INTRODUCTION
La possession de l'arme par l'homme préhistorique
était destinée à faire la chasse au gibier à une
époque où l'alimentation était presque exclusivement
carnée. Dans le pire des cas, il l'utilisait pour se défendre
contre les bêtes sauvages. « Bien qu'armé jusqu'aux
dents, le chasseur de la préhistoire ne tournait pratiquement jamais sa
hache ou son épée contre son frère de race. Il
réservait son énergie à la poursuite du gibier auquel il
devait sa survie ».1(*)
Mais la donne sociale s'est bouleversée à cause
de la propriété des biens convoités par autrui. Dès
lors, l'homme est devenu un loup pour l'homme et naquit ainsi l'idée de
vengeance, de méfiance, de violence et de guerre. Aujourd'hui, la cible
de l'homme moderne n'est plus seulement le gibier. Ses semblables vivent
constamment dans la menace, la peur et la violence.
Il existe plusieurs types d'armes qui peuvent causer
d'énormes destructions humaines. En Droit International Public (DIP),
les armes sont traditionnellement classées en deux catégories
suivant leurs effets destructeurs :
- les armes de destruction massive (ADM) incluant les armes
nucléaires, chimiques et bactériologiques (ou
biologiques) ;
- les armes conventionnelles ou classiques réparties en
deux sous- catégories : les armes conventionnelles lourdes et les
armes légères de petit calibre (ALPC).
Face aux effets de destruction inouïe engendrés
par les armes, la communauté internationale et autres organismes
régionaux ont pris des initiatives pour limiter la prolifération
des armes. En effet, les divers accords ou traités signés ne se
focalisaient qu'à la limitation des ADM par les Etats : cas des
Strategics Arms Limitations Talks (SALT) signés en 1972. Ce n'est qu'en
1995 que le terme « micro-désarmement »
(désarmement des petites armes) a été employé pour
la première fois par l'ex-Secrétaire Général de
l'Organisation des Nations Unies BOUTROS BOUTROS Ghali. En effet, ce dernier
demande à ce que les mêmes efforts soient menés à
l'égard des armes légères de petit calibre.
On dénombre à ce jour environ 639 millions
d'armes légères en circulation dans le monde, soit une arme pour
dix habitants. Notons que 59% de cet arsenal est aux mains des civils soit plus
de 377 millions d'armes. La diffusion anarchique des ALPC dans le monde est due
d'une part à la production industrielle et artisanale et d'autre part
à certains facteurs politiques socio-culturels et réligieux. Plus
de 300 conflits ont éclaté depuis 1947 dans le monde. Les ALPC
ont également déplacé plus de 35 millions de personnes et
réduit le niveau de vie des populations en général et ceux
de l'Afrique en particulier.
En ce qui concerne l'Afrique de l'Ouest, on dénombre
depuis 1990 3.000.000 de victimes d'armes légères avec son
cortège de conflits en Côte d'Ivoire, au Libéria, en Sierra
Léone et autres.
« Partout où ces armes ont sévi, elles
ont semé la mort et la désolation, les efforts de
développement économique et social, et compromis la
résolution des conflits et l'application d'accords âprement
négociés »2(*). C'est le cas de la Côte d'Ivoire où les
principaux accords de LINAS-MARCOUSSIS du 24 janvier 2003 et d'Accra III
d'avril 2004 ne sont appliqués que partiellement.
Soulignons que les ALPC ne sont pas les causes directes des
crises et conflits qui sévissent dans la sous région. Elles
encouragent plus le recours à la violence qu'à un
règlement pacifique des différends. A titre d'illustration on
peut citer le cas du conflit casamançais, depuis plus de vingt
ans ; le conflit libérien qui a duré près de 14
années et le drame sierra léonais. Ce constat alarmiste a
poussé l'Assemblée Générale et le Conseil de
Sécurité (CS) de l'ONU à adopter respectivement les
résolutions A/RES/57/70 du 08 janvier 2003 et S/RES/1467 du 18 mars 2003
sur la question des armes légères en Afrique de l'Ouest.
A cela, il faut ajouter l'action de certains organismes
internationaux Amnesty International, OXFAM, Small Arms Survey, le
Comité International de la Croix Rouge (CICR) régionaux Union
Africaine (UA) ; sous-régionaux Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ; l'Atelier de Mouvement de Lutte
contre les Armes légères en Afrique de l'Ouest (MALAO).
Pour mieux percevoir la problématique des armes
légères et de petit calibre, il convient de les définir et
de les classifier. Bien qu'on ait pu dégager une définition
universelle des armes légères, l'AG de l'ONU a adopté en
1997 le rapport d'un groupe d'experts gouvernementaux présentant une
définition fonctionnelle et une typologie des armes
légères et de petit calibre. En réalité les armes
dites légères sont généralement plus lourdes et
plus encombrantes que les armes de petit calibre. Elles sont destinées
à être employées par un petit groupe ou une équipe
de fantassins et à ce titre on les appelle « armes
collectives ». Les armes légères se situent entre les
armements majeurs figurant au registre des Nations Unies et les armes de petit
calibre. Elles peuvent être transportées par un véhicule
léger ou un animal de trait. Parmi celles-ci on peut citer : les
mitrailleuses lourdes, les lance-grenades, les canons anti-aériens
portatifs, les canons antichars portatifs et les fusils sans récul, les
lance-missiles et lance-roquettes antichars portatifs, les lance-missiles
anti-aériens portatifs, les mortiers de calibre inférieur
à 100 millimètres.
Pour ce qui est des armes de petit calibre, elles sont plus
faciles à manipuler et moins encombrantes que les premières.
Elles sont conçues pour être portées, utilisées et
entretenues par une seule personne et constituent les armes individuelles.
Parmi celles-ci on peut citer : les revolvers et pistolets à
chargement automatique, les fusils à répétition ou
semi-automatiques, les fusils d'assaut, les mitrailleuses
légères.
Que ce soit armes légères ou armes de petit
calibre, la terminologie utilisée pour désigner ces deux termes
est indistincte. Ainsi en général, on utilise les expressions
« armes légères », « armes de petit
calibre », « armes légères et
portatives », « petites armes » pour
désigner ces deux types d'armes.
Bon marché, faciles à dissimuler, à
entretenir et à utiliser, les armes légères sont produites
aujourd'hui par environ 1249 sociétés réparties dans plus
de 90 pays. Face aux situations macabres causées par l'utilisation des
petites armes, n'est-on pas tenté de se poser des questions sur
l'efficacité du Moratoire ouest africain adopté le 31 octobre
1998 à Abuja au Nigeria et sur le programme du Désarmement de la
Démobilisation et de la Réintégration (DDR) des
ex-combattants ouest-africains ?
La problématique des armes légères est en
effet complexe à cause du principe de la souveraineté. Notre
objectif est surtout de comprendre la notion de la circulation des armes
légères en Afrique de l'Ouest et d'apporter une contribution
à l'édification d'un programme de désarmement plus
efficace. Pour ce faire nous tenterons de réfléchir sur les
sources, causes et conséquences de la circulation des petites armes dans
la sous-région ouest africaine (première partie) et
d'étudier ensuite les différentes initiatives et quelques
approches de solutions pour endiguer le phénomène
(deuxième partie).
PREMIERE PARTIE :
LA PROLIFERATION ET LA CIRCULATION DES ARMES LEGERES
EN AFRIQUE DE L'OUEST ET LEURS CONSEQUENCES
Ayant fait plus de 3.500.000 morts en République
Démocratique du Congo entre 1990 et 2004 et plus de 3.000.000 en Afrique
de l'Ouest, les armes légères continuent de faire des victimes
innocentes3(*).
Comme armes légères, on peut citer: les
mitrailleuses lourdes, les lance- grenades portatifs, amovibles ou
montés, les canons anti-aériens portatifs, les canons anti-chars
portatifs, les fusils sans recul, les lance-missiles, les lance- roquettes
antichars portatifs.
Pour ce qui est des armes de petit calibre, on a les
mitraillettes, les fusils d'assaut, les mitrailleuses légères
dont les FAL Belges, les G3 allemands, la mitraillette israélienne UZI
et surtout l'AK 47 arme légère russe la plus répandue et
la plus utilisée dans les conflits armés.
Parmi les plus grandes industries qui produisent,
fabriquent et vendent ces armes on a : le Groupement Industriel des
Armements Terrestres en France spécialisé dans la production des
véhicules blindés, les armements de gros, moyen et petit calibre.
En Grande Bretagne, on a la Royal Ordonnance Factories (ROF) et la Vicker
Defense System (VDS) produisant des armes et munitions. En Allemagne, on peut
citer l'industrie de Meppen pour la fabrication des armes et les moyens
calibres.
Aux Etats-Unis on a Mc Douglas, General Electric. En
Afrique on peut citer comme industries de base : Vektor, Pretoria Metal
Pressing d'origine Sud Africaine.
Cela revient concrètement à dire que l'on
doit la prolifération des armes légères et de petit
calibre ( ALPC) à ces industries dont le nombre ne cesse de
croître dans le monde. Notons que le terme prolifération
sous-entend l'accumulation excessive des armes par l'Etat. Alors que le terme
circulation ou diffusion des armes inclut non seulement l'accumulation des
armes par l'Etat mais aussi par les individus, les groupes armés
paramilitaires, les milices et les insurgés.
Selon les dernières estimations, près de huit
millions d'armes légères ont été vendues en 2000
pour une recette de 7 millions de dollars1(*). Ce constat nous fait dire qu'il existe une kyrielle
d'industries modernes produisant ces ALPC. A cela il faut ajouter la production
artisanale dans certains pays de l'Afrique de l'Ouest notamment au Mali, au
Niger, au Bénin, au Ghana et au Nigeria.
A côté des productions modernes et artisanales
favorisant la prolifération et circulation des ALPC dans la
sous-région, il existe certains facteurs notamment politiques et
socio-culturels qui constituent l'une des causes du phénomène.
Aussi, la prolifération des armes
légères et de petit calibre constitue -t-elle une menace grave et
manifeste à la paix et à la sécurité de la
sous-région sans oublier les retombées sur les plans
diplomatique, politique et socio-économique, avec le cas des enfants
soldats en Siérra-Léonne, au Libéria, et en Côte
d'Ivoire.
Ainsi dans un premier chapitre nous étudierons les
différentes sources et causes de la prolifération des armes
légères et dans un deuxième chapitre, nous aborderons les
diverses conséquences de ce fléau en Afrique de l'Ouest.
Nous avons porté notre choix sur l'Afrique de
l'Ouest en ce sens que ce sous-continent vit depuis plus d'une décennie
des instabilités politiques qui sans doute ont des répercussions
sur le développement social, économique et culturel des pays de
la CEDEAO.
CHAPITRE I :
LES SOURCES ET CAUSES DE LA CIRCULATION DES ARMES
LEGERES EN AFRIQUE DE L'OUEST
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la
technologie de pointe s'est développée en matière
d'armement. Cela a permis aux divers Etats aussi bien du Nord que du Sud de
renforcer leur puissance militaire, conduisant à la création des
industries de production et de fabrication d'armes dans le monde. Ainsi, les
industries du Nord ont été facilement transférées
dans les pays du Sud notamment en Afrique.
Les armes légères et de petit calibre
proviennent alors de plusieurs sources. De même leurs destinations sont
multiples comme l'illustre le schéma ci-après :
FLUX TRANSFRONTALIER DES ARMES LEGERES
SOURCES
Licites
Illicites
Commandes de L'Etat
et des particuliers
Conflits
Importations Fabrication locale Vol
DESTINATRAIRES
Population civile Criminels
Milices Mouvements armés
Toute chose qui fait penser aux sources de la
prolifération des armes légères (section 1) nous fait
penser à certains facteurs endogènes favorisant le
phénomène (section 2).
SECTION 1 : LES SOURCES DE LA CIRCULATION
DES ARMES LEGERES EN AFRIQUE DE L'OUEST
Dans cette section nous évoquerons la
prolifération des industries d'armement aussi bien dans les pays du
Nord que dans les pays du Sud (Afrique). Après cela, nous
étudierons la production artisanale des armes dans quelques pays de la
sous-région ouest-africaine.
PARAGRAPHE 1 : LA FORTE CONCENTRATION DES
INDUSTRIES D'ARMEMENT DANS LES PAYS DU NORD ET DANS LES PAYS DU SUD
Selon VLADMIR PETROVSKY « La technologie a
aussi apporté de moyens de destruction et le monde s'est ainsi
trouvé confronter à un réel risque
d'autodestruction1(*) ». A en croire Steve WRIGHT dans le "Monde
Diplomatique" de janvier 2001, le nombre de pays produisant les armes
légères a doublé entre 1960 et 1999 et celui des
fabricants a été multiplié par six (6)2(*).
Notons qu'il existe environ 1249 sociétés
réparties dans au moins 98 pays produisant des armes
légères et des munitions3(*). La plus grande concentration de pays produisant ces
armes se trouve en Europe avec 40% de production. Entre 1996 et 1999, 1,6
millions d'armes à feu ont été fabriquées,et
près de deux cent mille grenades ont été vendues pour une
recette de 1,5 milliards de dollar. Seize milliards de munitions ont
été fabriquées en 20014(*) .
Ce constat alarmiste nous permet d'affirmer qu'il existe
une forte concentration d'industries en Europe, en Amérique, en Asie et
dans une moindre mesure en Afrique comme l'illustre le graphique
ci-après :
Europe : 39 pays
Amérique du Nord / Centrale : 6 pays
Amérique du Sud : 10 pays
Asie pacifique : 19 pays
Moyen orient : 11 pays
Afrique sub-saharienne : 10 pays
Graphique : Répartition
mondiale des producteurs d'armes légères en 2000
Source : Small Arms Survey 2001:
Petites Armes et Gros Business: Produits et producteurs
A- Cas de quelques industries dans les pays du Nord
Les pays producteurs d'armes légères parmi les
pays du Nord peuvent être classés en quatre (4) catégories
principales, selon la valeur et le volume de production :
- la première catégorie comprend les principaux
producteurs comme : les Etats-Unis, la Russie et la Chine ;
- la seconde catégorie comprend les producteurs de
moyenne envergure et compte une vingtaine de pays pour la plupart en Europe et
en Asie ;
- la troisième catégorie comprenant environ 30
pays considérés comme étant de petits producteurs et
- la quatrième catégorie comprend au moins
quarante (40) pays ayant une certaine capacité de production.
1- Les industries d'armes européennes
Le continent européen est passé de 39 pays
producteurs en 2000 à 41 en 2001, sur un total de 98 dans le
monde1(*).
Ainsi, parmi les 41 pays actuels qui produisent les
armes légères on peut citer entre autres la France, la Grande
Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, la Suède et la Russie.
- La France
En France on a le Groupement Industriel des Armements
Terrestres (GIAT) qui relève de la Direction des Armements terrestres
dont le siège se trouve à Saint Cloud. Le GIAT emploie environ 17
mille personnes. Il produit essentiellement trois (3) types de
matériel de guerre :
- les véhicules blindés
- les armements de gros moyens et petit calibre comme les
canons de 155 mm, de 20 mm et/ou de 30 mm DEFA.
- le FAMAS 5,56 et les munitions de tous types.
Comme industries de production d'armes
légères on a :
- la manufacture d'armes de Saint-Etienne
spécialisée en armes de petit calibre ;
- la manufacture d'armes de Tulle spécialisée en
armes de moyen calibre.
- Et enfin les ateliers de fabrication de Toulouse, de Mars et
de Rennes spécialisés en munitions de petit et moyen calibre.
- En Italie
Avant les années 1960, les industries d'armement
italiennes ont eu d'énormes difficultés à
s'auto-promouvoir et à se développer véritablement.
L'industrie italienne emploie dans l'ordre de 100.000 personnes2(*). Il faut noter que les villes
qui produisent les armes légères sont au nord de l'Italie. Il
s'agit entre autres de Lombardie et de Piemont.
Parmi les plus grandes industries qui existent et qui
produisent ces armes, on peut citer :
- le groupe Aéritalia, créé en
19691(*) qui emploie
environ 15.000 personnes réparties dans treize
établissements ;
- la société Agusta produisant les armes et
munitions ;
- la société OTO MELARA de LA SPEZIA qui produit
des blindés, des canons et des obusiers et
- enfin la société BERRETTA de Gardone qui est
la plus grande productrice d'armes légères en Europe et fait
partie des plus grands exportateurs d'armes en direction de l'Afrique.
Que retenir des industries américaines ?
2- Les industries d'armes
américaines
Les Etats Unis abritent plus de la moitié des
fabricants d'armes légères légalement enregistrés.
Selon le rapport diffusé par « Small Arms
Survey » en 2002, le continent américain totalise 15
régions produisant en quantité suffisante des ALPC. Cela revient
à dire qu'il existe plusieurs sociétés de production et de
fabrication des armes, que ce soit en Amérique du sud, en
Amérique centrale, ou en Amérique du nord. Au total,
l'Amérique compte 16% des pays producteurs en 2002 avec plus de 100
sociétés.
