TABLE DE MATIERES
DEDICACE
33
AVANT-PROPOS.
44
SIGLES ET ABREVIATIONS
55
TABLEAUX ET FIGURES.
55
0. INTRODUCTION
66
0.1. METHODOLOGIE.
1010
0.2. PLAN DU TRAVAIL.
1111
BIBLIOGRAPHIE RELATIVE A L'INTRODUCTION.
1212
PREMIERE PARTIE (I):
1313
LES VAISSEAUX DE L'INTERNATIONALISATION ECONOMIQUE DU
FOOTBALL.
1313
I. A. DEFINITION DU CONCEPT `INTERNATIONALISATION'.
1414
I. B. ORIGINES DE L'INTERNATIONLISATION ECONOMIQUE DU
SPORT.
1515
I.B.1. La poussée irréductible de la
mondialisation
15
I.B.2. La révolution du CIO
16
I.B.3. L'apport de la télévision
commerciale.
16
I.B.4. L'intérêt du sport aux yeux des
entreprises multinationales.
17
CHAPITRE 1. LES OPERATIONS PROPRES AU FOOTBALL.
1919
SECTION 1. LE TRANSFERT INTERNATIONAL DES
JOUEURS.
1919
Paragraphe 1. Définition du
transfert.
22
1.2. Le Transfert des joueurs dans le football africain.
24
1.3. Football business : l'Afrique vidée de ses
meilleurs éléments.
25
1.4. Football business : l'Afrique victime de sa
pauvreté matérielle.
26
1.5.a. Transfert : Source d'approvisionnement des clubs
en matières premières.
27
1.5.b. Commentaires.
30
Paragraphe 2 : Le marché d'achat et de
vente des joueurs : mercato.
40
2.1. Définition du mercato.
40
2.2. Transfert des joueurs : les perspectives
d'avenir
42
SECTION 2. LA MULTINATIONALISATION DU FOOTBALL
BUSINESS :
4949
L'IMPLANTATION A L'ETRANGER
4949
Paragraphe 1. La présence des clubs de football
à l'étranger.
50
1. A. PRESENCE A L'ETRANGER SANS INVESTISSEMENT.
5151
1.A.1. L 'Agent commissionné ou le recruteur
officieux.
51
1.A.2. L'Agent licencié de la
FIFA.
57
1.B. PRESENCE A L'ETRANGER AVEC INVESTISSEMENT.
5959
1.B.1. La création des centres de formation
pour jeunes joueurs :
59
confrontation entre l'humanitaire et le
business.
59
1.B.2. Le Paris-Saint-Germain et le Planete Champions
International de
60
Ouagadougou.
60
Paragraphe 2. Les projets d'investissement direct
étranger.
64
2. A. LA PARTICIPATION D'AJAX DANS GERMINAL BEERSCHOT
ANTWERPEN (GBA).
6565
2.A.1. Le pourcentage de 10 %.
65
2.A.2. L'implication dans la gestion du club
étranger.
65
2.B. AJAX D'AMSTERDAM ET AJAX CAP TOWN.
6666
SECTION 2. LE PRIX DE TRANSFERT DANS LE COMMERCE
INTERNATIONAL
6868
ENTRE LES CLUBS DE FOOTBALL DU MEME GROUPE.
6868
Paragraphe 1. Définition et hypothèse
d'application.
68
Paragraphe 2. La résolution de la question du
prix de transfert dans ce secteur.
69
CHAPITRE II. LES OPERATIONS INDUITES.
7070
SECTION 1. LES DROITS DE RETRANSMISSION : LA MANNE
DU SIECLE
7070
Paragraphe 1. Définition des droits de
retransmission.
70
Paragraphe 2. Bref rappel
historique.
71
Paragraphe 3. Droits de retransmission et
conquête des événements sportifs
72
internationaux.
72
SECTION 2. LE MERCHANDISING.
7575
Paragraphe 1. Définition
76
Paragraphe 2. Le merchandising comme une des
conséquences
77
de l'internationalisation du
football.
