UNIVERSITE DE YAOUNDE
II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
![](enjeux-emission-obligataire-collectivites-territoriales-douala1.png)
Institut des Relations Internationales du
Cameroun
International Relations
Institute of Cameroon
LES ENJEUX DE L'EMISSION OBLIGATAIRE PAR LES
COLLECTIVITES TERRITORIALES DECENTRALISEES : LE CAS DE LA COMMUNAUTE
URBAINE DE DOUALA.
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées (D.E.S.S.) en relations internationales
Option :
Banque Monnaie Finance Internationales
Par
KUIATE SOBNGWI Christian
Sous la supervision de :
Pr. Claude NJOMGANG
Agrégé de Sciences
économiques
Année académique 2004-2005
SOMMAIRE
SOMMAIRE
ii
DEDICACE
iv
LISTE DES ABREVIATIONS
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES FIGURES
viii
RESUME
ix
ABSTRACT
x
INTRODUCTION GENERALE
1
I Généralités
2
II Problème général et
questions de recherche
9
III Hypothèse de recherche
11
IV Objectifs de l'étude
12
V Intérêt du sujet
12
VI Méthodologie
13
VII Revue de la littérature
14
VIII Délimitation et plan de
l'étude
18
PREMIERE PARTIE
20
CHAPITRE 1 : La communauté urbaine de
Douala, collectivité territoriale décentralisée
21
I Le processus de
décentralisation : nécessité d'efficacité.
21
I.1 L'existence d'affaires locales
23
I.2 L'autonomie des autorités locales
vis-à-vis du pouvoir central
24
I.3 Une gestion autonome
27
II La communauté urbaine de Douala,
collectivité territoriale décentralisée.
29
II.1 Les organes de la communauté
urbaine de Douala.
32
II.2 La structure financière de la
communauté urbaine de Douala.
35
Chapitre 2 : Les mécanismes de
l'émission obligataire municipale.
48
I L'émission obligataire :
opportunité de financement par le marché financier.
48
I.1 Fondements théoriques du
financement par le marché.
49
I.2 Le marché financier camerounais,
structure d'accueil d'une émission obligataire.
53
II Les mécanismes d'une
émission obligataire municipale.
60
II.1 Les acteurs de l'émission
obligataire
60
II.2 Caractéristiques du titre
obligataire CUD Finance.
65
DEUXIEME PARTIE
73
Chapitre III : Rentabilité de l'emprunt
obligataire et déterminants du risque de défaut.
74
I Rendement d'un investissement
obligataire.
75
II Déterminants du risque de
défaut de l'emprunt obligataire CUD Finance S.A.
78
II.1 Les composantes financières du
risque de défaut de l'emprunt obligataire.
78
II.2 Les composantes juridiques du risque
de défaut de l'emprunt obligataire CUD Finance S.A.
84
Chapitre IV : Résumé de
l'analyse, suggestions et recommandations
92
I Résumé des
éléments de risque identifiés
92
I.1 Les aspects financiers
92
I.2 Les aspects juridiques
94
II Suggestions et recommandations
95
CONCLUSION GENERALE
97
BIBLIOGRAPHIE
99
ANNEXES
100
ANNEXE 1 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
1999/2000
101
ANNEXE 2 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
2000-2001
102
ANNEXE 3 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
2001/2002
103
ANNEXE 4 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
TRANSITOIRE 2002
105
ANNEXE 5 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
2003
106
TABLE DES MATIERES
108
DEDICACE
A Jacqueline et Benjamin
Pascal pour le résultat de leur entente mutuelle et
cordiale.REMERCIEMENTS
Nous adressons nos remerciements
tout d'abord à Monsieur le Professeur Claude NJOMGANG qui, malgré
ses multiples sollicitations a accepté de nous consacrer une partie de
son précieux temps afin que ce travail puisse être conduit dans le
strict respect des règles scientifiques de base.
Nous tenons ensuite à manifester notre gratitude
à l'endroit de la direction de l'Institut des Relations Internationale
du Cameroun et tout particulièrement à son corps professoral pour
les enseignements reçus tout au long de notre formation.
Nos remerciements s'adressent ensuite à Madame Suzanne
NGANE pour le suivi permanent qui a été le sien au sujet de
multiples préoccupations d'ordres tant techniques que pratiques.
Que tous les membres de la famille SOBNGWI trouvent ici
l'expression de notre profonde gratitude pour l'ensemble des conseils
prodigués et le soutien multiforme qu'ils nous ont apporté tout
au long de notre formation.
Enfin, nous remercions tous nos camarades de promotion
à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun pour la
cordialité de nos relations.
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 : Nomenclature budgétaire
communale issue de la loi communale de 1974.
44
Tableau 3.1 :Flux de trésorerie
engendrés par la détention du titre CUD Finance S.A.
76
Tableau 3.2 : Tableau récapitulatif des
ratios d'analyse financière locale.
79
Tableau 3.3 : Ratios de structure et
flexibilité des recettes courantes
80
Tableau 3.4 : Ratios d'épargne de
gestion
82
Tableau 3.5 : de dynamisme de la politique
d'investissement
83
Tableau 3.6 : Ratios d'autonomie
financière
83
LISTE
DES FIGURES
T
Figure 2-1 : Architecture du marché
financier camerounais.
59
Tableau 2.1 : Tableau d'amortissement de
l'emprunt CUD Finance
69
Tableau 3.1 :Flux de trésorerie
engendrés par la détention du titre CUD Finance S.A.
76
Figure 3.1 : Diagramme des flux de
trésorerie pour l'investissement en obligations CUD Finance S.A.
77
Tableau 3.2 : Tableau récapitulatif des
ratios d'analyse financière locale.
79
Tableau 3.3 : Ratios de structure et
flexibilité des recettes courantes
80
Figure 3.2 : Evolution des recettes courantes
et des recettes propres
81
Tableau 3.4 : Ratios d'épargne de
gestion
82
Tableau 3.5 : de dynamisme de la politique
d'investissement
83
Tableau 3.6 : Ratios d'autonomie
financière
83
Figure 3.3 : Récapitulatif des taux de
réalisation budgétaire et des recettes fiscales et propres de la
CUD
90
RESUME
Le financement des entités publiques est depuis
quelques années sujet de discussion vives étant entendu que
l'Etat est de plus en plus amené à se désengager des
secteurs productifs de l'économie. Les collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun n'échappent pas
à cette situation. Elles se doivent de trouver de nouvelles sources de
financement adaptées aux missions qui sont les leur. De ce fait, le
recours au marché obligataire s'inscrit comme étant une solution
à ces problèmes de financement. L'emploi de cette forme de
financement implique que la collectivité territoriale
décentralisée se conforme aux normes de gestion requises par le
secteur privé. De ce fait, il devient nécessaire
d'apprécier l'opportunité d'une telle opération en
examinant les déterminants de la stimulation de la demande des titres
émis par les collectivités territoriales
décentralisées. Cette appréciation s'effectue en terme de
risque et de rentabilité. Le risque étudié ici est
principalement le risque de défaut au travers de ses composantes
juridiques et financières.
Le cas de la communauté urbaine de Douala sert
d'exemple d'analyse. Pour cela, il est fait recours à une
méthodologie relevant des principes d'analyse financière. Elle
est complétée par un examen des caractéristiques
juridiques de l'opération.
Il ressort de cette étude que le risque de
défaut inhérent à une émission obligataire par une
collectivité locale dépend autant des caractéristiques
financières de celle-ci que de la solidité du montage juridique
employé. Mais un accent doit être mis sur les relations entre la
tutelle et la collectivité, car plus le pouvoir de tutelle est fort,
plus dépendante sera la collectivité. Cet état de
dépendance est porteur d'un risque d'aléa moral et il est de
nature à réduire les marges de manoeuvre de la
collectivité.
ABSTRACT
INTRODUCTION GENERALE
I Généralités
Les questions de financement des entités publiques en
Afrique sub-saharienne revêtent une importance particulière depuis
quelques années, ceci en raison du désengagement progressif de
l'Etat des secteurs productifs de l'économie. Ce désengagement
s'inscrit dans un mouvement général de rationalisation et de
transparence en matière de gestion publique. Ceci se traduit par une
plus grande attention de la part des dirigeants en ce qui concerne
l'application effective des principes de bonne gouvernance. Mais afin de leur
faciliter la tâche et de réduire les éventuels goulots
d'étranglements qui pourraient naître d'une telle situation, il
s'est avéré nécessaire de procéder à une
redistribution de rôles au sein de l'appareil étatique. Cette
redistribution de rôles nécessite que soient clairement
identifiés les domaines de compétence de chacun des futurs
acteurs. De même, les fondements de cette redistribution se doivent
d'être clairement définis afin qu'aucune confusion ne puisse
naître et qu'aucun chevauchement d'autorités ne puisse exister.
C'est ainsi qu'a été initié au
Cameroun1(*), la
réforme relative à la décentralisation. Plus
précisément, la décentralisation territoriale qui se
distingue de la décentralisation par services. En effet, au sens de
Finken2(*) (1996), la
première fait référence à une technique
administrative reposant sur la distribution de compétences entre
plusieurs personnes morales sur une base géographique. Par contre, la
seconde s'appuie sur la spécialisation technique des différents
acteurs pour leur octroyer de nouvelles fonctions. Au travers dudit processus,
deux niveaux de collectivités territoriales ont été
clairement identifiés : il s'agit de la commune et de la
région.
Cette distinction provient de la nécessité de
répartir les responsabilités entre différents acteurs
locaux suivant leurs natures respectives de façon à rapprocher au
maximum le pouvoir des populations. En effet, ceci permettra de mettre en
oeuvre un processus de développement participatif mieux à
même de satisfaire les besoins de populations concernées. Cette
redistribution de responsabilités conduit à une définition
du champ de compétences de chacun des acteurs. A la commune, dont il est
ici question, il a été dévolu des compétences en ce
qui concerne le développement économique, le développement
sanitaire et social, l'éducation, le sport et les activités
culturelles3(*). Cette
institution, s'est de ce fait vue attribuer un rôle central en ce qui
concerne l'épanouissement des populations dont elle a la charge.
Mais, l'accomplissement d'une telle mission nécessite
la possession de moyens adaptés à la nature et à l'ampleur
de ladite mission. Ces moyens sont de plusieurs ordres, il peur s'agir des
moyens humains, institutionnels ou financiers. De ce fait, il est
nécessaire de s'attarder sur la question relative à
l'adéquation entre les moyens mis à la disposition des acteurs et
les objectifs qui leur ont été assignés.
Il serait illusoire de prétendre ici à une
analyse exhaustive de chacune de ces ressources. A cet effet, nous nous
appesantissons sur la ressource financière. La question des moyens
financiers mis à la disposition de l'autorité locale en vue de
l'accomplissement des objectifs à elle assignés pourrait conduire
à une variété de débats. En effet, il est tout
d'abord possible d'analyser la nature de ces moyens financiers. De plus, il
semble tout autant important d'en évaluer la quantité et la
qualité, mais au delà de tout cela, une analyse des
méthodes d'acquisition et de renforcement de ces moyens nous semble
pertinente.
En ce qui concerne la nature des ressources
financières à la disposition des communes, d'après la loi
d'orientation de la décentralisation, il est possible d'identifier deux
principaux types de ressources : il s'agit des ressources fiscales et de
la dotation générale de la décentralisation. De plus,
l'examen du décret N°98/266/PM du 21 août 1998 portant
approbation du plan comptable communal et adoption de la nomenclature
budgétaire communale, nous amène non seulement à examiner
en détail le contenu des ressources fiscales, mais aussi à nous
rendre compte de l'existence d'une possibilité de financement des
communes par l'emprunt.
Le budget communal est l'instrument au travers duquel il est
possible d'obtenir une maîtrise de la nature des ressources de la
commune. Il se définit comme étant l'acte par lequel sont
prévues et autorisées les recettes et les dépenses des
organismes publics4(*).
Ledit budget est équilibré en recettes et dépenses.
Chacune de ces rubriques est subdivisée en volets fonctionnement et
investissement. Les recettes budgétaires de la commune sont de plusieurs
ordres. Tout d'abord, les communes bénéficient d'un transfert de
fiscalité plus ou moins effectif de la part de l'Etat. En effet, le
transfert de fiscalité s'effectue au moyen de l'institution
d'impôts locaux dont les opérations d'assiette, de recouvrement et
de liquidation dépendent de la commune, mais dans le respect des limites
légales. C'est à ce propos, que l'on peut noter l'existence de
taxes communales directes telles que la taxe d'eau, la taxe d'éclairage
public, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, la
taxe de fonctionnement des ambulances municipales et la taxe
d'électrification. Toutes ces taxes rémunèrent des
services rendus par la commune aux habitants de l'agglomération dont
elle a la charge5(*).
L'impôt libératoire, les patentes, les licences, la taxe sur le
bétail, la taxe sur les armes à feu, les droits de mutation
à titre onéreux et une partie de la redevance forestière
de par leur caractère local en ce qui concerne l'assiette et le
recouvrement constituent aussi des sources de revenus sur lesquelles les
communes ont un pouvoir assez étendu.
Il est aussi possible d'identifier des ressources fiscales
locales de par le processus d'assiette, mais dont le recouvrement incombe
à l'Etat qui par la suite se charge du processus de
redistribution6(*)
auprès des diverses autorités locales. Il s'agit ici
principalement des revenus des centimes additionnels communaux. Ces derniers
sont en fait des impôts représentant un pourcentage d'un autre
impôt sur lequel ils sont greffés. Ainsi, sont
générateurs de centimes additionnels communaux l'impôt sur
les sociétés, l'impôt sur le revenu des personnes
physiques, la taxe sur les jeux, la taxe sur la valeur ajoutée et la
taxe foncière.
En plus des taxes communales directes et des autres
impôts, il peut être voté par le conseil municipal la
création de droits et taxes indirects. Il s'agit principalement des
taxes d'abattage, d'inspection sanitaire, sur les spectacles, sur la
publicité, sur les lots urbains non mis en valeur, de transhumance, de
transit et la taxe douanière municipale. Il s'agit aussi des droits de
timbre, de fourrière, de place sur les marchés, sur les permis de
bâtir, d'occupation temporaire de la voie publique, d'occupation des
parcs de stationnement, de stade et de la redevance pour dégradation de
la chaussée.
Pour ce qui est de la dotation générale de la
décentralisation, les textes devant préciser son mode de
fonctionnement sont toujours attendus.
Enfin, il existe dans la rubrique des recettes
budgétaires des communes, un volet consacré aux recettes diverses
et accidentelles. Elles proviennent des emprunts, subventions, avances et dons.
Elles sont de ce fait assimilables à des recettes d'investissement ou
d'équipement.
Au vu de la multiplicité de ces ressources communales,
il est possible d'émettre l'hypothèse de leur suffisance en ce
qui concerne les besoins de l'entité locale. Mais seule une étude
de leur volume et de leur qualité peut conduire à une opinion
correcte concernant ces ressources.
A ce propos, Finken7(*) (1996) note que le talon d'Achille du processus de
décentralisation au Cameroun se situe au niveau de l'aspect financier et
plus précisément fiscal. Bien que durant la période allant
de 1987 à 1992, les communes aient dégagé une
épargne budgétaire nette excédentaire, cet auteur insiste
sur la nécessité d'un transfert réel du pouvoir fiscal aux
communes, surtout en matière de recouvrement. Dans le même ordre
d'idée, Kom Tchuente (1996) relève comme frein à
l'autonomie financière des communes, le manque de flexibilité
dans la détermination du niveau de leurs recettes, la très forte
dépendance vis à vis des services fiscaux de l'Etat, les
problèmes de liquidités auxquels fait face le trésor
Public et le mauvais recouvrement des taxes communales indirectes8(*). De plus, il ressort de ces
analyses que le volet équipement des communes a été
jusqu'ici assuré en grande partie par l'Etat au moyen du Fonds
Spécial d'Equipement et d'Intervention Intercommunale (FEICOM)9(*) dont les subventions et les
prêts ont servi à financer la majeure partie des besoins
d'investissement des communes.
Il nous semble de ce fait intéressant de
procéder au renforcement des capacités d'investissement des
communes au moyen de l'ouverture sur d'autres sources de financement à
savoir les ressources d'emprunt.
L'emprunt communal a une histoire qui remonte à
plusieurs décennies. Pour ce qui est des pays occidentaux, il
représente une part importante du financement des collectivités
locales ; à savoir : 9% des recettes budgétaires
totales en Allemagne, pareil en Belgique, et environ 12% en France10(*). Il relève de
l'overdraft economy de Hicks ou de l'économie à
découvert de Bourguinat11(*). A ce propos, Blanc et Rémond (1994)
signalent la nécessité pour les collectivités locales de
recourir à l'emprunt étant donnée la
pérennité de leur besoin de financement. Les débats
théoriques au sujet de l'emprunt communal sont le théâtre
de contradictions, en effet, Thomas (2004)12(*) relève que « le choix d'un mode
de gestion des finances locales basé sur une convention d'orthodoxie
budgétaire agirait positivement sur le dynamisme économique de
cette ville. Inversement, un management public local reposant davantage sur
l'endettement et faisant référence à une convention de
nature keynésienne influerait négativement sur
l'attractivité communale. » Or, l'étude
menée par Thomas s'applique dans une situation de réduction des
dépenses de fonctionnement des communes, mais il faut noter que dans le
cas du Cameroun, les communes ont vu ces dernières années
l'étendue de leurs compétences s'accroître ostensiblement.
De ce fait, il devient quasiment impossible pour ces entités de
dégager une épargne en mesure de financer leurs besoins
d'investissement.
Au Cameroun, l'emprunt des communes sur le marché est
quasi-inexistant, les seules formes d'emprunt présentes jusqu'en 2004
étaient celles relatives aux financements concessionnels octroyés
par le FEICOM et les organismes de financement multilatéraux tels que la
Banque Mondiale. Pourtant, le décret N°94/232 du 05 décembre
1994 précisant le statut et les attributions des receveurs municipaux
donne la possibilité à certaines communes13(*) d'ouvrir des comptes bancaires
distincts de leurs comptes auprès du trésor public et donc
échappant à la règle d'unité de trésorerie.
Cette ouverture donnée par la loi aurait dû permettre le
développement de l'activité de crédit envers les communes
tout au moins à l'échelle des banques locales, sans
espérer que ce soit en provenance du marché financier
étant donné sa relative jeunesse. Mais, il s'est
avéré que les communes n'avaient jusque là pas eu
accès aux financements régis par les règles du
marché. C'est donc à ce niveau que se situe le problème.
Il faudrait savoir ce qui empêche les communes de réaliser leur
potentiel en matière d'emprunt et dans quelles mesures l'on pourrait
renforcer cette capacité.
Ceci peut donc susciter des inquiétudes en ce qui
concerne l'emprunt obligataire émis par la communauté urbaine de
Douala (CUD) auprès du marché financier camerounais. En effet,
dans le cadre d'un programme d'émission de titres obligataire pour un
montant total de 16 milliards de francs CFA, la CUD a lancé par
l'entremise de CUD Finance S.A. une première tranche d'un montant de 7
milliards de francs CFA le 26 avril 2005. Ceci est donc la première
émission de titres obligataires sur le marché financier
camerounais, qui plus est de la part d'un organisme municipal. Il s'agit de ce
fait d'une émission d'obligations municipales. La particularité
des obligations municipales est que celles-ci sont des titres de créance
négociables représentatifs d'une fraction d'un emprunt
émis par une collectivité locale14(*).
Cette émission est de nature à permettre
à la CUD d'acquérir de nouvelles ressources devant lui permettre
de réaliser des travaux d'investissement, mais la réussite de
cette émission, ainsi que des futures émissions prévues
dans le programme dépend en grande partie de la
crédibilité de l'emprunteur. Cette crédibilité
s'analyse en deux volets : tout d'abord, elle concerne la CUD en tant
qu'institution, puis, elle concerne le titre CUD en tant qu'actif financier. Il
est donc question de s'attarder sur les fondements de l'analyse du niveau de
crédibilité de cette émission. C'est à ce propos
qu'il peut être menée une analyse des
« enjeux de l'émission obligataire
par une collectivité territoriale
décentralisée ». Cette émission
impliquant l'existence d'un risque de défaut pour la communauté
financière, les enjeux dont il est question se veulent être la
représentation du défi de crédibilité pour la CUD.
A ce propos, Faerber15(*) définit la crédibilité d'un
émetteur comme étant sa capacité à faire face aux
paiements d'intérêts à temps et au remboursement du
principal à l'échéance. De ce fait, le risque de
défaut provient de l'incapacité à remplir l'une ou l'autre
de ces obligations contractuelles. Il ressort des analyses en la matière
que le niveau de risque de défaut propre à une émission
est un élément essentiel de la décision d'investissement.
De ce fait, il est important pour l'émetteur que ce risque soit maintenu
au niveau le plus bas possible.
C'est pour cette raison que Finken (1996) relève que le
risque de la commune est à la source des difficultés des communes
en matière d'accès aux ressources d'emprunt. Le financement de
l'investissement communal implique la prise en compte de la nature du projet
à réaliser, or il a été dit plus haut que les
compétences de la commune la cantonnent principalement dans un
rôle social. La possibilité lui est donnée par la
loi16(*) de mettre sur
pied des activités auto-génératrices de revenus existe,
mais elle est se heurte aussi à la nécessité de contribuer
à l'épanouissement des populations. De ce fait les principes de
gestion privée bien que lui étant applicables, devront être
tempérés par un souci de bien être général.
Ainsi, au vu de la complexité du contexte d'émission d'un titre
obligataire municipal, il apparaît que l'évaluation du risque
communal passe par une évaluation non seulement des aspects politiques,
environnementaux, légaux et financiers de la commune, mais aussi un
examen des caractéristiques du projet à financer17(*).
II Problème
général et questions de recherche
Tout travail de recherche est sous-tendu par le besoin de
combler l'écart entre une situation de départ insatisfaisante et
une situation d'arrivée désirable18(*). De ce fait il est important pour cette étude
de permettre aux dirigeants des collectivités locales d'avoir droit
à un peu plus de sécurité dans le cadre de leur gestion.
Cette sécurité fait référence au volume de capitaux
permanents à la disposition de l'exécutif local. Cette
nécessité de sécurité financière repose sur
l'obtention de ressources financières susceptibles d'accroître le
volume de trésorerie disponible et ainsi de faciliter la décision
d'investissement à l'échelle de la municipalité. Il est
donc question ici de s'interroger sur le renforcement des capitaux permanents
de la municipalité de Douala au moyen de l'émission obligataire.
Ceci passe nécessairement par l'étude des déterminants du
succès d'une émission obligataire, en ce sens qu'il importe de
rechercher les voies et moyens de stimulation de la demande d'obligations CUD
dans le but de mener à terme le programme d'émission
sus-cité.
De ce fait la question générale de cette
étude découle donc du problème énoncé,
à savoir :
· Quels sont les facteurs de stimulation de la
demande d'obligations CUD qui permettront de s'assurer du succès du
programme d'émission et donc de garantir une certaine
sécurité à l'exécutif communal ?
Dans le but de mieux répondre à cette
préoccupation, il est important de circonscrire le champ de cette
étude. S'octroyer la tâche de la détermination de tous les
facteurs de stimulation de la demande des obligations CUD peut sembler quelque
peu irréaliste dans le cadre de cette étude uniquement. De ce
fait, Leigland19(*) (1997)
fait état d'un cadre de travail identifiant les principaux facteurs
d'accélération du développement du marché
obligataire à l'échelle municipale dans les pays
émergents. Ledit modèle présente non-seulement les
facteurs de stimulation de l'offre d'obligations municipales mais aussi les
facteurs de stimulation de la demande desdites obligations. Ce modèle
est ensuite repris en partie par Daher (1997)20(*) en ce qui concerne les pays en voie de
développement tels que le Cameroun. De ce fait, il est mentionné
un point essentiel dans ce cadre de travail, il s'agit de la réduction
du risque de défaut et le renforcement de la rentabilité
dégagée par un tel investissement. De cette approche
théorique, il apparaît que la stimulation de la demande
d'obligations CUD est tributaire du niveau de risque lié à ces
obligations et de la rémunération offerte aux souscripteurs.
Les débats théoriques à ce sujet
indiquent que les investisseurs sont attirés par un taux
d'intérêt élevé et un niveau de risque
réduit. Ceci veut donc dire que chacun de ces facteurs permet de
réduire la portée de la faiblesse de l'autre facteur dans le
cadre de la décision d'investissement. Plus le risque est
élevé, plus le taux d'intérêt devra être haut
afin de rémunérer l'investisseur ; moins le risque sera
élevé, plus faible sera le taux étant donné la
faible probabilité de défaut de l'émetteur.
La CUD pour sa part a émis la première tranche
de son programme d'émission avec un taux d'intérêt nominal
d'une valeur de 8.25%, ce qui semble relativement haut en comparaison avec le
taux directeur de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) de la
même période qui se situait à 5.75%21(*).
Au vu de cette différence, il devient essentiel de
mener une investigation en ce qui concerne la détermination des facteurs
de succès et d'échec de cette émission obligataire. Pour
ce faire, cette étude s'attèle à répondre aux
questions spécifiques suivantes :
· Quels sont les facteurs de risques
inhérents à l'émission d'obligations de la
CUD ?
