République du Cameroun
Paix - Travail - Patrie
Republic of Cameroon
Peace - Work - Fatherland
Université de Douala
The University of Douala
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Appliquée
Faculty of Economics and Applied Management
Mémoire
Rédigé en vue de l'obtention d'un
Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA)
en Economie Monétaire et
Bancaire
Option : Finance
LA SOUTENABILITE DE LA DETTE DU CAMEROUN
Présenté et soutenu par
: Pierre Alain YOUMBI
DESS en Gestion
Financière et Bancaire
Sous la direction du
Professeur Georges KOBOU
Agrégé en Sciences Economiques
Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion
de l'Université de Yaoundé - II à
SOA
Année Académique 2004 - 2005
Douala, Mai 2006
DEDICACE
A
mes enfants
ü Leo Lordson
ü Brice Bryan
et à
Mon épouse
ü Idalie
Chacun de vous a significativement contribué à
la réalisation de ce travail.
Recevez ici le témoignage de ma reconnaissance et de mon
affection.
REMERCIEMENTS
Si ce travail a vu le jour, c'est au Seigneur
Jésus-Christ, dépositaire et propriétaire de
notre souffle de vie qu'il convient de rendre gloire. Toutefois, nous ne
dérogerons pas à la règle en manifestant notre
reconnaissance à ceux qui, de près ou de loin, consciemment ou
inconsciemment, nous ont aidé d'une manière ou d'une autre dans
la réalisation de cette étude.
Notre gratitude va spécialement au Professeur
Georges KOBOU, qui malgré ses nouvelles et contraignantes
responsabilités à Yaoundé II SOA, est resté
disponible pour suivre ce travail. Sa rigueur sur le plan
méthodologique, son esprit critique légendaire, ses observations
et suggestions constructives nous ont aidé à développer
nos aptitudes et capacités à la recherche.
Nous sommes également redevables à l'endroit
des Professeurs Bruno BEKOLO EBE, Blaise MUKOKO, David KAMDEM
qui n'ont ménagé aucun effort pour capitaliser nos connaissances
théoriques et des Professeurs Lucien KOMBOU, Modeste ASSIGA et
Thérèse UM pour l'organisation et l'animation des
tutorats.
Nous tenons à signifier notre reconnaissance aux
camarades de DEA (Rodrigue KUITCHA, Carine ASSOMO, GUISWE,
Annick SUMO, Vigny SUNKAM, Adèle MANBOK, Christelle AWOUNANG, Carole
FOUDA, Mariam ...) pour la convivialité, l'esprit de groupe et
d'entraide qui ont régné tout au long de notre cycle.
Qu'il nous soit enfin permis d'exprimer notre profonde
gratitude à tous ceux qui nous ont facilité
l'accès aux sources des données (MM Pierre
KAMDEM de la CAA, Armand TEMMENE de la
Représentation de la Banque Mondiale, Du Prince
TCHAKOTE de la Représentation du FMI, Jean
NANA de l'INS, EBOULA du Pôle Dette de la BEAC
et de la BCEAO), à Béatrice SIMO,
Ledoux MATONG et Olivier BANGA de la
1ère promotion du DEA d'Economie Monétaire et Bancaire
qui nous ont soutenu et assisté tout au long de notre travail,
à notre famille (Père Léon KAMGANG,
parents, frères et soeurs), à notre belle
famille et enfin aux amis (L.B. TCHEKOUMI, Edgar MANGA,
Cosmas MEKA, Serge CHOUAFFI, Emile MOUTCHEU, Blaise NECHE, Hervé
MBOUTCHUENG, NKWELLE EPIE, Alain DAYAN, Georges MOUMPOU et Roche MBANYA) pour
leur soutien multiforme.
AVANT PROPOS
De la conception à la réalisation en passant
par, le choix de la démarche méthodologique, la validation du
cadre théorique et du projet de mémoire, la sélection des
modèles à tester, la recherche des données pertinentes, la
rencontre des personnes ressources, la consultation des ouvrages et articles
relatifs à la problématique traitée, les remises en cause
permanentes et la récurrence des difficultés qui parfois nous
poussait au découragement, un travail de recherche a, de tout temps,
été un exercice à la fois périlleux et exaltant. Il
marque une étape importante et symbolique dans notre formation
académique, dans notre parcours intellectuel et aussi dans le processus
d'apprentissage et d'initiation à la recherche scientifique de
qualité.
Nous avons voulu, au regard des effets négatifs du
fardeau de la dette sur le développement de notre pays, analyser la
soutenabilité de cette dette pour en ressortir, au delà de la
méthodologie officielle des Institutions de Brettons Woods (IBW), des
propositions alternatives, correctives ou complémentaires à
l'objectif de garantir la solvabilité, la crédibilité et
la croissance à long terme.
Nous n'avons nullement la prétention d'avoir
traité la question de manière exhaustive tant il est vrai que la
fécondité de la recherche sur le sujet est impressionnante et les
avis, toujours partagés. L'impossibilité d'avoir des
séries plus longues, des données plus précises, les
contraintes matérielles et logistiques sont révélatrices
de défaillances qualitatives potentielles et certaines.
Puisse ce travail être jugé dans le prisme de
ces difficultés. Loin d'être parfait, il reste perfectible
grâce à vos critiques et suggestions. Tout en appréciant
hautement la contribution et la démarche novatrice de notre encadreur,
Nous assumons seuls, la responsabilité de n'avoir pas su disposer
pleinement des possibilités infinies dans un temps et dans un espace
finis.
Pierre Alain YOUMBI
pieralayo@yahoo.fr
Tél : (237) 762 40 40
SOMMAIRE
|
Page
|
Dédicace...........................................................
|
i
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Remerciements................................................
|
ii
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Avant
Propos.....................................................
|
iii
|
Sommaire.........................................................
|
iv
|
Liste des
abréviations..........................................
|
V
|
Liste des tableaux et
graphique...............................
|
vi
|
Résumé /
Abstract................................................
|
Vii
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|
Introduction
générale............................................................................
|
1
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|
Ière Partie : De la
théorie au modèle d'évaluation des
IBW...........................
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8
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|
Chapitre - 1 Le cadre d'analyse de la soutenabilité de la
dette........................
|
9
|
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|
I - La capacité
d'endettement........................................................
|
9
|
II - L'Initiative
PPTE...................................................................
|
19
|
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|
Chapitre - 2 : L'évaluation de la soutenabilité de la
dette par les IBW.................
|
30
|
|
|
I - Le cadre d'élaboration de la
DSA................................................
|
30
|
II - Mise en oeuvre et appréciation de la
DSA.....................................
|
38
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|
|
IIème Partie : De la théorie aux modèles
d'évaluation alternatifs.... b
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51
|
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|
|
Chapitre - 3 : L'évaluation de la soutenabilité de la
dette intérieure ...............
|
52
|
|
|
I - Présentation des modèles
théoriques...........................................
|
52
|
II - L'évaluation empirique
...........................................................
|
63
|
|
|
Chapitre - 4 : L'évaluation de la soutenabilité de la
dette extérieure.................
|
73
|
|
|
I - Présentation des modèles
théoriques...........................................
|
73
|
II - L'évaluation empirique
...........................................................
|
84
|
|
|
Conclusion
générale........................................................................
|
94
|
Références
bibliographiques..............................................
|
102
|
Annexes.........................................................................
|
107
|
Table des
matières.............................................................
|
112
|
LISTE DES ABREVIATIONS
ADF :
Augmented Dickey Fuller
AID : Agence
Internationale de Développement
APD : Aide
Publique au Développement
CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire des Etats de
l'Afrique Centrale
C2D : Contrat de
Désendettement et de
Développement
BAD : Banque
Africaine de Développement
BEAC : Banque Centrale des
Etats de l'Afrique Centrale
BIRD : Banque
Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
BM / WB : Banque
Mondiale / World Bank
CAA : Caisse
Autonome d'Amortissement
CIRR / TICR : Commercial
Interest Reference Rate /
Taux d'Intérêt
Commercial de Référence
CNUCED / UNCTAD :
Conférence des Nations
Unis sur le Commerce et le
Développement
/ United Nations Conference
on Trade And Development
CPIA :
Country Policy and
Institutional Assessment
DF : Dickey
Fuller
DRI : Debt
Relief International
DSA : Debt
Sustainability Assessment
DSRP : Document
Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
DTS : Droits de
Tirage Spéciaux
FASR : Facilité
d'Ajustement Structurel
Renforcée
F CFA : Franc de la
Coopération Financière en
Afrique Centrale
FMI / IMF :
Fonds Monétaire
International / International
Monetary Fund
FRPC / PRGF :
Facilité de Réduction de la
Pauvreté et pour la Croissance /
Poverty Reduction and
Growth Facility
IBW : Institutions de
Brettons Woods
IPPTE :
Initiative Pays Pauvres
Très Endettés
MCO : Moindres
Carrés Ordinaires
OCDE / OECD :
Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique /
Organisation for
Economic Co-operation and
Development
ODM :
Objectifs de Développement du
Millénaire
ONG : Organisations
Non Gouvernementales
PAS : Programme
d'Ajustement Structurel
PMA : Pays
Moins Avancés
PIB / PNB :
Produit Intérieur
Brut / Produit
National Brut
PP : Phillips -
Perron
PPTE / HIPC : Pays
Pauvres Très
Endettés / Highly
Indebted Poor Country
PVD : Pays en
Voie de Développement
VAN : Valeur
Actualisée Nette
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUE
|
|
Page
|
Tableau n° 1
|
Dette extérieure par
concéssionnalité........................................
|
4
|
Graphique n° 2
|
Relation entre croissance et
dette.............................................
|
15
|
Tableau n° 3
|
Passage du Cameroun au Club de
Paris....................................
|
23
|
Tableau n° 4
|
Les étapes du processus
PPTE..........................................
|
29
|
Tableau n° 5
|
Conditions moyennes des nouveaux
engagements........................
|
31
|
Tableau n° 6
|
Hypothèses d'évolution des agrégats
macroéconomiques de 1999 à 2010.............
|
32
|
Tableau n° 7
|
Récapitulatif des seuils de soutenabilité
fixés par les IPPTE I et II......................
|
37
|
Tableau n° 8
|
Synthèse des résultats de la recherche sur les
indicateurs de soutenabilité.....
|
38
|
Tableau n° 9
|
Évolution prévisionnelle du stock de la Dette
extérieure en VAN de 1999 à 2010...............
|
40
|
Tableau n° 10
|
Principaux indicateurs de la dette extérieure du
Cameroun de 1999 à 2010..........
|
41
|
Tableau n° 11
|
Ecart entre les allègements de dettes promis et ceux
effectivement octroyés .....................
|
44
|
Tableau n° 12
|
Composition de la dette extérieure par
devises...........................
|
46
|
Tableau n° 13
|
Structure des intérêts de la dette
extérieure, 1994-2002...................
|
47
|
Tableau n° 14
|
Etalonnage comparatif en matière de viabilité de
la dette intérieure............
|
61
|
Tableau n° 15
|
La soutenabilité de la politique budgétaire
.................. ...............
|
65
|
Tableau n° 16
|
La soutenabilité de la dette au sens de
BLANCHARD....................
|
66
|
Tableau n° 17
|
Indicateurs et seuils de soutenabilité de la
DRI............................
|
66
|
Tableau n° 18
|
Tests de stationnarité sur les
variables......................................
|
67
|
Tableau n° 19
|
Estimation de la relation de long
terme....................................
|
68
|
Tableau n° 20
|
Construction de l'index de solvabilité de COHEN
.........................
|
85
|
Tableau n° 21
|
La soutenabilité comptable de la dette
extérieure...........................
|
86
|
Tableau n° 22
|
Tests de stationnarité sur les
variables.......................................
|
87
|
Tableau n° 23
|
Estimation de la relation de long
terme....................................
|
87
|
RESUME
Dans notre étude, nous avons d'abord entrepris de
revisiter l'IPPTE pour ensuite explorer d'autres méthodes
d'évaluation de la soutenabilité de la dette et enfin
dégager, sur la base des résultats obtenus, les conditions
complémentaires ou alternatives qui permettent d'assurer la
soutenabilité de la dette du Cameroun à long terme.
L'utilisation de la méthode comptable et des tests de
racine unitaire et de cointégration ont permis, sur la période
allant de 1980 à 2004, de démontrer et de confirmer
l'insoutenabilité et la dette intérieure et de la dette
extérieure. En plus de relever les limites du cadre d'analyse du FMI
(hypothèses de croissance très peu réalistes,
protection insuffisante contre les chocs exogènes, non respect des
échéances et des engagements, incapacité à
restaurer la confiance,...), notre étude, en recommandant
l'intégration de la dette intérieure dans l'analyse, montre que
la réalisation de la soutenabilité de la dette passe par une
impulsion durable de la croissance économique, la mobilisation optimale
de l'épargne locale et des ressources publiques, la
préférence à un endettement de croissance, la bonne
gouvernance et l'attrait d'importants flux d'aides...
ABSTRACT
In this survey, we started by making the HIPC initiative
appraisal and by exploring other methods of debt sustainability assessments in
order to draw, from the results obtained, the complementary or alternative
conditions that can permit to reach the objective of long-term debt
sustainability.
The use of the accountant method and unit root and
cointegration tests permitted, on the active period of 1980 to 2004, to
demonstrate and to confirm that the domestic debt and the external debt are no
sustainable. In addition to raise the limits of the IMF operational framework
(overly optimistic growth assumptions, exceptional vulnerability to
external shocks, non participation of some bilateral and commercial creditors,
inability to restore the confidence, ...), our survey, while recommending
the integration of the domestic debt in the analysis of the debt
sustainability, shows that the sustainability achievement passes through a
lasting impulse of the economic growth, the optimal mobilization of the local
saving and the public resources, the preference to the growth indebtedness, the
good policies and the high aids and grants flows...
INTRODUCTION GENERALE
Après une décennie 1970 de gestion
économique prudente et rigoureuse, les années 80 démarrent
avec des chocs majeurs (faible taux de croissance, accumulation
d'importants arriérés, déficit budgétaire
insupportable) qui vont enfoncer l'économie Camerounaise dans une
crise sévère. Au milieu des années 80, les
difficultés de trésorerie face aux besoins de financements
grandissants ont astreint l'Etat à recourir massivement aux sources de
financements extérieurs. L'encours total est successivement passé
de 568 milliards de FCFA en 1980 à 1 482 milliards de FCFA en 1990,
4 193 milliards de FCFA en 1994, 4 876 milliards de FCFA en 1999 et 4 928
milliards de FCFA en 2004 (Cf. annexe n°2 pour évolution de la
dette publique entre 1994 et 2003).
Cette dette extérieure est extrêmement
élevée. La conséquence immédiate est que le service
de la dette est tellement important qu'il prive l'économie d'une bonne
partie des ressources qui auraient pu servir à financer les
investissements en infrastructures pour soutenir le secteur privé moteur
de la croissance et du développement du capital humain afin d'assurer
une forte productivité. Son accroissement a été
favorisé par plusieurs facteurs exogènes (choc
pétrolier de 1979, détérioration des termes de
l'échange, baisse des revenus des exportations des produits de base,
hausse des taux d'intérêt, baisse des prêts assortis de
conditions concessionnelles, fluctuations des taux de change, baisse des flux
d'aides, catastrophes naturelles...). Sur le plan interne, la
mauvaise gestion de la dette publique, la mauvaise allocation des ressources et
l'absence de discipline financière rigoureuse ont également
contribué à l'apparition et à l'accentuation de la
crise. C'est véritablement à partir de 1986 que le
Cameroun a connu une montée importante des déséquilibres
internes et de l'endettement externe. Après plusieurs
hésitations, le Cameroun finit par négocier avec le FMI. Le
premier accord est signé en 1988.
Malgré le recours à l'ajustement réel
obtenu par des politiques de désinflation compétitive,
malgré la réduction des dépenses et l`assainissement des
finances publiques, le Cameroun se trouve à la fin de l'année
1993 dans une situation d'impasse financière, économique et
budgétaire. La compétitivité des produits n'a pas
été rétablie et la dévaluation est devenue
incontournable. Elle intervient le 1er Janvier 1994 et alourdit da
manière mécanique l'encours de la dette extérieure.
Celui-ci se repartit en 1999 entre créanciers
multilatéraux (24,3%), créanciers
bilatéraux (72,2% dont 68,4% aux membres du club de
Paris et 3,8% aux non membres du club de Paris) et créanciers
privés (3,5%). L'annexe n°1 retrace
l'évolution entre 1994 et 2003 de la dette extérieure par
catégorie de créanciers et par créanciers. Quant
aux transferts nets (décaissements - service de la dette en
principal et en intérêt), ils ont été
régulièrement négatifs entre 1980 et 2004, confortant
ainsi les déficits externes. L'annexe n°3 montre que ces transferts
négatifs sont plus prononcés avec les créanciers
multilatéraux et privés. Pour ce qui est de la structure
des échéances, les dettes à long terme et
à moyen terme en 1999 représentent respectivement 92 et 8% du
stock total (Cf. annexe n°4). Il en ressort que les dettes
à court terme sont inexistantes. Le poids de la dette (124% du PNB
et 338% des exportations en 1995) a conduit à s'interroger sur
la soutenabilité à long terme et sur
l'opportunité de l'application éventuelle des dispositions
relatives aux Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Le Cameroun sera
admis à l'IPPTE le 21 décembre 2000. Le périmètre
de la dette traitée sera réduit à la dette
extérieure.
Le principal intérêt de notre
étude est d'avoir fait une analyse sans précédent et sous
plusieurs approches de la soutenabilité de la dette
intérieure. Sur les cinq dernières années
(2000 à 2004), cette dette représente en moyenne 20 % du
stock total. En 2004, son encours est évalué à 1 424
milliards de FCFA. Il se décompose en dette structurée (66%) et
en dette non structurée (34%). La dette structurée est celle
ayant fait l'objet de conventions entre les créanciers et l'Etat dans
lesquelles sont définies toutes les modalités de remboursement.
Par contre, la dette non structurée est constituée
essentiellement des arriérés constatés à une date
donnée au Ministère de l'Economie et des Finances et transmis
à la CAA pour audit et validation (Cf. annexe n°5 : Structure
détaillée dette intérieure et composition des dettes
structurée et non structurée).
Cette revue du contexte (évolution,
composition, contenu,...) montre qu'en l'absence de conditions favorables et
suffisantes, la dette publique du Cameroun peut être en butte à
des problèmes de solvabilité1(*), de liquidité2(*) et de vulnérabilité3(*). Cette préoccupation
justifie l'objet de notre recherche qui porte sur l'analyse de la
soutenabilité de la dette du Cameroun à long terme.
Pour permettre une bonne compréhension de notre travail, il va falloir
circonscrire et préciser les différentes acceptions du concept de
soutenabilité de la dette.
D'après le FMI4(*) (2002), la soutenabilité est la
situation dans laquelle un emprunteur soit capable de payer le service de la
dette sans avoir à opérer des corrections irréalistes dans
la balance des revenus et des dépenses i.e. sans recourir au
rééchelonnement, sans avoir à accumuler les
arriérés et sans compromettre la croissance. Selon
RAFFINOT5(*) (2004),
la soutenabilité se définit ordinairement par le fait
qu'à long terme, un rapport jugé pertinent entre la dette et un
flux de ressources (recettes publiques, exportations,
PNB,...) reste stable. Pour KAPPAGODA et
ALEXANDER6(*) (2004),
la soutenabilité renvoie à la capacité d'un pays
à assurer le service de la dette (extérieure
et intérieure, publique ou privée, à long et à
court terme) sans contribuer à la baisse du niveau
de vie de la population i.e. sans compromettre les objectifs du
développement à long terme. La dette publique est alors
réputée soutenable, si son encours est inférieur à
la valeur actualisée des futurs excédants primaires.
Ce concept marque une évolution par rapport au
critère de solvabilité au sens strict qui lui, met l'accent sur
la capacité de remboursement, sans emprunt supplémentaire, de
manière à éteindre ou à annuler le stock de la
dette. La soutenabilité insiste sur la capacité à payer
régulièrement le service de la dette, condition préalable
à la possibilité de continuer à recevoir des financements
extérieurs. L'objectif ici n'est pas la réduction de l'encours
mais de s'assurer que les ratios d'endettement ne connaissent pas une tendance
explosive qui empêche la poursuite de l'endettement.
Le problème de la soutenabilité est posé
lorsque certains auteurs (RAFFINOT7(*), 2004) ne comprennent pas comment un pays peut avoir
des difficultés à rembourser une dette contractée à
des taux d'intérêts si faibles (0,75% dans les cas des
prêts de l'AID et de la BM), à des conditions si favorables
(durée de 40 ans et 10 ans de différé pour ces
même prêts, part élevée des dons dans le financement
total).
Tableau n° 1 : Dette extérieure par
concessionnalité
Source
: CAA, 2005
Le parcours du tableau n°1 montre que la proportion de la
dette non concessionnelle dans la dette extérieure du Cameroun n'a
jamais été dominante. En passant de 45,2% en 1994 à 0,4%
en 2002, la tendance à avoir une dette exclusivement concessionnelle se
dessine à l'horizon.
Dans la pensée économique même, la
controverse sur l'efficacité de l'endettement est encore plus vive. Il y
a comme un rejet systématique de l'emprunt extérieur par les
marxistes et une tendance générale à la contestation de
son utilité chez les classiques. Selon RICARDO (1817), les citoyens
voient dans l'emprunt un impôt dans le temps et se comportent comme s'ils
sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser
cet emprunt quelque soit le décalage intergénérationnel.
R. BARRO (1985) montre qu'une politique de déficit budgétaire
financée par l'emprunt reste sans effet sur l'activité
économique dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de
l'illusion fiscale. Ils anticipent une hausse des impôts destinés
à rembourser l'emprunt en constituant une épargne d'un montant
équivalent à l'endettement public (théorème
d'équivalence BARRO- RICARDO). Pour ADAM SMITH, la dette est
pernicieuse et ne doit pas être encouragée. Elle incite le
souverain à des dépenses inutiles et favorise
l'irresponsabilité. J.B. SAY pense qu'il faut limiter l'emprunt public
parce qu'en plus d'alimenter la consommation publique, destructrice de richesse
et de valeur, il fait intervenir le paiement des intérêts. VON
HAYEK (1989) dénonce l'endettement comme étant une croissance
artificielle, fondé sur un investissement supérieur à
l'effort d'épargne de la nation. Avec ROSA LUXEMBURG, l'emprunt
international apparaît comme un moyen de d'émancipation pour les
jeunes Etats capitalistes et de tutéllisation des jeunes pays, de
contrôle de leurs finances et de pression sur leur politique
étrangère, douanière et commerciale.
LENINE pour sa part, pense que les prêts visent à
augmenter les profits ou à encourager l'exportation des marchandises des
pays créanciers et contribue au partage du monde entre les pays
capitalistes où s'est développé et
généralisé la concentration.
Il reste toutefois des courants comme celle de l'analyse
Keynésienne, qui montre que l'endettement n'entraîne de
coûts ni pour les générations présentes, ni pour les
générations futures du fait des investissements nouveaux qu'il
génère. L'endettement favorisant ainsi la relance de la demande,
entraîne par effet accélérateur une augmentation plus que
proportionnelle de l'investissement qui provoque à son tour une hausse
de la production. Le déficit budgétaire auquel correspond
l'emprunt stimule la demande et permet d'alléger le coût de son
remboursement. Ils pensent néanmoins qu'un recours illimité
à l'emprunt public sur le marché des fonds prêtables a un
effet contraire au développement de la demande finale.
Sans avoir la prétention de trancher ni de prendre
position, nous estimons néanmoins que cette interrogation de RAFFINOT et
de beaucoup d'autres auteurs, au delà de sa pertinence, peut impulser la
recherche sur les raisons fondamentales de l'improductivité et de
l'inefficacité structurelle de la dette.
Il faut mentionner qu'il existe une abondante
littérature théorique et empirique sur la soutenabilité de
la dette. Ce concept révèle une dimension plurielle en ce sens
qu'on parle de soutenabilité de la dette intérieure,
extérieure ou de la dette publique, de soutenabilité des
politiques budgétaires ou fiscales, de la soutenabilité des
déficits publics, de la soutenabilité du compte courant ou de la
capacité de remboursement externe, de la soutenabilité des
finances publiques, de l'endettement soutenable ou supportable, de
l'endettement optimal... Dans le cadre de notre étude, nous nous
intéressons principalement à la soutenabilité de la dette
intérieure et extérieure et par ricochet, à la
soutenabilité des politiques budgétaires et des déficits
publics. Notre choix est essentiellement motivé par l'actualité
du thème et la disponibilité des données statistiques
permettant une évaluation empirique. Les premières études
de la soutenabilité de la dette publique sont conduites au début
de la décennie 80. MINSKY (1986) fut le premier à mettre en
exergue la soutenabilité financière de la politique fiscale.
EISNER et PIEPER (1984) analysent la soutenabilité à long terme
de la dette fédérale des États Unis. Beaucoup d'autres
auteurs ont étudié la soutenabilité des politiques
budgétaires (HAMILTON et FLAVIN, 1986 ; KREMERS, 1988; TREHAN
et WALSH, 1988; WILCOX, 1989; TREHAN et WALSH, 1991; HAKKIO et RUSH, 1991;
SAWADA, 1994 ; QUINTOS, 1995; FEVE et HENIN,1998;. GREINER et SEMMLER,
1999, MOISSERON et RAFFINOT, 1999; LEACHMAN Francis, 2001; Frederico JAYME,
2001 ; R. JHA, 2001...). A coté de ces évaluations par
les modèles, il existe des évaluations par des indicateurs
(IBW, DRI, BLANCHARD, ...). Dans cette approche, la dette est
soutenable lorsque les ratios d'endettement sont inférieurs aux seuils
fixés.
En partant de l'hypothèse selon laquelle la dette est
une nécessité (financement du déficit
budgétaire, du déficit entre épargne et investissement ou
du déficit de la balance courante), nous avons voulu, dans
le cadre de ce travail, revisiter l'IPPTE donc l'objectif affiché est de
rendre la dette soutenable à long terme. A cet effet,
il est légitime de chercher à savoir si les modèles
d'évaluation de la soutenabilité adoptés, les solutions
de sortie de crise préconisées, les modalités
proposées et leurs applications pratiques sont en voie de garantir une
telle évolution. Sans remettre en cause cette initiative, notre
démarche consiste à explorer d'autres méthodes
d'évaluation susceptibles de l'améliorer et de susciter la
recherche de solutions alternatives d'analyse, de relecture ou de renforcement
des politiques actuelles capable de garantir véritablement la
soutenabilité de la dette à long terme (au delà du
point d'achèvement) et d'impulser durablement la croissance
économique.
La présentation analytique et critique des approches
théoriques de la capacité d'endettement, de l'IPPTE (chapitre
1) et des articulations de la Debt Sustainability Assessment (DSA) du FMI
(chapitre 2) va servir de repère à la
présentation des modèles d'évaluation de la dette
intérieure (chapitre 3) et de la dette extérieure
(chapitre 4), lesquels modèles seront testés grâce
aux deux techniques suivantes :
La méthode comptable. Elle consiste en
des évaluations pas à pas, année par année, et qui
permet des simulations pour le futur proche;
La méthode actuarielle. Elle est mise en oeuvre en
recourant aux tests de racine unitaire et de cointégration.
Les données sont annuelles et sont pour la grande
majorité issues de la base de données Cameroon Data
(1965-2007) reconstituée par la Représentation de la
Banque Mondiale (BM) au Cameroun à partir du World
Development Indicators 2005, de
Global Development Finance
2005 (publiés par la BM) et de International
Financial Statistics 2005,
Government Finance and
Statistics 2005 (publiés par le FMI). La
série sur le service de la dette intérieure a été
obtenu auprès de la CAA. L'existence de plusieurs séries
incomplètes et le démarrage de la crise de la dette dans les
années 80 justifient le choix de la période d'étude qui
va de 1980 à 2004. Les données de l'analyse de la dette
intérieure sont exprimées en FCFA tandis que celles de la dette
extérieure sont exprimées en dollars US.
Ière PARTIE
DE LA THEORIE AU MODELE D'EVALUATION DES
IBW
Les analyses et théories relatives à la
capacité d'endettement ou de paiement ont fortement inspirés la
démarche des institutions financières internationales en
matière de conceptualisation et d'opérationnalisation de la
soutenabilité de la dette des PMA.
Pour baliser ce vaste champ théorique, nous avons
choisi de présenter tour à tour les canaux et les moyens par
lesquels l'endettement agit sur la croissance, la durée et les
étapes d'un cycle de dette, les effets d'un endettement excessif sur la
croissance et enfin la capacité de transfert élargi.
L'IPPTE est proposée à partir de 1996 pour
faire face à la crise récurrente de la dette qui sévit
depuis les années 0. Cette initiative repose sur un modèle
d'évaluation spécifique appelé Debt Sustainability
Assessment (DSA). Cette DSA s'articule autour des hypothèses et
projections faites sur la croissance à court et à moyen terme des
agrégats, des reformes macroéconomiques à entreprendre,
des ratios et seuils de soutenabilité à respecter.