Les plus grandes régions productrices se trouvent dans
le nord-est. Il s'agit de : Massachusetts, Connecticut, New York,
Californie et Texas. Parmi les quelques sociétés produisant les
ALPC, on peut citer : Boeing, Lockheed,
Mc. Douglas, General Electric, General Dynamic Hugles, IBYI,
Collins, ITT, HONEYWELL, General Hetors. Leur production est
déversée sur le marché africain.
Les Etats-Unis demeurent le premier pays exportateur
d'armes dans le monde avec 41% de vente en 20021(*).
Outre les pays industrialisés qui produisent les ALPC,
il existe notamment quelques usines qui fabriquent en Afrique ces engins de
mort.
B - Les industries africaines
Parmi les pays fabriquant les armes légères
on peut citer entre autres : l'Afrique du Sud, le Zimbabwe, le
Nigéria, la Namibie, l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, l'Egypte, et le
Ghana.
1- Les industries sud-africaines
L'Afrique du sud est la plus grande productrice d'armes
légères en Afrique. Aujourd'hui, elle compte 700 usines de
fabrications d'armes et emploie près de 22.500 personnes.
La plus grande industrie est
« Denel » qui exerce un contrôle sur les
usines. Pour ce qui est des armes légères, les plus grands
producteurs sont :
- VEKTER qui produit des revolvers, des fusils d'assaut, des
mitrailleuses, des mortiers, des canons automatiques de 20 mm ;
- MGL MILKER MARKETING spécialiste ; des
lance-grenades automatiques ;
- Mechem qui produit les fusils anti matériels
de 12,7 et 20 mm ;
- ARAM, New generation Ammunition, Truvela Armourg
Division ;
- Pretoria Metal Pressing produisant les mitrailleuses
lourdes, les revolvers, les fusils et pièces d'armes
légères et enfin des munitions de gros, moyen et petit
calibre.
L'Afrique du sud exporte ses armes dans 61 pays dont les
régions privilégiées sont le Moyen-Orient et les autres
pays de l'Afrique. Le client privilégié de ce pays en Afrique de
l'ouest est la Côte d'Ivoire1(*).
2- Les industries ougandaises et nigérianes
a- Les industries ougandaises
L'Ouganda possède une petite industrie et au moins
trois (3) usines d'armes. La plus grande est Nakasongola Arms Factory (NAF).
Cette usine se trouve dans la région de Gulu et produit des armes
légères et des munitions qu'elle exporte.
b -Les industries nigérianes
L'usine nigériane emploie actuellement 700 personnes
environ dans l'établissement de Kaduna où l'on produit des armes
légères et des munitions.
Parmi les industries productrices d'armes
légères on peut citer :
- la Defense Industrie Corporation (DICON) créée
en 1964 par une loi spéciale ;
- la Defense Industrie Corporation of Nigeria Act. Cette
industrie a joué un rôle important durant la guerre de Biafra
(1968 - 1970) et
- l'usine de Bauchi qui produit quant à elle des
véhicules blindés légers.
Ces usines sont spécialisées dans la
fabrication moderne des ALPC au Nigeria.
Comme il est aisé de constater que dans la mesure
où toutes ces industries ne fabriquent pas des armes aux fins
d'ornement, elles oeuvrent surtout pour l'écoulement de leur production.
Ce qui favorise indubitablement la prolifération et la circulation des
ALPC dans le monde en général et en Afrique de l'Ouest en
particulier.
Toutefois, la production artisanale ou locale des ALPC
en Afrique occidentale occupe aussi une place considérable dans le
phénomène de la prolifération des armes
légères dans la sous-région.
PARAGRAPHE 2 : LA PRODUCTION ARTISANALE DES
ARMES LEGERES ET PETIT CALIBRE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Nous étudierons dans cette partie la
production artisanale au Mali, au Nigeria, au Bénin, au Ghana et au
Niger.
A- La production artisanale des armes
légères au Mali et au Niger
Le rang des fabricants locaux aussi bien au Mali et au
Niger occupe une place non moins négligeable dans le
phénomène de la circulation des armes légères en
Afrique de l'ouest. Selon Mamadou Sékouba KANTE auteur de l'ouvrage "De
la fabrication locale d'armes au Mali" : « ... Plus de 50% des armes
qui échappent au contrôle des Etats....sont des armes de
fabrication locale. »1(*) Ainsi la production locale au Mali et en Afrique de
l'ouest en général échappe au contrôle légal
et réglementaire des divers Etats.
Certaines régions sont considérées
comme étant le fief de la fabrication d'armes légères.
Notons les régions comme: Koulikoro, Kagamba, Dioila, Kayes et Mopti ou
on a recensé 11 000 fusils de traite en 1998.2(*)
Entre 1996 et 1998, le rapport entre armes
perfectionnées et armes de fabrication locale se présente comme
l'indique le diagramme ci-après :
Armes légères perfectionnées :
1173 ; 3149 ; 188314
Armes de fabrication locale
: 2538 ; 3149 ; 3176
ALP : Armes Légères
Perfectionnées
AFL : Armes de Fabrication Locale
Source : De la fabrication
locale d'armes au Mali, Mamadou Sekouba Kanté
Au total, plusieurs facteurs historiques favorisent la
fabrication locale des armes légères au Mali et au Niger. Parmi
ces derniers, on peut citer :
- la tradition de la chasse dans certaines zones
- la tradition guerrière
- l'existence de la caste socio-professionnelle des forgerons
- et enfin la valeur épistémologique
rattachée au port d'armes dans certaines cultures.
Un fusil ou un pistolet de fabrication locale au Mali
coûte entre 5000 et 15000 CFA. Dans les centres urbains les prix de ces
mêmes armes varient entre 25000 et 30000 CFA.
Qu'en est-il alors du Bénin, du Nigéria et du
Ghana ?
Un artisan de fabrication locale d'arme à Bamako
(Mali)
B- La fabrication locale des Armes
Légères et Petit Calibre au Nigeria, au Bénin et au
Ghana.
Il existe une forte concentration de producteurs locaux
d'armes légères dans le nord du Bénin notamment à
Parakou et dans certaines villes du Ghana comme Koumassi et Accra.
Selon le Programme de Coordination et d'Assistance pour la
Sécurité (PCASED), la recherche du profit facile favorise la
fabrication locale des armes légères au Nigeria. Ainsi, un fusil
à double canon coûte entre 50.000 et 65.000 Naira ; un fusil
à canon unique entre 25.000 et 30.000 Naira. Quant aux pistolets, leur
prix varie entre 3.000 et 7.000 Naira.1(*)
Aussi, certaines pratiques rituelles ou
cérémonielles constituent l'une des causes fondamentales de la
prolifération des ALPC dans ce pays.
La production industrielle et artisanale étant une
réalité, il convient de ce fait d'étudier la
problématique du commerce, du vol et du trafic d'armes comme autres
causes de la prolifération des armes légères en Afrique
de l'ouest.
SECTION 2 : DE LA PRODUCTION AUX MODES DE
TRANSFERT DES ARMES LEGERES ET PETIT CALIBRE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Cette section sera consacrée à l'étude
des modes de transfert des armes dans la sous-région d'une part et
l'examen de quelques facteurs politiques et socio-économiques favorisant
ce phénomène d'autre part.
PARAGRAPHE 1 : LES MODES DE TRANSFERT DES ARMES
LEGERES ET PETIT CALIBRE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Il y a essentiellement le commerce des
armes d'une part et leur trafic d'autre part.
A - Les dispositions internationales favorisant l'achat des
armes et la notion de commerce des Armes Légères et Petit Calibre
en Afrique de l'Ouest
L'expression «maintien de la paix et de la
sécurité internationale » est employée plus d'une
vingtaine de fois dans la Charte des Nations Unies. Cela veut dire que la
préoccupation des Nations Unies se limitait strictement à la paix
et à la sécurité plutôt qu'au désarmement.
Aussi avons-nous le droit de légitime défense
accordé aux Etats; «un droit naturel de légitime
défense, individuelle ou collective dans le cas où un membre des
Nations Unies est l'objet d'une agression armée... ». L'article 51
de la Charte dispose également qu' « aucune disposition
de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de
légitime défense ». Ainsi, les Etats en
général, et ceux de l'Afrique de l'Ouest en particulier disposent
d'une liberté d'action totale en matière de dépenses
militaires en ce sens qu'«aucune disposition de la présente Charte
n'autorise les Nations Unies a intervenir dans les affaires qui relèvent
essentiellement de la compétence d'un Etat» Article 2 paragraphe 7
de la Charte des Nations Unies.
Pour ce qui est du commerce des ALPC le colonel Sirakoro
SANGARE, responsable adjoint de la sécurité attaché au
président malien « l'importation d'armes portatives, qu'elle
soit licite ou illicite n'est qu'un des aspects du problème des armes
portatives en Afrique ».1(*) Notons que le commerce ou le transfert des armes en
Afrique de l'Ouest remonte aux années 1947-1953 période de la
guerre froide. « Des millions d'armes légères ont
été expédiées en Afrique pendant la guerre froide
en vue d'armer les combattants anticolonialistes des pays nouvellement
indépendants et les forces alliées des nouvelles
puissances »2(*).Cela veut dire que le problème de transfert
des armes continue de favoriser le phénomène de la
prolifération depuis plus de 50 ans.
Dans certaines régions de l'Afrique de l'Ouest,
un fusil d'assaut AK 47 de marque soviétique convoité pour sa
facilité d'usage et sa puissance de tir peut s'acheter pour la somme
dérisoire de 6 dollars soit environ 3.500 F CFA ou s'échanger
contre un poulet, une chèvre ou un sac de céréales3(*). Certaines se louent
l'heure.
Sur les dix-sept milliards d'achats d'armes en 2002, deux
tiers ont été effectués par les pays du tiers-monde en
général et ceux de l'Afrique en particulier. Ailleurs, le budget
de l'armée est supérieur à celui de l'éducation et
de la santé pris individuellement. C'est le cas en Afrique de l'Ouest,
du Nigeria, de la Guinée Bissau et de la Sierra Leone. Ceci conduit
inévitablement à la réduction de la rentabilité des
ressources de l'Etat.
Notons que les grands exportateurs de ces armes en direction
de l'Afrique sont les cinq membres permanents du Conseil de
Sécurité qui ont vendu 90% des 17 milliards de dollars d'armes en
2002. Les statistiques se présentent comme suit :
Source : Marchés Tropicaux N°3066 du
20/08/2004
Après avoir évoqué le commerce
légal des ALPC en Afrique de l'Ouest, il convient d'étudier le
phénomène du vol et du trafic des armes légères
dans la sous-région.
B- Le trafic et le vol d'armes en Afrique de l'ouest
Les armes légères traversent plusieurs zones de
conflit en Afrique de l'Ouest. Aussi, sont-elles vendues illégalement ou
échangées contre certains produits illicites ou
trafiqués : la drogue, le diamant ou autres objets de contrebande.
Le marché noir des ALPC varie entre 2 milliards et 10 milliards de
dollars US par an1(*).
La porosité des frontières des pays favorise
l'introduction illicite ou frauduleuse de nombre de produits prohibés en
Afrique occidentale. En effet le Nigeria constitue le carrefour de ce
phénomène. Les ALPC rentrent très facilement dans ce pays,
cachées dans des vêtements, des véhicules et même
dans les ustensiles de cuisine à cause de leur
légèreté1(*).
Les principales voies utilisées par les trafiquants
sont notamment les voies terrestres notamment les pistes créées
par les trafiquants eux-mêmes, les voies aériennes, les voies
ferroviaires surtout entre Bamako et Dakar et enfin les voies maritimes et
fluviales.
En août 1999, les services de douanes
nigérianes ont réussi à intercepter 6 ressortissants d'un
Etat ouest africain dans une pirogue avec 70 mille munitions et des sacs
remplis d'armes. De même, la police nigériane a intercepté
en 2001 des trafiquants à Alabata près d'Abéoukouta et
saisi 26.500 cartouches dissimulées dans 106 cartons.1(*) Aussi, l'embargo et le
non-paiement des impôts et taxes douaniers favorisent-ils ce trafic.
De plus l'entrée d'un grand nombre de
réfugiés dans les pays voisins favorise le
phénomène du trafic des armes dans la sous-région.
Le trafic d'armes entre le Liberia et la Côte
d'Ivoire paraît très préoccupant à cause de la
différence de 200% de prime au programme de désarmement. En
effet, les combattants libériens ne reçoivent que 300 dollars US
alors que ceux de la Côte d'Ivoire sont trois fois mieux payés.
Pour ce qui est du vol d'armes, le PCASED estime que ce
phénomène constitue une des causes fondamentales de la
prolifération des armes légères en Afrique de l'Ouest. En
effet entre 1998 et 2000, 196 armes seraient " perdues " par la police
nigériane ; aussi, lors d'un cambriolage du magasin d'armes du
service des douanes au Nigeria, une importante quantité d'armes
aurait-elle été emportée. L'assassinat de 19 soldats dans
la région de Zaki Biam est aussi suivi de la disparition de leurs armes.
En Août 2000 au Mali, Ibrahim Ag Bahanga chef de
la rébellion touarègue a réussi avec son équipe
à dévaliser le magasin d'armements, opération au cours de
laquelle deux véhicules tout terrain, des armes et des munitions ont
été emportées en direction du désert1(*).
Ces modes de transfert constituent une
illégalité en Droit International Public.
Pour ce qui est des mobiles qui incitent les pays ouest
africains à décaisser des sommes folles pour accumuler leur
puissance de feu, on peut citer entre autres : les instabilités
politiques, qui conduisent au prolongement des crises ; la mauvaise
gouvernance et tous les autres maux qui leur sont indissociables ;
l'insécurité grandissante à l'intérieur de nos
pays sans oublier bien évidemment la pauvreté voire la
misère.
On assiste de ce fait à la prolifération
des ALPC dans un premier temps puis à la circulation voire la diffusion
de ces petits engins de mort.
Ainsi, nous étudierons quelques facteurs favorisant le
phénomène de la circulation des ALPC dans la
sous-région.
PARAGRAPHE 2 : QUELQUES FACTEURS
FAVORISANT LA CIRCULATION DES ARMES LEGERES ET PETIT CALIBRE EN AFRIQUE DE
L'OUEST
Dans cette partie, nous examinerons les facteurs politiques et
socio-économiques.
A- Les facteurs politiques et le problème de
l'insécurité
1 - Les facteurs politiques
Il faut remonter aux mouvements nationalistes qui se sont
soulevés dès le départ du colonisateur pour remettre en
cause la stabilité des Etats. Ainsi, on aboutit à une
pluralité de conflits d'ordre ethnique, politique et religieux. Chaque
clan, soucieux par la passion de se faire représenter dans les
différentes institutions politiques, ne tarde pas à faire recours
à des moyens illégaux.
Aussi, les frustrations créées par les
élites politiques et gouvernementales ouest-africaines qui sont le plus
souvent élues de façon contestable, incitent de ce fait les
populations civiles à prendre les armes pour se rebeller contre le
régime en place. Parfois, tout est fait pour écarter les leaders
de l'opposition. C'est le cas de la Côte d'Ivoire avec son concept
d'ivoirité qui a écarté de la course présidentielle
de 2001, Alassane Dramane OUATTARA. « Les conflits eux-mêmes
trouvent généralement leurs sources dans les différences
et disparités politiques, économiques ethniques et
religieuses».4(*)
2 - Le problème de
l'insécurité
Le phénomène de l'insécurité dans
les pays de l'Afrique de l'Ouest n'est plus à démontrer. La
criminalité, le vol, le viol, les braquages sont enregistrés
quotidiennement dans les villes et campagnes. Face à cette situation, le
rôle premier de l'Etat est de tout mettre en oeuvre pour assurer la
sécurité et l'ordre dans les pays.
Cependant, la mission sécuritaire de l'Etat
quasiment insuffisante voire absente, conduit les citoyens à l'auto
défense. Ils préfèrent assurer leur propre
sécurité en s'achetant légalement ou illégalement,
une ou plusieurs armes.
Une mission d'enquête des Nations Unies,
envoyée à la demande du Mali dans plusieurs Etats
ouest-africains, pour identifier la nature et la quantité d'armes
légères en circulation a conclu que la demande d'armes
était essentiellement liée au fort sentiment
d'insécurité des populations interrogées.
B- Les facteurs
socio-économiques
Ils se rapportent au problème de pauvreté de
façon essentielle d'une part et d'autre part aux problèmes
sociaux.
1- Le problème de pauvreté
Le Produit Intérieur Brut (PIB) et le Produit
National Brut (PNB) des pays africains en général et ceux de
l'Afrique de l'Ouest en particulier connaissent un niveau de
développement déplorable. Les ressources aussi insuffisantes
soient t'elles sont inégalement réparties entre les riches qui
font la minorité et qui prennent paradoxalement la grande part et les
pauvres qui sont majoritaires prennent la portion congrue. Il faut noter que
la mauvaise gouvernance est souvent la discipline sportive la mieux
pratiquée en Afrique en général et en Afrique de l'Ouest
en particulier. Cette situation crée des frustrations et conduit souvent
à la prise des armes.
