Direction Générale
De l'Enseignement
Et de la Recherche
Dynamiques et pertinences du moteur franco-allemand
dans la construction de la Politique Européenne de
sécurité et de Défense.
Mémoire présenté par le sous-lieutenant
Bru Pascal
Sous la direction de Monsieur David Dominique, professeur aux
Ecoles de St Cyr Coëtquidan
Filière Relations
juin 2004
Internationales
Promotion Général Vanbremeersch juin
2004
Fiche de présentation
Option : Sécurité, défense et
coopération internationale.
Sujet du mémoire : dynamiques et pertinences du
moteur franco-allemand dans la construction de la Politique
Européenne de Défense et de Sécurité.
Grade, nom, prénom du rédacteur :
Sous-lieutenant BRU Pascal
Directeur de séminaire : Monsieur Dominique DAVID
Directeur de mémoire : Monsieur André
BRIGOT
Jury : Messieurs Dominique DAVID et André BRIGOT
Date de soutenance : 1er juin 2004.
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Résumé du mémoire : La PESD est
aujourd'hui en pleine construction. Sa nécessité ne fait aucun
doute, révélée par l'incapacité notoire de l'Union
Européenne à intervenir sur le territoire européen
même. La France et l'Allemagne ont toujours joué un rôle
essentiel dans la construction de l'Union Européenne ; mais
construire une Europe de la défense est quelque chose de difficile, les
réticences, comme les problèmes juridiques sont nombreux. Il
s'agit pour un État d'accepter de voir son indépendance en
matière de défense en partie remise en cause. Or, l'histoire a
montré la difficulté que cela représente. La France et
l'Allemagne sont donc au carrefour d'une nécessité pour que
l'Europe soit crédible, et de fortes préventions politiques. Le
moteur franco-allemand n'est pas épargné par les embûches.
Le dialogue souffre parfois d'incompréhensions majeures, mais il ne
s'arrête jamais totalement. En soulevant les problèmes qui
apparaissent lorsque l'on parle de défense, la France et l'Allemagne
servent de révélateur. En les traitant concrètement, elles
leur octroient une forte pertinence ; et, en trouvant des solutions
efficaces, elles donnent une vraie dynamique à la construction de la
PESD.
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Mots-clés : Allemagne, administration et
sécurité civile, « Berlin plus »,
Bundeswehr, Comité de politique et de Sécurité,
Conseil Franco-Allemand de Défense et de Sécurité, GTIA,
Missions de Petersberg, Mission de Police de l'Union Européenne, ONU,
Opération Artémis, Opération EUPOL PROXIMA, OTAN, PESC,
PESD, Sommet d'Helsinki, Traité de l'Élysée, Traité
de Nice, terrorisme.
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Presentation form
Option : International defense, security and cooperation.
Dissertation subject : Dynamics and pertinences of the Franco
German engine in building the ESDP.
Rank, Last name, First name : Second lieutenant BRU Pascal
Head of seminar : Mr. Dominique DAVID
Dissertation director : Mr. Monsieur André BRIGOT
Jury : Mr. Dominique DAVID and Mr. Monsieur André
BRIGOT
Date of presentation : June, 1st 2004.
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Summary of dissertation : ESDP is in full construction today. Its
necessity is doubtless, it was revealed by the incapacity of the European Union
to intervene on the European territory. France and Germany always played an
essential role in the construction of the European Union; but building a common
defence is much more difficult, hesitations, as legal problems, are numerous.
It means for a State to agree having its independence partially questioned
about its defence policy. Now, the history showed the difficulties it
represents. France and Germany are thus in the crossroads between a necessity
to give Europe a credibility, and strong political prejudices. The
French-German «engine» also faces pitfalls. The dialogue sometimes
suffers major lack of understanding, but it never stops totally. By raising the
problems which appear when one speaks about defense, France and Germany
represent a great test-tube. By handling them concretely, they grant them a
strong pertinence; and, by finding effective solutions, they give a true
dynamics to the construction of the ESDP.
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Key words: Artemis operation, «Berlin plus»,
Bundeswehr, administration and civil security, Germany, Common
European Security Policy, Elysee Treaty, EUPOL PROXIMA operation, European
Police Mission, Franco-German Defense and Security Council, Helsinki Summit,
Joint Tactical Group, Missions of Petersberg, NATO, Nice Treaty, Political and
Security Committee, Terrorism, UNO.
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AVERTISSEMENT
Les idées et les opinions émises dans ce
mémoire n'engagent que la responsabilité de leur auteur et ne
reflètent en aucun cas celles du directeur de séminaire ou des
Écoles de COËTQUIDAN.
Sommaire :
Dynamiques et pertinences du moteur franco-allemand
dans la construction de la Politique Européenne de
sécurité et de Défense.
· 1ère partie : La
construction de la PESD, rôle de la France et de l'Allemagne.
Chapitre1. Les origines trilatérales de la PESD.
Chapitre 2. La France et l'Allemagne, un élément
incontournable pour penser une Europe de la défense.
Chapitre 3. Pourquoi précisément la France et
l'Allemagne ?
Chapitre 4. La France et l'Allemagne, un véritable
« moteur ».
Conclusion de la première partie.
· 2ème partie : La France et
l'Allemagne pour construire le volet militaire de la PESD.
Chapitre 1. Un héritage incertain.
Chapitre 2. La Bundeswehr face à ses engagements
futurs.
Chapitre 3. Les conditions d'un engagement commun.
Chapitre 4. Le Conseil Franco-Allemand de Défense et de
Sécurité.
Conclusion de la deuxième partie.
· 3ème partie : La France et
l'Allemagne et la construction du volet policier de la PESD.
Chapitre 1. Un outil dissuasif ou au moins préventif d'une
crise.
Chapitre 2. L'outil policier, c'est aussi un outil stabilisateur
après une crise.
Chapitre 3. C'est enfin assurer la relève par une police
locale.
Conclusion de la troisième partie.
· Conclusion générale.
Introduction
La France et l'Allemagne : les désignations
médiatiques abondent pour désigner l'entente particulière
qui unit ces deux Nations anciennement ennemies. Depuis 1963, année au
cours de laquelle fut signé le Traité de l'Élysée
par le général de Gaulle, Président de la
République Française et par monsieur Adenauer, Chancelier de la
République Fédérale d'Allemagne, la coopération
entre les deux pays est très étroite et touche plusieurs aspects
de la vie politique. Dès les origines ils inscrirent leurs actions
bilatérales dans un cadre plus large, celui de la construction
européenne.
De fait, la France et l'Allemagne sont au coeur de l'Europe,
elles forment pour ainsi dire un ensemble géographique sans lequel une
pensée de l'Europe semblerait incohérente. Mais la
coopération étroite des deux États n'entend pas se faire
d'une façon exclusive : elle est comprise par ses initiateurs comme
une force de proposition en vue de réaliser une union européenne,
garantissant la paix, la sécurité, la cohésion et la
santé économique à ses membres.
Ainsi, lorsque fut signé le Traité sur la
CECA1(*), il s'agissait
d'interdire tout recours à la force armée pour régler les
litiges entre la France et l'Allemagne en « mutualisant »
les industries sensibles dans un contexte militaire. La réussite de
cette communauté incita d'autres États à se joindre aux
fondateurs de la CECA, montrant par là même la capacité
d'entraînement de la France et de l'Allemagne lorsqu'elles s'associent
pour mener à bien un projet commun.
En réalité, les exemples sont nombreux pour
illustrer les réalisations franco-allemandes dans le domaine de la
défense et de la sécurité.
Historique
Le 22 janvier 1963 est signé le Traité de
l'Élysée par le général de Gaulle et le chancelier
allemand Adenauer, il institue aux yeux de tous la volonté
franco-allemande d'une coopération entre les deux États.
Dès les origines, ce traité inclut des dispositions militaires,
au nombre desquelles :
· la multiplication des
échanges de personnels entre les armées,
- Octobre 1970, accord sur la formation commune en France de
pilotes pour l'alpha jet, avion de production franco-allemande.
- 1986-1987, manoeuvres communes pour concrétiser
l'emploi de la FAR en Allemagne. Accord aux projets de formation commune des
officiers par le biais de stages communs.
- Juin 1987, proposition du Chancelier Kohl de mettre sur pied
une brigade mixte franco-allemande avec alternance de commandement, le 20 juin
le Président Mitterrand donne son accord.
- Juillet 1987, premier séminaire d'officiers
français et allemands au CHEM2(*) à Paris.
- Septembre 1987, manoeuvre franco-allemande
« Moineau Hardi » dans le sud de l'Allemagne (55.000
soldats allemands, 20.000 soldats français de la FAR pour :
- confirmer la capacité de défense du II
ème Corps d'Armée allemand,
- s'assurer de la capacité de projection de la FAR en
cas de crise,
- vérifier l'interopérabilité des grandes
unités françaises et allemandes).
· le rapprochement des
doctrines en vue d'aboutir à des conceptions communes,
- Avril 1959, fondation de l'Institut Franco-Allemand de
Recherches de St Louis (ISL).
- Juillet 1967, décision est prise de créer une
commission d'études chargée d'analyser la situation politico
stratégique des années 1970.
- Février 1980, déclaration commune sur la
guerre en Afghanistan.
- Octobre 1982, le Président Mitterrand et le
Chancelier Kohl décident d'intensifier la collaboration en
matière de politique et de sécurité.
- Décembre 1982, institution dune Commission
Franco-Allemande de Défense et de Sécurité avec trois
groupes de travail :
- stratégie et désarmement
- coopération militaire
- coopération en matière d'armements.
Leurs buts sont de préparer les réunions
ministérielles et de systématiser les échanges
d'opinions.
- Avril 1983, création d'une Force d'Action Rapide
(FAR), dont l'un des buts est d'aider la République
Fédérale d'Allemagne à se défendre en cas de
besoin.
- Octobre 1984, déclaration de Rome au cours de
laquelle est réaffirmée la volonté d'aborder les questions
de défense sous un angle européen dans le cadre de l'Union
Européenne Occidentale (UEO).
- Février 1986, les deux gouvernements décident
d'étendre la coopération en matière de politique
étrangère de sécurité et de défense.
- Septembre 1987, à l'issue de la manoeuvre
« Moineau Hardi », le Président Mitterrand annonce
la création d'un Conseil de défense franco-allemand pour
coordonner la politique de sécurité et de défense des deux
pays. Il devient Conseil Franco-Allemand de Défense et de
Sécurité (CFADS) au mois de novembre de la même
année.
- Le 12 septembre 1990, l'Allemagne unie obtient son
entière souveraineté sur ses affaires intérieures et
extérieures. Elle est réunie le 3 octobre 1990.
· un travail en commun
dès le stade de l'élaboration des projets d'armements
appropriés.
- Avril 1963 : premier accord concernant le
développement du MILAN (Missile d'Infanterie Léger Antichar)
- Juin 1964, premier accord gouvernemental concernant le
développement des missiles guidés antichar Hot (haut subsonique
Optiquement Téléguidés).
- Septembre 1964, signature du marché portant sur la
production de 160 avions cargo Transall C-160.
- Octobre 1964, premier accord concernant le
développement du ROLAND (missile sol-air courte portée).
- Février 1970, est créé un Bureau de
Programme franco-allemand à Rueil pour les programmes communs.
- Février 1972, début de la phase de production
de l'alpha jet (premier vol en octobre 1973).
- Octobre 1979, accord sur la phase de définition de
l'hélicoptère antichar.
- Décembre 1983, premier accord concernant le
développement d'un système d'armes anti-navires supersoniques
(ANS).
- Juillet 1987, premier accord concernant le
développement d'un hélicoptère de combat pour les
années 1990 par les deux ministres de la défense.
En d'autres termes, il s'agit de contraindre les deux
États, et leur outil de défense, à des échanges en
terme d'hommes, de doctrines et de matériels.
En 2003 fut fêté le quarantième
anniversaire de la signature de ce traité, fondateur d'une nouvelle
vision de la défense en France et en Allemagne.
Au départ de ce traité est la prise de
conscience qu'il est nécessaire de stabiliser les relations entre les
deux États afin de parvenir à une situation rendant la guerre
entre ces grands d'Europe matériellement impossible. Autrement dit, il
s'agit de mettre un terme aux rivalités ancestrales qui ont à
plusieurs reprises plongé l'Europe et le monde dans le chaos.
À cette fin, il est prévu que les chefs
d'État et de gouvernement se rencontrent le plus
régulièrement possible, et au moins deux fois par an. Cette
obligation institutionnelle force les deux États à se rencontrer
lors des périodes de crise alors même que la volonté
viendrait à manquer. Si elle ne rend pas certaine la mise sur pied d'une
solution commune, elle est en revanche garante d'une confrontation transparente
des points de vue, rejetant les vieilles habitudes de renfermement
diplomatique. Et ce, même si son utilité dans en temps normal est
discutée... « nous avons parlé de tout et de rien, ce
furent des entretiens francs, ouverts, détaillés, sans ordre du
jour préétabli... » annonce le Président
Pompidou à l'issue des consultations de juin 1963.
Dès 1964 est affirmée la portée
européenne de la coopération franco-allemande par le Chancelier
Erhard pour qui « la France et l'Allemagne sont des partenaires
particulièrement forts, mais nous ne voulons pas nous absenter de la
CEE. Nous ne voulons pas constituer un bloc à l'intérieur d'un
bloc. »3(*)
En juin 1965 est encore réaffirmée cette
position lors des consultations franco-allemandes de Bonn par le Chancelier
Erhard pour qui « l'amitié franco-allemande est la source de
la vie européenne et la condition sine qua non pour toute union
européenne » et par le général de Gaulle qui
estime que la réconciliation franco-allemande est « le pilier
de la CEE ». Cette double prise de position est très forte
dans une Europe en construction. Elle pose donc d'emblée le couple
franco-allemand comme « moteur » de fait de l'Europe. Son
aspect « unilatéral » ne choque pas à
l'époque.
Définitions PESC/PESD
La PESD et la PESC ont chacune une définition propre
qu'il convient de préciser afin de bien situer le cadre de
l'étude.
En ce qui concerne la PESC, elle est très clairement
définie lors du Conseil d'Amsterdam de 1997 :
« La Politique Européenne de
Sécurité Commune inclut l'ensemble des questions relatives
à la sécurité de l'Union, y compris la définition
d'une politique de défense commune [...]. Elle inclut les missions
humanitaires et d'évacuation, les missions de maintien de la paix et les
missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions
de rétablissement de la paix »4(*).
La PESD5(*)
est une notion plus tardive, décrite à St Malo en 1998 :
« Il s'agit d'une capacité autonome d'action,
appuyée par des forces militaires crédibles, avec les moyens de
les utiliser et en étant prête à le faire afin de
répondre aux crises internationales »6(*).
A cette fin, elle doit disposer :
- d'une capacité d'évaluation de situations, de
sources de renseignement, et d'une capacité de planification
stratégique ;
- de moyens matériels adaptés7(*) ;
- de forces armées renforcées en s'appuyant sur
une base industrielle et technologique de défense compétitive et
forte.
La PESD est conçue comme un élément de la
Politique Européenne de Sécurité Commune en dotant l'Union
d'un outil capable d'agir hors des frontières stricto sensu de l'Union.
Cela permettra à terme de faire reconnaître l'Europe comme un
acteur primordial de la sécurité internationale.
Pour y parvenir, le sommet d'Helsinki de décembre 1999
dresse un catalogue très précis des moyens dont l'Europe dispose
d'une part8(*) ; et des
objectifs à réaliser9(*) d'autre part. L'objectif fixé porte
aujourd'hui sur la capacité de projeter 60.000 hommes en soixante jours
pendant un an. Il porte également sur l'interopérabilité
pour :
- les forces,
- l'équipement,
- les structures de commandement.
L'année 2010 devrait donc voir logiquement une double
interopérabilité être mise en oeuvre entre les partenaires
de l'UE et les partenaires de l'OTAN ; ce qui permettra bien entendu de
pouvoir relever les troupes de l'OTAN le cas échéant.
Le Traité de Nice10(*) met en place les organes permanents de l'UE :
- le Comité de Politique et de Sécurité
(CoPS),
- l'État-Major de l'Union Européenne (EMUE).
L'originalité de la PESD réside dans sa
façon de gérer les crises dont les outils sont à la fois
militaires et civils, ce dernier comporte lui-même quatre volets11(*) :
- police,
- rétablissement de l'État de droit,
- protection civile,
- administration.
La France et l'Allemagne peuvent-elles confirmer dans ce cadre
la position que leurs gouvernants de l'époque s'étaient
attribués ? Sont elles aujourd'hui, à la veille d'un
élargissement de l'Europe, prêtes à jouer le rôle de
moteur dans la construction de la PESD ? Les efforts des gouvernements
actuels sont-ils profondément enracinés dans une volonté
commune, ou ne s'agit-il pas plutôt de velléités sans
lendemain ? Les difficultés à construire une Europe de la
défense sonneront-elles le glas de ce qui se révèlerait
alors n'être qu'un leurre ?
Ou, au contraire, n'assistons-nous pas à la
réactivation d'une vraie force de développement, qui saura
relever les défis que ne manquera pas de poser la construction d'une
Europe de la défense ?
Il s'agit donc ici de dégager les dynamiques et les
pertinences du moteur franco-allemand dans la construction de la Politique
Européenne de Sécurité et de Défense.
Pour parvenir à ce résultat, il convient de nous
intéresser aux origines de la PESD, afin de savoir qui en a posé
les fondements, et quels auront été les problèmes à
résoudre. Puis, une fois ce premier travail effectué, il sera
nécessaire de montrer le rôle joué par ces deux
États en vue de confirmer ou d'infirmer leur rôle de moteur. Nous
étudierons d'abord l'aspect militaire, qui est le premier à venir
à l'esprit lorsque l'on parle de « défense »,
et, dans un second temps, l'aspect policier. Au cours de ce même temps,
nous évoquerons les autres aspects civils, dont le niveau de
développement n'est pas, à l'heure actuelle, aussi avancé
que les aspects précédemment cités.
Première partie : La construction de la PESD.
1-1 Les origines trilatérales de la PESD :
La PESD fut avant tout une initiative conjointe
franco-britannique. C'est lors du Congrès de Saint-Malo12(*) que fut prise la
décision d'instituer la PESD. Ces deux États sont les deux pays
d'Europe qui ont les plus grandes visions extérieures dues à leur
histoire coloniale ; ils ont également une grande expérience
de la projection, ce qui les prédispose à une collaboration dans
le domaine d'une défense européenne. De plus, la France a
conscience que l'armée britannique est probablement l'armée
européenne la plus apte à l'engagement extérieur ; la
Grande-Bretagne de son côté, a besoin de la France si elle
souhaite avoir une influence en Europe. Ce pays se sent de plus en plus
marginalisé dans un monde régi par les États-Unis et dans
une Europe qui se ferait sans elle.
Toutefois, il serait mal à propos de passer sous
silence le travail mené parallèlement à Saint-Malo par la
Présidence allemande de l'Union Européenne dont le sommet de
clôture à Cologne a institué l'État-Major de l'Union
Européenne (EMUE). La PESD serait en fait le fruit de ces deux
mouvements.
L'Allemagne a pris conscience que l'Europe, grâce
à ce concept de PESD, n'est pas seulement un outil
d' «intégration »13(*), mais qu'il lui conférait en plus un
véritable rôle d'acteur. Avant la PESD, la politique
étrangère de l'Allemagne était orientée vers deux
solutions, à savoir l'OTAN et l'ONU. Dorénavant s'ouvre une autre
possibilité. Désormais, les Allemands ont un autre choix que
celui de suivre ou non les États-Unis.
