République du Cameroun
Republic of Cameroon
Paix - Travail - Patrie
Peace - Work -
Fatherland
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Université de Douala
University of Douala ---
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Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion Appliquée Faculty of Economics and Applied
Management
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Département de Finance et
Comptabilité Finance and Account
Department
LES DETERMINANTS DE L'EPARGNE
DES MENAGES AU CAMEROUN
Mémoire de fin d'étude en vue de
l'obtention d'un
Diplôme d'Etude Supérieure
Spécialisée (DESS) en
Gestion Financière et
Bancaire
Présenté
par : Pierre Alain YOUMBI
Maîtrise
en Sciences Economiques
Sous la
direction du
Pr. Georges KOBOU
Agrégé en Sciences Economiques
Vice Doyen, chargé de la scolarité
Année Académique 2001 - 2002
2ème
Promotion
DEDICACE
A
Mon fils
Brice Bryan YOUMBI
A 4 mois seulement, tu étais
déjà un champion et un brave. A ta manière, tu as
significativement contribué à la qualité de ce
travail.
et à
Mon épouse
Idalie YOUMBI
J'ai trouvé auprès de toi un soutien sans
complaisance, une motivation sans prix et des encouragements
sincères.
Trouvez tous les deux à travers ces lignes
l'expression de ma reconnaissance infinie.
REMERCEMENTS
Loin d'être un une simple formalité
académique, nous avons l'obligation intellectuelle de nous acquitter
d'un devoir du coeur en exprimant notre reconnaissance et notre gratitude
à tous ceux qui de près ou de loin, de manière directe ou
indirecte, ont contribué à la réalisation de ce
travail.
Nous remercions infiniment le Seigneur DIEU Tout
Puissant pour les nombreuses grâces et inspirations
reçues gratuitement.
Nous remercions très solennellement le
Professeur Georges KOBOU, Directeur de mémoire,
auprès de qui nous avons trouvé, disponibilité
malgré ses contraignantes et diverses occupations, rigueur, ouverture et
conseils constructifs. Il a su canaliser notre pensée vers l'utile et
l'essentiel.
Nous remercions très sincèrement :
- Le Docteur David KAMDEM, coordonnateur
du DESS GESFIBA pour ses encouragements et ses judicieux conseils.
- Nos enseignants qui n'ont ménagé aucun
effort pour nous transmettre les connaissances acquises.
Nul mot ne peut suffire pour exprimer notre gratitude aux
camarades et amis de la 2ème promotion, pour les
échanges et partages d'expérience, les remarques et suggestions
pertinentes, le climat fraternel et interactif qui a régné tout
au long de notre formation. Nous ne pouvons nous empêcher de citer les
membres de Club Challenge (Alain EDIMO, Joseph
FOGUE, Virginie ESSOH, Raymond NGAHANE, Aubin KENGNE, Norbert TCHABEU,
Moïse KEUMOE, Hilaire NZEMPANG, ESSASSANOHO Apollinaire, etc....) et
Charles NGUEMKAM.
Sans être ni exclusif, ni exhaustif, nous sommes
moralement redevables à la famille et la belle-famille ( le
Père Léon KAMGANG, Jean NANA, Rosalie NIEKOU, mes parents, mes
frères et soeurs), aux amis (Thierry DJOU, la famille MBANIA,
Louis Bernard TCHEKOUMI, Cosmas MEKA, Edgar MANGA, Serges TCHOUAFFI, Emile
MOUTCHEU, Mesmer GUEUYOU , Serges JEPANG, Simon NANA, Kennedy MEDZANA, Rosette
ENONGA, Valentin TCHAKOUNTE, Georges MOUMPOU, Ledoux MATONG, Elvis YETGANG,
Laure ALEGUE, etc....), aux collaborateurs de la Poste d'Akwa et aux
collègues Postiers.
AVANT PROPOS
De la conception à la réalisation, en passant
par le choix de la méthodologie, du cadre théorique d'analyse,
des modèles et tests à utiliser, un travail de recherche a de
tout temps été un exercice à la fois périlleux et
exaltant. Il marque une étape importante dans l'itinéraire
intellectuel que nous avons suivi pendant notre formation en Gestion
financière et bancaire à la Faculté de Sciences
Economiques et de Gestion Appliquée de l'Université de Douala.
Nous avons voulu, au regard des contraintes de financement du
développement économique, mener notre activité de
recherche dans le domaine de la connaissance des déterminants de
l'épargne des ménages au Cameroun.
Nous n'avons nullement la prétention d'avoir
traité la question de manière exhaustive. Les difficultés
d'obtention des données statistiques nécessaires à
l'analyse ou l'accès à une documentation actualisée ont
constitué de limites importantes.
Aussi, vos critiques et suggestions vont contribuer à
l'améliorer ou le parfaire. Tout en reconnaissant et en
appréciant hautement la contribution de notre encadreur, nous assumons
entièrement les insuffisances et les manquements de ce travail.
Pierre Alain YOUMBI
pieralayo@yahoo.fr
Téléphone : (237) 762 40
40
SOMMAIRE
Dédicace.....................................................................................................i
Remerciements.............................................................................................ii
Avant
propos...............................................................................................iii
Sommaire...................................................................................................iv
Liste des abréviations,
...................................................................................v
Liste des figures, des graphiques et des tableaux
..............................................vi
Résumé / Abstract
.......................................................................................vii
Introduction générale
......................................................................................
1
Première partie : L'analyse
économique du comportement d'épargne des
ménages........... 8
CHAPITRE I : L'influence du revenu et du
patrimoine............................................. 10
I- L'approche
keynésienne..................................................................
11
II- L'approche
néoclassique..................................................................
19
CHAPITRE 2 : L'influence des instruments
de politique économique........................... 30
I- Les variables
monétaires.................................................................
31
II- Les variables
budgétaires.................................................................
37
Deuxième partie : L'analyse extra
économique et empirique du comportement
d'épargne des
ménages.................................. 45
CHAPITRE 3 - L'influence des facteurs
psychosociologiques et politiques .................. 47
I- Les variables
psychologiques.........................................................
48
II- Les variables
sociopolitiques...........................................................
.57
.CHAPITRE 4 - L'analyse empirique de la
fonction d'épargne des
ménages...................... 67
I- Présentation des variables, des tests et
estimations................................. ... 68
II- Résultats, interprétations et
recommandations........................................ 79
Conclusion
générale..........................................................................................
92
Références
bibliographiques..............................................................
96
Annexes
........................................................................................101
Table des matières
....................................................................................104
LISTE DES ABREVIATIONS
ADF = Augmented Dicked-Fuller
COBAC = Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale
DF = Dicked-Fuller
EMC = Error Model Correction
EMF = Etablissement de
Microfinance
FCFA = Franc de la
Coopération Financière en Afrique
HCV = Hypothèse du Cycle de
Vie
INS = Institut National de la
Statistique
IRPP = Impôt sur le revenu
des personnes physique
LR = Likehood ratio
MCO = Moindres carrées
Ordinaires
PIB = Produit intérieur
brut
Pmc = Propension marginale
à consommer
PMC = Propension moyenne à
consommer
PP = Phillips - Perron
PVD = Pays en voie de
développement
Resp. = Respectivement
LISTES DES FIGURES
Figure 1 : Les différents catégories de
l'épargne ......................................................1
Figure 2 : La fonction Keynésienne du revenu
courant.............................................12
Figure 3 : La fonction de consommation de
DUESENBERRY.......................................15
Figure 4 : La fonction de consommation de FRIEDMAN
..........................................22
Figure 5 : La fonction de consommation dans la
théorie du cycle de vie..........................25
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Opérationnalisation des variables
indépendantes de l'analyse
économique du comportement
d'épargne des ménages...........................44
Tableau n°2 : Opérationnalisation des variables
indépendantes de l'analyse extra
économique du comportement
d'épargne des ménages............................66
Tableau n°3 : Récapitulatif des tests de
stationnarité sur les variables.............................80
Tableau n°4 : Test de la trace et de la valeur propre
maximale de JOHANSEN..................81
Tableau n°5 : Estimation de la relation de long terme
par la méthode des MCO ................82
Tableau n°6 : Test de stationnarité sur les
résidus .......................................................83
Tableau n°7 : Estimation de la relation de court terme
entre les variables ........................84
Tableau n°8 : Test de causalité des variables au
sens de GRANGER .............................86
Tableau n°9 : Récapitulatif des résultats
des tests et estimations ...................................91
LISTES DES GRAPHIQUES
Graphique n°1 : Evolution du taux de l'épargne
des ménages de 1970 à 2000..................69
Graphique n°2 : Evolution du revenu disponible brut des
ménages au Cameroun
de 1970 à 2000
..................................................................
............70
Graphique n°3 : Evolution du taux
d'intérêt réel au Cameroun de 1970 à
2000................71
Graphique n°4 : Evolution de l'inflation au Cameroun de
1970 à 2000..............................71
Graphique n°5 : Evolution des impôts sur le
revenu des ménages au Cameroun de 1970 à 2000 ......72
RESUME
La mise en oeuvre des plans d'ajustement et des programmes de
stabilisation, les avantages tirés de la dévaluation de 1994 ont
juste permis de sortir de la crise économique et de retrouver une
croissance encore en deçà du niveau requis pour avoir un impact
significatif sur la pauvreté. L'épargne intérieure et
l'investissement demeurent insuffisants pour stimuler fortement cette
croissance. Ce faible niveau est lié à la fois à un
accroissement rapide des déficits publics et à une mobilisation
modeste de l'épargne des ménages pourtant structurellement stable
et potentiellement abondante et régulière.
Notre étude a pour objectif l'identification des
variables qui influencent significativement le comportement d'épargne
des ménages.
En nous appuyant sur les techniques de co-intégration
et des modèles à correction d'erreur, la présente
étude aboutit aux résultats suivants :
-Le revenu (à court et à long terme) et
le taux de l'intérêt réel (à long terme uniquement)
sont les principales variables explicatives de la fonction d'épargne des
ménages au Cameroun.
-Le taux d'intérêt réel et des
impôts sur le revenu ont un effet négatif alors que le revenu et
l'inflation agissent positivement sur l'épargne des ménages.
-Ces variables expliquent à près de
90°/° le comportement de l'épargne.
ABSTRACT
The implementation of the adjustment plans and stabilization
programs, the advantages raises from the devaluation of 1994 have just
permitted to come out of the economic crisis and to recover a positive growth
although under the required level that can have a significant impact on
poverty. Internal saving and investment are still insufficient to strongly
stimulate this growth. This low level can be explained both by a fast increase
of steady of public deficits and by a low mobilization of households savings
nevertheless structurally steady and potentially abundant and regular.
The main objective of our study is to identify the variables
that meaningfully influence the saving behaviour of the households.
By laying on the co-integration techniques and error model
correction, the present study lead us to the following the results:
-The household revenue (to short and long term) and the real
interest rare (long term only) are the main variables that can better explain
the households saving function in Cameroon.
-The real interest rate and the taxes on income have a
negative impact whereas the household revenue and the inflation act positively
on the households saving.
-The saving behaviour can be explained can be explained at least
at 90 per cent by the above variables.
«C'est notre faute et non celle des
étoiles si
nous ne sommes que des
subordonnés »
SHAKESPEARE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Dans les années 60 à 80, le crédit
international était abondant et bon marché. Nos pays ont ainsi
contracté un volume important d'emprunts extérieurs pour financer
leur développement. Ces entrées massives de capitaux, dans leur
phase de retour ont généré un important service de la
dette dont le gonflement a été accéléré
à partir des années 80 par la hausse concomitante des taux
d'intérêt et des taux de change. L'incapacité à
honorer le service de la dette a été à l'origine des
politiques de rééchelonnements, de remises ou d'annulations
partielles du stock ou de l'encours commercial et public.
Pour assurer la solvabilité de nos pays, les bailleurs
de fonds vont imposer des politiques d'ajustement budgétaire et
monétaire à l'objectif de rétablir les équilibres
macroéconomiques. La mise en place de ces réformes
s'avèrent tellement contraignantes (restructuration du
système bancaire, surveillance mul1tilatérale des finances
publiques, désengagement de l'Etat du système productif...)
que des solutions alternatives à la dépendance extérieure
(promotion de l'épargne intérieure) commencent
sérieusement à être explorées pour pallier la
diminution des flux de capitaux externes.
Figure n° 1 : Les
différentes catégories d'épargne
Epargne budgétaire
Epargne gouvernementale
Epargne des entreprises publiques
Epargne officielle
étrangère
Epargne étrangère
Emprunt commercial privé
Investissements directs
Epargne privée Epargne des
entreprises
Epargne des ménages
Pour ce qui est de l'épargne des ménages, elle
se présente sous plusieurs formes (voir Annexe I).
On peut la regrouper en :
- Epargne financière (placements) ou non
financière.
- Epargne formelle, semi formelle et informelle.
- Epargne affectée ou avortée
(ROBERTSON, 1926).
La mise en place progressive d'un marché financier,
l'organisation et la réglementation de l'activité de microfinance
participent d'une volonté de promotion de l'épargne
intérieure. L'appel direct à l'épargne va réduire
l'importance du financement par le crédit bancaire. Les
banques sont responsables de la création monétaire alors que les
marchés de capitaux ont un rôle d'affectation de l'épargne.
Dans un cas, il y a injection nouvelle de pouvoir d'achat, dans l'autre il y a
recyclage de la monnaie existante.
Au Cameroun, le taux de
l'épargne des ménages pour la période allant de 1970
à 2000 varie entre 4,15 et 10,75 % du revenu
disponible brut (voir annexe IV). Ce taux, faible
assurément, est un indicateur de l'effort qui reste à fournir.
L'existence de l'épargne n'est plus à démontrer. Seulement
il existe des capacités et gisements sous-estimés et
sous-exploités. Cette épargne est thésaurisée ou
transférée à l'étranger (fuites) ou encore
dirigée vers des investissements improductifs, des consommations
somptuaires, des acquisitions spéculatives ou enfin vers des circuits
financiers traditionnels qui échappent à toute
comptabilité.
Paul WACHTEL1(*) (1985) constate que
l'épargne des ménages qui, dans les pays développés
ou à revenus intermédiaires (en 1992, ce taux
d'épargne2(*)
était de 39% en Chine, 37% en Indonésie, 35% en Malaisie, 28% en
Allemagne, 23% au Nigeria et 21% au Brésil) est une source de
financement importante pour la formation du capital n'est qu'une source
potentielle dans les PVD parce que largement inutilisée.
Dans une politique de mobilisation de l'épargne
ADAMS3(*)
(1985) recommande que l'accent soit mis non pas sur
l'incapacité à épargner mais sur les incitations à
l'épargne et les opportunités de placement. De même, ces
politiques d'encouragement à l'épargne doivent s'accompagner de
politiques d'orientation de l'épargne vers la formation du capital
productif. Celles-ci passent par une meilleure connaissance des motivations,
des pratiques, attitudes et comportements d'épargne et par une bonne
compréhension des mécanismes de formation de l'épargne
financière ainsi que de sa composition entre les différents
emplois possibles.
Après avoir fixé la problématique et
l'intérêt du sujet, nous allons définir les concepts
épargne,
ménages et déterminants de
l'épargne pour ensuite préciser les objectifs et
enfin parcourir les évolutions de l'analyse du rôle de
l'épargne dans la pensée économique.
D'après François POULON4(*) (1998)
« l'épargne est un des concepts dont la
définition est si claire qu'elle frôle la tautologie mais dont les
racines plongent dans l'obscurité ». Il la
définit comme la non dépense du revenu en biens de consommation,
comme une consommation future substituable à une consommation
présente. Concevable aisément comme non consommation
présente du revenu courant, il fait remarquer le caractère
imprécis de cette définition dès qu'on l'envisage dans la
continuité du temps, à chaque instant duquel le flux de non
consommation présente est normalement compensé par un flux
strictement égal (sauf croissance du revenu) de non
consommation passée redevenue consommation présente.
Pour KEYNES, l'épargne est le
résidu du revenu après la consommation.
Pour Bernard BERNIER, Yves SIMON5(*) (2001),
l'épargne est la « part des ressources
courantes qui reste disponible pour accumuler les actifs physiques ou
financiers ».
Le Petit Larousse définit l'épargne comme
« la fraction du revenu individuel ou du revenu national
qui n'est pas affecté à la consommation».
S'agissant de la définition conceptuelle du
ménage, R. LAGRAVE et J. B PAJET6(*) (1966) le réduit
à « l'ensemble des personnes vivant ensemble dans
un même foyer et formant une même famille ».
La comptabilité nationale améliore la
définition précédente et considère le ménage
comme « un groupe de personnes qui vivent ensemble sous
un même toit quelque soit les liens qui les réunissent et qui
mettent en commun au moins une partie de leur revenu pour pourvoir au logement,
à la nourriture et aux besoins essentiels »
Leurs ressources principales proviennent des revenus du
travail (salaire, traitement...), des revenus de la
propriété (loyers, dividendes...) et des revenus mixtes
pour les entrepreneurs individuels à la fois apporteurs de travail et
propriétaire des moyens de production.
Les ménages dont il est question ici sont les
ménages résidents qui ont effectué des
opérations économiques pour un an ou plus sur le territoire
économique du pays.
Au sens du Petit Robert, le terme
déterminant renvoie à ce qui peut amener,
inciter, pousser à poser volontairement un acte. Les déterminants
de l'épargne peuvent alors être considérés comme les
variables qui influencent ou expliquent le comportement d'épargne i.e.
qui peuvent soit inciter, amener ou pousser à épargner ou
à ne pas épargner, soit déclencher, provoquer ou
entraîner le désir d'épargner plus ou la décision
de ne plus épargner.
Le type d'épargne étudié est
l'épargne volontaire des ménages. Ils décident du montant,
de la durée et du type de placement. A coté de cette
épargne volontaire (produits d'épargne souscrits), il
existe également une épargne involontaire ou forcée
(remboursement d'emprunt, fiscalité, inflation, taux de change
surévalué...) et une épargne contractuelle
(produits d'assurance vie, compte à terme, plan épargne
logement).
L'analyse du rôle de l'épargne dans la
pensée économique s'est faite dans deux directions. Celle qui
accorde une importance mineure à l'épargne et celle qui milite
pour sa promotion.
Au départ de la première tendance, on retrouve
MALTHUS (1766-1834). Dans sa correspondance du 7
juillet 1821, il indique qu' « un effort
d'accumulation très rapide en impliquant une dimension
considérable de la consommation improductive affaiblit grandement les
motifs habituels de production, entraîne un arrêt
prématuré du développement de la
richesse ». Il existe selon lui un taux
d'épargne optimal fournissant le maximum de richesse et d'emploi. Le
dépassement de ce taux engendre la crise.
KEYNES et les postkeynésiens tiennent
des positions radicales. Pour KEYNES7(*) « l'acte
d'épargne individuelle signifie une décision de ne pas
dîner aujourd'hui. Mais, il n'implique pas nécessairement une
décision de commander un dîner ou une paire de chaussures, une
semaine ou une année plus tard ». Du fait de
cette incertitude, l'épargne est un gaspillage de ressources
présentes qui ne peut qu'accentuer les déséquilibres
futurs tandis que la consommation présente est un gage de consommation
future. La consommation des ménages constitue pour lui la composante
stable, prévisible et largement dominante du revenu national.
L'épargne n'est donc pas un préalable nécessaire à
l'investissement. Les comportements d'épargne et d'investissement ont
des motivations différentes. Le premier est une fonction stable du
revenu tandis que le second est très volatile et dépend des
anticipations du taux de l'intérêt.
Dans le modèle de croissance d'HARROD et
DOMAR (1939), l'épargne est à
l'origine d'une croissance déséquilibrée avec des
fluctuations importantes et cumulatives de l'activité.
Pour Alvin H. HANSEN, l'épargne
provoque la stagnation.
Parallèlement à ces analyses, d'autres auteurs
ont accordé une place importante à l'épargne.
D'Adam SMITH8(*) (1723 -1790) à David
RICARDO9(*) (1772-1823) en passant par
John STUART MILL10(*) (1806 -1873), ils pensent que
l'épargne est la principale source de croissance et d'accumulation du
capital. La consommation utilise les ressources dans le présent et
l'épargne accroît le potentiel de croissance de demain.
Les tenants de la croissance endogène
(ROMER, 1986) et (LUCAS,
1986) pensent qu'une augmentation du taux de l'épargne augmente
pour toujours le taux de croissance de l'économie. D'autres
néoclassiques (SOLOW, 1956) ont mis en exergue
une corrélation positive entre la croissance et l'épargne. Des
auteurs comme D. W. ADAMS11(*) (1985) montrent que l'épargne
financière a une importance capitale pour le développement parce
qu'elle :
- améliore l'affectation des ressources;
- induit une répartition plus équitable des
revenus;
- renforce la vitalité du marché financier
en favorisant l'intégration des circuits financiers et
économiques;
- réduit l'inflation;
- accroît le degré de liberté
économique.
Après l'analyse du rôle de l'épargne, il
est nécessaire de préciser la raison pour laquelle notre
étude se réduit à l'épargne des ménages.
P. WACHTEL12(*) (1985) attire l'attention sur
le fait que le financement public (épargne
budgétaire) soustrait les décisions d'investissement et de
financement de la discipline concurrentielle du marché pouvant aller
jusqu'à la mauvaise allocation des ressources.
Sur un autre plan, la possibilité de s'endetter pour
financer l'accumulation permet de relâcher transitoirement la contrainte
sur l'épargne. L'endettement revient simplement
à déplacer dans le temps cette contrainte.
- Il expose aux contraintes aléatoires des
marchés internationaux de capitaux, (inflation importée,
spéculation sur les taux de change, fluctuation des taux
d'intérêt).
- Il favorise les éventuels effets
d'éviction de l'épargne nationale par l'épargne
étrangère. En plus d'avoir un effet négatif sur la balance
des paiements et de ne pas être adapté aux indispensables
financements à court terme, il accroît la dépendance
financière.
L'analyse de la structure des agrégats et des ratios
d'endettement au Cameroun montre qu'une partie importante de la richesse
nationale est absorbée par le service de la dette. Au regard du poids
de l'encours de la dette totale dans le PIB, il est quasi certain qu'à
terme, le développement pourrait même être compromis
(cf. Evolution des agrégats et ratios d'endettement au
Cameroun de 1992 à 2001 en Annexe II)
J.P. BENOIT13(*) remet en cause l'efficacité de la
dette dans la mesure où la plupart des décisions des pays
donateurs concernant l'affectation de leur aide extérieure sont
fondées sur des liens politiques, économiques et culturels
(une ancienne puissance coloniale veut maintenir des relations
privilégiées avec les anciennes colonies), des
affinités religieuses, des considérations stratégiques et
géopolitiques (l'aide est considérée comme un outil
pour l'accomplissement d'objectifs de politique étrangère du
donateur) plutôt que sur des critères purement financiers.
Même si les entreprises
réalisent une épargne qui est à l'origine de
l'autofinancement, des placements ou des prises de participations, il n'en
demeure pas moins qu'elles restent structurellement des emprunteurs nets. Dans
la plupart des cas, les ménages possèdent encore des droits de
propriété (actions) ou de créances
(obligations) sur ces entreprises.
Il reste enfin les ménages qui
structurellement sont des épargnants nets. Ce sont des agents à
capacité de financement dont le fonction économique principale
est la consommation et accessoirement la production quand elle est
organisée dans le cadre d'une entreprise individuelle.
Numériquement, ils sont plus importants. D'après ECAM II,
(Enquête Camerounaise
Auprès des Ménages)
réalisée en 2001, le nombre de ménages est
évalué à 2 865 265 pour
une population active et totale respectivement
estimée à 6 121 000 et à
15 472 558.
Les objectifs assignés à notre étude
sont de :
- déterminer les facteurs qui influencent le
comportement d'épargne des ménages;
- cerner la pertinence des variables de politiques
économiques par rapport à l'épargne des
ménages.
La détermination des facteurs qui influencent le
comportement d'épargne des ménages va permettre dans le cadre
d'une politique nationale de mobilisation de l'épargne des
ménages de repérer les variables significatives sur lesquelles
les autorités peuvent agir pour :
- identifier les préférences des
ménages en services financiers;
- augmenter le taux et le volume de l'épargne des
ménages;
- modifier la structure en augmentant la part de
l'épargne financière;
- maîtriser la répartition régionale
de l'épargne;
- concevoir et appliquer des techniques adéquates
de collecte de l'épargne des ménages;
- attirer l'épargne informelle vers le secteur
financier formel.
Aussi, allons-nous déterminer le rôle du secteur
informel et leur importance dans la mobilisation de l'épargne et
proposer des politiques qui seront utiles pour la mobilisation et la promotion
de l'épargne des ménages au Cameroun.
De la revue de la littérature, nous testerons la
significativité des variables influençant le comportement
d'épargne des ménages en utilisant des tests et estimations
économétriques. Nous utiliserons la technique de
co-intégration pour identifier clairement la relation véritable
entre les variables en cherchant l'existence d'un vecteur de
co-intégration et en éliminant son effet le cas
échéant. En d'autres termes, nous estimerons d'abord les
relations d'équilibre à long terme entre l'épargne des
ménages et ses variables explicatives, pour ensuite procéder
à l'estimation du modèle à correction d'erreur du
comportement à court terme des variables. Le respect de cette
procédure attestera, non seulement la fiabilité de
l'interprétation des résultats obtenus, mais aussi la
fiabilité des prévisions et des recommandations de politiques
pour une meilleure promotion de l'épargne des ménages au
Cameroun. Le modèle sera estimé par la méthode des MCO
avec le logiciel E-Views 4.0. La période d'estimation va de 1970
à 2000.
Les données secondaires utilisées sont obtenues
pour certains, à partir CD-ROM 2002 World Development indicators de la
Banque Mondiale et pour d'autres auprès de l'institut National de la
Statistique.
Pour ce qui est du plan, l'étude est subdivisée
en deux parties et en quatre chapitres. Trois chapitres sont consacrés
à la théorie et un chapitre aux tests, interprétations et
recommandations.
« Le principe qui nous porte à
épargner, c'est le désir d'améliorer notre sort,
désir qui est en général calme et
sans passion, mais qui naît
avec nous et ne nous quitte qu'au tombeau
»
ADAM SMITH
Première partie : L'analyse
économique
Comportement d'epargne des ménages
L'analyse des variables économiques affectant le
niveau de l'épargne des ménages va porter sur trois
étapes :
- La production. Il s'agit d'étudier les
mécanismes qui président à la naissance ou à la
formation de l'épargne. A l'origine, il y a le niveau de la
consommation. Selon les approches, on parlera de revenu absolu
(KEYNES), de revenu relatif
(DUESENBERRY), de revenu permanent
(FRIEDMAN) ou de patrimoine accumulé sur le
cycle de vie (MODIGLIANI). Les différences
tiennent sur la nature du revenu (courant ou patrimonial), sur la
période d'étude (court terme, long terme), sur
l'indépendance ou non de la consommation d'un ménage de celle des
autres ménages, sur la prise en compte de l'influence du passé ou
des anticipations.
- Le placement. Il renvoie aux variables affectant la
rémunération nette et la productivité de l'épargne.
Le taux de l'intérêt nominal et réel et la fiscalité
agissent sur le rendement du placement. L'inflation a la
spécificité d'agir également sur le pouvoir d'achat du
revenu.
- Les motivations à l'épargne. Le
crédit reste la seule motivation quantitative de l'épargne. Il
influence la propension à épargner et le volume de
l'épargne des ménages.
Nous allons dans un premier temps aborder les variables
influençant la production de l'épargne (chapitre 1) pour ensuite
analyser celles qui agissent sur le placement et la motivation à
l'épargne (chapitre 2).
CHAPITRE I : L'INFLUENCE du revenu
et DU patrimoine
Les Keynésiens et les classiques ont des approches
méthodologiques et conceptuelles différentes dans leur
démarche de formulation de la fonction de consommation et
d'épargne.