A ce sujet, Adama DIARRA, président de la Croix
Rouge malienne estime que « l'action humanitaire ne consistait pas
seulement à nourrir les affamés, mais aussi à mettre fin
à toutes les causes de la souffrance »1(*).
La pauvreté et la misère ambiante battent
sans cesse pavillon ouest-africain depuis les indépendances
jusqu'à ce jour. Il paraît évident que le manque de
développement constitue la cause majeure ou principale de la
prolifération des armes légères dans la
sous-région.
2- Quelques facteurs non
négligeables
Il s'agit entre autres de :
- l'absence de surveillance stricte et sérieuse des
aéroports et des ports de nos villes qui échappent aux
contrôles douaniers et policiers ;
- la corruption généralisée des forces de
l'ordre (privées et publiques) qui n'exercent plus une surveillance
rigoureuse et impartiale sur les marchandises importées et
exportées en direction des pays de la sous-région ;
- le nombre considérable de jeunes chômeurs et de
sans-emploi. Ces derniers restent dans l'oisiveté et finissent avec le
temps par rejoindre les bandes de trafiquants à la recherche surtout de
la survie et d'un mieux-être ;
- le prolongement des crises et des conflits dans les pays
comme le Libéria et la Sierra Léone ;
- l'existence de certaines ressources minières qui
attirent certains trafiquants, fabricants et producteurs du Nord et du
Sud ;
- enfin, la non application des textes internationaux par les
Etats. Ceci constitue un handicap majeur dans la lutte contre la
prolifération des armes légères dans la sous-région
ouest africaine.
La prolifération et circulation des ALPC étant
une réalité en Afrique de l'Ouest, il convient à
présent d'examiner les diverses conséquences résultant de
ce fléau.
CHAPITRE II :
LES CONSEQUENCES DE LA CIRCULATION DES ARMES LEGERES ET
DE PETIT CALIBRE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Le stock mondial des ALPC est estimé à environ
639.000.000. 59% de cet arsenal est aux mains des civils, soit plus de
377.000.000 d'armes, le reste étant la propriété des
forces armées gouvernementales (39%) de la police, des insurgés
et autres forces non étatiques1(*).
Selon le rapport publié par l'Atelier du Mouvement
contre les Armes Légères en Afrique de l'Ouest (MALAO), plus de
8.000.0002(*) d'ALPC
circulent en Afrique de l'Ouest que ce soit légalement ou
illégalement, de façon licite ou illicite. Au Nigeria on
dénombre plus d'un million d'armes en circulation et plus de 40.000 au
Ghana3(*).
Ce phénomène entraîne ipso facto des
conséquences dramatiques sur tous les plans. D'abord cela incite ou
aggrave l'insécurité : c'est le cas des braquages dans les
villes et campagnes de la sous-région. Nous avons aussi les conflits et
les crises dans lesquelles on dénombre des milliers de combattants qui
ont moins de 15 ans ; le problème du mercenariat sans oublier les
conséquences sur les plans diplomatiques et socio-économiques.
Au total, plus de 300 conflits ont éclaté
depuis 1945 à nos jours et ont causé la mort de plus de
30.000.000 de personnes pour la plupart dans les pays du Sud4(*).
Ainsi, dans un premier temps, nous étudierons les ALPC
comme étant une menace à la paix et à la
sécurité de la sous région, et dans un second temps, nous
examinerons les autres conséquences résultant de ce
fléau.
SECTION 1 : LES ARMES LEGERES ET PETIT
CALIBRE : UNE MENACE POUR LA PAIX ET LA SECURITE
SOUS-REGIONALE
Selon la Ligue Internationale pour les Droits des Enfants
(LIDE) dont le siège est à Lomé au Togo, « la
circulation anarchique des armes légères et de petit calibre en
Afrique constitue l'une des sources de nombreuses guerres et foyers de tension
sur le continent surtout en Afrique de l'Ouest »1(*).
Cela veut dire que la circulation des ALPC favorise et
prolonge les conflits fratricides depuis les années 1960 jusqu'à
ce jour.
A ce sujet l'ex-Président malien Alpha OMAR
KONARE déclare : «Des millions de victimes pour la plupart des
civils, des populations déplacées avec leur cortège de
larmes et de sueur. Le phénomène d'enfants soldats en passant par
les phénomènes du terrorisme frontalier et du grand banditisme
dans les centres urbains et les zones frontalières »2(*).
PARAGRAPHE 1 : BILAN DES PERTES EN VIES
HUMAINES ET LE PROBLEME DE REFUGIES
Les ALPC causent des destructions massives en tuant environ
300.000 personnes par an en temps de guerre, conflit ou coup d'Etat et environ
200.000 par an en temps de paix. On estime à près de 9.000.000 le
nombre d'enfants tués depuis 1990 et plus d'un million cinq cent mille
blessés. Au total, les armes légères sont le plus souvent
utilisées dans 94% des conflits récents causant environ 4
millions de morts dont 90% de civils.3(*)
Depuis 1996, l'Afrique subsaharienne a été le
théâtre de cadre à plus d'une vingtaine de conflits
armés allant de l'Est à l'Ouest et du Centre au Sud.
Selon Kofi ANNAN, Secrétaire Général de
l'ONU, les différents conflits enregistrés en Afrique de l'Ouest
ont pour causes principales « l'utilisation accrue et la
prolifération des mercenaires, des enfants soldats et des armes
légères ....».1(*)
La plupart des individus qui manipulent ces engins de mort ne
sont pas des militaires de carrière, et ne reçoivent qu'une
formation sommaire. Il s'agit des civils ayant reçu une formation sur le
tas et qui ignorent ou se permettent de violer constamment les Droits de
l'Homme et les principes du Droit International Humanitaire (DIH). C'est le cas
de la Sierra Léone, du Libéria depuis 15 ans, de la Côte
d'Ivoire depuis 4 ans.
Depuis 1990, trois millions de personnes ont
été tuées en Afrique de l'Ouest par les armes
légères. 90% de ces victimes étaient des civils dont 80%
de femmes et d'enfants2(*). 3.000.000 de victimes décédées
dans l'intervalle de 14 années équivalent à un "11
septembre 2001" tous les jours et ce pendant trois ans et demi3(*).
A- Bilan des pertes en vies humaines
Les différents conflits ouest-africains ont
causé la mort d'un grand nombre de personnes et ont occasionné le
déplacement des milliers d'individus vers les pays voisins. Nous
examinerons le cas de la rebellion Touareg, les crises libérienne,
casamançaise, sierra-léonnaise et ivoirienne.
- Cas de la Casamançe :
commencé depuis 1960, le conflit casamançais n'a
été effectif qu'en 1983. Entre 1992 et 1993, on en
dénombre la mort de plus d'un millier de victimes.4(*)
- Cas de la rébellion
touareg : les rébellions touaregs quant-a-elles ont
commencé depuis les années 1990 et ne concernent que quelques
régions du Mali, du Niger et de la Mauritanie. Entre 1990 et 1995 on
dénombre plus de 5.000 victimes décédées.1(*)
- Cas du Liberia : le conflit
libérien a opposé les rebelles du Libériens Unis pour la
Réconciliation et le Développement (LURD) et ceux du Mouvement
pour la Démocratie au Libéria (MODEL) aux forces gouvernementales
de l'ex-Président Charles TAYLOR. En 1992, on estimait à
près de 150.000 le nombre de morts.2(*) Aujourd'hui l'on note des exactions et des violences
à l'égard des populations civiles de Monrovia.
- Cas de la crise ivoirienne :
Remontant à décembre 1999, la crise ivoirienne a
véritablement commencé en septembre 2002. Dans cette
période on compte plus de 300 morts et plus de 600
blessés.3(*)
L'organisation de la marche interdite du 25 mars 2004 a causé la mort de
plus de 200 personnes selon le Mouvement Ivoirien des Droits de l'Homme
(MIDH).4(*)
Au total, les guerres libérienne,
sierra-léonaise et ivoirienne ont détruit le tissu
économique et social de ces pays au point où le Secrétaire
Exécutif de la CEDEAO Monsieur MOHAMED IBN Chambas a demandé en
août 2003 au Conseil de Sécurité de l'ONU que « tout
soit fait pour arrêter d'urgence la prolifération des armes
légères en Afrique de l'Ouest, soulignant que nulle part ailleurs
qu'au Libéria... les conséquences néfastes n'ont
été plus évidentes »5(*).
B- Le problème des réfugiés
Les ALPC ont déplacé environ 35.000.0006(*) de personnes dans le monde et
ce sont les conflits armés qui font le plus fuir les personnes vers les
pays voisins. « Les armes portatives et les armes
légères déplacent des millions de personnes tous les ans,
surtout en Afrique subsaharienne »1(*) a déclaré Eric NEWSON
Ex-Secrétaire d'Etat Américain.
Dans le but d'avoir la vie sauve, des milliers de personnes,
se retrouvent dans l'obligation de s'ériger en nomades professionnels.
Ainsi, ne disposant d'aucun moyen de subsistance, et les moyens du Haut
Commissariat aux Réfugiés (HCR) étant limités pour
prendre en charge ces derniers, la délinquance, la pauvreté, la
misère, la prostitution s'installent peu à peu dans les pays
d'accueil.
Selon MFI HEBDO, en début septembre 2003, plus de
50.000 civils se sont déplacés vers la Guinée Conakry lors
de la crise libérienne qui a duré 14 années.2(*)
La rébellion casamançaise quant à elle a
fait déplacer 20.000 personnes en direction de la Gambie et de la
Guinée Bissau3(*).
Aussi les pays comme le Bénin, le Mali, le Togo, le
Sénégal, le Burkina Faso et le Ghana, continuent à
recevoir des réfugiés libériens, sierra-léonais et
ivoiriens ; ce qui accroît le nombre de chômeurs et de
sans-emploi dans la sous-région.
Un autre problème crucial se pose au Mali et au Burkina
Faso. En effet, la problématique de la réinsertion pose
d'énormes difficultés à ces Etats qui se voient
obligés d'accueillir ces milliers de personnes qui de gré ou de
force ont déserté les villes d'Abidjan, de Yamoussoukro et de
Bouaké.
En effet, les pays voisins qui reçoivent ces
étrangers sont confrontés à des problèmes
d'insécurité tels que : le braquage, le vol à mains
armées, les mercenariats et les coups d'Etats.
PARAGRAPHE 2 : LE
PROBLEME DE BRAQUAGE, DE MERCENARIAT ET DE COUP D'ETAT
La circulation illicite des ALPC donne lieu à des
problèmes de braquage et de vols qualifiés dans de nombreux pays
de la sous-région. Aussi enregistre t-on le plus souvent le
phénomène du mercenariat et de coup d'Etat.
A- Les braquages
A en croire l'Agence FIDES, les armes de guerre servent dans
13% des vols.1(*) L'arme préférée du banditisme
africain n'est pas le revolver mais la Kalachnikov AK-47.
En juillet 2004, un groupe de malfrats armés a
été appréhendé par les forces de l'ordre
guinéennes (Conakry). Cette situation s'explique par le fait que les
armes de guerre utilisées au Libéria, en Sierra Léone, et
en Côte d'Ivoire se retrouvent très facilement dans les autres
pays de la sous-région. A côté de cela, nous avons des
armes de fabrication artisanale que l'on utilise dans les braquages et les vols
à mains armées.
Au Bénin, des exemples de braquages, de vols à
mains armées sont légion. Le 14 janvier 2004, les
éléments de Recherche Assistance Intervention Dissuasion (RAID)
ont réussi à appréhender des malfrats ;
opération au cours de laquelle le Commandant Louis Philippe HOUNDEGNON
et ses hommes ont réussi à saisir des armes de guerre et 927
munitions de 8mm2(*).
Même cas de figure dans le nord du Bénin où le 07
Août 2004, des armes et 164 munitions ont été
saisies.3(*)
Au Nigeria, le phénomène de braquage,
d'insécurité et de vol à mains armées est le lot
quotidien des populations civiles.
Les ALPC en Afrique n'alimentent pas que les conflits, les
vols à mains armées et les braquages, elles favorisent aussi les
coups d'Etat et le mercenariat.
B- Les coups d'Etat et le problème du mercenariat en
Afrique de
l'Ouest
C'est un constat amer que la plupart des dirigeants africains
dont ceux de l'Afrique de l'Ouest en particulier accèdent au pouvoir non
pas par la voie des urnes, mais par celle des armes. Notons qu'il n'y a pas de
coup d'Etat militaire sans armes. C'est ce que constate l'Agence FIDES. En
effet, « Redoutant des coups d'Etat et des révoltes
militaires, de nombreux Présidents africains (dans plusieurs cas,
arrivés au pouvoir précisément grâce à un
coup d'Etat) ont transformé les unités régulières
en armée de parade ».1(*)
1- Les coups d'Etat
- Au Niger
En 1996, le Colonel Ibrahim Baré
Maïnassara renverse Ousmane Mahamane . Le 09 avril 1999 à 09 h 30
mn à l'aéroport international de Niamey, le President
Baré Maïnassara a été abattu froidement par sa garde
personnelle alors qu'il s'apprêtait à s'envoler à
destination d'une localité proche de la frontière malienne. Ce
fut un spectacle désolant en ce sens que le général a
été pulvérisé de neuf balles et le patron de sa
garde rapprochée le commandant Ishaïllah Tily atteint d'une rafale
qui lui arrache la jambe.2(*)
- La Mauritanie
La Mauritanie est de nos jours le pays qui bat le record en
matière de coups d'Etat en Afrique Occidentale.
Ayant échappé en juin 2003 à la
14ème tentative, le colonel Ould Taya vient à nouveau
d'échapper au 15ème coup d'Etat le 8 août
2004.1(*)
Qu'en est-il du problème de mercenariat ?
2- Le problème du mercenariat : cas de la
Sierra Léone
Si l'on parle d'attentat suicide à Tel Aviv ou à
Jérusalem, de terrorisme international aux Etats-Unis et en
Grande-Bretagne, à l'inverse l'on note les phénomènes de
mercenariat en Afrique. L'Afrique de l'Ouest a déjà
été le théâtre de plusieurs opérations de ces
tristes individus qui se sont déjà révélés
au Nigeria (Biafra), au Bénin en janvier 1977, et en Guinée.
Pascal AFFI N'GUESSAN, ancien Ministre de la Côte d'Ivoire
déclare : « L'instabilité devient endémique
dans la sous-région. Aussi faudrait-il mettre fin immédiatement
au trafic des armes. Tout comme il faudrait également mettre un terme
aux agissements de certains mercenaires qui prospèrent dans certains
pays ».2(*)
Pour ce qui est de l'Afrique de l'Ouest, la Sierra Leone est
le premier pays qui bat le record avec au total vingt et une (21)
opérations enregistrées jusqu'à ce jour3(*).
« Les mercenaires ont cette terrible capacité
de saper le maintien de l'ordre public et l'exercice souverain de
l'autorité (de l'Etat) et l'intégrité du territoire
national »4(*).
La forte présence du diamant en Sierra Léone
(6ème place au monde) contribue à renforcer la
violence et la criminalité du fait de la circulation anarchique des
ALPC. Notons que le phénomène du mercenariat continue à
déstabiliser la vie économique, politique et socio-culturelle de
ce pays.
Il convient a présent d'étudier l'impact des
ALPC sur le développement, l'éducation et la vie sociale des pays
de la sous-région.
SECTION 2 : L'IMPACT DES ARMES LEGERES ET
PETIT CALIBRE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIOECONOMIQUE ET EDUCATIONNEL EN AFRIQUE
DE L'OUEST
L'utilisation anarchique des ALPC n'est pas sans incidence sur
la vie économique, sociale et éducationnelle des pays de la
sous-région.
Ainsi, nous étudierons l'impact économique des
ALPC sur le développement et enfin nous examinerons la faiblesse de
l'éducation et son influence sur la vie sociale en Afrique de
l'Ouest.
PARAGRAPHE 1 : L'IMPACT DES ARMES LEGERES ET
PETIT CALIBRE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE L'AFRIQUE DE
L'OUEST
Aucun pays au monde ne peut se développer sans paix, ni
sécurité. Ainsi, les concepts de sous-développement et de
développement qui peuvent varier d'un pays à un autre se trouvent
de ce fait conditionnés.
Il est clair que les conflits freinent le développement
socio-économique des Etats. « ...Les conflits fratricides
endeuillent tous les jours des familles et freinent le développement
tout en hypothéquant l'avenir de la jeunesse »1(*).
A- Le gonflement des dépenses militaires et
la réduction de la
rentabilité des
ressources
Dans le but de chercher à s'éterniser au
pouvoir, les Chefs d'Etat africains dépensent des sommes faramineuses
dans l'achat des armements en vue de constituer des unités de parade.
Ainsi, il n'est pas de ce fait surprenant de constater que
dans les budgets, les dépenses militaires sont largement plus
élevées que celles liées à la santé et
à l'éducation dans certains pays d'Afrique.
Selon le rapport publié par la Banque Mondiale en 2002,
les ALPC ont été vendues pour une recette de dix sept milliards
de dollar US. Deux tiers de ces dépenses ont été
effectuées par les pays du tiers-monde en général et
surtout par ceux de l'Afrique en particulier.