Le Président Bush a récemment
déclaré que ces sont les États-Unis qui se forgent
l'alliance dont ils ont besoin pour gérer une crise14(*). Ce mode d'action va à
l'encontre d'un vrai esprit de collaboration entre les États.
La crise irakienne a aussi montré que les
États-Unis pouvaient mener une guerre sans agression préalable et
sans que des preuves de la nécessité de l'intervention
armée ne soient apportées.
D'autre part, les Allemands ont été
choqués par le comportement américain lors du sommet de
Kyoto15(*), consistant
à refuser toute politique de réduction de la pollution
atmosphérique.
La prise de conscience de la nécessité d'ouvrir
le spectre de ses relations internationales est donc particulièrement
récente. Il explique la nouveauté de l'attrait en faveur d'une
PESD16(*).
La prise de distance avec les Etats-Unis et le refroidissement
des relations bilatérales entraînés par le refus
catégorique du Chancelier Gerard Schröder de participer à
l'intervention militaire contre l'Irak sont un phénomène tout
à fait nouveau qui a bouleversé les conceptions les plus
anciennement ancrées chez les militaires allemands depuis la
création de la Bundeswehr et qui a eu pour conséquence
un rééquilibrage du positionnement de l'Allemagne
vis-à-vis de l'Alliance atlantique et de la PESD au profit de cette
dernière17(*).
Tous ces éléments effectifs vont dans le sens
d'une relative désaffection de l'Allemagne pour le partenaire
nord-américain. Toutefois, il convient de rester très prudent sur
les rapports entre l'Allemagne et les USA qui n'en sont pas moins relativement
bons.
1-2 La France et l'Allemagne, un élément
incontournable pour penser une Europe de la défense :
Avant 1990 et la réunification de l'Allemagne, le
« couple » était déséquilibré a
priori au bénéfice de la France. D'après Stephan
Martens18(*), la division
de l'Allemagne était même nécessaire, en tant que condition
préalable, à une réconciliation franco-allemande.
Après 1990, il semble que ce déséquilibre
ait changé : de donnée imposée à l'Allemagne
dans le cadre de sa normalisation, la relation franco-allemande est devenue
« processus volontaire ».
Il s'agit dès lors de montrer quelle peut être la
légitimité de ce « couple » d'abord contraint
puis volontaire dans la construction de la défense européenne.
· un constat : France et Allemagne
représentent à elles seules plus de 50% du PIB de l'Europe,
· une véritable volonté de
défense : ces deux pays sont à l'origine d'une pensée
militaire européenne avec, dès 1987 les premières
manoeuvres franco-allemandes (Kecker Spatz),
· des moyens communs en matière d'industrie de
défense : la mise en oeuvre d'EADS19(*),
· des moyens de s'entendre : la création du
Conseil Franco-Allemand de Défense et de Sécurité20(*).
La plupart des ouvrages traitant de la question21(*) font mention de trois domaines
de divergences :
· la nature des rapports transatlantiques
· la structure des forces armées nationales
· l'effort financier à consentir.
Il est intéressant de constater que ce sont toujours ou
presque ces difficultés qui sont désignées comme
étant la source potentielle des avancées européennes...
La question qui se pose dès lors est de
savoir :
Dans un premier temps si la France et l'Allemagne ont les
moyens et la volonté de surmonter ces divergences ;
Et, dans un second temps de savoir si oui ou non cela peut
avoir un rôle d'entraînement sur les autres pays d'Europe.
Ces deux temps semblent bien montrer la dualité du
moteur franco-allemand, entre ce que sont les difficultés de ces deux
États, et leur volonté commune de les surmonter au profit de
l'Europe.
Ce sujet est très souvent débattu. Toutefois,
les événements les plus récents lui confèrent une
acuité nouvelle : construire la PESD est devenu une
nécessité, et nous allons nous attacher à démontrer
le rôle essentiel de la France et de l'Allemagne.
En effet, aujourd'hui nous pouvons parler d'une nouvelle donne
sécuritaire et dégager quelques unes de ses implications
:
La destruction de masse n'est plus l'apanage des acteurs
étatiques ; après les attentats du 11 septembre, il
apparaît clairement que la distinction entre sécurité
intérieure et défense militaire ne saurait plus être
absolue. Le FRS22(*) et la
SWP23(*) proposent
à ce sujet de combattre le terrorisme transnational par une action
transnationale en transférant certaines prérogatives nationales
à un corps fédéral, comme un corps de
garde-frontières européen ou en les transformant, avec des
mandats d'arrêts européens par exemple. Il faudrait par ailleurs
obligatoirement coopérer avec la communauté bancaire et les
compagnies de transport.
Dès lors, il est clair que le contexte international
actuel force à la mise sur pied de nouvelles institutions24(*).
De la même façon, le conflit en
République démocratique du Congo a nécessité
l'envoi d'un contingent européen pour régler la crise.
M. Solana, secrétaire général et haut
représentant pour la PESC, donne la même vision dans le document
intitulé Stratégie Européenne de
Sécurité : « Aucun pays n'est dans
la situation de pouvoir régler seul les problèmes complexes
d'aujourd'hui ».
1-3 Pourquoi précisément la France et
l'Allemagne ?
On l'a vu, ces deux pays ont derrière eux une
tradition de coopération qui date de la fin du second conflit mondial.
Pour autant, les mesures les plus importantes sans doute pour créer une
Europe de la défense sont pour le moins récentes. Il convient
toutefois de revenir sur un certain nombre de points afin de montrer les
tentatives franco-allemandes de construire une base pour une défense
commune.
La relation franco-allemande possède un
caractère prioritaire en Europe. Elle est cependant difficile à
cerner, puisqu'elle évolue et change radicalement.
Après la guerre, les deux partenaires parlaient de
« réconciliation ». Avec la signature du
Traité de l'Élysée en 1963, cette réconciliation
est traduite dans des structures bilatérales25(*) franco-allemandes. Depuis
cette date, les deux pays sont officiellement engagés dans une
véritable entreprise commune de construction de l'Europe sur une base
franco-allemande. A travers cette coopération, la nouvelle forme de
travail consiste non plus à se réconcilier, mais à oeuvrer
dans un même but : la construction de l'Europe.
Au bout de trente ou quarante années, cette
coopération s'est affaiblie. La question de l'utilité de ce lien
privilégié entre les deux États a été
maintes fois posée. Les interrogations se sont faites encore plus vives
en 1999. Dans le même temps, de nouveaux défis apparaissaient qui
remirent au goût du jour la valeur du lien franco-allemand. Ces nouveaux
défis sont par exemple l'environnement et la guerre en Irak.
Toutefois, bien avant la guerre en Irak, les deux pays avaient
déjà conscience des nombreuses divergences qui les
écartaient des États-Unis d'Amérique (la peine de mort, le
sens de la solidarité sociale, l'environnement, l'ouverture sur le monde
en sont quelques exemples).
La France et l'Allemagne ont très tôt
signifié leur refus d'un engagement militaire en Irak, adoptant sur ce
point une position commune.
Les deux pays, qui nous venons de le montrer, ont des
positions communes en matière de relations internationales, ont
également un certain nombre de réponses identiques face aux
défis de l'identité européenne après
l'élargissement à vingt-cinq. Or, ce point est essentiel si l'on
veut montrer que la France et l'Allemagne ont désormais des
références communes quand il s'agit de penser l'Europe.
L'Allemagne a abandonné le concept fédéral et la France
celui d'une Europe nationale. Le concept retenu est davantage celui d'une plus
grande libéralisation, d'une plus grande ouverture, favorisant la
concurrence, passant par la désétatisation de certaines
structures économiques et le maintien d'une forte solidarité
sociale.
Des convergences très fortes existent. On peut compter
parmi elles :
· les relations avec la Russie, qui apparaît comme
l'un des premiers partenaires de l'Union,
· le comportement vis-à-vis de l'Afrique,
territoire sur lequel les Allemands ne s'interdisent plus d'intervenir alors
qu'ils ne le faisaient jusqu'à présent que sous l'égide
d'organisations humanitaires.
Depuis un ou deux ans, l'Allemagne envisage l'Europe de
façon moins « lyrique »26(*) que durant les années
1960. Elle se rapproche désormais de la France en vue de former un vrai
« moteur » franco-allemand davantage basé sur le
calcul, la raison et la convergence objective des intérêts des
deux pays.
La question qui se pose alors est celle de sa participation de
fait à l'Union Européenne. En effet, alors même que l'Union
s'élargit et va passer à vingt-cinq membres27(*), quelle
légitimité pourra avoir un « moteur » de cet
ordre là ?
Les deux États envisagent l'avenir de l'Europe comme
celle d'une « Europe des petits noyaux »28(*). (Dans le même ordre
d'idées, la France souhaite que l'ONU accorde un siège permanent
au Conseil de Sécurité.)
Dans une telle Europe, la rapidité d'action serait
très accrue. En cas de crises la bonne méthode consisterait
à ce que certains pays agissent dans l'urgence, puis que les autres se
prononcent. Afin d'interdire les abus, les règles du Droit International
prévalent dans toute action de l'UE.
1-4 La France et l'Allemagne, un véritable
« moteur » :
Dans les affaires militaires, c'est le couple
franco-britannique qui prévalait, étant donnée la
similitude des traditions militaires des deux pays, ayant faits
l'expérience de la projection de force et considérant de la
même façon l'emploi des forces armées comme un instrument
significatif en matière de politique étrangère.
« Pour être une puissance politique, il est indispensable que
[l'Europe] existe sur le plan de la défense » a d'ailleurs
rappelé madame Alliot-Marie, ministre français de la
Défense Nationale devant l'Institut des Hautes Études de la
Défense Nationale29(*), « Parce qu'elle exprime notre vision et
nos ambitions internationales, la défense se doit d'être au coeur
de la construction de l'Europe ».
Pour cette raison, il est envisagé de créer un
Collège Européen de sécurité et de
Défense30(*).
L'initiative est française, appuyée par le gouvernement allemand.
Une session pilote doit avoir lieu au mois de septembre 2004. Il est
intéressant d'étudier quelques modalités de ce CESD. En
effet, la formation dispensée par le CESD sera du niveau de l'IHEDN,
c'est-à-dire un niveau de réflexion. Il s'agit que les
responsables de défense européens puissent se comprendre et agir
très étroitement ensemble ; dans ce but, le CESD se propose
de leur dispenser « des bases communes de
formation »31(*)
. Afin que ce projet prenne vie le plus rapidement et le plus efficacement
possible, il n'est pas question de chercher à bâtir un
collège avec une situation géographique déterminée.
Le véritable enjeu est davantage de permettre les rencontres et les
échanges entre les militaires, et les responsables de la défense
en général. Dans un premier temps, les responsables se
réuniront dans les structures déjà existantes afin
d'éviter de perdre du temps dans des prospections et dans la
construction de bâtiments pour accueillir le CESD.
Cependant, la France et l'Allemagne ont une capacité
particulière à bloquer les plus grandes initiatives
européennes tout comme elles ont une capacité également
particulière à en développer de nouvelles. Ce qui leur
donne cette capacité, ce n'est pas le poids qu'elles pèsent lors
des votes, mais le fait que, lorsqu'elles s'associent ensemble pour soutenir un
sujet, leur vision est également partagée par un plus grand
nombre de pays membres de l'UE. Une fois que la France et l'Allemagne se sont
mises d'accord, le fondement d'une coalition est posé. Les deux
États sont de fait, la plus grande force d'acceptation ou de rejet d'une
initiative européenne. Il s'agit en effet du « couple le mieux
reconnu et le plus respecté au sein de l'Union »32(*).
Lorsque ce moteur calle, c'est plus une source d'irritation
pour les autres États membres qu'un motif de soulagement. En effet, le
fait que la coopération franco-allemande représente aux yeux de
tous « quelque chose d'étrange et d'inattendu » au
vu de leur histoire commune, impose le respect à l'intérieur de
l'Union.
La troisième remarque en faveur d'un moteur
franco-allemand, c'est que les deux États ont une place unique pour
faire avancer l'Union dans le domaine de la Politique Européenne de
Sécurité et de Défense. Leur coopération est
à ce point devenue une nécessité aux yeux de leurs
dirigeants que les sujets de discorde entre les deux pays dans le courant de
l'année 2002 ont provoqué une vive émotion dans les
gouvernements concernés. Ce qui signifie que, lorsque l'entente n'est
pas la plus parfaite, il subsiste un fort sentiment d'échec. Dès
lors est palpable une volonté commune aux deux pays de se sortir de la
discorde et de retrouver une relation plus stable. Aucun autre
«couple » en Europe ne connaît une si vive émotion
en cas de désaccord. En réalité, lorsque la France et
l'Angleterre par exemple, connaissent une période de moins bonne
coopération, aucune mesure spécifique n'est prise pour retrouver
au plus vite une harmonie. C'est sans doute la raison pour laquelle il n'existe
pas les mêmes structures permanentes entre la France et l'Angleterre
qu'entre la France et l'Allemagne. Pour ces deux derniers États, de
telles structures semblent essentielles. Elles n'ont pas d'autres buts que de
forcer les institutions des deux pays à se rencontrer et à
échanger leurs points de vue. Dans les périodes d'entente, elles
semblent le plus souvent lourdes, inefficaces et sans intérêt
puisqu'il n'y a pas de désaccord. Dans de tels moments, les
volontés sont fortes de les abandonner afin de conserver une plus grande
souplesse. Toutefois, il serait erroné de croire en leur vacuité.
En effet, lorsque les relations sont moins bonnes, les velléités
de repli sur soi sont importantes : le simple fait de contraindre les
interlocuteurs des deux pays à communiquer et à échanger
permet de sauver le fond, à savoir la coopération.
En ce sens il est légitime de dire que ce couple est
« étrange et inattendu ». C'est la raison pour
laquelle ils sont appelés à jouer un rôle d'exemple. Or
c'est bien en ce sens qu'il faut comprendre le terme de
« moteur ». Il semble illusoire d'affirmer que la France et
l'Allemagne ont pour vocation de diriger l'Europe. Or c'est
précisément contre une telle « direction
collégiale » que s'élèvent les autres membres.
Il n'est pas question pour eux de suivre le couple franco-allemand dans une
voie qui leur serait imposée de facto. En revanche, si
l'expérience franco-allemande permet d'appréhender ne serait-ce
qu'une partie des problèmes que rencontrerait une Politique
Européenne de Sécurité et de Défense, alors elle
jouerait un rôle de laboratoire et donc de
« moteur ».
C'est dans cette optique que ces deux États sont
partisans d'une institutionnalisation du concept de
« coopération structurée ».
La France, selon Madame Alliot-Marie, ne considère le
concept de coopération militaire « structurée »,
défini à Berlin, comme rien de plus que le projet
déjà accepté au sein de l'Union « coopération
renforcée » appliquée aux dossiers militaires.
« Berlin a compris le besoin de mettre sur pied une
coopération structurée permettant aux pays qui le souhaitent
d'aller plus loin que les autres dans les questions de
défense ». Il s'agit dans ce concept, d'institutionnaliser ce
qui se fait par ailleurs déjà d'une certaine façon :
il apparaît que beaucoup d'avancées telles que l'adoption de la
Convention de Schengen33(*) soient d'abord le fait d'un petit groupe, auquel
viennent se joindre d'autres membres par la suite. Ainsi les premiers
signataires sont-ils :
· Allemagne,
· Bénélux,
· Espagne,
· France,
· Portugal,
Puis signent dans un second temps :
· Italie à compter du 27 octobre 1997,
· Autriche (1er décembre 1997),
· Grèce (début 1998).
Entrée de 5 nouveaux États membres :
2 lois du 25 mai 1999 autorisent l'approbation :
· de 2 accords de coopération à la
Convention et à l'Accord de Schengen relatifs à la suppression
des contrôles de personnes aux frontières communes pour l'Islande
et la Norvège.
· de 3 accords d'adhésion à l'Accord de
Schengen pour le Danemark, la Finlande et la Suède.
La notion de « coopération
structurée » permet d'entériner ce type
d'initiatives.
Conclusion de la
première partie :
Il est vrai que la PESD n'est pas le fruit exclusif de la
France et de l'Allemagne. Les deux États n'en sont pas les initiateurs.
Toutefois, ils sont parvenus à se doter d'outils efficaces pour
surmonter les crises. Dans toutes les places décisionnelles qu'il m'a
été donné de visiter, le dialogue franco-allemand a
toujours été vivement mis en avant. La présidence de la
République, en la personne du Colonel Bourlot34(*), n'a pas hésité
à affirmer que ce bilatéralisme est un mot d'ordre donné
à toutes les formations. Il s'agit désormais donc de toujours se
présenter comme un « couple » (même si le
terme est par trop outrancier, on ne retiendra ici que son aspect symbolique)
pour promouvoir telle ou telle vision. Cela est une donnée
prépondérante. En effet, ce faisant, les deux gouvernements
s'imposent à eux-mêmes de chercher systématiquement une
position commune. Pour y parvenir ont été instituées des
réunions préparatoires
d' « harmonisation » à tous les niveaux. Il
n'est plus envisageable de voir l'un des deux États choisir une position
qui irait contre son partenaire. Par cette attitude, la France et l'Allemagne
entendent prouver qu'il est tout à fait possible de surmonter ses
particularismes nationaux au bénéfice du plus grand nombre.
Dans le domaine de la défense, nous avons pu
appréhender la richesse des échanges entre la France et
l'Allemagne. Toutefois, s'il est clair que les échanges ont
été nombreux, ils n'ont jamais aboutis à la mise sur pieds
d'une vraie Europe de la défense. L'échec de la Communauté
Européenne de Défense est particulièrement
révélateur de cette incapacité historique à
instaurer une politique européenne de défense35(*). Dans le même temps,
force est de reconnaître la volonté commune d'agir suivant la
formule de la « coopération structurée ».
Dans quelle mesure peut-on dire que les relations ont
évoluées et que l'Europe est prête à franchir le pas
vers une politique européenne de défense ? La France et
l'Allemagne sont-elles prêtes aux sacrifices inévitables que cette
notion engendre ?
Deuxième partie : La
France et l'Allemagne pour construire le volet militaire de la PESD.
La Politique Européenne de Sécurité et de
Défense (PESD) est le fruit d'une réflexion concernant
l'environnement géopolitique mondial actuel. Désormais, avec la
chute de l'URSS et la fin de la bipolarité, seuls les États-Unis
d'Amérique sont à même d'intervenir dans le monde d'un
point de vue militaire, ce qui les assure d'un rayonnement à
l'échelle mondiale. Si les pays d'Europe veulent eux aussi se faire
entendre dans le monde avec un poids face aux USA, il leur faut s'entendre.
Pour agir militairement avec crédibilité,
l'Europe a trois schémas, elle peut :
· agir dans le cadre de l'OTAN, dans ce cas, c'est le
commandement de l'OTAN qui dirige les opérations directement ;
· agir seule avec les moyens de l'OTAN dans le cadre des
accords de « Berlin Plus » (entre autre en ce qui concerne
les moyens de commandement), dans ce cas c'est un commandant nommé par
le SACEUR (commandement OTAN en Europe) qui dirige les
opérations ;
· agir en autonomie, qui est la seule manière
d'agir sans le moindre droit de regard de l'OTAN.
Jusqu'à la chute de l'URSS, le principal ennemi
provenait de l'est, avec des moyens lourds, préparé au combat des
blindés, employant de grandes divisions et combattant dans les plaines
d'Europe centrale. Il fallait opposer à cet adversaire des moyens
comparables : l'Organisation des Traités de l'Atlantique Nord
entendait se dresser contre le Pacte de Varsovie.