· Quel est le niveau de rentabilité
effectif garanti par l'investissement en obligations CUD ?
III Hypothèse de recherche
Il est question dans ce travail de recherche de s'interroger
sur les garanties de remboursement proposées aux investisseurs dans le
cadre de la souscription aux obligations CUD et sur le niveau global de
rentabilité dudit investissement. Les garanties susmentionnées
sont d'ordres juridique et financier. L'hypothèse de recherche
s'atèle donc à fournir une réponse anticipée
à une interrogation en vue d'une vérification future. De ce
fait, l'hypothèse qui sous-tend ce travail peut être
formulée tel qu'il suit :
· La réussite de l'émission
obligataire CUD est plus menacée par la nature du montage juridique que
par ses caractéristiques financières.
IV Objectifs de l'étude
Une fois ces préoccupations clairement
identifiées, il est possible de formuler en des termes clairs les
objectifs que vise cette étude.
L'objectif général est celui de la
détermination des facteurs de succès de l'émission
obligataire CUD vis-à-vis des investisseurs potentiels.
En terme d'objectifs spécifiques nous sommes
intéressés par :
· L'identification et l'analyse des facteurs du
risque de défaut spécifiques à l'obligation
CUD.
· Les déterminants de la
rentabilité desdites obligations.
V Intérêt du sujet
Dans le cadre d'un exercice de recherche
dans le domaine de la finance, il est important pour le jeune chercheur de se
mettre dans la peau du professionnel qu'il envisage de devenir. C'est de cette
quête intellectuelle personnelle que découle
l'intérêt initial de ce travail. En effet, il est important que
cette étude soit le préliminaire à d'autres travaux de
conseil auprès des investisseurs et émetteurs sur le
marché financier naissant du Cameroun. A ce titre, le financier en tant
« qu'acheteur de capitaux et vendeur de titres »22(*) se doit d'optimiser les choix
de politique financière de l'entreprise.
De plus, un tel travail de recherche s'inscrit dans le cadre
d'une clarification conceptuelle des faits saillants de l'actualité
économique et financière. En effet, l'émission obligataire
de la CUD a été réalisée au courant de
l'année 2005, ce qui implique le besoin d'en examiner les contours en
vue d'une présentation à l'ensemble des observateurs et
d'apporter le cas échéant un avis éclairé. Ce
travail est donc une contribution à la diffusion de l'information
financière.
Sur le plan théorique, ce travail de recherche se veut
l'application des principes d'analyse financière prospective en ce sens
qu'étant donnée la jeunesse du marché obligataire
camerounais et particulièrement celle du secteur des émissions
municipales, il est important que des précisions soient apportées
quant au risque spécifique et intrinsèque des entités
émettrices. Le risque est un concept qui, bien que très
développé dans les manuels de finance, nécessite que des
précisions soient apportés quant à sa nature et ses
manifestations suivant les différentes situations où il est
évoqué.
Enfin, sur le plan académique, il est le symbole de la
fin d'un cycle d'études au sein de l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun, et à ce titre, il se doit d'être en
conformité avec les standards académiques de cette institution
pour ce qui est de l'option Banque, Monnaie, Finance Internationale.
VI Méthodologie
L'unité d'analyse ici est la Communauté Urbaine
de Douala en tant que collectivité territoriale
décentralisée. Celle-ci, par l'émission obligataire
qu'elle a réalisé se trouve donc au centre des
préoccupations de ce travail de recherche. A cet effet, étant
donné qu'il est question de mener une double investigation concernant
à la fois le risque et la rentabilité des obligations CUD, il est
d'abord question ici d'étudier la CUD dans son architecture
institutionnelle et financière. Cette étude est
complétée par l'étude du titre CUD lui-même en tant
que porteur de risque et de rentabilité.
Un autre volet concerne les investisseurs, de leur
volonté à investir dépend le succès de
l'opération d'emprunt. De ce fait, il est important de mener une
investigation autour de leur motivation à souscrire à l'emprunt
CUD.
Pour que soient effectives toutes ces études, il est
donc important que soient étudiées plusieurs types de
données. Il s'agit tant d'une étude qualitative que
quantitative.
En effet, l'examen du montage juridique de cet emprunt
obligataire relève d'une analyse purement qualitative de ses
caractéristiques. Il est question ici d'analyser la
légalité du montage et les voies de recours offertes aux
souscripteurs de titres.
En ce qui concerne les caractéristiques
financières, il s'agit d'une analyse quantitative d'un ensemble
d'indicateurs numériques dont le niveau permet d'apprécier le
risque relatif à l'emprunt émis.
Ce sont donc principalement des données secondaires
qui font l'objet d'une étude ici dans le but d'apprécier le
niveau de risque et de rentabilité de cet emprunt.
VII Revue de la littérature
La question relative au risque d'une obligation et plus
précisément celui d'une obligation municipale a été
au centre de plusieurs travaux de recherche. Le taux d'intérêt
facial proposé aux investisseurs est à ce moment porteur d'une
prime de risque ayant pour objet la rémunération du risque
encouru par lesdits investisseurs. De plus, plusieurs approches ont
été proposées afin d'apprécier le niveau de risque
propre à chaque émission obligataire.
Pour ce qui est de la couverture du risque de défaut
propre à une émission obligataire, Cochran, Schaffer, Von Der
Heiden et Peterson (1997)23(*), dans une étude sur le marché
obligataire municipal en république sud-africaine, relèvent que
la réussite des émissions durant la période d'apartheid
était due au système de souscription obligatoire en vigueur dans
le pays. Les investisseurs institutionnels étaient obligés
d'investir une partie de leurs fonds dans les émissions des
gouvernements locaux. De plus, ces émissions disposaient de la garantie
implicite du pouvoir central. De ce fait, il est possible d'émettre
l'hypothèse selon laquelle la garantie de l'Etat est un
pré-requis à la réussite d'une émission obligataire
de la part des collectivités locales.
Dans le même ordre d'idée, Noel (2000)24(*) insiste sur la
nécessité de mettre sur pied un marché obligataire
municipal en vue de répondre aux besoins de financement induits par la
rapide urbanisation dans les pays en voie de développement. Mais, ce
développement du marché obligataire municipal est exposé
à un certain nombre de contraintes parmi lesquelles le risque relatif
à l'asymétrie informationnelle qui découle de son
fonctionnement. En effet, la garantie implicite qu'offre l'Etat aux
émissions obligataires municipales est caractéristique d'une
relation d'agence et donc, génératrice d'un
phénomène de hasard moral en ce sens que des autorités
locales capables d'emprunter à volonté sur le marché
financier, mais dont les sources de revenus sont limitées, seront
enclines à contracter des dettes garanties sur les transferts de fonds
octroyés par l'Etat. Une telle situation d'après Noel ne fera
qu'accroître le risque de défaut de l'emprunteur qu'est la
collectivité.
Il semble de ce fait nécessaire de déterminer
des caractéristiques propres aux emprunteurs qui puissent assurer les
investisseurs du remboursement de l'emprunt émis.
A ce sujet, Leigland25(*) identifie un ensemble de caractéristiques
propres au marché obligataire municipal aux Etats-Unis et qu'il faudrait
répliquer pour s'assurer du développement d'un marché
obligataire municipal efficient dans des économies émergentes.
Parmi ces caractéristiques, plusieurs insistent sur le crédit des
émetteurs et donc concernent la réduction du risque de
défaut qui est le leur. Il insiste ainsi sur le niveau de confiance des
investisseurs, la liquidité du marché, la législation
relative aux investissements sur le marché financier, le niveau de
rendement garanti, le crédit des émetteurs, l'information
relative aux risques et l'assistance dans l'interprétation de ces
informations. Cette étude est d'un apport essentiel en ce qui concerne
l'identification des caractéristiques essentielles d'un marché
obligataire dynamique, mais elle pèche par le caractère
générique de ses recommandations.
Freire, Petersen, Huertas et Valadez (2003) apportent des
précisions quant au cadre analytique d'une évaluation du risque
sur le marché obligataire municipal. Ils proposent ainsi une
étude du cadre financier et légal de l'émetteur ainsi que
celui des instruments utilisés afin d'aboutir à une meilleure
approximation de la crédibilité de l'émetteur. Ce besoin
d'évaluer le risque de défaut d'explique par la
nécessité de déterminer la prime de risque des
émissions obligataires municipales. Ladite prime de risque permettra de
procéder à une évaluation du titre financier
lui-même et de ce fait dirigera la décision d'achat ou de vente.
C'est dans cette optique que Serve (2002)26(*) réalise un étude
sur la prime de risque des emprunts obligataires émis par la ville de
Marseille de 1997 à 2000. Dans cette étude, elle s'attarde sur
les taux de rendement des emprunts obligataires municipaux. Ainsi, les travaux
de Hastie (1972) et Rubinfield (1973), Capecci et Liu (1991), Seyyed (1991),
sont tout d'abord évoqués en ce qui concerne l'impact des
variables fiscales et socio-économiques sur la prime de risque. Il en
ressort qu'une fiscalité étendue et un revenu par habitant
élevé sont de nature à réduire la prime de risque.
L'étude de Serve a la particularité d'isoler clairement les
caractéristiques propres à l'émetteur de celles de
l'émission en vue d'une analyse de niveau de risque. Ainsi, la taille de
l'émission, la maturité et les clauses légales et
techniques rattachées à l'émission jouent un rôle
important dans l'évaluation de la prime de risque et donc du niveau de
risque. En ce qui concerne l'émetteur, ses déterminants
financiers, fiscaux et socio-économiques constituent une bonne base pour
l'évaluation de son risque de défaut. A ce propos, plusieurs
méthodes d'appréciation desdites caractéristiques
existent. Elles sont pour la plupart basées sur des ratios. Ainsi, Serve
fait usage des ratios proposés par la Direction Générale
des Collectivités Locales en France. Ces ratios sont d'un grand apport
dans la compréhension du niveau de risque qui est inhérent
à la structure financière et fiscale de l'émetteur, mais
ils sont adaptés à l'environnement socio-politique et fiscal
français.
Pour pallier à cette difficulté, le Partenariat
pour le Développement Municipal (PDM) qui est un organisme chargé
du suivi du processus de décentralisation en Afrique sub-saharienne, a
développé une série de ratios plus adaptés à
l'environnement africain qui est celui de la CUD.
Allant plus en profondeur que Serve, Badu, Daniels et Amagoh
(2002)27(*)
procèdent à une analyse de la pertinence des facteurs autres que
ceux relatifs au marché dans la détermination du coût
réel de l'emprunt pour une collectivité locale. Dans cette
étude, il est question d'étudier les composantes d'une note
attribuée par les agences de notation à divers emprunts afin de
faire ressortir les facteurs les plus significatifs pour la
détermination du coût d'un emprunt. Ainsi, il apparaît qu'au
delà des données purement financières propres à
l'émission, il est important d'étudier les éléments
socio-économiques propres à l'entité émettrice afin
d'obtenir une vision plus globale de son risque de défaut.
Malgré la pertinence des précédentes
études, Dalmaz (1995) insiste sur le fait qu'il subsiste une
différence majeure entre le risque de défaut intrinsèque
individuel des collectivités emprunteuses tel que perçu au moyen
de l'analyse financière traditionnelle et le risque financier
perçu par la communauté des investisseurs et
reflété par la prime de risque. Elle utilise pour cela un
échantillon de 14 émissions obligataires de collectivités
territoriales françaises.
Les précédentes études avaient la
particularité de s'être appuyées sur des
échantillons tirés de régions où le marché
financier est relativement développé, où plusieurs types
d'émissions avaient été lancées, ainsi, il
était possible sur ces marchés de construire une courbe de taux
et d'avoir des emprunts d'Etat supposés sans risque à partir
desquels l'évaluation de la prime de risque pouvait s'effectuer. Etant
donné l'absence de pareils instruments sur le marché camerounais,
il est difficile de procéder à pareille évaluation. De ce
fait, il est du ressort de ce travail de s'appesantir sur le cas unique de la
Communauté Urbaine de Douala qui servira de champ d'application des
modèles ayant fait leur preuve sous d'autres cieux. Cette étude
se veut donc un moyen d'appréciation du risque de défaut dans une
perspective prévisionnelle ceci au moyen d'une approche relevant des
principes d'analyse financière.
VIII Délimitation et plan de l'étude
Tel que précédemment mentionné, cette
étude se cantonne au cas de la CUD ; cette collectivité
locale étant la seule à avoir procédé à une
émission obligataire, toute étude ne peut que se dérouler
à partir de ce cas en vue d'une réplication par les autres
collectivités locales.
L'émission obligataire ayant été
bouclée sur le marché primaire, cette étude ne
s'intéresse pas à son suivi sur le marché secondaire
à cause du non démarrage des cotations à bourse des
valeurs de Douala. Seules les caractéristiques relatives à
l'émission et à la souscription sont donc analysées en vue
de la constitution d'une opinion relative au risque de l'émission
obligataire.
Sur le plan de l'analyse proprement dite, celle-ci se
focalise sur la compréhension des mécanismes d'une
émission obligataire et plus précisément ceux propres
à une émission de la part d'une collectivité locale. En
plus de cela, un examen du risque propre à cette émission est
mené en vue d'une comparaison avec le taux de rendement offert aux
investisseurs. De ce fait, il s'agit ici d'appliquer les principes d'une
analyse du crédit de l'emprunteur et de la qualité du titre en
plus de la détermination de la rentabilité effective de
l'opération.
Il n'est donc point question dans cette étude d'un
examen de l'état du processus de décentralisation au Cameroun,
encore moins d'une étude de la fiscalité locale. Ces deux
domaines servent de support à la conduite de l'étude sans jamais
s'y substituer.
La réalisation d'une telle tâche
nécessite donc que soit d'abord examiné le volet institutionnel
de la question. Il s'agit de comprendre la collectivité locale qu'est la
commune à travers ses états financiers, puis il est
nécessaire de maîtriser le concept d'émission obligataire
municipale.
Une fois cette base acquise, il est possible de
procéder à l'étude proprement dite de cette
émission. Celle-ci passe par la détermination du niveau effectif
de rendement offert aux investisseurs, puis par l'appréciation du risque
contenu dans l'émission.
C'est au terme de ces analyses qu'une conclusion pourra
être formulée en ce qui concerne le renforcement des capitaux
permanents de la CUD au moyen d'une émission obligataire compte tenu de
son risque.
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE 1 : La
communauté urbaine de Douala, collectivité territoriale
décentralisée
La naissance des communautés urbaines en 198728(*) et plus
précisément de celle de Douala est une étape d'un
processus enclenché depuis la période coloniale29(*). Ledit processus était
tributaire d'une approche relevant des principes de décentralisation. Il
était question de créer des entités politiques de nature
à renforcer l'action de l'Etat au niveau local. La communauté
urbaine de Douala (CUD) en faisant partie, une étude de ses
opérations, mêmes financières nécessite que l'on
s'attarde tout d'abord sur les fondements de ce processus d'autonomisation afin
de présenter ses implications en ce qui concerne les nouvelles
capacités qu'il octroie aux acteurs institutionnels. Avec de pareilles
précisions, il sera possible de procéder à la
présentation de la CUD en tant que collectivité territoriale
décentralisée à travers ses organes, ses
compétences et ses états financiers.
I Le processus de décentralisation :
nécessité d'efficacité.
Dans un Etat, qu'il soit unitaire ou fédéral, il
subsiste toujours le besoin de résoudre la dialectique entre l'un et le
multiple. Les particularités régionales ne sont pas toujours en
parfait accord avec l'objectif national. De ce fait, la décentralisation
permet de faire respecter à la fois l'unité et
l'indivisibilité nationales et simultanément encourager la
diversité locale30(*).
Les besoins des collectivités locales peuvent donc
être satisfaits au travers des institutions mises sur pied par le
processus de décentralisation. La question qui subsiste est celle
relative au degré d'autonomie dont jouissent ces acteurs locaux dans la
définition et la mise en oeuvre de leurs objectifs. Afin d'analyser
cette question, il est important de savoir de quoi il est question dans un
processus de décentralisation et quelles sont ses implications pour les
acteurs locaux face à la prépondérance de l'Etat.
S'inscrivant dans le cadre de la rationalisation de la gestion
du territoire, la décentralisation se définit comme étant
une technique administrative permettant d'attribuer à des
autorités locales plus ou moins autonomes des pouvoirs de conception, de
décision et d'exécution relativement à certains
problèmes (Kom, 1996)31(*). Cette redistribution des rôles peut
s'effectuer suivant deux principaux critères, soit le critère
spatial, soit le critère fonctionnel.
L'application du critère fonctionnel conduit tel que le
mentionne Finken (1996)32(*) à identifier la décentralisation par
services. Celle-ci répond à des exigences techniques. Il s'agit
ici de confier à une personne morale la gestion de certains services
publics déterminés sur la base d'une spécialisation
technique. Ce type de décentralisation bien que n'étant pas
à omettre ne constitue pas le point focal de cette étude.
Sur la base du critère territorial, l'on aboutit
effectivement à la création de collectivités territoriales
décentralisées (CTD). Au Cameroun, la révision
constitutionnelle de 1996 reconnaît l'existence de la commune et de la
région comme collectivités territoriales
décentralisées.
Ce mode de décentralisation repose sur une base
géographique. Concernant ce critère spatial, Baguenard
(1996)33(*) fait la
distinction entre les agents administratifs dont la compétence
s'étend à toute la collectivité nationale (tels que les
ministres) et ceux dont la compétence ne peut s'exercer qu'à
l'égard d'une partie territorialement délimitée de la
collectivité nationale. Ces derniers agents dont l'exemple le plus
patent pour le cas du Cameroun est l'exécutif municipal, se voient donc
attribués la gestion d'une portion du territoire national. Mais
l'effectivité du transfert de ce pouvoir est sujette à caution.
A cet effet, la mise en place et l'effectivité de la
décentralisation nécessitent que soient remplies trois
principales conditions. Il s'agit de l'existence d'affaires locales, de
l'autonomie des autorités locales vis-à-vis du pouvoir central et
enfin une autonomie de gestion.
I.1 L'existence
d'affaires locales
Selon le Professeur Rivero (1971)34(*), la reconnaissance d'une
catégorie des affaires locales, distinctes des affaires nationales, est
la donnée première de toute décentralisation. Cette
nécessité traduit très bien l'existence de possibles
divergences entre les objectifs nationaux et ceux des collectivités
locales. C'est à ce sujet que Blanc et Rémond (1994) indiquent
que l'existence et la reconnaissance d'affaires locales permettent à
l'exécutif local de mieux assurer la défense des
intérêts locaux.
A ce sujet, au Cameroun, la loi d'orientation de la
décentralisation, loi N°2004/017 du 22 juillet 2004 précise
en ses articles 15 à 28, le processus de transfert des
compétences aux CTD. La matérialisation et la
délimitation de ce transfert de compétences sont
effectuées au moyen de la loi relative aux règles applicables aux
communes35(*). Il est
ainsi précisé que les communes ont des devoirs envers la
population sur le plan du développement économique, du
développement sanitaire et social, et du développement
éducatif, sportif et culturel. L'on pourrait relever à ce niveau
le souci de précision qui a été celui du
législateur camerounais dans la définition des affaires locales.
En effet, contrairement au caractère juridique
généralement imprécis36(*), il a ici été fait une
énumération exhaustive des domaines d'intervention de la
commune.
Au delà de la simple existence des affaires locales,
celles-ci doivent être confiées à un exécutif local
autonome vis-à-vis du pouvoir central.
I.2 L'autonomie des
autorités locales vis-à-vis du pouvoir central
L'héritage colonial du Cameroun dominé par la
culture française a conduit durant les premières décennies
de l'indépendance à renforcer la tutelle administrative sur les
communes. L'Etat était très présent dans le processus de
désignation et de destitution des exécutifs locaux. Elang
Tchounbia (2004) qualifie à ce propos cette tutelle de
tentaculaire37(*). Mais en
fait, les évolutions plus ou moins récentes dans le
système politique camerounais permettent de témoigner d'une
réelle amélioration du degré d'indépendance des
pouvoir locaux.
Cette notion d'indépendance, Baguenard l'exprime
à travers la nécessité pour les organes locaux d'exercer
leurs responsabilités sans craindre à tout moment qu'il soit mis
fin à leurs fonctions temporairement ou définitivement à
la discrétion du pouvoir central.38(*)
Finken (1996) qui traduit ce concept d'indépendance par
le mode de désignation de l'exécutif local démontre
qu'avec l'avènement du multipartisme au Cameroun et donc à
travers le suffrage universel, il est possible de considérer
l'exécutif local comme étant de plus en plus indépendant
des autorités gouvernementales. Ainsi, les élections
multipartites de 1992 sont une étape dans ce processus d'acquisition
d'autonomie de l'exécutif local. Elles ont permis aux exécutifs
locaux de s'affranchir du pouvoir central.
Mais réduire l'indépendance à la seule
condition du mode de désignation serait faire abstraction de l'autre
volet de ce concept ; en effet, le Professeur Waline39(*) distingue la subordination au
pouvoir central pour ce qui concerne l'investiture et la dépendance qui
résulte du pouvoir de révocation. C'est ici qu'il est possible de
différencier la décentralisation de la déconcentration. En
effet, la déconcentration implique une dépendance totale, l'agent
administratif chargé de la collectivité dépend totalement
tant pour sa nomination que pour sa révocation de l'autorité
gouvernementale.
Une étape intermédiaire de
semi-dépendance est celle où l'exécutif local
dépend du pouvoir central soit pour sa nomination, soit alors pour sa
révocation. Enfin, seule une indépendance totale assure une
autonomie fonctionnelle mieux à même d'assurer la plénitude
du pouvoir local.
Pour ce qui est du Cameroun les auteurs s'accordent sur la
rigidité de la tutelle exercée sur les communes. Elang Tchounbia
(2004)40(*) définit
la tutelle comme étant l'ensemble des contrôles exercés par
les représentants de l'Etat sur les personnes et les biens, les organes
et les actes communaux en vue d'assurer le respect de la légalité
républicaine, la sauvegarde de l'intérêt
général contre d'éventuels errements administratifs, en
vue de contrer aussi les excès et les empiètements des pouvoirs
locaux.
Cette tutelle tant administrative que financière ou
politique s'exerce par le truchement de différents représentants
du pouvoir central. Cette tutelle légale de l'Etat sur les CTD
s'opère par l'action du Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation à travers les gouverneurs,
préfets, sous-préfets et chefs de districts. Elle se
matérialise par divers pouvoirs octroyés à ces
autorités. Il s'agit du contrôle du processus de
désignation, du fonctionnement des organes, des pouvoirs de sanction,
approbation, annulation et substitution.
Tout d'abord, pour ce qui est de la désignation des
exécutifs locaux, il revient au ministre de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation de constater l'élection du
maire et de ses adjoints, il peut en cas d'irrégularités
procéder à l'annulation d'un scrutin, il peut désigner un
conseil intérimaire après cette annulation et même, il a le
droit de déclarer des conseillers municipaux comme
démissionnaires en cas d'incapacité,
d'inéligibilité ou d'incompatibilité prévue par la
loi et déclarée par le préfet. En plus de cela, toujours
pour ce qui est du mode désignation des exécutifs locaux, la
désignation par décret présidentiel des
délégués du gouvernement dans les communes à
régime spécial et dans les communautés urbaines
dénote une fois de plus de la subsidiarité du pouvoir local
vis-à-vis du pouvoir central.
La présence de la tutelle gouvernementale se fait
encore ressentir au niveau du fonctionnement des organes locaux. Le
préfet est en effet très présent dans le processus de
convocation et le déroulement des réunions du conseil municipal,
il lui est en outre octroyé un droit à l'information
vis-à-vis de la majorité des actes de la commune.
En ce qui concerne les sanctions, il est prévu des cas
de suspension du conseil municipal, de révocation des
délégués du gouvernement ou de destitution de conseillers
municipaux.
L'exécution des délibérations du conseil
municipal est soumise à une approbation préalable de la tutelle
avant qu'elle ne soit considérée comme exécutoire. C'est
ainsi que les opérations de la commune sont soumises selon leur
importance à l'approbation préalable soit du Ministre de
l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, soit à
celle du Gouverneur ou encore à celle du préfet.
Découlant du précédent, il est possible
pour la tutelle d'annuler des délibérations prises par le conseil
municipal selon que l'autorité gouvernementale juge la décision
conforme ou non à la loi.
Le pouvoir de substitution fait état de la
possibilité qui est offerte aux autorités gouvernementales de
prendre des actes en lieu et place des organes locaux. Il s'agit principalement
de la gestion financière de la commune en ce sens qu'il est possible que
le gouverneur ou le préfet réduise ou supprime (mais ne peut
augmenter) les dépenses au budget de la commune pour cause
d'irrégularités ou d'inopportunité.
Les articles 66 à 77 de la loi d'orientation de la
décentralisation se consacrent uniquement à cette notion de
tutelle sur les communes. C'est dire l'importance que revêt ce sujet pour
le pouvoir central.
La dernière condition à remplir pour assurer
une décentralisation effective fait référence à la
gestion autonome de la collectivité. Il est important que la
collectivité puisse s'auto-administrer.
