Le droit du travail aborde un tournant
majeur. Celui de la résurgence des formes atypiques et
irrégulières de travail. Un nouveau défi à relever
en ne laissant pas ces emplois sans droit ni protection. Ainsi, le
caractère mouvant de ce droit ne sera que davantage
renforcé.
L'auteur
L'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans ce mémoire.
Ces opinions sont considérées comme
étant strictement personnelles à son auteur
SIGLES et ABREVIATIONS
- BIT: Bureau International du Travail
- CGTB: Confédération Générale des
Travailleurs du Bénin
- CMT: Confédération Mondiale du Travail
- COSI: Confédération des Organisations
Syndicales Indépendantes
- CSA - BENIN: Confédération des Syndicats
Autonomes du Bénin
- CSPIB: Centrale des Syndicats des Secteurs Privé et
Informel du Bénin
- DGT: Direction Générale du Travail
- FMI : Fonds Monétaire International
- INSAE: Institut National de la Statistique et de l'Analyse
Economique
- MFPTRA: Ministère de la Fonction Publique du Travail et
de la Réforme Administrative
- OIT: Organisation Internationale du Travail
- PAS: Programme d'Ajustement Structurel
- PEESI: Programme d'Etude et d'Enquête sur le Secteur
Informel
- PNUD: Programme des Nations Unies pour le
Développement
- SCASS: Service de la Coordination des Activités de
Sécurité Sociale.
- SEWA: Self Employed Women Association
- UNSTB: Union Nationale des Syndicats des Travailleurs du
Bénin
SOMMAIRE
Dédicaces
Remerciements
SIGLES et ABREVIATIONS
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : Des origines de
l'économie informelle aux conditions de travail des femmes et des
enfants
CHAPITRE I: De la présentation de
l'économie informelle aux normes régissant le travail
Section 1: Origines et
définition
Section 2: Les normes juridiques du
travail informel
CHAPITRE II: Les conditions de travail
dans le secteur informel
Section 1: Les conditions
matérielles d'accomplissement du travail
Section 2: Le déficit de formation, de protection
sociale et syndicale
DEUXIEME PARTIE : De l'analyse des résultats
d'enquêtes aux approches de solutions
CHAPITRE I : Réalisation des enquêtes
et diagnostic de l'étude
Section1: Réalisation et
difficultés des enquêtes
Section 2: L'analyse des résultats
d'enquêtes et le diagnostic
CHAPITRE II: Des modalités de la
réglementation aux conditions de mise en oeuvre des solutions
Section1: De la consécration des droits au
renforcement de la protection sociale et syndicale
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE des MATIERES
Section2: Des mécanismes de
contrôle et d'appui aux conditions de mise en oeuvre des
solutions
INTRODUCTION
L'environnement économique du Bénin a
été bouleversé en 1980 par la crise économique qui
a eu une profonde répercussion sur la situation de l'emploi avec pour
corollaire le gel des recrutements dans la fonction publique et la
restructuration des entreprises publiques. L'économie nationale en proie
à des difficultés a été placée sous
administration du F.M.I et de la Banque Mondiale par les différents PAS
qui ont eu pour conséquence la détérioration de la
situation de l'emploi.
Que de temps perdus à réduire les dettes alors
que les populations doivent vivre ou plutôt survivre. Dans ce contexte de
lutte pour la survie, l'extension de l'économie informelle s'est accrue.
Pour Manuel Simon Velàsco, directeur du bureau des activités pour
les travailleurs (ACTRAV) du BIT: « le secteur informel
reflète la stratégie de survie des pauvres, ceux qui n'ont ni
emplois stables, ni aucune forme d'assurances sociales », c'est
souvent le seul recours dont disposent les travailleurs livrés à
eux-mêmes qui doivent se débrouiller. Peuvent-ils être
culpabilisés de mener des activités hors du cadre
réglementaire officiel?
L'article 30 de la loi n°90-032 du 11 décembre
1990 portant constitution de la République du Bénin dispose que
l'Etat reconnaît à tous les citoyens le droit au travail. Mais ce
dernier ne parvient pas à remplir cet engagement. Dès lors,
laissés à leur sort et confrontés aux
nécessités de la survie, les demandeurs d'emploi ont tôt
fait de se découvrir un nouveau canal d'expression: l'économie
informelle.
Nombreux sont ceux qui affirmaient que ce pan de
l'économie est éphémère par nature et que l'on
ferait mieux d'utiliser les maigres ressources disponibles à tenter de
mobiliser et de maintenir les adhérents au sein de l'économie
moderne. On espérait la disparition de ce type d'activité avec
l'évolution du développement économique. Ces trente
dernières années ont démontré que ce raisonnement
était faux. Il en est ainsi d'autant plus qu'au plan national, sur une
population potentiellement active estimée à 5.345.860 personnes,
143.306 seulement évoluent dans l'économie formelle contre
2.902.208 pour l'informel. Ce qui représente respectivement 2,68% des
personnes potentiellement actives pour l'économie formelle contre 54,28%
pour l'économie informelle. Lorsqu'on tient compte uniquement des
personnes ayant une occupation, l'écart est encore plus grand. Sur une
population de 3.045.514 personnes, seulement 5% sont occupés dans
l'économie formelle contre 95% dans l'informel avec respectivement 27%
de femmes contre 73% d'hommes dans le formel pour 51% de femmes contre 49%
d'hommes dans l'informel(1(*)) . Le secteur " non structuré" est
ainsi destiné à rester longtemps une réalité
majeure de la vie économique béninoise, mais ne respecte pas du
tout les règles et normes pour lesquelles des générations
de travailleurs se sont battues dans le monde.
Au départ, l'OIT avait pour objectif
d'améliorer le potentiel du secteur en terme de productivité et
d'emploi(2(*)). Mais aujourd'hui, il devient
impératif de résoudre les problèmes liés au respect
des droits des travailleurs. Et ce, d'autant plus que le nombre d'âmes
qui s'investit dans le secteur est immense et représente une
catégorie de travailleurs à emploi précaire et instable,
caractérisée par des conditions de travail pour le moins
dramatiques. De surcroît, les couches majoritaires de l'informel sont
celles les plus vulnérables de la société au vu des
chiffres énoncés précédemment.
A ce propos, Gisèle LANGE, conseillère du BIT
à Bruxelles, reprend un constat déjà fréquemment
dressé : "les femmes sont d'abord victimes de discrimination
dans l'accès à l'emploi formel, ce qui augmente leur propension
à travailler dans l'économie informelle, seule source de revenus
offerte à beaucoup d'entre elles."
Par ailleurs, c'est en grande partie dans le secteur informel
que l'on retrouve l'une des catégories de travailleurs les plus
vulnérables : les enfants. Ainsi, selon l'OIT, parmi les
250.000.000 d'enfants âgés de 5 à 14 ans qui travaillent
dans le monde, au moins 120.000.000 sont occupés à plein temps
dans le secteur informel et y subissent l'exploitation. Le travail des enfants
est particulièrement important sur le continent africain où ils
sont 41% âgés de 5 à 14 ans à exercer une
activité à plein temps.(3(*)) Cette situation rend la protection du droit
des travailleurs de ce secteur plus délicate et pressante.
La loi n°98-004 du 27 janvier 1998 portant code du
travail en République du Bénin, élaborée à
l'heure de l'essor de l'informel n'a curieusement pas daigné accorder un
espace aux travailleurs du secteur informel. En effet, la lacune de l'Etat
caractérisée par une absence de réglementation
spécifique du secteur constitue un frein à l'éclosion de
conditions décentes de travail. Il s'avère nécessaire au
vu de la situation que vivent les travailleurs de l'informel de
s'intéresser à l'amélioration de leurs conditions de
travail, surtout les femmes et les enfants, en organisant socialement ce
secteur.
C'est dans le souci d'apporter notre contribution à la
résolution des problèmes liés à ce secteur
d'activité que nous avons choisi de réfléchir sur le
thème : « Contribution à la
réglementation des conditions de travail des femmes et des enfants dans
une économie informelle : cas de la République du
Bénin.»
La problématique ainsi dégagée met en
évidence un problème général et trois
problèmes spécifiques. Dans le but de résoudre ces
problèmes, nous nous sommes fixé des objectifs et avons
élaboré des hypothèses qui nous guiderons tout au long du
travail jusqu'aux enquêtes de terrain. Ces différents aspects sont
répertoriés dans le tableau de bord de l'étude figurant
à la page suivante:
TABLEAU N°1 : TABLEAU DE
BORD DE L'ETUDE : « Contribution à la
réglementation des conditions de travail des femmes et des enfants dans
une économie informelle : cas de la République du
Bénin.»
Niveau d'analyse
|
Problèmes
|
Objectifs
|
Causes
|
Hypothèses
|
NIVEAU
GENERAL
|
Problème général
Médiocrité des conditions de travail des femmes et
des enfants dans le secteur informel
|
Objectif général
Parvenir à une notable amélioration des conditions
de travail des femmes et des enfants
|
|
|
N
I
V E A U
X
S P E C I F I Q U E
S
|
Problème spécifique
n° 1
Déficit de protection sociale
|
Objectif spécifique n° 1
Généraliser la protection sociale aux travailleurs
du secteur informel
|
Cause spécifique n° 1
Ignorance de la valeur de la protection sociale par les acteurs
du secteur ainsi que le manque de structures
|
Hypothèse spécifique n°
1
Le déficit de protection sociale est dû à
l'ignorance de la valeur de cette dernière par les acteurs ainsi qu'au
manque de structures.
|
Problème spécifique
n° 2
Faible niveau de formation des travailleurs
|
Objectif spécifique n° 2
Accroître la compétence des acteurs du secteur
(femmes et enfants)
|
Cause spécifique n° 2
Recours de l'emploi informel à de faibles qualifications
et existence d'une politique de formation lacunaire
|
Hypothèse spécifique n°
2
Le recours de l'emploi informel à de faibles
qualifications et l'existence d'une politique de formation lacunaire est la
cause du faible niveau de formation des travailleurs
|
Problème spécifique
n° 3
Faible niveau de syndicalisation
|
Objectif spécifique n° 3
Donner "une voix" aux travailleurs par la syndicalisation du
secteur"
|
Cause spécifique n° 3
Méconnaissance par les travailleurs de leur droit à
la représentation et à la négociation collective
|
Hypothèse spécifique n°
3
La méconnaissance par les travailleurs de leur droit
à la représentation et à la négociation collective
est à la base du faible niveau de syndicalisation
|
Notre démarche s'articulera autour des deux axes
suivants : la première partie portera sur les origines de
l'économie informelle et les conditions de travail des femmes des
enfants puis la deuxième partie traitera de l'analyse des
résultats d'enquête et des approches de solutions
PREMIERE PARTIE : DES ORIGINES DE L'ECONOMIE
INFORMELLE AUX CONDITIONS DE TRAVAIL DES FEMMES ET DES
ENFANTS
Il s'agit en premier lieu de présenter
l'économie informelle puis les normes du travail qui sont
censées la régir (Chapitre 1).
En second lieu, de décrire les conditions de travail
des nombreux actifs qui évoluent dans l'économie informelle
(Chapitre 2).
CHAPITRE I: DE LA PRESENTATION DU SECTEUR INFORMEL
AUX NORMES REGISSANT LE TRAVAIL
Les principes et droits fondamentaux au
travail puis les conventions de base s'appliquent à tous les
travailleurs. Il ne peut dès lors y avoir de système à
deux niveaux ni de cadre législatif et réglementaire distinct
pour les travailleurs des secteurs formel et informel.
L'auteur
Avant de présenter les normes applicables au secteur
informel (section 2), il est important de l'appréhender dans sa
complexité et de comprendre à quelle logique l'existence d'un tel
secteur répond à travers l'étude des origines et la
définition de l'informel (section 1).
Section 1 : Origines et définition de
l'informel
La difficulté d'une définition unanime de
l'informel (paragraphe 2) n'est rien d'autre que le fruit des
différentes théories qui s'agitent quant à ses origines
(paragraphe 1).
Paragraphe 1 : La genèse de
l'informel.
L'existence dans l'économie d'un secteur dit
"informel" est connue de tous de même que son importance quant au nombre
de travailleurs et de familles qui en vivent. Depuis longtemps aussi, ceux qui
tentent de comprendre pourquoi l'informel existe, se disputent, chacun
privilégiant un type d'explication en fonction de son approche.
L'informel est perçu d'une part comme une condition de survie (A) et
d'autre part comme découlant du capitalisme (B).
A- Le secteur informel, condition
de survie
Selon l'OIT, « une conjonction de facteurs (...) ont
permis au secteur informel de se développer dans toutes les
régions du globe » ( 1(*)); dans les pays en développement, ce
sont les PAS qui ont entraîné des licenciements massifs dans les
secteurs public et formel... Au Bénin, la crise économique de
1980 accentuée par les restructurations des entreprises publiques ainsi
que le gel des recrutements et les licenciements massifs dans la fonction
publique a eu une profonde répercussion sur l'emploi.
Sans travail et néanmoins obligées de vivre et
de nourrir une famille, des centaines de milliers de personnes n'ont d'autres
choix que de créer elles-mêmes leur emploi. Cette optique constate
l'existence d'un secteur dont la logique de production diffère de celle
du reste de l'économie. Le secteur informel est alors l'ensemble des
activités réalisées par les individus dont la fonction et
l'objectif sont d'assurer la survie du groupe (le ménage dans la
majorité des cas) et qui se développe sans la mentalité
d'accumulation censée caractériser le capitalisme moderne.
B - Le secteur informel et le capitalisme
Le secteur informel apparaît comme une résistance
au capitalisme. Pour certains acteurs du secteur, celui-ci est le lieu de
pratiques nouvelles, « alternatives populaires » par
rapport au système capitaliste, qui inspirent des formes traditionnelles
d'organisation sociale. Le secteur informel serait une opposition au
capitalisme qui est aux antipodes de la solidarité censée
caractériser l'Afrique ancestrale. Ces activités constituent une
part de solidarité volontariste et de résistance à
l'individualisme de l'économie dominante orientée vers
l'accumulation. La propriété des moyens de production y est
souvent collective et les stratégies mises sur pied pour faire face aux
problèmes sont communautaires : c'est le cas des
coopératives.
Ainsi le secteur informel est caractérisé par
une solidarité agissante qui unit ses adhérents attachés
aux valeurs de l'identité africaine. Malheureusement, les techniques
privilégient la main-d'oeuvre plutôt que le capital. Ce qui est
une véritable entorse à la rentabilité des
activités. Il ne faut cependant pas surestimer pour des raisons
idéologiques, la part que représentent ces activités
à perspective « alternative » dans l'ensemble du
secteur informel. Elles constituent une part de la réalité, mais
pas toute la réalité.
Pour d'autres, l'informel n'est rien d'autre que le produit du
capitalisme. L'informel entretient ainsi une relation très forte avec le
formel, de deux manières.
