Section 3 DESCRIPTION DES OUTILS D'ANALYSE
Cette partie sera consacrée à la description des
deux outils principaux de notre étude que sont : la méthode
des ratios et celle des comptes de surplus.
1°) la méthode des
ratios
L'analyse qui sera menée à partir des comptes
de résultats restructurés repose sur la méthode des
ratios. Celle-ci consiste à comparer deux agrégats
représentatifs de l'activité et de la situation économique
de l'entreprise. Les agrégats utilisés sont issus uniquement des
comptes de résultats, faute de disposer d'informations complètes
sur le bilan de la Poste.
L'objectif des ratios est d'apprécier la performance de
l'activité ainsi qu'une mesure relative de la rentabilité de la
Poste.
L'analyse sur plusieurs années (analyse longitudinale)
permet de mettre en évidence certaines tendances de la Poste. Ici deux
types de ratios seront essentiellement étudiés : les ratios
de rentabilité et les ratios de valeur ajoutée.
a) Ratios de rentabilité
Ø Ratios de rentabilité
commerciale
- Marge brute sur chiffre
d'affaires = (Excédent brut d'exploitation / Chiffre
d'affaires) x 100
La Marge brute sur chiffre d'affaires indique le nombre de
francs de bénéfice pour cent francs de vente. Elle exprime la
rentabilité de l'activité commerciale, et ne tient pas compte
des charges « non décaissées » (les
dotations aux amortissements et provisions), des résultats financiers,
des résultats exceptionnels, ni des impôts. Lorsqu'elle est
négative ou insuffisamment positive, cela signifie que la Poste a une
structure d'exploitation qui risque à plus ou moins brève
échéance de la mettre en péril.
- Marge nette sur chiffre
d'affaires = (Résultats net d'exploitation / Chiffre d'affaires) x
100
Elle est l'expression de la rentabilité commerciale de
l'entreprise après déduction des charges non
décaissées. La différence avec la marge brute
réside dans le traitement des charges non
décaissées.
Ce ratio est donc fortement influencé par la politique
de l'entreprise en matière d'amortissement et des provisions.
b) Ratios de valeur
ajoutée
La valeur ajoutée est la
différence entre la valeur de la production et celle des
consommations intermédiaires.
La valeur de la production provient de la somme des
éléments suivants : produits et services vendus, produits
accessoires, autres produits, transfert de charges d'exploitation. On obtient
ainsi le chiffre d'affaires (CA).
Les consommations intermédiaires proviennent de la
somme des éléments suivants :
- Achat de stocks de matières premières
|
- Variation de stocks de matières 1ères
et fournitures liées
|
- Variation de stocks d'autres approvisionnements
|
- Achat de stocks des matières et fournitures consommables
|
- Autres achats
|
- Transports consommés
|
- Autres services consommés
|
La valeur ajoutée sert à
rémunérer :
- le capital humain, à travers les charges de
personnel ;
- le capital physique, à travers les dotations aux
amortissements ;
- le capital financier, à travers les charges
financières ;
- les pouvoirs publics, à travers les charges
fiscales ;
- les apporteurs de capitaux, par le résultat
net.
L'intérêt de la valeur ajoutée est
d'éclairer sur la nature de la répartition des revenus entre ses
différentes composantes. Une répartition entre les cinq
composantes précitées permet de se faire une idée de la
rémunération de chaque facteur conformément aux exigences
de leurs marchés respectifs (marché de l'emploi,
marché des équipements, marché des capitaux, etc.)
Ø Rentabilité sociale : Part
des travailleurs en pourcentage de la richesse créée
(Charges salariales / valeur ajoutée) x 100
Ce ratio mesure la répartition de la valeur
ajoutée entre les différents partenaires sociaux ; il est
intéressant à connaître quel que soit le contexte dans
lequel on se situe. Dans le cas de la Poste, nous n'envisagerons qu'un
aspect de la question en nous intéressant à la part des
salaires dans la valeur ajoutée dégagée par
l'entreprise.
Il faut noter que les charges salariales ne contiennent pas
que les rémunérations, on y retrouve aussi les charges
sociales ainsi que les charges de retraites et autres.
Part qui revient aux capitaux
investis en % La richesse créée (Dotation aux
amortissements / valeur ajoutée) x 100
La proportion d'amortissements dans la valeur ajoutée
dépend évidemment elle aussi du caractère plus ou moins
capitalistique du processus de production.
Part des charges financières
en % de la richesse créée
( Charges financières / valeur ajoutée) x
100
Ce ratio reflète le coût relatif des capitaux
étrangers.
Part des propriétaires en
%de la richesse créée
( Résultat net /valeur ajoutée ) x 100
Ce ratio donne en pourcentage, la part de la richesse
générée par l'activité de l'entreprise qui
rémunère le capital à risque.
Relation
entre Excédent brut d'exploitation et
valeur ajoutée
(EBE / valeur ajoutée) x 100.
Ce ratio est un complément utile au ratio charges
salariales / valeur ajoutée. Son évolution donne une indication
à la fois sur l'importance des charges salariales et sur l'utilisation
de ce facteur de production.