I.3 Une gestion
autonome
Il est important que la commune, au delà de son
existence juridique puisse assumer avec efficacité les tâches qui
sont les siennes. Baguenard (1996) parle ici d'une autonomie qui se
décline en autonomie fonctionnelle et en la compétence et la
disponibilité des responsables locaux.
Pour ce qui est l'autonomie fonctionnelle, la commune doit
avoir les moyens juridiques, financiers et techniques qui lui permettent de
jouer pleinement son rôle.
Les moyens juridiques lui sont garantis par la loi. Les
évolutions enregistrées en ce qui concerne le statut juridique
des communes sont une preuve de leur relative capacité à
s'auto-gérer. Elles sont définies comme étant des
« personnes morales de droit public jouissant de l'autonomie
administrative et financière pour la gestion des intérêts
locaux. 41(*)»
Il est donc possible dans le cas du Cameroun de supposer l'existence juridique
réelle des communes.
En ce qui concerne l'aspect financier, ce travail de recherche
s'attèle à explorer les voies de renforcement de ces ressources
eu égard aux ouvertures institutionnelles existantes. En effet, dans le
cadre du renforcement de l'autonomie financière des communes au
Cameroun, il leur a été accordé plusieurs avantages. Parmi
ceux-ci, outre les textes relatifs à la fiscalité locale,
l'on pourrait noter la possibilité d'ouverture de comptes bancaires
octroyées aux communes dotées d'un budget de plus de 250 millions
de francs CFA par an. Cet avantage permet ainsi à ces entités
d'échapper à la règle d'unité de trésorerie
qui ralentissait quelque peu le processus de mise à disposition des
ressources financières des communes. L'on pourrait aussi noter le
caractère prévisible que peuvent revêtir certaines recettes
locales telles que les centimes additionnels communaux (CAC) étant
donné les modalités de recouvrement instituées par
l'arrêté N°00349/MINAT/MINEFI du 22 octobre 2001. Ce texte
permet de différencier dès la base les recettes allouées
aux communes de celles de l'Etat. Ce distinguo est de nature à faciliter
l'acquisition de ces ressources.
Malgré ces efforts, il subsiste encore des
écueils sur le chemin de l'autonomie financière des communes.
C'est à ce propos qu'Elang Tchounbia (2004)42(*) insiste sur la
nécessité de la mise sur pied d'une fiscalité
foncière qui sous d'autres cieux s'est avérée être
d'un rendement meilleur que les systèmes actuels.
Les aspects techniques de l'autonomie des communes font
référence à la capacité des communes à
s'octroyer la maîtrise d'ouvrage de leurs projets. Il est
nécessaire qu'au sein des services techniques des communes soient
disponibles non-seulement le matériel permettant de réaliser les
projets, mais aussi les compétences humaines. Par le biais du Fonds
Spécial d'Equipement et d'Intervention Intercommunale (FEICOM),
certaines communes ont pu acquérir un équipement qui leur permet
de réaliser certaines de leurs missions sans avoir à faire
recours à des partenaires extérieurs. Mais l'aspect humain de ces
moyens techniques rejoint le second volet de la notion d'autonomie de
gestion.
Sur le plan humain, l'analyse est double. Elle concerne
à la fois les capacités managériales de l'exécutif
communal que les compétences techniques des collaborateurs. Pour ce qui
est du manager local, celui-ci doit être non seulement disponible, mais
aussi, il doit être informé des techniques de gestion urbaine les
plus avancées et les plus adéquates afin d'insuffler la dynamique
requise à la bonne marche de l'organisation.
Concernant les collaborateurs du maire et de ses adjoints,
ceux-ci doivent être des personnels aguerris de la gestion et des
réalités urbaines. Dans le cas du Cameroun, le Centre de
Formation pour l'Administration municipale assure depuis 1977 la formation et
le recyclage des personnels administratifs et techniques des communes, des
personnels chargés de la tutelle des communes et des personnels
chargés de l'Etat civil. Il peut donc être présumé
de la qualité des personnels communaux, mais il n'est pas possible de
porter un jugement global sur l'ensemble de ces personnels à
l'échelle du Cameroun, seule une étude de ceux exerçant au
sein de notre unité d'analyse nous permettra de juger de leur
contribution effective au processus de décentralisation.
Une fois cette revue des pré requis du processus de
décentralisation dans le cas du Cameroun, il est possible de conclure
à la réalité de la mise en oeuvre du processus. Mais ce
qui importe dans le cadre de cette étude c'est de savoir quelle a
été la contribution de ce processus à l'autonomisation des
communes et donc au renforcement du bien-être de populations à
travers l'acquisition de ressources financières nouvelles. C'est
à ce propos, qu'il est possible de procéder dès maintenant
à une présentation des différentes formes de communes
rencontrées sur le territoire camerounais dans le but de déceler
la spécificité de la CUD.
II La communauté urbaine de Douala,
collectivité territoriale décentralisée.
La précédente section s'est attelée
à montrer en quoi le processus de décentralisation a pour
objectif de renforcer les capacités institutionnelles des acteurs locaux
que sont les communes et les régions. Or, cette évocation de la
notion de commune s'est faite sans que soit précisée les
éléments relatifs à sa nature dans le contexte du
Cameroun. Cette entité est la première et la plus vieille des CTD
camerounaises. Son existence remonte à la période coloniale tant
sous influence française que sous influence britannique43(*). L'on peut ainsi noter la
création dès 1941 des communes mixtes urbaines dans les
agglomérations de Yaoundé et Douala pour ce qui est de la partie
orientale de l'ex-colonie et la naissance dès 1932 des local
councils sur les cendres des local authorities dans la zone
occidentale.
L'environnement communal camerounais depuis cette date a connu
de multiples évolutions, celles-ci ont conduit à la naissance de
communes mixtes rurales, communes de plein et moyen exercice pour enfin aboutir
à l'harmonisation de 197444(*) donnant naissance aux communes urbaines et communes
rurales avec le cas particulier de communes urbaines à régime
spécial. Cette dernière catégorie réservée
aux villes de Yaoundé, Douala, Nkongsamba et Bamenda marque bien le
caractère particulier de ces villes et l'attention que leur porte les
autorités. De cette définition des catégories de communes,
l'on a aboutit à leur multiplication au fil du temps et aujourd'hui le
Cameroun compte 339 communes au total.
L'attention particulière dont il était question
plus haut s'est matérialisée par la création en 1987 des
communautés urbaines et des communes urbaines d'arrondissement. Cette
architecture combinant communes urbaines d'arrondissement (CUA) et
communauté urbaine revêt un intérêt particulier en ce
qui concerne le développement local. En effet, ce montage institutionnel
donne lieu à un partage de responsabilités où la
communauté urbaine se voit octroyée la plus grande partie des
compétences. A cet effet, la loi du 15 juillet 1987 renforcée par
la loi du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes
permettent d'identifier clairement les domaines de compétences de
chacune de ces entités. Ainsi, à la communauté urbaine, il
a été dévolu les compétences suivantes :
· La création, l'entretien, la gestion des espaces
verts, parcs et jardins communautaires ;
· La gestion des lacs et rivières
d'intérêt communautaire ;
· Le suivi et l contrôle de la gestion des
déchets industriels ;
· Le nettoiement des voies et espaces publics
communautaires ;
· La collecte, l'enlèvement et le traitement des
ordures ménagères ;
· La création, l'aménagement, l'entretien,
l'exploitation et la gestion des équipements communautaires en
matière d'assainissement, eaux usées et pluviales ;
· L'élaboration des plans communautaires d'action
pour l'environnement, notamment en matière de lutte contre les nuisances
et les pollutions, de protection des espaces verts ;
· La création, l'entretien et le gestion des
cimetières publics ;
· La gestion de toutes les installations à
caractère sportif d'intérêt communautaire ;
· Les opérations d'aménagement
d'intérêt communautaire ;
· La constitution des réserves foncières
d'intérêt communautaire ;
· La création et la gestion des centres culturels
d'intérêt communautaire ;
· La construction, l'équipement, la gestion,
l'entretien et la maintenance des équipements marchands
d'intérêt communautaire, notamment les marchés, gares
routières et abattoirs ;
· La participation à l'organisation et la gestion
des transports urbains de voyageurs ;
· L'élaboration et l'exécution des plans
communautaires d'investissement ;
· La passation avec l'Etat ou la région de
contrats de plan pour la réalisation d'objectifs de développement
communautaire ;
· La planification urbaine, les plans et schémas
directeurs, les plans d'occupation des sols ou les documents d'urbanisme en
tenant lieu. A cet effet, la communauté urbaine donne son avis sur le
projet de schéma régional d'aménagement du territoire
avant son approbation ;
· La création, l'aménagement, l'entretien,
l'exploitation et la gestion des voiries communautaires primaires et
secondaires, de leurs dépendances et de leurs équipements, y
compris l'éclairage public, la signalisation, l'assainissement pluvial,
les équipements de sécurité et les ouvrages
d'art ;
· La création et l'aménagement d'espaces
publics urbains d'intérêt communautaire ;
· La coordination des réseaux urbains de
distribution d'énergie, d'eau potable, d
télécommunications et tous intervenants sur le domaine public
viaire communautaire ;
· Les plans de circulation et de déplacement
urbains pour l'ensemble du réseau viaire.
Il est mentionné dans la loi que les compétences
de la communauté priment sur celles des CUA. C'est dire combien cette
entité est d'une importance particulière dans le cadre du
processus de développement local.
Douala ayant été érigée en
communauté urbaine, il est du ressort de ce travail de présenter
les caractéristiques fonctionnelles d'une telle institution. Ceci passe
par la présentation des organes de la communauté, de ses
compétences et enfin de sa structure financière.
II.1 Les organes de la communauté urbaine de
Douala.
Créée par le décret 87/1366 du 25
septembre 1987 dans les limites territoriales du département du Wouri
avec pour siège Bonanjo, la CUD est avec Yaoundé l'une des deux
communautés urbaines rencontrées dans l'environnement municipal
du Cameroun. Elle est subdivisée comme le prévoit la loi en
communes urbaines d'arrondissement dont le nombre est de cinq45(*). La présentation de
cette entité autonome tant sur la plan juridique que sur le plan
financier passe par l'étude de ses organes décisionnels. Au
Cameroun, les communes disposent en général de deux types
d'organes :
· Un organe exécutif
· Un organe délibérant.
Pour le cas des communautés urbaines, il s'agit
d'étudier les fonctions du délégué du gouvernement
et du conseil de communauté. L'examen de la loi du 15 juillet 1987 est
à la base de cette étude.
II.1.A Le délégué du
gouvernement : chef de l'exécutif de la communauté
urbaine.
Autant le maire dans les communes rurales et les communes
urbaines46(*) est le chef
de l'exécutif, autant le délégué du gouvernement
auprès de la communauté urbaine conduit au quotidien la marche de
cette dernière. Présenter ce personnage central de la vie de la
communauté urbaine nécessite que l'on précise les
éléments relatifs à sa nomination, ses attributions et sa
destitution. Toutes ces informations sont tirées de l'examen des
articles 17 à26 de la loi du 15 juillet 1987.
En ce qui concerne sa désignation, le
délégué du gouvernement est nommé par décret
présidentiel. Il est le représentant de l'Etat dans la
communauté urbaine. Il est assisté d'adjoints, eux aussi
nommés par arrêté du Président de la
République. L'exercice de la fonction de délégué du
gouvernement auprès d'une communauté urbaine est interdit aux
personnes ayant été élues comme conseiller municipal ou
maire d'une commune urbaine d'arrondissement.
En ce qui concerne les attributions du
délégué du gouvernement, elles sont au nombre de
six47(*) :
· La préparation et l'exécution des
délibérations du conseil de la communauté.
· La préparation et l'exécution du budget
de la communauté ;
· L'organisation et la gestion des services de la
communauté ;
· La gestion des ressources et du patrimoine de la
communauté ;
· La direction des travaux de la communautaires ;
· De la représentation de l'agglomération
dans les cérémonies protocolaires.
En plus de ces principales fonctions, le
délégué du gouvernement est chargé de
représenter la commune dans les actes de la vie civile, il exerce en
plus des pouvoirs de police selon les règles prévues par la loi.
Le délégué du gouvernement peut en outre convoquer des
réunions des conseils municipaux des communes urbaines d'arrondissement
et à cet effet, il peut se faire entendre par lesdits conseils.
En tant qu'ordonnateur du budget de la communauté, il
est chargé de la confection du compte administratif qu'il
présente au conseil de communauté en fin d'exercice pour
approbation.
Pour ce qui est de sa destitution, relevant de
l'autorité du Président de la République, il ne peut
être destitué que par lui.
Cette revue de la nature de la fonction de
délégué du gouvernement ayant été faite, il
est maintenant possible de passer aux caractéristiques de l'organe
délibérant qu'est le conseil de communauté.
II.1.B Le conseil de la communauté,
organe délibérant de la communauté urbaine.
Comme précédemment mentionné, la CUD est
composée de cinq communes urbaines d'arrondissement et d'une commune
rurale, il s'agit :
· De la commune de Douala premier avec pour siège
Bonanjo
· De la commune de Douala deuxième avec pour
siège New-Bell
· De la commune de Douala troisième avec pour
siège Logbaba
· De la commune de Douala quatrième avec pour
siège Bonassama
· De la commune de Douala cinquième avec pour
siège Kotto
· De la commune rurale de Manoka.
Des conseils municipaux de ces communes urbaines
d'arrondissement est issu le conseil de la communauté urbaine de Douala.
Tout comme il était nécessaire d'étudier le cas du
délégué du gouvernement, il semble important de relever
les aspects relatifs à la constitution, aux attributions et à la
destitution du conseil de la communauté urbaine. Les explications y
afférentes sont tirées des articles 13 à16 de la loi du 15
juillet 1987.
En ce qui concerne la constitution de cette instance, le
conseil de la communauté urbaine est composé de conseillers
municipaux des communes urbaines d'arrondissement avec un quota de cinq
conseillers par conseil municipal. De plus, les maires des CUA y sont admis
d'office. Ce conseil est présidé par le
délégué du gouvernement auprès de la
communauté urbaine.
En matière de compétences, le conseil de la
communauté urbaine est chargé :
· Du vote du budget de la communauté ;
· De l'approbation du compte administratif et du compte
de gestion du comptable ;
· Des autorisations spéciales de recettes et de
dépenses ;
· De la création des établissements publics
et des sociétés d'économie mixte d'intérêt
communautaire ;
· De l'adoption de la dénomination des rues et
places publiques ;
· Des avis sur les plans d'urbanisme, les schémas
directeurs d'aménagement et d'urbanisme et les plans de modernisation et
d'équipement ;
· De l'autorisation des acquisitions
d'immeubles ;
· De la fixation des emprunts et l'acceptation des dons
et legs.
Ce dernier élément est d'une importance
particulière dans le cadre de ce travail de recherche ; il permet
d'apporter un élément d'appréciation du cadre juridique
des emprunts de la communauté urbaine.
Enfin, en ce qui concerne la destitution du conseil de la
communauté, elle provient en première instance de la fin du
mandat des conseillers municipaux des CUA. Il est prévu par la loi une
délégation spéciale chargée de remplacer un conseil
municipal ayant été dissous ou suspendu. En plus cette
règle, il est à noter que les instructions relatives à la
tutelle sur les communes confèrent au Président de la
République et au Ministre de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation le droit de destituer des conseils municipaux.48(*)
Une fois ces précisions relatives aux instances
décisionnaires de la communauté urbaine, il est dès lors
possible de passer à la présentation de la structure
financière de la communauté urbaine de Douala.
II.2 La structure financière de la communauté
urbaine de Douala.
Un exposé sur l'emprunt d'une collectivité
territoriale décentralisée ne peut s'effectuer sans que soient
présentés les outils d'analyse. Autant une société
anonyme est requise par le droit comptable OHADA de présenter en fin
d'exercice un bilan, un compte de résultat, un tableau financier des
emplois et ressources et un état annexe, tous certifiés, il est
nécessaire que l'analyste financier qui étudie les conditions
d'investissement dans une obligation émise par une CTD soit averti de la
nature d'un budget communal, du compte administratif et du compte de gestion.
De ce fait, ce paragraphe s'évertue à présenter les
règles d'élaboration de ces états, leurs structures
respectives afin de permettre au lecteur de comprendre la suite du propos qui
est consacrée à l'analyse de ces états.
II.2.A Le budget de
la commune : état financier, juridique et politique
prévisionnel.
Dans le domaine du contrôle de gestion, un budget est
établi premièrement dans une optique prospective. Il
représente la dernière étape de la planification sous la
forme de prévisions sur une durée d'un an49(*). Dans le cadre des finances
publiques, cette optique reste de mise. Il est juste question de recentrer la
question afin de comprendre l'utilité d'un tel instrument dans le cadre
du déroulement des opérations financières d'une
entité publique telle que la commune. La présentation de cet
outil nécessite que nous fassions état du cadre juridique et
technique puis, de la procédure d'élaboration, d'adoption et
d'exécution de ce document et enfin, que nous en fassions une
présentation succincte.
Le cadre juridique et technique
du budget communal.
Le budget est l'acte par lequel sont prévues et
autorisées les recettes et les dépenses des organismes
publics50(*). Tel que le
mentionne Muzellec (2000)51(*), le budget de la collectivité territoriale
décentralisée revêt à la fois une nature juridique,
politique et financière. Son contenu dépend et influence la
marche de la collectivité sur ces trois aspects. A cet effet, il existe
des règles relatives à son élaboration qui se doivent
d'être respectées afin de s'assurer d'une gestion saine de la
commune. Ces règles sont au nombre de six. Il s'agit des règles
d'annualité, d'antériorité, d'universalité,
d'unité, de la spécialité et d'équilibre. Nous nous
appuyons ici sur les écrits de Finken (1996) et Lekene (1987)52(*).
· La règle d'annualité.
Le budget décrit les opérations pour une
durée d'un an allant du 1er janvier au 31 décembre.
L'inscription des opérations budgétaires au Cameroun s'effectue
suivant le système de l'exercice qui s'oppose à celui de la
gestion. Le premier prend en considération le rattachement juridique de
l'opération. Dans le cadre de ce système, les dépenses et
les recettes sont imputées sur l'année à laquelle elles
sont rattachées par le budget même si matériellement ces
recettes ou ces dépenses ne sont ni encaissées, ni
payées53(*).
Le système de la gestion prévoit l'imputation sur l'année
budgétaire courante de toutes les dépenses et les recettes
effectivement payées ou encaissées entre le 1er
janvier et le 31 décembre quel que soit la date de l'acte
créateur de ces opérations.
Le système de l'exercice, à cause des
inconvénients relatifs au retard dans la clôture des comptes qu'il
crée, il a été prévu une période
complémentaire de trois mois pour permettre l'exécution
matérielle de toutes les opérations se rapportant à
l'exercice.
· La règle de
l'universalité.
Il est prévu ici que l'ensemble des ressources de la
commune doit être fondue en une seule masse et que les dépenses
entières y soient imputées. Ainsi, il ne peut y avoir ni
affectation des recettes ou des dépenses, ni contraction. En effet, la
règle subsidiaire de non affectation prévoit qu'aucune
dépense ne soit affectée à une recette précise
étant donnée la distinction entre ces deux blocs. Quant à
elle, la règle de non contraction prévoit qu'il ne peut
être possible de procéder à des compensations entre
recettes et dépenses, seul doit être inscrit le produit brut.
· La règle
d'antériorité.
Le budget est un acte revêtant un caractère
d'autorisation. Cette autorisation provient de la procédure d'adoption
du budget et qui est un préalable à la réalisation d'une
recette ou à l'engagement d'une dépense. Dans le cadre de cette
procédure d'adoption, le budget doit être approuvé par
l'organe délibérant de la commune.
· La règle de la
spécialité.
L'autorisation dont il était question dans la cas de la
règle d'antériorité, n'est pas accordée en bloc
pour tout type de dépenses ou de recettes. Les autorisations sont
accordées tant pour le montant global du budget que pour chaque chapitre
et article budgétaires. Toutefois, il peut être admis des
virements de crédits en cours d'exercice budgétaire. Il s'agit
de la possibilité de transférer tout ou partie d'un crédit
d'un article à un autre article, d'un paragraphe à un autre
paragraphe, ou d'un chapitre à un autre. Cependant, ces virements de
crédits sont soumis à l'approbation du conseil municipal et du
préfet.
· La règle de l'équilibre
budgétaire.
Lors du vote du budget par l'organe délibérant,
ce dernier doit veiller à l'équilibre du budget, c'est à
dire à l'égalité entre le montant des recettes et celui
des dépenses. Cet équilibre doit se vérifier pour chacune
des sections du budget à savoir l'investissement comme le
fonctionnement. L'équilibre du budget doit en plus de cela être
réel, c'est à dire résulter d'une évaluation
sincère des recettes et des dépenses.
· La règle de l'unité.
Cette règle stipule que le document budgétaire
de la commune est établi sous une forme unifiée. Toutes les
dépenses et les recettes prévues et autorisées doivent
figurer dans un seul et même document. Cependant, il existe des
dérogations à cette règle :
· Dans le cas de l'existence d'un contrat soit
d'affermage, de concession ou de régie d'un service public entre la
commune et une autre entité.
· Dans le cas de la réalisation
d'équipements sur plusieurs exercices, il peut être
autorisé l'ouverture de comptes hors budget.
· Dans le cas de l'existence de recettes ou de
dépenses intervenant après le vote du budget, il peut être
délivré des autorisations spéciales qui permettent de
corriger le budget en cas de non-conformité de certaines dispositions
avec la réalité.
Une fois ces règles d'élaboration du budget
précisées, il est possible de passer à la procédure
budgétaire en elle-même.
La procédure
budgétaire à l'échelle des communes.
Acte devant engager tant l'exécutif que l'organe
délibérant de la commune, le budget est au centre d'une
procédure allant de son élaboration à son exécution
en passant par son adoption et son approbation par les instances
compétentes.
· La préparation du budget.
La loi54(*) fait du maire ou du délégué du
gouvernement le responsable de la préparation du budget. Il est
assisté dans cette tâche par les services financiers de la commune
et dans le cas de communautés urbaines par le contrôleur
financier55(*)
auprès de la communauté urbaine. L'élaboration de ce
document repose sur trois phases : la collecte de l'information, les
calculs budgétaires et les choix budgétaires.
Pour ce qui est de la collecte de l'information, il s'agit de
regrouper touts les informations relatives aux recettes et aux dépenses
et pouvant servir de bases au prévisions étant donné que
le budget est un document prévisionnel. Plusieurs techniques de collecte
de l'information existent56(*) en matière budgétaire, mais Finken
(1996) précise que dans le cas du Cameroun, celle qui est utilisé
à l'échelle des communes est la méthode de la
pénultième année. Elle consiste à partir des
données du dernier exercice exécuté pour effectuer les
prévisions budgétaires. A ces données peuvent être
adjoints des correctifs prenant en compte l'évolution de la conjoncture
économique et financière.
En ce qui concerne les calculs budgétaires, ils
concernent l'élaboration d'une ébauche de budget par le
regroupement des précédentes données en chapitre, articles
et paragraphes suivant la nomenclature comptable et budgétaire.
La phase de choix budgétaires est la dernière
étape dans la préparation du budget. Elle consiste à
réaliser l'équilibre budgétaire au travers de choix entre
les différentes opérations. En effet, toutes les
opérations n'ont pas le même niveau d'importance ; à
cet égard, l'on note l'existence de dépenses obligatoires tant
dans le volet fonctionnement que dans le volet investissement. En cas de choix
budgétaires à effectuer, sont privilégiées les
dépenses obligatoires. Sur le plan du fonctionnement, il
s'agit :
Ø Des dépenses de personnel
Ø Des dépenses relatives au fonctionnement des
services municipaux
Ø Des contributions et participations de la commune aux
dépenses d'intérêt social ou économique.
Sur le plan de l'investissement, il s'agit :
Ø De l'acquittement des dettes et le remboursement des
emprunts souscrits par la commune.
Ø Des dépenses d'investissement
Ø Des contributions et participations de la commune aux
dépenses d'intérêt social ou économique.
Il faut tout de même noter avec Finken (1996)
l'imprécision de certaines de ces rubriques.
· Le vote et l'approbation du budget.
Dans le cadre de ses attributions, l'organe
délibérant est chargé du vote et de l'adoption du document
budgétaire présenté par l'exécutif communal. Cette
adoption s'effectue après examen et étude du document par une
commission des finances pouvant être éventuellement
créée au sein du conseil dans le but d'étudier les
questions financières de la commune. Ces séances de
délibérations sont publiques.
Dans le cadre de la tutelle qu'exerce l'Etat sur les CTD, le
document budgétaire une fois adopté par l'organe
délibérant est envoyé au préfet qui le transmet au
gouverneur pour approbation. Des contrôles de fond et de forme sont alors
effectués par le service provincial des communes afin de faire respecter
les règles budgétaires. A cet effet, le gouverneur peut supprimer
ou réduire des dépenses pour cause d'irrégularité
ou d'inopportunité et il peut inscrire des dépenses étant
obligatoires.
· L'exécution du budget.