D'une part, les libéraux à l'instar du
Péruvien Hernando DE SOTO estiment qu'il y a une économie
informelle en raison d'un excès de lois et d'exigences administratives.
Puisque celles-ci découragent l'esprit d'initiative et
hypothèquent la rentabilité, les entrepreneurs décident de
ne pas les respecter en restant en marge de la légalité.
L'économie informelle est, dès lors « celle qui
échappe aux règles et aux contraintes imposées par l'Etat
dans le fonctionnement de l'économie ».
Qu'est-ce qui a poussé ces actifs à agir dans
l'illégalité ? C'est que le prix de la
légalité est tout bonnement inaccessible pour un entrepreneur aux
moyens modestes. Selon une étude du Cabinet Axe Consultant
International, le prix de la légalité en terme de salaire est de
281.892 F CFA par mois alors que la charge salariale véritablement
payée est de 63.270 F CFA par mois. Il en est de même pour les
charges fiscales où le coût de la légalité est de
31.805 F CFA par mois(3(*)).
D'autre part, le secteur informel est perçu comme une
nouvelle forme d'exploitation. Les grandes entreprises ne se cachent d'ailleurs
toujours pas de vouloir réduire leurs coûts en recourant à
l'économie informelle. « Une importante cause du travail au
noir est le coût trop élevé du travail sur le marché
formel. (...) l'économie au noir au sens strict inclut par contre les
activités qui, en soi, sont parfaitement légales, mais peuvent
être dissimulées pour échapper aux obligations fiscales et
sociales » (4(*)). Les analyses critiques envers le
capitalisme trouvent dans ces pratiques des entreprises un argument à
l'appui de leur raisonnement : pour garantir la rentabilité du
capital, les entrepreneurs optent pour diviser les grosses unités (et
amoindrir la force syndicale), recourir à la sous-traitance,
délocaliser dans les endroits où les législations sont
moins strictes, rogner sur les conditions de travail etc.
Dans cette hypothèse, il existe un secteur informel
parce que l'économie formelle en a besoin. L'extra
légalité n'est pas due à la complexité de l'Etat
mais à la volonté des entreprises de contourner les
mécanismes mis en place pour redistribuer les revenus (fiscalité,
sécurité sociale) et pour protéger les travailleurs
(législation du travail). Elle est provoquée par les
stratégies de reconversion du capital. Dans ce contexte, la non
régulation des activités informelles permet à certains
entrepreneurs d'obtenir des avantages de compétitivité par
rapport à leurs concurrents directs qui, eux, supportent le poids des
réglementations publiques.
En définitive, c'est l'incapacité de l'Etat
à répondre aux besoins fondamentaux de la population dans les
domaines de l'emploi, de la santé, du logement et de l'éducation
qui est à l'origine du foisonnement du secteur informel.
Quant à notre étude, le débat sur une
définition exacte du secteur informel et des logiques qui y sont
à l'oeuvre n'est pas capital s'il reste théorique. Par contre, en
connaître les répercussions sur les circonstances dans lesquelles
le travail est exercé, et savoir comment promouvoir une protection
sociale et de meilleures conditions de travail, et donc comment organiser ces
travailleurs, c'est l'enjeu fondamental.
Paragraphe 2 : Définition
Malgré la variété de
définitions du secteur informel (A), la notion de travailleur informel
(B) est celle qui semble appréhender le mieux le secteur. Cependant,
l'informel ne se laisse pas enfermer dans une stricte définition
englobant tous les cas particuliers.
A - Variété de
définitions
Cela fait trente (30) ans que dans un rapport consacré
au Kenya, une mission du BIT constatait « l'existence d'un grand
nombre de travailleurs pauvres, dont beaucoup sont localisés en
réalité dans la production de biens et services sans que ces
activités soient reconnues, enregistrées, protégées
ou réglementées par les autorités publiques ».
Il est intéressant de noter que c'est pour caractériser un type
de travail que le terme secteur informel a commencé à être
utilisé ; marquant ainsi une différence entre les emplois
dûment enregistrés et les autres.
En trente ans, nombreux sont ceux qui ont tenté de
définir l'informel par les conditions de travail, par l'absence
d'inscription légale ou fiscale, par la dimension de l'entreprise.
Nombreuses aussi sont les expressions utilisées pour qualifier ce
secteur : « traditionnel - par opposition à moderne -,
souterrain, parallèle, alternatif, populaire ». Ou encore
« marginal, autonome, clandestin, invisible, illégal,
caché, occulte, noir, système D,
débrouille ».
Pourtant la question reste ouverte : existe-t-il un
secteur de l'économie qui puisse être considéré
comme suffisamment distinct (et selon quel critère ?) pour
constituer une catégorie d'analyse séparée. Il s'agit
là d'une grande source de confusion, qui se reflète notamment
dans les termes utilisés, regroupés en trois
catégories :
· Certains évoquent le point de vue
« neutre » de la statistique (économie
« non enregistrée ») ;
· D'autres font référence à des
pratiques délibérément occultes (« clandestine,
souterraine ») ;
· D'autres enfin désignent un espace alternatif
à la logique économique capitaliste
(« parallèle, contre économie, économie
populaire »).
Le BIT, par exemple a pris l'habitude d'utiliser l'expression
secteur "non structuré". Cela répond à une facette de la
réalité, mais pas à toute. Ainsi à Mexico, le
circuit de distribution des journaux, qui va de l'éditeur au petit
vendeur de rue, relève de l'informel par les conditions de travail, mais
est très bien structuré, avec des responsables de quartiers, des
intermédiaires.
Pour le Professeur Indien Venkata RATNAM, non structuré
et informel ne sont pas synonymes. En Inde, on appelle officiellement
structuré, l'ensemble des entreprises de plus de dix (10) personnes, le
reste étant non structuré. On évacue ainsi l'enjeu des
conditions d'emploi et la notion d'enregistrement de l'activité par la
loi, le ministère concerné, les statistiques nationales. Mais
affirme-t-il, « le fait qu'une entreprise quelconque emploie un
nombre de personnes supérieur à un minimum ne garantit pas
automatiquement une protection ou de meilleures normes de
travail » (5(*)).
Malgré tous les efforts d'analyse, l'économie
informelle ne se laisse pas enfermer dans une définition stricte
englobant tous les cas particuliers. Or il est nécessaire de bien
comprendre, pour mieux agir, non pas par pur souci théorique, mais parce
qu'on ne peut proposer de solutions qu'en posant un diagnostic correct.
La première précision concerne la distinction
entre l'aspect visible et invisible du secteur. Même au sein de
l'économie informelle productive, les frontières de notre sujet
sont difficiles à définir. Les aspects les plus visibles sont le
commerce ambulant ou des services tels certains modes de transport, les cireurs
de chaussures. Mais il est bien d'autres activités
« informelles », moins visibles : une partie du
travail domestique, de la production manufacturée, de l'agriculture, des
tâches réalisées en sous-traitance, du travail clandestin.
La difficulté de la définition réside dans cette notion de
frontière qui ne sépare pas des activités. Les unes
relevant de l'informel, d'autres pas, mais qui traversent des catégories
de tâches. La sous-traitance n'en fait pas partie dans tous les cas, mais
bien dans un certain nombre d'entre eux en ce qu'elle contribue à
accroître la précarité et l'instabilité des
travailleurs. Il en est de même pour le travail des personnes
engagées comme domestiques : certains le sont dans le cadre d'un
contrat d'emploi, d'autres de manière informelle. Dans l'agriculture,
c'est le cas de ceux et surtout celles qui fournissent un travail
réellement productif mais « invisible », dans le
cadre de l'autosuffisance ou de la production familiale pour le marché
local.
La définition de l'économie informelle peut
aussi différer selon le pays et les types de législation qui y
existent. Ainsi raisonnant dans le contexte européen où en
principe, tout contrat d'emploi doit être enregistré, une revue
bancaire assimile « travail informel » et
« travail au noir », à savoir non
déclaré. Un raisonnement qui peut se comprendre dans un pays
où toute activité salariée ou commerciale doit être
déclarée, mais difficilement transposable comme tel dans les pays
en développement par exemple.
Il est clair en tout cas que la problématique de
l'économie informelle concerne aussi les pays industrialisés
où elle aurait contribué à la relance de la croissance
économique. Ici aussi, il existe une version visible (la personne
vraisemblablement réfugiée d'un autre pays, qui vend des bouquets
de fleurs dans les couloirs du métro) et une version cachée (les
ateliers clandestins exploitant des immigrés sans papiers ou les
« hommes à tout faire » non
déclarés) (6(*)).
B- Définition par la notion de travailleur
Une autre difficulté à laquelle on se heurte est
la définition du terme « travailleur » dans
l'économie informelle. L'OIT a dressé une liste permettant de
regrouper les travailleurs du secteur informel en fonction de leurs
activités : coiffeurs, cambistes, plombiers, mécaniciens,
réparateurs de montres, vendeurs, travailleurs domestiques etc. Une
telle définition permet de découvrir la diversité
d'activités des travailleurs du secteur informel et peut être
utile à tout syndicat qui souhaiterait fédérer les
travailleurs en fonction de leur domaine d'activité. Cependant la liste
varie d'un pays à un autre et ne fournit que très peu
d'informations sur les conditions de travail que doivent subir les travailleurs
informels. C'est pourquoi une autre définition consiste à diviser
les travailleurs en trois catégories :
Les dirigeants de micro - entreprises (Owners or employers of
micro entreprises) : ils possèdent leur propre structure et
emploient peu de travailleurs ou d'apprentis du fait de leur petite
taille ;
Les travailleurs indépendants (Own account
workers) : c'est dans cette catégorie que le secteur informel est
le plus fréquent (7(*)). Ces travailleurs qui sont souvent des
femmes, exercent une activité seule ou avec des employés pas
toujours rémunérés (apprentis, membres de leur famille).
Leurs besoins sont nombreux : ils manquent, de crédit pour de
petits investissements, de formation, d'accès aux matières
premières, d'accès aux marchés et d'accès aux
différents services tels que le logement, l'eau,
l'électricité ;
Les travailleurs dépendants : Ils travaillent
pour le compte d'autrui sans contrat de travail adéquat. Ils comprennent
les sous-traitants, les travailleurs saisonniers, les travailleurs à
domicile et les employés domestiques. Cette catégorie n'a souvent
pas d'accès à la formation, à la protection sociale,
à un niveau de revenu suffisant, à une sécurité de
l'emploi. Dans cette catégorie, les femmes et les enfants sont sur-
représentés ( 8(*)).
Cette classification plus analytique ne reflète
cependant pas la complexité de la situation dans la mesure où, il
existe une forte mobilité des travailleurs entre le secteur formel et le
secteur informel. Mais elle a le mérite de montrer que la dualité
patron-travailleur est loin d'être nette dans l'informel. Les statuts
sont variables et l'emploi salarié ne représente pas la norme. Au
Bénin, par exemple en 1996, seuls 3,1% des personnes actives dans le
secteur étaient des salariés permanents et 3,3 % des
salariés occasionnels. Même datant de quelques années, les
résultats du tableau ci-après sont éclairants.
TABLEAU N°2
|
% Hommes
|
% Femmes
|
Total %
|
Patrons
Associés
Salariés permanents
Salariés occasionnels
Apprentis
Aides familiaux
|
40,5
2,7
3,0
3,6
45,2
5,0
|
53,15
1,1
3,1
2,9
23,5
16,3
|
45,1
2,1
3,1
3,3
37,3
9,1
|
Source : Analyse des
résultats de l'enquête des unités économiques du
secteur informel urbain au Bénin, BIT- PNUD, INSAE, 1996.
Il n'est donc pas possible de fournir une définition
claire et nette d'une réalité tellement floue. La
conférence internationale des statisticiens du travail l'a tentée
en 1993, sans pouvoir éviter d'énumérer des
critères. Pour ces spécialistes du chiffre, le secteur informel
est considéré comme un ensemble d'unités produisant des
biens et services en vue principalement de créer des emplois et des
revenus pour les personnes concernées. Ces unités ayant un faible
niveau d'organisation, opérant à petite échelle de
manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail
et le capital en tant que facteurs de production. Les relations d'emploi
lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur l'emploi occasionnel,
les liens de parenté ou les relations personnelles et sociales
plutôt que sur les accords contractuels comportant des garanties en bonne
et due forme.
Tout y est presque, mais sans être
nécessairement d'une grande unité opérationnelle :
· La très petite taille des entreprises sauf
exception ;
· Les relations de travail
personnalisées ;
· La confusion des rôles ;
· La faiblesse des investissements et l'importance du
facteur travail ;
· La précarité des statuts de
travailleurs.
Dans la suite de cette étude, nous
considérons l'informel comme un ensemble d'activités
hétérogènes, qui partagent en général trois
caractéristiques.
D'abord, échapper - pas nécessairement
volontairement - à bon nombre de législations, notamment celles
relatives au travail.
Ensuite, fournir des emplois à des personnes
sans contrat formel et dans des conditions de travail et de salaire souvent
précaires, sans protection sociale systématique.
Enfin être répartie en (très)
petites unités telles que définies ci-dessus, dont l'organisation
est faible, où les relations employeurs - travailleurs sont souvent
personnalisées, et qui confondent souvent le patrimoine personnel avec
celui de l'entreprise.
En fin de compte, comme le montre Bénédicte
FONTENEAU (9(*)), les mots secteur, économie et
informel, bien que couramment utilisés, sont incapables de rendre la
nature exacte du phénomène, qui présente plusieurs
facettes. C'est en fonction de la facette que l'on privilégie qu'on sera
tenté d'utiliser un terme plutôt qu'un autre pour définir
le secteur informel. Au-delà des mots, il est donc nécessaire de
comprendre à quel mécanisme, à quelle logique, l'existence
d'un tel secteur répond.
A présent, il nous faut apprécier l'état
actuel de la législation sociale sur le secteur
Section 2 : Les normes juridiques du travail
informel
La législation du travail en vigueur au Bénin
ne s'applique pas de façon stricte à la situation d'emploi dans
l'économie informelle qui pour la plupart sont des emplois
irréguliers ou atypiques. La législation du travail a
été conçue uniquement pour protéger les
salariés c'est à dire lorsqu'il existe des relations d'employeurs
et d'employés et non les travailleurs dans son sens le plus large. Il
est par conséquent évident que les principes et droits
fondamentaux au travail (paragraphe 1) sont pour la plupart du temps
ignorés dans l'économie informelle au Bénin.
