MARJORIE PONTOISE
Master Professionnel 2e année
Mention Activités Transnationales - Droit du
Cyberespace
« LE
BLOG-BUSINESS »
LES APPLICATIONS PROFESSIONNELLES DU
BLOG
Cours de E-gouvernance
Sous la direction de M.Villalba
Décembre 2005 - Université Lille 2
SOMMAIRE
Du blog au blog d'entreprise : analyse du
phénomène............................................3
Présentation de l'outil
technique......................................................................5
ü L'outil : 1. Définition
2. Anatomie du blog
3. Comment ouvrir un blog ?
4. Les fonctionnalités
ü Le canal de communication
.....................................................................8
1. L'utilisation des blogs en
externe : la vitrine de la
marque.................................10
ü L'intrusion des marques dans la blogosphère
ü De l'utilité du blog de marque
ü Usage marketing des blogs
ü Opportunité ou menace pour l'entreprise : un
risque à prendre
ü Les pièges à éviter pour
l'entreprise
2. Etude
pratique........................................................................................15
ü Une cohabitation délicate : Vichy et
« le journal de ma peau »
ü Nike ou la success story du blog
3. Un cas particulier : le blog de chef
d'entreprise...............................................20
4. Le blog dans le monde des affaires : un outil de
communication interne.................23
ü Le blog des salariés
ü Un outil collaboratif au service des projets d'entreprise
5. Le régime général de
responsabilité des
blogueurs...........................................34
Annexes : 1. Textes
législatifs.....................................................................41
2. Presse : Une de Libération 11-12-2004 et Le
Parisien 31-10-2005...........43
4. Charte de blogging pour les salariés /
Yahoo....................................45
6. L'économie parallèle du phénomène
de blogging ..............................49
(Exemples pratiques : publicité et
développement de service)
Lexique du
blogging....................................................................................52
Bibliographie.............................................................................................54
BLOG-BUSINESS : DE QUOI S'AGIT-IL ?
Du blog au blog d'entreprise
Il existe aujourd'hui un média qui permet à tous,
qu'ils soient chefs d'entreprise, hommes politiques, lycéens,
salariés, simples citoyens, de bénéficier d'une tribune
publique : le weblog. Contraction de «web» et de «log», il
s'agit initialement d'un «journal web», plate-forme
thématique, qui connaît depuis plus d'un an en France un essor
rapide et une diversification remarquable. Cet outil est entrain de devenir un
véritable vecteur de communication de masse, présentant une
grande variété de contenus et d'orientations éditoriales.
Ce succès s'explique par le fait que le blog répond à
l'une des promesses d'Internet, à savoir permettre à tout un
chacun d'user d'un moyen d'expression et de bénéficier d'un
véritable média personnel, à titre privé
ou professionnel, individuel ou collectif.
Qu'ils se nomment « blogueurs» ou «
carnétistes», tous s'expriment et peuvent être lus,
développant ainsi de véritables réseaux d'échanges.
Les blogs, initialement fondés dans le cadre d'un esprit communautaire
restreint, ont donc naturellement tendance à se constituer en
réseaux collaboratifs.
Selon les estimations on compterait aujourd'hui plusieurs
dizaine de millions de blogs1(*) dans le monde : les principaux moteurs de
recherches dédiés en recensent environ 30 millions (chiffre
octobre 2005)2(*). Ce
total reste imprécis, on sait qu'une part de certaines grosses
communautés de blogs n'est pas incluse dans cette indexation (pour des
raisons techniques) et il est difficile d'estimer le nombre réellement
actif de blogs. La blogosphère3(*) est toutefois trente fois plus grande qu'il y a trois
ans et son taux de croissance ne faiblit pas : elle double tous les 5
mois.
Le grand public les a découverts lors de la
dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis ; le tsunami
a révélé leur réactivité ; on s'est
accordé à voir la marque de leur puissance croissante dans la
démission du journaliste vedette de CBS Dan Rather : le
succès des Skyblogs proposés pas Skyrock comme celui de la
conférence dernièrement organisée au Sénat prouvent
assez que le phénomène a gagné la France. La presse
généraliste s'empare du sujet4(*), voire lance ses propres solutions
d'hébergement. Non sans une certaine ambivalence, car les blogs
bousculent le modèle traditionnel, vertical, de diffusion des grands
médias.
S'il est trop tôt pour mesurer la profondeur des mutations
apportées au traitement de l'information par l'explosion des blogs,
déjà les spécialistes du marketing s'intéressent
à ce nouveau canal de communication, qui permet de court-circuiter les
relais établis par la mise en place d'une relation directe et ouverte
ave les consommateurs.
Patrons, employés, recruteurs se mettent à
« blogger » tout azimut. Véritable outil de
management ou artifice ? A en croire les entreprises qui ont franchi le
pas, le blog est un véritable plus dans le management et la
communication de l'entreprise. Le peu de retour d'expériences que l'on
peut trouver dans la presse ne tarit pas d'éloges sur les bienfaits du
blog dans l'entreprise. Communiquer plus efficacement,
fédérer des équipes, créer des liens avec les
clients ou les fournisseurs, recruter de nouveaux collaborateurs... Le blog est
en passe de devenir l'outil de management à la mode. En alimentant
régulièrement en notes son blog, le dirigeant peut se livrer, se
créer une image d'homme moderne et accessible tandis que
l'employé peut valoriser son travail en exprimant son savoir et son
savoir faire.
En s'emparant de ce mode de communication, les employés
mettent fin au monopole de l'information descendante, et aux
intermédiaires. Le simple employé peut directement interloquer
son dirigeant et vice versa. Les syndicats voient également d'un bon
oeil l'apparition de cet outil dans les entreprises. Dans l'utilisation du
blog, ils trouvent un support de communication simple et efficace. Pour autant,
il en va du blog comme du site Internet, pour qu'il soit efficace et
consulté, la rédaction de notes pertinentes doit être
régulière. La toile Internet regorge déjà de blogs
tombés en désuétude. Après l'effet de mode, combien
de salariés et de dirigeants continueront à tenir leur blog et
combien transformeront cet outil en véritable outil de
management ?
De plus, cet outil basé sur la liberté d'expression
ne risque-t-il pas d'être à l'opposé de ce que recherche
les entreprises ; l'antagonisme peut paraître flagrant, entre d'un
coté un espace de libre parole tant pour les salariés que les
consommateurs, et de l'autre la société qui cherchera à
protéger l'information et préférera que sa politique
commerciale ou salariale ne soit pas remise en cause (certaines d'entre elles,
comme Microsoft, ont devancé le problème en imposant une charte
de bonne conduite dans l'utilisation des blogs des employés). Le blog
peut tout autant profiter aux entreprises qui seront en faire bon usage que
leur porter un préjudice, vu la propagation rapide des informations dans
la blogosphère. C'est là tout l'intérêt de se
pencher sur les blogs, qui sont à la fois un outil technique mais aussi
un nouveau canal de communication pour les entreprises : nous verrons
ainsi comment et pourquoi l'entreprise se lance à
« l'assaut des blogs ».
PRÉSENTATION DE L'OUTIL TECHNIQUE
Après avoir envahi la sphère privée et le
monde des médias, le phénomène blog s'attaque aujourd'hui
à l'entreprise. Mais on peut se demander si c'est vraiment l'outil qui a
envahit les deux sphères précitées, ou plutôt s'il
n'y a pas une appropriation d'un nouveau canal de communication tant par les
personnes privée que les entreprises.
En effet, le blog est non seulement une interface propice aux
échanges et aux dialogues par le biais des billets postés, mais
aussi un formidable outil de travail collaboratif qui facilite la gestion de
projet dans les entreprises. De plus, le blog peut prendre la fonction de
vitrine de l'entreprise ou d'une marque d'un groupe : il ne s'agit plus
alors d'espace de libre parole mais devient un espace contrôlé par
le marketing dans un but de fédération des groupes existants et
dans une optique commerciale. L'outil, qui au départ n'avait qu'une
fonction individuelle, est entrain de se pérenniser, non pas par une
adaptation et une amélioration de la technique, mais par une
diversification d'utilisation.
A/ L OUTIL
Définir le blog
Historiquement les premiers blogs se composaient de listes de
liens commentées, puis apparurent diverses sortes de journaux personnels
publiés sur le Web. Crées par les internautes, ils se composaient
d'entrées rédigées au gré des humeurs. Aujourd'hui
le phénomène blog apparaît protéiforme et tellement
diversifié qu'il vaut mieux se rattacher à quelques
limites pour le définir : le caractère individuel de
blogs, l'utilisation d'outils dynamiques, la liberté de ton,
l'interconnexion.
1. L'outil
Un blog est un outil qui permet a tout internaute de s'exprimer
sur Internet en tenant un journal : son utilisation ne nécessite
aucune compétence technique. Le phénomène blog accompagne
la croissance fulgurante de l'utilisation de l'Internet, sa vulgarisation et
son intégration à nos habitudes quotidiennes. Le blog est avant
tout un outil de publication permettant a n'importe quel internaute de mettre
en ligne des textes et des images aussi facilement qu'il le ferait avec un
logiciel de traitement de texte.
Un blog5(*) ou
un Web log est un site Web personnel composé essentiellement
d'actualités, fréquemment mises à jour comportant des
entrées datées organisées dans l'ordre ante chronologique
inversé6(*). Cela a
pour effet de favoriser une faible durée de vie des informations
relayées, même si des archives permettent de naviguer dans les
contenus au-delà de l'actualité du jour ou de la semaine ;
ces archives sont organisées sur le modèle du calendrier :
c'est bien la notion de date, l'inscription dans le temps qui régit cet
univers, la datation est alors une fonctionnalité structurante du blog.
On parle généralement de billets ou de post, ceux-ci sont
susceptibles d'être commentés par les lecteurs et le plus souvent
enrichies de liens externes (cette pratique prend la forme de
« blogrolls », c'est-à-dire une liste de
liens ; ce sont des micro annuaires de liens).
2. L'anatomie du blog
Le blog se définit avant tout comme un format de
publication ; ce format est lui-même variable, et dépend
autant du blogueur que des outils qu'il utilise pour mettre à jour son
blog, on peut néanmoins distinguer quelques traits communs à la
plupart des blogs :
- les nouvelles entrées d'un blog (actualités,
billets, notes ou « posts ») apparaissent toujours en haut
de page, et sont datées.
- Les archives de toutes les entrées publiées sur
un blog demeurent toujours accessibles, par dates et souvent par
catégories ou mots clefs.
- Chaque entrée d'un blog peut généralement
être commentée par le visiteur qui le souhaite, de façon
anonyme ou non.
- La page d'accueil d'un blog comporte très souvent des
liens vers d'autres blogs (ou site Web), choisis par l'auteur et
présentés sous forme d'une liste.
Le principe du blog en lui même n'est pas nouveau car des
pages personnelles mises à jour tous les jours jouaient le même
rôle. Le terme de blog et son usage ont été en fait
popularisés à partir de la fin 2002, lorsque sont apparu les
services gratuits en ligne permettant de gérer sans aucunes
compétences techniques et de manière intuitive ces nouveaux
journaux personnels virtuels.
En réalité, les caractéristiques communes
à presque tous les blogs ne sont pas du fait des blogueurs
eux-mêmes, mais des outils de publication qu'ils utilisent. La
simplicité de ces outils explique d'ailleurs dans une large mesure
appropriation du public de ce type de site Web.
3. Comment ouvrir un blog ?
Les blogs doivent beaucoup à l'émergence d'outils
de publication dynamique, simplifiant considérablement le processus
d'alimentation en contenu, de sites fréquemment mis a jour. Il est
important d'avoir à l'esprit qu'a moment où les premiers outils
de blogging7(*)
sont apparus, la possibilité de publier ou de mettre à jour un
site de façon intuitive sans connaissance informatique était,
soit coûteuse, soit réservée à des personnes ayant
des compétences informatiques avancées leur permettant de
développer les interfaces et outils nécessaires.
Aujourd'hui, le principe d'un outils de blog est simple :
proposer une interface facile d'emploi (accessible via un navigateur Web) et
gérer de façon dynamique le contenu publié (archives
automatiques, recherches indexées...)
Il existe deux possibilités pour créer un
blog : rejoindre un communauté de blogs8(*) ou installer un outil de blog
sur son propre hébergement.
En choisissant d'intégrer une communauté existante,
l'avantage principal est le faible coût voire la gratuité.
L'utilisation simple et rapide permet à son utilisateur de
bénéficier de l'effet de communauté, c'est-à-dire
de bénéficier d'un trafic issu de la communauté
elle-même ou de sa notoriété à l'extérieur.
Cependant les possibilités offertes sont parfois limitées (choix
du design, de la mise en page, des fonctions avancées...) et
l'utilisateur n'a aucune maîtrise des publicités
gérées par la communauté. Les questions à se poser
avant de choisir cette solution est de savoir quelles catégories de
personnes sont visées ou regroupées : certaines
communautés de blogs fédèrent des internautes de
façon thématique ou générationnelle. Il s'agit donc
d'intégrer une plate-forme qui corresponde le mieux à son
« profil-type ». Le choix de l'hébergeur
résulte d'un choix (de type technique ou affectif) et qui va par la
suite structurer la pratique de l'utilisateur.
Dans le cas d'outils à installer : ce sont des
programmes qui s'installent sur un serveur Web, ils utilisent des scripts pour
gérer le site de façon automatisée (en langage Perl ou
PHP) et une base de données pour stocker l'information publiée.
Une fois installé l'outil s'utilise via un simple navigateur Web
connecté à Internet. Il n'est pas nécessaire de
maîtriser les techniques du Web, notamment le langage HTML, pour
créer et animer son blog, mais l'installation et le paramétrage
de l'outil de blog ne sont pas toujours évidents. Cependant la
liberté de pouvoir adapter, configurer et modifier le blog à sa
convenance, ainsi qu'avoir un outils indépendant à ses
revers : la connaissance de quelques techniques et l'exposition plus
facile au spam (ou « splog9(*) »).
4. Les fonctionnalités
Contrairement aux autres formes de sites Web, les blogs sont
indissociables de la pratique qui les a fait naître, cela les distingue
des autres formes d'auto publication (telles que les webzines ou les pages
personnelles) ; le blog se situe dans le registre de l'action, il
s'inscrit dans une logique dynamique qui en fait un outil social, il tend
à créer un rendez-vous entre celui qui le tient et ceux qui le
lisent.
La généralisation au sein des blogs d'une
technologie comme les RSS10(*) va dans ce sens : c'est une méthode de
description des actualités publiées sur un site Web.
Particulièrement adaptée aux blogs, elle permet à son
utilisateur d'être alerté dès que ses blogs favoris ont
été mis à jour : lors de chaque post, le blogueur
diffuse automatiquement une information calibrée pour être reprise
par des logiciels appelés « agrégateurs »,
qui intègrent régulièrement les mises à jour des
sites qu'ils ont été configurés pour surveiller. La
méthode permet également de « syndiquer » le
contenu publier, en permettant de façon automatisée à
d'autres sites Web de republier tout ou patrie de ce contenu.
L'organisation de recherche sur la Société de
l'Information et les Usages d'Internet11(*) parle à ce sujet de « lutherie
numérique permettant des flexibilités
inédites ».
B / LE CANAL DE COMMUNICATION
Le blog est le lieu où l'on s'expose, en proposant un
contenu présenté en apparence de manière anarchique. On y
trouve autant une présentation de soi ou de son entourage, que la
présentation de ses centres d'intérêts,
généralement centrés autour de l'exposition de goûts
culturels. Le blog, tout comme les pages personnelles, constitue un
« musée égocentrique » où
« la sélection que l'auteur fait du contenu qu'il choisit
de publier sur sa page révèle l'image de soi qu'il veut
donner. »12(*)
A travers la place centrale accordée à l'image
personnelle dans la pratique de la communication, la fonction du blog rempli
autant le rôle d'un lieu de ressource pour la présentation de soi
sur Internet qu'un lieu de mémoire pour les instants partagés, on
parle aussi de lieu de mémoire collective. Cet outil qui est un lieu
interactif et un espace d'interaction nous amène à nous
interroger sur le profil des interactants.
Apparaissant comme un processus d'autonomisation pour les
adolescents, ou moyen d'exister au sein d'une société virtuelle
pour d'autre (les fameuses « 15 minutes de gloire »), la
pratique du blog par/dans les entreprises a une tout autre finalité. Les
blogs intéressent les spécialistes du marketing au sens large
parce qu'ils constituent un phénomène émergent, explosif,
et drainent une population croissante et mélangée (avec deux
cible particulièrement séduisantes : les catégories
aisées et les jeunes). Mais cet intérêt doit
également être rapproché des résultats des
études sociologiques de ces dix dernières années. A
l'échelle française, ces résultats convergent pour
confirmer la dispersion de la société en
« cercles non- exclusifs qui rendent caduques les grilles de
lecture héritées des années 60 ». Nous
sommes en effet passé d'un modèle vertical de structuration du
rapport de l'individu à la société à un rapport
horizontal. En vingt ans, nous sommes passés d'un modèle
construit sur l'identité à un modèle construit sur des
identifications multiples. La crise du politique dont les médias et
politiciens s'alarment s'inscrit dans ce mouvement, mais cette évolution
oblige également les spécialistes du marketing à revoir
leurs stratégies d'analyse des marchés et de communication. Dans
une telle perspective on conçoit que certains aient vu dans les blogs un
outil miracle : diffuseur d'information par propagation de semblable
à semblable.
Ils ne constituent pas seulement un outil incomparable de
clientèle, mais permettent d'établir un rapport direct entre une
marque et ses clients, à propos d'un produit.
Le blog repose sur une dynamique de communication
interpersonnelle : l'utilisation de son image, de la mise en
scène du lien social à destination d'un public
idéalisé à pour but de faire réagir le lecteur,
notamment en l'incitant à laisser des commentaires, principal outil de
mesure d'audience des blogs. Interactif, souple et sans intermédiaire,
le blog s'affirme comme un mode de communication à part entière
et complémentaire des médias traditionnels; entreprises et
commerçants sont entrain d'adopter ce nouvel outil, simple et
économique, pour développer leur site et promouvoir leur image.
Plusieurs utilisations du blog existent dans le monde professionnel : le
blog du chef d'entreprise, celui du commerçant, d'un produit ou d'une
marque, le blog des relations de presse, des ressources humaines, le blog
externe des salariés, le blog interne à l'entreprise...
Grâce aux blogs, les entreprises peuvent potentiellement se
passer d'intermédiaires, et diffuser en quelques minutes une information
en ligne, sous une forme moins travaillée que dans un communiqué
de presse. Mais pénétrer l'univers disparate des blogs requiert
pour les entreprises une certaine volonté.
