La lutte contre l'exclusion sociale en milieu
urbain
Remerciements
Je tiens à exprimer mes vifs remerciements à
monsieur Mounir Zouiten enseignant à l'université Mohammed
5-Souissi Faculté des sciences juridiques Economiques
et Sociales qui à Bien voulu accepter d'assurer
l'encadrement de ce mémoire et m'as apporté des conseils
précieux durant toutes les étapes de ce travail.
Enfin je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont
aidé de prés ou de loin par leurs relectures, leurs corrections
et leurs remarques Pertinentes.
ABREVIATIONS
ADS : Agence de Développement Social
AFD : Agence Française de Développement
AMI : Appel à Manifestation
d'intérêt
ANHI : Agence Nationale de lutte contre l'Habitat
Insalubre
DH : Dirham marocain
DHSAF : Direction de l'habitat social et des affaires
foncières
ERAC : Etablissement régional d'aménagement et
de construction
FSH : Fonds de Solidarité de l'Habitat
HMR : Habitat Menaçant Ruine
MFP : Ministère des Finances et de la
Privatisation
MHU : Ministère Délégué
auprès du Premier Ministre chargé de l'Habitat et de
l'Urbanisme
MI : Ministère de l'Intérieur
ONG : Organisation Non Gouvernementale
QNR : Quartier d'habitat non réglementaire
PARHI : Programme national de résorption de l'habitat
insalubre
PDES : Plan de Développement Economique et Social
ZUN : Zone d'urbanisation nouvelle
INDH : l'Initiative Nationale pour le Développement
Humain
PNB : produit national brut
PIB : produit intérieur brut
IDH : l'indicateur du développement humain
PERG : programme d'Électrification Rurale Global
PAGER : programme approvisionnement groupé en eau potable
des populations rurales
PAS : programme d'ajustement social
AMC : association de micro crédit
FNAM : Fédération Nationale des Associations de
Microcrédit
VSB : Villes sans bidonvilles
PDU : Projet de développement urbain
ASP : Accompagnement Social des Projets
ADS : Agence de Développement Social
Sommaire
INTRODUCTION :
PARTIE I :L'INDH : un programme
ambitieux.
Ø Chapitre préliminaire : Le
Développement Humain
Ø Chapitre 2 : L'état des lieux au Maroc.
Ø Chapitre 3 : Présentation de l'Initiative
National de Développement Humain
PARTIE II : La lutte contre l'exclusion social en
milieu urbain
Ø Chapitre préliminaire :
L'exclusion social en milieu urbain
Ø Chapitre1:microcrédit enjeux et
politique
Ø Chapitre2 : Le rôle de la
société civile en matière de lutte contre la
pauvreté et l'exclusion sociale.
Ø Chapitre3 : programme des "villes sans
bidonvilles" : réalisation en milieu urbain
· CONCLUSION
GENERALE
·
BIBLIOGRAPHIE
· ANNEXE
introduction
Le Maroc ne vient pas seulement de changer de siècle et de
millénaire mais il est en train de changer d'ère. Malgré
les difficultés du contexte économique et financier, le Maroc
mène une politique volontariste de développement social et humain
laquelle a revêtu, depuis l'avènement du Roi Mohammed VI, une
dimension prioritaire. La part des dépenses publiques affectées
aux secteurs sociaux, au sens large, représente près de 50% du
budget de l'Etat. Que SM le Roi Mohammed VI tient à procéder
en personne au lancement de l'Initiative Nationale pour le Développement
Humain (INDH) est une preuve que le Maroc entre de plain-pied dans une nouvelle
ère aux niveaux économique et social avec pour signe "la lutte
contre la pauvreté, l'exclusion et la marginalisation". L'INDH a
été le prélude à de grands paris qui
procèdent d'une vision globale en vue d'édifier un Maroc moderne,
dont la pièce maîtresse est la consolidation d'un Etat
démocratique et de droit, avec l'ouverture du chantier de
réformes, de projets structurants générateurs de
développement. Le tout conformément à une stratégie
de développement humain avec ses dimensions économique, sociale
et culturelle. Bref, il s'agit des principes qui président en
règle générale à la bonne gestion.
Problématique
L'objet de notre travail de recherche, a
été basé sur des questions auxquelles nous avons voulus
répondre. A des questions que l'on pourrait qualifié de majores,
étant donné leurs importance sur la scène
économique et social de notre pays ; qui sont notamment :
· Le développement humain, concept, mesure et
évolution au Maroc ?
· L'INDH présentation et mode de travail ?
· Comment combattre l'exclusion sociale ?
· Quelles sont les programmes à travers lesquels
l'Etat marocaine compte lutter contre l'exclusion sociale en milieu
urbain ?
· Quelles sont les opportunités offertes et les
contraintes posées ?
Notre travail consiste à apporter des réponses
à ses questions.
PARTIE I :L'INDH un
programme ambitieux.
Chapitre
Préliminaire: Le Développement Humain
Section1: DÉFINITION
Le développement humain peut être défini
simplement comme un processus d'élargissement des choix. Chaque jour,
chaque être humain fait toute une série de choix d'ordre
économique, social, politique ou culturel. Si les êtres humains
sont bien au centre des activités entreprises en vue du
développement, celles-ci devraient être orientées vers
l'élargissement des choix dans tous les domaines de l'activité
humaine, au bénéfice de tous. Le développement humain est
à la fois un processus et un résultat. Il concerne tant les
processus par lesquels les choix sont accrus que les résultats de ces
choix.
Ainsi défini, le développement humain est une
notion assez simple, qui comporte pourtant des implications
considérables. En premier lieu, les choix humains sont accrus lorsque
les êtres acquièrent des capacités supplémentaires
et jouissent d'opportunités supplémentaires d'utiliser ces
capacités.
Le développement humain vise ainsi non seulement à
élargir les capacités et les opportunités, mais aussi
à maintenir un équilibre approprié entre celles-ci afin
d'éviter la frustration qui résulterait d'une trop grande
disparité entre elles.
Deuxièmement, comme on l'a déjà
indiqué, la croissance économique doit être
envisagée comme un moyen, certes important, mais non comme l'objectif
ultime du développement.
Les revenus apportent une contribution importante au
bien-être humain entendu au sens large, s'il en résulte comme
bénéfice un plus grand épanouissement de la vie humaine.
La croissance des revenus n'est néanmoins pas une fin en soi.
Troisièmement, en mettant l'accent sur la notion de choix,
le concept de développement humain implique que les êtres humains
doivent pouvoir influer sur les processus qui orientent leur vie. Ils doivent
pouvoir participer aux divers processus de prise de décisions, ainsi
qu'à l'exécution, au suivi et à l'ajustement de
celles-ci.
En dernière analyse, le développement humain est le
développement des individus, pour les individus et par les individus. Le
développement des individus implique la mise en place de
capacités humaines par le développement des ressources humaines.
Le développement pour les individus implique que les
bénéfices de la croissance se traduisent par une
amélioration de la vie des gens, et le développement par les
individus demande que ceux-ci puissent participer activement pour influer sur
tout processus touchant à leurs vies quotidiennes.
Section2: Développement
humain: une approche synthétique.
Le fait d'envisager le développement dans la perspective
du développement humain n'est guère nouveau. L'idée que
l'organisation de la société doit être jugée en
fonction de sa capacité à encourager les biens humains remonte au
moins à Aristote, qui a dit : « La richesse n'est manifestement pas
le bien que nous cherchons, car elle est simplement utile et existe pour une
autre raison ». Il soutenait que « la différence entre de
bonnes et de mauvaises dispositions politiques » devait être
jugée en fonction du degré auquel elles contribuaient à
renforcer la capacité humaine à mener « une vie
épanouie ». L'idée qu'une vie meilleure constitue l'objectif
réel de toute activité humaine est un thème qui revient
constamment dans les écrits de la plupart des philosophes de
l'antiquité. Le grand historien et sociologue arabe, Ibn Khaldoun,
à consacré un chapitre entier de son ouvrage
célèbre, Almuqaddimah (Discours sur l'histoire universelle), aux
« faits relatifs aux moyens de subsistance et aux revenus, ainsi
qu'à leur explication ; et au fait que les revenus sont liés
à la valeur du travail humain ».
Dans ce chapitre de son oeuvre maîtresse, Ibn Khaldoun
distingue les différents usages qui peuvent être faits des revenus
provenant du travail et des activités des individus. Les revenus
consacrés aux besoins de première nécessité
constituent les « moyens d'existence ».
La même préoccupation se retrouve dans les
écrits des premiers penseurs qui ont conçu l'économie
quantitative : William Petty, Gregory King, François Quesnay, Antoine
Lavoisier et Joseph Lagrange, précurseurs du produit national brut (PNB)
et du produit intérieur brut (PIB). Cette notion apparaît
également dans les écrits des économistes classiques :
Adam Smith, David Ricardo, Robert Malthus, Karl Marx et John Stuart Mill.
La notion de développement humain, lancée dans le
premier Rapport mondial sur le développement humain en 1990, s'est donc
appuyée sur cette tradition déjà ancienne, mais quelque
peu oubliée de nos jours. Elle a remis en question le bien-fondé
de cette préoccupation unique qui établit un lien entre PNB et
développement, transformant du même coup la façon de
concevoir le développement : l'être humain revient à la
place de choix qui est la sienne, c'est-à-dire au centre du débat
et du dialogue sur le développement. Cette notion a eu un impact qui a
dépassé de loin les attentes de ceux qui l'ont parrainée
en 1990.
Le concept de développement humain va plus loin que
d'autres modèles de développement centrés sur
l'individu.
Le modèle basé sur la mise en valeur des
ressources humaines met en avant uniquement le capital humain et traite
l'être humain comme un apport au processus de développement, et
non comme son bénéficiaire. Le concept visant à combler
les besoins fondamentaux met l'accent sur les besoins minimaux des êtres
humains mais non sur leurs choix. Celui qui vise à promouvoir le
bien-être humain considère l'individu comme un
bénéficiaire, mais non comme un participant actif au processus
qui détermine les conditions de son existence. Le développement
humain, en regroupant tous ces aspects, constitue une approche plus
synthétique du développement.
Section3: La mesure de
développement humain :
Tout concept est toujours plus complexe qu'un seul des
indicateurs qu'on lui assigne. Tout indicateur que l'on peut proposer pour un
concept quelconque doit donc chercher à capter toute la richesse et
toute l'étendue de son champ sémantique. Cela est
également vrai pour la notion de développement humain.
En principe, les choix humains et les résultats qui en
découlent peuvent être infinis, et peuvent changer avec le temps.
Cependant, les trois indicateurs essentiels pour décrire le
développement sont sans doute la possibilité de vivre longtemps
et en bonne santé, d'acquérir le savoir et d'avoir accès
aux ressources nécessaires à un niveau de vie décent. Si
ces conditions essentielles ne sont pas réunies, de nombreuses autres
opportunités demeurent inaccessibles.
Le Rapport mondial sur le développement humain 1990 a donc
retenu un indicateur composite, l'indicateur du développement humain
(IDH), sur la base de ces trois dimensions élémentaires. L'IDH
compte quatre variables : l'espérance de vie à la naissance ; le
taux d'alphabétisation des adultes ; le taux de scolarisation global aux
niveaux primaire, secondaire et supérieur -- ces deux taux
représentent la dimension de l'acquisition du savoir ; et le PIB
réel par habitant exprimé en parité de pouvoir d'achat
(PPA), qui sert de variable représentant les ressources
nécessaires pour garantir un niveau de vie décent.
Toute l'information quantitative sur le développement
humain et les différents indicateurs qui le constituent peuvent
être regroupés sous une notion qui pourrait être
qualifiée de comptabilité du développement humain. Cette
comptabilité représente tout à la fois une focalisation et
un champ.
L'indicateur du développement humain, qui se concentre sur
les aspects essentiels du développement humain, représente la
dimension de focalisation de cette comptabilité. Toutes les
données et toutes les informations quantitatives relatives aux
différents indicateurs du développement humain
représentent le champ de cette comptabilité.
L'IDH n'a donc qu'une portée limitée. Quel que soit
le contexte, il ne peut offrir une image complète du
développement humain. Il doit être complété par
d'autres indicateurs utiles afin d'obtenir une image plus globale.
C'est donc la comptabilité du développement humain
et non l'indicateur lui-même qui est en mesure de fournir une image plus
complète.
Pourtant, l'IDH ne manque pas d'aspects positifs. C'est un
indicateur assez simple, comme l'est également le PNB par habitant, mais
contrairement à ce dernier, il prend aussi en compte des questions plus
générales relatives au bien-être humain.
Section4: Élargissement
du concept
La liberté est un concept pluridimensionnel, qui va bien
au-delà des dimensions élémentaires mesurées par
l'IDH. Vivre longtemps et en bonne santé et accéder au savoir est
sans doute des objectifs universels, mais les individus peuvent faire des choix
supplémentaires et avoir d'autres aspirations qui sont
spécifiques à leur société et à leur
culture. Le concept de développement humain englobe ces choix
supplémentaires, ces buts, ces processus et ces résultats
différents auxquels les gens accordent une grande valeur, qu'il s'agisse
des libertés politiques, économiques et sociales ou des
possibilités de créer, de produire, et de jouir, d'une part, de
sa dignité en tant qu'individu et, d'autre part, de la protection de ses
droits humains. La notion de développement humain met également
l'accent sur l'élargissement des choix dans tous ces domaines.
Dans le contexte social et culturel du Maroc, ces choix plus
larges ayant trait à la liberté, aux droits de l'homme, à
l'acquisition du savoir et au cadre institutionnel sont particulièrement
importants. Aucune notion de développement humain ne peut être
pertinente et efficace si elle ne prend pas en considération les
spécificités de chaque nation.
Chapitre 2 : L'état
des lieux au Maroc.
Section1: Les défis
actuels
L'un des plus grands défis du Maroc est le taux
élevé de la pauvreté. Bien que la pauvreté ait
régressé - de 19% à 15 % entre 1999 et 2004 pour une
population de 30 millions1(*) - elle reste importante. Par ailleurs, elle est
fragile, sensible à la volatilité de la croissance
économique liée au secteur agricole. On note en effet que la
régression de la pauvreté est le résultat de bonnes
performances dans le secteur agricole sur la période 2001-2004, alors
que la hausse de la pauvreté dans les années 1990 (de 13% en 1991
à 19% en 1999) était le résultat d'une faible production
économique due à la sécheresse. La pauvreté est
donc tributaire de la sécheresse, avec les faibles taux de croissance
qui s'ensuivent.
La pauvreté reste un phénomène typiquement
rural, avec plus de 25 % de la population rurale vivant en dessous du seuil de
pauvreté contre 12% dans les zones urbaines. La pauvreté se fait
aussi plus cruellement sentir dans les zones rurales et a
considérablement augmenté depuis 1991.
Malgré les efforts faits pour améliorer le statut
et la condition des femmes, les indicateurs de genre sont loin de
refléter la parité. Les disparités sont
particulièrement fortes en zones rurales où 75% des femmes sont
analphabètes et où seulement 78,6% des filles sont
scolarisées dans le primaire. Dans les zones urbaines, les
résultats sont meilleurs, avec un taux de 23% de femmes
analphabètes et 94,4% de scolarisation. Des progrès ont
été accomplis dans la composition de la main-d'oeuvre qui compte
35% de femmes (chiffre supérieur aux 28% du MENA).
Depuis 2001, le Maroc connaît une plus forte croissance
économique (4,8% en moyenne), en partie imputable à des
conditions climatiques favorables et à une légère reprise
du secteur industriel. Ceci s'est traduit par la création d'emplois, en
particulier dans les zones urbaines où le chômage est tombé
de 22% en 1999 à 18,4% en 2004. Toutefois, pour réduire le taux
de chômage dans les années à venir, l'économie devra
maintenir un taux de croissance annuelle de l'ordre de 6%.
Section2: Les progrès en
matière de développement
Au cours des 30 dernières années, le Maroc s'est
lancé dans un programme de développement humain et de
libéralisation politique. Depuis les années 70, le revenu
national brut par personne a presque triplé, passant de $550 à
$1520. L'espérance de vie est passée de 55 ans en 1970 à
70 ans en 2004.
Dans les années 90, la croissance annuelle moyenne est
repassée en deçà de 3%, résultat en partie
imputable aux sécheresses récurrentes frappant durement le
secteur agricole tributaire de la pluviométrie, mais également
à une production industrielle et à des exportations stagnantes
causées par un retard dans l'application des réformes. Une
politique macroéconomique avisée a toutefois permis d'obtenir des
déficits fiscaux et extérieurs gérables, de réduire
l'inflation et de maintenir la stabilité économique.
Section3: Évolution du
développement humain au Maroc :
A la lumière de l'Indicateur de Développement
Humain développé par le PNUD dans son premier rapport mondial sur
le développement humain en 1990, le Maroc a réalisé des
progrès en terme de développement humain depuis les années
1960. La valeur de cet indicateur est passé de 0,198 en 1960 à
0,620 en 2002, soit une multiplication par un peu plus de 3, pendant cette
période (tableau 1). Ainsi, jusqu'en 1985, le Maroc aurait
été considéré parmi les pays à niveau de
développement humain faible2(*), avec une valeur estimée de l'IDH ne
dépassant pas 0,500.
Mais à partir de cette date, le pays aurait
commencé à enregistrer des niveaux de l'IDH dépassant
0,500, se classant ainsi parmi les pays a niveau de développement humain
moyen. Ces progrès observés dans la valeur l'IDH sont le reflet
des améliorations non négligeables enregistrées par le
Maroc durant les trois dernières décennies en matière de
développement économique et social.
Tableau 1. Évolution de l'indicateur de
développement humain au Maroc
Le Maroc à, certes, accordé une attention
particulière aux questions relatives au développement humain,
notamment durant la dernière décennie, qui se reflète
autant par les progrès accomplis dans ce domaine que par la grande place
qu'occupent les dépenses et transferts sociaux dans le budget de
l'État3(*). Dans le
même temps, les progrès accomplis dans le domaine social demeurent
encore insuffisants dans la mesure où la demande dépasse
largement les réalisations4(*). En effet, parler du volume des besoins à
couvrir en matière de développement humain, c'est évoquer,
entre autres, les réponses à apporter aux besoins des couches de
la population à faible revenu ou fortement démunies. Parler de la
qualité du développement humain, c'est dégager des
réponses aux lacunes qui persistent dans les prestations relevant de ce
domaine dans son ensemble, lacunes autant en ce qui concerne l'apport en
direction du citoyen que l'apport au service du développement national,
en général.
Quoique modérées, les avancées
enregistrées en matière de développement sont le
résultat des différentes améliorations
réalisées, en matière d'éducation et de croissance
économique mesurée par le PIB par habitant. Comme le
précise le rapport élaboré par le Maroc sur le
développement humain en 2003 « l'option pour un
développement tourné vers l'investissement dans le capital humain
des jeunes générations s'avère alors décisive, non
seulement pour renforcer le développement humain mais aussi et surtout
pour créer les conditions favorables à la promotion d'une
croissance économique et sociale durable ».
Ces réformes ont été prises comme le
précise A. Lahlimi Alami (2004)5(*), « dans le cadre de l'État de droit et du
développement participatif impliquant non seulement les institutions
élues aux échelons national, régional et local mais
également le monde de l'entreprise et la société civile.
Elles illustrent bien le choix fondamental par le Royaume de la
démocratie pour l'édification et le développement de sa
société et de son économie ».
Chapitre 3 :
Présentation de l'Initiative National de
Développement Humain
Section 1: L'INDH
présentation:
1. L'INDH, c'est quoi au juste ?
L'Initiative Nationale de Développement Humain, dont le
lancement a été annoncé par Sa Majesté le Roi
Mohammed VI, dans un discours adressé à la Nation, le 18 mai
2005; s'articule autour des trois axes suivants :
la réduction des déficits sociaux en particulier
dans les quartiers urbains pauvres et les communes rurales les plus
démunies (équipements et services sociaux de base, tels que la
santé et l'éducation, l'alphabétisation, l'eau,
l'électricité, l'habitat salubre, l'assainissement, le
réseau routier) ;
La promotion des activités génératrices de
revenus stables et d'emplois, tout en adoptant une action plus imaginative et
plus résolue en direction du secteur informel. .
L'aide aux personnes en grande vulnérabilité ou
à besoins spécifiques.
L'Initiative Royale place la lutte contre la pauvreté,
l'exclusion la précarité au centre des priorités de la
politique économique et sociale du pays et vise a donner un nouvel
élan décisif à la stratégie de développement
social à travers la mise en oeuvre de «politiques publique
intégrées, s'inscrivant dans le cadre d'une entreprise
cohérente, d'un projet global et d'une forte mobilisation tous azimuts
ou les dimensions politique, sociale, économique, éducationnelle
culturelle et écologique,se conjuguent et se complètent».