En dernier ressort, une appréciation sera faite sur sa
mise en oeuvre de même qu'on relèvera ses limites
théoriques et empiriques.
CHAPITRE I
LE CADRE D'ANALYSE DE LA
SOUTENABILITE DE LA DETTE
Les premiers travaux relatifs à la
capacité de remboursement de la dette des Pays Moins Avancés
(PMA) remontent à la fin des années 50. L'on peut par exemple
citer AVRAMOVIC8(*) (1958),
AVRAMOVIC9(*) et al. (1964),
ALTER10(*) (1961),
GULHATI11(*) (1967). Ces
études, qui étaient effectuées grâce à
l'appui financier de la Banque Mondiale (BM), se déroulaient dans un
contexte caractérisé par une croissance rapide de l'endettement
public international. Depuis lors, et particulièrement après
l'irruption de la crise de la dette dans les années 80, la
littérature relative à la capacité de remboursement reste
toujours sujette à un manque de consensus. Cela se traduit par la
multitude des approches théoriques et empiriques. L'analyse des
caractéristiques et des implications de l'Initiative Pays Pauvres
Très Endettés (IPPTE) va permettre d'illustrer le choix des
bailleurs de fonds en ce qui concerne le cadre d'analyse de la
soutenabilité.
I - La capacité d'endettement.
La question de la capacité d'endettement renvoie
à deux types de préoccupations :
Quel
est le niveau optimal de la dette?
Quel
est le montant maximal qu'un pays peut emprunter sans avoir à
compromettre sa croissance et la création additionnelle de la
richesse?
Pour répondre à ces questions, nous avons
choisi de parcourir quelques modèles d'endettement.
A - L'approche par l'endettement optimal
L'approche par l'optimisation est la principale
démarche des premières littératures théoriques.
Le niveau optimal de la dette est celui pour lequel le
bénéfice marginal et le coût marginal de l'emprunt
s'égalisent. Cette optique d'analyse va nous permettre de
parcourir à titre d'illustration les modèles d'endettement
croissance et le modèle du cycle de la dette.
1 - Le modèle d'endettement -
croissance
Le modèle d'endettement croissance (growth cum
debt) considère la capacité d'endettement en terme
d'avantages et de coûts d'emprunts nécessaires pour assurer la
croissance économique. La dette extérieure doit être dans
ce cas affecté essentiellement à l'investissement.
Cette approche montre qu'un pays est solvable ou peut continuer
à s'endetter chaque fois que le taux de croissance du PIB est
supérieur ou égal au coût de la dette mesuré par le
taux de l'intérêt.
Dans le modèle de QUAYUM12(*) (1966), l'assistance
étrangère a pour rôle de permettre une utilisation plus
complète des ressources intérieures. Les flux empruntés
vont entraîner, par leur effet sur la croissance, un accroissement de
l'épargne interne, et ces effets sont tels qu'ils se substituent au fur
et à mesure à la dette, jusqu'à ce que cette
dernière devienne nulle. Cependant ce modèle ignore les risques
de substitution du capital interne par le capital étranger et de reflux
de fonds vers l'extérieur en rémunération du capital
interne rendu oisif après que le capital étranger ait
accaparé toutes les occasions rentables d'investissement.
CHENERY et STROUT13(*) (1966) pensent qu'il est possible de
déterminer, pour un Pays en Voie de Développement (PVD)
donné dont l'épargne domestique est inférieure au besoin
de financement et qui veut accélérer son processus de croissance
pendant une période déterminée, le volume des ressources
extérieures dont il a besoin. L'objectif est de trouver, à partir
d'un taux de croissance objectif, lui-même déterminé d'une
part, par les potentialités de l'économie et d'autre part par le
caractère limité de l'assistance étrangère, un
niveau d'endettement optimal. Ce serait l'endettement juste
nécessaire pour combler l'écart entre l'investissement requis
pour atteindre un taux de croissance objectif donné et l'épargne
domestique disponible. Le modèle de CHENERY et STROUT a
été critiqué sur les aspects suivants :
La
conception linéaire du développement qui repose sur les
étapes à parcourir et des lois universelles à
respecter ;
Le
facteur capital est le seul déterminant de la croissance.
L'approche de R.Z. ALIBER14(*) (1980) appréhende l'endettement optimal en se
posant la question de savoir si les PVD n'ont pas fait d'erreur en empruntant
trop et si les banques internationales n'ont pas eu tort de trop prêter.
Pour lui, les implications de la croissance de la dette peuvent être
analysés séparément selon qu'il s'agit du problème
de solvabilité ou celui de liquidité.
Pour assurer la solvabilité à long terme :
le taux
d'intérêt réel sur la dette extérieure additionnelle
doit être égal à la productivité marginale du
capital c'est-à-dire de l'investissement rendu possible grâce
à l'augmentation de la dette ;
Le taux
de croissance de la dette extérieure en termes réels doit
être égal au taux d'intérêt réel. La dette
croît au même rythme que la capacité du pays à
assurer le service de la dette.
La détermination de la dette optimale en terme de
liquidité revient à choisir un rythme de croissance de la dette
en rapport avec la capacité à assurer le service de la dette.
Le modèle d'endettement croissance montre que le niveau
d'endettement est positivement corrélé avec le niveau
d'écart entre l'investissement et l'épargne domestique.
L'approche ci-dessous montre plutôt que la dette obéit à un
cycle.
2- Le modèle du cycle de la
dette
La théorie du cycle de la dette est l'aboutissement de
l'approche néo-classique de l'endettement optimal dans la mesure
où elle indique la façon dont devrait normalement évoluer
la dette d'un pays. D'après AVRAMOVIC15(*) (1964), l'auteur de cette théorie, un pays qui
veut mettre fin à la situation stagnante de son économie et
arriver à une croissance auto entretenue doit nécessairement
passer par certaines étapes qui se traduisent, du point de vue de son
endettement extérieur, par le passage de sa position de jeune
débiteur au début de son processus de croissance à celui
de créancier - exportateur de capitaux. Entre ces extrêmes, il
aura franchi l'étape de débiteur adulte et celle du jeune
créancier. La croissance obtenue grâce aux capitaux
étrangers permet, au bout d'un certain temps, une augmentation
suffisante de la propension marginale à épargner de telle sorte
que la dette extérieure décroisse et que le pays passe d'une
situation de débiteur à celle de créditeur.
La condition essentielle pour que le ratio de la dette sur le
PIB puisse décroître dans le temps est que le taux de croissance
de l'économie soit supérieur au taux d'intérêt sur
les prêts. De même, la productivité du capital
emprunté doit au moins être égale aux charges à
payer.
De façon générale, AVRAMOVIC distingue
trois étapes étroitement liées à l'allure du
développement économique dans le cycle de la dette :
Dans la première étape,
l'épargne intérieure est insuffisante pour les besoins de
financement qui tendent à s'accroître. Cela oblige le pays
à emprunter pour financer partiellement les investissements et, en
même temps, une partie est consacrée à payer les
intérêts qui s'accumulent avec le temps. L'emprunt vient donc
accroître les ressources disponibles sans que le pays ne puisse encore
faire face à la charge du service de la dette ;
Dans la deuxième étape, l'épargne
intérieure finance déjà une partie importante des
investissements, mais elle est encore insuffisante, et ce d'autant plus que le
poids des intérêts et l'amortissement de la dette se font sentir.
La dette continue donc à croître et ce, jusqu'au seuil culminant
où il cesse d'augmenter. A partir de ce point, l'épargne
intérieure suffit aux besoins d'investissement et permet, en même
temps à l'économie dont la croissance s'est
accélérée, de supporter la charge de
l'intérêt et de l'amortissement de la dette ;
La troisième étape est celle où la dette
amorce son déclin, l'épargne intérieure est
supérieure à l'investissement. L'encours global de la dette
décline, l'emprunt tend alors vers zéro.
La durée d'un cycle varie en fonction des
hypothèses faites sur le taux de croissance objectif, les taux moyen et
marginal de l'épargne, le taux d'investissement, le taux
d'intérêt moyen et la durée moyenne des
prêts. Toutefois, AVRAMOVIC suppose qu'en partant d'une
dette nulle, le cycle de la dette peut durer 36 ans dont 26 ans la phase de la
croissance et 10 ans pour la phase de décroissance. D'après lui,
la maîtrise du cycle de la dette peut être sujette aux effets
perturbateurs ou variables perturbantes (structure défavorable de la
dette, difficultés de balance de paiements dues à
l'instabilité des recettes d'exportation et à la fuite ou aux
mouvements de capitaux, pressions inflationnistes intérieures). Il
recommande la mise en place d'une politique de stabilisation qui permette
l'accumulation des réserves pendant les années fastes en vue de
leur utilisation pendant les périodes de crise, l'adoption des
politiques d'investissement orientées vers les secteurs d'exportation et
le recours au financement compensatoire dont celui du FMI. Toutes ces mesures
conjuguées permettront de raccourcir le cycle de l'endettement, de
garantir la capacité de servir la dette et d'assurer la croissance.
BEKOLO - EBE16(*) (1985) fait remarquer que la longueur du
cycle dans les hypothèses optimistes de l'auteur ne correspond pas
à l'expérience des PVD où, malgré
l'ancienneté du processus d'endettement, le cycle n'a jamais
été clos. Cela amène à s'interroger même sur
la capacité de la dette à permettre la croissance.
TOUNA MAMA17(*) (1985) pense que la dette des PVD, loin
d'évoluer selon le cycle normal évoluerait selon ce que AVRAMOVIC
appelle le cycle de « longue haleine ». Il serait
un cycle beaucoup plus long que le cycle « normal » de 36
ans. Sa longue durée s'expliquerait principalement par :
Une
épargne initiale très faible du fait du bas niveau de revenu par
tête ;
Un
faible taux de rendement du capital en terme de valeur
ajoutée ;
Un
rythme rapide de la croissance démographique ;
Des
possibilités d'obtention des devises étrangères
limitées du fait de la spécialisation en produits primaires.
Souscrire à la thèse du cycle de la dette
revient à souscrire à la thèse du développement
linéaire qui, elle, ignore les phénomènes de
capacité maximale d'endettement au-delà de laquelle les effets
négatifs sont dominants.
B- l'approche par la capacité d'endettement
supportable
La dette des PVD ne se pose pas en terme de
détermination d'un endettement optimal compte tenu d'un taux de
croissance par eux choisi, mais, en terme de capacité de remboursement.
Celle-ci va déterminer la capacité maximale de d'endettement i.e.
le seuil d'endettement supportable. Pour rendre compte de cette approche, nous
allons nous appesantir sur la théorie de la «debt overhang» et
sur celle de la capacité de transfert élargi.
1 - La théorie de la « debt
overhang »
Dans la seconde moitié des années 90, les
conséquences négatives d'un endettement excessif sur la
croissance des pays pauvres commencent à susciter une attention
croissante. La debt overhang ou fardeau virtuel de la
dette est défini comme étant une situation dans
laquelle se trouve un pays débiteur, telle que l'encours de sa dette est
très élevé si bien que toute stratégie
d'investissement est dépourvue d'efficacité. Cette
inefficacité des stratégies d'investissement demeure, à
moins qu'il n'y ait une réduction du stock de la dette ou de son service
(Claesseus et Diwan18(*), 1989).
La plupart des PVD ont bénéficié pendant
les décennies passées, d'importantes entrées de capitaux
étrangers à titre de prêts souvent contractés
à des taux d'intérêt très concessionnels. Le constat
fait montre de ce que le remboursement du stock de la valeur actuelle restante
est «non seulement virtuellement impossible mais également
contre productif et contraignant pour les pays pauvres »19(*). S'assurer des
effets positifs d'un endettement extérieur c'est savoir à partir
de quel niveau la dette extérieure a un effet négatif sur les
performances économiques du pays emprunteur i.e. le niveau
au-delà duquel toute accumulation supplémentaire n'est pas
souhaitable. PATTILLO et al (2002)20(*), après avoir construit une courbe de LAFFER de
la dette montrent qu'au delà du point d'inflexion, une multiplication
par deux du montant de la dette a pour effet de diminuer le taux de croissance
de l'économie de 0,5 à 1%. Elles montrent également
(Cf. graphique n° 2) que la dette a un effet négatif sur
la croissance lorsqu'elle représente 160 à 170 % des exportations
ou 35 à 40% du PIB. Quant à la productivité marginale,
elle commence à décroître lorsque la moitié des
valeurs précédentes est atteinte.
Contribution de la dette
au taux de croissance
annuel par tête (en%)
Seuil fixé par l'IPPTE
1.0
A
0,5
B
150 165 VAN Dette/Exportations en (%)
0,5
-1,0
Graphique n°2 : Relation
entre croissance et dette
Source : PATTILO, POIRSON H., RICCI Luca
(2003) p.31
La théorie du fardeau virtuel de la dette stipule que
s'il dévient vraisemblable que les services futurs de la dette
dépasse la capacité de paiement d'un pays, le coût du futur
service de la dette va décourager les investisseurs tant locaux
qu'étrangers (KRUGMAN21(*), 1988, SACHS22(*), 1989). Les investisseurs potentiels vont ainsi
craindre que la charge fiscale ne s'accroisse dans la mesure où l'Etat
devra augmenter ses revenus pour faire face au service de la dette. Au
delà de la baisse de l'incitation à investir, on peut même
assister, d'après CALVO23(*) (1998) à une sortie massive des capitaux
à la recherche des placements plus rentables et sûrs.
Dans un environnement d'endettement excessif,
SERVEN24(*)
(1997) montre que les investissements
réalisés sont majoritairement le financement des activités
commerciales à court délai de récupération. Les
investissements productifs à long terme, plus risqués et
irréversibles attirent moins. Cette mauvaise allocation va incidemment
réduire l'accumulation globale du capital et compromettre par
conséquent la croissance.
L'apport décisif de PATTILLO et al25(*) (2003) réside dans la
relation qu'elles établissent entre endettement excessif, croissance,
bonne ou mauvaise politique et niveau des aides reçues. Quelque soit
l'importance des aides reçues, le fardeau de la dette affecte plus
négativement la croissance d'un pays où règne la mauvaise
gouvernance que la croissance de celui qui pratique la bonne gouvernance. La
combinaison aides reçues élevées et bonne gouvernance est
la principale exigence pour moduler et atténuer de manière
significative les effets négatifs d'un endettement excessif.
Les travaux de B. EICHENGREEN et R. PORTES26(*) (1986) sur l'identification
des déterminants du stock de la dette montrent qu'un endettement
excessif et le défaut de paiement tendent à réduire le
taux de croissance réelle et la crédibilité de l'Etat.
2- La capacité de transfert
élargi
Ayant défini la capacité de paiement d'un pays
comme le maximum transférable à l'étranger, Keynes
réduit cette capacité de transfert au surplus exportable. Il
pense toutefois qu'un pays ne doit pas transférer tout son surplus de
production au risque de briser le ressort de l'activité. Il semble
d'après TOUNA MAMA27(*) (1985) qu'entre la notion de surplus exportable et de
surplus total de production, il existe une notion intermédiaire de
surplus plus englobante qu'il assimile à la capacité de transfert
élargi.
Pour décomposer cette capacité de transfert
élargi, il part de la décomposition Keynésienne du revenu
global.
R = C + I + X - M (1.1)
Avec R, C, I, X, M respectivement le revenu global, la
consommation des ménages, l'investissement net, les exportations et les
importations, I + X - M est considéré comme le surplus total de
production.
Sachant que Keynes définit l'épargne (S) comme
l'excès du revenu distribué aux ménages (Y) sur la
consommation (C), l'on peut déduire que :
S = Y - C (1.2)
A partir de la relation (1.1) et (1.2), la capacité
Keynésienne de transfert à l'étranger
s'écrit :
R - Y = (I - S) + (X - M) (1.3)
R - Y est le revenu non distribué, autrement dit,
le gain obtenu de la dette est égal à la différence entre
l'investissement net de la période et le flux de financement.
(X-M) est le solde de la balance commerciale ou
excédent commercial ou encore surplus des exportations sur les
importations.
(I - S) est le surcroît de valeur accumulée
des investissements sur l'épargne des ménages. Cet
excédent, aussi appelé autofinancement est réductible au
surplus de la valeur accumulée sur les sources externes de financement.
Il peut s'agir d'un financement direct (actions, obligations) ou d'un
financement indirect (crédits bancaires).
I - S n'est pas nécessairement nul dans la mesure
où S est ici l'épargne des ménages. L'équation
(1.3) indique que si la différence (I - S) est positive, la
capacité de transfert du pays est élargie par rapport à
son niveau maximum (X - M). Dans le cas contraire, cette capacité est
restreinte.
La capacité de paiement d'un PVD est égale
à sa capacité de transfert élargi (X - M + I - S), qui
détermine elle-même son seuil d'endettement supportable ou niveau
maximal d'endettement dans la mesure où le service de la dette est au
plus égal à (X - M + I - S).
En admettant par simplification que la monnaie a pour seules
contreparties les crédits aux entreprises et les créances
à l'étranger, il vient que :
S = F + X - M (1.4)
où F désigne le flux de financement externe
des entreprises (dettes).
D'où l'on peut déduire
I - F = I - S + X - M (1.5)
La relation (1.5) montre ainsi l'identité de la
plus-value (I - F) et de la capacité de transfert élargi (I - S +
X - M). Le transfert élargi signifie le transfert à
l'étranger des plus-values financières.
De cette relation, on déduit R - Y = I - F
La grandeur I - F définit donc la capacité
d'endettement extérieur du pays débiteur. Elle est la limite
au-delà de laquelle tout nouvel emprunt doit être
considéré comme non remboursable.
Selon F. POULON28(*) (1988), cette notion revêt une double
dimension :
d'une
part elle peut être entendue au sens du stock et désignera alors
l'encours maximum d'emprunt extérieur qu'est sensé supporter un
pays débiteur à une moment donné ;
d'autre
part, elle peut être entendue au sens de flux et représentera
ainsi le transfert maximum vers l'étranger que le pays peut supporter.
Cette capacité annuelle d'endettement ou de remboursement est
appelée capacité flux ou capacité de transfert ou
capacité de paiement.
La grandeur I - F doit toujours être positive (I - F 0)
pour que le pays soit en mesure d'honorer ses engagements.
L'analyse de la capacité optimale et maximale de
remboursement a permis sur le plan théorique d'appréhender les
approches plurielles du concept de la soutenabilité. Dans la section
suivante, nous mettrons l'accent sur l'approche défendue par les IBW
dans le cadre de l'IPPTE.
II - L'Initiative PPTE
La question du poids de la dette, comme nous l'avons vu
précédemment est fondamentale. Un surendettement compromet la
croissance à long terme ainsi que la capacité à se
développer et à lutter contre la pauvreté. C'est
l'allègement du poids de la dette des PVD en vue de la rendre
soutenable qui a présidé à la mise en oeuvre de
l'IPPTE. Avant de présenter ses principales articulations et
ses conséquences, nous avons estimé judicieux d'interroger pour
comprendre les causes et la justification de l'initiative en faveur des
PMA.
A - Les origines
Les causes les plus significatives sont à chercher
dans l'apparition dans les années 80 d'une crise récurrente de la
dette qui n'a reçu jusqu'en 1996 que des thérapeutiques
inappropriées. Il est question de mettre en lumière les facteurs
qui n`ont pas permis d'assurer la réussite des politiques de
stabilisation et d'aménagement de la dette.
1- La crise de la dette.
Le concept de soutenabilité de la dette a
été conçu pour faire face à la crise de la dette
que traversait la plupart des PVD. Les causes ou les déterminants de
cette crise ont fait l'objet d'une vaste littérature.
D'après McFADDEN et al29(*). (1985), on parle de crise lorsque l'une des trois
conditions est remplie :
Le
montant des arriérés de paiement (en principal et en
intérêt) représente une proportion importante
(environ 10%) du stock de la dette ;
Le pays
recourt au Club de Paris ou aux créanciers bilatéraux pour
solliciter des allègements sous forme de rééchelonnement
ou d'annulation de la dette ;
Le pays
recourt au FMI pour le rééquilibrage de la balance de paiements
à travers des financements non concessionnels prévus par les
Stand by Arrangement / Extended Fund Facilities.
BERG et SACHS30(*) (1988) situent l'origine de la crise dans la
répartition inéquitable des revenus, dans l'absence d'ouverture
commerciale et dans les fortes pressions politiques conduisant à un
endettement excessif.
DETRAGIACHE et SPILIMBERGO31(*) (2000) étudient
l'importance des facteurs de liquidité tels que la dette à court
terme, le service de la dette, le niveau des réserves internationales
dans la prédiction des crises de la dette. Selon ces critères, le
Cameroun a subit en 1979 et en 1985 les contrecoups d'une crise de la dette.
REINHART, ROGOFF et SAVASTANO32(*) (2003) mettent l'accent sur le rating qui mesure la
perception par les investisseurs institutionnels de la probabilité de
l'occurrence d'une crise de la dette. Nous rappelons que le rating est
construit à partir de l'historique de la stabilité
macroéconomique du pays et des remboursements et du poids de l'encours
global de la dette.
AART KRAAY et NEHRU VIKRAM33(*) (2003) à la suite de
McFADDEN fixent les seuils de déclenchement de la crise
à 5% du montant de l'encours pour les arriérés de
paiements et à 50% pour le niveau d'engagement du quota prévu
pour le pays par le FMI. Ils montrent également que la crise de la dette
a été favorisée par le poids de l'encours, la faiblesse
des politiques et la qualité des institutions (gouvernance),
les faibles taux de croissance réels et l'impact des chocs externes
(taux de change réel, terme de l'échange). L'application
de l'approche de AART KRAAY et NEHRU VIKRAM sur le Cameroun
révèle qu'entre 1987 et 2000, les indicateurs de la crise de la
dette ont été de 10% pour le ratio arriérés sur le
stock de la dette et de 22% d'utilisation de son quota.
D'après FAMBON34(*) (2002), l'actuelle crise de
la dette Camerounaise est l'aboutissement d'un long processus d'incubation. Ses
racines sont pour une large part ancrées dans la structure de
l'économie mondiale moderne. Les effets positifs de la croissance
économique soutenue et régulière, imputables à
l'expansion de la production agricole exportable, au développement des
activités forestières et des industries de substitution à
l'importation et à la mise en exploitation des ressources
pétrolières à partir de 1978, seront contrariés par
un ensemble de facteurs :
Le
déficit presque chronique du solde des paiements courants de 1977
à 1986 ;
Les
effets des chocs exogènes consécutifs à la
détérioration des termes de l'échange, à
l'étroitesse de la base productive, à la forte proportion de
l'importation des biens et services de première nécessité
destinés à la consommation et à l'investissement, à
la chute des cours du pétrole à 10 $ le baril en 1986 contre 27 $
en 1985 et à la chute des cours du $ à partir de 1985 ;
Le
déficit et les mauvaises performances des entreprises publiques et
parapubliques ont obligé l'Etat à consentir des concours
financiers importants en terme de subvention de l'ordre de 150 milliards de
FCFA en 1993 (équivalent de 50% des recettes
pétrolières totales et 18% des dépenses publiques
totales) ;
La croissance vertigineuse des taux d'intérêts réels
sur le marché international. Ils sont passés des niveaux
très faibles, voire négatifs dans les années 70 à
des taux dépassant 9% au début des années 80.
Au commencement de la crise, le gouvernement n'a pas
immédiatement réagit par un ajustement de sa demande interne et
une rationalisation de sa gestion. Au contraire, l'endettement a
été maintenu en vue d'achever certains projets jugés
prioritaires et d'entretenir les dépenses difficilement
réductibles. La conjonction de tous ces facteurs a contribué
à l'aggravation du poids de l'endettement du pays. Les
arriérées de règlement commencent à s'accumuler. En
1997, le taux de remboursement35(*) moyen pondéré du Cameroun est non
seulement inférieur à 50% du montant contractuel, mais il est le
plus faible des PPTE.
2 - Les limites des politiques d'ajustement et
d'aménagement de la dette
Les programmes de stabilisation du FMI ont eu pour ambition
de sortir les pays en crise du cercle vicieux de la dette. Leur application est
la condition nécessaire à tout accord de
réaménagement. Ils ont été mis en place à la
suite d'une rupture des grands équilibres internes, dont le
déséquilibre de la balance de paiements est le reflet, pour
conduire au raffermissement de la capacité de remboursement du pays
emprunteur. Le programme s'articule autour des mesures :
de
politiques monétaires (contrôle et restriction du
crédit bancaire, levée de toute mesure de contrôle de
change, dévaluation...) ;
de politiques budgétaires (restriction des dépenses
publiques, élargissement de l'assiette de l'impôt, gel des
salaires, levée de tout contrôle des prix...) ;
visant
une plus grande libéralisation de l'économie (levée
des restrictions aux importations, encouragement des investissements
extérieurs, réduction de la taille du secteur
public...) ;
L'efficacité de telles mesures est hypothétique
pour plusieurs raisons :
Le
contrôle de crédit s'est traduit par un accroissement des taux et
une diminution de l'incitation à investir ;
La
réussite d'une dévaluation suppose d'une part une
élasticité très forte de la demande au prix et d'autre
part, l'existence des capacités de production disponibles permettant un
accroissement rapide de la production dans le secteur d'importation et une
adaptation du secteur productif pour répondre aux variations des prix
sur le marché. Etant donné la rigidité des structures et
les longs délais d'ajustement, les effets bénéfiques ont
été très faibles ;
Une
accentuation du chômage lié à la contraction de la demande
interne, à l'accroissement des coûts de production et à
l'absence d'ouverture des marchés extérieurs ;
La
liberté de transfert s'est traduite à terme par un reflux
important de fonds qui n'ont pas manqué à nouveau d'exercer de
fortes pressions sur la balance des paiements.
Dans le processus de recherche des solutions à la
crise d'endettement, le Cameroun a eu à bénéficier de
plusieurs types de aménagement de sa dette tels que la
conversion de dettes36(*)
(ces opérations ont eu lieu avec la France pour 41,4
milliards de FCFA37(*) en
application des résolutions du sommet France Afrique tenu à
Libreville en 1992), le rééchelonnement38(*) (d'après
le tableau n°3, le Cameroun est passé six fois au Club de Paris,
les créanciers privés réunis au sein du club de Londres
ont eu en 1992, à rééchelonner un montant de 90 milliards
de F CFA de l'encours de la dette privée), le
refinancement39(*), le rachat des dettes40(*), le
reprofilage des dettes41(*) et les annulations
d'échéances consolidées (75 millions de $ en Avril
1991 par les États Unis), de l'encours APD (en janvier 1994 par la
France) et de 5% des intérêts sur le principal (en 1990 par
la France).
Le tableau suivant synthétise les accords de
restructuration de la dette publique bilatérale (créances
d'APD contractées à des taux concessionnels et des
créances commerciales à garantie publique non APD) du
Cameroun au Club de Paris42(*) réservé aux créanciers
publics.
Tableau 3: Passage du Cameroun au Club de
Paris.
Date de passage
|
Degré maximum d'annulation des
créances non APD
|
Rééchelonnement des créances
APD
|
Terme de l'accord
|
Montant
(en milliards
de $)
|
Période de consolidation
|
Résultante
|
24 / 5 /
1989
|
Rééchelonnement
|
Sur 25 ans
|
Toronto
(1988)
|
0,535
|
9 mois
|
1er accord de confirmation avec FMI le
18/09/1988 et allant jusqu'à Mars 1990 (suspension en 1989, pour non
respect de ses engagements).
|
23/01/
1992
|
Rééchelonnement
sur 15 ans
|
Sur 20 ans
|
Houston
(1990)
|
1,080
|
9 mois
|
2ème accord de confirmation signé
le 20/12/1990.
|
25/3/
1994
|
50% des échéances consolidées
|
Sur 30 ans
|
Londres
(1991)
|
1,258
|
18 mois
|
3ème accord de confirmation signé
en Février 1994 pour 18 mois. Le Cameroun est devenu éligible
à l'AID. (Suspension en 1994 pour non respect des
conditionnalités).
|
16/11/
1995
|
67% du stock de la dette à partir de sept 1999
|
Sur 40 ans
|
Londres
(1991)
|
1, 129
|
12 mois
|
4ème accord de confirmation conclu en
sept 1995 pour l'exercice 95/96.
|
24/10/
1997
|
50% du stock de la dette
|
Sur 40 ans
|
Naples
(1995)
|
1,270
|
35 mois
|
Signature avec le FMI de la FASR en Août
1987.
|
24/01/
2001
|
90%
|
Sur 40 ans
|
Cologne
(1999)
|
1,300
|
36 mois
|
|
Source : ACDE / Club de Paris p. 17
L'aménagement de la dette est devenu pour les pays
débiteurs le dernier recours pour faire face à la crise
d'endettement. En règle générale, il permet temporairement
d'aider un pays à faire face à une grave crise de
liquidité. Si l'avantage est indéniable à court terme pour
le pays débiteur, on s'accorde avec BEKOLO EBE43(*) (1985) pour reconnaître
que cette facilité, pour plusieurs raisons, n'est pas une solution
durable au problème de la dette des PVD :
Le
rééchelonnement entraîne avec lui des coûts
supplémentaires pour le débiteur, coûts qui peuvent
être à l'origine de nouvelles crises. Les dettes
aménagées sont soumises à des charges
supplémentaires (intérêts moratoires eux-mêmes
fixés en fonction des taux en vigueur sur le marché) qui
viennent s'ajouter à celles que doit supporter le pays ;
Les
contraintes des PAS, des durées d'amortissement et de consolidation
généralement courtes, des délais nécessaires
à la reconstitution des réserves ainsi que ceux de reprise des
règlements aux créanciers ont provoqué un ralentissement
de la croissance et une contraction du volume des investissements
(suppression des subventions, politique de revenus...) ;
L'aménagement ne suspend pas les règlements des
intérêts (intérêts moratoires,
intérêts sur la consolidation44(*), intérêts de retard45(*)...) ainsi que les
échéances non consolidées de la dette. La charge de ces
obligations pour les pays en crise constitue une limite à leur
capacité d'emprunt pour financer les investissements ;
L'aménagement produit un effet de signalisation auprès des
milieux financiers quant à la crédibilité et la
réputation du pays bénéficiaire. Il conduit à une
appréciation moins favorable du risque présenté par le
débiteur et donc, à un accroissement du spread qui s'ajoute au
taux de base ;
Le
caractère répétitif des demandes et des fréquences
de négociation est révélateur des limites de cet
instrument à constituer une solution durable à la crise de la
dette.