« Nous n'avons pas vraiment le choix : soit
nous décidons de ne pas voir ces nouveaux médias et notre
profession est menacée, estime G.du Gardier13(*), soit nous essayons de
comprendre leurs fonctionnement et leurs enjeux. »
Avant de créer un blog, l'entreprise doit se poser la
question de savoir dans quel but celui-ci va être monté :
est-ce un outil marketing pour faire parler de la société ou un
instrument de management pour fédérer ses troupes ? Doit-il
accueillir les contributions de l'ensemble des salariés? Le
succès ou l'échec ne sont pas le fait du hasard,
« le blog d'entreprise est un écosystème qui
fonctionne comme la caisse de résonance de la marque. Il n'arrive pas de
manière fortuite. Il doit être au service de la stratégie
de la société et ne peut pas être aussi spontané
qu'un blog personnel14(*) ». C'est là qu'entre en jeu le
caractère commercial de l'utilisation des blogs : l'outil se
professionnalise et avec lui apparaît de nouveaux besoins, tant au niveau
des acteurs (la marque, les entreprises, les salariés) que des lecteurs
(les client).
Nous différencierons l'utilisation des blogs par le mondes
des affaires : d'un coté le blog sert d'interface aux marques pour
augmenter la visibilité du groupe et de leurs produits, on parle alors
d'utilisation externe du blog (en effet l'outils est confronté à
la blogosphère et plus particulièrement à des clients -
potentiels ou pas -) ; de l'autre, le blog est un outil de travail en
interne ou est le produit des salariés, nous sommes alors dans une
optique de mise à disposition d'une technique au service d'un travail
collaboratif, ou dans une optique de circulation de l'information pour les
salariés.
1. L'UTILISATION DU BLOG EN EXTERNE : LA VITRINE DE LA
MARQUE
· L'intrusion des marques dans la
blogosphère
Les entreprises qui prennent la parole dans la blogosphère
publique ne doivent pas méconnaître les règles de jeu qui
régissent ce canal de communication. Les entreprises seront
discutées, évaluées, voire interpellées, le
débat existera, mais les conditions du bon fonctionnement des blogs
sont régies par l'authenticité, l'intégrité, la
transparence, la qualité et la consistance. La question n'est pas de
savoir non pas si, mais plutôt comment
la marque doit blogger. Ici se trace la limite qui sépare le relationnel
du promotionnel.
Quelque soit l'outils technique utilisé par les marques,
ce qui est recherché c'est de mettre en symbiose la valeur du message et
sa force de démultiplication. La révolution technique n'existe
pas, en l'espèce on constate seulement l'avancement des
progrès technologique et la persistance de la notion de
réputation. Les entreprises doivent mieux gérer le
bouche-à-oreille, puisque la seule évolution réside
finalement dans la segmentation, de plus en plus fine, des audiences jusqu'au
stade ultime du micro média, à savoir le blog.15(*)
Une étude Benchmark Group de 1999 estimait que 24 % des
acheteurs sur un site déclaraient être venus par un
phénomène de bouche à oreille. A la même
période de nombreux responsables de sites marchands
« Pure-Players » estimaient que de 25 à 30
% de leurs clients provenaient d'actions de recommandations. Il est
indiscutable que les phénomènes de bouche à oreille
spontanés ou provoqués ont joué et jouent encore un grand
rôle dans le succès d'acteur tels que Cdiscount ou Price Minister.
Enfin, des exemples célèbres avec ou non une dimension marketing
illustrent les proportions que peuvent prendre ces phénomènes
viraux. On peut citer les exemples connus du film Blair Witch Project ou de
l'économiseur d'écran Aubade pour les cas de marketing.
Les marques cherchent avant tout à humaniser la
relation avec le consommateur et renforcer la proximité ressentie
grâce à un blog, ce qui contribue évidemment à la
qualité de la relation client. C'est également un moyen
d'afficher une certaine transparence lorsque les lecteurs peuvent contribuer et
réagir sur le blog de la marque.
De plus, l'entreprise s'intéresse à cette
nouvelle forme de communication avec le client au vu de la saturation des
autres canaux : en effet, pour certain, le marketing traditionnel à
fait son temps et il n'est pas rare de retrouver des articles de presse
spécialisée annoncer : « Votre entreprise
peut-elle encore se passer d'un blog ?16(*) »
· De l'utilité du blog de marque
L'enjeu principal se trouve dans la nouvelle forme de relation
entretenue avec le client, vu les possibilités en terme de contenu et
d'interactivité, nous ne sommes plus face à un discours de
brochure, le blog permet d'entrer en contact direct avec le client et c'est
là toute la nouveauté recherchée par les entreprises.
Les blogueurs sont des passionnés en tous genres, y
compris des passionnés de marques ou d'entreprises elles-mêmes.
Grâce à leurs réseaux d'influence, ils peuvent influer sur
l'image de la marque et sur l'opinion qu'on ses lecteurs de la marque.
La marque peut tirer profit des blogs de deux
façons : par le biais d'une veille de la
blogosphère, en surveillant la rumeur (le
« buzz ») l'entreprise peut se faire une
idée sur l'image perçue de sa marque auprès des blogueurs,
ainsi que sur les problèmes éventuels ou les améliorations
à apporter. Il suffit de consulter le moteur de recherche Techorati
17(*)et d'y entrer un nom
de marque ou l'URL du site de l'entreprise pour suivre l'opinion des blogueurs,
il s'agit pour les marques de faire des feedbacks18(*).
La deuxième façon est d'utiliser le blog comme
support pour la marque : les blogs thématiques ont
une cible très précise car ils regroupent autour d'eux des
passionnés. Certains blogs sont donc des supports idéaux pour une
marque, si le thème qui y est abordé recoupe l'univers dans
lequel la marque est active. C'est à ce titre que certaines marques se
lancent dans la création de leur propre blog en y développant un
contenu sur l'univers de la marque (nous en verrons un exemple pratique avec
Nike).
Cependant pour mette en oeuvre un blog les entreprises doivent
apprendre à manier différemment les protocole de
commercialisation et de publicité traditionnels, c'est pourquoi
apparaît un marketing d'un nouveau genre : le marketing
viral19(*).
· Usage marketing des blogs
Le marketing appliqué aux blogs doit être avant tout
un marketing tribal et viral, s'il veut réussir
à tirer parti de la réalité communautaire de la
blogosphère. Selon B.Cova20(*), professeur à l'ESCP-EAP, spécialiste
français du marketing tribal, le retour de la communauté remet en
question les stratégies fondées sur une relation
individualisée avec le client.
Le marketing tribal est une approche alternative au marketing
relationnel, qui a pour but de soutenir le lien avec les clients en les aidant
à partager leur passion. Or, les blogs sont un exemple de tribus
modernes, puisqu'ils forment des micro-communautés rassemblant des
individus ayant des passions communes. Soutenir les liens entre clients a
d'autant plus de sens dans un univers comme la blogosphère où les
liens sont déjà présents.
Cependant l'utilisation d'opération marketing dans la
communauté des blogueurs a un risque : l'intrusion commerciale d'un
marque peut conduire à son rejet. En revanche si celui opère, le
blog sera un levier de valeur ajoutée pour le monde de l'entreprise.
L'exemple de Susan Bradley est frappant de ce point de vue : elle est un
des meilleurs clients de Microsoft et s'appelle elle-même « la
diva du SBS » (Small Business Server) ; elle tient un
blog, lequel lie à celui de Sean Daniel, en charge du
développement de SBS ! Un lien direct se créer entre le
consommateur et le responsable du produit : ce dernier prend connaissance
des attentes et des commentaires que le consommateur publie sur son blog ;
il en tient compte, intègre toutes ces indications dans le produit, en
informe le consommateur via son propre blog ; l'info est reprise sur le
blog du consommateur, lequel devient le meilleur porte-parole du produit
auprès des autres consommateurs... Un rêve de marketer, quoique
à double tranchant : comment garder le contrôle sur la
communication dans une telle configuration ?
· Opportunité ou menace pour l'entreprise :
un risque à prendre
Comme pour la publicité, toute la communication de
l'entreprise en général est orientée autour de la
diffusion de la valorisation de la marque. Que ce soit au moyen de
communiqué de presse, de présentations commerciales ou de
rapports annuels, la vérité est parfois travestie pour que
l'entreprise apparaisse sous son meilleur jour et les produits sans
défauts. Mais alors quel est l'intérêt pour la marque de se
positionner sur ce canal (risqué) de communication que sont les
blogs ? Quelles réactions attendre de la
blogosphère ?
Le 21e siècle nous appris à devenir
passifs devant les médias puisque aucune voie de retour n'existait, le
message publicitaire n'allait que dans un sens, le téléspectateur
ou l'auditeur étant le réceptacle du message ; la nature
même de ces médias ne donnent pas la possibilité de
s'exprimer ou d'interagir. L'Internet nous a rendu notre capacité
à nous exprimer et donc à donner notre avis sur les
défaillances d'un produit ou des améliorations à y
apporter. Pourquoi laisser les clients s'exprimer sur le site de l'entreprise
alors qu'ils risqueraient d'indiquer des défauts éventuels ?
C'est bien là le principal frein à l'adoption d'un canal
« many to many », comme disent les anglophones
pour l'opposer aux canaux traditionnels des mass media où un
émetteur contrôle la communication et adresse un message unique
à une cible multiple.
Une des raisons pour laquelle les blogs mettent du temps à
s'imposer en entreprise, c'est qu'ils provoquent une transparence sans
précédent : les commentaires n'y sont pas filtrés a
priori ; alors quel est l'intérêt d'ouvrir un blog et
accepter un tel risque ?
Plusieurs bénéfices peuvent en être
retirés : une nouvelle forme de communication vers les clients ou
prospects auprès d'une communauté de plusieurs millions de
blogueurs. Cet outil interactif, souple et sans intermédiaire s'affirme
comme un mode de communication complémentaire en terme d'image et de
renommée, ainsi que de développement des relations
clientèles. Aux Etats-Unis, la plupart des grandes marques se sont
lancées sur le terrain et commencent à récolter les fruits
de leurs investissements.
Selon L.Le Meur : « l'entreprise est souvent
le lieu de la protection de l'information ; le blog qui est tout le
contraire remet en cause la communication traditionnelle de l'entreprise
21(*) ». Les
marques sont alors obligées de jouer la transparence, la
spontanéité et l'échange : c'est une démarche
difficile à accepter pour une marque, surtout si elle appartient
à un grand groupe. C'est pourtant une des clefs de la réussite
d'un blog : liberté de ton, fils RSS, liens externes ou encore
posts réguliers font partie des « fondamentaux ».
Pour l'avoir ignoré certaines entreprises ont du revoir leur
stratégie (Vichy, Oney/Egg, Kryptonite).
Il est impératif d'être le plus transparent possible
pour que les marques ne se fassent pas prendre en flagrant délit de
mensonge, de publicité inexacte, de chiffres truqués...dans tous
les cas le flux des critiques ne se fait pas attendre. En terme d'image,
l'entreprise peut tirer d'importants bénéfices de cette
transparence : des explications franches et directes mises en ligne sur le
blog officiel seront toujours appréciées en cas de moment
difficile. Le blog se transforme alors en parfait outil de gestion de crise, ce
qui implique d'accepter la critique.
L'utilisation des posts impliquent le fait de ne pas supprimer
les commentaires des blogueurs-clients : cela signifie que l'entreprise
doit adopter les codes des blogueurs.
Ce système de marketing viral amène l'entreprise
à perdre l'emprise sur son produit qui va être accaparé par
la communauté : chaque membre du groupe devient prescripteur du
produit.
Dans cette optique, le produit n'apporte plus seulement une
solution aux différents problèmes et besoins d'un client mais il
est un élément pleinement intégré à un
groupe et en accord avec ses valeurs. Le produit peut idéalement devenir
un objet de reconnaissance entre les membres du groupe, l'essentiel est que le
produit vienne renforcer les liens au sein de la communauté. Ainsi, il
sera accepté, mis en valeur, acheté par les membres de la
communauté qui vont par la même contribuer sa promotion. Le
marketing viral est par nature dynamique : le message provoque l'action
d'initiative chez la personne touchée, il donne l'envie de cliquer, de
répondre, de transférer, d'en parler... de plus, il n'est pas
rare que l'annonceur invite clairement l'internaute à colporter ce
message (cela a été le cas pour la marque Adidas).
L'entreprise une fois acceptée par les blogueurs qui
ont vu que sa démarche et son investissement sont sincères pourra
ainsi bénéficier pleinement du bouche à oreille, autrement
dit la forte « viralité »des blogs. Les
conversations échangées sont souvent relayées par des
influenceurs : ce sont des personnes importantes au sein de la
blogosphère, respectées et écoutées, il s'agit en
général d'un petit nombre de personnes qui sont à elle
seules capables de modifier l'avis d'un très grand nombre d'autres, dans
un sens ou dans l'autre. Leur part de voix était jusqu'à
l'explosion de l'Internet des blogs très limités (journalistes
spécialisés ou personnes très médiatisées),
mais avec l'évolution rapide du nombre des blogs - il s'en
créer 30 000 à 40 000 par jour - les vrais
passionnées d'un secteur peuvent s'exprimer par écrit et ce
qu'ils disent est très facilement à la disposition de tous
à l'aide des moteurs de recherche et ils deviennent à leur tour
des personnes influentes sur tel ou tel objet (définition de Loïc
Le Meur). Il faut cependant faire attention à ce que cela ne se
transforme pas en tentative de manipulation, qui une fois découverte
peut générer un « bad buzz22(*) » à
l'effet souvent dévastateur. Par son interactivité, son
caractère anxiogène23(*), le faible coût des contacts, des délais
raccourcis et ses multiples réseaux ou communautés, l'Internet
est un monde ou le phénomène de bouche à oreille
spontané ou provoqué est particulièrement puissant.
C'est ce qu'a pu apprendre à son détriment la
société Dr.Pepper/Seven Up pour le lancement de sa nouvelle
boisson Raging Cow. Six blogueurs avaient été recrutés, en
raison de la popularité de leur site auprès d'un groupe
d'âge, pour multiplier les allusions à la nouvelle boisson sur de
nombreux blogs sans signaler leurs liens avec la marque. Choqués par
cette approche trop sournoise ou furtive à leur goût, certains
internautes ont pour beaucoup rejetés cette opération
d'« uncover marketing24(*)», quand ils se sont aperçus avoir
été manipulés. Ces pratiques encore fortement
limitées soulèvent bien sur un problème d'éthique
marketing et peuvent également provoquer une contre publicité
pour la marque si la manoeuvre est découverte.
· Les pièges à éviter pour
l'entreprise
Pour mener à bien leur recherche sur un groupe, les
ethnologues utilisent la méthode de l'observation participante.
L'ethnologue va s'immerger dans la vie du groupe pendant une période
très longue. Grâce à cette immersion il va à la fois
partager ses expériences et réduire au minimum l'effet
perturbateur que sa présence pourra engendrer. L'équivalent en
marketing tribal consiste à éviter toute action commerciale trop
voyante qui entraînerait un rejet pour s'investir dans la durée au
sein du groupe. Pour réussir à intégrer des actions
marketing aux blogs, il faut identifier précisément les groupes
sur lesquels l'entreprise va se concentrer, définir les blogs
représentatifs et apprécier les valeurs qui fondent ces
communautés. Compte tenu du temps et de l'investissement que ce type
d'action peut nécessiter, on comprend l'importance d'identification des
groupes et la recherche des influenceurs.
L'entreprise doit adopter le code des blogueurs : il est
essentiel d'apporter une vrai information à son blog. Pour un blog
d'entreprise qui s'adresse au grand public, cela peut consister à
raconter la vie de la société, annoncer un nouveau produit, en
tester un autre, montrer ses dirigeants sous un autre aspect. Le contenu doit,
dans tous les cas, être différent de la communication
institutionnelle réalisée par ailleurs par un service
dédié.
Il faut noter qu'à la différence d'un site
classique, le graphisme a une importance moindre sur un blog : il est
préférable d'éviter les présentations lourdes ou le
Flash, et de privilégier un graphisme minimaliste.
Les clefs de la réussite d'un blog sont :
partager ses connaissances, être honnête et authentique, ne pas
mentir, parler des problèmes et y répondre, faire parler ses
clients.
En effet les blogs qui se remarquent dans la blogosphère
sont ceux où les auteurs se sont engagés, ont pris des risques et
acceptent d'affronter la contradiction. Aller publiquement à la
rencontre de leurs consommateurs va devenir le signe de nouvelle
modernité face à une audience non plus passive mais active, qui
devient le vecteur même de l'information.
Face à ce tableau idyllique il s'agit à
présent d'observer la mise en pratique par les entreprises de cet outil
de communication extrêmement délicat à manier, et comment
les marques vont passer d'une approche de communication contrôlée
et distante à une approche de la communication connectée et
collaborative.
2. ÉTUDE PRATIQUE
Dans le domaine des nouvelles technologies et au même
titre que les forums, les blogs peuvent être un canal précieux de
remontée d'informations de la part des clients utilisateurs des produits
ou services de l'entreprise. Ce "feedback" se fait
généralement à partir des réponses ou remarques
faites sur un blog mis en place à l'initiative de l'entreprise. Certains
acteurs utilisent les remarques faites sur ce type de blogs pour faire
évoluer leur produit.
Les blogs peuvent contribuer à la qualité de la
relation client et occuper une place au sein du dispositif CRM25(*) de l'entreprise. Cette place
est évidemment le plus souvent mineure par rapport à l'ensemble
des outils mis en place, mais elle peut parfois être non
négligeable pour des sociétés et pour des acteurs
Internet. Il faut que les sociétés comprennent qu'elles doivent
créer une histoire autour de leur marque, et le succès de cette
histoire ne dépend pas uniquement de qui la raconte mais
dépend aussi de où et comment l'histoire est
racontée.
v Une cohabitation délicate : Vichy et
« le journal de ma peau »26(*)
Profitant de l'effet de mode, le laboratoire Vichy a
demandé à l'agence Euro RSGC 4D d'orchestrer la création
d'un blog marketing pour lancer une nouvelle crème anti-rides, le
« Peel micro abrasion ».
Une jeune mère trentenaire, Claire, devait écrire
son journal et faire vivre aux internautes son expérience du produit
pendant 21 jours. Mais l'aventure a tourné court après avoir
provoqué une tempête dans la blogosphère. Presque
immédiatement, des messages condamnant fermement la démarche ont
commencé à circuler pour dénoncer ce vrai-faux blog, dont
le ton rappelait plus celui du traditionnel publireportage. Le numéro un
des cosmétiques (L'Oréal) n'avait pas respecté les
règles de bienséances et le code de conduite qui s'imposent dans
cet univers.