L'Initiative Royale repose sur le ciblage des zones et des
catégories les plus démunies ainsi que sur la participation des
populations pour une meilleure appropriation et viabilité des projets et
des interventions. Dans ce cadre, elle privilégie l'approche
contractuelle et le partenariat avec Le tissu associatif et les acteurs du
développement local et de proximité.
Dans un premier temps, cette Initiative concernera :
360 communes parmi les plus pauvres du monde rural;
250 quartiers pauvres, en milieu urbain et périurbain,
médinas anciennes et bidonvilles.
Pour permettre la mise en oeuvre de cette Initiative dans les
meilleurs délais, le Gouvernement est appelé à soumettre
dans les trois mois, à l'appréciation de Sa Majesté le
Roi, un plan d'action complet répondant a la démarche et aux
objectifs susmentionnés; préalablement à sa
présentation au Parlement pour approbation.
En somme, l'initiative nationale pour le développement
humain se caractérise par:
-5 valeurs: dignité, confiance, participation,
transparence et pérennité.
-5 principes: proximité, concentration, partenariat,
contractualisation et bonne gouvernance.
-4 programmes: transversale, de lutte contre la
précarité de lutte contre l'exclusion sociale en milieu urbain et
de lutte contre la pauvreté en milieu rural.
-3 démarches: réactivité, planification et
intégration.
-1 objectif: la promotion du développement humain.
2. Fondements de l'Initiative National Pour Le
Développement Humain
Vision d'ensemble : l'Initiative Nationale pour le
Développement Humain s'inscrit dans une vision d'ensemble axée
autour de trois volets :
o Processus politique de consolidation de l'Etat moderne :
démocratie, Etat de droit, promotion des droits de la femme et de
l'enfant.
o Réformes et projets structurants,
générateurs de croissance.
o Développement humain dans des dimensions
économiques, sociales et culturelles, fondé sur les principes de
bonne gouvernance.
Valeurs et principes : les programmes de l'Initiative
Nationale pour le Développement Humain s'articulent autour des
fondements de base, à savoir :
o Une action centrée sur l'homme, au service de la
dignité de tous chacun.
o Une action élaborée dans un esprit
d'écoute et de confiance en l'avenir.
o Une action fondée sur la participation des
bénéficiaires et des acteurs de développement local, en
synergie et en partenariat.
o Une action ciblée, efficace, contractualisée,
transparente, évaluée, appelée à devenir une
référence de bonne gouvernance.
o Une action inscrite dans la durée et la
pérennité, il s'agit d'un chantier de règne.
3. INDH première phase : 4 programmes
prioritaires.
L'Initiative Nationale pour le Développement Humain se
décline en quatre programmes :
-deux programmes à dimension nationale
:
· Le programme transversal.
· Le programme de lutte contre la
précarité.
-deux programmes ciblés territorialement
:
· Le programme de lutte contre l'exclusion sociale en milieu
urbain.
· Le programme de lutte contre la pauvreté en milieu
rural.
1- Programme de lutte contre l'exclusion sociale
en milieu urbain :
Ce programme cible 250 quartiers urbains parmi les plus
défavorisés dans les grandes villes. Il a pour objectif d'assurer
l'insertion, la cohésion sociale et l'amélioration des conditions
et de qualité de vie des populations. Les projets retenus dans le cadre
de ce programme respectent tous ces impératifs.
Les projets Initiative Nationale pour le Développement
Humain visent également le soutien de l'accès aux services de
proximité et aux équipements urbains de base, la dynamisation du
tissu économique local par des activités
génératrices de revenu et le renforcement de la gouvernance et
des capacités locales.
Les activités génératrices de revenus, se
concentrent principalement sur le soutien aux initiatives communautaires, en
terme de formation et d'impulsion en particulier des services de
proximité ou de l'animation sociale.
Le soutien a l'accès aux équipements et services
sociaux de base est concrétise par des projets d'aide a l'accès a
l'eau potable, l'assainissement et l'électricité, le soutien
scolaire, la propreté des quartiers. L'animation sociale prévoit
le soutien au sport, les manifestations artistiques et culturelles,
l'éducation civique et les actions de solidarité. Le renforcement
des capacités locales passe par des rencontres d'information et par le
soutien aux associations locales actives dans le développement
humain.
2- Programme de lutte contre la pauvreté en
milieu rural Enveloppe :
A l'image du programme en milieu urbain, ce programme a pour
objectifs d'améliorer l'indice de développement humain, dont
principalement la réduction du taux de pauvreté dans les 360
communes les plus pauvres.
o Soutien a l'accès aux équipements sociaux,
sanitaires et éducatifs de base.
o Dynamisation du tissu économique local par des
activités génératrices de revenu.
o Soutien a l'action et l'animation sociale :
alphabétisation, formation, sport, prévention santé, culte
et culture.
o Renforcement de la gouvernance et des capacités
locales.
3 - Programme de Lutte contre la
précarité :
Ce programme cible 50 000 personnes vivant dans la
précarité extrême, en plus des personnes déjà
prises en charge dans les différentes structures publiques ou
associatives, appartenant aux catégories prioritaires suivantes :
o Jeunes sans abri, enfants des rues.
o Enfants abandonnés.
o Femmes en situation de grande précarité. .
Mendiants et vagabonds.
o Anciens détenus sans ressources.
o Aliènes sans abri.
o Personnes handicapées sans ressources.
o Personnes âgées démunies.
Les projets ont pour objectif de :
o Favoriser autant que possible la réinsertion familiale
des personnes concernées.
o Améliorer la qualité des centres d'accueil pour
atteindre les standards de qualité qui garantissent les conditions de la
dignité humaine.
o Créer des capacités supplémentaires
d'accueil à travers le Royaume.
4 - Programme transversal :
C'est un programme national soutenant des actions à fort impact sur le
développement humain au niveau de l'ensemble des communes rurales et
urbaines non ciblées, et ce à travers des appels à projets
dans les provinces et préfectures. Ce programme passe par
l'ingénierie sociale qui sera renforcée par:
o La mise en place de l'observatoire National de
Développement Humain.
o L'expertise et la diffusion d'expériences.
o Le système d'information et de communication.
Ce programme sera également accompagne par des actions de
formation et d'assistance technique menées par des formateurs /
accompagnateurs régionaux pour injecter, en cas de besoin et sur demande
des gouverneurs, l'expertise et l'assistance technique au profit:
o Des comités locaux dans les communes et quartiers.
o Des différentes catégories de travailleurs
sociaux.
o Des cadres et employés des collectivités et
associations impliquées dans le développement humain.
Il a pour objectif d'améliorer les conditions de vie et
prévenir les facteurs de risques sociaux ; contenu des projets : appui
aux associations à travers la formation, améliorations des
prestations sociales, écoute de la population, soutien scolaire,
activités sociales, culturelles et sportives, caravanes
médicales.
Section 2 : Les principaux
programmes de lutte contre l'exclusion sociale en réalisation.
Compte tenu de l'importance des déficits sociaux et des
perspectives de la croissance démographique, les besoins à
couvrir, particulièrement pour les populations vulnérables,
restent importants en dépit des efforts déployés par
l'Etat.
C'est dans ce cadre que les pouvoirs publics se sont
engagés dans une stratégie sociale solidaire visant
l'élargissement de l'accès des populations
défavorisées aux services sociaux de base et à la lutte
contre la pauvreté a travers notamment :
ü le développement des services et les
équipements de base (dont principalement
l'enseignement fondamental surtout en milieu rural, la
lutte contre l'analphabétisme, l'élargissement de
l'accès des populations défavorisées aux soins de
santé de base, le désenclavement des zones rurales, la desserte
en eau potable de la population rurale, l'électrification rurale, le
logement social) ;
ü le renforcement de la protection sociale médicale
par la mise en place d'un Régime d'assistance médicale aux
économiquement faibles et d'un régime d'assurance maladie
obligatoire ;
ü la promotion de l'emploi à travers la conduite de
politiques actives d'emploi ;
ü l'assistance sociale des populations démunies
(promotion de projets locaux générateurs d'emploi et de revenus).
La mise en oeuvre de cette stratégie à
nécessité, dans le cadre des différentes lois de finances,
la mobilisation de crédits budgétaires importants au profit des
secteurs sociaux dont 1a part dans le seul budget de l'Etat est passée
de 41% en 1992 à près de 55% en 2005.
Les principaux programmes et actions entrepris ces
dernières années par les pouvoirs publics en matière de
développement social et de lutte contre la pauvreté ont
nécessite la mobilisation de près de 14,82 milliards de dirhams
en 2004 et de 15,2 milliards de dirhams en 2005.
Section 3 : L'INDH : Un
changement stratégique majeure.
En matière de lutte contre la pauvreté, la
vulnérabilité, l'exclusion et la grande précarité,
l'INDH manifeste une sorte de rupture avec les pratiques passées. Plus
exactement il s'agit d'une triple rupture :
· Un volontarisme politique fort fondé sur des
politiques publiques vigoureuses plus efficaces et mieux ciblées,
l'action caritative ne pouvant s'inscrire qu'en complément et en soutien
de ces dernières.
· des modalités innovantes de mise en oeuvre des
politiques et des programmes publics fondées sur les constats des
différents dysfonctionnements et contraintes qui entravaient leur
efficience .
Ces nouvelles modalités comportent un ciblage sur des
territoires précis, dans un horizon de temps déterminé, et
une intégration de toutes les interventions en matière
d'accès aux capacités et au revenu ainsi que leur appropriation
par les bénéficiaires.
· des modalités innovantes de financement : en
plus des dépenses budgétaires courantes et malgré les
contraintes qui pèsent sur les finances publiques, un compte
d'affectation spéciale a été créé pour
l'INDH auprès du Premier Ministre. Les ressources de ce compte sont
destinées à être déléguées aux Walis
et Gouverneurs (sous-ordonnateurs) après évaluation des besoins
fondée sur les différents diagnostics territoriaux, dans le cadre
d'une démarche ascendante.
Le Financement6(*)
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
Total
|
Etat
|
1000
|
1100
|
1200
|
1300
|
1400
|
6000
|
Collectivités
|
300
|
350
|
400
|
450
|
500
|
2000
|
Coopération
|
200
|
300
|
400
|
500
|
600
|
2000
|
Total
|
1500
|
1750
|
2000
|
2250
|
2500
|
10000
|
A ces multiples égards, l'INDH constitue non seulement une
vaste expérience, en grandeur nature, de mise en oeuvre de tous les
principes qui animent le concept de développement humain, mais aussi une
consolidation de la démocratie locale et de la territorialisation des
politiques publiques économiques et sociales.
Enfin, elle constitue un argument majeur pour être
raisonnablement optimiste quant à l'éradication des conditions de
vie les plus inacceptables, jugées désormais indignes du niveau
de développement d'un pays comme le Maroc.
Section 5 : Modalités de
mise en oeuvre et de contrôle:
1. SUR LES PLANS INSTITUTIONNEL ET
ORGANISATIONNEL
La mise en oeuvre de I'initiative nationale pour le
développement humain doit consacrer la pratique de L'inter
ministérialité et de la transversalité, tant au niveau
central qu'au niveau déconcentre, autour de programmes de
proximité intègres et prioritaires en vue de susciter les
synergies et prévenir les doubles emplois.
A cet égard, les projets de développement qui
seront identifiés et mis en oeuvre dans le cadre de ladite initiative
doivent être conçus autour de programmes complémentaires a
l'action déjà entreprise par les pouvoirs publics en
matière sociale selon une démarche planifiée,
concertée, coordonnée et intégrée assurant une
totale synergie entre les opérateurs publics, une large participation de
la population ciblée et un partenariat renforce avec les secteurs
associatif et prive.
A cette fin, il est propose d'articuler, sur le plan
institutionnel, la mise en oeuvre de cette initiative autour des instances
ci-après :
ü Au niveau national, un comite
interministériel, présidé par Monsieur le Premier
Ministre, sera charge du pilotage et du suivi de la mise en oeuvre de cette
initiative ainsi Que de l'allocation des ressources.
ü Au niveau central, il
conviendrait de renforcer le rôle stratégique du Ministère
charge du Développement Social en tant que coordonnateur, au niveau
national, de cette initiative et de l'ensemble des programmes de lutte contre
la pauvreté mis en place par les différents organismes
intervenants dans le domaine social (ADS, Entraide Nationale, Promotion
Nationale, etc.) et ce, dans le souci d'une meilleure cohérence et
intégration des actions de développement. .
Dans ce cadre, le ministère charge du développement
social sera chargé de :
· La définition de la stratégie globale,
intégrée et cohérente en matière de
développement social;
· La coordination de l'ensemble des actions de
proximité menées notamment dans le cadre du partenariat avec les
ONG, les Collectivités locales et les organisations internationales ;
· L'évaluation des programmes et projets
réalisés dans le domaine du développement social et de
lutte contre la pauvreté. A cet égard, dans le cadre du nouvel
organigramme dudit Ministère, il est prévu la mise en place d'un
observatoire social permettant de suivre les progrès
réalisés en matière de lutte contre la pauvreté.
ü Au niveau local, et dans le
cadre d'une démarche territoriale intégrée, la
responsabilité de la coordination des différentes actions
entreprises pourrait être assurée par les Walis et les
gouverneurs, dans le cadre de comites régionaux ou provinciaux
regroupant l'ensemble des intervenants locaux (notamment élus, secteurs
associatif et prive, services extérieurs des ministères
concernes, Ministère du Développement social, Entraide Nationale,
ADS).
Dans le cadre de ces comites locaux, des programmes d'action
structurants, cibles et intègres, fondés sur la participation et
le partenariat, seront identifies et mis en oeuvre sur la base d'une convention
définissant les engagements et les responsabilités des
différents intervenants ainsi que les modalités de suivi, de
Contrôle et d'évaluation des projets exécutes.
Pour la mise en oeuvre de cette initiative nationale de
développement humain, le Gouvernement doit s'appuyer sur:
v les opérateurs publics
existants notamment l'Entraide Nationale et l'ADS qui ont
développé des procédures, une expérience et une
expertise dans ce domaine et ont déployés des
représentations sur l'ensemble du territoire (en particulier l'Entraide
Nationale) ;
v les départements techniques
(Intérieur, Equipements, agriculture, eaux et forets etc.)
représentes au niveau local.
v les collectivités locales.
v les ONG, qui font preuve d'une
vitalité et d'un dynamisme redoubles et investissent avec une motivation
et une efficacité plus élevée les différents
domaines de l'action sociale en raison notamment de leur proximité par
rapport aux préoccupations des populations concernées, leur
réactivité face aux besoins spécifiques de leurs
populations cibles, leur flexibilité de gestion, leur fonctionnement peu
onéreux et leur rapidité d'action par rapport à la lenteur
des procédures de gestion au sein de l'Administration.
Il convient de rappeler à cet égard, la circulaire
de Monsieur le Premier Ministre n° 7/2003 du 27 juin 2003 relative au
partenariat Etat/associations qui à mis en place un cadre conventionnel
axe sur l'appréciation des résultats, conforme aux principes de
bonne gouvernance, propice a la territorialisation des actions partenariales
dans le cadre du processus de déconcentration et de
décentralisation et permettant d'optimiser les prestations et d'apporter
une réponse de proximité aux besoins des populations
défavorisées.
2. SUR LES PLANS DU CONTROLE ET DE
L'EVALUATION
Afin d'assurer a la mise en oeuvre de L'initiative nationale
toutes les conditions de transparence, l'exécution des dépenses
publiques résultant de la réalisation des projets inities dans
son cadre sera soumise aux règles de la comptabilité publique, a
la réglementation des marchés publics ainsi qu'au contrôle
financier prévu par la réglementation en vigueur.
Des assouplissements devront toutefois être introduits sur
les procédures actuelles de contrôle de la dépense publique
de façon à garantir toute la diligence nécessaire au
traitement des dossiers notamment :
§ par la fixation de délai réduit pour
l'exercice des contrôles de la régularité de l'engagement
et du paiement;
§ l'apposition d'un cachet apparent portant la mention
« prioritaire - Initiative Nationale de Développement Humain »
sur les propositions d'engagement et les bordereaux d'émissions
concernant les dépenses effectuées dans le cadre de ce programme
de telle sorte a leur garantir la célérité et la souplesse
requises dans leur exécution.
Par ailleurs, le contrôle sur l'utilisation des
financements alloués sera renforcé :
§ par le recours obligatoire à l'audit annuel des
projets réalisés dans le cadre de cette initiative et dont
l'exécution est confiée à des ONG ;
§ la mise en place d'un mécanisme de suivi et
d'évaluation périodique de la réalisation des projets par
l'établissement de rapports de suivi faisant ressortir le bilan
physique, financier et comptable de l'exécution desdits projets sur la
base d'indicateurs de résultats et d'impact préétablis.
PARTIE II : La lutte
contre l'exclusion sociale en milieu urbain
Chapitre
préliminaire : L'exclusion sociale en milieu urbain
Section1:Définition et
concept.
Au sens large du terme, l'exclusion sociale peut
être considérée comme "un échec de socialisation,
une rupture avec le lien social, au sens où l'entend Durkheim, le lien
social étant défini comme le mode structurant propre à
chaque société. Comme tel, il en assure la cohésion et
maintient les formes de solidarité.
Le phénomène d'exclusion tel qu'il sera
étudié ici concerne davantage la société moderne,
urbaine puisqu'il y est fait référence à l'individu pris
isolément c'est à dire socialement détaché de son
groupe d'origine." (MICHÈLE KASRIEL 2005,60)
Démarche paradoxale s'il en est car si le
phénomène d'exclusion est davantage une succession de cas
individuels, il ne peut être appréhendé cependant que dans
sa dimension macro sociale, celle de l'individu
attaché/détaché d'une réalité sociale
globale. Le phénomène d'exclusion en tant que fait social total
se situe donc à deux niveaux qui agissent interactivement : à un
niveau particulier, c'est l'incapacité d'un individu de
s'intégrer dans une société donnée, à un
niveau global, preuve d'un dysfonctionnement, c'est l'incapacité de
cette même société d'intégrer certaines
catégories d'individus considérés comme « socialement
inutiles » telles que les chômeurs, les handicapés, les
enfants des rues, etc...
L'exclusion, c'est le déni de l'individu en tant
qu'être socialisé, sa marginalisation par rapport à un
système social qui ne lui octroie aucune place lorsqu'il est
considéré comme économiquement et socialement inutile.
Si le phénomène d'exclusion produit toujours les
mêmes effets : le rejet, les facteurs qui le génèrent sont
à l'inverse très variables car ils sont concomitants de
l'organisation sociale, de la culture, de l'histoire et du niveau de
développement d'un pays.
L'exclusion sociale, telle que nous l'entendons le plus
généralement est subie puisqu'elle concerne des sujets
marginalisés parce que ne pouvant répondre aux normes et valeurs
érigées en ordre social, que ce soit au niveau économique,
idéologique ou socioculturel. C'est généralement le cas du
Maroc où les principaux groupes laissés à la marge ne
répondent ni au « politiquement correct » ni à «
l'économiquement utile ». On peut ranger dans cette
catégorie les chômeurs, les enfants des rues, les
handicapés, les personnes âgées ....
L'exclusion peut donc être monétaire (plus ou
moins grande insuffisance de capital économique), socioculturelle
(altération des formes relationnelles et déficit en
matière d'éducation et de formation), ou psychologique
(problèmes liés à la santé physique et mentale tel
que le handicap).
Dans les sociétés à économie de
marché, elle se définit essentiellement par rapport à des
critères économiques : le niveau de revenu moyen, le seuil de
pauvreté ou le revenu disponible, ce dernier induisant le domaine des
choix, en d'autres termes ce qu'un individu peut acquérir.
On comprend dès lors toute la complexité du
concept d'exclusion sociale. C'est un processus en constante évolution
car les principaux facteurs reconnus qui génèrent l'exclusion,
à quelque niveau que ce soit (exode rural, analphabétisme,
chômage, etc.), sont des phénomènes qui interfèrent
de manière fluctuante dans un cadre spatio-temporel en continuelle
mutation.
Section 2. L'exclusion sociale
en milieu urbain:
Au Maroc, l'exclusion sociale est un phénomène
essentiellement urbain, puisque les facteurs qui la produisent massivement sont
constitutifs de bouleversements sociétaux occasionnés par un
exode rural exponentiel.
L'analyse détaillée de ces facteurs devrait
permettre de mieux repérer les formes et les facteurs d'exclusion qui
sont actuellement les plus visibles.
Le passage d'un mode sociétal à un autre a
généré deux modes de fonctionnement très
différents. Le lien social qui assurait la cohésion de la
société rurale traditionnelle s'est progressivement
délité sans que de nouvelles formes de solidarité aient pu
s'instaurer, l'ampleur du phénomène et de ses conséquences
ayant semble-t-il été sous évaluée. Face à
cette déstructuration sociétale l'individu est totalement
désemparé car privé de ses repères fondamentaux il
n'a, à sa disposition, aucun modèle de substitution.