77
DEUXIEME PARTIE(II). INTERNATIONALISATION DU
FOOTBALL :
7878
ENJEUX ET PERSPECTIVES.
7878
CHAPITRE I : IMPACT DE L'INTERNATIONALISATION
ECONOMIQUE DU
7878
FOOTBALL SUR LES PAYS DEVELOPPES.
7878
SECTION 1. LA COTATION DES CLUBS EN BOURSE.
8080
Paragraphe 1. portée
80
Paragraphe 2. Evolution du football coté en
bourse.
81
SECTION 2. LA REVELATION DES DERIVES MARCHANDES DU
TRANSFERT.
8282
SECTION 3. AUTRES IMPACTS A SIGNALER.
8282
Paragraphe 1. L'industrie du sport.
82
Paragraphe 2. Internationalisation du football et
investissement.
82
Paragraphe 1. Le joueur africain, matière
première de haute qualité.
85
Paragraphe 2. Nécessité d'adapter la
législation régissant le football.
86
SECTION 2. IMPACT DE L'INTERNATIONALISATION
ECONOMIQUE
8787
DU FOOTBALL SUR LES CLUBS DU CONTINENT.
8787
Paragraphe 1. Au niveau de la gestion des
clubs : fonctionnalisation de la pratique du
football.
87
Paragraphe 2. Imitation du modèle de
financement des clubs de football européens.
88
2.1. Expérience du Merchandising par les trois grands
clubs congolais de Kinshasa :AS Vita Club, DC Motema Pembe et AS Dragons.
88
CONCLUSION.
9191
Ø Similarité des objectifs.
92
Ø Avantages des entreprises
multinationales.
92
Ø Recherche du contenu desdits avantages pour
les clubs de football.
93
DEDICACE
A ENDA, ma fille bien aimée et
homonyme de ma grand-mère ;
A ma paternelle et indéfectible affection s'ajoute,
chaque instant de ma vie, depuis ta naissance, le plaisir légitime de te
savoir lucide, cohérente et indéniablement intelligente :
« Aperi laborem patris » et, entres dans le cercle
des grands.
A te voir autant qu'à penser à toi, rejaillit
aussi automatiquement que continuellement en moi le sincère et
responsable devoir de t'offrir tout le meilleur spectacle de la vie qui
inspirera à toi et aux tiens propres, courage,
persévérance et espérance ferme, récompense
méritée d'incessants et utiles efforts,
A Kadzula Florentine O'ntor'a-baa, ma
mère
Brave et ingénieuse éducatrice ; jamais ne
s'effaceront de mon être profond les merveilles de tes tendres bienfaits.
Pour te rappeler l'heure sonnée de la récolte des fruits de tes
sacrifices, sans lesquels l'homme que je suis devenu n'aurait jamais dû
l'être,
A Olem Michelle, ma chère
épouse,
Fidèle, impassiblement patiente, conseillère,
infaillible soutien et première admiratrice de mes efforts; ici, je te
témoigne toute l'originalité de mon amour et, comme toujours, la
constance de sa fidélité. En signe de gratitude,
A vous tous mes soeurs et frères, nièces et
neveux, cousines et cousins, tantes et oncles, grand-mère, grand-tantes
et grand-oncles, pour votre chère et solide affection,
JE DEDIE CE MEMOIRE.
AVANT-PROPOS.
La fin de la rédaction de cette dissertation m'offre
l'occasion évidente et nettement immanquable de remercier de tout coeur
toutes les personnes sans lesquelles rien de tel n'aurait pu se faire au bon
moment. Je pense d'abord au Conseil Inter-Universitaire Flamand-Directorat
Général de la Coopération Internationale, VL.I.R,
auteur de la bourse d'études. Je formule le
voeu ardent et sincère de voir cette marque de coopération
continuer et rallumer toujours et encore plus haut la flamme des relations
scientifiques, naguère historiques entre la Belgique et la
République Démocratique du Congo.