? Analyse de l'échec
Sur le plan graphique le blog avait une interface hybride entre
un site produit (iconographie très médicalisée de Vichy)
et un blog classique, tandis que sur le plan de l'identification le blog
n'affichait pas son appartenance à la marque (ce qui lui fut fatal).
Comment réellement croire qu'une simple utilisatrice, voire même
« testeuse » de produit de cosmétique passe du temps
sur le design d'un blog qui va être le support de l'évolution de
ses problèmes de peau ?! De plus le blog avait été
créé et non pas simplement intégré à une
plate-forme de blogging gratuite, une consommatrice va-t-elle acheter un nom de
domaine27(*) ? Enfin
la règle de conduite du blog est d'accepter les commentaires des
blogueurs et si possible leur répondre : en l'espèce cette
blogueuse ne répondait jamais à aucun commentaires et ceux
laissés en lecture étaient triés... autant dire que la
communauté de blogueurs n'a pas été floué
très longtemps ! Face à cette histoire peu naturelle, un
commentaire qualifiait ce blog de « sitcom de troisième
zone ».
Faire un blog demande une certaine éthique et un respect
des personnes à qui l'on s'adresse, une information pertinente et non
formatée s'impose. Dans le cas du « journal de ma
peau »là où le dispositif commet une erreur c'est dans
sa manière d'aborder le discours et en particulier le mode
d'énonciation. Le locuteur du blog est « Claire », une jeune
femme d' « un certain âge », qui souhaite parler
aux internautes qui partagent ses préoccupations sur la fraîcheur
de son teint. Dans ce blog, tout a été programmé,
anticipé, les billets ont bien entendu été écrits
d'avance par le concepteur-rédacteur. En fait, le décalage entre
le design très sophistiqué et le discours, censé
être spontané suscite rapidement un malaise. Et de ce fait, les
consommatrices ne sont pas dupes, la sincérité de
l'expérience est mise en doute. Nous savons pourtant que la
sincérité et l'authenticité sont les clefs de la
réussite d'un blog, les concepteurs avaient dû l'oublier...
? Conséquences pour la marque
Les auteurs du faux blog ont été forcés
d'avouer à mi-chemin ce que tout le monde avait
deviné : avoir plus ou moins inventé
« Claire ».
Manifestement la crédibilité du discours de Vichy a
été mise à mal dans ce dispositif, qui a sûrement
fait plus de dégâts qu'il n'a apporté de marché
à son nouveau produit. Mais l'échec de la stratégie de
Vichy/Euro RSGC 4D est sans doute plus choquant d'autant que d'autres
expériences de blog publicitaires ont été lancées
avec une plus grande habileté. L'expérience montre que la
règle primordiale est de faire un blog avant de vendre une marque.
Par cette déconvenue et grâce aux blogs,
L'Oréal a appris à lieux connaître les attentes de ses
consommateurs. Certes « bad publicity is always publicity »
-la mauvaise publicité, c'est toujours de la publicité- pour un
responsable de produit de chez L'Oréal, (responsable de la branche
Vichy) cette opération est une réussite : «We
learned that we could talk directly to the users, we also learned that
communication could be spontaneous and a work-in-progress. We re-adjusted as we
discovered their needs and heard their question. [...] Everyone at Vichy has
learned from the blog. It has helped us to clarify our production position. And
better answer customer questions that we had not previously thought about, such
as what products should be used at the same time. The interaction with
customers on the blog has impacted our PR and sales
efforts.»28(*)
En effet ce responsable considère que cette opération a enrichi
son équipe d'un savoir-faire qui leur faisait défaut
jusqu'à présent, il n'est donc pas exclu que L'Oréal
récidive sur ce terrain. Nous pouvons considérer que c'est une
petite révolution dans un groupe qui communique sur l'excellence et le
haut-de-gamme et qui doit désormais intégrer les critiques de ses
lecteurs.
? Epilogue
Comment en vouloir réellement à Vichy ? La
marque a eu le courage de s'aventurer parmi les toutes premières sur ce
terrain glissant. L'équipe « produits » et l'agence
ont simplement reproduit sur son blog les recettes de la communication
traditionnelle.
La marque a d'abord reconnu avoir entendu la critique principale
des blogueurs : l'invention de « Claire ». La vraie
équipe Vichy s'est ensuite présentée, photo à
l'appui. Les dizaines de blogueurs qui avaient critiqué la
première version commencèrent rapidement à saluer le
courage de l'équipe et commencèrent à lui faire des
suggestions, tandis que Vichy se mettait à l'écoute. La
principale suggestion était d'impliquer des vraies femmes
intéressées pour tester le produit, ce que Vichy s'est
empressé de faire en réunissant une dizaine de blogueuses :
une nouvelle version avec de vraies utilisatrices a été
lancées en septembre. Celles-ci ont testé le produit en postant
librement des commentaires. La crème étant de très bonne
qualité, les commentaires ont été globalement positifs,
transformant au final l'expérience en bon buzz29(*) pour la marque autant sur
les blogs que dans la presse (Les Echos a été le
premier titre à saluer la réaction de Vichy).
A.Lesueur, responsable Internet et Intranet chez Vichy
reconnaît : « nous avons été chahuté
au début, mais l'expérience a finalement été
bénéfique, cela nous a familiarisé avec les pratiques et
nous a donné un contact direct avec nos client ». Après
ce mea culpa et un changement de formule l'audience commence à
être au rendez-vous : le blog génère un quart de
l'audience des sites Vichy, soit environ 7 000 visiteurs par mois.
v Nike ou la success story du blog
Précurseurs en matière de nouvelles
stratégies pour attirer les jeunes, les labels sportifs ont tôt
fait d'entrer dans la partie, en respectant toutefois la règle
d'or : le blog est destiné à échanger des points de
vue et non à vanter les mérites d'un produit. Ainsi Nike a-t-il
rusé en lançant un blog par procuration. En effet, le blog
The Daily Snkr30(*) destiné aux « sneakers
addicts31(*) » est rédigé par un
passionné de basket vintage, extérieur à la marque mais
soutenu par elle, au moment d'une de ses opérations ponctuelles sur les
chaussures de sport rétro.
L'agence Heaven présente ce blog comme une réponse
au contexte suivant : « perte d'influence de Nike
auprès de ses trendsetters et early-adopters32(*) pas rapport à ses
concurrent ». L'objectif final du blog étant de
revaloriser l'image de Nike auprès des leaders d'opinion.
En effet, noyé dans un bain publicitaire, le consommateur
perd ses repères et la bataille contre les marques est une bataille pour
la préservation de son identité. Alors que la production de masse
tend à une uniformisation toujours plus poussée, les
consommateurs recherchent l'authenticité. Les marques doivent gagner la
confiance des consommateurs pour que le client se sente unique et reprenne
confiance ; les marketers doivent alors créer un monde autour des
marques et inviter le consommateur à y participer : grâce au
blog les consommateurs deviennent acteurs du marketing. Nike a su mettre
à profit sa connaissance des consommateurs et de leur culture et ainsi
proposer une interface innovante qui propose aux clients des expériences
avec la marque.
Le blog a été utilisé avec succès par
l'équipementier pour plusieurs raisons :
- concernant l'appropriation du produit par les blogueurs, on
peut dire qu'elle est totale : des baskets sous toutes les formes, de
toutes les couleurs sont véritablement mises en scène dans la
plupart des billets. Les marques ont parfois du mal à accepter de perdre
de l'emprise sur leurs produits, mais ici, Nike a bien compris tout
l'intérêt de laisser ses produits sous le contrôle de ses
clients, quitte à ce que les codes de son merchandising soient
totalement oubliés !
- le nombre d'auteurs du blog est significatif, notamment si on
le compare à la communauté réduite des collectionneurs de
sneakers, même si pour chacun d'entre eux le nombre de billets
écrits est réduit. Ce blog est de plus
« participatif », chacun peut y créer sa
propre page perso pour présenter sa collection. Enfin, la liste des
liens est aussi une preuve de la volonté de Nike d'insérer ce
blog au sein des initiatives déjà existantes sur la toile.
L'initiative est bien officielle, Nike n'est pas tombé
dans le piège de Vichy en agissant de manière anonyme, une
discrète mention précise que : « this blog is
made with the support of Nike33(*) ». La gestion de l'identité et
l'aspect officiel de l'opération ont été
gérés intelligemment et honnêtement, l'exemple le plus
significatif est que le rédacteur en chef de ce blog est lui même
un collectionneur passionné.
Nike a su tirer profit de cet outil qu'est le blog car il a
respecté les principes fondamentaux de transparence (la marque est
identifiée dès la page d'accueil, un lien mène directement
à son site commercial), aucun des commentaires ou expériences des
clients n'ont été censurés (la liberté de ton est
sauve), le blog a su s'ouvrir sur l'extérieur en proposant une
multiplicité de liens. Enfin le succès de ce blog repose surtout
sur la valeur ajoutée qu'il apporte. Il est essentiel d'apporter une
information atypique à son blog, le contenu doit être
différent de la communication institutionnelle réalisée
par les commerciaux et marketers de la marque. En l'espèce l'attachement
des clients à cette marque les a conduit à devenir de
véritables passionnés et de le revendiquer sur un site ouvert
à tous. Nous observons ici une appropriation de la marque mais aussi de
la culture de la marque, les sneakers addicts ont
poussés jusqu'à son paroxysme le slogan « just do
it » en participant à l'essor d'un blog.
Ce blog de collectionneurs des modèles historiques a
réussit entre février et mai 2005 à réunir plus de
60 000 visiteurs uniques par mois, pour un total d'un millions de pages
vues. Initié en octobre 2004, celui-ci a fermé le mois dernier
car « il réclamait pour subsister un investissement et des
équipes non prévues par Nike », commente V.Lelard,
membre de l'équipe publicitaire de l'équipementier. Cependant le
blog a essaimé et engendré plusieurs autres blogs,
créés par des internautes souhaitant prolonger
l'expérience. Une dynamique qui bénéficie directement
à la marque sans aucun frais et qui assure désormais un
buzz permanent autour d'elle.
Ainsi Nike profite du système d'échange et de
réseau de la communauté de blogueurs pour continuer à
s'étendre sur un plan commercial et financier et ce, sans
débourser un seul centime dans la mise en place d'un outil de
communication. Le blog en étant référencé et
transmis de liens en liens dans la blogosphère se répand alors
comme une traînée de poudre.
C'est là l'ultime bénéfice du blog pour la
marque : devenir une mine d'or pour ceux qui savent instaurer un vrai
dialogue avec leur cible.
* * * * *
Selon une récente étude Forrester
Research34(*), 64%
des spécialistes du marketing envisagent d'utiliser les blogs comme
support publicitaire. Le modèle économique de l'Internet est
entrain de se mettre en place à grande vitesse autour des blogs, bien
que des incertitudes demeurent sur l'influence réelle que les marques
peuvent en retirer. En effet comment quantifier l'impact des blogs en terme
d'image, de revenu, d'expansion ? Les blogs sont-ils prescripteurs dans
l'acte d'achat ? Aucune étude sérieuse ne permet de
démontrer que les blogs sont indispensables aux marques ; mais
cependant toutes les marques qui adhèrent à cette communication
affirment à l'unisson que cet outil permet de créer un lien avec
la clientèle ; en dehors même de la volonté
d'améliorer le produit ou le service, le fait de prendre en compte par
des modifications, des remarques effectuées sur un blog est un moyen
d'exprimer la volonté d'écoute, la reconnaissance
attribuée à l'avis des clients et de valoriser la
communauté des participants au blog. On se retrouve alors non plus dans
une optique marchande, mais au-delà, dans une relation interpersonnelle
voulue par la marque qui investit un territoire de communication alternatif
pour s'immiscer un peu plus dans les différentes communautés de
la blogosphère. Nous pouvons alors en déduire que la
distanciation avec l'outil technique ne s'opère plus. De ce fait la
blogosphère emprisonnée par la technique ne peux refuser
l'utilisation des blogs par les marques. C'est aux marques de s'approprier cet
outil pour poursuivre leur développement croissant : «
(...) Une fois de plus, la « force des choses » l'a
emporté sur la libre décision de l'homme35(*).»
3. UN CAS PARTICULIER : LE BLOG DE CHEF
D'ENTREPRISE
Le blog du chef d'entreprise permet à celui-ci de tenir,
sous couvert de réflexion et d'expertise personnelle, un discours direct
à sa clientèle et ainsi de diffuser une information relative
à son entreprise par un canal distinct des sites Internet classiques. On peut dès lors y voir une
forme originale de communication externe, une sorte de «
web-lobbying» de ses activités professionnelles. Le chef
d'entreprise peut ainsi s'adresser à ses clients, dont les commentaires,
positifs ou négatifs, alimentent son discours et développent son
audience. Il peut également interpeller les pouvoirs publics sur les
normes applicables à son secteur d'activité, ou encore constituer
une communauté d'interlocuteurs, tels qu'autres dirigeants,
journalistes, partenaires commerciaux, qui sont autant de relais à sa
communication. Dans ce contexte, le blog, bien que constitué de
digressions personnelles, doit être considéré comme ouvert
à titre professionnel. À l'instar d'un « journalisme
parallèle», se développe donc une forme de « marketing
parallèle» distinct des communiqués de presse et des
campagnes publicitaires.
Le fournisseur de la solution technique de blog Type Pad36(*), annonce que « le
blog a déjà fait une cinquantaine d'adeptes parmi les chefs
d'entreprises français37(*). Si le phénomène connaît une
telle ampleur c'est que les gens sont en quête de franchise et
d'honnêteté ».
Un blog d'entreprise permet aux responsables de diffuser
directement des informations, sans passer par des intermédiaires. Il
pourrait jouer le rôle de communiqué de presse ou de
newsletter : grâce à l'outils de syndication
intégré, les informations peuvent être diffusées
rapidement et efficacement car seules les personnes intéressées
s'abonneront au flux RSS. Les chefs d'entreprises commencent à peupler
ce canal de communication afin de diffuser des informations montrant leur
expertise et permettant de rassembler les avis des clients.
L'ancien président d'Alstom, Pierre Bilger livre sur
Internet ses réflexions, de la gestion du dossier HP à la
politique énergétique : « j'ai vu dans
l'émergence des blogs l'opportunité de m'exprimer simplement sans
logistique, directement, sans intermédiaire médiatique, et
instantanément, sans délai d'impression ». Quant
à Michel-Edouard Leclerc, coprésident des centres Leclerc, il a
choisi la formule du blog pour diffuser ses commentaires politique et
économique, mais aussi pour donner son point de vu sur mes foires aux
vins ou les marges arrières de la grande distribution, selon lui :
« [son] blog le structure. [Il] anticipe les questions qui
peuvent [lui] être posées sur un plateau de télé ou
à la radio ».
Michel-Edouard Leclerc38(*) est le plus représentatif des patrons
s'investissant dans leur blog, c'est pour cela que nous allons essentiellement
nous intéresser à son cas.
En effet, son blog fait figure d'exemple en France, en janvier
2005, M-E Leclerc, à la tête d'un groupe de 85 000 personnes,
lance un site Internet pourvu d'un forum. Plusieurs blogueurs saluent
l'arrivée du site et certains écrivent : « M-E
Leclerc est un blogueur qui s'ignore ! ». Et ils ne croient pas
si bien dire, en effet, M-E Leclerc tient depuis des années des cahiers
qui relatent ses idées sur son entreprise, son secteur... le journal
intime va vite se transformer en blog : six mois après son
lancement, il écrit régulièrement sur celui-ci39(*), et tire lui-même les
conclusions positives de son expérience, il a reçu plus de mille
notes et commentaires et discute avec ses lecteurs de deux points
essentiels.
Tout d'abord, les sujets très variés dont son blog
traite : son métier mais aussi une de ses passions, la bande
dessinée et des commentaires réguliers sur la France qui ont
donné l'occasion à certains blogueurs d'affirmer que le blog de
M-E Leclerc est le meilleur blog politique français. Il n'utilise pas la
langue de bois, c'est pourtant un exercice risqué et propre au blog. Son
édito précise d'ailleurs : "Imaginez un entrepreneur qui a
des idées et qui ne se gêne pas pour les exprimer. Au regard des
résultats de son entreprise, il est interrogé par les
médias et devient le poil à gratter de son secteur
d'activité, la grande distribution. Or, l'évolution du
traitement de l'information par les grands médias permet de moins en
moins de développer des arguments à l'appui des prises de
position. C'est trois minutes à la télévision pour
traiter le problème des OGM ou quelques lignes dans la presse sur le
pouvoir d'achat. Il est des sujets qui ne peuvent se limiter à des
effets d'annonce, un titre "slogan"ou une "photo choc". Plus frustrant encore,
l'absence de dialogue. Internet ouvre dans ce domaine de nouvelles
possibilités d'information et d'échange que je souhaite explorer.
C'est pour ces raisons que j'ai décidé de créer "De quoi
je me M.E.L" simplement pour permettre à ceux qui le désirent,
d'en savoir plus et de pouvoir donner leur point de
vue."
Pour lui « bloguer c'est
réfléchir en public » ; en effet bloguer
c'est partager ses idées avec la communauté et
nécessairement l'avis donné ne fera pas l'unanimité. La
personne s'expose donc à des polémiques ou attaque, mais c'est
là aussi que le débat devient intéressant : par la
contradiction. A ce propos les lecteurs de M-E Leclerc lui ont fait part de
leur souhait de voir les notes plus courtes son blog et posent ainsi la
question du style propre aux blogs. Les blogs ont tendance à survoler
les sujets traités et démarrer des discussions, ce qui est assez
inhabituel pour la plupart des chefs d'entreprises qui ont plutôt
l'habitude d'exprimer leur point de vue de manière argumentée et
plus longue. Ce dirigeant s'est exécuté et s'est adapté
face à la demande de la blogosphère : c'est là que
l'on apprécie particulièrement l'intérêt de cette
interface interactive et dynamique entre son auteur et ses lecteurs. Une
confiance s'installe lorsque chacun des intervenants est pris en
considération et son avis est mis en pratique.