- Chez les Keynésiens, la variable explicative de
l'épargne est le revenu courant, qu'il soit absolu ou relatif alors que
les néoclassiques lui préfèrent le patrimoine entendu au
sens de la richesse.
- Les Keynésiens déduisent le comportement
d'épargne à partir des données macroéconomiques
pendant que les néoclassiques partent de l'analyse
microéconomiques des fonctions individuelles de consommation des
ménages à l'agrégation macroéconomique.
La propension à épargner est
également influencée par des variables comme la taille du
ménage. L'étude de LEFF14(*) (1969)
montre sur la base des données d'observation que la taille de la famille
a un effet significatif du point de vue statistique sur le taux
d'épargne. IQBAL15(*) (1986) suppose qu'une
famille nombreuse indique une large dépendance sur le chef de famille.
Cette situation affecterait négativement le taux d'épargne des
ménages et par conséquent, l'utilisation du revenu.
I- L'approche Keynésienne
Elle va se développer dans deux directions :
- le revenu courant de Keynes établit en fonction
de la loi psychologique fondamentale un parallélisme entre les
fluctuations du revenu et celles de la fonction de consommation;
- le revenu relatif et l'effet de mémoire.
DUESENBERRY va plutôt mettre en exergue le
phénomène de l'égalisation inter temporelle des
utilités et l'idée d'interdépendance des consommations
fondée sur l'effet de démonstration ou d'imitation. Pour
BROWN, le passé n'intervient plus de
façon discontinue par le biais du plus haut revenu jamais atteint, mais
de façon continue par la consommation de la période
précédente
1- LA THEORIE DU REVENU
ABSOLU
L'analyse de Keynes repose sur quatre idées.
- La consommation est principalement fonction du
revenu réel beaucoup plus que le revenu nominal.
- La propension marginale à consommer (part
d'un éventuel supplément du revenu qui sera affecté
à la consommation) est positive et inférieure à
un en vertu de la loi psychologique fondamentale16(*)qu'il énonce
ainsi : «en moyenne et pour la plupart de temps, les hommes
tendent à accroître leur consommation à mesure que les
revenus croissent mais non d'une quantité aussi grande que
l'accroissement des revenus». Ainsi une hausse (resp. baisse) du
revenu entraîne un accroissement (resp. baisse) plus marquée de
l'épargne.
- La propension moyenne à consommer (fraction
du revenu dépensé qui est égale au rapport de la
consommation totale au revenu) est inférieure à la propension
marginale à consommer.
- La fonction de consommation est stable à
court terme.
Pour démontrer cette stabilité, Keynes part
d'une fonction de consommation de la forme :
Cs = (rs)
(1.1)
rs et
Cs représentent respectivement le revenu
et la consommation mesurée en unités de salaires.
Il distingue six facteurs susceptibles d'agir sur la fonction
: l'unité de salaire, l'écart entre le
revenu et le revenu net, le rapport entre les revenus futurs et
présents, les valeurs en capital n'entrant pas en ligne de compte dans
le calcul du revenu net, le taux d'intérêt et la politique
fiscale.
Il constate que la variation des trois premiers facteurs
joue un rôle négligeable et que celle imprévisible des
valeurs en capital joue un rôle important sur la fonction
et qu'enfin les deux derniers facteurs peuvent jouer
un rôle important à condition que leurs variations soient
très profondes.
Ainsi, en se plaçant dans une période où
la politique fiscale ne présente pas de changements importants,
où les fluctuations du taux d'intérêts ne prennent pas une
ampleur exceptionnelle et où les variations en capital qui en
résultent sont limitées, la fonction peut
être considérée comme stable.
C = Y
Figure n°2
C = C0 + cY
La Fonction Keynésienne
Epargne
du Revenu courant
C1
E
C2
C0
Désépargne
45°
Y2 Y1
Il se dégage les caractéristiques
suivantes :
- Même si le revenu (Y) est nul, il existe un
montant positif de consommation Co appelé consommation
incompressible. Cette consommation autonome n'est pas fonction de
revenu;
- lorsque la PMC 1 i.e. (C2
> Y2), l'épargne dans ce cas est négative.
Toute valeur du revenu comprise entre 0 et Y1 correspond à
la zone de désépargne;
- lorsque la PMC = 1 i.e. (C1 =
Y1) au point E, l'épargne est nulle;
- lorsque la PMC < 1 (pour toute valeur de revenu
supérieur à Y1), l'épargne est
positive et cela veut dire que plus le revenu croit, plus la PMC
diminue.
Des travaux empiriques de vérification de la
théorie Keynésienne par l'étude de séries
temporelles ont été effectuées.
L'étude de séries
temporelles porte à la fois sur des
observations de court terme et des observations de long
terme.
* L'étude des observations de court
terme examine les valeurs annuelles ou trimestrielles prises
par la consommation réelle et le revenu réel disponible des
ménages au cours d'une dizaine ou d'une vingtaine d'année. Il
en résulte que la consommation des ménages peut être
représentée par une fonction linéaire de la
forme :
Ct = aYt
+ b
(1.2)
où Ct,,
Yt,, a et b
représentent respectivement la consommation
réelle, le revenu réel des
ménages et les paramètres de la droite
d'ajustement.
Ces études ont donc permis de vérifier
à court terme les hypothèses de l'analyse Keynésienne.
* L'étude des observations à long
terme (sur un horizon correspondant à la durée
de vie d'un consommateur) de l'évolution de la consommation
et du revenu disponible réels des ménages,
réalisée aux Etats-Unis par S. KUZNETS17(*) (1946)
et GOLDSMITH18(*)(1956) montre essentiellement
deux choses :
- La Pmc est approximativement constante et
inférieure à un.
- La PMC est approximativement égale à la
Pmc. Ce qui infirme donc l'hypothèse de Keynes selon laquelle la Pmc
aura tendance à décroître au fur et à mesure que
le revenu s`accroît.
Les autres hypothèses de Keynes ont
été vérifiées. Ces études ont mis en
évidence une fonction de consommation de type :
Ct = cYt
(1.3)
2- LA THEORIE DU REVENU RELATIF ET DE
L'EFFET DE MEMOIRE
Nous présenterons successivement la théorie du
revenu relatif développé par
J. DUESENBERRY19(*) (1949) et
celle de l'effet de mémoire de BROWN20(*) (1982) qui
se constitue comme prolongement de la première.
Les hypothèses de la théorie du revenu relatif
se partagent entre deux vérifications, l'une orientée vers
les caractéristiques en coupes transversales de la population des
consommateurs et l'autre orientée vers les séries
chronologiques.
L'interprétation des observations de courtes
périodes montre l'absence de parallélisme entre les fluctuations
du revenu et celles de la consommation.
La fonction de consommation observée est de type
Ct = aYt. + b
DUESENBERRY considère que le taux
d'épargne des ménages est variable. Il diminue pendant les phases
de récession et augmente pendant les phases d'expansion.
Il formule cette idée en posant :
= a - b
(1.4)
St est la variable
dépendante qui représente l'épargne des
ménages au cours de la période
t. a et
b sont des constantes positives.
Yt et
YM sont respectivement le revenu
disponible des ménages au cours de la période t et
le revenu disponible le plus élevé atteint dans le
passé.
Ainsi, le taux d'épargne est une variable
dépendante de la position du revenu relativement au plus haut niveau
de revenu atteint dans la passé YM. Il y a
alors une visibilité dans le temps des décisions de
consommation. Cet effet de cliquet ou effet
crémaillère explique qu'en cas de baisse de l'activité
économique et des revenus, la baisse de la consommation des
ménages est freinée du fait de l'égalisation inter
temporelle des utilités. Une fois un certain niveau de
vie atteint, ce dernier est mis en mémoire par les ménages et
tend, comme par un cliquet, à s'opposer à la baisse de la
consommation résultant de la diminution du revenu.
Figure n°3 : La fonction de
consommation de DUESENBERRY
Yt YxM
Yt
C A
S
C
S S
Récession
Reprise
Temps
t0 t1
t2
La forme de la fonction de consommation à
laquelle conduit la théorie du revenu relatif se présente comme
suit :
Ct = ( 1+b) Yt -
avec Yt = YM
(1.5)
En période de récession, le revenu
disponible réel régresse mais la consommation diminue moins
fortement, les ménages maintiennent leur niveau de consommation en
réduisant leur épargne S. La fonction de
consommation devient :
Ct = ( 1 + b - 2a) Yt
(1.6)
A la reprise et pendant l'expansion, la
consommation s'élève mais plus lentement que le revenu, car
l'accroissement de celui-ci permet aux ménages de reconstituer leur
épargne. La fonction de consommation devient :
Ct = [ 1 + b - a ( 1 + ) ]Yt
(1.7)
est assimilé au
taux de croissance de l'économie
La consommation redevient proportionnelle au revenu
lorsque ce dernier retrouve le niveau le plus élevé atteint dans
le passé A.
L'interprétation des observations en coupes
instantanées de la théorie du revenu relatif débouche sur
l'abandon de l'un des postulats de la théorie classique de la
consommation, à savoir l'indépendance de la
consommation d'un agent de celle des autres agents.
DUESENBERRY va développer l'idée
d'interdépendance des consommations fondée sur l'effet de
démonstration ou d'imitation. Les agents du groupe
i auront une propension à consommer plus forte que
celle des agents du groupe supérieur à
i parce qu'ils chercheront à imiter la consommation de
ceux ayant un niveau de vie supérieur. Ceci explique pourquoi la
croissance du revenu au cours du temps n'entraîne pas la diminution
de la propension à consommer. En somme, les individus sont plus
sensibles à leur consommation relative et comparent
régulièrement leur dépense à celle des autres
consommateurs. Ainsi, pour un même niveau de revenu, une famille
appartenant à la population noire aux Etats-Unis aura une PMC plus
faible que celle d'une famille appartenant à la population blanche.
L'explication que propose DUESENBERRY est qu'à
revenu égal, la famille noire sera, à l'intérieur du
groupe social formé par la population noire relativement plus riche que
la famille blanche à l'intérieur du groupe social formé
par la population blanche.
La théorie du revenu relatif permet ainsi
d'expliquer que la croissance du revenu des ménages au cours du temps
n'entraîne pas de diminution de la PMC bien que, en coupes
instantanées, l'élévation du revenu s'accompagne d'une
baisse de celle-ci.
Les développements de DUESENBERRY
appellent les remarques suivantes :
- S'il a raison de mettre l'accent sur les
phénomènes de longues périodes, il convient en revanche de
remarquer qu'il n'explique pas vraiment pour quelle raison les PMC globales
des différents groupes sociaux demeurent constantes en longue
période.
- La conception qu'il se fait de la mémorisation
est critiquable dans la mesure où celle-ci fait abstraction du temps.
Ainsi, le revenu maximum Ym agira sur la relation
entre la consommation et le revenu durant toute la période comprise
entre to et t2 quelle que
soit la longueur de cette période. On peut valablement penser que
l'influence de Ym diminuera au fur et à
mesure qu'on s'éloigne de to et
en particulier, qu'elle sera plus faible que la période de
récession sera longue.
- On peut aussi reprocher le fait que
DUESENBERRY ait traité d'une
façon symétrique la phase de dépression et la phase
de reprise qui présentent la même liaison entre la consommation
et le revenu. Or, il est probable que cette liaison ne soit pas la même
au cours de ces phases.
Quant à l'analyse de BROWN, elle
part de l'observation des différences existant entre la consommation
observée et la consommation expliquée par une équation de
type
Ct = aYt + b.
L'observation des ces différences appelées
résidus montre qu'ils sont fortement corrélés entre
eux. Ces résidus sont négatifs en période d'expansion et
positifs en période de récession. Ce résultat met en
évidence un retard de la consommation sur le revenu. BROWN est
alors conduit à préciser la manière dont les
événements passés agissent concurremment avec le revenu
sur la consommation de la période courante. Pour résoudre ce
problème, il cherche à savoir, d'une part s'il faut
choisir le revenu ou la consommation comme variable expliquant l'action du
passé sur la consommation de la période courante ou si d'autre
part, cette variable agit de façon continue ou discontinue sur la
consommation de la période courante.
Pour répondre à ces préoccupations, il
teste quatre types de fonction de consommation.
- Ct = aYt + bYt
-1 + c
(action continue sur le revenu) (1.8)
Yt -1, est
le revenu de la période
précédant la période courante.
- Ct = aYt +
b YM,t +
c (action discontinue sur le revenu)
(1.9)
YM,t
est le plus haut revenu atteint au cours
de la période t ou des périodes qui
précèdent.
- Ct = aYt +
b Ct -1
+ c (action continue sur la
consommation) (1.10)
Ct -1, est la consommation
de la période précédant la période
courante.
- Ct = aYt +
b C M,t
+ c (action discontinue sur la
consommation) (1.11)
C M,t est la
consommation la plus élevée atteinte au cours de la
période t ou des périodes qui la
précèdent.
Les résultats statistiques le conduisent
alors à conclure que la meilleure fonction de consommation est de la
forme (1.10) :
Ct = aYt +
b Ct -1
+ c
Tout comme DUESENBERRY, BROWN
reconnaît l'influence du passé dans la détermination de la
consommation. Toutefois, au lieu de choisir le revenu, il adopte la
consommation comme une variable représentant l'action du
passé. De même, le passé n'intervient plus de
façon discontinue par le biais du plus haut revenu jamais atteint,
mais de façon continue par la consommation de la période
antérieure. Les travaux empiriques confirment que la
PMC de courte période est inférieure à
celle de longue période. Pour BROWN, ce résultat
est la conséquence de l'effet de mémoire. C'est ce que
VESPERINI21(*) appelle l'effet
d'hystérésis. Selon cet effet, la consommation
d'une période dépend non seulement de la variation du revenu au
cours de la période courante, mais aussi des variations de revenus
intervenues au cours des périodes précédentes.
La fonction de consommation de longue période est
représentée par :
Ct = Yt +
(1.12)
En différenciant cette fonction, on obtient la
Pmc de longue période qui est égale
à :
> a
On retrouve une Pmc de longue
période supérieure à celle de courte période.
À une augmentation (resp. diminution)
donnée du revenu correspondra une augmentation (resp.
diminution) de la consommation plus grande en longue période qu'en
courte période parce que, le poids des habitudes de consommation
passées qui vient limiter en courte période l'action de
l'augmentation (resp. diminution), du revenu sur la consommation ne
joue plus en longue période.
La fonction de consommation de BROWN aboutit,
comme celle de DUESENBERRY et pour les mêmes raisons,
à une augmentation de la PMC durant les phases de
récession. Cependant, à la différence
de DUESENBERRY, l'augmentation de la
PMC tend à s'affaiblir au cours de la phase de
récession lorsque le revenu diminue à un rythme plus faible ou se
stabilise. Cette différence de formulation traduit un affaiblissement
progressif de l'effet de mémoire au fur et à mesure que le temps
s'écoule.
En définitive, la théorie de l'effet de
mémoire de BROWN suscite quelques remarques :
- La fonction de long terme n'est pas comme chez
DUESENBERRY de type proportionnel puisqu'elle
comporte une ordonnée à l'origine égale à qui est normalement
nulle.
- Si elle supprime la discontinuité qui est un
défaut important chez DUESENBERRY, elle
présente en revanche l'inconvénient de faire disparaître,
en rétablissant la continuité, l'asymétrie de la
description des phases d'expansion et de récession.
- La formulation de l'effet de mémoire
apparaît malgré tout comme excessivement rigide.
II - L'APPROCHE NEOCLASSIQUE
L'analyse de l'épargne sous l'angle du patrimoine
est celle de la théorie néoclassique. Dans cette optique,
l'épargne s'apparente au patrimoine et se répartit entre les
différents types d'actifs. Ainsi, le patrimoine d'un agent
économique est l'ensemble de ses actifs susceptibles d'évaluation
monétaire et constituant une source de revenu. Les ménages
peuvent accumuler les actifs réels, les actifs financiers et les actifs
monétaires.
Les actifs réels sont
des «biens et actifs durables qui servent non seulement
à la consommation de la période présente, mais
également à celle des périodes futures. Au moment de leur
mise en service, il n'y a donc pas consommation -destruction, mais accumulation
-enrichissement22(*) ». Ces actifs
générateurs de flux durables de service et de bien-être ont
une capacité de réserve de valeur.
Les actifs monétaires (monnaie
active ou circulante et monnaie oisive) sont définis
par leur fonction de moyen de paiement et d'intermédiaire des
échanges.
Les actifs financiers sont
composés des placements à terme et des produits
d'assurance-vie.
Dans cette approche néoclassique, nous allons
examiner successivement la théorie du revenu permanent et la
théorie du cycle de vie.
1- LA THEORIE DU REVENU PERMANENT
L'idée de départ de cette théorie est que
la consommation d'une période donnée ne peut pas être
entièrement déterminée par le revenu de cette
période. Il dépend plus généralement du revenu de
cette période et des revenus anticipés des périodes
futures.
FRIEDMAN23(*) (1957) va s'inspirer des
travaux de FISHER24(*), TINTNER25(*),
HICKS26(*) et
BOULDING27(*) qui ont tous
étudié le mode de répartition inter temporelle de la
consommation dans le cas simple de deux périodes.
Ses hypothèses sont les suivantes :
- Le revenu observé Y
de chaque période se compose d'un revenu
transitoire YT essentiellement
aléatoire (gains de jeux, primes, bonus, ...) et du revenu
permanent YP, (revenu anticipé
provenant à la fois du travail et de la richesse qu'ils ont
accumulée). Celui-ci est également la somme qu'un consommateur
peut consommer en maintenant constante la valeur de son capital, l'agent ayant
la possibilité d'emprunter ou de prêter sur un marché
financier parfait afin de mieux repartir sa consommation dans le temps. Il
est obtenu par approximation de la moyenne pondérée des revenus
observés de la période courante et des périodes
passées. La consommation observée C est obtenue
de la même façon que le revenu observé Y.
Elle est la somme de la consommation permanente CP
et de la consommation transitoire CT.
On a alors :
Y = YP +
YT (1.13)
et C = CP +
CT
(1.14)
D'après les analyses de FRIEDMAN,
il n'existe pas de corrélation entre le revenu permanent et le revenu
transitoire, ni entre la consommation permanente et la consommation
transitoire, ni encore entre le revenu transitoire et la consommation
transitoire.
- L'élément permanent du revenu consiste,
non dans des gains escomptés en une vie, mais dans le revenu moyen
obtenu à tout âge et jugé permanent par la famille. Pour
FRIEDMAN, les individus peuvent prévoir avec un
degré de certitude raisonnable, l'ensemble de ces flux pendant leur
existence et fonder leur consommation sur ce qui est à leurs yeux, le
revenu normal ou permanent, qui tend à la stabilité sur une
longue période.
L'expression fondamentale de la fonction de consommation
établie au niveau microéconomique se présente sous la
forme :
CP = k (r,w,u) YP
(1.15)
r, K et w représentent
respectivement le taux de l'intérêt, le
coefficient de proportionnalité existant entre CP et Yp, et
le rapport du capital non humain au revenu
permanent.
u recouvre les
préférences des agents dans le choix consommation - accumulation
d'actifs (nombre de personnes appartenant à l'unité de
consommation considérée , âge, caractéristiques
sociologiques, importance des facteurs transitoires affectant le revenu et la
consommation).
YP est le
revenu permanent global.
Pour parvenir à une fonction macroéconomique,
FRIEDMAN suppose comme condition d'agrégation que la
distribution des unités de consommation par revenu est
indépendante de leur distribution selon le taux de
l'intérêt, le ratio du capital non humain au revenu permanent et
selon leurs préférences relatives au choix consommation -
accumulation d'actifs. Cette hypothèse n'est évidemment pas
vérifiée dans les faits puisque la répartition des
unités de consommation par revenu est liée à leur
répartition selon les valeurs des variables r, w et
u.
En adoptant cette hypothèse, on retrouve une fonction
macroéconomique sous la forme (1.3) CP =
k YP
Une façon de modéliser le rôle joué
par les anticipations consiste à utiliser des formules à retards
échelonnés portant sur les revenus passés pour estimer la
situation du revenu courant de quelqu'un par rapport au passé.
Supposons que, l'équation suivante représente l'hypothèse
du revenu permanent.
Ct = k (i, w, u, ) W (L)Yt .
(1.16)
W (L)
représente le système de
pondération arbitraire du revenu réel Yt
L est un
opérateur de retard,
LYt = Yt-1, L2
Yt = Yt-2 ,...,
Ln Yt =
Yt-n
Le système de pondération utilisée est
celui de KOYCK.
Dans ce cas, on a :
W (L) =
(1.17)
Pour simplifier, on va supposer que k (i, w, u, )
= k
On obtiendra la fonction de consommation correspondant
à l'hypothèse du revenu permanent
Ct = k Yt
(1.18)
On en tire l'équation d'estimation
Ct = Ct-1 +
k(1-)Yt + t
(1.19)
t est un terme représentatif des erreurs.
L'hypothèse spécifique de pondération de
KOYCK est représentée par le paramètre
,
paramètre qui est aussi justifié par la vision
«permanente» selon laquelle les
calculs du revenu attendu reposent sur des moyennes de revenus
passés.
La démarche par laquelle Friedman s'attaque au
problème de la pondération des observations passées
consiste à formuler le revenu permanent sous la forme :
Yp(t) = Yo [Y(T) -
Y0] dT
(1.20)
t représente le
présent , T, les observations
passées du revenu
est
le taux de croissance tendanciel, est
le paramètre de pondération.
Après quelques manipulations qui impliquent
l'évaluation de l'intégrale à t =
T, FRIEDMAN aboutit à l'équation
suivante en terme des données observables
Ct = k Y(T)dT
avec Yt = Y(T)Dt
(1.21)
En terme discret, on obtient :
YPt = k
(1.22)
Ici, la variable indépendante est une moyenne
pondérée des valeurs passées du revenu. Cette version
contient trois paramètres (k, ). Friedman propose
un calcul à part de la tendance. et k
peuvent alors être déterminés dans la
régression qui lie la consommation au revenu.
La théorie du revenu permanent permet de rendre
compte du fait que la fonction de consommation observée en longue
période est linéaire alors que celle observée en courte
période est affine dans la mesure où il existe un revenu
transitoire. En moyenne, les personnes riches ont un revenu transitoire
positif, ce qui fait que leur Pmc est faible alors
qu'à l'inverse une personne pauvre dont le revenu transitoire est
négatif aura une plus forte Pmc.
La PMC de longue période est
supérieure à la PMC de courte période.
Dans le cas où les individus préfèrent un flux stable de
consommation sur une longue période, la consommation de chaque
période (consommation courante) est fonction du revenu
permanent, la PMC et le taux d'épargne étant constants.
C = Yp
C
Figure n°4
La fonction de consommation de FRIEDMAN
45°
Y
Dans la variante la plus restrictive, la consommation tend
à représenter une proportion constante du revenu permanent,
proche de 100% de celui-ci. Dès lors, toute épargne
accumulée proviendra principalement du revenu transitoire. Ainsi, une
Pmc extrêmement forte sur le revenu transitoire
pourrait être le résultat de l'imperfection des marchés
financiers; DOLDE28(*) (1978) et T.
RUSSEL29(*)
(1974).
KREINEN (1961) et
LANDSBERGER30(*) (1970) sur des données
israéliennes, ont débouché sur une confirmation
très forte de la théorie de Friedman.
Allant en sens contraire, L.R. KLEIN
et LIVIATAN31(*) (1957) ont obtenu une
Pmc supérieure à un pour une catégorie
de revenu considérée comme transitoire. Mais, des
démarches similaires de REID (1962)32(*) et plus récemment
celle de I.A.SHAPIRO33(*) (1976) vont dans le sens
suggéré par FRIEDMAN.
Ainsi et au regard de nombreuses études de
vérifications empiriques infirmant et confirmant les résultats
obtenus par FRIEDMAN, la théorie du revenu permanent
présente deux intérêts majeurs.
- Le premier est d'avoir quitté la sphère
macroéconomique pour rechercher au niveau microéconomique les
fondements du comportement de consommation des agents.
- Le second est d'avoir montré que les variables
permettant de décrire le comportement des agents ne sont pas objectives
i.e. mesurables statistiquement mais au contraire, elles sont subjectives i.e.
qu'elles dépendent de la façon dont les agents les
perçoivent. Il appartient alors à la théorie
économique d'analyser et de les relier aux variables objectives.
Par ailleurs, cette théorie présente quelques
limites.
- L'analyse microéconomique du comportement de
consommation des agents s'appuie sur les concepts de la théorie
marginaliste et constitue une description tout aussi sommaire. La distribution
des unités de consommation par revenu est indépendante de leur
distribution selon le taux de l'intérêt r, le
ratio du capital non humain au revenu permanent w et les
préférences relatives au choix consommation - accumulation
d'actifs u.
- Le passage du niveau microéconomique est soumis
à des hypothèses qui apparaissent éloignées de la
réalité tel qu'il est difficile d'admettre que la fonction de
consommation finalement obtenue résulte bien du comportement
microéconomique des agents.
- Sa formulation est beaucoup trop rigide pour pouvoir
décrire dans toute sa diversité le comportement de consommation
des agents tel qu'il est observé dans la réalité.
- La justification de la stabilité à long
terme du rapport consommation au revenu n'est pas suffisamment
convaincante.
- Enfin, la théorie du revenu permanent obtenu en
introduisant l'hypothèse des anticipations adaptatives (modèle
de CAGAN34(*), 1956) a été remise
en cause par les critiques de LUCAS (1976) et les
hypothèses des anticipations rationnelles35(*).
HALL36(*) (1978) a alors pensé une
version rationalisée du revenu permanent qui tient compte explicitement
de l'incertain. Son modèle montre que la meilleure prévision de
la consommation future est la consommation présente. Ainsi, la
consommation future est très dépendante de l'aléa que
constitue l'innovation du revenu permanent. Cet aléa constitue la
principale source de variabilité de la consommation au cours du temps.
En effet, le modèle implique le lissage de la consommation de l'agent
d'une période à l'autre tout au long du cycle de vie.
2- LA THEORIE DU CYCLE DE VIE
Les fondements théoriques de l'action du patrimoine sur
la consommation et l'introduction de cette variable dans la fonction de
consommation résultent des travaux effectués par
BRUMBERG, MODIGLIANI et ANDO37(*) à la
suite des réflexions développées par
HARROD38(*).
Leurs travaux sont basés sur les hypothèses
suivantes :
- Les ménages consomment et épargnent en
fonction de leur cycle de vie. Ils empruntent où s'endettent pour
financer leurs études lorsqu'ils sont jeunes, ils consomment moins
qu'ils ne gagnent pendant la période active; ce qui leur permet de
rembourser le prêt étudiant et de constituer une épargne
pour financer la retraite. Une fois à la retraite, ils puisent dans leur
épargne pour vivre i.e. qu'ils désépargnent.
L'épargne permet à l'individu de reporter une partie de sa
consommation vers les périodes (retraites) où les revenus
escomptés sont plus faibles que le revenu moyen sur la durée de
vie normale.
- Si l'on raisonne sur la durée de vie de
l'individu et en supposant que celui-ci d'une part, connaît avec
certitude la date de sa retraite et son décès et d'autre part
qu'il ne se préoccupe pas de ses héritiers, les propensions
moyennes et marginales à consommer les revenus sur la durée de
vie sont égales entre elles et égales à l'unité
pour tous les ménages.
- Le ménage désire maximiser une fonction
dépendant de sa consommation présente et de ses consommations
futures sous la contrainte d'un certain montant de ressources.
- Le taux d'actualisation choisi par le ménage est
le même pour chaque période.
- La fonction d'utilité est homogène par
rapport aux consommations des différentes périodes. Autrement
dit, la richesse inter temporelle des consommations de l'agent est
indépendante du niveau de sa richesse, de telle sorte que, si sa
richesse double, la consommation de chacune des périodes doublera
également.
- Dans le modèle de l'HCV, la consommation
dépend du revenu courant Yt, du
revenu anticipé Yta, des actifs
initiaux at -1 et de l'âge de la
famille t.