Ensuite, vient le Prof. Dr D. Van Den Bulcke,
promoteur du mémoire. J'ai été profondément
ému par l'enthousiasme et l'ouverture intellectuelle de sa modeste
personne. Même pris par ses nombreuses tâches, tant
académiques qu'administratives, il ne s'est pas dérobé
à cette autre mission, celle de discuter du sujet, d'en suggérer
l'orientation et même d'en fournir la documentation. Qu'il daigne
retrouver ici, l'expression de ma totale gratitude. Enfin, j'offre une palme
spéciale au Prof. Dr Késenne Stefan, de l'UFSIA
et KUL, co-promoteur du mémoire. La promptitude avec laquelle il a
accepté de parrainer mes recherches, dans un domaine où il s'est
particulièrement distingué, m'a fort agréablement
touché. Déjà très occupé par son volume
horaire, il s'est néanmoins montré bien dévoué
à lire, et à formuler des remarques bien pertinentes, à
fournir la bibliographie et même à susciter en moi l'envie de ne
plus jamais laisser tomber sur ma route de recherche, le domaine du sport, dans
ses deux aspects de management et juridique. Je lui en sais sincèrement
gré.
Par ailleurs, je remercie tous les professeurs de
l'Université d'Anvers, spécialement ceux de
l'Institut de Politique et de Gestion du Développement. Ils ont
réconcilié en moi le langage autrefois "rébarbatif et
réfractaire" de l'économie, mais dont je ne regretterai ni la
connaissance ni l'utilité, avec ma formation et mon expérience de
juriste. A Greet Annaert et Nicole S., j'exprime toute ma reconnaissance pour
leur sens spontané de serviabilité.
De même, je remercie d'une part, tous les professeurs
et mes collègues Assistants de la Faculté de Droit à
l'Université de Kinshasa, mon alma mater, pour leur
soutien et encouragement qui ne passent pas inaperçus, et d'autre part
mes enseigants du Collège LANKWAN d'Idiofa, dont je
porterai haut et loin l'étendard. Ici et là, je remercie
très affectueusement, les Profs. Drs Léopold MAKOKO
MOYENGO (Polytechnique/Unikin), Roger BLANPAIN,
Godelieve CRAENEN, Frans VANISTENDAEL
(Droit/KUL),
Abbé Jean Pierre SIEME
(Théologie/Rome), Greg BAKANDEJA wa
MPUNGU (Droit/Unikin), Léonard MASHAKO MAMBA
(Médecine/Unikin), puis les Drs Jean Macaire MUNZELE
(Sociologie) et bâtonnier MATADI NENGA (Droit)
pour toutes les marques de sympathie et d'amitié me
témoignées. Il en est de même des familles Luc et
Gertrude TIMMERMANS, Adam MAZINGA et OKWALA.
A mes amis de toujours et aussi aux collègues que les
circonstances d'études m'ont fait rencontrer en terre
hospitalière d'Anvers, une vraie amitié n'oublie ni les bienfaits
ni les sages conseils et reproches. De vous, j'en suis constamment
bénéficiaire. Puisse cette amitié internationale subsister
à toutes les vagues du reste de temps de notre vie active.
Je pense particulièrement à vous MIKOMO
L., LALONG M., ANEM P., EFUR
R., NGYELE P., SHAMAVU A.,
KWILU M., MBUNGU M., NGOMA D.,
LUKANDA B., HUARACHI J., NCHWEKI
P., CUVELIER J., DAEMEN I.,
DIAKO S., TSHIMANGA Cl., KOLOKO
L., AZOR M.J, YAGUNDU F,
ANUCHA, BAKOYE S., MASUMU J., KOFFI
Mariette, BARO H, ALEMAN B.
P et MEGOUO B.
SIGLES ET ABREVIATIONS
CAF : Confédération africaine de
football.
CIO : Comité International Olympique.
CONCACAF : Confédération de Football
Association d'Amérique du nord et du Centre.
FECOFA : Fédération congolaise de Football
Association.
FIFA : Fédération Internationale de
Football Association.