Désormais, un tel risque est quasiment nul.
2-1 Un héritage incertain :
En matière de défense européenne, la
donne n'est pas neutre. Un certain nombre de projets ont déjà vu
le jour ; c'est le cas par exemple de la Brigade Franco-Allemande (BFA) ou
de l'Eurocorps. Il est nécessaire de revenir sur ces deux concepts afin
de montrer en quoi ils peuvent avoir une influence sur la PESD.
La BFA voit le jour au mois de novembre 1987 lors des
50èmes consultations franco-allemandes à Karlsruhe. Elle est
constituée pour la première fois en 1988.
Les dispositions la concernant sont les suivantes :
- stationnement au sud de Stuttgart,
- poste de commandement fixé à
Böblingen,
- poste de commandement assuré tour à tour par
un officier général français et un officier
général allemand, qui exerceront cette fonction pendant deux
ans,
- Le premier commandement de la BFA est un
général de brigade français et son adjoint un colonel
allemand.
Elle comprend : un État-Major mixte, un bataillon
d'infanterie allemand et un escadron d'investigation français à
Böblingen ; un régiment d'infanterie français, un
régiment de chars légers français et une compagnie du
génie allemande à Donaueschingen ; un bataillon d'artillerie
allemand à Horb/Neckar ; un bataillon mixte de commandement et de
service, une compagnie de chasseurs de chars allemande et une unité
d'instruction française à Stetten.
Autrement dit, la BFA est une brigade mixte en ce sens
où elle regroupe des unités des deux nationalités.
Toutefois, les unités mixtes au sens propre se résument à
un État-Major et à un bataillon mixte de commandement et de
service... La BFA ne met pas en présence significativement les hommes
des deux pays.
Pour autant, il ne faut pas occulter le caractère
symbolique de cette création. Elle montre que les deux ennemis mortels
d'hier sont prêts à s'engager dans une voie de paix en unissant
leurs forces armées. Ce qui signifie que désormais, le coeur de
l'Europe est pacifié, ouvert à une vraie construction. Il ne faut
pas non plus oublier le caractère
« expérimental » de la BFA : « sa
création vise à rechercher la définition de
procédures communes, l'harmonisation des conditions d'exécution
du service et des conditions de vie des unités pour tester les
procédés d'interopérabilité entre les unités
allemandes et françaises, ainsi que des principes applicables à
l'entraînement de formations composées d'unités de
nationalités différentes ; favoriser le rapprochement des
hommes, accroître la standardisation des matériels et des
équipements » (Art 1 du traité relatif à
l'organisation de la BFA). On voit donc bien son rôle
d'expérimentation, non seulement pour favoriser le rapprochement
franco-allemand, mais aussi pour trouver les conditions d'emploi d'une autre
unité multinationale et tâcher d'en régler un maximum de
problèmes. La portée de la BFA est donc très grande lors
de sa création, sans doute n'a-t-elle pas encore permis de
résoudre tous ces problèmes, puisque, aujourd'hui encore, un
soldat français ne peut être pris en charge par un médecin
allemand (sauf dans le cas des urgences bien évidemment).
C'est aujourd'hui dans cette optique qu'est pensé
l'avenir de la BFA. Elle doit constituer un véritable
laboratoire36(*) de la
défense européenne qui mettrait en évidence les
difficultés pratiques à construire une unité
internationale appelée, et c'est une nouveauté, à agir en
tant que telle. Or, les difficultés sont réelles. Elles sont
évoquées par le conseil Franco-Allemand de Défense et de
Sécurité à la suite de la réunion du sous-groupe
« Terre » des 5 et 6 février 2004 à
Müllheim en Allemagne :
« Deux domaines présentent des
difficultés. Il s'agit de l'arrangement administratif sur la BFA ainsi
que la formation commune initiale des Officiers. » La
résolution de ces problèmes est très attendue, ils ont
été réglés de longue date pour l'Armée de
l'Air et la Marine. Dores et déjà, des élèves
français et allemands sont formés dans l'École Navale de
l'autre pays ; il s'agit des EFENA, Élèves en Formation
à l'École Navale Allemande dans le cas des Français. Leur
diplôme est validé au grade d'ingénieur. En revanche le cas
de l'Armée de Terre semble plus complexe, à l'heure actuelle,
aucun arrangement n'a pu être trouvé pour permettre la formation
complète d'Officiers Français à la Offizier Schule des
Heeres allemande de Dresde. Ce type de prise de conscience est
fondamental. Ainsi la BFA a-t-elle révélé
l'impossibilité administrative pour un militaire français
d'être pris en charge par un médecin militaire allemand. Mais, si
la situation serait différente dans le cas d'un engagement en
opération extérieure parvenir à un accord en temps de
paix, rendrait la chose d'autant plus banale au moment d'un engagement.
Le problème majeur qui sous-tend ces difficultés
est celui de la « dépendance mutuelle ». Il faut,
pour chaque pays concerné par la PESD parvenir à une situation
paradoxale de « situation mutuellement
acceptée »37(*). C'est en ce sens que les avancées
franco-allemandes, à travers les difficultés qu'elles rencontrent
permettent un gain collectif pour les pays concernés par la PESD.
L'Élysée et l'Exécutif allemand
cherchent à procurer à la brigade binationale une capacité
« d'entrer en premier » sur un théâtre
d'opérations. (Colonel Bourlot, État-Major Particulier du
Président de la République, conseiller sur les questions
relatives à la PESD auprès du Président de la
République). Par cette transformation, une véritable unité
multinationale engagée opérationnellement permettra là
encore de mettre d'autres difficultés en évidence et, le cas
échéant, de les traiter. Ainsi, en rencontrant, et en essayant de
surmonter des problèmes, la France et l'Allemagne forgent ce que sera la
PESD. Toutes deux sont lancées dans une dynamique qui consiste à
résoudre des problèmes d'ordre pratiques, juridiques et
administratifs qui présente un intérêt certain dans le
cadre de la construction de la PESD.
La PESD n'a pourtant pas pour vocation de créer des
unités mixtes, dont le sens est sans doute symboliquement fort, mais
particulièrement exigeant pour les personnels des différentes
parties prenantes. La force de la PESD réside davantage dans sa
capacité à tirer parti des différents savoir-faire des
États membres et de leurs armées.
La BFA est la seule unité permanente de l'Eurocorps.
L'Eurocorps voit son État-Major mis en place au mois de juillet 1992
à Strasbourg. Ses unités restent sous commandement national et
sont subordonnées au corps dès la décision d'emploi prise
par les gouvernements. Les fonctions clés du commandement sont
assurées tour à tour par les Nations participant au corps.
Quelles sont les raisons pour lesquelles la France et
l'Allemagne sont appelées à oeuvrer de concert ?
Les nouvelles formes de menaces apparues avec le terrorisme
de masse ou la prolifération d'armes de destruction massive au profit
d'acteurs non étatiques conduisent à repenser la distinction
classique entre les aspects intérieurs et extérieurs de la
politique de sécurité et de défense. Or l'OTAN, acteur
traditionnel de la sécurité en Europe, n'est pas
configurée pour répondre à ces nouvelles données.
Elle continuera toutefois à jouer un rôle important, voire
primordial, dans l'interopérabilité des forces armées
européennes. C'est grâce à la mise en place des standards
OTAN que les forces armées européennes doivent leur
cohérence d'ensemble dans les munitions, les capacités de
projection ou encore dans les gabarits d'ordres et de comptes-rendus.
D'autre part, les différences de point de vue
affectant les relations américano européennes, principalement
concernant la tradition unilatéraliste des États-Unis et la
tradition multilatéraliste de l'Union Européenne, sont porteuses
d'incertitudes quant à la qualité réelle du lien
stratégique entre les deux entités.
Il existe entre la France et l'Allemagne une
« forte complémentarité naturelle »38(*). De récentes
expériences ont démontré que la PESD ne pouvait pas faire
l'économie d'une entente préalable entre les deux États
puisque plus encore qu'avec la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne sont
membres de Schengen et ont adopté l'euro comme monnaie unique, les
impliquant fortement dans le processus de l'Union Européenne.
Bien plus encore, les obstacles les plus importants à
cette coopération sont en passe d'être surmontés. En effet,
l'incapacité de projeter des forces de l'Allemagne, le statut
nucléaire de la France et sa position particulière
vis-à-vis de l'OTAN ne représentent plus des problèmes
majeurs. La possession ou non d'armes nucléaires n'a pas
été pertinente lors de la résolution du conflit en Bosnie,
au Kosovo ; tout comme le fait d'appartenir ou non à la structure
de l'OTAN du temps de paix n'a pas empêché quiconque de prendre
part aux opérations. Sur ce dernier point, il convient de noter que la
plus grande importance doit donc être accordée à
l'interopérabilité des forces armées.
Quoiqu'il en soit, de nouvelles difficultés sont
apparues entre la France et l'Allemagne : la restructuration de
l'Armée Française et la baisse du budget allemand de la
Défense en sont deux exemples. Ces changements sont majeurs dans la
mesure où la France et l'Allemagne sont placées dans un
rôle moteur dans la mise en place effective d'une Europe de la
Défense. Et les chiffres sont particulièrement éloquents
si l'on étudie les données de l'année 2002 : la
France avait alors consacré 8.600 millions d'euros à
l'acquisition de matériels contre moitié moins pour l'Allemagne
(exactement 4.675 millions). Même si l'on considère que la France
emploie 1/5ème de ces ressources à la dissuasion
nucléaire, cela laisse tout de même un rapport de 1.5 contre 1 au
détriment de l'Allemagne.
Le SWP de Berlin39(*) estime par ailleurs que cette coopération,
malgré les difficultés, qui sont réelles, doit
prévaloir sur une coopération franco-britannique par exemple.
Bien que les deux pays présentent de nombreuses similitudes dans leur
outil de défense comme :
- la structure des forces armées,
- la doctrine d'emploi des forces, et
- le haut degré d'interopérabilité des
troupes,
leur coopération n'est pas suffisante pour construire
la PESD. La Grande-Bretagne tend effectivement à adopter une version
minimaliste des missions de Petersberg40(*), et à avoir une vision toute aussi restreinte
du rôle de l'Europe de la Défense. Or les menaces actuelles ne
permettent pas de faire l'économie d'un élargissement des
doctrines, ce qui est démontré par l'adoption des accords de
« Berlin Plus41(*) ».
2-2 La Bundeswehr face à ses engagements
futurs :
Elle était au départ considérée
comme une armée de l'OTAN et devait absorber le premier choc avec les
troupes soviétiques, elle devait disposer à cet effet de moyens
lourds en terme de blindés, d'armes antichars et d'une aviation capable
de soutenir les actions au sol. Quelle peut être sa raison d'être
si face à elle ne se dresse plus aucun ennemi ?
De fait, plus aucun de ses voisins ne représente une
menace : les États qui jouxtent sa frontière sont soit
membre de l'UE, soit membre de l'OTAN, ou en passe de l'être. Bien plus,
la menace s'est déplacée. Le fait qu'il existe encore une menace,
révélée par le terrorisme de masse, prouve que l'Allemagne
doit conserver un outil de défense efficace afin d'assurer sa
souveraineté : la sécurité allemande se situe donc en
Afrique et au Moyen-Orient. Le ministre de la Défense allemand a
employé ces termes : « la défense de l'Allemagne
s'effectue également dans les montagnes afghanes » lors de ces
différentes interventions publiques. La Bundeswehr doit, pour
rester crédible et garder sa légitimité, se tourner vers
les opérations extérieures, ce qui signifie assouplir ses
structures et se doter de moyens performants de projection aérienne et
maritime. Or, une telle conception est absolument révolutionnaire dans
un pays où l'histoire n'a jamais favorisé ce type d'emploi de
l'outil de défense. En tournant la Bundeswehr vers la
projection, le ministre de la défense a donc brisé un tabou
essentiel dans la mise en place d'une Europe de la défense dont le but
est lui aussi nécessairement orienté à
l'extérieur.
La Bundeswehr est donc à ce jour engagée avec
7.080 hommes dans le cadre de six missions distinctes. Il s'agit des
opérations suivantes :
- l'UNOMIG (11), mission d'observation des Nations Unies en
Géorgie,
- SFOR (1.270) et KFOR (3.170), missions de l'OTAN dans les
Balkans,
- ISAF (1.870) en Afghanistan,
- Enduring Freedom (280) et Active Endeavour
(400) dans le cadre de la lutte anti-terroriste, auxquelles s'ajoutent
près de 2.900 hommes pour gardienner les installations US en
Allemagne,
- Un Airbus MEDEVAC à 24 heures,
- Un C-160 TRANSALL à 24 heures pour les Balkans,
- Un CL-601 CHALLENGER à 12 heures.
Ce format de 7.080 hommes engagés est désormais
la norme (colonel Kirschner, OLIA füs/V, Bundesministerium
der Verteidigung) en matière de projection pour la
Bundeswehr.
La Bundeswehr est à l'heure actuelle en pleine
restructuration en trois catégories de force, au nombre
desquelles :
- les forces d'intervention, EingreifsKräfte
(EK), de 35.000 hommes, capables d'imposer la paix, de créer les
conditions pour la stabilisation de la paix, et de mener un combat de haute
intensité à l'extérieur du pays contre un ennemi
structuré ;
- les forces de stabilisation,
StabilisierungsKräfte (SK), fortes de 70.000 hommes, dont
l'unique mission sera la stabilisation et le maintien de la paix par :
. la séparation des parties,
. la surveillance des accords de cessez-le-feu,
. l'élimination d'éléments refusant le
processus de paix,
. l'imposition d'un embargo,
. l'autoprotection contre des éléments
irréguliers,
. la protection de la population civile,
. la surveillance de zones, d'infrastructures,
. la coopération avec d'autres organismes afin de
participer à la mise en place d'institutions étatiques.
Toutefois, il convient de noter qu'il n'y aura pas de
séparation réelle entre EK et SK, les deux forces devant
être capables de remplir toutes les missions.
- les forces de soutien,
UnterstützungsKräfte (UK), armées par 212.500 hommes
dont 75.000 civils, avec pour missions :
. le soutien des forces dans la zone d'intervention,
. la préparation des forces d'intervention à
leur engagement,
. le fonctionnement de la Bundeswehr en Allemagne,
. l'instruction et la formation du personnel.
Il faut bien voir ici la nouvelle doctrine d'emploi de la
Bundeswehr, dans un souci de
« projetabilité » d'une part, mais aussi dans un
souci de cohérence avec la PESD et sa façon d'aborder les crises
d'autre part. D'emblée, l'armée allemande se pose comme un
réservoir d'outils, à même de mener des opérations
plus larges que la seule intervention militaire, en mettant en place des
capacités de stabilisation de paix, préalable à l'envoi de
forces de police.
D'autre part, l'Armée de Terre allemande
(Heer) sera à même de fournir dans le cadre de ses EK, le
noyau d'une division multinationale avec 18.000 hommes environ.
Car, et c'est bien le sens de la PESD, l'avenir de la
sécurité et de la défense européenne est à
l'engagement multinational.
La réorientation des missions de la Bundeswehr
vers des opérations extérieures rapproche de fait le cadre des
engagements des forces allemandes du cadre des engagements des forces
françaises. Ce qui signifie que l'interopérabilité entre
les deux armées va croissante en vue d'un engagement commun dans
l'avenir.
2-3 Les conditions d'un engagement commun :
Il réside d'abord dans le développement de
capacités en réaction rapide de l'UE. Le 8 décembre 2003
est envisagée par la Grande-Bretagne et la France la mise en place d'un
groupement tactique interarmées (GTIA) pour entreprendre des
opérations autonomes à court terme, sous mandat de l'ONU.
Les origines de ce concept novateur au sein de l'UE, sont
à chercher dans le précédent établi par
l'opération ARTEMIS en Côte-d'Ivoire. « Et ce que me
disaient les soldats avec lesquels j'en ai parlé, c'est que finalement,
ils n'avaient plus l'impression d'appartenir à des pays
différents, ils travaillaient ensemble. Je crois que cette
première, toute première opération totalement autonome de
l'Union Européenne est effectivement un moment historique. Et d'autre
part, c'est certainement un modèle pour la force d'intervention rapide
européenne que nous devons construire d'ici la fin de
l'année » estime Michelle Alliot-Marie dans un entretien
qu'elle accorde sur TV5 à Paris le 3 août 2003. « Cette
opération a montré la capacité de l'Union
Européenne à répondre rapidement à un appel des
Nations Unies et à réagir de façon autonome à des
milliers de kilomètres de son territoire », a-t-elle
ajouté dans un discours de février 2004 à l'IHEDN.
Le concept de Groupements Tactiques (GT) est un document de
réflexion franco-britannico-allemand. Il est d'origine
franco-britannique et fait suite aux instructions du Conseil42(*). Il s'agit d'étudier la
manière dont l'Union pourrait contribuer plus efficacement aux
opérations de prévention des conflits, de maintien et
d'imposition de la paix en étroite liaison avec les Nations Unies. Il se
fixe pour objectif de s'appuyer sur le précédent établi
par l'opération ARTEMIS en RDC en développant un certain nombre
de forces de la taille d'un Groupement Tactique Interarmées disponibles
pour entreprendre des opérations autonomes à court terme,
principalement en réponse à des requêtes des Nations Unies.
Il s'inscrit dans le concept de la PESD en donnant un visage
aux études de trois membres pour la construction de l'Europe de la
Défense.
Les forces envisagées sont d'environ 1500 personnes,
comprenant des éléments de soutien appropriés43(*) ainsi que les moyens
nécessaires en matière de transport stratégique, de
capacité à durer et de débarquement.
Leurs missions pourraient répondre à une
requête de l'ONU, capables de participer à une opération
autonome sous mandat relevant du Chapitre VII44(*).
· Appropriées, mais sans s'y limiter, à des
interventions dans des Etats défaillants ou en déliquescence (la
plupart étant situés en Afrique)
· Capables de se déployer dans un délai de
quinze jours en réponse à une crise.
Ces GT pourront être constitués par une seule
Nation, par une Nation cadre_d'autres Nations apportant une contribution sous
forme de capacités, « niches »,
spécialisées, ou de soutien_, ou selon une formule
multinationale. Cette dernière serait particulièrement opportune
dans le cas d'Etats membres qui ne seraient pas en mesure d'apporter un GT
complet à eux seuls.
Or, la nouvelle structure allemande semble plutôt bien
adaptée à ce concept d'emploi des forces en mettant sur pieds,
dès le temps de paix, une structure cohérente avec le concept de
GT. Il convient d'autre part de souligner le fait que les forces des
SK45(*) sont
professionnelles, ce qui est également cohérent avec ce concept
d'emploi. Ce lien est confirmé par l'Attaché de Défense en
Allemagne : « ces évolutions ont été prises
en compte par le ministre de la défense qui a diffusé en mai 2003
des nouvelles lignes directrices de la politique de défense et qui a
décidé le 13 janvier 2004 une profonde transformation de la
Bundeswehr ». (Berlin, le 9 mars 2004).
Les unités de réaction rapide devraient donner
du poids à la politique étrangère européenne :
« en présentant leur plan pour une force de réaction
rapide européenne capable de se déployer sur les terrains les
plus difficiles, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne viennent
d'accélérer le renforcement de la coopération de la
défense européenne. L'initiative présentée met en
lumière la place de premier plan accordée par les trois grandes
puissances militaires européenne au renforcement conjoint de leurs
capacités de défense et ainsi donner plus de poids à la
politique étrangère commune »46(*).