Dans le même ordre d'idée, on remarque que les
gouvernements des pays pauvres notamment africains privilégient leurs
budgets militaires plutôt que sociaux. Ailleurs, le budget de
l'armée est supérieur à celui de l'éducation et
de
la santé pris individuellement. C'est le cas en Afrique
de l'Ouest du Nigeria, de la Guinée Bissau et de la Sierra Leone, ce qui
conduit inévitablement à une baisse de la rentabilité des
ressources de l'Etat. L'exemple de la Côte d'Ivoire est illustratif
à cet effet.
Selon Ahmed KOUADIO, la Côte d'Ivoire, quelques jours
après les premières émeutes notifiait un manque à
gagner de plus de 10 milliards de FCFA par rapport aux prévisions des
recettes. La BCEAO d'Abidjan a perdu quelques 2,1 milliards de FCFA, le 27
août 2002.1(*)
Pour ce qui est de l'exportation du café, entre 2000 et
2001 la Cote d'Ivoire a exporté 401.127 tonnes contre 181.070 tonnes
entre 2001 et 2002.2(*)
Aussi assiste t-on à la fermeture des frontières
ivoiriennes avec ses pays voisins. Ce qui empêche l'importation et
l'exportation des produits de premières nécessités avec ce
géant économique. Les camions maliens et burkinabés
chargés de produits périssables sont obligés de converger
leurs produits en direction du Ghana, du Togo et du Sénégal.
Après l'étude des incidences directes sur
l'économie, il paraît nécessaire d'examiner l'impact des
ALPC sur la santé et sur les investissements en Afrique de l'Ouest.
B- L'impact des Armes Légères et Petit Calibre
sur la santé et sur les investissements en Afrique de l'Ouest
La circulation anarchique des ALPC produit des incidences sur
la santé et freine l'entrée des investisseurs économiques
dans la sous-région.
1- L'influence des armes légères sur les
dépenses de santé
Les Etats ouest-africains dépensent des sommes
colossales pour soigner les blessés de guerre. Dans son rapport de 2001
sur les armes légères et la santé mondiale, le Docteur
Etienne KRUG, Directeur du Service de Prévention de la Violence et des
Blessures (PVB) à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
indique que « les données relatives à l'impact des armes
légères sur la santé des particuliers sont loin
d'être exhaustives »1(*). D'après une étude de 1997 les soins
d'un million de victimes de blessures par balles en Afrique coûteraient
environ 6,5 millions de dollars US.2(*)
Ainsi, des centaines de millions de personnes survivent
à des blessures par balles. Elles doivent recevoir des soins
coûteux et souffrent souvent de séquelles physiques et
psychologiques permanentes. Vue l'importance et l'urgence des dépenses
à effectuer pour satisfaire ces besoins qui s'imposent, les Etats de
l'Afrique de l'Ouest empiètent le plus souvent sur les budgets de
l'éducation, le budget social des investissements, etc. Parfois ils sont
obligés de faire appel aux bailleurs de fonds ou aux grandes puissances
économiques qui le plus souvent ne sont pas prêts à
investir dans les budgets de fonctionnement.
La tâche de Médecin sans Frontières
devient immense et l'entrée des investisseurs se trouve de ce fait
limitée.
2- Les Armes Légères et Petit
Calibre : un frein pour les investissements en Afrique de
l'Ouest
Depuis la période coloniale, les pays de l'Afrique de
l'Ouest continuent de bénéficier de l'appui des pays du Nord.
Dès la Conférence de BAULLE en 1991, le
Président François MITTERRAND conditionnait l'aide au
développement des pays africains à la quiétude, à
la paix et à la démocratie.
Ainsi les crises, les conflits, l'insécurité
freinent l'ardeur des investisseurs étrangers. De même, les
bailleurs de fonds ne peuvent investir que lorsque les fonds alloués ne
seront pas détournés aux fins militaires ou à l'achat des
armes. Le développement se trouve ainsi "pris en otage" selon les
propres termes de Robert MUGGAH et Peter BACHELOR.
En effet, la prolifération des armes
légères décourage l'investissement étranger et
gêne les perspectives de développement économique. Les
conflits armés enregistrés en Afrique de l'Ouest minent les
profits économiques durement gagnés par ces nations
déjà appauvries.
Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, le Président
Laurent GBAGBO voulait faire de 2003 « l'année des
investisseurs ». Mais les événements actuels ont
freiné l'ardeur des opérateurs économiques
déjà installés dans le pays. Aujourd'hui, plus de 7.000
français (la plupart des investisseurs ont dû quitter Abidjan
suite aux événements du 6 Novembre 2004 qui ont causé la
mort de 9 soldats français et 64 civils ivoiriens.1(*) Aussi la Côte d'Ivoire
n'organisera-t-elle pas la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2006 à
cause de la situation qui y prévaut.
Que retenir alors des conséquences sociales et
éducationnelles résultant de la prolifération des ALPC en
Afrique de l'Ouest ?
PARAGRAPHE 2 : CONSEQUENCES SOCIALES ET
EDUCATION-NELLES DES ALPC EN AFRIQUE DE L'OUEST
79% des armes qui circulent en Afrique subsaharienne sont
entre les mains des civils comme le montre le graphique ci-après.
Groupes
|
Nbre de personnes (en millions)
|
Nbre d'armes à feu détenues (en millions)
|
Pourcentage d'armes détenues par chaque groupe
|
Populations civiles
|
643
|
23
|
79
|
Rebelles
|
0,24
|
0,6
|
2
|
Militaires
|
1,9
|
4,85
|
16
|
Forces de police
|
0,8
|
0,8
|
3
|
Total
|
-
|
29,25
|
100
|
Sources : Jilles YABI : JAI,
n° 2230 au 11 octobre 2003, p. 52
Sources : Jilles YABI : JAI,
n° 2230 au 11 octobre 2003, p. 52
En effet, la prolifération des armes
légères a des incidences sur la société en
général et sur l'éducation de la couche juvénile en
particulier.
A- Les conséquences sociales
Il est indéniable que la diffusion des ALPC
engendre le phénomène des enfants soldats dans les pays de la
sous-région. Cela voudrait dire que l'existence des enfants soldats est
conditionnée par la prolifération des armes
légères. Il est aujourd'hui facile à un enfant de 10 ans
de monter, de démonter et de transporter une Kalachnikov AK 47.
De même un enfant soldat est un danger pour la
société d'autant plus qu'il est aussi craint qu'un soldat
à plein temps.
Le nombre actuel des enfants soldats dans le monde
vacille entre 250.000 et 300.000 répartis dans plus de 30 pays du monde.
Le sort des enfants dans les conflits armés est de 2.000.000 de morts,
5.000.000 d'infirmes et environ 12.000.000 se retrouvent dans la rue1(*). En Sierra Leone, près
de 4 soldats rebelles sur 5 ont moins de 14 ans et on dénombre 20.000
enfants soldats (dont certains de moins de 9 ans) au Libéria2(*).
Des guerres civiles résultent un grand nombre de
chômeurs et de sans- emploi. Le taux de chômage se trouve ainsi
élevé dans les pays de la sous-région. A cela il faut
ajouter la criminalité, le viol, la prostitution, surtout dans les
centres urbains à cause du grand nombre de réfugiés
enregistrés dans les pays voisins. Ce constat nous permet d'affirmer que
le taux des personnes atteintes par les Maladies Sexuellement Transmissibles
(MST) évolue de façon croissante.
La destruction des infrastructures maintient les
populations dans leur système de paupérisation, de famine, de
misère. « Il a faim, mais je n'y peux rien. Il n'y a rien
à manger. Lorsqu'ils n'ont pas de quoi manger chez leur mère, ils
viennent ici »3(*) . Ce témoignage d'une grand-mère
africaine de 73 ans parlant de son petit-fils montre combien la misère
et la pauvreté battent pavillon africain. Nous avons aussi le manque
d'accès en eau potable, de nourriture et de centres de santé.
Cette situation immobilise les pays africains en
général et ceux de l'Afrique de l'Ouest en particulier dans le
gouffre du sous-développement dont il serait difficile de sortir ;
ce qui n'est pas sans incidence sur l'éducation.
B- Les conséquences sur le plan de
l'éducation
L'accumulation des ALPC en Afrique de l'Ouest étouffe
le système éducatif à cause des crédits qui sont
quasiment insuffisants par rapport à ceux réservés
à l'armement.
Les écoles, les collèges et universités
publics de la sous-région sont le plus souvent excédés par
le grand nombre de ceux qui sont à la quête du savoir.
La problématique de l'insuffisance des enseignants et
instituteurs titulaires devient la règle. Cette situation entraîne
une baisse considérable du niveau des écoliers,
élèves et étudiants.
Dans certains Etats, les centres de loisirs, les
bibliothèques de recherches et de lecture, parfois lorsqu'ils existent
n'apportent aucune formation à ceux qui les fréquentent.
La fermeture de certains établissements publics et le
phénomène des grèves nous font dire que les Etats
ouest-africains ont presque abandonné leur mission d'éducation au
profit des structures privées. On préfère acheter des
armes plutôt que des livres. Le prix d'un fusil automatique vaut 1082,7
euros alors que 2 élèves africains auraient besoin de 6 euros
pour assurer leur fourniture de base. A ce sujet, le Cardinal ETCHEGARAY
déclare : « le bien-être d'un Etat dépend
davantage du progrès dans le domaine de l'éducation et de la
santé plutôt que dans ses stocks d'armes »1(*).
Face à cette situation qui handicape le
développement de nos pays, les institutions internationales (ONU),
régionales (Union Africaine), sous-régionales (CEDEAO), les ONG
et instituts (PCASED) ne sont pas restés inactifs ou passifs. Des luttes
sans merci ont été menées et continuent de l'être
sur le terrain depuis 1995 pour éradiquer à jamais ce
fléau.
19 OP CIT Agence FIDES page 1
20 Journal télévisé sur Golf TV du
13 août 2004 à 20 heures.
Toutefois, la moisson est vaste, mais il y a peu
d'ouvriers ; cela sous-entend qu'il reste beaucoup à faire. Ainsi,
dans cette deuxième partie, nous parlerons respectivement de
l'endiguement du phénomène et de quelques approches de
solutions.
29 Idem
30 OP CIT JAE page 9
DEUXIEME PARTIE :
VERS L'ERADICATION DU PHENOMENE DES ARMES LEGERES ET
QUELQUES APPROCHES DE SOLUTIONS
Après les années 1945, la Communauté
Internationale a mené des efforts pour épargner le monde d'un
nouveau conflit international. Mais depuis plus de 50 ans, des conflits
fratricides, inter-religieux et inter-ethniques continuent à
déstabiliser la planète. L'Afrique, dans cette macabre situation
occupe une place de choix.
L'ONU n'est pas restée inactive face à ce
phénomène. De multiples efforts ont été
menés à travers le programme de désarmement. Notons que
ce qui intéressait dès lors la communauté internationale,
se résume aux armes de destructions massives (ADM) comme l'illustrent
les accords Strategics Arms Limitations Talks (SALT) signés le 26 mai
1972 à Moscou. Cela veut dire que le programme de désarmement
initié par l'Organisation des Nations Unies (ONU) ne concernait que les
armes lourdes. Alors que les ALPC provoquent d'énormes destructions
humaines, matérielles et psychologiques.
Ce n'est qu'en 1995 que le terme « micro
désarmement » fût employé pour la
première fois par l'ex-Secrétaire Général de l'ONU
M. Boutros Boutros GHALI1(*).
L'on peut dire de ce fait que toute la communauté
internationale a joué auparavant le rôle de « l'autruche
passive » qui subit le changement et est aujourd'hui à
l'étape du « pompier réactif » qui a attendu
d'abord que le feu se déclenche pour le combattre2(*).
Ainsi, de louables efforts ont été menés
pour combattre ce fléau. Dans un premier chapitre nous verrons les
tâches salutaires qui se mènent aujourd'hui sur le terrain et
dans un deuxième chapitre, nous ébaucherons quelques approches
de solutions pour un désarmement efficace.
CHAPITRE I :
VERS L'ERADICATION DU PHENOMENE DES ARMES LEGERES : LE
PROGRAMME DU DESARMEMENT, DE LA DEMOBILISATION ET DE LA REINTEGRATION EN
AFRIQUE DE L'OUEST.
Dans ce chapitre, nous étudierons les efforts
menés au niveau mondial, régional et sous-régional.
SECTION 1 : LES INITIATIVES COMMUNES ET DE
PORTEE GENERALE POUR ERADIQUER LE PHENOMENE
Plusieurs initiatives ont été prises par l'A.G.
de l'ONU, le Conseil de Sécurité et par d'autres Etats ou groupes
d'Etats concernant le phénomène de la prolifération des
ALPC.
PARAGRAPHE 1 : LES REACTIONS DE L'ONU FACE
A LA QUESTION DES ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE
Le sujet des ALPC figure en bonne place de l'Assemblée
Générale des Nations Unies dans ces diverses Résolutions.
Ces résolutions ont conduit à l'établissement d'un groupe
d'experts gouvernementaux sur les armes de petit calibre. En effet, c'est par
les résolutions 50 /70B du 12 décembre 1995 et 52/38J
de 1997 que l'AG invitait le Secrétaire Général à
mettre sur pied un groupe d'experts gouvernementaux chargé de
préparer un rapport sur la nature et les causes des problèmes
liés aux armes légères. De même le conseil de
sécurité a, dès septembre 1999, reconnu la gravité
et l'intérêt du problème des armes légères et
des décisions ont été prises en conséquence sur la
question.
A- Les décisions de l'Assemblée
Générale sur la question des armes légères et de
petit calibre
Plusieurs résolutions ont été
adoptées par l'AG de l'ONU pour combattre la fabrication illicite et le
trafic des armes légères et mettre le programme de
désarmement. Il s'agit entre autres de :
- la résolution 51/45N du 10 décembre
1996 portant sur la limitation et le contrôle du commerce des armes
dans le monde ;
- la résolution 52/38G du 9 décembre 1997
portant sur la question du désarmement après les conflits.
Aussi a t-on la résolution 54/54V du 15 décembre
1999 demandant la convocation d'une conférence internationale sur le
commerce illicite des armes légères et de petit calibre sur tous
ses aspects du 9 au 20 juillet 2001 à New York.
Par ailleurs, à la tenue de cette
conférence, l'AG de l'ONU a par sa résolution, 55/255
adopté le 8 juin 2001 le protocole sur le contrôle des armes
à feu. Cette résolution 55/255 s'est intéressée
spécialement à la prolifération des ALPC en Afrique de
l'Ouest. Ladite résolution :
- encourage la création dans les pays de la
sous-région Sahélo Saharienne des commissions nationales contre
la prolifération illicite des armes légères ;
- désire le renouvellement de la déclaration du
Moratoire Ouest - africain sur l'importation, l'exportation et la fabrication
des armes légères adoptée en octobre 1998 à
Abuja au Nigeria ;
- invite les associations, les organisations et la
société civile à assister les commissions nationales dans
la lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique de
l'ouest ;
- encourage les coopérations civiles, militaires et
inter étatiques sur la question de la lutte contre les armes
légères ;
- fourni aux Etats les moyens techniques et financiers pour
renforcer les capacités des organisations ;
- Met en oeuvre le plan d'action du Programme de Coordination
et d'Assistance pour la Sécurité et le Développement
(PCASED) ;
- prend note des conclusions de la conférence africaine
sur la mise en oeuvre du programme d'action des Nations Unies sur les armes
légères ;
- apporte une assistance aux Etats pour le DDR et la
destruction des stocks d'armes en surplus.
Le 22 novembre 2002, L'Assemblée Générale
de l'ONU a adopté la résolution 57/70 portant sur l'assistance
aux Etats pour l'arrêt de la circulation illicite et la collecte des
armes légères. Ladite résolution attire l'attention du
Secrétaire Général de l'ONU et encourage ce dernier
à poursuivre son action dans le cadre de l'application de la
résolution 49/75 en date du 15 décembre 1994 portant sur la
limitation des stocks d'armes dans le monde.
Qu'en est -il alors des initiatives du Conseil de
Sécurité ?
B - Les décisions du Conseil de
Sécurité sur la question des armes
légères
Le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté
un certain nombre de résolutions pour combattre la prolifération
des ALPC dans le monde en général et en Afrique de l'Ouest en
particulier.
Un effort louable a été fait en ce sens qu'une
résolution spéciale a été adoptée pour
l'Afrique de l'Ouest. Il s'agit de la résolution S/RES/1467 du 18 mars
2003 sur la question de la « Prolifération des armes
légères et petit calibre et mercenariat : menace à la
paix et la sécurité en Afrique de l'Ouest ».