- La fonction de consommation est stable. Il faut pour
cela que le revenu courant perçu pendant la vie active excède
les besoins de consommation.
- La propension moyenne à épargner, nulle en
régime stationnaire, s'accroît avec le taux de croissance de
l'économie. De cette relation, on déduit que la propension
moyenne à épargner de longue période est constante et
égale à la propension marginale.
Figure n°5 : La fonction de
consommation dans la théorie d l'HCV
Epargne
Revenu
Consommation
Désépargne
Retraite
Vie active
Décès
Temps
A
S/Y
A = Patrimoine accumulé
Y = Revenu courant
C = Consommation
Y
C
Les déterminants du taux de l'épargne dans l'HCV
sont :
- La croissance économique.
Le taux d'épargne augmente avec la production et le taux de croissance
de la production. Seule une économie en expansion engendre (et
nécessite) une épargne globale positive. Entre des pays
à comportement individuel identique, le taux d'épargne global
sera autant plus élevé qu'est important le taux de croissance
à long terme de l'économie.
- La croissance
démographique. Une répartition par âge
ressortant plus d'actifs que de jeunes et retraités, un allongement de
la durée de vie (espérance de vie), une diminution de
l'âge de départ à la retraite ont un effet positif sur
l'épargne des ménages.
Par ailleurs, MODIGLIANI et
BRUMBERG39(*) (1984) soulignaient
qu' « un ménage dont le revenu courant
augmente de façon inattendue au-dessus du niveau antérieur,
auquel le ménage était habitué (...) épargnera une
fraction de son revenu plus grande que celle qu'il épargnait avant le
changement et aussi plus grande que celle qu'épargnent actuellement les
membres permanents de la classe de revenu dans laquelle entre maintenant le
ménage».
Nous allons maintenant procéder à l`analyse
formelle de l'HCV. Il ressort des études que les ressources des
ménages sont constitués par la richesse nette ou actif net dont
ils disposent au début de la période courante et des
périodes futures durant leurs années
d'activité.
Ainsi, le consommateur d'âge t
est supposé maximiser à chaque période
t sa fonction d'utilité telle que :
Ut = f
(1.23)
t, rt, sont
respectivement l'âge actuel du chef de famille,
le taux d'actualisation et la consommation de la
période j,
sous la contrainte.
Nt = aTt-1 +
yTt + (1.24)
Avec
aTt-1 =
Actif net disponible des agents d'âge T ou richesse accumulée
par une famille d'âge t à la fin de la
période précédant la période courante.
YTt = Revenu du travail
au cours de la période T
Yta,T,T'
= Revenu du travail moyen que l'agent d'âge T anticipe de
recevoir lorsqu'il aura l'âge T'
N = âge jusqu'au auquel
l'agent est supposé travailler.
La consommation est constituée par les achats de biens
de consommation non durables et de services augmentés de la valeur
locative des biens de consommation durables, qui est égale à la
diminution de leur valeur au cours de la période augmentée du
coût d'opportunité du capital immobilisé.
En faisant l'hypothèse selon laquelle le taux
d'actualisation est égal au taux de rendement de ses actifs, la
consommation de la période courante d'un agent d'âge T peut
s'écrire :
CTt = f
(1.25)
En admettant que l'agent ne laisse ou ne reçoit pas
d'héritage, on montre dans ces conditions que la consommation durant la
période t d'une personne d'âge
T
CTt est
proportionnelle au montant de ses ressources.
CTt =
(1.26)
facteur de proportionnalité qui dépend de la forme de la
fonction d'utilité, du taux de rendement des actifs r t, et
de l'âge T de l'agent considéré.
Ressources de l'agent considéré.
La fonction de consommation microéconomique devient
CTt = (1.27)
Pour obtenir une fonction de consommation
macroéconomique, il convient de procéder à
l'agrégation. Une des conditions suffisantes d'agrégation est
que la structure par âge de la population soit constante.
On aura :
C*t = á'1
Y*t + á'2
Ya*t + á'3
a*t+1 (1.28)
Avec C*t = , Y*t
=
Chacun des á1, á2,
á3 dépend de la durée de vie et de t
(l'âge du ménage).
Pour déterminer le revenu anticipé,
ANDO et MODIGLIANI adoptent deux
formulations :
- La première consiste à admettre que le
revenu moyen anticipé est proportionnel au revenu courant, autrement dit
que Yta* = ß'
Y*t. Dans ces conditions, la fonction de
consommation devient en posant :
á1 = á'1 +
á'2 ß' á3 =
á'3
C*t = á1
Y*t + á3 a*t-1
(1.29)
- La seconde formulation consiste à distinguer le
revenu anticipé des personnes disposant d'un emploi du revenu
anticipé des chômeurs.
Ils obtiennent :
Yta* = (ß1 -
ß2) Y*t + ß2
Y*t. avec
ß2 < ß 1
(1.30)
Y*t = le
revenu global du travail ; Nt = le nombre de personne
disposant d'un emploi, Pt = population
active
ß 1 =
coefficient de proportionnalité entre le revenu anticipé et le
revenu du travail moyen des personnes disposant d'un emploi.
ß2 =
coefficient de proportionnalité entre le revenu anticipé et le
revenu du travail des chômeurs.
En remplaçant (1.31) dans (1.32), la fonction de
consommation obtenue sera de la forme :
C*t = á1
Y*t + á2 Y*t
+ á3 a*t - 1
. (1.31)
avec á1= á'1 + (
ß 1 - ß2 ). á `2 ;
á2 = á
`2 ß2 ; á3 =
á'3
Des études du budget des ménages
effectuées aux Etats Unis par MIRER40(*) (1979) ont
montré que les personnes âgées augmentent en
réalité leur épargne après leur départ en
retraite bien que les faits ne permettent pas de dire clairement s'il s'agit
d'un transfert entre générations (effet de
génération), ou du résultat d'une baisse de la
productivité dans les fonctions individuelles de consommation (effet
d'âge), ou encore d'une réaction étonnamment lente face
à des gains non anticipés ou enfin d'une réaction face
à une incertitude accrue.
Il ressort des études de ATKINSON41(*) (1971)
au Royaume Uni et WOLFF42(*) (1981) aux Etats-Unis que
l'HCV ne rend pas compte de la répartition observée des niveaux
du patrimoine.
Des études faites par RUGGLES
(1981) sur les ménages américains et
A. BABEAU43(*)(1983) en France laissent
apparaître :
- une stabilité assez remarquable du rapport
patrimoine - revenu sur la période étudiée;
- l'existence d'un patrimoine non nul au moment du
décès imputable dans un premier temps à la prise en compte
de l'incertitude quant à la date du décès et dans un
second temps au caractère altruiste des ménages qui de plus en
plus veulent transmettrent un héritage positif à la
génération suivante.
Ainsi, l'importance relative des motifs d'héritage et
de retraite dans les déterminants de l'accumulation patrimoniale fait
l'objet d'une controverse empirique chez les économistes.
*Pour MODIGLIANI, la durée de la
retraite est le déterminant principal du taux de l'épargne.
*Pour KOTLIKOFF44(*) (1979), les
transferts intergénérationnels sont l'explication principale de
l'épargne.
*D'après KESSLER et MASSON45(*) (1990),
on accumule le patrimoine pour deux mobiles :
- L'épargne pour soi qui
répond aux propres besoins du ménage.
- L'épargne pour autrui qui met en
jeu les relations sociales (volonté de léguer et prestige
social).
*FARREL46(*) (1970) pense que
l'incidence quantitative de l'épargne de solidarité sur le taux
de l'épargne des ménages dépend du taux de
l'intérêt et de l'importance (par rapport au revenu) de
l'héritage transmis.
Dans la réalité, les dons et legs entre
générations sont en fait fréquents, mais il est difficile
de dire s'ils sont dus au désir de laisser un héritage ou bien
qu'en raison de l'incertitude quant à la date du décès,
ils représentent des économies constituées en vue de la
retraite ou des économies de précaution qui n'ont pas
été dépensées.
Par ailleurs, il faut noter que cette théorie est bien
adaptée aux pays où l'éducation est coûteuse et
où la retraite n'est pas (ou peu) prise en charge par la
collectivité. Cette forme d'épargne forcée et
contractuelle n'empêche pas les ménages à vouloir
compléter la retraite par mutualisation d'une épargne
individuelle ou par capitalisation.
On retient de l'HCV qu'il reste un modèle analytique
intéressant et toujours d'actualité. Plusieurs études de
vérifications empiriques ont été menées. Elles ont
introduit l'incertitude sur les revenus, sur la durée de vie, sur
l'âge de la retraite, les considérations d'héritage,
l'inégalité des revenus et sur l'imposition des prestations
sociales dans le modèle de base. Le résultat a été
modifié sans toutefois changer les résultats essentiels de
MODIGLIANI.
Après avoir parcouru le processus de production de
l'épargne à travers les différents types de revenus, nous
allons aborder au chapitre suivant l'étude des variables qui influencent
le placement et l'affectation de l'épargne.
« Enrichissez-vous par le travail et
l'épargne »
GUISOT
CHAPITRE 2 : L'INFLUENCE DES instruments
de politique economique.
Deux types d' instruments de politique économique
agissent sur l'épargne des ménages :
- Les variables monétaires, constituées du
taux d'intérêt et de l'inflation.
- Les variables budgétaires, constituées de
la fiscalité et du crédit octroyé aux
ménages.
L'influence des taux ou des facilités au niveau
international est à prendre en compte dans une stratégie de
maintien de l'épargne dans le pays d'origine. Des taux
d'intérêts élevés, une fiscalité avantageuse,
une inflation maîtrisée dans les pays étrangers peut
occasionner la fuite de l'épargne vers ces destinations plus
attractives.
Un environnement politique stable encourage
l'épargne productive. L'instabilité politique et monétaire
nécessite l'inclusion d'une prime de risque dans la
rémunération de l'épargne. Quel que soit le taux de
rendement offert, les conditions de confiance des ménages
résidents par rapport aux institutions locales, la
sécurité économique et fiscale de leur placement ainsi que
les anticipations concernant le taux de change de la monnaie doivent pouvoir
être rassurants. La simple existence d'une stabilité politique et
monétaire ne suffit pas. Il est nécessaire de créer une
situation dans laquelle cette stabilité est anticipée, car les
décisions d'épargne sont fondées sur des risques
anticipés sur les variables monétaires ou
budgétaires.
I - Les variables monétaires
L'action des taux d'intérêts est à
l'origine d'une controverse entre les partisans des taux élevés
(classiques et néoclassiques) et des taux faibles (Keynésiens),
entre ceux qui lui accordent une importance capitale et ceux qui ne
reconnaissent aucun rôle à une politique de l'épargne. La
réaction de l'épargne au taux de l'intérêt est
difficile à déterminer. L'effet de substitution
montre qu'une hausse du taux peut stimuler l'épargne pendant que
l'effet de revenu montre qu'une hausse des taux peut au
contraire déprimer l'épargne.
L'inflation quant à elle est à l'origine
d'abord, de l'effet de fuite devant la monnaie, ensuite du
phénomène de reconstitution des encaisses réelles et enfin
de l'illusion monétaire.
1- LE TAUX DE
L'INTÉRÊT
D'après J.P.V. BENOÎT47(*) (1985), le taux de
l'intérêt «est un prix, le prix payé par
un emprunteur - un individu ou une institution, une institution
financière ou une autre personne juridique - au possesseur du capital
emprunté, en monnaie ou en nature, ou à l'épargnant qui a
déposé son argent, en rémunération des services
rendus par ce propriétaire de capital, ou cet épargnant qui a
volontairement et temporairement mis son avoir à la disposition de
l'emprunteur».
Le taux de l'intérêt nominal
rémunérant les dépôts est celui qui est
proposé aux épargnants lors du dépôt. Le taux de
l'intérêt réel est le taux nominal adapté pour
prendre en compte l'inflation ou plus précisément le taux
d'inflation escompté du public.
Dans l'optique où l'épargne est perçue
comme renoncement à consommer à court terme, le taux de
l'intérêt dans ce contexte est la rémunération de
cette privation. Pendant ce renoncement, les prix des biens peuvent augmenter.
L'arbitrage entre la consommation et l'épargne va alors dépendre
du taux de l'intérêt réel.
Les auteurs classiques et néoclassiques, d'Adam
SMITH à Milton FRIEDMAN, pensent que l'épargne
est fonctionnellement liée au taux de l'intérêt. Le taux de
l'intérêt agit donc de manière directe sur
l'épargne. Ainsi, une augmentation (resp. diminution) du taux
de l'intérêt doit entraîner, à revenu donné,
une augmentation (resp. diminution) de l'épargne et par
conséquent, une diminution (resp. augmentation) de la
consommation.
Pour I. FISHER48(*) (1926), le taux de
l'intérêt réel doit ajuster l'épargne à
l'investissement désiré. Il ne s'agit pas de l'équilibre
du marché des biens d'investissement pour lequel le prix des biens de
capital nouveaux joue le rôle de régulateur, mais d'un
équilibre financier entre les fonds requis par l'investissement et ceux
épargnés par les ménages. L'offre de fonds met en balance
le taux réel (le rendement) et le taux d'escompte psychologique
(le sacrifice). La demande résulte de la confrontation de la
productivité marginale du capital et de l'intérêt
réel (le coût du capital). A l'équilibre, toutes
ces grandeurs sont égales et le taux de l'intérêt
réel représente à la fois la préférence
pour le présent, le coût d'opportunité des fonds et la
productivité du capital.
Schéma classique
Demande d'investissement
Offre d'épargne
Taux de l'intérêt
Pour KEYNES49(*) (1936), l'intérêt n'a pas
d'importance et il n'est pas pris en compte dans les décisions de ceux
qui veulent se constituer un pécule au moyen de l'épargne.
L'intérêt est une grandeur purement financière. Il conteste
l'idée selon laquelle le taux de l'intérêt soit une
variable qui ajuste l'offre d'épargne et la demande des capitaux par les
investisseurs. Il relie la notion de taux de l'intérêt à
celle de préférence pour la liquidité. Le taux de
l'intérêt est le prix qui équilibre le désir de
détenir la richesse sous forme de monnaie et la quantité de
monnaie disponible. De ce fait, si le taux de l'intérêt est moins
élevé, le montant global de la monnaie que le public
désire conserver est supérieure à la quantité
offerte. Si au contraire, le taux est majoré, il y a un excédent
que personne ne voudra conserver. KEYNES pense alors que le
taux de l'épargne n'est pas déterminé par le taux de
l'intérêt mais par le revenu courant.
Schéma Keynésien
Offre de monnaie
Taux de l'intérêt
Demande de monnaie préférence
pour la liquidité
Le taux d'intérêt agit indirectement sur
l'épargne de plusieurs manières :
- Une élévation du taux de
l'intérêt a pour effet d'augmenter le coût du crédit
à la consommation et à l'investissement, de diminuer le volume du
crédit à la consommation et à l'investissement et par
conséquent, la consommation et le revenu.
- Une augmentation du taux de l'intérêt
provoque une diminution de la valeur du patrimoine financier des
ménages, qui entraîne elle même, toutes choses égales
par ailleurs, une diminution de la consommation.
- L'action des taux d'intérêts peut se
manifester par le biais d'une restructuration du patrimoine, et plus
précisément, par un effet de substitution entre les actifs
liquides et les biens de consommation durables.
En somme, la théorie classique met l'accent sur la
nécessité d'épargner (taux de l'intérêt
élevé) et la théorique Keynésienne, sur la
nécessité de dépenser (taux d'intérêt
bas).
Des tests empiriques menés par
l'OCDE50(*) en Europe (1968),
MIKESELL et ZINSER51(*) (1973),
GOVANNINI52(*) (1983) dans les PVD,
DAVID et SCADDING53(*) (1974) semblent rejeter
l'hypothèse d'une élasticité positive de l'épargne
aux taux de rendement réels. Pour eux, le taux de l'intérêt
n'affecte pas de manière significative le comportement d'épargne.
Une autre étude du Committee on the Working of monetary
system en Grande Bretagne en 1999 citée par
J.P.V. Benoît54(*) a montré que les taux d'intérêts
relatifs ont eu une grande influence sur la répartition de
l'épargne entre les différents instruments de placement. Ils
n'ont pas servi à encourager les habitudes d'épargne.
Les partisans des taux d'intérêt réels
élevés pensent que ces taux encourageant les ménages
à déposer leur épargne auprès des institutions
financières plutôt que d'investir dans les actifs réels ou
de conserver en encaisses oisives. Cette incitation permet de dégager
des montants d'épargne importants pour l'investissement productif. Un
faible taux d'intérêt sur les crédits force les banques
à offrir de faibles taux de l'intérêt sur l'épargne.
Cette situation ne les encourage guère à se lancer dans la
mobilisation de l'épargne.
Des études menées par J. Fry
MAXWELL55(*) (1955) en Asie,
MCKINNON et SHAW56(*) (1973) en Asie et en
Amérique Latine, BOSKIN57(*) (1978) aux Etats Unis et
D. W. ADAMS58(*) (1978) au Japon montrent que
l'élasticité de l'épargne par rapport au taux de
l'intérêt est significativement positive.
J.P.V. BENOÎT propose, pour rapprocher
les différentes positions, quatre types de réactions par rapport
au taux de l'intérêt.
- Les épargnants des faibles montants sont
insensibles à de faibles variations des taux. Ils sont influencés
par des variations plus importantes.
- Ceux qui épargnent pour réaliser des
objectifs précis ont tendance à ne pas réagir aux
variations de taux.
- Ceux qui épargnent de gros montants sont
influencés par les variations de taux.
- Ceux qui connaissent bien le fonctionnement des cercles
financiers ont tendance à être influencé par les variations
des taux.
En somme, la réaction de l'épargne au taux de
l'intérêt est difficile à déterminer. L'impact des
taux de l'intérêt est responsable de deux effets :
l'effet prix relatif (qui se décompose en
effet de substitution et effet de revenu mais dont l'impact global est non
défini) et l'effet richesse (qui accroît
l'épargne).
L'effet de substitution
montre qu'une hausse de taux peut stimuler l'épargne
dans la mesure ou à chaque unité monétaire
accumulée est associée une consommation future plus
élevée. Tout acte d'épargne se traduit comme un
déplacement ou transfert de consommation du présent vers le
futur, une privation ou un sacrifice qui sera compensée par un
accroissement de la demande future.
L'effet de revenu montre
qu'une hausse des taux de l'intérêt peut également
déprimer l'épargne en allégeant l'effort
nécessaire à la constitution d'une réserve donnée
du pouvoir d'achat (réduction de la valeur du stock des titres anciens
ou du patrimoine financier).
Si la consommation présente et la
consommation future sont fortement substituables, l'effet de substitution sera
fort et l'emportera sur l'effet de revenu. En revanche, si la consommation
future est ressentie comme complémentaire de la consommation
présente, l'effet de revenu l'emportera sur l'effet de
substitution.
L'effet richesse mesure l'impact de
la valorisation des actifs sur la consommation des ménages.
Les répercussions sur la propension moyenne à
épargner d'une variation des encours de patrimoine induite par les
fluctuations de prix peuvent se faire par l'entremise des gains patrimoniaux.
2- L'INFLATION
L'inflation par les prix est
définie comme une augmentation continue et soutenue du niveau d'ensemble
des prix. Pour le ménage, l'inflation agit sur ses
placements (remboursement de l'épargne en
monnaie dépréciée, taux de rentabilité
inférieur au taux d'inflation) et sur son pouvoir d'achat. Son
effet est variable selon les pays. Un taux d'inflation acceptable dans un pays
peut constituer dans un autre un traumatisme économique.
L'inflation est soit :
- chronique (augmentation des
prix entre 25 et 50% pendant un minimum de trois ans);
- aiguë (augmentation de prix
supérieure à 50% pendant un minimum de trois ans
consécutifs);
- galopante (taux
d'inflation annuels supérieurs à 200%).
Si les taux d'inflation ont tendance à être
volatiles et imprévisibles, l'incertitude pesant sur le rendement des
actifs financiers détenus sera élevée. L'incertitude des
rendements nuit à l'acte d'épargne en dissuadant la formation du
capital productif et en incitant à l'acquisition des valeurs refuges et
des actifs étrangers présumés moins risqués.
L'analyse des effets de l'inflation sur les ménages se
résume en trois propositions :
- L'inflation pénalise les prêteurs;
- les ménages sont globalement des
prêteurs;
- donc l'inflation nuit aux ménages.
L'inflation se traduit par un gaspillage de l'épargne
dans la mesure où, faussant le mécanisme du prêt à
long terme, elle empêche une sélection rationnelle des
investissements.
Les conséquences de l'inflation sont très
difficiles à apprécier et à prévoir. Une hausse des
prix peut en effet donner lieu aussi bien à une baisse du taux de
l'épargne (effet de fuite devant la monnaie) qu'à une
hausse de ce taux (phénomène de reconstitution des encaisses
réelles). L'inflation, réduisant la valeur réelle des
encaisses monétaires détenues par les ménages, incite
celles-ci à accroître leur valeur nominale pour maintenir leur
valeur réelle.
L'action des actifs liquides sur la dépense des agents
a été introduite dans la théorie économique par
l'analyse monétaire néoclassique. C'est ainsi que successivement,
FISHER59(*) (1911),
PIGOU60(*) (1917),
MARSHALL61(*) (1923) et
WICKSELL62(*) (1936) ont exposé
l'idée, reprise et développée par
PATINKIN63(*) (1965) selon laquelle les
agents désirent détenir un certain montant d'encaisses
réelles.
Ainsi à côté de la demande des biens de
consommation, les agents formulent concurremment une demande d'encaisses
liquides réelles. Si le niveau des encaisses réelles effectif est
supérieur (resp. inférieur) à son niveau
désiré, les agents augmenteront (resp. diminueront) leur
demande de bien de consommation. Ainsi, une diminution (resp.
augmentation) du niveau général des prix, entraînera
une augmentation (resp. diminution) de la valeur des encaisses
monétaires, ce qui aura pour effet d'augmenter (resp. diminuer)
la valeur réelle du patrimoine qui agit sur la consommation. Cette
action de la valeur réelle des encaisses monétaires sur la
consommation est ce qu'on appelle l'EFFET PIGOU.
L'EFFET KEYNES quant à lui stipule que
l'augmentation des encaisses réelles -
conséquence d'une baisse des prix et des taux d'intérêt
- agira de manière indirecte sur l'épargne
à travers l'augmentation du volume de l'activité
économique soutenu par la consommation et l'investissement.
Ces deux mécanismes (effet PIGOU et effet
KEYNES) ajoutés au phénomène de l'illusion
monétaire dont peuvent être victime les ménages face
à leurs anticipations, atténuent l'ampleur de l'effet d'encaisses
réelles.
L'illusion monétaire consiste
à confondre une variation du taux nominal (exprimé en
quantité de monnaie courante) avec une variation du taux
réel (exprimé à prix constants ou en pouvoir
d'achat), à mal distinguer les évolutions de prix relatifs
et de prix absolus en prenant l'une pour l'autre. C'est le cas des
ménages qui, en présence d'une baisse des prix et des salaires,
sont plus sensibles à la baisse de leurs salaires qu'à celles des
prix. Ils vont ainsi majorer la baisse de leur revenu réel et diminuer
conséquemment leur consommation réelle relativement à
leurs ressources réelles. Inversement, un ménage est victime de
l'illusion monétaire lorsqu'il se croit plus riche sous prétexte
que son revenu nominal a augmenté alors que les prix ont augmenté
dans les mêmes proportions.
Lorsqu'un individu cherche à acquérir une
certaine quantité q d'un produit, il connaît son revenu
nominal Y et le prix exact
p. Il corrige ces deux éléments par
son anticipation du niveau général des prix
P.
q = f (p/P, Y/P)
Si l'inflation effective est plus élevée que
l'inflation attendue, l'individu pensera que le produit q
est devenu relativement plus cher, ce que, toutes choses
égales par ailleurs, devrait l'inciter à l'acheter en moins
grande quantité. Cette illusion monétaire sur les
prix relatifs identifiée par DEATON 64(*) (1977) tend à
accroître l'épargne.
Mais logiquement, l'individu devrait aussi penser que son
revenu réel est plus élevé qu'il l'avait prévu, ce
qui, toutes choses égales par ailleurs, devrait l'inciter à
acheter plus. Cette illusion monétaire sur les revenus -
effet identifié par BRANSON et KLEVORICK65(*) (1968) - tend
à abaisser le taux de l'épargne.
Par ailleurs, si on suppose que les ménages sont
capables d'anticiper les prix en fonction de ce qu'ils ont observé dans
le passé (anticipations adaptatives), ils pourront en cas de
baisse (resp hausse) des prix anticiper aisément la poursuite
de ce mouvement de baisse (resp hausse) et par conséquent
différer (resp accélérer) leurs achats de bien de
consommation. Ce qui peut diminuer très fortement, voire surpasser,
l'effet d'encaisses réelles.
II- Les variables budgétaires
Il transparaît des analyses que la fiscalité
sur l'épargne doit être souple pour être incitative.
L'impact global de la fiscalité sur l'épargne est aussi difficile
à quantifier. Cette indétermination est la conséquence de
la divergence des effets produits (effet de revenu et effet de substitution).
En cas d'augmentation des prélèvements fiscaux par exemple,
l'effet de substitution fait baisser l'épargne pendant que l'effet de
revenu accroît l'épargne.
Le crédit est souvent la cause et la
conséquence de l'acte d'épargne. Nous allons tour à tour
aborder l'influence de la fiscalité et du crédit sur
l'épargne des ménages.
1- LA FISCALITÉ
Dans la pensée classique (Ricardo,
MILL...), l'impôt sur les revenus de ménages doit
être doux, juste et suffisant pour stimuler l'offre. Plusieurs autres
développements théoriques militent en faveur d'une
fiscalité neutre, stable et équitable afin qu'elle constitue le
levier efficace à l'épargne des ménages
En ce qui concerne
KEYNES, il pense qu'un alourdissement de la fiscalité sur
les revenus du capital, compensé par un allègement de la
fiscalité sur les revenus du travail aura pour effet de
décourager l'épargne privée disponible pour
l'investissement et d'augmenter la propension à consommer. Il construit
son analyse au regard de la politique fiscale britannique de
l'après-guerre dont l'objectif était de modifier la
répartition du revenu national en faveur des salaires et au
détriment des revenus du capital. Les titulaires des revenus
du travail ont une propension marginale à consommer plus forte que les
titulaires des revenus du capital.
L'économiste britannique Nicholas
KALDOR, dans sa théorie de classe établit que les
habitudes de consommation se distinguent fortement suivant la classe
économique qui est elle même directement ou indirectement
liée au niveau d'éducation et à la classe sociale. Selon
lui, les travailleurs qui tirent l'essentiel de leurs revenus de leur force de
travail sont réputés avoir une propension à
l'épargne nettement inférieure à celle des capitalistes,
qui reçoivent des revenus de la propriété (profit,
intérêt, rentes).
L'hypothèse classe - épargne se
représente ainsi :
S = Sw L + Sc P
Sw, Sc, L et
P sont respectivement la propension des travailleurs
à épargner une partie des revenus tirés du
travail, la propension des capitalistes
à épargner une partie des revenus tirés de la
propriété, le revenu du travail et le revenu de
la propriété
Ainsi, une diminution des prélèvements fiscaux
sur les revenus de capitaux va nécessairement provoquer une augmentation
du revenu disponible et par ricochet, une relance de la consommation et de
l'épargne. Dans un contexte de ponction fiscale supplémentaire
sur les revenus du travail, les économistes Keynésiens observent
que les ménages redoublent plus d'efforts pour maintenir leur standard
de vie. Un effet de revenu se manifeste puisqu'il y a
tentative de compensation des ressources ainsi amputées.
Quant aux économistes de l'offre (L.
BEMAN,1984; D.G.