2-3-1
Les missions de l'UE :
En plus des missions de Petersberg, elles portent
sur :
- La prévention des conflits (alerte rapide, mesures
permettant de renforcer la confiance et la sécurité, etc.),
- Des actions conjointes en matière de
désarmement (programmes de destruction d'armes et de contrôle des
armements),
- Le conseil et l'assistance en matière militaire
(« defense outreach » : coopération
avec les forces militaires d'un pays tiers ou d'une organisation
régionale/sous-régionale en vue de développer des forces
armées démocratiques par l'échange de bonnes pratiques,
par exemple des actions de formation),
- Les opérations de stabilisation à la fin d'un
conflit,
- Le soutien à la demande des autorités d'un
pays tiers dans la lutte contre le terrorisme.
Il ne s'agit donc à aucun moment pour l'UE de se
substituer aux autres organisations internationales. « Elle ne doit
pas vouloir se transformer en une alliance de défense collective. La
défense territoriale reste l'apanage de l'OTAN, car l'Union n'a pas les
moyens financiers et militaires pour répondre à une menace
« classique ». La crise irakienne et les tentatives de
renforcement de la PESD ont montré que les progrès en
matière de politique de sécurité et de défense
passent par la prise en compte des obligations incombant aux membres
européens de l'OTAN dans l'Alliance Atlantique »47(*).
2-3-2
L'opération Artémis
L'opération Artémis en République
démocratique du Congo (16 juin-1er septembre 2003) avait pour mission de
sécuriser la ville de Bunia et ses environs, d'améliorer les
conditions humanitaires des populations, de façon à ce que le 1er
septembre, l'UE puisse passer le « relais » à un contingent
onusien de la MONUC (mission d'observation des Nations Unies au Congo) dans de
bonnes conditions
Au mois de mai 2003 la MONUC avait été
confrontée à des événements difficiles
(affrontements entre milices). L'ONU a demandé à l'Union
européenne de lui laisser le temps de prendre contact auprès des
pays contributeurs pour mettre sur pied une force renforcée.
L'opération Artémis consistait à faire le « pont
» entre une capacité de la MONUC, jugée insuffisante et
l'arrivée d'une capacité de la MONUC II que l'on estimait
nécessaire pour faire face à une situation délicate.
« Le fait de travailler en multi nationalité
ne nous a pas posé de problèmes majeurs. Parmi les points forts :
l'aptitude clairement démontrée de la France, Nation cadre mais
aussi de l'Union européenne à être capable d'apporter dans
l'urgence la réponse à une situation critique. Je rappelle que,
entre la date du vote de la résolution des Nations unies, le 30 mai, et
la date officielle de lancement de l'opération par l'Union
européenne, le 12 juin, moins de deux semaines se sont
écoulées. A ma connaissance, c'est la première fois qu'une
organisation internationale lance une telle opération dans un laps de
temps aussi réduit. C'était une réaction rapide et le
succès de cette opération n'en est que plus
valorisé. »48(*) Ce commentaire du commandant de l'opération
Artémis montre clairement les différents enjeux du
déploiement.
Il s'agissait :
· de rétablir l'ordre en RDC,
· d'affirmer la volonté européenne de
contribuer au maintien de la paix,
· de prouver sa capacité à le faire,
· d'agir dans un cadre international.
Elle a démontré la capacité de l'UE
à se projeter sur un lieu de crise et à y mener des
opérations efficaces. Cet exemple d'opération concrète est
très révélateur sur de nombreux plans.
Tout d'abord il montre qu'il est nécessaire de pouvoir
se projeter rapidement et avec des moyens significatifs. Dans ce domaine, il
est clair que la France a un atout en ses forces pré
positionnées. Ces dernières octroient à l'UE une
capacité de réaction quasi-immédiate avec des forces dites
« classiques » et des moyens suffisamment lourds pour
forcer des belligérants à la concertation.
Ensuite, il montre que le moteur franco-allemand permet de
faire avancer les choses dans le cadre large de l'Union Européenne toute
entière, mais aussi dans celui, plus restreint, des doctrines et
institutions nationales. En effet, la réactivité de l'UE lors de
l'opération Artémis a montré la lourdeur de
l'administration allemande en ce qui concerne la projection de la
Bundeswehr, ne fut-ce que d'une équipe de deux personnes. En
réalité, pour envoyer des militaires, le Chancelier
fédéral doit auparavant obtenir l'aval de l'ensemble des
ministres ainsi que l'autorisation du Bundestag49(*). Ce qui signifie un
délai d'autant plus variable que peu de parlementaires sont
disposés à cette projection.
Pour se mettre au niveau des capacités de la PESD, le
gouvernement allemand doit réfléchir à des moyens
autorisant le Chancelier à projeter des militaires sans autorisation
préalable. Un projet de loi est actuellement à l'étude,
l' « EntsendeGesetzt50(*) », visant à permettre l'envoi de
petits contingents dans ce cadre.
Enfin, l'opération Artémis représente une
révolution dans la conception géopolitique allemande. Pour
l'Allemagne, le danger majeur reste malgré tout à l'est.
D'après l' « Auswärtiges Amt51(*) », la PESD ne doit
pas être orientée. Or, pour la France, la PESD est taillée
pour l'intervention en Afrique. Et c'est précisément un
territoire que l'armée allemande s'est jusqu'à présent
toujours défendue d'arpenter (si ce n'est dans le cadre strict des
opérations humanitaires comme en Somalie). L'opération
Artémis a vu un contingent allemand prendre part à des missions
de logistiques (concernant les transmissions et le soutien médical).
Les terres africaines représentaient aux yeux d'une
masse non négligeable de la population allemande une zone
interdite ; elles étaient le champ d'actions des anciennes
puissances coloniales auxquelles il ne fallait surtout pas s'identifier. Avec
les opérations en Côte-d'Ivoire et l'envoi d'un contingent de
liaison allemand ainsi que la mise à disposition d'un TRANSALL sanitaire
si besoin, la Bundeswehr a montré qu'elle n'est plus
opposée aux interventions militaires en Afrique.
Toutefois, l'Allemagne, et bon nombre de pays membre de
l'Union, essentiellement parmi les nouveaux arrivants, considèrent
aujourd'hui encore que la menace n'est pas primordiale sur ce continent. Ils la
situent davantage du côté des frontières occidentales de
l'Union Européenne, et craignent que la situation ne s'aggrave encore
dans le futur. En acceptant de s'ouvrir aux menaces que représente le
continent africain, l'Allemagne fait un signe important à la France.
2-4 Le Conseil
Franco-Allemand de Défense et de Sécurité :
Il s'agit d'un organisme créé en 1988 entre la
France et l'Allemagne afin :
· d'élaborer des conceptions communes dans le
domaine de la défense et de la sécurité,
· d'assurer le développement de la
concertation des deux Etats sur toutes les questions intéressant la
sécurité de l'Europe, y compris dans le domaine de la
maîtrise des armements et du désarmement.
· d'adopter les décisions appropriées
concernant les unités militaires mixtes qui sont constituées d'un
commun accord,
· d'adopter des décisions relatives aux
manoeuvres communes, à la formation des personnels militaires ainsi
qu'aux accords de soutien permettant de renforcer la capacité des forces
armées des deux pays à coopérer en temps de paix, comme en
temps de crise ou de guerre,
· d'améliorer l'interopérabilité
des matériels des deux armées,
· de développer et d'approfondir la
coopération en matière d'armements en prenant en
considération la nécessité, pour assurer la défense
commune, du maintien et du renforcement, en Europe, d'un potentiel industriel
et technologique adéquat52(*).
Il est composé en premier lieu du Président de
la République Française et du Chancelier de la République
fédérale d'Allemagne, directement conseillés chacun par un
comité composé de trois membres :
· le ministre des Affaires Étrangères,
· le ministre de la Défense,
· le Chef d'État-Major des Armées.
Le Secrétariat du CFADS est quand à lui
composé de quatre militaires, deux Allemands et deux Français,
ainsi que de deux diplomates représentant de chaque partie.
Il se réunit au moins deux fois par an, alternativement
en France et en Allemagne.
Conclusion de la
deuxième partie :
La Bundeswehr, comme l'Armée Française actuelle
sont récentes dans leurs structures actuelles. Les bouleversements
politiques et stratégiques des dernières années ont
amené la France et l'Allemagne à revoir leur outil de
défense radicalement. En abandonnant la conscription, la France s'assure
de disposer le cas échéant, de forces projetables dans les
meilleurs délais. De son côté, l'Allemagne a dû
repenser sa doctrine d'emploi des forces, privilégiant désormais
elle aussi des forces plus souples, plus orienté vers la projection que
vers la défense opérationnelle du territoire.
Grâce à leur héritage commun en
matière de défense, la France et l'Allemagne savent travailler
ensemble. Mais, le plus fondamental n'est pas cette capacité, encore
renforcée par les standards OTAN, mais bien la volonté de le
faire. Pour cela, il convient de s'entendre sur les domaines d'action de la
PESD. Or, un des motifs premiers de blocage, et c'est encore plus vrai entre la
France et l'Allemagne, était précisément ce point. En
effet, il semblait totalement inutile pour l'Allemagne de se doter d'un outil
militaire européen alors même que l'OTAN assurait la
sécurité de cette zone.
Bien plus, les deux États n'étaient pas d'accord
sur les zones d'action d'une Europe de la défense : l'Allemagne
refusait toute intervention en Afrique tandis que la France y voyait la
région privilégiée de ses opérations
extérieures.
Désormais, et probablement d'abord grâce au
succès de l'opération Artémis, l'Allemagne est prête
à intervenir sur le sol africain. D'autre part, la prise de conscience,
très récente en Allemagne de la nécessité d'avoir
une politique de défense ne passant pas par le leadership
américain pour se faire entendre, l'a amenée à promouvoir
l'idée de la PESD.
Troisième Partie : La
France et l'Allemagne et la construction du volet policier de la PESD.
La PESD se veut un outil complet de gestion des crises. Elle
entend conférer à l'UE tous les moyens dans ce but. Elle refuse
donc de se cantonner à l'aspect strictement militaire d'une crise. Avec
l'aspect militaire, l'aspect policier est le plus directement
opérationnel : il est déjà en action dans les
missions que nous allons présenter.
Le Conseil européen de Göteborg de juin 2002
inclut un « Plan d'action en matière de police » pour aider à la réalisation de l'objectif de
mobilisation de 5000 policiers et prend en compte les contributions possibles
d'Etats non membres de l'UE à des missions de police de l'UE.
Cette étude va insister sur certains handicaps
structurels qu'il faut surmonter pour mettre en place un outil encore plus
efficace. Elle abordera d'autre part des aspects qui ne sont pas
intégrés à la PESD mais dont la manière d'aborder
les problèmes bénéficie directement à la
construction de la PESD. L'instrument policier peut et doit s'étudier
sous au moins trois angles.
L'outil policier, c'est d'abord :
3-1 Un outil dissuasif ou au moins préventif d'une
crise :
La police met en oeuvre de façon permanente des moyens
de renseignements sur le territoire et se tient au courant des informations
provenant des autres polices ; elle est donc par là même un
instrument privilégié de la PESD dans son aspect
« sécurité ».
La France et l'Allemagne ont, depuis les accords de Schengen,
renoncé au contrôle des personnes sur leurs frontières
communes. Cette situation nouvelle les a contrainte à une plus grande
ouverture afin de faciliter leurs investigations.
A l'heure actuelle, l'UE s'interroge sur l'opportunité
d'élargir le champ d'action de la PESD à la
sécurité intérieure de l'UE, faisant le constat que sa
sécurité intérieure ne peut être envisagée
sans une réflexion et une action sur certains théâtres. A
ce sujet il semble nécessaire dès lors de montrer en quoi la
France et l'Allemagne peuvent apporter un certain nombre de solutions
exploitables au profit de la PESD dans le cadre de son élargissement.
Construire une Europe de la Défense et la
Sécurité, c'est aussi mettre au point un « outil de
police » à l'échelle européenne... nous allons
montrer dans ce chapitre en quoi la collaboration franco-allemande peut servir
de modèle pour surmonter les difficultés, tant institutionnelles
que culturelles au sein de l'Union Européenne.
A l'heure actuelle, la coopération policière
franco-allemande est particulièrement étroite ; dans un
certain nombre de domaine elle fait même figure d'exemple. En effet, par
les handicaps qu'elle surmonte, et qui sont d'abord de type institutionnels,
cette coopération montre la volonté affichée des deux
États, de collaborer toujours davantage.
3-1-1
En matière de terrorisme :
Des échanges d'information ont bien sûr lieu
entre le BundesKriminalAmt53(*) (BKA) d'une part, et l'Unité de
Coordination et de Lutte AntiTerroriste54(*) d'autre part. Ces échanges se font sur le plan
de l'évaluation de la menace et de la coordination des actions, et l'on
comprendra bien le peu d'intérêt à en faire la
publicité.
Dans ce domaine, sont échangés des Officiers de
Liaison (OL) : un fonctionnaire français est inséré
dans la structure même du BKA et un fonctionnaire allemand est en poste
à l'UCLAT. Une telle collaboration est originale en Europe, il n'y a pas
d'autre exemple d'une telle synergie entre les polices.
Avec la montée du risque terroriste en Europe,
tragiquement illustrée par les attentats de Madrid du 11 mars 2004, il
est clair aujourd'hui que la sécurité de l'Union
Européenne passe par la mise en place de structures communes sur le
territoire européen pour identifier la menace. Mais, pour lutter
efficacement, il convient de se porter dans les zones de développement
du terrorisme, et donc probablement, de mener des actions communes de recherche
du renseignement.
3-1-2 Dans le domaine de la
police aux frontières :
En revanche, la visibilité est de mise, et ce, plus
particulièrement au sein des patrouilles mixtes dans lesquelles
fonctionnaires allemands et français travaillent ensemble. Des
échanges d'officiers ont lieu aussi dans ce cadre avec un fonctionnaire
français travaillant à la « Direction
Administrative » du BundesGrenzSchutz55(*) à
Coblence56(*) ; et un
autre étant en fonction à l'aéroport de Francfort.
D'autre part, des réunions ont lieu pour organiser les
patrouilles et les reconduites aux frontières.
En fait la coopération est renforcée depuis le
quarantième anniversaire de la signature du traité de
Versailles ; à cette occasion fut remplie une feuille de route
décrivant les patrouilles mixtes et la collaboration en terme de police
aux frontières.
Ce domaine est lui aussi révélateur de
difficultés qui affectent actuellement la France et l'Allemagne, et qui
pourraient affecter d'autres États dans le cadre de la PESD. En effet,
pour veiller sur le littoral européen, la France et l'Allemagne ont
conjointement mis en place des PATMAR57(*). La difficulté réside une fois de plus
dans l'interdiction juridique pour un membre des forces armées
allemandes de prendre part à des actions autre que purement militaires.
Ce qui signifie qu'une PATMAR bilatérale ne peut pas, contrairement aux
PATMAR françaises, faire des actions de police maritime consistant
à prévenir les dégazages ou le trafic illégal.
Autrement dit, il apparaît ici que les forces armées allemandes ne
pourraient, dans le cadre d'actions sous l'égide de la PESD, passer
d'une mission de rétablissement de la paix à une mission de
maintien de l'ordre comme ce fut le cas pour les soldats français
engagés à Mitrovica. Le colonel Likus58(*) a confirmé que cette
expérience de l'Armée Française manquait à
l'Armée Allemande et qu'il faudrait très probablement
remédier à cet état de fait. Les solutions envisageables
sont les suivantes :
Modifier la Constitution pour autoriser l'Armée
à prendre part à des actions dont la finalité n'est pas
exclusivement militaire (elle est toutefois autorisée, suivant des
règles très précises, à porter secours à la
population en cas d'événement exceptionnels comme ce fut le cas
l'an passé lors des inondations) ; ou, créer un corps de
gendarmerie pour pallier les manques de l'Armée de Terre
allemande59(*).
3-1-3
Le Centre de Coopération Policière et Douanière
(CCPD) ...
Avec l'Allemagne il fut le premier créé. Quelque
50 fonctionnaires - policiers, gendarmes (pour la France) et douaniers des
deux pays - travaillent au sein de cette structure destinée à
faciliter les échanges d'informations et la coopération dans la
lutte contre la petite et moyenne délinquance dans les régions
frontalières. Depuis l'annonce de la création du CCPD en 1999,
dans la foulée des accords de Schengen, le nombre de requêtes d'un
pays vers l'autre a triplé. En 2002, 9044 ont été
traitées ; soit 8 % de plus qu'en 2001.
Le 9 octobre 1997, un premier accord était signé
à Mondorf-les-Bains entre les gouvernements français et allemand,
relatif à la coopération, dans les zones frontalières,
entre les autorités de police et les autorités douanières.
Officialisé par le décret du 18 septembre 2000,
le centre très emblématique d'Offenburg, en RFA, premier du
genre, fonctionne en fait depuis mars 1999. Les services qui y sont
représentés sont, pour la France :
- la police nationale (la police aux frontières, la
police judiciaire, la sécurité publique),
- la gendarmerie nationale et
- les douanes.
Du côté allemand :
- les polices des Länder60(*) de Bade Wurtemberg et de
Rhénanie Palatinat (ministère de l'intérieur de chaque
Land),
- la police fédérale des frontières
(BGS) du ministère fédéral de l'intérieur, et
- les douanes, du ministère fédéral des
finances.
Pas moins de neuf directions issues de sept ministères
sont donc présentes au CCPD de Kiel. Il est donc essentiel de remarquer
tous les efforts de collaboration qui ont été consentis dans ce
cadre. En effet, la PESD est une entité complexe, mêlant des
acteurs policiers, militaires, diplomatiques, politiques et privés dans
un cadre multinational. Il est bien entendu que la condition première
à la réussite d'une telle entreprise réside avant tout
dans la collaboration entre ces différentes entités.
Or, les CCPD sont de bons laboratoires à la mise en
oeuvre de ces collaborations : sur le plan franco-français, le
premier défi a été celui de faire travailler ensemble les
trois institutions mentionnées plus haut. Le problème n'est pas
différent en Allemagne où la police est gérée par
le Land, c'est-à-dire que chaque Land rédige
lui-même sa Polizei Gesetzt61(*). C'est dire si la collaboration multinationale
relève plus du défi que de la simple formalité de
principe : les obstacles structurels sont nombreux.
3-1-4
... un rôle d'explication ... :
En effet, entre deux États de culture policière
très différentes, cette tâche permet d'éviter
d'éventuels blocages sur des aspects secondaires d'une même
mission. Prenons deux exemples auxquels la coopération franco-allemande
s'est trouvée confrontée :
· Le contrôle de la Commission Informatique et
Liberté (CNIL) est très fort en France et il interdit
l'échange de données informatiques concernant les individus entre
les polices françaises et allemandes. En Allemagne, la
DatenSchutz62(*)
n'a pas ce pouvoir ; dès lors, il était difficilement
compréhensible pour un fonctionnaire allemand de ne pas traduire
l'impossibilité française de communiquer les données
voulues en une véritable obstruction de la part de la France. Le CCPD a
permis d'expliquer cela aux homologues allemands.
· Des interdictions légales : la
procédure française ne permet pas de perquisitionner la nuit chez
un suspect, au risque de laisser à celui-ci tout loisir de faire
disparaître les indices et les preuves que la législation
allemande aurait, elle, permis de récupérer.
