d'exportations
subventionnées est limitée à un niveau maximal
imposé par les accords de l'AARU ; soient respectivement
Tijs et tijs le vecteur des
exportations des biens primaires et des biens finaux bénéficiant
de subventions ; soient respectivement Si et si les
quantités maximales d'exportations subventionnées de biens
primaires et de biens finaux dans la région i. On écrit
les contraintes suivantes :
?j TijIQ = Si
(7a)
?j Tijs = Si
(7b)
?j tijIQ = si (7c)
?j tijs = si
(7d)
De plus, chaque pays fait face à une autre
contrainte : celle d'un certain « quota de subventions des
exportations » ou de dépense maximale destinée aux
subventions des exportations d'un bien ou d'un ensemble de biens. Soient
respectivement Di et di la dépense maximale de la
région i destinée aux exportations subventionnées
de biens primaires et de biens finaux. On introduit alors ces deux contraintes
suivantes au modèle :
?i
Tijs.Subij = Di
(8a)
?i
tijs.subij = di
(8b)
avec Subij et subij
représentant respectivement les subventions unitaires des biens
primaires et biens finaux.
Les politiques intérieures
Quotas de production : un quota de production sur
le bien primaire dans la région i correspond à la
contrainte :
Wi = Wi
(9)
Wi
avec est le niveau de quota sur
la production du bien primaire considéré.
Subventions à la consommation
intérieure : une subvention à la consommation est
modélisée par un déplacement de la courbe de demande du
montant de la subvention unitaire. Soit Dcinti la
dépense totale allouée au financement des subventions sur le
marché intérieur ; on peut ajouter ainsi
l'inégalité suivante au modèle :
?i zis.sci =
Dcinti (10)
où zis est la consommation
intérieure subventionnée dans la région i et
sci est la subvention unitaire.
Autres politiques : les politiques d'intervention
sont modélisées en ajoutant des contraintes appropriées.
§ Modification de la fonction objectif
En introduisant ces distorsions du marché, le
problème d'optimisation (5) devient :
Maxw,x,y,z,T,t { ?i
CBi(zi) - ?i PCi(wi) -
?i Gi(xi,yi) - ?i,j
TijCij - ?i,j
tijcij
- ?i,j TijIQ?ijIQ -
?i,j (Tij - TijIQ)?ijOQ - ?i,j
tijIQ ïijIQ - ?i,j (tij
- tijIQ) ïijOQ }
(11)
s/c : (2), (4), (6), (7), (8), (9), (10)
(w, x, y, z, T, t ,TIQ, tIQ) =
0
Le modèle (11) représente les marchés
mondiaux de lait incluant les politiques domestiques et d'échanges
commerciaux. Les contraintes ici reflètent les restrictions sur les
quantités dues aux politiques du gouvernement. Le modèle est
utilisé pour analyser les effets empiriques de la libéralisation
des échanges dans le secteur laitier.
2.1.2. Les scénarios de simulation
i) scénario de base (BASE) : il donne une
bonne représentation du secteur laitier mondial sur la période
1989 - 1994 ; les données sur les prix, la production et la
consommation proviennent de la FAO. Les paramètres de politique
d'échanges commerciaux sont soit la moyenne sur la période
1986-90 (période de référence pour le GATT) soit
reflètent les politiques commerciales utilisant les données de
1994. Le scénario BASE est utilisé comme une
référence ; il est ensuite comparé aux
résultats des autres simulations.
ii) scénario GATT2000 (scénario
1): ce scénario simule les effets des négociations GATT pour
l'année 2000. GATT2000 impose des minima en quotas d'importations (au
moins 5% de la consommation par pays, importés à droits
réduits), des maxima en droits de douanes, et des restrictions sur les
exportations subventionnées.
iii) scénario Libre
Echange (scénario 2): ce scénario simule une situation
plus extrême : les effets d'une libéralisation plus
complète de tous les marchés laitiers dans le monde. Dans ce
scénario, tous les outils de politique laitière (droits de
douane, quota d'importations, subventions aux exportations, soutien de prix,
quotas de production, subventions à la consommation) sont
supprimés et aucune compensation n'est accordée aux producteurs
laitiers.
2.1.3. Les résultats et analyse des impacts de
la libéralisation
Nous donnons ici et analysons quelques effets des
réformes de la politique laitière. Ces effets sont
reportés en bref, pour l'Europe, dans les tableaux 2-1, 2-2 et 2-3 en
Annexe 2
§ Les effets du GATT2000 (scénario 1) sur le
secteur laitier européen
En général, sous GATT, une réduction des
droits de douanes et une augmentation de quotas d'importation stimule les
échanges commerciaux et réduit les prix sur les marchés
internes distordus ; alors qu'une baisse de subventions aux exportations
à tendance à réduire les volumes échangés et
à accroître les prix mondiaux. Le tableau 2-1 (Annexe 2) montre
que dans le contexte `GATT 2000', le prix du lait à la ferme diminue en
moyenne de 1,6%.
La moyenne des prix1 du fromage, du beurre et de la
poudre de lait écrémé diminuent en moyenne de 1,3%, 0,9%
et 3%, respectivement.
Cependant, les changements de prix varient d'un pays à
l'autre. Par exemple la Nouvelle-Zélande2 voit une
augmentation du prix des produits laitiers (respectivement 9,4%, 3,8% et 7,3%
pour le fromage, les poudres grasses et la PLE) et une augmentation du
prix du lait à la ferme (5,8%); par contre, pour l'UE, le prix du lait
à la ferme diminue de 5,5% et la plupart des produits laitiers subissent
une baisse de prix. Nous expliquons cela par le fait que l'UE, contrairement
à la Nouvelle-Zélande, accorde des subventions aux exportations
et qu'une réduction de celles-ci associée à un
accès plus large au marché intérieur réduit les
prix.
En outre, en raison de quotas de production, la production
laitière dans l'UE ne change pas ; en effet, par hypothèse,
le GATT2000 ne modifie pas les quotas de production. Cependant, les rentes
associées aux quotas de productions diminuent d'environ 27% (de 82,4 US
$/t à 59,9 US $/t) ; ce qui devra affecter négativement le
bien-être des producteurs de lait.
§ Les effets du Libre échange (scénario
2) sur le secteur laitier européen
Le scénario montre que les différences entre les
prix à travers les régions sont fortement réduites
(tableau 2-2 Annexe 2). La moyenne des prix du lait, du fromage, du beurre et
de la poudre de lait écrémé diminuent respectivement de
7,1%, 7,9%, 8,5% et 6,5%. Sous le libre échange, la production
mondiale agrégée augmente modestement de 0,7% ; cela
reflète les élasticités faibles de l'offre de lait. Nous
pouvons expliquer la faible élasticité de l'offre de lait par
l'effet pratiquement insignifiant à court terme d'une variation de prix
sur le nombre de vaches laitières dû aux contraintes naturelles.
-----------------------------------------------------------------
1 La moyenne des prix est calculée comme
moyenne de toutes les régions. Elle est plus élevée que le
prix mondial, qui peut être identifié comme le prix le plus bas
(par exemple celui de la Nouvelle-Zélande).
2 La Nouvelle-Zélande ne soutient pas le
prix de produits laitiers ; nous pouvons donc considérer ces prix
comme reflétant les prix mondiaux
Cependant, les effets du libre échange varient selon
les régions. L'UE est fortement affectée par ce scénario.