Malgré ces initiatives, la viabilité
extérieure et la croissance durable demeurent une perspective toujours
lointaine. Pour rétablir la solvabilité à l'égard
des créanciers, le Cameroun sera, admis en 2000 à l'IPPTE.
B- Présentation et
appréciation
Pour pallier les insuffisances des mesures jusque
là prises, le FMI et la BM vont proposer un programme de
réduction de la dette en fin de l'année 1996 reposant sur une
évaluation de la soutenabilité de la dette des pays
concernés. C'est la naissance de l'IPPTE originelle qui sera
renforcée en 1999.
1 - L'initiative originelle
L'utilisation totale des mécanismes
traditionnels de rééchelonnement et d'annulation (termes de
Toronto en 1988 avec 33% de la VAN de la dette éligible, Londres en 1991
avec 50%, Naples en 1994 avec 67%, Lyon en 1996 avec 80% de réduction)
accompagnés de l'apport de financement concessionnel et la poursuite des
politiques économiques saines n'ont pas été suffisantes
pour atteindre un niveau de dette soutenable dans un délai
raisonnable. Les bailleurs de fonds suite aux recommandations du
G7 de Lyon en 1996 ont mis en route l'initiative PPTE dont le but
principal était de restaurer durablement la solvabilité des pays
bénéficiaires, en annulant par des mesures
exceptionnelles, la part de leur dette extérieure dépassant un
niveau considéré comme soutenable. L'appartenance à la
catégorie des PMA a l'avantage d'ouvrir l'accès à des
facilités commerciales et à des financements extérieurs
concessionnels et l'inconvénient de ne pas donner accès aux
flux de financements extérieurs du marché. A partir du sommet du
G7 de Naples, les réductions accordées portent désormais
sur l'encours de la dette et non plus seulement sur son service. La dette
éligible est la dette bilatérale publique et à garantie
publique (créances publiques bilatérales qui ne
relèvent pas de l'APD, dettes contractées par les institutions
publiques ou parapubliques, les états fédérés et
les municipalités, dettes contractées par le secteur privé
mais garantie par l'État) précédant le CUT-OFF
(31 décembre 1988 pour le Cameroun) qui est la date à
laquelle un pays recourt pour la première fois au Club de Paris pour
solliciter le rééchelonnement de sa dette.
L'initiative PPTE proprement dit est un processus en trois
étapes constitué du point de décision, de la
période transitoire ou intérimaire et du point
d'achèvement (Cf. pour plus de détails, le tableau n° 4.
Cette initiative a fait l'objet de nombreuses critiques
portant sur :
La
révision des critères de performance ; notamment la
définition de la durabilité (trois ans de l'entrée
dans l'initiative au point de décision et trois ans encore du point de
décision au point d'achèvement) et le niveau
élevé des seuils de soutenabilité ;
Le raccourcissement de la période probatoire ;
La prise
en compte des facteurs exogènes de vulnérabilité tels que
la variabilité des exportations et le traitement adéquat de la
charge fiscale et des indicateurs fiscaux du poids de la dette ;
L'importance du service de la dette extérieure fait qu'il n'y ait pas de
ressources à allouer aux dépenses de réduction de la
pauvreté ;
La
longueur de la durée prévue avant l'allègement de la dette
qui ne peut intervenir qu'au point d'achèvement.
La sensibilité à ces critiques a conduit
à un réaménagement substantiel du dispositif originel et
une évolution vers une initiative renforcée pour
l'allègement de la dette des PPTE.
2- L'initiative renforcée
En juin 1999, les pays du G7 réunis à Cologne
ont décidé de procéder à un allègement
significatif de la dette des pays les plus pauvres en rendant plus
généreuse (abaissement des seuils) et plus rapide
(réduction des délais) l'initiative originelle. Elle ne
modifie pas la logique de cette initiative qui repose sur l'idée de
réduire la dette des pays pauvres de manière à la rendre
supportable. Ils agissaient ainsi sous la pression d'une campagne mondiale
lancée sous l'initiative d'ONG, des organisations religieuses, des
milieux universitaires et de la société civile qui
réclamait l'annulation pure et simple.
L'une des innovations réside dans la participation
intégrale des créanciers multilatéraux, en l'occurrence le
FMI, la BM, les Banques régionales de développement, qui à
la suite du Sommet de Cologne en juin 1999 ont fini par remettre en cause le
principe d'intangibilité des créances multilatérales qui
veut que ces créances restent indiscutables, sans possibilité de
rééchelonnements ou d'annulations. Une autre flexibilité
apportée par les IBW46(*) dans le cadre de l'IPPTE renforcée est le
TOPPING UP qui donne la possibilité, à la fin du processus, de
réévaluer le montant de l'allègement dans des cas
où les effets pervers des chocs exogènes n'ont pas permis de
réaliser les performances attendues. C'est une démarche au cas
par cas qui ne prend pas en compte les dérapages budgétaires
résultant de la mauvaise gouvernance, des emprunts inopportuns ou du non
respect des principales prescriptions des politiques de stabilisation et de
réduction de la pauvreté.
Pour bénéficier de cette nouvelle initiative,
les conditions suivantes doivent être remplies :
Être très pauvre i.e. être éligible aux ressources
concessionnelles du FMI dans le cadre de la FRPC (qui a
succédée à la FASR) et de la BM accordée par
l'intermédiaire de l'AID (les fonds de l'AID sont
réservés aux pays dont le revenu par tête est
inférieur à 875 $ en 2002. Le revenu par habitant au Cameroun est
de 585 $) ;
Avoir un encours de la dette toujours insoutenable une fois
épuisés tous les mécanismes traditionnels
d'allègement de la dette à savoir les termes de Naples ;
Avoir
suivi avec succès pendant au moins trois ans, un programme de
stabilisation macroéconomique et de reformes structurelles et sociales
dans le cadre de la FRPC du FMI contribuant à la réduction de la
pauvreté et favorisant la croissance soutenue ;
Avoir
présenté un DSRP au moins intermédiaire aux IBW (la
DSRP intermédiaire du Cameroun a été remise aux bailleurs
de fonds en Août 2000) ;
Atteindre le point de décision pour commencer le processus
d'allègement qui devient irrévocable au point
d'achèvement. Entre la prise de décision et la fin du processus,
il est prévu un allègement intérimaire qui permet au
coût du service d'être réduit afin de
libérer les ressources permettant d'accroître les
dépenses consacrées à la réduction de la
pauvreté.
La date de la fin du processus est désormais
flottante. Elle dépend actuellement de la conformité du pays aux
conditions prédéfinies et approuvées (respect du
programme financier, réalisation d'actions de
développement).
Le Cameroun n'a pas été retenu dans
l'initiative PPTE originelle en 1996. Ses performances économiques et
financières jugées satisfaisantes durant les trois années
de la FASR (1997-2000) appuyés par le FMI et la BM n'ont pas
été suffisantes pour permettre à sa dette d'être
soutenable. Il a été déclaré
éligible à l'initiative des PPTE par décision des
Conseils d'Administration du FMI et de la BM en date du 21 décembre
2000. Cette éligibilité fait bénéficier d'une
remise du service de sa dette d'un montant de 1,260 milliards de $ suivi d'un
rééchelonnement de sa dette extérieure au Club de Paris
aux conditions fixées à Cologne. Outre l'allègement de sa
dette, le Pays a obtenu auprès du FMI une FRPC d'un montant de 144
millions de $ destiné au financement de son programme économique
et financier pour la période allant du 1er octobre 2000 au 30
septembre 2003. Avec cet instrument, le gouvernement s'engage dans des reformes
dites de deuxième génération qui mettent l'accent sur la
réduction de la pauvreté et la bonne gouvernance. Les secteurs
devant bénéficier de ces ressources additionnelles sont ceux
retenus dans la DSRP. La DSRP du Cameroun, approuvée par les IBW en fin
juillet 2003, s'articule autour de sept points :
La
consolidation du cadre macroéconomique pour la croissance
(stabilité macroéconomique, développement des
incitations à l'investissement) ;
Le renforcement de la croissance par la diversification de
l'économie vers les secteurs autres que pétroliers
(transport, services, secteurs agricole et industriel...) ;
La dynamisation du secteur privé par la promotion du partenariat
privé - public, l'amélioration du rôle régulateur
de l'Etat, le renforcement de l'Etat de droit et de la sécurité
judiciaire et juridique des investissements ;
La
réhabilitation et le développement des infrastructures, la
valorisation des ressources naturelles, l'amélioration de l'offre
d'énergie électrique ainsi que l'accès à l'eau
potable et la préservation des différents
écosystèmes ;
L'accélération de l'intégration régionale dans le
cadre de la CEMAC (harmonisation et coordination des politiques
économiques pour assurer une certaine compétitivité de la
zone par rapport au reste du monde) ;
Le renforcement des ressources humaines et des secteurs sociaux
(éducation formation, santé...) ;
L'amélioration de la gouvernance par l'assainissement du circuit
des dépenses publiques, la reforme du système de passation des
marchés et la lutte contre la corruption.
Le tableau qui suit présente en raccourci les grandes
articulations des IPPTE.
Tableau n° 4 : Les étapes du
processus PPTE
TRAITEMENT DE LA DETTE AUX TERMES
TRADITIONNELS
Ø Les créances commerciales à garantie
publique (créances non APD) sont traitées selon les termes Naples
(jusqu'à 67% d'annulation) et les créances APD sont
rééchelonnés au Club de Paris.
Ø Les autres créanciers bilatéraux et
commerciaux accordent des conditions au moins comparables
|
CONDITIONNALITÉS
Le pays doit satisfaire aux critères PPTE,
justifier de la réussite du programme macroéconomique triennal
soutenu par le FMI et d'une stratégie de lutte contre la pauvreté
présentée dans la DSRP intermédiaire, établie avec
la société civile.
|
Analyse de la soutenabilité de la dette
|
ADMISSION À L'INITIATIVE
Le traitement de la dette aux termes traditionnels
permet au pays d'atteindre un niveau d'endettement soutenable. Il n'est pas
admis à bénéficier de l'initiative.
Sortie
4 pays ont retrouvé un niveau d'endettement soutenable
(Angola, Kenya, Vietnam, Yémen).
|
|
Le traitement de la dette aux termes traditionnels ne permet pas
au pays d'atteindre un niveau d'endettement soutenable. La BM et le FMI
décident d'admettre le pays à l'initiative.
Admission
38 pays ont été déclarés
éligibles à l'initiative (Bénin, Bolivie,
Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Cote d'Ivoire,
Gambie, Guyane, Ethiopie, Guinée, Guinée Bissau, Ghana, Honduras,
Laos, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar,
Nicaragua, Niger, Ouganda, RD Congo, Rwanda, Sao Tomé et Principe,
Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo,
Zambie)
|
POINT DE DÉCISION
Tous les créanciers (multilatéraux,
bilatéraux et privés) décident de l'allègement
de la dette à concéder lors du point d'achèvement. De
nombreux créanciers bilatéraux octroient en outre des
allègements supplémentaires en créances non APD. 27 pays
ont atteint jusqu'à présent le point de décision.
(Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guyane,
Ethiopie, Guinée, Guinée Bissau, Ghana, Honduras, Madagascar,
Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua, Niger, Ouganda, RD Congo,
Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Sierra Leone,
Tanzanie, Tchad, Zambie)
|
PHASE INTÉRIMAIRE
Ø Durant cette période, le pays doit finaliser
la rédaction de son DSRP, commencer à l'appliquer, et continuer
ses efforts en matière de stabilisation macro-économique, en
appliquant les politiques définies au point de décision. La BM et
le FMI accordent une aide intermédiaire. Les autres créanciers
multilatéraux et bilatéraux accordent un allègement de la
dette à leur discrétion.
Ø Outre les conditionnalités définies
dans la DSRP et le FRPC, le pays doit se soumettre à des conditions
additionnelles PPTE en vue du point d'achèvement (budget,
fiscalité, gouvernance, moyens mis en oeuvre pour réduire la
pauvreté, performance des politiques sociales...)
|
POINT D'ACHÈVEMENT
« FLOTTANT »
L'accession au point d'achèvement est fonction de
la mise en oeuvre des politiques définies au point de décision.
C'est à ce stade du processus que les allègements prennent effet
si les efforts du pays sont jugés satisfaisants. Tous les
créanciers fournissent l'assistance définie au point de
décision (les allègement intermédiaires fournis entrant
en compte dans le total)
Ø Le Club de Paris, au-delà des conditions de
Naples, accorde une réduction à des conditions encore plus
concessionnelles pouvant atteindre 90% en VAN de la dette éligible, pour
permettre au pays de sortir d'une situation d'endettement
intolérable.
Ø Les autres créanciers bilatéraux et
commerciaux appliquent un traitement au moins comparable au stock de la
dette.
Ø Les institutions multilatérales prennent d'autres
mesures, le cas échéant, pour ramener la dette du pays à
un niveau tolérable, en choisissant parmi un menu d'options, et en
veillant à une répartition large et équitable de la charge
entre tous les créanciers concernés.
15 pays ont atteint jusqu'à présent le
point d'achèvement (Bénin, Bolivie, Burkina Faso,
Ethiopie, Ghana, Guyane, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua,
Niger, Ouganda, Sénégal, Tanzanie,)
|
Source: ABREGO Lisandro, ROSS Doris
(2001), p.44 / ACDE (2004), p.15
CHAPITRE II
L'EVALUATION DE LA SOUTENABILITE
DE LA DETTE PAR LES IBW
D'après le FMI47(*) (2002), la dette d'un pays est soutenable,
lorsqu'il peut financer le solde de la balance des opérations courantes
et assurer les obligations du service de la dette sans faillir, sans solliciter
le rééchelonnement, sans accumuler les arriérés et
enfin sans compromettre la croissance. Pour arriver à cette
fin, il faut s'assurer que les ratios d'endettement ne vont pas connaître
une tendance explosive à long terme. Dans le chapitre
précédant, nous avons examiné les mécanismes de
fonctionnement de l'IPPTE. Dans le présent chapitre, nous allons
parcourir la Debt Sustainability
Assessment (DSA) en précisant les
contraintes du modèle, en présentant les critères de
soutenabilité, en analysant sa mise en oeuvre et enfin en passant le
dispositif à l'examen critique.
I - Le cadre d'élaboration de la DSA
L'objet de la DSA est de fournir les
outils appropriés pour l'évaluation de la soutenabilité de
la dette. Il privilégie l'approche par les indicateurs
matérialisée par les ratios d'endettement auxquels on fixe des
seuils. Si l'objectif est d'arriver à respecter les seuils fixés,
sa réalisation passe par un processus qui implique des reformes
structurelles à opérer et des programmes de stabilisation
à respecter.
A - Les contraintes du modèle
En optant pour les ratios, la soutenabilité
devient tributaire du comportement des variables macroéconomiques en
général et spécifiquement de celles retenues pour mesurer
le fardeau de la dette ou pour juger la capacité de paiement. Une
analyse dynamique impose de formuler des hypothèses, de postuler des
conditions de réalisation et de préciser des reformes à
entreprendre.
1 - Les hypothèses
Au point de décision48(*) l'analyse de la soutenabilité de la dette
repose sur des hypothèses de croissance à long terme de certaines
variables qui affectent la capacité de paiement (PIB, importations,
exportations, recettes budgétaires...), la cause de l'endettement
extérieur (le solde du compte courant) et la nature même
de cette dette (dette publique ou à garantie publique). Ces
hypothèses permettent de savoir si après le point
d'achèvement, la dette continuera à être soutenable.
Les experts de la BM et du FMI pensent que les conditions
suivantes doivent être remplies pour soutenir la croissance du
PIB :
L'accroissement régulier des investissements, la poursuite des reformes
structurelles et la progression des exportations non pétroliers auront
pour conséquence de favoriser une croissance économique
régulière et soutenue ;
Tous les
créanciers officiels bilatéraux vont octroyer un traitement de
l'encours de la date pré butoir selon les termes de Naples (67% de
réduction en VAN) en 1999 ;
La part
de la dette contractée selon les termes de l'AID (40 ans de
maturité, 10 années de grâce et 0,75%
d'intérêts), représentera 60% des nouveaux emprunts
avec un élément don de 44% en moyenne durant les vingt
années à venir. Les 40% restant seront une combinaison des
prêts FRPC du FMI à court terme et des crédits
bilatéraux contractés à des taux moins concessionnels
(25 ans de maturité, 6 ans de grâce et 2%
d'intérêts). Cette hypothèse paraît bien
vraisemblable à la lecture du tableau suivant.
Tableau n° 5 : Conditions moyennes des
nouveaux engagements
Source : World debt Table 1994(pp58-61), Government Finance
System, 1999(pp,132-135); 2005(pp,120-123),
Il montre que les nouveaux engagements ont cessé depuis
1993. La période de grâce est proche de 10 ans.
L'élément don à partir de 1994 oscille entre 58,8% et
81,6%. Le taux d'intérêt moyen est depuis 1996 tombé
à moins de 2%. Les termes moyens en 2000 ont dépassé 40
ans ;
Le solde primaire sera ramené à 3% du PIB pendant que le
déficit global va se stabiliser à 0,6% du PIB.
Les autres hypothèses de croissance sont
synthétisées dans le tableau suivant :
Tableau n° 6 : Hypothèses
d'évolution des agrégats macroéconomiques de 1999 à
2010
Source
: IMF / IDA (2000), Cameroon, decision point document September 15,
p.31
Une analyse de la sensibilité qui prévoit des
scénarios optimistes, moyens et pessimistes résultant de
l'influence possible des chocs exogènes, complète
généralement le dispositif. Au point de décision, le
scénario pessimiste49(*) du FMI a consisté à ramener le taux de
croissance des exportations à 5,3% et la part de l'élément
don à 35%. Les résultats obtenus montrent qu'une
réduction de la concessionnalité a un effet non significatif
alors qu'une baisse des exportations fait franchir les seuils de plus de
42%.
La réalisation des hypothèses formulées
dépend largement du comportement des indicateurs
macroéconomiques (réserves internationales nettes, taux de
change réel effectif, l'inflation, taux de croissance économique,
exportations, importations, termes de l'échange, taux
d'intérêt, masse monétaire, crédit
intérieur...) qui sont des variables à forte valeur
prédictive. Leur surveillance est d'après LOSER50(*) (2004) nécessaire dans
la prévention des crises de la dette.
2- Les reformes à entreprendre.
D'après YAN SUN51(*) (2004), la réalisation des objectifs de la
soutenabilité de la dette et d'atteinte du point d'achèvement est
conditionnée par :
La
réalisation des performances macroéconomiques (forte
croissance, maîtrise de l'inflation et des déficits
extérieurs et budgétaires, solidité des réserves,
transferts nets positifs...) ;
L'amélioration du cadre institutionnel et réglementaire
évalué à travers les critères de la CPIA52(*)
(Country Policy and
Institutional Assessment)
de la Banque Mondiale et à travers les indicateurs de la
bonne gouvernance proposés par KAUFMAN, KRAAY et MASTRUZZI53(*) en 2003 (stabilité
politique, état de droit, lutte contre la corruption, qualité de
la régulation et de la supervision, la liberté d'expression,
l'audit et le contrôle...) ;
La capacité à gérer la dette (compétence
du personnel dédié, gestion du service de la dette et suivi des
décaissements, conduite des négociations en vue des
allègements, études de viabilité et détermination
de la capacité d'endettement et de remboursement, mise à jour
permanente du portefeuille de la dette, analyse de l'environnement et des
risques encourus, aptitudes à faire de bonnes projections et simulations
...) ;
La mobilisation optimale des recettes fiscales. Une faible mobilisation
des ressources budgétaires accroît la dépendance et le
recours aux capitaux externes ;
La
diversification des exportations pour être moins vulnérable aux
chocs externes. Plus la part que représentent les trois principaux
produits d'exportation dans le total des exportations est élevée,
plus la base des exportations est étroite et plus, il est
vulnérable aux variations des termes de l'échange ;
L'utilisation des ressources issues de l'allègement
dans le cadre le l'IPPTE renforcée implique au préalable
l'identification des projets éligibles, l'ouverture d'un sous compte
spécial à la BEAC réservé aux opérations du
programme, la création d'un comité consultatif et de suivi
de la gestion, l'audit des dépenses du programme par un cabinet
indépendant aux fins d'assurer la transparence et de veiller à la
gestion des ressources.
Toutes ces reformes et actions sont en quelque sorte des
préalables au raffermissement des conditions de soutenabilité et
à l'affectation optimale de l'assistance reçue.
B- Les outils et les critères
d'appréciation de la soutenabilité
L'évaluation de la soutenabilité de la
dette en général dépend de la manière dont on
mesure le fardeau de la dette (stock, VAN du stock, service de la dette),
des types de dettes concernées par l'annulation (la dette
intérieure et la dette privée ont été exclues de
l'IPPTE), de la capacité de paiement (recettes
d'exportation, PNB ou PIB, recettes budgétaires). Pour permettre
une meilleure compréhension de la logique des ratios, il est
nécessaire de décrypter la méthodologie sous-jacente
relative à la philosophie de la VAN et de parcourir quelques
propositions alternatives.
1- Application et implications de la Valeur
Actualisée Nette
La VAN est une mesure du degré de
concessionnalité de la dette. Elle se définit comme
la somme actualisée au taux de marché des annuités restant
à courir sur une dette. Le taux d'escompte utilisé
pour calculer la VAN est la moyenne historique d'une devise spécifique
appelée Commercial Interest Reference Rate (CIRR) ou taux
d'intérêt Commercial de référence (TICR),
déterminé par l'OCDE à partir de l'ensemble des devises
des pays membres et des différents taux débiteurs, commerciaux et
qui correspond au taux de rendement sur les obligations d'Etat du marché
secondaire des pays industrialisés. Le CIRR court terme (moins de
15 ans de maturité) est la moyenne des six derniers mois avant la
date de référence de la DSA. Pour les échéances
supérieures à 16 ans, la moyenne porte sur les 10
dernières années. Ces CIRR sont publiés sur le site
Internet de l'OCDE
www.oecd.org , et mis à jour
tous les mois pour les principales devises.
La formule générale de calcul de la
VAN54(*) est :
Cn, r sont respectivement le paiement du service de
la dette à la période n et le taux d'intérêt
.
A titre d'illustration, si le service de la dette relatif
à un emprunt est de 10 000$ par an sur trois ans, la valeur nominale de
cette dette au bout de trois ans est normalement 30 000$. En supposant un taux
d'escompte de 10%, la valeur présente nette sera :
En général, la VAN de la dette
intérieure est relativement plus élevée que celle de la
dette extérieure en raison de son caractère moins concessionnel
et de la large dominance du court terme. Pour les IBW55(*), la VAN de la dette a pour
avantage de permettre une comparaison du stock de la dette entre pays
ayant des structures de dettes «commercialement
équivalentes». Elle représente le montant des
réserves que le pays doit constituer pour couvrir les obligations
futures du service de la dette. Le même montant de la dette dans deux
pays peut occulter les différences au niveau de la structure des taux et
des paiements. Cette procédure permet aux IBW de pouvoir faire des
estimations sans recourir aux pays pour rechercher l'évolution exacte du
service de la dette sur la durée de vie de l'encours.
Quatre problèmes découlent de l'utilisation du
CIRR court terme :
La devise spécifique, CIRR court terme ne permet qu'une
répartition inéquitable du fardeau de la dette. Les
économies en expansion ont un taux CIRR élevé et
favorable tandis que celles en récession ont un CIRR bas et
défavorable.
Le taux CIRR à court terme favorise une grande volatilité
dans les estimations des coûts et de l'assistance. Tout
changement dans la date de référence de la DSA implique un
changement du facteur d'escompte et par là même un changement de
la VAN de la dette et de la partie élément don56(*).
La moyenne des CIRR, sur six mois implique un niveau d'assistance
inadéquat. Si l'évaluation a lieu pendant que le taux
d'intérêt sur les marchés internationaux de capitaux est
relativement élevé, l'assistance au titre de l'IPPTE sera moins
élevée que ceux dont l'évaluation intervient lorsque les
taux d'intérêts internationaux sont faibles. Une augmentation d'un
point des taux d'intérêts internationaux va réduire de
près de 16% le montant de l'allègement supposé ;
L'utilisation arbitraire du taux d'escompte. Il n'y a pas de
règles établies en ce qui concerne la nature du CIRR à
utiliser pour les devises non OCDE. Il est fait usage invariablement des CIRR
de DTS pour les devises qui n'ont pas de CIRR établis ou des CIRR de $.
Cette absence de procédures fixes pour déterminer les taux
d'intérêts qui servent à calculer la VAN peut,
d'après GUNTER (2001), ouvrir la voie à une manipulation de
données.
L'avantage d'utiliser la VAN plutôt que la valeur
nominale est que la VAN prend en compte les termes et le caractère
concessionnel de la dette publique afin de donner au service de la dette, une
valeur proche des conditions du marché.
2- Les ratios et seuils d'endettement
Dans le cadre de l'IPPTE, la dette est déclarée
insoutenable si, au point de décision, un des ratios suivants est
supérieur au seuil. La dette excédentaire est alors
annulée en plusieurs étapes. Les allègements sont
calculés à partir du stock pré date butoir de la dette
après traitement traditionnel (terme de Naples) au club de
Paris.
Tableau n° 7 : Récapitulatif des
seuils de soutenabilité fixés par les IPPTE I et II
N°
|
Ratios
|
Seuil Initiative originelle, 1996
|
Seuil Initiative renforcée,
1999
|
Type d'indicateurs
|
1
|
VAN du Stock de la dette / exportations des biens et
services
|
< 250%
|
< 150%
|
Indicateur de contrôle du stock de la dette
en valeur actualisée57(*)
|
2
|
VAN du Stock de la dette / Recettes budgétaires
|
< 280%
|
< 250%
|
Indicateur fiscal58(*)
|
3
|
Service de la dette / exportations
|
< 20 à 25%
|
< 15%
|
Indicateur de contrôle de la
liquidité59(*)
|
4
|
Service de la dette / Recettes budgétaires
|
< 20%
|
< 15%
|
Indicateur fiscal
|
Source : Rassemblés et
présentés par nos soins
Ces ratios évaluent pour une année
donnée, le poids relatif en valeur de la dette totale et de ce que doit
rembourser le pays par rapport au montant des exportations (premier et
troisième ratio), par rapport au montant de ses recettes
budgétaires de cette même année (second et
quatrième ratio).
L'accès à l'allègement par la
fenêtre fiscale (ratio en VAN de la dette / Recettes
budgétaires internes) exige aussi du pays qu'il passe deux seuils
supplémentaires : le critère d'ouverture
avec un ratio exportations / PIB de 30% ou plus et le critère de
recettes avec un ratio recettes budgétaires / PIB de 15%. Ces
ratios étaient respectivement de 30 et 40% avant l'accord du G7 à
Cologne en 1999.
Pour les IBW60(*), la justification de cette méthode
est purement empirique. Au-delà de ces seuils, on constaterait
historiquement que les pays ont rencontré des difficultés de
remboursement. Par ailleurs, elles supposent que les reformes contenues dans
les DRSP et l'amélioration de la cohésion sociale due à
l'accroissement des dépenses sociales sont de nature à engendrer
une rupture par rapport aux tendances antérieures.
A la suite des seuils fixés par la BM et le FMI, nombre
d'études indépendantes ont été menées dans
le but de confirmer ou d'infirmer les suggestions des bailleurs de fonds.
Plusieurs auteurs vont trouver que le critère VAN dette / Exportations
150% est acceptable. Par contre, les autres critères ne feront pas
l'unanimité. Le tableau ci-dessous résume l'essentiel des
études, suggestions et propositions faites au sujet des seuils de
soutenabilité de la dette.