Cette situation devrait perdurer puisqu'il est prévu
que 64 % de la population vive en milieu urbain en 2014, ce qui signifie une
transformation radicale de la structure sociale puisqu'en 60 ans, le rapport
rural urbain se sera pratiquement inversé.
Il faut se garder toutefois de toute division
manichéenne urbain/rural. Ce ne sont pas des mondes étanches et
cloisonnés qui évoluent parallèlement. Bien au contraire,
de nombreux facteurs externes et internes interfèrent entre ces deux
types de société.
Au niveau interne, la circulation des individus entre ville et
campagne, une administration centralisée commune, agissent bien
évidemment interactivement. De même que, au niveau externe les
choix politiques (plan d'ajustement structurel, accords de libre
échange) ont eu des incidences aussi bien en milieu rural qu'en milieu
urbain, tant au plan économique que social.
C'est ce qui permet de penser qu'actuellement la
société marocaine contemporaine résulte d'une
confrontation mais aussi d'un brassage de deux modèles
sociétaux.
L'occupation de l'espace s'est considérablement
modifiée, impliquant nécessairement sa réorganisation en
même temps que la mise en place d'un modèle sociétal
adapté. En se substituant à la collectivité qui assurait
la cohésion sociale en milieu rural traditionnel, l'État doit
assurer ces mêmes fonctions dans la société contemporaine
en tant qu'élément fédérateur et régulateur
d'un système légitimé par des règles, des normes et
des lois.Il doit, de ce fait, garantir à chacun une place dans la
société.
Or, lorsque la prise en charge de l'individu par le groupe
cesse d'être opérationnelle, il perd ses repères.
Pour qu'il puisse changer ses modes de représentation
et se percevoir en tant qu'élément particulier mais indissociable
et indissocié d'un ensemble socialisé, d'autres repères et
d'autres modèles doivent lui être proposés.
Même si le bon fonctionnement de la
société est l'affaire de tout citoyen, c'est à
l'État qu'il appartient d'assurer ces fonctions.
De fait, bien que conscient du rôle qu'il doit assumer,
ce dernier s'est trouvé débordé par la rapidité de
la mutation sociétale et n'a pu faire face à la demande, qu'il
s'agisse de la scolarisation, de la santé, de l'habitat ou de l'emploi.
Cette incapacité de l'État à remplir ses engagements peut
expliquer pour partie que la société marocaine oscille toujours
entre tradition et modernité. Car, et c'est un principe universel,
lorsqu'on vit dans un présent incertain, on a tendance à prendre
comme référentiel les valeurs séculaires connues et
sécurisantes, la famille, la tribu, la religion, etc.
Cette situation est d'autant plus mal vécue qu'en 1956,
à l'instauration de l'Indépendance, la population tout
entière, villes et campagnes confondues, fut portée par un grand
élan national.
Les membres du parti nationaliste s'étaient alors
fixé pour principaux objectifs de donner à tout citoyen
l'accès à l'instruction, à la santé et le droit au
travail.
En 2005 et malgré de notables efforts accomplis de la
part de l'État et de la Société civile, force est de
constater que non seulement ces objectifs ne sont pas atteints mais qu'à
l'inverse, la situation sociale s'est progressivement
détériorée à l'intérieur du pays.
L'État doit encore faire face à un déficit patent en
matière d'éducation, de santé, d'habitat et d'emploi,
principaux domaines générateurs d'exclusion.
L'une des principales raisons invoquées est d'ordre
conjoncturel : à partir des années 82, la mise en place du PAS a
contraint l'État à privilégier les équilibres
financiers au détriment de la politique sociale interne.
Il n'en demeure pas moins que les politiques sociales
instaurées par l'État devraient être encore
renforcées si on veut donner à tout individu (des deux sexes) le
droit au travail, à l'instruction, au logement et à une
protection sociale. Ainsi pourrait on diminuer sensiblement les cohortes
d'exclus.
Chapitre1:microcrédit enjeux et politique
Introduction
La finance informelle est une pratique courante au Maroc, qui
a existé, depuis longtemps, sous différentes formes7(*) (l'autofinancement (une
épargne de nature thésaurisatrice), les « banques
clandestines » (ou usuriers), les commerçants banquiers, les
opérations pseudo commanditaires, les opérations de pseudo
hypothèque immobilière, tontines (« Dart »ou «
jamaaiat »).
Le recours à ces pratiques financières
informelles s'explique largement par l'absence d'une offre bancaire
adaptée aux besoins des populations démunies et des micro
entrepreneurs. On rappellera en effet, que le taux de la bancarisation8(*) de la population n'est que de
20%.
Afin de répondre aux besoins des populations
démunies et des microentrepreneurs, et à la lumière de
l'émergence de la micro finance de par le monde, les premières
opérations de microcrédit débutèrent au Maroc en
1993, avec l'appui de l'ONG « AMSED ». Par la suite, à la fin
des années 1990, plusieurs actions ont été entamées
soit par les autorités publiques, soit par les bailleurs de fonds, soit
par des ONG. Cela dans le but de consolider le secteur du microcrédit et
de renforcer les capacités institutionnelles et financières des
AMC.
Au fil du temps, l'expérience marocaine s'est
considérablement enrichie, et les capacités des AMC se sont
renforcées. Aujourd'hui, le secteur recèle un immense potentiel
de développement, mais se heurte aussi à des contraintes non
négligeables qu'il faut surmonter. Le présent chapitre se propose
de présenter une radioscopie du secteur. Pour ce faire, quatre axes
seront examinés : le concept et le fonctionnement, le cadre
réglementaire régissant le secteur, le profil du secteur, les
produits offerts et envisagées et la place du microcrédit au
sein de l'INDH .
Section1:
Microcrédit : concept et fonctionnement
1. Concept de microcrédit
Pour mieux définir le terme de microcrédit, il
faut le placer dans le contexte global de la microfinance. Le terme de
microfinance est utilisé pour désigner les services financiers
offerts aux clients travaillant dans différents secteurs
socio-économiques qui gèrent des petites et micro-entreprises
(Robinson 1996). D'après la Banque mondiale (1996), les petites et
micro-entreprises englobent un large éventail d'entreprises appartenant
aux secteurs de l'industrie, des transports, du commerce, des services, de
l'agriculture, etc., de taille variable, allant des activités à
temps partiel et saisonnières d'une seule personne aux petites
entreprises formelles dont plusieurs employés sont recrutés
à l'extérieur de la famille. Les microentrepreneurs peuvent
être des individus ou des groupes d'individus opérant en milieu
rural ou urbain. Le manque d'accès au financement institutionnel
affaiblit nécessairement la sécurité financière de
ces personnes à travers le monde.
Le concept de services financiers
réfère à la fois aux services d'épargne et aux
services de crédit:
· Les services d'épargne permettent aux personnes
de constituer un stock sécuritaire de liquidités, permanent,
saisonnier ou temporaire pour utilisation ultérieure et d'obtenir en
plus, dans certains cas, des intérêts sur leurs
dépôts.
· Les services de crédit, que nous
désignerons ici comme microcrédit, permettent
l'utilisation d'un revenu anticipé pour l'investissement ou la
consommation actuelle.
La littérature distingue deux types de crédits:
le crédit productif et le crédit non productif. Les
crédits productifs sont des services financiers orientés vers les
catégories pauvres qui investissent dans les micro-entreprises. Les
crédits non productifs sont destinés aux groupes marginaux qui
sont davantage préoccupés par la satisfaction des besoins de base
tels que les aliments, les médicaments, le logement, l'éducation,
etc. Même si les services financiers des programmes de microcrédit
portent aussi bien sur les prêts productifs que sur les prêts non
productifs, certains auteurs ont montré que les institutions qui ont
obtenu le plus de succès sont celles qui ont canalisé les
prêts productifs aux pauvres, mais appartenant aux catégories de
revenus les plus élevés. Par ailleurs, d'autres auteurs trouvent
que le prêt non productif, même s'il est moins rentable que le
premier, est souvent indispensable pour permettre aux populations les plus
pauvres de satisfaire d'abord leurs besoins de base avant de penser à un
prêt productif (Hulme et Mosley 1996).
2. Fonctionnement actuel de microcrédit :
L'objectif de ce chapitre est de décrire comment
fonctionne actuellement le microcrédit. Tout d'abord, on présente
les principaux services offerts par les institutions financières en
termes de microcrédit et de services d'appui. Ensuite, on décrit
l'organisation au niveau de la demande de services financiers. Enfin, on
étudie l'organisation au niveau de l'offre de services financiers ainsi
que les principaux intervenants offrant du microcrédit.
2.1 Type de services offerts par les institutions
financières
Avant de présenter les services d'appui au
microcrédit, nous analyserons les deux principales formes de services
financiers; à savoir: les services de microcrédit et les services
d'épargne.
2.1.1 Services de microcrédit
Les programmes de microcrédit peuvent être
classés selon trois approches en matière de prêts (Christen
et al 1994): les prêts individuels, les prêts aux groupes
de solidarité et les prêts aux banques villageoises.
· Dans le cadre des programmes de prêts
individuels, un individu obtient un crédit s'il présente des
garanties suffisantes et s'il est recommandé par un membre du groupe en
qui l'institution a confiance. Les garanties exigées par ces programmes
sont en général moins contraignantes que celles exigées
par les banques commerciales. On note également que les prêts
individuels sont en général plus fréquents que les
prêts de groupe. Cette formule de prêts individuels est
répandue en Indonésie ainsi qu'au Sénégal (ACEP).
Cette approche est aussi utilisée au Niger (BRK) et en Colombie
(ACTUAR), mais représente seulement une faible proportion des
prêts octroyés.
· La méthode des groupes de solidarité
consiste à offrir des services financiers à un petit groupe
de demandeurs de crédits (généralement 4 à 10
personnes). L'engagement collectif de ce groupe vis-à-vis du
prêteur tient lieu de garantie ou de caution solidaire, car si un membre
ne parvient pas à rembourser, ce sont les autres membres qui acceptent
de supporter le remboursement du prêt. Il y a donc une forte pression
sociale qui s'exerce sur les membres et les incite à honorer leur
engagement. Cette approche est de loin la plus répandue des trois
approches. On la retrouve dans les institutions ayant connu des succès;
comme la Grameen Bank au Bangladesh, la K-REP au Kenya et la BancoSol en
Amérique latine.
· Les prêts aux banques villageoises sont
octroyés à un groupe de trente personnes ou plus. Le groupe est
responsable pour administrer les prêts individuels de chaque membre
(Approche utilisée par le Réseau des caisses populaires au
Burkina Faso, la FINCA au Costa Rica et la BRK au Niger). Ce système
fonctionne bien lorsque les groupes sont déjà formés au
niveau des villages et que les membres ont déjà
développé une certaine capacité de gestion et une
confiance mutuelle.
La caractéristique commune à ces trois approches
est la capacité à fournir de petits prêts, de courte
durée (12 mois ou moins), à un taux d'intérêt
relativement élevé comparé aux taux des banques
commerciales locales. Les deux dernières approches ont le plus de
caractéristiques communes; notamment le recours aux groupes et à
la pression sociale pour réduire le taux de non-remboursement. En
général, elles acceptent des formes de garanties non
traditionnelles pour encourager le remboursement, offrent des prêts de
très courte durée et exigent des taux d'intérêts
élevés.
Une autre dimension commune est qu'elles offrent de petits
prêts renouvelables selon la performance de remboursement de l'individu.
Les bons payeurs ont également la possibilité d'accéder
à des montants de plus en plus élevés, au fur et à
mesure que s'améliore la performance de remboursement. Certaines
institutions fixent un seuil au-delà duquel l'accès à un
prêt plus élevé implique d'avoir
bénéficié d'une série de petits prêts et
d'avoir réalisé un certain niveau d'épargne au fil des
années. Cette démarche renforce l'esprit d'appartenance à
l'institution.
Les conditions d'octroi des prêts varient d'une
institution à une autre et tiennent compte du contexte local. La
fréquence de remboursement varie également d'une institution
à l'autre. Elle peut varier d'une semaine à un mois. Des
avantages sont souvent accordés sur les taux d'intérêts
pour ceux qui remboursent dans les délais requis.
Les institutions de microcrédit ont tendance à
se rapprocher de leur clientèle beaucoup plus que ne le font les
institutions financières traditionnelles. En général, les
procédures de demande sont relativement simples et les délais
d'attente sont réduits au minimum. Cette rapidité a pour effet de
réduire les coûts de transaction des emprunteurs.
2.1.2 Services d'appui au
microcrédit
Les services d'appui aux prêts peuvent être
regroupés en deux grandes catégories:
Services de formation
Les services de formation dans les programmes de
microcrédit sont offerts à trois niveaux principaux:
. La formation du personnel de l'institution vise le
renforcement des capacités nationales et régionales de conception
et de gestion des services de microcrédit. Les programmes de formation
diffèrent d'une institution à l'autre, mais ils portent
généralement sur les notions de base en finance telles que la
comptabilité, l'élaboration d'un budget, la formulation d'un
projet, le plan d'affaires, l'étude de marché d'un produit, le
marketing, etc. La formation sur place est souvent associée avec une
formation de courte durée en dehors du pays, qui est financée
généralement par les bailleurs de fonds.
. La formation des agents de terrain est indispensable
à tout démarrage de programme de microcrédit. Elle porte
sur les notions simples de gestion des services financiers ainsi que sur les
méthodes d'encadrement des groupes. La formation est le plus souvent
dispensée en langue locale, car les agents de terrain ont un niveau de
formation très faible. Par exemple, au Burkina Faso, les agents
recrutés par le Programme de promotion du petit crédit ont un
niveau primaire et la durée de leur formation est d'une année
(Sananikone et Colleye, 1995).
Avant d'être nommés à un poste de
responsabilités, plusieurs programmes de microcrédit demandent
à leurs agents de faire d'abord un stage dans une banque locale pour se
familiariser avec le fonctionnement du système financier aux
microentrepreneurs.
. La formation de la clientèle cible est très
variable selon les programmes. Pour certains programmes, cette formation a lieu
lors des séances initiales de promotion au cours desquelles les agents
de terrain expliquent les modalités de fonctionnement du programme.
Alors que pour d'autres, la formation fait partie intégrante des
activités de microcrédit. Les thèmes de formation sont par
conséquent très diversifiés
3. Le micro crédit au Maroc
Secteur du micocrédit : Chiffres au 30
septembre 2005
3.1. L'environnement microfinance:
Les populations défavorisées en milieu urbain
travaillent principalement dans les services, la construction, lorsqu'il ne
s'agit pas d'auto emploi informel. En milieu rural, on observe une
pluriactivité informelle, dont l'agriculture, peu productive.
La tradition entrepreneuriale est ancrée, mais le
manque d'accès au crédit, notamment de fonds de roulement, limite
la taille des entreprises. La micro entreprise occupe 60% de la population
active, d'environ 10 millions de personnes.
Le secteur bancaire est en situation de surliquidité.
La couverture territoriale est faible (un guichet pour 17 000 habitants);
seules les principales villes, coeur économique du Maroc,
bénéficient d'un réseau bancaire dense. Ce secteur
s'adresse donc essentiellement aux classes aisées de la population.
Il existe par ailleurs au Maroc un important secteur de
sociétés de crédit à la consommation, qui
délivrent assez facilement des petits crédits, sans qu'il soit
nécessaire d'en spécifier l'objet. La population
bénéficiaire des principales institutions de microfinance est
toutefois hors cible des sociétés de crédit à la
consommation, qui ne représentent par conséquent pas une
réelle concurrence.
Le contexte institutionnel est favorable. Le gouvernement a
distribué 10 millions d'Euros (décaissés en deux tranches
en 2000 et 2001) aux différentes IMF, et envisageait de nouvelles
dotations de 15 millions en 2002/2003, au travers du fonds Hassan II,
alimenté par les recettes de privatisation.
Tableau: Répartition des clients actifs par
zone géographique 9(*)
Au 31 décembre 2004, le nombre d'emprunteurs actifs au
Maroc est de l'ordre de 460 000 dont 72% de femmes, pour un encours total de
plus de 890 M MAD, soit près de 80 M EUR. La demande non satisfaite
reste encore importante, puisque la demande potentielle est
évaluée à plus d'un million de microentrepreneurs (les
estimations d'Al Amana l'évaluent même à 3,6 M).
Une réglementation a été mise en place en
1999 (Dahir N°1-99-16), fixant le montant maximum des prêts à
50 000 MAD. Le cadre est assez contraignant pour le développement des
programmes : le microcrédit aux activités productives et de
services est l'objet exclusif des Associations de Microcrédit ; seuls
les services de formation sont autorisés. Tout autre service (tel que
des crédits logement, consommation) n'est pas prévu dans le cadre
; le Ministère des Finances a déjà octroyé son
autorisation à des programmes de financement d'électrification
rurale, sur demande spécifique de l'IMF. La collecte d'épargne
est interdite.
Les IMF doivent disposer de projections financières
démontrant leur viabilité au terme d'une période ne
pouvant excéder 5 ans à compter la date de
l'autorisation10(*). Elles
devront ensuite être soumises à la fiscalité,
essentiellement la TVA. Les IMF souhaiteraient entreprendre des
négociations avec le Ministère pour étendre cette
période.
3.2. DEVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE AU
MAROC
La première mention de la Microfinance a
été faite en 1992, lors de la Conférence organisée
par l'Ecole Nationale pour l'Agriculture de Meknès sur la
désertification au Maroc. Convaincus par l'idée, quelques
participants du Catholic Relief Service (CRS), en partenariat avec l'AMSED ont
décidé d'en faire l'expérience en milieu rural dans le
Moyen Atlas près de Khenifra en collaboration avec l'association locale
Oued Srou. Un premier crédit a été octroyé à
un groupe de 8 femmes. Quelques tentatives ont permis de confirmer
l'efficacité du système, très adapté à la
tradition solidaire marocaine.
Tableau d'Evolution de la taille du
marché:
Les années 90 ont vu le développement du
secteur au Maroc :
> 1994, extension du programme d'AMSSF au
microcrédit ;
> 1995, création de la Fondation Zakoura ;
> 1996, création de l'ACAET (Association des Cadres
et anciens élèves de Tanderara, devenue depuis l'association Al
Karama ;
> 1997 : création de la Fondep et d'Al
Amana
Le programme Micro Start du PNUD, qui a débuté
en février 1998, a fourni une assistance financière et technique
à six associations avec un budget opérationnel US$ 1.7 millions,
dont US$ 150,000 par association participante .Cet appui au secteur a
été suivi par celui de l'USAID pour plus de US$ 16 millions en
faveur surtout de l'association Al Amana.
L'octroi de microcrédit a longtemps été
une composante des activités d'ONG généralistes qui ont
dû diviser leur structure en 1999 avec la mise en vigueur de la loi sur
le microcrédit qui exigeait la séparation des programmes de
microcrédit de leurs ONG mères.
En 2000, le Fonds Hassan II a soutenu le secteur avec une
subvention de 100 millions DH (€10 millions). Cette contribution
financière a permis d'accroître le nombre et le montant des
prêts accordés, en particulier pour les trois principales
associations (Al Amana, Zakoura et la FBPMC).
3.3. Structuration de la profession
Les deux organes, en charge du secteur, sont donc le conseil
consultatif du micro crédit et la fédération nationale des
associations de microcrédit.
Le premier est consulté sur toutes les questions
liées à l'octroi et au développement du
microcrédit. Le second a pour mission d'établir des règles
de déontologie de veiller à leur respect et de saisir le ministre
chargé des finances le cas échéant. Cette
fédération est une force de proposition en vue du
développement du microcrédit mais aussi l'intermédiaire
entre l'administration et ces associations.
Toute association doit adhérer à cette
fédération.
Section2:
Microcrédit : immenses opportunités pour l'INDH
1. Contribution du microcrédit à la
lutte contre la pauvreté
Dans le passé, les gouvernements et les bailleurs de
fonds ont commis des erreurs en accordant des crédits
subventionnés aux pauvres, en pensant qu'ils ne pouvaient pas assumer
les coûts élevés engendrés par le
microcrédit. L'expérience a montré que les
microentrepreneurs n'ont pas besoin de subventions, mais d'un accès
rapide et moins contraignant à des services financiers adaptés
à leurs besoins et au contexte local. Avec un microcrédit
approprié, les pauvres sont en mesure de rentabiliser leurs
activités de façon à pouvoir payer des taux
d'intérêts élevés. Ils ont le savoir-faire pour
gérer leurs activités et parviennent à rembourser à
des taux équivalents et même souvent supérieurs à
ceux du système traditionnel de financement.