En effet, le Conseil de Sécurité de l'ONU a
pris des mesures pour que le moratoire de la CEDEAO du 31 octobre 1998 et le
programme d'action adopté le 20 juillet 2001 par la première
conférence des Nations Unies tenue à New York soient d'une
application effective. Ainsi le Conseil de Sécurité
propose :
a- l'élargissement du moratoire afin de faciliter les
échanges d'informations entre un grand nombre de pays africains et des
pays du Nord notamment les fournisseurs ;
b- la transparence dans les armements par la création
d'un registre de la CEDEAO incluant les stocks nationaux d'armes ;
c- de renforcer les commissions nationales pour la mise en
oeuvre du moratoire ;
d- de renforcer la capacité du Secrétariat de la
CEDEAO ;
e- d'informatiser les listes d'immatriculation des
aéronefs pour assurer un meilleur contrôle de l'espace
aérien ;
f- d'établir un certificat d'utilisateur final
normalisé sur les armes importées.
Aussi, le Conseil de Sécurité demande-t-il
à ce que cesse la violation des embargos sur les armes
notamment :
- de sensibiliser les populations et entités de la
sous-région ;
- d'inviter les Etats de l'Afrique de l'Ouest à prendre
acte de l'importance du désarmement, de la démobilisation et de
la réinsertion (DDR) des ex -combattants ;
- la Collecte et la Destruction des armes illicites
et/ou excédentaires ;
- invite tous les Etats de la sous-région de cesser de
fournir une assistance militaire aux groupes armés dans les pays voisins
et d'empêcher l'utilisation de leur base territoriale ;
- engage les pays producteurs et exportateurs d'armes à
prodiguer des législations réglementaires et procédures
administratives rigoureuses pour assurer un contrôle effectif sur les
transferts d'armes légères vers l'Afrique de l'Ouest par les
fabricants, fournisseurs, courtiers, agents maritimes et transitaires.
Par ailleurs, le Conseil de Sécurité a
adopté la résolution R/1532 du 16 novembre 2004 portant embargo
sur les armes en Côte d'Ivoire.
Enfin le Conseil de Sécurité invite les
organisations régionales et sous- régionales à
définir des politiques et activités et à organiser des
campagnes de sensibilisation au profit des enfants touchés par les
conflits armés dans les régions respectives.
L'Assemblée Générale et le Conseil de
Sécurité de l'ONU ne sont pas les seules institutions à
prendre des initiatives pour éradiquer le phénomène des
ALPC. Il existe de nombreuses autres initiatives dans cette perspective.
PARAGRAPHE 2 : AUTRES INITIATIVES
Nous étudierons dans cette partie des initiatives
américaines, européennes et africaines d'une part et celle des
ONG internationales travaillant dans le cadre de la lutte contre la
prolifération des ALPC dans le monde en général d'autre
part.
A- Les initiatives Américaines, Européennes
et Africaines
1 - Les efforts des Etats Unis
d'Amérique
Aujourd'hui, les Etats Unis d'Amérique sont en
tête de fil dans le programme de la lutte contre la prolifération
des ALPC. L'ex-secrétaire d'Etat Madeleine ALBRIGHT a prononcé
trois discours à ce sujet5(*) devant l'Association Nationale pour le progrès
des gens de couleur (NAACP). Dans la même perspective, l'Organisation des
Etats Américains (OEA) a adopté des règlements
modèles sur le commerce illicite des armes. D'autres actions ont
été prises sous forme de forum pour encourager les
Etats à :
- criminaliser les violations des embargos des Nations
Unies ;
- instituer des contrôles strictes d'utilisation finale
et des ventes d'armes ;
- promouvoir une transparence accrue en partageant les
informations sur les transferts et violations ;
- limiter la revente d'armes.
Le but de la politique américaine est de parvenir
à un accord sur le protocole relatif au trafic illicite des ALPC et des
munitions.
Des initiatives similaires ont été prises en
Europe et au sein de l'Union Africaine.
2 - Les initiatives européenne
et africaine
L'union européenne a élaboré un Code de
conduite le 15 mai 1998 sur la question du transfert des armes. Ainsi, on a le
plan d'action et la déclaration conjointe sur les armes
légères adoptées en décembre 1998. Il convient
également de noter les efforts de l'organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et ceux du
conseil de partenariat euro-atlantique de l'Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord (OTAN).
Le protocole du plan d'action porte sur :
- la réduction des stocks d'armes ;
- la tenue des registres régionaux ;
- les échanges d'informations ;
- le renforcement des contrôles nationaux ;
- l'exhortation des factions à rendre et à
détruire leurs armes et à
- l'amélioration de l'éducation et de la
sensibilisation.
En effet, les propositions du protocole ont tout de même
porté leurs fruits dans quelques pays, régions et
sous-régions du monde. Ce protocole permettra aux différentes
communautés régionales et sous-régionales d'exercer un
contrôle effectif sur la problématique de la circulation et de la
limitation des armes.
En Afrique, les missions consultatives de l'ONU ont
été réalisées dans la plupart des pays de l'Afrique
occidentale. Le conseil de l'Union Africaine (UA) a approuvé et entend
oeuvrer pour donner suite aux recommandations d'actions émises dans le
rapport S/2004/200 du secrétaire général de l'organisation
en date du 12 mars 2004 en vue de trouver entre autres une solution au
problème que constitue la prolifération des armes
légères en Afrique.
En Décembre 2000, une réunion
ministérielle de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) s'est
déjà tenue à Bamako au Mali. Elle a adopté une
« position commune africaine sur la prolifération, la
circulation et le trafic illicite d'armes légères ». Ce
document appelé `'déclaration de Bamako'' porte sur des solutions
globales en matière de contrôle et de réduction des armes
ainsi que sur les aspects liés à l'offre, à la demande,
à la coordination et à l'harmonisation des efforts des Etats aux
niveaux régional, continental et international ; de même que
l'implication de la société civile. Dans cette lutte contre les
ALPC, des efforts ont été menés au niveau de certains
grands organismes internationaux.
B - Efforts des organismes internationaux
Plusieurs organismes internationaux ont pris des initiatives
pour combattre le phénomène de la prolifération des ALPC.
Au nombre de ceux -ci on a le Groupement de Recherches et d'Informations sur la
Paix et la Sécurité (GRIP), le Small Arms Survey et le
Comité International de la Croix Rouge (CICR).
1 - Le Groupe de Recherches et
d'Informations sur la Paix et la Sécurité
(GRIP)
Le GRIP est une institution qui oeuvre dans le cadre de la
paix et de la sécurité sur le plan international. Il est
basé à Bruxelles en Belgique. Le GRIP a pris un certain nombre
d'initiatives pour un Désarmement Démobilisation et
Réintégration (DDR) efficace. Ainsi on note :
* A long terme
- l'adoption d'un « traité sur le
contrôle et la limitation des transferts internationaux des armes
conventionnelles et légères».6(*)
* A moyen terme
- l'adoption d'un « code de conduite internationale
sur les transferts d'armements » ;
- l'adoption d'une convention sur la prévention et
l'usage illégal et aveugle des armes
légères » ;
- l'amélioration du registre des Nations Unies sur les
armes conventionnelles (y compris les ALPC) ;
- la création d'un système de marquage universel
des armes légères ainsi qu'un traçage de la production
jusqu'à l'utilisation finale ;
- le contrôle, la revente et la destruction des
surplus ;
- La création d'un système de contrôle
international de la production et de l'exportation des munitions ;
- l'enregistrement international des intermédiaires,
vendeurs et producteurs ;
- l'adoption d'une convention sur le contrôle
international de la production et des transferts de munitions.
Au niveau régional, le GRIP accorde son soutien aux
initiatives régionales Africaine, latino-américaine et asiatique
tels que le contrôle des armements, le désarmement, la
démobilisation et la création de registres régionaux sur
les stocks et les flux d'armements ainsi que l'adoption du moratoire Ouest
africain sur la production, l'importation et l'exportation d'armes.
* A court terme
Le GRIP a permis de renforcer les moyens juridiques et
matériels pour la collecte et la destruction des armes
légères après les conflits.
Que retenir alors de Small Arms Survey ?
2- Les initiatives de Small Arms
Survey (SAS)
Le SAS est un projet de recherche indépendant
intégré à l'institut universitaire de hautes
études internationales de Genève en Suisse.
Ainsi le SAS entreprend des initiatives afin d'être la
principale source d'informations publiques et impartiales dans le domaine des
ALPC. Il a pour rôle :
- de fournir des informations et analyses sur les
différents types d'armes légères aux gouvernements et aux
personnes ressources ;
- de proposer une plate-forme d'informations et de dialogues
sur la problématique des ALPC entre le Nord et le Sud, entre l'Est et
l'Ouest ;
- de diffuser certaines recherches politiquement
significatives sur la problématique des ALPC ;
- de devenir un forum ou bureau central permettant la
circulation d'informations, de mesures et d'initiatives les plus efficaces
pour appréhender la problématique des armes
légères.1(*)
En dehors des efforts qui sont menés par cet organisme,
il y a l'action du CICR.
3- L'action du CICR
En tant que gardien du droit international humanitaire (DIH),
le CICR a fait des observations et suggestions pour limiter la
prolifération des armes légères dans le monde. Ainsi on
note :
- la mise en oeuvre de la responsabilité des Etats et
entreprises qui produisent et exportent des armes vis-à-vis de la
communauté internationale (sur le plan politique, moral et
juridique) ;
- le réexamen des politiques liées à la
production , à la disponibilité et au transfert des armes et des
munitions à la lumière du DIH et du Droit International Public
(DIP) ;
- l'élaboration des règles basées sur le
DIH et les Droits de l'Homme visant à régir les transferts
d'armes et des munitions.
Aussi, la CEDEAO a pris de louables initiatives au sein de la
sous-région.
SECTION 2 : LES INITIATIVES SPECIFIQUES A
L'AFRIQUE DE L'OUEST ET LE PROGRAMME DU DDR
Dans cette section, nous étudierons les initiatives du
PCASED et le programme du DDR d'une part et de l'autre nous ferons une analyse
critique de ce programme.
PARAGRAPHE 1 : LES INITIATIVES DU PCASED
ET LE
PROGRAMME DU DDR EN
AFRIQUE DE L'OUEST
Hormis la déclaration de l'OUA tenue en 2000 à
Bamako portant sur la position commune de l'Afrique sur la
prolifération, la circulation et le trafic illicite des armes
légères, il y a le moratoire qui ne concerne que les pays de la
CEDEAO avec le soutien du Programme de Coordination et d'Assistance pour le
Sécurité et le Développement (PCASED).
A- Le PCASED : Plan d'action et code de
conduite
Le Programme de Coordination et d'Assistance pour la
Sécurité et le Développement (PCASED) est une institution
sous-régionale initiée par le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD). Basé à Bamako au Mali, il a pour but
d'apporter un appui technique aux Etats membres de la CEDEAO dans leurs efforts
de mise en oeuvre du moratoire portant sur les armes légères.
De la réunion des ministres des affaires
étrangères sur les modalités de mise en oeuvre du PCASED
tenue à Bamako les 24 et 25 mars 1999, il ressort un plan d'action et un
code de conduite.
1- Objectifs du plan d'action du PCASED
Il comporte neuf domaines d'activités :
le développement d'une culture de paix ;
la formation des forces armées et de
sécurité ;
le renforcement des contrôles aux postes
frontaliers ;
la création d'une banque de données et d'un
registre régional sur les armes
légères ;
la collecte et la destruction des excédents d'armes
ou d'armes acquises sans
autorisation ;
l'harmonisation des législations et procédures
administratives nationales ;
la facilitation du dialogue avec les fabricants et les
fournisseurs ;
la mobilisation des ressources pour les objectifs et les
activités du PCASED ;
l'élargissement de l'adhésion du moratoire.
Quels sont alors les objectifs du code de conduite ?
2 - Objectifs du code de conduite (CC)
Adopté en décembre 1999 à Lomé
lors du 22ème sommet de l'organisation des chefs d'Etat de la
CEDEAO, le CC a pour but :
- de favoriser l'échange d'informations ;
- la certification des exemptions ;
- la délivrance des certificats de possession d'armes
pour les visiteurs dans la zone d'application du moratoire. (article 6 à
10 du code) ;
- la coopération intra et
inter-étatique ;
- le renforcement des contrôles aux
frontières ;
- la collecte et la destruction des excédents d'armes
(article 11 à 13).
En dehors du PCASED, il existe plusieurs organisations sous -
régionales qui luttent pour éradiquer le phénomène
de la prolifération des ALPC.
B - Autres organismes sous-régionaux
Nous avons l'atelier de mouvement contre les armes
légères (MALAO) et le réseau des journalistes
ouest-africains pour la paix et la sécurité.
1- Le MALAO
Créé en 1999 à Dakar, le MALAO a pour but
le développement durable pour la sécurité et la paix.
C'est une institution qui oeuvre pour la paix par les sites Internet dans le
monde. Il tient également de nombreux séminaires et colloques
dans le but d'éradiquer la prolifération des armes
légères en Afrique de l'Ouest. Selon Mme Christiane AGBOTON,
présidente du MALAO, les médias ouest-africains occupent une
place centrale dans la lutte contre la prolifération et la circulation
illicite des ALPC.
2- Le réseau africain des journalistes
ouest-africains
Ce réseau dirigé par M. Mamadou Nkoumé
est une institution qui a pour objectif de réunir les
délégués des réseaux nationaux et de mettre en
place un outil d'échange, d'information et de formation permettant aux
membres de disposer des sources d'informations rapides et efficaces sur les
questions de paix, de sécurité, des armes légères
et des opérations de maintien de la paix. « Nous devons
continuer de rêver d'un monde sans armes, c'est un constat qui engage
tout le monde »1(*) a conclu le représentant du ministre de
l'Information du Sénégal, M. Mobdj.
Aussi, il importe de noter, le réseau est actuellement
composé de quatre (4) pays que sont : le Niger, le Mali, le
Bénin et le Sénégal.
Après avoir évoqué les diverses
institutions sous-régionales oeuvrant pour un DDR, il convient de
définir, de présenter les objectifs et le bilan de ce
programme.
PARAGRAPHE 2 : DEFINITION, OBJECTIFS ET BILAN DU
DDR
Dans cette partie, nous allons définir et
évoquer les objectifs du DDR, et ensuite nous examinerons le bilan du
programme.
A - Définition et objectifs du
Désarmement, de la Démobilisation et de la
Réintégration (DDR)
1- Définition du DDR
Le désarmement, la démobilisation et la
réintégration sont des notions très efficaces en
matière de maintien de paix.
· Le Désarmement
On peut définir le désarmement comme la
collecte, le contrôle et la mise à disposition des petites armes,
armes légères et le développement des programmes de
gestion responsable des armes.
· La Démobilisation
La démobilisation est un processus à travers
lequel les combattants (forces régulières et / ou
irrégulières) réduisent ou éliminent
complètement leurs effectifs.
· La Réintégration
La réintégration est un processus au cours
duquel les ex-combattants, leurs familles et autres personnes
déplacées se préparent à une nouvelle vie
socioéconomique (civil) au sein de leur communauté.
2- Objectifs du DDR
Le DDR a des objectifs politiques, sécuritaires,
économiques et fiscaux.
· Objectifs politiques
Sur le plan politique, le DDR contribue au processus de paix,
à la stabilité des Etats, au règlement des conflits par
voie pacifique, à la promotion du succès électorale et
enfin à l'amélioration des relations civiles/militaires sur le
plan de la sécurité.
· Objectifs sécuritaires
Le DDR permet la réduction des crimes et de la violence
politique, la réduction des armes non contrôlées et
accroît le contrôle et le professionnalisme des forces
armées.
· Objectifs économiques et
fiscaux
Le DDR aide les combattants à retourner à une
vie civile productive, contribue à le reconstruction et au
développement des Etats, réduit le taux de chômage, et
enfin réduit le budget de la défense et le transfert des
ressources dans des secteurs productifs (éducation, santé,
projets de développement social).
B - Les succès du DDR
La coopération inter-étatique bilatérale
(Mali-Sénégal ; Mali - Mauritanie ;
Gambie-Guinée Bissau) a permis la saisie et la destruction des armes de
certains criminels. Cette coopération nous permet de constater une
baisse de la circulation des ALPC dans certaines villes de la
sous-région comme Boundou, Dakar, Bamako, Kayes, Tombouctou, etc. La
coopération dont il est question couvre plusieurs aspects :
politique, juridique et militaire. En effet, l'accord quadripartite
signé en 1984 entre le Bénin, le Togo, le Ghana et le Nigeria
porte sur l'extradition des criminels transfrontaliers. Le 14 juillet 2003
à Badagry au Nigeria, le Bénin et le Nigeria ont signé
à nouveau un mémorandum rappelant l'application stricte et
rigoureuse du traité quadripartite antérieurement signé.
Les différents accords
sus-énumérés ont permis de renforcer les moyens des forces
de l'Ecomog de la CEDEAO. En effet, des patrouilles mixtes et inopinées
sont souvent organisées dans les villes de la sous-région. Ainsi,
on a aboutit à l'arrestation de certains criminels dont Hama Hamani
Tidjani qui s'était réfugié au Mali1(*).
Aussi, des stocks d'armes et des munitions ont
été détruits. En mars 1996, 3.000 armes2(*) déposées par les
rebelles Touaregs ont été détruites par la méthode
d'autodafé3(*). On
baptisa l'opération : « Cérémonie de la
flamme de la paix ».