RABOY,1984), ils arguent qu'en face d'une
augmentation du taux d'imposition, les ménages aiment mieux diminuer
leur temps de travail et augmenter leur nombre d'heures de loisir sous
prétexte que le rendement du travail devient faible. C'est un effet de
substitution qui prévaut
Parlant des spécialistes du développement, ils
considèrent que "les taux d'imposition élevés
ne sont pas nécessairement favorables ni les taux d'imposition faibles
obligatoirement nuisibles à la mobilisation de l'épargne
intérieure"66(*). VITO TANZI67(*) (1987)
révèle que les pays de l'Afrique subsaharienne tendent à
appliquer une pression fiscale supérieure par rapport à leur
capacité fiscale et à celle qu'appliquent les pays d'Asie. Cette
situation limite structurellement leur capacité de mobilisation de
l'épargne. D'autres analyses tendent à démontrer que
dans la majorité des PVD, la PMC des pouvoirs publics du fait de
l'impôt a été suffisamment élevé pour que
l'alourdissement de la fiscalité provoque facilement la baisse et non
l'augmentation de l'épargne intérieure totale. On est venu
à connaître ce phénomène sous le nom
d'effet PLEASE68(*)
Dans les modèles de cycle de vie avec
générations égoïstes
(MODIGLIANI), l'allègement
temporaire de la fiscalité n'entraîne aucune
modification sur l'épargne et la consommation. Au contraire, si
l'allègement est durable, il peut exercer un
effet favorable sur la consommation et l'épargne.
Des études de BLADES69(*)
(1983), il ressort que les effets d'un impôt sur
le revenu du travail ou sur la consommation sont équivalents du point de
vue des ménages. Tous deux réduisent le pouvoir d'achat
réel des ressources et par conséquent le niveau de flux
réel de consommation et d'épargne.
L'incidence éventuelle du changement de la
fiscalité (substitution d'un impôt proportionnel sur la
consommation à un impôt progressif sur le revenu) sur
l'épargne des ménages sera fonction des différences des
propensions marginales à épargner entre les différents
groupes de revenus. Si la propension marginale à épargner
augmente avec le revenu, le changement de la fiscalité tendra à
accroître l'ensemble de l'épargne.
Une étude de TOBIN70(*) (1980)
dans un état d'équilibre partiel va dans le même sens. Elle
montre qu'un allègrement d'impôt relatif en faveur de
l'épargne (par rapport à la consommation) n'augmente
l`épargne que si l'élasticité de l'épargne par
rapport au taux de rendement est positive et dépasse la propension
marginale à consommer.
Plus bas sera le rendement après impôt attendu de
l'épargne et plus faible sera l'incitation à retarder la
consommation et à épargner (i.e. l'effet de
substitution). Cependant, étant donné qu'une diminution de
ce taux de rendement accroît également le besoin qu'ont les
ménages à épargner pour financer leur consommation future,
cette diminution du rendement net de l`épargne causé par un
impôt sur le revenu du capital est à priori
indéterminé (FELDSTEIN et al71(*).
1981).
Dans la pratique, il est difficile de quantifier ces divers
effets (effet de substitution négatif dû à la
diminution du revenu marginal après impôt et effet de revenu
positif) étant donné qu'il existe un grand nombre d'actifs
distincts, chacun comporte de ce fait des taux de rendement, de risque et
d'impôts différents.
L'impôt sur les revenus contrecarre l'effort individuel,
le goût du risque, l'orientation des patrimoines vers les placements
productifs. Ainsi, les placements non financiers (valeurs, refuges,
troupeaux, immobiliers...) et ceux du secteur informel
(tontines...) permettent d'échapper à toute
déclaration i.e. en définitive à toute
fiscalité. L'impôt prélève des sommes qui en son
absence auraient été épargnées pour une part plus
ou moins grande.
En conclusion, il y a dans la littérature comme une
tendance à recommander une fiscalité sur les revenus
réduite à sa simple expression, si l'on veut promouvoir la
propension des ménages à épargner.
2- LE CRÉDIT
Selon D.B ARGYLE72(*)(1985),
« considérer l'acte d'épargne sans prendre
en considération l'acte de prêt, c'est comme regarder une roue de
bicyclette ». Le crédit est souvent la cause et
la conséquence de l'acte d'épargne. Ainsi, le ménage
épargne dans l'optique d'obtenir un crédit. Après la mise
en place du crédit, il doit épargner pour se désendetter.
L'existence des facilités d'obtention du crédit va ainsi
déterminer le comportement d'épargne de certains
ménages.
Selon la littérature sur les motivations de
l'épargne, le ménage a recours au crédit pour multiples
raisons :
- Préparer un évènement
(funérailles, mariage, voyage, ...).
- Acquérir un terrain / construire un
logement.
- Acquérir un bien de consommation et
d'équipement durables (véhicule, réfrigérateur, TV
...).
- Assurer la scolarité ou les études pour la
progéniture.
- Réaliser un investissement productif
(entrepreneur individuel).
Son revenu courant ne pouvant pas permettre de réaliser
de tels investissements, il a donc le choix entre épargner plus et
réaliser son projet plus tard et emprunter immédiatement avec des
contraintes de remboursement échelonné.
La politique du crédit est aussi
déterminée par la capacité d'absorption de
l'économie. C. NJOMGANG73(*), (1990)
définit l'absorption du capital par rapport à deux
notions :
- Celle de l'accumulation du capital.
- Celle de la capacité d'absorption du capital.
L'accumulation peut être brièvement
définie comme l'accroissement du potentiel productif par le jeu de
l'investissement; la capacité d'absorption serait donc
déterminée par l'ensemble des limites à cet accroissement.
Parmi ces limites, Alain LE NOIR74(*)(1987) parle d'insuffisance des
projets rentables, de manque de savoir-faire dans certains domaines et de
méconnaissance des potentialités ou procédures
sous-jacentes.
Ainsi, le manque d'opportunités viables
d'investissement, l'absence de garanties ou de cautions sûres,
l'instabilité des revenus et l'existence d'une capacité
d'endettement limitée vont non seulement limiter l'accès au
crédit mais aussi détourner l'épargne de l'optique de
production vers la thésaurisation, les gaspillages dans les
dépenses de consommation ostentatoires ou l'acquisition des valeurs
refuges.
Le succès relatif de l'activité de microfinance
est largement imputable plus aux conditions moins contraignantes d'accès
au crédit pour une majorité de ménages qu'à la
pratique des taux favorables.
Toujours dans cette stratégie de
« démocratisation » du crédit, deux approches
ont été développées. Il y a d'une part l'approche
« Epargne d'abord » et d'autre
part, l'approche « Crédit
d'abord ».
Dans l'approche `'Epargne d'abord'',
ADAMS75(*)(1993) en reconnaissant que le crédit
est un remède à la pauvreté pense également que
l'imposition de dettes sur des ménages déjà
vulnérables ne résout pas les problèmes posés par
leur manque de discipline ou d'initiative créatrice. Dans cette logique,
le crédit est vu sous l'angle de la mobilisation et du transfert de
l'épargne ou encore de la renonciation à une consommation
immédiate. On parlera alors d'épargne
sacrifice qui est l'étape à franchir pour
prétendre à un crédit.
Dans l'approche « Crédit
d'abord », il est supposé que les
ménages défavorisés, n'ont pas suffisamment de ressources
leur permettant de dégager une épargne. Ainsi, la mise à
leur disposition des crédits leur donnera la possibilité de mener
des activités économiques, et de dégager des surplus qui
leur permettent de rembourser le crédit et d'épargner
ultérieurement. Ceci a été la démarche
proposée par la GRAMEEN BANK au Bangladesh et c'est
également celle proposée par certains programmes de crédit
ou institutions de développement. Du fait de l'octroi des
crédits, on anticipe que les fonds ainsi crées conduiront
à engager un processus productif dont les résultats permettront
ultérieurement de dégager une épargne qui assurera le
remboursement du crédit. Il y a ici épargne
anticipée
André BABEAU dans un article
au journal Le MONDE du 2 décembre 1997 mettait
en évidence le poids des engagements comme une explication
du maintien d'un taux d'épargne élevé des
ménages. Les crédits à la consommation ou
à la production contractés par ces derniers, une fois
arrivés dans leur phase de remboursement nécessitent des
engagements plus fréquents dans le cadre des formes contractuelles de
l'épargne. Les remboursements d'emprunts constituent une forme
d'épargne obligatoire. Il démontre également que
les investissements dans les logements et les entreprises
individuelles, les placements financiers et les remboursements d'emprunts
constituent les trois affectations prioritaires de l'épargne des
ménages Français.
Qu'il s'agisse en définitive des approches
`'Epargne d'abord'' ou `'Crédit
d'abord', toutes deux ont un point commun qu'elles suscitent
(constitution de l'épargne) ou nécessitent
(remboursement d'emprunt) une épargne. Les facilités
d'accès au crédit et les programmes de crédit ont une
influence certaine sur la propension à épargner des
ménages. Plus il sera facile d'obtenir un crédit, plus un
supplément d'effort d'épargne sera nécessaire. Plus il
sera difficile d'obtenir en crédit, moins il y aura d'engouement
à épargner.
En guise de conclusion, nous pensons que l'analyse des
déterminants de l'épargne des ménages serait
incomplète si elle se réduisait à sa seule dimension
économique. Nous allons à la suite de cette partie, centrer
l'exploration sur les variables extra économiques qui de manière
directe ou indirecte influencent leur comportement d'épargne.
Tableau n°1 : OPERATIONNALISATION DES
VARIABLES INDEPENDANTES DE L'ANALYSE
ECONOMIQUE DU
COMPORTEMENT D'EPARGNE DES MENAGES
Variables
|
Indicateurs
|
Modalités
|
Propriétés
|
LE
REVENU
|
Courant
(KEYNES)
|
- Consommation réelle
(Ct)
- Revenu réel disponible (Yt)
|
- C = aYt + b
- PMC < Pmc
- Pmc < 1
- Stabilité de la fonction de consommation
|
Relatif
(DUESENBERRY, BROWN)
|
- Revenu réel disponible (Yt)
- Revenu disponible le plus élevé atteint dans le
passé (YM)
- Consommation réelle
(Ct)
- Taux de croissance de l'économie (ã)
|
- C = aYt + b
- Interdépendance des consommations
fondée sur l'effet de démonstration
- PMC court terme < PMC long
terme
- Pmc court terme < Pmc long
terme
- Effet de mémoire de BROWN
|
Permanent
(FRIEDMAN)
|
- Consommation permanente
(Cp)
- Revenu permanent (Yp)
- Coefficient de proportionnalité entre
Yp et Cp (k)
|
- PMC court terme < PMC long
terme
- C = Yp
- Stabilité de la fonction de revenu
permanent
|
Patrimonial accumulé pendant le cycle de vie
(MODIGLIANI)
|
- Revenu courant(Yt)
- Revenu anticipé
(Yat)
- Actifs initiaux
(at-1)
- Age famille t
- Taux de croissance de l'économie (ã)
- Taux de croissance démographique
- Population active occupée (Nt )
|
- Les ménages consomment et épargnent en
fonction de leur cycle de vie.
- L'individu connaît avec certitude la date de sa
retraite et de son décès et ne se préoccupe pas de ses
héritiers.
- Pmc = PMC = 1
- Stabilité de la fonction de consommation
|
LE
TAUX DE
L'INTÉRÊT
|
Classiques
|
- Taux d'intérêt élevé
recommandable
|
- Effet de substitution :
une hausse du taux d'intérêt stimule l'épargne.
- Effet de revenu : une
hausse du taux d'intérêt déprime l'épargne.
- L'Effet richesse accroît
l'épargne.
|
Keynésiens
|
- Taux d'intérêt bas recommandable
|
L'INFLATION
|
- Niveau général des prix à la
consommation
|
- Pouvoir d'achat des ménages
|
- Effet de fuite devant la
monnaie : une hausse des prix entraîne une baisse
du taux d'épargne.
- Effet de reconstitution des encaisses
réelles : une hausse des prix entraîne une
hausse du taux d'épargne.
- L'illusion monétaire sur les prix
relatifs (DEATON, 1977) tend à
accroître l'épargne.
- L'illusion monétaire sur les
revenus (BRANSON et KLEVORICK, 1968) tend
à abaisser le taux de l'épargne.
|
- Rendement des actifs
|
- Rémunération nette de l'épargne
|
LA FISCALITÉ
|
- Revenu du travail
- Revenu du capital
- Consommation
|
- Revenu disponible net
|
- Pour Keynes, les titulaires du revenu du travail ont une
propension marginale à consommer plus forte que les titulaires des
revenus du capital.
- Effet de substitution
négatif
- Effet de revenu positif
|
LE CRÉDIT
|
- à la consommation
- à l'investissement
|
- Volume accordé
- Délai de mise en place
|
- Epargne crédit
- Crédit épargne
|
« Chaque nation devra développer sa
propre vision à partir de
son expression originale, de ses problèmes
particuliers et de sa situation spécifique »
Guy HUNTER
DEUXIÈME PARTIE :
L'ANALYSE EXTRA ÉCONOMIQUE ET EMPIRIQUE
DU COMPORTEMENT D'EPARGNE DES MÉNAGES
Nous allons compléter l'analyse économique
avec l'analyse extra économique et empirique des déterminants de
l'épargne des ménages. Elle concerne les variables qualitatives
liées à la démographie, aux facteurs environnementaux, aux
habitudes culturelles et dispositions psychosociologiques du ménage. Il
s'agit pour la plupart des variables subjectives qui peuvent soit nuire, soit
inciter à l'épargne.
MOTTURA76(*)(1977) dans cette
perspective a recensé des facteurs de nature qualitative qui peuvent
nuire à la mobilisation de l'épargne en Afrique :
- La survivance des pratiques et croyances religieuses,
des lois et des coutumes traditionnelles, du système de famille
élargie.
- L'absence d'initiation aux mécanismes
économiques et financiers.
- Le manque de confiance et d'intérêt dans
les institutions financières.
- La faiblesse du revenu monétaire individuel et le
faible degré de monétarisation de certains secteurs
économiques.
- Les modes de consommation peu rationnels (mariage,
enterrement, funérailles...).
- La pratique de la thésaurisation due au manque
d'opportunités d'investissement, à la faiblesse des
réseaux bancaires, au souci de discrétion, au nombre
limité et à la qualité inadaptée des formules
d'épargne proposées par les banques.
L'étude empirique suivra pour tester les
déterminants significatifs à prendre en compte dans une politique
de promotion de l'épargne au Cameroun.
CHAPITRE 3 - L'influence des
facteurs
psychosociologiques et politiques
Les exigences qualitatives des ménages portent sur
la qualité des institutions financières (réputation,
proximité, procédures d'exploitation...) et des produits
financiers proposés par ces dernières. Le degré de
libéralisation et d'adaptabilité du système financier va
conditionner la qualité de l'intermédiation et le niveau
d'importance des systèmes financiers informels. La littérature
(L. GUISO, M. HALIASSOS et T. JAPPELI77(*),
2001) montre que le niveau d'éducation du chef de famille a une
influence notable sur l'épargne des ménages. Il détermine
en effet le lieu, la forme et le volume des opérations
financières demandées. Une personne éduquée ou
initiée aux mécanismes économiques et financiers serait
mieux informée de l'existence de différentes institutions
financières et des opportunités et caractéristiques des
produits de placement qu'elles offrent. Il serait plus disposé à
mieux comprendre les procédures et les principes de fonctionnement,
à interpréter les signaux provenant des marchés, à
se départir des préjugés ambiants et à
apprécier les avantages pour déterminer son comportement
d'épargne en conséquence. On va ainsi distinguer :
- Des produits et attributs de produits aux
caractéristiques facilement appréhendables par les ménage
(pratiques financières informelles...).
- Des produits et attributs des produits
nécessitant un temps d'apprentissage (services des institutions
formelles, formes plus complexes des pratiques dites informelles :
tontines aux enchères).
- Des produits et attributs de produits nécessitant
le recours à un expert ou à des conseils (placement
boursiers).
I - Les variables psychologiques
Elles portent essentiellement sur des variables d'ordre
qualitatif.
D'une part, on distingue les attitudes des ménages
envers les institutions. Ces dernières, pour susciter la confiance,
doivent répondre aux exigences telles que la sécurité,
la liquidité, la proximité, les procédures d'exploitation
souples, simples et flexibles, la discrétion et la
confidentialité dans les transactions. Ces variables
réfèrent à la qualité de service, aux sentiments
suscités, à la perception, aux préjugés favorables
et défavorables et aux jugements à priori ou à
posteriori.
D'autre part, la propension à l'épargne
dépend de l'adaptation entre les motivations à l'épargne
et les caractéristiques des produits proposés par les
institutions financières. Ces produits doivent s'insérer dans les
réalités et les contraintes de l'environnement traditionnel,
culturel, social et économique.
1- LA CONFIANCE
Parmi les indicateurs de la confiance, nous avons retenu la
notoriété et la réputation de l'institution, la
simplicité et la souplesse des procédures d'exploitation, la
proximité, la sécurité, la liquidité et la
discrétion dans les transactions.
D'emblée, Jean Michel SERVET78(*) définit
la confiance comme « l'état d'une personne, d'un
groupe ou d'une institution, fondé sur les éléments
affectifs, intuitifs ou sur un ensemble d'informations, face à un objet,
un mécanisme, un animal, un environnement physique, un groupe ou une
institution et permettent d'apprécier la probabilité d'une
réaction ou d'un comportement dans telle ou telle
situation».
La confiance s'impose comme une condition condition
sine qua none entre les ménages et les institutions financières
de collecte de l'épargne. Ces dernières travaillent à
évacuer l'attitude de méfiance ou d'hostilité que la
plupart des ménages ont à leur égard.
Les éléments constitutifs de la confiance au
sens de SERVET sont :
- La croyance en l'autre et le respect des
obligations réciproques.
- La légitimité des
règles du jeu et l'existence des éléments de preuve de
contrat implicite ou explicite passé (documents
écrits, témoins, titres, gages, nantissement ...).
- Un savoir minimum commun sur les relations entre
ceux qui sont impliqués.
- La mémoire et les expériences
passées.
SERVET distingue également
divers types de confiance :
- La confiance verticale ou horizontale. Dans le
premier cas, elle existe entre patron et ouvrier, propriétaire et
locataire et dans le second entre semblables ou individus non directement
dépendants.
- La confiance mutuelle ou non réciproque selon que
la symétrie existe ou pas
entre les partenaires dans la relation.
- La confiance interne ou externe est nécessaire
pour mobiliser l'épargne intérieure ou la
crédibilité extérieure.
- La confiance directe (entre personnes) et la confiance
médiatisée.
La proximité fait partie
des facteurs de confiance. Le sens que J.L.
LAVILLE79(*) (1992) donne à la
notion de proximité ne « renvoie pas à
une objectivation des critères d'espace ou de temps, mais plutôt
à une subjectivité des acteurs. Elle se définit par le
fait qu'elle est ressentie, éprouvée,
intériorisée par les acteurs et non par la
référence au territoire ». La
proximité est donc une notion large qui rapproche le prêteur et
l'emprunteur, l'épargnant et le collecteur.
EDDY Bloy et Célestin MAYOUKOU80(*)(1994)
distinguent trois composantes de la proximité.
- La proximité
culturelle : c'est le partage des moeurs identiques, la
connaissance de la culture de son partenaire. Elle permet de mesurer
l'importance qu'accorde le prêteur ou l'emprunteur aux traditions, aux
coutumes et aux moeurs dans les transactions financières;
- La proximité spatiale :
elle renvoie non seulement à un rapprochement spatial
entre prêteur et emprunteur mais aussi au droit de regard que devrait
exercer l'épargnant sur la banque. Cette proximité spatiale
permet de connaître les besoins de l'épargnant et finalement
d'internaliser l'information;
- La proximité relationnelle
évoque une sorte de partenariat entre les parties
prenantes. Elle implique l'existence des relations personnalisées, la
circulation de l'information et la construction d'un capital de confiance
réciproque. La proximité relationnelle tend à compenser
l'éloignement physique.
SERVET intègre aussi
la proximité temporelle qui est celle du
décalage entre les opérations économiques et
financières présentes, passées et avenir, entre le
dépôt et la possibilité de retrait.
La notion de proximité a de plus en plus d'importance
surtout dans un contexte où la bancarisation de l'épargne est
limitée de par la faible rentabilité des agences rurales. Le
réseau financier institutionnel n'est pas suffisamment
développé. C'est ce qui fait de la localisation des
institutions financières, l'un des facteurs importants qui influence
l'épargne des ménages (FISCHER81(*), 1989).
Lorsque les institutions financières sont proches des lieux de
résidence ou de divers centres d'intérêt, les
ménages épargnent un peu plus facilement le surplus qu'ils
dégagent de leurs activités.
Après la proximité, on peut mentionner le
rôle des procédures d'exploitation dans
le processus d'incitation à l'épargne.
Il suffit d'un minimum de formalités de procédures
simples, faciles, rapides, transparentes et souples pour renforcer la
confiance des ménages épargnants. Les conditions d'ouverture de
compte, de versement ou de retrait, les formalités à remplir en
cas de décès, les procédures lourdes et complexes de
demande et d'octroi du crédit, la complexité du mode de
fonctionnement, sont souvent incompréhensibles pour les personnes
parfois sans ou avec peu de connaissances financières.
La confiance se manifeste aussi à travers
des à priori favorables tels que la réputation,
l'ancienneté et la notoriété de l'institution
financière, la qualité des actionnaires, l'importance des
participations appartenant aux étrangers dans la structure du capital,
l'absence ou la présence de l'Etat dans le capital.
La sécurité est
incontournable dans l'échelle de construction de la confiance.
D'après Bernard TAILLEFER82(*) (1987),
elle repose sur trois conditions :
- Le lieu matériel, l'implantation et l'apparence
physique.
- La qualité du personnel en place.
-La sécurité financière. Le
dépôt effectué ou le titre acheté doit avoir une
valeur de remboursement ou de liquidation au mieux égale à sa
valeur d'origine ou à sa valeur d'acquisition. Le système de
contrôle interne ou de gestion doit être efficace pour permettre de
déceler à temps les erreurs et défaillances de gestion,
les tentatives de fraudes ou de malversations.
A côté des éléments
suscités, le ménage épargnant peut rechercher
la liquidité.
Sur un marché financier, la liquidité
est le plus souvent définie au niveau d'un titre. Elle met en exergue
la capacité à échanger une quantité importante des
titres sans décalage de prix significatifs et en un temps minimum. Les
trois facettes privilégiées dans la littérature83(*) sont le coût
de l'immédiateté, la profondeur et la
résilience. La fourchette de prix capture la
première dimension et estime le surcoût supporté par
l'investisseur impatient. La profondeur ou la quantité de titres en
carnet estime l'achalandage du marché et la possibilité de
l'absorption d'un ordre de grande taille. La résilience ou la
réactivité estime le délai nécessaire pour que le
cours revienne à son niveau d'équilibre après en avoir
été écarté par un choc de liquidité.
Du coté des établissements bancaires et
financiers, la liquidité est la faculté de disposer
de son épargne quand le besoin se fait sentir. En
d'autres termes c'est la possibilité d'épargner
dès qu'une occasion d'épargne se présente et de retirer
rapidement sans délai et sans coût des fonds lorsqu'on est
à court d'argent.
L'origine de la liquidité est à rechercher chez
les classiques. Ils pensent que la richesse est essentiellement liquide
même si dans la réalité elle comprend des actifs
difficilement transférables.
KEYNES pour sa part constate que ceux qui
ont de l'argent à investir ont une préférence
marquée par les instruments de court terme donc l'avantage est
d'être relativement liquide. Ils répugnent à placer leur
argent dans les instruments de long terme qui sont pourtant indispensables pour
financer les projets, les équipements et les infrastructures. Ce
phénomène est appelé trappe à
liquidité. KEYNES justifie cette
préférence pour le court terme par le fait qu'
« il faut plus d'intelligence pour triompher des forces
secrètes du temps et de l'ignorance de l'avenir. Au surplus, nous serons
tous morts à long terme»84(*).
J.P. BENOIT confirme cette tendance
lorsqu'il constate que les ménages, de manière
générale, déterminent une partie importante de leur
épargne sous forme d'espèces ou de dépôts à
vue laissant ainsi apparaître une nette différence entre la
durée moyenne d'un investissement et la durée moyenne de
l'épargne qui le finance.
GUISO Luigi et al85(*)(2001)
ont vérifié que les ménages qui possèdent un
patrimoine financier global élevé peuvent se permettre de
souscrire et de conserver les produits d'épargne longs même si la
rentabilité baisse pendant un moment. Les ménages à
revenus moyens et modestes vont plus investir dans les produits liquides.
Un autre élément caractéristique de la
confiance est la discrétion dans les
transactions.
Selon le contexte culturel, la discrétion est un point
important lorsque les épargnants choisissent un endroit pour leur
épargne. Dans certaines cultures, il existe des personnes qui aiment
exhiber ce qu'ils ont parce que cela renforce la reconnaissance et le prestige
social. Dans d'autres, certaines préfèrent le cacher. La peur de
la jalousie, des relations, parents ou amis peut amener le ménage
à garder secret l'existence et le montant de ses économies. Par
ailleurs, certaines personnes sont méfiantes vis à vis des
banques - organismes impersonnels - qui conservent des documents
écrits pouvant être source d'indiscrétion. Cette attitude
est également valable lorsque l'épargnant redoute un probable non
respect du devoir de discrétion et de réserve
professionnelles.
ADAMA Traoré86(*) (1985)
précise que les détenteurs de ressources souterraines
apprécieraient les systèmes de placements anonymes à taux
d'intérêt intéressants. Notons que les ressources
souterraines87(*) sont des
réserves provenant soit des activités
délictuelles (vols, détournements de
fonds, blanchiment, faux monnayage, escroquerie, pornographie, vente des
stupéfiants, proxénétisme...), soit des
activités frauduleuses (fraude fiscale, travail au
noir), soit enfin des activités non
marchandes (bénévolat, travail domestique ...).
Dans le même ordre d'idées et en l'absence d'une politique
de discrétion, les fonds issus des détournements et
autres malversations iront à l'étranger à la
recherche principalement de la sécurité ou de la
discrétion et accessoirement de la rentabilité.
Si au final, l'épargnant qui recherche ces
caractéristiques de la confiance est satisfait, il reste à
déterminer s'il a ou n'a pas d'aversion pour le
risque.
Les ménages qui n'ont pas d'aversion pour le risque
peuvent avoir un comportement spéculatif sans que pour autant, cela
puisse constituer un élément d'insécurité. La
spéculation est selon KALDOR88(*) (1939)
« l'achat (resp. vente) de marchandises ou de titres en vue de la
revente (resp. rachat) à une date ultérieure là où
le mobile d'une telle action est l'anticipation d'un changement de prix en
vigueur et non un avantage résultant de leur emploi ou de leur
transformation ». Le titre financier dans ce contexte
n'est plus un placement, mais un support de plus ou de moins-value.
Quant aux ménages qui ont une aversion pour le
risque, ils chercheront à tout prix à minimiser les risques de :
- liquidité qui est le
risque de ne pouvoir faire face aux demandes de retrait des clients à
la suite d'une crise de confiance généralisée ou des
défaillances graves de gestion. Il peut se traduire par une
impossibilité de vendre, faute de contrepartie, un titre financier;
- solvabilité
qui est le risque pour
l'épargnant de perdre définitivement son épargne dans la
mesure où le débiteur ne peut pas, même en liquidant
l'ensemble de ses avoirs rembourser la totalité de ses engagements.
- moins value en capital suite
aux variations importantes des cours à la baisse des titres financiers;
Pour conclure A. DAUBREY89(*)(1985)
conseille dans un premier temps de baser les stratégies de collecte de
l'épargne sur la sécurité plutôt que sur les taux
d'intérêt. Dans un deuxième temps, lorsque
l'épargnant aura pris conscience de la productivité de
l'épargne, l'intérêt pourra devenir un facteur
attractif.