Pour l'OIT, ces droits fondamentaux ont la même
importance dans l'économie informelle que dans l'économie
formelle (10(*)). Il existe également d'autres normes
hormis celles fondamentales, qui devraient être appliquées aux
situations d'emplois informels (paragraphe 2)
Paragraphe1 : Les normes
fondamentales
Fonctionnant en dehors de la loi, le travail en secteur
informel pose la question du droit applicable à une relation qui
juridiquement n'existe pas. Il faut donc distinguer, à ce stade-ci,
reconnaissance des droits des travailleurs et mise en oeuvre de ces droits. On
peut considérer que les principes à la base des normes
fondamentales doivent régir toutes formes de travail formalisé ou
non. C'est aussi le point de vue de l'OIT dont bon nombre d'instruments
s'appliquent non seulement aux « employés » dans le
cadre d'un contrat, mais également aux
« travailleurs ».
Il n'est pas exact que les normes de l'OIT valent
seulement pour ceux qui sont actifs dans l'économie formelle où
la relation employeur - employé est claire (11(*)). Il s'agit
essentiellement de la liberté syndicale et du principe
d'égalité (A), puis de l'interdiction du travail forcé et
celui des enfants (B).
A- La liberté syndicale et le principe
d'égalité
La convention n° 87 de l'OIT (1948) pose le principe de la
liberté syndicale et de la négociation collective. Ce texte
garantit aux travailleurs et aux employeurs, le droit de constituer des
associations de leur choix et le droit de s'y affilier sans autorisation
préalable des pouvoirs publics. Implicitement le droit de ne pas
s'affilier est aussi garanti. Cette convention traduit un droit humain plus
global : la liberté d'association. Elle a été
ratifiée par le Bénin le 12 Décembre 1960.
C'est le 16 mai 1968 que le Bénin a ratifié la
convention n°98 de 1940.Elle permet aux associations d'employeurs et de
travailleurs, non seulement d'exister librement, mais aussi d'agir. Elle
interdit les actions de discrimination anti-syndicale, encourage la
négociation collective et protège les organisations contre les
ingérences extérieures, gouvernementales par exemple.
Quant à l'égalité et la non
discrimination, elle a été ratifiée par le Bénin le
16 mai 1968 pour la convention n°100 (égalité de
rémunération) puis le 22 mai 1961 pour la convention
n°111(discrimination emploi et profession). La première impose aux
Etats qui la ratifient d'appliquer une politique d'égalité de
rémunération pour les hommes et les femmes pour un travail
d'égale valeur et s'applique à tous les travailleurs sans
exception, y compris aux travailleurs indépendants comme l'indique la
commission d'expert ayant élaboré le rapport VI soumis à
la 90è conférence internationale du travail de juin 2002 à
Genève. La seconde impose aux états qui la ratifient de proclamer
et d'appliquer une politique nationale qui vise à promouvoir
l'égalité des chances et à éliminer dans l'emploi
et la profession, toutes les formes de discrimination fondées sur la
race, la couleur, le sexe, la religion, l'opinion politique, l'ascendance
nationale ou l'origine sociale. L'expression « emploi et
profession » inclut les travailleurs indépendants et à
leur compte et ne se limite pas à l'économie formelle
(12(*)).
L'informel se doit de respecter aussi l'interdiction du
travail forcé et de celui des enfants.
B - Le travail forcé et celui des
enfants
Le travail des enfants est un phénomène presque
exclusif de l'économie informelle. Les instruments de base qui en
traitent sont la convention n°138 sur l'âge minimum de 1973
(ratifiée par le Bénin le 11 juin 2001) et la convention
n°182 sur les pires formes de travail des enfants de 1999 (ratifiée
par le Bénin le 06 novembre 2001).
La première est un instrument général
qui entend se substituer à des conventions antérieures sur
l'âge minimum d'admission à l'emploi qui ne doit pas être
inférieur à l'âge de fin de la scolarité
obligatoire. Il prévoit des exceptions. En vertu de la convention
n° 182, les pays s'engagent à éliminer dans les plus brefs
délais, les pires formes de travail des enfants qui sont
regroupées en quatre catégories.
Par ailleurs, l'interdiction du travail forcé figure
à la convention n°29 de 1930 (ratifiée par le Bénin
le 12 décembre 1960) puis à la convention n°105 de 1957
(ratifiée par le Bénin le 22 mai 1961). Pour la première,
sauf exceptions telles que le service militaire, les prisons et certaines
traditions communautaires, elle veut abolir la pratique du travail forcé
ou obligatoire y compris l'esclavage. Le texte a été
rédigé en priorité pour les pays en développement.
La seconde complète la première en visant particulièrement
le travail forcé au titre de sanction (discipline au travail,
éducation politique).
Seulement il n'y a pas que les normes fondamentales qui
doivent être appliquées à l'informel, mais il y en a aussi
beaucoup d'autres.
Paragraphe 2 : Les autres instruments
applicables au secteur
D'autres normes parmi celles élaborées par l'OIT
devraient aussi pouvoir êtres appliquées au secteur informel,
malgré les difficultés d'identification des travailleurs
concernés. Au delà des droits fondamentaux, il est
nécessaire pour s'attaquer plus pleinement aux déficits de
travail décent dans l'économie informelle, d'élargir les
normes de base minimales à des questions importantes telles que les
conditions de travail, la sécurité et la santé, la
sécurité du revenu et l'emploi des groupes vulnérables
( 13(*)).
S'agissant d'étendre ces droits à
l'économie informelle, plusieurs aspects méritent d'être
pris en considération. D'une part, les raisons de l'applicabilité
des instruments internationaux du travail à cette situation d'emploi
(A).D'autre part, l'énumération desdites conventions (B).
A- Les Raisons de l'applicabilité
Pour ceux qui craignent que l'introduction de normes de bases
minimales et de conditions de travail meilleures n'ait une incidence
négative sur la croissance et la durabilité des entreprises et
unités informelles, il faut noter que les conventions de l'OIT
contiennent souvent une disposition qui prévoit que les normes doivent
être appliquées en tenant compte des circonstances et des
capacités nationales. Une de leurs caractéristiques fondamentales
est qu'elles définissent des normes minimales à atteindre par
voie de négociation tripartite et de consensus et qu'elles ne
prescrivent pas de niveaux de protection irréalistes sous l'angle
économique. L'introduction de meilleures conditions de travail dans
l'économie informelle devra sans doute être progressive.
Par ailleurs, les normes de l'OIT ne s'appliquent pas
qu'à ceux qui font partie de l'économie formelle
caractérisée par une relation claire entre employeur et
travailleur. La plupart des normes de l'OIT utilisent le terme
« travailleur » plutôt que la catégorie
juridique limitée de « salariée ». La
convention n°87 sur la liberté syndicale de 1948 par exemple
s'applique aux « travailleurs et [aux] employeurs sans distinction
d'aucune sorte ». Par cette notion de
« travailleur », ces normes étendent leur champ
d'application au-delà des frontières de l'économie
formelle.
Les problèmes de couverture apparaissent presque
exclusivement à l'échelon national, lorsque les pouvoirs publics
n'ont pas encore été en mesure d'appliquer à l'ensemble
des travailleurs les mesures concrètes de protection prévues par
la législation. La législation nationale du travail est souvent
conçue pour protéger les « salariés »
et non pour s'appliquer à tous les «travailleurs».
En outre lorsqu'une norme s'applique uniquement à
l'origine aux travailleurs de l'économie formelle, son extension aux
autres catégories de travailleurs est parfois prévue
explicitement. Par exemple, la convention n°150 sur l'administration du
travail (1978) énonce que si les conditions nationales l'exigent, le
système d'administration du travail doit être étendu de
façon progressive aux groupes qui traditionnellement ne font pas partie
de ce système. Le protocole de 1995 à la convention n°81 sur
l'inspection du travail étend en principe le champ d'application de ce
dernier à tous les risques auxquels peuvent être exposés
les travailleurs du secteur des services non commerciaux et à toutes les
activités dans toutes les catégories de lieux de travail qui ne
sont pas considérées comme industrielles ou commerciales. La
recommandation n°189 sur la création d'emploi dans les petites et
moyennes entreprises (1998), recommande aux membres de prendre des mesures
visant à aider et à améliorer le secteur
informel (14(*)). Elle recommande aussi d'examiner la
législation du travail afin de déterminer s'il existe un besoin
de protection sociale supplémentaire, notamment des mécanismes
volontaires, des initiatives de coopératives etc.
Il faut aussi souligner qu'il existe des instruments
centrés sur les catégories déterminées de
travailleurs que l'on retrouve souvent dans l'économie informelle
notamment les travailleurs à domicile ( convention n°177 et
recommandation n° 184 de 1996) puis les travailleurs ruraux et les peuples
indigènes et tribaux ( convention n°169).
Enfin, même lorsque les travailleurs du secteur informel
ne sont pas nommément cités dans le texte, on peut chercher des
indications de l'applicabilité d'un instrument donné dans le
cadre du système de contrôle de l'OIT. Les remarques
formulées par la commission d'experts au sujet de l'économie
informelle concernent majoritairement l'obligation des gouvernements d'inclure,
dans les consultations sur la politique de l'emploi prévues par
l'article 3 de la convention n°122 sur la politique de l'emploi de 1964,
des représentants des personnes exerçant leur activité
dans l'économie informelle.
Nous pourrions affirmer dès lors que les conventions de
l'OIT qui concernent les conditions de travail notamment les salaires, la
sécurité au travail et les services sanitaires et sociaux ont
pour les travailleurs de l'économie informelle la même importance
que pour ceux qui exercent un emploi formel. Il faut cependant admettre qu'en
pratique, il est difficile de vérifier et de faire appliquer les normes
dans l'économie informelle en particulier dans les pays à faibles
revenus comme le Bénin où l'on trouve la majorité des
travailleurs dans l'économie informelle. Lorsque l'inspection du travail
ou toute autre forme de surveillance est possible, il semblerait que la
première étape soit l'identification et la prévention des
conditions de travail les plus mauvaises, notamment les servitudes pour dettes,
la discrimination, l'exploitation fondée sur la dépendance et le
travail des enfants.
Au vu de l'applicabilité des instruments de l'OIT
à l'économie informelle, lesquels outre les normes fondamentales,
intéressent-ils particulièrement le secteur ?
B - Les autres normes applicables au
secteur
Au terme de la conférence internationale du travail de
juin 2002, le rapport sur le travail informel considère applicable
à l'informel une multitude d'instruments en dehors des normes
fondamentales.
En matière de santé et sécurité
au travail, les conventions n°161 sur les services de santé au
travail et n°155 sur la santé et la sécurité du
travail sont avec les conventions n°89 et n°171, les principales
normes. Il en est également d'une liste d'instruments sur la protection
contre la céruse, le benzène, l'amiante, les produits chimiques,
les risques des machines en mouvement, le poids des charges, les pollutions de
l'air, les bruits, les vibrations, les risques de la construction et les
manutentions portuaires.
En matière de protection sociale, nous avons la
convention n°117 sur la politique sociale et celle n°102 sur la
sécurité sociale.
Par ailleurs certaines normes valorisant les travailleurs
sont également applicables au secteur. Il s'agit de la convention
n°142 et la recommandation n°154 sur les programmes de formation
professionnelle et la convention n°140 sur le congé
éducation. Il en est de même de la convention n°156 sur les
travailleurs ayant des responsabilités familiales.
En outre, d'autres instruments sont destinés à
protéger certaines catégories de travailleurs. Il s'agit des
conventions n°103, n°183 et n°110 sur la protection de la
maternité, la convention n°148 sur les travailleurs agricoles,
celle n°162 sur l'emploi, l'égalité de traitement, le
revenu, la santé et la sécurité des personnes
âgées. Les conventions n°159 sur les handicapés,
n°97 et n°134 sur les migrants.
Enfin, certaines normes ont prévu des mécanismes
de mise en oeuvre des droits des travailleurs et doivent selon la
conférence être appliquées au secteur. Il s'agit des
conventions n°150 sur l'administration du travail, n°81 sur
l'inspection du travail, n°121 sur l'agriculture puis n°141 sur
l'organisation des travailleurs ruraux.
Au regard de la réalité présente des
conditions de travail des femmes et des enfants dans ce pan de
l'économie, il semble que ces normes ne soient rien que des mots!
CHAPITRE II : LES CONDITIONS DE TRAVAIL DANS
LE SECTEUR INFORMEL
« ...Des emplois de piètre
qualité, non productifs et non rémunérateurs, qui ne sont
ni reconnus, ni protégés par la législation; l'absence de
droits au travail, une protection sociale insuffisante; l'absence de
représentation et de voix au chapitre, qui est la plus marquée
dans l'économie informelle, en particulier à la base, parmi les
femmes et les jeunes travailleurs...»(15(*))
Elles concernent aussi bien les conditions dans lesquelles
s'accomplissent strictement le travail (section 1), mais aussi les mesures
d'accompagnement que sont la formation ainsi que la protection sociale et
syndicale (section 2).
Section 1 : Les conditions
matérielles d'accomplissement du Travail
Nous aborderons le niveau de revenu et l'emploi précaire
après avoir présenté l'horaire, la santé et la
sécurité au travail dans le secteur.
Paragraphe 1 : Horaire, Santé et
Sécurité au travail
Les femmes et les enfants dans le secteur informel doivent
supporter des conditions de santé et de sécurité au
travail déplorables. Il n'en est pas moins quant à l'horaire de
travail.
A- Le temps de travail
Dans le secteur informel, « il n'y a pas
d'heures », pour toute une série de raisons qui
relèvent de la nature de ces activités.
D'abord, le fait que le revenu dépende de la
quantité de travail prestée ; confronté à des
rentrées généralement faibles, le travailleur va avoir
tendance ou être obligé d'en faire toujours plus. Au Mexique par
exemple, une étude réalisée par le Consejo Nacional de
Ciencia y tecnologia (Conacyt) et la Fondation Ford montre que sur 246
vendeuses ambulantes interviewées, 56,8 % travaillent plus de 48 heures
par semaine.
Au Bénin, la durée moyenne de travail est de 51
heures par semaine, mais elle dépasse parfois 66 heures par semaine. En
outre, il existe des disparités suivant les catégories et la
branche d'activité des travailleurs. La durée moyenne de travail
des salariés est de 53 heures dans l'industrie alimentaire, 62 heures
dans les textiles, 54 heures dans l'industrie du bois, 48 heures dans la
construction, 50 heures dans la restauration, 63 heures dans les transports.
Pour les apprentis, elle est de 46 heures dans l'industrie alimentaire, de 52
heures dans le textile, 53 heures dans l'industrie du bois, 48 heures dans la
construction, 50 heures dans le transport.
Au total 76,4 % des salariés permanents ont
travaillé plus de 48 heures par semaine et 69,7 % des apprentis sont
autant occupés.(16(*))
Les femmes qui y sont employées portent des
marchandises dont le poids peut aller jusqu'à 70 kg. Certaines exercent
leur activité en marchant sans arrêt ou en restant de longues
heures debout. Conséquence : lorsque ces femmes enfantent, leurs
bébés souffrent d'un poids peu élevé à la
naissance ou de malformations congénitales, sans parler de fausses
couches.