Cela est dû à une large utilisation des quotas d'importation et
des droits de douanes associés et des subventions aux exportations. Le
prix du lait à la ferme baisse de 25,8%.
En plus, le prix de la caséine augmente
considérablement (14%). L'on explique cela par le fait que le
marché de la caséine n'est pas protégé dans l'UE
comme dans la plupart des autres pays. En outre, la production de lait de l'UE
diminue seulement de 3,7%. Nous expliquons cela par le fait que les quotas de
production (inclus dans le scénario de BASE) limitaient
déjà la production de lait. En d'autres termes,
l'élimination de ces quotas amortit les effets de la
libéralisation des marchés laitiers.
Nous pouvons dire en outre, qu'une grande partie de la
baisse des prix de lait dans l'UE peut être attribuée à la
suppression de la rente de quota de production. En effet, la diminution du prix
du lait de l'UE est due presque entièrement à une diminution des
rentes associées aux quotas de production. Cela suggère donc que
si l'on exclut les rentes de quota, la libéralisation des marchés
n'aurait pas de très grands effets sur le coût marginal de
production laitière en Europe.
Par contre, le secteur laitier en Nouvelle-Zélande
bénéficierait le plus d'une politique de libre
échange ; le prix du lait a la ferme augmente de 50,8%. Cela
reflète le coût de production moins élevé dans cette
région.
§ Les effets économiques de la
libéralisation des marchés sur le bien-être
Le tableau 2-3 de l'Annexe 2 présente les effets des
scénarios GATT 2000 et Libre échange sur le bien-être des
agents économiques. Comme espéré, la libéralisation
des marchés bénéficie aux consommateurs (qui, en moyenne,
payent moins pour les produits laitiers) et aux contribuables ; ceci se
fait aux détriments des producteurs laitiers (qui, en moyenne,
bénéficient de la politique laitière courante).
Ainsi, au niveau mondial, le scénario GATT 2000 montre
un gain de bien-être pour les consommateurs (2 milliards $US), pour les
contribuables (0,8 milliards $US) et une perte de bien-être pour les
producteurs (2,4 milliards $US). Ce scénario implique une baisse de
bénéfices des producteurs UE d'environ 3 milliards $US. Une
politique de Libre échange implique une diminution plus importante des
bénéfices des producteurs laitiers au niveau mondial de 10
milliards $US (dont une réduction de 14 milliards $US pour l'UE). Comme
expliqué plus haut, une grande partie de cette diminution serait due
à l'élimination des rentes du quotas de production dans l'UE.
Sous le scénario libre échange, le gain du
bien-être des différents agents économiques varie dans le
même sens que dans le scénario GATT2000 précédent
mais avec une ampleur plus grande. Le gain net dans le scénario GATT2000
est positif et représente seulement 18% du gain net dans le cas Libre
échange. Ces résultats montrent que les négociations de
l'AAUR ne représentent qu'un petit pas vers la libéralisation des
échanges.
Les effets du libre échange sur le bien-être
diffèrent selon les pays. Les producteurs de l'UE subissent une perte de
bien-être pendant qu'en Europe de l'Est et en Nouvelle-Zélande par
exemple, les producteurs sont bénéficiaires. Cela reflète
dans une large mesure l'avantage comparatif dans la production de lait à
travers les pays.
2.1.4. Le prolongement de l'étude
Cox and al (1999), dans une suite logique de
l'étude précédente de Zhu et al (op. cit.)
rajoutent des scénarios intermédiaires de libéralisation
entre l'application pleine des engagements pris lors de l'AAUR
(c'est-à-dire les variables des politiques de soutien intérieur
et des politiques aux frontières sont à leurs niveaux maximaux
2000 prévus par l'AAUR) et la libéralisation complète des
échanges. Ensuite ils analysent les effets de ces scénarios sur
le marché laitier mondial.
Deux raisons fondamentales ont motivé l'étude de
Cox et al (op. cit.) ; la première est que le prochain
cycle des négociations sur les échanges commerciaux impliquera
forcément des scénarios intermédiaires entre l'AAUR et le
Libre échange. La deuxième est qu'il serait important d'examiner
séparément et en interaction les effets de chaque instrument de
politique commerciale (augmentation des TRQs, réduction des droits de
douanes et réductions des subventions aux exportations) sur le
bien-être des agents économiques et sur les échanges
mondiaux. De telles analyses pourraient guider les négociateurs vers les
priorités et les choix à faire pendant les futurs cycles de
négociation.
Pour ce faire, les auteurs utilisent le même
modèle UW-Madison du secteur laitier pour simuler les impacts
régionaux d'une reconduction des engagements laitiers de l'AAUR de 1995
jusqu'à 2005.
§ Scénario de simulation
Les différents scénarios : BASE
(scénario de base), GATT2000 (appelé ici scénario
1) et Libre Echange (appelé ici scénario 7) sont
les mêmes que dans l'étude précédente. Cependant le
scénario 7 à une horizon 2005. Les scénarios
intermédiaires inclus par Cox et al (op. cit.)
représentent les effets des négociations GATT/OMC pour
l'année 2005 (GATT2005). Ces scénarios correspondent à une
extension « linéaire » de la réduction des
droits de douane et de l'augmentation des quotas de GATT2000 pour cinq
années supplémentaires :
- le scénario 2 : GATT
2005/T (GATT2000 avec uniquement une réduction linéaire des
droits de douanes).
- le scénario 3 : GATT
2005/Q (GATT2000 avec uniquement une augmentation linéaire des
quotas d'importation).
- le scénario 4 : GATT
2005/TQ (GATT2000 avec un changement linéaire des tarifs aussi bien
que des quotas d'importation).
- le scénario 5 : GATT 2005/S (GATT2000
avec uniquement une réduction linéaire des subventions aux
exportations).
- le scénario 6 : GATT 2005/Tout
(GATT2000 avec changement linéaire des quotas et des tarifs
d'importation aussi bien que des subventions aux exportations)
Il faut préciser que les scénarios 1 à 6
ne modifient pas les instruments de soutien sur les marchés internes
(par exemple pas de changement de quotas de production, de soutien des prix en
Europe).
§ Analyse des effets des scénarios de
libéralisation intermédiaires sur le marché de lait
L'analyse des tableaux 3-1, 3-2 et 3-3 de l'Annexe 3 montre
que L'UE est plus sensible aux variations des subventions aux exportations
qu'aux variations de droits de douanes ou de quotas d'importation. En effet le
scénario GATT2005/S double les impacts sur les producteurs de l'UE par
rapport au scénario GATT2000 (-12,2% contre -5,5% de variation des
prix du lait ; 6,6 milliards US$ contre 3 milliards US$ de baisse de
surplus du producteur ; 5,9 milliards US$ contre 2,5 milliards US$
d'augmentation du surplus de consommateur). Par contre, GATT 2005/Q
génère moins d'impact que le scénario GATT 2005/T (sur le
prix du lait, le surplus des producteurs et le surplus des consommateurs).
Nous pouvons expliquer ces résultats d'une part par la
dominance de l'UE au niveau des quantités d'exportations
subventionnées allouées et d'autre part par le compromis entre
l'augmentation de l'accès au marché intérieur (via les
quotas) et la diminution des tarifs douaniers. Si l'accroissement des quotas
d'importations génère moins de pertes que la réduction des
tarifs, alors l'UE est plus sensible à une réduction
additionnelle des tarifs qu'à une augmentation de quota
d'importation.