Tableau n° 8 : Synthèse des
résultats de la recherche sur les indicateurs de
soutenabilité
|
Seuils de soutenabilité
|
|
VAN dette / Exportations (en %)
|
VAN dette / Revenue (en %)
|
Service de la dett e / Exportations (en %)
|
Service de la dette / recettes budgétaires
(en %)
|
VAN Stock dette / PIB
(en %)
|
Initiative PPTE renforcée
|
150
|
250
|
15
|
15
|
|
UNDERWOOD61(*) (1990)
|
200
|
|
|
|
|
MARTIN Matthew62(*) (1999)
|
140
|
155
|
12
|
13
|
|
VAUGEOIS63(*) (1999)
|
|
155
|
12
|
13
|
|
HJERTHOLM64(*) (1999)
|
200
|
280
|
|
|
56
|
COHEN65(*) (2001)
|
211
|
230
|
|
|
50
|
PATTILLO66(*) (2002)
|
165
|
|
|
|
35 - 40
|
JOHNSON67(*) (2002)
|
|
150
|
|
|
|
OXFAM68(*) (2003)
|
|
|
5
|
10
|
|
Source : Rassemblés et
présentés par nos soins
Ces ratios comme ceux du FMI, donnent une vision statique de
l'endettement des PPTE. Ils définissent des seuils sans fournir des
éléments d'analyse de la soutenabilité.
II - Mise en oeuvre et appréciation de la DSA
La situation de l'endettement extérieur en juin
1999 reste insoutenable même après l'application complète
de tous les mécanismes traditionnels d'allègement de la dette. Le
ratio de la dette en VAN sur les exportations représente 205% au
delà des 150% fixés. Le ratio de la dette en VAN sur les
recettes de l'Etat est de 329% au-delà encore des 250% requis. Dans
cette section, nous allons évaluer cette soutenabilité dans la
perspective de dégager les limites et les contraintes pour enfin
apprécier son caractère réel ou virtuel.
A - Les analyses et projections
Après avoir présenté les tendances
et projections de soutenabilité tels que postulés par les IBW,
nous allons vérifier la réalité et l'effectivité
d'une telle analyse pour enfin évaluer les conséquences du report
du point d'achèvement sur la viabilité de la dette et la
fiabilité de l'outil appelé DSA
1- Incidence de l'IPPTE sur l'endettement
extérieur
Le franchissement du point de décision ouvre des
perspectives nouvelles en terme d'assistance et de facilité en vue de
rendre la dette soutenable. Les engagements d'allègement du
surplus nécessaire pour assurer la soutenabilité
(1,261 millions de dollars US en VAN) commencent à
s'exécuter pendant la période intérimaire pour être
irréversiblement apuré à partir du point
d'achèvement. L'entrée du Cameroun dans le point
de décision en décembre 2000 va mécaniquement provoquer
les flux d'assistance suivants69(*) :
Les
créanciers du Club de Paris vont traiter la dette du Cameroun en
appliquant les termes de Cologne (90% de réduction en
VAN) ;
Le
montant des réductions imputées au FMI s'élève
à 36,9 millions de $ en VAN dont 4 millions d'assistance
intérimaire et 2,9 millions à décaisser
immédiatement au point de décision pour couvrir le service de la
dette jusqu'à la fin de 2001. La réduction annuelle du service de
la dette due au FMI passera alors d'un million en moyenne sur trois ans
à 7 millions de $ de 2004 à 2010 ;
L'assistance reçue en valeur nominale de la BIRD est
estimée à 203 millions de $ pour la période allant de 2001
à 2012 et à 62 millions de $ de l'AID pour la période
allant de 2003 à 2009. Ces montants sont à ajouter aux 28
millions de $ à annuler au titre de service de la dette due à
l'IDA entre 2004 et 2019. Au final, le service de la dette Camerounaise
auprès de la BM se verra réduite annuellement de 57% sur la
période allant de 2001 à 2009 ;
La BAD chiffre son assistance à 13 millions de $ en moyenne par an
(dont 40% de ce montant dès le point de décision). Son concours
est supposé couvrir annuellement 43% du service de la dette du Cameroun
pour la période 2001 à 2008 ;
La dette
commerciale du Cameroun auprès de ses créanciers du Club de
Londres, au moment du point de décision, est entièrement
constituée d'arriérés. Le pays a obtenu un traitement
comparable aux termes de Cologne qui s'est matérialisé par le
rachat de cette dette à 14,5% de sa valeur faciale, après abandon
de tous les intérêts de générations. Cette
opération a théoriquement permis d'obtenir une annulation de 440
milliards de FCFA en août 2003 (sur un total de 584 milliards).
Contrairement au Club de Paris, les aménagements consentis par le Club
de Londres ne tiennent pas compte de la date butoir et ne porte que sur des
échéances en principal, les intérêts devant toujours
être versés. Il importe cependant de souligner qu'à ce
jour, seuls les créanciers détenant 79% de cette créance
ont accepté l'offre de rachat faite par le Cameroun. Certains
créanciers contestataires tels que la Winslow Bank et le Del Favaro SPA
ont d'ailleurs engagé des procédures judiciaires pour obtenir le
remboursement de leur dette, ce qui montre que les allègements attendus
pour rendre la dette viable au point d'achèvement ne seront pas
entièrement obtenus.
Sur la base des précédentes hypothèses et
des prévisions décrites dans le tableau suivant, l'assistance
intérimaire reçue en terme de réduction annuelle du
service de la dette va s'élever à environ 100 millions de $ pour
les trois années suivant le point de décision. Après le
point d'achèvement, cette réduction oscillera entre 60 et 80
millions de $ sur douze ans pour s'élever à une moyenne de 100
millions de $ par an entre 2015 et 2019.
Tableau n° 9 : Evolution
prévisionnelle du stock de la Dette extérieure en VAN de 1999
à 2010
(En millions de dollars US, sauf indication contraire)
Source
: IMF / IDA (2000), Cameroon, décision point document September 15,
p.36
L'atteinte du point d'achèvement va également
faire bénéficier au Cameroun de l'initiative
complémentaire Française70(*) dénommé
Contrat de
Désendettement et de
Développement (C2D) destiné à
financer des programmes de développement durable s'inscrivant dans des
politiques sectorielles et des stratégies de réduction de la
pauvreté en accord avec le DSRP. La France s'est alors engagée
lors du Sommet de Cologne en 1999, à annuler à 100% ses
créances APD sur les pays éligibles à l'initiative PPTE,
contractées avant la date butoir, à travers le mécanisme
de refinancement par dons des échéances dues. Le montant du stock
d'APD Française à refinancer par dons pour le Cameroun est
d'environ 1 083 millions £ (environ 700 milliards de FCFA).
Le pays bénéficiaire continue à rembourser sa dette au
Trésor Français à chaque échéance.
Dès la constatation du remboursement, il transfère cette somme au
compte du Trésor Camerounais ouvert à la BEAC, sous forme de
dons.
En considérant les hypothèses de
croissance retenues, en supposant que tous les allègements selon les
termes de Naples et les assistances attendues seront honorés, les IBW
montrent que la dette du Cameroun, d'après les ratios du tableau
ci-dessous, sera soutenable à long terme.
Tableau n°10 : Principaux indicateurs de la
dette extérieure du Cameroun de 1999 à 2010
(En % sauf indication contraire)
Source
: IMF / IDA (2000), Cameroon, decision point document, September 15,
p.37
Pour chaque ratio, les cellules ombrées
représentent les années pour lesquelles la dette va être
soutenable.
Il faut préciser que les projections, faites jusqu'en
2020, montrent que la dette sera soutenable jusqu'à cette
échéance.
2- Les conséquences du report du point
d'achèvement
Le Cameroun n'a pas atteint le point d'achèvement
d'abord prévu en mars 2003 et ensuite à la fin du 1er
semestre de 2004, et ce pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci, on peut citer
quelques unes comme :
La
mauvaise gestion des fonds PPTE. En raison des tensions budgétaires,
72,1 millions de $ d'allègement n'ont pas en 2003 été
versé dans le compte de la BEAC. A la mi- octobre 2003, le pays a
reçu sensiblement 200 milliards de FCFA et 14 milliards de FCFA
seulement ont été effectivement dépensés. Les
raisons sont à chercher dans les dysfonctionnements administratifs, le
manque de projets de bonne qualité et la faible exécution
chronique du budget d'investissement ;
La non
mise en oeuvre de la DRSP ;
La timidité des reformes en matière de gouvernance, de
contrôle de la dépense publique, de privatisations, de
performances économiques (évolution non satisfaisante des
exportations non pétrolières, situation financière
préoccupante des entreprises publiques...).
Nous allons évaluer les conséquences des reports
du point d'achèvement de l'IPPTE en étudiant le comportement des
divers créanciers (multilatéraux, Club de Paris, non membres
du Club de Paris) quant aux engagements pris :
Après avoir effectivement fourni des allègements
pour la période intérimaire initiale, la BM a suspendu son
assistance en avril 2003. Toute dette échue à partir de
cette date est devenue exigible. On évalue à 93 millions de
$71(*), les montants
payés et qui ne l'auraient pas été si le pays avait
atteint le point d'achèvement ;
La BAD a
suspendu son assistance en septembre 2003 après avoir
déboursé 33,3 millions de $. Du fait du retard, le
Cameroun va dépenser un montant de 32 millions de $ entre octobre 2003
et décembre 2004 qu'il aurait dû
épargner ;
Entre le
point de décision et la fin décembre 2004 et sur une
prévision de 15,6 millions de $, le FMI n'avait accordé qu'une
assistance de 7,9 millions de $ ;
La plupart des créances des autres créanciers
multilatéraux sur lesquelles l'assistance avait été
évaluée arrivent actuellement à maturité. Certains
créanciers sortiront du portefeuille avant que ne survienne le point
d'achèvement du Cameroun. Cette situation pose un réel
problème pour le pays, car il est pour l'instant difficile de savoir
comment ces créanciers délivreront l'assistance requise une fois
que le point d'achèvement sera prononcée ;
Entre la
fin de la période de consolidation des flux de la dette (20
décembre 2004) et la date à laquelle le Cameroun a conclu un
programme de référence au titre de la FRPC (septembre
2005), les échéances dues sur la dette pré et
post date butoir aux créanciers du club de Paris, deviennent exigibles
avec le risque pour le pays lors des prochaines négociations, de se voir
imposer des pénalités de retard sur les accumulations
incontournables d'arriérés sur la dette pré date
butoir ;
S'agissant de l'initiative Française C2D, les montants
payés par le pays entre 2003 et décembre 2004 et qui ne seront
pas remboursés conformément aux mécanismes du C2D
s'élèvent à 193 millions de $. Si le point
d'achèvement intervient en 2006, ces pertes augmenteraient de 132
millions de $ ;
Pour les
créanciers non participants du Club de Paris, l'atteinte du point
d'achèvement permettra d'engager des négociations fermes en vue
d'obtenir des allègements attendus qui seront mis en oeuvre en fonction
des mécanismes convenus avec chacun des créanciers.
Le tableau n° 11 résume ces conséquences au
plan financier en mentionnant globalement que le second report du point
d'achèvement en décembre 2004 a fait perdre 285 millions de $
(23+116+146) en valeur nominale. Cette perte est essentiellement
imputable à la suspension de l'assistance par les principaux
créanciers multilatéraux (124 millions de $) et aux
montants importants de la dette post date butoir payés à la
France (193 millions de $). Le manque à gagner sur les dettes
hors C2D évaluées à 92 millions de $ sera cependant
récupéré lorsque le pays atteindra le point
d'achèvement de l'IPPTE. Au 31 décembre 2005, le Cameroun
totalisera une perte de 461 millions de $ dont 325 millions de $ en C2D.
Tableau n° 11 : Ecart entre les
allègements de dettes promis et ceux effectivement octroyés
(sauf indication contraire, montants en millions de $)
Créanciers
|
Période intérimaire (oct. 2000 - mars
2003)
|
2003
(réalisations)
|
2004
(réalisations)
|
2005
(prévisions)
|
Total
|
1- Assistance totale attendue
|
335
|
149
|
205
|
209
|
898
|
|
PPTE
|
305
|
49
|
83
|
77
|
|
Non PPTE
|
30
|
100
|
122
|
132
|
|
2- Assistance totale reçue
|
312
|
33
|
59
|
33
|
437
|
|
PPTE
|
282
|
18
|
45
|
33
|
|
Non PPTE
|
30
|
15
|
14
|
|
|
3 - Manque à gagner
|
- 23
|
- 116
|
- 146
|
- 176
|
- 461
|
|
PPTE Total
|
- 23
|
- 31
|
- 38
|
- 44
|
- 136
|
|
PPTE (créanciers
multilatéraux)
|
- 23
|
- 35
|
- 66
|
- 63
|
- 187
|
PPTE(créanciers bilatéraux et
commerciaux)
|
/
|
+ 4
|
+ 28
|
+ 19
|
+ 59
|
PPTE additionnel (y/c C2D)
|
/
|
- 85
|
- 108
|
- 132
|
- 325
|
Source : Documents PPTE au point de décision /
CAA/ Bulletin d'information de liaison du pole dette (2004) décembre
pp.20-24
Ces manques à gagner vont à coup sûr
freiner les capacités du pays à exécuter son programme de
lutte contre la pauvreté. Après avoir été
déclaré « OFF
TRACK » le 30 août 2004, le Cameroun, en
atteignant le point d'achèvement de l'initiative PPTE le 28 octobre
2006, a été remis « ON
TRACK » par les IBW.
B- Appréciation de la DSA
Tout en reconnaissant l'originalité de cet
instrument d'évaluation et l'impact significativement positif sur la
capacité de remboursement, et relativement sur la croissance et la
réduction de la pauvreté, il serait intéressant de faire
oeuvre complète en relevant tout aussi des faiblesses
méthodologiques inhérentes tant à la conception
qu'à l'application de la DSA avant de conclure sur les implications de
politique économique.
1- Les limites théoriques et
empiriques.
On peut s'inquiéter du caractère arbitraire et
volatile des seuils et niveaux d'endettement soutenables trouvés. Une
dette soutenable une année peut ne pas l'être l'année
suivante du fait de l'addition des chocs simultanés qui peuvent diminuer
très sensiblement les recettes d'exportation. Une simple crise de
liquidités peut facilement dégénérer en une crise
de solvabilité lorsque la phase de chute des prix des exportations dure
relativement longtemps.
La logique de l'IPPTE est contreproductive. Elle aboutit
à une course à l'endettement. Un pays qui réussit à
se désendetter est exclu de l'initiative tandis qu'un pays laxiste qui
s'endette entrera dans les conditions d'accès à un
allègement.
La méthodologie DSA du FMI utilise des
hypothèses exogènes de croissance du PIB et des exportations des
biens et services en valeur et en volume. Des projections sont
nécessaires pour savoir si la dette deviendrait soutenable ou non au
terme d'un processus comprenant des mesures d'ajustement, de réductions
de dettes partielles et de financement à des conditions favorables. Elle
a été critiquée parce qu'il est très facile de
manipuler les hypothèses de projection afin de faire apparaître
une situation de soutenabilité ou au contraire d'insoutenabilité.
Dans la même optique, GUNTER72(*) (2001) a critiqué l'optimisme des taux de
croissance retenus dans les projections de la dette. C'est plus la
surestimation des exportations ou la sous-évaluation des besoins futurs
de financement qui rend le ratio dette / exportations faible et la dette
artificiellement soutenable à long terme. Pour le Cameroun par exemple,
la croissance moyenne de PIB entre 1990 et 1999 est de 1,2%. Les
hypothèses de croissance faite pour la période 2000 - 2010 sont
de 6%.
La CNUCED73(*) critique l'optimisme des IBW en faisant valoir que
les mesures de politiques économiques préconisées dans les
DSRP ne diffèrent pas fondamentalement des mesures
préconisées dans le cadre de l'ajustement structurel, qui se sont
avérées incapables à relancer la croissance.
GOLSTEIN74(*) (2003) quant à lui attire l'attention sur un
ensemble de limites techniques de la DSA :
Le cadre standard ignore la contrainte du taux de change sachant que la
dette est généralement libellée en devises
étrangères. L'économie du pays emprunteur doit
pouvoir être capable de générer des revenus
équivalents en devises. Les revenus budgétaires sont par exemple
exprimés en monnaie locale pendant que la dette est en monnaie
étrangère ;
L'accent est mis seulement sur la dette publique faisant abstraction
de l'éventualité d'une prise en change de la dette privée
par l'Etat le cas échéant lors d'une crise systémique
bancaire. La nécessaire recapitalisation peut être
garantie ou financée par l'Etat augmentant de ce fait la dette
publique.
Dans la réalité, il est difficile d'avoir une
emprise sur les variables qui affectent la soutenabilité de dette.
L'hypothèse selon laquelle la condition de stabilisation du ratio de la
dette est d'accroître le surplus primaire de 1 à 2% par exemple
(hypothèse des projections sur la croissance et le taux
d'intérêt réel) peut paraître difficilement
réalisable compte tenu des contraintes de priorités
budgétaires (croissance des dépenses de prestations sociales,
d'infrastructure, d'amélioration du cadre de vie, de santé et
d'éducation).
L'évolution des principales monnaies d'endettement sur
les marchés des changes internationaux modifie inévitablement et
parfois de manière très prononcée la structure de la
dette. Une gestion active des douze devises qui constituent la dette du
Cameroun, avec une dominante pour l'Euro, le DTS, et le Dollar US, est
impérieuse.
Tableau n° 12 : Composition de la dette
extérieure par devises
(Sauf indication contraire,
montants en millions de $)
Source : CAA, 2005
L'appréciation ou la dépréciation du taux
de change, la bonne ou la mauvaise tenue des indicateurs des marchés,
une décision de dévaluation comme en 1994, l'impact des
mouvements spéculatifs contribuent à alourdir le fardeau de la
dette.
Les taux d'intérêts réels sur la dette
peuvent varier à la hausse comme à la baisse, suivant
l'évolution du taux d'inflation, Une prévision rigoureuse devient
aussi aléatoire.
Tableau n° 13 : Structure des
intérêts de la dette extérieure, 1994-2002
(Sauf indications contraire, montants en millions de
$)
Source : CAA, 2005
La faible proportion de la partie variable de la dette du
Cameroun est un avantage en ce sens que d'après GOLDSTEIN75(*) (2003), les taux
d'intérêts élevés et variables ne sont pas
favorables à la soutenabilité à terme de la dette.
MATTHEW M.76(*) (2004) recommande d'abandonner le concept de VAN pour
revenir aux mesures traditionnelles du fardeau de la dette (stock de la
dette, service de la dette). Toutefois, si cette mesure est retenue, on
devrait s'assurer qu'il mesure réellement le coût du service de la
dette dans le temps en le mettant en relation avec leur effet positif sur
les réserves.
MATTHEW M. et al77(*) (2004) relèvent certaines faiblesses du
mécanisme d'allègement de la dette qui contribuent à
rendre la soutenabilité de la dette à court terme
aléatoire :
Une
protection structurellement insuffisante contre les chocs externes (termes
de l'échange, envolée des cours du pétrole, baisse des
flux d'aides, risques de change ou de taux, conflits dans les pays voisins,
attaques terroristes, reflux des capitaux étrangers suite à un
comportement moutonnier ou effet de contagion, catastrophes naturelles telles
que l'inondation, les typhons, l'invasion des criquets pèlerins, la
sécheresse, les tremblements de terre, les cyclones, la famine...).
La non
prise en compte de l'impact négatif de l'épidémie du SIDA
sur la croissance. Des études menées par les IBW
(BONNEL78(*), 2000;
HAACKER79(*), 2001)
en Afrique Australe montrent que sur les 10 à 15 ans à venir,
l'épidémie du SIDA fera baisser la croissance de 1,8%. Une
pareille étude d'impact n'a pas encore été fait pour le
Cameroun.
La
timide participation des créanciers non membres du Club de Paris
(créanciers non membres des IBW, pays Arabes et d'Afrique du Nord,
pays à revenu intermédiaire, pays asiatiques comme la Chine et
l'Inde, anciens pays Européens d'un bloc de l'Est , certains pays sous
IPPTE). Certains ont promis des remises des dettes sur quelques uns de
leurs prêts.
L'absence d'enthousiasme dans la constitution du fonds de financement de la
réduction de la dette et des ODM. En dehors des IBW et d'autres
organismes multilatéraux, seuls quelques créanciers participent
à ce fonds.
Les
longs délais nécessaires (entre le point de décision
et le point d'achèvement) pour bénéficier
entièrement des effets de la réduction de la dette. Pour le
Cameroun le point d'achèvement sera probablement atteint au
2ème trimestre de 2006, soit de 5 ans après le point
de décision.
Si toutes ces limites sont prises en compte et
intégrées dans le dispositif, l'IPPTE pourra gagner en
efficacité, au moins à court terme.
2- Les implications de politique
économique
Les approches classiques de la soutenabilité de la
dette extérieure prennent essentiellement en considération le
déficit de la balance de paiements. C'est aussi la
référence principale des organisations internationales dans le
cadre de l'IPPTE. Pourtant, l'essentiel des problèmes de remboursement
parait lié aux problèmes de finances publiques. L'Etat
étant la seule entité susceptible d'emprunter à
l'extérieur, le problème est avant tout budgétaire comme
le soulignent REISEN Helmut et VON TROTSENBURG80(*) (1998) ; SACHS81(*) (1998). Ce qui implique la prise en
considération des questions de pressions fiscales.
Il est peu probable que la réduction de la dette
induise une augmentation significative du taux de croissance à long
terme. L'impact macroéconomique de l'allègement de la dette dans
le cadre de l'IPPTE sur la croissance du PIB est relativement modeste par
rapport aux objectifs de croissance nécessaire pour réaliser les
ODM. Il varie de 0,3% à 1% (BIGSTEN, JORGEN et HAKAN82(*), 2001; PATTILLO et al83(*), 2002). Les gains en
terme de santé publique et d'éducation même bien
ciblés sur les groupes sociaux les plus défavorisés
risquent de n'avoir que des effets limités s'ils ne sont pas
intégrés dans une politique globale de développement qui
favorise également l'emploi des personnes scolarisées.
« Si l'initiative PPTE permet aujourd'hui de rendre la dette
soutenable, comment maintenir cette soutenabilité dans l'avenir tout en
offrant les ressources suffisantes pour qu'ils atteignent les ODM84(*) ». Voilà
en réalité le véritable défi auquel elle est
confronté.
Son efficacité dépendra alors de :
De leur
capacité à faire face aux chocs (BIRDSALL et
WILLIAMSON85(*),
2002);
De l'adaptation des conditions de prêts à leur
capacité de remboursement (SERIEUX86(*), 2001);
De l'augmentation de l'APD et de son taux d'élément - don
(MASSUYEAU87(*),
2002) ;
De la participation effective des créanciers non
membres du Club de Paris ;
De la capacité du Pays à gérer la dette ;
Des
hypothèses de croissance plus réalistes (PIB, recettes publiques,
recettes d'exportation ou d`importation, inflation, solde
primaire...) ;
De la
mise en oeuvre des reforme en matière de gouvernance, et de management
des institutions publiques ;
De la réussite des politiques de stabilisation
macroéconomique ;
Du
respect des engagements d'allègement du surplus nécessaire pour
assurer la soutenabilité ;
Du
respect par les créanciers du principe d'additionnalité
intégrale des allègements de dette selon lequel ceux-ci ne
remplacent pas l'APD, mais s'y ajoutent.
GUNTER88(*) (2001) quant à lui propose que le taux
d'actualisation utilisé dans les exercices de DSA soit faible, fixe et
uniforme pour toutes les devises. Par ailleurs, les hypothèses de
croissance doivent refléter les transformations structurelles à
l'évolution des taux d'investissement et d'épargne et prendre en
compte l'impact négatif des contraintes naturelles
(sécheresse...) et de santé publique
(épidémie de SIDA...). GUNTER89(*) (2003) recommande d'une part,
que l'indice du développement humain du PNUD en lieu et place du
critère IDA du PIB par tête soit retenu pour qualifier la
pauvreté et d'autre part, que le ratio de la VAN de la dette / PNB qui
est incontestablement un bon indicateur du niveau d'endettement d'un pays,
remplace la VAN de la dette rapportée aux exportations (plus
volatile) ou les recettes budgétaires (assez restrictive).
MOISSERON et RAFFINOT90(*)
(2000) proposent des réductions de dettes forfaitaires, sur la base des
critères comme la population, le PIB ou encore le niveau des recettes
publiques. Cette forme, selon eux, a l'avantage de ne pas générer
des incitations négatives et de ne pas nécessiter de passer par
une évaluation nécessairement ambiguë et politiquement non
neutre de la soutenabilité.
Aux Etats Unis, la commission MELTZER agissant pour le compte
de l'International Financial Institution Advisory Commission a radicalement
suggéré le remplacer au bénéfice des pays pauvres,
les prêts par les dons. Cette pratique peut alors assurer la
soutenabilité à long terme de la dette des pays pauvres. A
l'inverse, elle pourra réduire le volume de l'aide disponible et
destinée aux pauvres.
En terme de capacité à gérer la dette au
Cameroun, les IBW91(*)
apprécient positivement les progrès importants faits par le pays
(matériel, logiciels appropriés de gestion de la dette, bonne
préparation des négociations, analyse et stratégie
interne, projections et simulations de divers scénarii de
réduction de la dette, formation permanente sur la dette).
Toutefois, elles attirent l'attention sur le maillon faible qu'est la gestion
de la dette intérieure, composante significative dans le processus de
redressement des finances publiques.
Pour améliorer et consolider la soutenabilité
de la dette des PPTE, l'urgence est au remodelage de la DSA dans un sens qui
prenne en compte l'essentiel des limites relevées et des recommandations
émises.
2ème PARTIE
DE LA THEORIE AUX MODELES D'EVALUATION
ALTERNATIFS
En marge de l'approche des IBW centrée sur la
soutenabilité de la dette extérieure, de nombreuses études
antérieures et postérieures à cette démarche ont
pignon sur rue. Tout en présentant des modèles
d'évaluation de la dette extérieure, nous avons également
accordé une place de choix à la dette intérieure.
Quant à la technique d'analyse de la
soutenabilité à long terme de la dette, les méthodes
comptable et actuarielle prospèrent. Elles sont
généralement basées sur la contrainte intertemporelle de
l'État qui exige que la dette actuelle de l'État soit
supportée par les excédents actualisés des soldes
primaires. Cette logique va également sous-tendre les propositions de
BLANCHARD et de la Debt Relief International en ce qui concerne
l'évaluation de la dette intérieure et les approches de COHEN,
FEVE et HENIN, LEACHMAN et FRANCIS, JAYME pour ce qui est de la dette
extérieure.
Une évaluation empirique va en définitive
permettre de valider ou d'invalider, au regard des résultats obtenus, la
justesse; la pertinence et l'efficacité de l'IPPTE et de formuler des
recommandations en matière de politique économique
CHAPITRE III
L'EVALUATION DE LA SOUTENABILITE
DE LA DETTE INTERIEURE
Bien longtemps avant que soit proposé la DSA par
le FMI dans le cadre de l'IPPTE, Il existait déjà une abondante
littérature à la fois divergente et complémentaire sur le
thème de la soutenabilité des déficits publics et de la
dette publique intérieure. Dans le cadre de ce chapitre nous
présenterons dans un premier temps quelques modèles
théoriques et empiriques représentatifs de la littérature
existante et dans un second temps, nous procéderons à une
évaluation empirique.
I - Présentation des modèles
théoriques
Une large majorité des modèles
développés prennent leur source dans la contrainte
budgétaire intertemporelle de l'Etat. En marge de cette optique
d'analyse, d'autres approches telles que les propositions d'indicateurs de
référence vont également prospérer.
A - L'approche par la contrainte intertemporelle de
l'État
L'Etat, comme tout agent économique, est soumis
à une contrainte budgétaire indiquant que toute dépense
publique doit être financée par l'impôt ou par l'emprunt (on
exclu à priori, la création monétaire ou seigneuriage).
L'importance de la contrainte budgétaire intertemporelle de
l'État parfois désignée « contrainte de
solvabilité » fut mise en évidence par K. WICKSELL en
1898, puis dans les années 50 par METZLER, PATINKIN et autres. Cette
contrainte est devenue aujourd'hui un thème central d'analyse à
la suite des travaux de D. et A. OTT92(*) (1965) et surtout de C. CHRIST93(*) (1968)
Algébriquement, la contrainte budgétaire de
l'Etat est formulée de la manière suivante :
Dt - Dt-1 = Gt -
Tt + rtDt-1
Dt = Gt - Tt + (1
+rt)Dt-1 (3.1)
Gt et T
désignent respectivement les dépenses publiques
hors charges d'intérêt (achats de biens et services +
paiements des transferts) et les recettes
publiques; Dt
est l'encours de la dette publique intérieure ;
rt est le taux d'intérêt
nominal apparent de la dette publique ; Gt -
Tt est le déficit primaire.