Une fois le budget adopté et approuvé, il fait
l'objet d'une exécution par l'autorité compétente qu'est
le chef de l'exécutif communal. Cette procédure comporte
différentes étapes d'exécution selon qu'il s'agit des
recettes des dépenses.
Ø L'exécution des
recettes.
Bien que le recouvrement d'une très grande partie des
ressources des communes soit réalisé par le biais de
l'Etat57(*),
l'exécution des recettes par les communes repose sur trois principales
étapes : l'assiette, la liquidation et le recouvrement.
En matière d'assiette, il est question de
déterminer de façon administrative le montant de la
matière imposable imputable à chaque contribuable.
La liquidation consiste en la matérialisation de la
créance de la commune au moyen de l'émission d'un titre de
recettes ou ordre de recettes par le délégué du
gouvernement.
Il incombe au receveur municipal d'assurer le recouvrement des
recettes tout en s'assurant de la régularité des titres de
recettes.
Ø L'exécution des
dépenses.
Elle repose sur quatre principales phases, à
savoir : l'engagement, la liquidation ; le mandatement et le
paiement.
Pour ce qui est de l'engagement, il s'agit de l'acte par
lequel le chef de l'exécutif communal en tant qu'ordonnateur
budgétaire crée ou constate à l'encontre de la commune une
obligation de laquelle résultera une charge. Ces obligations
résultent de contrats, de décision unilatérale ou d'une
réglementation.
La liquidation consiste en la vérification de la
réalité d'une dette et en l'arrêt du montant de la
dépense. Elle est réalisée par le
délégué du gouvernement une fois de plus.
Le mandatement ou ordonnancement permet à l'ordonnateur
de donner l'ordre au receveur de payer une dette liquidée à
travers un mandat de paiement.
Le paiement est une phase comptable qui consiste pour la
commune à se libérer de sa dette soit par bon de caisse pour les
règlements en espèces, soit par avis de virement pour les
paiements par voie bancaire.
Toutes ces précisions relatives à la
préparation, l'adoption, l'approbation et l'exécution du budget
ayant été faites, il est possible de procéder dès
lors, à la présentation du document budgétaire proprement
dit.
II.2.A.1 Le budget de la
commune
Subdivisé en deux parties, l'une consacrée aux
recettes et l'autre aux dépenses, le budget ou document
budgétaire est établi suivant les instructions contenues dans le
décret N°98/266/PM du 21 août 1998 portant approbation du
plan comptable sectoriel communal et adoption de la nomenclature
budgétaire communale. Chacune des parties du budget est quant à
elle divisée en chapitres, articles et paragraphes. Le regroupement de
différents chapitres soit dans le volet fonctionnement ou le volet
équipement et investissement constitue un titre. Cette
présentation du budget procède par la description de chacune des
rubriques que sont les recettes et les dépenses.
· Les recettes
Elles sont classées en deux titres :
Titre 1 : Les recettes de
fonctionnement
Chapitre 7.1- Produits des recettes fiscales et taxes
diverses ;
Chapitre 7.2- Produits d'exploitation du domaine et des
services communaux ;
Chapitre 7.3- Ristournes et redevances consenties par
l'Etat ;
Chapitre 7.4- Produits financiers
Chapitre 7.5- Subventions de fonctionnement
reçues ;
Chapitre 7.6- Transferts reçus ;
Chapitre 7.7- Autres produits et profits divers ;
Chapitre 7.8- Reprises sur amortissements
Titre 2ème : Les recettes
d'investissement
Chapitre 1.0- Fonds de dotation reçus ;
Chapitre 1.4- Subventions d'équipement et
d'investissement reçues ;
Chapitre 1.5-Emprunts à long et à moyen
terme ;
Chapitre 1.6-Autres dettes à long et à moyen
terme ;
Chapitre 2.5-Remboursement des prêts et autres
créances à long et à moyen terme.
· Les dépenses
Elles sont classées en deux titres :
Titre 1 : Les dépenses de
fonctionnement
Chapitre 6.1- Biens et services consommés ;
Chapitre 6.2- Frais de personnel
Chapitre 6.3- Impôts et taxes
Chapitre 6.4- Frais financiers ;
Chapitre 6.5- Subventions versées ;
Chapitre 6.6- Transferts versés ;
Chapitre 6.7- Autres charges et pertes diverses ;
Chapitre 6.8- Dotations aux amortissements.
Titre 2ème : Les dépenses
d'équipement et d'investissement.
Chapitre 1.5- Remboursement des emprunts à long et
à moyen terme ;
Chapitre 1.6- Remboursement des autres dettes à long et
à moyen terme ;
Chapitre 1.7- Remboursement des dettes résultant des
engagements à long et à moyen terme ;
Chapitre 2.1- Acquisition de terrains ;
Chapitre 2.2- Acquisition des autres immobilisations
corporelles ;
Chapitre 2.3- Acquisition des immobilisations corporelles en
cours ;
Chapitre 2.4- Avances et acomptes sur commandes des
immobilisations en cours ;
Chapitre 2.5- Prêts et autres créances à
long et à moyen terme ;
Chapitre 2.6- Participation et affectations.
Cette nomenclature budgétaire est entrée en
vigueur au Cameroun le 1er juillet 1999, mais il a fallu plus de
temps que ça pour que les CTD s'y habituent et présentent ainsi
leurs budgets.58(*) Il
faudrait donc que soit faite une brève présentation de la
nomenclature précédemment en vigueur59(*).
Tableau 1.1 : Nomenclature budgétaire
communale issue de la loi communale de 1974.
Recettes
|
Dépenses
|
Titre 1 : Recettes des exercices antérieurs
|
Titre 1 : Dépenses des exercices
antérieurs
|
Excédent des recettes sur les dépenses
Restes à recouvrer
|
Art.1: Excédents des dépenses sur les
recettes
Art.2: Restes à payer
Art.3: Dépenses engagées et
non-liquidées
Art.4: Recettes affectées et non-employées
|
Titre 2 : Produits sur rôle et ordres de
recettes
|
Titre 2 : Dépenses de fonctionnement
|
Chap.1 : Produits des recettes fiscales
-Art.1 : Impôts sur rôle
-Art.2 : Impôt libératoire
-Art.3 : CAC
-Art.4 : Taxes communales directes
Chap.2 : Taxes communales indirectes (18 Articles)
Chap.3 : Produits de l'exploitation du domaine et des
services.
Chap.4 : Ristournes et redevances consenties par
l'Etat.
|
Chap.1: Dépenses de personnel
Chap.2: Dépenses de matériel
Chap.3: Dépenses communes au divers services
Chap.4: Dépenses diverses et non classées
Chap.5: Dépenses d'ordre
|
Titre 3 : Recettes diverses et accidentelles
|
Titre 3 : Dépenses d'équipement
|
Art.1 : Emprunts
Art.2 : Subventions et avances de l'Etat
Art.3 : Subventions du FEICOM
Art.4 : Participations et avances de sources
privées
Art.5 : Dons et legs
Art.6 : Aliénations des biens communaux
Art.7 : Amendes
Art.8 : Avances de trésorerie
Art.9 : Recettes imprévues
Art.10 : Recettes d'ordre
|
Chap.1 : Equipements et investissements
-Art.1: Participation au FEICOM
-Art.2: Participation aux sociétés
d'économie mixte
-Art.3: Remboursements d'emprunts
-Art.4: Achats de matériels d'équipement
Chap.2 : Infrastructure
Chap.3 : Urbanisme
Chap.4 : Action pour la production
Chap.5 : Equipements sociaux
Chap.6 : Equipements administratifs
Chap.7 : Participation au syndicat des communes
|
|
|
Source : Loi portant organisation communale du 5
décembre 1974
Etant donné l'utilisation de ces deux nomenclatures
dans la confection des budgets de la CUD, il est nécessaire que l'on
convertisse les budgets réalisés suivant l'ancienne nomenclature
avant de les analyser.
L'exécution du budget au cours de l'exercice
entraîne l'enregistrement des opérations relatives à cette
exécution. Ces enregistrements sont effectués à deux
niveaux : chez l'ordonnateur et chez le comptable public qui est le
receveur municipal dans le cas de la commune ou d'une communauté
urbaine. De ces enregistrements parallèles résultent deux
états financiers qui se doivent d'être cohérents ; il
s'agit du compte administratif et du compte de gestion.
II.2.B Le compte
administratif et le compte de gestion
Contrairement au budget, ces deux documents financiers
interviennent a posteriori, ce sont des documents de constat.60(*) Chacun d'eux provient des
enregistrements soit du délégué du gouvernement, soit du
receveur municipal.
Le délégué du gouvernement qui est
l'ordonnateur tient une comptabilité administrative à partie
simple. Elle consiste en l'enregistrement de toutes les recettes et
dépenses réalisées pendant l'année
budgétaire. Ces enregistrements sont effectués chronologiquement
dans les livres-journaux et les grands-livres. Il s'agit d'une
comptabilité d'engagement dont le but est savoir à quel niveau se
situe la consommation des crédits autorisés. Le concept de partie
simple tient au fait que dans la comptabilité de l'ordonnateur,
l'émission d'un mandat donne lieu à une seule écriture au
compte budgétaire intéressé. De cette comptabilité
est établi le compte administratif qui est un document de
synthèse reprenant la nomenclature budgétaire. Il retrace les
réalisations de la commune et il est accompagné des explications
de l'ordonnateur avant présentation au conseil pour
délibération.
Le receveur municipal quant à lui tient une
comptabilité denier ; elle vise à retracer les encaissements
et les décaissements et non pas à faire ressortir la
conformité des opérations comme celle de l'ordonnateur. Elle
permet de contrôler la comptabilité de l'ordonnateur par le biais
des rapprochements et donne des renseignements sur la trésorerie de la
commune. Elle aboutit à la confection du compte de gestion.
Au terme de cette entreprise de familiarisation avec
l'environnement communal camerounais tant sur le plan politique que financier,
il est dès lors possible de se positionner en candidat à
l'étude d'une opération financière particulière de
la CTD qu'est la CUD. Mais, l'étude de cette opération
financière nécessite elle aussi que soient apportés des
éclaircissements quant à la nature de l'opération en
elle-même. De ce fait, avant de procéder à l'étude
des implications en terme de risque et de crédibilité de
l'emprunt obligataire de la CUD, il est important que l'on présente les
mécanismes de l'émission obligataire par une CTD telle que la
CUD.
Chapitre 2 : Les mécanismes de l'émission
obligataire municipale.
L'étude de l'environnement financier de la CUD ayant
été effectuée, il est dès lors possible de passer
à la présentation de l'émission obligataire qu'elle a eu
à effectuer en mars 2005 auprès du marché financier
camerounais. Etant donné que cette émission s'inscrit à la
fois dans un cadre théorique et institutionnel particulier, il est
nécessaire que soient d'abord présentés lesdits cadres
avant de procéder à la présentation de l'émission
sur laquelle repose cette étude. De ce fait, l'examen des fondements
théoriques de l'émission obligataire sur le marché
financier camerounais est l'objet de la première section de ce
chapitre ; elle est suivie de la présentation des
éléments constitutifs de l'émission réalisée
par la CUD.
I L'émission obligataire :
opportunité de financement par le marché financier.
Le marché financier camerounais a été
crée le 22 décembre 199961(*). Cet acte législatif représentait le
point de départ d'une série d'opérations
financières ayant toutes pour objectif le financement de
l'économie62(*). En
effet, le marché financier qui se définit comme étant un
marché sur lequel les instruments financiers ont une maturité
supérieure à un an63(*), est le lieu de la rencontre entre offre et demande
de capitaux à long terme au moyen de l'appel public à
l'épargne. Cette mise en relation directe des divers acteurs du
marché se traduit par l'échange de divers types de titres
à long terme, au rang desquels les titres de dette tels que les
obligations. Ce mécanisme financier s'inspire de fondements
économiques qu'il est nécessaire de comprendre avant de mener une
investigation concernant le fonctionnement de ce marché. Ainsi, ce
paragraphe se veut être le lieu de présentation tant des concepts
sous-tendant l'appel public à l'épargne fait par la CUD que de la
structure du marché financier camerounais et des opportunités de
financement qui s'y trouvent.
I.1 Fondements théoriques du financement par le
marché.
Le marché financier en tant qu'institution doit être
perçu comme relevant de schémas économiques précis
et visant l'atteinte d'objectifs tout autant précis. Il est donc
important de l'étudier tant dans ses origines théoriques
qu'à travers ses fonctions.
I.1.A Le
marché financier, canal de financement de l'économie.
L'étude des canaux de financement d'une économie
a été à la base de plusieurs travaux de recherche. Ces
études visaient tant la description des voies de financement disponibles
que leur catégorisation. Ainsi, les travaux de Gurley et Shaw
(1960)64(*) ont permis de
créer la distinction entre finance directe et finance indirecte.
En finance directe, la rencontre entre agents
non-financiers excédentaires et agents non-financiers
déficitaires est directe et sans intermédiaire. Les premiers
financent directement les seconds. Cet échange de fonds a pour
contrepartie l'échange de titres de la « dette
primaire ». Dans ce cas de figure, le système financier joue
un rôle d'intermédiaire financier différent d'une
activité d'intermédiation financière ou de bilan.
En finance indirecte, les
intermédiaires financiers mentionnés plus haut participent de
façon plus poussée au processus. Ils acquièrent
eux-même les titres émis par les agents déficitaires. En
contrepartie, ils peuvent eux-mêmes émettrent des titres pour
acquérir des fonds et se financer auprès des épargnants.
Ils interposent alors leurs bilans entre offreurs et demandeurs de capitaux.
C'est ici que l'on parle d'intermédiation financière.
Ces distinctions entre mécanismes de financement ont
permis a J. Hicks (1962)65(*) d'identifier deux types d'économies :
l'économie d'endettement et l'économie des marchés
financiers.
L'économie d'endettement est celle au
sein de laquelle le marché financier est très peu
développé. Dans ce type d'économie, la majorité des
financements s'effectuent à travers le système bancaire. Le
crédit bancaire étant à la base de ce système, les
banques se retrouvent donc fortement endettées auprès de la
banque centrale chez qui elles se refinancent. De ce fait, les taux
d'intérêt sur le marché ne sont pas le reflet de la
confrontation entre offre et demande de crédits, mais ils
résultent plutôt des objectifs de politique monétaire des
autorités. A ce sujet, Vernimmen (2001)66(*) note qu'une économie d'endettement n'est
supportable que dans un contexte inflationniste permettant aux entreprises
fortement endettées de ne payer que des taux d'intérêts
réels nuls ou négatifs et de rembourser leurs créances en
monnaie dévalorisée. Or, dans le cas du Cameroun reconnu comme
étant une économie d'endettement, il s'avère que le
coût du crédit est très élevé67(*). De plus, dans un
contexte de maîtrise de l'inflation (1% en 2005 contre 0.4% en
200468(*)), il est
évident que les entreprises seront exposées à des taux
d'intérêts réels très élevés. Cette
situation n'est pas de nature à faciliter le financement de
l'économie et la croissance.
Dans une économie de marchés
financiers, l'obtention de monnaie se fait grâce à la
vente d'actifs financiers sur le marché financier69(*). Dans ce cadre, les agents
excédentaires souscrivent et achètent des titres émis par
les agents déficitaires. Il peut s'agir d'acquisition d'actions,
d'obligations, de billets de trésorerie ou de certificats de
dépôt. Le rôle joué par les banques passe de
l'intermédiation à celui d'intermédiaire, il y a
désintermédiation. Dans ce cas, le taux d'intérêt du
marché est bien celui résultant de l'équilibre entre offre
et demande de capitaux sur le marché financier.
I.1.B Les fonctions
économiques du marché financier
Les précédents éléments
théoriques permettent de mieux comprendre le rôle de circuit de
financement de l'économie dévolu au marché financier. Mais
il ne s'agit pas de la seule fonction que l'on peut lui reconnaître.
Choinel et Rouyer identifient cinq principales fonctions économiques que
remplit le marché financier. Il est :
· Un circuit de financement de
l'économie ;
· Un moyen d'organiser la liquidité de
l'épargne investie à long terme ;
· Un instrument de mesure de la valeur des
actifs ;
· Un outil concourant à la mutation des structures
industrielles et commerciales ;
· Un lieu de négociation du risque.
L'examen de chacune de ces cinq fonctions est important car il
permettra de comprendre les raisons ayant poussé la CUD à
émettre son emprunt obligataire.
a) Un circuit de
financement de l'économie.
Le marché financier permet de canaliser une partie de
l'épargne vers le financement de l'économie réelle. En
effet, tant l'Etat que les entreprises privées ont besoin de moyens
financiers pour mettre en oeuvre leurs plans de croissance. Par le
marché financier, ces agents économiques peuvent ainsi trouver
lesdites ressources.
En ce qui concerne les entreprises, elles peuvent par
émission d'actions ou d'obligations renforcer leurs fonds propres ou
leurs capitaux permanents et ainsi mettre en oeuvre leurs politiques
d'investissement avec plus d'aisance facilitant ainsi le processus de
production.
Concernant l'Etat, celui-ci peut à la fois financer
son déficit budgétaire ou ses projets d'investissement par le
marché financier au moyen de l'émission d'obligations. C'est dans
cette optique que se situe l'emprunt émis par la CUD. En tant que
démembrement de l'Etat, elle se donne l'opportunité de
réaliser ses projets de développement de la ville de Douala
grâce aux fonds obtenus de l'émission obligataire.
b) L'organisation
de la liquidité de l'épargne investie à long terme.
Au coeur de cette fonction se trouve le concept de
liquidité. En effet, la liquidité d'un titre se définit
comme étant l'aptitude de ce titre à être transformé
en monnaie rapidement et sans perte de valeur70(*). Elle est couplée à la liquidité
du marché qui traduit la capacité de tous les intervenants sur
ledit marché à trouver une contrepartie à leurs
opérations. Le marché financier permet donc aux investisseurs de
s'assurer la mobilisation à tout instant de leur investissement à
long terme sans risque de perte.
c) La mesure de la
valeur des actifs.
Les techniques d'évaluation des entreprises sont
multiples, mais aucune d'elle ne jouit d'une reconnaissance aussi large que
celle basée sur les valeurs de marché. En effet, le marché
financier à travers son second compartiment qu'est la bourse donne une
estimation de la valeur d'une entreprise par le cours de son titre. Cette
information régulière est admise comme valable par une grande
partie de la communauté financière et elle permet ainsi de faire
de prévisions averties.
d) Concours
à la mutation des structures industrielles et commerciales.
Le marché financier joue un rôle clé dans
le processus de concentration. Les rapprochements d'entreprise s'effectuent
plus facilement sur le marché financier grâce aux
opérations d'offre publique d'achat, de vente ou d'échange. Ces
opérations donnent naissance à des conglomérats regroupant
des entreprises de divers secteurs.
e) La gestion du
risque.
Le marché financier offre aux investisseurs la
possibilité d'adopter plusieurs attitudes face au risque. Grâce
aux outils et produits financiers présents sur le marché, ils
peuvent se comporter en arbitragistes, spéculateurs ou ils peuvent
décider de se couvrir. La couverture implique la recherche d'une
protection contre le risque. La spéculation quant à elle se
caractérise par l'acceptation d'un risque en vue d'un gain futur. Enfin,
l'arbitrage se traduit par la recherche d'un bénéfice provenant
des imperfections pouvant exister entre différents marchés.
Le cas du marché financier camerounais est l'objet du
paragraphe suivant. Il est question de dépasser le cadre
général des marchés financiers pour rentrer dans la
structure de celui du Cameroun avec ses structures, ses acteurs et les
instruments qui peuvent y être négociés.
I.2 Le marché financier camerounais, structure
d'accueil d'une émission obligataire.
Le Cameroun, membre de la Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC), en marge du projet de bourse
sous-régionale de valeurs mobilières, a procédé
à la création d'une bourse nationale des valeurs
mobilières dénommée Douala Stock Exchange (DSX). Le DSX
est la composante secondaire du marché financier camerounais. En effet,
tout marché financier est segmenté en marché primaire et
marché secondaire.
Le marché primaire s'entend du compartiment du
marché financier dont la fonction est de drainer les capitaux à
long terme pour participer au financement de l'économie nationale ;
il s'agit du marché du « neuf »71(*). Ici peuvent être
émis soit des titres de dette tels que les obligations, soit des titres
d'associé tels que les actions.
Le marché secondaire est celui sur lequel se
négocient les titres déjà émis. Le marché
secondaire ne joue pas à proprement parler un rôle de financement
de l'économie ; il est beaucoup plus orienté vers
l'organisation de la liquidité de l'épargne investie.
Cette étude ne se consacre pas au suivi de
l'émission obligataire de la CUD sur le DSX, mais plutôt à
la réalisation de la levée de capitaux sur le marché
primaire. Toutefois, il est important de faire une brève
présentation de l'architecture du marché financier camerounais
afin que soient clairement comprise la procédure de lancement d'une
émission obligataire. Il est question ici d'étudier le rôle
de la commission des marchés financiers, celui du DSX et enfin celui des
prestataires de services d'investissement.
I.2.A La commission
des marchés financiers
La commission des marchés financiers (CMF) est le
gendarme de la bourse. Sur les places internationales, les structures
similaires sont la Commission des Opérations de Bourse pour
Euronext-Paris ou encore la Securities and Exchange Commission
à la New York Stock Exchange. La loi de création du marché
financier et le décret précisant l'organisation et le
fonctionnement de la CMF servent de fondements à la présentation
qui suit.
Organisme public indépendant doté de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière, la CMF est
chargée de la régulation, du contrôle, de la surveillance
et du bon fonctionnement du marché financier72(*). En plus de cela, elle assure
la protection de l'épargne investie en valeurs mobilières et dans
tous les autres placements donnant lieu à l'appel public à
l'épargne et elle s'occupe de l'information des investisseurs, du
contrôle des prestations de services d'investissement et du bon
fonctionnement de l'entreprise de marché. En vue d'atteindre ces
objectifs, la CMF doit s'acquitter des missions précises.
a) Les missions de
la CMF
La CMF est chargée :
· D'autoriser toute sollicitation de l'épargne
publique par émission, exposition et mise en vente de valeurs
mobilières et autres produits de placement ;
· D'habiliter et contrôler tous les intervenants
professionnels, notamment l'entreprise de marché et les prestataires de
services d'investissement. Ce pouvoir de contrôle s'étend en cas
de besoin à leurs actionnaires, sociétés-mères,
soeurs et filiales ou participations en vertu d'un droit de suite reconnu
à la commission ;
· De contrôler de manière permanente toutes
les informations périodiques ou évènementielles
postérieures au visa qu'il aura délivré et que les
entités faisant appel public à l'épargne devront
publier ;
· D'autoriser l'émission et le placement par appel
public à l'épargne de valeurs mobilières
étrangères et de nouveaux instruments financiers susceptibles
d'être négociés en bourse, ainsi que la création de
marchés nouveaux ;
· D'édicter des instructions
générales, décisions générales, circulaires
et avis qui précisent la portée de son règlement
général ou des décisions particulières pour
l'application des mesures individuelles ;
· D'instruire les plaintes de tout tiers
intéressé concernant les fautes, omissions ou manoeuvres
préjudiciables aux droits des épargnants et au fonctionnement
régulier du marché financier ;
· De sanctionner les comportements et actes qui entravent
le fonctionnement du marché et sont contraires aux intérêts
légitimes des épargnants ;
· S'assurer le règlement des différends
pouvant subvenir entre les intervenants du marché.
Au vu de ces missions, il est évident que la CMF est
l'organe principal du marché financier camerounais de par le pouvoir de
contrôle dont elle dispose et qui s'applique sur tous les autres acteurs
du marché. Ces missions se traduisent par l'existence du
Règlement Général de la CMF73(*) qui régit l'ensemble
des activités sur le marché et s'applique à tous les
intervenants.
L'accomplissement de ces missions requiert de ce fait que les
structures humaines et organisationnelles mises en place soient à la
hauteur de la tâche.
b) L'organisation
de la CMF
Deux principaux organes dirigent la CMF ; ils
sont assistés d'un secrétariat général. Il
s'agit du Collège des membres et du Président de la
commission.
Le Collège des membres est l'organe
délibérant de la CMF et à ce titre exerce les pleins
pouvoirs reconnus à la commission. Il est présidé par le
Président de la commission.
Nommé par décret du Président de la
République, le président de la commission est chargé de
représenter la commission dans tous les actes de la vie civile et en
justice. Il exerce en plus une autorité sur l'ensemble des services de
la commission et est l'ordonnateur principal du budget de la commission.
Le secrétariat général assiste le
Collège des membres dans l'accomplissement de ses missions. Il est
l'organe exécutif de la commission et comprend des services
administratifs et techniques spécialisés. Il a à sa
tête un secrétaire général nommé par le
Collège à la majorité de deux tiers en raison de ses
compétences économiques, financières et juridiques pour
une durée de trois ans renouvelable.
Il ressort de la précédente présentation
que la CMF est au centre des opérations d'appel public à
l'épargne telles que les émissions obligataires. Celles-ci
doivent avoir été autorisées par la CMF et le visa de
cette dernière sur la note d'information adressée aux
investisseurs traduit l'octroi de ladite autorisation.
Aux côtés de la CMF se trouvent l'entreprise de
marché et les prestataires de services d'investissement qui sont des
maillons essentiels de la chaîne du marché financier
camerounais.