Les CCPD de Vintimille en Italie et de Genève en Suisse
ont suivis dans le courant de l'année 2001. Mais celui de Kiel
reflète, à son échelle, les difficultés
rencontrées dans la construction européenne. C'est ainsi qu'il
expérimente, journellement, les problèmes qui se posent et les
solutions à apporter pour faire avancer les choses, tout en respectant
les procédures et le système de pensée des deux pays. En
ce sens le CCPD a lui aussi un rôle de laboratoire des
difficultés ; même si son action est également
fonctionnelle.
3-1-5
... indispensable pour penser la PESD :
Il n'en reste pas moins que le dialogue entre les polices
françaises et allemandes souffrent d'un profond problème
structurel qui est celui posé par la police fédérale. En
effet, se pose toujours le problème d'identifier un interlocuteur pour
la Police Nationale. Celui-ci ne pouvant en aucun cas être
identifié dans un acteur fédéral, il faut à chaque
fois renégocier avec un acteur dépendant du Land
concerné. Toutefois, il faut également noter la capacité
fédérale en matière de police avec le BGS et le BKA.
Cette remarque montre les principales difficultés en
matière de relations franco-allemandes en ce qui concerne la PESD :
alors qu'il est possible pour la France d'envoyer des fonctionnaires relevant
de la Police Nationale en opération hors du territoire, la
République Fédérale d'Allemagne ne peut le faire
d'autorité et doit, avant toute chose, soumettre une demande aux
différents Länder ; ces derniers disposant du pouvoir
de refuser sans appel. En revanche, dans ce cas, le pouvoir de Berlin peut
envoyer le BGS qui, rappelons le, est fort de 40.000 fonctionnaires quant la
Police aux Frontières françaises en compte moins de 9.000.
La destruction de masse n'est plus l'apanage des acteurs
étatiques ; après les attentats du 11 septembre, il
apparaît clairement que la distinction entre sécurité
intérieure et défense militaire ne saurait plus être
absolue. Le FRS et la WSP proposent à ce sujet de combattre le
« terrorisme transnational » par une « action
transnationale » en transférant certaines prérogatives
nationales à un corps fédéral, comme un corps de
garde-frontières européen ou en les transformant, avec des
mandats d'arrêts européens par exemple. Il faudrait par ailleurs
obligatoirement coopérer avec la communauté bancaire et les
compagnies de transport.
Première Conclusion : les rapports
franco-allemands servent d'expérimentation.
La France et l'Allemagne ont une approche très
pragmatique de la collaboration en matière de police. Il ne s'agit pas
pour ces deux pays de « faire du symbolique », mais bien
d'obtenir des résultats concrets malgré des difficultés
évidentes qu'il faut surmonter63(*).
Elles y ont si bien réussies, et ce même si du
chemin reste encore à parcourir, que les structures qu'elles ont
expérimentées servent à d'autres États comme la
Belgique, la Suisse et l'Espagne.
Il apparaît alors clairement ici que la France et
l'Allemagne ont su proposer une réponse efficace aux problèmes de
sécurité en Europe qui a servi de modèle aux autres
partenaires.
3-2 L'outil policier, c'est aussi un outil stabilisateur
après une crise :
Ce volet a été également ouvert lors du
Conseil européen de Feira64(*).
La PESD distingue deux types de mission pour la police. La
première est une mission de « substitution » afin
d'assurer un retour au calme rapide et de limiter les exactions
éventuelles menées dans un but de déstabilisation des
institutions mises en place. La seconde mission est une mission de
« conseil » au profit des forces de police locale.
Il est déjà en oeuvre à travers la
Mission de Police de l'Union Européenne (MPUE) qui a pris la
relève de la Mission de Police des Nations Unies en
Bosnie-Herzégovine et à travers l'opération EUPOL PROXIMA,
qui a pris la relève de l'opération CONCORDIA, en
Macédoine depuis le 15 décembre 2003. Cette opération a vu
le retrait des forces militaires au profit de la mise en place de moyens
policiers relevant des ministères de l'Intérieur allemand et
français.
3-2-1
La MPUE :
Elle est l'incarnation du volet policier de l'Union
Européenne. En effet, en décidant l'envoi d'une force de police
pour relever les forces armées, est ébauchée une
première sortie de crise : la force militaire est une force de
rétablissement de la paix tandis que la police est une force de maintien
de la paix.
Cela représente une étape importante du
développement de la PESD comme le souligne le Secrétaire
Général/ Haut Représentant Javier Solana
(SG/HR) : « The third shared goal which the EUPM represents is
the continuing development of the EU's external identity ».
Cette mission, la première pour l'Union
Européenne, consiste en l'envoi de 260 policiers au total, dont une
trentaine de Français au nombre desquels des fonctionnaires des CRS et
des affaires criminelles.
L'opération est officiellement lancée le
1er janvier 2003 pour une durée de trois ans. Elle fait suite
à une Mission de 7ans des Nations unies en Bosnie-Herzégovine
(MINUBH) qui visait, entre autre, à travers le Groupe international de
police (GIP) à contribuer à la création d'un Etat de droit
par la réforme des appareils policier et judiciaire.
Elle rassemble au total Le personnel comprend environ 900
personnes dont 443 personnels de l'UE parmi lesquels 389
« officiers de police » et 54 personnels civils sous
contrat ; ainsi que de dix-huit autres pays et 300 locaux. L'Allemagne et
la France sont engagées avec respectivement 89 et 85 personnels. Cette
mission a été mise en place à l'invitation du gouvernement
de Bosnie-Herzégovine. Le Conseil « Affaires
Générales » établit la MPUE le 11 mars 2002 et
nomme le même jour Sven Frederiksen à la tête de la
mission65(*).
Le budget annuel de l'opération s'élève
à 38 millions d'euros, dont 20 millions proviennent du budget
communautaire.
L'objectif de la MPUE est de mettre en place
des dispositifs de police durables, sous gestion de la
Bosnie-Herzégovine, correspondant aux standards européens et
internationaux. Elle remplit des tâches de suivi, d'encadrement et
d'inspection. Ses priorités sont la lutte contre le crime
organisé et la sécurité des personnes
rapatriées.
3-2-2
La mission EUPOL PROXIMA :
Le 29 septembre 2003, répondant à une invitation
du gouvernement macédonien, les Ministres des Affaires
étrangères des pays de l'UE entérinent la création
de la mission de police de l'UE dans l'ancienne République Yougoslave de
Macédoine EUPOL PROXIMA. Elle est officiellement lancée le
15 décembre 2003 pour 1 an. Sa mission est de surveiller et d'aider
à la réforme de la police nationale. Il s'agit d'améliorer
les compétences policières locales, d'augmenter leur aptitude
à lutter contre la criminalité organisée et à
assurer la gestion des frontières, de restaurer la confiance de la
population.
L'EUPOL PROXIMA doit apporter son soutien, surveiller, guider
et conseiller dans les domaines suivants :
· la consolidation de la loi et de l'ordre - lutte contre
la criminalité organisée, surtout dans les zones sensibles,
· la mise en oeuvre concrète de la réforme
globale du Ministère de l'Intérieur (y compris la police),
· la transition opérationnelle vers une police des
frontières et la création de cette police,
· la police locale dans la construction de relations de
confiance avec la population,
· la coopération accrue avec les Etats voisins en
matière policière.
L'objectif global de la mission est de promouvoir un
environnement sûr et stable permettant au gouvernement de l'ancienne
République Yougoslave de Macédoine la mise en oeuvre de
l'accord-cadre d'Ohrid66(*) conclu en août 2001. Elle relève de
l'engagement de l'Union européenne d'aider à normaliser la
situation du pays et du processus de stabilisation et d'association dans la
région.
EUPOL PROXIMA est menée sous l'autorité de
l'Ambassadeur Alexis Brouhns, Représentant spécial de l'UE dans
l'ancienne République yougoslave de Macédoine afin de
« contribuer à la consolidation du processus politique
pacifique et à la mise en oeuvre intégrale de l'accord-cadre
d'Ohrid, pour aider à assurer la cohérence de l'action
extérieure de l'UE, ainsi que pour assurer la coordination des efforts
déployés par la communauté internationale
(...) ». Il rend compte au Conseil par l'intermédiaire du
SG/HR.
Bart D'Hooge, nommé Chef de la mission/Commissaire de
police, dirige l'EUPOL PROXIMA et assure sa gestion journalière.
Le coût de l'opération EUPOL PROXIMA est
estimé à 15 millions d'euros pour la première
année, provenant du budget communautaire. Les Etats participants
contribuent en terme de personnel.
Au 1er mars 2003, 243 personnels sont
présents en Macédoine. Cette opération, outre qu'elle
démontre une fois de plus la compétence de l'UE dans le domaine
policier, pose quelques problèmes, soulevés par la
coopération franco-allemande.
En effet, le document statistique de la mission EUPOL PROXIMA
indique, outre que ses plus gros contributeurs sont l'Allemagne et la France
avec respectivement 20 et 23 fonctionnaires, que les participants à
cette mission relève de plusieurs statuts ainsi que de diverses
spécialités. Il est intéressant d'étudier ces
données avec plus d'attention.
En réalité, à côté des
policiers « classiques » interviennent des civils,
contractuels de l'UE, dans un rôle de conseils. Mais il convient
également de noter la présence sur place de 24 membres, tous
Français, de la « Proxima Protection ». Ces
personnels sont en réalité des militaires, gendarmes, dont la
mission est d'assurer la protection des autres éléments et
d'intervenir dans un certain nombre d'actions comme la prise d'otages. Ils sont
présents sur zone après une réflexion qui a
démontré l'importance de ne pas priver les fonctionnaires de
police d'un appui militaire, tout en préservant la notion de police en
envoyant des gendarmes.
L'Allemagne, qui ne possède pas ce type de corps, est
aujourd'hui en train de réfléchir à la création
d'un corps militaire du type « gendarmerie ». Toutefois,
les différents interlocuteurs rencontrés, se montrent très
prudents sur la création d'un tel corps, en reconnaissant cependant
qu'il fait défaut à l'Allemagne. Il semble à ce sujet que
les plus prudents à se prononcer sur cette création soient les
observateurs français. Les Allemands considèrent cela comme
possible, le considérant comme un corps destiné exclusivement
à la projection : la possibilité d'agir sur le territoire
national est rejetée par mes différents interlocuteurs sur ce
sujet.
Le problème le plus souvent évoqué est
d'ordre beaucoup plus pragmatique. Il est impossible à l'heure actuelle
d'envoyer un fonctionnaire en opération extérieure s'il y a
déjà été en mission. Même s'il est volontaire
pour cela. Le problème est alors de trouver la ressource en personnels
pour remplir les missions de police. En ce qui concerne l'aspect militaire de
la PESD, ce problème n'existe pas, mais il est très fort pour
l'aspect policier.
3-2-3
La « phase de transition » :
En d'autres termes, le volet policier de la PESD est
extrêmement riche : il est l'héritier des institutions
préexistantes et l'initiateur de nouveaux moyens. Il vise
à :
· garantir la sécurité des citoyens
européens en :
. assurant la collaboration des polices nationales,
. instituant des polices et des corps ayant juridiction sur
l'Union elle-même ;
· permettre un retour à l'État de droit
dans les pays en crise en :
. assurant la transition entre présence militaire et
présence policière sur un théâtre,
. garantissant la sécurité des citoyens de
l'État en crise.
Dans ce domaine, le Conseil Européen de Nice du mois de
décembre 2000 a clairement défini les moyens qui devront
être mis à la disposition de l'UE. Il s'agit d'être en
mesure de fournir 5.000 policiers pour des missions internationales, dont 1.400
pouvant être déployés dans un délai inférieur
à 30 jours. L'Allemagne met à disposition 910 fonctionnaires dont
90 disponibles en 30 jours. Est également envisagée la
création d'une expertise permanente en matière de police.
Sur le plan intérieur, la sécurité
s'entend aussi à l'extérieur, c'est-à-dire que des actions
en dehors du territoire peuvent concourir directement de sa
sécurité intérieure. Autrement dit, stabiliser une zone de
crise, c'est concourir directement à la sécurité
européenne. C'est d'ailleurs cette analyse qui a été
retenue par George W. Bush au lendemain des attentats contre les Twin Towers et
le Pentagone lorsqu'il décide une intervention en Afghanistan. Il
s'agissait alors d'aller lutter contre le terrorisme à sa base,
là où étaient implantés les camps
d'entraînement d'Al Qaïda. C'est à cette analyse que Peter
Struck fait allusion lorsqu'il affirme que « la
sécurité [...] se joue aussi dans les montagnes
afghanes »67(*).
3-2-4 L'administration et la
sécurité civile :
Ces deux aspects sont, dans l'état actuel des choses,
les « parents pauvres » de la PESD. En effet, ils ne sont
pas encore opérationnels, même si, nous allons le montrer, un
certain nombre de choses sont en place.
Ils représentent, avec l'aspect policier, le volet
civil de la gestion des crises au sein de la PESD. L'administration est ici
entendue comme outil de remise en route de l'appareil d'État.
Actuellement, il prévoit l'envoi d'un certain nombre de
spécialistes projetables sur un théâtre de crise avec pour
mission de pallier à l'absence ou aux insuffisances d'un gouvernement
afin de faciliter le retour à la normale dans le domaine des
institutions.
Ainsi, est dores et déjà prévue une liste
de magistrats de l'Union Européenne pouvant être projetés
sur un théâtre. Ce sont 282 juges,
présélectionnés par l'UE qui peuvent ainsi être
envoyés pour des missions de conseil dans un pays en crise. Il convient
de noter qu'il ne s'agit en aucun cas d'une mission de substitution, mais bien
de conseil : les juges de l'UE n'interviennent en aucune façon dans
les jugements rendus ou dans la législation de l'Etat qui reste
souverain, mais apportent leurs conseils en terme de méthodes. Parmi ces
282 juges, 60 sont disponibles en 30 jours. L'Allemagne, à elle seule,
en tient en permanence 60 à disposition de l'UE, dont 11 sont
disponibles sous 30 jours.
Il apparaît que les
avancées majeures se font face à l'événement. En
effet, c'est la crise en République démocratique du Congo qui a
amené la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne à
réfléchir sur le concept des Groupements Tactiques68(*). On peut même avancer
l'idée que la PESD toute entière est façonnée par
rapport à l'événement. En ce sens, elle serait une
réaction de l'Europe face à la crise des Balkans et du Kosovo en
particulier, lorsque les États européens se sont
révélés incapables d'intervenir au coeur même du
continent européen69(*).
Un des problèmes majeurs là aussi est le
problème de la ressource. Il est impossible d'envoyer un fonctionnaire
deux fois pour une mission de ce type.
Deuxième
conclusion : il reste toutefois des difficultés.
La France et l'Allemagne ne sont pas à
égalité en ce qui concerne ces aspects. Il existe au moins deux
domaines de divergences à l'heure actuelle.
Tout d'abord, l'organisation de la police allemande exige que
les policiers projetés soient pour une moitié issus des
Länder et pour l'autre moitié issus du BGS ; avec
toutes les difficultés induites mentionnées plus haut.
Ensuite, le manque certain d'une force de gendarmerie tient de
fait l'Allemagne en dehors de tout ce champ d'action qui n'est pas anecdotique.
L'Auswärtiges Amt prend conscience de l'incapacité
allemande à trouver la flexibilité nécessaire pour
répondre à certains types de crises. L'Allemagne est de fait
confrontée à un choix crucial entre l'engagement de son
armée, qui n'est pas du tout formée aux techniques de maintien de
l'ordre comme le peut être l'armée française ; et
l'engagement de sa police, qui n'est pas formée au rétablissement
de la paix.
Or, l'actualité montre que la situation reste
fluctuante entre maintien de l'ordre et rétablissement de la paix (comme
c'est le cas au Kosovo).
Autrement dit, une fois de plus, c'est le pragmatisme qui
façonne la PESD en indiquant les besoins en terme de personnels, de
structures et de doctrines.
3-3 C'est enfin assurer la relève par une police
locale, d'où le rôle de la formation :
Dans ce domaine, nous sommes contraints d'étudier des
faits qui ne relèvent pas directement de la PESD mais qui sont
déjà pour partie réels. En effet, l'Allemagne met en ce
moment même en oeuvre une action de formation de policiers irakiens. Ces
derniers sont acheminés aux Émirats Arabes Unis en vue d'y
recevoir une formation dispensée par la police allemande.
Entre les deux, la gendarmerie
« européenne ». Il s'agit d'une proposition
française, acceptée par la plupart des partenaires
européens et dont la juridiction ne serait pas à proprement
parler établie sur le territoire européen, mais sur un
théâtre de crise, afin de devancer et de préparer
l'arrivée de forces de police traditionnelles. Elle est comprise de fait
comme entrant dans la « phase de transition » entre les
volets militaires et civils de la PESD. C'est la mission PROXIMA qui a
démontré son intérêt. Elle a été
présentée au mois de février 2004 par le ministre
français de la Défense.
Le 4 avril 2004, le Ministre français de la
Défense a déclaré souhaiter voir une déclaration
politique commune aux cinq pays partenaires de la Force de Gendarmerie
Européenne (FGE) avant l'été 2004 être
prononcée.
Le concept de cette FGE doit se décliner autour de
quelques éléments moteurs. Il faut noter que son action sera
prioritairement utilisée au profit de l'Union Européenne,
toutefois, son champ d'action couvrira également les opérations
conduites par des organisations internationales comme l'ONU, l'OSCE ou
l'OTAN.
Elle pourrait également oeuvrer au profit de telle ou
telle coalition. Son nom sera probablement « EUROGENDFOR ».
Le réservoir devant permettre d'armer la force serait commun aux
réservoirs annoncés au profit des différents outils de
gestion de crises dont celui de la force de police européenne. Le
principe de non duplication serait alors respecté.
Or, pour que la PESD obtienne une vraie
légitimité vis-à-vis des autres États Membres, il
est nécessaire qu'elle ne soit pas une simple redite des fonctions
d'autres organisations internationales. Cette préoccupation est
récurrente lorsqu'il s'agit de penser la PESD. Cela a plusieurs
implications sur le plan policier.
En effet, la France et l'Allemagne, on l'a vu, ont chacune un
outil de police propre. L'habitude qu'elles ont prise de travailler ensemble
sur un certain nombre de points leur donne une crédibilité pour
mettre en place des outils communs.
Sa valeur est quadruple70(*) :
· Valeur ajoutée économique
· Valeur ajoutée par rapport à l'OTAN,
organisation dont le concept de gestion des crises est essentiellement
militaire ;
· Valeur ajoutée par rapport à l'ONU, dont
les moyens financiers sont comptés et l'efficacité parfois mise
en cause ;
· Valeur ajoutée fédératrice au sein
de l'Union, puisque ce volet civil, et en particulier son volet force de police
européenne, et pour de nombreux Etats qui, par leur tradition
diplomatique ou parce qu'ils ne constituent pas des puissances militaires,
ouvre un champ d'épanouissement pour leur stratégie, pour leur
influence.
Conclusion de la
troisième partie :
La France et l'Allemagne collaborent efficacement au travers
de leurs différentes polices. Mais, le concept même de PESD exige
davantage qu'une coopération de ce type. En effet, il s'agit de mettre
en place des opérations communes de police sur un théâtre
extérieur. Cela n'est possible qu'à la condition d'avoir une
réflexion en matière de police commune. Or, la France
possède une gendarmerie, qui est une force militaire placée pour
emploi auprès du ministère de l'Intérieur, une police
nationale qui relève directement de ce même ministère, et
des polices municipales qui dépendent des villes. L'Allemagne compte un
BGS, des PolizeiKräfte par Land et une administration
fédérale de police criminelle. La principale difficulté
consiste donc à trouver des interlocuteurs dans le pays voisin, dont les
compétences juridiques soient équivalentes. Dans le cadre de la
PESD les mêmes difficultés existent.