Le scénario combiné (scénario GATT
2005/TQ), c'est-à-dire la réduction des tarifs et l'augmentation
des quotas importation donnent des résultats plus importants que l'un ou
l'autre pris séparément mais ne sont pas additifs. Cela montre
l'interaction des deux instruments.
En outre, le scénario GATT/TQ génère une
perte moins importante de surplus des producteurs que le scénario GATT/S
aussi bien au niveau agrégé qu'au niveau européen ;
le scénario GATT/Tout génère donc des impacts non
additifs. Cela reflète en grande partie la compensation des impacts de
la réduction des subventions aux exportations (qui tend à
augmenter les prix mondiaux) et l'augmentation de l'accès au
marché intérieur via tarifs/quota d'importation (qui tend
à baisser les prix mondiaux). Ces résultats indiquent que les
exportateurs de produits laitiers à faibles coûts d'exportation
préfèreraient une réduction des exportations
subventionnées tandis que d'autres pays comme l'UE
préfèreraient l'augmentation de l'accès à travers
la libéralisation des tarifs/quotas d'importation lors des prochaines
négociations.
En moyenne, en comparant les scénarios 1 (GATT2000) et
6 (GATT2005/Tout), les effets de GATT2000 sont à peu près la
moitié des effets de GATT2005/Tout. La comparaison des scénarios
1, 6 et 7 montre que le scénario GATT2005/tout nous place à
mi-chemin entre la situation de base et une situation de libre échange.
Ceci montre comment la politique laitière du GATT a
déplacé le secteur laitier vers une économie de
marché. Ainsi, les accords du GATT2000 représentent à peu
près le quart du chemin vers la libéralisation totale des
échanges dans le secteur laitiers mondial.
2.2. Le modèle ERS/Penn State WTO
Le modèle ERS/Penn State WTO a été
développé par l'Economic Research Service (ERS) de l'USDA en
collaboration avec l'Université Penn State; plusieurs études ont
utilisé ce modèle pour examiner les effets des échanges
internationaux sur le secteur agricole. En nous appuyant sur l'une d'entre
elles, notamment celle de Langley et al (2003), nous présentons
ici de manière succincte le modèle ERS/Penn State WTO et
analysons les effets de la libéralisation des échanges sur le
marché laitier européen.
2.2.1. La forme analytique du modèle
Le modèle appliqué ERS/Penn State WTO est un
modèle en équilibre partiel, multi-produits et
multi-régions de politique agricole et d'échanges internationaux
de produits agricoles. C'est un modèle dynamique qui permet un
ajustement des décalages temporels des productions agricoles, animales
et des produits laitiers. Il est centré sur une représentation
fine des instruments commerciaux utilisés dans l'agriculture. Il
intègre 35 biens (incluant le lait primaire, le lait liquide, fromage,
beurre, PLE, poudre grasse entier et autres produits laitiers), 15
régions du monde dont les Etats-Unis, l'Union européenne,
le Japon, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, le
Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Corée du sud et le Reste du
monde (ROW). Les biens sont considérés homogènes et les
stocks sont considérés exogènes au modèle.
Le modèle est non spatial et ne prend en compte que les
importations totales et les exportations totales de chaque bien dans chaque
région. Les données du modèle proviennent de plusieurs
sources 1. L'année de base pour les données sur le
lait est 2001.
Dans le modèle, le lait primaire et le lait liquide
sont considérés comme des biens non échangeables. En
outre, le modèle incorpore explicitement les politiques domestiques et
aux frontières mises en oeuvre dans chaque région. Pour l'UE, le
modèle prend en compte les prix d'intervention, les tarifs douaniers,
les quotas tarifaires, les paiements compensatoires, les quotas de productions,
les subventions au consommateur et au producteur. Tous les produits laitiers
sont échangeables.
§ Les équations des produits laitiers
2
Le modèle ERS/Penn State WTO est un modèle
à forme réduite dans lequel le comportement des différents
agents économiques est représenté par des
élasticités et par d'autres paramètres. Les
équations de comportement - la production, la consommation et autres
variables - sont représentées par des fonctions à
élasticité constante. Le choix des fonctions à
élasticité constante à été motivé par
certaines de leurs propriétés (interprétation facile,
choix de l'élasticité appropriée, etc.).
Notons que la structure des équations de comportement
est la même pour toutes les régions du modèle ; par
contre, les paramètres des équations et les valeurs des
variables dans ces équations varient d'une région à une
autre. Les valeurs des paramètres proviennent de la
---------------------------------------------------------
1 Par exemple, les données sur les
superficies, les productions, les consommations, les stocks et les
échanges proviennent de la base de données de l'USDA et d'autres
pays y compris la base de données de l'USDA PS&D (Production, Supply
and Distribution) : site
http://www.fas.usda.gov/psd/
; les données sur les tarifs douaniers et les TRQs proviennent de l'AMAD
(Agricultural Market Access Database) : site
http://www.amad.org/
2 Les motivations théoriques et très
techniques de ces équations sont présentées dans Alber
& Blanford (2000) ; l'idée de base est que l'on suppose que le
lait primaire contient des composantes (matière grasse, matière
protéique, eau, etc.) en proportion fixe. De même, on suppose que
chaque produit laitier est composé de ces mêmes composantes de
lait en proportion fixe. Il serait donc judicieux de modéliser les
équations des produits laitiers basées sur le prix de ces
composantes ; mais, selon les auteurs, cette tâche s'avère
difficile. Ils ont donc choisi de modéliser les équations de
chaque produit laitier comme de fonction de son propre prix, des prix des
autres produits laitiers et du prix du lait primaire.
littérature et d'autres modèles1.
Cependant, ces paramètres ont été ajustés et des
restrictions ont été imposées sur les
élasticités pour respecter certaines conditions2 de la
théorie économique. Les valeurs des élasticités
d'offre sont pour l'UE calculées en dehors du modèle et sont
présentées au tableau 4-2 de l'Annexe 4
§ L'équation d'offre des produits
laitiers
La fabrication des six produits laitiers (le lait liquide,
fromage, beurre, PLE, lait entier et autres produits laitiers) requiert
l'utilisation du lait primaire. Ainsi, l'offre d'un produit laitier i
à l'année t (PRDit) est
modélisée comme étant proportionnelle à la
quantité totale de lait primaire produit à l'année
t (PROCt) ; le coefficient de
proportionnalité est supposée endogène dépendant
des prix du produit laitier i et des autres produits laitiers. Ce coefficient
de proportionnalité, fonction à élasticité
constante, est de la forme :
(2-1)
où PPjt est le prix au producteur
du produit laitier j ; óprdij sont les
paramètres d'élasticité et ëprdd est un
paramètre d'ajustement partiel tel que 0 = ëprdd = 1. Les
termes constants ái sont tels que le modèle
reproduit les productions des produits laitiers de l'année de base.
En fait, pour prendre en compte l'ajustement lent dans la
production des produits laitiers, on ajoute dans le membre de droite la
production précédente avec un coefficient d'ajustement
partiel.
---------------------------------------------------------
1 les sources des paramètres : ESIM
(European Simulation Model), Projections du modèle de base ERS, FAPSIM
(Food and agricultural Policy Simulator), Modele AGLINK de l'OCDE, SWOPSIM
(Statis World Policy Simulation), Policy Analysis System-Economic Research
Service (POLYSYS-ERS).