C) Autres ratios
L'analyse transversale ou cross section permet d'effectuer
des comparaisons dans l'espace soit à l'intérieur de
l'entreprise, soit par comparaison avec d'autres entreprises du même
secteur. Dans notre cas, l'analyse transversale se fera essentiellement
à l'intérieur de l'entreprise vues les difficultés de
trouver des informations fiables des entreprises concurrentes de la Poste.
Ø Poids des charges salariales
des bureaux de Poste.
(Charges salariales / Recettes des Bureaux) x 100.
Ce ratio permet de mesurer la proportion occupée par
les charges salariales dans les recettes de certains bureaux de Postes. Il
permet de déceler les bureaux à grands besoins financiers.
Ø L'importance des recettes des bureaux de
Poste
(Recettes annuelles du bureau / total recettes annuelles de
la Poste) x 100
Ce ratio permet de mesurer la contribution de chaque bureau
dans la recette globale de la Poste.
Quoique riches d'information, les ratios ne permettent pas
d'appréhender totalement le rôle économique et social
joué par l'entreprise étudiée. C'est pour cette raison que
nous avons choisi de compléter la méthode des ratios par celle du
compte de surplus.
2°) la méthode des comptes de
surplus
L'élaboration des comptes de surplus se fait en deux
étapes. Dans un premier temps, on calcule le surplus de
productivité globale des facteurs. Dans un second temps, on
détermine la répartition des avantages et désavantages.
Le surplus de productivité globale des facteurs (SPGF)
noté tient compte des variations des quantités. Il est
mesuré par la différence entre la variation des quantités
produites et celle des quantités consommées (facteurs de
production) d'une année à l'autre. Ces quantités sont
évaluées au prix de la première année ou prix
constant.
i = 1
j = 1
J
I
= pi qi - dj
kj (1)
Avec
pi : prix des produits (i = 1,....., I)
correspondant à la première des deux années ;
qi : variation de la quantité produite entre
deux années considérées
(t et t + 1)
dj : prix des facteurs (j = 1,....., J) de production
correspondant à la première des deux années ;
kj :variation de la quantité du facteur utilisé
entre deux années considérées ( t et t + 1).
On parlera de gain ou de perte de productivité globale
selon que ce surplus est soit positif ou soit négatif.
La détermination des avantages et de leur
répartition, noté , tient compte des changements de prix d'une
année à l'autre.
L'effet global des variations de prix se mesure en prenant
pour chaque poste du compte d'exploitation (Produit et charge) la variation de
prix de l'année t à l'année t + 1 pondérée
par la quantité produite au cours de la seconde année. On
raisonne donc à quantités constantes. Dès lors, le surplus
à partager consiste en la somme du surplus dégagé au sein
de l'entreprise et du surplus externe, prélevé sur les agents
extérieurs d'une année à l'autre. Il sera donc
déterminé par l'expression suivante :
i = 1
I
J=11
J
= (-pi )( qi + qi
) + (dj) (kj + kj) (2)
On appellera «avantage» les suppléments de
valeurs obtenus du fait des variations de prix, par les acheteurs des produits
de l'entreprise ou par les agents économiques qui lui procurent ses
facteurs de production. Ainsi une hausse des prix d'un article :
. est un avantage pour le fournisseur et un
désavantage pour l'entreprise si cet article est un facteur de
production pour cette dernière.
. est un avantage pour l'entreprise et un
désavantage pour le client si cet article est un produit fini de
l'entreprise.
Du fait de l'égalité qui résume le compte
d'exploitation (Produits = charges), le surplus de
productivité globale des facteurs (SPGF) sera égal à la
somme des avantages à répartir. En partant, pour la
première année, de cette égalité comptable, on a
:
J + 1
i = 1
j = 1
I
J
i = 1
J
I
piqi = djkj
ou bien
djkj - piqi = 0
(3)
i = 1
I
j = 1
J
en t + 1, suite aux variations de prix et de
quantités, on obtient :
- (pi + pi)(qi+
qi) + (dj + dj)(kj + kj) = 0 (4)
et en développant les deux termes de (4) il s'en suit :
I
i = 1
j = 1
J
I
i = 1
j = 1
J
- piqi + djkj -
piqi - djkj +
I
J
i = 1
j = 1
- pi(qi + qi) + dj (kj
+ kj) = 0
d'où, en se servant des équations (1), (2) et
(3), on peut montrer que :
- + = 0 , et par conséquent =
Cette égalité entre le surplus de
productivité globale et la somme des avantages constitue le fondement de
la méthode des comptes de surplus. La valeur du surplus étant
fortement liée à la taille de l'entreprise, nous calculons un
taux de surplus de productivité globale en le rapportant à la
valeur de production de la première année. Il peut
également être obtenu en faisant la différence entre le
taux d'accroissement du volume de production et le taux d'accroissement des
facteurs de production.
L'on comprend alors que l'application de cette méthode
nécessite forcement un regroupement des charges et des produits du
compte de résultat, en tenant compte autant que possible de
l'homogénéité des biens et services concernés.
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