Cependant, on peut se demander si les blogs tenus par des
dirigeants sont une source crédible d'information ou une vitrine de plus
pour valoriser l'entreprises et ses marques, à travers la plus haute
personne hiérarchique du groupe ? En l'espèce le blog n'est
pas anonyme, son dirigeant s'identifie auprès de son lectorat, et il ne
profite pas de cet outil pour composer de simples messages publicitaires ou
reproduire un rapport d'activité annuelle, ni se vanter de son chiffre
d'affaire. Le risque d'utiliser le blog comme outil de communication est de ne
pas être honnête vis-à-vis de ses lecteurs, et par la
même de ses consommateurs. Il faut aborder le blog comme une interface de
partage des connaissances, il permet de créer une communication
transparente et ouvre même la possibilité de désamorcer une
crise en répondant directement aux récriminations d'internautes.
Cela peut apparaître courageux, surtout quand on voit certains
commentaires, apparemment non censurés. Mais après tout, au
lieu de s'extasier devant tant de transparence, ne devrions-nous pas
considérer ce droit de réponse comme normal et
espérer que ce type de communication constitue une sorte de service
minimum que les industriels doivent aux consommateurs ?
M-E Leclerc a réussi à utiliser cet outil sans
encombre en respectant la charte de bonne conduite propre à la
blogosphère : jouer la transparence, apporter une valeur
ajoutée, bloguer régulièrement et s'ouvrir sur
l'extérieur.
Des centaines de chefs d'entreprises en France et dans le monde
suivent l'exemple de Michel-Edouard Leclerc et sont non seulement enthousiastes
à l'idée de se rapprocher de leurs clients et sont dans la
plupart des cas surpris des retombées positives de leur blog. Les blogs
de marques et du chef d'entreprise présentent des risques mais,
lorsqu'ils sont authentiques et transparents, sont très utiles pour une
grande entreprise comme pour une petite et ainsi participe à l'extension
potentielle de son entreprise tant au plan géographique que
commercial.
? La responsabilité des blogueurs-dirigeants
Le support du blog ne doit pas faire oublier au chef d'entreprise
qu'il évolue dans une sphère économique, et pas seulement
personnelle, ainsi, il doit respecter les réglementations s'y
appliquant. Notamment, il doit bien entendu s'abstenir de tout propos
désobligeant envers les produits ou entreprises concurrentes ; il
risquerait alors de s'exposer à des poursuites sur le fondement de la
concurrence déloyale. L'infraction la plus probable à ce titre
est le dénigrement de marque.
En outre, le blog de dirigeant, à vocation plus ou moins
promotionnelle, doit-il être considéré comme un site permettant une activité de commerce
électronique, et ainsi soumis aux dispositions des articles 14 et
suivants de la loi du 21 juin 200440(*) pour la confiance dans l'économie
numérique ? Selon cet article 14, « entrent également
dans le champ du commerce électronique les services tels que ceux
consistant à fournir des informations en ligne, des communications
commerciales et des outils de recherche [...], y compris lorsqu'ils ne sont pas
rémunérés par ceux qui les reçoivent».
L'application de cette disposition serait évaluée au cas par cas,
tous les blogs de chef d'entreprise n'ayant pas la même finalité.
Le blog d'un chef d'entreprise qui ne comporterait aucune
référence à l'entreprise elle-même ni à ses
produits, mais seulement des réflexions d'ordre général
sur son secteur d'activité, voire sur des secteurs différents, ne
serait pas, semble-t-il, soumis à cette disposition légale.
À l'inverse, dès lors qu'une communication s'établit bien
sur l'entreprise, qu'il s'agisse d'exposer les principes de sa politique
commerciale, ou plus simplement de ses produits, il semble qu'il y ait
« mise à disposition d'informations» au sens de
l'article 14. Dans ce cas, les mentions de l'article 19 de la loi du 24 juin
2004 devraient alors figurer sur le blog (il s'agit notamment des nom et
prénom de l'éditeur du blog, son adresse, son e-mail, et son
numéro de téléphone).
4. LE BLOG DANS LE MONDE DES AFFAIRES : UN OUTIL DE
COMMUNICATION
INTERNE
Le blog interne n'est pas juste une autre forme du journal
interne ou intranet, souvent décalé par rapport à la
réalité de la vie de l'entreprise. Il peut être un canal
d'information, une bonne occasion de se mettre à communiquer en interne,
avec beaucoup d'avantages à la clef : simplicité et
rapidité de mise en oeuvre, transversalité, interactivité
et faible coût de fonctionnement. Les objections ne manquent pas contre
la mise en ligne d'un blog interne : il ne résoudra pas tous les
problèmes d'une entreprise qui ne sait pas communiquer, mais il peut
être un bon levier pour décloisonner les différents
services d'une entreprise. Dans des structures au fonctionnement très
hiérarchique, le blog peut apparaître comme un court-circuit qui
met en péril la gestion de l'information.
Cet outil pourra être un vecteur supplémentaire de
circulation de l'information, ou bien un moyen de rétablir de vrais
circuits informatifs. La liberté d'expression donnée par le blog
soulève des questions qui sont d'habitudes évacuées par
l'entreprise, c'est ainsi l'occasion pour le management de se poser des
questions de fond.
Mais d'abord qu'est-ce qu'un blog d'entreprise ?
C'est un blog écrits par des salariés ou les collaborateurs qui
parle de l'entreprise elle-même et qui sert aux relations de travail. Ces
blogs sont rares en France, à l'exception des collaborateurs de
Microsoft France.
En entreprise le blog peut être utilisé de
différentes façons : de façon externe (blog
de marque), le blog d'une société s'apparenterait à un
autre canal de communication au même titre qu'un site
corporate ; mais par rapport à ce dernier, le blog peut,
grâce à son organisation, devenir un lieu privilégié
pour les clients, les fournisseurs, les partenaires...
En interne, le blog peut facilement rejoindre les outils
classiques de gestion de projet, il est diffusé uniquement sur le
réseau de l'entreprise et fermé au public. De plus, il existe
depuis peu des blogs de salariés, propice aux échanges entre les
collaborateurs mais aussi avec les clients.
Ø Le blog des salariés
De nombreux collaborateurs d'entreprises américaines
parlent de leur entreprise sur leurs propres blogs. Ils lui donnent ainsi une
voix tout à fait différente de celle habituellement
présentée dans les rapports annuels, les sites institutionnels et
les communiqués de presse.
Les blogs humanisent l'entreprise vers l'extérieur, ainsi
plus de 400 blogueurs chez Microsoft (dont le très connu Robert Scoble)
mais aussi un grand nombre chez Macromedia qui a même lancé des
modèles type de blogs pour ses collaborateurs et les regroupe sur son
portail, Macromedia blogs41(*). Ces blogs donnent accès à
beaucoup d'informations sur l'entreprise et lui donnent un visage, que Dan
Gillmor42(*), appelle
«la fin de l'histoire officielle» pour les entreprises, car
les journalistes et clients d'une entreprise sont bien plus
intéressés par ce que les personnes qui y travaillent en disent
en leur nom, que par les communiqués de presse. En France, ce
phénomène n'en est qu'à ses débuts, mais on peut se
demander pourquoi les entreprises ressentent-elles le besoin d'ouvrir cet
espace à leurs salariés ?
Laisser la libre parole aux salariés c'est pour
l'entreprise le moyen de reconnaître la pleine participation de ces
personnes au développement du groupe tout entier. En interne de nombreux
salariés créent leur blogs pour parler de leur employeur :
évidemment on n'y trouve pas le discours officiel de l'entreprise et
cela fait plutôt le malheur des directions. La multiplication des blogs
internes court-circuite ou travestit la communication officielle et permet
à des informations confidentielles de circuler. Chacun peut devenir une
source d'information. Mais les incidents sont la conséquence de cette
liberté de ton accordé aux salariés : bloguer en
public pour son entreprise est risqué. L'exemple le plus souvent
cité est celui d'un ingénieur de Microsoft, qui avait
publié sur son blog une photographie d'un camion livrant des Apple
Macintosh devant le siège de Microsoft ; celui-ci s'est fait
licencier quelques temps plus tard. Une autre anecdote est recensée au
sein de la compagnie Delta Airlines : une hôtesse de l'air
s'était prise en photo en uniforme dans un avion avec une pose assez
suggestive. Cette hôtesse a été licenciée
très rapidement (dans son cas le contrat de travail stipulait
clairement les règles à suivre dans le cas de
représentation publique en uniforme, a fortiori dans un avion de la
société). La liberté d'expression sur les blogs trouve
donc sa limite dans les règles de l'entreprise et la loi, et en amont
dans l'instauration d'une charte prévenant les dérapages des
salariés.
? La charte des blogueurs internes : une
précaution indispensable
Une communication non maîtrisée peut s'avérer
être un risque pour l'entreprise : le blog peut être une arme
à double tranchant. C'est pour cela qu'une charte pour les blogueurs
internes est nécessaire pour éviter toute dérive possible.
Bien que chaque salariés soit soumis à la législation en
vigueur ainsi qu'à son contrat de travail et les règles internes
de l'entreprise, il est fortement conseillé de rédiger une charte
qui rappelle à tous les principes de bas. Celle-ci doit aussi bien
s'appliquer aux blogs internes qu'externes et plusieurs entreprises ont
même rendu ces documents totalement publics : c'est la cas de
Yahoo43(*) qui fait figure
d'exemple. Une autre entreprise pionner en la matière a elle aussi pris
les devant en édictant une charte pour ses
salariés-blogueurs : il s'agit le Microsoft.
? L'initiative de Microsoft
Le virus du blogging a affecté Microsoft : elle est
l'entreprise situé en tête du classement des
sociétés américaine ayant lancé le plus de blog.
Aux centaines de blogs ouverts outre-Atlantique par des collaborateurs et des
partenaires du groupe, s'ajoutent aujourd'hui les premiers blogs
d'employés de la filiale française. En effet, un projet pilote
est mené en France avant d'être étendu à toute
l'Europe. En plus de son aval, la maison mère du groupe fournit à
se filiale française sa plate-forme de blogs. Celle-ci repose notamment
sur la technologie « .Text », conçu
par un directeur régional du groupe, et distribuée gratuitement
sur Internet. On voit ici le choix stratégique opéré par
Microsoft, puisqu'il permet de réduire à zéro les
coûts de mise en place et de maintenance de son système. Dans ces
conditions, la filiale française de l'éditeur de logiciels ouvre
sans hésiter sa plate-forme de blogs à tous ses salariés
et la propose également à ses partenaires. Au stade du lancement
(octobre 2004) celle-ci hébergeait une trentaine de blogs lancés
essentiellement par des développeurs. L'argument principal de la firme
pour que ses salariés adhèrent pleinement à cet outil, est
le principe de liberté de parole : les blogueurs sont libres
d'aborder les sujets de leur choix. Cependant il est surprenant qu'une telle
entreprise, habituée à contrôler sa communication,
n'opère aucune modération sur les blogs de ses employés,
que ce soit aux Etats-Unis ou en France. V.Lauriat-Leandri, responsable
Internet de Microsoft France, n'hésite pas affirmer :
« aucune ligne éditoriale n'est imposée aux blogs,
contrairement aux séminaires et aux newsletters par exemple ; la
parole est laissée aux individus, lesquels sont complètement
libres de s'exprimer. Ces derniers agissent, dans la communication de
l'entreprise, comme des petites voix supplémentaires ».
Mais justement, on peut se demander si ces « petites
voix » ne sont pas instrumentalisées par leur entreprise qui,
en mettant une plate-forme de blogging à leur disposition, les
contrôle un peu plus. La version-blog encadrée par Microsoft ne
semble pas du goût des puristes. En effet, la plupart des sujets
traités - essentiellement par des développeurs - concernent les
innovations de la marque, «cela permet d'établir le dialogue
avec les utilisateurs, explique L. Ellerbach (blogueur des
premières heures de Microsoft France). Directement du producteur au
consommateur.» Nous pouvons voir ici clairement la finalité
économique du procédé : les salariés sont
incités à rester « en contact avec leur
clients» en créant leur propre blog ; il s'agit alors
d'une liberté inscrite dans une stratégie marketing !
L'éditeur de la plate-forme de blogging a quand même prévu
un garde fou à l'intention des salariés : leur
liberté s'inscrit dans un espace régulé
« les blogueurs du groupe sont appelés à prendre
leurs responsabilités, comme c'est le cas pour les forums de
discussions ». Microsoft n'hésite donc pas à
prendre des risques pour soutenir sa notoriété, laquelle se
nourrit également sur les blogs de la personnalité de ses
employés.
En instaurant un outil gratuit à disposition de ses
salariés l'entreprise espère ainsi, non seulement impliquer de
plus en plus les salariés dans une politique de groupe et de
communauté de travail, mais aussi de bénéficier des
retombés de la relation qui peut s'instaurer entre le salarié et
le client. Il y a là une véritable volonté globale de la
multinationale de laisser la possibilité à ses employés
d'être connectés en permanence avec leurs clients. En
réponse, Microsoft France qualifie pour sa part de
« nouveauté culturelle, depuis deux ans »,
cette façon de « mettre des gens de Microsoft en
avant : les développeurs sont incités à participer
aux communautés et aux newsgroups, à dialoguer avec les
gens » (V.Laurait-Lendri).
Le blog serait-il un nouvel « intranet » au
sein des entreprises ? On peut se le demander vu le taux d'investissement
de certains salariés dans cet outil pour mettre en avant la technologie
distribuée par leur entreprise. Un des blogueurs les plus connus de
Microsoft est Robert Scoble44(*), avec plus de 3,5 millions de visiteurs sur ses sites
chaque année. D'après Fortune45(*), il est la troisième personne la plus
connue de son groupe : cette popularité provient exclusivement de
son blog ! La définition provenant de Wikipedia est
édifiante : "Robert Scoble is a "technical evangelist"
who works for
Microsoft46(*)» : un
évangéliste de la technique ! Robert Scoble est devenu une
véritable machine de relation de presse pour Microsoft : en effet
il parle des concurrents, crée des liens sur leurs initiatives, parle
des clients qui critiquent Microsoft et les met en valeur sur son blog. Il est
à l'opposé de l'histoire dite « officielle »
du groupe et pourtant c'est grâce à son blog qu'il s'est fait
embauché chez Microsoft. Une fois salarié, il a continué
à entretenir son blog, mais sans ne jamais transmettre d'informations
confidentielles pouvant nuire à l'entreprise. Autour de lui s'est alors
créer une sorte de « protection morale » : son
blog a tellement de succès, que même dans les périodes
critiques il a été protégé par sa
popularité, formée par une communauté de milliers de
lecteurs employés chez Microsoft et en dehors de l'entreprise, par un
grand nombre de journalistes qui soutenaient son action.
Bien qu'il soit totalement à l'opposé de la culture
de communication classique d'une entreprise, qui consiste à la mettre en
valeur en permanence en ne parlant ni des aspects négatifs ni des
critiques, Robert Scoble a acquis une influence très importante par son
blog et la couverture dans les grands titres de presse américains a
contribué au fait qu'il devienne progressivement
« intouchable » dans le groupe.
Par cet exemple nous pouvons voir que les blogs de
salariés peuvent apporter une forte valeur ajoutée à
l'entreprise lorsqu'ils respectent les règles de base d'utilisation de
l'outil technique et qu'ils sont une source crédible d'information sur
les produits et sur l'entreprise. Au cours d'une interview ce salarié
à déclarer : « s'ils me demandent [les
responsables de Microsoft] de changer de manière de m'exprimer, ils
savent que je quitte Microsoft, et la plupart respectent ce que je fais et son
intérêt ». Ce mode de communication implique de la
part des salariés une contre partie à la liberté
d'expression : le respect des normes légales existantes.
? La responsabilité du salarié sur son
blog
Le salarié d'une entreprise peut évidemment ouvrir
et nourrir un blog à titre personnel et privé,
bénéficiant du principe constitutionnel de la liberté
d'expression, également reconnue par l'article 10 de la Convention
européenne des droits de l'homme47(*), cette faculté ne saurait être
limitée par son statut de salarié. Il est donc également
libre de faire valoir son opinion sur l'entreprise qui l'emploie. L'article L.
120-2 du Code du travail dispose que « Nul ne peut apporter aux droits
des personnes et aux libertés individuelles et collectives de
restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la
tâche à accomplir ni proportionnées au but
recherché». En outre, l'article L. 461-1 du Code du travail
dispose quant à lui que «les salariés
bénéficient d'un droit à
l'expression directe et collective sur le contenu, les conditions d'exercice et
l'organisation de leur travail». Ces articles consacrent donc pour le
salarié un véritable droit de s'exprimer,
et de faire valoir, sur son blog, son opinion sur l'entreprise pour laquelle il
travaille. Cette liberté d'expression n'est cependant pas sans limite.
Son statut de salarié lui impose le respect de certaines
obligations :
- L'obligation, en tant qu'éditeur du blog, de se
conformer en tout état de cause aux dispositions de la loi sur la
presse.
- L'obligation, en tant que salarié, d'observer une
certaine réserve et loyauté vis-à-vis de son employeur. Il
doit notamment s'abstenir de dénigrer l'entreprise pour laquelle il
travaille, par ses propos ou par le biais des fichiers qu'il mettrait en ligne
sur son blog et associerait à ladite entreprise.
- L'obligation de loyauté envers l'entreprise qui
l'emploie, sur le fondement de l'article 1134, alinéa 3 du Code civil.
À ce titre, l'éventuel anonymat du salarié blogueur est
inopérant.
- L'obligation de conserver le secret de fabrique ou secret
professionnel, sur le fondement de l'article L152-7 du Code du Travail :
« le fait, par tout directeur ou salarié d'une entreprise
où il est employé, de révéler ou de tenter de
révéler un secret de fabrique est puni de deux ans
d'emprisonnement et de 30 000 € d »amende ».
Toutes les personnes soumises au secret professionnel ne doivent pas divulguer
sur leur blog l'information qui leur a été confié sous le
sceau du secret.
- L'obligation de non-concurrence ou de confidentialité,
selon les clauses éventuellement insérées dans son contrat
de travail. En tant que mode de communication en ligne, ouvert au public, le
blog présente un risque majeur de fuite pour d'éventuels secrets
de fabrique ou secrets d'affaire, et la confidentialité attendue du
salarié doit en tout état de cause s'appliquer strictement.
À titre d'exemple, il doit donc s'abstenir de divulguer toute
information sur d'éventuels brevets déposés par
l'entreprise, ou secrets de fabrique non divulgués. Un manquement
à la clause de confidentialité figurant dans son contrat de
travail pourrait ainsi motiver un licenciement pour faute du salarié se
livrant à quelques indiscrétions sur son blog. La faute est
d'autant plus prononcée qu'il s'est exprimé sur un canal
public.
Le blog du salarié rejoint en fait la problématique
de la frontière entre vie privée et obligations professionnelles.