Le microcrédit constitue donc un instrument puissant de
lutte contre la pauvreté. En effet, l'accès au microcrédit
peut permettre aux pauvres:
· D'augmenter leurs revenus et d'améliorer leurs
conditions de vie;
· D'accroître leur productivité et leur
efficacité;
· De développer des micro-entreprises;
· D'améliorer la gestion de leurs revenus;
· De réduire les risques auxquels ils sont
exposés;
· D'équilibrer la consommation de leur
ménage.
De plus en plus, il est démontré que les
programmes de microcrédit aident les pauvres à sortir de leur
état de pauvreté, ainsi que le montrent ces quelques exemples
pris sur les trois continents en développement.
Les programmes de microcrédit ont permis d'aider les
pauvres à sortir de leur état de dépendance de trois
manières (Christen et al 1995, Thapa et al 1993,
Khandker et al 1995):
· Le microcrédit a permis aux pauvres de se
créer des emplois en développant de petits projets de
métiers; ce qui a permis d'accroître considérablement les
revenus des bénéficiaires et de satisfaire ainsi leurs besoins
essentiels ainsi que ceux de leur famille.
· Les programmes de microcrédit s'accompagnent
d'autres services qui ont des impacts considérables sur la vie
socio-économique des populations bénéficiaires. La
mobilisation de l'épargne locale, la formation dispensée aux
pauvres, la mise en place des mécanismes d'assurance sociale, la
création de réseaux de travail ouvrent des horizons aux
demandeurs de microcrédit, qu'ils ne seraient pas capables d'avoir s'ils
étaient laissés à eux-mêmes.
· Le microcrédit permet aux pauvres de s'entraider
mutuellement pour sortir de leur état de pauvreté. Avec sa force
de réunir les gens qui partagent les mêmes problèmes, le
microcrédit stimule le changement dans les mentalités des gens et
prouve que les pauvres sont capables de se prendre en charge pour
évoluer vers un développement humain meilleur.
À l'analyse des résultats des expériences
vécues à travers le monde, il apparaît clairement que le
microcrédit a des potentialités importantes de succès:
· Tout d'abord, on constate que les pauvres sont de bons
payeurs. Le sérieux dans le respect de leur engagement, lequel
sérieux d'ailleurs développe un esprit de confiance dans les
mutualités, est véhiculé par les pauvres quand ils
accèdent au système de crédit formel.
· La viabilité et la profitabilité des
programmes de microcrédit sont réalisables dans les pays en voie
de développement. Sur une étude de cas de 11 institutions de
microcrédit, Christen et al (1994) ont constaté qu'il y
a une grande potentialité de rentabilité des institutions offrant
ces services financiers, même si au départ, ces institutions
avaient bénéficié de subventions.
Les institutions financières de microfinancement
peuvent donc jouer un rôle important dans l'éradication de la
pauvreté, en complétant les programmes des gouvernements et des
bailleurs de fonds. Quand un programme de microcrédit dépendant
des subventions peut être remplacé par un service de
microfinancement autosuffisant, ceci se traduit par des économies
substantielles pour les gouvernements et les bailleurs de fonds. Les
économies réalisées, avec la suppression des subventions,
peuvent alors être réallouées dans les autres volets de
leurs programmes de lutte contre la pauvreté que les institutions
financières ne parviennent pas à fournir. En particulier,
l'orientation de ces fonds vers la création et le renforcement des
institutions financières non commerciales, comme les coopératives
d'épargne et de crédit et les ONG spécialisées dans
le microcrédit, peut constituer un choix stratégique.
2. L'INDH, d'immenses opportunités pour le
microcrédit
L'inefficacité des différents programmes de
lutte contre la pauvreté menés par le Maroc, depuis son
indépendance, s'explique largement par la dispersion de ces programmes
et par l'absence d'une stratégie d'ensemble qui prend en compte toutes
les dimensions de la pauvreté. Celle-ci est, comme nous l'avons dit, un
cumul de désavantages (revenus bas et incertains, analphabétisme,
faible niveau de développement du capital humain, etc.).
Dans cet esprit, l'INDH, se présente comme une
politique globale et intégrée de lutte contre la pauvreté.
Par des actions territorialisées et intégrées, l'INDH vise
à rendre la politique sociale plus efficace et à mieux cibler les
populations défavorisées. Elle réserve une place de choix
pour le microcrédit et lui offre de nouvelles perspectives de
développement.
2.1 Place du microcrédit dans l'INDH
L'INDH est une approche globale et intégrée qui
vise à réduire la pauvreté, la
vulnérabilité, la précarité et l'exclusion sociale.
Par sa logique et son fonctionnement, l'INDH offre un cadre d'actions pour le
microcrédit
.
2.2. Un apport incontestable du microcrédit
à la réussite de l'INDH
Comme il a été déjà
signalé, l'INDH se présente comme une approche globale et
intégrée où le microcrédit occupe une place
importante. Le schéma suivant permet d'illustrer le mode d'articulation
du microcrédit avec les autres composantes de l'INDH.
Ce schéma montre clairement que l'INDH vient canaliser
et mettre en synergie plusieurs types d'actions, afin de promouvoir le
développement humain. Ces actions se complètent et se renforcent
mutuellement. En effet, la promotion de l'accès aux équipements
de base, le renforcement du capital humain, l'encouragement des
activités génératrices de revenus, l'insertion des
personnes en situation difficile dans la vie active, etc. sont autant d'actions
qui viennent agir conjointement sur plusieurs facettes de la pauvreté.
Au sein de ce dispositif, la place du microcrédit
apparaît essentiellement en tant qu'instrument de financement des petites
activités génératrices de revenu. Bien entendu, et comme,
il a été signalé plus haut, il pourrait aussi contribuer
à renforcer l'accès des populations démunies aux
infrastructures de base.
Il s'ensuit donc que l'INDH ouvre de réelles et
nouvelles perspectives pour le microcrédit. Et comme nous l'avons
montré, la contribution du microcrédit à l'INDH pourrait
même toucher certains domaines où les déficits sociaux sont
plus criants comme le prouve l'expérience récente de certaines
AMC en matière de financement du logement. En règle
générale, les AMC devraient faire preuve d'innovation pour mettre
au point des produits et services financiers adaptés à des
populations défavorisées, généralement non
éligibles au financement classique.
a. Vers une contractualisation des
relations Etat-AMC.
L'INDH accorde une place importante au
microcrédit11(*)
qui est appelé à financer les activités
génératrices de revenu et éventuellement, l'accès
aux infrastructures de base des populations démunies.
En vertu de leurs atouts indéniables, les AMC sont
à même de contribuer sérieusement à la
réalisation des objectifs de l'INDH.
En outre, pour permettre aux AMC de bien assumer les missions
qui leur sont dévolues dans le cadre de l'INDH, il serait opportun de
penser les relations Etat-AMC dans le cadre d'une vision claire et
cohérente.
Plus explicitement, il s'agit de consolider ces relations dans
le cadre d'un contrat programme entre l'Etat et la FNAM. Ce contrat fixera des
obligations de résultats pour les AMC, c'est-à-dire les objectifs
à atteindre (le nombre de bénéficiaires, la nature des
activités à financer, les populations et les zones visées,
...). De même, en vertu de ce contrat, l'Etat devrait s'engager à
offrir toutes les formes d'aide et d'appui aux AMC (subventions, renforcement
des capacités, etc.). L'ampleur de ses transferts devrait être
évaluée en concertation entre l'Etat et les AMC. Il serait
judicieux de concevoir des ratios afin de mesurer, évaluer, et faire le
suivi quotidien des programmes lancés.
En conclusion, les AMC disposent d'indéniables atouts
pour la réalisation des objectifs de l'INDH. Et cette dernière
offre de véritables perspectives de développement au secteur. Une
contractualisation des relations Etat-AMC dans le cadre d'un contrat programme
s'avère opportune et indispensable pour la promotion de l'action sociale
au Maroc.
Conclusion
Le secteur de la micro finance au Maroc se caractérise
par sa forte croissance et son
hétérogénéité. Il recèle aussi un
énorme gisement potentiel de diversification des produits, et de
dynamisme.
Le cadre réglementaire actuel contient des atouts qui
doivent être amplifiés et des entraves qui doivent être
endiguées. Malgré les amendements de la loi 18-97 en 2004, le
secteur reste encore largement dépendant du crédit solidaire et
est concentré dans les zones urbaines et périurbaines.
Une véritable stratégie de diversification des
produits et de développement du secteur passe, entre autres, par le
renforcement des capacités institutionnelles des AMC, par l'amendement
du cadre juridique régissant le secteur, et par l'adoption de mesures
spécifiques aux grandes, moyennes et petites associations.
Désormais, de larges et sérieuses
opportunités sont offertes au microcrédit par l'INDH. Cette
initiative, visant la réduction de la pauvreté, la
vulnérabilité, la précarité et l'exclusion sociale
réserve une place importante au microcrédit. La
contractualisation des relations Etat-AMC à travers un contrat programme
favorisera, sans doute, la réalisation des objectifs de l'INDH et le
développement des AMC. Ce développement requiert aussi la mise en
oeuvre de nouveaux instruments de refinancement adaptés à
l'hétérogénéité du secteur.
Chapitre2 : Le rôle
de la société civile en matière de lutte contre la
pauvreté et l'exclusion sociale
Introduction
Au cours du 20ème siècle la population du Maroc est
passée de 5 millions à plus de 30 millions d'habitants et les
projections démographiques ne prédisent pas un renversement de ce
phénomène.
La croissance démographique, l'exode rural, la
sécheresse structurelle, sont autant d'éléments qui sont
à la source de l'apparition de quartiers entiers non planifiés.
La ville, autrefois haut lieu de développement et de la culture devient
une entité qui crée plus de problèmes qu'elle n'en
résolut.
Longtemps, on a cru que tout développement passait par
l'urbanisation et la croissance industrielle, laissant de côté les
ressources endogènes des régions. Ce processus a conduit à
négliger le développement local et à engendrer de graves
problèmes d'ordre écologique, pollution des rivières par
les eaux usées, pollutions industrielles, décharge publique non
contrôlée, quartiers sans équipements de base, à
savoir assainissement, eau et électricité.
Aussi ne faut-il pas considérer le chômage des
jeunes diplômées comme un déphasage profond entre la
croissance démographique et la croissance économique ? La
pauvreté urbaine peut aisément perturber la cohésion
sociale et être un frein à l'élan démocratique que
connaît le Maroc.
La société civile est sans doute l'un des traits
les plus marquants de notre époque, à tel point qu'elle est
devenue aujourd'hui un acteur incontournable dans le fonctionnement des
sociétés contemporaines. Cette nouvelle situation est le fruit du
travail que les organisations ont mené en matière des droits de
l'homme, de promotion du rôle sociopolitique de la femme, de
défense de l'enfant, de lutte contre la corruption, de lutte contre la
pauvreté, de préservation de l'environnement.
On assiste aussi à une nouvelle forme de
société civile internationale pour laquelle le profit n'est pas
l'objectif principal. C'est dans ce contexte qu'apparaissent des nouvelles
formes d'économie et de solidarité et que l'on parle d'une
économie solidaire. Dans ce cadre, le rôle d'une
société civile idéale serait de faire coopérer
trois secteurs : l'Etat, le secteur privé, le secteur à but non
lucratif à vocation sociale.
Au Maroc comme dans les pays du sud, le combat de la
société civile se développe sur deux axes prioritaires :
les libertés publiques et le développement
socio-économique des populations, aussi bien urbaines que rurales.
Section1: L'approche
méthodologique des ONG de développement
La rigueur de la méthodologie préconisée par
cette nouvelle génération d'ONG au Maroc et le professionnalisme
de leur action font de celles-ci des partenaires incontournables
En effet, les ONG de développement ont toutes comme souci
fondamental la participation de la population cible. Par des séances de
sensibilisation, elles donnent la parole aux groupes sociaux concernés.
Grâce la concertation, des priorités peuvent être
attribuées aux projets de développement.
L'objectif de ses acteurs de développement (ONG) est de
pérenniser l'action entreprise en laissant derrière eux des
populations organisées en association, en coopératives et en
comité de quartier, ... ainsi ces entités locales
accèderont à la citoyenneté et prendront de la sorte leur
propre développement en charge.
La politique de proximité entreprise par les ONG permet le
dialogue dans un climat de confiance indispensable pour dissiper les conflits,
et appréhender la problématique de manière saine et
efficace.
Ce n'est qu'à ce prix que l'on rompra avec la notion de
l'état providence.
La quasi totalité des ONG oeuvrant dans le
développement trace parmi leurs objectifs : la sauvegarde de
l'environnement. Ce processus qui ne peut être atteint sans une vision
globale et intégrée du développement d'où la
nécessité de mettre en place des programmes de
développement intégré multi-vectoriel sur plusieurs
années avec un soutien continu de l'ONG envers la population cible.
Schématiquement, on peut résumer l'action des ONG
marocaines de la manière suivante. Elles vont vers la population cible
en vue de les faire adhérer à tous le processus depuis
l'identification jusqu'à la réalisation. C'est ainsi qu'elles
élaborent conjointement avec la population cible des programmes qui
reflètent les désidératas de cette dernière et
répondent à un besoin pressant et forcément
hiérarchisé. Les ONG traduisent cela en terme de programme
d'action et sollicite l'appui financier et moral des bailleurs de fond et
divers pouvoir public. Elles informent régulièrement la
population concernée de l'évolution de leur dossier et en
parallèle tout en attendant la signature des conventions et le
déblocage des crédits nécessaires les ONG veillent
à l'organisation de la population cible en association et en
coopératives lorsque cela n'existe pas c'est à ce titre qui peut
paraître facile demande un effort considérable de va et vient et
des heures de concertation pour faire adhérer l'ensemble des partenaires
à ce processus.
Cela nécessite de la part de l'ONG un savoir faire
éminent et une gestion rigoureuse basée sur
l'honnêteté et la transparence.
C'est pour ces raisons qu'actuellement les ONG de
développement prêche pour plus de professionnalisme. Elles ont
tablée pour une bonne gestion et une transparence au niveau de leur
fonctionnement.
La majorité des associations de développement font
l'objet d'Audit annuel par des cabinets internationaux choisis en coordination
avec les bailleurs de fond.
Section2: Stratégies
d'action des ONG dans la lutte contre la pauvreté
Les stratégies d'action des O.N.G en matière de
lutte contre la pauvreté sont diversifiées et plurielles. Leur
intervention concerne divers aspects liés à ce
phénomène comme l'alphabétisation et la scolarisation
rurale, le micro crédit et l'insertion professionnelle, l'aide
humanitaire et sociale directe....Autant de créneaux qui dénotent
des multiples dimensions et facettes du phénomène de la
pauvreté.
Ses stratégies d'action dans le domaine de la lutte contre
la pauvreté s'articulent autour de trois axes essentiels :
- Le premier axe est fondé sur l'éradication de
l'une des causes principales de la pauvreté à savoir
l'analphabétisme et la non scolarisation.
- Le deuxième axe tend à l'amélioration des
conditions de vie des populations démunies en s'attaquant aux causes
directes de la pauvreté. Il s'agit notamment des actions visant à
:
* améliorer les revenus des couches sociales
démunies à travers l'octroi de micro crédits, de dispense
de formations...
* accroître le niveau des services sociaux de base
notamment dans le monde rural : pistes, eau, électricité.
* atténuer la fragilité, la
vulnérabilité et la précarité de certaines couches
de la population : handicapés, enfants de la rue, femmes chefs de
ménage...
- Le troisième axe concerne les aides humanitaires,
vestimentaires, médicales directes et limitées dans le temps
ayant pour objectif de réduire les souffrances des population pauvres :
opérations « Ramadan », fourniture de vêtements, de
médicaments... à l'occasion de fêtes religieuses ...
Au niveau de ces différentes stratégies d'action,
les ONG fondent l'élaboration et l'exécution de leur programmes
sur les acteurs locaux, seuls capables de déterminer les couches cibles
et leurs besoins réels tout en garantissant la pérennité
et la cohérence des projets engagés.
Section3: Atouts du mouvement :
une richesse humaine
1. le bénévolat : le cadre
organisé sur la base de l'adhésion volontaire d'un certain nombre
de personnes autour d'une mission, se reflète très fortement au
niveau de l engagement et de l'abnégation des bénévoles.
La richesse du mouvement est celle de ses ressources humaines : mobilisation
très forte, foi et passion dans les actions qu'elles réalisent.
Le bénévolat est une des forces les plus sûres du mouvement
associatif et la valeur ajoutée par rapport à toute autre
structure. Le bénévolat dans le militantisme qu'il suppose est
surtout aussi en espoir.
2. la diversité des expertises : cette richesse humaine
est autant d'expertise et de qualifications diverses au service du
développement : les médecins, les ingénieurs, les
psychologues, les économistes, les juristes, etc.
bénévolat des ONG sont une source de richesse inestimable pour le
pays.
3. la proximité ; les ONG, contrairement à l'Etat,
arrivent à approcher de façon très étroite les
couches les plus vulnérables et marginalisées. Cet un atout de
taille en faveur du mouvement, qui dans une certaines mesure pallie les
carences de l'Etat et son incapacité à résoudre certains
problèmes.
3. une façon de faire : des structures
légères, un fonctionnement local, une priorité à
l'autonomie.
Section4: La
société civile au Maroc
La société civile est sans doute l'un des traits
les plus marquants de notre époque, à tel point qu'elle est
devenue aujourd'hui un acteur incontournable dans le fonctionnement des
sociétés contemporaines. Cette nouvelle situation est le fruit du
travail que les organisations ont mené en matière des droits de
l'homme, de promotion du rôle socio-politique de la femme, de
défense de l'enfant, de lutte contre la corruption, de lutte contre la
pauvreté, de préservation de l'environnement. On assiste aussi
à une nouvelle forme de société civile internationale pour
laquelle le profit n'est pas l'objectif principal.
C'est dans ce contexte qu'apparaissent des nouvelles formes
d'économie et de solidarité et que l'on parle d'une
économie solidaire. Dans ce cadre, le rôle d'une
société civile idéale serait de faire coopérer
trois secteurs : l'Etat, le secteur privé, le secteur à but non
lucratif à vocation sociale.
Au Maroc comme dans les pays du sud, le combat de la
société civile se développe sur deux axes prioritaires :
les libertés publiques et le développement
socio-économique des populations, aussi bien urbaines que rurales.
Section5: Le rôle de la
société civile
Avant de rentrer succinctement dans l'approche
méthodologique qui caractérise l'intervention de la nouvelle
génération des ONG il nous paraît légitime de
préciser que le Maroc possède une tradition associative riche de
leçons aussi bien dans les villes que dans les campagnes. En effet, les
relations sociaux économiques et les différentes organisations
sociales exigeant la présence d'un esprit collectif prennent assise sur
les us et coutumes: l'organisation de la société en Jamaa, en
Twisa et en Zaouia n'est-elle pas une forme de société civile
avant la lettre ? Elles ont joué un rôle
prépondérant dans la prise en main par la population local de son
développement et de son devenir.
Les instances du protectorat étaient à la source de
l'anéantissement de cette forme de société civile
traditionnelle.
En 1914, sous le protectorat, le Maroc a connu sa première
législation des activités associatives. Mais ce n'est
qu'après l'indépendance en 1958, qu'un dahir régit les
libertés publiques s'inspirant largement de la loi française de
1901.
Depuis les années quatre-vingts la société
civile au Maroc a connu un épanouissement sans précédent.
Les chiffres officiels diffèrent suivant leur source et annoncent
l'existence de 17.000 à 35.000 associations. Est-ce le reflet d'une
ouverture démocratique ou la recherche d'une légitimité en
réponse aux problèmes liés au méfait de
l'ajustement structurel qui a engendré pauvreté, exode rural et
prolifération de l'habitat insalubre ?
Le paysage associatif est actuellement diversifié et
réparti géographiquement sur la quasi-totalité du
territoire national.
Section6: Les ONG et la Lutte
contre la Pauvreté au Maroc:
Le mouvement associatif connaît un grand essor au Maroc. Il
attire de plus en plus d'individus, de communautés, d'organismes... Aux
associations professionnelles, sportives, culturelles ... s'ajoutent de
très nombreuses associations de développement à
caractère social.
Parallèlement à cette forte progression
quantitative des ONG, leurs domaines d'intervention s'élargit et se
diversifie particulièrement en matière de lutte contre la
pauvreté et d'intégration des couches sociales démunies
dans le processus de développement économique et social. Il faut
dire que la création de la Fondation Mohamed V pour la solidarité
a donné un véritable coup de fouet aux associations de
développement social au Maroc.
Dans cet important domaine, ces ONG adoptent une véritable
politique de proximité et une démarche participative impliquant
directement les populations bénéficiaires dans le cadre d'une
dynamique locale. Leur stratégie d'action embrasse plusieurs axes qui
visent à apporter des aides directes et ponctuelles aux pauvres et /ou
à améliorer leurs conditions de vie en agissant directement sur
les causes de la pauvreté et de l'exclusion.