Ensuite, une autre raison à l'excès du temps de
travail est la relation particulière qui existe dans l'informel entre
employeur et travailleur. Dans ce secteur, en effet, la relation personnelle
est forte, soit parce que l'unité de travail est familiale ou amicale,
soit en raison du très petit nombre de travailleurs occupés dans
une unité, qui fait sauter la relation (opposition de travail
traditionnelle entre patron et employés). Dans ces deux cas, ces
derniers peuvent avoir tendance - par bonne volonté ou sous la
contrainte - à privilégier le souhait de l'employeur plutôt
que le respect de leurs droits de travailleurs.
La nature du travail peut être aussi
déterminante. C'est notamment le cas des employés de maison, qui
n'ont souvent d'autres choix que de se soumettre aux caprices du maître
parmi lesquels une disponibilité quasi-permanente.
Enfin, face à la faiblesse des salaires dans le secteur
formel, il est aussi fréquent que de nombreux travailleurs qui y ont un
emploi soient contraints d'exercer une seconde activité informelle
celle-là en dehors de leurs heures de travail. C'est le cas - et ce
n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres - de ces chanteurs et musiciens
qui arpentent les restaurants des villes le soir pour compléter leur
salaire.
L'emploi informel entraîne une masse horaire au-dessus
du seuil des 40 heures par semaine prévu par le code du travail en
République du Bénin. La durée de travail est largement
hors de mesure et aussi déplorable que la santé et la
sécurité au travail.
B- La santé et la sécurité au
travail
Dans le secteur informel, des risques inhérents
à de graves insuffisances en matière d'hygiène, de
santé et de sécurité au travail sont fréquents.
Outils et équipement en mauvais état, manque de formations
technique et professionnelle, utilisation de produits dangereux...
n'améliorent pas les conditions de travail.
Les risques et menaces sont d'ailleurs parfois d'origine
humaine (insécurité). En effet, si une partie du secteur informel
répond à une logique de solidarité, elle ouvre aussi la
porte à « la loi de la jungle », d'autant plus
facilement que les travailleurs visés sont moins protégés
par la loi et donc en situation plus périlleuse.
Enfin, les risques pour la santé ne sont pas uniquement
physiques. Quiconque a vu des vendeurs et vendeuses ambulants ou des
transporteurs s'activer dans les rues des grandes villes bruyantes, peut
comprendre le stress que peuvent endurer ces personnes. Pour les femmes,
souvent confrontées à la nouvelle responsabilité d'assurer
le revenu de la famille, cela peut déboucher sur des troubles mentaux.
La médiocrité de la santé et de la
sécurité au travail rejaillit sur le revenu des travailleurs et
est une caractéristique de l'emploi précaire.
Paragraphe 2 : Niveau de revenu et
précarité de l'emploi
Les revenus des femmes et des enfants sont à l'image
de leur vulnérabilité et consacre la précarité du
travail informel.
A- La faiblesse du revenu
Dans le secteur informel, les revenus sont faibles et
instables (petit commerce, marchands ambulants, musiciens de rue),
inférieurs au salaire minimum (micro-entreprise) ou inexistants
(apprentis, travail domestique).
Les salariés, les apprentis et les aides familiaux
perçoivent une rémunération mensuelle inférieure
à 5.000 F CFA. Beaucoup de travailleurs ont perçu une
rémunération inférieure au SMIG de 1992 (13.904 F CFA).
Peu de travailleurs ont été payés au-dessus du salaire
minimum. La valeur maximale avoisine 40.000 F CFA (17(*)).
Exceptionnellement cependant, le niveau de revenu peut
être supérieur au minimum légal, ce qui expliquerait qu'une
partie de la population active préfère rester dans ce secteur ou
décide de passer d'une activité formelle à une
activité informelle. Tel est le cas des célèbres
« Nanas Benz » du Togo, ces femmes, qui parties de rien
dans les années 1960, ont réalisé un chiffre d'affaires de
plus de douze milliards de francs CFA en 1981, plus de 30 millions de US $ en
deux décennies, grâce au commerce de pagnes (18(*)).
Tous ceux qui s'engagent dans le secteur informel sont
cependant loin d'atteindre de tels résultats, d'autant plus que
contrairement à ce que l'on croît, il faut parfois payer pour
avoir le droit d'installer un poste de vente quelque part.
Cette faiblesse du revenu est le corollaire de
l'instabilité de l'emploi dans le secteur.
B- L'emploi précaire
Dans les pays en développement, les P.A.S et le
processus de privatisation et de libéralisation ont
entraîné des licenciements massifs dans le secteur formel et par
conséquent, un développement rapide de l'économie
informelle. Si celle-ci apparaît dans un contexte où l'emploi est
fragilisé, la croissance du secteur informel représente
elle-même un facteur d'insécurité et d'instabilité
pour le travailleur.
La plupart des activités informelles sont
réalisées à l'aide d'un faible capital investi quasi
quotidiennement et dont le renouvellement dépend des affaires du jour.
Dans un contexte de survie, il est impossible d'envisager des perspectives
à moyen ou long terme. Les ventes sont-elles mauvaises ? Non
seulement la subsistance du jour est menacée, mais aussi la
capacité pour une vendeuse ambulante de beignets, par exemple, de
reconstituer son stock le lendemain, ou pour un conducteur de taxi-moto
d'acheter le carburant nécessaire (si ce n'est en comptant sur des
pratiques informelles elles aussi, de solidarité) est
hypothéquée.
Qu'un accident climatique ou politique surgisse, qu'une
grève paralyse un pays, qu'une dispute éclate entre le
« patron » d'une micro-entreprise et son travailleur, ou
qu'un ennui de santé empêche celui-ci de se rendre au
travail : tout cela peut signifier la disparition du poste de travail ou
l'incertitude quant aux rentrées du lendemain. De ce point de vue, le
secteur informel est le royaume de la flexibilité et de la
précarité. Il en est ainsi d'autant plus que la formation des
travailleurs du secteur fait défaut aussi bien que leur protection
sociale et syndicale.
Section 2 : Le déficit de formation,
de protection sociale et syndicale
Les femmes et les enfants souffrent de mauvaises conditions
de travail non seulement par manque de compétences (paragraphe 1) mais
aussi par déficit de protection sociale et syndicale (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La formation
Elle se caractérise par un faible niveau d'instruction,
résultante du système d'apprentissage.
A- Le niveau d'instruction
Il constitue une problématique majeure. Le secteur
informel est constitué d'une main-d'oeuvre peu qualifiée. 31,5 %
de ces travailleurs n'ont reçu aucune instruction de base ; 20 %
parmi ceux qui l'ont reçu ont le niveau primaire. 23 % des apprentis
n'ont aucune instruction préalable. Les compétences sont acquises
par 30 % des travailleurs du secteur grâce à un
auto-apprentissage. Seul 3 % ont reçu une formation professionnelle
alors que 65 % ont effectué un apprentissage chez un
artisan (19(*)). Pour Cécile Guere, maire de Bangui
(République Centrafricaine), « ce sont les femmes
handicapées d'une faible instruction ou de déficit de formation
qui sont condamnées au chômage de longue durée ou
vouées à des emplois subalternes peu décents et moins
rémunérateurs. Elles sont majoritairement dans l'économie
informelle à très faible revenu » (20(*)).
La carence du niveau d'instruction n'est rien d'autre que la
résultante d'un système d'apprentissage rongé par ses
tares.
B- Le système de formation
Il s'agit essentiellement de l'apprentissage qui est un
système de contrat entre le patron et l'apprenti. Sa durée varie
de trois à cinq ans et l'âge des apprentis oscille entre neuf et
quinze ans, soit en moyenne une durée d'apprentissage de quatre ans et
un âge moyen de douze ans au démarrage du
contrat(21(*)). La transmission du savoir, loin de
rapprocher la théorie et la pratique, est principalement fondée
sur l'imitation des gestes du patron. Tout se passe quelque peu comme si
l'apprenant est livré à lui-même sans autre soutien que
l'observation. Ce système de transfert des connaissances ne vaut que
pour les personnes ayant suivies un apprentissage dans le secteur. Quant aux
autres, ils ont généralement de faibles qualifications
générales ou presque pas.
La faiblesse de la formation n'est pas en soi une condition de
travail dans le secteur informel. Elle ne doit d'ailleurs pas cacher
l'expertise non formelle (non scolaire) que ces travailleurs peuvent
acquérir dans leur domaine de travail. Mais elle entraîne des
conséquences en chaîne. En effet, ce secteur ne connaît
aucune des possibilités de formation parfois reconnues aux travailleurs
engagés dans des emplois formels (formation continue). Il n'offre donc
aucune possibilité de progresser. Pire, un cercle vicieux s'installe.
Confinés dans des emplois à faible qualification notamment par
manque de formation, les travailleurs de l'informel ont de faibles revenus ne
leur permettant pas toujours d'assurer l'éducation de leurs propres
enfants, qui se retrouveront à leur tour en première ligne pour
tomber dans des emplois précaires, peu rémunérateurs et
instables.
De plus en plus toutefois, des initiatives sont prises afin
d'offrir une formation à des personnes actives dans le secteur informel
ne serait-ce que pour améliorer leur capacité de gestion de leurs
activités. Des pistes de réflexion existent mais à petite
échelle.
En outre la protection syndicale et sociale dans le secteur
est aussi défaillante que la formation.
Paragraphe 2 : La protection sociale et
syndicale
Sécurité sociale (A) et syndicalisme (B)
constituent des problèmes majeurs qui influent véritablement sur
les conditions de travail.
A- L'insuffisance de protection
sociale
La majorité des travailleurs dans l'économie
informelle vit et travaille dans un environnement malsain et nocif où
les conditions de sécurité et d'hygiène ne sont pas
respectées et prédisposent à des problèmes de
santé. Dans les pays en développement et ceux en transition, le
travail ambulant, saisonnier, à domicile et dans certains types
d'ateliers n'est pas souvent reconnu ni même protégé par le
droit du travail.
De même, dans ces domaines, il est rare que les
travailleurs bénéficient d'une couverture sociale.
Nous le savons : la question de la protection sociale,
est étroitement liée à la question de la pauvreté.
Par ailleurs, cette insuffisance de protection sociale - et donc de moyens
adéquats pour se soigner - peut nuire à la
« productivité » des unités informelles. Avec
une santé médiocre, les travailleurs du secteur informel sont
moins à même d'exercer pleinement et efficacement leur
activité. Faute de pouvoir bénéficier de la
sécurité sociale, les travailleurs du secteur informel consacrent
une part importante de leur revenu en dépenses de santé et
d'éducation. Les femmes doivent y ajouter des frais de maternité
et de garde des enfants. En raison de leur faible niveau de
rémunération, les personnes actives dans ce secteur sont dans
l'incapacité de prévoir et de consacrer une partie de leur revenu
à des assurances de protection sociale privée. Au mieux, elles
bénéficient d'une protection sociale embryonnaire, et cela, alors
même que ces personnes contribuent à la prospérité
économique d'un pays.
Néanmoins, la DGT du MFPTRA a, par son SCASS,
instauré des mutuelles de sécurité sociale pour le secteur
informel. Actuellement, Cotonou, Parakou puis Porto-Novo sont les trois villes
couvertes. Ces mutuelles prennent en compte aussi bien l'aspect soins de
santé que celui des pensions de vieillesse. A cet effet Assane DIOP,
directeur chargé de la protection sociale au BIT interviewé par
Christophe BOUABOUVIER sur "Invité Afrique" de Radio France
Internationale a cité le Bénin comme figure de proue dans
l'extension de la sécurité sociale au secteur informel.
Malheureusement, seules trois (3) villes sont couvertes au Bénin et
même dans ces villes, les bénéficiaires potentiels n'ont
pas connaissance de l'existence de telles structures où les
négligent car n'ayant pas été sensibilisés sur le
bien fondé d'une sécurité sociale pour le secteur
informel.
Mais qu'en est-il du code de sécurité
sociale ? La loi n°98 - 019 du 25 Mars 2003 portant code de
sécurité sociale en République du Bénin a
prévu un régime de sécurité sociale dans
l'informel. Il doit être concrétisé par un décret
d'application. Mais jusqu'à aujourd'hui, aucune tentative n'est faite
dans ce domaine. La stratégie des mutuelles étant encore
embryonnaire et peu disséminée sur le territoire national, les
travailleurs semblent être abandonnés à leur sort, d'autant
plus qu'ils souffrent d'une carence réelle en matière
d'organisation.
B- Le syndicalisme dans l'informel
Face à des conditions de travail souvent
déplorables, le secteur informel se caractérise également
par un faible niveau d'organisation, ce qui affaiblit le pouvoir de
négociation des travailleurs face aux enjeux de sécurité
au travail, de revenu et de sécurité sociale. Par ailleurs, la
majorité des travailleurs ne disposant ni de relation de travail ni de
contrat défini en bonne et due forme, elle n'est pas en mesure de faire
connaître ses besoins et ses préoccupations.
Plusieurs causes expliquent le faible taux de syndicalisation
dans le secteur informel de l'économie. La première est le
très petit nombre de travailleurs salariés dans les entreprises
informelles. D'une part, la proximité patron - travailleur peut se
traduire par des pressions du premier pour empêcher l'organisation des
travailleurs, pressions éventuellement accompagnées de chantage
à la perte de l'emploi. D'autre part, on sait que le syndicalisme
s'est construit principalement dans les grandes entreprises industrielles ou de
services où les travailleurs sont nombreux. Le climat dans la
micro-entreprise ne porte pas spontanément à la
syndicalisation.
« Dans le passé, les syndicats ont
rencontré des difficultés pour organiser les travailleurs du
secteur informel parce qu'il est souvent difficile de communiquer avec eux et
parce que leurs attentes sont habituellement différentes de celles des
travailleurs occupés dans le secteur structuré »,
affirme le CENPROS (Mexique) (22(*)). Une autre cause réside dans le
caractère flou des relations de travail dans le secteur informel, qui ne
reproduit pas exactement la dualité patron - travailleur.
La conséquence de ces diverses causes est donc
clairement un déficit de syndicalisation dans le secteur informel.
Ainsi la précarité et la
médiocrité des conditions de travail des femmes et des enfants
dans l'informel apparaissent-elles aussi bien évidentes que
déplorables.
Que retenir finalement de cette première
partie ?
Conclusion de la première
partie
L'informel sera retenu dans cette étude comme une
activité échappant - pas nécessairement volontairement-
à bon nombre de législations notamment celle relative au travail
et qui fournit des emplois sans contrat formel et dans des conditions de
travail et de salaire souvent précaires, sans protection sociale
systématique. Ajoutons que c'est une activité répartie en
petites unités dont l'organisation est faible, où les relations
employeur-travailleur sont souvent personnalisées, et qui confond
souvent le patrimoine personnel avec celui de l'entreprise.