Le cas des pages personnelles, ou des publications papier d'ordre divers qu'un
salarié pouvait effectuer indépendamment de son emploi avaient
déjà permis de trancher le débat, c'est la multiplication
constante des blogs qui réintroduit cette question dans l'entreprise. En
revanche, le blog ne doit pas être perçu comme une source
systématique de responsabilité vu l'utilisation faite par
l'entreprise elle-même, pour faciliter sa communication interne et
constituer un outil de gestion nouveau. Il n'est alors plus question de
raisonner en termes de responsabilité, mais d'efficacité
économique.
* * *
Après avoir vu l'utilisation des blogs par les
salariés pour parler de leur entreprise et leur ressenti, il s'agit de
s'intéresser à une partie plus « interne »
encore de l'utilisation de cet outil : le blog va servir de plate-forme de
travail pour l'élaboration de projet. Le travail collaboratif est le
deuxième aspect de l'utilisation des blogs au sein même de
l'entreprise, celui-ci participe à une meilleure communication des
informations entre les collaborateurs.
Ø Un outil collaboratif au service de
l'entreprise
Les blogs internes sont diffusés uniquement sur le
réseau de l'entreprise et fermé au public. L'initiative provient
rarement de la direction de la communication interne de l'entreprise et encore
moins de la direction informatique, celles-ci étant habituées
à un contrôle important de la diffusion de l'informatique aux
salariés. Cette communication est souvent verticale (elle prolonge la
hiérarchie de l'entreprise : de la base au sommet) et utilise des
systèmes de gestion de connaissances qui ne sont pas toujours
utilisés une fois installés tant ils sont complexes. A l'origine
conçus comme des sites à usage personnel, le potentiel des
blogs
en terme de productivité et de travail collaboratif commence à
convaincre les entreprises. Le phénomène reste encore
limité, mais il fait son chemin parmi les tenants de nouvelles solutions
de « knowledge management48(*) ».
L'intégration des blogs dans les entreprises permet
d'instaurer un nouveau mode de circulation de l'information entre les
collaborateurs, basé sur la continuité du processus d'acquisition
et de partage des connaissances. Les outils de publication de blogs les plus
sophistiqués, qui incluent un système de gestion des droits
d'accès et de création d'espaces réservés,
autorisent la mise en place de nouvelles formes de travail collaboratif,
applicables à de petites équipes organisées par projet.
« De fait, les blogs d'entreprise sont à considérer
comme des outils de gestion de projets, permettant d'améliorer la
productivité de ses membres en rationalisant les flux d'information, en
valorisant les connaissances présentes en interne, et en stimulant
l'acquisition de nouvelles expertises49(*) ».
Par sa forme (présentation par thème, date, etc...)
et son fonctionnement (qui ne nécessite aucun apprentissage
particulier), un blog peut apporter de nombreux avantages à une
entreprise. Il peut notamment remplacer des échanges d'e-mails
envoyés à des destinataires multiples, et ainsi libérer de
l'espace sur les serveurs et du temps pour les employés. Les
informations utiles à l'avancement du projet sont saisies sur un site
unique, au fur et à mesure, et sont consultables à tout moment
par les différents protagonistes.
D'autre part, en centralisant l'information en un seul et
même "lieu", le blog permet à l'équipe à
l'entreprise de conserver une trace de toutes les contributions, ce qui a deux
conséquences positives : premièrement, sans perte d'information,
les mêmes recherches sont assurées de ne pas être
effectuées plusieurs fois ; deuxièmement, l'analyse du processus
de création ou de résolution des problèmes contribue
à l'émergence de "meilleures pratiques" et d'expertises propres
à l'entreprise.
Enfin, le principe informel du blog favorise les contributions
spontanées, à la différence d'autres systèmes
d'information intra entreprises plus larges, comme les intranets, qui sont
beaucoup plus figés et centralisés. Par la même occasion,
cela signifie que les entreprises qui privilégient une gestion
centralisée et verticale des flux d'information ne seront pas
disposées à adopter de tels outils. Si les retours
d'expérience manquent encore pour évaluer la pertinence de ces
nouvelles organisations, on constate néanmoins que l'offre progresse.
Aux Etats-Unis, la société Traction Software développe des
solutions de ce type, et équipe par exemple l'Intranet du
Département de la Justice. Weblogs Inc a imaginé un business
model différent pour faire entrer les blogs dans la sphère
professionnelle : la société a pour but de créer un
réseau de partenaires, composé de blogs qui font
référence dans leur domaine d'expertise BtoB50(*), et de vendre l'accès
à ces contenus aux entreprises, sous forme d'abonnement.
De part son expérience d'entrepreneur, L.Le Meur
n'hésite pas à dire à propos de l'utilisation du blog en
entreprise que « partager l'information a infiniment plus de
valeur que la protéger ». On retrouve ici une des
symboliques de l'Internet et du partage global des informations et de la mise
en commun des connaissances. On peut d'ailleurs assimiler les blogs
d'entreprise à la mise en place d'une interface d'intelligence
collective. Stricto sensu, l'intelligence collective est un concept
régulateur qui peut être définie comme une intelligence
variée, partout distribuée, sans cesse valorisée,
coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation
effective des connaissances51(*). L'intelligence collective constitue également
un champ de recherche dont l'objet est l'étude de la coopération
intellectuelle entre humains dans un environnement technique
augmenté.
La notion d'intelligence collective implique
celle de communication, de collaboration et de partage de la connaissance.
L'intelligence va émerger des interactions et des réflexions
menées par des groupes d'individus. Les outils techniques, et surtout le
réseau Internet vont permettre une évolution des notions
d'intelligence collective. En permettant une communication, au-delà des
limites des frontières, Internet ouvre de nouvelles voies de
coopération et d'accès à la connaissance (voir exemple en
pratique, ci-après).
Le blog interne suppose une
agrégation d'intelligences individuelles pour constituer une
intelligence collective. Cet outil favorisant l'accès de chacun à
la connaissance des autres va augmenter les capacités individuelles. Ces
allers retours entre l'individuel et le collectif produisent une optimisation
de l'intelligence collective. C'est là que l'on apprécie tout
particulièrement la technique du blog et de son libre accès et
son espace de libre parole puisque c'est de l'accès à
l'information que pourra émerger l'évolution individuelle et donc
collective52(*).
A l'ère du numérique, l'intelligence collective
à l'échelle mondiale ne peut avoir lieu sans l'aide de logiciels
ou d'outils techniques, d'agents virtuels qui vont rassembler, trier,
organiser, et rendre accessible à l'Homme les connaissances dont il
dispose. Sans outils, les individus ne sont pas en mesure de communiquer,
d'avoir des espaces de travail partagés, de visualiser les
données...; ils n'ont pas accès au monde
numérique. Ainsi les outils comme les blogs sont nécessaires
mais leur succès nous confronte actuellement aux limites du partage :
« Trop d'information tue l'information53(*) ». Il s'agit maintenant de
réfléchir aux conditions de rendre l'immensité des
connaissances disponibles, non seulement accessibles, mais utilisables, ce qui
renvoie à une recherche de modélisation. Il faut tenir compte
qu'aussi intelligent soit un individu, sa capacité à
sélectionner et utiliser avec pertinence ce dont il a besoin parmi des
millions d'informations est forcément limitée et nécessite
une aide. Ainsi, la multiplication des sources d'informations fournies par les
divers collaborateurs d'une entreprise vont-elles être exploitable ?
L'individu arrivera-t-il à contrôler de cette technique ?
Nous allons voir que dans certains cas cet outil de mise en commun des
connaissances peut s'avérer très productif pour les entreprises,
nous nous intéresseront à Disney et la BBC.
§ Deux exemples d'utilisations internes d'un blog :
? Gestion de projet54(*)
Sans outils appropriés, la gestion d'un projet est
difficile par email. Le porteur du projet commence à diffuser des emails
aux personnes impliquées dans le projet puis se pose la question de
savoir quelles personnes sont concernées. Si le porteur oublie de copier
dans ses emails une personne intéressée, cela pourrait lui
être reproché. A l'inverse, ses emails seront certainement
diffusés à des personnes qui ne sont pas
intéressées par le projet, générant une perte de
temps importante dans le tri des emails. La limite de la communication par
email est vite atteinte, surtout lorsqu'il faut commencer à faire
circuler des documents de taille importante.
Sur un blog, la communication est diffusée de
manière totalement inverse : le porteur du projet va expliquer son
projet sur le blog, informer une seule fois toutes les personnes
concernées par le projet. Celles-ci pourront à leur tour
l'enrichir en y publiant des commentaires ou en y étant invités
en tant que co-auteurs.
Cette communication ne polluera aucune boîte de courrier
électronique ; le blog permet alors un échange de
connaissances et un retour d'expérience efficaces, par la centralisation
des informations en un point unique, et par leur insertion chronologique. Il
est possible de mettre en place des alertes email, permettant à chacun
des collaborateurs concernés d'être informé des
actualisations du blog de gestion de projet. Les collaborateurs
intéressés ou concernés pourront tout simplement consulter
le blog. Ils peuvent notamment s'y abonner grâce aux flux RSS
intégré. Avec un aggrégateur de blog intégré
à Outlook (par exemple), les lecteurs abonnés reçoivent
les mises à jour du blog directement dans leur boîte mail.
L'ensemble des collaborateurs pourra donc suivre les
évolutions du projet, contrôler les délais
d'exécution des autres équipes, ajuster le calendrier des
opérations, consulter le cahier des charges ou le plan de
répartition des tâches, et assurer un compte-rendu qui
simplifiera le travail d'un éventuel comité de suivi.
Le contenu des blogs projet peut aussi être regroupé
sur un portail d'informations thématique ou par département, afin
que tout le monde puisse suivre ce qui s'y passe.
C'est ainsi que les blogs ont démarré chez Disney,
aux Etats-Unis : un petit département a créé des
blogs en interne pour y publier les comptes rendus des réunions.
Progressivement, les membres du département se sont habitués
à lire tout ce qui se passait autour des projets sur les blogs et ont
commencé sans aucune formation à faire leurs commentaires. En
parallèle, les initiateurs du projet ont installé un client
Newsgator55(*) dans les
clients Outlook des collaborateurs en leur indiquant qu'il ne s'agissait
«qu'un nouveau genre d'email qui était en plus totalement
archivé et centralisé, avec un classement automatique».
Certains collaborateurs ne savaient pas qu'il s'agissait de blogs mais
simplement d'emails et de sites web, rassurés par le fait qu'ils
n'avaient pas à apprendre un nouvel outil de partage d'information. Ce
simple outil de gestion de projet a gagné ensuite en visibilité
dans toute l'entreprise : d'autres succursales de différents
états ont commencé à lire régulièrement les
nouvelles de ce département et lorsque quelqu'un faisait part d'un
problème rencontré, c'était tout d'un coup un
collaborateur géographiquement et hiérarchiquement
éloigné du projet qui apportait la solution lorsqu'il avait
déjà rencontré un problème similaire.
Des dizaines de blogs internes existent désormais chez
Disney dans la mesure où il suffit d'un petit serveur et de quelques
minutes une fois l'installation réalisée pour créer un
nouveau blog. L'expérience a fait tâche d'huile et de nombreux
collaborateurs et départements commencent à leur tour à
diffuser les informations de leur travail quotidien, de leurs réunions,
leurs expériences et leurs problèmes, générant une
nouvelle collaboration entre collaborateurs et départements,
indépendamment de l'organigramme de l'entreprise.
? Les blogs pour favoriser la communication interne de la
BBC
L'objectif de la BBC à Londres a été
différent. Il s'agissait avant tout de faire en sorte que les
différents collaborateurs puissent se connaître et s'informer
mutuellement. Une nécessité pour une entreprise ayant des
dizaines de milliers de collaborateurs dans le monde. Un groupe de personnes
qui utilisaient déjà les blogs à titre a
décidé de lancer un petit serveur de blogs internes sous une
plate forme de blogging. Le lancement s'est fait de manière non
organisée et rapidement le blog d'informations interne est devenu le
deuxième site le plus consulté en interne à la BBC avec
environ 20 000 pages vues par mois. Il y a aujourd'hui environ 50 blogs
internes à la BBC, fédérant 150 auteurs, dont les contenus
sont divers: comptes-rendus de conférences, de réunions, de
livres lus, d'évènements internes ou tout simplement de
suggestions et d'idées que les collaborateurs de la BBC veulent partager
avec les autres, sans savoir à priori qui va être
intéressé par l'information.
La BBC a aussi organisé une réunion avec le
management pour leur faire prendre conscience du phénomène et a
créé des portails de contenus syndiquant l'information
diffusée en interne par les collaborateurs, c'est là un exemple
d'approche venant des salariés eux-mêmes et non imposée par
la hiérarchie.
§ Témoignage d'un entrepreneur
« Nous avons fédéré 180
personnes de métiers différents, réparties sur deux
sites », explique Cyril Gougette, directeur marketing de Vecteur
Plus56(*).
« Le blog s'est imposé de lui-même :
lorsque notre société a racheté un concurrent, nos
équipes se sont retrouvées réparties entre deux sites,
Nantes et Bordeaux. La priorité était de pouvoir délivrer
une information transversale qui relie les collaborateurs entre eux et associe
la direction générale. Pour fédérer ces 180
personnes intervenant sur des métiers très différents, il
nous fallait un outil pratique, facile à gérer et qui ne
génère pas de perte de temps. Beaucoup plus souple et interactive
qu'un intranet, cette solution est en plus très économique. Elle
ne nous coûte qu'un abonnement mensuel de 15 euros et ne nécessite
pas l'intervention d'un informaticien. Côté contenus, tout le
monde participe et peut s'exprimer sur des sujets personnels. A condition de
respecter la charte éditoriale, qui a été acceptée
par tous. A terme, notre blog interne pourra être accessible de
l'extérieur avec un code d'accès. Nous pourrons alors nous en
servir aussi comme d'un outil de prospection commerciale. »
? La responsabilité des blogueurs dans la
communication « intra entreprise »
Le « blog d'entreprise» n'est pas une source de
polémique, puisqu'il a la vocation d'un moyen de communication interne,
à l'instar d'un intranet ou d'une messagerie électronique
professionnelle. En effet, la mise en oeuvre de projets informatiques ou
industriels, par exemple, est de nature à mobiliser de nombreuses
équipes aux compétences variées. Des instruments de
communication interne facilitant les échanges entre les intervenants
sont alors mis en place. Ils sont souvent constitués d'une messagerie
électronique, mais même dédié à un projet
unique, ce mode de communication présente des risques
d'éparpillement des informations, morcelées entre des emails
parfois nombreux et espacés dans le temps, et n'offre pas toujours de
garantie suffisante quant à l'effectivité de la transmission de
l'information (aléas du réseau, détérioration ou
oubli d'une pièce jointe, mauvaise adresse...). Le blog semble
présenter tous les avantages d'une messagerie électronique, sans
en comporter les inconvénients.
Dans le cadre de la gestion de projet, un blog peut contribuer au
bon déroulement d'un projet complexe, voire à la cohésion
des équipes qui y sont dédiées, qui
bénéficient alors à la fois de la centralisation d'un
intranet, de la souplesse d'une messagerie électronique, et d'une
gestion chronologique du projet. D'un point de vue technique, une telle
pratique implique bien entendu d'équiper le blog d'une indexation
thématique et d'un moteur de recherche, mais surtout d'une solution de
sécurisation du serveur et des communications électroniques, dans
la mesure où les informations qui sont appelées à figurer
sur le blog seront la plupart du temps couvertes par le secret d'affaire ou par
les clauses contractuelles de confidentialité. Le blog peut à ce
titre constituer une « mémoire du projet», en en
retraçant la chronologie même après son terme. En cas de
contentieux, le blog (c'est-à-dire ici les données
stockées sur son serveur) peut alors servir de moyen de preuve
contradictoire, autrement plus efficace qu'un échange d'emails, parce
qu'optimisant son archivage.
* * * * *
Un des avantages du blog est que chacun peut exprimer son point
de vue, quelque soit ses talents ou son charisme : un collaborateur peu
visible en interne peut ainsi s'exprimer à souhait sur son blog interne
et se faire connaître facilement en fonction de la qualité de son
travail. La comparaison avec le courrier électronique (ci-dessus) semble
appropriée car sa diffusion suit en général la
hiérarchie de l'entreprise : chaque collaborateur d'un groupe de
travail informe régulièrement son supérieur et ainsi de
suite jusqu'au président. Tous les managers reçoivent donc une
grande quantité de courrier électronique, ce qui est rapidement
ingérable. Cet outil freine en fait la diffusion de l'information.
Jusqu'à présent, le courrier électronique a
été un puissant outil pour distribuer des informations, mais il
perd en efficacité comme outil de communication. Il est difficile
à catégoriser, à archiver et à rechercher. De plus,
l'information peut facilement être égarée ou noyée
dans la masse. Le système RSS, apporte une alternative à l'e-mail
en tant que lien permanent vers le contenu d'une page web ou d'un journal
électronique : il suffit pour une équipe d'instaurer un blog
pour que les désagréments liés au courrier
électronique n'existent plus ; une fois la mise en place de la
plate forme de blogging, le temps gagné sera important pour
l'échange d'informations au sein de l'entreprise.
Nouvel outil de création et de gestion de l'information,
le blog a de l'avenir en entreprise, c'est certain. Il reste à
déterminer les usages prioritaires que l'on veut en faire pour ensuite
canaliser et organiser ce nouveau flux d'informations pour qu'ils deviennent
une réelle « mémoire d'entreprise ».
5. LE RÉGIME GENERAL DE RESPONSABILITÉ DES
BLOGUEURS
Qu'il anime son blog à titre privé ou dans le cadre
de sa profession, le blogueur est loin de bénéficier de la
moindre impunité. Le caractère public de ses mises en ligne,
l'origine variée des contenus, induisent l'application au blog des
législations applicables à la presse, au commerce
électronique, et à la propriété intellectuelle
notamment.
La loi du 21 juin
2004 pour la confiance dans l'économie numérique
Dans la mesure où le responsable d'un blog,
c'est-à-dire la personne physique qui prend l'initiative de sa
création et met en oeuvre les moyens de son actualisation
régulière, met un contenu en ligne, il est
considéré comme éditeur d'un service de communication au
public en ligne. À ce titre, il est soumis aux dispositions de l'article
6 III de la loi no 2004-575 du 21 juin 2004, qui obligent
l'éditeur à mentionner « dans un standard
ouvert» divers renseignements. Ces renseignements sont, pour une
personne physique, ses nom, prénom, adresse de domicile et numéro
de téléphone, et éventuellement son numéro
d'inscription au RCS ou au Répertoire des Métiers. Pour une
personne morale, il s'agira de ses dénomination ou raison sociale,
numéro de téléphone, numéro d'inscription au RCS ou
au Répertoire des Métiers, du montant de son capital social et de
l'adresse de son siège social. Dans tous les cas, le blog, comme tout site web, doit indiquer le nom du directeur de publication
et le nom, la dénomination ou la raison sociale de son hébergeur.