2 les conditions d'homogénéité
et de symétrie dans les équations de d'offre et de demande des
produits laitiers et d'autres produits agricoles.
L'homogénéité est satisfaite à travers les choix
appropriés des élasticités tel que pour un ensemble
d'élasticités óij (i =
1,...,n ; j = 1,...,n),
?j=1óij = 0 pour tout i . La condition de
symétrie : pour chaque couple de demande (i, j),
?yi/?pj = ?yj/?pi
En réécrivant l'équation (2-1), on
obtient l'équation d'offre de produits laitiers (2-2) :
(2-2)
§ L'équation de demande des produits
laitiers
Contrairement à la production, le modèle de la
demande ne contient pas des termes d'ajustement. Cela s'explique par le fait
que la demande de produits laitiers réagit très rapidement en
réponse à une variation des prix.
La demande pour un produit i à une date t
(FOit) est spécifiée par
l'équation ci-dessous :
(2-3)
FOit est une fonction à
élasticité constante ; CPit est le prix
au consommateur du produit laitier j; ófoij
sont les paramètres d'élasticité.
âi représentent les termes constants de sorte
que le modèle reproduit les demandes de consommation de l'année
de base.
§ Equation de production de lait
primaire
La production de lait primaire à la date t
(PROCt) est spécifiée par une fonction
à élasticité constante. Elle dépend de la
production de lait primaire précédente
(PROCt-1) et du ratio d'un indice des prix des produits
laitiers aux producteurs (DPIDXt) et du prix
(CPt) du bien primaire au consommateur :
(2-4)
avec óproc un paramètre
d'élasticité, ëproc est un
paramètre d'ajustement partiel qui satisfait la condition 0 ?
ëproc = 1. La constante ã permet au modèle de
reproduire les données de l'année de base sur le lait primaire.
L'indice des prix aux producteurs pour les produits laitiers
est donné par :
(2-5)
où PPjt est le prix au producteur
pour le produit laitier j à la date t,
PRDjbase est la production du produit laitier j
à l'année de base et PROCbase
est la quantité de lait primaire produite pendant l'année
de base.
En substituant (2-5) dans (2-4), nous obtenons :
(2-6)
2.2.2. Les scénarios de
libéralisation
Deux scénarios sont analysés ; l'objectif
de ces scénarios est d'examiner l'effet de la libéralisation des
échanges sur le marché international de lait. En outre, l'on peut
aussi examiner les effets indirects de la libéralisation du
marché laitier sur les autres produits agricoles tels que les graines
alimentaires.
Scénario 1 : libéralisation des
échanges de lait et de produits laitiers. Cela se fait à travers
une ouverture plus grande des marchés intérieurs par la
réduction des tarifs douaniers et l'élimination des TRQs, par la
réduction des exportations subventionnées, la réduction
des subventions au consommateur et au producteur.
Scénario 2 : libéralisation totale
des marchés de tous les biens agricoles inclus dans le modèle.
2.2.3. Les résultats et analyse des impacts
de la libéralisation
Les résultats sont présentés dans le
tableau 4-1 de l'Annexe 4. A court terme, les prix mondiaux de tous les
produits laitiers augmentent quelque soit le scénario
considéré. Cela est du à la baisse de la production de
lait et des produits laitiers dans les pays qui subventionnent fortement leurs
exportations (l'UE, les Etats-Unis, le Japon). En effet, les volumes
exportés diminuent, la demande mondiale excède l'offre mondiale
et les prix augmentent.
Le prix du beurre augmente très fortement après
la libéralisation car ce produit bénéficie de fortes
subventions (à la consommation et à l'exportation). Pour nous, la
différence d'impacts observée entre les scénario 1 et 2
pourrait être un indicateur de l'existence d'une interaction entre les
marchés laitiers et tous les autres marchés. Par exemple, les
produits servant pour l'alimentation des vaches provient d'un autre
marché agricole.
Notons qu'en moyenne le volume échangé des
produits laitiers diminue. Cependant, à cause de la hausse des prix
suite à la libéralisation, la valeur des échanges
internationaux des produits laitiers augmente (37% et 29% pour le beurre
respectivement sous le scénario 1 et le scénario 2 ; 38% et
33% pour le fromage respectivement sous le scénario 1 et le
scénario 2).
Les effets à moyen terme donnent des prix mondiaux
élevés pour les deux scénarios (cependant une
légère baisse de 3 à 4% scénario 1 et de 4
à 6 % scénario 2 par rapport aux impacts à court terme).
Il y a une réponse de l'offre car les producteurs vont augmenter la
production de lait et des produits laitiers suite à la hausse des prix.
En outre, la production de lait primaire augmente aussi à cause de
l'élimination des quotas de production. Ainsi, à long terme, les
prix du lait primaire et des produits laitiers baissent dans les pays fortement
subventionnés comme l'UE.
Les pays qui subventionnent peu ou pas les exportations, tel que
la Nouvelle-Zélande, voient leur production du lait primaire augmenter
de 5 à 6%. Ils profitent ainsi de la hausse des prix mondiaux des
produits laitiers. Ces pays sont bénéficiaires de la
libéralisation quelque soit le scénario considéré.
Ils exportent beaucoup plus leurs produits.
2.3. Le modèle AGLINK de l'OCDE
Nous nous appuierons sur l'étude de Shaw et Love (2001)
pour présenter brièvement le modèle AGLINK de l'OCDE et
analyser les effets de la libéralisation des échanges. Cette
étude analyse les effets de la réduction des barrières
commerciales et des subventions aux exportations sur le marché laitier
mondial.
2.3.1. La structure du modèle
Le modèle AGLINK est un modèle structurel
dynamique de l'offre et de la demande des produits agricoles sur les
marchés mondiaux. Il a été mis au point par le
secrétariat de l'Organisation de Coopération et de
Développement Economique (OCDE) en étroite coopération
avec les pays membres. Il représente l'offre, la demande et les prix
annuels des principales denrées agricoles produites, consommées
et échangées dans les pays membres. La conception globale du
modèle accorde une importance particulière à l'impact
possible des politiques agricoles sur les marchés agricoles à
moyen terme. Elaboré sur la base de littérature économique
agricole, de modèles existants dans les pays membres et
d'échanges bilatéraux, le modèle reflète les vues
des pays membres participants.
AGLINK est un modèle en équilibre partiel qui
estime l'offre, la demande et les prix des produits agricoles (dont le lait et
les produits laitiers) sur les principaux marchés de l'OCDE et de
certains pays non membres. Les secteurs non agricoles ne sont pas
modélisés et sont traités de manière exogène
au modèle. Le modère considère treize (13)
pays/régions (Australie, Canada, Corée, Etats-Unis, Hongrie,
japon, Nouvelle-Zélande, UE, Argentine, Chine et le Reste du monde).
Dans le modèle AGLINK, les relations fonctionnelles qui
lient l'offre et la demande aux prix sont généralement
linéaires dans les logarithmes des variables. Les coefficients de
l'équation sont des élasticités partielles, dont la
plupart proviennent de modèles actuellement utilisés dans les
Etats membres. Certaines élasticités sont le résultat
d'une analyse économétrique établie par le
Secrétariat ou des consultants.