Ce qui explique largement l'efficacité de leur action, le
caractère fondamental de leur contribution et la pertinence de leur
démarche. Elles constituent désormais, et de plus en plus, un
partenaire privilégié des différents acteurs sociaux et en
particulier de l'Etat en créant les synergies nécessaires et les
complémentarités indispensables entre eux dans le cadre d'une
stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.
La réussite d'une telle stratégie nécessite
entre autre le renforcement de l'action des ONG à travers le
dépassement des multiples contraintes qu'elles subissent. Il s'agit en
particulier de la modicité ainsi que de l'irrégularité de
leurs ressources financières, de la faiblesse quantitative et
qualitative de leurs ressources humaines, de leur conception classique du
travail basé toujours sur le volontariat et l'amateurisme... Autant
d'handicaps qui continuent de peser négativement sur leur action et
limitent fortement l'efficacité et l'efficience de leurs programmes dans
le domaine de la lutte contre la pauvreté.
Conclusion
Si tout le monde est d'accord sur
le fait que le développement économique et social du pays ne peut
plus être envisagé sans la participation active de la
société civile, et que le rôle des associations est
désormais le pilier de toute réforme, il faut admettre
l'existence d'une hétérogénéité des
comportements des acteurs. Les contingences qui pèsent sur l'action des
ONG, leurs logiques de comportement devraient recevoir beaucoup plus
d'attention. En effet, parallèlement à des associations qui
déploient des efforts considérables pour le bien être
social, on assiste à des comportements opportunistes de certaines
personnes impliquées qui cherchent plutôt à maximiser leurs
propres intérêts (amélioration de leur image, course vers
l'accumulation des aides).
L'accent mis sur le comportement des acteurs se justifie dans le
contexte marocain dans la mesure où des travaux similaires portant sur
la politique de l'emploi ont montré que l'action des acteurs n'est pas
toujours neutre (Ibourk, 2003). Les objectifs privés des acteurs
impliqués dans une action peuvent converger entre eux tout en divergeant
de l'objectif général de cette action. Les agents peuvent former
des coalitions d'intérêt qui peuvent détourner l'objectif
initial de l'action. De même dans ce domaine qui est devenu une
priorité déclarée des pouvoirs publics marocains les
besoins d'indicateurs d'aide à la décision sont plus pressants.
Toutefois l'absence de données appropriées ne
permet pas d'aller au-delà de la rhétorique du discours
dominant.
Chapitre3 : programme des
"villes sans bidonvilles" : réalisation en milieu urbain
INTRODUCTION
Les bidonvilles au Maroc ne cessent de
croître malgré les efforts de résorption non
négligeables menés par l'Etat. Leur problématique est
devenue alarmante, exigeant une nouvelle prise de conscience et des initiatives
innovantes.
Aussi, le Gouvernement s'est engagé à donner une
dimension particulière aux actions de résorption des bidonvilles
au Maroc, l'inscrivant dans une vision plus stratégique, axée sur
un plan d'actions de «Villes sans bidonvilles».
Le Programme «Villes sans bidonvilles» (VSB) se fixe
comme objectif d'éliminer en sept ans (2004- 2010) tous les bidonvilles
des centres urbains lesquels abritent plus de 210.000 ménages; programme
ambitieux faisant appel à la responsabilité et à la
participation citoyenne de toutes les potentialités tant des
ministères concernés que des collectivités locales et des
populations cibles. L'intérêt particulier qu'accorde S.M. Le Roi
à la question des bidonvilles, et plus récemment au Programme
VSB, est un engagement politique majeur qui ne fera que renforcer la
détermination du Gouvernement à multiplier ses efforts pour
atteindre les objectifs dudit Programme.
De même que des institutions internationales dont la
Banque Mondiale, l'Organisation des Nations Unies (UN-Habitat), les
coopérations américaines, françaises,...ont
manifesté leurs intérêts et leurs souhaits de participer
à la mise en oeuvre de ce programme VSB, ambitionnant la diffusion de
l'expérience marocaine à d'autres pays.
Dans notre mémoire on cherchera avec les moyens dont on
s'est disposé d'aborder l'habitat insalubre en général, la
situation de l'habitat insalubre au Maroc, le travail effectué par les
organismes chargés de programme de villes sans bidonvilles.
Section1: Problématique
des bidonvilles :
1. Aperçu général sur les
bidonvilles :
Depuis son apparition pour la première fois aux
alentours de 1820, le mot bidonville a été utilisé pour
désigner les logements qualitativement les moins satisfaisants aux
conditions sanitaires les plus mauvaises; les bidonvilles étaient
considérés comme des lieux propices aux activités
marginales, notamment aux crimes, au « vice » et à
la consommation de drogues; des foyers probables des nombreuses
épidémies qui ravageaient les zones urbaines; en un mot, des
endroits aux antipodes de tout ce qui est respectable et sain. Aujourd'hui, le
mot « taudis » est un terme fourre-tout, vague et
péjoratif. Il a de nombreuses connotations et significations et il est
rarement utilisé par les gens les plus sensibles, politiquement corrects
et intellectuellement rigoureux. Mais dans les pays en développement ce
mot est dépourvu de la connotation péjorative et conflictuelle
initiale et correspond tout simplement à un logement de qualité
inférieure ou de fortune.
Dans notre mémoire, le mot
« bidonville » est utilisé pour décrire une
grande diversité d'établissements humains occupés par des
groupes à faibles revenus où les individus vivent dans de
mauvaises conditions. Défini simplement, un taudis est un logement
situé dans une zone urbaine fortement peuplée
caractérisée par des habitations de qualité
inférieure et sordides. Cette définition sans détour,
qu'il convient toutefois d'enrober, énonce les caractéristiques
physiques et sociales fondamentales des taudis.
Traditionnellement, on entend par bidonvilles des quartiers
autrefois respectables - voire même convoités - qui se sont
détériorés une fois les premiers occupants partis vers de
nouveaux quartiers, plus propices, de la ville. L'état des maisons
s'est détérioré au fur et à mesure de leur
subdivision et de leur location à des personnes à faibles
revenus.
Aujourd'hui, on entend par « bidonvilles »
les énormes établissements humains informels qui deviennent
rapidement la manifestation la plus sensible de la pauvreté urbaine des
villes du monde en développement. Un grand nombre de termes
désignent ces établissements qui sont caractérisés
par des modes d'occupation divers. Cependant, dans tous les cas, les
bâtiments qu'on y trouve vont de la simple baraque à des
structures permanentes qui surprennent parfois par le soin avec lequel elles
sont entretenues; toutefois, il est une réalité commune à
la plupart des bidonvilles, à savoir l'absence d'alimentation en eau
propre et en électricité et le manque de systèmes
d'assainissement et d'autres services essentiels.
2. Délimitation du champ de la réflexion
Le logement constitue un enjeu économique et social
important, pour les entreprises et pour les ménages.
C'est un produit spécifique différent des autres
biens mis sur le marché par l'importance des investissements, la
sensibilité du secteur à la conjoncture économique qui en
détermine le rythme de production et les conditions d'accès pour
le plus grand nombre.
L'enjeu essentiel du logement se situe en milieu urbain, qui
pose aujourd'hui des difficultés au niveau de l'accès
particulièrement pour les ménages à faibles revenus. Le
Maroc étant engagé depuis plusieurs décennies dans une
croissance urbaine accélérée alimentée par un exode
rural durable, la question du logement est prioritairement une question
urbaine, car le logement en milieu rural est lié à l'unité
d'exploitation agricole et se pose davantage en termes d'accès aux
infrastructures et aux services de base (eau, électricité,
pistes, routes, enseignement et santé) qu'en termes de construction de
logements.
Le savoir faire local et les conditions d'exploitation
favorisent l'auto production du logement en dehors des règles du
marché. Par ailleurs, la diversité des contextes et les
spécificités locales, excluent toute généralisation
de modes d'intervention. Les rares tentatives d'interventions publiques dans le
logement en milieu rural ont d'ailleurs très vite montre leurs limites
et leur inefficacité (village pilote, programme de l'habitat rural).
Dans tous les cas, les exigences de développement du
milieu rural ne portent pas prioritairement, aujourd'hui, sur la construction
de logements, ce qui ne doit pas signifier absence d'interventions publiques en
milieu rural.
En milieu urbain, le logement social occupe une place
importante dans la réflexion et dans l'action. C'est une composante
difficile à dissocier de l'ensemble de la production du logement et qui
reste articulée aux autres segments dont chacun présente des
caractéristiques propres mais l'ensemble est régi globalement par
les règles du marché qui déterminent les conditions de
production et d'accès et ces règles opèrent à
l'échelle de chaque agglomération. Ainsi, une offre insuffisante
dans un segment se répercute nécessairement sur les autres et les
plus bas revenus sont les moins bien servis.
L'évaluation de l'expérience marocaine au cours
des dernières décennies permet de dégager des
enseignements susceptibles d'éclairer la situation actuelle.
3. La situation actuelle
La situation actuelle se caractérise par une
inadaptation quantitative et qualitative entre l'offre et la demande en
logements dont les expressions les plus significatives concernent le
développement des bidonvilles, la progression de l'HNR et la
dégradation du parc existant.
a. Caractéristiques de la
production
La production de logements est en progression mais reste
insuffisante par rapport à l'évolution des besoins. Elle est le
fait d'un secteur hétérogène marqué par le poids de
l'informel et une faible contribution du secteur public.
3.1.1. Une production de logements
insuffisante
La production des logements autorisés a
enregistré une croissance continue au cours des dernières
décennies, mais reste globalement en deçà des besoins
liés à la croissance urbaine.
Au cours de la période 1981-90, le nombre de logements
autorisés s'élève à 523 600 unités et celui
effectivement réalisés 419 000, soit une moyenne annuelle de 41
900 au lieu de 52 360 prévus initialement.
Au cours de la dernière décennie, le nombre de
logements autorisés a évolué de 54 000 unités en
1993 à 89 000 unités en 2002 :
Alors que l'accroissement de la population urbaine enregistre
un rythme régulier, l'évolution de la production des logements,
bien qu'en constante augmentation, reste sensible à la conjoncture
économique et aux mécanismes des marchés au niveau
local.
La comparaison entre les besoins annuels liés à
la formation de nouveaux ménages et les logements autorisés et
réellement construits indique une insuffisance de la production du
secteur réglementaire. Le taux de couverture des besoins se situe autour
de 74 % et varie selon les contextes urbains, avec toutefois des situations
isolées de surproduction. Mais globalement à l'échelle
nationale, ce déficit est important et ne prend pas en compte les
besoins liés à la résorption du déficit existant
qui s'amplifie et qui est estimé à 1,2 millions
d'unités.
Ce déficit à l'échelle nationale devra
être interprété localement en fonction de chaque contexte
urbain là où les régulations s'opèrent et prennent
des formes multiples :
- la production des logements dans le cadre des lotissements
non réglementaires, les surélévations et les subdivisions
non autorisées;
- la progression des bidonvilles et des autres formes
d'habitat insalubre : l'habitat dégradé et vétuste dans
les médinas, les nouvelles médinas, l'habitat dans des locaux non
destinés au logement (garages, terrasses);
- le développement de la cohabitation et de
l'entassement dans les logements.
3.1.2. Un secteur de production
hétérogène
La question du logement en milieu urbain renvoie
également aux caractéristiques des acteurs impliqués dans
le processus de production et de circulation du logement et le rôle
important du marché dans le fonctionnement global du secteur.
Le secteur de production du logement est inscrit dans son
contexte économique et reste très sensible à
l'évolution de la conjoncture. Il est marqué par le poids
important des unités informelles (9/10 de l'ensemble) qui
réalisent 80 % de la production aux dépens des entreprises
organisées qui dans certains cas recourent à la
sous-traitance.
En 2000, on dénombre 53 000 entreprises de construction
dont 50 000 de type informel localisé ou non localisé, 1500 PME
et quelques dizaines de grandes entreprises structurées.
Quatre groupes d'entreprises sont identifiés :
- des entreprises de taille réduite au nombre de 218
qui réalisent un chiffre d'affaires inférieur à 1 million
de DH avec un effectif inférieur à 30 personnes,
- des entreprises de dimension moyenne (511) avec un chiffre
d'affaires compris entre 2 et 5 millions de DH et un effectif compris entre 30
et 100 personnes,
- des entreprises de taille nationale (539) réalisant
un chiffre d'affaires compris entre 5 et 50 millions de DH et un effectif
compris entre 50 et 500 personnes,
- des entreprises de grande taille 65 avec un chiffre
d'affaires supérieures à 50 millions de DH et un effectif
supérieur à 500 personnes.
Les unités de production organisées sont
concentrées en grande partie dans l'axe Rabat Casablanca qui regroupe 30
% des unités. Plus de la moitié des entreprises du secteur
organisé (54,3 %) a été créé après
1990, et 54 % réalisent un chiffre d'affaires de moins de 5 millions de
DH.
La réalisation des logements se répartit entre
quatre filières de production2 :
- la filière promoteur - entreprise organisée
qui réalise l'ensemble de la commande publique de logements et une
partie des logements en immeubles;
- la filière promoteur-tâcheron réalise
une part de la production de logements en immeubles;
- la filière autopromoteur-tâcheron
réalise la quasi totalité des habitations de type marocain et des
villas;
- la filière autoconstructeur maallam réalise
une grande partie de l'habitat non réglementaire.
3.2. Évolution de la demande
La demande en logement est déterminée par les
besoins de la croissance urbaine. La demande sociale en particulier correspond
à la différence entre les besoins liés à la
formation des nouveaux ménages et la demande solvable.
3.2.1. Accroissement des ménages
urbains
Le Maroc a été confronté au cours des 50
dernières années à une croissance urbaine rapide
alimentée par un exode rural soutenu dans un contexte de sous
équipement La population urbaine a évolué de 3,4 millions
en 1960 à 13,4 millions en 1994 soit quatre fois.
Le taux d'accroissement annuel moyen en milieu urbain a
enregistré une baisse entre les deux périodes intercensitaires,
(4,4 % entre 71 et 82 à 3,6 % entre 82 et 94), parallèlement le
milieu rural a observé une tendance à la baisse de 1,5 % à
0,7 %.
En 2025, la population du Maroc atteindra le seuil de 40
millions dont 28 millions de citadins.
Le poids des ménages additionnels évalué
en 1994 à 109 000 ménages en milieu urbain, atteindra
144 000 pour la période 2002-2007 et 170 000 à partir de
2012. Ces chiffres donnent la mesure des efforts nécessaires pour
répondre aux besoins de la croissance urbaine sans compter le
déficit en logement accumulé et celui lié à la
résorption de l'insalubrité.
3.2.2. Revenus, accessibilité et
financement
Le financement du logement constitue un élément
déterminant de toute stratégie d'intervention. La contribution du
secteur bancaire au financement du logement au Maroc est relativement
limitée. L'autofinancement représente 80 % des logements
réalisés. Les difficultés d'accès au financement
pour les ménages s'explique par l'étroitesse du marché
financier, la pénurie des moyens financiers à long terme
destinés au secteur et par l'inadaptation des produits par rapport au
profils socio-économiques des ménages. La réorganisation
du système de financement dépendra du niveau d'accroissement des
ressources destinées au secteur et des mécanismes mis en place
pour adapter les produits aux profils des ménages à moyens et
faibles revenus dans la perspective de l'amélioration de leur
solvabilité.
Un système plus adapté favorisera l'accès
au logement à une frange plus importante de ménages. Pour autant,
il est également admis qu'un système de financement aussi
performant soit-il, ne peut pas résoudre des problèmes qui
relèvent de la faiblesse des revenus ou de l'insuffisante production.
La question posée est de déterminer la part des
ressources que l'économie marocaine est en mesure d'affecter, d'une
manière régulière, au secteur du logement pour
répondre aux besoins nés d'une forte croissance urbaine et pour
résorber le déficit accumulé, sans porter atteinte
à l'investissement dans les autres secteurs productifs.
Les obstacles à l'accès au crédit
bancaire sont nombreux : les uns sont endogènes au système du
financement lui-même, les autres relèvent des contraintes
économiques.
Par ailleurs, selon l'enquête nationale sur la famille
(1995), la distribution des ménages urbains selon les groupes
socioéconomiques révèle le poids des groupes «
socialement marginalisé » et « vulnérable » qui
représentent respectivement 9,87 % et 36,84%2. Elle montre
également que la pauvreté et la population vulnérable
à la pauvreté sont plus répondues en milieu rural qu'en
milieu urbain, où ils sont localisés dans les petites et moyennes
villes et dans les quartiers périphériques et sous
équipés des grandes agglomérations qui offrent pourtant
plus d'opportunités d'emplois et d'intégration.
Mais globalement, le champ de la pauvreté se
rétrécit en fonction du développement du potentiel
économique, et l'accès aux infrastructures et aux services
sociaux constitue un facteur déterminant de son recul.
3.3.1. Développement de
l'insalubrité dans les bidonvilles
Il faudra différencier entre les différentes
formes d'insalubrité : le bidonville qui constitue la forme la plus
visible dans le paysage urbain, ne doit pas masquer les autres formes
d'insalubrité, diffuses ou localisées.
L'ensemble constitue une première expression de
l'inadéquation entre l'offre et la demande en logements en milieu
urbain. Si les données sur l'évolution des bidonvilles sont
relativement précises (le bidonville a évolué de 160 000
ménages en 1992 à 260 000 ménages en 2001 dont plus de la
moitié concentrée dans l'axe Kénitra Casablanca), les
autres formes d'insalubrité sont encore difficilement quantifiables. On
note toutefois les données relatives à l'occupation des terrasses
(70 267 unités) et des sous-sol pour un usage d'habitation (12 074).
La question de l'habitat insalubre renvoie aux critères
de détermination du degré d'insalubrité ou d'exigences
minimales d'habitabilité. Cela concerne le logement comme espace
privé mais également son environnement déterminé,
par le niveau d'accès aux équipements et aux services de base.
La question renvoie à l'état du parc logement et
de son occupation à un moment donné et aux conditions de son
évolution. Dans ce sens, l'insalubrité est également le
produit d'un processus de transformation du parc logement lié à
son vieillissement, son déclassement social ou son renouvellement. Cela
veut dire qu'un logement salubre au départ, peut évoluer vers des
formes d'insalubrité par dégradation faute d'entretien ou
sur-occupation. Plus la pression de la demande est forte, plus elle s'exerce
sur l'état du parc, ce qui précipite sa
dépréciation et son déclassement social.
Mais paradoxalement une stratégie orientée
exclusivement sur la construction de logements neufs ne se traduit pas
forcement par le recul de l'insalubrité, car l'offre en logement neuf
notamment pour l'accès à la propriété s'adresse
d'abord à des ménages déjà logés dans des
conditions et des statuts certes en attente d'amélioration, mais qui
sont généralement solvables.
Les ménages nouvellement constitués, nombreux
dans un contexte de croissance urbaine rapide, doivent passer par des
itinéraires résidentiels qui peuvent prendre des formes
multiples, de la cohabitation, entassement avant d'accéder à la
propriété ou au logement neuf. Ce processus de filtrage permet de
libérer des logements souvent déclassés et dans certains
cas versés dans l'insalubrité.
De ces développements, on peut considérer qu'une
partie de l'insalubrité est le reflet de la pauvreté en milieu
urbain et de l'incapacité financière des ménages à
accéder à un logement décent et l'autre partie de
l'insalubrité est le résultat des transformations qui
s'opèrent dans le parc logement sous la pression du marché et qui
peuvent être exacerbées par la pénurie ou l'insuffisance de
l'offre en logement.
4. Caractéristiques de l'habitat
insalubre :
4.1. Données
générales
Au Maroc, l'habitat insalubre, faisant référence
à la fois à l'état de la construction
(vétusté du bâti, précarité,
cohabitation,...), au sous-équipement du tissu urbain et aux conditions
d'occupation du logement se présente sous différentes formes. Au
dernier dénombrement de 2001, ce type d'habitat abritait près de
18% des ménages urbains, se répartissant comme suit :
- Bidonvilles : Abris sommaires réalisés souvent
avec des matériaux de récupération (tôle, bois,...),
sur des terrains dépourvus d'infrastructures de base (assainissement,
eau potable,...) ; l'habitat rural intégré aux
périmètres communaux ou à proximité est souvent
assimilés comme «bidonville»- 262.000 ménages y logent
en 2001 ou 270.000 estimés actuellement.
- Quartiers non réglementaire (QNR) : Parcelles
construites sur des terrains morcelés illégalement et vendus sans
la réalisation préalable des infrastructures de base
(assainissement, eau potable, électrification...)- Près d'un
millier de quartiers sont recensés et 520.000 ménages y
résident en 2001
- Tissus ou bâtiments anciens vétustes et souvent
surdensifiés: Parmi eux, les logements menaçant ruine
concernaient près de 90.000 ménages en 2000.