UEFA : Union des Associations européennes de
Football.
UNPF : Union Nationale des Professionnels du Football.
URBSFA : Union Royale Belge des Sociétés de
Football Association.
TABLEAUX ET FIGURES.
Tableau I : Les footballeurs dans le
monde.......................................................P. 28.
Tableau II : Les footballeurs professionnels dans le
monde....................................p. 28.
Tableau III : Les clubs européens les plus
riches................................................P. 29.
Tableau IV : Les 15 riches clubs
d'Europe.......................................................P. 30.
Tableau V : Aperçu général des
transferts en Belgique(saison 2000-2001).............Pp.32-37.
Tableau VI : Salaires des joueurs de Premier League anglaise
de football...................P. 47.
Tableau VII : Les dix plus gros transferts de l'histoire du
football business................ p. 48.
Tableau VIII. Liste partielle des négociateurs des
transferts des joueurs congolais.........p. 55.
Tableau IX : Droits de retransmission de neuf
éditions du Mundial........................ ...p.75.
0. INTRODUCTION
Les firmes multinationales, auxquelles a toujours
été attribuée, à tort ou à raison, la
capacité de prolonger l'exploitation de leurs activités à
l'étranger, ne sont plus, malheureusement, les seuls acteurs
économiques à s'affectionner l'épithète
d'international. En d'autres mots, elles ne sont plus les seules à
pouvoir tirer avantage de l'élargissement des marchés, ni
à se buter aux obstacles, toujours aussi inhérents à la
mondialisation. Engin de collusion et de recentrage des intérêts
entre plusieurs acteurs, la mondialisation, comme le fait remarquer
l'économiste nigérian, OKIGBO P. (1999, pp. 101-102), est
évidemment, un processus qui plonge ses racines dans les temps les plus
anciens. Il ne faut pas avoir le regret de caserner les conquêtes de
César, à travers ses nombreux combats, à la fois glorieux
et parfois ternes, dans la recherche de ce qui rapprocherait le monde, à
commencer par l'espace européen. César a donc tracé les
jalons de ce que les économistes de l'école
néo-libérale allaient exploiter et mener à bien, à
savoir, la mondialisation. Le sport, spécialement, «le sport
professionnel n'échappe pas au mouvement de globalisation et de
mondialisation qui touche le monde économique »,
écrivent BAYLE Emmanuel et DURAND Christophe (2000, p.154). Bien plus,
renseigne Jean Jacques GOUGUET (2000, p.5), même si
« l'activité sportive a acquis de longue date une dimension
internationale (les jeux olympiques par exemple), mais les formes nouvelles de
la mondialisation sont entrain de bouleverser radicalement les modalités
d'organisation du spectacle sportif », surtout le mariage
sport-entreprises multinationales.
En fait, les relations entre les firmes multinationales et le
sport, souvent discrètes, mais toujours présentes, ne sont pas
qu'anciennes. BOURG et GOUGUET (2000), parlent d'une « interaction
entre des firmes multinationales, d'un côté, et le mouvement
sportif, de l'autre ». Elles se sont aussi resserrées de plus
belle, ces derniers temps, au point de transformer l'univers de spectacle en un
monde d'affaires, tout aussi prospère que rentable. Pour qualifier cet
effort de conversion du spectacle en business,
l'expression «métamorphose » n'est pas du tout
exagérée.
C'est vrai que certaines entreprises multinationales se sont
fait un nom dans la fabrication et la commercialisation des équipements
sportifs, et ce, à travers la planète : ADIDAS, NIKE,
REEBOOK, pour ne citer qu'elles, passent pour celles qui avaient su exploiter
depuis, et à temps, la bague de noces, encore vierge, entre sport et
business.
Actuellement, aux côtés de cette
catégorie, plusieurs autres expérimentent et consolident leur
percée dans l'univers commercial. Car, ce dernier a fini par hanter,
sans grand effort de résistance de leur part, les clubs et
fédérations sportifs, et avoir raison d'eux, à l'instar de
l'irrésistible pesanteur, impitoyable en face de tout objet en surface.