Par ailleurs, si la législation nationale ne s'est pas
intéressée à régler les situations d'emploi
informel, l'OIT par ses instruments de protection s'est penchée sur la
question. Elle a admis que les normes fondamentales doivent s'appliquer aux
situations d'emploi informel.
En outre, la conférence retient que d'autres normes
communément désignées conventions de base de l'OIT doivent
régler le travail informel autant que les normes fondamentales.
Malheureusement, entre ces normes et la
réalité, le fossé est grand. Ce qui veut dire que les
conditions de travail des femmes, des enfants et des autres travailleurs sont
médiocres tout simplement.
Ce constat referme la première partie de notre
étude et nous amènera à confronter les résultats de
nos enquêtes aux hypothèses supposées de départ.
Nous pourrons alors établir le diagnostic et proposer des mesures
correctives appropriées.
DEUXIEME PARTIE : DE L'ANALYSE DES RESULTATS
D'ENQUETES AUX APPROCHES DE SOLUTIONS
Eu égard aux médiocres conditions de travail
dans l'économie informelle puis aux hypothèses de travail que
nous avons dégagées plus haut, il paraît opportun de
procéder à une enquête de terrain afin d'apprécier
le degré de vérification de ces hypothèses (chapitre 1).
Dès lors les solutions proposées pourront suivre le diagnostic de
notre étude (chapitre 2).
CHAPITRE I: LA REALISATION DES ENQUETES ET LE
DIAGNOSTIC DE L'ETUDE
« Quand on fait une statue, il ne faut
pas toujours être assis en un lieu, il la faut voir de tous les
côtés, de loin, de près, en haut, en bas, dans tous les
sens.»
MONTESQUIEU.- Cahiers (23(*))
Il s'agit ici de réaliser le diagnostic de notre
étude (section 2) après avoir présenté et
analysé les résultats de nos enquêtes (section 1).
SECTION 1 : Réalisation et
difficultés des enquêtes
Comment avons-nous réalisé nos enquêtes
(paragraphe 1) et quelles difficultés avons-nous rencontrées ?
(Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : La
réalisation des enquêtes.
Des critères bien précis nous ont permis de
dégager la population à interroger (A). L'administration du
questionnaire s'est effectuée dans diverses conditions (B).
A - Détermination de l'échantillon
Il serait illusoire de prétendre dans le cadre de
notre étude, embrasser toute «la population
informelle» même de la ville de Cotonou. Nous nous sommes donc
focalisés sur 100 travailleurs (femmes et enfants) de l'économie
informelle, tous domaines d'activités confondus. Seulement nous nous
intéresserons uniquement aux travailleurs qui ne sont ni
indépendants ni chefs de micro-entreprises. S'agissant des enfants, il
s'agit des personnes de moins de 18 ans. Le choix de Cotonou se justifie au
regard de la panoplie d'activités informelles qui s'y
développent.
Mais après la détermination de
l'échantillon, comment avons-nous procédé pour
réaliser les enquêtes ?
B- Les conditions de réalisation des
enquêtes
Les entretiens avec les personnes cibles du questionnaire
se sont réalisés par l'administration de ce questionnaire sur les
lieux publics de la ville de Cotonou. Nous avons interrogé des
vulcanisateurs (enfants), des mécaniciens, des vendeuses, des
producteurs de denrées (savon), des femmes travaillant en
coopératives, tout un mélange hétéroclite de
travailleurs (de moins de 18 ans) et de travailleuses.
Par ailleurs, les autorités en charge des questions du
travail (DGT) ont été abordées pour des entretiens ainsi
que des responsables d'ONG et d'organisations syndicales intervenant dans le
secteur.
Nous avons rencontré ce faisant, des
difficultés au cours des enquêtes, qu'il importe de mentionner.
Paragraphe 2 : Difficultés et
limites des données
Les données recueillies peuvent dans une certaine
mesure être relativisées (B) eu égard aux
difficultés rencontrées (A).
A- les difficultés rencontrées
Elles ont trait à la réticence de certaines
autorités sur les questions du travail informel, ces dernières
estimant que l'informel ne peut être réglementé. Il y a
également la réticence ou même le refus de certaines
personnes cibles de remplir le questionnaire car craignant d'être
menacées dans leur situation au regard de leur état
d'informalité. Nous avons également été
confrontés à la nécessité d'une traduction en
langues locales (Fon et Goun) du questionnaire, certaines cibles étant
analphabètes.
Une autre difficulté fondamentale à laquelle
nous avons été souvent confronté est celle de
déceler les travailleurs non indépendants et non chefs
d'entreprise parmi les femmes et les enfants du secteur informel. En ce qui
concerne les enfants, le problème ne se pose pas. Mais il n'en est pas
de même quant aux femmes
Ces diverses situations ont eu quelques incidences sur les
données recueillies.
B- Les limites des données recueillies
Les limites de l'enquête sont liées à la
marge d'erreurs due à la réticence et à la méfiance
de certains travailleurs de l'informel. Mais il y a également le champ
d'action réduit de 100 personnes que nous nous sommes fixé
à Cotonou, bien que l'échantillon soit assez
représentatif.
En outre, la fiabilité de certaines réponses
est remise en cause du fait de la négligence avec laquelle certains
travailleurs répondent au questionnaire.
Ces limites n'affectent cependant pas l'analyse de nos
résultats.
Section 2 : L'analyse des résultats
d'enquêtes et le diagnostic
Le degré de vérification des hypothèses
de départ s'appréciera par le diagnostic (paragraphe 2). Mais ce
dernier est tributaire des résultats d'enquêtes (paragraphe 1).
Paragraphe 1 : Présentation et
analyse des résultats
Au fur et à mesure que nous présentons les
résultats d'enquêtes de chaque variable [protection sociale (A),
formation (B), syndicalisation (C), l'analyse des données se fera.
A- La protection sociale
TABLEAU N° 3 : Connaissance de
l'existence d'une mutuelle de sécurité sociale pour le secteur
informel.
|
Effectif
|
Oui
|
Non
|
Femmes
|
69
|
4
|
65
|
Enfants
|
31
|
0
|
31
|
TOTAL
|
100
|
4
|
96
|
Source :
Résultats de nos enquêtes 2004 se rapportant à la
question : "Avez-vous connaissance de l'existence d'une mutuelle de
sécurité sociale pour le secteur informel ? "
Il apparaît au vu de ce
tableau que 96% des personnes interrogées ignorent l'existence de la
mutuelle de sécurité sociale. Seuls 4% en connaissent
l'existence. Mais de ces 4%, combien en réalité sont-elles
affiliées ?
TABLEAU N° 4 : Affiliation à une
mutuelle de sécurité sociale.
|
Effectif
|
Oui
|
Non
|
Femmes
|
69
|
2
|
67
|
Enfants
|
31
|
0
|
31
|
TOTAL
|
100
|
2
|
98
|
Source :
Résultats de nos enquêtes 2004 se rapportant à la
question : "Etes-vous affilié à une mutuelle de
sécurité sociale ?"
Il ressort que 2% seulement de la population
interrogée sont affiliés à une mutuelle de
sécurité sociale. Aucun enfant au travail n'y est.
Et qu'en est-il du niveau d'instruction ?
B- Le niveau d'instruction
TABLEAU N°5 : Niveau
d'instruction
|
Effectif
|
Niveau primaire
|
Niveau Secondaire
|
Aucun niveau
|
Femmes
|
69
|
30
|
18
|
21
|
Enfants
|
31
|
10
|
5
|
16
|
TOTAL
|
100
|
40
|
23
|
37
|
Source :
Résultats de nos enquêtes 2004 sur la question : "votre
niveau d'instruction ?"Le tableau révèle que 40% des
travailleurs ont le niveau primaire, 37% n'ont jamais été
instruits à l'école et seulement 23% ont le niveau secondaire.
Ainsi, la majorité de ces travailleurs a un
très faible niveau d'instruction. Ce qui entraîne des
conséquences en chaîne aussi bien quant à la
compétence qu'à la productivité.
Par ailleurs, la syndicalisation dans le secteur souffre-t-elle
autant que le niveau d'instruction ?
C -La syndicalisation
TABLEAU N°6 : Connaissance de
l'existence de syndicats dans l'économie informelle
|
Effectif
|
Oui
|
Non
|
Femmes
|
69
|
10
|
59
|
Enfants
|
31
|
0
|
31
|
TOTAL
|
100
|
10
|
90
|
Source :
Résultats de nos enquêtes 2004 se rapportant à la
question :"avez-vous connaissance de l'existence de syndicats pour les
travailleurs de l'économie informelle" ?
Il paraît évident que seuls 10% des travailleurs
du secteur informel ont connaissance de l'existence de structures syndicales
s'intéressant à leur situation. Et ces 10% sont seulement des
femmes. Cela traduit une insuffisance véritable de l'approche syndicale
dans l'informel. Encore qu'au niveau de ces 10%, combien sont-elles
effectivement affiliées ?
TABLEAU N°7: Affiliation à un
syndicat
|
Effectif
|
Oui
|
Non
|
Femmes
|
69
|
3
|
66
|
Enfants
|
31
|
0
|
31
|
TOTAL
|
100
|
3
|
97
|
Source :
Résultats de nos enquêtes 2004 se rapportant à la
question : "Etes-vous affiliés à un syndicat ?"
Nous constatons aisément que seuls 3% des personnes
interrogées sont effectivement affiliés à un syndicat dans
l'économie informelle. Cela traduit un déficit chronique de
syndicalisation et de défense des droits pour ces travailleurs. Du fait
que seuls 10% des travailleurs ont connaissance de l'existence des syndicats,
il est évident que moins de ce pourcentage soit effectivement
affilié (soit 3%). La non affiliation des travailleurs est due en partie
non seulement à l'ignorance de l'existence de syndicats mais aussi
à la méconnaissance de l'intérêt d'une affiliation
pour un travailleur de l'économie informelle.
Au regard de ces résultats et de leur portée,
quelle appréciation pouvons- nous faire des hypothèses de
départ de notre étude ?
Paragraphe 2 : Vérification des
hypothèses et formulation du diagnostic
Après avoir
apprécié le degré de vérification des
hypothèses supposées du tableau de bord de l'étude (A),
nous établirons le diagnostic (B).
A - Vérification des
hypothèses.
1- Degré de vérification de
l'hypothèse n° 1.
Il ressort de nos analyses que les travailleurs n'ont pas
connaissance de l'existence de structures de protection sociale et dans le cas
contraire, ignorent l'importance et la nécessité de s'affilier
à ces structures. De plus il en est ainsi d'autant plus que seules 3
villes sont couvertes par les mutuelles de sécurité sociale.
Par conséquent, l'hypothèse qui postule que le
déficit de protection sociale est dû à l'ignorance de la
valeur de cette dernière par les travailleurs ainsi qu'au manque de
structures, est vérifiée.
Qu'en est-il de la seconde hypothèse ?
2- Degré de vérification de
l'hypothèse n°2
Au filtre des analyses précédentes, nous
concluons que l'emploi dans l'économie informelle fait recours à
de basses qualifications.
De ce fait, notre hypothèse selon laquelle le fait que
l'emploi informel fasse recours à de faibles qualifications et connaisse
une politique de formation lacunaire est la cause du faible niveau de formation
des travailleurs ; est partiellement vérifiée.
3-Degré de vérification de
l'hypothèse n°3.
Nos enquêtes confirment que les travailleurs ne sont
pas informés de leur droit à la représentation et à
la négociation collective et ne sont pas préoccupés de les
faire valoir.
D'où la vérification de l'hypothèse
«la méconnaissance par les travailleurs de leur droit à la
représentation et à la négociation collective est à
la base du faible niveau de syndicalisation».
Il sied à présent de procéder au
diagnostic de l'étude.
B- Formulation du diagnostic
Il y aura autant de diagnostics que de problèmes
spécifiques.
1- Diagnostic relatif au problème n°1
Le déficit de protection sociale est dû
à l'ignorance de la valeur de cette dernière par les acteurs
ainsi qu'à l'insuffisance de structures.
2- Diagnostic lié au problème
n° 2
Le recours de l'emploi informel à de faibles
qualifications et l'existence d'une politique de formation lacunaire sont
à la base du faible niveau de formation des travailleurs.
3 - Diagnostic du problème
n°3
La méconnaissance par les travailleurs de leur doit
à la représentation et à la négociation collective
est la raison du faible niveau de syndicalisation.
Ainsi, le diagnostic nous prouve que les hypothèses
de départ sont vérifiées. Par conséquent, les
causes des trois problèmes spécifiques sont à
présent évidentes.
Alors il nous reste à proposer des mesures correctives
et des solutions à ces différentes situations. Nous allons ainsi
nous consacrer aux perspectives et propositions.
CHAPITRE II: DES MODALITES DE LA REGLEMENTATION AUX
CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DES SOLUTIONS
« Pour promouvoir le travail
décent, il faut éliminer les aspects négatifs de
l'informalité tout en veillant à ne pas détruire les
sources de revenus et l'esprit d'entreprise et à favoriser la protection
et l'intégration des travailleurs et unités économiques de
l'économie informelle dans l'économie formelle »
( 24(*))
La déclaration de l'OIT et d'autres instruments
montrent clairement qu'il existe une base internationale solide pour
l'extension des droits à l'économie informelle. Le déficit
de droit se situe donc aux niveaux national et local et se reflète dans
la manière dont les droits sont exprimés et appliqués par
la législation et la pratique nationale et locale et dans la
manière dont les travailleurs du secteur informel sont mis en mesure de
faire valoir leurs droits. Une législation, une administration du
travail appropriées et efficaces, des notions juridiques de base chez
les travailleurs et les chefs d'entreprise de ce secteur sont de toute
évidence des facteurs essentiels. Il est également important,
pour étendre les droits au travail aux actifs de l'économie
informelle, de garantir un cadre législatif porteur pour les entreprises
de ce secteur et, notamment, de lever les obstacles à l'enregistrement
légal, à la syndicalisation et de faire respecter les droits de
propriété et les contrats.
Il urge d'une part de consacrer les droits des travailleurs
et renforcer leur protection sociale et syndicale (section 1).Puis, d'autre
part d'instituer des mécanismes de contrôle et d'appui au secteur
(section 2).
Section 1 : De la consécration des
droits au renforcement de la protection sociale et syndicale
La législation nationale du travail se doit d'accorder
un espace au secteur informel en même temps que les travailleurs et
travailleuses doivent être sensibilisés à leur droit
(paragraphe 1). La protection sociale et syndicale des actifs du secteur doit
être également renforcées (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'alphabétisation
juridique et la réforme de la législation nationale
Améliorer la législation nationale (A), telle
doit être l'urgence puisque les instruments internationaux ont
déjà reconnu les droits dans l'économie informelle. Le
déficit se constate à l'égard de notre législation
nationale. Cela fait, il faut instruire les travailleurs pour la plupart
analphabètes de leurs droits (B).