La condition de soutenabilité exige que la
dette actuelle de l'Etat soit supportée ou prise en charge par les
excédents actualisés des surplus primaires sur les
déficits primaires94(*). Cette contrainte de solvabilité
sera vérifiée grâce aux approches comptable (analyse qui
consiste à faire des simulations année après année)
et actuarielle (utilisation des tests économétriques de
stationnarité et de cointégration).
1- L'approche comptable95(*)
Partant de la contrainte budgétaire définie
précédemment, et en désignant par Bt
le déficit primaire i.e. le solde budgétaire hors
charges d'intérêts, on obtient la relation :
Dt = Bt + (1
+rt)Dt-1 avec Bt =
Gt - Tt
Cette expression s'écrit en rapportant au PIB courant
=
(3.2)
Or, si g désigne le taux de
croissance nominal de l'économie, Yt =
(1+rt)Yt-1 et donc,
=
(3.3)
On pose dt = ; bt =
Bt / Yt ; get =
Gt / Yt ; tt = Tt
/ Yt
où dt, bt, T,
G, et Yt sont
respectivement le taux d'endettement, le déficit budgétaire
courant, les recettes publiques, les dépenses publiques et le
PIB ; get et
tt sont les dépenses et les recettes
publiques rapportées au PIB.
Après cette réduction, on obtient la
relation de récurrence temporelle du taux d'endettement (dt)
par rapport au déficit budgétaire courant (bt)
suivante :
dt - dt-1 = bt + [
(rt- gt) / (1+gt) ] dt-1
(3.4)
La soutenabilité de la politique budgétaire
exigeant la stabilité de la dette publique, la condition requise en
régime permanant est que dt = dt-1 , ce qui
entraîne, compte tenu de la condition (3.4) et en supposant
rt = r ; gt = g ; (3.5)
L'équation (3.5) met en exergue la forte liaison qu'il
y a entre la dette publique et le déficit primaire. Le ratio
représente le rapport au PIB du solde budgétaire primaire
ou encore l'amplitude de l'accroissement des revenus et de la compression des
dépenses nécessaire ou requis chaque année pour stabiliser
le ratio de la dette. L'écart entre surplus primaire
stabilisé () et
surplus primaire courant (tt-get) est utilisé
comme un indicateur de soutenabilité.
On se retrouve avec deux cas possibles :
* Cas n°1
rt < gt Si la dette initiale rapportée
au PIB (do) est strictement positive, alors les deux conditions
suivantes doivent être remplies :
Ø rt < gt. Le
déficit primaire et le ratio de la dette rapporté au PIB
évoluent de manière stable. C'est la condition de
soutenabilité de la politique budgétaire. Celle-ci peut
être compatible avec des déficits primaires à condition de
ne pas dépasser le seuil estimé ;
Ø gt - tt = 0, en moyenne ou
sur toute la période. C'est la condition pour que le fardeau de
la dette soit finalement remboursé totalement.
Les deux conditions sont nécessaires et suffisantes
pour montrer que l'accroissement des recettes fiscales, la diminution des
dépenses publiques ou l'inflation peuvent permettre de rembourser la
dette.
* Cas n°2
rt > gt La dette est alors insoutenable. La
stabilité du taux d'endettement public (condition de
soutenabilité de la politique budgétaire) requiert la
réalisation d'un excédant du solde budgétaire primaire. A
long terme, le stock de la dette prend une valeur infinie indépendamment
du niveau de réalisation ou d'accumulation des déficits
budgétaires.
De l'analyse précédente, il vient que la
soutenabilité de la dette publique est essentiellement une question
intertemporelle. Chaque déficit actuel peut être soutenable s'il
est compatible à un surplus futur attendu.
2- L'approche actuarielle96(*)
Elle est mise en oeuvre en recourant aux tests de racine
unitaire et de cointégration. Pour rendre la dette soutenable, on va
partir de l'équation (3.1) de la contrainte intertemporelle des finances
de l'Etat qui devient :
dt = (1+t)dt-1 +
get - tt (3.6)
Il découle que dt = (1+rt)
(1+pt + gt)-1dt-1 + get
- tt
avec bt = get -
tt ; (1+rt)(1+pt+
gt)-1 = 1+rt -pt - gt ;
t =
rt - pt - gt qui est le taux
d'intérêt réel diminué du taux de croissance de
l'économie
La valeur de dt anticipée sur la
période va donner :
(3.7)
est le contrainte pour que la politique fiscale soit soutenable sur une
période.
Pour l'ensemble de la période, la contrainte
budgétaire est obtenue par récurrence.
(3.8)
où est le facteur ajusté d'actualisation variable de la croissance
du PIB réel (avec >0).
La condition nécessaire et suffisante de la
soutenabilité est que la valeur actualisée de l'espérance
du ratio dette sur PIB converge vers zéro lorsque s tend vers
l'infini. C'est la condition de transversalité qui s'exprime
ainsi :
(3.9)
Cette condition garantie au moins trois choses :
la
solvabilité de l'Etat ;
l'absence de tendance explosive suivie par la dette;
l'absence de jeu de PONZI (les emprunts nouveaux servent à payer les
intérêts du service de la dette).
Cette condition de transversalité montre que
l'insoutenabilité peut être inversée par l'importance des
surplus futurs actualisés et courants.
La valeur actualisée de la contrainte
budgétaire devient :
(3.10)
La plupart des tests empiriques de soutenabilité sont
appliqués sur des séries temporelles. Ils cherchent à
vérifier la condition de transversalité énoncée en
(3.9).
HAMILTON et FLAVIN97(*) (1986) sont parmi les premiers à
tester empiriquement le respect de la contrainte intertemporelle de l'Etat en
appliquant des tests de racine unitaire de DICKEY-FULLER et des tests de
FLOOD-GARBER généralisés de stationnarité et en
utilisant le taux d'intérêt réel comme facteur
d'actualisation de la dette et du surplus primaire du gouvernement
Américain. L'idée de base est de montrer que la dette est
soutenable à long terme lorsque le facteur d'actualisation est
stationnaire. Ils montrent grâce à cette
méthodologie que le solde budgétaire des États Unis de
1960 à 1984 est soutenable à long terme malgré les
déficits budgétaires récurrents. Ils ont examiné le
cas où le déficit primaire (get -
tt) est strictement exogène et t, une
constante. KREMERS98(*) (1988) conteste ce résultat en
montrant que leur régression ne comportait pas assez de retards pour
éliminer l'autocorrélation des résidus. TREHAN et
WALSH99(*) (1988)
étendent la méthode d'HAMILTON et FLAVIN en testant la relation
de cointégration entre les séries de la dette et du solde
primaire. Ils appliquent ces tests à la dette et au déficit
primaire des Etats -Unis de 1964 à 1984 et concluent à la non
soutenabilité de la politique budgétaire Américaine. Ces
tests sont fait sous l'hypothèse que les taux d'intérêts
réels sont constants. TREHAN et WALSH100(*) (1991)
élaborent une condition alternative (taux d'intérêts
variables) de validité de la contrainte budgétaire
intertemporelle qui conclut à la soutenabilité de la politique
budgétaire. Ils expliquent ces résultats contradictoires par le
fait que les taux d'intérêts constants pour actualiser le stock de
la dette engendrent une mauvaise approximation des données.
WILCOX101(*)
(1989) considère le déficit primaire toujours
exogène mais avec le taux de croissance de l'économie t variable. Il
utilise le taux d'intérêt ex-post pour actualiser la dette
publique à une période t. En appliquant ce test sur les
données Américaines de 1960 à 1984, il conclue à la
non stationnarité des séries de dettes actualisées.
KREMERS102(*)
(1989) ajoute la contrainte selon laquelle le surplus fiscal ne
pouvant pas être plus élevé que le PIB, la
stationnarité du ratio de la dette devient alors la condition
nécessaire et suffisante de la validité de la contrainte
budgétaire intertemporelle. UCTUM et WICKENS103(*) (1993) supposent
que t est une
variable stochastique et (get - tt) peut être
exogène ou endogène. Ils notent avec HENIN104(*) (1996) à
propos des tests de cointégration, que leur principal
intérêt réside dans le fait d'apporter une estimation du
coefficient de couverture des dépenses par les recettes. GREINER
et SEMMLER105(*)
(1999) ont testé la soutenabilité du ratio Dette
Publique / PIB de l'Allemagne après l'unification de 1995. Ils arrivent
à la conclusion selon laquelle cette nouvelle dette publique sur la
période 1955-1994 ne remplit pas les conditions pour garantir la
soutenabilité à long terme de la politique fiscale.
Dans une optique de simplification du développement de
la contrainte budgétaire, on va supposer t constant avec une
moyenne inconditionnelle. En faisant la différence première de
l'équation (3.8) et en utilisant l'équation (3.6), on
obtient :
(3.11)
où qui représente le total des dépenses publiques des
biens et services, du paiement des transferts et intérêts sur la
dette.
Si cette contrainte budgétaire intertemporelle est
satisfaite, alors le terme limite espéré en (3.11) est
égal à zéro pour que le surplus budgétaire courant
(tt - et) et la valeur actualisée
espérée des surplus futurs soient équivalentes au montant
requis pour le remboursement des intérêts et du principal de la
dette initiale. PAPADOPOULOS et SIDIRPOULOS106(*) (1999) démontrent que si les limites des deux
termes de droite de l'équation (3.11) sont égales à
zéro, alors, il existe une relation de cointégration. La
cointégration est une condition nécessaire pour que la contrainte
budgétaire intertemporelle soit valide. Supposons que
et+s et tt+s suivent une marche aléatoire avec
dérive. Ces variables suivent le processus ci après :
(3.12)
(3.13)
où sont des constantes et bruits blancs,
(3.11) devient :
(3.14)
Avec et
Etant donné que et
et tt sont
I(1) et les équations (3.13) et (3.14) impliquent la
stationnarité des termes de droite de l'équation (3.11), ceux de
gauche doivent aussi être stationnaires. La condition nécessaire
est que l'équation (3.14) soit stationnaire. Cela sera le cas si
et et tt
sont cointégrés. Si la relation de
cointégration existe, il faut que le vecteur de cointégration
soit (-1) pour les dépenses et (1) pour les recettes.
Cette régression par la cointégration va prendre la forme
suivante :
(3.15)
Formellement, si sont I(1),
l'hypothèse nulle est que sont
cointégrées et que = 1. Si l'hypothèse nulle n'est pas rejetée, alors la
dette publique est considérée comme soutenable.
HAKKIO et RUSH107(*) (1991) testent la contrainte de
solvabilité en se demandant si les dépenses (y compris les
paiements des intérêts sur la dette) sont
cointégrées avec les recettes publiques et concluent à la
non soutenabilité de la politique budgétaire Américaine.
Pour que la dette soit soutenable, il faut que le taux
d'intérêt apparent soit stationnaire.
D'après eux, la condition garantie aussi la
soutenabilité. ROCHA et BENDER108(*) (2000) pour leur part montrent que cette
condition n'est pas suffisante puisque si est inférieur à
1 et si l'endettement initial est positif, le ratio de la dette / PIB
va diverger vers l'infini et la dette par conséquent, deviendra non
soutenable. QUINTOS109(*) (1995) parle de
soutenabilité forte lorsque le coefficient de cointégration entre
deux variables est unitaire. Dans ce cas, la différence entre les
recettes et les dépenses est stationnaire et la condition de
transversalité est respectée. Par contre, s'il est compris entre
] 0, 1 [, il parle de soutenabilité faible. Dans ce cas, la série
des déficits n'est plus nécessairement stationnaire, cependant,
la condition de transversalité reste vérifiée.
B - L'approche par les indicateurs
Les démarches empruntées à BLANCHARD
(1990) et à la DRI (2001) peuvent être assimilées à
la méthode comptable en ce sens qu'elles permettent de calculer ou de
fixer un seuil théorique de soutenabilité de la dette
intérieure qu'on compare avec les seuils observés.
1- Les propositions de BLANCHARD110(*).
L'analyse des politiques nécessaires pour maintenir
stable le ratio courant de la dette commence par une définition
dynamique de la contrainte d'équilibre budgétaire habituelle
exprimée en pourcentage du PNB.
(3.16)
ge, h, t sont les rapports des dépenses, des
transferts, des impôts en termes réels au PNB réel ;
d et b sont les rapports de la dette réelle et du déficit
primaire au PNB réel ; est le taux de croissance du
PNB réel ex post (i-p, p étant le taux d'inflation).
Une politique budgétaire sera soutenable
lorsqu'elle permettra de ramener, à terme, un rapport de la dette au PNB
à son niveau initial (do). Pour ce faire, la
valeur actualisée du rapport des déficits primaires au PNB doit
être égal au rapport initial de la dette au PNB
précédé du signe moins. En d'autres termes, le
gouvernement qui a accumulé une dette, doit prévoir de
dégager à plus ou moins long terme, des excédents
primaires qui passent obligatoirement par l'augmentation des impôts ou la
réduction des programmes de dépenses et de transferts. Par
ailleurs, il faut que la différence entre le taux d'intérêt
et le taux de croissance soit positive.
Ils construisent trois indicateurs associés chacun
à un horizon temporel différent. Ces indicateurs sont
respectivement désignés sous le nom d'écart à court
terme, à moyen terme et à long terme.
Les indicateurs de court terme (indicateur de
l'écart primaire et indicateur de l'écart fiscal) sont
associés à un horizon très court (une
année).
L'indicateur de l'écart fiscal
(tax gap indicator) est le ratio de l'impôt permanent au
produit qui est nécessaire pour stabiliser le ratio de la
dette. Il montre de quel montant il faut accroître le
ratio fiscal pour assurer la soutenabilité de la dette. Le taux
d'imposition soutenable est égal à la valeur actualisée
des dépenses et transferts futurs prévus, majorée de la
différence entre le taux d'intérêt ex-ante (i) et le taux
de croissance multiplié par le rapport de la dette au PNB.
(3.17)
Si bien que l'indice de soutenabilité ou écart
à court terme devient = (3.18)
Si cet indicateur est positif, cela voudrait
dire que les recettes fiscales courantes sont insuffisantes pour stabiliser le
ratio de la dette pour un niveau donné de dépenses publiques.
Un écart - t > 0 aura des implications différentes suivant les
pays.
Ø Dans un pays où t est faible, il
témoigne de la nécessité d'une certaine correction
à un stade ultérieur.
Ø Lorsque t est élevé, il y a risque de
crise qui peut se traduire par des pressions en faveur de la
monétisation de la dette.
Dans la mesure où les risques liés à un
écart - t
> 0 augmentent en même temps que le niveau initial de (t),
l'utilisation d'un indice normalisé tel que semble être
appropriée dans la mesure où il indique la marge de manoeuvre
dont dispose le gouvernement sur le plan des recettes puisque le terme (1 - t)
correspond au volume des ressources que ce dernier peut encore mobiliser.
- L'indicateur de l'écart primaire
(primary gap indicator) ressort le déficit primaire permanant
nécessaire pour stabiliser le ratio de la dette.
(3.19)
L'indicateur de l'écart primaire est alors
(3.20)
Il indique le niveau de déficit primaire
nécessaire pour assurer la soutenabilité de la dette. Si cet
indicateur prend une valeur négative, cela signifie que le
déficit primaire est très élevé pour stabiliser le
ratio de la dette. La politique fiscale est par conséquent
insoutenable.
Ils ont aussi proposé un indicateur à moyen
terme de l'écart fiscal qui est la différence entre le ratio
fiscal courant et celui qui est nécessaire pour stabiliser le ratio de
la dette durant les cinq prochaines années (on fait
l'hypothèse d'un taux d'intérêt et un taux de croissance
constants). Il est obtenu par la formule suivante :
=
(3.21)
L'indicateur à moyen terme de l'écart fiscal
est alors :
(3.22)
L'interprétation de cet indicateur est semblable
à celle de l'indicateur de l'écart fiscal à la seule
différence qu'il requiert de faire des projections sur les
dépenses futures. Il indique le taux d'accroissement moyen sur
cinq années du ratio fiscal compatible avec une stabilité du
ratio de la dette en considérant une politique définie à
l'avance des dépenses courantes et futures.
L'écart à long terme est obtenu pour n
(nombre d'années) = 40. Les auteurs identifient le vieillissement
démographique la comme principale menace pour la soutenabilité
future des politiques budgétaires. L'accroissement prévisible du
nombre et de la proportion des personnes âgées va certainement
peser sur certaines dépenses publiques (les retraites, les soins de
santé).
Les indicateurs de soutenabilité de la
politique budgétaire proposés par BLANCHARD (1990) ont pour but
d'apprécier dans quelle mesure les pouvoirs publics peuvent maintenir
inchangés la fiscalité et les programmes de dépenses des
administrations sans devoir faire face à un alourdissement de la dette
publique. De cette analyse, il ressort que l'évaluation du
caractère plus ou moins soutenable de la politique budgétaire ne
doit pas être limitée au court terme mais se situer dans une
perspective plus ou moins lointaine.
2- Les propositions de la Debt Relief
International
Pour analyser la viabilité de la dette
intérieure, JOHNSON Alison111(*) (2001) propose les cinq ratios suivants :
Tableau n° 14 : Etalonnage comparatif en
matière de viabilité de la dette intérieure
N°
|
Ratios
|
Seuils en %
|
1
|
|
28 - 63
|
2
|
|
88 - 127
|
3
|
|
4,6 - 6,8
|
4
|
|
20 - 25
|
5
|
|
92 - 167
|
Source: Johnson
ALISON (2001), Key Issues for Analysing Domestic Debt
sustainability. Debt International LTD p.21
Ces ratios mesurent :
La
capacité du gouvernement à payer le service de la dette à
partir des ressources internes (premier ratio) ;
La
capacité de remboursement du gouvernement (second
ratio) ;
Le coût en intérêts de la dette
intérieure (troisième ratio) ;
Le
niveau d'endettement intérieur par rapport à l'activité
économique du pays. Cela suppose que l'intégralité du PIB
soit disponible pour le financement de la dette intérieure
(quatrième ratio) ;
Le
niveau d'endettement intérieur par rapport à la capacité
de remboursement du gouvernement. Il indique le nombre d'années de
recettes nécessaire au remboursement du montant intégral de la
dette (cinquième ratio).
A ce jour, il n'existe aucun système
d'étalonnage comparatif d'acceptation internationale permettant
d'évaluer la viabilité la dette intérieure. De l'analyse
préliminaire des données disponibles pour les PPTE, la
DRI a constaté que les pays dont les ratios de la dette se situent au
dessus ou près du niveau maximal des fourchettes décrites au
tableau ci-dessus ont déjà accumulé des
arriérés de paiements. En revanche, ceux dont les ratios de la
dette se situent en dessous ou près du niveau minimal du seuil ne
possèdent pas d'arriérés et leur dette peut être
considérée comme viable. Le fardeau de la dette intérieure
des pays dont le ratio se situe dans la fourchette indiquée est
potentiellement non viable.
Ces ratios sont tous statiques, i.e. qu'ils concernent une
période donnée. Il importe par conséquent d'examiner la
manière dont les ratios de la dette évoluent dans le temps.
L'analyse dynamique va alors indiquer si par exemple, le coût effectif
de l'emprunt intérieur est supérieur ou inférieur à
la croissance des recettes publiques. Cela met alors en évidence un
fardeau croissant ou décroissant du service de la dette.
II - L'évaluation empirique
Elle consiste principalement en l'appréhension et
en la vérification de l'existence ou non de la soutenabilité de
la dette intérieure du Cameroun au travers des outils statistiques
appropriés, ceci en vue de tirer des implications de politique
économique à partir des résultats obtenus.
A - L'analyse statistique
Pour évaluer empiriquement la soutenabilité de
la dette intérieure, nous allons à la fois utiliser des
simulations comptables (pour la mise en évidence des propositions de
BLANCHARD, de la DRI et de la contrainte intertemporelle de
l'Etat) et des tests et estimations. Pour mieux appréhender les
contours statistiques de notre travail, les variables suivantes ont
été indistinctement utilisées :
Le
produit intérieur brut (Y) ;
Le
produit national brut (N) ;
Le
stock de la dette intérieure (DI), en % du PIB
(DIY) et en % du PNB (DIN) ;
Le
service de la dette intérieure (SDI) ;
Les
dépenses publiques (G) en % du PIB
(GY) et en % du PNB (GN) ;
Les
recettes publiques (T) en % du PIB (TY) et en
% du PNB (TN) ;
Le
solde primaire (SP) en % du PIB (SPY) et en %
du PNB (SPN) ;
Les
dépenses totales (E) = Dépenses courantes
(G) + Transferts payés (TR) +
Intérêts payés sur la dette (IP), en % du
PIB (EY) et en % du PNB (EN) ;
Le taux
d'intérêt moyen sur la dette intérieure
(rin) ;
Le taux
de croissance du PIB (g) et du PNB (n).
La série complète de ces variables est
donnée en Annexe 6.
Du fait de la non disponibilité d'une série sur
les taux moyens de la dette intérieure ou sur les taux
d'intérêts rémunérant les titres d'Etat, nous avons
utilisé comme proxy, la série sur les taux
d'intérêts créditeurs des banques secondaires, proche en
moyenne du taux d'intérêt rémunérateur de la dette
structurée qui est de 7% l'an (CAA112(*) 2004).
1- La technique comptable
Elle consiste en des évaluations pas
à pas, année par année, et qui permet des simulations pour
le futur proche. Trois possibilités d'utilisation de cette technique
sont développées. Elle va successivement consister
à :
Déterminer le solde primaire soutenable qui est comparé
avec le solde primaire observé. La condition de soutenabilité
veut que le solde primaire observé exprimé en % du PIB soit
chaque année inférieur ou égal au ratio du solde
budgétaire soutenable ;
Calculer les écarts (primaire et fiscal)
nécessaires pour stabiliser le ratio de la dette. Un écart
primaire négatif signifie que la politique fiscale est insoutenable
pendant qu'un écart fiscal positif veut dire que, pour un niveau de
dépenses données, les recettes fiscales courantes sont
insuffisantes pour stabiliser le ratio de la dette ;
Evaluer la soutenabilité de la dette intérieure à travers
les ratios et les seuils proposés par la DRI.
En ce qui concerne le solde primaire soutenable
entre 1980 et 2004, il montre au premier degré que les
soldes budgétaires primaires ont été inférieurs
aux seuils critiques de soutenabilité en 1982, 1985 à 1994 et
2001. Ce premier critère montre
hâtivement que la politique budgétaire a été
soutenable durant ces années là. La seconde
contrainte mise en évidence pour rendre la dette
soutenable est l'exigence d'un taux de croissance de l'économie
supérieur au taux d'intérêt sur la dette. En dehors
des années 1981 à 1982, 1985, 1997 à 1998 et 2001, le
taux d'intérêt de la dette a toujours été
supérieur au taux de croissance du PIB. Dans cette situation, l'Etat
peut même systématiquement dégager des excédents
budgétaires primaires sans que leur montant ne permette de
contrebalancer la différence importante qui existe entre le taux
d'intérêt et le taux de croissance de l'économie.
La réalisation des déficits primaires n'est plus tolérable
dans la mesure où elle compromet la soutenabilité de la politique
budgétaire.
Tableau n °15 : La soutenabilité de la
politique budgétaire
Source
: Calculs effectués par nos soins sur les données à partir
du logiciel Excel 2003
Note : Les chiffres en gras permettent de repérer les
années pour lesquelles le déficit budgétaire est
soutenable
Par ailleurs, la troisième
contrainte gt - tt est < 0, en moyenne
sur toute la période. Cela montre que le fardeau de la dette pourra
être payé en totalité. De la prise en compte de ces trois
contraintes, il ressort que la politique budgétaire a été
effectivement soutenable en 1985.
Quant aux règles de soutenabilité
relatives à l'interprétation de l'écart primaire et de
l'écart fiscal à court terme de BLANCHARD, il se
dégage communément du tableau n°16 que la politique
budgétaire n'a été soutenable qu'en 1981 et 1985.
Tableau n° 16 : La soutenabilité de la
dette au sens de BLANCHARD
Source : Calculs effectués par nos soins sur les
données à partir du logiciel Excel 2003
Note : Les chiffres en gras permettent de repérer les
années pour lesquelles le déficit budgétaire est
soutenable
Pour ce qui est des indicateurs de la
DRI, la dette est viable lorsque le ratio est inférieur ou
égal au seuil minimal, potentiellement non viable lorsque la dette est
comprise dans la fourchette et structurellement non viable lorsqu'il est
supérieur ou égal au seuil maximal.
Tableau n° 17 : Indicateurs et seuils de
soutenabilité de la DRI
Source
: Calculs effectués par nos soins sur les données à
partir du logiciel Excel 2003
Note : Les chiffres en gras permettent de repérer les
années pour lesquelles le déficit budgétaire est
soutenable
Le service de la dette et les intérêts
payés rapportés aux recettes budgétaires internes
indiquent une viabilité systématique sur toute la période
pendant que le stock de la dette rapporté d'abord au PIB et ensuite aux
recettes budgétaires internes montrent pour le premier que la dette est
viable entre 1980 et 1987 et pour le second entre 1980 et 1991 et de 2001
à 2004.
2- La technique des tests et
estimations
Nous allons tour à tour procéder aux tests de
stationnarité sur les variables retenues pour ensuite vérifier
l'existence des relations de cointégration telles que
présentées dans la partie théorique, pour enfin confirmer
ou infirmer la soutenabilité de la dette. De la pléthore des
tests de stationnarité existants113(*) (Dickey Fuller,1979; Dickey Fuller
Augmenté, 1978, 1982; Phillips-Perron, 1988; Schwert, 1987; Kwiatkowski,
Phillips, Schmidt et Shin en abrégé KPSS, 1992; Perron,
1997 ...), nous utiliserons selon le nombre de retards, les trois
premiers. Le tableau ci après présente les résultats des
différents tests de stationnarité.
Tableau n° 18 : Tests de
stationnarité sur les variables
Source : Calculs effectués par nos soins sur
les données à partir du logiciel Eviews 4.0.
La cellule ombrée indique la non
significativité au seuil de 5%.
*Avec N pour None (
sans constante ni trend) ; I pour
Intercept (sans trend, mais avec constante).
La totalité des variables testées est
intégrée d'ordre 1. La condition de soutenabilité au sens
de HAMILTON et FLAVIN (stationnarité de la dette et du solde
primaire), KREMERS (stationnarité de la dette rapportée
au PIB), TREHAN ET WALSH (stationnarité de la dette et du solde
primaire) n'est pas respectée. Il existe encore une
possibilité de vérifier la soutenabilité, lorsque les
conditions de cointégration sont réunies, à travers la
recherche de relations de cointégration entre la dette et le solde
primaire (TREHAN ET WALSH, 1989) et entre les recettes et les dépenses
totales (HAKKIO et RUSH, 1991) énoncées en (3.15). Les
résultats obtenus par l'approche de ENGLE et GRANGER (1987)
sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 19 : Estimation de la relation de long
terme
Source : Calculs effectués par nos soins à
partir du logiciel Eviews 4,0
Les valeurs entre
parenthèses representent la significativité des coefficients
estimés
Les coefficients de détermination R2
(0,30 pour le premier modèle; 0,35 pour le second)
qui permet de tester la significativité globale des variables
explicatives est loin de 0,7 la valeur de référence. Les
variables explicatives ne jouent pas un rôle significatif sur
l'évolution des variables expliquées. La statistique de
Durbin Watson (DW) qui
permet de déceler la liaison des erreurs dans les procédures
d'estimation doit être proche de 2, Or, les relations
étudiées (0,32 pour le premier modèle; 0,74 pour le
second) indiquent un risque très élevé
d'autocorrélation des erreurs. Le t de Student qui
permet de tester la significativité des paramètres doit
être en valeur absolue supérieur à 2. Les résultats
trouvés indiquent la significativité des coefficients. A partir
du test de stationnarité sur le résidu, on rejette et on accepte
l'hypothèse d'une cointégration respectivement entre dette
intérieure et solde primaire et entre recettes et dépenses
totales. Pour valider cette présomption de soutenabilité entre
recettes et dépenses totales, on va étudier leur relation de
court terme. Le Modèle à Correction d'Erreur (MCE) obtenu par la
méthode de JOHANSEN, est donné par :
?TYt = - 0.4713 t-1 +
0.2341?TYt-1 + 0.3545?EYt-1
- 0.205234
(-3.22) (1.45)
(-1.53) (-0.558)
R2 ajusté = 0.31
Seul le coefficient de la force de rappel est significatif.
Au delà de cette expression du MCE, il va falloir interpréter
l'ensemble des résultats obtenus.
B- Analyse des résultats
Après avoir procédé à l'analyse
proprement empirique, il est actuellement question d'interpréter les
résultats obtenus pour dégager leur portée
opérationnelle sur le plan des politiques d'endettement.