Se posent aussi les problèmes de ressource qui ne sont
pas négligeables au regard de la population envisagée, qui est
particulièrement qualifiée et dont les effectifs sont donc
très restreints. Ces problèmes sont d'ordre juridique. Il serait
nécessaire de parvenir à une juridiction commune entre les
États européens permettant à un fonctionnaire
d'exécuter plusieurs missions à l'étranger dans le cadre
de la PESD.
Conclusion
générale.
La France et l'Allemagne jouent un rôle de premier ordre
dans la construction de la PESD. Tout ce qui concerne les Affaires
Étrangères, à l'heure actuelle, est fait sous couvert de
la coopération franco-allemande. Il n'est pas question pour l'un des
deux pays, de prendre une position sans avoir pris connaissance des intentions
de l'autre. La volonté est donc très forte d'ancrer le
« couple » franco-allemand dans l'opinion publique, et de
prouver son bon fonctionnement aux autres partenaires de l'Union
Européenne.
Les difficultés rencontrées entre les deux pays
sont importantes. Il arrive que l'entente s'essouffle et ne produise plus
d'avancées significatives. Dans ces moments là, c'est l'Europe en
général qui voit son activité ralentie. Cependant, et la
remarque est d'importance, même dans ces moments là, la France et
l'Allemagne restent ouvertes au dialogue. Les militaires des deux
États-Majors continuent de se rencontrer, les polices poursuivent leur
coopération et les ministères des Affaires
Étrangères cherchent à renouer le dialogue. On ne peut
donc pas nier que les difficultés existent. On ne peut pas non plus
affirmer qu'elles sont la preuve que la France et l'Allemagne ne peuvent pas
durablement coopérer. C'est ce statut ambivalent, entre accord et
désaccord qui fait la valeur du moteur franco-allemand. Sa dynamique
dès lors est très intéressante. Elle vient le plus souvent
des blocages rencontrés au cours des avancées. La PESD ne peut
pas être décrétée a priori. Elle se
construit au fur et à mesure des crises d'une part et des
désaccords entre les États européens d'autre part. En
cela, la France et l'Allemagne semblent alors très bien placées
pour dévoiler un grand nombre de problèmes qui pourraient
ralentir ou mettre en péril la construction de la PESD. En trouvant des
solutions adaptées, le moteur franco-allemand est donc une force de
proposition particulièrement pertinente. En réalité, les
solutions qu'il préconise apparaissent comme des solutions efficientes,
puisqu'elles ont fait leurs preuves au sein du couple franco-allemand.
Le moteur franco-allemand n'est pas une « direction
collégiale ». Même en y ajoutant la Grande-Bretagne,
rien ne peut être imposé par ces États aux autres
États-membres. Toutefois, le bon fonctionnement de la coopération
bilatérale semble être une condition de la bonne construction de
la PESD.
ANNEXES
1. Déclaration commune du 22 janvier 1963.
2. Rapport de la Commission franco-allemande de
sécurité et de défense du 27 octobre 1986.
3. Protocole du 22 janvier 1988 sur le Conseil franco-allemand de
défense et de sécurité.
4. Déclaration de Nantes du 23 novembre 2001.
5. Rapport du Président du Groupe de travail VIII
"Défense" à la Convention
Objet : Rapport final du Groupe de travail VIII
"Défense"
6. Rapport sur la nouvelle architecture européenne de
sécurité et de défense - Priorités et lacunes.
Déclaration commune du 22 janvier 1963
Le Général de Gaulle, Président de la
République française, et le Dr. Konrad Adenauer, Chancelier de la
République fédérale d'Allemagne,
A l'issue de la conférence qui s'est tenue à
Paris les 21 et 22 janvier 1963 et à laquelle ont assisté, du
côté français, le Premier ministre, le ministre des
Affaires étrangères, le ministre des Armées et le ministre
de l'Education nationale ; du côté allemand, le ministre des
Affaires étrangères, le ministre de la Défense et le
ministre de la Famille et de la Jeunesse,
Convaincus que la réconciliation du peuple allemand et
du peuple français, mettant fin à une rivalité
séculaire, constitue un événement historique qui
transforme profondément les relations entre les deux peuples,
Conscients de la solidarité qui unit les deux peuples
tant (lu point de vue de leur sécurité que du point de vue de
leur développement économique et culturel,
Constatant en particulier que la jeunesse a pris conscience de
cette solidarité et se trouve appelée à jouer un
rôle déterminant dans la consolidation de l'amitié
franco-allemande,
Reconnaissant qu'un renforcement de la coopération
entre les deux pays constitue une étape indispensable sur la voie de
l'Europe unie, qui est le but des deux peuples,
Ont donné leur accord à l'organisation et aux
principes de la coopération entre les deux Etats tels qu'ils sont repris
dans le Traité signé en date de ce jour.
Fait à Paris, le 22 janvier 1963, en double exemplaire
en langue allemande et en langue française.
Le Président de la République
française
Le Chancelier fédéral de la République
fédérale d'Allemagne
Rapport de la Commission franco-allemande de
sécurité et de défense
(Approuvé par les ministres des Affaires
Étrangères et de la Défense, le 27 octobre 1986, au sommet
de Francfort).
I.
Conscients du caractère commun de leurs
intérêts de sécurité, la France et la
République fédérale d'Allemagne ont fait de leur
coopération en la matière un important volet du Traité de
1963. La mise en oeuvre complète des dispositions de celui-ci,
décidée en février 1982, a marqué une étape
nouvelle du développement de leurs relations bilatérales.
Depuis quatre années, en application de cette
décision, les quatre ministres des Affaires étrangères et
de la Défense se réunissent avant chaque sommet. Ces rencontres
régulières, spécifiquement consacrées à
l'examen des questions de sécurité d'intérêt commun,
ainsi que les travaux de la Commission permanente, et des trois groupes de
travail que celle-ci anime constituent une pratique institutionnelle sans
précédent dans l'histoire européenne.
Celle-ci marque l'accord des gouvernements des deux pays sur les
constatations suivantes
· Notre objectif commun est de consolider la paix et la
sécurité. La France et la République
fédérale d'Allemagne ont un intérêt conjoint
à dissuader toute agression et toute tentative d'intimidation en Europe.
Chaque pays y contribue au sein de l'Alliance en fonction de ses choix
nationaux.
· Les deux pays oeuvrent au renforcement de la
coopération européenne, notamment dans le domaine de la
sécurité, dans le cadre de la Coopération politique
européenne, de l'Union de l'Europe Occidentale et du Groupe
Européen Indépendant de Programmes. Ce faisant, ils concourent
à l'affirmation du rôle des Européens au sein de l'Alliance
et ainsi au renforcement de cette dernière.
Les deux pays s'accordent pour estimer que l'objectif de
l'Alliance demeure la Sécurité commune assurée par des
moyens militaires adéquats et une solidarité politique de ses
membres. Ceci leur permet de poursuivre le dialogue et la coopération
avec les pays de l'Est en vue de créer une situation plus stable. Dans
ce contexte, ils veillent à éviter que le dialogue établi
avec l'Est n'ait pour effet de donner à l'Union Soviétique un
droit de regard sur leurs options de défense.
Le développement de la coopération franco-allemande
ne peut pas ne pas tenir compte de l'évolution des relations Est-Ouest
et de ses incidences sur la sécurité de l'Europe.
La parité nucléaire qui s'est établie entre
les Etats-Unis et l'Union soviétique au cours des années 70 a
aggravé les conséquences des déséquilibres
existants au niveau européen, dans les domaines conventionnel et
chimique.
II.
La République fédérale d'Allemagne supporte
une part très importante de la charge de la défense de l'Europe
au sein de l'Alliance, notamment en matière conventionnelle et en tant
que pays d'accueil des forces et des installations nucléaires et
conventionnelles d'autres alliés. Avec elle, les Etats
intégrés dans l'organisation militaire de l'OTAN poursuivent,
depuis 1967, une stratégie fondée sur la doctrine de la
«riposte flexible» et la «défense de l'avant».
Ayant quitté l'organisation militaire
intégrée, la France maintient des forces conventionnelles
importantes. Celles-ci constituent une réserve opérationnelle
essentielle en Centre-Europe, dont les autorités françaises
peuvent décider la mise en oeuvre conformément aux engagements
d'alliance souscrits par la France.
La force nucléaire indépendante de la France est
maintenue, par un programme de modernisation adéquat, au-dessus du
niveau nécessaire de crédibilité, contribuant ainsi au
renforcement global de la dissuasion de l'Alliance, comme l'a reconnu la
déclaration d'Ottawa de 1974 et comme l'a confirmé le
communiqué de la réunion ministérielle de l'UEO à
Venise du 30 avril 1986.
La France, d'autre part, participe activement à de
nombreuses activités de l'Alliance essentielles pour la défense
commune et notamment celles relatives à l'amélioration de la
coopération en matière d'armement.
Une solidarité manifeste en matière de
sécurité constitue le fondement de la coopération
étroite entre la République fédérale d'Allemagne et
la France. C'est sur cette donnée que se fonde le développement
du dialogue sur la politique de sécurité. Tout en étant
conscients que leur sécurité commune est assurée dans le
cadre de l'Alliance, garante de la solidarité transatlantique, la France
et la République fédérale d'Allemagne savent que les
progrès réalisés dans leur coopération
bilatérale en matière de sécurité constituent une
étape nécessaire sur la voie de la réalisation de l'Union
européenne.
Depuis 1982, les efforts entrepris ont permis de bien marquer les
principales orientations de la coopération franco-allemande en
matière de sécurité et d'en afficher les perspectives
d'avenir.
Les deux pays partagent la même conception de la
sécurité de l'Europe fondée sur le principe de
l'équilibre des forces et le caractère indissociable du
conventionnel et du nucléaire pour dissuader toute agression. Les
décisions prises au sein de l'Alliance pour améliorer les forces
nucléaires et conventionnelles et les mesures adoptées dans ce
contexte par la République fédérale d'Allemagne, d'une
part, et les décisions nationales prises par la France pour renforcer
ses forces nucléaires et conventionnelles, d'autre part, concourent aux
mêmes objectifs.
Le Traité de l'Élysée prévoit que,
sur le plan de la stratégie et de la tactique, les autorités
compétentes des deux pays s'attacheraient «à rapprocher
leurs doctrines en vue d'aboutir à des conceptions communes».
C'est dans ce contexte que doit être
appréciée la portée de la déclaration du 28
février 1986 publiée a l'issue du 47eme sommet franco-allemand
dans laquelle : «le Président de la République
française se déclare disposé à consulter le
Chancelier de la République fédérale d'Allemagne sur
l'emploi éventuel des armes préstratégiques
françaises sur le territoire allemand» dont toutefois «la
décision ne peut être partagée».
Les deux pays sont déterminés à poursuivre
la relance de l'UEO. Ils coopéreront afin d'utiliser davantage cette
enceinte pour étudier de manière plus précise la menace
(par exemple l'évolution des systèmes offensifs et
défensifs) rapprocher les conceptions en présence et renforcer la
coopération dans le domaine de la sécurité. La prise en
compte de la dimension de la sécurité est en effet un
élément indispensable d'une politique ayant pour objectif I
`Union européenne.
Les deux pays étudient actuellement les effets possibles
d'une menace nouvelle que constituent les projectiles à charge classique
ou chimique, balistiques et non balistiques, des forces du Pacte de Varsovie.
S'ils l'estiment nécessaire, ils développeront un concept commun
de défense aérienne élargie qui pourrait constituer
l'amorce d'une coopération technologique de très haut niveau. Les
résultats de ces études pourront être utilisés sur
décision conjointe à l'occasion des travaux menés au sein
de l'Alliance.
La concertation stratégique doit tenir compte de tous ces
différents facteurs. L'analyse commune de la menace actuelle doit
comprendre tous les aspects et toutes les demandes qui concernent la
sécurité de l'Europe.
L'interopérabilité des forces, mais aussi des
procédures opérationnelles et logistiques, est déjà
devenue un objectif prioritaire. Des manoeuvres communes de grandes
unités permettant de tester le soutien à la défense vers
l'avant auront lieu en 1986 et 1987. Il est de l'intérêt commun
que le potentiel de combat du 2eme Corps d'armée français
stationné en grande partie en République fédérale
d'Allemagne et les forces conventionnelles françaises prévues
pour intervenir en Centre-Europe disposent de l'efficacité
opérationnelle la plus élevée possible. Elles doivent
pouvoir intervenir selon les modalités les plus rapides.
· Les plans de crise et la coordination des
décisions qu'ils impliquent pourraient également faire l'objet
d'exercices communs avec la participation de l'échelon gouvernemental
· Une information mutuelle sur les politiques de
planification des forces à court et à moyen terme pourrait
faciliter le rapprochement souhaité.
· Une importance particulière revient à
l'instruction commune des troupes et des cadres. La première pourrait
faciliter les contacts entre soldats du contingent. La seconde pourrait
commencer par l'envoi d'officiers de liaison et d'observateurs au cours des
différentes manoeuvres et surtout se poursuivre par des stages pour les
officiers des deux armées appelés à servir clans les
États-majors de haut niveau. A cet égard, un programme
d'intensification des échanges entre stagiaires suivant les cours de
l'enseignement militaire supérieur a été proposé et
doit être mis en oeuvre rapidement.
Toutes ces mesures supposent que nos deux armées
consentent un effort accru et continu pour développer et promouvoir la
connaissance de la langue de son partenaire
A travers la coopération bilatérale, la France et
la République fédérale d'Allemagne se donnent aussi pour
objectif le renforcement de leur coopération dans le domaine de
l'armement.
· L'objectif demeure de maintenir et de
développer la hase technologique de l'Europe occidentale dans un secteur
crucial pour la défense de celle-ci, en tenant compte des très
rapides progrès de la technologie. Il convient à cet égard
d'utiliser Tes possibilités de coopération clans tous les
domaines actuels de la recherche et de la technologie et d'améliorer les
efforts de réduction des coûts et des délais de
réalisation des équipements et systèmes d'armes que la
menace rend nécessaires.
· Comme l'avait prévu le Traité de
l'Elysée, les deux gouvernements doivent continuer de renforcer la
concertation dès le stade de l'élaboration des projets d'armement
et de la préparation des plans de financement. Il s'agit de
réaliser le plus tôt possible et par une approche globale,
l'harmonisation des besoins militaires dès leur expression
(«études de préfaisabilité»), et la
coopération franco-allemande en matière de sécurité
et de défense devrait faciliter ce processus de concertation. Par
ailleurs, la coopération devrait également tenir compte de
l'harmonisation - autrement dit de la juste appréciation - des
intérêts des deux pays et plus particulièrement de leurs
objectifs technologiques et économiques.
· La coopération franco-allemande doit aussi se
donner pour but de maintenir une industrie d'armement compétitive et
diversifiée en Europe de l'Ouest. Elle peut ainsi apporter une
contribution importante à l'effort des pays européens en vue de
leur propre défense tout en renforçant le pilier européen
dans l'Alliance. En effet, la France et la République
fédérale d'Allemagne considèrent que les efforts des deux
pays peuvent contribuer à dégager des solutions
européennes aux problèmes de I' Alliance.
· Le rapprochement des doctrines des deux pays y
contribuera largement.
Protocole du 22 janvier 1988 sur le Conseil
franco-allemand de défense et de sécurité.
La République française et la République
fédérale d'Allemagne,
· Convaincues que la construction européenne
restera incomplète tant qu'elle ne s'étendra pas à la
sécurité et à la défense,
· Déterminées, dans ce but, à
étendre et à renforcer leur coopération sur la base du
Traité sur la coopération franco-allemande en date du 22 janvier
1963, dont la mise en oeuvre a été notamment marquée par
les déclarations du 22 octobre 1982 et du 28 février 1986,
· Convaincues de la nécessité,
conformément à la déclaration des ministres des Etats de
l'Union de l'Europe Occidentale à La Haye, le 27 octobre 1987, de
promouvoir une identité européenne en matière de
défense et de sécurité qui, conformément aux
engagements de solidarité auxquels elles ont souscrit tant par le
Traité de Bruxelles modifié que par le Traité de
l'Atlantique Nord, traduise effectivement la communauté de destin qui
lie les deux pays,
· Décidées à faire en sorte que,
conformément aux dispositions de l'article 5 du Traité
de Bruxelles modifié, leur détermination à défendre
à leurs frontières tous les Etats parties à ce
traité soit manifeste et assurée par les moyens
nécessaires,
· Convaincues que la stratégie de dissuasion
et de défense, sur laquelle repose leur sécurité et qui
est destinée à empêcher la guerre doit continuer à
se fonder sur une combinaison appropriée de forces nucléaires et
conventionnelles.
· Déterminées à maintenir, en
association avec leurs autres partenaires et compte-tenu de leurs options
propres au sein de l'Alliance de l'Atlantique Nord, une contribution militaire
adéquate, de nature à prévenir toute agression ou
tentative d'intimidation en Europe,
· Convaincues que tous les peuples de notre continent
ont un même droit à vivre dans la paix et la liberté et que
le renforcement de l'une comme de l'autre est la condition de
l'établissement d'un ordre de paix juste et durable dans l'ensemble de
l'Europe,
· Déterminées à ce que leur
coopération contribue à la poursuite de ces objectifs,
· Conscientes de leurs intérêts communs
de sécurité et déterminées à rapprocher
leurs positions sur toutes les questions concernant la défense et la
sécurité de l'Europe,
Sont convenues, à cette fin, des dispositions qui
suivent
Article 1
En vue de donner effet à la communauté de destin
qui lie les deux pays et de développer leur coopération dans le
domaine de la défense et de la sécurité, il est
créé, conformément aux objectifs et aux dispositions du
Traité entre la République française et la
République fédérale d'Allemagne sur la coopération
franco-allemande en date du 22janvier 1963, un Conseil franco-allemand de
défense et de sécurité.
Article 2
Le Conseil est composé des chefs d'Etat et de
gouvernement et des ministres des Affaires étrangères et de la
Défense. Le chef d'état-major des armées et l'inspecteur
général de la Bundeswehr y siègent ès
qualité.
Le comité du Conseil est composé des ministres
des Affaires étrangères et de la Défense. De hauts
fonctionnaires civils et militaires responsables de la coopération
bilatérale dans le domaine de la défense et de la
sécurité peuvent être appelés à participer
à ses travaux.
Article 3
Le Conseil franco-allemand de défense et de
sécurité se réunit au moins deux fois par an,
alternativement en France et en République fédérale
d'Allemagne.
Ses travaux sont préparés par le Comité
du Conseil sur le rapport de la commission permanente de défense et de
sécurité franco-allemande.
Article 4
Les travaux du Conseil franco-allemand de défense et de
sécurité ont, en particulier, pour objet
· d'élaborer des conceptions communes dans le
domaine de la défense et de la sécurité,
· d'assurer le développement de la
concertation des deux Etats sur toutes les questions intéressant la
sécurité de l'Europe, y compris dans le domaine de la
maîtrise des armements et du désarmement.
