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L'Union européenne et Chypre: autopsie d'un succès inachevé

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par Meriem JAMMALI
Université Paris IV Sorbonne - Master Enjeux, conflits, systèmes internatinaux à l'époque moderne et contemporaine 2006
  

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2. La Communauté européenne : une alternative pour la sécurité de Chypre

Plusieurs considérations justifient le choix du gouvernement en faveur de l'Association avec la Communauté européenne. Au début, Chypre a affiché sa volonté de s'associer au Marché commun pour des raisons purement économiques. Or, les rejets successifs de la candidature britannique est un soulagement pour les décideurs chypriotes. Quant à la nature des relations euro-chypriotes, jusqu'aux années 80, elle se limite aux échanges économiques. Cependant, et quoiqu'elle n'ait jamais manifesté sa volonté d'adhérer à la CEE, lle cherchait à se doter d'une stratégie pragmatique afin de protéger ses intérêts économiques et politiques sur tous les fronts. Son environnement proche-oriental lui offre un cadre opportun pour le dynamisme de sa jeune économie. « Toute à son rêve helvétique et neutraliste, Chypre considère que la valorisation de sa position de courtier entre l'Orient et l'Occident est une perspective plus séduisante que l'intégration dans un marché commun. »123(*) Dans ce contexte, le gouvernement chypriote voulait négocier un statut spécial dans la politique méditerranéenne globale et avec le Royaume Uni en particulier. De ce fait, elle obtient le maintien d'un accès préférentiel au marché britannique pour ses produits agricoles tout en respectant les dispositions de la PAC. Ainsi, nous pouvons affirmer que les objectifs de la république Chypriote étaient au début purement économiques. Il s'agissait d'accéder à un grand marché de consommateurs afin de consolider ses exportations agricoles, profiter des aides et des investissements et enfin se doter des technologies européennes. Il faut aussi ne pas perdre de vue ce que l'union douanière pouvait être utilisée comme une arme politique contre la Turquie étant donné que la Grèce, membre du Conseil de l'Europe peut influencer les prises de décisions.

Sur la question nationale, la République de Chypre a tenté de chercher une solution onusienne pour régler le problème de division. Depuis 1964, le Conseil de sécurité des Nations unies confiait le problème de Chypre au Secrétaire général chargé de mettre en place une solution viable. Des accords, rapports se sont succédées pour être enfin dénoncés par les différents protagonistes. De l'installation des forces de des Nations unies chargées au maintien de la paix, l'UNFICYP en 1963 jusqu'à l'ensemble d'idées (set of ideas ) de B.B Ghali en 1992.

Après l'invasion turque, Chypre compte sur le rôle de « sponsor » des Nations Unies124(*) tout en espérant trouver une solution et gagner la sympathie de la société internationale. En contrepartie, après la réclamation de la RTCN en 1983, les espoirs chypriotes s'évaporent vu que la RTCN et « le grand frère turc » ne seraient pas prêts à accepter un règlement onusien, Chypre change de politique et cherche une stratégie plus efficace afin d'évacuer le danger turc. Lorsque la classe politique prend la décision, avec la complicité de la Grèce, de rejoindre l'Union européenne, elle avait parfaitement compris que ses engagements européens serviraient la cause chypriote, qu'il s'agisse de la sécurisation de l'île ou d'avoir un statut international lui permettant de jouer dans la cour des Grands.

Ainsi, la première question à laquelle nous devons donner une réponse stratégique est donc celle-ci : dans quel contexte s'inscrit la stratégie chypriote ? Dans celui du pragmatisme politique, ou dans celui d'une conviction idéologique liée à un réel attachement à l'idée européenne.

La question de la division de l'île et de l'éternelle recherche d'une solution constitue le moteur principal de la quête européenne de Chypre. Dans ce contexte, le blocage des négociations et des rencontres intercommunautaires et l'impuissance de l'ONU face à l'épineux dossier chypriote, rejoindre la Communauté européenne présenterait une nouvelle impulsion dans la recherche d'un règlement. N'est-il pas vrai que Jean Monnet confirme que « si on veut résoudre des problèmes insolubles, il faut parfois changer de contexte. » ? Kofi Annan à son tour rejoint cette idée - en qualifiant le problème chypriote de « cube de Rubik » diplomatique étant donné qu'elle est la seule question qui est restée inscrite le plus longtemps à l'ordre du jour du secrétaire général125(*) - et affirme que l'adhésion à l'Union européenne, en particulier pourrait être un encouragement pour parvenir à un règlement.

Ainsi, nous pouvons affirmer que les années 90 marquent un tournant décisif dans les rapports euro-chypriotes. La question des relations entre Chypre et la CEE a pris un caractère profondément politique126(*). Il ne s'agit plus d'assurer la continuité des activités commerciales mais de modifier le statut quo. Il est vrai que, dans le domaine des relations internationales, l'association d'un groupe de pays au sein d'une même alliance vise généralement à maintenir l'équilibre des forces existantes ou à contrecarrer une menace127(*). L'origine de l'enthousiasme128(*)des Chypriotes grecs et l'indifférence des Chypriotes turcs s'expliquent par les effets de l'invasion et l'échec progressif des diplomaties à trouver un compromis129(*).

.

* 123 DREVET (J. F), Chypre en Europe, l'Harmattan, Paris, 2000, p. 246.

* 124 KLEBES-PELISSIER (A), loc.cit., passim.

* 125 Rapport du Secrétaire général sur sa mission de bons offices à Chypre, 1ier avril 2003, www.onu.org.

* 126 SOTIRCHOS (I), La longue marche de Chypre vers l'Union européenne, p. 124.

* 127 LARAT (F), loc. cit., p. 35.

* 128 BREWIN (Ch), op. cit., p. 31.

* 129 D'après Christophe Chiclet, « face à l'impuissance de l'Onu qui, malgré les efforts de Perez de Cuellar et BB Ghali, ne parvient pas à débloquer la situation. Les Chypriotes grecs décident de mettre tous les oeufs dans le même panier et vont désormais faire porter leurs efforts en parallèle sur l'ONU et l'UE. », p. 109

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