1- Interprétations
La technique comptable laisse
apparaître des situations de soutenabilité. Le solde
budgétaire réalisé a été soutenable trois
fois avec la première approche, deux fois avec l'approche de BLANCHARD
(1990), huit fois avec le ratio stock de la dette sur PIB, seize fois avec le
ratio stock de la dette sur les recettes budgétaires et
systématiquement avec le service de la dette et les
intérêts payés rapportés aux recettes
budgétaires internes. L'étalonnage comparatif en matière
de la viabilité de la dette intérieure proposée par la DRI
(2001) n'est pas encore d'acceptation internationale. La faiblesse de
l'application de cette méthode dans le cadre de la dette Camerounaise
réside dans le fait qu'environ 35% de la dette est non
structurée et par conséquent sa visibilité et sa
lisibilité à court terme dans le service et les
intérêts sur la dette n'est pas apparente. Il vient une
sous-estimation de ces variables. Par ailleurs, l'absence de séries sur
les taux moyens de la dette et leur approximation par les taux
rémunérant les dépôts semble à bien des
égards ne pas refléter la tendance générale. Une
prise en compte des taux effectifs aurait probablement réduit les
situations de soutenabilité.
La méthode actuarielle est beaucoup
plus exigeante que la méthode comptable, puisque pour la mettre en
oeuvre en données annuelles, on a besoin de séries longues qui de
ce fait, prennent compte des exercices budgétaires qui ont
été très difficiles.
La soutenabilité de la dette basée sur les
critères de stationnarité de la dette et du surplus primaire
(HAMILTON et FLAVIN, 1986 ; TREHAN et WALSH, 1991) et de la dette
rapportée au PIB (KREMERS, 1989) n'est pas vérifiée.
On conclut donc que la dette intérieure du Cameroun n'est
pas soutenable d'après les modèles basés sur les tests de
racine unitaire.
Le Cameroun, n'a pas
dégagé de surplus primaires significatifs, en réponse
à la hausse de l'endettement public pour pouvoir payer suffisamment les
intérêts de ce dernier. Si le surplus primaire ne répond
pas positivement à un choc de la dette publique, celle-ci croîtra
à un taux d'intérêt supérieur au taux
d'actualisation et la condition de transversalité sera violée.
Donc, un jeu de PONZI n'est pas exclu. La hausse de la dette n'a pas
incité les pouvoirs publics à respecter la contrainte
budgétaire intertemporelle, condition de soutenabilité de la
politique budgétaire.
L'existence d'une relation de cointégration entre les
recettes et les dépenses totales ne permet pas de conclure que la dette
intérieure est soutenable. La condition proposée par HAKKIO et
RUSH (1991) n'est valable que sous les hypothèses de vecteur
cointégrant égal à [1, -1], de coefficient
â de valeur 1 et de stationnarité de la
série des taux d'intérêt de la dette. En recourant au test
de cointégration de JOHANSEN, nous trouvons un vecteur de
cointégration égal à [1, -1,52]. Dans l'expression de la
relation de long terme, la valeur de â est de
(-0,86). Le test effectué sur ce taux d'intérêt (Cf.
tableau n° 18) montre qu'il n'est pas stationnaire. Même en
supposant à la suite de HAKKIO et RUSH (1991) que la condition garantie aussi la
soutenabilité, il se trouve déjà que les autres
hypothèses ne sont pas vérifiées. On conclut
donc que la dette intérieure du Cameroun n'est pas soutenable
d'après les modèles utilisant les tests de
cointégration.
2- Implications de politique
économique
Pour BLANCHARD et al114(*) (1990), la notion de soutenabilité est
essentiellement une question de bonne gestion de la dette publique. Ainsi, un
bon indicateur de soutenabilité doit envoyer des signaux clairs et
d'interprétation facile lorsque la politique budgétaire
menée par les autorités entraîne une augmentation rapide de
la dette publique par rapport au PNB.
Le processus de viabilisation de la dette intérieure
passe par :
Un réexamen des dépenses publiques au profit des
dépenses porteuses de croissance (dépenses
d'éducation, de développement du système de santé,
de développement des infrastructures de communications et de
télécommunications déficientes,...) et au
détriment de certaines dépenses de fonctionnement. Des mesures
visant à réduire le train de vie de l'Etat (audit de la masse
salariale et des pensions, maîtrise de l'acquisition des véhicules
administratifs et des charges courantes de fonctionnement...), à
garantir la transparence dans les procédures de passation des
marchés publics et à surveiller la qualité de la
dépense publique doivent être renforcées et effectivement
appliquées ;
L'adoption d'une politique de gestion stratégique de la dette
structurée et non structurée en terme gestion
prévisionnelle des remboursements et des nouvelles dettes, de
capacité de négociation et de mobilisation, de composition, de
structure des taux, de conditions d'emprunt,... La dette
intérieure doit cesser d'être une dette subie, du fait du manque
de liquidité ou d'une situation d'insolvabilité pour être
un instrument au service de la politique économique ;
L'accroissement des ressources de l'Etat. En accumulant un
stock relativement important de la dette, le Cameroun doit prévoir de
dégager à plus ou moins long terme, des excédants
primaires qui passent obligatoirement par l'augmentation des impôts et/ou
la réduction des programmes de dépenses et de transferts.
L'augmentation des impôts n'est pas mécanique. Il va
déjà dépendre du niveau actuel de pression fiscale. Si
cette pression est faible, une augmentation est amplement opportune pour
corriger le déficit à un stade ultérieur. Si par contre,
le taux de pression fiscale est élevé, il y a risque de crise.
Sur la période de l'étude, le taux de pression fiscale
(obtenu en rapportant les recettes fiscales au PNB) est de 18,67% en
moyenne. Il a été, sur les cinq dernières années
(2000-2004) de 19,99% et de 18,8% en 2004. Ce niveau de
productivité fiscale, jugé faible par les IBW peut encore subir
de supportables réajustements à la hausse. En appliquant l'indice
normalisé , on se
rend compte que le gouvernement dispose sur le plan des recettes une marge de
manoeuvre sur l'année 2004 de 7% par rapport à sa politique
antérieure. Une politique fiscale efficace passe par la lutte contre
l'évasion fiscale et la recherche d'un meilleur rendement de
l'impôt ;
Un engagement ferme en faveur d'une croissance économique
vigoureuse. L'élément le plus inquiétant dans le
cas du Cameroun est la faiblesse de la croissance. Cette composante de la
dynamique de l'endettement est d'après GOLDSTEIN115(*) (2003), le principal levier
de la soutenabilité de la dette à moyen et à long terme.
Une politique budgétaire est soutenable lorsque le taux de croissance de
la dette () ne croit pas plus vite que le taux
d'intérêt (r), lequel doit être à
son tour inférieur au taux de croissance du PIB (g).
Malgré les conditions d'emprunt assez douces, les taux de croissance
sur la période de l'étude ne sont pas formidables. La
moyenne est de 2,69% avec une pointe en 1985 de 8,06%
et un creux en 1988 de -7,82%. Depuis le retour d'une croissance positive
aux lendemains de la dévaluation, la moyenne sur cette période
(1995 - 2004) est de 4,48%. Il n'a jamais atteint le cap de 6%. Or,
ë en moyenne est de 13% pendant que r est
égal à 6,53% (spécifiquement, le taux sur la
dette structurée des BTP actuelle est de 7%). La
soutenabilité actuarielle nette effective de la dette restera une
virtualité tant qu'on aura ë > r > g.
Bien que décroissant, le fardeau de la dette sur les
recettes publiques constituent encore un frein à
l'accélération du taux de croissance par tête, à la
réduction de la pauvreté et tend à détourner les
investissements directs étrangers.
CHAPITRE IV
L'EVALUATION DE LA SOUTENABILITE
DE LA DETTE EXTERIEURE
D'ores et déjà, il faut mentionner que la
plupart des bailleurs de fonds privilégient le déficit de la
balance de paiements comme cause de l'endettement. Cette raison justifie
amplement l'intérêt qu'ils accordent à la
soutenabilité de la dette extérieure. Sur toute la période
de l'étude, la dette extérieure représente respectivement
79% de la dette publique du Cameroun. Il est question dans ce chapitre
d'évaluer la soutenabilité de cette dette à travers des
approches différentes de la méthodologie utilisée par les
IBW.
I - Présentation des modèles
théoriques
La littérature en ce qui concerne l'analyse de la
soutenabilité de la dette extérieure foisonne. Nous avons choisi
de retenir celles des études qui se prêtent mieux à
l'analyse empirique. C'est ainsi que les approches comptable et actuarielle ont
été abordées.
A - La méthode comptable
Le modèle de COHEN et l'approche comptable de la
contrainte budgétaire extérieure vont servir d'étalon dans
cette optique d'analyse. Il s'agit de déterminer des seuils
théoriques qui seront rapprochés des seuils observés ou
calculés.
1- Le modèle de COHEN116(*) (1986)
David COHEN propose la balance courante non factorielle pour
évaluer la capacité de remboursement d'un pays.
L'hypothèse de base de ce modèle est que les entrées de
fonds viennent combler un des trois écarts possibles dans une
économie :
Le
déficit en devises étrangères qui est égal à
l'écart entre les importations et les exportations de biens et
services ;
La
différence entre l'investissement et l'épargne ;
Le
déficit du budget de l'Etat.
La formulation de son modèle tient compte du taux de
croissance de la richesse dans la détermination du taux de
solvabilité.
Considérons une économie où les
ressources sont égales à Qt et croissent à
un taux
Qt = (1+ )
Qt-1
La dette de cette économie est nulle
à l'instant t = 0, le taux d'intérêt sur le marché
financier étant rt , à chaque période, la dette
du débiteur suit la loi d'évolution donnée par :
Dt = (1+r) Dt-1 + Ct
+ Qt
(4.1)
Ct = consommation de la période t
Pour simplifier l'analyse, COHEN a proposé l'indice
de solvabilité suivant :
(4.2)
Cette formulation montre qu'à long terme, la dette
extérieure absorbe la totalité de la richesse du débiteur
qui n'a pas la possibilité de répudier sa dette.
Dans ses travaux empiriques, COHEN s'est penché sur la
détermination d'un coefficient (b) en pourcentage des
exportations qui permet le remboursement de la dette, ce coefficient est un
indicateur de solvabilité d'un débiteur et se présente par
la formule suivante :
(4.3)
(4.4)
Avec : et
= 5% constante ; = taux de croissance
des exportations ; rt = taux
d'intérêt sur les prêts ;
Do / Xo = ratio dette sur
exportations du pays a l'instant t = 0.
L'indicateur de solvabilité (b) dans le
modèle de COHEN est la fraction d'exportation qui doit être
nécessairement allouée au service de la dette extérieure
pour que le pays soit déclaré solvable.
A travers cet indice, COHEN a pu classer selon la valeur prise
par b, les pays en trois groupes :
b 6%,
le pays est parfaitement solvable ;
b le pays est peu
solvable ;
b le pays est insolvable.
Le modèle de COHEN a comme principal mérite
d'avoir délimité le seuil de solvabilité qui tienne compte
du niveau des exportations et du taux d'intérêt sur les
prêts.
2- L'approche par la contrainte intertemporelle
extérieure117(*)
Elle étudie la soutenabilité du déficit
extérieur appréhendé par le solde du compte courant ou la
balance commerciale d'un pays. Il faut toutefois souligner que les
méthodes d'analyse de la soutenabilité de la dette publique
intérieure développées au chapitre précédent
et celles de la dette externe sont analytiquement similaires. En effet, les
deux sont basés sur l'étude des restrictions portant sur la
contrainte budgétaire intertemporelle de l'Etat. De même qu'un
gouvernement ne peut emprunter indéfiniment sur le marché
intérieur pour financer son déficit budgétaire, il ne peut
non plus emprunter indéfiniment sur les marchés internationaux de
capitaux pour financer le déficit de la balance commerciale.
Considérons le processus suivant d'accumulation de la
dette du pays noté Dt.
D t + 1 = (1 + rt ) Dt
- S t + 1
(4.4)
ou
D t + 1 = (1 + rt ) Dt
+ Bt + 1
S t + 1, rt , Dt
, Bt sont respectivement le solde commercial ou
encore recettes nettes d'exportation, le taux d'intérêt nominal,
le stock de la dette en début de période et le déficit
fiscal primaire hors intérêts ou déficit extérieur
net.
Le solde commercial (- S t + 1)
représente avec le signe opposé i.e. (+ Bt+1
), le solde net hors intérêts du compte de capital. En
d'autres termes, si le compte courant présente un solde St+1
négatif, l'endettement du pays au cours de la période
augmente de la quantité (positive) alors qu'un excédent
va mécaniquement le réduire. Pour un processus donné, S
t + 1 et un taux d'intérêt nominal (r), la relation
(4.5) implique une dynamique cumulative et instable de la dette (i.e. un
effet boule de neige).
En divisant l'équation (4.5) par Yt+1 qui
représente le PIB,
=
-
Nous obtenons :
dt+1 = , (4.6)
Cette relation se réécrit en prenant en
compte le taux de croissance du PIB (g) avec g =
(Yt+1 - Yt) / Yt sous la
forme :
(4.7)
En faisant l'hypothèse de stabilité du ratio de
la dette (condition de soutenabilité de la dette
extérieure) dt+1 = dt , nous
obtenons alors :
ou
(4.8)
est
l'excédant extérieur net requis (soutenable) qui
représente l'excédant commercial compatible avec un ratio
stable de la dette dans le temps.
est le
déficit extérieur net requis (soutenable) qui représente
le solde du compte courant compatible avec un ratio stable de la dette dans
le temps.
La différence entre le déficit
extérieur net requis et le déficit extérieur net effectif
représente un écart dont le signe, s'il est positif, indique une
soutenabilité du déséquilibre externe alors que, s'il est
négatif, il indique que le déficit est insoutenable.
En résolvant récursivement par substitution
répétée vers l'avenir l'équation (4.7),
il en résulte :
do = E Sh+ E (4.9)
E = opérateur d'espérance
mathématique qui dénote que les valeurs futures des
variables sont anticipées rationnellement par les agents
économiques, conditionnellement à toute information disponible
à cette période.
La condition de solvabilité extérieure requiert,
que la condition de jeu à la PONZI soit rejetée de sorte
que :
E = 0 (4.10)
L'anticipation aujourd'hui de la valeur actualisée de
la dette future s'annule quand l'horizon j tend vers l'infini. Cette condition
de non jeu à la PONZI n'est importante que si le taux
d'intérêt sur la dette extérieure est supérieur au
taux de croissance de la production.
L'équation (4.9) devient :
do = E Sh (4.11)
La condition de transversalité implique alors que la
valeur actuelle des ressources futures espérées pour le
remboursement du service de la dette soit au moins égale à la
valeur nominale du stock initial (ou courant) de la dette. Elle
nécessite donc que le ratio de la dette par rapport au PIB soit
égal aux surplus extérieurs nets attendus ou mieux encore que la
dette extérieure actuelle soit couverte par l'excédant
anticipé de la valeur présente des surplus primaires sur les
déficits primaires.
Soit ,
le taux de croissance de la dette Dt, la condition de
soutenabilité actuarielle à long terme ( < r) implique la
croissance de la dette à un taux inférieur au taux de
l'intérêt.
En pratique, cette condition peut s'avérer insuffisante
quand le taux de l'intérêt est supérieur au taux de
croissance de l'économie (g), si la dette, et donc à long terme
la charge d'intérêt, croit à un taux tel qu'on a , la soutenabilité
actuarielle est satisfaite, mais la charge de la dette croit plus vite que les
ressources totales et finit par excéder les ressources.
B- La méthode actuarielle
Elle consiste à utiliser des tests de racine
unitaire et de cointégration pour évaluer la soutenabilité
de la dette. Les approches de FEVE et HENIN, LEACHMAN et FRANCIS, JAYME vont
servir de cadre à cette évaluation.
1- L'approche de P. FEVE et P.Y. HENIN118(*) (1998).
Ces auteurs proposent de passer de la soutenabilité
actuarielle à la soutenabilité effective nette en fondant
l'évaluation de la soutenabilité sur des tests de racine
unitaire. La variable normalisée de la dette doit suivre un processus
stationnaire en terme stochastique. Pour cela, le rapport de la dette au volume
des ressources permettant d'en assurer le service doit tendre à long
terme vers zéro.
(4.12)
Le volume des ressources ici est mesuré par le PNB
(Nt) ou encore les recettes brutes d'exportations Xt.
Supposons que les ratios de la dette, du solde commercial
(ou les recettes nettes d'exportations) et du compte courant
rapportés au PNB soient respectivement yt, xt et
zt. En terme de recettes nettes d'exportations et en prenant en
compte le taux de croissance, l'équation (4.12) d'accumulation
devient :
(4.13)
En terme de solde courant, elle s'écrit
(4.14)
L'on constate que les équations (4.13) et (4.14) qui
sont des identités comptables décrivent une dynamique
autorégressive dont la forme est :
(4.15)
Avec =
ou et La
soutenabilité nette, qui seule assure la stationnarité de la
dette sous contrainte exige non seulement la condition < 1, mais aussi la
stationnarité de la variable de solde .
La caractérisation des conditions de
soutenabilité effective nette ci-dessus fait donc apparaître
plusieurs hypothèses testables comme la stationnarité des ratios
de dette yt et de solde courant zt.
D'après FEVE et HENIN, les stratégies de tests
proposées par la théorie économique (DF, ADF, PP)
sont inefficaces sur de petits échantillons (moins de 25
observations). La dette résulte d'un processus d'accumulation des
chocs présentant une forte persistance. La conséquence est que la
racine trouvée est quasiment unitaire. Un test par la méthode
traditionnelle va se heurter à des problèmes de faible puissance.
A l'inverse et dans sa représentation moyenne mobile, le processus
zt peut comporter une racine négative d'importance non
négligeable. SCHWERT119(*) (1989) montre que les tests de racine unitaire dans
ces conditions sont sujets à une forte distorsion de taille. Pour toutes
ces raisons, FEVE et HENIN proposent une approche alternative appelée
Feedback Augmented Dickey Fuller (FADF) qui exploite l'information
apportée par les séries de dettes et les séries de solde
courant considérées conjointement. Leur approche consiste
à associer une équation d'accumulation de la dette et une
équation de réaction du solde courant. Dans cette
application, la dette extérieure et le solde du compte courant sont
alternativement normalisés par le PNB et par les recettes
d'exportations. Les équations auxiliaires associées à leur
test FADF assurent que le solde primaire réagit positivement en
présence d'un choc de dette.
Sur le plan empirique, ces auteurs ont procédé
à une évaluation économétrique de la
soutenabilité de la dette extérieure de 12 PVD (Argentine,
Brésil, Cote d'Ivoire, Inde, Indonésie, Corée du Sud,
Mexique, Nigeria, Philippines, Portugal, Thaïlande, Turquie). Ils ont
utilisé deux types de tests pour évaluer la contrainte qu'exerce
sur les politiques nationales l'existence de la soutenabilité de la
dette externe.
Les
tests univariés les conduisent à accepter l'hypothèse
nulle de racine unitaire pour la dette rapportée au PNB nominal. Cette
hypothèse est acceptée seulement pour la Côte d'Ivoire et
l'Inde lorsque la dette est rapportée aux exportations. La
soutenabilité effective de la dette extérieure pour ces tests est
alors globalement infirmée en terme de PIB et confirmée en terme
d'exportations.
Les
tests bivariés modifient les résultats lorsque le PIB est retenu
comme déflateur. L'hypothèse de stationnarité est
maintenant acceptée pour l'Argentine, l'Indonésie, la
Corée et le Mexique. En terme d'exportations, seule la dette
extérieure de la Cote d'Ivoire n'est pas soutenable. Les auteurs
reprochent à l'analyse univariée de rejeter trop souvent la
soutenabilité lorsqu'on teste le ratio d'endettement et de l'accepter
trop souvent lorsqu'on l'applique au solde extérieur ou courant. Selon
FEVE et HENIN, l'approche bivariée permet d'obtenir plus de
précision et de robustesse.
2- Les approches de LEACHMAN et FRANCIS (2000) et
de JAYME (2001)
Pour LEACHMAN et FRANCIS120(*) (2000), les tests de racine unitaire ne sont pas
appropriés pour analyser la soutenabilité de la dette
extérieure. La dette peut être soutenable même si le ratio
d'endettement contient une racine unitaire i.e. n'est pas stationnaire. Ils
proposent d'intégrer la dimension intertemporelle dans la dynamique
d'accumulation de la dette en testant l'existence d'une relation de
cointégration entre les exportations et la dette. Ils raisonnent
à partir de la balance de paiements.
(Xt - Mt ) - Ftn
+ dBt = 0
où Xt - Mt = Solde
commercial, Ftn = flux net des capitaux
étrangers, dBt = montant emprunté à
l'étranger à la date t (en proportion du PIB).
A la date t+1, la dette cumulée bt + 1 est
égale à Bt + (1 + r) dBt.
Tant que le taux d'intérêt sur la dette (r) est
inférieur au taux de croissance de la dette (ë), l'économie
peut importer plus qu'elle n'exporte, sa dette restera quand même
soutenable (c'est la condition de soutenabilité
actuarielle effective).
La première étape de leur raisonnement consiste
à tester l'existence d'un vecteur cointégrant entre les
importations et les exportations, après l'avoir identifié comme
un processus I (1).
La deuxième étape consiste à tester
l'existence d'une relation de cointégration entre les exportations et la
dette interne. Si la relation d'équilibre de long terme existe, alors
les auteurs concluent à la soutenabilité de la dette externe.
Comme le taux de croissance économique est supérieur
au taux d'intérêt nominal (r<g), LEACHMAN et FRANCIS
concluent alors que, malgré l'absence de relation de
cointégration entre les importations et les exportations, la dette
externe des USA continue d'être soutenable. Et pour que
cela puisse continuer, il est impératif de protéger la forte
croissance économique en favorisant la stabilité politique, la
solidité des marchés financiers, l'investissement dynamique et,
enfin l'expansion du secteur des exportations.
Dans le cas du Brésil, JAYME121(*) (2001) a utilisé
trois méthodes de tests de la soutenabilité de la dette :
Le test
de cointégration entre les exportations de biens et services, les
importations et les taux d'intérêt (modèle
1) ;
Le test de cointégration entre la balance commerciale et la dette
extérieure (modèle 2) ;
Le test
de stationnarité sur la valeur actualisée nette de la dette
extérieure (modèle 3).
Du fait de la disponibilité des données pour
leur vérification ultérieure, nous ne développerons ici
que les deux premiers modèles.
Le modèle 1 découle
des travaux de SAWADA122(*) (1994), WILCOX123(*) (1989) et HAMILTON et FLAVIN124(*) (1986)
Yt + (Dt - Dt-1) +
TR = At + rDt-1 + REt125(*) (4.18)
Yt = PIB ;
TR = transferts nets; A = capacité
d'absorption interne ; r = taux d'intérêt
nominal ; RE = variation des
réserves ; Dt = Dette extérieure
nette (dette extérieure brute - les réserves
internationales) ; Xt = exportation nominale
des biens et services ; Mt = Importation
nominale des biens et services.
Le coté gauche de (4.18) représente le
revenu global du pays pendant que le coté droit représente la
dépense globale.
En posant Xt - Mt = Yt -
At (4.19)
Dans cette relation, on peut tirer la balance commerciale
TBt = Xt - Mt = rDt-1
- (Dt - Dt-1) - TRt + REt
(4.20)
L'évolution de la dette extérieure sera
alors :
(Dt - Dt - 1) = rDt-1 -
(4.21)
Posons alors St = [TBt +
TRt - REt] , le surplus extérieur net
qui peut être utilisé pour faire face au service de la dette
extérieure.
En supposant que le taux d'intérêt
est stationnaire et en retranchant rDt-1 de
l'équation (4.21), on obtient :
Et + (1+r)Dt-1 = EXt
+ Dt (4.22)
où EXt = Xt+
TRt + REt-1; IMt =
Mt + REt; Et = IMt
+ (rt - r)Dt-1
En différenciant, on a
D = Et + (1+r) Dt-1 - EXt
(4.23)
La résolution de l'équation donne
MMt = EXt + avec MMt =
Mt + rDt-1 (4.24)
En considérant que MMt et EXt
suivent une marche aléatoire avec dérive i.e. que les deux
séries sont non stationnaires et avec tendance, on peut obtenir une
équation empiriquement testable de la forme
EXt = + â MMt + t (4.25)
Si MM et EX sont des processus non stationnaires,
l'hypothèse nulle à tester est que MM et EX sont
cointégrés et que â soit égal à 1. Par la
suite, MM et EX doivent être cointégrés afin de remplir la
condition nécessaire de soutenabilité. Après avoir
vérifié la stationnarité de MMt et
EXt , le test de JOHANSEN est utilisé pour estimer la
relation de cointégration.
Le modèle II part de la
notion de dette extérieure nette et de simples différentielles
pour offrir un instrument d'analyse de la soutenabilité.
Soit l'équation de base d = D / Y ;
D = le stock de la dette
extérieure ; Y = PNB
En dérivant, on obtient
= - avec (4.26)
Nous savons que CA = -B + r D
CA = déficit du compte
courant ; B = excédant du compte courant net des
paiements d'intérêts ; r = taux
d'intérêt payé sur les emprunts.
On tire = -B + r D
=
=
+ r - g ;
g est le taux de croissance de l'économie
=
(r - g) -
(4.27)
Si r = g, on aura = - et l'endettement
extérieur évolue parallèlement au PNB pendant que le
compte courant net d'intérêts est déficitaire
Si r g, la dette extérieure croît plus vite que le taux de
croissance du PNB. Le compte courant net d'intérêt ne peut
dégager un surplus suffisant pour amortir le stock de la dette. Le ratio
de la dette au PNB sera sur le sentier de la soutenabilité
lorsque :
= o.
si = 0,
alors, - = - (r - g)
Sachant que d = D / Y, on peut obtenir D / Y * B/D =
(r - g)d
d* = (4.28)
Si r g,
il n'est pas possible de dégager un déficit du compte courant
compatible avec le stock de la dette extérieure, les taux
d'intérêts étrangers et la croissance du PIB. d* > 0
est nécessairement l'excédant commercial.
Après avoir présenté quelques
modèles théoriques, nous allons passer à la phase
d'évaluation empirique de la soutenabilité de la dette
extérieure.
II - L'évaluation empirique
S'assurer de la soutenabilité ou non de la dette
extérieure à travers une analyse statistique est l'étape
préalable à la formulation des recommandations, susceptibles
d'aider les politiques en quête de réponses face aux
problèmes engendrés par un endettement excessif.
A - L'analyse statistique
Son importance est indéniable. Comme pour la dette
intérieure, cette analyse va s'articuler autour des techniques
d'évaluation comptables et des tests et estimations. Le premier outil va
permettre une appréciation de la soutenabilité à travers
le modèle de COHEN (1986) et la contrainte intertemporelle
extérieure. Le second outil va servir de base à l'application de
l'approche développée par LEACHMAN et FRANCIS (2000) et
par JAYME (2001). Une incursion dans le champ empirique exige le recours
à des variables bien précises préalablement
identifiées :
Le produit intérieur brut (Y) ;
Le
produit national brut (N) ;
Le
stock de la dette extérieure (DE), en % du PIB
(DEY) et en % du PNB (DEN) ;
Le
service de la dette intérieure (SDI) ;
Les
exportations (X) ;
Les
importations (M);
Le
solde commercial (SC);
Le
solde du compte courant (CA), en % des exportations
(CAY) ;
EX =
Exportations + transferts (TR) + les variations des
réserves de change (RE)
MM = Importations + intérêts payés sur la dette
(IDE)
Le taux
d'intérêt sur la dette extérieure
(rex)
Le taux de croissance du PIB (g), du PNB
(n) et des exportations ()
La série complète de ces variables est
donnée en Annexe 7.
1- La technique comptable
Elle va essentiellement être utilisée pour
vérifier la contrainte budgétaire extérieure et l'index de
solvabilité de COHEN.
Le déficit extérieur net requis est
alors rapproché du déficit extérieur net effectif pour
apprécier la soutenabilité ou non du déficit externe.
L'index de COHEN permet de juger le degré de
solvabilité extérieure du pays par comparaison du seuil
calculé avec le seuil théorique.
Nous allons successivement instrumentaliser ces approches pour
évaluer la soutenabilité de la dette extérieure du
Cameroun.
A
partir des résultats ci-après, D0 =5,70E+09;
X0 =2,40E+09; D0/X0 = 2,38E+02; = 0,05;
t = 0,83982123 ; t = 23,2980659,
on obtient un indice de solvabilité b = 5,94
Cet indice est défini comme la fraction
d'exportation d'un pays qui doit être nécessairement
allouée au service de la dette extérieure pour qu'il soit
déclaré solvable. Lorsque b est
inférieur à 6%, le pays au sens de COHEN est solvable. On peut
toutefois remarquer que b est très proche de la limite
supérieure de 6%. Cette proximité peut s'interpréter comme
une fragile soutenabilité pouvant au moindre événement
majeur basculer dans l'insoutenabilité.
Tableau n° 20 : Construction de l'index de
solvabilité de COHEN
Source : Calculs effectués par nos soins sur les
données à partir du logiciel Excel 2003
Sur la période d'étude, cette fragilité
peut aussi se justifier à l'analyse du ratio service de la dette sur
exportations dont le seuil fixé par l'IPPTE renforcée est de 15%.