2- LA DIVERSIFICATION DE L'OFFRE EN
PRODUITS D'ÉPARGNE
La diversification de l'offre des produits de mobilisation de
l'épargne est au coeur même des motifs Keynésiens de
demande de la monnaie et des motivations à l'épargne. Une offre
de produits financiers plus large et plus sophistiquée permet aux
ménages de mieux gérer leur portefeuille d'investissement, de
mieux diversifier le risque qu'ils courent et de rechercher le meilleur
rendement pour le risque associé à leur placement.
Pour mesurer son importance, nous ferons une analyse des
liens de causalité qui permettra de dégager les raisons incitant
les ménages à demander la monnaie et ce qui les poussent à
épargner pour enfin adapter les produits à leurs motivations.
En ce qui concerne la demande de monnaie à
des fins de précaution et de transactions, l'apport de la théorie
de la gestion des stocks de BAUMOL90(*) (1952) et J. TOBIN91(*) (1956) a permis de
démontrer que les coûts de transaction jouent un rôle
éminent dans l'explication de la possession d'encaisses de transaction
et de précaution. Ainsi, la détention de la monnaie
fait perdre les intérêts qui auraient été obtenus en
cas de placement. En revanche, tout placement a un coût qui se
matérialise sous forme d'impôts, de frais de transport ou de perte
de temps. La définition d'une stratégie optimale implique
subséquemment, la mise en balance permanente de la
rémunération et du coût.
Il ressort des conclusions de cette étude que la
fonction de demande transactionnelle de la monnaie et de demande d'encaisse de
précaution sont proportionnelles aux coûts de transformation
(frais de courtage) et au montant (flux) des transactions.
MT =
(3.1)
et MP
=
(3.2)
i, b, T et MT
sont respectivement le taux d'intérêt
en vigueur, les frais de courtage ou
coût de transaction, la valeur des flux de
transactions et la demande d'encaisse de
transaction. c est le coût
provenant d'un risque d'illiquidité. MP
est la demande d'encaisse de
précaution.
Ces deux fonctions réagissent en sens inverse du taux
de l'intérêt.
A la demande de la monnaie pour motif de transaction,
correspond une épargne à vue parfaitement liquide
(dépôts à vue, compte sur livret...), une
épargne thésaurisée (encaisse monétaire)
pour un emploi ultérieur, prévu ou imprévu.
A la demande de la monnaie pour motif de
précaution correspond également une épargne de
précaution et une épargne projet.
La crainte de se trouver dans le besoin à cause
du chômage, de la maladie, de la vieillesse, des aléas de
l'existence rend nécessaire la constitution d'un pécule pour les
mauvais jours « en faisant des foins quand le soleil
brille ». Entre autres produits
d'épargne correspondant à ces besoins, on peut citer
l'assurance-vie, la retraite complémentaire, les comptes sur livret, le
compte d'épargne postale, les tontines, les fonds d'investissement
(SICAV, FCC, FCP).
L'épargne projet correspond à
des motivations très diversifiées. Il faut bien sûr que les
produits financiers offerts soient adaptés à ces diverses
motivations.
Quelques types d'objectifs peuvent être cités
parmi les plus fréquents :
- L'accession à la propriété du
logement, l'acquisition d'un terrain.
- L'investissement dans le capital humain (frais de
scolarités, études à l'étranger).
- La constitution d'un fond d'aide (parents, familles,
oeuvres sociales...).
- La préparation d'un événement
social ou culturel (funérailles, mariages, fêtes,
voyages...).
- La réalisation d'un investissement productif,
industriel ou commercial.
- L'acquisition d'un bien d'équipement durable en
vue d'augmenter le capital physique.
- La constitution d'un patrimoine qu'on lèguera aux
enfants.
- L'obtention ou le remboursement d'un
crédit.
On peut citer comme produits adaptés pour satisfaire
cette forme de motivations, les comptes ou plans épargne logement, le
compte à terme, le bon de caisse, la rente éducation ou les
tontines de projet.
L'approche en terme de sélection de
portefeuille élucide pourquoi les agents demandent de la monnaie
à des fins spéculatives.
Nous devons à KEYNES, l'explication
de l'arbitrage monnaie titre en avenir certain. Si la
monnaie ne rapporte rien, un titre procure un double gain, le coupon
d'intérêt qui y est attaché et l'éventuel
bénéfice provenant d'une différence entre son prix
d'acquisition et son prix de revente. Keynes démontre et justifie
l'existence des encaisses spéculatives par le besoin de saisir les
occasions et opportunités favorables du marché.
Partant de la relation inverse qui existe entre la demande de
monnaie et le taux d'intérêt, il montre comment l'individu
dégonflera le volume de ses encaisses spéculatives lorsque le
taux d'intérêt courant i sera
supérieur au taux d'intérêt anticipé
i* dans la mesure où celui-ci entrevoit une
baisse de i et partant, une hausse de la valeur en
capital des titres et la réalisation potentielle d'une plus-value en
capital.
L'analyse en avenir incertain a été
développée par James TOBIN92(*) (1958).
Le taux d'intérêt n'est plus connu avec certitude et le rendement
des titres devient une variable aléatoire. D'après
TOBIN, plus l'individu achète des titres, plus il en
court des risques. L'objectif dans ce contexte est la composition d'un
portefeuille optimal combinant placements liquides, produits de gestion
collective et d'assurance-vie, actions et obligations. Un portefeuille ainsi
diversifié permet une bonne répartition des rendements et des
risques.
Il trouve :
() =
(3.3)
est la part du patrimoine
total détenu sous forme liquide; i
est le taux d'intérêt ;
le
risque du portefeuille.
() est l'espérance du
rendement du portefeuille; est
le risque du titre.
A risque donné, la demande d'encaisse
spéculative est fonction du taux d'intérêt :
- Lorsque le taux d'intérêt
s'élève, le rendement du portefeuille s'accroît et
corrélativement, la détention d'encaisse oisive
s'amenuise.
- Lorsque le taux de l'intérêt s'abaisse,
l'arbitrage s'opère de plus en plus en faveur de la monnaie.
- Lorsque le taux d'intérêt est très
faible, () 0, il devient absurde de courir des risques inutiles alors que
la détention de la monnaie n'en comporte aucun.
A la demande de monnaie pour motif de spéculation,
correspond une épargne en vue du rendement.
L'individu est à la recherche des placements performants en
matière de rémunération. Les produits d'épargne qui
privilégient le rendement sont majoritairement les actions et titres
assimilés et l'épargne dans les tontines économiques.
A coté de ces placements rémunérateurs,
se développent des comportements spéculatifs. L'individu qui
anticipe une baisse (resp. hausse) du cours des actions, vend
(resp. achète) des titres en espérant les racheter
(resp. revendre) ultérieurement à un cours
inférieur (resp. supérieur). Il ne s'attend plus aux
dividendes, ni aux coupons d'intérêts ou intérêts
créditeurs sur les placements, mais il veut courir le risque de plus ou
de moins value.
La diversification peut aussi être
analysée sous l'angle de l'innovation financière. Celle- ci
accélère la mise en place de nouveaux instruments de placements,
de nouvelles techniques de prise en charge de besoin de financement et de
couverture de risques. Elle facilite de ce fait la mobilisation de
l'épargne.
BEKOLO EBE93(*) (2002) pense que
« la faiblesse de l'innovation explique pour une large
part (...) la tendance des agents à agir en marge du
système officiel». Il soutient par ailleurs que
la diversification à travers l'innovation
financière « répond à la
nécessité de faire face à la diversité des besoins
et à la nécessité d'offrir des opportunités de
placements assurant le meilleur rendement et / ou limitant le risque
couru ».
Pour ENGEL94(*) (1993), les innovations sont
définies comme des idées nouvelles, des habitudes ou des produits
qui sont substantiellement différents de ceux existants. Elle peut
s'opérer au niveau du système financier, de l'organisation, des
procédures et des produits :
- Au niveau du système financier, l'innovation peut
améliorer l'intégration du marché et étendre le
degré de couverture de la clientèle.
- Au niveau des organisations, elle peut faciliter
l'accès des ménages aux sources de services financiers
formels.
- Au niveau des procédures, elle peut permettre de
réduire les coûts et d'améliorer l'efficacité des
institutions.
- Au niveau des produits, elle peut amener les banques
à répondre efficacement à la demande de la
clientèle.
En somme, on retient qu'une diversification intégrant
les motifs de demande de monnaie (motifs de précaution, de
spéculation et de transaction), les motivations à
l'épargne (précaution, projet à réaliser,
rendement) et une innovation financière débouchant sur
l'offre d'actifs financiers adéquats en quantité pour faire face
à l'insuffisance des outils de mobilisation et en qualité pour
satisfaire les besoins exprimés et latents, encouragent l'épargne
des ménages.
II - Les variables socio - politiques
Le comportement d'épargne peut être
influencé à la fois par des forces externes
(décisions des autorités publiques) et des
forces internes à caractère personnel
(habitudes, sélectivité, besoins d'existence, de
sécurité, physiologiques, de croissance...) ou à
caractère social (conformité, mimétisme, culture,
traditions, besoins de sociabilité, d'appartenance...).
Nous allons dans un premier temps analyser les
conséquences avantageuses du libéralisme financier et dans un
second temps évaluer la contribution du secteur financier informel
à la mobilisation de l'épargne des ménages.
1- LA LIBÉRALISATION DU PAYSAGE
FINANCIER
Elle est matérialisée par la
libéralisation :
- des conditions d'exercice et d'exploitation des
activités de collecte de l'épargne et / ou de distribution du
crédit. Elle passe par la simplification des procédures pour
l'octroi de l'agrément, la fixation du capital minimum à un
niveau raisonnable, l'existence de plusieurs types et formes d'institutions
financières. La libéralisation à travers la reforme
financière enrichit le système financier. Ainsi, les
institutions de microfinance95(*) vont cohabiter avec les institutions de
macrofinance (banques et autres institutions
financières) et avec celles de
mégafinance96(*) (bourse de valeurs);
- des taux. Les taux de l'intérêt sont ainsi
déterminés de façon concurrentielle par le marché
(confrontation de l'offre d'épargne et de la demande de crédit,
absence de taux administrés ou plafonnés).
WATCHEL97(*) (1987) indique que les structures
économiques doivent contribuer à canaliser l'épargne des
ménages vers la formation du capital productif plutôt que vers
l'acquisition d'actifs improductifs ou étrangers. C'est au regard de
cet impératif qu'un ensemble développé d'institutions et
d'intermédiaires financiers est indispensable pour inciter les
ménages à détenir des actifs financiers et pour
canaliser les ressources collectées vers le secteur productif.
Dans le rapport de LONG98(*) (1983)
sur l'activité de recherche de la Banque Mondiale, il souligne que le
développement de l'intermédiation financière peut stimuler
l'épargne. Il permet une diversification des risques et offre aux
épargnants des actifs plus liquides, plus faciles
à détenir et moins risqués que les actifs
réels. LONG reconnaît cependant que la
vérification empirique de la relation présumée entre
l'intensification de l'intermédiation financière et la
diversité des instruments de placement d'une part et le taux de
l'épargne d'autre part, est difficile à tester. La
réaction de l'épargne à une modification de
l'environnement institutionnel n'est perceptible que graduellement.
Une autre étude réalisée par
GIOVANNINI99(*) (1983) débouche sur
la conclusion selon laquelle l'épargne augmente quand la reforme
financière induit une certaine stabilité et accroît le
nombre d'institutions financières performantes.
D'après ADAMS100(*) (1985),
seul un système financier parfaitement intégré
peut mettre en relation des agents excédentaires et déficitaires
sur des zones géographiques étendues et sur de longues
périodes temporelles. Quand les marchés financiers sont
faiblement développés, de nombreux ménages sont
contraints de consommer davantage ou d'utiliser leurs excédents dans des
activités à faible rendement marginal. Parallèlement, les
agents déficitaires peuvent être obligés de renoncer
à des investissements marginalement rentables ou de refuser des
consommations qui pourraient leur procurer une satisfaction marginale
substantielle.
Selon KRAHNEN et SCHMIDT (1994)
cités par BOMDA101(*), la dérégulation
du système financier est un déterminant important du
développement d'un pays. Elle favorise l'émergence d'institutions
financières efficients et durables, en quantité et en
qualité.
Les implications politiques des arguments en faveur de la
dérégulation se situent sur deux plans :
ü Sur le plan
macro-économique, ses principaux promoteurs Edward
SHAW , Ronald MCKINNON102(*), pensent que la
libéralisation des taux de l'intérêt amène les
banques à jouer leurs vrais rôles économiques,
accroît le flux de capitaux dans le système financier,
améliore l'efficacité de l'allocation des fonds et favorise la
croissance. Ils démontrent en outre que les intermédiaires
financiers ont un rôle très important dans la promotion de
l'épargne dans le PVD.
Il convient toutefois de noter que dans de nombreux pays, la
libéralisation financière n'a pas donné les
résultats escomptés. Dans certains cas, elle a eu un effet
significatif sur le volume et l'allocation de l'épargne et sur la
croissance économique (ARYEETEY103(*),
1994, Gonzalez ARRIERA104(*)
1988).
ü Sur le plan
micro-économique, les implications de la
dérégulation du système financier sont, selon
les tenants de cette thèse (J.D VON PISCHKE, Dale W.
ADAMS) nombreuses :
- La demande en services financiers existe dans les
segments de populations défavorisées (populations pauvres ou
rurales).
- Les populations pauvres des villes et villages des PVD
épargnent et expriment une demande en institutions financières
offrant des facilités d'épargne à des coûts de
transactions bas et payant des taux d'intérêts
raisonnables.
- les banques qui s'efforcent de mobiliser
l'épargne sont plus disposées à allouer efficacement
leurs ressources tout en maintenant les coûts administratifs et les
pertes à des niveaux acceptables.
- l'intermédiation financière dans un
large segment de la population est viable et commercialement réalisable
dans PVD. Cependant, cela suppose l'existence d'un environnement
économique et d'un cadre légal favorable à une
intervention limitée des gouvernements.
Le degré de libéralisation financière
peut également s'apprécier à travers le concept
d'approfondissement financier. Ce terme fait
référence à la densification et
à l'élargissement des circuits
financiers. La densification a pour objectif d'affecter le
nombre ou le volume des dépôts, des opérations de bourse,
des polices d'assurance souscrites et des avoirs de caisse de pension des
ménages. Le champ visé par l'élargissement est
l'accroissement du nombre des banques, des compagnies d'assurance, d'agences ou
de guichets annexes, d'épargnants, d'actions cotées ou
d'obligations souscrites...
L'intensification de la concurrence entre les
intermédiaires financiers induit par la libéralisation conduit
à la multiplication des agences et au développement de la
proximité bancaire.
L'emprise étatique crée
des rigidités multiples. Elle diminue la concurrence et favorise
les monopoles de toute nature. La pratique pendant de longues périodes
de taux d'intérêts contrôlés par le bas par les
autorités monétaires a eu comme conséquences de limiter
l'expansion de l'intermédiation financière et des marchés
de capitaux et par conséquent, le volume de fonds prêtables
alloués à l'investissement. Les tenants du
libéralisme pensent que le dualisme financier est l'une des
conséquences de ces politiques financières contraignantes.
2- LE DUALISME FINANCIER
Le dualisme est la coexistence d'un secteur moderne formel
(marché institutionnel) et d'un secteur traditionnel informel
(marché non institutionnel) dans un même pays.
Le dualisme est caractérisé par :
- L'absence de liens systématiques entre les
différents secteurs du marché.
- Une grande variation des taux
d'intérêts.
- Un faible flux de fonds entre les segments.
- Un accès limité des ménages aux
revenus modestes et des micro et petites entreprises à une large gamme
des services financiers et d'institutions formelles.
Au-delà de l'inadaptation des institutions et produits
du secteur formel aux besoins financiers d'une partie non négligeable
des ménages, il témoigne également de la vivacité
de certaines traditions communautaires.
Les secteurs financiers non formels
sont constitués d'institutions qui n'opèrent pas sur la
surveillance et le contrôle de la banque centrale. Le marché non
institutionnel de l'épargne se compose de la tontine, des caisses de
solidarité, des mutuelles d'assistance, des associations ou des
personnes de confiance, des usuriers, des parents ou amis. Ces circuits
financiers traditionnels forment un ensemble d'institutions mal connues et
complexes. Ils peuvent s'analyser comme une série de
marchés spécifiques socialement et économiquement
très sélectifs et comportant à la fois des facteurs
incitatifs à l'épargne financière et des facteurs
limitatifs.
Dans le secteur financier informel, le comportement
d'épargne est d'une part, plus collectif qu'individuel et d'autre part,
il répond plus à une logique sociale qu'économique,
à la logique des amis, des gens très proches et très
sûrs. Comme le signale Alain HENRY et al105(*) (1991),
« on ne donne son dos qu'à une personne qu'on
connaît et se connaître c'est se faire
confiance ». Autant les pauvres à faibles
revenus et les exclus du système bancaire classique, résidant
aussi bien en zone urbaine qu'en zone rurale et exerçant plusieurs types
d'activités trouvent leurs comptes, autant les personnes à
revenus élevés y adhèrent.
Le dualisme financier selon une approche en terme de
distorsions liées à l'économie administrée
s'explique principalement par :
- Des mesures discriminatoires en matière de
prix (les bas taux d'intérêts pratiqués par le
système financier officiel va favoriser l'émergence des
marchés parallèles financiers où les taux
d'intérêts élevés traduisent le rationnement du
crédit officiel).
- Des politiques financières
contraignantes.
- La lourdeur de la gestion administrative.
- Les coûts élevés des
opérations des institutions officielles.
- Les délais de décaissement qui
interdisent aux grandes organisations d'atteindre les acteurs produisant
à petite échelle.
Les petits prêts ou dépôts ont des
coûts de gestion qui ne sont pas compatibles avec les règles et
les pratiques de la finance officielle.
La forme la plus élaborée de la finance
informelle est la tontine. BEKOLO EBE106(*)
(1987) définit la tontine comme `'un système
d'épargne et de crédit dont les membres acceptent de verser
suivant une périodicité préalablement
déterminée, une partie de leurs revenus dans un fonds commun
d'épargne, le produit d'une période étant
reprêté en tout ou en partie à un des membres suivant un
ordre préétabli ou non, à titre onéreux ou
non`'. Dans une démarche complémentaire.
NZEMEN107(*) (1988)
définit les tontines comme `'une association informelle
fondée sur le respect de la parole donnée et des critères
homogènes dont le but est de promouvoir toute action de
solidarité ou de constituer périodiquement un marché
financier informel et fermé permettant à ses membres de placer
leur épargne pour les uns et d'accéder au crédit pour les
autres''
Elles sont organisées dans le cadre du village, de la
tribu, de l'ethnie, des catégories socioprofessionnelles, des
générations d'élèves du lycée, de
l'université ou des grandes écoles, de l'entreprise, des classes
d'âge, de la profession, du secteur d'activité, du parti politique
ou du lieu de résidence. Bref dans toutes les couches sociales.
En terme de types de tontines,
NZEMEN108(*) (1993) en distingue deux :
- Les tontines de solidarité
qui ne portent pas d'intérêts. Elles fonctionnent selon le
principe du jeu à somme nulle en théorie des jeux et prennent
plusieurs formes (tontine des champs, tontine d'argent, tontine de projet,
tontine de troc,...).
- Les tontines économiques.
Elles sont de véritables marchés financiers informels
fermés qui peuvent prendre la forme soit de modèle à
enchères libres, soit de modèle à prix fixe.
En ce qui concerne les motivations qui
poussent les gens à adhérer aux tontines,
Moïse NZEMEN109(*) (1993) a recensé un
nombre important :
-L'appartenance à un groupe. Celui-ci est lieu de
socialisation. On mange, boit, cause, prend des engagements ensemble et
échange des idées ensemble.
- La solidarité. Elle est morale, matérielle
et financière et elle permet de mettre en valeur les relations sociales
et humaines.
- La participation aux activités
collectives.
- L'assistance sociale en cas d'évènements
imprévisibles, heureux ou malheureux. La participation physique et
individuelle aux événements est généralement
obligatoire.
- L'incitation à l'effort. La tontine est une
épargne forcée qui ne doit souffrir ni de la pluie, ni du
soleil, ni de la maladie, ni du voyage, ni de la mort. Qu'on soit chef ou
sujet, dès qu'on est membre d'une tontine, il est indispensable de
respecter les différentes échéances. La défaillance
est considérée comme le plus grand déshonneur. Elle fait
perdre sa valeur sociale dans le groupe.
- Le placement de l'épargne en vue d'une meilleure
rémunération.
- La sécurité sociale gérée
par un fonds de solidarité.
- L'esprit d'organisation. Les engagements financiers
à la tontine amènent l'adhérant à maîtriser
ses dépenses et à sécuriser ses revenus.
- La conservation des valeurs culturelles à travers
la constitution de groupes de danses folkloriques, l'apprentissage des chants
traditionnels, de l'histoire des rites et modes d'organisation de la
tribu.
- La faculté de mobilisation des masses à
travers la formation des lobbies, l'exercice des responsabilités de
direction des réunions, de conception et de respect d'un plan
d'action.
- L'accès au crédit.
- L'esprit d'entreprise. La réussite de certains
membres dans les affaires constitue un exemple.
Ces motivations prennent à la fois une dimension
psychologique, sociale et culturelle.
De l'analyse sus développée, il
ressort que les principales raisons du succès des circuits informels
tiennent à la conjonction de plusieurs facteurs :
- Une meilleure rémunération de
l'épargne. Les tontines économiques atteignent souvent 20
à 30 % d'intérêt créditeurs annuel
(NZEMEN, 1993) dans la mesure où dans un
contexte de rareté de l'offre et de l'abondance de la demande de
prêt, les épargnants sont à mesure d'exiger un rendement
appréciable.
- Un faible risque de non remboursement des crédits
dû à la connaissance réciproque des membres, au jeu des
pressions sociales et à la garantie collective.
- Une liquidité parfaite des crédits
tontinaux.
- Un accès des services financiers aux
ménages illettrés.
- Les pratiques tontinières ne sont pas soumises
à des obligations déclaratives fiscales ou sociales.
- Les faibles coûts de gestion.
- La flexibilité et la simplicité
(l'absence de nombreuses formalités et autres garanties).
- Le mode d'attribution des tours se fait sur la base d'un
tirage au sort ou d'un ordre déterminé soit en fonction de la
programmation des problèmes sociaux, soit en raison du niveau de
rentabilité du projet présenté par les membres.
- La mise en place du crédit est immédiate.
Il est rarement lié. Il n'y a généralement pas de
critères sophistiqués comme ceux utilisés dans banques
pour l'octroi du crédit.
- Ils sont totalement libres de fixer le niveau de taux
débiteurs et créditeurs ou les conditions d'emploi des fonds
collectés. Ils ne sont pas assujettis aux réglementations sur les
taux d'intérêt, aux directives d'encadrement du crédit ou
à l'obligation de maintenir un ratio de liquidité
quelconque.
Par ailleurs, les limites des tontines peuvent se
réduire aux points suivants :
- Le faible montant et l'aspect court des crédits.
L'horizon économique des circuits traditionnels n'est pas long, il
dépasse rarement la durée d'un cycle. Par conséquent,
elles devraient favoriser davantage la consommation que
l'investissement.
- Le niveau élevé des taux débiteurs
limite le financement des opérations de production.
- Elles freinent la monétarisation de
l'économie (les cotisations sont faites en monnaie fiduciaire).
- C'est un marché financier très
morcelé, étroit et fermé, réduit à une
mosaïque très diversifiée de filières
cloisonnées géographiquement et socialement. Son échelle
est très limitée.
- L'épargne tontinière est une
épargne sans contrat écrit, sans garantie, sans
possibilité de choix concernant les échéanciers. La
protection juridique des épargnants n'est pas totale.
- De sa mission primitive qui est celle de promouvoir
l'épargne, la tontine peut aussi favoriser le gaspillage
(réception, fêtes).
La juxtaposition du secteur financier formel et
informel ne signifie pas nécessairement indépendance. Il y a
interdépendance entre les deux secteurs via l'usage de la monnaie
centrale. Il existe dans certains cas, une forte
articulation en dépit d'activités
différentes.
BEKOLO EBE110(*)(1987) a mis en
évidence les interrelations suivantes :
- Dans la perspective de la mise en place d'un
marché financier, les tontines pourraient être mise à
contribution dans la création des fonds d'investissement.
- Les tontines pourraient constituer un relais de
souscription des titres d'emprunts d'Etat ou de titres émis par les
sociétés publiques agissant alors comme de véritables
investisseurs institutionnels.
- Le développement par le système bancaire
de produits dont l'objectif serait d'attirer la part des ressources des
tontines non immédiatement utilisées.
- L'établissement par la banque d'un livret
collectif contenant les dépôts des tontines qui pourrait donner,
en contrepartie à ses membres, la possibilité de
bénéficier des concours bancaires dont la tontine servirait de
garantie.
NZEMEN, pour conclure, pense que la tontine
permet aux banques de développer leurs ressources. Ainsi, le montant
reçu à la tontine permet dans certains cas de réunir le
minimum nécessaire pour ouvrir un compte d'épargne à la
banque et dans d'autre cas, d'alimenter un compte d'épargne existant en
attendant son affectation définitive.
S'il est vrai que l'idéal à terme serait de
réaliser l'unification du marché de l'épargne, il est
aussi vrai que ces deux types de circuits financiers sont inconciliables sur
plusieurs points. En effet, ce dualisme cloisonné des systèmes
d'intermédiation financiers constitue un important obstacle à la
mobilisation de l'épargne111(*). Il vient en dernier ressort qu'il faudra, pour
canaliser l'épargne du secteur informel vers le secteur productif
réaliser une synthèse. J. SOLE112(*)
(1984) propose un système hybride qui
« emprunte à la tontine sa flexibilité et
son potentiel d'adaptation au contexte socioéconomique et à la
banque son pouvoir d'intermédiation financière, de
création monétaire et de contrôle efficace du
crédit». D'autres recherches dans le domaine des
stratégies d'intégration des différents segments du
marché suivant leurs avantages comparatifs ont été
menées (ADAMS et FITCHET113(*), 1982;
GHATE114(*) 1992).
Avec l'étude de l' influence du dualisme financier, nous
clôturons l'analyse des déterminants économiques et extra
économiques de l'épargne des ménages. Ce cadre conceptuel
va servir de soubassement à l'analyse empirique qui permettra de
dégager, parmi les variables retenues, celles qui expliquent le mieux la
fonction d'épargne des ménages au Cameroun.
Tableau n°2 : OPERATIONNALISATION DES
VARIABLES INDEPENDANTES DE L' ANALYSE
EXTRA ECONOMIQUE DU COMPORTEMENT D' EPARGNE
DES MENAGES
Variables
|
Indicateurs
|
Modalités
|
LA CONFIANCE
|
La notoriété et la réputation
|
- L'ancienneté.
- La qualité des actionnaires.
- Le degré d'intervention de l'Etat.
|
La proximité
|
- Culturelle.
- Spatiale.
- Relationnelle.
- Temporelle.
|
Les procédures d'exploitation
|
- Simplicité / facilité.
- Rapidité.
- Transparence.
- Souplesse / flexibilité.
|
La sécurité
|
- L'apparence physique.
- Le lieu d'implantation.
- La qualité du personnel.
- La sécurité financière.
|
La liquidité
|
/
|
La discrétion et la confidentialité dans les
transactions
|
/
|
DIVERSIFICATION / INNOVATION
|
Les motifs de demande de la monnaie
|
- Précaution.
- Transaction.
- Spéculation.
|
Les motivations à l'épargne
|
- Epargne de précaution.
- Epargne de projet ou épargne ciblée.
- Epargne en vue du rendement.
|
LA
LIBÉRALISATION
FINANCIÈRE
|
- Les conditions d'exercice et d'exploitation
|
- Intensification de l'intermédiation
financière.
- Compétitivité.
- Amélioration de l'approfondissement financier
(croissance territoriale et densification du réseau).
- Viabilité des institutions.
- Meilleur accès au crédit.
|
-Les taux
|
-Absence de taux administrés ou plafonnés.