Dans cette étude, AGLINK est utilisé pour
mesurer l'impact des changements des politiques internationales dans
l'industrie laitière mondiale. Le modèle reproduit les
principales caractéristiques des industries et des échanges
mondiaux des produits laitiers. Les politiques de soutien domestique et
les politiques commerciales sont inclues dans le modèle. Le
modèle inclut le système d'intervention de l'UE au niveau des
stocks de beurre et de la PLE aussi bien que le système de soutien des
prix du fromage, du beurre et de la PLE des USA.
2.3.2. Les scénarios de
libéralisation
Deux scénarios sont simulés par le modèle
pour estimer les effets de la libéralisation des échanges
mondiaux des produits laitiers. Les résultats de ces deux
scénarios sont ensuite comparés aux données de
l'année de base 1999. Dans ces scénarios, l'on suppose que les
politiques domestiques sont maintenues fixes à leurs niveaux de 1999.
- scénario 1 : Augmentation de
l'accès au marché : il simule l'impact d'une
augmentation multilatérale de l'accès aux marchés laitiers
mondiaux. Cela se fait en doublant multilatéralement tous les TRQs et en
diminuant de moitié les tarifs douaniers (in-quota et over-quota) de
leur valeur de 1999 pour le fromage, le beurre et les poudres de lait.
- scénario 2 : Réduction des
exportations subventionnées : il simule les impacts de la
réduction du volume des exportations subventionnées de l'UE et
des USA. Pour ce faire, on diminue de moitié le volume maximal des
produits laitiers subventionnés (suite aux accords AAUR pour
l'année 1998-99).
Dans les deux scénarios, le modèle
détermine simultanément les importations, le volume des
exportations subventionnées et les stocks détenus par le
gouvernement et les privés. Les résultats sont analysés
après un (1) an et après trois (3) ans.
2.3.3. Les résultats et analyses des impacts de
la libéralisation
§ Augmentation de l'accès au
marché : résultas et analyses
L'augmentation de l'accès au marché engendre,
après une année, l'augmentation des prix mondiaux du fromage, du
beurre et des poudres de lait de 16 à 29% par rapport à la base.
Nous pouvons expliquer cela par le fait que une année après la
libéralisation, l'offre de lait varie très peu parce que
l'expansion des troupeaux est limitée par les contraintes
biologiques ; l'offre de lait est donc inélastique à court
terme. Cependant, les prix mondiaux des produits laitiers augmentent à
cause de l'accroissement de la demande de ces produits laitiers. Cet
accroissement de la demande est plus important que le volume
échangé. La valeur des échanges augmente (fromage (39%),
de beurre (37%), de PLE (25%) et de la poudre de lait entier (14%) mondiales).
(Voir tableau 5-1 Annexe 5)
Cependant, trois années après les prix sont
toujours élevés mais avec 12 à 19% d'augmentation. En
effet, les producteurs réagissent à l'augmentation à leurs
profits (dû à la hausse initiale des prix) par l'accroissement de
la production de lait (c'est la réponse de l'offre); ce qui va
modérer la hausse initiale des prix et augmenter ainsi la consommation.
Cela a aussi pour effet d'encourager l'expansion des échanges
commerciaux. La valeur des échanges des produits diminue comparée
à la valeur précédente.
L'on comprend mieux ces résultats en examinant les
résultats pour l'UE (fortement protégée par les TRQs et
tarifs douaniers). Sur le marché laitier européen,
l'accroissement des TRQs signifie que les consommateurs peuvent avoir
accès à des grandes quantités importées ;
donc, la réduction des tarifs douaniers signifie que ces importations
sont à un prix moins élevé qu'auparavant. C'est ainsi que,
par exemple, les importations de fromage de l'UE augmentent de 67%, la
consommation de fromage produit à l'intérieur baisse de 1%. En
effet, les marchés européens des produits laitiers sont fortement
protégés ; une augmentation de l'accès à ces
marchés est très bénéfique aux consommateurs
(à l'absence de variation de revenu, de goût ou des prix des
produits substituts aux produits laitiers).
En outre, l'effet de l'augmentation de l'accès au
marché sur les producteurs de l'UE est la baisse du prix moyen de lait
à la ferme de 1,5% la première année. Notons que
l'augmentation des importations dans les pays dont les marchés laitiers
sont fortement protégés est relativement petite par rapport
à la taille totale de ces marchés ; par conséquent,
la baisse des prix des produits laitiers sur les marchés domestiques est
très petite comparée à la hausse des prix correspondant
sur le marché mondial.
Tous les pays exportateurs (marchés fortement
protégés ou non) de produits laitiers font face à une
demande d'exportation plus élevée. Les exportateurs de l'EU
bénéficient de l'accroissement en volume et en valeur des
échanges des produits laitiers. Dans les pays exportateurs dont les
marchés sont faiblement protégés ou non
protégés, tel que la Nouvelle-Zélande, les prix
domestiques élevés réduisent la consommation ; la
production est exportée sur le marché mondial.
§ Réduction des exportations
subventionnées : résultats et analyse
La baisse des volumes d'exportations subventionnés de
l'EU et des Etats-Unis entraîne la réduction des quantités
exportées de ces deux régions sur le marché mondial. Ce
qui a pour effet la réduction de l'offre mondiale des produits
laitiers (de 6% pour le fromage, 11% pour le beurre, 8% pour la PLE et 14% pour
la poudre grasse) ; la conséquence est l'augmentation des prix
(poudre grasse (32%), PLE (27%), fromage (16%), beurre (14%) et la
réduction de la consommation sur la plupart des marchés. Comme
précédemment, à long terme, les producteurs vont
accroître leur production qui aura pour effet de réduire
l'accroissement initial de prix. (Voir tableau 5-2 Annexe 5)
Bien que les exportations subventionnées baissent, l'UE
et les USA bénéficient des prix mondiaux élevés sur
leurs exportations non subventionnés. Au niveau du producteur, les prix
de lait à la ferme de lait baissent de 6% dans l'Union
européenne. Comme dans la simulation précédente, quand les
prix mondiaux de produits laitiers augmentent la consommation baisse sur la
plupart des marchés. Avec des prix mondiaux élevés, les
importations des pays importateurs baissent tandis que les exportations des
pays exportateurs augmentent.
2.4. Synthèse des résultats et analyse
Nous faisons une synthèse en ce qui concerne l'impact
de la libéralisation des différents instruments, notamment les
TRQs, les droits de douane et les subventions sur le marché laitier
européen. Le marché laitier de l'UE est fortement
protégé. Cependant, pour nous, les prochaines cycles de
négociations de l'OMC sur l'agriculture, seront probablement
orientée sur l'ouverture plus grande l'accès au marché et
la réduction des subventions. Les négociateurs européens
devraient certainement tenir compte, entre autres, des impacts de ces deux
politiques sur le marché laitier de la communauté.
Suivant les analyses précédentes, une politique
d'augmentation de l'accès au marché par la réduction des
droits de douanes et l'augmentation des quotas d'importation réduit les
prix des produits laitiers sur le marché européen. Cela est
dû au fait que l'accroissement des TRQs engendre l'importation de plus
grandes quantités de produits laitiers mais à des prix
réduits à cause de la baisse des droits de douane. En outre, les
prix du lait à la ferme baisseraient à cause de la baisse de la
rente du quota. C'est totalement le constat contraire sur les marchés
laitiers d'autres pays tels que la Nouvelle-Zélande. Les prix du lait
à la ferme et des produits laitiers de la Nouvelle-Zélande
augmentent. Sur le marché mondial, cette politique engendre la hausse
des prix des produits laitiers ; cette hausse est due à
l'augmentation de la demande.