A- La réforme de la
législation nationale
Les normes fondamentales du travail mentionnées dans
la déclaration de l'OIT de Juin 1998, visent toutes les
catégories de travailleurs y compris celles du secteur informel et pas
simplement les salariés (25(*)). De même, la majorité des
normes de l'OIT comme nous les avons cité, utilisent plutôt le
terme travailleur et sont ainsi censées s'appliquer à l'informel.
La première étape qui consiste à faire accepter cette
extension ne devrait donc pas poser de problème.
La législation nationale doit ensuite être
explicitement étendue au secteur informel. A cet effet, le travail
informel peut être traité comme un problème juridique. Il
peut s'agir de travail effectué en dehors de la loi par des travailleurs
qui devraient être protégés mais ne le sont pas. Une raison
pourrait être que la loi postule en quelque sorte que les travailleurs
dépendants de l'économie informelle ont des liens familiaux,
ethniques ou géographiques avec le propriétaire de l'entreprise
et ne risquent donc pas d'être exploités. Or, il ne faut pas
exagérer le rôle positif de la relation paternaliste, en
particulier parce qu'elle est sans doute une relation distante et non
immédiate et en tout état de cause elle ne dispense pas le
gouvernement de son devoir fondamental qui est de protéger les
travailleurs.
Le gouvernement, en concertation avec les partenaires
sociaux, peut souhaiter déterminer, de quelle manière les droits
prévus par la législation du travail peuvent être
concrètement appliqués à l'informel et là où
il peut être nécessaire et possible d'étendre aux
travailleurs la portée juridique de ces droits.
Ainsi, en étudiant la manière dont la
législation du travail peut être, plus qu'aujourd'hui
appliquée effectivement aux travailleurs de l'économie
informelle, nous pouvons proposer de simplifier les prescriptions
légales. Cependant cette simplification ne peut entraîner en aucun
cas l'abaissement des normes fondamentales du travail. Elle ne peut se
justifier que si elle favorise une application plus effective des principes et
droits fondamentaux au travail.
Le gouvernement doit examiner, en concertation avec les
partenaires sociaux, la possibilité d'étendre à
l'économie informelle l'interprétation de certains instruments
législatifs.
En ce qui concerne plus précisément, la
spécialisation souple à l'échelle mondiale dans les
filières de produits ou de fournitures, la question brûlante est
de savoir qui en fin de compte est responsable des droits et de la protection
de tous les travailleurs de la filière. Les organisations de
travailleurs comme ceux d'employeurs estiment de plus en plus que c'est
l'entreprise en tête de la filière qui porte la
responsabilité. Elle est l'entreprise qui externalise la production
même si elle n'est qu'une entreprise de vente au détail
(26(*)).
Certains gouvernements ont pris des mesures actives pour
revoir la législation du travail pour les travailleurs de
l'économie informelle. L'Inde reconnaît depuis longtemps la
taille, l'importance et la persistance du secteur rural et de l'économie
informelle urbaine dans le processus de libéralisation économique
et a mis sur pied de 1986 à 1999 une série de commissions
chargées d'examiner les conditions de travail dans l'économie
informelle. Le Bénin se doit d'abonder dans ce sens d'autant plus que la
majorité des travailleurs de notre économie sont dans
l'informel.
Par ailleurs, il convient de souligner que la réforme
ne concerne pas seulement la législation du travail.
En effet l'autre cause de l'informalité est le
coût élevé de la légalité, surtout les
charges fiscales imposées aux entreprises. La réforme doit
être globale et concernée davantage les charges des entreprises
informelles qui allégées, pourraient les conduire à se
légaliser.
Mais il ne s'agit pas seulement d'améliorer la
législation nationale, encore faut-il que les
bénéficiaires potentiels de ces droits puissent en avoir
connaissance pour les revendiquer en temps opportun.
B- L'alphabétisation juridique
De toute évidence, il est vital que les travailleurs
du secteur informel connaissent leurs droits et la manière de les faire
valoir et d'introduire des recours en cas de violation. A cet égard, la
mesure la plus importante est l'organisation des travailleurs du secteur
informel afin de leur donner le moyen de s'exprimer. Beaucoup de programmes de
coopération technique de l'OIT ont mis au point des outils
d'informations, de défense et de promotion, comportant des programmes
ciblés visant à améliorer les connaissances juridiques des
travailleurs et des chefs d'entreprise du secteur informel et à
renforcer les institutions et les processus de dialogue social qui
intègrent des personnes de l'économie informelle
(27(*)).
L'alphabétisation juridique est particulièrement capitale pour
les exclus sociaux, notamment les femmes et les enfants dans l'économie
informelle afin qu'ils puissent connaître leurs droits et ce qu'ils
peuvent revendiquer. Des enquêtes du BIT ont montré que beaucoup
de travailleurs du secteur informel estiment que la législation du
travail ne concerne pas leur situation et qu'ils ne bénéficient
pas, voire ne doivent pas bénéficier de la protection et des
avantages prévus par la loi(28(*)).
Enfin, la réglementation devant être un
système à mettre en oeuvre, l'aménagement de la protection
sociale et syndicale devra se faire en même temps que la réforme
de la législation et l'alphabétisation juridique.
Paragraphe 2 : L'aménagement de la
protection sociale et syndicale
La couverture sociale du secteur aussi lacunaire et
insuffisante qu'elle soit nécessite une dynamique de renforcement (B)
à l'instar de la protection syndicale (A).
A- L'accroissement de la syndicalisation du
secteur
Organiser les travailleurs du secteur informel relève
d'une gageure pour toutes les organisations syndicales. C'est une
démarche capitale pour des travailleurs souvent isolés, mais il y
va d'ailleurs aussi de l'intérêt des organisations elles -
mêmes à qui il est souvent reproché de ne pas être
représentatives de ce secteur. Aujourd'hui, ces dernières
s'investissent davantage dans ce secteur. Il s'agit de la CSA - Bénin,
de l'U.N.S.T.B., de la CGTB, de la COSI et de la CSPIB. La plupart des
organisations syndicales qui ont participé en 1999 au colloque du BIT
sur l'organisation des travailleurs du secteur «non structuré»
mettent déjà en oeuvre des politiques adaptées aux
travailleurs de l'informel. Certaines cependant fortement inspirées par
le modèle économique des pays industrialisés
éprouvent encore parfois des difficultés à sortir de la
conception du rapport salarial qui reste dominant dans ces pays.
Concrètement, pour réussir dans l'organisation de ceux qui
n'étaient jusque là pas organisés, les syndicats doivent
s'efforcer de s'adapter aux besoins des travailleurs du secteur informel par
des activités spécialement conçues pour eux et leur offrir
des avantages tangibles (crédits, formations) et une meilleure
protection. Cela est vrai par exemple dans le domaine de la formation, qui doit
répondre à la demande concrète de ces travailleurs
(formation à la gestion, à certaines techniques),
éventuellement différente de l'offre traditionnelle de formation
syndicale.
En d'autres mots, il ne suffit pas d'inviter les travailleurs
de l'informel à s'affilier aux organisations telles qu'elles sont :
il faut aussi que celles-ci imaginent des structures et des modalités de
fonctionnement convaincantes pour ces travailleurs qui leur apportent des
avantages supplémentaires très concrets par rapport à leur
situation actuelle. Certaines organisations membres de la
Confédération Mondiale du Travail (CMT) ont déjà
pris des initiatives dans ce sens ; des initiatives qui ne demandent
qu'à être adaptées ailleurs. En Côte-D'ivoire la
confédération «DIGNITE» a réussi une
intéressante expérience d'organisation des femmes dans le secteur
informel. Les affiliées sont soutenues de différentes
manières de l'appui logistique au soutien financier. Ce qui n'est pas
encore le cas au Bénin.
Les jalons de l'action syndicale envers l'informel reposent
sur des stratégies d'offre de services dans les axes majeurs
suivants : l'information, l'éducation, et la sensibilisation sur
les problèmes de population et syndicaux ; la formation (
alphabétisation, gestion, économie, technique d'apprentissage des
petits métiers) ; la promotion socio-économique
(accès au crédit, à la terre, aux moyens de production, de
conservation, de transport des produits) et enfin la défense des
intérêts matériels et moraux de ses membres. Ce sont les
syndicats qui doivent s'adapter aux travailleurs du secteur informel et non
l'inverse. « Le mouvement syndical devrait évoluer par
rapport à son identité traditionnelle et devenir un mouvement
social défendant tous les travailleurs et pas seulement ceux du secteur
structuré » a affirmé Claude AKPOKAVIE alors
représentant de la CMT lors du colloque du BIT déjà
évoqué. Cela implique selon lui de déceler et valoriser
les associations du secteur informel qui existent déjà, c'est
cela le cas dans nombre de politiques syndicales à intensifier. Il est
tout aussi important de prévoir et favoriser la représentation
proportionnelle des travailleuses au sein des organisations de travailleurs.
Dans le même temps, la protection sociale des
travailleurs et de leurs familles doit être accentuée et cela
également peut être accéléré par l'action
syndicale.
B- Le renforcement et l'extension de la protection
sociale
Aujourd'hui comme nous l'avions vu
précédemment, la protection sociale des travailleurs du secteur
est assurée par les trois mutuelles situées dans les communes
à statut particulier du Bénin ainsi que les organisations
communautaires et ce, par la solidarité (tontines, etc.). L'Etat a
l'obligation d'accroître le nombre de ces mutuelles afin de couvrir tout
le territoire national. Mais un autre problème est la non connaissance
par les travailleurs de l'existence et de la nécessité de telles
structures. Il est alors très important d'informer les travailleurs du
secteur que des mesures de protection leur sont accordées et de les
sensibiliser à y avoir recours. La sensibilisation doit porter
également sur l'intérêt d'une pareille protection pour les
travailleurs. Ce rôle peut être assez bien joué par les
organisations syndicales de travailleurs ainsi que par tous les partenaires
sociaux.
Par ailleurs, la proposition de mutuelles de
sécurité sociale créées par l'Etat ou par d'autres
partenaires et gérées par les travailleurs plutôt qu'un
système national de sécurité sociale géré
par l'administration est due à certaines raisons :
Les travailleurs ne voient pas de liens directs entre la
cotisation à verser dans une caisse qu'ils ne contrôlent pas et le
bénéfice qu'ils en retirent, sans parler de l'opacité de
la gestion voire des détournements. C'est donc du côté des
formes coopératives, mutualistes, très variables, qu'il faut
chercher des formes de protection sociale, gérées par des
associations de travailleurs où chacun sait qu'il recevra son argent en
cas de besoin. Avec ou sans les syndicats, de telles initiatives existent
déjà en de nombreux endroits et surtout au Bénin avec les
mutuelles de sécurité sociale pour le secteur informel,
malgré les difficultés. C'est la solidarité du groupe qui
joue ici. Elle est différente de la simple couverture individuelle des
risques par ceux qui peuvent se la payer (assurance privée) et de la
sécurité sociale (solidarité institutionnelle). Toutefois,
il ne peut y avoir de système autofinancé dans le secteur
informel que s'il existe une association fondée sur la confiance et une
administration capable de percevoir les cotisations et verser les
indemnités. Ce sont aussi ces organisations qui permettront aux
travailleurs de l'informel de créer un rapport de forces favorables face
à leurs employeurs.
Renforcer le monde du travail informel est une entreprise de
longue haleine, qui comporte de nombreuses facettes (organisationnelles,
éducatives, légales). Mais le champ n'est plus vierge : des
initiatives existent. Elles doivent être renforcées et conduire
à une action normative et explicite dans ce domaine.
Une fois toutes ces dispositions établies, il faut
concevoir des mécanismes de contrôle mais aussi des
systèmes nécessaires au soutien de ces mesures.
Section 2 : Des mécanismes de
contrôle et d'appui aux conditions de mise en oeuvre des
solutions.
Les mécanismes de contrôle des mesures juridiques
(paragraphe 1) est tout aussi important que l'appui institutionnel, financier
et à la formation (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les mécanismes de
contrôle et d'appui
La mise en place de dispositifs
indispensables au suivi des mesures proposées (A) est autant
nécessaire que le soutien aux actifs du secteur qui peut se
présenter sous diverses formes (B).
A - Les mécanismes de contrôle
Dans notre pays, les services d'inspection du travail
souffrent de l'effectif et du matériel toujours insuffisant pour faire
effectivement respecter les normes dans l'économie informelle compte
tenu en particulier, des myriades de petites et micro-entreprises et du nombre
croissant de travailleurs à domicile. Cela étant, il faut un
système novateur qui fasse intervenir des auxiliaires de l'inspection du
travail, des syndicats, voire les travailleurs les mieux informés du
secteur informel. Par exemple dans l'Etat du Gujarat en Inde, le gouvernement a
permis à l'association des femmes travaillant à leur compte "Self
Employed Women Association" ( SEWA) de l'aider à surveiller les
conditions des travailleuses à domicile et à fixer les tarifs
minima à la pièce conformes au salaire minimum.
Il serait plus efficace de réorienter l'approche des
inspecteurs du travail en renonçant à une démarche qui
privilégie la répression (et crée souvent des
possibilités de harcèlement ou de corruption) au profit d'un
rôle d'éducation et de persuasion fondé sur une approche
transparente et participative. On en trouve un bon exemple avec le programme
pour l'élimination du travail des enfants dans l'agriculture commerciale
en République Unie de Tanzanie. Les inspecteurs du travail ont
été formés à convaincre les employeurs de renoncer
aux travailleurs-enfants et à prévoir pour ceux-ci des
infrastructures éducatives dans les plantations.
Par ailleurs, en raison du caractère précaire
de leur emploi, les travailleurs du secteur informel peuvent craindre de
recourir à la justice lorsque leurs droits sont violés. Il se
peut aussi qu'ils ne soient pas en mesure de faire valoir leurs droits en
matière d'emploi par défaut d'accès à la justice.
Les services juridiques sont à coup sûr trop coûteux pour
eux, auquel cas la mise à disposition des services d'assistance
juridique gratuits ou fortement subventionnés par l'Etat serait
très importante. Mais il est tout aussi capital d'appuyer les
travailleurs du secteur par des actions de soutien sous diverses
formes.
B- L'appui financier et à la
formation.
Aujourd'hui, l'Etat réclame des
prélèvements aux entrepreneurs de l'économie informelle,
qui déjà dans une position peu confortable, se retrouvent en
dessous des normes de travail décent car étant obligés
d'imposer un volume de travail pour ne pas faire faillite. Une attitude plus
raisonnable de l'Etat serait de procurer des crédits à taux
abordables aux travailleurs du secteur afin de développer leurs
activités et leur permettre de supporter plus facilement les charges
fiscales. Cette situation a encore pour intérêt de sortir les
travailleurs du secteur informel vers le formel d'autant plus que la principale
raison des activités informelles est le manque de ressources.