- Rémunération incitative de l'épargne.
|
LE
SECTEUR FINANCIER INFORMEL
|
- Les caractéristiques
économiques
|
- Absence de prélèvements fiscaux.
- Rapidité dans la mise en place du crédit.
- Meilleure rémunération dans les tontines
économiques.
- Faible risque de non remboursement.
- Absence de réglementation sur les taux.
d'intérêts ou sur l'encadrement du
crédit.
|
- Les caractéristiques
extra - économiques
|
- Procédures d'exploitation simples, flexibles et
rapides
- La liquidité est limitée.
- Promotion de la solidarité, des valeurs culturelles
et sociales, sentiment de proximité.
- Assistance et sécurité sociale.
- Respect obligatoire des échéances (épargne
forcée) / incitation à l'effort et à l'esprit
d'entreprise, groupes fermés (connaissances mutuelles des membres).
|
«Toute théorie n'est bonne qu'à
condition de s'en servir pour passer outre».
André GIDE
CHAPITRE IV : L'analyse empirique de
la fonction d'épargne des ménages
Après un survol des aspects théoriques de
l'analyse des déterminants de l'épargne des ménages, il
reste à tester empiriquement, dans le contexte Camerounais, un
modèle qui permet d'identifier les variables explicatives, les facteurs
incitatifs ou limitatifs de l'épargne des ménages.
En nous inspirant de certains modèles de
référence dont celui de HADJIMICHAEL,
MICHAÊL et GURA115(*)(1995),
NDANSHAU116(*) (1998), FRY117(*)(1995), ARRIERA118(*) (1988) de
revenu absolu (KEYNES) et du revenu relatif
(DUESENBERRY, 1949), notre analyse de la fonction
d'épargne prend la forme générale suivante :
St = âo +
â1 Yt + â2 TIRt +
â3 INFt + â4 IRt +
åt
(4.1)
âi (i = 0,1,2,3,4,) et åt
représentent respectivement les coefficients respectifs
des différentes variables et le terme de l'erreur, t
est le temps.
S = L'épargne des
ménages.
Y = Le revenu disponible
brut des ménages.
TIR = Le taux
d'intérêt réel.
INF =
L'inflation.
IR = L'impôt sur le revenu des
ménage.
Nous allons présenter les caractéristiques des
variables retenues, les tests et estimations utilisés à la
section 1, les résultats,
interprétations et recommandations à la section
2.
I - Présentation des variables, des tests et
estimations.
Nous allons d'abord distinguer les deux types de
variables retenues :
- La variable dépendante ou expliquée, ou
encore endogène.
- La variable indépendante ou explicative ou encore
exogène.
Notre étude a retenu une
variable dépendante (l'épargne des
ménages) et quatre variables
indépendantes (le revenu disponible brut des
ménages, le taux de l'intérêt, le taux d'inflation et
l'impôt sur le revenu).
Nous allons ensuite procéder à la
présentation formelle ou théorique des tests et estimations qui
seront utilisés pour vérifier les résultats
escomptés
1 - PRÉSENTATION ET ÉVOLUTION DES
VARIABLES
Notre fonction d'épargne est construite de la
manière suivante :
S = F ( Y, TIR, INF, IR, )
(4.2)
(+) (+) (-)
(-)
Le signe (+) ou (-) sous chaque variable explicative
indique à priori l'impact attendu de la variable
considérée sur l'épargne des ménages.
L'étude de l'évolution des variables montre
qu'elles sont fortement influencées par les évènements
économiques et sociaux tant au niveau local qu'à l'international
au cours de la période d'étude qui va de 1970 à
2000. On peut par exemple citer :
- Les chocs pétroliers de 1973 et
1979.
- Les cours des produits de base et des
ressources minières.
- La crise économique qui
sévit au Cameroun à partir de 1987.
- La mise en route des politiques d'ajustement
structurel (1989) et des stratégies de réduction
de la pauvreté (1996).
- Les revendications démocratiques et
sociales des années 90.
- La dévaluation du Franc CFA
intervenue le 14 janvier 1994.
- Les baisses successifs de salaires
dans la fonction publique en 1994.
- L'arrimage du Franc CFA à
l'Euro en 1999.
- Les changements de politique
fiscale.
De 1987 à 2000, le PIB alterne des phases de
baisse continue (1987-1997) et des phases de hausse continue (1995-2000) sans
que le niveau de 1986 ne soit jamais atteint. Par ailleurs, l'économie
enregistre une croissance négative entre 1987 et 1994. Les gains de
compétitivité des lendemains de la dévaluation vont
positionner l'économie sur les sentiers de la croissance à partir
de 1995.
L'épargne des ménages est
globalement faible. Elle s'appréhende mieux par le rapport de
l'épargne au revenu disponible brut des ménages i.e. par le taux
de l'épargne. Nous pouvons observer son évolution à
partir du graphique suivant :
Nos calculs à partir des données de
L'INS.
Le taux de l'épargne (série
complète en annexe n°III) croit de façon
constante et régulière jusqu'en 1986, année pendant
laquelle il culmine à 10,7%. Il commence à décroître
en 1987, atteint son plus bas niveau en 1990 (4.16%) et amorce une
tendance à la hausse à partir de 1991 (7,11%)
malgré les fluctuations cycliques observées en 1993
(5,15%), et 1998 (4,92%).
Cette évolution s'explique par le fait que les
ménages sont affectés par la crise qui démarre en 1987,
par les soubresauts politiques des années 90 et par les effets de la
dévaluation du Franc CFA et de la baisse des salaires de la fonction
publique en 1994. Bien qu'on observe un fléchissement de
l'épargne en 1999, la tendance à partir de 1994, est à la
hausse. C'est en quelque sorte le résultat des reformes structurelles
amorcées en 1990.
Le revenu disponible brut des
ménages est le revenu dont un ménage peut disposer
librement au cours d'une année pour la consommation et pour
l'épargne.
Sous l'angle arithmétique, son évaluation
se fait à travers la formule suivante :
Revenu disponible = Revenu primaire (Revenu du travail,
de la propriété ou d'entreprise individuelle)
+ Transferts (Prestations
familiales, pensions...)
- Prélèvements
(IRPP, cotisations sociales, impôts divers...).
Dans la littérature, le revenu disponible
(les données sont disponibles en Annexe n°
III) est le facteur majeur et le moyen par excellence de production de
l'épargne. Il aurait été souhaitable de tester les
différentes approches (revenu absolu, revenu relatif, revenu
permanent, approches par le patrimoine et par le cycle de vie). Mais,
compte tenu de l'absence de données affinées et continues sur une
longue période pour estimer les paramètres desdits
modèles, nous avons privilégié le revenu absolu au
sens Keynésien. L'évolution de ce revenu est perceptible
dans le graphique ci-après :
Source : Institut National de la
Statistique
La croissance du revenu des ménages est
affectée entre 1986 et 1994 par les effets pervers de la crise
économique et politique, de la dévaluation et de la baisse des
salaires dans la fonction publique. Globalement considéré, le
revenu épouse une tendance haussière. Le revenu disponible le
plus élevé jamais atteint est celui de l'année 2000.
Le taux d'intérêt retenu est le
taux d'intérêt réel (série
complète en annexe n°III)
La négativité des taux entre 1970 et 1980
s'explique par le contexte économique international. Les capitaux
extérieurs en quête de placement sont relativement abondants et
bon marché. A cette période, il est plus facile de contracter des
emprunts sans intérêts ou à taux bonifiés et de
recevoir des aides sans contrepartie.
Source : Banque mondiale
A partir de 1980, les flux financiers extérieurs se
rétrécissent et deviennent rares. Ils sont dorénavant
soumis à de rigoureuses conditionnalités. De 1981 à 1992,
le taux d'intérêt connaît des fluctuations cycliques avec
des pointes en 1981 (3.8%), 1987 (15,7%), 1989
(17,3%) et 1992 (19,2%). Le taux négatif de 1995
résulte de l'impact du taux d'inflation record de 1994 (35%). Cette
évolution s'identifie clairement dans le graphique suivant :
L'inflation (série complète en
annexe n°III) a été appréhendée
par l'indice des prix à la consommation. Elle agit directement sur le
pouvoir d'achat et par voie de conséquence, sur la capacité
d'épargne des ménages.
Source : Banque mondiale
De 1970 à 1988, l'inflation connaît des sommets
comme en 1974 (17,2%), 1977 (14,6%), 1983 (16,63%)
et 1987 (13,1%). L'environnement national (fiscalité
expansive, politique monétaire un peu lâche...) et
international (chocs pétroliers de 1973 et 1979, afflux massif de
capitaux extérieurs, déficit chronique des comptes
extérieurs...) peuvent expliquer l'existence des taux assez
élevés. Les taux minimum de cette période sont à
rechercher autour des années 1970 ( 5,8% en 1970, 4,01% en
1971).
De 1989 à 1993, l'inflation inaugure un cycle à
taux quasi nul ou négatif. Il correspond à l'époque des
restructurations et de la libéralisation du système financier.
Après le pic atteint en 1994, on va assister à
un relâchement des tensions inflationnistes consécutif aux
résultats des politiques d'austérité budgétaire et
de stabilisation (assainissement, maîtrise et réduction des
dépenses publiques, amélioration du solde commercial).
L'évolution de l'impôt sur le revenu
des ménages (série complète en annexe n°III)
peut être décomposée en trois grandes
périodes :
Source : Banque mondiale
- La première qui va de 1970 à 1979
correspond à une période de relative stabilité de
l'impôt sur les revenus. Les taux sont dans l'intervalle allant de 14,35%
à 17,16%.
- La deuxième qui va de 1980 à 1989
correspond à une période où l'on observe les taux les plus
élevés. C'est le cas en 1983 (59,9%), 1985 (57,1%) et 1989
(45,2%). Même le taux minimum de cette période observé 1987
(31,2%) est plus élevé que le taux maximum des autres
périodes. Elle correspond à la période de création
de nouveaux impôts (redevance CRTV, Fonds National de
l'Emploi...).
- La troisième qui va de 1990 à 2000, renoue
avec une relative stabilité de l'impôt sur les revenus. Les taux
oscillent entre 15,45 en 1996 (minimum) et 23,86% en 1994 (maximum). Une pause
fiscale est observée par l'Etat pendant cette période.
2- TESTS ET ESTIMATIONS
La démarche méthodologique en ce qui concerne
les tests et estimations s'articule autour des points suivants :
- L'analyse de la stationnarité des variables
(identification de l'ordre d'intégration).
- Les tests de co-intégration des
variables.
- L'estimation de la relation de long terme du
modèle par la méthode des MCO.
- L'estimation du modèle à correction
d'erreur ou la relation à court terme par les
MCO.
- Les tests de causalité au sens de
GRANGER.
Les séries économiques ne sont ni stationnaires
ni co-intégrées par nature. Les valeurs obtenues à chaque
date ne sont pas toujours issues d'une même loi de probabilité. Il
faut toujours au préalable stationnariser les séries non
stationnaires afin d'éviter le risque de «régression
fallacieuse». Lorsque les variables ne sont pas stationnaires,
l'estimation des coefficients par les MCO ne converge pas vers les vrais
coefficients et les tests usuels des t de Student et
f de Fisher ne sont plus valides.
Pour procéder à l'estimation des relations, il
faudrait que la stationnarité soit de forme faible. Une variable At
est faiblement stationnaire si son espérance mathématique
et sa variance sont constantes et finies et si la covariance de At
et At+i (avec i>o) dépend uniquement de i
At est stationnaire si elle est
intégrée d'ordre zéro At
I(0).
Pour étudier la stationnarité, on recourt
à trois types de tests :
- Le test de DICKEY-FULLER
(1979).
- Le test de DICKEY-FULLER
Augmenté (1978,1981).
- Le test de PHILLIPS-PERRON
(1986,1987).
Le test de DF permet de mettre en
évidence le caractère stationnaire ou non d'une chronique par la
détermination d'une tendance déterministe ou stochastique.
Ils sont construits sur la base de trois
modèles :
[1] Xt = ñXt - 1 +
åt Modèle auto régressif
d'ordre 1 ou AR (1)
[2] Xt = ñXt -1 + b +
åt Modèle auto régressif
avec constance
[3] Xt = ñXt -1 + bt + C+
åt Modèle autorégressif
avec tendance.
La procédure du test est séquentielle. On part
du modèle [3] au modèle [1]. Sur le modèle [3],
on teste la significativité du coefficient b
à partir des statistiques classiques de
Student.
- Si b est significativement différent de
zéro, alors on teste pour ce même modèle le
coefficient ñ i.e.
Ho : ñ =1
H1 : ñ <1.
Si l'hypothèse Ho est acceptée
(tp t tabulé), la série est non
stationnaire avec tendance sinon, H1 est acceptée et la
série est stationnaire.
- Si par contre b est significativement
nul, on passe directement au test sur le modèle [2] avec
le même cheminement que précédemment, jusqu'au test sur le
modèle [1].
Si Xt n'est pas stationnaire, on peut
appliquer le test de DF sur les variables différenciées en
suivant la même procédure que précédemment.
Dans les trois modèles précédents, le
processus åt est par
hypothèse un bruit blanc. Or il n'y a aucune raison pour qu'à
priori, l'erreur soit non corrélée.
Le test de ADF prend en
compte cette hypothèse. Ils sont fondées sur l'hypothèse
alternative | Ø | < 1 issue de l'estimation par les
MCO dans les trois modèles ci-dessous.
[4] ÄXt = ñ Xt-1
+ Øj ÄXt-j +
åt
[5] ÄXt = ñ Xt-1
+
Øj ÄXt-j + b +
åt
[6] ÄXt = ñ Xt-1
+
Øj ÄXt-j + bt + C +
åt
Le test de ADF se déroule de
manière similaire aux tests de DF. Seules les
tables statistiques diffèrent. La valeur p, nombre de retards à
prendre en compte, est déterminée grâce aux tests de
AIKAIKE (1974) et SCHWARZ. Ces
tests déterminent pour une variable, le nombre de données
antérieures à prendre en compte. Ils donnent une information
optimale sur le processus de formation de la valeur en
t.
Ces tests sont nécessaires avant l'estimation des
paramètres. Ils permettent d'éviter de mettre en relation les
variables qui divergent. Après ces tests, chaque variable aura
un trend, soit après le test en niveau, soit après le test
en différence première ou seconde.
Le test de PP
présente l'avantage d'introduire une correction non
paramétrique des statistiques de DF en tenant compte
des erreurs hétéroscédastiques. Il se déroule en
deux étapes :
- Estimation par les MCO des trois modèles de
base du test de DF et calcul des statistiques
associées.
- Estimation d'un facteur correctif établi,
à partir de la structure des covariances des erreurs des modèles
précédemment estimés, de telle sorte que les
transformations réalisées conduisent à des distributions
identiques à celles de DF standard.
Après les tests de stationnarité ou
de racine unitaire, on passe aux tests de co-intégration,
utilisés dans l'estimation de la relation de long terme entre les
variables.
Ils se font soit par l'approche de ENGLE et
GRANGER (1987), soit par l'approche de
JOHANSEN (1988).
Ø L'approche de ENGLE et GRANGER porte
sur le test de racine unitaire des résidus. La co-intégration
traduit le fait que la combinaison linéaire ne s'éloigne jamais
très longtemps de sa moyenne même si les séries
présentent des évolutions divergentes. Il existe alors une
évolution stable à long terme entre les séries.
Deux séries Xt et
Yt sont dites co-intégrées d'ordre d et b si les deux
conditions suivantes sont vérifiées :
- Elles sont affectées d'une tendance stochastique
ou déterministe de même ordre d'intégration.
- Une combinaison linéaire de ces séries est
stationnaire i.e. qu'elle permet de se ramener à une série
d'ordre inférieur d'intégration telle que :
Zt = Xt +
âYt I (d - b) avec d =
b = 0 (4.3)
On note Xt , Yt
C I (d,b)
(4.4)
[ , â ] est le vecteur de
co-intégration
Si les séries sont co-intégrées de
même ordre (condition nécessaire de co-intégration), on
estime par les MCO la relation de long terme entre les variables.
L'estimation par les
MCO permet de calculer le résidu. Si ce résidu
est stationnaire, l'hypothèse d'une co-intégration entre les
variables est acceptée. Les tests de stationnarité sur le
résidu de DF doivent s'effectuer à partir des
valeurs critiques tabulées par MacKINNON (1991)
en fonction du nombre total des variables du modèle. Si le
résidu est stationnaire, nous pouvons aussi effectuer les tests de
normalité et de ARCH.
Le test de normalité dont le
plus classique est celui de JARQUE et BERA (JB), est
fondé sur la notion d'asymétrie (Skewness) et
d'aplatissement (Kurtosis). Pour calculer des intervalles de confiance
prévisionnels et pour effectuer les tests de Student sur les
paramètres, il faut que le bruit blanc at suive une
distribution normale.
Si les hypothèses Ho : v1 =0
(symétrie) et v2 =0 (aplatissement normal) sont
vérifiées, alors v1 1,96 et
v2 1,96. Dans le cas contraire, l'hypothèse de
normalité est rejetée.
Le test de ARCH (AutoRegressive
Conditional Heteroscedasticity) permet de détecter
l'hétéroscédasticité et de modéliser les
chroniques qui ont une variabilité instantanée dépendant
du passé. Il suppose que les résidus prévisionnels sont
non corrélés. Il est fondé sur le test de Fisher
classique. Il y a hétéroscédasticité lorsque la
variance du terme de l'erreur n'est pas constante sur l'ensemble des
observations (au cours du temps et sur un échantillon). Elle croit et
décroît avec les variables explicatives. La principale
conséquence de l'hétéroscédasticité est que
l'estimateur de MCO n'est plus à variance minimale.
Ø L'approche de JOHANSEN permet par la
méthode de maximum de vraisemblance de tester l'existence d'une relation
de long terme dans les séries temporelles stationnaires et d'obtenir
tous les vecteurs de co-intégration dans un cadre multivarié.
Contrairement à l'approche de ENGLER et GRANGER qui ne
tient compte que d'une seule relation de co-intégration, celle de
JOHANSEN apparaît plus attrayante lorsqu'on veut tester
la co-intégration dans un système de plusieurs variables. Cette
approche est basée sur deux tests :
Le premier, appelé statistique de la
trace teste l'existence d'au moins n vecteurs de
co-intégration dans un système comportant N - n
variables.
Le second dénommé statistique de la
valeur propre maximale, teste s'il existe exactement
n vecteurs de co-intégration contre l'alternative de
n+1 vecteurs.
Le principe du test de JOHANSEN est
basé sur la comparaison du ratio de vraisemblance LR
à la valeur critique notée CV.
- Si LR < CV , on accepte
Ho i.e. que les variables ne sont pas
co-intégrées.
- Si LR = CV, on accepte
H1 et on considère les variables co-intégrées
.
Les valeurs critiques ont été tabulées
notamment par JOHANSEN (1988) et
JOHANSEN et JUSELIUS (1990).
Lorsque la relation de long terme existe,
l'estimation par les MCO permet d'analyser les valeurs prises par le
coefficient de détermination R2, le coefficient de
détermination R2 ajusté, le DURBIN-WATSON (DW), le T
de Student et le F de Fisher.
Le coefficient de détermination
R² permet de tester la significativité globale des
variables explicatives. Il montre le rôle joué par l'ensemble des
variables exogènes sur l'évolution de la variable
endogène. Il est d'autant meilleur qu'il est voisin de 1. Son
principal inconvénient est de ne pas tenir compte du nombre
d'observations et du nombre de variables explicatives du modèle.
Le coefficient de détermination R²
ajusté ou corrigé comble
principalement cette lacune.
La statistique de DW permet de
déceler la liaison des erreurs dans les procédures d'estimation.
Un DW proche de 2 indique une auto corrélation
négative.
Le T de Student permet de tester la
significativité des paramètres. Il est souhaitable que
tcalculé en valeur absolue soit strictement supérieur
à 2 pour une bonne intervention de la variable explicative
Xi dans l'évolution de la variable
endogène Yi.
Le F de Fisher permet de juger de la
validité globale d'un modèle. Si Fcalculé >
Ftabulé, on conclut que :
- Le modèle ainsi estimé est globalement
significatif i.e. qu'il est bon et que sa spécification est
acceptable.
- Les variables explicatives véritables ont
globalement une influence sur la variable endogène.
Après l'estimation des coefficients du
modèle par la méthode des MCO, Il convient de s'intéresser
à la stabilité de ces coefficients.
La stabilité des coefficients
est importante quand on cherche à comprendre les mécanismes
économiques et à faire des prévisions. La non
stabilité des coefficients peut refléter des
phénomènes ponctuels dans le temps (crise,
dévaluation, changement de politique...).
Les tests utilisés pour vérifier la
stabilité sont au nombre de deux :
- Le CUSUM (Cumulative SUM) fondé
sur la somme cumulée des résidus récursifs.
Il permet d'étudier la stabilité des
équations de régression au cours du temps. Si les coefficients
sont stables, alors les résidus récursifs doivent rester dans
l'intervalle défini pour des seuils de confiance de 5%. Dans le cas
contraire, le modèle est réputé instable.
- Le CUSUM SQ (Cumulative SUM Square)
fondée sur la somme cumulée du carré des résidus
récursifs permet de détecter des modifications aléatoires
(ponctuelles) dans le comportement du modèle. Si les coefficients sont
stables au cours du temps, alors, les résidus récursifs
carrés doivent rester dans l'intervalle de confiance.
Ces tests sont fondés sur la dynamique de l'erreur de
prévision. Ils permettent de déterminer les instabilités
structurelles des équations de régression et d'étudier
l'erreur de prévision normalisée au cours du temps.
Si les tests de co-intégration permettent
de détecter la présence d'une relation de long terme entre les
variables, il est aussi important de connaître l'évolution
à court terme et à moyen terme de cette relation. L'outil
nécessaire pour parvenir à une telle fin est le modèle
à correction d'erreur (EMC)
Développé pour la première fois par
HENDRY (1970), l'EMC permet de
réaliser des ajustements qui conduisent à une situation
d'équilibre de long terme. Il intègre à la fois des
évolutions ou fluctuations de court terme autour de l'équilibre
ou relation de long terme.
La procédure commence avec l'estimation d'une relation
de long terme avec la méthode des MCO. L'information
fournit par le terme de l'erreur dans la relation de long terme est ensuite
utilisée pour créer un mécanisme de correction dynamique
(court terme).
Quand le coefficient du terme à correction d'erreur est
significatif et négatif, la convergence est assurée.
ENGLE et GRANGER (1987) ont démontré
que toutes les séries co-intégrées peuvent être
représentées par un EMC
(théorème de la représentation de
GRANGER).
L'objectif du EMC est d'une part,
d'éliminer l'effet des vecteurs de co-intégration et d'autre part
de rechercher la liaison réelle entre les variables.
La forme du MCE de la fonction d'épargne des
ménages s'écrit comme suit :
?(St ) = o + 1
?(Yt ) + 2 ?(TIRt ) + 3
?(INFt ) + 4 ?(IRt ) + o
êt-1 + åt
(4.5)
?, i
(i = 0,1,2,3,4)
, et
åt représentent
respectivement l'opérateur en différence
première, les coefficients de court terme
de la fonction d'épargne des
ménages, le coefficient de correction d'erreur
ou force de rappel vers l'équilibre
et l'erreur
d'estimation.
Après l'étude de la relation de long
et de court terme entre les variables, nous nous sommes
préoccupés à ressortir parmi ces variables
(expliquée et explicative), celles dont les variations sont susceptibles
de causer des variations d'autres variables une fois les effets
déterminés. Le moyen le plus approprié pour cela est le
test de causalité.
D'après Xt et Yt, deux
variables d'un modèle, si la série Yt contient
à travers ses valeurs passées une information qui améliore
la prédictibilité de Xt et si cette information n'est
contenue dans aucune autre série utilisée pour calculer le
prédicteur, alors on dira Yt cause Xt.
La variable est causale si sa prise en compte améliore la
prédiction d'une autre variable.
La causalité (ou non) au sens de
GRANGER dépend du fait que les valeurs passées
de Y améliorent (ou non) l'explication de X plutôt que de
l'obtenir à partir des valeurs passées de X lui-même.
On peut alors effectuer un simple test en faisant la
régression de X sur ses propres valeurs passées ainsi que sur
les valeurs passées de Y. Si ces dernières sont significatives,
alors on dit que Y cause X au sens de GRANGER. Toutefois, ce
test est souvent sensible au nombre de décalages pris en compte dans la
modélisation.
II- Résultats, interprétations et
recommandations
Cette partie vise trois objectifs :
ü D'abord, il est question de calculer, à
partir des séries disponibles, les résultats des
différents tests et estimations annoncés dans la partie
précédente. Il s'agit de procéder dans
l'ordre :
- aux tests de stationnarité des variables du
modèle pour valider les conditions de
co-intégration;
- aux tests de la trace et de la valeur
propre de JOHANSEN pour vérifier le nombre des
relations de co-intégration;
- à l'estimation de la relation de
long terme qui permet d'obtenir les coefficients du modèle, le sens de
variation des variables explicatives, le R2, le R2
ajusté, le DW, le t de Student et le F de Fisher;
- aux tests de stationnarité sur les
résidus de la relation de long terme, de normalité, de ARCH et de
vérification de la stabilité (CUSUM, CUSUM SQ).
- à l'estimation de la relation de court
terme à travers la spécification d'un EMC qui permet d'obtenir
les mêmes informations que dans l'estimation de la relation de long
terme.
- au test de causalité au sens de
GRANGER.
ü Ensuite, il faut interpréter les
résultats obtenus aux fins d'élucider et d'appréhender le
comportement, l'évolution et la significativité des
variables.
ü Enfin, il faut traduire en terme de politique
économique à appliquer au cas où la promotion de
l'épargne des ménages devient un objectif prioritaire au niveau
national.
1. RÉSULTATS ET
INTERPRÉTATIONS
Nous allons vérifier la stationnarité des
variables à l'aide du test de ADF et de PP. Il n'est plus
nécessaire de faire le test de DF dans la mesure où les limites
de celui-ci ont été comblées par ADF. L'analyse du test de
racine unitaire sur les cinq variables du modèle montre qu'au seuil de
5% :
- Quatre sont stationnaires en différence
première.
- Une est stationnaire en niveau.
Tableau n°3 : Récapitulatif
des Tests de Stationnarité sur les variables
Variables
|
Test en niveau
|
Test en difference
1ère
|
Ordre
|
ADF
|
PP
|
ADF
|
PP
|
d'intégration
|
Calculée
|
Tabulée
|
Calculée
|
Tabulée
|
Calculée
|
Tabulée
|
Calculée
|
Tabulée
|
|
S
|
-2,84
|
-3,57
|
1,59
|
1.95
|
-3,88
|
-3,57
|
-4,52
|
-1,95
|
I (1)
|
Y
|
-3,56
|
-1,96
|
-2,74
|
-3,56
|
-2,52
|
-1,95
|
-7,49
|
-3,57
|
I (1)
|
TIR
|
-3,38
|
-3,57
|
-2,96
|
-3,56
|
-4,82
|
-3,57
|
-5,06
|
-3,57
|
I (1)
|
INF
|
-3,14
|
-2,96
|
-4,20
|
-2,96
|
/
|
/
|
/
|
/
|
I (0)
|
IR
|
-0,68
|
-1,95
|
-0,69
|
-1,95
|
-4,16
|
-1,95
|
-5,65
|
-1,95
|
I (1)
|
Source : Calculs effectués
sur les données à partir du logiciel E-Views 4.0
La combinaison de ces séries est stationnaire bien
qu'elles soient co-intégrées d'ordre différent. Cette
caractéristique essentielle nous donne la possibilité d'analyser
la dynamique de long terme de l'épargne des ménages avec des
modèles faisant appel aux tests de co-intégration des
variables.
Nous avons retenu le test de JOHANSEN
pour déterminer le nombre de relation de co-intégration
entre les variables.