En outre, une politique de réduction des exportations
subventionnées engendre la réduction des quantités
exportées de l'UE sur le marché mondial. L'offre mondiale des
produits laitiers baisse ; ce qui engendre l'augmentation des prix
mondiaux et la baisse de la consommation sur le marché européen.
Cependant cette politique engendre une baisse des prix de lait à la
ferme et des prix des produits laitiers sur le marché laitier
européen.
De plus, l'UE serait plus sensible aux variations des
subventions qu'aux variations des droits de douane ou de quotas d'importation.
Nous avons expliqué cela par le fait qu'elle prédomine au niveau
des quantités d'exportations subventionnées allouées.
L'augmentation de l'accès au marché génère une
perte moins importante de surplus des producteurs de l'UE que la baisse de
subvention. Ainsi l'UE préférerait l'augmentation de
l'accès au marché contrairement aux pays exportateurs à
faible coût d'exportation (comme la Nouvelle-Zélande) qui
préférait la baisse des subventions lors les prochaines
négociations.
Si les négociateurs envisageaient une
libéralisation totale ou libre échange c'est-à-dire
suppression de toutes les formes de politique de soutien intérieur et
aux frontières (ce qui est impossible !), le marché laitier
européen serait fortement affecté; les prix intérieurs des
produits baisseraient fortement ainsi que le prix du lait à la ferme.
Cette baisse du prix à la ferme est due à la suppression de la
rente du quota. La production de lait baisserait légèrement
à cause de l'utilisation précédente des quotas de
production ; ainsi l'élimination des quotas de production
amortirait simplement les effets de la libéralisation sur la
production.
Au niveau du bien-être, la libéralisation
bénéficierait aux consommateurs, aux contribuables au
détriment des producteurs. Ainsi, les producteurs de l'UE subiraient une
perte de bien-être tandis que ceux par exemple de la
Nouvelle-Zélande seraient bénéficiaires.
Conclusion
L'objet de l'Accord sur l'agriculture de l'Uruguay Round
était de stimuler le commerce international par la mise en place d'un
cadre cohérent et transparent, à l'intérieur duquel les
obstacles au commerce seraient progressivement réduits. En dépit
de cet accord, le marché laitier européen demeure encore
fortement soutenu et protégée à travers plusieurs
instruments de politique laitière.
La libéralisation de ces instruments (accès plus
large au marché et baisse des subvention) réduit les prix du lait
à la ferme et des produits laitiers sur le marché
européen. Les productions des produits baissent, les importations
augmentent ainsi que la consommation intérieure. Ainsi, les producteurs
européens subissent une perte de bien-être. Cependant, les pays
qui ne subventionnent pas leurs exportations, comme la Nouvelle-Zélande,
bénéficient de la libéralisation avec des échanges
élevés et des valeurs élevés de la production de
lait.
Notons que si les accords de Marrakech ont radicalement
modifié le cadre d'exercice du commerce international des produits
agricoles, ce sont principalement les engagements sur les exportations
subventionnées qui tendent à être contraignantes pour
l'Union européenne. Or, il n'y a pas de doute que les prochains cycles
de négociations sur les échanges des produits agricole seront
concentrées sur deux des trois grands piliers de l'accord sur
l'agriculture : l'accès aux marchés et les subventions aux
exportations. C'est pour tenir compte de cela que l'Union européenne
avait déjà engagé, à travers la reforme de la
Politique Agricole Commune (Agenda 2000), des réductions des subventions
à l'exportation et un approfondissement du processus de
découplage entre les prix agricoles et le soutien au revenu à
travers la reforme de Luxembourg 2003.
Références bibliographiques
Abbott, P. and Morse, A. B. (1999): «TRQ Implementation
in developing countries» Paper presented at the conference on
agriculture and the new trade agenda in the WTO negotiations, October 1-2, 1999
Geneva, Suisse.
Alber, D. and Blandford, D. (2000): «Dairy and Milk
Equations for WTO Model», ERS/Penn State, website:
http://trade.aers.psu.edu/index.htm
Alston J.M., James J. S. (2002): «The incidence of
agricultural policy», Handbook of Agricultural Economics,
Vol. 2
Arce R., Casado R. M., Escribano G. (2002) :
« La protection du commerce agricole mondial 10 ans après la
signature de l'accord sur l'agriculture de l'Uruguay Round »
Bouamra-Mechemache (1999) :
« Modélisation des instruments de politique économique
dans un contexte spatial : application au secteur européen des produits
laitiers », Thèse de doctorat sciences économiques,
Université Toulouse 1, pp 1-80.
Bouamra-Mechemache Z., Hadj A., Requillart V. (2003) :
« l'impact sur les marchés du lait et des produits laitiers de
l'Accord de Luxembourg », INRA Sciences sociales.
Bouët A. (2002) : « Commentaire sur
l'article «Niveau et coût du protectionnisme européen»
de Patrick A. Messerlin », Economie internationale 89-90 p.
65-84
Bureau, D., Bureau, J-C.
(1999) : « Agriculture et négociations
commerciales », La documentation française,
Paris.
Bureau, J-C. et Gohin, A. (2005) : « Les
modèles d'analyse économique et leur utilisation pour les
négociations commerciales sur l'agriculture »
Bureau J-C., Gohin A., Réquillart V.
(2002) : « Faut-il supprimer les subventions à
l'exportation ? » Communication à
l'Académie de l'Agriculture de France.
Chavas J-P, Cox T. L., Zhu Y (2001) :
« Scénarios de reforme de politique laitière: impact
sur le secteur laitier au niveau mondial », INRA sciences
sociales n°1-2/01
Commission européenne - DGA (2002a) :
« Evaluation de l'O.C.M Lait et produits laitiers et du
règlement des quotas », Rapport final 2002, AND
International/ABTQ
Commission européennes - DGA (2002b) :
« Rapport sur les quotas laitiers», document de travail de
la commission
Cox, T. L., Coleman, J. R., Chavas, J-P. and Zhu, Y.
(1999) : «An economic analysis of the effects on the world dairy
sector of extending Uruguay Round Agreement to 2005», Canadian Journal
of Agricultural Economics Vol. 47, N°5 pp. 169-183 D 1999
Fericelli, A-M.(1991): « Principes de
Microéconomie », Presse Universitaire de France, pp.
223-242
Gohin A., Guyomard H. (2001) : « Sortir du
régime des quotas laitiers ? Paramètres clés à
considérer et illustration dans le cas français »,
INRA Sciences sociales n°1-2/01
Guyomard H., Butault J-P (2003) : « La PAC de
Juin 2003 et les négociations agricoles multilatérales à
l'OMC : compatibles ? » INRA Sciences
sociales
Guyomard H., Le Bris K. (2003) : « les reformes
de la PAC de mars 1999 et de Juin 2003 : principales
dispositions », INRA Sciences sociales.
Helmberger P. G. (1991): « Economic analysis of farm
programs», McGraw-Hill, USA
Ingco, M. (1996): « l'Uruguay round et la
libéralisation de l'agriculture », Perspectives
économiques, Vol. 1.n°6.
Langley, S., Blayney, D., Stout, J., Somwaru, A., Normile, M.
A., Miller, J. and Stillman, R. (2003): «A trade liberalization in
international dairy markets», Presentation paper at Amer. Agr. Econ.