Ce ratio a été soutenable seulement en 1980 (14.6%), en 2003
(13.02%) et en 2004 (10.08%). Il atteint même des plafonds de 36.7%
en 1998 et 41.3% en 1999.
L'objet de la méthode comptable est d'évaluer
les écarts. Si le signe entre le déficit
extérieur net requis et le déficit extérieur net effectif
est positif, alors le déséquilibre externe est
soutenable. Le tableau présenté ci-dessous montre
que d'après la condition du gap en % du PIB, le critère de non
soutenabilité est respecté pour seulement deux années,
à savoir 1995 et 1996 sur les vingt cinq étudiées.
Tableau n° 21 : La soutenabilité
comptable de la dette extérieure
Source :
Calculs effectués par nos soins sur les données à partir
du logiciel Excel 2003
Note : Les chiffres en gras permettent de repérer les
années pour lesquelles le déficit budgétaire est
soutenable
Avec la conjonction des deux critères
(déficit extérieur net requis supérieur au
déficit extérieur net, taux de croissance de l'économie
supérieur au taux d'intérêt sur la dette), la
soutenabilité de la dette n'est plus respectée que pour douze
années (1981 à 1983, 1985, 1997 à 2004).
2- La technique des tests et
estimations
La procédure suivie est la même que celle de
l'analyse de la dette intérieure.
Tableau n° 22 : Tests de stationnarité
sur les variables
Source : Calculs effectués par nos soins sur
les données à partir du logiciel Eviews 4.0.
*Avec N pour None (
sans constante ni trend) ; I pour
Intercept (sans trend, mais avec constante) ; T
pour Trend (avec trend et constante).
On va ainsi introduire par les tests de stationnarité
sur les principales variables des modèles retenues (FEVE et HENIN,
LEACHMAN et FRANCIS, JAYME).
Il ressort du tableau ci-dessus que le solde du compte
courant en % des exportations est la seule variable stationnaire. Au sens
même de FEVE et HENIN (1998), cette condition n'est pas suffisante pour
affirmer que la dette est soutenable dans la mesure où les ratios dettes
sur PIB, sur PNB ou sur les exportations ne sont pas aussi stationnaires en
niveau. Pour approfondir l'analyse, nous allons tester l'existence d'une
relation de cointégration entre EX et MM (modèle 2 de JAYME,
2001), entre les exportations et la dette extérieure (LEACHMAN
et FRANCIS, 2000) et entre la dette et le solde commercial
(modèle 1 de JAYME, 2001).
Tableau 23 : Estimation de la relation de long
terme
Source : Calculs effectués par nos soins à
partir du logiciel Eviews 4,0
Les valeurs entre
parenthèses representent la significativité des coefficients
estimés
Les résultats des deux premiers tests concluent
à la non existence d'une telle relation de cointégration entre
les variables. Les coefficients de détermination (R2)
et les paramètres ne sont pas significatifs, les coefficients sont
significativement nuls (probabilité > à 0,05), le
risque d'autocorrélation des erreurs est élevé et les
résidus ne sont pas stationnaires.
La recherche d'une relation de cointégration entre le
solde commercial et la dette extérieure empruntée à la
démarche de JAYME montre que malgré la non significativité
globale du modèle (R2 très loin de 0,7,
coefficient de probabilité égale à 0,88 significativement
nul, risque très élevé d'autocorrélation des
erreurs), le résidu est néanmoins stationnaire. Ce qui rend
la détermination du Modèle à Correction d'Erreur, à
travers la méthode de JOHANSEN, possible.
?SCt = - 0.7645 t-1 +
0.3320?SCt-1 - 0.1234?DEt-1
- 12212173
(-4.15) (1.89)
(2.35) (-0.21)
R2 ajusté = 0.48
Il va falloir maintenant analyser ces résultats afin
de les rendre opérationnels.
B - Analyse des résultats
L'interprétation des résultats va permettre
de dégager quelques suggestions en vue de créer des conditions
qui favorisent et entretiennent la soutenabilité de la dette à
long terme.
1- Interprétations
Les techniques comptables et des tests étalent une
fois de plus leurs divergences. Pendant que la première laisse
apparaître une tendance à la soutenabilité de la dette
extérieure, la seconde tranche sans réserve pour la non
soutenabilité. Globalement, l'approche comptable est donc plus optimiste
que l'approche par les tests. Il en découle des résultats de la
première approche que la soutenabilité de la dette
extérieure est la règle et la non soutenabilité,
l'exception. Toutefois, ce résultat comme dans le cas de la dette
intérieure est à nuancer lorsqu'on considère le second
critère qui est celui d'avoir un différentiel positif entre le
taux de croissance de l'économie (g) et le taux d'intérêt
moyen sur la dette (r). Ce différentiel est plutôt largement
négatif entre 1980 et 1996. Quand on observe également la
condition de soutenabilité actuarielle à long terme selon
laquelle le taux de croissance de la dette (ë doit être strictement
inférieur au taux d'intérêt moyen sur la dette, on se rend
à l'évidence que sur la période de l'étude, on a
ë = 6,96% r = 5,23% et g = 2,69%. Au lieu d'avoir ë < r < g, on
a plutôt ë > r > g qui est l'expression de la non
soutenabilité de la dette extérieure. En dépit du
degré élevé de concessionnalité de la dette, le
taux de croissance de l'économie reste très faible malgré
les retombées de la dévaluation, les gains des différents
rééchelonnements et les effets positifs des reformes
macroéconomiques entreprises durant la décennie 90. L'approche
par le déficit extérieur net soutenable montre encore et
clairement que la réalisation de la soutenabilité est largement
tributaire du taux de croissance de la richesse d'un pays.
D'après le tableau n° 22, toutes les variables,
à l'exception d'une, sont stationnaires en différence
première i.e. intégrées d'ordre un (condition
nécessaire de cointégration). Ce qui rend possible l'analyse
de la dynamique de long terme avec les modèles faisant appel aux
techniques de cointégration et aux modèles à correction
d'erreurs. Selon ENGLE et GRANGER (1981), deux séries sont
cointégrées lorsque leur combinaison linéaire est
stationnaire. Nous avons dans un premier temps adopté leur
démarche qui consiste à déterminer les relations de
cointégration existant dans un système par une méthode en
deux étapes. Dans la première, on régresse par les MCO les
variables en niveau et dans une seconde étape, l'on regarde si le
résidu est stationnaire pour conclure à l'existence d'une
relation de cointégration. Au vu des résultats obtenus, on
n'observe pas de relation de cointégration entre EX et MM et entre X et
DE. Au premier abord, il existe bien une relation de long terme et de court
terme entre le solde commercial et la dette extérieure. La relation de
court terme est stable avec une vitesse d'ajustement négative
matérialisant bien la force de rappel vers le niveau d'équilibre.
L'endettement extérieur du Cameroun serait en dernier ressort
soutenable si les variables SC et DE étaient cointégrées,
avec un vecteur cointégrant égal à (1, -1) et si la valeur
du paramètre â était égale à 1. Des calculs
effectués, le vecteur cointégrant et â sont respectivement
égaux à (1, -0,041) et (0,044). Il se trouve par
ailleurs que la condition supplémentaire de la validité globale
du modèle qui porte sur la stationnarité des taux
d'intérêts sur la dette n'est pas respectée. C'est
alors sans ambiguïté que l'on tire en définitive la
conclusion selon laquelle la dette extérieure, d'après la
succession des tests effectués (tests de
cointégration entre EX et MM, X et DE, SC et DE) et les
spécifications retenues (valeurs prises par le
vecteur de cointégration et par â, stationnarité
du taux d'intérêt), n`est pas
soutenable.
D'après l'approche actuarielle, seul un
critère de FEVE et HENIN (stationnarité du
compte courant rapporté aux exportations) est
vérifié. Tous les autres militent en faveur de la non
soutenabilité de la dette extérieure.
2- Implications de politique
économique
Pour réaliser un endettement supportable, le Cameroun
doit être capable :
D'affecter directement ses ressources supplémentaires vers des
emplois productifs. Une gestion parfaite de l'endettement passe alors
par l'investissement des fonds étrangers dans des projets productifs
générateurs de devises suffisantes pour permettre le transfert en
monnaie étrangère des intérêts et du capital
payé, les bénéfices directs de l'investissement
étant utilisé à l'accroissement de la production. Une
restructuration de l'allocation des ressources doit être faite en faveur
des secteurs tournés vers l'exportation ou vers la substitution
d'importations. L'endettement de croissance (affectée
à l'investissement productif) doit être
privilégiée au détriment d'un endettement de crise
(problèmes de balance de paiements, allègement de la
dette). A l'analyse de la structure d'utilisation de la
dette extérieure du Cameroun entre 1994 et 2002 (voir Annexe
n°8), il en ressort que 65% des fonds en moyenne sont des prêts
programmes (soutien budgétaire, aide balance de paiements,
ajustement structurel, rééchelonnement...) et 33% seulement
sont des prêts projets (agriculture, commerce extérieur,
éducation habitation, transport, télécommunications...).
L'endettement de crise est largement dominant. Structurellement,
l'affectation de la dette extérieure ne rassure pas quant à la
capacité future de mobilisation des ressources pour son
remboursement ;
De se protéger contre les effets des chocs exogènes
consécutifs à la détérioration des termes de
l'échange, à l'étroitesse de la base productive, à
la forte proportion de l'importation des biens et services de première
nécessité destinés à la consommation et à
l'investissement. La diversification de l'offre des produits
d'exportation est une solution contre cette vulnérabilité aux
chocs externes. Sur la période de l'étude, les trois premiers
produits d'exportation (pétrole, bois, cacao)
représentent 65% des exportations totales. Sur les dix dernières
années (1995-2004), cette proportion a été
ramenée à 56%. Le seul pétrole pour la période 1995
-2004 représente 38% du total des exportations totales.
L'urgence est à l'exploration et à l'exploitation des
possibilités et opportunités d'investissement pour lesquelles on
peut, à l'heure de la globalisation des économies, avoir de
véritables avantages compétitifs au moins dans la sous
région et au delà. Au moment où les
autorités publiques signalent une baisse du taux d'industrialisation et
de recul de la production nationale formelle, il y a matière à
méditer sur la réalité et la durabilité de la
soutenabilité acquise au forceps des hypothèses de croissance
très optimistes formulées par les IBW et sur les actions
concrètes à prendre pour inverser la tendance ;
D'assurer la prise en compte des changements structurels de
l'économie dans les méthodes de projection. Ainsi, la
modification de la répartition sectorielle de la production et du
commerce extérieur, la déforestation, les exportations de
matières premières non renouvelables, les flux migratoires, la
climatologie de même que la disponibilité des terres agricoles
sont des variables sur lesquelles il convient de s'appesantir aux fins
d'éventuels ajustements. Le bois qui est le 2ème
produit d'exportation est de régénération lente et longue.
Lé pétrole est une énergie non renouvelable Les
conséquences à terme de la déforestation et de
l'épuisement des stocks de pétrole sont énormes sur la
viabilité future du pays. Il en est de même des
épidémies telles que le SIDA dont l'impact négatif sur la
croissance est démontrée ;
De promouvoir et mobiliser de manière optimale l'épargne
locale. Une meilleure maîtrise des déterminants
quantitatifs et qualitatifs de l'épargne intérieure et un
système financier assaini et intégré pourront contribuer
à réduire la part de l'épargne informelle pour l'orienter
vers le processus productif créateur de richesse. Il faudrait par
ailleurs renforcer les capacités opérationnelles de la Douala
Stock Exchange afin qu'il devienne un marché financier actif,
crédible et bien organisé à même d'offrir la
flexibilité, la liquidité des actifs, la fongibilité des
titres de dette, les opportunités de placement, les financements longs
ainsi que la capacité de négocier les risques. A travers la
pratique de l'émission des obligations du Trésor, l'Etat pourra
à coup sûr contribuer à une mobilisation optimale de
l'épargne locale oisive. L'épargne intérieure a pour but
de financer immédiatement une partie des investissements difficilement
réalisables sur l'endettement extérieur, et à terme de le
réduire voire de supprimer le recours aux ressources extérieures.
La politique d'endettement devrait s'inscrire dans le cadre global des choix de
politique économique du débiteur. Il faut pour cela
évaluer le déficit financier (écart entre besoins
d'investissement et épargne locale) de manière à ce
que le volume de l'emprunt corresponde à la capacité d'absorption
de l'économie. Le recours à l'assistance étrangère
est d'après la théorie des écarts, une fonction
décroissante de la mobilisation de l'épargne locale ;
De maîtriser de manière quasi-exhaustive les sources de la
croissance économique. La condition de transversalité
contraint la dette à ne pas s'accroître plus rapidement que le
taux d'intérêt. KREMERS126(*) (1989) fait correspondre le niveau d'endettement
extérieur à la taille du surplus primaire des revenus fiscaux.
Selon lui, un pays ne peut lever plus de fonds à l'extérieur que
son économie n'est capable de générer des ressources
adéquates. Au jour d'aujourd'hui, cela ne fait l'ombre d'aucun doute que
la croissance de l'économie Camerounaise n'est pas suffisante pour
accélérer la sortie du cercle vicieux de l'endettement. En
matière de croissance, plusieurs théories et déterminants
sont proposés par nombre d'études. Les modèles
néoclassiques supposent que le facteur travail et le progrès
technique sont exogènes. La théorie de la croissance
endogène suggère d'introduire dans les projections, les
éléments jusque là négligés (recherche
et développement, accumulation du capital humain, développement
des infrastructures publiques, externalités positives des
investissements ...). D'après OJO et OSHIKOYA127(*) (1995), l'investissement
(+), la croissance de la population (+), la croissance des exportations (+) ou
(-), l'inflation (-), le taux de change réel (+) et la dette
extérieure (-) sont les principaux facteurs de croissance des pays
Africains. SAVVIDES128(*) (1995) montrent qu'en Afrique, le taux
d'investissement, la croissance de l'ouverture commerciale, le
développement financier et le degré de liberté politique
et économique ont un impact positif et significatif sur la croissance.
KOBOU G129(*). (2004)
montre pour sa part que la croissance économique au Cameroun est
essentiellement extensive, en ce sens qu'elle est fondamentalement tirée
par des facteurs. Pour un taux de croissance annuel moyen de 1,1% du PIB par
tête sur la période allant de1960 à 2000, le capital par
tête enregistre un taux de croissance moyen annuel de 1,6% alors que ce
taux est de 0,3% pour le capital humain et - 0,91% pour la productivité
globale des facteurs. Cette croissance est peu alimentée par les
fondamentaux de l'économie. Seuls les coefficients du PIB par tête
(-), du taux d'investissement (+), du taux d'investissement de replacement (-)
sont significatifs. Le niveau d'éducation semble ne pas avoir d'effet
sensible sur la croissance. Pour une meilleure impulsion de la croissance,
d'autres études complémentaires sont nécessaires. Elles
permettront de mieux spécifier les caractéristiques et les
déterminants de cette croissance économique ou des facteurs qui
améliorent la capacité de remboursement ou encore de
spécifier la façon dont les déterminants de la croissance
sont liés avec les caractéristiques et les causes du financement
extérieur créateur d'endettement.
En guise de conclusion à ce chapitre, nous partageons
avec GUNTER130(*)
(2003), l'idée selon laquelle la réalisation de la
soutenabilité de la dette à long terme est une tâche
à la fois complexe et permanente qui requiert une combinaison de
politiques macroéconomiques, structurelles, d'investissement ou de
gestion de la dette.
CONCLUSION GENERALE
La soutenabilité de la dette est intimement
liée à la capacité d'endettement ou encore à la
capacité de paiement. La présentation de quelques modèles
d'endettement a apporté un éclairage sur les approches plurielles
de la soutenabilité, tributaire aussi bien de l'objet et de
l'affectation que du poids et du niveau souhaitable de la dette.
Le modèle d'endettement croissance montre que le
niveau d'endettement est positivement corrélé avec le niveau
d'écart entre l'investissement et l'épargne intérieure.
AVRAMOVIC pour sa part pense que le processus d'endettement est à
l'image d'un cycle qui naît (recours massif aux ressources
extérieures), croît jusqu'au point culminant où il
amorce la phase de déclin et d'extinction (passage progressive de la
position de débiteur à celle de créditeur). Les
tenants de la théorie du fardeau virtuel de la dette quant à eux,
mettent en garde contre les conséquences négatives d'un
endettement excessif sur la croissance. La capacité de transfert
élargi est justement la limite au delà de laquelle tout nouvel
emprunt doit être considérée comme non remboursable.
Les analyses de la capacité optimale ou maximale
d'endettement vont enrichir la littérature sur la soutenabilité
de la dette qui prendra soit la forme des indicateurs, soit la forme des
modèles.
Dans l'approche par les
indicateurs, nous avons eu à parcourir la
méthodologie officielle des IBW, les propositions de BLANCHARD, de la
DRI et l'approche comptable de la contrainte budgétaire intertemporelle
de l'Etat. La dette dans cette perspective est insoutenable si l'un des ratios
calculés est supérieur aux seuils. En optant pour les ratios, la
soutenabilité devient tributaire du comportement des variables
macroéconomiques retenues pour mesurer le fardeau de la dette et pour
juger de la capacité de remboursement. L'IPPTE est parti du constat
selon lequel l'utilisation totale des mécanismes traditionnels de
rééchelonnement et d'annulation accompagnée de l'apport de
financement concessionnel et de la poursuite des politiques économiques
saines n'ont pas été suffisantes pour atteindre un niveau de
dette soutenable. L'approche par la contrainte budgétaire
intertemporelle de l'Etat indique que toute dépense publique doit
être financée par l'impôt ou par l'emprunt. Dans le cas de
la dette intérieure, la condition de soutenabilité veut que le
solde primaire observé, exprimé en pourcentage du PIB soit chaque
année inférieur ou égal au ratio budgétaire
soutenable. Quant à l'appréciation de la soutenabilité du
déficit externe, elle se fait par rapprochement entre le déficit
extérieur net requis et le déficit extérieur net
observé. Les propositions de BLANCHARD et de la DRI ont consisté
à déterminer respectivement les écarts nécessaires
(primaire et fiscal) pour stabiliser le ratio de la dette et les
ratios et seuils d'analyse de la viabilité de la dette
intérieure.
Dans l'approche par les
modèles, nous avons tour à tour
présenté des analyses de la soutenabilité de la dette
intérieure et extérieure utilisant les tests de racine unitaire
(HAMILTON et FLAVIN, 1986; KREMERS, 1988, 1989; FEVE et HENIN, 1998)
et de cointégration (TREHAN et WALSH, 1989, 1991; HAKKIO et RUSH,
1991; LEACHMAN et FRANCIS, 2000; JAYME, 2001) et le modèle
d'évaluation de la soutenabilité de COHEN (1986). Ce
dernier s'est penché sur la détermination d'un indicateur devant
mesurer la fraction d'exportation à allouer au service de la dette
extérieure et nécessaire à la solvabilité du
pays.
De nos différents tests empiriques, les
résultats suivants ont été obtenus :
Par rapport à la dette intérieure, le solde
budgétaire d'abord, a été soutenable en 1985, les
indicateurs fiscaux et primaires de BLANCHARD ont été ensuite
soutenables en 1981 et 1985 et les indicateurs de la DRI enfin, laissent
apparaître une soutenabilité systématique pour les ratios
service de la dette et intérêts payés, rapportés
chacun aux recettes budgétaires et une soutenabilité pour les
années 1980 à 1985 en ce qui concerne le rapport stock de la
dette au PIB, entre 1980 et 1991 et entre 2001 et 2004 en ce qui concerne le
ratio stock de la dette sur les recettes budgétaires. La
méthode comptable montre ainsi que la dette intérieure a
été moins soutenable avec les indicateurs et plus soutenable avec
les ratios de la DRI. La méthode actuarielle, qui s'applique à la
période de l'étude, conclut sans ambiguïté à
la non soutenabilité de la dette intérieure en considérant
à la fois les tests de racine unitaire sur les variables et les tests de
cointégration entre la dette intérieure et le solde primaire et
entre les recettes et les dépenses publiques ;
Quant à la dette extérieure, il se dégage
de l'index de solvabilité de COHEN et de la contrainte budgétaire
intertemporelle que la dette, malgré le caractère limite a
été néanmoins soutenable pour le premier et a
été soutenable sur quelques années (1981 à
1983, 1985, 1997 à 2004) pour le second. Les tests et estimations
sur les approches de FEVE et HENIN, LEACHMAN et FRANCIS, JAYME montrent que la
dette n'a été soutenable que pour le seul critère du solde
du compte courant rapporté aux exportations des premiers auteurs. Les
résultats des autres auteurs militent en faveur de la non
soutenabilité de la dette.
La mise en oeuvre des deux méthodes retenues
(technique comptable, technique des tests et estimations) a
montré de fortes différences au niveau des conclusions.
La première technique, généralement
retenue par les organisations internationales, donne des résultats plus
nuancés puisqu'elle travaille pas à pas, année par
année, en mesurant l'écart entre le
«réel» et le «souhaitable». Elle
permet de repérer les bonnes années des années difficiles
et fait ressortir ainsi les années au cours desquelles la
soutenabilité de la dette est vérifiée. Toutefois, les
effets de la plupart des mesures prises ne peuvent pas s'apprécier
seulement sur une année. Une action sur la structure de production en
vue d'assurer la diversification des produits d'exportation, des mesures en vue
de stimuler la croissance ne produisent des résultats tangibles ou
perceptibles qu'à moyen terme au moins. La seconde
technique, en comblant cette lacune semble plus exigeante. Sa mise en
oeuvre nécessite de longues séries d'observations et prend en
compte les grands bouleversements internes et externes, les séries de
chocs qui ont marqué soit les choix et changements de politiques
économiques, soit les processus de libéralisation et de
privatisation dans lesquels le pays s'est engagé. Il n'est pas alors
étonnant que cette technique débouche régulièrement
sur un constat de non soutenabilité.
Nos résultats ne s'éloignent pas de ceux de la
DSA du FMI en ce qui concerne le constat de non soutenabilité de la
dette. La divergence fondamentale réside dans les choix
méthodologiques et dans le périmètre de la dette
analysée. Le principal apport de notre étude est d'étendre
l'évaluation de la soutenabilité à la dette
intérieure ignorée par les IBW même si par la suite
ils131(*) ont
approuvé l'intégration de la dette intérieure dans
l'analyse de la soutenabilité sans toutefois proposer de
seuils132(*). La DSA
consacre la technique comptable lorsque notre étude démontre que
la technique des tests et estimations est plus rigoureuse et plus fiable. La
technique comptable, et par voie de conséquence la DSA, du fait de ses
nombreuses limites, ne permettent pas de garantir la soutenabilité de la
dette à moyen et long terme. La DSA et l'IPPTE se distinguent
ainsi par son incapacité à :
Prendre en compte des changements et mutations structurels de l'économie
dans les méthodes de projection (faiblesse des politiques
et des institutions, mal gouvernance, facteurs politiques, ...) ;
Assurer la permanence des résultats trouvés. Une
dette soutenable une année, peut ne pas l'être l'année
suivante du fait de l'addition des chocs qui peuvent affecter très
sensiblement la capacité de paiement ;
Fournir des outils fiables de prévisions de la
soutenabilité. La volatilité, le caractère
optimiste des taux de croissance retenus dans les projections et l'importance
des suppositions et conditions préalables ont été
critiqués. Il est très facile de manipuler des
hypothèses de projection pour faire apparaître des situations
artificielles de soutenabilité. De même, la non
application intégrale des termes de Naples par tous les
créanciers, le non respect des engagements liés à la
constitution du fonds de financement de la réduction de la dette, la
perte possible de points de croissance imputable à la pandémie du
SIDA (6 à 8% de taux de prévalence au Cameroun), les
impondérables de l'environnement économique, politique et
judiciaire peuvent entretenir l'insoutenabilité de la dette ;
Offrir une protection contre les chocs exogènes. La
mesure des estimations des coûts et de l'assistance en VAN est elle
même sujette à une forte volatilité du fait de la
variabilité des taux CIRR à court terme. Une augmentation d'un
point des taux d'intérêts internationaux réduit de l'ordre
de 16% le montant des allègements. Les conditions d'endettement
même et la capacité de remboursement des Etats sont pour une
grande part influencé par des évènements
extérieurs. Dans un monde globalisé où l'Afrique et par
extension le Cameroun ne représente qu'une portion congrue du commerce
international, il est illusoire, du moins à court terme, pour ces
économies fragiles, de prétendre se protéger durablement
contre ces transmissions conjoncturelles. Il serait encore plus réaliste
de d'intégrer les effets négatifs maximums de ces contraintes
extérieures dans le scénario à retenir pour mesurer les
allègements ;
Faire l'unanimité dans la détermination des seuils
relatifs aux ratios d'endettement. Pour la VAN de la dette / recettes
publiques par exemple, pendant que l'IPPTE recommande un seuil inférieur
à 250%, HJERTHOLM (1999), COHEN (2001), MATTHEW (1999), VAUGEOIS (1999),
JOHNSON (2000) trouvent respectivement 280%, 230%, 155% et 155%, 150% (Cf.
tableau n°8). Il y a risque de justification théorique des
manipulations ;
Restaurer la confiance dans les PPTE. GUNTER (2001) constate
que les flux de capitaux à destination des pays non PPTE, a, depuis
l'adoption de l'initiative PPTE augmenté pendant qu'on note une tendance
à la baisse des IDE, des dons, des décaissements de prêts
concessionnels et des APD en direction des PPTE. La soutenabilité de la
dette dans l'optique du FMI ne va pas durablement freiner cette tendance.
L'une des recommandations des IBW est relative au
caractère exclusivement concessionnel des nouveaux engagements des PPTE
donc le Cameroun. Au delà de ses avantages certains, il se pose
à notre avis un réel problème de stratégie de
développement à long terme. Les mesures ponctuelles de gestion de
la crise d'endettement ne doivent pas occulter les critères
caractéristiques de l'émergence des économies fortes et
expansives. La création des industries performantes à
l'exportation, le développement des infrastructures d'accompagnement et
des pôles de compétitivité, de l'excellence technologique
et technique, l'existence d'un système financier articulé,
dynamique et porteur de croissance, l'investissement en capital humain et
l'appropriation du savoir scientifique, l'inversion systématique du
statut actuel d'exportateur de produits primaires au profit de la
spécialisation dans les produits à valeur ajoutée, la
capacité d'opérer des transformations structurelles,
institutionnelles adaptée à l'environnement international, toutes
ces mutations ne peuvent être possible que dans un contexte de libre
accès aux marchés internationaux de capitaux et de flux
financiers importants. Le problème aujourd'hui n'est pas la
réduction de la dette ou de son caractère concessionnel ou pas.
Il se situe dans la connaissance de la capacité d'endettement, de son
affectation productive et surtout dans l'existence de bonnes politiques. Allant
dans le même sens, RAFFINOT133(*) (2004) pense même qu' avec des taux
d'intérêts nuls, le problème d'insolvabilité des
PPTE persisterait dans la mesure où les financements à des
conditions douces, assorties d'annulations et de remboursements
étalés sur des générations génèrent
des illusions et incitent à un endettement irresponsable.
CUDDINGTON134(*) (1997)
propose de séparer la dette concessionnelle et de dons (qui peuvent
être considérés comme une dette concessionnelle à un
taux de - 100%), de dette non concessionnelle au taux du marché.
L'IPPTE, au delà de l'objectif de
soutenabilité de la dette doit, pour contribuer effectivement à
la réduction de la pauvreté et pour promouvoir une croissance
soutenue et durable, s'incruster dans Objectifs de Développement du
Millénaire (ODM) adoptés en septembre 2000, lors du
sommet du millénaire qui s'est tenu à New York sous
l'égide des Nations Unis et soutenus par les IBW, l'OCDE, le G7 et le
G20. La présentation des huit objectifs et son application au Cameroun
sont décrites en Annexe n°9. Pour financer ces ODM dont
l'horizon est fixé en 2015, Il faut au moins 30 à 50 milliards de
$135(*) i.e. qu'il faut
simplement doubler l'APD actuelle. Même en mettant en oeuvre la
gouvernance économique et des programmes sectoriels prescrits,
l'insuffisance des ressources d'aides allouées aux PPTE par les pays
riches reste, comme nous l'avons montré ci haut, l'une des principales
préoccupations. Même après l'atteinte du point
d'achèvement, le risque pour le Cameroun de se retrouver en 2015 sans
réaliser significativement les ODM est élevé.
En complément aux observations et analyses critiques
faites et à l'objectif de consolider la croissance et surtout de rendre
la dette soutenable à long terme, nous restituons synthétiquement
ici les recommandations formulées à la suite des résultats
auxquels nous sommes parvenus :
Conduire des reformes décisives et des politiques volontaristes
en matière de performance économique, de renforcement des
capacités institutionnelles, de solidité des marchés et du
système financiers et de régulation efficiente de
l'Etat ;
Créer des conditions pour une soutenabilité durable.