Comment ne pas prêter attention à cette évolution, quand,
comme l'indique ANDREFF Wladimir (2000), «cotation des clubs en bourse,
transformation des structures juridiques des clubs professionnels en
entreprises commerciales, ouverture du capital des clubs aux opérateurs
extérieurs au sport, diversification des produits des
clubs(merchandising) et privatisation du financement des clubs » sont
très usités par les milieux sportifs !
Le sport a, ainsi, cessé d'être l'exclusif
effaceur, qu'il était depuis lors, de la soif ludique et spectaculaire
des athlètes d'une part, et des spectateurs d'autre part. En attendant
de trouver une cause à ce revirement, l'on pense déjà que
l'entrée des privés dans le mouvement sportif et les rentes
financières qu'elle serait capable de générer ne sont
pas étrangères à la métamorphose du football
spectacle en football business. BAYLE et DURAND (Ibidem),
précités, renchérissent que «cette tendance
à la privatisation du sport professionnel, qu'elle s'accompagne d'une
prise de pouvoir formelle ou d'une pression telle qu'elle confère
à l'opérateur extérieur un contrôle très
large du système, constitue un élément de l'organisation
et du financement du sport professionnel ».
C'est donc, sans ambages, qu'analysant lucidement le
phénomène, BOURG (1998) esquisse que « le sport
est devenu l'objet d'enjeux financiers considérables liant quatre
acteurs majeurs à un niveau international : sponsors, diffuseurs,
fabricants, agences de marketing ».
Les années '80 du siècle dernier sont
décisives dans la façon dont le sport, en général
et le football, en particulier vont se comporter. Le football, va continuer
à s'adosser sur ses principes, en se frayant, en même temps, le
chemin lucratif, guère, lui imputable.
Mais, parler du sport est un sujet, certes, attrayant,
seulement qui risque de paraître trop large et trop vague en fin des
comptes. Il existe tout un arsenal de disciplines sportives, auquel il faudra
à la longue, consacrer de nombreuses et riches études. Cependant,
dans le cadre de la présente analyse, nous nous limitons au football,
aux stratégies de son internationalisation et à ce que celle-ci
pourrait être à même d'apporter au développement des
pays en développement d'Afrique, eux qui semblent constituer un des
itinéraires les plus prisés des opérations
d'internationalisation du sport sous examen. Quelques raisons président
ainsi à ce choix.
Tout d'abord, le football reste l'un des sports les plus
populaires et les plus spectaculaires au monde. Ensuite, même dans des
pays où sa signification était réduite au simple spectacle
des quartiers moins fréquentés par certaines classes sociales,
aux Etats-Unis par exemple, il acquiert de plus en plus de l'ampleur. Le
déroulement de la phase finale du mondial 1994 en terre
américaine n'en est qu'un des signes éloquents.
Enfin, l'infiltration des milieux d'affaires privés lui
imprègne une dimension à la fois sociale et
économico-financière non négligeable. Ses instances
veillent journellement à l'expansion de sa pratique, sans trop faire
apparaître l'aspect financier qui lui colle certainement et manifestement
à la peau. Le choix du Japon et la Corée du sud, auxquels
pourrait se joindre la Corée du Nord serait un pas vers « la
terre promise d'affaires du XXIème siècle »,
à savoir, la Chine populaire.
La preuve est donnée par l'hyper-médiatisation
dont il est l'objet et l'attention particulière qui lui est
accordée de la part des autorités aussi bien que de la part des
populations. En effet, le moindre constat possible qui puisse encore frapper
fait état de ce que depuis les années '80, le football est devenu
un phénomène socio-économique et financier indiscutable,
auquel des études sont de plus en plus consacrées. Cette tendance
vers une recherche appliquée au football n'est cependant pas encore
proportionnelle à la promotion médiatique dont il
bénéficie.
La télévision, par exemple, dessine chaque jour
les contours de ses idylles avec le sport, et le football en particulier.