4.2. Des interventions adaptées
1. Le bidonville constitue une forme d'expression de la
pauvreté urbaine (précarité des matériaux de
construction et du statut d'occupation, absence d'infrastructure etc).
L'attente de la population porte sur un relogement (souvent en terme
d'accès à un lot équipé) par le biais de
subventions par l'Etat dont les ressources ne permettent pas de faire face
à l'ensemble de la demande. Cette situation implique d'inverser la
tendance : si l'initiative de l'intervention vient de la population ou des
ses élus, l'Etat peut appuyer cet effort sous formes d'encadrement
techniques, de facilités opérationnelles ou de subventions
financières en admettant des réponses progressives et
adaptées selon les cas: celles-ci peuvent aller de l'amélioration
de l'existant jusqu'à la résorption, en passant par des
restructurations plus ou mois légères initiées par les
habitants et encadrées par les collectivités locales
concernées.
2. L'HNR exprime une réalité sociale
différente de celle du bidonville : il s'agit d'un
aménagement foncier sans équipement mais avec un investissement
important dans la construction ; la population a acheté des
terrains parfois en partie équipés, et dans la majorité
des cas, investis dans la construction. De ce fait, elle est potentiellement en
attente d'une amélioration de son statut et de son cadre de vie par les
équipements d'infrastructure et par la régularisation
administrative et foncière de son occupation. Cette attente constitue un
atout pour favoriser un partenariat avec la puissance publique afin d'engager
la normalisation administrative et la régularisation foncière et
de définir des règles de répartition des charges et des
compétences entre les différents acteurs en présence
(communes, autorité, OST, régies, habitants). La présence
de concessionnaires privés doit être une occasion pour introduire
des innovations en matière de financement des infrastructures (ex : hors
site et primaire réalisés par l'Etat/concessionnaire dans le
cadre de convention et le réseau secondaire et tertiaire par la
population /collectivité locale).
3. Pour la médina, la complexité des statuts
fonciers, celle de l'occupation, ainsi que l'imbrication de la question du
patrimoine et de celle de l'insalubrité appellent des solutions
prudentes et expérimentales. L'urgence porte sur des opérations
pilotes bénéficiant de dispositif d'évaluation et des
interventions ciblées sur les maisons menaçant ruine où la
sécurité des habitants est en jeu. Une fois encore, il faut
éviter des interventions massives ou globalisantes. La priorité
doit porter sur une mise à niveau des infrastructures de base et sur des
projets ciblés, intégrés avec un accompagnement social
adapté.
4. Pour l'habitat insalubre dispersé, les
contextes et les situations sont très variables (des douars
périphériques aux formes diffuses localisées dans les
différents tissus urbains). Cette diversité appelle des solutions
au cas par cas. Pour les douars périphériques, il s'agit souvent
de contextes ruraux où une démarche participative visant
l'amélioration de l'existant peut conduire à des résultats
satisfaisants (cas de Marrakech). Ailleurs, les noyaux périurbains
constituent l'embryon d'un développement plus massif qui appelle une
action préventive sous forme d'aménagement foncier.
5. Historique des stratégies
adoptées
Malgré une palette riche en modes d'intervention en vue
de la résorption des bidonvilles qui a permis d'atteindre,
ponctuellement, certains résultats remarquables, la problématique
des bidonvilles demeure, aujourd'hui encore entière, tant en nombre de
bidonvilles qu'en complexité de résorption, notamment dans les
grandes villes.
Si pendant les années 1950 à 1970, furent
menées plusieurs expériences de recasement de des bidonvilles
avec notamment les «trames sanitaires», la stratégie du Projet
de développement urbain (PDU), opération intégrée
en vue de la restructuration in-situ des bidonvilles, ne fut introduite au
Maroc que dans le cadre du PDES4 de 1978-80. Les PDU ont contribué
à la diffusion de nouvelles notions comme le recouvrement des
coûts, la réduction des normes d'urbanisme et des standards
d'équipement, l'assouplissement des procédures d'autorisation de
construire, la préoccupation institutionnelle pour coordonner des
actions de plusieurs partenaires...
Depuis les années 1980, la stratégie de
résorption des bidonvilles a consisté essentiellement en
l'équipement des parcelles constructibles mises à la disposition
des ménages concernés. Pratique ayant elle-même plusieurs
variantes dont celle, souvent privilégiée, concerne les
opérations dites «intégrées», combinant les
principes de recasement, de prévention (de l'habitat insalubre) et de
promotion- péréquation. Ce sont des projets d'aménagement
foncier, intégralement équipés en infrastructures de base
et dotés d'emplacements pour les équipements socio-collectifs.
Outre les titres de propriété foncière, les attributaires
reçoivent un dossier de construction comprenant des plans d'architecture
et de structures (appui technique à la population).
Au début des années 1990, le Ministère
chargé de l'habitat a mis en place un programme spécial de lutte
contre l'habitat insalubre portant sur 107 opérations au profit de
100.000 ménages bidonvillois. Sa réalisation a été
confiée aux opérateurs sous tutelle du Ministère de
l'Habitat (ANHI, SNEC,..) dans le cadre d'une politique conventionnelle.
L'évaluation de ce programme a permis de dégager
ce qui suit:
- Une programmation pas toujours judicieuses des projets en
amont et une gestion inégale en cours de réalisation.
- L'insuffisance de la maîtrise du foncier au
préalable du lancement du programme a engendré des retards, voire
l'abandon de certaines opérations.
- Le mode de fixation de la subvention du BGE à 25% du
coût global de l'opération, a entraîné une
programmation et des montages technico-financiers "cadrés".
- Les problèmes de financement de l'auto-construction
de logements et l'absence de crédits acquéreurs au profit des
ménages bidonvillois ont retardé l'achèvement de la
valorisation de ces opérations dans les délais prévus.
- La faiblesse de l'intervention des pouvoirs locaux pour
encourager l'évacuation des anciennes baraques et l'installation dans
les nouveaux sites ainsi que les difficultés de recouvrement des
recettes auprès des bénéficiaires ont également
constitué un handicap certain.
- Les comportements du bidonvillois vis-à-vis du projet
allant parfois à un rejet total des solutions suggérées,
notamment sur le type d'intervention, sur les prix de cession, sur la
localisation et sur les équipements d'accompagnement qui sont rarement
réalisés parallèlement à l'opération.
Sur le plan quantitatif, les réalisations de l'Etat ont
porté, entre 1982 et 1992, sur près de 13.570 unités de
résorption en moyenne annuelle, permettant de faire baisser la part des
ménages bidonvillois de 12,8% à 7,8% de la population urbaine
entre les deux dates. De 1992 à 2003, le bilan des réalisations a
été moindre (environ 9.000 unités par an, en moyenne).
Suite à l'évaluation des stratégies de
lutte contre l'habitat insalubre, le Gouvernement s'est attelé à
explorer de nouvelles approches pour remédier aux résultats des
réalisations passées, largement insuffisantes face à la
recrudescence, dans de nombreuses villes, de l'habitat précaire sous
toutes ses formes, ainsi que face à la persistance de gros et moyens
bidonvilles au coeur des principales agglomérations (Casablanca, Rabat,
Tanger, ...). Cette préoccupation s'est traduite par la mise en place de
nouvelles approches, techniques, financières et juridiques,
adaptées à des programmes spécifiques dont, notamment
celui de «Villes sans bidonvilles».
Dans ce cadre, le Ministère chargé de l'habitat
est conscient que toute nouvelle stratégie ne pourrait donner des
résultats positifs et durables que si la participation des
Collectivités locales, du secteur privé, des autres partenaires
administratifs, de la société civile et de la population est
réellement effective et pérenne; participation basée sur
les principes de partenariat et de citoyenneté.
Section2: Le programme «
Villes Sans Bidonvilles »
1. Objectifs assignés et résultats
attendus
Face à l'ampleur des besoins en matière de lutte
contre l'habitat insalubre, la priorité a été
accordée à la résorption des bidonvilles qui constituent,
de nos jours, des lieux d'exclusion et de pauvreté présentant
«l'image la plus hideuse du déficit social». Le Gouvernement,
à travers le Ministère délégué auprès
du Premier Ministre chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme (MHU), s'est
fixé comme objectif en 2010 d'éradiquer la totalité des
bidonvilles dans toutes les villes marocaines ou du moins en faire un
phénomène résiduel..
A terme, près de 212.320 ménages, occupant
actuellement les bidonvilles dans les 70 villes, verront leurs conditions de
cadre de vie s'améliorer de façon notable. De même, les
actions de prévention menées dans le cadre des programmes
d'habitat social ainsi que la vigilance des pouvoirs publics locaux et la
sensibilisation des populations cibles devront empêcher toute extension
ou formation de bidonville.
Pour atteindre ces résultats, le MHU mobilise des
moyens financiers à travers notamment le Fonds de
Solidarité de l'habitat (FSH) et fait appel tant aux
opérateurs publics (Al Omrane, ERAC,...) qu'aux collectivités
locales et au secteur privé pour la réalisation des projets de
résorption et de prévention.
Dans ce cadre, des Contrats Villes sans bidonvilles (VSB)
devront lier le MHU, les autorités provinciales et les
collectivités locales; contrats décrivant les objectifs du
programme, sa consistance et les rôles et responsabilité de chaque
partie contractante.
De même, la mobilisation du foncier public tant pour la
résorption des bidonvilles que pour la réalisation de l'habitat
social à moyenne et faible VIT comme actions de prévention,
constitue une action majeure de ce programme. Une première tranche de
3.400 hectares de terrains domaniaux est affectée au programme et en
cours d'acquisition par les opérateurs retenus (Al Omrane et ERACs). Une
seconde tranche, d'environ 5.000 hectares, est en cours de
négociation.
En inscrivant la résorption des bidonvilles dans une
vision à moyen terme ( Horizon 2010- Ville sans bidonvilles) parmi ses
actions prioritaires et en lui consacrant les moyens publics
nécessaires, le Gouvernement marque une volonté affirmée
d'innovation par rapport aux pratiques précédentes.
Cependant, l'exécution du Programme VSB dans les
délais retenus demandera des efforts exceptionnels pour plus que tripler
le rythme de production annuelle des unités de résorption des
bidonvilles constaté ces dernières années. En effet, la
réalisation des objectifs quantitatifs du VSB nécessiterait que
la capacité de production actuelle passe de 9.000 à 30.000
logements par an, ce qui semble un grand défi compte tenu des
problèmes structurels du secteur, mais non impossible à relever
si les conditions propices sont réunies.
2. Description du programme VSB
2.1. Montage envisagé
Selon la stratégie et les procédures
d'exécution adoptées en vue de sa meilleure faisabilité et
de son suivi et évaluation périodique, le programme VSB porte sur
la production d'unités de résorption des bidonvilles,
bénéficiant de subventions de l'Etat, et devant être
accompagnée de la démolition de baraques correspondantes. Autant
que faire se peut par rapport à diverses contraintes (foncières,
sociales, de délais,...), le MHU privilégiera les
opérations ciblées6 et sollicitera les opérateurs
d'engager en priorité les actions de résorption des bidonvilles
dans les opérations dites intégrées.
Cette stratégie se base sur la ville comme unité
de programmation, pour une intervention globale et intégrée, sur
un cadre contractuel entre l'Etat et les Collectivités locales, pour le
respect mutuel des engagements et des responsabilités et sur un
opérateur unique, et un meilleur ciblage des opérations pour
optimiser les moyens et les conditions d'intervention, aussi bien sur le plan
foncier, financier que institutionnel et social.
2.2. Modes d'intervention
Le programme VSB se réfère aux pratiques
techniques actuelles en matière de résorption des bidonvilles au
Maroc, privilégiant certains modes par rapport à d'autres.
a. Le recasement permet aux ménages
des petits bidonvilles et de ceux ne pouvant être
intégrés au tissu urbain, l'accès à la
propriété de lots d'habitat social (de superficie comprise entre
64 et 80 m²) à valoriser en auto-construction
assistée, dans le cadre de lotissements à
équipement préalable ou progressif.
Le recasement sur une zone d'aménagement progressif
(ZAP) permet d'accélérer les actions de résorption des
bidonvilles et les adapte aux capacités financières des
ménages cibles; l'Etat leur assurant notamment la
propriété du terrain, l'évacuation des eaux usées
et l'éclairage public; l'alimentation en eau potable étant
assurée par des bornes fontaines réalisées dans le cadre
du projet. Ces travaux devront être complétés
progressivement, au fur et à mesure de la valorisation, soit directement
par les collectivités locales, soit par l'intermédiaire des
associations de quartier, soit par l'opérateur.
b. La restructuration, autre mode
d'intervention également privilégié, a pour objectifs de
doter les grands et moyens bidonvilles pouvant être
intégrés au tissu urbain, en équipements d'infrastructure
nécessaires (assainissement, voirie, eau potable,
électrification) et de régulariser leur situation urbanistique et
foncière. Ce mode d'intervention est, en général,
accompagné par une dédensification entraînant le recasement
et/ou le relogement de quelques ménages sur de nouveaux sites. Sur le
plan du financement, l'adduction d'eau potable et l'électrification sont
à la charge des bénéficiaires; l'aide publique concerne
essentiellement la réalisation des travaux de voirie et
d'assainissement.
c. Le relogement privilégié,
à juste titre, dans les principales agglomérations urbaines
(Casablanca, Mohammedia, Rabat, Témara,...) est envisagé
essentiellement avec la participation des promoteurs privés dans le
cadre des appels à manifestations d'intérêt. Tablant sur
des logements à faible VIT, allant de 80.000 à 120.000 DH, l'Etat
contribuera à hauteur de 40.000 DH par logement.
Le complément de financement comprend les avances des
bénéficiaires et la possibilité de recourir à un
crédit bancaire formel garanti par des fonds créés
spécialement pour les familles à bas revenus (FOGALOGE et
FOGARIM).
2.3. Consistance
générale
Le programme VSB porte sur la résorption, de 2004
à 2010, de l'ensemble des bidonvilles en milieu urbain, concernant
environ 213.320 ménages répartis dans 70 villes dont 18
concentrent près de 81% de la population bidonvilloise. Par rapport
à l'état d'avancement des projets de résorption des
bidonvilles, le Programme VSB distingue trois parties ou composantes :
a. Projets conventionnés avant 2004
:
Ce sont des opérations bénéficiant des
subventions de l'Etat (BGE et FSH) et dont l'exécution a fait l'objet de
conventions entre le MHU et ses organismes sous tutelle (Al Omrane et ERACs). A
fin 2003, ces opérations ont concerné près de 68.290
familles.
52% de ces ménages bénéficient de lots
d'habitat équipés (recasement) ; 26% sont concernés par l
restructuration de leurs bidonvilles et 22% sont relogés dans des
programmes de construction. A l'achèvement de ces opérations en
cours, 10 villes seront déclarées VSB.
Le coût global de ces opérations est d'environ
6.537 millions DH dont 28% subventionnés (BGE, FSH,
Fonds Hassan II); le reste provenant essentiellement des
contributions des bénéficiaires et de certaines communes. La
majorité des projets conventionnés seront achevés avant
2006.
b. Projets à conventionner en 2004
:
Dix sept (17) communes sont concernées par cette
deuxième partie du programme VSB et dont les Contrats VSB sont en cours
de négociation avec les partenaires locaux (Communes,
Autorités,...). Ces villes totalisent près de 154.376
ménages bidonvillois, soit plus de 72% des effectifs du Programme.
Près de 49.000 de ces familles sont concernées
par des opérations déjà conventionnés, donc en
cours de réalisation, et 62.160 autres seront pris en charge dans de
nouveaux projets à engager en 2004 et où prédomineront le
recasement (46%) et la restructuration (34%). Pour le reliquat concernant
essentiellement la métropole casablancaise et la ville de Témara,
d'autres projets de résorption de bidonvilles sont en cours
d'identification.
Le coût global de cette deuxième composante du
Programme VSB est estimé à 4.881 millions DH; les subventions de
l'Etat (FSH) pour ces nouvelles opérations seront de l'ordre de 1.564
millions DH. A l'achèvement de leurs projets, 15 villes seront
déclarées VSB dont trois Khouribga, Meknès et Settat
dès 2006.
c. Reliquat à programmer :
Ce reliquat concerne 81.870 ménages des bidonvilles
répartis sur 45 villes. Les premiers montages des projets correspondants
tablent sur les modes d'intervention suivants:
- Relogement dans des appartements : 19% des ménages
- Recasement en lotissement équipé : 15% des
ménages
- Recasement en ZAP: 35% des ménages
- Restructuration des bidonvilles : 30% des ménages.
3. Partenaires et opérateurs
Le cadre institutionnel actuellement en place pour assurer la
réalisation du programme VSB est décrit dans le manuel de
procédure et le Contrat VSB dans lesquels sont définis le
rôle et les responsabilités de chacun des acteurs entrant dans le
processus de mise en oeuvre du programme, qu'il s'agisse des partenaires
(autorités centrales, régionales et locales) ou des
opérateurs publics et privés.
3.1. Les partenaires
a. Autorités centrales :
La réussite du programme VSB est tributaire de la
participation active des autorités centrales directement ou
indirectement concernées par le programme. Il s'agit principalement du
MI, du MFP et du MHU, ainsi que des départements ministériels
devant assurer le financement et/ou le fonctionnement de certains
équipements de proximité tels qu'écoles, centres de soins,
maisons de jeunes, espaces sportifs ou centres socio-culturels.
En effet, le Ministère de l'Intérieur devra
jouer un rôle de catalyseur et de facilitateur dudit Programme
auprès des Walis, Gouverneurs et plus particulièrement
auprès des Présidents des Collectivités locales. Le MFP
apporterait, quant à lui, une contribution déterminante au
programme tant au niveau de la mobilisation du foncier public qu'au niveau de
la recherche auprès des bailleurs de fonds nationaux et internationaux,
de compléments de financements pour d'éventuels investissements
additionnels et pour les activités d'assistance technique et de
formation devant accompagner la réalisation du programme.
Le MHU jouant un rôle majeur en tant que maître
d'oeuvre du Programme VSB et responsable du suivi de sa mise en oeuvre, il sera
créé au sein de la DHSAF une entité spécifique VSB
qui sera le point focal du programme. Cette entité sera chargée
d'assurer les tâches inhérentes au suivi et aux évaluations
du programme VSB. Elle devra également initier et superviser la mise en
oeuvre et la coordination des activités d'assistance technique et de
formation prévues en soutien de l'exécution du programme. Avec
ces fonctions supplémentaires, la DHSAF sera renforcée par des
moyens humains et financiers conséquents.
b. Autorités régionales :
Les rôles respectifs des Walis de régions et des
Gouverneurs de province ou de préfecture sont déclinés
dans le manuel de procédure et reflètent la volonté du
Gouvernement de mettre en place de manière effective la politique de
décentralisation qu'il a décidé. Les missions
respectivement dévolues au Wali et au Gouverneur dans le cadre de la
préparation, la réalisation et le suivi du programme VSB sont
particulièrement importantes. Celles assignées au Gouverneur sont
plus opérationnelles que celles du Wali lesquelles sont plus
axées sur la coordination et le suivi du programme. Ces
différences se reflètent dans la composition et les missions
respectives du Comité régional de coordination
présidé par le Wali et le Comité provincial
d'identification et de mise en oeuvre (CPIMO) présidé par le
Gouverneur.
Les activités au niveau de la préfecture et/ou
de la province sont directement liées aux missions
opérationnelles qui sont dévolues aux directions
régionales du MHU dans le cadre du programme VSB.
Acteurs importants du processus d'identification, de mise en
oeuvre et de suivi du programme, ces dernières travailleront en liaison
étroite avec les Agences urbaines qui jouent également un
rôle primordial en matière de résorption et de
prévention de l'habitat insalubre.
c. Collectivités locales :
Le Manuel de procédure et le Contrat VSB assignent aux
collectivités locales des responsabilités déterminantes
à tous les niveaux du processus de mise en oeuvre de ce programme,
particulièrement pour les grandes villes qui disposent, pour la plupart
d'entre elles, des moyens nécessaires pour remplir les missions qui sont
les leurs dans ce cadre.
Mais, la grande majorité des communes n'ont pas les
moyens d'assurer à la fois les missions requises par le programme VSB et
toutes les autres prérogatives dont elles ont la charge, notamment en ce
qui concerne des activités telles que l'incitation des populations des
quartiers d'habitat insalubre à s'organiser en associations ou
l'encadrement des associations de quartier pour la promotion d'activités
génératrices de revenus.
C'est pourquoi, il est prévu de fournir aux
Collectivités locales concernées, qui doivent intégrer le
Programme VSB dans leurs stratégies et plans de développement, de
l'assistance technique et de la formation pour qu'elles puissent convenablement
remplir les tâches qui leur sont dévolues.