Toutefois, l'article précité précise que « les
personnes éditant à titre non professionnel un service de
communication au public en ligne peuvent ne tenir à la disposition du
public, pour préserver leur anonymat, que le nom, la dénomination
ou la raison sociale et l'adresse» de l'hébergeur. Cette
disposition constitue un compromis entre l'exigence d'information de
l'internaute qui se connecte au blog, et le souhait d'anonymat du blogueur. Cet
anonymat lui permet de proposer ses interventions et productions sous un
pseudonyme. Mais cet attribut de sa liberté d'expression cède
devant l'exigence légale de traçabilité pour le cas
où son anonymat serait motivé par une intention purement
illicite. Ces renseignements doivent figurer dans le cadre d'une « notice
légale» à laquelle un lien hypertexte peut renvoyer depuis
la page d'accueil du blog. À défaut, le non respect de cette
formalité est puni d'un an d'emprisonnement et d'une amende de 75.000
€.
La loi du 6 janvier
1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés,
modifiée par la loi du 6 août 2004
Outre cette notice légale, le blogueur doit s'interroger
sur la nécessité de procéder à une
déclaration auprès de la CNIL. En effet, de nombreux blogs
proposent un abonnement à leurs visiteurs, par email ou par saisie
directe des coordonnées sur le blog. Ce faisant, le blogueur collecte
des informations (nom, prénom, adresse électronique, etc.) qui
sont autant de données à caractère personnel. S'applique
alors la loi no 78-17 du 6 janvier 1978 relative à
l'informatique, aux fichiers et aux libertés, modifiée par la loi
du 6 août 2004. Cette loi oblige l'éditeur du blog à
procéder à une déclaration préalable à cette
collecte, auprès de la CNIL, dont le contenu varie en fonction du type
de données collectées, des destinataires de ces données
(éventuels partenaires commerciaux), et de la finalité poursuivie
par le blogueur. Le non respect de ces dispositions peut entraîner d'une
part des sanctions édictées par la CNIL, dont une sanction
pécuniaire pouvant aller jusqu'à 150.000 €, et d'autre part
une condamnation pénale pouvant aller jusqu'à un an
d'emprisonnement et 300.000 € d'amende, conformément aux termes de
l'article 226-16 du Code pénal. Dans le cadre de l'information qui doit
être portée au visiteur du blog lors d'une telle collecte, la loi
impose que l'éditeur du blog qui procède à un traitement
des données relatives à ses visiteurs, les informe des droits
dont ils bénéficient. Une « mention CNIL» doit alors
figurer sur le formulaire de saisie, qui rappelle les droits d'opposition
à toute prospection, d'accès, de rectification, de mise à
jour et de suppression des données concernant le visiteur du blog qui
saisit ses données, ainsi que les coordonnées de la personne
auprès de qui une telle demande doit être formulée. Ces
dispositions, qui s'imposent à tout site Internet procédant à une collecte et un
traitement de données à caractère personnel, sont
dès lors transposables dans le cas d'un blog.
La loi du 29 juillet
1881 sur la presse
S'agissant d'un service de communication au public en ligne, le
blog est soumis, au terme de la LCEN susvisée, à la loi du 29
juillet 1881 sur la liberté de la presse, en particulier à son
chapitre IV sur les crimes et délits commis par voie de presse ou
par tout autre moyen de publication. Le blog, en tant que site, constitue bien un « moyen de communication
au public par voie électronique», auquel s'applique cette loi.
Dès lors, tout écrit ou toute publication sur un weblog est
répréhensible s'il est constitutif notamment d'une injure
(article 33 de la loi), d'une diffamation (toute allégation ou
imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la
considération de la personne ou du corps auquel le fait est
imputé, article 29), d'une provocation aux crimes ou aux délits
(articles 23 et suivants), d'atteinte à la présomption
d'innocence (article 35 ter) ou au secret de l'instruction (article 38), de
provocation à la haine raciale (article 24), ou de contestation de crime
contre l'humanité (article 24 bis). Le blog pose, dès lors qu'il
comporte une ligne éditoriale ou la manifestation d'idées,
d'opinions et de commentaires, la question des limites de la liberté
d'expression. Le blogueur est donc son propre censeur. S'il ne l'est pas, la
loi y supplée.
En outre, en cas de délit de presse, la LCEN est venue
confirmer l'existence d'un « droit de
réponse» sur Internet, clôturant la
controverse qui s'est tenue un temps sur le régime de celui-ci, que la
doctrine hésitait à aligner sur le droit
de réponse audiovisuel ou sur celui mis en place par la loi du 29
juillet 1881 sur la presse. Désormais, aux termes de l'article 6 IV de
la LCEN, qui renvoie au régime du droit de
réponse de la loi sur la presse, « toute personne nommée
ou désignée dans un service de communication au public en ligne
dispose d'un droit de réponse», sans
préjudice de la demande de correction ou suppression à adresser
directement au site web concerné. La demande de
droit de réponse est à adresser au
directeur de publication, à savoir le blogueur, ou si celui-ci est
anonyme, à l'hébergeur. Cette demande est à formuler dans
les trois mois de la mise en ligne du message, et l'éditeur du site doit insérer le droit
de réponse sous trois jours à réception de ladite demande,
sous peine d'une amende de 3750 €. Un décret d'application de la
LCEN doit venir en préciser les modalités d'insertion.
Dans l'hypothèse où le blog est ouvert aux
commentaires, le blogueur, en qualité de directeur de
publication du blog, est responsable des propos illicites qui pourraient y
être tenus par d'éventuels visiteurs. Un parallèle avec les
forums de discussion est inévitable. Or la jurisprudence
considère que l'éditeur du site proposant
un forum de discussion est responsable des infractions à la loi de 1881
qui y sont commises par les contributeurs. Le visiteur auteur du commentaire litigieux pourra être
identifié grâce aux adresses IP de connexion détenues par
l'hébergeur du blog. Mais la responsabilité de l'éditeur
du weblog risque néanmoins d'être engagée en tant que
directeur de publication, dès lors qu'il dispose des moyens techniques
de supprimer les messages litigieux, et qu'il n'a pas obtempéré
à une demande visant à leur suppression. Si le blog est un outil
particulièrement dynamique en matière de liberté
d'expression, l'éditeur du blog, de par les responsabilités qu'il
encourt, doit par conséquent être d'autant plus vigilant sur les
propos qu'il y tient, et qu'il y laisse tenir.
La répression
des contenus illicites
Sans entrer dans une énumération des infractions
susceptibles d'être commises sur les blogs, il convient de
s'intéresser à deux atteintes majeures : l'atteinte à la
propriété intellectuelle et l'atteinte à la vie
privée.
- Concernant le droit de la
propriété intellectuelle, dès lors que la mise en
ligne d'un fichier, dont le contenu est protégé par un droit de propriété intellectuelle, constitue
à la fois une reproduction (par stockage dans la base de données
du site) et une représentation (par mise
à disposition du public sur Internet),
l'autorisation de l'auteur du contenu en cause est requise. Cette exigence est
la même, qu'il s'agisse d'une photo, d'un texte reproduit, d'un graphisme
ou logotype, d'un fichier vidéo, etc. L'article L. 121-2 du Code de la
propriété intellectuelle dispose en effet que « l'auteur
a seul le droit de divulguer son oeuvre».
Pour autant, le blogueur bénéficie des exceptions habituelles au
monopole de l'auteur, énumérées à l'article L.
122-5 du Code de la propriété intellectuelle (courte citation,
revue de presse, reprise d'un discours d'actualité, pastiche et
caricature...). Si la plupart de ces mises à disposition se font
grâce à une licence dite « libre» autorisant ce mode de
diffusion, force est de constater que l'éditeur du blog peut en pratique
reproduire n'importe quelle oeuvre quel qu'en soit le genre. Il convient donc
qu'il obtienne l'autorisation de l'auteur de l'oeuvre en question, et qu'il
crédite celui-ci, à tout le moins. Rappelons que la loi
no 2004-204 du 9 mars 2004, dite « Perben II», aggrave les
peines encourues en matière de contrefaçon de droits d'auteur ou
de droit des marques, en portant les condamnations de
deux ans d'emprisonnement et 15 244 € d'amende à trois ans
d'emprisonnement et 300 000 € d'amende.
- Concernant les atteintes à la vie privée,
les contenus et propos mis en ligne sur un blog ne doivent pas enfreindre la
légitime protection de la vie privée des personnes. Seraient donc
condamnés, comme s'ils étaient publiés sur un support plus
classique, les propos ou images attentatoires à la vie privée,
sur le fondement de l'article 9 du Code civil. Si le blogueur est tout à
fait libre de faire état des détails les plus intimes de sa
propre existence, sauf atteinte à l'ordre public ou aux bonnes moeurs,
il est tenu en toute hypothèse de respecter la vie privée
d'autrui. L'article 226-2 du Code pénal réprime toute divulgation
d'éléments relevant de la vie privée, qu'il punit d'un an
d'emprisonnement et de 45 000 €. L'article 226-8 punit d'un an
d'emprisonnement et de 15 000 € tout montage utilisant les images ou
paroles d'une personne sans son consentement.
La profusion des contenus sur Internet ,
quelle que soit leur nature, ne doit pas faire oublier au blogueur qu'il ne
dispose pas nécessairement des droits pour utiliser lesdits contenus,
qu'ils soient d'ordre patrimonial ou extrapatrimonial. L'extrême
simplicité technique du blog et le vecteur d'expression qu'il constitue,
ne doivent pas faire oublier non plus les diverses lois et
réglementations qui s'y appliquent en tant que site Internet. Le caractère
souvent privé et personnel du blog pourrait avoir tendance à
estomper, dans l'esprit du blogueur, l'effectivité de ces normes. Au
minimum doit-il avoir connaissance des risques qu'il encourt s'il tient
à profiter pleinement de la « liberté d'expression» que
cet outil technologique lui confère. Outre le respect de ces normes, les
activités du blogueur ou le cadre dans lequel il décide de
publier son blog, lui imposent des contraintes spécifiques (il s'agit
ici principalement des relations entre le blog et l'entreprise).
(Etude tirée des travaux de R.Voillemot et T.Beaugrand /
Cabinet Bensoussan-Avocats, Paris)
* * * * *
Toutefois, bien que chacun des régimes de
responsabilité que ces législations mettent en place soient
parfaitement définis, leur application risque néanmoins, dans le
cas du blog, de se heurter à un problème de preuve. Dans un cas
de contrefaçon, de diffamation ou d'injure, l'élément
intentionnel, c'est-à-dire l'intention de nuire, est
présumée. Mais la preuve de l'élément
matériel sera en pratique plus qu'aléatoire. Selon un certain
parallélisme technique, s'il est aujourd'hui aussi aisé de
reproduire sur son blog des contenus en violation de ces dispositions
légales, tels que propos diffamatoires ou extrait vidéo sans
autorisation, il est tout aussi aisé de supprimer rapidement ce contenu
litigieux, et donc l'élément matériel de l'infraction.
L'extrême réactivité des blogueurs accroît la
volatilité des contenus et leur propension à se
fédérer en réseaux renforce leur cohésion. Ainsi,
généralement, il n'est nul besoin d'introduire une action en
justice pour voir supprimer le contenu litigieux, dès lors qu'existe une
forme d'autorégulation, notamment au travers des commentaires : si un
message est identifié comme litigieux, le blogueur pourra, s'il l'estime
justifié, le supprimer à première demande, ou maintenir le
propos en connaissance de cause. Dans le cas où l'infraction persiste,
ou si elle est suffisamment grave et caractérisée, la victime du
comportement du blogueur n'aura d'autre recours que d'agir en justice.
Mais, devant les juges, l'administration de la preuve de
l'infraction peut se révéler très délicate; ce qui
ne signifie pas pour autant qu'elle est impossible. Cette dernière
s'opère (notamment) par une capture de l'écran litigieux, avec ou
sans intervention d'un huissier. La capture d'écran n'est satisfaisante
que tant qu'elle n'est pas contestée : réalisée sans
l'intervention d'un huissier, elle n'aura qu'une force probante limitée,
le contradicteur pouvant à son tour produire une copie d'écran
expurgée du contenu litigieux. Elle n'en constitue pas moins, en
principe, une preuve électronique entérinée par la loi du
13 mars 2000 et le décret d'application du 31 mars 2001, dont la valeur
est identique aux preuves écrites.
L'article 1316-1 du Code civil dispose à ce titre que
« l'écrit sous forme électronique est admis en preuve au
même titre que l'écrit sur support papier, sous réserve que
puisse être dûment identifiée la personne dont il
émane et qu'il soit établi et conservé dans des conditions
de nature à en garantir l'intégrité». Or, c'est
précisément cette exigence de conservation dans des conditions
garantissant l'intégrité du document qui pose problème. En
effet, pour être admise, la copie d'écran doit avoir
été réalisée selon des normes techniques strictes,
rarement à la portée de tout un chacun. Le plaignant aura toute
difficulté à établir la preuve de l'infraction par cette
seule capture d'écran, doive-t-elle constituer un constituer un
commencement de preuve, et il devra alors recueillir d'autres
éléments établissant les faits. La constitution d'une
preuve efficace impliquerait alors le recours à une capture
d'écran réalisée par exploit d'huissier ou par un agent
assermenté de l'Agence pour la protection des programmes. La preuve
ainsi établie sera plus efficace que celle que se serait
aménagé seul le plaignant, mais son établissement est
nécessairement plus onéreux. La capture d'écran, quel que
soit son mode de réalisation, constitue semble-t-il un préalable
indispensable à toute poursuite.
Ensuite, le plaignant se retournera en justice, dans la
majorité des cas, vers l'hébergeur pour lui demander de confirmer
l'identité du blogueur qui a commis l'infraction, ou, parce que ce
dernier est anonyme, de révéler son identité
réelle. L'hébergeur a en effet l'obligation de détenir
« les données de nature à permettre l'identification de
quiconque a contribué à la création des contenus ou de
l'un des contenus» des services dont il est prestataire, selon
l'article 6 II de la LCEN. La LCEN prévoit en effet que
l'autorité judiciaire peut requérir communication par
l'hébergeur ou le fournisseur d'accès du blogueur de ces
données, conformément à l'article 6 II de la LCEN.
Ce n'est qu'au terme de cette procédure qu'un
dépôt de plainte ou une assignation en référé
est envisageable. En effet, au terme de l'article 6 I 8 de la LCEN,
l'autorité judiciaire peut prescrire, en référé ou
sur requête, à l'hébergeur, et à défaut au
fournisseur d'accès, «toutes mesures propres à
prévenir un dommage ou à faire cesser un dommage
occasionné par le contenu d'un service de communication au public en
ligne». En pratique, ces procédures ont un coût parfois
disproportionné au préjudice subi par la victime des propos ou
contenus illicites. Elles ont par ailleurs, s'agissant de particuliers, des
chances minimes d'aboutir, eu égard à la solvabilité de
l'auteur des propos et contenus illicites. Au point qu'il est au
préalable conseillé de rechercher une solution amiable, en
s'adressant directement au responsable du blog afin de faire cesser le trouble,
méthode qui aura pour avantage d'être beaucoup plus rapide, moins
onéreuse, et efficace pour peu que le blogueur soit conscient de ses
responsabilités.
Par ailleurs, se pose la question de la prescription des
infractions commises sur le blog. Déjà tranchée à
propos de contenus illicites à disposition sur Internet, il est envisageable d'appliquer aux blogs une
solution identique. En matière de propriété
intellectuelle, par exemple, s'applique la prescription de droit commun de 10 ans au civil, et de 3 ans au
pénal, quel que soit le support via lequel les infractions sont
commises. En matière de diffamation, la prescription de 3 mois
prévue à l'article 65 de la loi du 29 juillet 1881 s'applique
également à Internet , et donc aux blogs,
à compter de la mise en ligne du contenu litigieux. Si la date de cette
mise à disposition est parfois difficile à évaluer sur un
site Internet classique, le
caractère chronologique des contributions à un blog
entraîne la plupart du temps la précision de l'heure et de la date
à laquelle chaque message est déposé, ce qui rend plus
certaine celle-ci. La loi Perben II du 9 mars 2004 n'a finalement pas
changé ce point de départ, grâce à l'intervention du
Conseil constitutionnel. En revanche, cette même loi porte à un an
le délai de prescription des propos racistes ou xénophobes. Les
législations en vigueur assurent un équilibre entre
liberté d'expression du blogueur et protection des personnes aux droits
desquelles il pourrait être porté atteinte. Cependant, ces
législations resteront-elles longtemps adaptées face aux
évolutions technologiques sans cesse renouvelées, qui modifient
les comportements sociologiques? Il faut alors compter sur la capacité
de chacun à s'autoréguler, par l'observation notamment d'une
« netiquette », celle-ci contribuerait ainsi à
freiner l'inflation législative en matière de nouvelles
technologies.57(*)
La multiplication des blogs permet à tout un chacun
d'être « son propre média». Dans une
société qu'on qualifie de plus en plus « d'hyper
communicante», chacun peut aujourd'hui échanger des
informations et idées, en bénéficiant d'un large public.
Cet état de fait, qui correspond bien à une
démocratisation des moyens d'expression électroniques, redonne
une actualité aux relations entre liberté d'expression et
infractions de presse, entre propriété intellectuelle des auteurs
et diffusion en réseau des oeuvres, entre vie privée et
obligations professionnelles. Cet outil est un gage de démocratie compte
tenu de l'expression individuelle permise par l'utilisation du blog. Il ne
faudrait donc pas que l'irresponsabilité de certains restreigne le
développement de cette technologie, que chacun peut
s'approprier.58(*)
Par conséquent, la naissance et l'évolution d'un
nouveau canal de communication, en ce qu'elle entraîne de nouveaux
comportements sociologiques, doit susciter une réflexion des
utilisateurs sur leurs responsabilités individuelles, et plus
généralement une réflexion globale des pouvoirs publics et
de la société sur l'adaptation des normes juridiques existantes
à un environnement dont les règles techniques changent.
ANNEXES
Textes
législatifs
Presse : Une de
Libération 11-12-2004 et Le Parisien 31-10-2005
Charte de blogging pour les salariés / Yahoo
L'économie
parallèle du phénomène de blogging
(Exemples pratiques : publicité et
développement de service)
ANNEXE TEXTES LEGISLATIFS
· Loi du 21.06.2004 pour la confiance en
l'économie numérique
TITRE II - DU COMMERCE ÉLECTRONIQUE
Article 14 :
"Le commerce électronique est l'activité
économique par laquelle une personne propose ou assure à distance
et par voie électronique la fourniture de biens ou de
services.