I.2.B L'entreprise
de marché : le Douala Stock Exchange.
Le titre émis sur le marché primaire doit
pouvoir offrir des garanties de liquidité aux investisseurs. Cette
liquidité ne s'obtient que par admission à la cote du
marché boursier. Ainsi, la bourse est un ensemble complexe comprenant
plusieurs types d'intervenants chacun d'eux ayant des préoccupations
diverses. A ce propos, il est nécessaire que soient suivies de
façon minutieuse les opérations qui y sont
réalisées. Ceci nécessite une répartition des
tâches suivant le type d'opérations. Ainsi, au Cameroun,
l'entreprise de marché est constituée de trois niveaux : la
bourse, le dépositaire central et la banque de règlement.
En ce qui concerne l'activité de bourse des valeurs
mobilières, l'entreprise agréée à cet effet est
chargée du suivi des activités d'investissement et des
prestataires de services d'investissement, de la gestion du marché et de
la gestion des suspens.
Pour ce qui est des activités de dépositaire
central/banque de règlement, l'entreprise de marché se doit
d'assurer le suivi régulier des conservateurs, la gestion du cycle des
règlements-livraisons, la conservation des titres admis aux
opérations et la circulation scripturale desdits titres.
Il faut noter que dans le sens du règlement
général de la CMF définissant les attributions de
l'entreprise de marché, celle-ci est une entité unique
remplissant seule les activités sus-mentionnées. Mais pour
l'instant, dans le cas de la place de Douala, ces activités ont
été scindées en trois domaines séparés et
ont été dévolues à trois entités
distinctes :
· La DSX pour ce qui est des activités de bourse
des valeurs mobilières.
· La caisse autonome d'amortissement pour ce qui est de
l'activité de dépositaire central
· La société générale de
banques au Cameroun pour ce qui est de l'activité de banque de
règlement.
Ainsi, le marché boursier de Douala pour ce qui est de
son fonctionnement est un marché centralisé dirigé par les
ordres en ce sens qu'il dépend des donneurs d'ordres qui agissent par
l'intermédiaire des prestataires de services d'investissement. De ce
fait, les titres admis à la cote ne sont échangés qu'avec
le consentement de leurs propriétaires.
Le mode de cotation en vigueur sur ce marché est le
fixing qui conduit à la formation d'un prix de marché à la
suite de la concentration des ordres pendant une période donnée.
Il s'oppose à la cotation en continu qui implique un ajustement du prix
de marché à chaque nouvel enregistrement d'ordre boursier.
Il existe sur le DSX deux compartiments : la cote
officielle et le hors-cote. La cote officielle est réservée aux
sociétés qui répondent aux conditions définies par
la CMF. Le hors-cote est réservé aux titres non-officiels et aux
effets publics. Ainsi, dans le cas d'une admission à la cote des titres
CUD, ceux-ci devraient se négocier sur le hors-cote. Sur la cote
officielle, l'on doit aussi noter l'existence d'un premier et d'un second
marché qui se distinguent selon la qualité des titres qui y sont
négociés.
Il a été mentionné la présence des
prestataires de services d'investissement tout au long du processus, ceux-ci
jouent un rôle primordial dans le cadre du déroulement des
opérations sur le marché financier.
I.2.C Les
prestataires de services d'investissement (PSI).
La réalisation d'une opération d'appel public
à l'épargne nécessite qu'il soit fait un montage
financier, que soit préparée la note d'information, que soient
étudiés les états financiers et que bien d'autres
opérations techniques soient réalisées. Ceci
nécessite une certaine expertise financière qui dans le cadre du
marché financier camerounais est apportée par les prestataires de
services d'investissement. Ceux-ci sont des intermédiaires de bourse en
ce sens qu'ils s'occupent de :
· La réception et la transmission des
ordres ;
· L'exécution d'ordres pour le compte de
tiers ;
· La négociation pour compte propre ;
· La gestion de portefeuille pour le compte de
tiers ;
· La prise ferme ;
· Le placement ;
· La conservation ou l'administration des valeurs
mobilières.
Ces prestataires de services d'investissement sont ainsi
chargés du montage des opérations et de leur placement
auprès des investisseurs. Ils doivent être agrées par la
CMF. Au Cameroun, les PSI sont au nombre 5. I s'agit pour l'instant de banques
exerçant au Cameroun, mais dont les activités de PSI sont
distinctes de celles d'établissement de crédit. Mais à
terme, il devra s'agir d'établissements financiers dont
l'activité principale est celle de PSI.
Pour résumer ce propos sur l'architecture du
marché financier camerounais, l'on peut utiliser le schéma
suivant :
Figure 2-1 : Architecture du marché
financier camerounais.
Emetteurs
CMF
Prestataires de services d'investissement.
Dépositaire central/Banque de règlement
DSX
Investisseurs
Source : Construit par l'auteur.
Ces éléments relatifs au marché financier
camerounais permettent d'apprécier l'environnement au sein duquel se
déroule l'emprunt obligataire de la CUD. Mais, au delà de la
structure d'accueil, il est important de comprendre les modalités
d'obtention des financements au moyen d'une émission obligataire. La
section suivante est de ce fait destinée à présenter le
mécanisme d'émission d'un emprunt obligataire.
II Les
mécanismes d'une émission obligataire municipale.
Un titre obligataire municipal se définit comme
étant un titre représentatif d'une fraction d'un emprunt
émis par une collectivité locale ou par une entreprise dont
l'objet relève des missions de la puissance publique74(*). Par l'émission de tels
instruments, les municipalités peuvent obtenir des financements de long
terme de la part du marché. Cette préoccupation a
été à l'origine de l'émission obligataire
réalisée par CUD Finance S.A. pour le compte de la CUD. Mais, la
réalisation d'une telle opération implique une certaine
maîtrise des mécanismes d'émission et de gestion des titres
obligataires. A cet effet, cette section s'attèle à
présenter le processus de lancement d'une émission obligataire
à travers les intervenants dans ledit processus, la nature de leurs
relations et les caractéristiques tant financières que juridiques
du mécanisme.
II.1 Les acteurs de l'émission
obligataire
Le lancement d'une émission obligataire implique
l'existence d'une demande de financement exprimé par un agent
économique bien identifié ; celui-ci peut se faire
accompagner de plusieurs autres personnes et structures dont la présence
s'avère nécessaire tant de par la loi qu'en tant qu'appui au
succès de l'opération. Il est donc possible d'identifier ici
quatre principaux acteurs à savoir : l'émetteur,
l'emprunteur-garant, la banque présentatrice et les
établissements placeurs.
II.1.A L'émetteur
L'émetteur est la personne morale à l'origine de
l'opération d'appel public à l'épargne. Il peut s'agir
d'une personne morale de droit public tout comme d'une personne de droit
privé. Dans le cas de l'emprunt CUD Finance S.A., c'est effectivement
l'entreprise CUD Finance S.A. qui émet l'emprunt. Il s'agit d'une
société anonyme avec conseil d'administration au capital de cent
millions de francs CFA. Elle a été constituée le 15
novembre 2004. Elle émet la première tranche d'un programme
d'émission de 16 milliards de francs CFA. Cette première tranche
s'élève à 7 milliards de francs CFA75(*).
De prime abord, la nature de cette entité pourrait
susciter quelques confusions quant à sa relation avec la CUD, mais en
tant que personne morale de droit privé soumise à plusieurs types
de formalités, l'examen de ses statuts76(*) nous fait comprendre qu'effectivement il s'agit d'une
société créée par la CUD dans le but de
réaliser ses opérations de levée de fonds sur le
marché financier. En effet, elle a pour objet social exclusif
l'émission de titres obligataires en vertu du programme
d'émission décidé par le conseil de communauté en
vue du prêt du produit des émissions à la CUD. Elle
s'occupe également de toutes les opérations se rattachant
directement audit objet social. Ainsi, d'après les termes de la Note
d'opération relative à ce programme d'émission, la CUD
Finance S.A. est à la fois émetteur des obligations et
prêteur du produit des émissions. Le second volet de ce double
rôle découle de l'existence d'une Convention d'ouverture de
crédit entre CUD Finance S.A. et la CUD. Aux termes de cette convention,
CUD Finance S.A. s'engage à prêter à la CUD les montants
correspondant aux produits des émissions réalisées. De
cette convention découle donc l'objet social de CUD Finance S.A.
En plus de cet objet social clairement identifié,
l'actionnariat de CUD Finance S.A. est détenu majoritairement par la CUD
à 95%. Ce montage juridique qui permet à une collectivité
territoriale décentralisée de créer et d'utiliser une
société de droit privé s'explique par le contenu de
l'article 34 de la loi d'orientation de la décentralisation. Ce texte de
loi précise qu'il est possible pour les CTD de
« créer des établissements ou entreprises publics
locaux, conformément à la législation en vigueur
applicable aux établissements publics, aux entreprises ou aux
sociétés à participation publique et aux personnes morales
de droit privé bénéficiant du concours financier de la
puissance publique. »
La réalisation d'une émission par le truchement
de structures intermédiaires est monnaie courante dans le domaine des
émissions municipales. Daher (1997)77(*) note ainsi la mise sur pied et l'utilisation de
« fonds de développement municipaux » en tant que
canaux de transmission des fonds d'emprunt vers les
municipalités78(*).
Pour ce qui est de l'utilisation des entreprises privées, Choinel et
Rouyer (1999) présentent le cas du Crédit Local de France qui
après sa privatisation est devenu Dexia Bank et constitue aujourd'hui la
référence dans le domaine du financement des municipalités
et de leur accompagnement sur le marché financier en Europe.
Dans la relation qui lie CUD Finance S.A. à la CUD, la
seconde, en plus du bénéfice du produit des émissions,
elle est tenue d'agir en tant que garant des émissions
réalisées par la première.
II.1.B L'emprunteur-garant.
Le montage juridique et financier propre à
l'émission obligataire de CUD Finance S.A. fait ressortir l'existence
d'une distinction entre l'émetteur de l'emprunt et le
bénéficiaire du produit des émissions. En plus de la
rétrocession du produit des émissions de la part de CUD Finance
S.A., la CUD agit en plus comme garant des émissions
réalisées.
La garantie est un ensemble de moyens juridiques permettant de
garantir le créancier contre le risque d'insolvabilité du
débiteur79(*). A
Cet effet, le contrat de garantie entre CUD Finance S.A. et la CUD repose sur
plusieurs principes : la délégation, la domiciliation, les
encaissements, la rétention et l'imputation des paiements.
Tout d'abord, il existe une convention de
délégation entre la CUD et CUD Finance S.A. aux
termes de laquelle, la CUD délèguera à CUD Finance S.A.
les créances qu'elle détient sur le Trésor public, le
FEICOM et sur l'Etat à travers la Convention de traitement des dettes
croisées. Cette délégation induit l'ouverture d'un compte
de domiciliation des recettes sur lequel les débiteurs
susmentionnés payeront directement leurs créances.
En plus des créances
déléguées80(*), parmi les recettes éligibles au service de
l'emprunt de la CUD, il existe une créance de la CUD sur les grandes
entreprises81(*). Cette
créance fait l'objet d'une domiciliation sur le compte de domiciliation
des recettes ouvert au nom de CUD Finance S.A.
Pour ce qui est de l'encaissement des paiements dus par la CUD
à CUD Finance S.A., un compte d'encaissement est ouvert au nom de CUD
Finance S.A. afin de recevoir périodiquement les transferts des recettes
éligibles figurant au crédit du compte de domiciliation des
recettes. Ainsi, ces recettes feront l'objet d'une rétention
jusqu'à concurrence d'une somme représentant le remboursement en
principal et/ou intérêts de l'échéance la plus
proche du prêt entre CUD et CUD Finance S.A. Toutefois, il est
mentionné que les sommes disponibles sur le compte d'encaissement et
n'étant pas destinées à un remboursement prochain peuvent
être investies dans des investissements autorisés dont la nature
n'est toutefois pas précisée.
De la relation existant entre la CUD et CUD Finance S.A., l'on
note la présence de mécanismes financiers exigeant un suivi
minutieux et une certaine compétence. De même, étant
donné la diversité et la disparité géographique des
potentiels investisseurs, il est important que participent à ce
mécanisme des institutions financières habituées à
ce type d'activité.
II.1.C La banque présentatrice et les
établissements placeurs.
Au Cameroun, la prestation des services d'investissement est
tributaire de l'obtention d'un agrément délivré par la
commission des marchés financiers82(*). Pour ce qui est de l'emprunt obligataire émis
par CUD Finance S.A., en plus de la banque présentatrice PSI qu'est
Ecobank Cameroon S.A., Afriland First Bank S.A. a été
désignée en tant qu'établissement placeur. Ce montage est
propre aux syndicats bancaires. Ledit syndicat s'occupe
généralement du montage de l'opération, de la diffusion de
l'information, de la distribution des titres et de la garantie du
placement83(*). C'est
ainsi que chacune des banques dans le syndicat, suivant le rôle qui lui
est attribué peut prendre le nom d'arrangeuse, de chef de file, de chef
de file associé, de co-chef de file ou de co-manager.
Dans le cas de cet emprunt obligataire, le contrat de
placement est à la base de la relation entre les établissements
bancaires identifiés et l'émetteur. Il repose soit sur un contrat
de prise ferme entre l'émetteur et les placeurs, soit alors sur un
mandat de l'émetteur. Pour ce qui est du contrat de prise ferme,
étant donné l'absence de garantie quant à la
réussite de l'émission, l'émetteur peut demander à
une banque d'acquérir les titres, charge à elle de les replacer
auprès des investisseurs84(*). Par contre le mandat délivré par
l'émetteur à une banque lui permet d'agir en lieu et place de
l'émetteur lui-même pour ce qui est de la vente des titres
auprès du public.
En ce qui concerne les rôles de chacune de ces banques,
celui dévolu à la banque présentatrice est d'une
très variété. Tout d'abord, en tant que banque
présentatrice, elle joue le rôle de PSI auprès du
marché financier et du DSX. En plus de cela, lui sont attribuées
les tâches suivantes :
· Agent financier et agent de calcul : à ce
titre elle assure le service financier des titres.
· Banque agent : cette fonction implique la gestion
des comptes de l'émetteur et du compte de domiciliation des recettes
précédemment mentionné.
Une fois ces principaux acteurs de l'opération
présentés, il est possible de passer au titre obligataire
proprement dit afin d'obtenir une vue globale du processus
d'émission.
II.2 Caractéristiques du titre
obligataire CUD Finance.
Un titre obligataire est un titre de dette ; à ce
propos, il s'agit d'un titre négociable qui dans une même
émission confère les mêmes droits de créance pour
une même valeur nominale85(*). Tel que mentionné plus haut, la
particularité du titre CUD Finance est d'avoir été
émis par une entité relevant de l'autorité d'une
collectivité locale. De ce fait, ce titre revêt les
caractéristiques des titres obligataires municipaux. Une
présentation des particularités de ces titres obligataires
nécessite une approche à deux volets, le premier ayant trait aux
caractéristiques générales des titres de dette et le
second devant s'appesantir sur les titres offerts par les collectivités
locales.
II.2.A Caractéristiques générales des
titres obligataires.
Elles font référence à la valeur
nominale, aux prix d'émission et de souscription, aux modalités
d'amortissement du capital, à la durée de l'emprunt, aux
garanties assorties, aux dates de jouissance et de règlement, au taux
d'intérêt et à la périodicité des versements.
Les explications relatives à ces caractéristiques sont
adaptées des écrits de Pierre Vernimmen.
a. La valeur
nominale
Il s'agit de la valeur inscrite dans la note d'information, elle
sert de base au calcul des intérêts versés. Elle est encore
appelée valeur faciale. Pour ce qui est de l'obligation CUD Finance,
elle est de FCFA 1.000.000. En plus de cette valeur nominale, le nombre de
titres émis est d'une importance particulière pour la
détermination du montant total de l'emprunt émis. Ainsi le
produit de la valeur nominale d'un titre et du nombre total de titres permet
d'obtenir le montant total de l'emprunt. Etant donné qu'ont
été émis 7000 titres, il s'avère que le montant
total de l'emprunt est de FCFA 7.000.000.000 (sept milliards).
b. Prix
d'émission et de souscription
Le prix d'émission est le prix que paient les
souscripteurs à un emprunt obligataire. Il peut se situer au dessus ou
en dessous de la valeur nominale ceci pour des raisons de divergences entre
l'offre et la demande des titres. Ainsi, on parle d'émission au dessus
du pair pour un titre dont le prix d'émission est supérieur
à la valeur nominale. Dans le cas contraire, on parle d'émission
en dessous du pair. L'émission CUD Finance quant à elle, a
été effectuée au pair.
Le prix de souscription est quant à lui est le montant
total de la somme versée par le souscripteur. En effet, il peut arriver
qu'un souscripteur achète un titre après la période de
souscription, il devra ainsi payer non seulement le prix d'émission,
mais aussi la fraction courue du premier coupon entre la date de jouissance et
la date de règlement.
c. Les
modalités d'amortissement
L'amortissement d'un emprunt fait référence
à son remboursement. Il peut s'effectuer de trois principales
façons :
· Remboursement in
fine : Ici, il y a remboursement total du capital
emprunté à l'échéance.
· Remboursement par tranches : Dans
ce cas, à chaque période, l'emprunteur rembourse une proportion
constante du capital correspondant au rapport du capital sur la durée de
vie totale de l'emprunt.
· Remboursement par annuités
constantes : Dans ce cas, à chaque période, il est
alloué une somme constante pour le remboursement du capital et le
paiement des intérêts.
Dans le cas de l'emprunt CUD Finance, il a été
choisi l'amortissement constant correspondant à 12.5% de la valeur
nominale.
En plus de cette principale modalité d'amortissement,
il a été prévu un différé d'amortissement
sur 18 mois. Il s'agit en fait d'une période durant laquelle seuls sont
payés les intérêts sans aucun remboursement de capital.
d. La durée
de vie de l'emprunt
Il s'agit de la période séparant
l'émission d'un emprunt de son remboursement. Dans le cas de l'emprunt
CUD Finance, elle est de 5 ans. Ce concept est approprié pour les titres
s'amortissant in fine. Pour ce qui est des titres donnant lieu
à des remboursements périodiques, il est préférable
d'utiliser le concept de durée de vie moyenne. Ce
dernier correspond à la moyenne des durées de vie de chacune des
tranches de l'emprunt86(*).
i* (nombre de titres remboursés pendant la période
i)
Nombre total de titres à rembourser
Vie moyenne =
e. Les garanties
assorties aux titres
Les titres de dette émis étant sujets au risque
de défaut, ils peuvent faire l'objet d'un renforcement de leur
crédit au moyen de sûretés réelles ou personnelles.
Ainsi, il peut s'agir d'une garantie publique ou privée, d'un
nantissement, d'une hypothèque ou d'une caution.
Les titres CUD Finance sont assortis de la garantie à
première demande de la communauté urbaine de Douala. De plus, les
titulaires de titres disposent d'un gage sur les créances que
l'émetteur détient sur la CUD. Et, enfin, il existe un
nantissement des comptes bancaires de l'émetteur à leur
profit.
f. Les dates de
jouissance et de règlement
La date de jouissance est la date à partir de laquelle
les intérêts commencent à courir. Le décompte des
intérêts à payer aux obligataires s'effectue donc à
partir de la date de jouissance. Il faut noter que le décompte des jours
dans le cas de cet emprunt inclut le premier jour de la période et
exclut le dernier jour de la période. De plus, le calcul des coupons est
effectué sur la base de 360 jours par an87(*).
La date de règlement par contre correspond au jour
où les prêteurs versent les fonds prêtés. Ces deux
dates peuvent coïncider ou pas. Pour ce qui est de l'emprunt CUD Finance,
la date de règlement est le 26 avril 2005. Concernant les dates de
règlement, elles dépendent de chacun des investisseurs ayant
souscrit à cet emprunt.
g. Le taux
d'intérêt
Encore appelé taux facial, taux nominal ou taux du
coupon, il s'agit du taux permettant de calculer les intérêts
à payer aux détenteurs de titres. Le coupon est de ce fait le
résultat du produit de la valeur nominale, du taux nominal et de la
période.
Coupon = valeur nominale * taux facial * période
Ce coupon est la rémunération des
prêteurs. Elle est due quelle que soit la situation financière de
l'emprunteur. Il s'agit d'un droit de l'obligataire. Pour ce qui est de
l'emprunt CUD Finance, le taux d'intérêt nominal est de 8.25%.
h. La
périodicité
Elle correspond à la fréquence de versement des
intérêts. Elle peut être annuelle, semestrielle ou
mensuelle. De plus, certains emprunts peuvent ne pas donner lieu à des
paiements périodiques, ils sont qualifiés d'emprunt à
coupon zéro. Les intérêts sur l'emprunt
CUD Finance sont payés selon une périodicité semestrielle.
De plus, ils sont payés à l'issue de la période et
prennent ainsi le qualificatif d'intérêts post-comptés
contrairement aux intérêts pré-comptés qui sont
payés en début de période.
Au moyen de l'utilisation de toutes ces
caractéristiques générales, il est possible de dresser le
tableau d'amortissement de l'emprunt CUD Finance. Ce tableau d'amortissement
permet de se rendre compte de la charge financière que devra supporter
CUD Finance tout au long de la durée de vie de l'emprunt.
Tableau 2.1 : Tableau d'amortissement de
l'emprunt CUD Finance
Période
|
Capital restant dû
|
Amortissement du principal
|
Intérêts payés (8,25% par an)
|
Semestrialité
|
1
|
7 000 000 000
|
0
|
288 750 000
|
288 750 000
|
2
|
7 000 000 000
|
0
|
288 750 000
|
288 750 000
|
3
|
7 000 000 000
|
875 000 000
|
288 750 000
|
1 163 750 000
|
4
|
6 125 000 000
|
875 000 000
|
252 656 250
|
1 127 656 250
|
5
|
5 250 000 000
|
875 000 000
|
216 562 500
|
1 091 562 500
|
6
|
4 375 000 000
|
875 000 000
|
180 468 750
|
1 055 468 750
|
7
|
3 500 000 000
|
875 000 000
|
144 375 000
|
1 019 375 000
|
8
|
2 625 000 000
|
875 000 000
|
108 281 250
|
983 281 250
|
9
|
1 750 000 000
|
875 000 000
|
72 187 500
|
947 187 500
|
10
|
875 000 000
|
875 000 000
|
36 093 750
|
911 093 750
|
Source : Construit par l'auteur sur la base de
données fournies par CUD Finance S.A.
Il s'avère que CUD Finance S.A. devra supporter une
charge financière ayant l'allure d'une courbe en cloche avec le maximum
se situant aux deuxième et troisième années. Il est donc
important que la CUD durant ces périodes puisse disposer de ressources
permettant l'approvisionnement des comptes d'encaissement, de domiciliation et
de réserves à concurrence des montants requis.
Au delà de ces éléments
généraux relatifs à l'obligation CUD Finance, il est
important d'apporter quelques éléments d'étude relatifs
à sa nature de titre émis par une entité locale.
II.2.B Caractéristiques particulières des
titres obligataires municipaux.
L'émission de titres obligataires en tant que moyen
d'acquisition de fonds au moindre coût s'explique par la réussite
du marché obligataire municipal américain. Celui-ci est
considéré comme le plus grand au monde avec plus de 1200
milliards de dollars US de titres émis88(*). De ce fait c'est au moyen de l'exemple de ce
marché que peuvent être présentées les
caractéristiques des titres obligataires municipaux ceci dans le but
d'en avoir un aperçu des plus globaux. Il est donc question
d'étudier le statut fiscal de ces titres, les différentes formes
en ce qui concerne la base de remboursement et enfin les garanties qui leur
sont assorties.
a) Le statut fiscal des titres
obligataires municipaux.
L'ampleur des émissions sur le marché
américain provient principalement du fait du succès de ces titres
auprès des investisseurs individuels. Ceux-ci sont attirés par
l'exonération des revenus sous forme d'intérêts
tirés de la détention de ces titres vis-à-vis de
l'impôt sur le revenu tant à l'échelle locale et des Etats
fédérés qu'au niveau de l'Etat
fédéral89(*). De plus, ces trois exonérations peuvent
s'appliquer lorsque l'investisseur acquérant le titre obligataire
réside dans la localité à l'origine de l'émission.
Cette exonération d'impôts sur le revenu est à l'avantage
tant des investisseurs que de la collectivité les émettant. En
effet, attirés par les exonérations, les investisseurs seront
moins exigeants quant au taux d'intérêt nominal qui leur est
offert90(*).
Pour ce qui est des titres offerts par CUD Finance S.A., la
fiscalité applicable aux produits de ces titres et aux gains de cession
desdits titres dépend de la nature du détenteur et de son lieu de
résidence.
En ce qui concerne les produits des titres obligataires et les
primes d'émission, les personnes physiques et morales (soumises à
l'impôt sur les sociétés) fiscalement domiciliées au
Cameroun, ces produits sont soumis à l'impôt sur le revenu des
capitaux mobiliers au taux de 16.5%. Les non-résidents quant à
eux sont exonérés de tout impôt.