3.2. Les opérateurs
a. Opérateurs publics :
Les opérateurs publics, notamment du MHU (et plus
particulièrement le Holding d'aménagement Al Omrane), ont les
plus grandes responsabilités dans la réalisation du programme
dans la mesure où, parmi d'autres missions, ils :
(i) appuient les Walis et Gouverneurs dans la
programmation des actions globales et annuelles ;
(ii) assurent la responsabilité
technique, financière et sociale des opérations qui leur sont
confiées ;
(iii) réalisent les études de
faisabilité sociale et technico financière des projets retenus
;
(iv) se chargent de la réalisation des
travaux jusqu'à la réception définitive ;
(v) participent aux équipes de gestion
sociale des projets ;
(vi) se chargent de la gestion commerciale et
financière du projet et de la délivrance des titres fonciers
individuels.
Les principaux maîtres d'ouvrage du Programme VSB sont
le Holding d'aménagement Al Omrane et les ERACs, opérateurs du
MHU disposant des capacités requises pour assurer sa réalisation
dans les meilleures conditions. La création d'Al Omrane, par la fusion
de l'ANHI, de la SNEC et d'Attacharouk, ainsi que la restructuration des ERACs
avant leur intégration dans le Holding d'aménagement devront
faciliter, sans aucun doute, la mise en oeuvre du programme VSB à
travers, entre autres, l'intégration des opérateurs
régionaux de l'Habitat et l'optimisation de la trésorerie et de
la gestion foncière.
Enfin, d'autres opérateurs publics dont les
Collectivités locales et le groupe CDG, sont sollicités pour
initier et réaliser des projets de résorption des bidonvilles;
ils seront assistés, au besoin, par le MHU.
b. Opérateurs privés :
La participation de promoteurs privés dans les projets
de construction dans le cadre des opérations de relogement est requise
à travers les appels à manifestation d'intérêt (AMI)
et grâce à des mesures incitatives mises à leur disposition
(foncières, financières, fiscales,...). La capacité des
promoteurs nationaux à répondre aux nombreux appels à
manifestation d'intérêt que les OPH comptent lancer prochainement
ainsi que la demande restreinte en logements collectifs risqueraient de limiter
la participation du secteur privé aux seules grandes villes et
d'orienter l'intervention publique vers d'autres modes opératoires telle
que l'attribution des parcelles équipées destinées
à l'autoconstruction.
4. Mobilisation des terrains
4.1. Assiettes foncières du
Programme
La question foncière est déterminante pour les
opérateurs, publics et privés, appelés à
exécuter le programme VSB dans les meilleures conditions. Les projets
d'habitat sont effectivement consommateurs de terrains urbains. A travers les
réformes en cours sur les normes d'habitat et d'urbanisme, le MHU tente
d'en minimiser l'usage résidentiel, comme il encourage également,
dans le cadre du Programme VSB, ses opérateurs à
privilégier, dans la mesure du possible, les opérations
ciblées sur la résorption des bidonvilles.
Globalement, le Programme VSB nécessitera l'acquisition
et l'équipement de près 5.180 hectares d'ici 2010,
répartis comme suit :
- Projets conventionnés avant 2004 : 1.663 hectares
pour 68.290 ménages bidonvillois et pour tous les modes d'intervention
(recasement, restructuration,...).
- Projets à conventionner en 2004 : 1.411 hectares pour
62.160 ménages concernés.
- Reliquat à programmer : 2.106 hectares pour 81.870
ménages Dans le cadre de la prochaine mise à jour du Programme
VSB, prévue après l'exploitation RGPH de septembre 2004, le plan
général de mobilisation11 des terrains par ville sera
établi en conséquence, privilégiant les supports fonciers
aliénables et compatibles avec les objectifs du programme VSB, y compris
des acquisitions auprès du secteur privé si le terrain public
fait défaut et ce, afin de respecter le délai
général dudit Programme (horizon 2010).
4.2. Programme foncier public
L'initiative de ce programme en 2003 est en rapport avec la
stratégie du Gouvernement de promouvoir la réalisation annuelle
de 100.000 logements sociaux en mobilisant de grands terrains appartenant
à l'Etat et à d'autres institutions publiques (terrains
collectifs, Habous,...), en les équipant par les réseaux
hors-site et primaires in-site d'infrastructures urbaines et en cédant
des états semiéquipés à des promoteurs immobiliers
privés pour construire des programmes de logements à moyen et
faible VIT (inférieure à 120.000 DH). En parallèle, cette
mobilisation des terrains publics et cette stratégie de mise en valeur
devaient contribuer à l'exécution du programme VSB.
Une première tranche du Programme foncier public avait
ainsi été arrêtée en décembre 2003 en commun
accord entre le MHU et la Direction des Domaines du MFP, portant sur
près de 3.400 hectares et concernant une vingtaine de villes importantes
(Casablanca- Mohammedia et périphéries, Tanger, Salé, Sidi
Yahia Zaërs,... avec plus de 134.000 ménages bidonvillois). Tous
les OPH du MHU sont concernés par cette tranche. La deuxième
tranche est en cours de négociation et portera sur plus de 5.000
hectares répartis sur plusieurs localités urbaines.
Ce programme, par les offres d'unités adaptées
aux ménages à revenus modestes, revêt une importance
particulière dans la prévention de la formation et du
développement de l'habitat insalubre, particulièrement dans les
villes qui seront déclarées VSB et en parallèle sur des
opérations de résorption engagées.
5. Financement du programme VSB
5.1. Coûts du Programme
Globalement, le Programme VSB devra mobiliser un
investissement d'environ 17.118 millions Dirhams jusqu'à 2010,
répartis comme suit :
- Projets conventionnés avant 2004 :
6.537 millions DH pour 68.290 ménages bidonvillois;
l'importance de ce montant s'explique qu'une partie importante des
opérations engagées (55%) est de type intégré,
c'est-à-dire comprenant la réalisation d'autres produits
(prévention, péréquation,...). 28% du coût de la
composante sera pris en charge par des subventions (BGE, FSH, Fonds Hassan
II,...) et près des 2/3 de ces subventions ont été
débloqués à ce jour.
- Projets à conventionner en 2004 :
4.881 millions DH pour 62.160 ménages cibles, soit globalement
près de 78.530 DH par ménage bidonvillois pris en charge par le
Programme contre 97.730 DH dans la composante précédente des
projets conventionnés avant 2004 et où le nombre
d'opérations intégrées est plus élevé. Les
subventions envisagées représentent environ 32% du coût de
la composante.
- Reliquat à programmer : Coût
global estimé à 5.700 millions DH pour 81.870 ménages,
soit environ 69.600 DH par ménage cible, donc dans des conditions
similaires aux projets conventionnés en 2004.
A noter enfin que près 35% du coût global du
programme est généré par le caractère
intégré des opérations prévues, donc financé
par d'autres ressources (produits de vente des lots de prévention, de
péréquation, commerciaux,...).
5.2. Mécanismes de financement
Tel que conçu, le Programme VSB compte essentiellement
sur les contributions des ménages des bidonvilles (avec recours à
des fonds propres ou/et des emprunts), sur la vente des autres produits
réalisés éventuellement dans le cadre des projets
intégrés et sur les subventions de l'Etat. Le principe de
recouvrement des coûts auprès des différentes
catégories de bénéficiaires est systématiquement
appliqué, sauf quant il s'agit de ménages très
vulnérables pour lesquels des aides exceptionnelles pourraient
être prévues.
Or, eu égard aux expériences menées par
le Ministère, le démarrage des projets d'habitat par les
opérateurs publics est souvent confronté à des
problèmes de préfinancement des acquisitions des supports
fonciers, des équipements hors-site et des premiers travaux in-site. Le
FSH pourrait concéder des avances sur les subventions liées
à la résorption des bidonvilles et des prêts remboursables
pour le financement des premiers travaux, mais vue l'ampleur des besoins en
financement du programme VSB comme celui du foncier public cité plus
haut, d'autres sources sont à rechercher, y compris les emprunts
internationaux.
Par ailleurs, la construction des logements, confiée au
secteur privé par appel à manifestation d'intérêt
(AMI), utilise les propres mécanismes des promoteurs (ressources propres
et emprunts bancaires) pour financer tant le complément de
l'équipement in-site que la construction elle-même.
5.3. Financement FSH
Le montage financier de l'utilisation du FSH, alimenté
les produits de la taxe sur le ciment, et du BGE mis à la disposition
des programmes MHU, totalise près de 9.543 millions DH entre 2004 et
2010, répartis comme suit:
- 40% (3.600 MDH) utilisés pour le Programme VSB
- 25% (2.200 MDH) utilisés pour l'aménagement
foncier (au titre de la prévention)
- 28% (2.521 MDH) utilisés pour les autres actions de
lutte contre l'habitat insalubre (restructuration des QHNR et traitement de
l'HMR)
- 7% (600 MDH) utilisés comme dotations des fonds de
garantie mis en place
Ainsi, plus de 60% des ressources du FSH pourront être
affectés directement à la résorption et la
prévention des bidonvilles.
Section3: Conditions de
réussite du programme:
S'il paraît ambitieux, le programme VSB n'en est pas
moins tout à fait réalisable. Cependant, sa faisabilité et
sa réussite impliquent que soit rempli un certain nombre de conditions
parmi lesquelles, on peut mentionner :
(i) La pérennité des mesures
de prévention du développement de l'habitat insalubre.
(ii) La mise en oeuvre des principales
réformes des secteurs de l'habitat et de l'urbanisme retenues dans le
cadre global d'ajustement du secteur de l'habitat dans lequel s'inscrit le
Programme VSB,
(iii) une série de mesures à
prendre et d'activités à entreprendre pour accompagner la mise en
oeuvre du programme,
(iv) le renforcement des partenariats,
principal gage de réussite du programme.
1. Mesures de prévention de l'habitat
insalubre
Le succès du Programme VSB ne peut être durable
que si les marchés immobiliers locaux offrent des alternatives aux
ménages cibles de l'habitat insalubre, en général, et des
bidonvilles, en particulier. Le Gouvernement, conscient de cette importante
question de prévention, a mis en place des programmes
complémentaires dont celui des 100.000 logements sociaux à
réaliser annuellement, appuyé par celui de l'aménagement
foncier public; de même qu'il a pris des mesures conséquentes dont
celle liée à la répression des abus en matière
d'habitat et d'urbanisme (projet de loi n° 04-04)
Plusieurs projets d'aménagement et de construction
seront engagés par les opérateurs publics avec une part
importance de la consistance devra être des prix accessibles aux
ménages cibles ; lesquels produits sont appuyés par des
subventions directes (FSH, notamment), par les produits de la
péréquation et/ou par les fonds de garantie hypothécaire
mis en place. A noter également que la participation du FSH dans le
préfinancement des infrastructures hors-site et principaux in-site des
grandes opérations prévues dans le cadre du programme
d'aménagement du foncier public.
2. Réformes des secteurs de l'habitat et de
l'urbanisme
Au-delà des mesures d'accompagnement spécifique
du Programme VSB, les réformes en cours dans d'autres domaines
influenceront, sans aucun doute, les résultats attendus dudit
Programme.
2.1. Dans les domaines du foncier, de l'urbanisme et
de l'habitat :
Outre les récentes circulaires d'orientation
ministérielles en vue notamment de promouvoir les investissements
immobiliers par le traitement des dossiers en suspens, par la simplification
des procédures administratives, par la mise en place d'une politique de
proximité dans la gestion des affaires de l'habitat et de l'urbanisme,
les réflexions et réformes actuelles dans ces domaines concernent
notamment :
a. Le système actuel d'immatriculation
foncière:ainsi que plusieurs aspects du droit foncier marocain
constituent des entraves importantes au bon fonctionnement du marché
immobilier.
Ils entraînent notamment une pénurie de terrains
potentiels pour l'aménagement et la construction et contribuent à
la hausse des prix des terrains urbains. Des réflexions sont en cours et
devront aboutir à des réformes des textes et règlements
relatifs à l'immatriculation (Dahirs de 1913 et 1915) et à
l'expropriation pour cause d'utilité publique (Loi 7-81).
b. L'arsenal juridique de l'urbanisme:est
appelé à être réformé afin d'alléger
les procédures de la planification urbaine au Maroc en
général, et les dispositions relatives à l'occupation des
sols et aux contrôles administratifs, en particulier. Outre de nombreuses
études techniques en cours par la Direction d'urbanisme en vue d'aboutir
à un véritable Code de l'urbanisme au Maroc, un premier grand pas
vient d'être franchi avec l'approbation par le Conseil des Ministres du
Projet de loi n°04-04 modifiant et complétant les lois 12-90
(urbanisme) et 25-90 (lotissements et morcellements), notamment au niveau des
autorisations administratives, des sanctions et des responsabilités; la
prévention du développement de l'habitat insalubre étant
particulièrement visée par cette réforme.
c. Projet de décret sur le
«Règlement de construction applicable à l'habitat
social»:définissant les caractéristiques ainsi que
les normes d'occupation des sols, de construction et
d'équipement de l'habitat social ; ce texte a pour objectifs de
faire baisser les coûts et de rendre les logements sociaux plus
accessibles aux ménages les plus démunis.
2.2. Dans le domaine financier :
Les réformes en cours ou prévues concernent
notamment :
a. Mise en place des fonds de garantie:
(FOGALOGE-public et FOGARIM) permettra aux ménages à
faibles revenus et/ou ayant des revenus instables d'accéder aux
crédits logements,tout en se substituant aux aides de l'Etat sous forme
de ristournes d'intérêt et d'avances à taux zéro
accordées aux fonctionnaires. Le FOGARIM sera alimenté par des
contributions du FSH étalées sur 3 années (200 millions DH
par an).
b. Elargissement du micro-crédit à
l'habitat social :(Loi de finances 2004), ce qui va permettre de
répondre aux attentes des ONG souhaitant intervenir dans l'habitat en
milieu urbain, y compris au profit des ménages de bidonvilles.
c. Projet de mise en place d'un système
d'épargne-logement: en vue de solvabiliser un plus grand nombre
de ménages par la constitution régulière d'apport
personnel, de bancariser les familles à revenus irréguliers
(système complémentaire aux fonds de garantie) et de mobiliser
davantage d'épargne vers le secteur du logement.
Des réflexions sont également en cours sur le
secteur locatif au Maroc en vue de diagnostiquer et proposer des
réformes en la matière, ainsi que sur rationalisation de la
fiscalité immobilière.
3. Principales mesures d'accompagnement du
programme
Dans les chapitres et paragraphes précédents, un
certain nombre de mesures et de propositions d'actions ont été
identifiées comme indispensables à la mise en oeuvre du programme
VSB. Bien que ces mesures et activités aient été
décrites tout au long de ce rapport, il n'est pas inutile d'en rappeler
brièvement les principales.
· Pacte national VSB : Ce pacte fera
l'objet d'un consensus de la part de tous les partenaires notamment les plus
directement concernés tels que le MI, le MFP, et les autorités
régionales et locales. Validé et adopté au plus haut
niveau du Gouvernement, le pacte VSB devrait permettre de cimenter et de
pérenniser, grâce au manuel de procédure et au Contrat VSB,
les engagements de tous ces acteurs institutionnels.
· Observatoire de l'habitat insalubre
: Cet observatoire, localisé au sein de l'entité VSB du
DHSAF, sera un outil important d'aide à la formulation des
stratégies d'intervention en la matière.
Il permettra de fournir, au MHU et aux autres partenaires, les
données nécessaires pour prendre les décisions
appropriées et évaluer les impacts des programmes initiés.
Il assurera, en outre, la mise à disposition d'informations fiables et
continues devant permettre d'intervenir en matière d'ajustement et de
réajustement des projets et d'en d'informer les partenaires. Ainsi, il
aura pour mission de suivre spécialement l'ampleur de
l'insalubrité, de capitaliser et de diffuser les expériences
conduites tout en permettant de repérer les difficultés et de
proposer des mesures d'urgences.
· Accompagnement social du programme (ASP) :
Afin d'intégrer l'ASP en termes concrets et
opérationnels dans le programme VSB, un plan détaillé
d'ASP sera élaboré et définira les activités
à mener lesquelles seraient, selon les cas, confiées à
l'Agence de Développement Social (ADS), aux collectivités
locales, aux opérateurs, aux associations et/ou à des
partenariats entre chacun de ces acteurs institutionnels. Ce plan comprendra
les besoins de ces derniers en matière de formation et de recyclage. Le
financement de l'ASP sera recherché auprès des bailleurs de fonds
nationaux ou internationaux.
· Mécanismes de suivi et indicateurs
de performance du programme : Les mécanismes de suivi
prévus par le programme VSB sont relativement complets comme l'atteste
la mise en place de plusieurs comités, notamment le Comité
Technique de Suivi qui assurera une bonne fluidité de la coordination et
un suivi rigoureux de la mise en oeuvre du programme. Un certain nombre
d'indicateurs de performance sont en cours d'identification et devraient
permettre de mesurer les progrès réalisés en vue des
objectifs fixés et de procéder, le cas échéant aux
réajustements et réorientations nécessaires.
· Evaluations du programme : Outre
l'évaluation des opérations de résorption
préalable à la déclaration d'une commune "ville sans
bidonvilles", le programme VSB prévoit des évaluations
intérimaires et une évaluation finale (ex-post) de l'ensemble du
programme. Ces évaluations auraient lieu tous les ans et porteraient sur
l'ensemble du programme VSB. Une évaluation finale du programme VSB sera
entreprise peu de temps après l'achèvement de l'ensemble du
programme.
· Information et Communication :
Dans le but de diffuser une information exacte, complète,
percutante et surtout transparente pour en assurer la
crédibilité, un plan d'information et de communication
spécialement conçu pour le programme VSB sera
élaboré. Ce plan inclura des campagnes d'information
lancées de manière périodique à travers media (TV,
radios, presse écrite) et la création d'un site Web
consacré au programme VSB. Ce site permettra une large diffusion et
l'échange d'expériences en matière de bonnes pratiques
relatives aux politiques et programmes de résorption de l'habitat
insalubre au niveau national et international.
· Plan global d'assistance technique et de
formation : Les mesures d'accompagnement décrites plus haut
sont autant d'activités qu'il est indispensable de mener pour la
réussite du Programme VSB, mais sans pour autant grever son financement.
Aussi est-il prévu de faire financer ces activités par des dons
octroyés par des bailleurs de fonds nationaux ou internationaux.
Pour une meilleure gestion de ces activités, il sera
nécessaire de les consigner dans un Plan global d'assistance technique
et de formation, décrivant les différentes études et
activités à mener ; leur calendrier de réalisation ainsi
qu'un budget estimant le coût de chacune d'entre elles.
4. Renforcement des partenariats:
On a cherché à décrire le programme VSB,
d'aborder tous les problèmes qui pourraient entraver l'exécution
du programme VSB et identifier toutes les activités devant accompagner
sa bonne mise en oeuvre ainsi que les sources de financement de ces
activités; mais, sans une volonté politique affirmée des
principaux partenaires à assumer les responsabilités qui sont les
leurs et à remplir les engagements que leur confère la
réalisation du programme VSB, le succès de ce denier pourrait
être compromise.
En effet, la situation de l'habitat insalubre est suffisamment
préoccupante pour que l'on prenne conscience que sa résorption
est l'affaire de tous, depuis l'Etat jusqu'à la population
bénéficiaire en passant par les collectivités locales, les
opérateurs publics et privés ou la société
civile.
Chacun de ces partenaires est appelé à
adhérer au programme VSB et à participer de manière
effective à sa réalisation en fonction de ses ressources
financières et foncières, ses moyens humains et matériels
et ses prérogatives.
Le programme VSB propose une nouvelle stratégie
d'intervention, de prévention et de traitement, basée sur un
partenariat dynamique, associant tous les intervenants dans la lutte contre
l'habitat insalubre. Les mécanismes mis en place par le programme VSB
permettront de renforcer les partenariats aussi bien au niveau central que
régional ou local. Ainsi la mise en place de différents
comités de suivi associant tous les partenaires permettra à ces
derniers de mieux travailler ensemble et de faire du partenariat la forme
idéale de partage de responsabilité et de réussite du
programme.
Les bidonvilles ne sont pas une fatalité. Plus que tout
autre phénomène, leur éradication requiert la conjugaison
des efforts de tous les partenaires.
5. Habitat: un succès édifiant
De l'avis de tous les partenaires et intervenants en
matière de lutte contre l'habitat insalubre, le programme national
« Villes sans bidonvilles » est une réussite. Plus d'une
année après son lancement, près de 20.300 ménages
ont d'ores et déjà bénéficié de ce programme
dans de nombreuses régions du Royaume. Ainsi, et sur un total de 77
conventions-villes à établir, 41 ont déjà
été signées et leur exécution avance à pas
de géant.