Par ailleurs, la formation est importante pour la
transmission et le développement des qualifications. Elle a un effet
direct sur la productivité et par conséquent, sur le revenu.
« Les chefs d'entreprises du secteur informel lui accordent beaucoup
d'importance notamment parce qu'en règle générale, les
apprentis restent par la suite dans leurs ateliers en tant que main-d'oeuvre
qualifiée »(29(*)). D'autres créent leurs propres
affaires.
La politique de formation serait mieux inspirée de
répondre aux besoins de ceux qui sont déjà
installés dans la production du secteur informel et qui demandent un
complément de formation pour acquérir certaines qualifications
spécifiques, par la présentation par exemple, des technologies
nouvelles et des produits nouveaux. Les systèmes d'apprentissage en
usage dans le secteur des micro-entreprises doivent être
perfectionnés. Bien qu'ils réussissent à transmettre les
qualifications d'une génération à l'autre, ces
systèmes présentent de graves défauts qui doivent
être corrigés.
Afin d'améliorer la qualité de la formation
proposée, il est nécessaire de soutenir les maîtres
artisans en leur fournissant de meilleurs instruments didactiques (ce qui
implique la formation des formateurs). Ensuite, familiariser les maîtres
artisans avec les nouvelles techniques et les nouveaux outils. Enfin donner une
formation complémentaire aux apprentis en les initiant aux
côtés pratiques du métier, à la gestion ainsi
qu'à la sécurité et à la santé au travail.
Ces objectifs peuvent être atteints grâce à tous les
partenaires sociaux (travailleurs, ONG, syndicats, Etats).
L'apprentissage traditionnel ne remplace pas
l'éducation de base, mais devrait la compléter. Souvent les
conditions de travail des apprentis sont pénibles et le travail des
enfants est fréquent. Lier l'apprentissage et l'enseignement secondaire
encouragerait les jeunes à aller à l'école sans craindre
d'être privés des qualifications dont ils ont besoin pour pouvoir
gagner leur vie. Cela constituerait en outre un moyen efficace de lutte contre
le travail des enfants. Mais la réalisation de tels programmes
supposerait de grandes reformes du système scolaire.
Pour finir, si les programmes de formation ont souvent
manqué leurs objectifs, c'est « en raison de l'arrogance
manifestée à l'égard des participants,
considérés comme des êtres inférieurs et,
défaut plus grave encore, parce que la formation est
considérée comme une intervention
ponctuelle »(30(*)) qui ne nécessite aucun apport
complémentaire. L'absence de soutien institutionnel et de crédit
rend souvent inutilisable les nouvelles qualifications acquises. Il est donc
vital que la formation ne soit pas conçue isolément mais soit
accompagnée des autres facteurs indispensables à l'exploitation
fructueuse des qualifications transmises. Aussi, une formation associée
à un crédit à faible taux d'intérêt par un
système décentralisé d'octroi et de recouvrement des
prêts, peut faire toute la différence lorsqu'on cherche à
élever les revenus et la productivité dans le secteur informel.
Mais il ne suffit pas de proposer des solutions. Encore
faut-il que les conditions favorables à la mise en application
efficiente de ces perspectives soient dégagées.
Paragraphe 2 : Les conditions de mise en
oeuvre des solutions et le tableau de synthèse de
l'étude
Dans quelles conditions mettre en oeuvre nos solutions ?
(A) et quel schéma global retenir à notre étude ? (B)
A- Conditions de mise en oeuvre des
solutions
Pour permettre l'application des solutions proposées,
il est nécessaire de réduire les faiblesses et d'accroître
les forces constatées au niveau de l'état des lieux des
conditions de travail dans l'économie informelle.
Ainsi nous conseillerons tous les acteurs du secteur (Etat,
syndicats, ONG) mais surtout les travailleurs de renforcer entre eux la
solidarité qui caractérise ces exclus de la
société.
- Il est tout aussi important d'évacuer
résolument l'idée selon laquelle les travailleurs du secteur
informel étant en dehors de la légalité, n'ont pas droit
à une protection légale. N'oublions pas que ces derniers
participent à la prospérité économique d'un
pays.
- Il est essentiel de conserver les acquis de la
mutualité en matière de sécurité sociale,
introduite par l'administration du travail et de l'étendre. D'ailleurs
le Bénin fait figure de proue en Afrique dans la couverture en
matière de sécurité sociale pour les travailleurs de
l'économie informelle.
- Il faut commencer également par préserver les
enfants de moins de 14 ans de tout travail. Cela réduirait les couches
vulnérables dans le secteur et fera place à des actifs beaucoup
plus mûrs.
Conclusion de la deuxième
partie
Des résultats de nos enquêtes sur le terrain, il
apparaît que les hypothèses supposées ont des degrés
de vérification assez élevés. Ce qui confirme nos causes
supposées. Face aux raisons fondamentales de la médiocrité
des conditions de travail, des mesures hardies doivent être prises.
La réforme de la législation nationale aussi
bien fiscale que sociale jusqu'au code des investissements est indispensable.
En ce qui concerne la législation sociale, il s'agit d'étendre
explicitement le droit du travail à l'emploi informel. Puisqu'il ne peut
y avoir de niveau de droits réduits pour les travailleurs du secteur
informel par rapport à ceux du formel, ce sont les mêmes
dispositions de la loi n°98-004 du 27 janvier 1998 portant code du travail
en république du Bénin qui doivent s'appliquer. Mais cette
fois-ci avec des nuances. Ainsi, les activités informelles doivent
être bien répertoriées et fixées. Le système
de contrôle du travail par l'inspection du travail doit être
reformé en associant, pour aider à résoudre la
pénurie d'effectifs de l'inspection, les représentants des
syndicats du secteur. Ces derniers pourront aider à retrouver facilement
les actifs du secteur.
Cependant, la protection sociale doit être
encouragée pour tous (indépendants, chefs d'entreprise,
salariés). L'employeur devra avoir pour obligation de veiller à
l'affiliation du salarié à une mutuelle de sécurité
sociale. Enfin, l'inspection du travail doit jouer un rôle persuasif
plutôt que dissuasif. Les syndicats doivent veiller à
l'accroissement de la syndicalisation par divers procédés. Par
ailleurs, les actifs de l'informel ont besoin d'être appuyés par
la formation et l'octroi de crédit.
Conclusion Générale
Nous l'avons vu, la problématique de l'économie
informelle n'est pas facile à appréhender. A défaut d'une
définition unanime, il s'agit de s'en remettre aux
caractéristiques de l'informel pour le déceler et mieux le
cerner.
En trente (30) ans, le phénomène
« secteur informel » a fait l'objet de nombreuses analyses
pas toujours convergentes certes, mais qui permettent d'en avoir une perception
correcte. Il est temps de passer aux actes, de manière à
améliorer concrètement la situation des travailleurs de ce pan
important de l'économie.
En effet, on l'a vu, la majorité des emplois
créés dans les pays en développement relève de
l'informel. Plutôt que d'une économie en marge, il s'agit d'un
ensemble d'activités qui permettent à certains d'avoir un emploi
et des ressources, à d'autres d'accéder à des biens ou des
services trop coûteux dans le formel. C'est donc une part respectable de
l'économie si l'on veut garder à l'esprit que celle-ci sert
avant tout à assurer le bien-être de la population.
Malheureusement les caractéristiques essentielles de
cette économie sont le bas niveau de qualification de ses travailleurs,
des revenus faibles ou irréguliers, de longues heures de travail
au-dessus des prescriptions légales. A cela s'ajoutent des conditions de
travail malsaines, dangereuses dans des lieux exigus n'offrant aucune
sécurité ni santé au travail. L'absence d'accès aux
finances, aux marchés, à la formation et à la technologie
constitue également le cortège de maux de cette économie.
Ces travailleurs souffrent de déficit de protection sociale et sont
incapables d'exercer ou de défendre leurs droits fondamentaux car se
heurtant à de graves difficultés pour s'organiser. Pire, le gros
lot est constitué de femmes et d'enfants qui sont les couches les plus
vulnérables de la société. Même dans les pays
industrialisés, certaines activités relèvent de
l'informel, signe de la précarité croissante. Il urge donc de
passer aux actes pour améliorer cette situation.
Agir, nous ne partons pas de zéro. Tant les
organisations syndicales que les institutions internationales ont
déjà pris des initiatives.
Néanmoins, les conditions de travail restent
mauvaises, la protection sociale des travailleurs de l'informel est largement
déficiente, de même que la stabilité de l'emploi. Beaucoup
reste à faire. La stratégie pour l'amélioration des
conditions de travail dans l'informel doit consister en un système
à mettre en oeuvre.
Les syndicats doivent prendre en compte les
caractéristiques spécifiques de l'économie informelle
(crédit, formation) pour mieux intéresser et attirer les
travailleurs. L'OIT qui a déjà débattu de la question
devrait avancer dans le sens d'une extension plutôt explicite que celle
actuellement implicite des normes du travail au secteur informel. Quant au
gouvernement, il doit veiller à ce que toutes les catégories de
travailleurs bénéficient des législations sociales.
Par ailleurs, pour atteindre l'objectif du travail
décent en économie informelle, il ne suffit pas de toucher
à la législation sociale mais à beaucoup d'autres. C'est
le cas de la législation fiscale qui doit aménager des normes
flexibles pour l'informel qui peuvent passer par une exonération fiscale
pour un délai précis à compter de la création de
l'entreprise.
Un système d'octroi de crédit aux entreprises
du secteur doit être mis en oeuvre et permettre de faciliter
l'accès au crédit aux micro-entreprises qui respecteront au mieux
la législation qui sera en vigueur.
Certes, c'est plus facile à dire qu'à faire,
dans la mesure où, une des caractéristiques fondamentales du
secteur informel réside dans l'absence d'enregistrement de ses
activités et des emplois qui y existent. Mais une part importante de
ceux-ci est connue, ne serait-ce que parce qu'il fait l'objet de certaines
formes de taxation car contrairement à ce que beaucoup pensent, il faut
payer pour avoir le droit d'installer un poste de vente quelque part.
Ce qui est possible fiscalement deviendrait-il
impossible socialement ?
Il ne s'agit pas de « tuer » l'informel
et les revenus qu'il génère en l'inondant de charges nouvelles,
mais en tout cas de ne pas laisser ses travailleurs sans droits ni protection
.
Beaucoup n'ont pas choisi d'en être, et nombreux sont
aussi ceux qui mettent déjà en oeuvre des démarches de
solidarité entre eux. Il s'agit de protéger ces travailleurs et
soutenir les micro-entreprises informelles à développer leurs
activités pour passer à l'économie formelle puisque la
première raison de la prolifération de l'informel est
l'insuffisance des ressources, des crédits. Plutôt que de
créer du neuf, il s'agit sans doute d'abord d'aider à amplifier
ce qui existe déjà et qui est souvent de l'ordre du
« micro ». Tout en s'attaquant aux mécanismes
globaux qui poussent tant de gens à dépendre d'emplois dits
« informel ».
En définitive, la réalisation des droits des
travailleurs du secteur "non structuré" permettra au Bénin de
demeurer un Etat de droit dans lequel tous les droits quelques soient leurs
générations et caractères seront respectés. Ainsi,
il restera le phare de la démocratie et des droits de l'homme dont
l'exemplarité ne cessera d'illuminer les Etats africains et le monde en
développement. Le Bénin sera donc un pionnier et une lueur
d'espoir pour tous les travailleurs brimés dans leur droit comme il l'a
été par sa conférence nationale des forces vives de la
nation, prélude à l'avènement du renouveau
démocratique sur le continent.
B- TABLEAU DE SYNTHESE DE L'ETUDE :
« Contribution à la réglementation des conditions de
travail des femmes et des enfants dans l'économie
informelle. »
Niveau d'analyse
|
problèmes
|
Objectifs
|
Causes
|
Hypothèses
|
CAUSES RÉELLES
|
DIAGNOSTIC
|
SOLUTIONS
|
NIVEAU
GENERAL
|
Problème général
Médiocrité des conditions de travail des femmes et
des enfants dans le secteur informel.
|
Objectif général
Parvenir à une notable amélioration des conditions
de travail des femmes et des enfants.
|
|
|
|
|
|
N
I
V
E
A
|
Problème spécifique
n° 1
Déficit de protection sociale.
|
Objectif spécifique n° 1
Généraliser la protection sociale aux travailleurs
du secteur informel.
|
Cause spécifique n° 1
Ignorance de la valeur de la protection sociale par les actifs du
secteur ainsi que le manque de structures.
|
Hypothèse spécifique n°
1
Le déficit de protection sociale est dû à
l'ignorance de la valeur de cette dernière par les actifs ainsi qu'au
manque de structures.
|
Cause réelle n°1
Ignorance de la valeur de la protection sociale et manque de
structures.
|
DIAGNOSTIC n°1
Le déficit de protection sociale est dû à
l'ignorance de la valeur de la protection sociale et au manque de
structures.
|
SOLUTIONS n°1
- Etendre les mutuelles de sécurité sociale
à toutes les localités du pays
- Sensibiliser les travailleurs sur l'existence et l'importance
de ces structures.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
U
X
S
P
E
C
I
F
I
|
Problème spécifique
n° 2
Faible niveau de formation des travailleurs.
|
Objectif spécifique n° 2
Accroître la compétence des acteurs du secteur
(femmes et enfants).
|
Cause spécifique n° 2
Recours de l'emploi informel à de faibles qualifications
et existence d'une politique de formation lacunaire.
|
Hypothèse spécifique n° 2
Le recours de l'emploi informel à de faibles
qualifications et l'existence d'une politique de formation lacunaire est la
cause du faible niveau de formation des travailleurs.
|
Cause réelle n°2
Recours de l'emploi informel à de faibles qualifications
et existence d'une politique lacunaire de formation.
|
Diagnostic n°2
Le recours de l'emploi informel à de faibles
qualifications et l'existence d'une politique lacunaire de formation est la
cause du faible niveau de formation des travailleurs.
|
Solution s au problème spécifique
N° 2
- perfectionner le système d'apprentissage
- fournir aux maîtres et artisans de meilleurs instruments
didactiques
- Les familiariser avec de nouveaux instruments et outils
- Associer l'apprentissage à l'enseignement secondaire.