Entrent également dans le champ du commerce
électronique les services tels que ceux consistant à fournir des
informations en ligne, des communications commerciales et des outils de
recherche, d'accès et de récupération de données,
d'accès à un réseau de communication ou
d'hébergement d'informations, y compris lorsqu'ils ne sont pas
rémunérés par ceux qui les reçoivent.
Une
personne est regardée comme étant établie en France au
sens du présent chapitre lorsqu'elle s'y est installée d'une
manière stable et durable pour exercer effectivement son
activité, quel que soit, s'agissant d'une personne morale, le lieu
d'implantation de son siège social."
Article 19 :
"Sans préjudice des autres obligations d'information
prévues par les textes législatifs et réglementaires en
vigueur, toute personne qui exerce l'activité définie à
l'article 14 est tenue d'assurer à ceux à qui est destinée
la fourniture de biens ou la prestation de services un accès facile,
direct et permanent utilisant un standard ouvert aux informations suivantes
:
1° S'il s'agit d'une personne physique, ses nom et
prénoms et, s'il s'agit d'une personne morale, sa raison sociale ;
2° L'adresse où elle est établie, son adresse de courrier
électronique, ainsi que son numéro de téléphone
; 3° Si elle est assujettie aux formalités d'inscription au
registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des
métiers, le numéro de son inscription, son capital social et
l'adresse de son siège social ; 4° Si elle est assujettie
à la taxe sur la valeur ajoutée et identifiée par un
numéro individuel en application de l'article 286 ter du code
général des impôts, son numéro individuel
d'identification ; 5° Si son activité est soumise à
un régime d'autorisation, le nom et l'adresse de l'autorité ayant
délivré celle-ci ; 6° Si elle est membre d'une
profession réglementée, la référence aux
règles professionnelles applicables, son titre professionnel, l'Etat
membre dans lequel il a été octroyé ainsi que le nom de
l'ordre ou de l'organisme professionnel auprès duquel elle est
inscrite.
Toute personne qui exerce l'activité définie
à l'article 14 doit, même en l'absence d'offre de contrat,
dès lors qu'elle mentionne un prix, indiquer celui-ci de manière
claire et non ambiguë, et notamment si les taxes et les frais de livraison
sont inclus. Le présent alinéa s'applique sans préjudice
des dispositions régissant la publicité trompeuse prévues
à l'article L. 121-1 du code de la consommation, ni des obligations
d'information sur les prix prévues par les textes législatifs et
réglementaires en vigueur.
Les infractions aux dispositions du
présent article sont recherchées et constatées dans les
conditions fixées par les premier, troisième et quatrième
alinéas de l'article L. 450-1 et les articles L. 450-2, L. 450-3, L.
450-4, L. 450-7, L. 450-8, L. 470-1 et L. 470-5 du code de commerce".
· Article 1316-1 du Code Civil
(Inséré par Loi n° 2000-230 du 13 mars 2000
art. 1 Journal Officiel du 14 mars 2000)
"L'écrit sous forme électronique est admis en
preuve au même titre que l'écrit sur support papier, sous
réserve que puisse être dûment identifiée la personne
dont il émane et qu'il soit établi et conservé dans des
conditions de nature à en garantir l'intégrité".
· Loi du 29 juillet 1881 (article 65)
(Loi n° 93-2 du 4 janvier 1993 art. 52 Journal
Officiel du 5 janvier 1993)
"L'action publique et l'action civile résultant des
crimes, délits et contraventions prévus par la présente
loi se prescriront après trois mois révolus, à compter du
jour où ils auront été commis ou du jour du dernier acte
d'instruction ou de poursuite s'il en a été fait.
Toutefois, avant l'engagement des poursuites, seules les réquisitions
aux fins d'enquête seront interruptives de prescription. Ces
réquisitions devront, à peine de nullité, articuler et
qualifier les provocations, outrages, diffamations et injures à raison
desquels l'enquête est ordonnée. Les prescriptions
commencées à l'époque de la publication de la
présente loi, et pour lesquelles il faudrait encore, suivant les lois
existantes, plus de trois mois à compter de la même époque,
seront, par ce laps de trois mois, définitivement accomplies".
· Convention européenne des Droits de
l'Homme (article 10 : Liberté d'expression)
« 1. Toute personne a droit à la
liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et
la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des
idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités
publiques et sans considération de frontière. Le présent
article n'empêche pas les Etats de soumettre les entreprises de
radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un
régime d'autorisations. 2. L'exercice de ces libertés
comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis
à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions
prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans
une société démocratique, à la
sécurité nationale, à l'intégrité
territoriale ou à la sûreté publique, à la
défense de l'ordre et à la prévention du crime, à
la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la
réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation
d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et
l'impartialité du pouvoir judiciaire. »
ANNEXE PRESSE
Nous retrouvons à travers la presse l'évolution du
phénomène blog : d'abord à finalité personnelle et
à vocation de journal intime en décembre 2004, puis un an
après, en décembre 2005, les entreprises s'emparent de cet outil
de communication.
§ Supplément Economie Le Parisien 31-10-2005
§ Une de Libération du 11-12-2004
ANNEXE : LE DEVELOPPEMENT DES BLOGS EN CHIFFRE
Schéma: (c) Technorati
CHARTE DE BLOGGING POUR LES SALARIES - YAHOO
Yahoo! Personal Blog Guidelines
Yahoo! believes in fostering a thriving online community and
supports blogging as a valuable component of shared media. The Yahoo! Personal
Blog Guidelines have been developed for Yahoos who maintain personal blogs that
contain postings about Yahoo's business, products, or fellow Yahoos and the
work they do. They are also applicable to Yahoos who post about the company on
the blogs of others. The guidelines outline the legal implications of blogging
about the company and also include recommended best practices to consider when
posting about Yahoo!
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bullets cover your legal responsibilities and non-disclosure obligations.
Failure to abide by these two guidelines can result in serious ramifications
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opinions via a blog, you are legally responsible for your commentary.
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«obscene»), proprietary, or libellous (whether pertaining to Yahoo,
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guesswork, obscenity, copyrighted materials, legal conclusions, and derogatory
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dialogue between bloggers and their fellow Yahoos. These are not
«rules» and thus they can't be broken. There is no hidden meaning or
agenda. We consider these to be «best practices guidelines» that are
in the spirit of our culture and the best interest of all Yahoos, whether they
blog or not. We encourage Yahoos to follow these guidelines, but it is not
mandatory to do so. It's your choice. We really mean that.
Be Respectful of Your Colleagues
1. Be thoughtful and accurate in your posts, and
be respectful of how other Yahoos may be affected. All Yahoo! employees can be
viewed (correctly or incorrectly) as representative of the company, which can
add significance to your public reflections on the organization (whether you
intend to or not). Yahoos, who identify themselves as Yahoo! employees in their
blogs and comment on the company at any time, should notify their manager of
the existence of their blog just to avoid any surprises. To be clear, you are
not being asked to alert your manager of your posts, just to consider letting
them know you have a blog where you may write about Yahoo!. Whether your
manager chooses to occasionally read your blog or not, the courtesy head's up
is always appreciated.
Get Your Facts Straight
2. As a Yahoo! employee with intranet access,
you have the opportunity to contact the Yahoos who are responsible for the
products, services, or other initiatives that you may want to write about. To
ensure you are not misrepresenting your fellow Yahoos or their work, consider
reaching out to a member of the relevant team before posting. This courtesy
will help you provide your readers with accurate insights, especially when you
are blogging outside your area of expertise. If there is someone at Yahoo! who
knows more about the topic than you, check with them to make sure you have your
facts straight.
Provide Context to Your Argument
3. Please be sure to provide enough support in
your posting to help Yahoos understand your reasoning, be it positive or
negative. We appreciate the value of multiple perspectives, so help us to
understand yours by providing context to your opinion. Whether you are posting
in praise or criticism of Yahoo!, you are encouraged to develop a thoughtful
argument that extends well beyond «(insert) is cool» or
«(insert) sucks».
Engage in Private Feedback:
4. Not everyone who is reading your blog will
feel comfortable approaching you if they are concerned their feedback will
become public. In order to maintain an open dialogue that everyone can
comfortably engage in, Yahoo! bloggers are asked to welcome
«off-blog» feedback from their colleagues who would like to privately
respond, make suggestions, or report errors without having their comments
appear your blog. Bloggers want to know what you think. If you have an opinion,
correction or criticism regarding a posting, reach out for the blogger
directly. Whether privately or on their blog, let the blogger know your
thoughts.
SOME WORDS FROM THE WISE: As you may know, Yahoo! has some
talented and experienced bloggers who are very active in the social media
circles. We've asked them to share their wisdom and they have provided the
following insights for those who are new to blogging:
ANNEXE : L'AVIS D'UN PROFESSIONNEL
Loïc Le Meur : Coauteur de l'ouvrage
"Blogs pour les pros", au cours d'une interview L. Le Meur
évoque le développement des blogs pour le e-commerce ou au sein
des entreprises.
« Les blogs vont profondément modifier la
manière dont fonctionnent les entreprises. Plus de 60 millions de
blogueurs écrivent tous les jours leurs commentaires sur les produits et
services des entreprises ce qui crée une transparence sans
précédent pour ceux-ci. Si elles ne lancent pas elles-mêmes
leurs propres blogs, les entreprises et les marques doivent absolument prendre
conscience du phénomène, lire les commentaires et participer
à la conversation. Ces conversations augmentent le buzz et les
ventes sur les meilleurs produits et vont progressivement marginaliser les
mauvais.
En écrivant ce livre (cf « Blog pour les
pros »), j'ai voulu synthétiser mes idées et
présenter à la fois les grandes idées qui pour moi sont
à la base de l'explosion des blogs et un guide pratique pour
démarrer et bien comprendre l'esprit, c'est à dire transparence,
authenticité et conversation. L'une des idées fortes est
l'évolution du marketing et de la publicité de masse vers un
gigantesque bouche à oreilles mondial.
Le blog crée une communauté autour du marchand
ou de la marque et permet en effet le commerce collaboratif ou
une autre vision de la vente. Il ne s'agit plus de concevoir dans son
coin un produit, de le tester dans un « focus
group » auprès d'un petit nombre de clients, de le
produire et enfin de le pousser à grands coups de publicité,
c'est l'inverse. En partageant tous les jours de manière directe et
franche avec les personnes qui s'intéressent à son entreprise et
ses produits, le chef d'entreprise ou le marchand aura rapidement autour de lui
un feedback précieux, des idées et critiques le plus souvent
constructives en permanence. Tout d'un coup il est à un clic de ses
clients et cela change tout, cela crée une confiance proche de celle que
vous avez avec quelqu'un que vous connaissez depuis très longtemps.
Il m'arrive de manière hebdomadaire d'avoir via mon
blog des contacts précieux pour mon entreprise que je ne connais pas et
qui pourtant sont d'emblée en confiance parce qu'ils me lisent depuis
des mois. Une collaboration en confiance s'en suit le plus souvent, beaucoup
plus rapidement que s'il s'agissait d'un processus de vente normal. Ce sont les
personnes intéressées par ce que vous faites qui viennent
naturellement à vous. Mais attention, les résultats ne sont
positifs que si vous apportez une réelle valeur ajoutée à
vos lecteurs et clients sur votre blog et non un discours institutionnel,
sinon, gare aux retours de bâton.
Comparez aussi les blogs au marketing direct. Que ce soit en
"papier" ou par courrier électronique, celui-ci est intrusif et remplit
vos boites aux lettres d'informations qui ne vous intéressent en
général pas. Les blogs sont là aussi totalement
opposés à cette démarche: si un blog vous intéresse
vous pouvez le lire et vous abonnez à son fil d'informations RSS, si ce
n'est pas le cas, il ne vous pollue pas.
La nouveauté des blogs est leur simplicité
d'utilisation et cela vaut aussi bien sur le réseau interne de
l'entreprise qu'en public. Ce sont souvent des salariés des grands
groupes qui installent en interne un logiciel de blogs comme
« Movable Type », cela prend quelques heures et le
budget n'a rien à voir avec les systèmes de gestion de la
connaissance classiques. D'ailleurs les entreprises avec lesquelles nous
travaillons, comme Disney, Nokia, BBC ou Alcatel sont très souvent
surprises par les tarifs qui vont de quelques centaines à quelques
milliers d'euros. L'une d'entre elles a même demandé plusieurs
confirmations avant de régler notre facture tellement la note semblait
peu élevée !
Au delà du coût, les blogs internes sont peu
risqués puisque tous les utilisateurs sont identifiés sur le
réseau de l'entreprise. La première utilisation est de rassembler
les connaissances en publiant tout simplement comptes-rendus ou informations
informelles. Les collaborateurs des entreprises qui les pratiquent les
préfèrent rapidement aux usines à gaz de la gestion de
contenu qui demeurent souvent inutilisées. Il y avait moins de dix blogs
internes chez Nokia il y a six mois, il y en a déjà environ 500
et leur nombre ne cesse de croître. »
L'ÉCONOMIE PARALLÈLE DU
PHÉNOMÈNE DE BLOGGING
Un exemple de
publicité pour disposer d'un blog « clef en
main »
Prestations et tarifs du site :
http://www.blogpro.fr/prestations.php.
· Prestations
Phase amont : veille et étude
concurrentielle
Nous faisons connaissance et nous nous immergeons dans votre
environnement professionnel (entreprise, philosophie, concurrence,
présence web...) afin de faire une proposition ajustée à
votre cas.
Mise en oeuvre : création, design et
déploiement de votre blog
Nous maquettons un design à vos couleurs (ou pas, selon
l'orientation que vous souhaitez donner à votre blog) et nous
l'intégrons dans votre site web (ou pas, si vous n'en n'avez pas, ou si
vous souhaitez un blog déconnecté de votre communication web
habituelle).
Nous assurons également le référencement et
la mise en oeuvre des méthodes d'optimisation de la visibilité de
votre blog (pings, trackbacks, blogrolls...)
Prise en main : remise des "clés" de votre
blog, vous en devenez le rédacteur en chef
Une fois le blog en place, nous vous formons à sa gestion
technique et éditoriale (c'est très simple et ça prend une
petite paire d'heures). Vous pouvez rédiger votre premier billet.
· Tarifs
Création et publication en ligne d'un blog personnel
incluant les fonctions et spécifications suivantes :
· Déploiement sur base de script Dotclear ou
Wordpress
· Back-office d'administration du blog permettant :
o La rédaction simplifiée de billets grâce
à une interface visuelle
o La publication des billets en direct ou programmable à
l'avance
o L'acceptation ou la désactivation des commentaires, en
général ou par billet
o L'acceptation ou la désactivation des trackbacks, en
général ou par billet
o Le pointage de trackbacks
o Génération automatisée de flux RSS ou Atom
o La gestion des images par glisser déposer
o Affichage d'une navigation par calendrier et/ou par mois et/ou
par catégorie
o Possibilité de mettre en exergue sur le menu de homepage
les billets de votre choix
o Alerte automatique par email à chaque commentaire ou
trackback publié
o Possibilité de supprimer, ou modifier les commentaires
(pas recommandé ;-)
o Moteur de recherche intégré
o Design Dotclear ou Wordpress par défaut
Coût du déploiement « blog en main
» : 99 Euros HT
· Options
- Installation de modules ou fonctions
supplémentaires par plugin (ex. : podcast, pagination, sauvegarde base
de données, derniers commentaires, météo,
présentation de l'auteur, page formulaire contact, etc) : 25 Euros HT
par module.
- Formation/assistance téléphonique à la
gestion du blog (forfait 1 heure maxi) : 59 Euros HT
- Design personnalisé selon vos préférences
:
o Création intégrale d'un nouveau template de
design : 590 Euros HT
o Retouches et personnalisation d'un template Dotclear existant
(insertion d'un logo, modification d'une couleur via feuille de style) : 99
Euros HT
NB : Ces tarifs n'incluent pas les frais
d'enregistrement de nom de domaine ni l'hébergement professionnel du
blog (compter une soixantaine d'euros annuels pour l'ensemble)
« Entamez le dialogue :
blogguez ! » tel est le slogan de cette plate forme de
blogging pour entreprise. En mettant en avant la principale vocation du
blog : le dialogue, les sociétés telle que
« Blopro » fleurissent sur la toile. Le blog
serait-il devenu l'outils indispensable à toute entreprise, quelque soit
sa taille ? On peut se le demander. Jusqu'à récemment cet
outil ne paraissait pas convaincre beaucoup de monde (surtout pas les
entreprises), et était considéré comme un journal intime
virtuel pour adolescents en mal de reconnaissance sociale et familiale.
Cependant le changement de mentalité et l'adaptation des entreprises aux
nouvelles technologies, poussées par le besoin de rentabilité, de
fédérer les clients et de transparence totale ont amenés
les sociétés parallèles à suivre cette mode et
répondre aux besoins des nouveaux arrivants novices dans la
blogosphère. C'est ainsi que l'on trouve des annonces telle que :
« Vous souhaiteriez idéalement optimiser votre
communication grâce à Internet, mais ce en toute simplicité
et avec un budget très cadré. Le weblog professionnel ou blog
d'entreprise constitue un vecteur de communication pleinement interactif qui
vient soit en prolongement, soit en substitution, d'un site Internet
traditionnel59(*) ».
Par cet exemple nous pouvons constater la dérive
d'utilisation ou plutôt l'adaptation de l'interface à de nouveaux
objectifs d'utilisation. Dans un premier temps destiné à un usage
purement individuel et désintéressé, le blog d'entreprise
est devenu l'accessoire indispensable pour occuper la place de
« vitrine ». La généralisation et la
banalisation de ce type de procéder va peut être conduire le blog
à perdre de sa valeur, une fois que toutes les entreprises auront leur
blog, le client sera-t-il mieux entendu ? Ce n'est pas si sur, d'ici
là, une autre technique innovante aura pris le relais ; à
moins bien sur que le blog ne soit pas qu'un effet de mode mais bien un
phénomène plus ancré dans la politique communicationnelle
des entreprises et de leurs dirigeants.
Le développement de service : des nègres
pour faire vivre les blogs
L'agence de rédaction Mémo Technique60(*) offre depuis peu aux
professionnels les services d'un nègre pour mettre à jour
régulièrement leur blog quand ceux-ci n'ont pas le temps de s'en
charger.