En ce qui concerne les gains sur cession des titres, les
personnes physiques résidentes voient leurs plus-values de moins de FCFA
500 000 être exonérées de tout impôt, par contre les
personnes morales sont imposées au taux de 38.5%. Les
non-résidents quant à eux sont une fois de plus
exonérés d'impôt.
b) Remboursement des obligations et
types de titres.
L'émission réalisée par CUD Finance S.A.
émane d'une structure secondaire de la CUD. En effet, il a
été mentionné plus haut que les titres obligataires
municipaux peuvent être émis tant par des entités dont la
nature relève des principes de la décentralisation territoriale
telles que les communes ou les régions et leurs démembrements ou
encore par des entités tirant leur existence de l'application des
principes de décentralisation par service tels que les
universités ou hôpitaux. De ce fait, le remboursement des titres
émis peut être assis soit sur la capacité fiscale de
l'émetteur, soit sur les revenus tirés de l'exploitation du
service public par ledit émetteur. Dans le premier cas l'on parle
d'obligations générales et dans le second cas l'on parle
d'obligation-revenus91(*).
Faerber (1999) définit les obligations
générales comme étant des titres obligataires émis
par les Etats fédérés, les comptés, les villes, les
établissements scolaires et qui sont garantis par les revenus fiscaux de
l'entité émettrice. Les intérêts payés et les
remboursements effectués provenant de la capacité de
l'émetteur de lever de nouvelles taxes et de nouveaux impôts.
Les obligations-revenus quant à elles sont
émises par des entreprises à vocation publiques telles que les
universités, les hôpitaux, les aéroports et dont le
paiement des intérêts et le remboursement s'effectuent sur la base
des revenus tirés de l'exploitation de ces entreprises ou des projets
mis en oeuvre grâce aux fonds collectés.
De ces définitions, il apparaît que les titres
émis par CUD Finance S.A. sont des obligations générales.
En effet, tout d'abord, les fonds tirés de leur émission sont
destinés au financement des dépenses de fonctionnement de la
ville de Douala92(*). De
plus, étant donné que les fonds destinés au service de la
dette proviennent de créances fiscales et de prévisions fiscales
de la CUD, il est clair que ces titres revêtent tous les avantages et
risques des obligations générales. Cette notion de risque conduit
au dernier élément relatif à la nature particulière
des titres obligataires municipaux à savoir les garanties.
c) Les mécanismes de garantie des
titres obligataires municipaux.
L'examen du marché américain permet de se
rendre compte de l'existence d'une multitude d'instruments de renforcement du
crédit d'un titre obligataire municipal. Il est possible d'identifier
ici deux principales méthodes : l'assurance et les lettres de
crédit.
L'assurance des obligations municipales consiste en un
engagement d'un assureur de payer les intérêts et le principal en
cas de défaillance de l'émetteur. Cette assurance garantit au
détenteur du titre une couverture contre le risque
d'insolvabilité de l'émetteur.
Pour ce qui est des lettres de crédit, elles sont
accordées par les banques ou des compagnies d'assurance ; elles
obligent le banquier à accorder un crédit à
l'émetteur qui ferait face à des difficultés
financières concernant le paiement des intérêts et du
principal d'un titre obligataire. Elles varient suivant le degré de
l'engagement du banquier.
Pour ce qui est de l'emprunt obligataire de CUD Finance S.A.,
il ne bénéficie d'aucune de ces garanties.
Malgré la présence de la garantie de la CUD, il
se peut donc qu'il persiste un certain niveau de risque quant à la
détention du titre CUD Finance S.A. L'examen de la nature de ce risque
et sa comparaison au niveau de rentabilité qu'il dégage sont
d'une importance capitale dans le processus de compréhension de ce
mécanisme de financement.
DEUXIEME
PARTIE
Chapitre III :
Rentabilité de l'emprunt obligataire et déterminants du risque de
défaut.
Au delà de la présentation du mécanisme
d'émission obligataire par une collectivité territoriale et des
particularités de cette opération de financement, il semble
judicieux de mener une analyse des facteurs pouvant influencer la demande de
ces titres financiers.
A ce titre, les investisseurs, potentiels souscripteurs de
titres obligataires sont attirés par un niveau de
rémunération correspondant à leurs anticipations et par
une appréciation objective des risques relatifs à cette
opération. Parmi ces risques figurent le risque de défaut qui,
comme le souligne Dalmaz (1995)93(*) se conçoit dans le sens de la détection
de l'existence d'une situation critique de crise nécessitant à
court, moyen ou long terme un moratoire, un rééchelonnement ou un
abandon de la créance.
Ce chapitre se veut être tout d'abord, le cadre
d'analyse du niveau de rémunération offert aux souscripteurs du
titre CUD Finance S.A.
De plus, il est question ici, de procéder à un
exercice de détection du risque de défaut de l'emprunt CUD
Finance. Cet exercice relève des principes d'analyse financière
et il s'appuie sur les données contenues dans les comptes administratifs
de la CUD. En complément à cet exercice d'analyse
financière, il est important d'évaluer quelques
éléments relatifs au montage juridique et à
l'environnement socio-économique de cet emprunt. En effet, tel que le
montrent les récents effets du cyclone Katrina94(*) sur le prix des titres
obligataires émis par les collectivités locales de Floride et du
Mississipi, il est nécessaire de prendre en compte tous les
éléments pouvant influencer le comportement d'un titre
obligataire sur le marché boursier.
I Rendement d'un investissement obligataire.
Le taux d'intérêt nominal offert aux
investisseurs peut se révéler comme étant un indicateur
plus ou moins significatif du niveau de rendement d'un investissement dans un
titre obligataire. Ceci est dû aux décalages pouvant exister entre
les dates de règlement et de jouissance, à l'existence de primes
d'émission ou de remboursement, aux modalités d'amortissement et
à la périodicité95(*). De cette constatation, il a été mis
sur pied un instrument de mesure du niveau de rendement de l'investissement
obligataire à savoir le taux de rendement actuariel.
Ritter et al (2000)96(*) définit le taux de rendement actuariel comme
étant le taux d'intérêt qui permet de réaliser
l'égalité entre la valeur actuelle de toutes les rentrées
futures de fonds tirées de la détention d'un actif financier et
le prix d'achat dudit actif financier.
La notion de valeur actuelle d'un titre financier dont il est
question ici fait référence au résultat de l'actualisation
des différents flux de trésorerie que génère ledit
titre97(*).
L'actualisation étant une technique permettant de déterminer
la valeur d'aujourd'hui de flux qui seront payés ou reçus dans le
futur. Elle s'effectue au moyen de l'utilisation d'un taux d'actualisation qui
représente pour un investisseur le coût d'opportunité de
l'investissement réalisé. Ainsi, l'investisseur renonce à
plusieurs alternatives d'investissement pour se consacrer l'une d'entre elles.
Pour cela, il doit lui être garanti un minimum de
rémunération. Ce minimum de rémunération est le
taux de rendement actuariel recherché. Si ce dernier ne correspond pas
aux attentes de l'investisseur, celui-ci renoncera à cette
opportunité d'investissement.
Mathématiquement, cette opération se traduit
ainsi :
Prix d'émission du titre = Somme de flux
actualisés reçus de la détention du titre financier
Soient :
PE : prix d'émission
Fi : Flux de trésorerie de la
période i
Ytm : Taux de rendement actuariel (yield to
maturity)
n : le nombre de périodes
Fi
n
(1 + ytm)i
i =1
PE = ( )
La détermination des flux de trésorerie obtenus
de la détention du titre CUD Finance S.A. nécessite qu'il soit
construit un diagramme de flux. Ce dernier se fonde sur le tableau 3.1 suivant
relatif aux flux de trésorerie engendrés par la détention
de titres CUD Finance S.A.
Tableau 3.1 : Flux de trésorerie
engendrés par la détention du titre CUD Finance S.A.
Période
|
Intérêts reçus
|
Remboursement du principal
|
Flux de période
|
0
|
0
|
0
|
-1 000 000
|
1
|
41 250
|
0
|
41 250
|
2
|
41 250
|
0
|
41 250
|
3
|
41 250
|
125 000
|
166 250
|
4
|
36 094
|
125 000
|
161 094
|
5
|
30 938
|
125 000
|
155 938
|
6
|
25 781
|
125 000
|
150 781
|
7
|
20 625
|
125 000
|
145 625
|
8
|
15 469
|
125 000
|
140 469
|
9
|
10 313
|
125 000
|
135 313
|
10
|
5 156
|
125 000
|
130 156
|
Source : construction de l'auteur sur la base de
données fournies par CUD Finance S.A.
De ce tableau, il apparaît que les mouvements de
trésorerie relatifs à cet investissement obligataire sont les
suivants :
Figure 3.1 : Diagramme des flux de
trésorerie pour l'investissement en obligations CUD Finance
S.A.
Source : Construction de l'auteur sur la base de données
fournies par CUD Finance S.A.
Ainsi, le taux de rendement actuariel découle de
l'actualisation des flux obtenus. Ce taux est donc de 4.125%.
L'analyse de ce niveau de rémunération en
comparaison aux autres alternatives d'investissement représentées
par le taux créditeur minimum de la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale (BEAC) peut permettre de tirer quelques conclusions quant à
l'opportunité de cet investissement. En effet, le taux créditeur
minimum dans la zone CEMAC est passé de 5% à 4.75% le 13
septembre 2005 par décision du Gouverneur de la BEAC98(*). Cette différence de
0.625% permet de relever l'infériorité du niveau de
rémunération offert par l'investissement en obligations CUD en
comparaison au minimum garanti sur les placements bancaires.
II Déterminants du risque de
défaut de l'emprunt obligataire CUD Finance S.A.
L'appréciation du risque de défaut relatif
à une émission obligataire relève de l'évaluation
de la solvabilité de l'émetteur. Dans le cas présent,
étant donnée l'absence d'états financiers certifiés
et publiés par CUD Finance S.A. et au vu du lien juridique existant
entre CUD Finance S.A. et la CUD, il s'avère que l'étude de ce
niveau de solvabilité doive porter sur la CUD.
Pour ce faire, un exercice d'analyse financière
normatif et en tendance est un premier pas vers la perception dudit risque de
défaut. Mais il est tout autant important de faire recours à des
données beaucoup moins quantitatives relatives à l'environnement
juridique de cette opération. Ces données qualitatives
permettront de confirmer ou d'infirmer les conclusions préliminaires
tirées grâce à l'exercice d'analyse financière.
II.1 Les composantes financières du risque de
défaut de l'emprunt obligataire.
Les comptes administratifs de la CUD99(*) pour les exercices 1999/2000,
2000/2001, 2001/2002, 2002 (exercice transitoire) et 2003 servent de
matière première à la conduite de cet exercice d'analyse
des aspects financiers du risque de défaut.
Le procédé d'analyse utilisé ici est
tiré de la grille de ratios proposée par Mattet (1993)100(*) et Serve (2002). Ce
procédé implique le calcul de seize (16) ratios à partir
des rubriques du compte administratif de la collectivité locale.
Tableau 3.2 : Tableau récapitulatif des
ratios d'analyse financière locale.
Numéro du ratio
|
Numérateur
|
Dénominateur
|
Structure et flexibilité des recettes
courantes
|
1
|
Recettes propres
|
Recettes courantes
|
2
|
Recettes fiscales
|
recettes courantes
|
3
|
Recettes courantes
|
recettes totales
|
Epargne de gestion et évolution de ses
composantes
|
4
|
Recettes courantes (n) - Recettes courantes (n-1)
|
Recettes courantes (n-1)
|
5
|
Dépenses de fonctionnement et des exercices
antérieurs (n) - dépenses de fonctionnement et des exercices
antérieurs (n-1)
|
Dépenses de fonctionnement et des exercices
antérieurs (n -1)
|
6
|
Epargne de gestion
|
Recettes courantes
|
Dynamisme de la politique d'investissement
|
7
|
Dépenses d'investissement (hors remboursement
dettes)
|
Dépenses totales
|
Niveau d'autonomie financière
|
8
|
Epargne de gestion+recettes d'investissement (hors emprunt)
|
dépenses d'investissement hors remboursement dettes
|
Niveau d'endettement
|
9
|
Dette à long terme
|
Epargne brute
|
10
|
Epargne de gestion
|
Intérêts de la dette
|
11
|
Dette
|
Recettes courantes
|
Source : Serve, S., Le recours au
financement désintermédié par une collectivité
locale et l'évaluation de la prime de risque obligataire : le cas
de la ville de Marseille, Finance Contrôle Stratégie Vol. 5
N°2, juin 2002, P.107-142
Il est donc question de passer au calcul desdits ratios et de
proposer des appréciations relatives à leur comportement durant
les cinq années d'analyse. En effet, l'analyse en tendance consiste
à étudier le passé pour diagnostiquer le présent et
prévoir le futur. Toutefois, il faut noter que parmi les ratios
susmentionnés, certains ne sont pas applicables au cas de la CUD. Ceci
est dû à l'absence de certaines opérations dans le cadre de
la politique de gestion financière de cette entité.
II.1.A Ratios de
structure et flexibilité des recettes courantes
Ces ratios ont pour objectif de décomposer les recettes
courantes afin d'identifier la part des composantes stables et de celles sur
lesquelles la collectivité a le plus d'emprise. De ce fait une part
importante de recettes propres comparativement aux recettes fiscales est un
signe de bonne santé financière et d'autonomie dans la gestion.
De même, un volume important de recettes courantes comparativement aux
recettes totales indique une certaine marge de prévision dans le cadre
de la gestion financière.
Tableau 3.3 : Ratios de structure et
flexibilité des recettes courantes
Ratio
|
Exercice
|
|
1999/2000
|
2000/2001
|
2001/2002
|
2002
|
2003
|
Recettes propres/recettes courantes
|
27,87%
|
13,09%
|
18,79%
|
20,35%
|
11,23%
|
Recettes fiscales/recettes courantes
|
72,13%
|
86,91%
|
81,21%
|
79,65%
|
88,77%
|
Recettes courantes/Recettes totales
|
74,02%
|
65,30%
|
40,11%
|
53,85%
|
80,09%
|
Source : Construction de l'auteur sur la base des comptes
administratifs CUD
Ce tableau nous fait constater que les recettes propres
constituent en moyenne 18.27% des recettes totales. Ceci veut dire que la CUD
dépend à plus de 70% des recettes dont le recouvrement incombe
à l'Etat. Sa santé financière est de ce fait
profondément tributaire du fonctionnement exemplaire des institutions
étatiques et d'un minimum de volonté politique. Cette situation
de dépendance aurait pu être atténuée par un certain
degré de similitude en ce qui concerne l'évolution des recettes
propres et celles des recettes courantes. Mais la figure 3.2 démontre
bien que les recettes propres ne suivent pas l'évolution des recettes
courantes. Ceci se traduit par un coefficient de corrélation de 21.13%
entre recettes courantes et recettes propres.
Figure 3.2 : Evolution des recettes courantes et
des recettes propres
![](enjeux-emission-obligataire-collectivites-territoriales-douala3.png)
Source : Construction de l'auteur sur la base des comptes
administratifs CUD
Il s'avère tout de même que l'essentiel des
ressources de la CUD est fait de recettes courantes dont le caractère
relativement stable par rapport aux recettes d'investissement permet de
préjuger d'une certaine stabilité dans le cadre de la gestion.
Mais, cette faiblesse de recettes d'investissement traduit aussi la
réduction de la marge de manoeuvre de la CUD en terme de programme
d'investissements.
II.1.B Ratios de
l'épargne de gestion et d'évolution de ses composantes
L'épargne de gestion est le résultat de la
différence entre recettes courantes et dépenses courantes. Une
augmentation de son volume est synonyme de possibilité d'investissement
futur pour la CUD. De plus, il est important de noter l'évolution de ses
diverses composantes que sont les dépenses courantes et les recettes
courantes.
Tableau 3.4 : Ratios d'épargne de gestion
Ratio
|
1999/2000
|
2000/2001
|
2001/2002
|
2002
|
2003
|
Taux de croissance des recettes courantes
|
0,00%
|
18,83%
|
-0,93%
|
-9,72%
|
111,49%
|
Taux de croissance des dépenses courantes
|
0,00%
|
27,13%
|
70,75%
|
-36,94%
|
-36,04%
|
Epargne de gestion /Recettes courantes
|
-11,17%
|
-18,94%
|
-105,00%
|
-43,19%
|
143,30%
|
Source : Construit par l'auteur sur la base des comptes
administratifs CUD
Ce tableau nous montre que l'épargne de gestion a
été négative durant les quatre premières
années d'analyse. Ceci veut dire que les activités de
fonctionnement n'ont dégagé aucun solde positif, au contraire,
ces activités ont réduit la marge d'investissement de la CUD par
des prélèvements sur les recettes d'investissement. Il faut tout
de même noter que les excellents résultats de l'exercice 2003 sont
dus au fait que l'exercice transitoire 2002 n'a couvert qu'une période
de 6 mois ceci en raison de l'arrimage de l'année budgétaire
à l'année civile. Ces différents éléments
nous font tout de même noter une évolution au fil des
années dans la gestion des activités de fonctionnement de la CUD
avec un souci de réduction des dépenses et d'augmentation des
recettes.
II.1.C Dynamisme de
la politique d'investissement
La politique d'investissement d'une entité se doit
d'être adaptée aux ambitions de ladite entité. En plus
d'une politique de maintien des activités à leur niveau actuel,
il est important de penser à l'aménagement de nouvelles
infrastructures. De ce fait la CUD doit pouvoir disposer des ressources
nécessaires à cet investissement et en plus, elle doit en faire
un volet important de ses dépenses.
Tableau 3.5 : Ratio de dynamisme de la politique
d'investissement
Ratio
|
1999/2000
|
2000/2001
|
2001/2002
|
2002
|
2003
|
Dépenses d'investissement hors remboursement
dettes/Dépenses totales
|
17,70%
|
16,89%
|
10,08%
|
9,85%
|
64,77%
|
Source : Construit par l'auteur sur la base des comptes
administratifs CUD
L'on constate une certaine constance dans la politique
d'investissement au cours des premiers exercices, puis celle-ci chute de
quelques points, pour connaître une sorte de boom au cours de l'exercice
2003. Effectivement, cette analyse du degré de dynamisme de la politique
d'investissement nous fait nous rendre compte de la relance des
activités de la CUD à partir de l'exercice 2003. Il y a donc fort
à parier que la santé financière de la CUD va en
s'améliorant.
II.1.D Ratios
d'autonomie
Ces ratios permettent d'évaluer le degré
d'indépendance de la CUD vis à vis de l'emprunt. Ils permettent
d'estimer le potentiel d'autofinancement de la CUD.
Tableau 3.6 : Ratios d'autonomie
financière
Ratios
|
1999/2000
|
2000/2001
|
2001/2002
|
2002
|
2003
|
Epargne disponible/Dépenses d'investissement (hors
remboursement dettes
|
-46,71%
|
-78,36%
|
-456,69%
|
-276,17%
|
71,21%
|
Epargne de gestion +Recettes d'investissement/Dépenses
d'investissement
|
100,02%
|
141,57%
|
192,79%
|
271,80%
|
102,43%
|
Source : Construit par l'auteur sur la base des comptes
administratifs CUD
Ce tableau confirme les premières conclusions selon
lesquelles durant les quatre premier exercices d'étude, l'épargne
de gestion dégagée était insuffisante en comparaison aux
besoins de la CUD. De ce fait, il était impossible de s'y appuyer pour
envisager une politique d'investissement autonome.
Toutefois, avec l'apport des recettes d'investissement, l'on
se rend compte que les dépenses d'investissement sont totalement
couvertes et il existe même des surplus. C'est dire que la CUD gagnerait
à asseoir une politique de stabilisation de ses recettes
d'investissement.
Pour ce qui est des ratios d'endettement, étant
donnée l'absence de données relatives à la dette de la
CUD, il est impossible dans l'étude de procéder au calcul et
à l'interprétation de ces ratios.
Enfin, toujours sur le plan financier, il faut remarquer la
nature du projet destiné à être financé avec les
fonds obtenus de cette émission obligataire. Les règles
d'orthodoxie financière insistent sur le fait que les financements de
long terme servent pour des projets de long terme. Or il est reconnu que les
dépenses de fonctionnement diffèrent des dépenses
d'investissement par le terme de chacune d'elles. Les premières
étant de durée plus courtes que les secondes. De ce fait,
lorsqu'il est mentionné dans la note d'information de cet emprunt
obligataire que les fonds obtenus seront utilisés à des fins de
fonctionnement et dans le cadre du programme d'entretien et
réhabilitation des voiries de la ville de Douala, il est possible de se
poser quelques questions concernant l'adéquation projet-financement.
II.2 Les composantes juridiques du risque de défaut
de l'emprunt obligataire CUD Finance S.A.
L'examen du risque de défaut dans le cadre de l'emprunt
CUD Finance S.A. ne peut pas se limiter à une analyse des
caractéristiques financières des principaux acteurs. Etant
donné les mécanismes juridiques mis en place, il est primordial
d'étudier leurs fondements afin de déceler les éventuels
écueils pouvant être à l'origine d'une situation de
défaillance de la part de l'emprunteur et par ricochet celui de
l'émetteur des titres. Cette évaluation des composantes
juridiques du risque de défaut s'effectue à travers l'analyse des
éléments relatifs à l'émetteur du titre tout
d'abord, puis à celle des éléments relatifs à la
relation entre l'émetteur et la CUD et enfin, à travers les
relations entre la CUD et l'Etat.
II.2.A Les risques
propres à l'émetteur.
En première instance, la CUD Finance S.A.,
émetteur des titres obligataires proposés aux souscripteurs, est
une entité de droit privé. De ce fait en tant que tel, elle se
doit de respecter les règles relatives à l'appel public à
l'épargne telles que mentionnées dans l'article de l'Acte
Uniforme OHADA portant droit des sociétés commerciales et des
groupements d'intérêt économique. Elle doit revêtir
la forme sociétaire, plus précisément le modèle de
société anonyme et doit être dotée d'un capital
social d'au moins 100 millions de FCFA. Toutes ces règles ont
été respectées. Mais étant donné, l'objectif
de cotation des titres au DSX, il aurait été nécessaire
que CUD Finance présente ses états financiers certifiés
des trois derniers exercices ; or cette entité n'a
été constituée que le 15 novembre 2004, ce qui lui fait
moins d'un an d'existence à la date d'émission des titres. Cet
élément n'est pas pour renforcer le crédit de
l'opération au sein de la communauté financière.
Dans la même logique, cette émission obligataire
a vu son lancement être freiné par la commission des
marchés financiers101(*). Ledit communiqué faisait état de
manquements aux règles de la commission en matière de
publicité et de conformité des informations. En effet, en plus de
la non-soumission des informations à publier au contrôle de la
commission des marchés financiers, il s'est avéré qu'en
première instance, la CUD et CUD Finance S.A. n'avaient pas fait recours
aux services d'un prestataire de services d'investissements agrée par la
commission des marchés financiers. De tels manquements et un tel rappel
à l'ordre de la commission des marchés financiers sont de nature
à susciter la méfiance des investisseurs face à ce
programme d'émission.
II.2.B Les risques
relatifs à la relation CUD Finance S.A. et la CUD
Tel que mentionné plus haut, CUD Finance S.A. a pour
objet social exclusif l'émission de titres obligataires dans l'optique
d'un prêt de ces fonds à la CUD qui détient 95% de ses
actions. Il existe donc une multitude de liens juridiques entre CUD Finance
S.A. et la CUD. Ces liens de droit sont à la base du mécanisme,
d'éventuelles défaillances dans leur conception ou leur
exécution seraient de nature à accentuer le risque
d'insolvabilité inhérent à cette émission. De ce
fait, c'est au travers de son rôle de garant de l'emprunt et
générateur des recettes éligibles au remboursement des
titres que la CUD représente un élément de risque pour la
conduite de l'opération.
a) La garantie des titres
Tout d'abord, la garantie à première demande
octroyée par la CUD à CUD Finance S.A. implique que le garant
s'engage à verser telle somme d'argent au bénéficiaire
à la première réquisition de ce dernier, sans contestation
pour quelque motif que ce soit. Cette garantie oblige effectivement la CUD
à faire face aux besoins financiers de CUD Finance S.A ceci constitue
un point positif dans le montage juridique.
En sus de cette garantie à première demande, il
existe des contrats de gage et de nantissement au profit des titulaires de
titres. Le contrat de gage dont il est question prévoit un
surdimensionnement des garanties que sont les créances
déléguées et les créances non
déléguées à hauteur de 150% puis 120% de l'encours
des titres émis. De plus CUD Finance S.A. transfère aux
titulaires des titres ses droits sur les recettes éligibles
transférées du compte de domiciliation des recettes au compte
d'encaissement. Les sommes figurant au crédit du compte d'encaissement
feront ainsi l'objet d'une rétention sur ledit compte jusqu'à
l'accumulation d'une somme représentant le remboursement en principal
et/ou intérêts de la plus prochaine échéance du
prêt concerné.