Association Annual meeting, Montreal, Canada, July 27-30.
Lorca, A. & Vicens, J. (2004) : « Les
effets de la libéralisation agricole sur les économies des pays
partenaires méditerranéens » Femise research
programme 2002-2004, Espagne.
Morath, T. and Sheldon, I. (1999): «The economics of
modelling tariff-rate quotas», USDA/WTO Modeling Group. ERS/Penn
State, website:
http://trade.aers.psu.edu/index.htm
Messerlin, P. (2002) : «L'OMC, vers un nouveau cycle
de négociations : Enjeux et Perspectives » Chambres
d'Agriculture Normande.
ONAGRI -Tunisie Observatoire National de l'Agriculture
(1999) : « Les enjeux des prochaines négociations de
l'OMC sur l'agriculture » Tunisie
OCDE (2000), Une analyse prospective des subventions
à l'exportation pour le secteur agricole, Non classifié
Pisani-Ferry (2003) : « Cours d'économie
internationale », Ecole polytechnique
Shaw, I. and Love, G. (2001): «Impacts of liberalising
world trade in dairy products», ABARE Research Report 01.4,
Canberra
Stout, J. and Alber, D. (2004): «ERS/Penn State model
documentation, ERS, USDA, Updated version 2003» ERS/Penn State,
website:
http://trade.aers.psu.edu/index.htm
Tangermann, S. (2001) : « L'accord sur
l'agriculture de l'Uruguay Round fonctionne-t-il ? »
Economie internationale 87, p. 15-44
Zhu, Y., Cox, T. L. and Chavas, J-P. (1999): «An economic
analysis of the effects of the Uruguay Round Agreement and full Trade
Liberalization on the world dairy sector», Canadian Journal of
Agricultural economics Vol. 47, N°5 pp. 187-200 D 1999
Annexes
Annexe 1
Production de lait dans chaque région i
(wi)
Utilisation du lait dans chaque région
(xi)
Production de produits laitiers dans chaque région
(yi)
Consommation de produits laitiers dans chaque région
(zi)
Commerce de lait entre régions
Commerce de produits laitiers entre régions
Figure 1-1 : L'allocation des produits dans la
filière laitière
Annexe 2
Zhu et al (1999)
Tableau 2-1 : les effets du GATT2000
(scénario 1) sur le secteur laitier
|
Prix du lait
à la ferme
($/t)
|
Changement de prix (en pourcentage)
|
Lait
|
Fromage
|
Beurre
|
PG
|
PLE
|
PL
|
Caséine
|
Lcon
|
Autres
|
UE
|
412
|
-5,5
|
-4,4
|
-5,3
|
-6,5
|
-14,3
|
0,0
|
3,3
|
-9,8
|
-4,4
|
Europe de l'Est
|
191
|
1,6
|
4,0
|
-6,4
|
3,6
|
5,5
|
-28,1
|
9,0
|
1,4
|
0,8
|
Nouvelle-Zélande
|
161
|
5,8
|
9,4
|
-1,8
|
3,8
|
7,3
|
-2,1
|
9,4
|
2,1
|
0,3
|
Moyenne
mondiale
|
297
|
-1 ,6
|
-1,3
|
-0,9
|
1,5
|
-3,0
|
-0,6
|
5,6
|
-1,7
|
-0,7
|
PG : poudre grasse, PLE : poudre de lait
écrémé, PL : poudre de lactosérum, Lcon :
lait concentré
Tableau 2-2 : Les effets du Libre Echange
(scénario 2) sur le secteur laitier
|
Prix du lait
à la ferme
($/t)
|
Changement de prix (en pourcentage)
|
Lait
|
Fromage
|
Beurre
|
PG
|
PLE
|
PL
|
Caséine
|
Lcon
|
Autres
|
UE
|
412
|
-25,8
|
-20,4
|
-37,7
|
-23,6
|
-14,7
|
4,1
|
14,0
|
4,5
|
-15,6
|
Europe de l'Est
|
191
|
25,9
|
19,1
|
34,3
|
22,7
|
20,4
|
-19,8
|
20,4
|
12,9
|
12,3
|
Nouvelle-Zélande
|
161
|
50 ,8
|
33,7
|
63,1
|
36,9
|
26,4
|
2,2
|
21,0
|
6,8
|
18,0
|
Moyenne
mondiale
|
297
|
-7,1
|
-7,9
|
-8,5
|
-2 ,9
|
-6,5
|
0,7
|
14,3
|
0,9
|
-2,5
|
Tableau 2-3 : Les effets économiques sur
le bien-être
|
Effets de GATT2000 (scénario 1)
Changement en $US million
|
Effets de libre échange (scénario 2)
Changement en $US million
|
Cons.
|
Prod.
|
Gouv.
|
Total
|
Cons.
|
Prod.
|
Gouv.
|
Total
|
UE
|
2526
|
-2985
|
797
|
338
|
12741
|
-14018
|
2988
|
1711
|
Europe de
l'Est
|
-356
|
405
|
-2
|
47
|
-6548
|
6612
|
-62
|
1
|
Nouvelle-Zélande
|
-13
|
77
|
0
|
64
|
-212
|
750
|
0
|
539
|
Monde
|
1979
|
-2451
|
896
|
425
|
10337
|
-9966
|
1909
|
2280
|
Annexe 3
Etude de Cox and al (1999)
Tableau 3-1 : Impacts sur le prix du lait (en %
de variation de BASE)
|
GATT 2000
|
GATT
2005/T
|
GATT
2005/Q
|
GATT
2005/TQ
|
GATT
2005/S
|
GATT
2005/Tout
|
Libre échange
|
Union
Européenne
|
-5,5
|
-8,9
|
-6,1
|
-9,4
|
-12,2
|
-13,5
|
-25,8
|
Europe de
l'Est
|
1,6
|
4,3
|
2,8
|
4,9
|
4,3
|
6,9
|
25,9
|
Nouvelle Zélande
|
5,8
|
10,6
|
7,3
|
11,1
|
11,0
|
15,8
|
50,8
|
Moyenne mondiale
|
-1,6
|
-2,4
|
-1,7
|
-2,5
|
-3,3
|
-3,5
|
-7,1
|
Tableau 3-2 : Impacts sur le surplus du
producteur (changement en millions de $ US)
|
GATT 2000
|
GATT
2005/T
|
GATT
2005/Q
|
GATT
2005/TQ
|
GATT
2005/S
|
GATT
2005/Tout
|
Libre échange
|
Union
Européenne
|
-2985
|
-4868
|
-3320
|
-5119
|
-6643
|
-7398
|
-14018
|
Europe de
l'Est
|
405
|
1078
|
689
|
1210
|
1076
|
1710
|
6612
|
Nouvelle Zélande
|
77
|
143
|
97
|
151
|
149
|
216
|
750
|
Agrégé
|
-2451
|
-3530
|
-2528
|
-3684
|
-5062
|
-5289
|
-9966
|
Tableau 3-3 : Impacts sur le surplus du
consommateur (changement en millions de $ US)
|
GATT
2000
|
GATT
2005/T