Un succès qui a même valu à ce programme
d'être décrété programme modèle lors de la
conférence onusienne de Durban en Afrique du Sud. Partant de cette
dimension internationale qu'a pris « Villes sans bidonvilles », sous
la loupe de différents organismes internationaux du 7 au 9 novembre
2005. Sur les 41 conventions-villes signées, l'exécution des
travaux précède dans certains cas les prévisions.
Cependant, le rythme du relogement peine à suivre la dynamique de
construction. La gestion de la maîtrise d'ouvrage social pose
également problème. Un programme qui semble victime de son
succès. Et pour cause, l'exécution dépasse, dans plusieurs
cas, les prévisions initialement établies. Ce qui pose de grands
problèmes pour les structures censées organiser le relogement des
ménages bidonvillois et donc la destruction des foyers d'habitat
insalubre. « Le rythme de production des unités d'accueil des
ménages commence à dépasser le rythme de transfert. Ceci
est essentiellement dû aux différentes carences
enregistrées en matière de gestion sociale de ce transfert des
bidonvilles dans de nombreuses villes du Royaume », explique Ahmed Taoufik
Hejira, ministre délégué chargé de l'Habitat et de
l'Urbanisme.
Autre problème qui se pose devant l'exécution
de ce programme national, la gestion de la maîtrise d'ouvrage social qui
demeure très inefficiente. Un manque qui se traduit principalement par
l'absence de l'accompagnement social lors de l'opération de relogement
de bidonvillois. Une opération-pilote a bien été
menée dans ce sens par l'Agence de développement social (ADS).
Elle s'est articulée autour de l'accompagnement social des bidonvilles
de Douar El Kora et de Guich Oudaya à Rabat à qui, conseils et
soutien social ont été accordés tout au long de
l'opération de relogement .
Section4: De nombreux obstacles
à surmonter
Un élément remarquable est le nombre de
contraintes à surmonter en matière d'habitat insalubre au Maroc.
En effet, la stratégie de résorption de l'habitat insalubre butte
sur de nombreux obstacles fondamentaux, notamment :
- Une mauvaise programmation des projets en amont et une
gestion inopérante en cours de réalisation.
- L'insuffisance de la maîtrise du foncier au
préalable du lancement du programme a engendré des retards, voire
l'abandon de certaines opérations.
- Le mode de fixation de la subvention du BGE à 25% du
coût global de l'opération a entraîné une
programmation et des montages technico-financiers "cadrés".
- Les problèmes de financement de l'auto-construction
de logements et l'absence de crédits acquéreurs au profit des
ménages bidonvillois ont retardé l'achèvement de la
valorisation de ces opérations dans les délais prévus.
- La faiblesse de l'intervention des pouvoirs locaux pour le
transfert de la population et les difficultés de recouvrement des
recettes auprès des bénéficiaires ont également
constitué un handicap certain.
- Les ONG et les associations locales sont peu ou pas
préparées à accompagner les interventions de
résorption de l'habitat insalubre;
- Les comportements du bidonvillois vis-à-vis du projet
allant parfois à un rejet total des solutions suggérées,
notamment sur le type d'intervention, sur les prix de cession, sur la
localisation et sur les équipements d'accompagnement qui sont rarement
réalisés parallèlement à l'opération.
Dans ce contexte, il est devenu indispensable pour le
Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme d'opter pour un renouvellement
de l'approche de la question du logement en général et des
produits destinés aux plus démunis des habitants des bidonvilles
en particulier.
Section5: Quelles leçons
tirer d'un an d'activités ?
Une volonté politique forte, une démarche de
coordination indispensable
La décision de création, la
concrétisation et la capitalisation de l'action du programme Villes sans
bidonvilles reposent sur la forte volonté politique royale de SM le Roi
Mohamed VI. (cf. le discours royal du Discours prononcé au Parlement le
11 octobre 2002 à l'ouverture de la Première année de la
7ème législature). Leur réussite dépend de la mise
en oeuvre d'une démarche pragmatique d'animation et de coordination
institutionnelle du programme Villes sans bidonvilles.
La communication avec les habitants des bidonvilles est
aujourd'hui indispensable pour réussir la résorption de l'habitat
insalubre ; leur participation à la recherche de solutions viables,
notamment financière, est la clé de réussite de toute
action d'amélioration des conditions de vie des habitants des
bidonvilles. L'association des habitants aux solutions donnera donc plus de
cohérence aux interventions à conduire dans les bidonvilles.
Mobiliser les principaux acteurs sur une problématique
identifiée ensemble
A l'opposé des pratiques coercitives de lutte contre
l'habitat insalubre, l'action du programme Villes sans bidonvilles doit
s'inscrire dans l'expression de trois formes de volontés relayées
par des acteurs différents : i) la volonté politique des
élus des collectivités et des autorités locales
concernées par la résorption de l'habitat insalubre;
ii) la volonté pragmatique des techniciens du MHU
d'intervenir au plus prêt des réalités locales en
recherchant des solutions originales et adaptées en réponse aux
problèmes identifiés ;
iii) la volonté des autres acteurs sociaux (ONG,
associations locales, secteur privé, etc.) d'accompagner la mise en
oeuvre les activités du programme Villes sans bidonvilles.
Conclusion et
recommandations :
On peut considérer que la lutte contre la pauvreté
ne fait que commencer au Maroc. C'est la bataille de l'époque. Elle
n'est pas aisée. C'est une entreprise exigeante et de longue haleine,
car, elle n'est pas un phénomène temporaire, c'est une
caractéristique structurelle durable du processus de
développement. Elle intègre, au-delà de son aspect d'ordre
matériel, plusieurs paramètres liés à
l'éducation, la santé et l'environnement.
Comment passer d'une logique de croissance économique
à une logique de développement social ? Voilà un immense
chantier ouvert à la réflexion et à l'action. Changer les
mode de vie pour les accorder à la contrainte écologique,
redéfinir les rôles de l'Etat, retisser les liens sociaux pour
construire des sociétés productrices de cohésion sociale,
redonner sens à la démocratie, telles sont les voies principales
vers un changement capable de rendre, au terme d'une période de
transition la plus courte possible, le monde vivable à tous ceux qui
l'habitent.
Pour un développement durable et
humain
A. Concilier entre équilibres macro
économiques et équilibres socio politiques
Les équilibres macro économiques sont
primordiaux, mais n'ont plus de sens que lorsqu'ils se conjuguent avec les
équilibres sociaux. Une telle approche, fondée sur un double
pilier signifie :
a. Une gestion volontariste globale et dynamique des
équilibres socio économiques en articulant les politiques
publiques pour la réalisation des objectifs concomitants qui sont la
relance de I'investissement, du marche intérieur, la relance des
exportations, la promotion de l'emploi et la réduction de la
pauvreté.
b. Une politique budgétaire tendue vers les
besoins de développement, qui privilégie les services publics de
base notamment l'éducation, la santé, qui renforce les
infrastructures de développement et qui réduit les
décalages spatiaux et les déséquilibres sectoriels surtout
entre le milieu rural et le milieu urbain et entre les différentes
couches sociales.
c. Une politique de déficit budgétaire
maîtrisé mais aussi volontariste et affecté à
l'investissement productif et d'infrastructures. En effet, plus de 20 ans, de
la maîtrise du déficit budgétaire selon les normes
imposées par les IFI sont déjà écoulés sans
atteindre les objectifs « lancés» par les pouvoirs publics au
début de la mise en place du PAS. Nous pensons que les équilibres
macro économiques ne peuvent être l'objectif recherche, au
contraire il n'est qu'un moyen pour la réalisation du
développement économique et social. Ce dernier est encore loin
d'être atteint. Ainsi le plan d'ajustement structurel a permis de
restaurer la solvabilité de l'économie marocaine s'ans redresser
son régime de croissance. Au contraire celle-ci a notamment ralenti.
d. Une politique sociale volontariste,
réhabilitant les citoyens, en portant de la considération qu'il
ne peut y avoir de développement durable, sans une réelle
responsabilisation des hommes et des femmes qui sont appelés à le
réaliser. La notion de la citoyenneté doit être transcrite
dans le domaine économique en général et dans la gestion
des deniers publics en particulier.
Dans ce sens, les deniers publics qui ont été
détournées doivent faire l'objet de poursuites judiciaires dans
le but de les restituer dans un premier lieu et de faire fin à tout
détournement ou mauvaise gestion de la chose publique.
B. Réhabilitation de la dimension sociale dans
la logique économique
Si le capitalisme réduit l'homme et son travail
à un simple facteur de production, le socialisme considère bien
au contraire que l'homme est le capital le plus précieux et l'objectif
final de tout développement. Il n'est donc pas un moyen mais une fin, et
son bien être devrait être l'objectif essentiel de toute politique
de développement. Cette approche modifie fondamentalement la
traditionnelle relation entre l'économique et le social.
Contrairement à l'approche libérale classique,
il ne s'agit pas de commencer par se soucier d'agrandir le
«gâteau» pour seulement après songer à mieux le
repartir. Le social n'est pas et ne doit pas être seulement une
conséquence de l'économique mais peut aussi en être la
cause et un déterminant majeur.
La valorisation du social, c'est-à-dire de
l'être humain, est un investissement dans la performance,
l'efficacité, la stabilité et l'équilibre de la
société, ce qui contribue nécessairement à un
développement durable du pays. Cette approche est largement
acceptée et pratiquée dans les économies modernes dont la
croissance repose, de plus en plus, sur la connaissance, la recherche, le
savoir et la technologie, c'est-à-dire sur les ressources humaines
formées, saines et compétentes. En outre, les institutions et
organismes internationaux, dans ces dernières années surtout avec
l'échec des programmes d'ajustement structurel au niveau social, ne
cessent de recommander aux pays du sud notamment le Maroc de réhabiliter
les ressources humaines.
Il s'agit donc de reconsidérer le social a la fois
comme moteur et régulateur de l'économique, et la cohésion
sociale comme facteur fondamental de la production, et non pas comme simple
sous produit de la croissance comme cela à été le cas les
dernières années au Maroc. i1 s'agit concrètement, de
faire en sorte que la recherche de la croissance économique,
l'amélioration des performances des entreprises et le
rétablissement des équilibres macroéconomiques aillent de
pair avec la réduction des déséquilibres sociaux. i1
s'agit encore de mettre l'homme marocain au coeur du développement et le
considérer comme un capital. Réaffirmer et tenir compte de
l'évidence que l'homme et tout autant un producteur qu'un consommateur,
le salaire qu'i perçoit est coût mais aussi un pouvoir d'achat
qui va se trouver sur les différents marchés. Dans cette
perspective, il faudrait :
a. développer le marche intérieur et
renforcer une classe moyenne, qui produit et consomme, apparaissent comme
devoir être des axes stratégiques prioritaires.
b. Oeuvrer à préserver et renforcer le droit
d'accès aux services sociaux de base, qui doivent relever
fondamentalement de la puissance publique; l'école, la santé de
base, l'accès a l'eau et a l'électricité et a
l'assainissement. Un homme éduqué, sain produit mieux et donc
participe davantage au développement du pays.
c. Sortir du cercle vicieux de la pauvreté, des
déficits sociaux et de la stagnation. La majorité des marocains
se trouvent dans une situation d'insatisfaction des besoin sociaux de base
(santé et éducation de base, logement.. .etc.). C'est un
handicape a l'économie marocaine.
d. Les ressources financières sont limitées,
ce qui nécessite la fixation des priorités et des objectifs pour
combler les déficits en particulier dans le domaine des services sociaux
les plus essentiels. Pour ce- faire, il faut une grande rationalisation des
moyens disponibles, la définition des populations cibles, la promotion
de la solidarité entre les différentes couches sociales par les
mesures fiscales, la récupération des deniers publics
détournés, et dans un mot, la mise en oeuvre d'une telle
politique nécessite l'instauration de la démocratie et de la
transparence dans notre société.
Quand on définit exactement ce qu'on veut dire par les
résultats escomptés à chaque niveau on définira
plus facilement les indicateurs qui nous diront si nous sommes en train de
réaliser les objectifs ou non. Les indicateurs sont notre tableau de
bord. Ils doivent être directs, quantifiables et pas onéreux
surtout au niveau de la collecte des données.
Bibliographie
Ouvrages :
- Abdaimi M. (1991), « la finance informelle au Maroc
», in Salahdine Mohamed (sous la direction de), L'emploi invisible au
Maghreb, SMER, Rabat.
- Lhériau L. (2005), Précis de
réglementation de la micro finance, Tome I, n°20, Publication de
l'Agence Française de Développement (AFD).
- Silem A. (1994), Encyclopédie de l'Economie et de la
Gestion, Hachette Education, 1994, Paris.
- Karima Kadaoui : Stratégie de protection sociale :
Zones urbaines Maroc.
- Rabea Naciri : Les ONG et la lutte contre la pauvreté
en milieu urbain.
- Abdelkhalek, T., (1999), La pauvreté au Maroc : une
approche basée sur la satisfaction des besoins de base,dans «
Pauvreté, satisfaction des besoins essentiels et variables
démographiques au Maroc », Série Études
de l'INSEA, Rabat.
- Francoise Navez Bouchanine Les interventions en bidonville
au Maroc 2002.
- George SIMMEL Les Pauvres Quadrige/PUF mars 2002.
Thèses et mémoires :
- Financement des Associations de Microcrédit (AMC) au
Maroc, M. Khalil BAGUARE novembre 2005
- Serhane A. (2001), Titrisation et financement de l'habitat
social, thèse de Doctorat, Faculté des sciences
Juridiques Economiques et Sociales, Fès.
Productions du ministère des finances et
de la privatisation:
- Les projets de loi de finances
- Rapports sur les SEGMA : 2004, 2005
- Rapports sur les établissements et entreprises
publics: 2004, 2005 - Note de présentation des lois de finances: 2001,
2002, 2003,' 2004 et 2005
- Rapports économiques et financiers (direction de la
politique économique générale) : 2002, 2003 et 2004
Rapports et Documents :
- Rapport de la banque mondiale : 1994, 2002 et 2003
- Rapport du PNUD : 2002 et 2003
- Rapport des ONG : rapport de" World Economic Forum 2002 et
2003
- Direction des statistiques : rapports statistiques
- Rapport arabe sur le développement humain 2002
-Dossier de presse: présentation de L'INDH
décembre 2005.
- INDH: plateforme pour un plan d'action aoùt 2005.
-Document : Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) sur le site web suivant : www.pnud.org
-Etude d'impact et de marché (2004),
menée par la Faculté des Sciences Juridiques Economiques et
Sociales de Fès 2004.
-Rapport Royaume du Maroc (2005), Initiative
Nationale pour le Développement Humain, septembre 2005.
-Rapport préliminaire réalisé dans le
cadre de la coopération Germano-marocaine (2004), Analyse du
secteur de la micro finance au Maroc, mars 2004.
-Rapport mondial sur le développement humain 2005
sur le site web suivant : www.pnud.org.ma
-La série de notes Focus : « stratégies de
mobilisation de l'épargne : leçons tirées de
l'expérience de quatre institutions », sur le site web suivant :
www.cgap.org
-Données sur la pauvreté au Maroc, sur
le site web du Haut Commissariat au Plan : www.hcp.ma
- AlAmana PlanetRating 2005
-PlanetFinance : Etude de l'impact du microcrédit
au Maroc 2005
-Rapport national relatif aux objectifs du millénaire
pour le développement
décembre 2003.
-Paradoxes de la microfinance, Fouad Abdelmoumni.
-Le développement des micro-entreprises en question,
Fouzi Mourji.
-programme Villes Sans Bidonvilles : orientations
stratégiques et programmation 2004.
Revues et périodiques :
- Annales marocaines d'économie
- La vie économique.
- L'économiste.
- Le monde diplomatique (mensuel) - Le monde quotidien.
- Revue problèmes économiques.
- Revue marocaine d'administration locale et de
développement (RE MAL).
- Revue AL MALYA
- Revue AL KHAZINA
- Revue ATTAQ (Maroc)
- Quotidiens nationaux
ANNEXES
Annexe n'1
Table des
matières
REMERCIEMENTS
2
ABREVIATIONS
3
SOMMAIRE
4
5
PARTIE I :L'INDH UN PROGRAMME
AMBITIEUX.
7
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE: LE
DÉVELOPPEMENT HUMAIN
8
Section1:
DÉFINITION
8
Section2: Développement humain:
une approche synthétique.
9
Section3: La mesure de
développement humain :
10
Section4: Élargissement du
concept
11
CHAPITRE 2 : L'ÉTAT DES LIEUX AU
MAROC.
12
Section1: Les défis
actuels
12
Section2: Les progrès en
matière de développement
12
Section3: Évolution du
développement humain au Maroc :
13
CHAPITRE 3 : PRÉSENTATION DE
L'INITIATIVE NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT
HUMAIN
17
Section 1: L'INDH
présentation:
17
Section 2 : Les principaux programmes
de lutte contre l'exclusion sociale en
réalisation.
22
Section 3 : L'INDH : Un changement
stratégique majeure.
23
Section 5 : Modalités de mise en
oeuvre et de contrôle:
24
PARTIE II : LA LUTTE CONTRE
L'EXCLUSION SOCIALE EN MILIEU URBAIN
28
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE :
L'EXCLUSION SOCIALE EN MILIEU URBAIN
29
Section1:Définition et
concept.
29
Section 2. L'exclusion sociale en
milieu urbain:
30
CHAPITRE1:MICROCRÉDIT ENJEUX ET
POLITIQUE
32
Introduction
32
Section1: Microcrédit :
concept et fonctionnement
33
Section2: Microcrédit :
immenses opportunités pour l'INDH
41
Conclusion
45
CHAPITRE2 : LE RÔLE DE LA
SOCIÉTÉ CIVILE EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LA
PAUVRETÉ ET L'EXCLUSION SOCIALE
47
Introduction
47
Section1: L'approche
méthodologique des ONG de développement
48
Section2: Stratégies d'action
des ONG dans la lutte contre la pauvreté
49
Section3: Atouts du mouvement : une
richesse humaine
50
Section4: La société
civile au Maroc
50
Section5: Le rôle de la
société civile
51
Section6: Les ONG et la Lutte contre la
Pauvreté au Maroc:
51
Conclusion
52
CHAPITRE3 : PROGRAMME DES "VILLES SANS
BIDONVILLES" : RÉALISATION EN MILIEU URBAIN
54
INTRODUCTION
54
Section1: Problématique des
bidonvilles :
54
Section2: Le programme « Villes
Sans Bidonvilles »
65
Section3: Conditions de réussite
du programme:
75
Section4: De nombreux obstacles
à surmonter
80
Section5: Quelles leçons tirer
d'un an d'activités ?
81
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS :
82
ANNEXES
87
TABLE DES MATIÈRES
89
* 1 Aperçu sur le Maroc:
groupe du banque mondiale au Maroc Decembre2005
* 2 Selon les valeurs de l'IDH,
le PNUD distingue trois niveaux :
- Les pays à développement humain faible : IDH
inférieur à 0,500;
- Les pays à développement humain
intermédiaire : IDH compris entre 0,500 et 0,799;
- Les pays à développement humain
élevé : IDH supérieur ou égal à 0,800.
* 3 A ce titre, il faut signaler
que 49,3 % du budget de l'État est consacré aux secteurs sociaux
en 2003.
* 4 Parmi les programmes ayant
visé la réduction des inégalités sociales et
régionales et ciblé les populations démunies dont
notamment celles résidant en milieu rural, on peut citer, entre autres,
le programme des priorités sociales (BAJ1) mené dans les 14
provinces les plus défavorisées du Royaume; le programme
approvisionnement groupée en eau potable des populations rurales
(PAGER), le programme d'Électrification Rurale Global (PERG), le
programme National des Routes Rurales (PNRR).
* 5 A. Lahlimi Alami (2004),
Préface du Rapport intitulé « Population et
Développement au Maroc : dix ans après la conférence
internationale sur la population et le développement du Caire (1994)
», Rapport publié par le Haut Commissariat au Plan.
* 6 Crédits en millions
de DH.
* 7 Pour une description
détaillée des différentes formes de la finance informelle,
se reporter à M. Abdaimi, « la finance informelle au Maroc »,
in Salahdine Mohamed (sous la direction de), L'emploi invisible au
Maghreb, SMER, 1991, pp 83-89.
* 8 Cela ne s'explique pas par
une volonté d'exclusion, mais probablement par la non rentabilité
financière des produits offerts (dispersion géographique de la
population, absence de garanties réelles...) pour des banques soumises
à des contraintes de rentabilité.
* 9 Source :
Données tirées à partir du portail de la micro
finance au Maroc et le site web de la FNAM.
* 10 Cette période
à été propagé à 5ans de plus.
* 11 VOIR ANNEXE 2
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