- Accompagner la formation de crédits à faible taux
d'intérêt.
|
Q
U
E
S
|
Problème spécifique
n° 3
Faible niveau de syndicalisation.
|
Objectif spécifique n° 3
Donner "une voix" aux travailleurs par la syndicalisation du
secteur.
|
Cause spécifique n° 3
Méconnaissance par les travailleurs de leur droit à
la représentation et à la négociation collective.
|
Hypothèse spécifique n°
3
La méconnaissance par les travailleurs de leur droit
à la représentation et à la négociation collective
est à la base du faible niveau de syndicalisation.
|
Cause réelle n°3
Faible niveau de syndicalisation.
|
Diagnostic n°3
La méconnaissance par les travailleurs de leur droit
à la représentation et à la négociation collective
est à la base du faible niveau de syndicalisation.
|
- Solutions au problème spécifique
n°3
- Sensibiliser les travailleurs sur leurs droits
- S'adapter aux besoins des travailleurs par des
activités avantageusement conçues pour eux (formation,
crédit)
-Favoriser une proportionnelle représentation des
travailleuses au sein des organisations syndicales.
|
BIBLIOGRAPHIE
I- OUVRAGES GENERAUX
- GUILLIEN Raymond et
Vincent Jean: Lexique des Termes
juridiques,
Paris, Dalloz, 2001, 592p.
- KIRSH Martin : Le droit du travail
africain, Tome 1. Paris, Ediafric, 1975.
- LEFEBVRE Francis : Mémento
pratique, droit social, Paris, Francis LEFEBVRE, 1994, 1273p
II- OUVRAGES SPECIALISES
- HENIN Claude ; DOUTRIAUX
Jérôme : secteur informel : les
difficultés de l'approche et de l'intervention, Ottawa,
Université d'Ottawa, 1992, 17 p
- IYENDA Guillaume : Pauvreté
urbaine et secteur informel à Kinshasa, Frankfurt, Deutsch stiftung
für internationale Entwicklung (DSE), 2002
- MALDONADO Carlos : Secteur
informel : fonctions macroéconomiques et politiques
gouvernementales, le cas du Bénin, Genève, BIT,
1999,
- MALDONADO Carlos ; CASSEHOUIN C. H ;
MOUSTAPHA D. M: Analyse des résultats de l'enquête des
unités économiques du secteur informel urbain au
Bénin, Cotonou. BIT. PNUD. INSAE.1996. 284p.
- MALDONADO Carlos et autres
auteurs: Le secteur informel en Afrique face aux contraintes
légales et institutionnelles, Genève. BIT. 1999. 367p.
- MALDONADO Carlos ; GAUFRYAU B:
Secteur informel : fonctions macro-économiques et politiques
gouvernementales, le cas du Congo; Genève. BIT. 1997
- MOUSTAPHA Djima Moussiliou: Les femmes
et le secteur informel urbain au Bénin, Rabat. INSEA. 1996
- TURNHAM David ; SALOME Bernard ; SCHWARZ
Antoine: Nouvelles approches du secteur informel, Paris,
Organisation pour la Coopération et le Développement Economique
(OCDE), 1990, 271p.
III- MEMOIRES
- ALLADAYE Amélie: L'extension de
la sécurité sociale au secteur informel urbain: le cas des
artisans, ENA I. ATSS. UNB.1998. 70 p.
- DETINHO K. Noellie: Hygiène et
sécurité du travail dans le secteur non structuré: cas de
la mécanique, ENA I. ATSS. UNB. 1991. 72p.
IV- REVUES
- BIT : Les syndicats dans le
secteur non structuré: quelques repères, Education
ouvrière n° 116. Genève. BIT. 1999. 84 p.
- BIT : Main d'oeuvre non
protégée: quel syndicalisme pour l'économie
informelle ? Education ouvrière n° 127. Genève.
BIT. 2002. 82p.
V- TEXTES LEGISLATIFS
- Loi n° 98- 037 du 22 novembre 2001 portant code de
l'artisanat en République du Bénin, Cotonou, 2001
- Loi n° 98-004 du 27 janvier 1998 portant code du
travail en République du Bénin, Cotonou, 1998
- Loi n° 90-032 du 11décembre 1990 portant
constitution de la République du Bénin, Cotonou, 1990.
VI- AUTRES DOCUMENTS
- BIT : Rapport VI, Travail
décent et économie informelle, conférence
internationale du travail. 90e session. Genève. BIT. 2002.
61p.
- BIT: Travail n° 45.
Genève. BIT. 2002. 48 p.
- Bureau régional de L'OIT pour
L'Afrique (BROA), OIT Afrique n° 9,
Abidjan. BROA. 2000. 15p.
- Confédération mondiale du travail
(CMT): Rapport annuel sur les droits des travailleurs (2002),
travailler dans l'informel, une chance, un risque, un défi,
Bruxelles. CMT. 2002. 37p.
- DOSSOU Siméon Toundé :
Rapport de l'étude sur « Donner la voix aux travailleurs non
protéges de l'économie informelle » cas du
Bénin. Cotonou BIT. 2003. 23p.
- DOSSOU-YOVO Roger: De l'application des
règles traditionnelles du droit des affaires au secteur informel au
Bénin, communication au forum de la Jeune Chambre International
Bénin. novembre 2000. 9 p.
- République du
Bénin: Etudes Nationales de perspectives à
long terme, Bénin 2025 : ALAFIA, PNUD, Ministère d'Etat
chargé de la Coordination de l'Action Gouvernementale, du Plan, du
Développement et de la Promotion de l'emploi, Cotonou, 235p.
-
http:/www.ilo-mirror.cornell.edu/public/french/bureau/inf/pkit.
ANNEXES
1- QUESTIONNAIRE
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE
Données à recueillir auprès des femmes et
des enfants du secteur informel.
Elève en fin de formation du Cycle I, je réalise
dans le cadre de mon mémoire, une étude sur : «
Contribution à la réglementation des conditions de travail des
femmes et des enfants dans une économie informelle : cas du
Bénin.»
A cette fin, je vous prie de répondre aux questions qui
m'éclaireront dans mon travail.
I- Horaire de travail
1- Pendant combien d'heures travaillez- vous
par semaine ?
.....................................................................
2- La durée du travail vous convient -
elle ?
Oui ..........
Non...................
3- Pourquoi, selon vous, l'horaire du travail est -il
élevé ?
............................................................................................................................................................
II- Protection sociale
1- Ne craignez- vous pas d'être brusquement
atteint vous et votre famille par la maladie ?
Oui.............
Non..................
2- Quel système utilisez-vous pour prévenir les
risques sociaux
(maladie, accident, vieillesse) ?
...........................................................................
3- Savez- vous qu'il existe une mutuelle d'assistance aux
travailleurs
du secteur informel ?
Oui ...............
Non ..........
- Si oui, y êtes- vous inscrit ?
Oui ...................
Non...............
Si vous n'êtes pas inscrit, pourquoi ?
.................................................................................
- Si non, ne pensez- vous pas que cela vous sera d'un
très grand secours ?
Oui........................
Non...............
- Avez- vous connaissance d'autres systèmes de
prévention des
risques sociaux ?
Oui..................
Non ..............
- Si oui, lesquels ?
.................................................................................
III- Niveau d'instruction
1- Jusqu'à quel niveau d'étude Primaire,
Secondaire ou Supérieur êtes-vous arrivé ?
................................................
2- Avez- vous suivi une autre formation préalable
avant d'exercer ?
Oui....................
Non..................
Si Oui, pendant combien de temps ?
...........................................................................
2- Avez- vous suivi des formations complémentaires en
cours d'emploi ?
Oui .....................
Non...........
3- Que pensez- vous de l'utilité des formations en
cours d'emploi ?
.......................................................................................
..........................................................................................
..........................................................................................
Que pensez- vous de l'efficacité du système
d'apprentissage ?
................................................................................................................................................................................................
IV- La syndicalisation
1- Etes-vous affiliés à un
syndicat ?
Oui..................
Non...............
2- Si non pourquoi ?
...................................................................................................................................................................
3- Savez- vous que vous avez le droit de créer et
d'appartenir à des syndicats ?
Oui ...............
Non............
4- Que vous soyez indépendants, travailleurs ou chef
d'entreprise,
que pensez- vous de l'affiliation de tous les travailleurs du
secteur
informel à un syndicat ?
..............................................................................
..............................................................................
5- Pensez-vous que l'Etat devrait mieux faire pour vous,
au-delà des mutuelles de sécurité sociale ?
...............................................................................
...............................................................................
2- Guide d'entretien avec l'Administration du
travail
1- L'administration du Travail s'intéresse -t-elle aux
conditions de travail dans le secteur informel ?
2- Paradoxalement, vous avez encouragé la
création de mutuelles de sécurité sociale pour le secteur
informel. Serait- ce alors parce que le BIT aurait lancé la campagne sur
la " la Sécurité sociale et la couverture par tous" ?
3- Curieusement, l'inspection du Travail se refuse à
intervenir dans l'informel, or dans le même temps, l'administration
fiscale s'y engouffre ?
4- Il existe déjà des syndicats dans le secteur
informel, ne pensez-vous pas que l'administration du travail puisse
déjà commencer à regarder dans le secteur grâce
à ces syndicats ?
5- Ne pensez- vous pas qu'une autre approche d'inspection du
travail peut être introduite dans le secteur informel ?
3- Tableau : Répartition
de la population active occupée par secteur économique
Economie
|
Total
|
%
|
Masculin
|
%
|
Féminin
|
%
|
Formelle
|
143.306
|
4,71%
|
104.706
|
73%
|
38.600
|
27%
|
Informelle
|
2.902.208
|
95,29%
|
1.421.646
|
49%
|
1.480.562
|
51%
|
Total
|
3.045.514
|
100,00%
|
1.526.352
|
50,12%
|
1.519.162
|
49,88%
|
Source : Recensement
Général de la Population et de l'Habitat de 2002
* (1)
: Recensement Général de
la Population et de l'Habitat 2002 (RGPH 2002)
*
(2) :
http://ortcoop.free.fr/beninformel/52.html.
Page 1
* (1):
K. ASHAGRIE : statistics on working children and
hazardous child labour in brief, Geneva, ILO-IPEC, april, 1998.
* ( 1) :
CMT : Rapport annuel sur les droits des travailleurs, juin
2002. Chapitre 1. p.4
* (3) :
MALDONADO Carlos et autres auteurs : Le secteur
informel en Afrique face aux contraintes légales et
institutionnelles, Genève. BIT. 1999. p.114
* (4) :
CMT : Rapport annuel sur les droits des travailleurs, juin
2002. Chapitre 1. p.4
* (5) : :
RATNAM C.S. Venkata, les syndicats dans le secteur non
structuré : quelques repères », Education
ouvrière, n° 106-107, 1999, p. 29.
* (6) :
Dr. BIRCHALL Johnston: organizing workers in the informal
sector, A strategy for Trade Union - Coopérative Action, ILO, working
Paper 2001.
* (7) :
CMT : Rapport annuel sur les droits des
travailleurs : Travailler dans l'informel, une chance, un risque, un
défi. Juin 2002, Chapitre1, p.2
* ( 8) :
ibidem p.4
* (9) :
CMT : Dans le syndicat et le secteur informel,
1998, pp. 10-12.
*
(10) : BIT : Rapport
VI, Travail décent et économie informelle, conférence
internationale du travail, 90ème session. Genève. BIT.
2002, p.50
* (11):
BIT: Loc. cit.
* (12): Ibidem
p. 48
* (13): Ibid.
p. 50
* (14) :
Les syndicats et le secteur informel : pour une stratégie
globale, document d'information pour le colloque international sur
l'organisation des travailleurs du secteur «non structuré»,
Genève, 18- 22 octobre 1999, p.15
* (15) :
BIT : Rapport VI, travail décent et
économie informelle, conférence internationale du travail,
90ème session, Genève, BIT. 2002. p. 4
*
(16) : MALDONADO
Carlos, C. H. CASSEHOUIN, D.
M. MOUSTAPHA: Programmes d'études et
d'enquêtes sur le secteur informel (PEESI - BEN / 87 / 023) BIT.
PNUD. INSAE, 1996, p. 20.
*
(17) : MALDONADO
Carlos, C. H. CASSEHOUIN, D.
M. MOUSTAPHA: Programmes d'études et
d'enquêtes sur le secteur informel (PEESI - BEN / 87 / 023) BIT.
PNUD. INSAE, 1996, p. 21
* (18) :
CMT : Rapport annuel sur les droits des
travailleurs, 2002, Chapitre 3, p. 2.
* (19)
: MALDONADO Carlos et autres
auteurs : Le secteur informel en Afrique face aux contraintes
légales et institutionnelles, Genève, BIT, 1999, p.109
*
(20) :
CMT : Rapport annuel sur les droits des
travailleurs, 2002, chapitre 1. p.2
* (21) :
MALDONADO : Le secteur informel en Afrique face aux
contraintes légales et institutionnelles, op. cit., p.109
* (22) :
Intervention au Forum de l'Alliance Mondiale des Villes contre la
pauvreté, Huy (Belgique), 10 Avril 2002.
* (23):
cité par GRAWITZ Madeleine:
Méthode des sciences sociales, Paris, Dalloz, septième
édition, 1986, p. 878
*
(24) : préambule de
la recommandation n° 192 sur la promotion des coopératives
* (25) :
CMT:Rapport annuel sur les droits des travailleurs,
juin 2002, Chapitre IV P:1
*
(26) : En Inde, plusieurs instruments
législatifs notamment la loi sur le travail en sous-traitance, la loi
sur les travailleurs du secteur du tabac, stipulent que l'employeur principal
et le sous-traitant sont tenus « conjointement et
solidairement ».
Aux Etats-Unis, les avocats du travail
représentant 71 travailleurs thaïlandais du secteur du
vêtement qui avaient été maintenus pratiquement captifs
pendant sept ans ont soutenu, dans une procédure civile, que les
entreprises détaillantes qui avaient imparti la production à
l'atelier clandestin ainsi que les exploitants sur place de l'atelier
clandestin devaient être tenus pour responsables. La recommandation
n°184 sur le travail à domicile, 1996, contient le même
principe : le sous-traitant mais aussi l'entreprise en tête de la
filière sont responsables de la protection des droits des travailleurs
à domicile.
* (27): Par
exemple, certaines unités au sein du BIT ont collaboré avec la
confédération internationale des syndicats libres (CISL) et les
secrétariats professionnels internationaux pour créer un dossier
de données pratiques destiné aux syndicats, dont le but est
notamment de sensibiliser les travailleurs de l'économie informelle en
particulier les femmes, à leurs droits et aux avantages qu'il y a
à s'organiser. BIT : Promoting gender
equality :a ressource kit for trade unions, Booklet4 :Organizing the
unorganized :Informal economy and other unprotected workers.
Genève, 2001
http://www.ilo.org/public/english/employment/gems/eco/tu/tu_toc/htm
*
(28) :BIT :
Rapport VI : Travail décent et économie informelle .
Genève, BIT, juin 2002. p.59
* (29) :
BIT : Rapport sur l'emploi dans le monde, la formation
dans le secteur informel, Genève, BIT. 1998-1999, p.2
* (30) :
Ibid. p. 39