Tableau n° 4 : Test de la trace et test de
la valeur propre de JOHANSEN
Date: 02/04/05 Time: 08:25
|
Sample(adjusted): 1972 2000
|
Included observations: 29 after adjusting endpoints
|
Trend assumption: No deterministic trend
|
Series: S Y TIR IR INF
|
Lags interval (in first differences): 1 to 1
|
|
|
|
|
|
|
Unrestricted Co-integration Rank Test
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
5 Percent
|
1 Percent
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
|
|
|
|
|
|
|
None **
|
0.789290
|
81.56286
|
59.46
|
66.52
|
|
At most 1
|
0.523162
|
36.40196
|
39.89
|
45.58
|
|
At most 2
|
0.310342
|
14.92522
|
24.31
|
29.75
|
|
At most 3
|
0.132675
|
4.150012
|
12.53
|
16.31
|
|
At most 4
|
0.000762
|
0.022095
|
3.84
|
6.51
|
|
|
|
|
|
|
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Trace test indicates 1 cointegrating equation(s) at both 5% and
1% levels
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Max-Eigen
|
5 Percent
|
1 Percent
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
|
|
|
|
|
|
|
None **
|
0.789290
|
45.16090
|
30.04
|
35.17
|
|
At most 1
|
0.523162
|
21.47675
|
23.80
|
28.82
|
|
At most 2
|
0.310342
|
10.77520
|
17.89
|
22.99
|
|
At most 3
|
0.132675
|
4.127917
|
11.44
|
15.69
|
|
At most 4
|
0.000762
|
0.022095
|
3.84
|
6.51
|
|
|
|
|
|
|
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
|
Max-eigenvalue test indicates 1 cointegrating equation(s) at
both 5% and 1% levels
|
Source : Estimation des données avec le
logiciel E - Views 4.0
D'après les résultats, on ne peut rejeter au
seuil de 5%, qu'il existe au plus une relation de co-intégration. Pour
les variables concernées, LR est supérieur à CV
(statistique de la trace : 81,56 > 59,46; statistique de la valeur
propre : 45,16 30,4). Le vecteur de co-intégration est
unique. L'hypothèse d'une co-intégration est acceptée
entre l'épargne des ménages et ses fondamentaux.
Nous pouvons alors procéder à
l'estimation de la relation de long terme par la méthode des MCO. Pour
établir cette relation, nous utiliserons l'équation
(4.1).
Tableau n°5 : Estimation de la relation de
long terme par la méthode des MCO.
Dependent Variable: S
|
Method: Least Squares
|
Date: 02/04/05 Time: 09:24
|
Sample: 1970 2000
|
Included observations: 31
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-3.684808
|
0.947937
|
-3.887187
|
0.0006
|
Y
|
1.408784
|
0.154515
|
9.117473
|
0.0000
|
TIR
|
-0.007761
|
0.003423
|
-2.267185
|
0.0319
|
IR
|
-0.000316
|
0.001241
|
-0.254397
|
0.8012
|
INF
|
0.002408
|
0.002673
|
0.900748
|
0.3760
|
R-squared
|
0.880810
|
Mean dependent var
|
5.213281
|
Adjusted R-squared
|
0.862473
|
S.D. dependent var
|
0.233496
|
S.E. of regression
|
0.086591
|
Akaike info criterion
|
-1.908547
|
Sum squared resid
|
0.194949
|
Schwarz criterion
|
-1.677259
|
Log likelihood
|
34.58248
|
F-statistic
|
48.03472
|
Durbin-Watson stat
|
1.959610
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Source : Estimation des données avec le
logiciel E.Views 4.0
On obtient la relation de long terme suivante
St = - 3,684808 + 1,408784 Yt
- 0,007761 TIRt + 0,0024808 INFt - 0,000316
IRt (4.6)
(-3,88) (9,11)
(-2,26) (0,90) (-0,25)
R² = 0,8808; R² ajusté = 0, 8624; F stat =
48, 03; Prob (F stat ) = 0,000.000; DW = 1,95
Les valeurs entre parenthèses
représentent la significativité des variables.
R² et R² ajusté montrent
que les variables indépendantes expliquent à 88% et
à 86% le comportement de l'épargne des ménages au
Cameroun.
La statistique de DW (1,95) montre que les
erreurs ne sont pas corrélées ou liées.
Les valeurs T de Student montrent
que le revenu disponible brut (9,11) et le taux
d'intérêt réel des ménages (2,26)
influencent significativement l'épargne des ménages. Les
coefficients de l'impôt sur les revenus (-0,25) et de
l'inflation (0,90) sont significativement égaux
à zéro i.e. qu'ils n'interviennent pas dans l'évolution de
l'épargne des ménages.
La statistique F de Fisher (48,04) montre
que :
- Le modèle est globalement significatif.
- Les variables explicatives véritables ont
globalement une influence sur l'épargne des ménages.
Après l'estimation de la relation de long
terme entre les variables par les MCO, il reste à vérifier que
le résidu issu de cette régression est
stationnaire.
Tableau N°6 : Test de
stationnarité sur le résidu
|
Test en niveau
|
Résidu
estimé
|
ADF
|
PP
|
Cal
|
Lue
|
Cal
|
Lue
|
-4,56
|
-1,95
|
-5,31
|
-1,95
|
Source : Calculs effectués à
partir des données avec le logiciel E-Views 4.0
Le test de racine unitaire sur le
résidu montre que celui-ci est stationnaire en niveau,
confirmant de ce fait, l'existence d'une relation de co-intégration.
Par ailleurs, le test de normalité de
JB (en annexe IV) montre que le résidu suit une loi
normale (JB = 2,20, Proba = 0,33).
De même le test de ARCH (en annexe
V) montre une absence d'hétéroscédasticité.
Les résultats du test de CUSUM
(en annexe VI) montrent que la courbe ne sort pas de son corridor.
Ceux du test de CUSUM SQ à 5% (en
annexe VII) montrent une période de rupture entre 1981 et 1988.
Durant celle-ci, nous constatons un franchissement de l'intervalle de
confiance. Ce constat nous amène à rejeter l'hypothèse
d'absence de changement structurel.
L'estimation économique montre que les variables
identifiées sont des déterminants significatifs de
l'épargne des ménages au Cameroun.
Pendant que le taux d'intérêt réel et
l'impôt sur les revenus agissent négativement sur
l'épargne, le revenu disponible brut et l'inflation pour leur part
influencent positivement l'épargne des ménages.
Le résultat de l'estimation du coefficient du revenu
disponible brut indique un coefficient positif et statistiquement significatif.
Une augmentation de 1 pour cent du revenu se traduit par une augmentation de
1,4 pour cent de l'épargne des ménages.
Un changement à la hausse du taux
d'intérêt réel est associé à une diminution
de l'épargne de 0,0077 pour cent. L'effet revenu a emporté sur
l'effet de substitution.
Pour ce qui est de l'impôt sur les revenus, une
variation à la hausse de 1 pour cent entraîne une variation
à la baisse de 0,000316 pour cent de l'épargne. L'effet de
substitution négatif l'emporte sur l'effet du revenu positif.
En cas d'accroissement de l'inflation de un pour cent, on
assiste à une augmentation de 0,0024 de l'épargne des
ménages.
Après le test de co-intégration de
JOHANSEN qui a permis de détecter la présence d'une relation de
long terme entre les variables, l'analyse de l'évolution de court terme
serait amplement justifiée.
L'étude du comportement à court terme requiert
la spécification d'un EMC.
L'estimation de la relation de court terme à l'aide du
logiciel E-Views 4.0 a donné les résultats
ci-après :
Tableau n° 7 : Estimation de la relation de
court terme des variables
Dependent Variable: D(S)
|
Method: Least Squares
|
Date: 02/04/05 Time: 13:47
|
Sample(adjusted): 1971 2000
|
Included observations: 30 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-0.002105
|
0.018256
|
-0.115298
|
0.9092
|
D(Y)
|
1.204497
|
0.381689
|
3.155705
|
0.0043
|
D(TIR)
|
-0.000291
|
0.003191
|
-0.091332
|
0.9280
|
D(IR)
|
-0.000124
|
0.001796
|
-0.069091
|
0.9455
|
D(INF)
|
0.002954
|
0.001606
|
1.839397
|
0.0783
|
RESID01(-1)
|
-0.969021
|
0.206289
|
-4.697404
|
0.0001
|
R-squared
|
0.574109
|
Mean dependent var
|
0.030209
|
Adjusted R-squared
|
0.485382
|
S.D. dependent var
|
0.110666
|
S.E. of regression
|
0.079388
|
Akaike info criterion
|
-2.052075
|
Sum squared resid
|
0.151260
|
Schwarz criterion
|
-1.771835
|
Log likelihood
|
36.78112
|
F-statistic
|
6.470501
|
Durbin-Watson stat
|
1.664791
|
Prob(F-statistic)
|
0.000611
|
Source : Estimation des données avec le
logiciel E.Views 4.0
A partir de ce tableau, nous avons le modèle à
correction d'erreur de la fonction d'épargne des ménages
suivant :
D(St) = - 0,002105 + 1,204437
D(Yt) - 0,000231 D(TIRt) + 0,002954 D(INFt ) -
0,000124 D(IRt )- 0,969021
(4.7)
( -0,11) (3,15) (-0,091)
(1,83) (-0,069) (-4,69)
R² = 0;5741; R² ajusté = 0,4853; F stat
= 6,47; Prob (F stat) = 0,0061; DW = 1,66
Les valeurs entre parenthèses représentent
la significativité des variables
Globalement, le modèle estimé semble
intéressant dans la mesure ou F-Fisher (6,47)
>4, la probabilité de Fisher
(0,000611) est statistiquement différente de zéro,
R² indique que le modèle explique à 57,41% les variations de
l'épargne des ménages. La valeur du DW
(1,66) montre que les erreurs sont indépendantes. Le
R² ajusté montre que les variables indépendantes expliquent
à court terme seulement à 48,53% (en deçà de la
moyenne) le comportement d'épargne des ménages.
Les signes attendus aussi bien à court qu'à long
terme sont confirmés pour deux variables (revenu disponible et
impôt sur les revenus). Ils sont infirmés pour les deux
variables restantes (taux d'intérêt réel et taux
d'inflation).
Notons que le coefficient à correction
d'erreur est statistiquement significatif et présente le signe
attendu. Cette force de rappel (-0,969) traduit
l'effet d'ajustement de l'épargne à chaque période vers
l'équilibre.
L'estimation du EMC montre que parmi les variables retenues
dans le modèle, seul le coefficient du revenu disponible brut est
statistiquement significatif. Son effet à court terme est identique
à celui de long terme. Le coefficient du taux d'intérêt
réel n'est plus statistiquement significatif. Son signe est contraire
à celui attendu mais identique à celui de la relation de long
terme. L'inflation et l'impôt sur les revenus ont le même
comportement aussi bien à court qu'à long terme.
En l'absence de différence entre les signes obtenus et
les signes attendus, l'analyse des effets des variations de chaque variable
exogène du modèle sur la variable endogène pour le long
terme est valable pour le court terme.
Le test de normalité (JB = 2,62 , Proba =
0,26) sur le résidu estimé du EMC (en
annexe VIII) montre qu'il suit une loi normale.
Le test de causalité au sens de GRANGER
sur les variables de l'étude donne les résultats
suivants :
Tableau n° 8 : Test de causalité des
variables au sens de GRANGER
Pairwise Granger Causality Tests
|
Date: 02/04/05 Time: 11:02
|
Sample: 1970 2000
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
Y does not Granger Cause S
|
30
|
2.94696
|
0.09749
|
S does not Granger Cause Y
|
3.69202
|
0.06529
|
TIR does not Granger Cause S
|
30
|
0.01223
|
0.91277
|
S does not Granger Cause TIR
|
5.88123
|
0.02227
|
IR does not Granger Cause S
|
30
|
0.00016
|
0.99005
|
S does not Granger Cause IR
|
0.22120
|
0.64190
|
INF does not Granger Cause S
|
30
|
0.02448
|
0.87684
|
S does not Granger Cause INF
|
1.48187
|
0.23401
|
TIR does not Granger Cause Y
|
30
|
0.00565
|
0.94066
|
Y does not Granger Cause TIR
|
8.36011
|
0.00749
|
IR does not Granger Cause Y
|
30
|
0.04541
|
0.83286
|
Y does not Granger Cause IR
|
0.07857
|
0.78138
|
INF does not Granger Cause Y
|
30
|
0.09663
|
0.75830
|
Y does not Granger Cause INF
|
2.03832
|
0.16484
|
IR does not Granger Cause TIR
|
30
|
0.81283
|
0.37526
|
TIR does not Granger Cause IR
|
0.13904
|
0.71214
|
INF does not Granger Cause TIR
|
30
|
1.62484
|
0.21328
|
TIR does not Granger Cause INF
|
3.34358
|
0.07854
|
INF does not Granger Cause IR
|
30
|
0.22881
|
0.63626
|
IR does not Granger Cause INF
|
0.02709
|
0.87050
|
Les résultats du test de causalité au
sens de GRANGER pour un décalage d'une période, montrent que
:
- Seules les variations de S sont susceptibles
de causer les variations du TIR (FISHER > 4).
- Seules les variations de Y sont susceptibles
de causer les variations du TIR (FISHER > 4).
En revanche, au sens de GRANGER, aucune variable explicative
ne cause la variation de la variable expliquée.
Les différents résultats obtenus
à la fois dans l'estimation de la relation de long terme et de celle de
court terme ainsi que dans le test de causalité, peuvent être
utilisés pour la formulation d'une politique de promotion de
l'épargne des ménages au Cameroun.
2. RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ÉCONOMIQUE
Une étude des variables explicatives de
l'épargne des ménages au Cameroun doit normalement aboutir
à la formulation de politiques susceptibles de provoquer une
mobilisation optimale d'une des composantes essentielles de l'épargne
intérieure qu'est l'épargne des ménages.
Une politique de l'épargne doit pouvoir
s'insérer harmonieusement dans la politique économique globale du
pays. Il faut au préalable fixer la cohérence entre les
instruments et les objectifs. Une politique efficace de l'épargne ne
doit pas alors faire abstraction des contraintes endogènes et
exogènes existantes.
Parmi les actions à entreprendre, l'Etat peut
à la fois agir sur les variables explicatives du modèle ou sur
d'autres variables quantitatives et qualitatives non exprimées dans
l'étude.
ü Promouvoir l'épargne par une politique
rationnelle d'augmentation des revenus.
Le revenu disponible est la seule variable explicative
significative qui agit positivement aussi bien à court qu'à long
terme sur l'épargne. Si l'objectif à terme est d'accroître
le taux d'épargne des ménages qui est encore très faible,
une action sur les revenus serait efficace. Une politique des revenus peut se
faire à travers :
- L'augmentation des salaires.
- La revalorisation des transferts et prestations
sociales.
- L diminution des prélèvements
(impôts, taxes.).
- La valorisation des prix des produits de base.
Par ailleurs, pour qu'une politique de revenus réalise
des résultats escomptés, il faudrait maîtriser ses effets
pervers. Parmi ceux-ci, on peut citer :
- Le risque d'augmentation de l'inflation.
- La dilution du différentiel reçu dans des
consommations et dépenses improductives.
- La perte de compétitivité suite au
renchérissement du coût de la main d'oeuvre.
- L'inéquité dans sa répartition. La
frange minoritaire des revenus élevés peut être celle qui
bénéficie le plus de l'effet d'augmentation.
ü Promouvoir l'épargne à travers
une politique des taux d'intérêt réels
modérés.
Dans la relation de court terme, le taux
d'intérêt réel n'est pas une variable significative. A
l'inverse des prévisions, il a un effet négatif sur
l'épargne aussi bien à long qu'à court terme. Les
ménages ne réagissent pas favorablement à une hausse de
taux. L'effet de revenu (une hausse du taux de l'intérêt
déprime l'épargne) a tendance à l'emporter sur
l'effet de substitution (une hausse du taux de l'intérêt
stimule l'épargne)
A priori, il est difficile de trancher en faveur d'un taux
élevé ou d'un taux faible pour promouvoir l'épargne. Le
fait d'agir en sens contraire (effet de substitution et effet de revenu)
rend aléatoire la quantification de l'effet final.
Signalons également que l'inflation affecte le
taux nominal et parfois le rend moins attrayant. Comme stratégie de long
terme, il est plus raisonnable de pratiquer une politique de taux
modérés et moyens.
En plus de promouvoir ou de constituer un frein pour
l'épargne, les taux d'intérêts sont utilisés
à d'autres fins :
- Les taux bas encouragent l'investissement,
améliorent la compétitivité des produits à l'export
et permettent l'accès au crédit au plus grand nombre.
- Les taux bas peuvent alimenter l'inflation. Le
crédit par essence, participe de la création
monétaire.
- Les taux bas peuvent favoriser la fuite des capitaux
à la recherche de meilleurs placements. Le taux raisonnable
économiquement est celui qui annule le différentiel
d'intérêt à l'international. Avec la globalisation des
économies et la tendance à l'unification des marchés de
capitaux, on assiste à une plus grande mobilité de ces
capitaux.
- Les taux bas peuvent même amener les banques
à ne pas trop s'investir dans l'activité spatio-temporelle de
collecte de l'épargne sur plusieurs segments du marché. Les
conditions de collecte et les montants collectés ne garantissent pas
toujours la rentabilité de l'opération.
ü Promouvoir l'épargne à
travers la maîtrise de l'inflation.
Un autre paradoxe dégagé par les conclusions
de notre étude est le comportement de l'inflation. Contrairement au
signe attendu, elle agit positivement sur l'épargne des ménages.
Quoi qu'elle ne soit pas une variable statistiquement significative aussi bien
à long terme où à court terme, elle contribue
néanmoins à expliquer le comportement d'épargne des
ménages.
Sur le plan théorique, le signe pris par l'inflation a
au moins deux explications. Les ménages peuvent alors réagir
à une augmentation du taux d'inflation en:
- reconstituant leurs encaisses réelles. Cela a
pour effet d'entraîner une hausse du taux de l'épargne;
- subissant une illusion monétaire sur les prix
relatifs. Cela a pour effet d'accroître l'épargne.
L'effet total est presque indéterminé du fait du
conflit entre l'effet de fuite devant la monnaie qui déprime
l'épargne et l'effet de reconstitution des encaisses réelles qui
accroît l'épargne, entre l'illusion monétaire sur le prix
relatifs qui accroît l'épargne et l'illusion monétaire sur
les revenus qui tend à abaisser le taux d'épargne.
Une politique de maîtrise de l'inflation doit avoir
pour finalité d'agir d'une part, sur le rendement réel des actifs
placés ou souscrits, et d'autre part, sur le pouvoir d'achat des
ménages.
S'il faut aller dans le sens suggéré par les
résultats de notre étude, cela signifierait qu'il faille
relâcher les politiques anti-inflationnistes. Les conséquences
d'une inflation incontrôlée sont plus désastreuses que
positives :
- Elle peut se transformer en une inflation galopante ou
même en hyper inflation.
- Elle pénalise la rentabilité des
investissements et des placements.
- Elle favorise la fuite des capitaux vers
l'étranger à l'objectif de garantir un pouvoir d'achat minimum et
une valeur réelle maximale.
- Elle nuit à la compétitivité de
l'économie.
En somme, même si l'inflation encourage l'épargne
des ménages, elle doit être maintenue dans les limites qui
prennent en compte le niveau d'inflation à l'extérieur
(théorie de la parité des pouvoirs d'achat)
et qui ne puissent pas constituer
un poison lent pour l'économie.
ü Promouvoir l'épargne à
travers une politique fiscale réaliste.
A long terme, comme à court terme, l'impôt sur
les revenus n'a aucune influence significative sur l'épargne des
ménages. Un relèvement de la pression fiscale affecte
négativement l'épargne. Si l'Etat devrait prioriser
l'épargne des ménages, il devrait au mieux des cas réduire
sinon stabiliser l'impôt sur les revenus de la propriété
et du travail.
Par ailleurs, une politique fiscale a des
conséquences sur d'autres variables. Parmi ces conséquences, on
peut citer :
- La réduction de la demande interne avec pour
corollaire la réduction des investissements, de l'emploi et
l'augmentation du chômage.
- La pratique d'un effort fiscal tolérable sur les
revenus de capital pouvant avoir pour objectif d'attirer les investisseurs
étrangers.
- Le niveau de financement des déficits
publics.
Sur le plan théorique, l'effet total de la
fiscalité sur l'épargne des ménages est aussi ambigu
à long terme du fait de l'existence de deux effets contradictoires
(l'effet de substitution négatif et l'effet de revenu
positif).
ü Promouvoir l'épargne en adoptant une
politique de rapprochement
entre le secteur financier formel
et le secteur financier informel.
Le secteur informel, très dynamique, draine une part
importante de l'épargne qui n'est pas statistiquement
comptabilisée et mesurée. En dehors des
passerelles existantes et pas encore bien développées, il
faudrait procéder à un rapprochement entre le secteur financier
formel et secteur financier informel. Si l'unification du marché de
l'épargne constitue encore un idéal, il n'est pas impossible de
penser une véritable politique d'intéressement de
l'épargne informelle en prenant appui sur les motivations des
participants aux tontines, aux groupes de solidarité etc. L'objectif
à terme est d'attirer vers le secteur formel une partie de
l'épargne informelle.
Au final et en dehors du revenu qui a un effet certain
lorsque la politique des revenus intègre les contraintes d'ensemble,
les autres variables ont non seulement des effets ambigus sur l'épargne
mais également, elles sont pour la plupart non significatives. Une
politique prudente va ignorer l'utilisation de ces instruments (taux
d'intérêt, inflation, impôts sur les revenus). Une
politique courageuse et active va les utiliser en cherchant à
éliminer les effets pervers et à maximiser ou minimiser l'effet
attendu.
A long terme, les variables retenues prises ensemble
expliquent à 88,08% (R²) et à 86,24% (R²
ajusté) l'épargne des ménages.
A court terme ces coefficients sont seulement de 57,41%
(R²) et 48,53% (R² ajusté). Ce résultat montre,
qu'à court terme il y a une part importante de l'épargne des
ménages qui n'est pas expliquée par les variables retenues.
D'où l'urgence d'explorer d'autres déterminants à la fois
qualitatifs et quantitatifs. L'épargne informelle et les placements
à l'étranger peuvent être des déterminants
potentiellement significatifs. Il ne reste qu'à relever le défi
de leur évaluation surtout quand on sait par exemple que pour les
placements à l'étranger, il n'est pas toujours facile
de les quantifier. L'évasion des capitaux fait appel à plusieurs
canaux (fuites sous forme d'exportation des billets, recettes en
provenance d'exportations illégales non enregistrées dans les
statistiques du commerce extérieur, acquisition des devises
étrangères par la falsification des documents commerciaux,
surfacturation des importations, non rapatriement des devises par les
résidents à l'étranger...)
Tableau n° 9 : Récapitulatif des
résultats des tests et estimations.
Relation de court terme
|
Relation de long terme
|
S
|
Y
|
TIR
|
INF
|
IR
|
t-1
|
S
|
Y
|
TIR
|
INF
|
IR
|
t
|
Variable dépendante
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable indépendante
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Résidu
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ordre d'intégration
|
I(1)
|
I(1)
|
I(1)
|
I(0)
|
I(1)
|
|
(1)
|
I(1)
|
(1)
|
I(0)
|
I(1)
|
I(0)
|
Signe attendu du coefficient
|
|
(+)
|
(+)
|
(-)
|
(-)
|
|
|
(+)
|
(+)
|
(-)
|
(-)
|
|
Signe obtenu du coefficient
|
|
(+)
|
(-)
|
(+)
|
(-)
|
|
|
(+)
|
(-)
|
(+)
|
(-)
|
|
Coefficient obtenu
|
|
1,204
|
-0,0002
|
0,0029
|
0 -0, 0001
|
-0,969
|
|
1,408
|
- 0,0077
|
0,024
|
-0,0003
|
|
t - sudent
|
|
3,15
|
0,09
|
1,83
|
0,06
|
4,69
|
|
9,1
|
2,26
|
0,9
|
0,25
|
|
Significativité
|
|
OUI
|
NON
|
NON
|
NON
|
OUI
|
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
NON
|
|
Ecart type
|
|
0,38
|
0,0031
|
0,0016
|
0,0017
|
0,206
|
|
0,1545
|
0,0034
|
0,0026
|
0,0012
|
|
R²
|
0,5741
|
|
0,8808
|
|
R² ajusté
|
0,4853
|
|
0,8624
|
|
DW
|
1,66
|
|
1,95
|
|
F de Fisher
|
6,47
|
|
48,03
|
|
Prob (F.de Fisher)
|
0,00611
|
|
0,000 000
|
|
JARQUE - BERA
|
|
2,62
|
|
2,20
|
ARCH
|
|
Absence
d'hétéroscédasticité
|
CUSUM
|
Stabilité des coefficients
|
CUSUM SQ
|
Instabilité des coefficients affectés par les
changements structurels
|
Test de causalité
|
S cause TIR et Y cause TIR. (Pas de variable
exogène qui cause la variable endogène)
|
Modèle de base
|
St = âo +
â1 Yt + â2 TIRt +
â3 INFt + â4 IRt +
åt
|
Modèle de la relation de long
terme
|
St = - 3,684808 + 1,408784 Yt
- 0,007761 TIRt + 0,0024808 INFt - 0,000316
IRt
|
Modèle à correction
d'érreur
|
D(St) = - 0,002105 + 1,204437
D(Yt) - 0,000231 D(TIRt) + 0,002954 D(INFt ) -
0,000124 D(IRt )- 0,969021
|
En guise de conclusion partielle, nous retenons que le
revenu disponible des ménages (à court et à long terme) et
le taux d'intérêt réel (à court terme) sont les
principales variables explicatives de la fonction d'épargne des
ménages au Cameroun. La conclusion générale va permettre
de faire l'économie de la démarche théorique et empirique
qui a conduit à ces résultats.
CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de l'étude des déterminants de
l'épargne des ménages au Cameroun, nous pouvons actuellement
dégager ses caractéristiques essentielles.
Parti du constat selon lequel l'épargne des
ménages a été dans un premier temps négligé
au profit de l'épargne extérieure (1960-1980), il faut
attendre les années de crise pour assister au retournement de la
tendance. Il fallait des alternatives moins inflationnistes et moins
contraignantes.
L'épargne publique et l'épargne privée
vont se présenter comme des solutions de substitution. La
récurrence des déficits publics et les besoins croissants de
financement des entreprises vont définitivement mettre sur la sellette
l'épargne des ménages.
Cette prise de conscience ne s'est pas véritablement
accompagnée d'une politique cohérente de promotion de cette
catégorie d'épargne. Les taux d'épargne
(épargne rapporté au revenu disponible brut) ne sont pas
extraordinaires. Le dualisme financier reste une réalité
incompressible.
Face à l'impératif de financement du
développement, il s'avérait nécessaire de contribuer
à la connaissance des variables explicatives de l'épargne des
ménages aux fins d'assurer une meilleure mobilisation.
Dans la partie conceptuelle, nous
avons survolé les différentes approches théoriques des
déterminants de l'épargne sous les aspects économiques et
extra économiques.
L'analyse économique s'est articulé autour des
certaines idées forces :
- Le revenu absolu. Pour
KEYNES, la consommation et partant, l'épargne est
fonction du revenu réel. Il met en évidence la loi psychologique
fondamentale qui montre qu'une hausse (resp. baisse) du revenu
entraîne un accroissement (resp. baisse) plus marquée de
l'épargne.
- La théorie du
revenu relatif va développer l'idée
d'interdépendance des consommations fondée sur l'effet de
démonstration ou d'imitation ainsi que le phénomène
d'égalisation inter temporelle des utilités.
- L'effet de
mémoire de BROWN agit de façon
continue à travers la consommation de la période
antérieure.
- La théorie du
revenu permanent va étudier un mode de répartition
inter temporelle de la consommation. La consommation est fonction du revenu
permanent considéré comme revenu moyen, obtenu à tout
âge et jugé permanent par la famille.