En ce qui concerne le nantissement, les soldes des comptes
d'encaissement, du produit des émissions et de réserve sont
nantis au profit des titulaires de titres.
b) La garantie des prêts
Il s'agit d'un autre élément positif dans le
cadre de ce mécanisme juridique. En effet, les conventions d'ouverture
de crédit, de délégation, de domiciliation d'encaissement
et de rétention sont autant d'outils permettant d'assurer la
fluidité de l'octroi des prêts à la CUD et leur
remboursement à bonne date au moyen des recettes éligibles.
c) Les recettes éligibles
Trois types de recettes ont été
identifiés devant permettre le service de la dette de la CUD envers CUD
Finance S.A. et par ricochet envers les détenteurs de titres. Il
s'agit :
· De recettes fiscales représentées par les
CAC recouvrés par le trésor et le FEICOM pour le compte de la CUD
en vertu de l'arrêté conjoint N°00349 MINAT/MINEFI du 22
octobre 2001.
· De recettes fiscales représentées par les
CAC dus à la CUD par les grandes entreprises en vertu de
l'arrêté N°000127 MINFIB/CAB du 19 novembre 2003 portant
modalités de paiement des impôts et taxes dus par les entreprises
relevant de la division des grandes entreprises.
· Le solde positif pour la CUD résultant de la
convention de traitement des dettes croisées tel que repris dans la
décision N° 04/029/CFD/MINFI/B/PC/B9, en date du 13 février
2004.
Ces trois types de recettes sont toutes
générées par la CUD mais présente la
particularité de relever des relations entre l'Etat et la CUD. De plus,
il n'est point fait mention de leur évaluation nominale. Il semble donc
important de procéder à l'examen des relations entre la CUD et
l'Etat afin de se faire une idée plus claire du risque relatif à
la mise à la disposition de ces recettes.
II.2.C Les risques
relatifs aux relations entre l'Etat et la CUD
Tel que mentionné plus haut dans le cadre des aspects
financiers de cette analyse, il s'avère que la CUD est extrêmement
dépendante de l'Etat en matière de recettes budgétaires.
Cette dépendance se retrouve aussi dans le montage juridique de cet
emprunt. Ses effets peuvent être examinés à deux niveaux,
tout d'abord celui des relations passées entre l'Etat et la CUD, puis
celui de la relation d'agence existant entre la CUD et l'Etat.
a) Les relations passées entre la
CUD et l'Etat
La réussite de l'émission obligataire est
tributaire de la bonne marche des relations entre la CUD et l'Etat camerounais.
Ce dernier est responsable de la fourniture de deux des trois formes de
recettes éligibles. De plus, les recettes budgétaires de la CUD
sont en grande majorité recouvrées par l'Etat. Afin de s'assurer
de l'existence de relations de collaboration entre l'Etat et la CUD, il
faudrait passer en revue quelques éléments relatifs à
leurs relations passées.
La CUD a été autorisée par la tutelle
tant administrative que financière à procéder au lancement
de ces émissions obligataires dans le cadre d'un programme
d'émission. ces autorisations ont fait l'objet de lettres de confort du
ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation et
du ministre des finances et du budget102(*).
Tout d'abord, un élément négatif du
dispositif a trait à l'accumulation des dettes croisées CUD/Etat
et qui font l'objet d'un traitement et serviront au paiement des
échéances de l'emprunt. L'accord initial entre l'Etat et la CUD
prévoyait le paiement du solde positif en faveur de la CUD au cours des
exercices budgétaires 2004, 2005 et 2006. Les premières
dispositions relatives à ce traitement n'ont pas été
respectées, et lesdites dettes ont du faire l'objet d'un accord de
rééchelonnement devant permettre de rallonger la durée des
remboursements. De telles hésitations ne sont pas de nature à
rassurer les investisseurs pour ce qui est du paiement futur de dettes dues par
l'Etat à la CUD.
Ensuite, la CUD étant un démembrement de l'Etat,
celle-ci est affectée par les faiblesses de l'Etat. En effet, la note
« C » attribuée à l'Etat du Cameroun par
l'agence de notation Standard and Poor's influe négativement sur le
titre obligataire CUD Finance S.A. vis à vis des investisseurs
étrangers.
Un autre élément rentrant en
considération dans le cadre de l'étude des relations entre la CUD
et l'Etat camerounais est la participation de ce dernier à la
réalisation des objectifs budgétaires de la CUD. En effet, il
s'avère que durant les exercices budgétaires 1999/2000,
2000/2001, 2001/2002, 2002 et 2003 les recettes fiscales recouvrées par
l'Etat et transférées à la CUD ont
représenté respectivement 53%, 56%, 32%, 42% et 71% des recettes
totales de la CUD. Ceci montre bien la dépendance de la CUD vis à
vis de l'Etat. Par ailleurs, au cours de ces mêmes exercices
budgétaires, le taux de réalisation budgétaire de la CUD
s'est établi à 42%, 56%, 80%, 75% et 57%. C'est dire que la CUD
reste en deça de ses possibilités telles
qu'évaluées lors des sessions budgétaires. Mais l'examen
du taux de réalisation des prévisions de recettes fiscales nous
fait comprendre que la faute incombe majoritairement à la CUD. En effet,
durant la même période d'étude, il ressort que les recettes
fiscales ont été recouvrées à hauteur de 65%, 73%,
71%95% et 91%. Ces différences confirment l'hypothèse selon
laquelle la CUD devrait faire beaucoup plus d'efforts en matière de
recouvrement des recettes propres. La figure 3.3 permet de récapituler
ces données.
Figure 3.3 : Récapitulatif des taux de
réalisation budgétaire et des recettes fiscales et propres de la
CUD
Source : Construit par l'auteur sur la base des comptes
administratifs CUD
b) La relation d'agence Etat-CUD
Raimbourg (1997)103(*) définit la relation d'agence comme celle dans
laquelle une personne confie plus ou moins partiellement la gestion de ses
propres affaires à autrui. Cette relation d'agence comporte diverses
manifestations parmi lesquelles le risque moral qui naît du comportement
du mandataire difficilement appréciable par le mandant. Il existe donc
une certaine asymétrie d'information entre ces deux agents
économiques. Ainsi, tel que le mentionnent plusieurs auteurs104(*), le problème du
risque moral est inhérent à l'émission obligataire par les
collectivités locales.
En effet, étant donné que malgré leur
relative autonomie, les collectivités locales telles que la CUD sont des
démembrements de l'Etat, celles-ci s'appuient toujours en derniers
recours sur l'Etat en cas de situation d'insolvabilité. De ce fait, il
est possible d'identifier un risque ex-ante et un risque ex-post.
Le risque moral ex-ante provient du fait que sur le plan
budgétaire la CUD dépende en grande partie de l'Etat et de ses
interventions. De ce fait, il existe une présomption d'intervention en
cas de défaillance.
Le risque moral ex-post quant à lui a trait aux
modalités d'intervention de l'Etat en cas de défaillance de la
CUD. Au vu de la dépendance accrue de la CUD vis à vis de l'Etat,
les investisseurs sont amenés à se poser des questions sur le
mécanisme d'intervention de l'Etat et l'étendue de cette
intervention.
Tous ces éléments de risque tant financiers que
juridiques permettent d'apprécier le niveau du risque de défaut
de cette émission. Mais cette étude ne se résume pas
à une identification exclusive des zones d'ombre. Il est tout autant
important de procéder à des suggestions devant permettre le
réaménagement du mécanisme d'émission en vue du
succès de tout le programme prévu.
Chapitre IV :
Résumé de l'analyse, suggestions et recommandations
L'analyse menée précédemment a servi en
premier lieu de cadre d'évaluation du niveau de rentabilité de
cette émission obligataire et ensuite d'outil d'examen des composantes
financières et juridiques du risque d'insolvabilité
inhérent à cette émission.
Il est dès lors question de procéder tout
d'abord à un résumé des éléments de risques
identifiés, puis de faire des suggestions et recommandations devant
servir à l'amélioration du cadre des émissions
obligataires par les collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun.
I Résumé des éléments de risque
identifiés
L'étude présente intitulée
« les enjeux de l'émission obligataire par les
collectivités territoriales décentralisées au
Cameroun : le cas de la communauté urbaine de Douala »
s'est donnée comme objectif central l'identification et l'analyse du
risque de défaut de cette émission obligataire. ledit risque de
défaut se manifeste autant dans la structure financière que dans
le montage juridique de cette émission. L'examen qui a été
fait de ces différents aspects a permis de se rendre compte des points
forts et des points faibles de ce mécanisme.
I.1 Les aspects
financiers
En ce qui concerne les aspects financiers, l'émission
d'un emprunt obligataire suppose un besoin de financement avéré.
Mais étant donnée la nature longue des ressources obtenues par ce
mode de financement, les règles d'orthodoxie financière
requièrent que ces ressources soient employées dans des projets
de long terme. De ce fait leur utilisation par la CUD à des fins de
fonctionnement tel que précisé dans la note d'information peut
sembler être une erreur sur le plan stratégique. Mais cette
défaillance peut être tempérée par la nature du
projet qui se trouve être la réhabilitation des voiries de la
ville de Douala. Or, un tel projet de par sa nature sociale implique une
longueur particulière de la période d'obtention du retour sur
investissement.
Le second élément d'ordre financier qu'il est
important de relever ici concerne la nature des ressources de la
communauté urbaine de Douala. L'examen des comptes administratifs de
cette entité sur une période de cinq exercices nous a permis de
nous rendre compte de leur composition et de la répartition de ces
ressources au sein des diverses rubriques. Tout d'abord, nous avons noté
la présence et l'absence d'un exercice à l'autre de certaines
ressources dont la contribution au budget de la CUD n'était pas des
moindres. L'on pourrait citer à cet effet celles issues de
l'exploitation du domaine public qui durant l'exercice 2000/2001 étaient
de l'ordre de 3.080.000 FCFA et qui sont absentes du compte administratif en
2001/2002. Il semble donc important à notre avis de revoir les
prévisions budgétaires avec plus de précision afin
d'obtenir une vue exhaustive sur les ressources dont pourrait
bénéficier la communauté.
Ensuite, au sein de l'ensemble des ressources
budgétaires de la CUD, il existe une segmentation entre recettes
propres, recettes fiscales et autres recettes. Il s'avère que les
recettes propres de la CUD sont celles dont le mécanisme de recouvrement
lui incombe quasi-totalement. De ce fait, la CUD devrait avoir une plus grande
maîtrise de ces ressources. Or, l'examen de leur évolution et de
leur taux de réalisation en comparaison aux prévisions
budgétaires nous amène à nous rendre compte de leur grande
variabilité dans le temps et de leur relative faiblesse.
Un autre élément relatif à
l'activité financière de la CUD et qui serait de nature à
influer sur le comportement de l'emprunt obligataire émis a trait au
potentiel de financement interne de la CUD. Il a été
constaté tout au long des exercices financiers ayant servi de base
d'analyse que l'épargne de gestion de la CUD était
extrêmement faible et ne permettait donc pas de développer une
politique d'investissement assise sur les ressources internes. Cette
épargne de gestion constitue le socle sur lequel pourrait reposer une
politique d'investissement, elle permet d'apprécier le degré
d'autonomie de la politique de financement de la CUD.
Il a tout autant été constaté que la
politique d'investissement de la CUD était quasi-stagnante de 1999
à 2002, mais celle-ci a connu un bond en 2003. Ce bond traduit les
évolutions enregistrées dans la santé financière de
la CUD, qui semble connaître à partir de 2003 une sorte de
revitalisation.
I.2 Les aspects
juridiques
En ce qui concerne les aspects juridiques du risque de
défaut dont il est question dans cette étude, il a
été fait plusieurs constats à propos du montage
utilisé.
Tout d'abord, il faudrait remarquer la solidité du
mécanisme de compte de domiciliation, d'encaissement et de
réserve utilisé dans le but de garantir le remboursement de la
dette contractée. Dans le même ordre d'idée, les garanties
accordées aux titulaires de titres par la CUD et CUD Finance S.A. sont
autant de gages de solidité de l'émission.
Le premier élément négatif à noter
concerne l'évolution future de cet emprunt. En effet, vu la demande de
cotation qui a été effectuée auprès du DSX, le
montage se devait de respecter les règles en la matière. Or, il
s'avère que la structure CUD Finance S.A. ne dispose pas de comptes
certifiés relatifs aux trois derniers exercices financiers. A la date de
l'émission de l'emprunt, elle a à peine un an d'existence.
Le montage juridique est tout autant fragilisé par les
atermoiements observés avant le lancement de l'émission à
cause des formalités administratives et réglementaires ont
quelque peu desservi la cause de cette opération financière.
Enfin, la relation CUD-Etat est d'une importance capitale pour
la bonne marche de cette opération. En effet, en tant que tutelle de la
CUD, l'Etat se doit d'approuver les actions entreprises par celles-ci avant
leur mise en oeuvre. De plus, il est important que les relations
financières entre ces deux entités soient teintées
d'harmonie car deux des recettes éligibles au remboursement des
prêts proviennent des relations entre l'Etat et la CUD. De ce fait, la
CUD est sur le plan financier très dépendante de l'Etat. Cet
état de dépendance est renforcé par les
éléments relatifs aux ressources budgétaires de la CUD.
Lesdites ressources sont en grande partie pourvues par l'Etat pour ce qui est
de leur composante la plus stable. Enfin, au vu des liens juridiques existant
entre la CUD et l'Etat, il se peut que les investisseurs soient exposés
au risque d'aléa moral. En effet, au vu des caractéristiques de
l'opération, il existe une propension à croire à
l'intervention de l'Etat en cas de défaillance de la CUD.
II Suggestions et recommandations
Tout comme les éléments de risque
identifiés sont d'ordres financier et juridique, les suggestions et
recommandations transmises s'articulent autour des axes financier et
juridique.
Tout d'abord, en ce qui concerne le titre obligataire CUD Finance, il
est important d'éviter d'activer la clause de rachat anticipé qui
lui est attachée, car celle-ci ne ferait qu'accroître la prime de
risque de l'emprunt.
Ensuite, nous préconisons que la CUD s'active dans le cadre de
sa politique de recouvrement des recettes propres. En effet, il est important
que le volume desdites recettes soit augmenté et stabilisé afin
d'accroître le degré d'autonomie de la politique d'investissement
de la CUD.
Toujours dans le même ordre d'idée, il est important pour
la CUD de contrôler avec suffisamment d'acuité ses dépenses
de fonctionnement qui grèvent dangereusement son épargne de
gestion, base de sa capacité d'autofinancement.
Pour ce qui est du cadre juridique, la première recommandation
concerne le report de la décision de cotation du titre CUD Finance sur
le DSX. En effet, étant donnée l'absence d'états
financiers relatifs à trois années d'existence, plutôt que
de créer un amalgame, il vaudrait mieux laisser le titre circuler de
façon informelle.
La seconde recommandation d'ordre juridique qu'il est possible
d'émettre ici concerne les relations entre la CUD et l'Etat ; nous
pensons qu'il est important que l'Etat camerounais précise et respecte
ses engagements vis à vis de la CUD. Autant cette dernière a
renoncé à ses immunités de juridiction et
d'exécution, autant l'Etat camerounais ferait mieux de respecter ses
engagements en termes de reversement des recettes fiscales et de remboursement
de sa dette vis à vis de la CUD.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude concernant les enjeux de
l'émission obligataire par les collectivités territoriales
décentralisées avec pour cas d'étude la communauté
urbaine de Douala, il est possible tout d'abord de se rendre compte de la
diversité de problématiques contenues dans ce sujet. Il s'agit
tout d'abord d'un problème d'ordre politique à travers la nature
des acteurs principaux, il s'agit aussi d'un problème de gestion
publique de par l'origine de la demande de financement et enfin, il s'agit
d'une opération financière de par le mécanisme
utilisé. C'est ce troisième aspect qui a constitué le
coeur de cette étude. Il s'est agi dans le cadre ce travail de resituer
la demande de financement d'une entité locale auprès du
marché financier et d'en déterminer les caractéristiques
en termes de risque et de rentabilité. Il apparaît que le risque
d'insolvabilité sur lequel cette étude s'est appesantie peut
être subdivisé en une composante financière et en une
composante juridique.
La composante financière du risque de défaut de
l'emprunt obligataire CUD Finance S.A. a tout d'abord trait à la nature
du titre en lui-même. De plus, ce risque est accentué par les
caractéristiques financières de la CUD, tant sur le plan de la
structure de ses recettes, de son épargne de gestion, de la politique
d'investissement que de l'autonomie financière.
Pour ce qui est de la composante juridique de ce risque de
défaut, autant la relation entre CUD et CUD Finance S.A. que celle entre
la CUD et l'Etat sont d'une importance capitale pour la bonne marche de cette
opération de financement.
Ce risque est tout de même atténué par la
rémunération nominale proposée aux investisseurs, mais
celle-ci, ramenée à une mesure actuarielle s'établit en
dessous des standards en la matière que sont les taux directeurs de la
BEAC.
C'est pour ces raisons, que des recommandations sont
apportées afin que des améliorations soient apportées
à cette émission et aux autres prévues dans le programme
d'émission et par ricochet aux éventuelles émissions que
pourraient entreprendre d'autres collectivités locales.
Mais il faut tout de même noter que cette étude
aurait pu être plus profonde si l'accès aux informations
jugées confidentielles avait été plus facile et si plus
de temps nous avait été octroyé pour la conduite de
l'étude.
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
1
ANNEXE 1 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE 1999/2000
Recettes
|
Montant
|
Dépenses
|
Montant
|
Recettes Propres
|
|
Dépenses des exercices
antérieurs
|
|
Droits de place sur les marchés
|
236 745 000
|
Restes à payer
|
587 477 560
|
Droits sur permis de bâtir
|
165 729 000
|
Dépenses engagées non-liquidées
|
482 533 334
|
Concession d'emplacements publicitaires
|
7 786 000
|
Sous total Dépenses exercices
antérieurs
|
1 070 010 894
|
Taxes communales directes
|
99 458 000
|
|
|
Droits d'occupation des parcs de stationnement
|
23 845 000
|
Fonctionnement
|
|
Taxe sur la publicité
|
25 251 000
|
Dépenses de personnel
|
1 050 357 508
|
Restes à recouvrer
|
550 000 000
|
dépenses de matériel
|
1 819 117 575
|
Droits de fourrière
|
10 084 000
|
Dépenses communes divers services
|
867 939 929
|
Aliénation des biens communaux
|
33 075 000
|
Dépenses diverses et non-classées
|
344 226 712
|
Remboursement remise en état des infrastructures
|
129 940 000
|
Dépenses d'ordre
|
0
|
Loyer des immeubles communaux
|
100 000
|
Sous-total
|
4 081 641 724
|
Excédent des recettes sur les dépenses
|
136 000
|
|
|
Droits de stade
|
181 000
|
Investissement
|
|
Droits de timbre
|
9 212 000
|
Equipement et investissement
|
57 850 487
|
Sous total recettes propres
|
1 291 542 000
|
Infrastructures
|
771 197 867
|
|
|
Urbanisation
|
125 899 115
|
Recettes fiscales
|
|
Equipements sociaux
|
78 622 128
|
Patentes
|
1 084 828 000
|
Equipements administratifs
|
74 697 066
|
CAC/impôts sur revenus
|
2 111 912 000
|
Sous total Investissement
|
1 108 266 663
|
Droits de mutation à titre onéreux
|
0
|
|
|
Licences
|
131 790 000
|
|
|
CAC/Impôt sur le revenu des personnes physiques
|
0
|
|
|
CAC/taxe sur revenu locatif
|
6 750 000
|
|
|
CAC/taxes additionnelles sur impôts fonciers
|
7 189 000
|
|
|
CAC/taxe sur la valeur ajoutée
|
0
|
|
|
Sous total recettes fiscales
|
3 342 469 000
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Affectation créance CUD/Etat
|
0
|
|
|
Recettes imprévues
|
1 171 182 000
|
|
|
Subventions FEICOM
|
454 989 000
|
|
|
Dotation AFD +AIMF
|
0
|
|
|
Sous total autres
|
1 626 171 000
|
|
|
Total Recettes
|
6 260 182 000
|
Total Dépenses
|
6 259 919 281
|
ANNEXE 2 : COMPTE
ADMINISTRATIF EXERCICE 2000-2001
Recettes
|
Montant
|
Dépenses
|
Montant
|
Recettes Propres
|
|
Dépenses des exercices
antérieurs
|
|
Droits de place sur les marchés
|
236 017 000
|
Restes à payer
|
912 117 592
|
Droits sur permis de bâtir
|
189 284 000
|
Dépenses engagées non-liquidées
|
278 641 413
|
Concession d'emplacements publicitaires
|
52 780 000
|
Sous total Dépenses exercices
antérieurs
|
1 190 759 005
|
Taxes communales directes
|
128 851 000
|
|
|
Droits d'occupation des parcs de stationnement
|
22 976 000
|
Fonctionnement
|
|
Taxe sur la publicité
|
17 740 000
|
Dépenses de personnel
|
1 202 769 844
|
Restes à recouvrer
|
0
|
dépenses de matériel
|
3 139 408 219
|
Droits de fourrière
|
10 510 000
|
Dépenses communes divers services
|
486 514 689
|
Aliénation des biens communaux
|
42 354 000
|
Dépenses diverses et non-classées
|
529 874 157
|
Remboursement remise en état des infrastructures
|
2 065 000
|
Dépenses d'ordre
|
0
|
Loyer des immeubles communaux
|
2 575 000
|
Sous-total
|
5 358 566 909
|
Excédent des recettes sur les dépenses
|
2 560 000
|
|
|
Exploitation du domaine public
|
3 080 000
|
|
|
Droits de stade
|
0
|
Investissement
|
|
Droits de timbre
|
9 881 000
|
Equipement et investissement
|
55 526 290
|
Sous total recettes propres
|
720 673 000
|
Infrastructures
|
739 636 664
|
|
|
Urbanisation
|
191 695 287
|
Recettes fiscales
|
|
Equipements sociaux
|
201 021 245
|
Patentes
|
1 763 901 000
|
Equipements administratifs
|
142 876 185
|
CAC/impôts sur revenus
|
27 175 000
|
Sous total Investissement
|
1 330 755 671
|
CAC/Impôt sur les sociétés
|
2 759 514 000
|
|
|
Droits de mutation à titre onéreux
|
0
|
|
|
Licences
|
161 226 000
|
|
|
CAC/Impôt sur le revenu des personnes physiques
|
0
|
|
|
CAC/taxe sur revenu locatif
|
57 149 000
|
|
|
CAC/taxes additionnelles sur impôts fonciers
|
3 843 000
|
|
|
CAC/taxe sur la valeur ajoutée
|
13 007 000
|
|
|
Taxe sur les jeux
|
0
|
|
|
Sous total recettes fiscales
|
4 785 815 000
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Affectation créance CUD/Etat
|
2 025 749 000
|
|
|
Recettes imprévues
|
901 001 000
|
|
|
Subventions FEICOM
|
0
|
|
|
Dotation AFD +AIMF
|
0
|
|
|
Subvention FSD+AIMF
|
0
|
|
|
Sous total autres
|
2 926 750 000
|
|
|
ANNEXE 3 : COMPTE
ADMINISTRATIF EXERCICE 2001/2002
Recettes
|
Montant
|
Dépenses
|
Montant
|
Recettes Propres
|
|
Dépenses des exercices
antérieurs
|
|
Droits de place sur les marchés
|
398 660 000
|
Restes à payer
|
1 250 988 421
|
Droits sur permis de bâtir
|
219 240 000
|
Dépenses engagées non-liquidées
|
1 051 783 628
|
Concession d'emplacements publicitaires
|
175 249 000
|
Sous total Dépenses exercices
antérieurs
|
2 302 772 049
|
Taxes communales directes
|
136 653 000
|
|
|
Droits d'occupation des parcs de stationnement
|
21 681 000
|
Fonctionnement
|
|
Taxe sur la publicité
|
17 481 000
|
Dépenses de personnel
|
1 159 274 774
|
Concession gares routières
|
20 000 000
|
dépenses de matériel
|
5 931 707 168
|
Restes à recouvrer
|
13 678 000
|
Dépenses communes divers services
|
1 178 805 457
|
Droits de fourrière
|
4 951 000
|
Dépenses diverses et non-classées
|
610 562 970
|
Aliénation des biens communaux
|
3 550 000
|
Dépenses d'ordre
|
0
|
Concession d'emplacements marchands
|
3 200 000
|
Sous-total
|
8 880 350 369
|
Remboursement remise en état des infrastructures
|
1 002 000
|
|
|
Loyer des immeubles communaux
|
907 000
|
Investissement
|
|
Excédent des recettes sur les dépenses
|
264 000
|
Equipement et investissement
|
47 526 186
|
Droits de stade
|
0
|
Infrastructures
|
984 843 065
|
Droits de timbre
|
8 348 000
|
Urbanisation
|
85 761 252
|
Sous total recettes propres
|
1 024 864 000
|
Equipements sociaux
|
29 666 699
|
|
|
Equipements administratifs
|
106 431 787
|
Recettes fiscales
|
|
Sous total Investissement
|
1 254 228 989
|
Patentes
|
1 874 289 000
|
|
|
CAC/impôts sur revenus
|
0
|
|
|
CAC/Impôts sur les sociétés
|
2 023 860 000
|
|
|
Droits de mutation à titre onéreux
|
375 139 000
|
|
|
Licences
|
63 280 000
|
|
|
CAC/Impôt sur le revenu des personnes physiques
|
0
|
|
|
CAC/taxe sur revenu locatif
|
88 822 000
|
|
|
CAC/taxes additionnelles sur impôts fonciers
|
4 947 000
|
|
|
CAC/taxe sur la valeur ajoutée
|
0
|
|
|
Sous total recettes fiscales
|
4 430 337 000
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Affectation créance CUD/Etat
|
5 157 724 000
|
|
|
Recettes imprévues
|
1 954 565 000
|
|
|
Subventions Etat
|
500 000 000
|
|
|
Subventions FEICOM
|
0
|
|
|
Subvention FSD +AIMF
|
531 692 000
|
|
|
Dons et legs
|
2 000 000
|
|
|
Sous total autres
|
8 145 981 000
|
Total Dépenses
|
12 437 351 407
|
|
|
|
|
Total Recettes
|
13 601 182 000
|
|
|
ANNEXE 4 : COMPTE
ADMINISTRATIF EXERCICE TRANSITOIRE 2002
Recettes
|
Montant
|
Dépenses
|
Montant
|
Recettes Propres
|
|
Dépenses des exercices
antérieurs
|
|
Droits de place sur les marchés
|
214 727 000
|
Restes à payer
|
996 899 930
|
Droits sur permis de bâtir
|
118 331 000
|
Dépenses engagées non-liquidées
|
1 310 635 900
|
Concession d'emplacements publicitaires
|
11 266 000
|
Sous total Dépenses exercices
antérieurs
|
2 307 535 830
|
Taxes communales directes
|
64 464 000
|
|
|
Droits d'occupation des parcs de stationnement
|
12 015 000
|
Fonctionnement
|
|
Taxe sur la publicité
|
4 458 000
|
Dépenses de personnel
|
768 874 164
|
Restes à recouvrer
|
10 800 000
|
dépenses de matériel
|
2 949 817 454
|
Droits de fourrière
|
1 973 000
|
Dépenses communes divers services
|
604 477 488
|
Aliénation des biens communaux
|
7 162 000
|
Dépenses diverses et non-classées
|
421 245 442
|
Remboursement remise en état des infrastructures
|
200 000
|
Dépenses d'ordre
|
0
|
Loyer des immeubles communaux
|
187 000
|
Sous-total
|
4 744 414 548
|
Excédent des recettes sur les dépenses
|
553 157 000
|
|
|
Droits de stade
|
0
|
Investissement
|
|
Droits de timbre
|
3 644 000
|
Equipement et investissement
|
149 742 998
|
Sous total recettes propres
|
1 002 384 000
|
Infrastructures
|
370 923 499
|
|
|
Urbanisation
|
58 705 645
|
Recettes fiscales
|
|
Equipements sociaux
|
141 657 550
|
Patentes
|
1 524 297 000
|
Equipements administratifs
|
49 191 637
|
CAC/impôts sur revenus
|
2 031 904 000
|
Sous total Investissement
|
770 221 329
|
Droits de mutation à titre onéreux
|
301 677 000
|
|
|
Licences
|
35 042 000
|
|
|
CAC/Impôt sur le revenu des personnes physiques
|
0
|
|
|
CAC/taxe sur revenu locatif
|
27 491 000
|
|
|
CAC/taxes additionnelles sur impôts fonciers
|
2 068 000
|
|
|
CAC/taxe sur la valeur ajoutée
|
0
|
|
|
Sous total recettes fiscales
|
3 922 479 000
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Affectation créance CUD/Etat
|
1 269 000 000
|
|
|
Recettes imprévues
|
802 532 000
|
|
|
Subvention Etat
|
2 149 045 000
|
|
|
Subventions FEICOM
|
0
|
|
|
Subvention FSD +AIMF
|
0
|
|
|
Sous total autres
|
4 220 577 000
|
|
|
|
|
|
|
Total Recettes
|
9 145 440 000
|
Total Dépenses
|
7 822 171 707
|
ANNEXE 5 : COMPTE
ADMINISTRATIF EXERCICE 2003
Recettes
|
Montant
|
Dépenses
|
Montant
|
Recettes Propres
|
|
Dépenses des exercices
antérieurs
|
|
Droits de place sur les marchés
|
428 540 000
|
Restes à payer
|
0
|
Droits sur permis de bâtir
|
277 592 000
|
Dépenses engagées non-liquidées
|
0
|
Concession d'emplacements publicitaires
|
174 527 000
|
Sous total Dépenses exercices
antérieurs
|
0
|
Taxes communales directes
|
143 429 000
|
|
|
Droits d'occupation des parcs de stationnement
|
34 731 000
|
Fonctionnement
|
|
Taxe sur la publicité
|
79 518 000
|
Dépenses de personnel
|
1 566 670 035
|
Concession gares routières
|
0
|
dépenses de matériel
|
1 651 980 403
|
Droits de fourrière
|
1 567 000
|
Dépenses communes divers services
|
961 375 878
|
Loyer des immeubles communaux
|
6 739 000
|
Dépenses diverses et non-classées
|
330 420 441
|
Exploitation du domaine public
|
17 729 000
|
Dépenses d'ordre
|
0
|
Droits de stade
|
0
|
Sous-total
|
4 510 446 757
|
Droits de timbre
|
5 350 000
|
|
|
Sous total recettes propres
|
1 169 722 000
|
Investissement
|
|
|
|
Equipement et investissement
|
59 496 000
|
Recettes fiscales
|
|
Infrastructures
|
8 233 321 041
|
Patentes
|
3 105 924 000
|
Urbanisation
|
0
|
CAC/impôts sur revenus
|
4 978 199 000
|
Equipements sociaux
|
0
|
Droits de mutation à titre onéreux
|
1 025 993 000
|
Equipements administratifs
|
0
|
Licences
|
64 560 000
|
Sous total Investissement
|
8 292 817 041
|
CAC/taxe sur revenu locatif
|
67 332 000
|
|
|
CAC/taxes additionnelles sur impôts fonciers
|
3 806 000
|
|
|
CAC/taxe sur la valeur ajoutée
|
0
|
|
|
Sous total recettes fiscales
|
9 245 814 000
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Affectation créance CUD/Etat
|
0
|
|
|
Subvention Etat
|
1 845 081 000
|
|
|
Subvention FSD +AIMF
|
0
|
|
|
Produits à reverser
|
9 047 000
|
|
|
Quote-part subvention d'investissement et équipement
|
0
|
|
|
Réserves non-affectées et maintenues à
l'actif en quasi-monnaie
|
734 737 000
|
Total Dépenses
|
12 803 263 798
|
|
|
|
|
Sous-total Autres recettes
|
2 588 865 000
|
|
|
|
|
|
|
Total Recettes
|
13 004 401 000
|
|
|
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
ii
DEDICACE
iv
LISTE DES ABREVIATIONS
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES FIGURES
viii
RESUME
ix
ABSTRACT
x
INTRODUCTION GENERALE
1
I Généralités
2
II Problème général et
questions de recherche
9
III Hypothèse de recherche
11
IV Objectifs de l'étude
12
V Intérêt du sujet
12
VI Méthodologie
13
VII Revue de la littérature
14
VIII Délimitation et plan de
l'étude
18
PREMIERE PARTIE
20
CHAPITRE 1 : La communauté urbaine de
Douala, collectivité territoriale décentralisée
21
I Le processus de
décentralisation : nécessité d'efficacité.