Cette agence de rédaction, spécialisée dans
les nouvelles technologies, propose depuis le début de
l'été 2005 aux dirigeants d'entreprises les services d'un
nègre pour la maintenance de leur blog. Se basant sur des notes et des
idées confiées par le manager, le nègre se charge de faire
vivre le blog de manière régulière et de retranscrire
clairement sa philosophie. Le modèle économique de cette nouvelle
offre reste toutefois à définir, l'entreprise hésitant
encore entre un paiement à l'article et un paiement mensuel au
forfait.
Par cet exemple atypique de service, nous pouvons constater que
le blog devient non seulement indispensable aux entreprises mais en plus
celles-ci se voient contrainte par une obligation sociale ou une pression
marchande à entretenir ce blog par tous les moyens, y compris par le
recours aux services d'un nègre. La face est alors sauve et l'entreprise
pourra se vanter d'être à la pointe des outils de communication
pour le bien de ses clients et de valorisation de ses produits. Cette mascarade
n'en demeure pas moins désolante, vu le concept même du blog qui
se doit d'être personnel et doit découler d'une réelle
volonté d'entretenir des relations plus personnelle et plus humaine avec
ses clients ou ses fournisseurs, contrairement aux documentations sans vie des
autres sites web.
LEXIQUE DU BLOGGING
Agrégateur : logiciel ou service
en ligne permettant de lire des fils RSS, en particulier les derniers billets
publiés sur ses blogs favoris. On parle également de "lecteur
RSS".
Billet : entrée publiée
sur un blog. Synonyme de "note" ou d'actualité, au sens large qui peut
se limiter à un simple lien ou à une photo, mais se compose le
plus souvent d'un texte court enrichi de liens externes. Souvent, chacun des
billets publiés peut être commenté par les visiteurs du
blog. Post en anglais.
Blog : contraction de "Web Log". C'est
un site Web caractérisé par un format qui prend la forme de
textes, de liens hypertextes et/ou d'images publiés au fil de l'eau, en
général par un auteur unique, à titre personnel.
Synonymes : weblog, blogue, weblogue, carnet web
Blogosphère : l'ensemble des
blogs existants, ou la communauté des blogueurs.
Blogroll : liste de liens externes
inclus sur les pages d'un blog et apparaissant en général en
colonne dès la page d'accueil. Souvent composé de liens vers
d'autres blogs, le blogroll délimite souvent une "sous
communauté" de blogueurs "amis", il est parfois traduit en
français par "blogoliste".
Blogueur : celui ou celle qui publie un
blog. Blogger en anglais
Carnet : synonyme de blog.
Fisk/Fisked/Fisking : le
« Fisking », en anglais, est l'action de commenter un
article ou un post sur un blog, par le biais de critiques
réputées logiques, effectuées point par point et en
général avec une certaine violence verbale, en citant des bribes
successives de l'article incriminé. On parle parfois de
« group-fisking » quand plusieurs commentateurs ou
blogueurs s'attaquent conjointement à un article donné. Le
terme a été inventé par Glenn Reynolds, en
référence à Robert Fisk, un journaliste anglais
capturé et battu par des combattants Afghans, avant de prendre fait et
cause pour ses geôliers, et de tenir des propos radicalement
anti-américains. Ses arguments avaient alors été
violemment déconstruits par plusieurs observateurs conservateurs,
d'où l'utilisation du terme. En français, l'équivalent
serait "déconstruire" ou contre argumenter.
Joueb : contraction de "Journal Web",
c'est parfois un synonyme de blog, en référence à l'une
des plus anciennes plate-forme française,
Joueb.com.
Metablog : blog lui-même
consacré aux blogs, ou au phénomène du blogging.
RSS : RDF Site Summary (ou parfois, par
abus de langage, "Rich Site Summary", mais plus couramment "Really Simple
Syndication"). RSS est une méthode de description des actualités
publiées sur un site Web. Particulièrement adaptée aux
blogs, elle permet à un utilisateur d'être alerté
dès que ses blogs favoris ont été mis à jour. La
méthode permet également de "syndiquer" le contenu publié,
en permettant - simplement et de façon automatisée - à
d'autres sites Web de republier tout ou partie de ce contenu. RSS est une
application de XML dérivée de la norme RDF, qui sert à
décrire un contenu Web de façon standardisée. RSS,
créé à l'origine par Netscape, n'est pas une norme
à proprement parler, mais son emploi est aujourd'hui libre.
Syndication de contenu :
procédé selon lequel l'auteur ou l'éditeur d'un
site rend disponible tout ou partie de son contenu, pour publication sur un
autre site Web. Ce procédé s'est largement
développé avec la généralisation de la norme RDF et
des flux RSS. On trouve aujourd'hui de nombreux sites "agrégeant" de
façon automatique les actualités publiées par d'autres. Le
plus souvent, seul le titre de l'actualité est "syndiqué" et, via
un lien hypertexte, il renvoie vers le site d'origine l'ayant publié.
BIBLIOGRAPHIE
· Ouvrages
« Les Blogs, nouveau média pour
tous », B.Desavoye (C.Ducamp, X de Mazenod, X.Moissant) /
édition Eyrolles sept 2004
« Blog Story, onde de choc », C.Fievet,
E.Turrettini / édition M2 mars 2005
« Blog pour les Pros », L.Le Meur, L.Beauvais
/ édition Dunod décembre 2005
« Alternatives marketing / réponses
marketing aux nouveaux consommateurs », B.Cova / édition Dunod
2003
· Presse
L'Express:
http://www.lexpress.fr/info/
Le Figaro :
http://www.lefigaro.fr/
Le Monde :
http://www.lemonde.fr/
Le Monde Diplomatique :
http://www.monde-diplomatique.fr/
Le Parisien :
http://www.leparisien.com/home/index.htm
Libération :
http://www.liberation.fr/
· Sites Internet
http://avocat.blogs.com/avocatblog/2005/01/droit_blogs_et_.html
http://emarketing.typepad.com/emarketing/
http://www.aecom.org/abv/aecinfo/webrevue.htm
http://www.culture-buzz.com/
http://www.designinteractif.net/index.php?2005/05/12/61-journal-dun-echec-pour-un-blog-marketing-produit
http://www.dicodunet.com/
http://www.droit-technologie.org/
http://maitre.eolas.free.fr/
http://www.foruminternet.org/
http://www.internetactu.net/
http://www.journaldunet.com/
http://www.jurisexpert.com/site/fiche.cfm?id_fiche=1449
http://www.loiclemeur.com/france/
http://www.lamy.fr/
http://www.lentreprise.com/
http://www.neteco.com/
http://www.newzy.fr/
http://www.one2net.com/weblog/index.php/2005/01/26/22-blog-en-entreprise
http://www.pointblog.com/
http://tubbydev.typepad.com/
http://www.u-blog.net/site/
http://zdnet.fr/
* 1 Les grandes familles de
blogs sont les suivantes : journaux personnels, knowledge blogs, warblogs,
politoco blogs, corporate blogs, media blogs, sex blogs, photoblogs
* 2 Chiffre fourni par le moteur
de recherche américain Technorati. En Europe, la France tient la
tête avec 4 à 5 millions (dont 3 millions hébergés
par la plate-forme de Skyrock, c'est trois fois plus qu'il y a un an !).
Voir en annexe Schéma Technorati.
* 3 Blogosphère :
littéralement « le milieu vital du blog »,
l'ensemble des blogs existants, ou la communauté des blogueurs.
* 4 Voir annexe : Une de
Libération du 11-12-2004 et Supplément Economie Le Parisien du
31-10-2005
* 5 Le Conseil supérieur
de l'audiovisuel (CSA) a appelé (le 29-09-2005) les professionnels de
l'audiovisuel de préférer au mot anglais
« blog » le terme « bloc-notes », qui
peut s'abréger en « bloc », pour la presse
écrite il s'agira d'un « carnet de bord sur la
Toile » (le Monde Diplomatique août 2003)
* 6 C'est une norme
d'écriture, de telle sorte que le message le plus récent
apparaît le premier, cette présentation ante chronologique a pour
effet de souligner l'importance du message le plus récent, au point que
les blogueurs qui viennent de publier un message d'un intérêt
moindre s'empresse généralement de le recouvrir par un autre,
plus valorisant.
* 7 Blogging :
activité du blogueur
* 8 Quelques hébergeurs
de blogs :
20six.fr,
Blogg.org,
MonBlogue.com,
Neufblog.com,
Blogger.com,
Skyblog.com,
ViaBloga.com,
TonBlog.com
* 9 Splog :
néologisme formé par « spam + blog »,
le principe du splog est de créer de faux blogs sur des portails de
weblogs connus, y incorporer des flux RSS et y placer de multiples liens vers
leurs sites de spam. Avec les splogs les spammeurs peuvent
considérablement améliorer leur référencement en
multipliant dans les bases des moteurs les liens pointant vers leurs sites.
* 10 RSS pour «Really
Simple Syndication » ou « Rich Site
Summary » (sommaire de site enrichi). Le système RSS est une
application de XML dérivée de la norme RDF, qui sert à
décrire un contenu Web de façon standardisée.
Créé à l'origine par Netscape, RSS n'est pas une norme
à proprement parler, mais son emploi est aujourd'hui libre.
* 11 Môle Armoricain de
Recherche sur la Société de l'Information et les Usages
d'Internet :
http://www.marsouin.org
* 12 V.Beaudouin, J.
Velkovska : Constitution d'un espace de communication sur
Internet, In Réseaux, n°97-1999
* 13 Fondateur de PR Planet,
agence de relations publiques créée en janvier 2004, qui
intègre les blogs à sa stratégie de communication
* 14 B.Hourdel, directeur
marketing de Sun France
* 15 P.Cherel , « La
pub et le blog », Le Monde 15-10-2005
* 16 Sur le site :
http://www.lentreprise.com/5/dossier/default.asp?idd=627
* 17
http://www.technorati.com/
* 18 Feedback : la
communication se définit comme un flux d'informations qui
génère des feedback, c'est un ensemble d'interactions, on parle
aussi de rétro-information.
* 19 Le marketing viral tend
à transformer le consommateur internaute lui-même en vecteur de
promotion. La philosophie du message relevant du marketing viral est d'entrer
en contact avec des personnes, non pas sous le couvert d'une marque, mais sous
le couvert d'une relation, d'un ami, d'un collègue. L'adjectif
« viral » est illustratif de la technique
utilisée : il décrit le phénomène de
propagation qui se caractérise par un système de diffusion
pyramidal et une vitesse de transmission qui rappellent le mode de transmission
d'un virus ou d'une épidémie.
* 20 B.Cova,
« alternatives marketing / réponses marketing aux
nouveaux consommateurs », édition Dunod 2003
* 21 L.Le Meur, pionner du
blogging avec la solution Ublog racheté par Six Apart (leader mondial du
secteur), dont il est aujourd'hui directeur général Europe. Son
blog :
www.loiclemeur.com/france
/
* 22 Bad buzz :
mauvais échos, mauvaise presse.
* 23 Internet est un
environnement anxiogène ou beaucoup d'individus éprouvent des
craintes liées à la sécurité des paiements,
à l'identité du vendeur notamment au respect des délais,
voir même, au fait d'être réellement livré. Dans un
tel contexte la recommandation /caution d'un tiers prend d'autant plus de
valeur et devient encore plus importante que dans le commerce traditionnel.
* 24 « Uncover
marketing » : le but est de promouvoir un produit ou
service et de faire comme si cette recommandation était le fait d'un
blogger indépendant ou désintéressé ; ou bien
la marque ou son agence n'apparaît pas au grand jour.
* 25 Le CRM (Customer
Relationship Management, ou en français GRC, gestion de la
relation client) vise à proposer des solutions technologiques
permettant de renforcer la communication entre l'entreprise et ses clients afin
d'améliorer la relation avec la clientèle en automatisant les
différentes composantes de la relation client.
* 26 « Le journal de
ma peau » : http://
www.journaldemapeau.fr
* 27 L'achat d'un nom de
domaine en lui même ne coûte presque rien. Pour moins de 10€
TTC par an il est possible d'acquérir un .com
* 28 Traduction :
« Nous avons appris que nous devions parler directement à
nos clients. Ils avaient des questions auxquelles nous avons répondu,
ainsi notre équipe ne voulait pas restée anonyme. Nous avons
aussi appris que la communication devait être spontanée et
réactive. Nous avons réajusté le dispositif selon les
besoins et les questions soulevées. [...] Tout le monde chez Vichy a
appris des blogs. Cela nous a aidé à clarifier notre position sur
le produit. Et ainsi mieux répondre aux questions de nos utilisateurs,
ce que nous n'avions pas prévu au départ, alors que le produit
était en démonstration simultanément. L'interaction avec
les clients sur le blog a eu un impact sur notre production et sur nos efforts
de vente ».
* 29 Buzz :
« bourdonnement » autour d'un produit ou d'un service avant
même sa sortie officielle. Le buzz est une technique de marketing viral
qui repose principalement sur le phénomène de bouche à
oreille ». « Buzz...Le marketing du bouche à
oreille », M. Salzman, I.Matathia, A. O'Reilly, Editions Village
Mondial
* 30 The Daily Snkr :
www.thedailysnkr.com
* 31 Sneakers
addicts : passionnés/collectionneurs de chaussures de sport
* 32 Trendsetters et
early-adopters : avant d'être lancées massivement
sur le marché, les innovations vont, dans un premier temps, être
"mises en vitrine" par l'intermédiaire des trendsetters ou
influenceurs : personnes publiques, artistes, journalistes, autant de
personnages qui, de par leur médiatisation, vont exposer le produit une
première fois au public qui s'intéresse à eux. C'est au
sein de ce public que se trouvent les early adopters : avant la
"masse", ils vont repérer l'innovation et, si elle est à leur
goût, vont se l'approprier tout en y ajoutant leur touche personnelle.
Les adopteurs précoces sont alors un public test dans le
lancement d'un nouveau produit : s'ils l'adoptent, la mode est lancée
car ils vont contribuer à la formation du buzz, le bouche
à oreille.
* 33 Traduction :
« ce blog a été crée avec le soutien de
Nike »
* 34 Institut américain
de marketing en ligne :
http://www.forrester.com
* 35 « Le bluff
technologique » J. Ellul, Hachette 1988
* 36
http://www.typepad.com/sitefr/
* 37 Michel de Guilhermier (Pdg
de Photoways), Patrice Gassard (fondateur de La Fraise.com), Christophe Cousin
(président de la commission "eDirect" du SNCD : Syndicat national de la
communication directe), Pascal Mercier (co-fondateur, directeur associé
Aelios Finance), Bruno Couly (consultant et créateur d'entreprise :
AutoEscape), Pierre Méchentel (fondateur de Tubbydev).
* 38 MEL :
http://www.michel-edouard-leclerc.com/content/xml/fr_home.xml
* 39 Plus exactement il dicte
ses textes le matin puis son équipe les retranscrit sur son blog.
* 40 Texte en annexe (loi du
21.06.2004 LCEN)
* 41
http://weblogs.macromedia.com/mxna/
* 42 Journaliste au San Jose
Mercury News
* 43
Résumé : Yahoo! rappelle que les personnes qui s'expriment
en public (interne ou externe) peuvent être tenus responsables à
titre individuel de ce qu'ils affirment. Le fait que les blogs sont non
seulement sous forme écrite mais aussi que l'intégralité
des archives est en ligne et indexé par les moteurs de recherche rend
cette mise en garde d'autant plus importante. La confidentialité de
l'information fait l'objet d'un paragraphe très important, pourtant
simple rappel du contrat de travail standard, celui-ci rappelle les limites
d'utilisation des logos et des marques, des inventions et des produits de
l'entreprise. Puis on trouve les relations presse. Un blog génère
très souvent des demandes de la presse et Yahoo! demande à ses
collaborateurs d'informer immédiatement le service communication et de
vérifier que l'information que l'on souhaite diffuser est bien publique
avant de la bloguer... Viennent ensuite des recommandations utiles comme le
respect de ses collègues, la consultation d'experts internes lorsque le
blog concerne une domaine en dehors de son champs d'expertise ou enfin des
exemples des blogueurs les plus connus de Yahoo! cités en exemple pour
la qualité de leurs blogs et leur comportement conforme au souhait de
l'entreprise. {La charte de bonne conduite est en annexe (en anglais).}
* 44
http://scobleizer.wordpress.com/
* 45
http://www.fortune.com/fortune/
* 46
http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Scoble
* 47 Texte en annexe
(Convention Européenne des Droits de l'Homme).
* 48 Le bon management de ses
connaissances et ses compétences : le knowledge
management est aujourd'hui un enjeu majeur pour les entreprises, il peut
décupler leurs capacités, en ouvrant la voie à des
stratégies coopératives fondées sur la connaissance,
l'invention et l'intelligence collectives, porteuses d'innovation et de
productivité renforcée.
* 49 « L'avenir des
weblogs passe aussi par les entreprises » Nicolas Rauline JDN
31-10-2003
* 50 BtoB : plan
média pour les produits et services industriels
* 51 Définition
tirée de « L'intelligence collective, pour une anthropologie
du cyberespace » - Pierre Lévy, La Découverte 1994
* 52 FING : fondation
Internet nouvelle génération, groupe Intelligence Collective
coordonné par Chloe Chevallier
http://www.fing.org/jsp/fiche_pagelibre.jsp?STNAV=&RUBNAV=&CODE=44366394&LANGUE=0&RH=ASSOEDHEC
* 53 On retrouve ici la
pensée d'Ivan Illich sur la notion de contre productivité de
l'outils avec la menace de la surexploitation de l'Internet.
* 54 On peut parler aussi de
« plog », qui est la contraction de blog + projet
(project blog) selon R.Piquepaille
* 55 NewsGator est une
extension pour Outlook qui recherche pour les flux RSS de news, les blogs et
autres contenus Internet. Il repère les dernières mises à
jour sur les sites favoris choisis. On peut le télécharger
gratuitement sur :
http://www.01net.com/telecharger/windows/Internet/communication/fiches/31239.html
* 56 Veille commerciale et
détection d'appels d'offres publics et privés (4 500 clients),
avec un effectif de 180 salariés et un chiffre d'affaires en 2004 de 14
millions d'euros, site :
http://www.vecteurplus.com
* 57 Gazette du Palais, 19
avril 2005 n° 109
* 58 Voir le guide du Forum des
droits sur l'Internet « Je blogue tranquille »
(téléchargement sous PDF)
http://www.foruminternet.org/activites_evenements/lire.phtml?id=122
* 59 Site Internet :
http://one2blog.fr/
* 60 Site Internet :
http://jclat.typepad.com/memotechnique/
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