Après l'adoption du moratoire de 1998, l'action du
PCASED a été très efficace en ce qui concerne le DDR. On
note :
- la destruction des armes collectées par la Mission
d'Observation des Nations Unies et le Groupe d'Observateurs Militaires de la
CEDEAO au Libéria en 1998 ;
- le projet de transformation des résidus des armes
détruites en instruments agricoles (houes, pelles, brouettes,
charrues) ;
- l'installation d'une banque de données et d'un
registre régional des armes les 23 et 24 septembre 1999 à Accra
au Ghana ;
- la destruction des armes légères au
Niger ;
- la saisie de 1.500 armes à feu et de 6.000 munitions
par la police nigériane le 13 avril 20044(*) ;
- l'organisation d'une grande campagne de sensibilisation
à l'échelon régional lors de la Coupe d'Afrique des
Nations (CAN 2002) ;
- au Nigeria, le comité national de la lutte contre la
prolifération des armes légères a détruit 1257
armes dont 494 pistolets importés et 287 pistolets de fabrication
locale1(*). 1.500 armes et
6.000 munitions ont été saisies par les forces de
sécurité nigériane le 13 avril 2004 ;
- au Libéria, le Programme du DDR qui avait
été suspendu en décembre 2003 a repris en avril 2004
à Morovia, à Tumbmonburg et Gbanka.
En ce qui concerne les enfants soldats, l'ONU, plus
précisément le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) a
réussi à faciliter le retour de quelques enfants soldats qui,
aujourd'hui exercent quelques métiers professionnels : la
mécanique, la tôlerie, la maçonnerie, la menuiserie et
certains métiers d'art.
Au total, 38.000 armes ont été détruites
en 2003 grâce au programme du PCASED2(*).
Toutefois, des efforts restent à faire d'autant plus
que le DDR n'a pas encore fait toutes ces preuves en Côte-d'Ivoire
où les rebelles conditionnent le désarmement à certaines
réformes politiques auxquelles s'oppose le régime en place.
C - Insuffisances du DDR
Comme causes principales de l'insuffisance du DDR on peut
citer :
- les disparités législatives. On note des
disparités en ce qui concerne les conditions de délivrance des
autorisations du port d'arme entre les pays anglophones et les pays
francophones de l'Afrique de l'Ouest.
En Afrique de l'Ouest, seuls le Bénin, le Niger et le
Burkina-Faso ont prévu des dispositions à l'égard des
voyageurs touristes et des personnes en transit en ce qui concerne leur port
d'arme ;
- certaines dispositions prévues par le code de
conduite n'ont jamais été appliquées et cela à
cause du manque d'information au Secrétariat Exécutif par les
Etats membres pour ce qui est des commandes et des achats d'armes. En principe,
15.000 civils devraient désarmer à Bouaké et à
Yamoussokro avec l'initiative du premier ministre Seydou Diarra. Mais
aujourd'hui, ce programme est demeuré lettre morte à cause des
conditions énumérées par les forces nouvelles.
- les programmes de destruction des excédents d'armes
n'ont pas été exécutés dans tous les Etats membres
(cas de la Côte-d'Ivoire et du Libéria où l'on note
certaines exactions à l'égard des populations civiles) ;
- la négligence des dispositions fermes en ce qui
concerne la production et la circulation des armes de fabrication locales.
C'est le cas du Mali qui aujourd'hui fait frontière avec sept pays de
l'Afrique de l'Ouest et où la production locale excède les 50%
des armes en circulation dans ce pays ;
- le manque de sanctions à l'égard des forces de
sécurité en cas de `'perte'' ou de vol d'armes dans les casernes
ou magasins de stocks ;
- le manque d'informations entre les producteurs -
fournisseurs et les pays de l'Afrique de l'Ouest. Selon Ibrahima SALL,
Président du PCASED sur plus de 100 pays producteurs, il n'y a que 29
qui donnent des informations par rapport à leur production et leur
exportation d'armes dans le monde. Aussi, « les informations sont
très peu exploitables » selon le Directeur du PCASED ;
- le manque de moyens matériels (véhicules tout
terrain, moyens de communication), et financiers qui empêchent le PCASED
d'exercer véritablement sa mission. Ainsi sur un besoin de 13 milliards
de dollars pour exécuter le programme de destruction des armes et
munitions, le PCASED n'en a reçu que 5 millions ce qui montre un
déficit de 60%1(*).
Ce constat alarmiste nous fait dire que des efforts menés par le PCASED
sont encore loin d'être au bout des résultats escomptés.
Nous proposerons au chapitre suivant quelques approches de solution permettant
la réussite du DDR.
CHAPITRE II :
QUELQUES APPROCHES DE SOLUTIONS POUR LA LUTTE CONTRE LA
PROLIFERATION DES ALPC
En dépit des multiples efforts qui ont
été menés par les diverses institutions internationales,
régionales et sous-régionales, la tâche ou la
responsabilité devrait être la charge de toutes et de tous pour
combattre le phénomène de la prolifération des armes
légères.
Ainsi, les communautés internationales (ONU),
régionales (UA), sous-régionales (CEDEAO), doivent jouer à
présent le rôle de l'assureur préactif qui se
prépare au changement prévisible et surtout celui de
l'entrepreneur voire du conspirateur qui agit pour provoquer les changements
souhaités1(*).
Notons que les causes premières des conflits ne sont
pas les armes elles-mêmes. Elles sont d'ordre politiques,
sécuritaires, culturels et socio-économiques. Ainsi la limitation
et l'emploi des armes légères nécessitent de s'attaquer
à ces causes.
Dans une première section, nous étudierons les
moyens préventifs, et dans une deuxième section, nous aborderons
les mesures de contrôle pour un DDR efficace.
SECTION 1 : LES MOYENS
PREVENTIFS POUR UN DESARMEMENT EFFICACE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Il s'agit notamment de prendre des mesures sur les plans
psychologique, idéologique, institutionnel et économique d'une
part puis de l'autre chercher à privilégier le
règlement pacifique des conflits qui sévissent dans la
sous-région et imposer les mesures sur les plans éducationnel et
matériel. En d'autres termes, il s'agit de mettre sur pieds des mesures
de contrôle efficace des ALPC depuis la fabrication jusqu'à leur
destination finale et procéder à la destruction des stocks
d'armes excédentaires.
PARAGRAPHE 1 : MESURES SUR LES PLANS
PSYCHOLOGIQUE, IDEOLOGIQUE, LEGISLATIF, EDUCATIONNEL ET POLITIQUE
A- Mesures psychologique, idéologique,
éducationnelle et politique
1- Les mesures psychologique et
idéologique
- Les mesures de prévention sur le plan psychologique
doivent être un moyen de lutte de tous les jours et de toutes les couches
sociales. Il s'agit d'inculquer aux populations civiles, la notion de paix et
de non-violence. « Les guerres prenant naissance dans l'esprit des
hommes, c'est donc dans l'esprit des hommes que doivent être
élevées les défenses de la paix »1(*) ; déclare le
préambule de la convention créant l'UNESCO.
Ainsi l'on doit cultiver dans les mentalités des
populations les vertus de la non violence, du dialogue avec l'ennemi, du pardon
à ceux qui nous offensent telles que prônées par Gandhi,
Martin Luther King, NELSON Mandela et tous les autres apôtres de la non
violence.
Jacques de BOLLADIERE écrit « La non
violence est une idée neuve qui perce une terre aride et pousse à
travers les espoirs ruinés....Elle se nourrit de la force de
justice.... »2(*)
- Sur le plan idéologique, faire en sorte que l'on
puisse privilégier le règlement pacifique des conflits en Afrique
de l'Ouest en instaurant un système d'arbitrage efficace. On doit faire
en sorte que les traités de paix signés par les parties en
conflits soient véritablement appliqués pour que la nouvelle paix
ne soit pas "enceinte d'une guerre" selon l'expression de G. BOUTHOUL3(*).
2 - Mesures sur les plans éducationnel et
politique
· Sur le plan éducationnel
L'éducation doit être considérée
comme le carrefour de l'enseignement, de la culture de la paix. Certains
enseignants estiment que la pédagogie de la paix constituerait "un
véritable art de vivre". « Dans cette optique, tout une
dynamique pourrait se dérouler à travers le parcours scolaire, et
plus généralement de la maternelle à l'université
mais aussi dans les centres de loisirs, dans les lieux d'éducation
permanente à travers les associations, les familles »1(*) .
C'est en désarmant l'esprit que l'on arrivera à
désarmer les mains.
Ainsi les facultés, les instituts et les écoles
de nos universités doivent servir de base à une éducation
pour la paix. Aussi doit-on inclure dans les écoles, collèges,
centres et universités, l'enseignement des sciences sociales dans les
programmes. L'on doit organiser des rencontres entre civilisations
différentes, entre écoliers, élèves,
étudiants de divers pays de la sous-région d'où
résulteront des correspondances scolaires et universitaires. On
doit :
- organiser des séances de réflexion sur les
conflits dans les classes, les amphis, les quartiers, les familles et entre
amis, collègues de service ;
- faire des montages, des projections, des expositions, des
théâtres avec les enfants, les jeunes et les
éducateurs de façon périodique sur la notion de
désarmement et de la réconciliation nationale ;
- éviter d'offrir des jouets de guerre aux enfants
à l'approche des fêtes de fin d'année. Car « les
parents doivent comprendre qu'un jouet est une sorte de message adressé
à l'enfant. Il porte en soi une partie d'eux-mêmes et de leur
philosophie de vie ».2(*)
· Sur le
plan politique
Les Etats de l'Afrique de l'ouest doivent :
- éviter d'avoir des régimes militaires,
autoritaires et dictatoriaux. Ce phénomène crée des
frustrations à l'intérieur des pays conduisant parfois à
la prise des armes par les populations civiles ;
- faire en sorte que les vertus de la démocratie soient
respectées par les gouvernants et les gouvernés ;
- éviter les révisions constitutionnelles
fantaisistes qui éternisent certains chefs d'Etats au pouvoir depuis les
indépendances ; « Plus la démocratie existe, plus
les chances de créer et de développer une société
démilitarisée sont grandes »1(*);
- veiller à la transparence des dépenses
militaires, c'est-à-dire au commerce des armes ;
- créer si possible un ministère de
désarmement dans les pays de la sous- région ou une institution
sous-régionale du désarmement ;
- décréter si possible une journée de
désarmement dans tous les pays de la sous- région ;
- transformer le moratoire de 1998 en convention.
B - Les mesures sur les plans
matériel, législatif et institutionnel
1- Les mesures sur le plan matériel
Les gouvernements des Etats de l'Afrique de l'Ouest doivent
tout mettre en oeuvre pour encourager les commissions nationales et surtout les
forces de l'ordre en leur fournissant des moyens matériels
nécessaires. Parmi les différents moyens matériels qui
doivent être mis à leur disposition, on peut citer :
- les véhicules tout terrain permettant la poursuite
des malfrats,
- les hélicoptères permettant d'exercer des
patrouilles aériennes afin de détecter les pistes
utilisées dans les forêts par les délinquants. Les
gouvernements doivent également :
- mettre à la disposition des forestiers des moyens
suffisants afin de détecter et de neutraliser toutes les pistes
empruntées par les malfrats ;
- doter les communes, les régions surtout celles qui
font frontières avec le Nigéria et le Burkina Faso de moyens de
communications perfectionnés. Des téléphones mobiles
à toutes personnes ressources impliquées dans la lutte contre le
phénomène seraient un atout ;
- faire en sorte que les barrages routiers soient
effectivement renforcés ;
- doter les forces fluviales et maritimes de moyens
nécessaires pour exercer leur mission afin d'appréhender les
trafiquants d'armes dans la sous- région ;
- mettre à la disposition des forces armées des
appareils détecteurs pouvant identifier tout trafiquant empruntant les
divers axes routiers ferroviaires, fluviaux et maritimes ;
- mettre à la disposition des frontières, des
appareils informatisés afin d'assurer la connexion et l'échange
rapide des informations entre Etats et Ministères concernés.
2- Les mesures législatives et
institutionnelles
· Les mesures législatives
Les Etats de l'Afrique de l'Ouest doivent :
- faire en sorte que les lois régissant l'autorisation
du port d'armes dans les pays de la sous-région soient plus strictes et
véritablement appliquées par les autorités
compétentes. C'est le cas du Mali et du Sénégal
où l'acquisition d'une arme pose d'énormes difficultés.
Selon le président du PCASED, Ibrahim SALL, pour s'armer dans ces pays
il faut aller dans les zones très particulières ;
- harmoniser les législations dans les pays de la
sous-région (surtout entre pays anglophones et francophones ;
- légiférer sur la question des armes de
fabrication artisanale pour qu'une réglementation soit faite à ce
sujet.
· Les Mesures sur le plan
institutionnel
Les Ministères des Affaires Etrangères, de la
Justice, de l'Intérieur et de la défense des pays de la
sous-région doivent oeuvrer et mettre en place des institutions et
organisations non gouvernementales qui peuvent efficacement oeuvrer pour un
véritable désarmement.
Aussi doit-on :
- permettre aux organisations non gouvernementales (ONG)
internationales telles que : OXFAM, `'Ammesty International'' d'oeuvrer de
façon libre, indépendante et impartiale ;
- instituer un Ministère du désarmement dans
tous les pays de la sous- région ouest-africaine ;
- renforcer les pouvoirs des commissions nationales et
créer une commission sous-régionale composée des
industriels, des syndicalistes, des autorités locales et des civils
aspirant à la paix ;
- renforcer les moyens de l'UNICEF en personnel, en fonds et
en matériels pour assurer la réinsertion des enfants soldats de
la Côte d'Ivoire, de la Sierra Léone et du Libéria afin de
rassurer leur retour dans leurs familles d'origine.
Par ailleurs, les commissions nationales doivent collaborer
avec les leaders des Eglises, des Mosquées, des Associations, des partis
politiques, des mouvements de solidarité et autres groupes religieux
afin de sensibiliser les fidèles et les populations par rapport au
désarmement.
Il convient en outre d'étudier les mesures d'ordre
économique, militaire et technique.
PARAGRAPHE 2 : LES MESURES D'ORDRE
ECONOMIQUE, MILITAIRE, TECHNIQUE ET REGLEMENTAIRE
Dans cette partie, nous étudierons d'une part les
mesures techniques et réglementaires et les mesures économiques
et militaires d'autre part.
A - Les mesures techniques et réglementaires
1- Sur le plan technique
La CEDEAO et les institutions sous-régionales
travaillant dans le cadre de la promotion de la paix et le développement
économique doivent tout mettre en oeuvre pour collaborer avec les
propriétaires des industries de production et de fabrication des ALPC.
Ainsi, la communauté internationale doit :
- veiller à ce que les licences délivrées
aux pays du sud, notamment en Afrique soient limitées et
contrôlées ;
- veiller à la limitation, au contrôle et
à la réglementation des matériels militaires notamment
pour ce qui est des ALPC par tous les pays producteurs et fabricants.
Aussi, doit-on instaurer un dialogue avec les fabricants
locaux notamment ceux du Mali et du Nigéria.
2 - Sur le plan réglementaire :
l'enregistrement des armes
L'article 50 du protocole relatif au mécanisme en son
point b stipule que la CEDEAO doit prendre des mesures pour enregistrer et
contrôler la circulation et l'utilisation du stock des armes
légalement acquises.1(*)
L'article 51 parle de la création d'une base de
données et d'un registre régional d'armes et une
sécurisation.2(*)
Loin d'être un mémorandum, le protocole
dûment signé à valeur d'accord et engage juridiquement les
Etats signataires. Treize des seize pays de l'Afrique de l'Ouest, ayant des
commissions nationales doivent oeuvrer pour cette mission. On doit
procéder à la création d'un registre sous-régional
d'armes visant à faciliter un contrôle strict et rigoureux.
L'enregistrement a pour but de garder la trace de l'arme
chaque fois qu'elle change de propriétaire ou effectue un mouvement
définitif qui conditionne son usage ultérieur. Au total,
l'enregistrement de l'arme permet :
- d'identifier l'arme : sa nationalité d'origine,
le nom du fabricant (nom de famille) et le numéro de série
(prénom) ;
- d'identifier le propriétaire ou le détenteur
suivi dans certains cas de l'émargement de celui-ci ;
- de reconstituer la chaîne d'approvisionnement ou la
circulation de l'arme.
B- Les mesures d'ordre militaire et économique
1- Mesure sur le plan
militaire
Lorsque les hommes de l'armée ou les forces de l'ordre
s'impliquent de façon volontaire dans le programme du
désarmement, cela pourrait inciter les populations civiles des pays de
l'Afrique de l'ouest à s'ingérer dans la lutte contre la
prolifération des armes légères.
Il serait beaucoup profitable pour toute la
sous-région ouest africaine de voir désarmer en premier les chefs
combattants loyalistes ou rebelles.