|
GATT 2005/Q
|
GATT 2005/TQ
|
GATT
2005/S
|
GATT
2005/Tout
|
Libre échange
|
Union
Européenne
|
2526
|
4357
|
2863
|
4572
|
5864
|
6759
|
12741
|
Europe de
l'Est
|
-356
|
-1131
|
-631
|
-1267
|
-1074
|
-1789
|
-6548
|
Nouvelle Zélande é
|
-13
|
-46
|
-18
|
-48
|
-42
|
-70
|
-212
|
Agrégé
|
1979
|
3191
|
2070
|
3310
|
4042
|
4644
|
10337
|
Tableau 3-4 : Impacts sur la valeur totale des
importations nettes (changement en millions de $ US)
|
GATT 2000
|
GATT
2005/ T
|
GATT
2005/Q
|
GATT
2005/TQ
|
GATT
2005/S
|
GATT
2005/Tout
|
Libre échange
|
Union
Européenne
|
753
|
1835
|
963
|
1891
|
2007
|
2723
|
5114
|
Europe de
l'Est
|
-277
|
-459
|
-429
|
-512
|
-488
|
-704
|
-3465
|
Nouvelle Zélande
|
-147
|
-274
|
-181
|
-289
|
-274
|
-402
|
-1258
|
Agrégé
|
-48
|
-135
|
-13
|
-109
|
-679
|
-492
|
1316
|
Annexe 4
Etude de Langley and al (2003)
Tableau 4-1 : Impacts sur la
libéralisation du marché international de lait
|
Variations en pourcentage de la base
|
Lait
|
Beurre
|
fromage
|
PLE
|
PG
|
Autres
|
Prix mondial
Libéralisation du marché lait
(Scén. 1)
Libéralisation tous les marchés
(Scén. 2)
|
|
58
60
|
30
33
|
9
10
|
18
20
|
19
23
|
Volume d'échange mondial
Libéralisation du marché lait
(Scén. 1)
Libéralisation tous les marchés
(Scén. 2)
Valeur des échanges internationaux
Libéralisation du marché lait
(Scén. 1)
Libéralisation tous les marchés
(Scén. 2)
|
|
-13
-14
37
38
|
-0,8
0,1
29
33
|
-6
-9
1,2
0,2
|
-5
-6
11
12
|
37
33
63
63
|
Prix par région
Europe
Libéralisation du marché lait
(Scén. 1)
Libéralisation tous les marchés
(Scén. 2)
Nouvelle-Zélande
Libéralisation du marché lait
(Scén. 1)
Libéralisation tous les marchés
(Scén. 2)
|
-8
-5
24
27
|
-25
-24
57
61
|
-7
-5
30
33
|
5
6
9
10
|
-10
-8
18
20
|
-3
0,5
10
13
|
Tableau 4-2 : Les élasticités des
produits laitiers (Union européenne)
|
Beurre
|
PLE
|
Fromage
|
Lait liquide
|
Lait entier en poudre
|
Autres produits laitiers
|
Beurre
|
0,40
|
0,52
|
-0,51
|
-0,32
|
-0,09
|
0,00
|
PLE
|
0,40
|
0,52
|
-0,51
|
-0,32
|
-0,09
|
0,00
|
Fromage
|
-0,18
|
-0,23
|
0,82
|
-0,32
|
-0,09
|
0,00
|
Lait liquide
|
-0,18
|
-0,23
|
-0,51
|
1,01
|
-0,09
|
0,00
|
Lait entier en poudre
|
-0,18
|
-0,23
|
-0,51
|
-0,32
|
1,24
|
0,00
|
Autres produits laitiers
|
-0,18
|
-0,23
|
-0,51
|
-0,32
|
-0,09
|
1,33
|
Annexe 5:
Etude de Shaw and Love (2001)
Tableau 5-1 : Impacts de l'augmentation de
l'accès aux marchés intérieurs sur les produits
laitiers
|
Variation en pourcentage de la base
|
Beurre
|
Fromage
|
Poudre Lait écrémé
|
Poudre grasse
|
1 an après
|
3 ans après
|
1 an après
|
3 ans après
|
1 an après
|
3 ans après
|
1 an après
|
3 ans après
|
Monde
Prix
Volume des importations
Valeur des échanges
|
28,7
6,5
37,1
|
18,5
13,1
34,0
|
24,5
11,8
39,2
|
17,1
16,3
36,3
|
20,2
3,7
24,7
|
13,2
6,8
20,8
|
16,0
-2,2
13,5
|
11,8
-1,3
10,3
|
Union Européenne
Production vendue domestiquement
Importations
Consommation totale
Exportations
Stocks
Prix d'import
Prix au producteur
|
-0,6
79,1
4,2
5,2
-
-74
-10
|
-0,5
76,9
4,2
9,0
-
-23,2
-2,7
|
-1,0
66,6
0,5
17,7
-
-22,9
-1,6
|
-0,8
67,6
0,8
13,1
-
-23,0
-2,0
|
-2,7
79,3
3,5
8,2
-
-24,6
-0,9
|
-2,7
83,4
3,8
12,7
-
-25,8
-1,2
|
-0,8
51,1
-0,3
-5,3
-
-18,7
-3,2
|
-1,0
57,8
-0,5
-3,4
-
-20,7
-2,8
|
Nouvelle-Zélande
Consommation totale
Exportations
Valeur brute de la production
|
-3
1
244
|
-3,9
4,4
20,8
|
-2,5
0,8
11,2
|
-3,7
7,4
25,0
|
-2,3
0,2
9,8
|
-3,1
4,6
18,5
|
0,0
-0,6
7,2
|
0,0
0,6
13,1
|
Tableau 5-2 : Impacts de la réduction des
exportations subventionnées sur les produits laitiers
|
Variation en pourcentage de la base
|
Beurre
|
Fromage
|
Poudre Lait écrémé
|
Poudre grasse
|
1 an après
|
3 ans après
|
1 an après
|
3 ans après
|
1 an après
|
3 ans après
|
1 an après
|
3 ans après
|
Monde
Prix
Volume des importations
Valeur des échanges
|
14,0
-10,5
2,0
|
5,8
-4,5
1,0
|
15,5
-5,8
8,8
|
9,5
-3,7
5,5
|
27,2
-8,0
17,0
|
16,5
-5,7
9,8
|
31,5
-13,8
13,4
|
15,7
-6,0
8,8
|
Union Européenne
Production vendue domestiquement
Importations
Consommation totale
Exportations
Stocks
Prix d'import
Prix au producteur
|
1,1
-1,2
0,9
-54,1
-
-3,8
-11,0
|
1,4
-1,0
1,3
-54,1
-
-5,0
-14,5
|
3,4
-2,9
3,3
23,8
-
-1,8
-5,3
|
5,2
-2,4
5,0
-23,6
55,7
-2,6
-7,7
|
1,4
-2,4
1,1
-37,5
-
-0,8
-2,1
|
1,2
-1,5
1,0
-38,3
-
-0,9
-2,3
|
4,5
-68,5
3,8
-43,2
-
15,0
-15,7
|
3,8
-45,0
3,4
-43,7
-
7,5
-15,1
|
Nouvelle-Zélande
Consommation totale
Exportations
Valeur brute de la production
|
-1,5
0,0
6,3
|
-1,4
-0,2
5,3
|
-1,6
-0,2
6,2
|
-2,1
-0,2
8,3
|
-3,0
-0,8
12,1
|
-3,8
-3,2
13,2
|
0,0
2,2
18,0
|
0,0
17,8
39,0
|
NB :
Un (1) an après la libéralisation : impact
initial ;
Trois (3) ans après la libéralisation :
réponse de l'offre.
|