- La théorie du
cycle de vie stipule qu'une répartition par âge
ressortant plus d'actifs que de jeunes et retraités a un effet positif
sur l'épargne. Selon cette théorie, les ménages lorsqu'ils
sont jeunes s'endettent pour financer leurs études, épargnent
pendant la période active et désépargnent à la
retraite.
- La controverse entre les
classiques et les keynésiens autour du rôle de
l'épargne et du taux d'intérêt
recommandable.
- L'influence de l'inflation et de
la fiscalité sur le pouvoir d'achat et la rémunération de
l'épargne.
- Le rôle joué par le
crédit pris comme variable explicative de l'épargne.
L'analyse extra économique s'est appesantie sur
l'étude des variables de nature qualitative qui tiennent plus des
attitudes, comportements, valeurs et motivations. La décision
d'épargne des ménages peut alors être influencée par
des références culturelles (traditions, usages,
croyances...), sociales (niveau d'éducation, lieu de
résidence, profession...), psychologiques (confiance,
proximité, discrétion, notoriété,
liquidité...), politiques (libéralisation
financière, sécurité sociale et stabilité
politique) et démographiques (âge, taille de la famille,
sexe...) qui peuvent à la fois les rapprocher ou les
éloigner du système financier formel.
Dans la partie opératoire de
l'étude, nous avons commencé par présenter
les variables et leurs évolutions pendant la période de
l'étude. Cette évolution est naturellement marquée par les
phénomènes économiques (crises, dévaluation,
environnement économique international...).
Des tests effectués sur les variables du
modèle, il en ressort des résultats suivants :
- Quatre variables (épargne, revenu disponible,
impôt sur les revenus, taux d'intérêt réels)
sont stationnaires en différence première et une seule
(l'inflation) est stationnaire en niveau.
- Il existe une relation de co-intégration.
- À long terme :
ü Les variables indépendantes expliquent à
88 et à 86% le comportement de l'épargne des ménages au
Cameroun ( R² et R² ajusté).
ü Les erreurs ne sont pas corrélées
(test de DW).
ü Le revenu disponible brut et le taux
d'intérêt réel influencent significativement
l'épargne des ménages (statistique de t-student).
ü Le modèle estimé est globalement
significatif et les variables indépendantes véritables ont
globalement une influence sur l'épargne des ménages
(statistique F de Fisher).
ü Il y a absence
d'hétéroscedasticité (test de ARCH).
ü Les coefficients sont stables pendant la période
de l'étude (test de CUSUM). La courbe ne sort pas du
corridor.
ü Il y a eu des changements structurels pendant la
période de l'étude (test de CUSUM SQ).
- À court terme :
ü Les variables exogènes n'expliquent plus
qu'à 57 et 48% l'évolution de l'épargne des ménages
( R² et R² ajusté).
ü Les erreurs ne sont pas corrélées
(test de DW).
ü Le modèle estimé est globalement
significatif et les variables exogènes ont globalement une influence sur
l'épargne des ménages (statistique F de Fisher).
ü Seul le revenu disponible brut influence
significativement l'épargne.
- Le test de causalité
révèle qu'il existe deux relations de causalité entre
l'épargne et le taux d'intérêt réel et entre le
revenu disponible et le taux d'intérêt réel. Les variations
des premières sont susceptibles de causer les variations des secondes.
Il en ressort qu'aucune variable explicative retenue n'est susceptible de
causer à elle seule la variation de l'épargne.
C'est à la suite de ces résultats que nous nous
sommes risqués à l'exercice des recommandations qui reposent sur
cinq axes :
- Une politique rationnelle d'accroissement des
revenus. Elle passe par la maîtrise des effets pervers
liés à cette augmentation (risque d'inflation, consommation
et dépenses ostentatoires et improductives...).
- Une politique de taux d'intérêt
réels modérés qui concilie avec les
exigences de la rentabilisation de l'activité de collecte de
l'épargne, de maîtrise de l'inflation, de prévention contre
la fuite des capitaux et de politique d'investissement.
- Une politique de maîtrise de
l'inflation. Même si l'inflation encourage l'épargne
des ménages, elle doit être maintenue dans les proportions qui ne
pénalisent la rentabilité des investissements et des placements,
ne favorise la fuite des capitaux et ne nuise à la
compétitivité de l'économie.
- Une politique fiscale
réaliste. Un abaissement de l'impôt sur les revenus
aura des conséquences positives sur l'épargne des ménages.
Ce manque à gagner pour l'Etat peut-être compensé par
l'accroissement compensatoire d'un autre type d'impôt.
- Une politique de rapprochement entre le secteur
financier formel et le secteur financier informel. Elle
permettra, à défaut d'une intégration des marchés,
de canaliser une part significative de l'épargne informelle vers le
secteur productif.
Limité par le temps et les moyens, nous ne pouvons pas
prétendre avoir épuisé notre champ d'investigation en
matière des déterminants de l'épargne des ménages
au Cameroun. Nous n'avons pas également la prétention de
présenter les conclusions de nos analyses comme des certitudes et des
vérités implacables.
Les difficultés d'obtention des séries plus
grandes (pour atténuer le risque de multi
colinéarité) ou complètes (nous avons
été obligés de générer les données
pour compléter certaines années), l'abandon de variables et de
modèles pertinents du fait de l'indisponibilité des statistiques
(Les crédits octroyés aux ménages sont
théoriquement présumés significatifs. L'absence de
données sur cette variable n'a pas permis une vérification
empirique), l'inexpérience du chercheur que nous sommes sont autant
de facteurs qui peuvent avoir affectés la qualité du travail dans
son ensemble.
Les résultats de nos travaux, pour discutables
qu'elles peuvent quelque fois être, sont néanmoins des indicateurs
de référence pour une future politique nationale de mobilisation
et de promotion de l'épargne des ménages.
Cette étude devrait être complétée
par l'analyse des variables qualitatives à travers une enquête
à grande échelle et en coupe instantanée sur les
déterminants de l'épargne des ménages camerounais.
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développement in La tontine, pratique
informelle d'épargne et de crédit dans les PVD sous
la dir de Michel LELART,
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IQBAL F The demand for fund
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1917
PLEASE Stanley Saving through
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Rapport final des
Journées Banque Finance Entreprise tenues le 13 et 14 avril
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TINTNER G. The maximization of
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income and wealth 27
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ANNEXES
I : ORGANES ET PRODUITS DE MOBILISATION DE
L'ÉPARGNE DES MÉNAGES
Nature
|
Structure de collecte
|
Rôle
|
Produits d'épargne
|
Epargne financière formelle
|
Les
Banques
(11)
|
- Collecte de l'épargne.
- Octroi des crédits et financement des projets
d'investissement.
- Mise à disposition des moyens de paiements.
- Gestion des risques.
|
- Compte sur livret.
- Compte à terme.
- Bon de Caisse.
- Compte et plan épargne logement.
- Bon du Trésor...
|
Les Assurances
(8)
|
- En plus de gérer les dommages, elles mobilisent une
épargne volontaire à caractère de
prévoyance.
|
- Epargne retraite complémentaire.
- Rente éducation.
- Assurance-vie.
|
La Poste
|
- Promouvoir l'épargne nationale auprès des
ménages urbains et ruraux, recevoir et faire fructifier les
fonds.
|
- Compte sur livret.
|
La Bourse de Valeurs
|
- Circuit de financement de l'économie
nationale
- Moyen d'organiser la liquidité de
l'épargne
investie à long terme;
- Instrument de mesure de la valeur des actifs à
travers les courts boursiers;
- Outil qui concourre à la mutation des structures
industrielles et commerciales;
- Lieu de négociation du risque.
- Marché de capitaux de longue durée (du point
de vue de l'emprunteur).
|
- Actions (à dividende
prioritaire, à bons de souscription d'actions, certificat
d'investissement).
|
- Obligations (à bons de
souscription d'obligations, indexées, à taux variable ou
révisable, prorogeables ou échangeables, à
libération échelonnée).
|
- Valeurs mixtes (Obligations remboursable en
actions, Obligations à bon de souscription d'actions, Obligations
convertibles en actions).
|
- Fonds d'investissement
(SICAV, FCP, FCC).
|
Epargne financière semi formelle et
informelle
|
Les Etablissements de Microfinance
(374 agrées par la COBAC)
|
- la 1ère
catégorie collecte l'épargne des membres pour
faire des opérations de crédit exclusivement au profit de ces
derniers.
- la 2ème
catégorie collecte l'épargne et accorde des
crédits aux tiers.
- la 3ème
catégorie accorde les crédits aux tiers sans exercer
l'activité de collecte de l'épargne.
- offrir à leurs
adhérents, des services. financiers complémentaires de
l'épargne.
|
- Epargne quotidienne
- Produits bancaires et d'assurance
|
Les
Tontines
|
- Promouvoir toute action de solidarité, constituer
périodiquement un marché financier informel et fermé
permettant à ses membres de
|
- Tontine de solidarité (Epargne mutuelle, rotative
simple, rentrée scolaire, travail, assistance, fête,
développement)
|
placer leur épargne pour les uns et d'accéder
au crédit pour les autres.
|
- Tontine économique (Epargne rotative à prix fixe,
à enchères, épargne projet)
|
Institutions financières à
l'étranger
|
- Attirer l'épargne des Pays qui n'offrent pas de
meilleurs taux de rendement, de meilleurs conditions de sécurité
et de discrétion, qui n'ont pas une fiscalité incitative ou qui
sont exposés à une forte inflation.
|
- Placements à court, moyen et long terme.
- Placements en produits bancaires, boursiers ou d'assurance.
|
Habitations, Bureaux...
|
Support de la Thésaurisation
|
Epargne conservée sous forme monétaire à
portée de la main (encaisse oisive, encaisse circulante).
|
Epargne non financière
|
/
|
Accumulation de biens physiques en vue de
|
- Elevage / Agriculture (Poules, chèvres, ovins,
caprins,bovins, récolte mise au grenier).
|
sa commercialisation ou d'une consommation
|
- Terrains / logements
|
future.
|
- Valeurs refuges (Pierres précieuses, métaux
précieux).
|
|
- Objets d'art / Objets conservés comme patrimoine
familial (Tableaux, objets sculptés, masques).
|
II - EVOLUTION DES AGRÉGATS ET RATIOS
D'ENDETTEMENT AU CAMEROUN de 1992 à 2001
(En millions de Francs CFA)
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Encours
Dette totale
|
2 671 094
|
2 998 332
|
5 263 896
|
5 763 757
|
5 801 214
|
5 751 728
|
5 660 822
|
5 998 154
|
5 461 395
|
5 501 725
|
Service effectif dette totale
|
57 860
|
71 757
|
164 220
|
156 658
|
258 020
|
275 945
|
389 373
|
296 499
|
347 674
|
289 560
|
(Encours
Dette totale) / PIB
|
77 %
|
86 %
|
140 %
|
129 %
|
121 %
|
106 %
|
99 %
|
97 %
|
86 %
|
81 %
|
(Service effectif dette totale) / PIB
|
2 %
|
3 %
|
5 %
|
4 %
|
7 %
|
7 %
|
8 %
|
6 %
|
6 %
|
5 %
|
Sources : Annuaire statistique du Cameroun, 2002
(Agrégats). Nos calculs (Ratios)
III - LES
SÉRIES UTILISÉES
Années
|
S
|
TIR
|
IR
|
INF
|
Y
|
Taux d'épargne (TE) = S/Y
|
1970
|
4,74964952
|
-7,94224307
|
15,7124585
|
5,85805225
|
5,91597546
|
6,82
|
1971
|
4,81669926
|
-6,99505527
|
15,826202
|
4,01410675
|
5,97089309
|
7,01
|
1972
|
4,87476841
|
-6,04786748
|
15,4523373
|
8,09284592
|
6,01963934
|
7,16
|
1973
|
4,92598097
|
-5,10067969
|
17,217535
|
10,3847771
|
6,06346216
|
7,29
|
1974
|
4,97178649
|
-4,15349189
|
16,0682443
|
17,2329502
|
6,10326551
|
7,39
|
1975
|
5,01321846
|
-3,2063041
|
14,938447
|
13,5533113
|
6,13972516
|
7,47
|
1976
|
5,05103976
|
-2,25911631
|
17,1605988
|
9,93065548
|
6,17335962
|
7,55
|
1977
|
5,08582956
|
-1,31192851
|
14,3548269
|
14,6982994
|
6,20457541
|
7,61
|
1978
|
5,11803798
|
-0,36474072
|
14,3613091
|
12,4630556
|
6,23369717
|
7,66
|
1979
|
5,14802178
|
-2,30634069
|
15,5779352
|
6,58061028
|
6,26098828
|
7,71
|
1980
|
5,17606851
|
-1,09053922
|
21,6831436
|
9,55175209
|
6,28666534
|
7,75
|
1981
|
5,20241333
|
3,86010909
|
28,1649399
|
10,7275267
|
6,31090866
|
7,79
|
1982
|
5,22725103
|
0,46056506
|
39,0149231
|
13,2570143
|
6,3338699
|
7,82
|
1983
|
5,25074476
|
1,54032862
|
59,2526855
|
16,6312199
|
6,3556779
|
7,85
|
1984
|
5,36331107
|
0,83469015
|
47,7980309
|
11,3733158
|
6,38130465
|
9,59
|
1985
|
5,43788685
|
2,9795506
|
57,1559258
|
8,50838661
|
6,45759338
|
9,56
|
1986
|
5,48822346
|
13,2969322
|
38,8464012
|
7,77002668
|
6,4567945
|
10,75
|
1987
|
5,29003461
|
15,7695618
|
31,2864132
|
13,1405029
|
6,44901532
|
6,93
|
1988
|
5,10747115
|
12,5423479
|
43,5125923
|
1,68232882
|
6,41559395
|
4,92
|
1989
|
5,03112261
|
17,1307049
|
45,2355614
|
-1,66553414
|
6,33024986
|
5,02
|
1990
|
5,09024394
|
16,584404
|
17,5297031
|
1,09939432
|
6,47159532
|
4,16
|
1991
|
5,21708083
|
14,0748291
|
16,1632233
|
0,06003935
|
6,36534607
|
7,11
|
1992
|
5,28025389
|
19,2950287
|
18,249279
|
-0,01605898
|
6,41029173
|
7,41
|
1993
|
5,13233014
|
15,1373949
|
19,8933372
|
-3,20655012
|
6,42060307
|
5,15
|
1994
|
5,44165115
|
5,81345701
|
23,861927
|
35,0944672
|
6,48232594
|
9,11
|
1995
|
5,53180707
|
-0,87932289
|
16,9884815
|
9,07546997
|
6,54806348
|
9,63
|
1996
|
5,56916315
|
15,7487907
|
15,4523373
|
3,92090011
|
6,57426514
|
9,88
|
1997
|
5,4991769
|
18,8217049
|
17,217535
|
4,78277206
|
6,59241594
|
8,07
|
1998
|
5,30967061
|
20,6214828
|
18,9827328
|
3,17711616
|
6,61744762
|
4,92
|
1999
|
5,55488027
|
23,4581337
|
20,7479305
|
1,83220768
|
6,59241594
|
9,17
|
2000
|
5,65590546
|
17,9204025
|
21,2541021
|
1,24482882
|
6,67739377
|
9,52
|
Sources : World development indicators CD ROM
2002 Banque Mondiale (TIR, IR, INF) ;
Institut
National de la Statistique (S, Y) et calculs de
l'auteur (TE, Es/y, Es/tir)
N. B. Les valeurs S et Y représentent
respectivement le logarithme de l'épargne et du revenu
IV - TEST DE NORMALITÉ SUR LE RÉSIDU
ESTIMÉ
V - TEST DE ARCH
ARCH Test:
|
F-statistic
|
0.006386
|
Probability
|
0.936877
|
Obs*R-squared
|
0.006840
|
Probability
|
0.934086
|
|
|
|
|
|
Test Equation:
|
Dependent Variable: RESID^2
|
Method: Least Squares
|
Date: 02/04/05 Time: 10:12
|
Sample(adjusted): 1971 2000
|
Included observations: 30 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
0.006564
|
0.002367
|
2.773181
|
0.0098
|
RESID^2(-1)
|
-0.015036
|
0.188155
|
-0.079910
|
0.9369
|
R-squared
|
0.000228
|
Mean dependent var
|
0.006470
|
Adjusted R-squared
|
-0.035478
|
S.D. dependent var
|
0.011026
|
S.E. of regression
|
0.011220
|
Akaike info criterion
|
-6.077829
|
Sum squared resid
|
0.003525
|
Schwarz criterion
|
-5.984416
|
Log likelihood
|
93.16744
|
F-statistic
|
0.006386
|
Durbin-Watson stat
|
1.997345
|
Prob(F-statistic)
|
0.936877
|
VI - TEST DE CUSUM
VII - TEST DE CUSUM SQ
VIII - TEST DE NORMALITÉ SUR LE
RÉSIDU ESTIMÉ DU MODÈLE A CORRECTION
D'ERREUR
TABLE DES MATIERES
Dédicace.....................................................................................................i
Remerciements.............................................................................................ii
Avant
propos...............................................................................................iii
Sommaire...................................................................................................iv
Liste des abréviations,
...................................................................................v
Liste des figures, des graphiques et des tableaux
..............................................vi
Résumé / Abstract
.......................................................................................vii
Introduction générale
......................................................................................
1
Première partie : L'analyse
économique du comportement d'épargne des
ménages........... 8
CHAPITRE I : L'influence du revenu et du
patrimoine............................................. 10
I- L'approche
keynésienne..................................................................
11
1- La théorie du revenu
absolu............................................. 11
2- La théorie du revenu relatif et de l'effet de
mémoire................ 14
II- L'approche
néoclassique..................................................................
19
1- La théorie du revenu
permanent...................................... 19
2- La théorie du cycle de vie
............................................. 24
CHAPITRE 2 : L'influence des instruments
de politique économique........................... 30
I- Les variables
monétaires.................................................................
31
1- Le taux de
l'intérêt
......................................................... 31
2- L'inflation
............................................................... 35
II- Les variables
budgétaires.................................................................
37
1- La fiscalité
.............................................................. 38
2- Le
crédit.................................................................
41
Deuxième partie : L'analyse extra
économique et empirique du comportement
d'épargne des
ménages.................................. 45
CHAPITRE 3 - L'influence des facteurs
psychosociologiques et politiques .................. 47
I- Les variables
psychologiques.........................................................
48
1- La
confiance.......................................................... 48
2- La diversification de l'offre en produits
d'épargne...............53
II- Les variables
sociopolitiques............................................................57
1- La libéralisation du paysage
financier..............................58
2- Le dualisme
financier.................................................61
.CHAPITRE 4 - L'analyse empirique de la
fonction d'épargne des
ménages......................67
I- Présentation des variables, des tests et
estimations................................. ...68
1- Présentation et évolution des
variables...............................68
2- Tests et
estimations.......................................................73
II- Résultats, interprétations et
recommandations........................................79
1- Résultats et
interprétations............................................80
2- Recommandations de politique
économique.........................87
Conclusion
générale..........................................................................................92
Références
bibliographiques..............................................................96
Annexes
.......................................................................................101
Table des matières
..................................................................................104
* 1 WATCHTEL P.
Quelques observations sur l'épargne des ménages dans les
PVD in Epargne et développement sous la dir de KESSLER D,
ULLMO P. Paris
: Economica, 1985
p....Epargne et Développement op cit. p 17
* 2 GILLIS
Malcolm et al. Economie du développement,
4ème éd., Paris : Deboeck, 1998,
p391.
* 3 ADAMS D.W.
L'épargne financière rurale a-t-elle un rôle
à jouer dans le développement ? in Epargne et
développement, op cit. p 11
* 4 POULON
François, Economie générale,
Paris : Dunod, 1998, 4ème éd. p.349
* 5 BERNIER
Bernard, SIMON Yves, Initiation à la
macroéconomie, 8ème éd,
Paris : Dunod, 2001, p.25
* 6 LAGRAVE R.,
PAYET J.B, L'économie des ménages,
Paris : Ed.Didier privat , 1966, p11
* 7 KEYNES, John
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l'intérêt et de la monnaie, Trad. Française,
Paris : La petite bibliothèque PAYOT, 1971 p169
* 8 ADAM Smith,
Recherche sur la nature et les causes de la richesse des
nations, 1776
* 9 RICARDO David,
Principe de l'économie politique et de l'impôt,
1817
* 10 STUART MILL John,
Principe de l'économie politique, 1848
* 11 ADAMS D. W.
Op. Cit, p.10
* 12 P. WACHTEL
op. cit .18
* 13 JP.V BENOIT,
Taux d'intérêt administrés et taux
d'intérêts du marché in épargne et
développement sous la dir de KESSLER D., ULLMO, P,
Paris :Economica, 1985, P265
* 14 LEFF N.,
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59, Dec 1969 pp 886-896.
* 15 IQBAL F.,
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* 16 KEYNES
John Maynard, op cit . pp 178-179.
* 17 KUZNETS
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* 18 GOLDSMITH,
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* 21 VESPERINI
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* 24 FISHER
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* 26 HICKS J.R.
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* 27 BOULDING
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* 28 DOLDE
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* 29 RUSSEL T.
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* 30 KREINEN,
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* 31 KLEIN. LR ;
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behaviour Oxford in stitute of statistic bulletin May, 1957.
* 32 REID M.G.
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review Sept 1962.
* 33 SHAPIRO
I.A. A test of the effect of windfall receipts on consumption
Eastem Economic journal jan. 1976.
* 34 CAGAN. P. The
monetary dynamics of hyper inflation in studies in the quantity theory of
money, Chicago, university of Chicago press, Milton Fiedman, ed 1956.
p. 25-117
* 35Les
anticipations rationnelles sont le fait qu'un individu qui a besoin de formuler
une anticipation précise à propos d'une variable
économique dans le but de parvenir à une position optimale le
fera avec toutes les informations pertinentes disponibles au moment où
il formule son anticipation
* 36 HALL Robert,
Stochastic implications of the life cycle - permanent income
hypothesis. Theory and evidence. Journal of political economy vol 86
n° 61, 1978.
* 37 Ces
auteurs ont réalisés successivement trois études en 1954,
1957, 1963.
1- MODIGLIANI F, BRUMBERG R. Utility analysis and
the consumption function : An interpretation of cross section data in
K.K. Kurihara ed. Post Keynesian Economics. New Brunswick, 1954. pp.
390.
2- Ando A, MODIGLIANI. F Test of the life cycle
hypothesis of saving Bull Oxford University Inst stat n°19 Mai
1957.
3- Ando A, MODIGLIANI. F Te life cycle hypothesis
of saving, aggregates implications ants tests American economic
review, march 1963, pp35-62
* 38 HARROD RF,
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application to policy, Londres Macmillian, 1948 pp. 35-62.
* 39 MODIGLIANI,
BRUMBERG. Op-cit p. 406
* 40 MIRER Tchad ,
The wealth age relationship among the aged
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* 41 ATKINSON
The distributed of wealth and the individual life cycle
in Oxford Economic paper, 23 juil 1971 pp. 239-254.
* 42 WOLFF E.
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* 43 BABEAU
Alain Macroeconomic wealth, income ratio of household
in The review of income and wealth, 1983
* 44 KOTLIKOFF
Laurence Testing the theory of social security and life cycle
accumulation in American Economic Review, 69 june 1979 pp.
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* 45 KESSLER D,
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* 46 FARREL M.J.
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* 47 BENOIT J.P.V.
Taux d'intérêt administrés et taux
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développement sous la dir de D. KESSLER, p. ULLMO, Paris Economica, 1985
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* 48 FISHER Irving
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* 49 KEYNES
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* 64 DEATON Angus
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* 65 BRANSON W.A,
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* 66 MALCOLM
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* 71 FELDSTEIN
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* 72 ARGYLE D.B.
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* 73 NJOMGANG
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* 74LENOIR
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* 75 ADAMS DW.
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* 76 MOTTURA P.
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* 77 GUISO L,
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* 78 SERVET Jean
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* 79 LAVILLE
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* 80 BLOY Eddy,
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* 81 FISCHER B.
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* 82 TAILLEFER
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* 83 EMONET-FOURNIER
Caroline. "Les facteurs communs de la liquidité : une
étude empirique sur le marché parisien des actions.
Paris : CERG. Université Paris 14
* 84 KEYNES John
Maynard op. cit. p.172
* 85 GUISO Luigi
et al op cit p..
* 86 ADAMA Traoré
: l'épargne en milieu urbain in l'épargne et sa collecte
en Afrique op-cit. p. 31.
* 87 PESTIEAU
Pierre : L'économie souterraine. Paris :
Hachette, 1989, p2 6
* 88 KALDOR Nicholas
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studies, 1939 Vol VIII, n°1, pp. 1-27.
* 89 DAUBREY
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* 90 BAUMOL, W.J.
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* 91 TOBIN
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cash in Review of economics and statistics, 1956, 38, 3
* 92 TOBIN
James Liquidity preference as behaviour towards risk in
Review of economic studies, n°67, Feb1958
* 93BEKOLO EBE Bruno et
al intermédiation financière et financement du
développement en Afrique. Yaoundé: PUY, 2002. pp
21-23.
* 94 ENGEL J.
F. BLACKWELL R.D. MINIARD P.W. Consumer behaviour
7th ed. Fort Worth TX USA, the Dryden Press, 1993.
* 95 L'activité
de la microfinance a été organisée par le Règlement
n°02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d'exercice et de
contrôle de l`activité de microfinance dans la CEMAC du 13 Avril
2002.
* 96 Distinction
faite par EBE EVINA expert financier. Coordinateur PPMF, lors des
Journées Banque Finance Entreprise tenues le 13 et 14 avril 2004
à l'Hôtel SAWA organisées par l'AE-GESFIBA dans rapport
final p.15
* 97 WATCHTEL P.
Quelques observations sur l'épargne des manages dans les
PVD in épargne et développement op cit. p 17-26
* 98 LONG M.
Review of financial sector work industry department, World
Bank, 1983.
* 99
GIOVANNINI. Saving and the real interest rate in LDC,
Graduate School of business, Columbia University, 1983.
* 100 ADAMS DW.
L'épargne financière rurale a-t-elle un rôle
à jouer dans le développement ? in Epargne et
développement op cit. p15
* 101 BOMBA Justin.
"Déterminants de l'épargne et du crédit, et leurs
implications pour le développement du système financier
rural. Ed. Peter Lang, 1938. pp 8-11
* 102 MCKINNON R.
SHAW, E (1973) op cit
* 103
ARYEETEY, E. Financial integration and development in subsaharian
Africa. A study of informal finance in Ghana. ODI working paper, 1994,
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* 104 GONZALEZ,
Arriera. Interest rate, saving and growth. In LDC, An assessment of
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1988.
* 105 HENRY,
Alain, TCHENTE Guy, ... Tontines et banques au Cameroun Paris:
Karthala, 1991, p.56
* 106 BEKOLO EBE,
Bruno : l'épargne parallèle : des liaisons
possibles entre le système des tontines et le système financier
officiel in l'épargne et sa collecte en Afrique, op-cit. p.
90.
* 107 NZEMEN
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Cameroun, Ydé, SOPECAM, 1988 p. 30.
* 108 NZEMEN
Moïse Tontines et développement ou le défi
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* 109 NZEMEN
Moïse : op-cit p.109.
* 110 BEKOLO EBE B. op-cit
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* 111 GOURVEZ J.
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traditionnels : les conditions de la mobilisation de l'épargne
financière in Epargne et développement op-cit. p.
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* 112 SOLE
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* 113 ADAMS
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* 114GHATE
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* 115 HADJIMICHAEL,
MICHAÊL et GURA, Growing, Savings ant Investments Subsaharan
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* 116 NDANSHAU O,
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LDCS : Evidence from sectional household data in Tanzania,
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* 117 FRY M. J.
Money, interest and banking in Economic Development,
Baltimore : John Hopkins UP, 1995
* 118 ARRIERA
GONZALEZ. Interest rate, saving and growth. In LDC. An assessment of
recent empirical research, World Development, vol 16, n°5,
1988.
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