Pour ce faire, l'impact macroéconomique du processus d'allègement
de la dette sur la croissance doit pouvoir aller nettement au delà des
1% actuel ;
Réexaminer les dépenses publiques au profit des
dépenses porteuses de croissance. L'endettement de
croissance doit être privilégié au
détriment d'un endettement de crise ;
Adopter une politique de gestion stratégique et
prévisionnelle de la dette intérieure qui doit cesser
d'être une dette subie du fait du manque de liquidité, pour
être un instrument au service de la politique économique
;
Promouvoir l'investissement et mobiliser de façon optimale
l'épargne locale ;
Mener une large investigation sur les sources de la croissance au Cameroun afin
de pouvoir agir significativement sur le principal maillon faible des
déterminants de la soutenabilité ;
Accroître de manière conséquente les ressources de
l'État.
En raison des orientations méthodologiques, de la
non disponibilité de la série sur le taux d'intérêt
moyen annuel et de la rareté de la littérature relative à
la spécification théorique des critères et seuils
d'appréciation de la soutenabilité de la dette
appréhendée globalement (intérieure + extérieure,
publique + privée), nous n'avons pas abordé dans ce
travail l'analyse spécifique de la totalité de la dette.
La capacité de remboursement ou la solvabilité d'un pays
ne peut être mesurée que par rapport à l'ensemble de ses
engagements. Ainsi, les dettes extérieure et intérieure
analysées séparément peuvent être soutenables sans
que leur somme ne le soit. Ce cas de figure est possible lorsqu'il y
a manifestation du phénomène appelé effet de
ciseaux. Du moment où la plupart des ratios de
soutenabilité se rapporte aux recettes publiques et en prenant en compte
le fait que ces mêmes recettes doivent permettre à la fois
d'assurer les services de l'ensemble de la dette et de financer entre autre
l'éducation, la santé, les infrastructures, les investissements
productifs, la lutte contre la pauvreté..., il peut arriver que les
dépenses des échéances de la dette extérieure
relèguent au second plan celles de la dette intérieure,
alourdissant ainsi son fardeau et compromettant en dernier ressort la
soutenabilité de l'ensemble de la dette et par ricochet des finances
publiques. D'où la nécessité d'explorer cette
nouvelle piste de recherche à l'objectif de compléter notre
étude sur la soutenabilité de la dette et par extension, de
parvenir à la soutenabilité de la politique budgétaire au
Cameroun.
En définitive, l'initiative PPTE ne permettra
pas d'assurer la soutenabilité de la dette à moyen et à
long terme, ni les conditions de développement des pays
bénéficiaires, sauf à la transformer en mécanisme
de restructuration permanente. Notre étude, sans
fondamentalement remettre en cause l'utilité de l'IPPTE, a permis
d'entrevoir des solutions complémentaires pour une soutenabilité
à long terme de la dette publique (intérieure et
extérieure).
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YAPO Léonce (2001), Les
déterminants de l'endettement extérieur des PPTE : Cas de la
Côte d'Ivoire,
WIDER- Conférence sur l'allègement de la
dette de Helsinki, 35p.
AnnexeS
I - Dette extérieure par catégorie
de créanciers et par créancier
(en millions de dollars US, sauf indication
contraire)
Source
: CAA, 2005
II Évolution de la Dette publique
du Cameroun (montant en millions de $)
Source : CAA, 2005
III Flux nets et transferts nets, 1994 -2002 (en
millions de dollars us, sauf indication contraire)
Source : CAA, 2005
IV Structure des échéances de la
dette extérieure (en millions de dollars us, sauf indication
contraire)
Source : CAA, 2005
V Structure de la dette intérieure
(Montant en millions de FCFA)
Source : FAMBON (2002) / IMF (2005), Cameroon, October,
p.79
Composition de la dette
structurée : La dette bancaire (dette des
entreprises privatisées, liquidées ou en cours de privatisation
vis à vis du système bancaire, reprises par l'Etat), dette
des bâtiments et travaux publics, dette commerciale auditée et
validée, dettes consolidées BEAC (dette des entreprises
restructurées, privatisées ou liquidées vis à vis
de la BEAC, reprise par l'Etat dans le cadre des contrats de
performances), les tirages BEAC (avances statutaires au Trésor
public), la dette liée à l'investissement et la dette
titrisée (bancaire, des compagnies d'assurance, commerciale ou des
BTP) qui est la dette transformée en obligations de trésor
négociables sur le marché financier.
Composition de la dette non
structurée : la dette commerciale, les
créances des fournisseurs et prestataires de l'Etat, Le dette INTELCAM,
le dette SNEC, les dettes relatifs au gel des salaires, les
arriérés de salaires du personnel de l'Etat des mois de septembre
et d'octobre 1993, les indemnisations, expropriation, dommages et
intérêts, les bons SNI, les dépôts et consignations,
la dette hospitalière, les dégrèvements et les loyers
r
VI Variables utilisées pour l'analyse
de la soutenabilité de la dette intérieure
Source : Cameroon data, CAA, , BM
VII Variables utilisées pour
l'analyse de la soutenabilité de la dette extérieure
Source : Cameroon
data, CAA, , BM
VIII Répartition de la
dette par type d'utilisation des fonds
(en millions de dollars us, sauf indication
contraire)
Source : CAA, 2005
IX Le Cameroun et les Objectifs de
Développement du Millénaire
N°
|
Objectifs / Cibles
|
Indicateurs
|
1990
|
1995
|
2001
|
2003
|
Objectif 2015
|
1
|
- Réduction de l'extrême
pauvreté et de la faim
Cible 1 : Réduire de moitié
entre 1990 et 2015 la proportion dont le niveau est inférieur à
un dollar par jour ou qui souffre de la faim
|
. Proportion de la population ayant moins d'un dollar
par jour
|
|
|
17.1
|
|
|
. Indice d'écart de la pauvreté
|
|
|
4.1
|
|
|
. Part du cinquième le plus pauvre de la
population
|
|
|
5.6
|
|
|
Cible 2 : Réduire de moitié entre 1990 et 2015
la proportion de la population qui souffre de la faim
|
- Pourcentage d'enfants de moins de 5 ans
présentant une insuffisance pondérale
|
13,6
|
|
22,2
|
|
|
. Proportion de la population n'atteignant pas le
niveau calorifique
|
15.1
|
|
|
|
7.6
|
2
|
- Assurer l'éducation primaire pour
tous
Cible 3 : Donner à
tous les enfants les moyens d'achever un cycle d'études
primaire
|
. Taux nette de scolarisation dans le
primaire.
|
|
|
|
|
|
. Proportion d'écoliers commençant la
1ère année d'études dans l'enseignement
primaire et achevant la 5ème
|
|
|
61.9
|
|
|
. Taux d'alphabétisation de 15 à 24
ans
|
81.1
|
86.2
|
90
|
|
|
3
|
- Promouvoir l'égalité des sexes pour
tous
Cible 4 : Eliminer les
disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et
secondaires d'ici à 2005 si possible à tous les niveaux de
l'enseignement en 2015 au plus tard
|
. Rapport fille/garçon à
l'école
|
82.5
|
84.4
|
85
|
84.9
|
100
|
. Taux d'alphabétisation des femmes de 15
à 24 ans par rapport aux hommes
|
87.9
|
92.5
|
95.7
|
|
|
. Pourcentage des femmes salariées dans le
secteur non agricole
|
|
12
|
|
9
|
|
. Proportion des sièges occupés par des
femmes au parlement national
|
|
|
|
|
|
4
|
- Réduire la mortalité infantile de
2/3
Cible 5 : Réduire de
2/3 le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans
|
.Taux de mortalité des enfants de moins de 5
ans
|
139
|
156
|
166
|
166
|
46.3
|
. Taux de mortalité infantile
|
85
|
92
|
95
|
95
|
28.3
|
. Proportion d'enfants de 1 an vaccinés contre
la rougeole
|
56
|
46
|
62
|
61
|
18.6
|
5
|
- Améliorer la santé maternelle et
réduire de ¾ le taux de mortalité
maternelle
Cible 6 : Réduire de
¾ le taux de mortalité maternelle
|
. Taux de mortalité
maternelle
|
|
|
730
|
|
|
. Proportion d'accouchements assistés par du
personnel qualifié
|
58.4
|
|
60
|
|
14.6
|
6
|
- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose et
d'autres maladies
Cible 7 : Avoir
stoppé d'ici 2015 la propagation du VIH/SIDA et commencer à
inverser la tendance actuelle
|
. Taux de prévalence du VIH parmi les femmes
enceintes âgées de 15 à 24 ans
|
|
|
12.7
|
|
|
. Taux d'utilisation de la
contraception
|
|
|
145
|
180.5
|
|
. Nombre d'enfants orphelins du SIDA
|
|
|
|
|
|
Cible 8 : Avoir
maîtrisé le Paludisme et d'autres grandes maladies et
commencé à inverser la tendance actuelle
|
. Taux de prévalence du paludisme et taux de
mortalité lié à cette maladie
|
|
|
|
|
|
. Proportion de la population vivant dans les zones
à risque et qui utilisent des moyens de protection et des traitements
contre le paludisme
|
|
|
|
|
|
. Taux de prévalence de la tuberculose et taux
de mortalité lié à cette maladie
|
|
2
|
16
|
86.4
|
|
. Proportion de cas de tuberculose
détectés et soignés
|
|
|
|
|
|
7
|
- Assurer un environnement durable
Cible 9 : Intégrer les principes de
développement durable dans les politiques nationales
|
. Proportion des zones
forestières
|
56
|
|
51.3
|
|
|
. Superficie des terres protégées pour
préserver la biodiversité
|
|
4.5
|
4.5
|
4.5
|
|
. PIB par unité d'énergie
consommée.
|
3.9
|
3.7
|
4.7
|
4.7
|
|
. Emission de dioxyde de carbone par
habitant
|
0.1
|
0.3
|
0.4
|
|
|
Cible 10 : Réduire de moitié
le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon
durable à un approvisionnement en eau et en boisson salubre.
|
. Proportion de la population ayant accès
à une source d'eau meilleure
|
51
|
|
58
|
|
43
|
Cible 11: Réussir d'ici 2020, à
améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions d'habitants de
taudis
|
. Proportion de la population ayant accès
à un meilleur système d'assainissement
|
77
|
|
79
|
63
|
|
. Proportion de la population ayant accès
à à la sécurité d'occupation des
logements
|
|
|
|
|
|
8
|
- Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement
Cible 12 : Poursuivre la mise en place d'un
système commercial et financier multilatéral ouvert fondée
sur les règles prévisibles et non discriminatoires
|
. APD nette, en pourcentage du PNB des pays donateurs
membres de l'OCDE (0.7 au total et 0.15 pour les PMA)
|
|
|
|
|
|
. Proportion de l'APD consacrée aux services
sociaux de base
|
|
|
|
|
|
Cible 13 : S'attaquer aux besoins
particuliers des PMA
|
. Proportion de l'APD qui est
déliée
|
|
|
|
|
|
. Proportion de l'APD consacrée à
l'environnement dans les petits états insulaires en
développement
|
|
|
|
|
|
. Proportion de l'APD consacrée au secteur des
transports dans les pays sans littoral
|
|
|
|
|
|
. Proportion des exportations admises en franchise de
droits et hors contingents
|
|
|
|
|
|
. Taux moyen de droits et contingents
appliqués aux produits agricoles textiles, et
vêtements
|
|
|
|
|
|
Cible 14 : Répondre aux besoins
particuliers des petits états insulaires en développement
|
. Subventions agricoles nationales et à
l'exportation dans les pays de l'OCDE
|
|
|
|
|
|
. Proportion de l'APD allouée au renforcement
des capacités commerciales
|
|
|
|
|
|
. Proportion de la dette bilatérale des PPTE
envers les créanciers officiels qui a été
annulée
|
|
|
|
|
|
. service de la dette, en pourcentage des
exportations de biens et services
|
|
|
|
|
|
. Proportion de l'APD fournie au titre de
l'allègement de la dette
|
|
|
|
|
|
. Nombre de pays ayant atteint les points de
décision et d'achèvement de l'IPPTE
|
|
|
|
|
|
Cible 15 : Traiter globalement le
problème de la dette des PVD, par des mesures d'ordre national et
international propres à rendre leur endettement viable à long
terme
|
|
|
|
|
|
|
Cible 16 : En coopération avec les
PVD, formuler et appliquer des stratégies qui permettent aux jeunes de
trouver un travail décent et utile
|
. Taux de chômage de 15 à 24
ans
|
|
|
|
|
|
Cible 17 : En coopération avec
l'industrie pharmaceutique, rendre les médicaments essentiels
disponibles et abordables dans les PVD
|
. Proportion de la population ayant durablement
accès au médicament de base
|
|
|
|
|
|
Cible 18 : En coopération avec le
secteur privé, faire en sorte que les avantages des nouvelles
technologies, en particulier des TIC, soient accordées à tous.
|
. Nombre de lignes téléphoniques pour
1000 habitants
|
3.5
|
5.1
|
27.1
|
49.7
|
|
. Nombre de microordinateurs pour 1000
habitants
|
|
1.5
|
3.9
|
5.7
|
|
Source : http:/www.development goals.org/ IMF
/ IDA (2000), Cameroon, decision point document for HIPC Initiative,
September 15, p.32
TABLE DES MATIERES
|
Page
|
Dédicace......................................................................
|
i
|
Remerciements.................................................................
|
ii
|
Avant
Propos...................................................................
|
iii
|
Sommaire........................................................................
|
iv
|
Liste des
abréviations..........................................................
|
v
|
Liste des tableaux et graphique
.............................................
|
vi
|
Résumé /
Abstract.............................................................
|
vii
|
|
|
Introduction
générale........................................................................
|
1
|
|
|
Ière Partie : De la
théorie au modèle d'évaluation des
IBW...........................
|
8
|
Chapitre - 1 Le cadre d'analyse de la soutenabilité de la
dette................
|
9
|
I - La capacité
d'endettement.........................................................
|
9
|
A - l'approche par L'endettement
optimal................................
|
10
|
1- Le modèle d'endettement -
croissance........................
|
10
|
2- Le modèle du cycle de
dette.....................................
|
12
|
B- l'approche par la capacité d'endettement
supportable...............
|
14
|
1- La théorie de la « debt
overhang »..............................
|
14
|
2- La capacité de transfert
élargi....................................
|
16
|
II - L'Initiative
PPTE...................................................................
|
19
|
A - Les origines
...............................................................
|
19
|
1- La crise de la
dette................................................
|
19
|
2- Les limites des politiques d'ajustement et
d'aménagement de la dette
|
22
|
B- Présentation et
appréciation.............................................
|
25
|
1- L'initiative
originelle...............................................
|
25
|
2- L'initiative
renforcée..............................................
|
26
|
Chapitre - 2 : L'évaluation de la soutenabilité de la
dette par les IBW ......
|
30
|
I - Le cadre d'élaboration de la
DSA..........................................................
|
30
|
A - Les contraintes du
modèle..............................................
|
30
|
1- Les
hypothèses.....................................................
|
31
|
2- Les reformes à entreprendre
.........................................
|
33
|
B- Les outils et les critères d'appréciation
de la soutenabilité..........
|
34
|
1- Applications et implications de la
VAN............................
|
34
|
2- Les ratios et seuils
d'endettement.............................
|
36
|
II - Mise en oeuvre et appréciation de la
DSA...........................................
|
38
|
A - Les analyses et
projections..............................................
|
38
|
1- Incidence de l'IPPTE sur l'endettement
extérieur...........
|
39
|
2- Les conséquences du report du point
d'achèvement........
|
42
|
B- Appréciation de la
DSA...................................................
|
44
|
1- Les limites théoriques et
empiriques...........................
|
44
|
2- Les implications de politique
économique...................
|
48
|
IIème Partie : De la théorie aux modèles
d'évaluation alternatifs...............
|
51
|
|
|
Chapitre - 3 : L'évaluation de la soutenabilité de la dette
intérieure ..............
|
52
|
|
|
I - Présentation des modèles
théoriques...........................................
|
52
|
A - L'approche par la contrainte inter temporelle de
l'ÉTAT .............
|
52
|
1- La méthode
comptable...........................................
|
53
|
2- La méthode
actuarielle............................................
|
55
|
B - L'approche par les
indicateurs..........................................
|
55
|
1- Les propositions de
BLANCHARD......................................
|
59
|
2- Les propositions de la Debt
Relief International.............
|
62
|
II - L'évaluation empirique
...........................................................
|
61
|
A - L' analyse
statistique.....................................................
|
63
|
1- La technique
comptable..........................................
|
64
|
2- La technique des tests et
estimations...........................
|
67
|
B- L'analyse des
résultats....................................................
|
69
|
1-
Interprétations......................................................
|
69
|
2- Implications de politique
économique........................
|
70
|
|
|
Chapitre - 4 : L'évaluation de la soutenabilité de
la dette extérieure.......
|
73
|
|
|
I - Présentation des modèles
théoriques...........................................
|
73
|
A - La méthode
comptable.................................................
|
73
|
1- Le modèle de COHEN
(1986).............................................
|
74
|
2- L'approche par la contrainte inter temporelle
extérieure...
|
76
|
B- La méthode
actuarielle....................................................
|
78
|
1- L'approche de P. FEVE et P.Y. HENIN
(1998)..........................
|
78
|
2- Les approches de LEACHMAN et FRANCIS (2000) et de JAYME
(2001)...
|
80
|
II - L'évaluation empirique
...........................................................
|
84
|
A - L' analyse
statistique......................................................
|
84
|
1- La technique
comptable..........................................
|
85
|
2- La technique des tests et
estimations...........................
|
87
|
B- L'analyse des
résultats......................................................
|
88
|
1-
Interprétations.................................................
.....
|
88
|
2- Implications de politique économique
|
90
|
|
|
Conclusion
générale........................................................................
|
94
|
Références
bibliographiques..........................................
|
102
|
Annexes........................................................................
|
107
|
Table des
matières.........................................................
|
112
|
* 1Situation dans
laquelle la valeur présente des dépenses primaires courantes et
futures n'excède pas la valeur présente des revenus courants et
futurs nettes de la
dette initiale.
* 2 Situation dans
laquelle les actifs liquides et les financements disponibles sont suffisants
pour couvrir les exigibilités arrivées à
maturité.
* 3 Risque de non
réalisation de la solvabilité et de la liquidité.
*
4 IMF
(2002), Assessing sustainability: Prepared by the Policy Development and Review
department, may, 28 p.4
* 5
RAFFINOT Marc (2004), Soutenabilité de la dette des
pays pauvres très endettés (PPTE), Paris:Cahiers de Recherche
EURISCO, 2004-05, p2
* 6
KAPPAGODA, Nihal, ALEXANDER Nancy, (2004) Debt sustainability
Framework for Low income Countries: Policy and resource implications, North
South
Institute, p.2
* 7
RAFFINOT Marc (2004), ibid... p3.
* 8
AVRAMOVIC D. (1958), Debt service capacity and post war growth
in international Indebtness, The John hopking Press.
* 9
AVRAMOVIC D. et al. (1964) Economic growth and external debt,
Baltimore, the John hopking Press
* 10
ALTER G.M. (1961) The servicing of foreign capital inflows by
under developed countries in H.S. Ellis and Wallich, éd. Economic
development for Latin America
* 11
GULHATI, R. I. (1967), The need for foreign resources :
absorption capacity and servicing capacity in J.H. ADLER and P.W. KUZNETS
editors, Capital
Movement and Economic Development, Baltimore
* 12
QUAYUM A. (1966), Numerical models of economic
development, Rotterdam University Press. Cité par BEKOLO EBE (1985) Le
statut de l'endettement
extérieur dans l'économie sous -
développé : Analyse critique, Paris : Présence
Africaine, 1985, p.196
* 13
CHENERY H., STROUT A. M. (1966), Foreign assistance and
economic development, American Economic Review, 56(4)
* 14 R. Z.
ALIBER (1980) A conceptual approach to the analysis of the external
debt of developing countries, World Bank working paper n°421, October,
25p
* 15 AVRAMOVIC
(1964), op. cit.
* 16
BEKOLO - EBE Bruno (1985), Le statut de l'endettement
extérieur dans l'économie sous - développé, Analyse
critique, Paris : Présence Africaine, 1985, p.222
* 17
TOUNA MAMA (1985), L'endettement supportable pour un pays en
développement, Thèse pour le doctorat d'Etat en Sciences
Economiques, Université de
Bordeaux, 11 Décembre, p.59
* 18
CLAESSEUS et DIWAN (1989), Liquidity, debt relief and
conditionality, World bank symposium on dealing with the debt crisis, World
Bank, Washington DC
* 19
PATTILLO Catherine, POIRSON Helene, RICCI Luca (2002),
External debt and growth, IMF, WP02/69, August, p.2
* 20
PATTILLO Catherine, POIRSON Helene, RICCI Luca (2002) Ibid.
p.3
* 21
KRUGMAN Paul (1988), Financing vs Forgiving a debt overhang,
NBER, Working Paper n° 2486, January, 34p.
* 22
SACHS Jeffrey (1989), The debt overhang of
developing countries in debt stabilization and development: Essay in memory of
Carlos Diaz alejandro, ed. By Calvo
G. and others, Oxford
* 23 CALVO
Guillermo (1998), Growth, debt and economic transformation : The
capital flight problem in New Theory in Growth and Development, St. Martin's
Press,
New York
* 24
SERVEN Louis (1997), Uncertainty, Instability and Irreversible
investment: Theory, evidence and lessons for Africa, World Bank Policy
research, Working Paper
n°1722,
* 25
PATTILLO Catherine, POIRSON Hélène, RICCI Luca
(2003), What are the channels through which external debt affect growth? IMF,
pp. 19-21
* 26
EICHENGREEN B., PORTES R. (1986) Debt and Default in the
1930: Causes and consequences, European Economic Review, Washington
* 27 TOUNA
MAMA (1985), op. cit pp. 105-109
* 28
POULON F. (1988), Le circuit en économie ouverte et la
capacité d'endettement international in Economie et
Société, Tome XXII, n°6-7,
* 29
McFADDEN D, ECKHAUS R. et al. (1985) Is there
life after debt? An econometric analysis of the credit worthiness of developing
countries, World Bank.
* 30
BERG Andrew, SACHS Jeffreys (1988), The debt crisis : A
structural explanation of country performance, Journal of Development
Economics, 29(3), pp.271-306
* 31
DETRAGIACHE Enrica, SPILIMBERGO Antonio (2000), Crises and
liquidity: Evidence and interpretations, IMF, August, p.22
* 32
REINHART Carmen, ROGOFF Kenneth, SAVASTANO Miguel (2003), Debt
intolerance, Brooking papers on economic activity.
* 33
KRAAY Aart, NEHRU Vikram, (2003), When is debt sustainable?
IMF, Research workshop. p.41
* 34
FAMBON Samuel (2002), Endettement du Cameroun :
Problèmes et solutions, UNU / WIDER Discussion pages n° 2002/48.
p.12
* 35 World Bank
(1999), Global Development and finance, Washington DC
* 36 C'est une
technique d'allègement qui se traduit par des conversions en nature, en
aides, en espèces, en prise de participation, en fonds de
développement ou en
monnaie locale. Elle implique souvent la cession de la
dette par un pays créancier à un organisme sans but lucratif, qui
en retour, vend la dette au pays
débiteur, en échange d'une contrepartie
utilisée pour des projets dans le pays concerné.
* 37CAA
(2003), Rapport de l'Atelier national sur la stratégie
de désendettement durable du Cameroun, 20 octobre - 1er
novembre 2003, Yaoundé, p12.
* 38 Il
consiste en un ajournement d'un stock d'arriérés à une
date donnée ou de charges relatives aux engagements de la dette
extérieure bilatérale. Les
rééchelonnements sont assortis de nouvelles
conditions de remboursement différentes de celles d'origine.
* 39 Le pays
débiteur reçoit les devises nécessaires pour assurer les
divers règlements aux dates arrêtées à l'origine,
grâce à de nouveaux prêts que financent les
créanciers. Cette opération concerne les
créances commerciales bancaires et non bancaires.
* 40 Ils
consistent pour le débiteur à racheter au comptant la
totalité ou une partie de sa dette extérieure, non pas à
sa valeur nominale, mais à une valeur de marché
incluant une décote
* 41 Les
créanciers multilatéraux ne sont pas tenus d'accorder des
rééchelonnements de dettes. Cependant, au regard d'importants
arriérés que le Cameroun avait
accumulés vis-à-vis de ces créanciers
(Banque Islamique de Développement, Fonds International pour le
Développement Agricole, Banque Arabe pour le
Développement Économique en Afrique, Banque
de Développement des États de l'Afrique Centrale), ceux-ci lui
ont accordé des réaménagements
d'échéanciers de dettes pour une
période comprise entre 3 et 7 ans.
* 42
Les 19 pays suivants sont membres permanents du Club de Paris
:Allemagne, Australie, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Etats Unis,
Finlande, France,
Irlande, Italie, Japon, Norvège, Pays Bas, Royaume
Uni, Russie, Suède, Suisse. Les pays suivants ont
participé en tant que créanciers à certains
accords du Club de Paris :
Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Corée, Emirats Arabes Unis,
Israël, Koweït, Mexique, Maroc, Nouvelle Zélande, Portugal,
Trinité et Tobago, Turquie.
* 43
BEKOLO EBE (1985), op. cit. p.303
* 44
Intérêts appliqués aux montants
rééchelonnés. Ce taux d'intérêt est
défini dans les accords bilatéraux du Club de Paris au cas par
cas.
* 45 Il s'agit des
intérêts courus sur les arriérés. Ils comprennent
habituellement le taux d'intérêt d'origine du crédit auquel
est ajouté une pénalité.
* 46 IMF/IDA
(2002) The enhanced HIPC initiative and the achievement of
long-term external debt sustainability, p.24
* 47
IMF (2002), Assessing sustainability: Prepared by the policy
development and review department, may, 28, p.45.
* 48 IMF /
IDA (2000), Cameroon, decision point document for the enhanced
heavily indebted poor country (HIPC) Initiative, prepared by the staffs of the
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* 49 Cameroon,
Decision point op. cit. p.20
* 50
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* 51
YAN SUN (2004), External Debt sustainability in HIPC
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* 52 Les
critères du CPIA portent sur la mise en oeuvre des politiques
économiques (politique fiscale, gestion de la dette
extérieure, lutte contre l'inflation, mesure
d'ajustement interne et externe, croissance et
développement soutenables...), structurelles (politique
commerciale, régime de change, approfondissement
financier, efficience du secteur bancaire assurant une
meilleure mobilisation des ressources, environnement compétitif
favorisant le déploiement du secteur privé, existence d'un
marché de facteurs et de produits, politique environnementale
soutenable...), de cohésion sociale (problème
de genre, utilisation équitable des ressources, investissement dans le
capital humain, protection sociale et de l'emploi, lutte contre la
pauvreté...) et de management des institutions
publiques (bonne gouvernance, respect des droits de
propriété, qualité de la gestion financière des
ressources et des dépenses publiques, transparence, lutte contre la
corruption...)
* 53
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* 55 IMF
(2003), Debt sustainability in Low - Income Countries :Towards a
forwards looking strategy, p.21
* 56
L'élément don est la mesure de la concessionnalité. Il est
égal au rapport entre la valeur nominale (VN) de la dette
diminuée de la VAN de la dette par la valeur nominale de la dette (VN -
VAN) / VN.
* 57
D'après les regroupements opérés par KAPPAGODA et
ALEXANDER (2004), les ratios, encours de la dette / PIB ou PNB, encours de
la dette / exportations des biens et services, encours dette publique / PIB
ou PNB, sont des ratios de contrôle du stock de la
dette
* 58Les ratios,
stock dette / recettes budgétaires, service de la dette publique /
recettes fiscales, service de la dette en VAN / recettes budgétaires,
sont des ratios fiscaux.
* 59 Les ratios,
exportations / service de la dette, paiements des intérêts /
exportations, exportations des biens et services / stocks dettes à court
terme, sont des ratios de contrôle de la liquidité
* 60 IMF
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* 123
WILCOX (1989) op. cit
* 124
HAMILTON et FLAVIN (1986), op. cit.
* 125
SAWADA (1994) admet qu'il y a un taux d'intérêt
appliqué aux réserves tel que REt = REt -
(1+i)REt-1 avec i comme le taux d'intérêt sur les
réserves. Les résultats ne changent pas si nous
ne considérons pas de taux d'intérêts sur
les réserves.
* 126
KREMERS J. (1989), op. cit.
* 127 OJO
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* 130
GUNTER Bernhard G. (2003), op. cit. p.1
* 131
IMF/IDA (2002), The enhanced HIPC initiative and the
achievement of long-term external debt sustainability, p.31
* 132 Voir
aussi IMF (2005), Cameroon, review of the staff monitored
program and request for a three year arrangement under the poverty reduction
and growth
facility, and for additional interim assistance under the
enhanced HIPC initiative, prepared by the African department, October 15,
p.85
*
133RAFFINOT Marc (2004)
Soutenabilité de la dette des pays pauvres très endettés
(PPTE) Paris : Cahiers de Recherche EURISCO, 2004-05, p.14
* 134
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* 135
Rapport ZEDILLO, 2002 à la conférence de
MONTERRY
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