Captivant le souffle des téléspectateurs, de plus en plus
nombreux, elle s'évertue à longueur des journées, à
chasser, puis à livrer au public, à des heures d'audience
massive, des images et des sujets d'actualités du football :
résultats des championnats nationaux, des matches des ligues, des
matches de qualification pour des compétitions internationales, le
mouvement des transferts des joueurs et la chronique de leurs montants, le
hooliganisme et aussi le dopage de quelques-uns.
A première vue, la spécialisation en la
matière de certaines chaînes de télévision
privées laissait indifférents même les passionnés du
football, sans qu'apparût en clair le vaste commerce qui s'y
déroulait. Datant de plusieurs années aux Etats-Unis, ce commerce
avait réussi à prouver ses prouesses. QUIRK J. et FORT R.D, que
citent Bayle et Durand (2000, p. 152) montraient également que "le
glissement de la propriété historique des
associations (sportives) vers des opérateurs privés est une
tendance perceptible en Europe qui a, à l'inverse, toujours primé
aux Etats-Unis ".
Aujourd'hui, la passion qui endiablait autrefois les fans du
football a débordé ce contexte de plus en plus
rétréci et caricatural, pour pavoiser et atteindre les
politiques, les financiers et les industriels de ce monde.
Certes, le sport fait partie intégrante de la
société, même si son évolution de ces
dernières années donne l'impression de lui ôter son
rôle social, pour ne lui en reconnaître que celui de politique
économique et financière.
A plus d'un titre, il est acquis, comme l'écrivent
ILLKA Vuori et al, (1995, p. 15), que « le sport peut être
directement un facteur de bien-être social en procurant des loisirs, en
améliorant la forme physique et en favorisant l'insertion des individus
dans la société et leur maintien en bonne santé. D'autre
part, l'élan économique qu'apporte le sport contribue à la
consommation, au revenu, à l'emploi et au développement
économique local, régional», pourquoi pas continental !
Cela étant, la crainte que l'infestation du milieu des affaires dans le
sport, sans possibilité de sauver la face éthique «ne se
traduise par une perte de la souveraineté du pouvoir sportif »
(Bourg et Gouguet, 2000), ne semble pas moins préoccupante.
Si les transformations du football réjouissent autant
qu'elles inquiètent d'autres continents, comme l'Europe, moins
devraient-elles être écartées des analyses dans le
contexte africain. Ce continent a un tel retard de développement de ses
habitants qu'il a, vis-à-vis des générations à
venir, un véritable défi à lancer. (KAMANDA wa KAMADA,
1976). Le football, un des éléments banaux, pourrait, sans
vraiment avoir rang de panacée, contribuer à sa manière au
relèvement de ce défi, car, autrement reviendrait à se
demander avec Axelle KABOU (1991) « si l'Afrique refusait le
développement », ne serait que sur cet aspect. Même si,
ailleurs, les efforts à entreprendre sont énormes,
développement de grands projets économiques, avec la preuve que
l'Afrique ne cesse de donner sur ses performances, en matière de
football, il y a lieu de croire, véritablement, à une dimension
de « l'anti-dérive de l'Afrique en désarroi »
(NDESHYIO Oswald et al, 1985).
Le sujet intéresse donc les pays en
développement, spécialement ceux d'Afrique qui regorgent de
milliers et de milliers de jeunes gens, sans travail mais pétris de
talent dans le football, lequel, du reste, pourrait seul, leur offrir les
perspectives d'une dignité et d'une vie pleine de sens et de
vitalité.
En fait, parlant de l'Afrique, M. KOFFI Anan (1998, p. 26)
constatait que bien que « tous les pays appartiennent
désormais à un système commercial
international ...nombre d'entre eux y sont mal intégrés et
d'autres restent trop vulnérables face à son instabilité.
En Afrique, le maintien d'une croissance soutenue à long terme
dépendra pour une large part de la capacité qu'auront les pays de
diversifier leurs exportations ». A mesure que le football, à
l'instar de tous les sports, peut être comptabilisé et faire
l'objet de calcul dans la balance commerciale des Etats, il mérite toute
l'attention des dirigeants politiques et économiques pour le canaliser,
ainsi que toute l'activité économique qui en résulte, vers
cette diversification.