Ainsi, les militaires à la retraite ou les
réservistes préoccupés par les problèmes de
désarmement peuvent créer des clubs, des lieux de rencontre,
monter des pièces théâtrales ou des sketchs au public. Ils
peuvent aussi participer à des publications et recherches sur le
désarmement.
Aussi, doit-on :
- favoriser des rencontres périodiques entre
militaires, des colloques, des séminaires afin de
réfléchir sur les divers points de vue ;
- faire en sorte que les magasins des stocks d'armes dans les
villes de la sous-région soient surveillés par des militaires
ayant une bonne probité et une vie morale irréprochable afin
d'éviter les éventuelles "pertes " ou des vols d'armes comme se
fut le cas au Mali et au Nigeria ;
- lutter contre la corruption et réviser à la
hausse les traitements des forces de l'ordre afin d'éviter les
frustrations dont ceux-ci sont souvent victimes.
Il existe aussi des mesures à prendre sur le plan
économique.
2- Les mesures d'ordre
économique
Une remarque importante est que le concept de surarmement n'a
jamais avantagé le développement socioéconomique des pays
de l'Afrique en général et ceux de la sous-région
ouest-africaine en particulier. Ainsi ces derniers doivent tout mettre en
oeuvre pour réviser à la baisse leurs dépenses
militaires.
Les sociétés civiles, les ONG, les
Associations, doivent tout mettre en oeuvre pour surveiller la destination des
impôts qu'elles paient périodiquement et veiller à ce que
les impôts payés ne soient échangés contre leur
vie.
Ainsi, les populations peuvent se soulever contre
l'autodestruction. Des impôts doivent être perçus pour la
paix et non pour financer les guerres. « Il est légitime de
désobéir à une loi d'extermination.... La loi qui
oblige à payer l'impôt finançant la loi nucléaire
est injuste. Elle décide de nous, sans nous et même contre nous...
Il faut de ce fait refuser l'impôt qui finance la préparation du
génocide »1(*).
`'Pas une voie, pas une main, par un mark pour
l'armement `'2(*) tel
était l'un des slogans forts des `'Verts'' Allemands.
Aujourd'hui, les institutions, les ONG, les associations, les
leaders religieux, les chefs et militants de partis politiques doivent tout
mettre en oeuvre pour aller en guerre contre les causes financières
destructrices.
Après cela, il convient d'étudier à
présent quelques méthodes de destruction des armes et des
munitions proposées par le Département des Affaires du
désarmement et faire quelques approches de solutions pour un DDR
efficace.
SECTION 2 : METHODES DE DESTRUCTION DES
ARMES LEGERES ET QUELQUES APPROCHES DE SOLUTIONS POUR UN DDR
EFFICACE
Jusqu'à ce jour, la seule méthode de
destruction des armes utilisée en Afrique est l'autodafé. Certes,
ayant fait ses preuves, cette dernière regorge un certain nombre de
faiblesses en ce sens que des pièces des armes brûlées sont
ou peuvent être réutilisées par des fabricants locaux pour
confectionner d'autres armes. Ainsi, les pays de l'Afrique de l'Ouest doivent
tout de même essayer d'appliquer d'autres méthodes de destruction
proposées par le Département des Affaires du
Désarmement.
PARAGRAPHE 1 : QUELQUES METHODES DE DESTRUCTION
DES ARMES ET DES MUNITIONS
Il existe de nombreuses méthodes de destruction des
armes légères et des minutions.
A - La destruction des armes
légères
1 - La découpe
Elle est largement utilisée et peut-être
réalisée par :
· Le chalumeau
oxyacélénique
Cette découpe est efficace pour tous les types d'armes.
Aussi, le personnel devant être utilisé pour cette méthode
peut être formé en une journée et l'équipement peut
être acheté ou loué partout. Il est facile à
transporter et peut détruire en moyenne 300 à 400 fusils d'assaut
pendant huit (8) heures de travail par jour. Le prix de cet appareil varie
entre 51.500 et 257.500 FCFA.1(*)
· Le chalumeau oxycoupeur à
essence
Le chalumeau oxycoupeur utilise l'essence et découpe
plus rapidement avec une sûreté meilleure et un entreposage plus
facile du combustible. Aussi, le personnel peut être formé en une
seule journée et est très facile à entretenir. Il
conserve le combustible sous sa forme liquide jusqu'au bord de la coupe.
· Le chalumeau à plasma
Plus coûteux que le chalumeau
oxyacélénique mais deux fois plus rapide, le chalumeau
à placement est une découpe propre aux armes à
matières dominantes plastiques (UZI : arme de fabrication
israélienne). Il coûte environ 1.030.000 F CFA2(*).
Arme de fabrication israélienne UZI
· Les cisailles hydrauliques
Faciles, rapides et très efficaces, les cisailles
hydrauliques peuvent détruire des milliers d'armes en une seule
journée. Elles coûtent entre 5.150.000 F CFA et 7.725.000 F
CFA.1(*)
2 - Torsion et broyage
- Par presse hydraulique : Il s'agit de lourds appareils
fixes qui doivent être alimentés en courant électrique. Ils
mettent les armes en pièces détachées.
- Broyage par des véhicules : Il se fait par des
véhicules blindés de combat (VBC). Cette méthode peu
coûteuse et simple consiste à faire passer les VBC sur des armes
légères en vue de les broyer.
3 - Destruction par
détonation, par coulage et immersion
La destruction des armes peut se faire par détonation
par le coulage des armes dans de bloc de ciment et enfin par immersion de
celles-ci en mer à grande profondeur.
Après avoir étudié les
différentes méthodes de destruction des armes
légères, nous verrons quelques méthodes
réservées aux munitions.
B - Méthodes de destruction des munitions
de petit calibre
Il existe plusieurs méthodes de destruction des
munitions que l'on peut appliquer dans la sous-région ouest-africaine.
Parmi celles-ci, on peut citer :
1 - Le tir
Cette méthode convient le mieux pour de faibles
quantités de munitions et convient le moins pour les grandes
quantités de stocks. Le tir nécessite un type d'arme
approprié aux munitions de petit calibre à détruire, un
protège tympans pour le tireur, un technicien de munitions, un armurier
pour l'inspection avant, pendant et après le tir, du personnel
médical pour les premiers soins en cas d'accident et un peloton de tir
connaissant le type d'arme avant l'opération
2 - Combustion dans un
incinérateur improvisé
Cette méthode convient mieux pour les petites
quantités de munitions diverses de petit calibre, les stocks de
munitions de petit calibre endommagés, anciennes ou mal
conservées, des munitions de petit calibre isolées et convient
le moins pour les grandes quantités de munitions de petit calibre.
Cette méthode nécessite :
- une boîte à munitions métalliques
solides 1 000 x 600 x 300 mm ;
- un morceau de feuille de métal
déployé ;
- des briques pour surélever d'au moins 300 mm par
rapport au sol ;
- des bois à brûler sous la
boîte ;
- du pétrole ou du Kérosène (pas
d'essence) ;
- un système d'allumage à distance.
Comme personnel on aurait besoin :
- d'un technicien de munitions ;
- du personnel médical ;
- d'une équipe chargée de constituer le
bûcher et de déplacer les munitions de petit calibre.
3 - Combustion dans un
incinérateur mobile
Elle convient pour les petites quantités de munitions
de petit calibre, les stocks de munitions endommagées, anciennes ou
conservées dans de mauvaises conditions. Cette méthode convient
le moins pour les grandes quantités de munitions de petit calibre.
4 - Incinérations à
grande échelle par des moyens improvisés et
combustion dans un
incinérateur fixe
Ces méthodes conviennent le mieux à de grandes
quantités de munitions de petit calibre, les stocks de munitions de
petit calibre endommagées ou conservées dans de mauvaises
conditions et conviennent le moins pour les petites quantités de
munitions.
5 - La destruction des munitions de
petit calibre au moyen
d'explosif
Elle convient le mieux aux petites quantités de
munitions de petit calibre détruite en même temps que d'autres
munitions et convient le moins aux grandes quantités de minutions de
petit calibre.
Après l'étude des méthodes de
destruction des armes légères et des minutions, nous
étudierons enfin quelques approches de solutions pour un DDR
efficace.
PARAGRAPHE 2 : QUELQUES
APPROCHES DE SOLUTIONS POUR UN DDR EFFICACE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Dans cette partie, nous étudierons quelques
méthodes permettant de réussir le programme du
désarmement, de la démobilisation et de la
réintégration en cours dans les pays de la sous-région et
nous verrons ensuite quelques propositions de la réunion du groupe
d'experts des Nations Unies.
A - Conditions de mise en oeuvre du DDR
La mise en oeuvre du programme DDR nécessite un certain
nombre de conditions préalables.
1- Cas du désarmement et de la
démobilisation
· Le désarmement
Le désarmement nécessite :
- des clauses spécifiques dans l'accord de paix
notamment la destruction des armes ;
- des ressources adéquates à la fois humaines,
matérielles et financières ;
- des locaux et procédures temporaires
d'entrepôt ;
- des motivations pour se conformer ou imposer des
pénalités au cas contraire ;
- et enfin des mécanismes nationaux d'application et
de gestion des armes sur le long terme.
· Cas de
la démobilisation
Après l'étape du désarmement il
faut :
- rassembler les combattants dans des zones de campement ou
au centre de décharge ;
- préparer et évaluer les besoins des
combattants. L'on doit impérativement et intégralement
répondre à toutes les questions ci-après :
Qui sont-ils ? (nombre, âge, sexe, ethnie,
origine)
Que veulent-ils ? (préférences,
comportements, attentes)
Que feront-ils ? (opportunités d'emploi,
éducation, formation, capital ou
micro crédit)
Où vont-ils ? (communauté rurale ou
urbaine)
2- Cas de la réintégration
Sans réintégration, les processus
précédents sont nuls et échouent ; ce qui conduit
à la reprise des hostilités.
Les ex-combattants sont le plus souvent confrontés
à divers problèmes socio-économiques (niveau
d'éducation, manque de ressources de tout genre, discrimination
par la communauté et les employeurs).
Ainsi plusieurs conditions sont nécessaires pour la
réintégration des ex-combattants :
- les soins médicaux ;
- pouvoirs aux ressources économiques ;
- engager des réformes politiques et
sociales ;
- promouvoir l`égalité de tous et de
toutes ;
- gagner la confiance à ces derniers.
En somme, le tableau du processus du DDR se présente
comme suit :
Soldats armés
Soldats armés
Rediffusion des armes et munitions
Destruction immédiate sur place
Dépôt et disposition des armes et munitions
Destruction
Entreposage sûr
Unité de gestion des données temporaires
Autorités civiles
Transfert des données
Défense Nationale Unifiée
Transport des soldats non armés
Programme de réintégration
Aire de rassemblement
Centre de
décharge
Maison
Schéma présentant l'application
réussie du DDR
Aussi, les commissions nationales doivent avoir des
fiches1(*) et les faire
remplir aux ex-combattants afin d'assurer leur réintégration.
B - Les propositions de la réunion du groupe
d'expert dans la lutte contre
la prolifération des armes
légères
Plusieurs mesures ont été proposées par
le groupe d'experts dans la lutte contre les ALPC. Elles sont de trois (3)
ordres : mesures nationales, mesures régionales et mesures
internationales.
1- Les mesures nationales
Les Etats devraient :
- adopter des législations garantissant un examen
rigoureux de toutes les exportations d'armes, de leur stock et de leur
utilisation ;
- mettre en place des bases de données nationales
où figureraient les cartes d'identité de toutes les armes
existants dans le pays ;
- faire en sorte que les courtiers soient titulaires d'une
licence d'importation ou d'exportation d'armes ;
- veiller au respect des embargos internationaux et
criminaliser leur violation ;
- surveiller la circulation transfrontalière des
armes ;
- encourager les coopérations
interministérielles dans la lutte contre le trafic illicite des
armes ;
- imposer des taxes élevées aux producteurs
d'armes ;
- disposer des ressources importantes pour une formation
accrue des services de polices et des douanes.
2- Les mesures régionales
Les Etats devraient :
- encourager les initiatives régionales et
sous-régionales qui ont été prises afin de garantir le
respect du droit international humanitaire et des Droits de l'Homme ;
- élargir le moratoire ;
- faire en sorte que le moratoire et les mémorandums
soient transformés en convention ;
- accroître la coopération sous-régionale
entre les forces de police et ceux de la douane.
3- Les mesures internationales
Les Etats et les organisations inter-gouvernementales
devraient :
- établir des codes de conduite internationaux
relatifs au transfert des armes ;
- l'ONU devrait concevoir de meilleurs mécanismes
d'alerte pour informer les Etats en cas de violation des embargos ou des
principes du DIH ;
- associer aux accords de paix et à la
démobilisation, la destruction immédiate des excédents
d'armes ;
- mettre en place des mécanismes efficaces
d'application et de coercition pour le respect des embargos internationaux sur
les armes ;
- assister par tous les moyens les Etats qui désirent
ou qui se débarrassent des excédents d'armes et munitions.
Enfin la communauté internationale doit mettre en place
un système transparent et fiable de marquage des armes et munitions
depuis leur production ou fabrication jusqu'à leur utilisation
finale.
CONCLUSION
« Plus jamais ça » tel était
le slogan de tous les individus, de tous les Etats et de toutes les
organisations internationales au lendemain de la deuxième guerre
mondiale. Mais les voeux pieux de la communauté sont presque
demeurés lettres mortes à cause des différents conflits
fratricides enregistrés sur toute la planète avec leur
cortège de réfugiés.
L'Afrique occupe malheureusement une place centrale dans les
différents conflits inter-étatiques et intra-étatiques. Il
est indéniable que les conflits enregistrés en Afrique et
particulièrement dans la région ouest ont des incidences
politiques, culturelles et socio-économiques sur les Etats. Ce qui
maintient ceux-ci dans un sous-développement duquel il leur serait
très difficile de sortir. Ce n'est que plus tard que l'Organisation des
Nations Unies, les organisations régionales (Union Africaine) et
sous-régionales (CEDEAO) ainsi que certains Etats et organismes ont
unanimement pris des initiatives pour combattre le phénomène de
la circulation anarchique et le trafic des petites armes.
Pour ce qui est de l'Afrique de l'Ouest, le
Sénégal, au demeurant, estime qu'un terme doit être
à « l'omerta sous-régional »
c'est-à-dire cette complicité par le silence des Etats de la
sous-région. De même sur proposition du Mali, on note une ferme
détermination des dirigeants des Etats ouest-africains.
Cette détermination s'est traduite par l'adoption,
à l'occasion du Sommet de la CEDEAO tenue à Abuja au
Nigéria en octobre 1998 du Moratoire sur la Fabrication, l'Importation
et l'Exportation des Armes Légères sous tous les aspects. Cette
importante et louable initiative a été confirmée par
l'adoption d'un Programme de Coordination et d'Assistance pour la
Sécurité et le Développement (PCASED) visant à
instaurer, en coopération avec le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), une culture de paix et de sécurité
au sein de l'espace CEDEAO. Selon le Directeur du PCASED Ibrahima Sall, trente
huit mille armes ont été détruites en 2003.
Outre le Moratoire qui couvre toute la CEDEAO, on est
aujourd'hui arrivé à instaurer dans treize pays de l'espace
CEDEAO, des commissions nationales de lutte contre la prolifération des
armes légères.
Ainsi, il est le plus souvent organisé à
l'endroit des membres de ces commissions des Ateliers de formation. Aussi
note-t-on des coopérations inter-étatiques au sein de l'espace
CEDEAO. Cette coopération se traduit par des patrouilles mixtes et
inopinées aux abords des frontières et dans certaines villes. On
assiste également à l'enregistrement, au marquage et au
traçage des armes en circulation dans les Etats de la CEDEAO.
Les commissions nationales et le PCASED ont essayé de
mettre en oeuvre leur plan d'action pour réduire le
phénomène de la circulation des ALPC en Afrique de l'Ouest. Outre
les différents moyens préventifs et de contrôle
proposés plus haut, les autorités du PCASED à divers
niveaux en collaboration avec les gouvernements des pays de la CEDEAO et la
communauté internationale doivent particulièrement mettre un
accent particulier sur un certain nombre de mesures qui paraissent très
sensibles :
- L'implication plus active de la communauté
internationale à ce que l'embargo sur les armes à l'égard
des régions touchées par les conflits (cas de la Côte
d'Ivoire) soit rigoureusement appliqué et dont la violation serait
considérée comme un crime.
- Avoir une transparence plus accrue des activités
commerciales, de courtages et de demande d'autorisation de port d'armes.
- Multiplier ou promouvoir les programmes de DDR des
ex-combattants sujets à la tentation de mercenariat. Les commissions
nationales doivent mener des enquêtes sur l'identité et les
besoins de tous les ex-combattants en remplissant les fiches qui seront
conservées aux sièges nationaux.
- Rendre plus difficile l'accès aux armes en
sécurisant les dépôts et stocks.
- Procéder au dépistage et au marquage de toutes
les armes légères lors du transfert entre Etats producteurs et
consommateurs.
- Réglementer et limiter les industries et usines
productrices d'armes légères dans le monde.