· d'adopter les décisions appropriées
concernant les unités militaires mixtes qui sont constituées d'un
commun accord,
· d'adopter des décisions relatives aux
manoeuvres communes, à la formation des personnels militaires ainsi
qu'aux accords de soutien permettant de renforcer la capacité des forces
armées des deux pays à coopérer en temps de paix, comme en
temps de crise ou de guerre,
· d'améliorer l'interopérabilité
des matériels des deux armées,
· de développer et d'approfondir la
coopération en matière d'armements en prenant en
considération la nécessité, pour assurer la défense
commune, du maintien et du renforcement, en Europe, d'un potentiel industriel
et technologique adéquat.
Article 5
Le Secrétariat du Conseil franco-allemand de
défense et de sécurité et du Comité du Conseil est
placé sous la responsabilité de représentants des deux
Etats. Le siège du Secrétariat sera établi à
Paris.
Article 6
Le présent protocole est annexé au Traité
entre la République française et la République
fédérale d'Allemagne sur la coopération franco-allemande
en date du 22janvier 1963, dont il constitue une partie intégrante.
Il entrera en vigueur dès que chacun des deux
gouvernements aura fait savoir à l'autre que, sur le plan interne, les
conditions nécessaires à sa mise en oeuvre ont été
remplies.
Fait à Paris, le 22janvier 1988, en double exemplaire,
en langue française et en langue allemande, les deux textes faisant
également foi.
Pour la République française
Le Président de la République,
Le Premier ministre
Pour la République fédérale d'Allemagne:
Le Chancelier fédéral,
Le ministre fédéral des Affaires
étrangères
LA CONVENTION EUROPEENNE
LE SECRETARIAT
Bruxelles, le 16 décembre 2002
RAPPORT
du Président du Groupe de travail VIII "Défense"
à la Convention
Objet : Rapport final du Groupe de travail VIII
"Défense"
6. Le concept de sécurité est un concept
très large, par nature indivisible, qui va au-delà des
aspects purement militaires et comprend non seulement la
sécurité des Etats mais également
celle des citoyens. A partir de ce concept large de la notion de
sécurité, la politique étrangère
et de sécurité commune et la PESD qui en fait
partie favorisent la promotion de la sécurité
internationale sur la base de solutions multilatérales et
du respect du droit international.
La prévention des conflits est un élément
essentiel de l'approche de l'Union en matière de
relations internationales. La PESD permet à l'Union de
disposer d'options militaires qui
s'ajoutent aux instruments civils de prévention et de
gestion de crises.
La portée de la PESD, qui inclut
"toutes les questions relatives à la
sécurité de l'Union y compris la définition progressive
d'une politique de défense commune (...) qui pourrait
conduire à une défense commune si le
Conseil européen en décide ainsi." Le même
article (paragraphe 2) précise que les questions
de sécurité comprennent les tâches de
Petersberg, notamment "les missions humanitaires et
d'évacuation, les missions de maintien de la paix et les
missions de forces de combat pour la
gestion des crises, y compris les missions de
rétablissement de la paix."
8. Le nouveau contexte international et les limites de l'action
des Etats membres de l'Union
constatées lors de la crise des Balkans ont conduit
à examiner les moyens de donner une
portée concrète à la PESD.
10. Lors de la réunion du Conseil européen de
Cologne (3-4 juin 1999), les chefs d'Etat ou de
gouvernement des Etats membres de l'Union européenne ont
pris la décision de doter l'Union d'une capacité d'action
autonome soutenue par des forces militaires crédibles, d'avoir les
moyens de décider d'y recourir et d'être prêts
à le faire afin de réagir face aux crises
internationales.
Les chefs d'Etat ou de gouvernement ont confirmé qu'ils
entendaient doter l'Union européenne d'une capacité de
décision autonome et précisé leur intention, là
où l'OTAN en tant que telle n'est pas engagée, de lancer et
conduire des opérations militaires sous la direction de l'Union
européenne en réponse à des crises internationales. Ces
conclusions ont été approfondies par la suite par le Conseil
européen. Bien que la priorité naturelle de l'Union
européenne, dans son action de gestion de crises à
l'extérieur de l'Union, reste relativement proche de ses
frontières, ni le traité, ni les conclusions du Conseil
européen ne posent de limites géographiques à l'action de
l'Union.
11. Lors de la réunion du Conseil européen
d'Helsinki, l'objectif politique établi à Cologne s'est
traduit par l'adoption d'objectifs concrets, relatifs à la
création de forces européennes
crédibles, disponibles et efficaces. Aux termes de cet
objectif (appelé désormais l'objectif
global d'Helsinki - "Helsinki Headline goal"), les Etats membres
s'engagent, à partir de
l'année 2003 et en coopérant volontairement,
à pouvoir déployer rapidement (dans un délai
de 60 jours) et soutenir (pendant au moins une année) des
forces capables de mener à bien
l'ensemble des missions de Petersberg définies dans le
traité d'Amsterdam, y compris celles
qui demanderaient des forces importantes allant jusqu'au niveau
du corps d'armée (jusqu'à 15
brigades, soit 50 000 à 60 000 hommes).
Les Etats membres doivent également être en mesure
de déployer des éléments plus limités
de réaction rapide, présentant un très haut
degré de disponibilité. Ces forces doivent être
autosuffisantes et dotées des capacités
nécessaires de commandement, de contrôle et de
renseignement et disposer de la logistique et d'autres
unités d'appui aux combats ainsi que, en
cas de besoin, d'éléments aériens et navals.
Les Etats membres de l'Union européenne ont
également établi des objectifs communs de
capacités (commandement et contrôle,
reconnaissance, transport stratégique).
17. Bien que des progrès considérables aient
été accomplis pour identifier les lacunes et les
combler, il faut constater que les résultats restent
insatisfaisants et appellent des efforts
supplémentaires.
18. Les lacunes critiques portent sur les éléments
suivants :
- le système de commandement, de contrôle et de
communication ;
- le renseignement stratégique et la surveillance et la
protection des troupes engagées ;
- le transport stratégique aérien et maritime ;
- la capacité d'engagement effectif.
20. Depuis le Conseil européen de Feira, la notion
d'objectifs de capacité a également été
appliquée au domaine civil - notamment aux
capacités en matière de police, ainsi qu'aux
capacités nécessaires pour des actions
destinées à contribuer au respect de l'Etat de droit, à la
mise en place d'une administration civile et à la
protection civile. Un comité chargé des
aspects civils de la gestion des crises a également
été constitué. Depuis lors, des conférences
d'amélioration des capacités civiles ont
été organisées et un plan d'action a été
adopté pour les
capacités de police.
27. L'action internationale de l'Union est fondée sur une
approche multilatérale. L'Union agit
pour la paix et le renforcement de la sécurité
internationale conformément aux principes de la
Charte des Nations unies. L'Union reconnaît qu'il
appartient en premier lieu au Conseil de
sécurité des Nations unies de veiller au maintien
de la paix et de la sécurité internationales.
28. Lors de la réunion du Conseil européen de
Göteborg (15-16 juin 2001), les chefs d'Etat ou de
gouvernement des pays membres ont également pris des
décisions importantes pour
intensifier la coopération entre l'Union européenne
et les Nations unies, notamment en
matière de prévention des conflits et de gestion
des crises.
78ème Sommet franco-allemand 23/11/2001
Déclarations de Nantes
(Nantes, 23 novembre 2001)
Nantes, 23 novembre 2001
A un moment où la crise afghane prend un nouveau
tournant avec
l'effondrement du régime des Talibans, la France et
l'Allemagne réaffirment
leur détermination à éradiquer le
terrorisme international qui constitue
une menace pour toutes les démocraties. Elles
apportent leur entier
soutien à l'action de l'ONU dans ce pays.
Notre objectif est la formation en Afghanistan, dans les
plus brefs
délais, d'une administration transitoire, puis la
mise en place d'un
gouvernement légitime, largement
représentatif, multiethnique et décidé à
instaurer les Droits de l'Homme. A cet égard, nous
fondons beaucoup
d'espoirs dans la conférence des Nations unies qui
va s'ouvrir à Bonn sous
l'autorité de M. Lakhdar Brahimi,
Représentant spécial du Secrétaire
général des Nations unies, à qui nous
apportons notre entier soutien.
Dans l'immédiat, nous attendons de tous les
dirigeants afghans qu'ils
aient un comportement responsable, conforme aux intentions
qu'ils ont
affichées. La France et l'Allemagne sont
prêtes à aider les Afghans à
construire l'Afghanistan de demain et non à revenir
à l'Afghanistan d'hier
en butte aux conflits dont la population a toujours
été la victime
impuissante. Cet élément sera un facteur
déterminant dans la contribution
que nos deux pays apporteront à la reconstruction de
l'Afghanistan.
Nous conjuguerons nos efforts en ce sens au sein de l'Union
européenne,
qui doit avoir toute sa place dans ce processus. Nous
apprécions la
décision prise par le Conseil Affaires
générales de l'Union européenne de
désigner un représentant spécial pour
l'Afghanistan.
L'aide humanitaire est la priorité. Elle doit
être massive et sans
conditions. La France et l'Allemagne y participent. Elles
sont prêtes,
chacune selon des modalités qui lui sont propres,
à favoriser
l'acheminement, sur le terrain, dans les meilleures
conditions possibles,
de cette assistance fournie par les organisations
internationales et par
leurs ONG.
Enfin, au moment ou une information libre commence à
retrouver droit de
cité en Afghanistan, la France et l'Allemagne
rendent hommage aux
journalistes qui ont perdu la vie en accomplissant leur
métier./.
(Source : site Internet de la présidence de la
République)
78EMES CONSULTATIONS FRANCO-ALLEMANDES
DECLARATION
SUR LES GRANDES PRIORITES EUROPEENNES
La coopération franco-allemande a parmi ses objectifs
traditionnels celui
d'être un moteur de l'intégration
européenne. Comme cela a déjà été le cas
dans l'histoire de l'intégration européenne,
la France et l'Allemagne sont
déterminées, au moment où s'engage un
débat sur l'avenir de l'Union et
dans la perspective de la Conférence
intergouvernementale de 2004, à
donner de nouvelles impulsions pour préserver et
renforcer la dynamique du
projet européen.
Les terribles attentats terroristes du 11 septembre 2001
ont placé l'Union
devant de nouveaux défis. Ils rendent encore plus
pressante la nécessité,
pour les Etats membres de l'UE, d'assumer plus efficacement
leurs
responsabilités à l'intérieur -
vis-à-vis de leurs ressortissants - et
aussi à l'extérieur - par rapport aux
événements mondiaux.
***
Face à la menace d'un terrorisme mondial, l'Union
doit renforcer ses
politiques, en particulier dans les domaines de la justice
et des affaires
intérieures ;
Dans ses relations extérieures, l'Union doit
améliorer ses instruments et
ses structures lui permettant d'assumer pleinement son
rôle dans le monde
;
L'élargissement de l'Union doit être poursuivi
résolument et sans retard ;
Le débat sur l'avenir de l'Europe et notre objectif
commun d'une
Constitution européenne ont pour enjeu une Union
efficace, forte et
démocratique, dotée d'une direction et d'une
responsabilité claires.
***
1 - La création d'un espace de liberté, de
sécurité et de justice, engagée
par le Conseil européen de Tampere, doit être
menée à terme avec une
énergie renouvelée. En réponse aux
attaques terroristes du 11 septembre
2001, le Conseil européen a adopté, le 21
septembre 2001, un plan d'action
comportant des mesures et des objectifs ambitieux afin de
lutter contre le
terrorisme. Ce plan d'action porte, notamment, sur une
définition commune
du terrorisme, la création d'un mandat d'arrêt
européen, la lutte contre
le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme,
ainsi que sur
l'échange d'informations et la coopération
entre autorités chargées de la
sécurité. La France et l'Allemagne sont
résolues à conjuguer leurs efforts
pour que les décisions prévues soient prises
dans les délais impartis.
A plus long terme, d'autres initiatives ambitieuses
devraient être
examinées pour garantir encore mieux la
sécurité de notre continent,
telles que la mise en place d'une police européenne
permettant d'assurer
une meilleure surveillance des frontières
extérieures de l'Union, le
renforcement d'Europol, dans la perspective de la
création d'une police
intégrée chargée de la lutte contre le
terrorisme international et la
criminalité organisée, en coopération
avec les administrations nationales
concernées, le renforcement de la coopération
judiciaire, en particulier
d'Eurojust, dans la perspective d'un parquet
européen, le rapprochement
des activités conduites par les consulats des Etats
membres hors de
l'Union.
2 - L'Europe se trouve également confrontée
aujourd'hui à de nouveaux
défis dans le domaine de la politique
étrangère et de sécurité. L'Union
joue dès à présent un rôle
central dans le sud-est de l'Europe et un rôle
croissant au Moyen-Orient. La situation internationale
renforce encore
l'importance de son action pour endiguer la violence,
prévenir les
conflits et assurer la paix.
La France et l'Allemagne considèrent que l'Union
européenne doit compléter
ses moyens lui permettant de jouer de manière encore
plus efficace son
rôle dans le monde. Il convient d'améliorer la
cohérence entre la
politique extérieure des Etats membres et la
politique extérieure de
l'Union. L'Union doit, notamment, mieux mobiliser le large
éventail
d'instruments dont elle dispose et qui constitue un atout
précieux. Afin
de renforcer l'action extérieure de l'Union et de
lui donner plus de
cohérence et de visibilité, il convient de
développer la synergie entre
l'action du Haut Représentant pour la politique
étrangère et de sécurité
commune et celle du Commissaire chargé des relations
extérieures. La
France et l'Allemagne présenteront des propositions
à cette fin.
Le développement et la mise en oeuvre d'une
politique européenne de
sécurité et de défense doit
également être poursuivie énergiquement et
acquérir une nouvelle dimension. La France et
l'Allemagne estiment que le
projet de défense européenne ne saurait se
limiter aux " missions de
Petersberg ", et doit s'inscrire, conformément au
Traité sur l'Union
européenne, dans la perspective d'une défense
commune. L'Alliance
atlantique reste la base de la défense collective de
ses Etats membres. La
PESD doit également mettre en place les moyens
nécessaires à la lutte
contre le terrorisme international. Enfin, la dimension
industrielle de la
défense européenne doit être une
priorité.
3 - Les défis économiques auxquels est
confrontée l'Europe se sont
également accrus et exigent des réponses
convaincantes. Le 1er janvier
2002, avec l'introduction des pièces et billets en
euro, le processus
historique de création d'une monnaie
européenne aura trouvé son épilogue.
Grâce à l'euro, l'Union repose, même en
cas d'instabilité de l'économie
mondiale, sur une assise économique plus large et
plus stable. La monnaie
unique renforce la capacité de l'Europe à
mieux faire entendre sa voix
dans le concert monétaire international.
Au-delà des politiques communes déjà
existantes et qui devront être
poursuivies et intensifiées, comme, par exemple, la
coordination des
politiques économiques des Etats membres nos deux
pays estiment important
de faire des progrès dans les domaines suivants :
une harmonisation de la
fiscalité, notamment celle des entreprises,
l'établissement d'un véritable
marché financier unique, l'amélioration et le
renforcement du modèle
social européen en préservant, notamment, les
services d'intérêt
économique général, la lutte contre
les exclusions et les discriminations.
4 - En raison même des nouveaux défis internationaux
auxquels l'Union doit
faire face, la France et l'Allemagne sont résolues
à maintenir, avec la
même énergie, le cap de son
élargissement, conformément au calendrier
convenu. Avec l'entrée en vigueur du traité
de Nice, l'Union sera prête à
admettre de nouveaux membres. Les candidats à
l'adhésion doivent, en
poursuivant activement les processus de réforme,
créer de leur côté les
conditions d'une prompte adhésion, à savoir
la reprise de l'acquis
communautaire et la capacité de l'appliquer. Les
pays candidats à
l'adhésion, mais aussi tous les Etats membres
actuels de l'Union,
profiteront directement de l'élargissement, tant sur
le plan politique
qu'économique. Il constitue une contribution
fondamentale à l'unité d'une
Europe divisée depuis trop longtemps.
5 - La Conférence intergouvernementale de 2004 et le
processus de débat
démocratique qui la précédera ont pour
objectifs une intégration plus
grande, le fonctionnement efficace d'une démocratie
européenne plus
transparente et plus légitime. La Constitution
européenne que souhaitent
l'Allemagne et la France sera une étape essentielle
dans le processus
historique d'intégration européenne.
La France et l'Allemagne se réjouissent de la
prochaine mise en place,
lors du Conseil européen de Laeken, de la Convention
composée de
représentants des Etats membres, des parlements
nationaux, du Parlement
européen et de la Commission européenne, dont
les travaux associeront
étroitement les pays candidats et qui organisera une
concertation intense
avec la société civile. Cette convention
constitue un instrument novateur
pour préparer les options nécessaires aux
réformes dont l'Europe a besoin.
Ces réformes doivent, notamment, permettre au
citoyen de mieux percevoir
où se situe, à l'échelon
européen, la responsabilité politique d'une
décision et d'exercer une influence
démocratique sur cette décision.
C'est dans ce contexte plus large qu'il convient de traiter
les quatre
thèmes qui figurent dans la Déclaration sur
l'avenir de l'Union : la
question de la délimitation des compétences
entre l'Union et les Etats
membres, le rôle des parlements nationaux, la
simplification des traités
et l'incorporation de la Charte des droits fondamentaux
dans les traités.
Ces questions conduisent à des réflexions
plus approfondies au sujet du
processus de constitutionnalisation des traités et
des relations entre les
institutions de l'Union, y compris une clarifications des
fonctions
législatives et exécutives. Nos deux pays
demeurent ouverts à la
discussion de tous les thèmes liés à
la réforme portant sur l'avenir de
l'Union. Cela comprend aussi la question de l'extension du
vote à la
majorité qualifiée.
L'Allemagne et la France partagent déjà des
positions identiques sur un
grand nombre de ces réformes, comme, par exemple,
l'intégration de la
Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne
dans la future
constitution européenne, ou la division des
traités en une partie
constitutionnelle et une partie infra-constitutionnelle
plus facile à
faire évoluer, ou encore une organisation des
compétences qui soit plus
compréhensible et plus transparente.
Nous sommes résolus à rechercher, constamment
et dans la durée, des
accords sur toutes les questions qui résulteront des
travaux de la
convention et nous sommes très confiants dans la
possibilité de parvenir à
ces consensus.
Le Conseil européen de Laeken intervient à un
moment de choix politiques
importants. Il dépend des Etats membres de l'Union,
dont la France et
l'Allemagne, que ce Conseil pose les bonnes questions qui
permettront de
donner les réponses appropriées aux
défis auxquels est confrontée l'Union.
COMMUNIQUE CONJOINT
DES COMITES NATIONAUX
D'ETHIQUE FRANCAIS ET ALLEMAND
Le 78ème sommet franco-allemand de Nantes a
été l'occasion pour les
Comités nationaux d'éthique français
et allemand de tenir le jeudi 22
novembre leur première réunion commune en
formation restreinte.
S'inscrivant dans la continuité d'une
démarche déjà largement entamée au
plan européen, ils ont décidé
d'institutionnaliser leurs échanges et de
leur conférer un caractère périodique
annuel : une seconde rencontre est
prévue au mois de juin 2002 en Allemagne.
Les deux Comités considèrent ces
échanges bilatéraux comme un
enrichissement de la réflexion européenne
à propos de questions que des
cultures à la fois proches et lointaines
amènent à aborder de manière
bilatérale avant de les envisager de façon
collective.