21
I.1 L'existence d'affaires locales
23
I.2 L'autonomie des autorités locales
vis-à-vis du pouvoir central
24
I.3 Une gestion autonome
27
II La communauté urbaine de Douala,
collectivité territoriale décentralisée.
29
II.1 Les organes de la communauté
urbaine de Douala.
32
II.1.A Le délégué du
gouvernement : chef de l'exécutif de la communauté
urbaine.
32
II.1.B Le conseil de la communauté,
organe délibérant de la communauté urbaine.
34
II.2 La structure financière de la
communauté urbaine de Douala.
35
II.2.A Le budget de la commune :
état financier, juridique et politique prévisionnel.
36
Le cadre juridique et technique du budget
communal.
36
La procédure budgétaire à
l'échelle des communes.
39
II.2.A.1 Le budget de la commune
42
II.2.B Le compte administratif et le compte
de gestion
46
Chapitre 2 : Les mécanismes de
l'émission obligataire municipale.
48
I L'émission obligataire :
opportunité de financement par le marché financier.
48
I.1 Fondements théoriques du
financement par le marché.
49
I.1.A Le marché financier, canal de
financement de l'économie.
49
I.1.B Les fonctions économiques du
marché financier
51
a) Un circuit de financement de
l'économie.
51
b) L'organisation de la liquidité de
l'épargne investie à long terme.
52
c) La mesure de la valeur des actifs.
52
d) Concours à la mutation des
structures industrielles et commerciales.
52
e) La gestion du risque.
52
I.2 Le marché financier camerounais,
structure d'accueil d'une émission obligataire.
53
I.2.A La commission des marchés
financiers
54
a) Les missions de la CMF
54
b) L'organisation de la CMF
56
I.2.B L'entreprise de marché :
le Douala Stock Exchange.
56
I.2.C Les prestataires de services
d'investissement (PSI).
58
II Les mécanismes d'une
émission obligataire municipale.
60
II.1 Les acteurs de l'émission
obligataire
60
II.1.A L'émetteur
60
II.1.B L'emprunteur-garant.
62
II.1.C La banque présentatrice et les
établissements placeurs.
63
II.2 Caractéristiques du titre
obligataire CUD Finance.
65
II.2.A Caractéristiques
générales des titres obligataires.
65
a. La valeur nominale
65
b. Prix d'émission et de
souscription
66
c. Les modalités d'amortissement
66
d. La durée de vie de l'emprunt
67
e. Les garanties assorties aux titres
67
f. Les dates de jouissance et de
règlement
67
g. Le taux d'intérêt
68
h. La périodicité
68
II.2.B Caractéristiques
particulières des titres obligataires municipaux.
69
a) Le statut fiscal des titres obligataires
municipaux.
70
b) Remboursement des obligations et types de
titres.
71
c) Les mécanismes de garantie des
titres obligataires municipaux.
72
DEUXIEME PARTIE
73
Chapitre III : Rentabilité de l'emprunt
obligataire et déterminants du risque de défaut.
74
I Rendement d'un investissement
obligataire.
75
II Déterminants du risque de
défaut de l'emprunt obligataire CUD Finance S.A.
78
II.1 Les composantes financières du
risque de défaut de l'emprunt obligataire.
78
II.1.A Ratios de structure et
flexibilité des recettes courantes
80
II.1.B Ratios de l'épargne de gestion
et d'évolution de ses composantes
81
II.1.C Dynamisme de la politique
d'investissement
82
II.1.D Ratios d'autonomie
83
II.2 Les composantes juridiques du risque
de défaut de l'emprunt obligataire CUD Finance S.A.
84
II.2.A Les risques propres à
l'émetteur.
85
II.2.B Les risques relatifs à la
relation CUD Finance S.A. et la CUD
85
a) La garantie des titres
86
b) La garantie des prêts
87
c) Les recettes éligibles
87
II.2.C Les risques relatifs aux relations
entre l'Etat et la CUD
88
a) Les relations passées entre la CUD
et l'Etat
88
b) La relation d'agence Etat-CUD
90
Chapitre IV : Résumé de
l'analyse, suggestions et recommandations
92
I Résumé des
éléments de risque identifiés
92
I.1 Les aspects financiers
92
I.2 Les aspects juridiques
94
II Suggestions et recommandations
95
CONCLUSION GENERALE
97
BIBLIOGRAPHIE
99
ANNEXES
100
ANNEXE 1 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
1999/2000
101
ANNEXE 2 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
2000-2001
102
ANNEXE 3 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
2001/2002
103
ANNEXE 4 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
TRANSITOIRE 2002
105
ANNEXE 5 : COMPTE ADMINISTRATIF EXERCICE
2003
106
TABLE DES MATIERES
108
* 1 Au Cameroun, c'est la Loi
N°2004/017 du 22 juillet, loi d'orientation de la décentralisation,
qui organise ce processus et assoie les bases légales d'un processus
entamé depuis les indépendances et même la période
coloniale au travers de la création des communes dans diverses
localités du Cameroun.
* 2 Finken, M., Communes et
gestion municipale au Cameroun, édition à compte d'auteur,
1996, Yaoundé.
* 3 Articles 15 à 22 de
la loi N°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables
aux communes.
* 4 Cathelineau, J.,
« Les finances locales » in Collectivités
locales de Bénoit, F., P., (sous la direction de ), 1998, Paris.
* 5 Elles peuvent de ce fait
être considérées comme des redevances
* 6 Ladite redistribution est
précédée d'une centralisation par le Fonds Spécial
d'équipement et d'intervention intercommunale.
* 7 Finken, Op. Cit. P.15
* 8 Kom Tchuente, B.,
Développement communal et gestion urbaine au Cameroun: les enjeux de
la gestion municipale dans un système décentralisé,
Editions Clé, Collection Documents, 1996, Yaoundé.
* 9 Le FEICOM a
été crée en 1974 par l'Etat Camerounais en vue de
promouvoir l'entraide entre les communes, financer les travaux
d'investissement, couvrir les frais d'assiette et les charges de recouvrement
des recettes fiscales destinées aux communes et couvrir les frais
relatifs à la formation du personnel communal et du personnel
d'état civil.
* 10 Dexia Banque, Les
finances des pouvoirs locaux en 2003, Dexia Banque, Belgique, 2003.
* 11 Blanc, J. et
Rémond, B., Les Collectivités locales,
3ème édition, Presses de Sciences Po et Dalloz, Paris,
1994, P. 549
* 12 Thomas, O.,
« Les finances locales influencent-elles la croissance des
villes ? le cas des communes du département du Tarn »,
Cahiers du GRES N°2004-12, juin 2004, Toulouse, 2004.
* 13 Il s'agit des communes
dont le dernier compte administratif accuse le recouvrement de recettes pour un
montant au moins égal à 250.000.000 FCFA.
* 14 Adapté de la
définition de Vernimmen , Vernimmen, P., Finance d'entreprise,
5ème édition, Dalloz, Paris, 2002.
* 15 Faerber, E., All about
bonds and bond mutual funds, 2nd edition, McGraw-Hill, New York,
2000.
* 16 Articles 33 à 35 de
la Loi d'orientation de la décentralisation.
* 17 Freire, M., Petersen, J.,
Huertas, M., et Valadez, M., Subnational capital markets in developing
countries, from theory to practice. World Bank and Oxford university Press,
Londres, 2003.
* 18 Brize, P., R., Goguelin,
P., et Carpenter, R., Le penser efficace , tome II, la
problématique, Société d'édition d'enseignemen
supérieur , Paris, 1967, in Mace, G., et Petry, F., Guide
d'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales,
3ème édition, DeBoeck Université, Canada,
2000.
* 19 Leigland, J.,
«Accelerating municipal bond market development in emerging economies: an
assessment of strategies and progress», Public budgeting and finance,
volume 17, issue 2, summer 1997.
* 20 Daher, S., E.,
«Muncipal bond market, prospects for developing countries»,
Infrastructure Notes, The World Bank, Washington ,1997
* 21
www.beac.int
* 22 Vernimmen, P., Op. Cit. P.
1
* 23 Cochran, T., Schaffer, M.,
Von Der Heiden, K., and Peterson, G., «Achieving a vibrant South African
municipal securities market», Urban Institute Journal, 1997
* 24 Noel, M., Building
Sub-national debt market in developing and transition countries: A framework
for analysis, policy reform and assistance strategy, The World Bank,2000
www.worldbank.org
* 25 Leigland op. cit
* 26Serve,
S., « Le recours au financement
désintermédié par une collectivité locale et
l'évaluation de la prime de risque obligataire : le cas de la ville
de Marseille », Finance Contrôle Stratégie,
Volume 5, N°2 juin 2002, P.107-142
* 27 Badu, Y., A., Daniels, K,
N., and Amagoh, F.,«An empirical analysis of the Net interest cost,
probability of default, and the credit risk premium: A case study using the
Commonwealth of Virginia», Managerial Finance, Vol. 28 N°4,
2002,
www.emerald.com
* 28 Cette création
s'est effectuée par le décret N°87/15 du 15 juillet 1987
portant création des communautés urbaines.
* 29 Biwole, G.,
L'institution communale au Cameroun, Sopecam, non daté.
* 30 Baguenard, J., La
décentralisation, 5ème édition, PUF, Que
sais-je ?, Paris, 1996
* 31 Kom Tchuenté, B.,
Développement communal et gestion urbaine au Cameroun : les
enjeux de la gestion municipale dans un système
décentralisé, Editions Clé, Collection Documents,
Yaoundé, 1996.
* 32 Finken, M., Communes et
Gestion municipale au Cameroun, Edition à compte d'auteur,
Yaoundé, 1996, P.13
* 33 Baguenard, J., Op. cit. P.
12
* 34 Rivero, Droit
administratif, Précis, Dalloz, Paris, 1971, P.286
* 35 Loi N°2004/018 du 22
juillet 2004 ; il faut de plus noter que cette loi est venue remplacer la
loi jusque là en vigueur qui datait de 1974.
* 36 Baguenard considère
que cette notion « d'affaires locales » souffre d'une
imprécision sur le plan juridique, ce qui pourrait constituer un frein
à la réalisation des objectifs à elle assignés.
* 37 Elang Tchounbia, R.,
Décentraliser et démocratiser, la gouvernance locale,
Presses de l'UCAC, Yaoundé, 2004
* 38 Baguenard, J., Op. Cit.
* 39 Waline, Traité
de droit administratif, Sirey, Paris, 1963 P.302
* 40 Elang Tchounbia, Op. Cit.,
P
* 41 Article 4 de la loi
d'orientation de la décentralisation.
* 42 Elang Tchounbia, Op. Cit.
P
* 43 Biwole G., Op. Cit.
* 44 Loi 74/23 du 5
décembre 1974 portant organisation communale.
* 45 Notons à ce niveau
l'inclusion de la commune rurale de Manoka dans le champ territorial de la
CUD.
* 46 Il faut tout de même
noter ici que dans les communes urbaines à régime spécial
c'est le délégué du gouvernement qui représente le
pouvoir exécutif et non pas le président du conseil qui
préside le seul conseil municipal.
* 47 Article 116 de la loi
relative aux règles applicables aux communes, loi N°2004/018 du 22
juillet 2004.
* 48 Articles 46 à 57 de
la loi fixant les règles applicables aux communes.
* 49 Alazard, C., et Separi,
S., Contrôle de gestion, 5ème édition,
Dunod, Paris, 2001, P. 275.
* 50 Cathelineau, J., Les
finances locales, Dalloz, Paris, 1993.
* 51 Muzellec, R., Finances
publiques 11ème édition, Sirey, Paris, 2000,
P.8
* 52 Lekene, D., E.,
Finances publiques camerounaises, Berger-Levrault, collection Mondes en
devenir, Paris, 1987.
* 53 Finken, Op., Cit.,
P.113
* 54 cette
responsabilité a été mentionné dans les
attributions du chef de l'exécutif communal.
* 55 Il est fait mention du
rôle du contrôleur financier et des comptables publics dans le
paragraphe suivant.
* 56 L'on pourrait mentionner
les méthodes de la pénultième année, de la
majoration et de l'évaluation directe.
* 57 Cette situation s'analyse
par une l'étude de l'arrêté conjoint du ministère de
l'économie et des finances et de celui de l'administration territoriale
portant modalités d'assiette, de recouvrement et de versement
d'impôts et taxes destinées au communes et au Fonds Spécial
d'Equipement et d'intervention intercommunale, arrêté
N°00349/MINEFI/MINAT du 22 octobre 2001.
* 58 La note d'information de
l'emprunt de la CUD en est une preuve. Dans ce document, seul le budget de
l'exercice 2004 y est présenté selon la nouvelle nomenclature.
* 59 Cette nomenclature est
dérivée des articles 87 et 88 de la loi communale du 5
décembre 1974.
* 60
www.emploipublic.com
* 61 Loi N° 99/015 du 22
décembre 1999 portant création et organisation d'un marché
financier.
* 62 Choinel, A. et Rouyer, G.,
Le marché financier, structures et acteurs, Banque
éditeur, collection Banque ITB, Paris, 1999, P.35
* 63 Ritter, L., Silber, W., et
Udell, G., Principles of Money, Banking and Financial markets,
10th edition, Addison Wesley Longman, New York, 1999.
* 64 Gurley J., Shaw E.,
Money in a theory of finance, The Brookings Institution, 1960
* 65 Hicks J.-R., Valeur et
capital, Dunod, 1962
* 66 Vernimmen P., Op Cit., P.
363
* 67 Le taux débiteur
maximum de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale est de 17% et il sert de
base pour la fixation des taux par les banques.
* 68 Jeune Afrique
l'intelligent/Hors-série N°8, l'Etat de l'Afrique 2005, P.197
* 69 Goux J. F., Economie
monétaire et financière, Théories, institutions,
politiques 3ème édition, Economica, Paris, 1998,
P.125
* 70 Vernimmen P., Op. Cit., P.
8
* 71 Choinel A., et Rouyer G.,
Op. Cit., P·.41
* 72 Article 2 du décret
N°2001/215 du 31 juillet 2001 précisant l'organisation et le
fonctionnement de la commission des marchés financiers.
* 73 Ce règlement est
entré en vigueur par la décision N°02/002 du 3
décembre 2002 portant règlement général de la
commission des marchés financiers. Il y est question de l'appel public
à l'épargne, de l'entreprise de marché, des prestataires
de services d'investissement et du contrôle des activités et de la
sanction des manquements.
* 74 Adapté de Thau,
Annette, The Bond Book, 2nd edition, Mc-Graw Hill, New York, 2000
* 75 Le montant de cette
première émission est tiré du communiqué de presse
de CUD Finance S.A. publié dans l'édition du 08 avril 2005 du
quotidien Cameroon Tribune.
* 76 Ces informations sont
extraites de la note d'information relative à l'emprunt
effectué.
* 77 Daher, S. E.,
Municipal bond markets, prospects for developing countries, World Bank
Infrastructure Note, N° FM-8b, February 1997, Washington.
* 78 Ce modèle de fonds
de développement municipal se rapproche beaucoup plus du Fonds
Spécial d'Equipement et d'Intervention Intercommunale (FEICOM).
* 79 Guillien R. et Vincent,
J., Lexique des termes juridiques, 14ème
édition, Dalloz, P. 288
* 80 Il s'agit des
créances sur le FEICOM, sur le Trésor public et sur l'Etat au
titre de la convention de traitement des dettes croisées.
* 81 En effet, étant
donné l'existence au Cameroun d'une division des grandes entreprises au
sein des services fiscaux, il en résulte un traitement particulier des
impôts et taxes collectés auprès de ces entités.
* 82 Article 6 de la loi
N°99/015 du 22 décembre 1999
* 83 Vernimmen, Op. Cit., P
589. Cette technique fait référence à la pratique du
bought deal.
* 84 Vernimmen, Op. Cit., P.
605
* 85 Article 779 de l'Acte
Uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et des
groupements d'intérêt économique.
* 86 Cette notion fait l'objet
d'un développement dans le chapitre 3.
* 87 Note d'information de
l'emprunt CUD Finance, page 28
* 88 Leigland, J.,
Accelerating municipal bond market development in emerging economies: an
assessment of strategies and progresses, Public budgeting and
Finance (summer 1997) Vol.17, Issue 2, pp 57-80.
* 89 Faerber, E., All about
bonds and bond mutuals funds, 2nd edition, McGraw Hill, 1999. P.
188
* 90 Faerber op. cit. P. 188
* 91 Il faut noter que les
termes obligations générales et obligations-revenus sont
tirées de la littérature anglo-saxonne qui parle de general
obligation bonds et de revenue bonds.
* 92 Note d'information du
programme d'émission, P. 37
* 93 Dalmaz Sylvie,
« Sensibilité du marché obligataire français au
risque spécifique territorial », Cahiers du CEREG,
Université de Paris Dauphine, Paris, 1995.
* 94
* 95 Vernimmen, P., op. Cit.
P.517
* 96 ce taux de rendement
actuariel est dénommé Yield to maturity dans la
littérature anglo-saxonne.
* 97 Vernimmen, P., op. Cit. P.
403
* 98 BEAC, Décision du
Gouverneur N° 14/GR/2005, 13 septembre 2005.
* 99 Ces comptes administratifs
sont respectivement aux annexes 1, 2, 3 et 4.
* 100 Mattet J.B.,
« 'analyse financière dans le secteur public
local », Thèse de doctorat, Université de
Paris IX Dauphine, Paris, 1993.
* 101 Communiqué de la
commission des marchés financiers du 15 mars 2005 inséré
dans l'édition du 16 mars 2005 de Cameroon Tribune.
* 102 Ce lettres sont
datées respectivement du 3 septembre 2004 et du 12 octobre 2004 pour le
MINFIB et le MINATD.
* 103 Raimbourg P.,
« Asymétrie d'information, théorie de l'agence et
gestion de l'entreprise », in Simon Y. et Joffre, P.,
Encyclopédie de gestion, 2ème édition,
Economica, Paris, 1997.
* 104 World Bank and
International Monetary Fund, Developing Government bond markets, A
handbook, Washington , 2001.