- La mise en place d'un mécanisme onusien
spécial de contrôle et d'inspection pour l'Afrique de l'Ouest,
doublé de la création d'une commission d'enquête
internationale dont certaines conclusions pourraient être soumise
à la Cour Pénale Internationale (CPI).
Somme toute, nous ne saurons terminer sans évoquer une
partie de l'allocution prononcée de SEM CHEIKH TIDIANE GADIO, allocution
prononcée devant le Conseil de Sécurité à New-York
le 18 mars 2003. « C'est dire que de réels progrès
restent à accomplir si nous tenons à affranchir notre
sous-région du marasme causé par le couple maléfique de la
prolifération des armes légères et du mercenariat.
Hâtons nous donc d'agir plutôt que de toujours réagir, afin
que la nébuleuse du crime, où sont tapis sans vergogne des
marchands d'armes véreux et mercenaires aux mains tâchées
qui sont alliés à certains de nos dirigeants se dissipe à
jamais, que l'Afrique de l'Ouest, réconciliée avec
elle-même retrouve le chemin vertueux de la paix et de la
prospérité ».
BIBLIOGRAPHIE
I- OUVRAGES GENERAUX
- COLLET André, « Les industries
d'armements » PUF, Collection « Que
sais-je ? », N°317, Paris 1988, pp. 1-65
- GICAUEL Jean, « Droit constitutionnel et
institutions politiques », MONTCHRESTIEN, 11ème
édition, Paris, 1991, pp 135-145
- DUROSELLE Jean-Baptiste, KASPI André,
« Histoire des Relations Internationales de 1945 à nos
jours » Tome 2, édition Dalloz, Armand COLIN, Paris, 2001, pp
1-609
- LAVIEILLE Jean-Marc, « Construire la paix
l'humanité détruira les armements » Tome 2,
édition Chronique Sociale, Lyon 1988 pp 1-236
- ZARTAN William ; « La Résolution des
conflits en Afrique » édition l'Harmattan, 1990 pp 7-259
II- OUVRAGES SPECIALISES
- AYISSI Anatole, SALL Ibrahima, « Lutte contre la
prolifération des armes légères en Afrique de
l'Ouest », Manuel de formation des forces armées et de
sécurité, UNIDIR, Genève, 2003
- KANTE SEKOUBA Mamadou, « De la fabrication locale
d'armes au Mali : à travers la prolifération des armes
légères », FOSDA MONOGRAPH, Accra, janvier 2004
III- MEMOIRES
- CHIGBLO Théodore : « Vers
l'émergence d'un régime juridique des Armes légères
et de petit calibre en droit international public ». Mémoire
de DEA Faculté de Droit et de Science Politique. Université
Montpellier I, 2001-2002 pp 1-81.
- TCHOUMBA Christian Alain : L'impact de l'Armement sur
le développement des Etats d'Afrique Noire (Etude de quelques Etats),
Mémoire de maîtrise, Faculté des Sciences Juridique et
Politique. Université Nationale du Bénin, 1990-1991 pp 1 à
55.
IV- ARTICLES REVUE ET PERIODIQUES
- ADAM Bernard : Armes légères,
destructions massives. Article publié dans le monde diplomatique, avril
1998, pp 1-3.
- AYAMOU Placide : Prolifération des armes
légères et petit calibre mesures prises. Exposé
présenté par le Chef d'Escadron, Abomey le 03 mars 2004.
- CALHOUN Herbert : Peut-on maîtriser la
prolifération des armes légères et de petit
calibre ?
- DIABATE Moussa : Atelier de formation des formateurs
destiné aux forces armées, de sécurité et de police
pour le contrôle des armes légères et de petit calibre. 15
octobre 2001 ; pp 1-18.
- DIAGOURAGA Mahamadou : Panel sur la construction de la
paix et le contrôle des armes légères en Afrique de
l'Ouest. La Haye, Pays-Bas le 12 mai 1999, pp 1-3
- DIARRA OUMAR Cheick : Désarmement -
Démobilisation - Réintégration (DDR) 15 au 20 octobre
2001, Abidjan - Côte d'Ivoire pp 1-5
- KOUDIO Ahmed : Inventaire de crise Jeune Afrique
Economie N°344 ; p 31
- Ndiaye Khaliloullah Ibrahima. Lutte contre les armes
légères en Afrique de l'Ouest : transformer le moratoire en
une convention. Le soleil (Dakar) 22 juillet 2004
- OUAZINI Cherif : Comment Konaré a
désamorcé la bombe touarègue. Jeune Afrique l'Intelligent
N°2097 du 20 au 26 mars 2001 pp 30 à 31
- WRIGHT Steve : Ce trafic
« légal » des armes légères. Janvier
2001 pp 12 et 13
- YABI Gilles : Inventaire à l'arsenal Jeune
Afrique l'Intelligent N°2230 du 5 au 11 octobre 2003
V- SITES INTERNET
- ANAIS BAMAKO,
www.anaisbko.org.ml
- CEDEAO,
www.cicr.org/.
- DDA/ONU,
www.un.org/Depts/dda/index.html.
- Conseil de Sécurité/ONU,
www.un.org/French/documents/scinfo.htm
- IANSA (Réseau d'action internationale sur les armes
légères),
www.iansa.org.
- ONU (Site général),
www.nato.int/
- OSCE (Site général),
www.osce.org
- Afrique relance,
www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/
- Small Arms Survey,
www.smallarmssurvey.org.
- Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la
Sécurité,
www.grip.org/ - Courriel:
admi@grip.org
VI- AUTRES DOCUMENTS
- Charte de l'Organisation des Nations Unies, San Franscico,
26 juin 1945
- Département des Affaires de Désarmement,
Manuel de destruction, armes légères munitions et explosifs.
- UNITED Nations Department of Peace Keeping Operation.
Disarmament, demobilizaiton and reintegration of ex-combatants in a peace
keeping environment. Principles and Guidelines
- Comité international de la Croix-Rouge, Genève
juin 1999, disponibilité des armes et la situation des civils dans les
conflits armés
- CA 12 E, GHANA 10-21 novembre 2003 : The Hard road
home
VII- DECLARATIONS, RESOLUTIONS, RAPPORTS, PROGRAMMES
D'ACTION
- Résolution adoptée par l'Assemblée
Générale [Sur le rapport de la première commission
(A/57/510)]
- Déclarations du Président du Conseil de
Sécurité en 2001 Résolution S/PRST/2001/21 Armes
légères du 31 août 2001.
- Résolution S/RES/1343. La situation du Libéria
du 7 mars 2001. Résolutions adoptées par le Conseil de
Sécurité en 2001
- Résolution S/RES/1467 (2003) du Conseil de
Sécurité adoptée le 18 mars 2003
- Allocution de SEM CHEIKH TIDIANE GADIO à New York le
18 mars 2003
- Commentaire spécial d'Alpha Oumar KONARE
ex-président de la République du Mali au forum du
désarmement en 2000
- Règlement sur les registres d'armes à feu
DORS/98-213. Enregistrement 24 mars 1998. Loi sur les armes à feu. CP
1998-448 24 mars 1998
- Déclaration de moratoire sur l'importation,
l'exportation et la fabrication des armes légères en Afrique de
l'Ouest. Au 31 octobre 1998 à Abuja (Nigeria)
- Décision CAMSG. 1/5/01 portant prorogation du
régime du moratoire sur l'importation sur l'exportation et la
fabrication des armes légères en Afrique de l'Ouest
- Décision A/DEC 12/99 portant création des
Commissions Nationales de lutte contre la prolifération et la
circulation illicite des armes légères. Lomé 9-10
décembre 1999
* 1 Propos recueillis de M. Max
ESCALON de FONTON, Directeur de recherches CNRS, Directeur des
antiquités préhistoriques de la Région Provence alpes
côte in mémoire de TCHIBLO Théodore vers l'Emergence d'un
régime juridique des armes légères et de petit calibre en
droit international public.
* 2 Allocution de SEM CHEIKH
TIDIANE GADIO, Ministre d'Etat, Ministre des Affaires Etrangères de
l'Union Africaine et des Sénégalais de l'Extérieur devant
le Conseil de Sécurité à New-York, le 18 mars 2003.
* 31 Benoît MURATIOL,
Membre de Amnesty International s'occupant de la campagne du désarmement
* 1 Steve WRIGHT : Ce trafique
« légal » des armes légères in
http : www. monde-diplômatique.fr/2001/01 WRIGHT/147402 pages 12 et
13.
* 1 Vladimir PETROVSKY :
Les nouvelles technologies et la quête de la
sécurité : perspective après la guerre froide ;
volume 13 ; N°4 1990 p 55
* 2 Op cit Le Monde diplomatique
p2
* 3 Small arms survey 2002 Une
industrie malade ou moribonde? Produits et producteurs in http : // www.
Smallarmssurvey. Org.
* 4 Op cit Monde Diplomatique page
2
* 1 op cit : Small Arms
Survey : Une Industrie Malade ou Moribonde?
* 2 André COLLET :
Les Industries d'armement, Paris, PUF, QSJ 317, 1988, page 31
* 1 OP cit : Les
Industries d'armement page 31
* 1 Vincent
JOGUET" L'Afrique et le monde " in Marchés Tropicaux, N° 3066,
59e année, 20 Août 2004 page 1807
* 1 Mamadou Sékouba
KANTE : De la Fabrication Locale D'armes au Mali : et à
travers la prolifération des armes légères ed. FOSDA 2004
page 17
* 1 Mamadou Sékouba
KANTE : De la Fabrication Locale D'armes au Mali : et à
travers la prolifération des armes légères, ed. FOSDA
2004, page 17
* 2 Idem
* 1 Anatole AYISSI ;
Ibrahima SALL (édition) : Lutte contre la prolifération des
armes légères en Afrique de l'Ouest, Manuel de formation des
forces armées et de sécurité, Nations Unies, 2003, Page 62
* 1 Afrique Relance :
http://www.un.org/french/écosocdev/geninfo/afreed/
* 2 Idem
* 3 Eric NEWSON,
Ex-Secrétaire d'Etat Américain
* 1 Op. cit. : Ibrahima
SALL et Anatole AISSI : Lutte contre la Prolifération des armes
légère en Afrique l'Ouest
* 1 OP cit : Lutte contre
la prolifération des armes légères en Afrique de
l'Ouest
* 1 Cherif OUAZINI, JAI
N°2097 du 20 au 26 mars 2001 pp. 30-32
* 4 Herbert CALHOUN
Spécialiste des Ae et DA. Bureau Affaire-Politico Militaire des
Etats-Unis. Peut-on maîtriser la prolifération des armes
légères et de petit calibre ?
* 1 La Prolifération des
armes légères : Un défi humanitaire, exposé
présenté par Adama DIARRA en 2003 lors de la Conférence
Internationale du CICR au Mali.
* 1 La réalité
des armes légères, Rapport du réseau d'action
internationale sur les armes légères (iansa), communications@
iansa.org
* 2 Alain Just Coly : le
soleil journal sénégalais du 14 novembre 2003
* 3 Op. Cit. : Agence
FIDES
* 4 Op. Cit. : Afrique
Relance
* 1 Op. Cit. : Afrique
Relance
* 2 Cf. Commentaire
spécial d'Alpha Oumar Konaré lors du forum de désarmement
tenu en 2000
* 3
www.iansa.org. La
réalité des armes légères
* 1 Conseil de
sécurité : "Koffi Annan recommande de tirer profit de la
« vibrante » société africaine" in Nouvelles
de l'ONU
* 2 Noël
Tadégnon : "Afrique de l'Ouest : la prolifération des
armes légères préoccupe les dirigeants politiques
* 3 Les attentats du 11
septembre 2001 aux Etats Unis ont causé la mort de près de 3.500
personnes.
* 4 Théodore T.
CHIGBLO : Vers l'émergence d'un régime juridique des
armes légères et de petits calibre en droit international
public, Mémoire de DEA en Droit International Public,
Université Montpellier I, Faculté de droit et sciences
politiques, année académique 2001-2002, p. 32
* 1 Théodore
TCHIBLO : op. Cit. P.34.
* 2 Idem
* 3 Ahmed KOUADIO :
"Inventaire de crise" in Jeune Afrique Economie, N°344, septembre -
octobre 2002, p.31
* 4 Information diffusée
sur les chaînes Africa n°1, en avril 2004.
* 5 MFI HEBDO : politique
diplomatie du 05/09/2003 : Afrique de l'Ouest : "le difficile chemin
de la paix" in
www.rfi.fr
* 6 Op. cit, La
réalité des armes légères.
* 1 Eric NEWSON :
"L'utilisation et la prolifération des armes
légères : stratégie face à un dilemme
mondial
* 2 Op. Cit. Théodore
CHIGBLO : Vers l'émergence d'un régime juridique des armes
légères en droit international public, Page 31
* 3 Idem
* 1 Op. Cit. Agence Fides
* 2 Journal
télévisé de Golf TV du 13/08/04
* 3 Journal
télévisé de l'ORTB du 08/08/04
* 1 Op. Cit. : Agence
Fides
* 2 Cherif OUAZANI : "Qui
a tué Bare ?" in Jeune Afrique Intelligent, N°1996, 13 au 19
avril 1999, p. 13
* 1 Journal du 23 H du 09/08/04
sur Africa N°1
* 2 Op. Cit. : Jeune
Afrique Economie
* 3 Ibrahima SALL, Directeur du
PCASED interviewé par RFI en 2003
* 4 SEM CHEIKH TIDIANE GADIO,
Allocution présentée au Conseil de sécurité de
l'ONU à New York le 18 mars 2003.
* 1 Déclaration de
Mathieu Kérékou in le magasine de La Marina, N°001, mai-juin
2004, page 11-13
* 1 Op. cit. Jeune Afrique
Economie, p.31.
* 1 Op. Cit, Afrique Relance
* 2 Idem
* 1 Information recueillie sur
RFI le 18 novembre 2004
* 1 Centre pour le maintien de
la paix PEARSON, PEACEKEEPING CENTRE. DDR Course Matérial CA12E-KAIPTC,
Accra, Ghana 10-21 November, 2003.
* 2 Op. cit. : Agence
FIDES.
* 3 Panos Info n° 18, la
société civile africaine face aux Documents stratégiques
de réduction de la pauvreté (Dsrp)
http :www.panos-ao ;org/panosinfos/pi18 cv.htm
* 1 Amis de la Mission
n°100, aujourd'hui... Le contexte de la mission
* 1 Théodore TCHIBLO,
op. Cit.
* 2 Cf. Michel GODET ;
cours de géostratégie des relations internationales, 3ème
année ENAM, DRI.
* 5 Septembre/novembre 1998 et
juillet 1999.
* 6 Groupe de recherche et
d'information sur la paix et la sécurité, Internet :
http:/www.grip.org/ - Courriel :
admi@grip.org en date du 4/11/99
* 1 Small Arms Survey,
email :
smallarm@hei.unige.ch -
www.smallarmssurvey.org.
* 1 Alain Just Coly, quotidien
sénégalais d'informations Le Soleil du 14 novembre 2003.
* 1 Hama Hamani Tidjani,
présumé receleur de véhicules entre le Bénin et le
Nigeria
* 2 La disponibilité des
armes et la situation des civils dans les conflits armés, étude
présentée par le Comité International de la Croix Rouge
(CICR), juin 1999, p.64.
* 3 Autodafé :
opération de destruction des armes par le feu.
* 4 Daouda Aliyou correspondant
du Nigeria à Africa n°1 au journal du 13/04/04 à 16h.
* 1 Op. cit : lutte contre
la prolifération des armes légères en Afrique de l'Ouest,
p.77.
* 2 Ibrahima Sall, propos du
président du PCASED recueilli à RFI en janvier 2003
* 1 Lutte contre les armes
légères en Afrique de l'ouest ; op. cit.
* 1 Cf. Michel GODET, op. Cit.
Cours de géostratégie
* 1 Convention de
l'UNESCO : Préambule
* 2 JACQUES de BOLLADIERE, NVP,
Dossier n°4, compagnon de toutes les libérations,1986
* 3 G. BOUTHOUL in
L'humanité détruira les armements, janvier 1988, p.20.
* 1 Jean Marc Lavieille,
Construire la paix - 2, L'humanité détruira les armements,
janvier 1988, p.22.
* 2 E. Ingalander, directrice
du Conseil des jeux en Suède, tiré de L'humanité
détruira les armements, janvier 1988, p.28.
* 1 Op cit, Jean Marie
Lavielle, p.71
* 1 Lutte contre la
prolifération des armes légères en Afrique de l'Ouest,
Manuel de formation des forces armées et de sécurité, sous
la direction de Anatole Ayissi et Ibrahima Sall, Edition 2003, p.36.
* 2 Idem
* 1 Op cit, Jean Marie
Lavieille, p.152.
* 2 Un des slogans reconnus des
Verts Allemands, tiré de l'Humanité détruira les
armements, p. 153
* 1 Département des
affaires du désarmement, Manuel de destruction, armes
légères, minutions et explosifs, p.11.
* 2 Idem, p.13.
* 1 Ibidem, p.14
* 1 Voir annexe 4.
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