Les échanges ont porté sur un certain nombre
de thèmes déterminés d'un
commun accord en raison de leur actualité et de
l'importance des questions
éthiques qu'ils soulèvent. Les deux
Comités ont abordé les problèmes
éthiques posés par le statut des cellules
souches embryonnaires et la
possibilité de leur importation. A l'issue des
discussions les deux
Comités ont constaté que l'importance de ces
problèmes dépassait le cadre
national et même bilatéral. En effet les
enjeux sont tels qu'ils
concernent l'humanité dans son ensemble et devraient
faire l'objet d'une
réflexion et d'un encadrement très
précis au niveau international.
Les délégations allemande et française
se sont également intéressées au
statut des centres de ressource biologique ; elles
soulèvent d'importantes
questions éthiques relatives notamment aux droits de
propriétés
industrielles et aux modalités du consentement des
donneurs et nécessitent
un encadrement législatif.
Enfin les membres des deux Comités ont
comparé leurs réflexions sur
l'utilisation des données génétiques,
la brevetabilité du génome et les
conditions du libre accès à la
connaissance.
Ils ont souhaité que cette première rencontre
soit l'occasion de
réaffirmer l'importante nécessité
d'une réflexion européenne voire
mondiale dans la mesure où un certain nombre de
questions comme celle des
cellules souches concerne l'humanité
entière./.
PARLEMENT EUROPÉEN
1999
2004
Document de séance
FINAL
A5-0111/2003
27 mars 2003
RAPPORT
sur la nouvelle architecture européenne de
sécurité et de défense - Priorités et
lacunes
(2002/2165(INI))
Commission des affaires étrangères, des droits de
l'homme, de la sécurité
commune et de la politique de défense
Rapporteur: Philippe Morillon
15. estime que les missions de Petersberg devraient être
revues et étendues à d'autres missions
incluant le recours aux ressources militaires, telles que la
prévention des conflits, des
opérations conjointes de désarmement, des conseils
et une assistance militaires, la
stabilisation après les conflits et la lutte contre le
terrorisme; ce qui doit amener l'Union
européenne à prévoir différents types
d'intervention d'intensité variable;
16. estime que la gestion des conflits civils doit être
mise sur le même plan que les aspects
militaires des missions de Petersberg et reconnue comme un
élément central de la politique commune de sécurité
et de défense; souligne que l'Union doit être en mesure de
répondre aux besoins de gestion des conflits civils par le
déploiement cohérent et concerté
des capacités des États membres et des instruments
communautaires, en vue de prévenir
les conflits et de préserver la paix et la
stabilité dans le cadre des missions de police ainsi
que par des mesures visant à renforcer la
démocratie, l'administration publique et l'État de
droit.
20. est convaincu qu'à long terme, l'Alliance atlantique
ne sera préservée qu'avec
l'introduction d'une véritable identité
européenne de défens.
29. plaide en faveur d'un mécanisme chargé
d'évaluer et d'améliorer les engagements pris par
les États membres, en mesurant la proportion de leurs
budgets de défense par rapport au
PIB et, notamment, la proportion du budget de la défense
consacré à la recherche et aux
équipements ainsi que la préparation des forces, y
compris les capacités de déploiement
des forces et leur interopérabilité; cette
tâche pouvant être confiée à une future Agence des
armements et de la recherche;
30. demande que cette agence dispose d'un budget propre
limité dans un premier temps à la
recherche et au développement en matière de
technologies nouvelles dont on connaît les
retombées pour l'industrie civile;
31. considère que cette Agence pourrait être
destinée aussi à inciter les Etats membres à
adopter une politique harmonisée d'achat et à
piloter des projets de coopération entre eux;
32. demande que les modalités pratiques de fonctionnement
de cette agence soient élaborées
en consultation, voire en codécision avec le Parlement
européen.
34. invite à réfléchir à la
possibilité que l'Agence spatiale européenne (ASE) devienne
l'agence spatiale de l'Union européenne, ce qui représenterait un
pas important dans
l'institution de la politique de sécurité et de
défense
Bibliographie
1. Ouvrages collectifs:
· États-Unis/Europe: réinventer
l'alliance, sous la direction de Jacques Beltran et Frédéric
Bozo, Travaux et recherches de l'IFRI, 2001.
· Koopmann Martin et Starck Hans, Quel Avenir ?
Relations franco-allemandes, DGAP-Analyse, Institut Français des
Relations Internationales.
· Bertram Christoph, Heisbourg François, Schild
Joachim et Boyer Yves, Un nouveau départ, pour une initiative
franco-allemande dans le domaine de la défense européenne,
étude menée conjointement par la Fondation pour la recherche
Stratégique, Paris, et la Stiftung Wissenschaft und Politik, Berlin,
novembre 2002.
· La France, l'Allemagne et l'Europe, sous la
direction de Thierry de Montbrial et Karl Kaiser, Les notes de l'IFRI, janvier
2003, n°53,pp.25-29.
2. Articles et contributions :
a. Articles de presse :
· Leparmentier Arnaud, « Le couple franco-allemand
contesté dans l'Union élargie », Le Monde, 16
décembre 2003.
· « Les unités de réaction rapide
devraient donner du poids à la politique étrangère
européenne », The Independent, 11 février
2004.
· Dempsey Judy, « Les soldats allemands vont
rallier les groupes de bataille« franco-britanniques de déploiement
rapide », Financial Times, 11 février 2004.
· Duplouich Jacques, « Londres doit ménager
ses relations avec ses autres alliés continentaux », Le
Figaro, p.4, 18 février 2004.
b. Articles de périodiques :
· « Existe-t-il un concept européen de
gestion non militaire des crises ? », Cahiers de
Chaillot, janvier 2003, n°42, pp.15-21.
· Schild Joachim, Ganz normale Freunde:
Deutsch-französische Beziehungen nach 40 Jahren Elysee-Vertrag«,
SWP-Studie, janvier 2003.
· Schmidt Peter, ESVP und Allianz nach dem
Vierergipfel«, SWP-Aktuell, mai 2003.
· Schwarz Klaus-Dieter, Ein Kommentar zum
Solana-Entwurf«, Stiftung Wissenschaft und Politik, SWP-Aktuell,
novembre 2003.
· Streubel Peter, Die Deutsch-Französische Freundschaft
aus militärer Sicht«, WT, IV 2003, pp74-76.
· Pons Frédéric, « Une
défense en fanfare », Valeurs Actuelles, 20
février 2004, pp 28-31.
3. Sources militaires :
· Bulletin du gouvernement
fédéral n°31 du 19.02.64.
· Kirschner Colonel, Rapport trimestriel (IV-2003),
n°7/OLIA/FüS V, Bonn, le 25 janvier 2003.
· Entretien avec le général de division Bruno
Neveux, commandant l'opération Artémis en République
démocratique du Congo (16 juin-1er septembre 2003).
www.defense.gouv.fr/actualites/discours/
4. Sources diplomatiques :
· M. Solana, Stratégie Européenne de
Sécurité
· Protocole du 22 janvier 1988 sur le Conseil
Franco-Allemand de défense et de Sécurité.
· Secrétariat de la Convention européenne,
Rapport final du groupe de travail VIII
« Défense », Bruxelles, le 16 décembre
2002.
5. Autres ouvrages :
· Stephan Martens, Allemagne. La nouvelle puissance
européenne [Germany: The New European Power]
(Paris: Presses Universitaires de France, 2002)
6. Sites Internet :
· www.auswaertigesamt.de, une partie traduite de
l'Allemand, montre bien « ce que vise la PESD » et ce que
« ne vise pas la PESD », met également à
l'évidence les « forces motrices de la PESD ».
·
www.defense.gouv.fr/ema/europe_defense, donne les dates essentielles de
la PESD.
·
www.ladocumentationfrancaise.fr/.../europe_defense donne les grandes
étapes de la construction de la PESD, les dispositions prévues et
les documents de référence.
7. Entretiens :
· Colonel BOURLOT, adjoint « Air » au
Chef de l'État-Major Particulier du Président de la
République, conseiller pour les questions traitant de la PESD.
· Colonel MARCHAND, Attaché des Forces Terrestres
près l'Ambassade de France en République Fédérale
d'Allemagne.
· Lieutenant-Colonel FLECKSTEINER,
« Politico-Military Affairs and Arms Control »
BundesMinisterium der Verteidigung.
· Prof. Dr. SCHMIDT, «Senior Research Associate
Research Unit, European Integration», Stiftung Wissenschaft und
Politik-Berlin.
· Melle KELLER, «Desk Officer», ESDP
Division, BundesMinisterium der Verteidigung.
· Dr. WITTMANN, Général de Brigade, Directeur
de la formation à la Führungs Akademie der Bundeswehr.
· Capitaine de Vaisseau NIELLY, chef de section à la
Division Euratlantique de l'État-Major des Armées.
· Colonel ROMAN-AMAT, rédacteur à la Division
Euratlantique de l'État-Major des Armées.
· M. BOISSY, chargé des Affaires franco-allemandes
à la Délégation aux Affaires Stratégiques.
· Lieutenant-Colonel DARRASSE (chargé des Affaires
franco-allemandes à l'État-Major des Armées).
· Général de Brigade Mantel, Attaché de
défense près l'Ambassade de France en République
Fédérale d'Allemagne.
· M.MARTIN, Ambassadeur de France en République
Fédérale d'Allemagne.
· Colonel LIKUS, Division Euratlantique du
BundesMinisterium der Verteidigung.
Table des matières.
Historique
13
· la multiplication des échanges
de personnels entre les armées,
13
· le rapprochement des doctrines en vue
d'aboutir à des conceptions communes,
14
· un travail en commun dès le
stade de l'élaboration des projets d'armements appropriés.
15
Définitions PESC/PESD
17
Première partie : La
construction de la PESD.
20
1-1 Les origines trilatérales de
la PESD :
21
1-2 La France et l'Allemagne, un
élément incontournable pour penser une Europe de la
défense :
23
1-3 Pourquoi précisément la
France et l'Allemagne ?
26
1-4 La France et l'Allemagne, un
véritable « moteur » :
28
Conclusion de la première
partie :
32
Deuxième partie : La France
et l'Allemagne pour construire le volet militaire de la PESD.
33
2-1 Un héritage
incertain :
35
2-2 La Bundeswehr face à ses
engagements futurs :
40
2-3 Les conditions d'un engagement
commun :
43
2-3-1 Les missions de
l'UE :
46
2-3-2 L'opération
Artémis
47
2-4 Le Conseil Franco-Allemand de
Défense et de Sécurité :
49
Conclusion de la deuxième
partie :
51
Troisième Partie : La France
et l'Allemagne et la construction du volet policier de la
PESD.
52
3-1 Un outil dissuasif ou au moins
préventif d'une crise :
53
3-1-1 En matière de
terrorisme :
54
3-1-3 Le Centre de Coopération
Policière et Douanière (CCPD) ...
56
3-1-4 ... un rôle d'explication
... :
57
3-1-5 ... indispensable pour penser la
PESD :
58
Première Conclusion : les
rapports franco-allemands servent d'expérimentation.
60
3-2 L'outil policier, c'est aussi un outil
stabilisateur après une crise :
61
3-2-1 La MPUE :
61
3-2-2 La mission EUPOL
PROXIMA :
62
3-2-3 La « phase de
transition » :
65
3-2-4
L'administration et la sécurité
civile :
66
Deuxième conclusion : il reste
toutefois des difficultés.
67
3-3 C'est enfin assurer la relève par
une police locale, d'où le rôle de la
formation :
68
Conclusion de la troisième
partie :
69
Conclusion générale.
71
Annexes
..........................................................................................74
Bibliographie....................................................................................95
* 1 Signé à Paris
le 18 avril 1951 par la Belgique, l'Allemagne, la France, l'Italie, le
Luxembourg et les Pays-Bas, ce traité proposait de placer l'ensemble de
la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute
Autorité commune, dans une organisation ouverte à la
participation des autres pays d'Europe.
* 2 Congrès des Hautes
Études Militaires.
* 3 Bulletin du
gouvernement fédéral n°31 du 19.02.64.
* 4 Conseil Européen
d'Amsterdam du mois de juillet 1997.
* 5 Politique Européenne
de Sécurité et de Défense.
* 6 Définition
donnée par la déclaration franco-britannique sur la
défense européenne à Saint-Malo, le 4 décembre
1998.
* 7 Voir page suivante, les
Helsinki Headlines Goals.
* 8 Helsinki Forces
Catalogue
* 9 Helsinki Headlines
Goals
* 10 Signé le 26
février 2001, le Traité de Nice vise à conforter le
fonctionnement des institutions européennes dans la perspective du futur
élargissement de l'Union européenne aux pays d'Europe Centrale et
Orientale (plus Malte et Chypre). Il est entré en vigueur le 01
février 2003.
* 11 Tels sont les quatre
grandes attributions attribuées à la PESD lors du Conseil de
Feira au mois de juin 2000.
* 12 décembre 1998
* 13 Oberstleutnant Likus,
Auswärtiges Amt.
* 14 Ibid.
* 15 décembre 1997.
* 16 M. Martin, Ambassadeur de
France en République fédérale d'Allemagne.
* 17 Général de
brigade Mantel, attaché de défense près l'Ambassade de
France en Allemagne, Berlin, le 9 mars 2004.
* 18 Stephan Martens, La
nouvelle puissance européenne [Germany: The New European
Power] (Paris: Presses Universitaires de France, 2002)
* 19 European Aeronautic
Defence and Space.
* 20 Le CFADS.
* 21 La France,
l'Allemagne et l'Europe, perspectives, Les Notes de l'IFRI, sous la
direction de Thierry de Montbrial et Karl Kaiser.
* 22 Fondation Pour la
Recherche Stratégique.
* 23 Stiftung Wissenschaft
und Politik.
* 24 « L'Allemagne
exprime de plus en plus clairement sa volonté d'assumer davantage de
responsabilités sur la scène internationale, y compris sur le
plan militaire. Cette évolution, qui se dessinait lentement depuis la
fin de la guerre froide, s'est brusquement accélérée
après les attentats du 11 septembre 2001 » ;
général de brigade Mantel, attaché de défense
près l'Ambassade de France en Allemagne, Berlin, le 9 mars 2004.
* 25 Par exemple, l'OFAJ,
Organisme Franco-Allemand de la Jeunesse, sont également mises en place
des consultations fréquentes et régulières entre les
Ministres des deux Etats, et l'ouverture régulière de sommets
franco-allemands.
* 26 Monsieur Martin,
Ambassadeur de la République Française en République
Fédérale d'Allemagne.
* 27 Au 1er mai
2004.
* 28 Ibid
* 29 Discours de février
2004, IHEDN, 56 ème session nationale.
* 30 CESD.
* 31 Discours de février
2004, IHEDN, 56 ème session nationale.
* 32 For a Franco-German
Initiative in European Defence.
* 33 L'objectif de cette
convention est la création d'un " espace Schengen "de libre
circulation des personnes sur l'ensemble des territoires des États
parties à l'accord, par la suppression des contrôles aux
frontières intérieures communes et le renforcement des
contrôles aux frontières extérieures. Elle est initialement
signée le 14 juin 1985.
* 34 État-Major
Particulier de la Présidence de la République
Française.
* 35 Projet d'armée
européenne élaboré entre 1950 et 1954, à propos
duquel se sont violemment et passionnément querellés partisans et
opposants du projet, et plus précisément sur la question du
réarmement de l'Allemagne que celui-ci prévoyait.
* 36 Cf. art.1 de l'accord du 2
novembre 1988 : « la BFA est une grande unité binationale
à caractère expérimental ».
* 37 «Agreement on
mutually accepted dependences», Colonel Jean-Yves BOUHRIS,
représentant militaire au CFADS.
* 38 SWP-BERLIN, For a
Franco-German Initiative in European Defence, novembre 2002.
* 39 ibid.
* 40 Les missions de Petersberg
sont en effet classées en deux catégories : le
« spectre haut » qui consiste en des missions de forces de
combat pour la gestion des crises, y compris les missions de
rétablissement de la paix ; et le « spectre
bas » qui consiste en des missions humanitaires et
d'évacuation de ressortissants, et de maintien de la paix.
* 41 Ces dispositions, dont le
principe avait été énoncé au Sommet de l'Alliance
de Washington en avril 1999, permettent à l'Union Européenne
d'utiliser les moyens et capacités de l'OTAN pour diriger des
opérations dans lesquelles l'OTAN en tant que telle n'est pas
engagée.
* 42 Instructions du 8
décembre 2003 de continuer de développer la capacité
militaire de réaction rapide de l'UE.
* 43 Soutien au Combat
(SC) :
Appui feu et assistance opérationnelle aux
éléments combattants ;
Soutien Logistique au Combat (SLC) :
Administration et logistique.
* 44 Action destinée
à restaurer la paix et la sécurité.
* 45
StabilisierungsKräfte.
* 46 The Independent,
11 février 2004.
* 47 Quel avenir ?
Relations franco-allemandes et PESD, Martin Koopman et Hans Starck,
DGAP-Analyse.
* 48 Général de
division Bruno Neveux, commandant l'opération Artémis en
République démocratique du Congo,
www.defense.gouv.fr/actualites/discours/.
* 49 Parlement allemand.
* 50 Règles de
Projection.
* 51 Ministère allemand
des Affaires Etrangères.
* 52 Cf. Protocole du 22
janvier 1988 sur le Conseil franco-allemand de défense et de
sécurité en annexe.
* 53 Administration
fédérale en charge des affaires criminelles.
* 54 UCLAT
* 55 Le BGS est un corps
original de gardes-frontières, sous autorité
fédérale et ayant juridiction sur l'ensemble du territoire, fort
de 40.000 fonctionnaires, chargés, entre autres, de missions de gardes
mobiles et d'escortes.
* 56 Où il est
implanté depuis le 11 février 2003.
* 57 « PATrouilles
MARitimes », effectuées à partir d'aéronefs de
la Marine Nationale française Atlantique et visant à surveiller
les frontières maritimes, à renseigner sur des trafics et
à participer à des actions de police maritime.
* 58 BundesMinisterium der
Verteidigung.
* 59 Cf. sur ce sujet 3-2-2,
les conséquences de la mission EUPOL PROXIMA.
* 60 États.
* 61 Loi d'emploi de la
police.
* 62 Littéralement la
« protection des données ».
* 63 Bilan de l'année
2000 : 6.924 demandes traitées, sachant qu'une requête peut
nécessiter plusieurs vérifications. L'apport est
réciproque, ce chiffre se décompose en 3.482 demandes allemandes
et 3.442 françaises (152 de la police nationale, 1.350 de la gendarmerie
nationale et 172 des douanes).
* 64 Mercredi 21 juin 2000,
Conseil de Feira, Portugal.
* 65 Le Chef de la
mission/Commissaire de police (Sven Frederiksen) assume le commandement
opérationnel de la MPUE et la gestion quotidienne des opérations.
Cependant tous les policiers restent sous le commandement de leur
autorité nationale. Il rend compte au HR/SG et reçoit de lui les
orientations par l'intermédiaire du Représentant spécial.
* 66 Établit, de
façon consensuelle, le cadre d'une profonde réforme de la
Macédoine, non pas sous la forme d'un partage territorial selon des
critères ethniques, mais sur la base des trois principes de
décentralisation, de subsidiarité et de protection des
minorités.
* 67 Cité par le colonel
Kirschner, officier de liaison interarmées à l'État-Major
des Armées allemands, dans son rapport trimestriel (IV-2003).
* 68 CF. 2-3 Les conditions
d'un engagement commun
* 69 M. Dominique David,
chargé de mission auprès du Directeur de l'Institut
français des relations internationales (IFRI, Paris), Entretien
réalisé en mars 2001, www.ladocumentationfrançaise.fr.
* 70 Colonel Dolo,
sous-directeur de la gendarmerie nationale.
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