« L'Afrique est à la croisée des
chemins, observait Alassane OUATTARA (1999, p. 2), mais elle doit
s'intégrer pleinement au village universel qu'est devenue notre
planète...elle doit aussi redoubler d'efforts pour
accélérer la croissance en stimulant l'investissement
privé par une ouverture plus grande des marchés et des
échanges commerciaux ».
L'investissement privé présente, en Afrique, un
bilan controversé. A commencer par la réduction crescendo des
flux naguère lui réservés, particulièrement
« le faible niveau des flux des investissements étrangers
directs vers l'Afrique » (CNUCED, 1998, p. 11). Il a, dans les
secteurs pétrolier et minier, souvent été
considéré comme source des conflits civils et d'appauvrissement
des populations locales. Les accusations par le mouvement pour la survie du
peuple Ogoni (MOSOP) contre la Royal Dutch Shell au Nigeria ou celles
formulées par les populations de la République
Démocratique du Congo et de la République du Congo,
respectivement contre Chevron-Gulf-oil company, Elf et les multinationales
américaines sont du genre à attester l'acception. La
République Démocratique du Congo subit une atroce guerre qui la
rend simplement victime de ses richesses minières.
Il n'est pas pourtant évident de conclure ainsi avec
l'investissement privé, déjà possible et perceptible dans
le monde de football. C'est l'un des rares domaines où les Africains ne
se voient pas fermer le chemin de l'étranger en tant que travailleurs.
Le football prend un peu le contre-pied de ce que « les pays
développés ont souvent fermé leurs marchés aux
produits africains compétitifs. » (KOFFI Anan, 1998, p.
26).
Puisque notre étude voudrait s'inscrire dans le droit
fil des arguments optimistes, il s'avère pertinent de se demander si
cela ne paraît pas illusoire, tant que les indicateurs
macro-économiques surtout à l'ère de la globalisation,
notamment sur le continent africain ne sont pas de bon
augure : « 85% du commerce mondial se fait dans la
triade : Union européenne, Etats-Unis et Japon. La part de
l'Afrique est en dessous des 4% et n'a jamais été aussi
basse. »(Isabelle PLUVINAGE, 1999, p. 9). Il est beaucoup plus
réjouissant de voir les choses autrement.
0.1. METHODOLOGIE.
Les sciences sociales n'ont pas de méthodes qui soient
obligatoires, si l'on voulait mener telle ou telle autre étude.
« La méthode de travail ne se présentera jamais comme
une simple addition de techniques qu'il s'agirait d'appliquer telles quelles
mais bien comme une démarche globale de l'esprit qui demande à
être réinventée pour chaque travail. » Ainsi,
dans le domaine de recherche en sciences sociales, « les
dispositifs d'investigation varient considérablement d'une recherche
à l'autre ». ( QUIVY Raymond et CAMPENHOUDT Luc Van, 1988, pp.
3-5). Cela étant, il va sans dire que la nôtre, présente,
s'inscrit dans le schéma du raisonnement analytique d'un
phénomène nouveau, à savoir l'internationalisation
économique du football business. Nous nous efforcerons de décrire
le fait et de le comparer à la démarche des entreprises
multinationales.
0.2. PLAN DU TRAVAIL.
La présente étude se consacre au fait que le
sport, et le football, spécialement continue à se vendre et
à s'implanter dans des structures commerciales, au-delà des
frontières des agents qui en sont les principaux acteurs. Non seulement
que les privés s'en servent en tant que support pour rentabiliser leurs
investissements, mais aussi, les clubs de football et les
fédérations y afférentes eux-mêmes sont
entrés en scène en devenant ces investisseurs qu'ils
n'étaient pas il y a quelques temps.
Les causes de cette contagion du mercantile sont multiples, et
font l'objet, actuellement de plusieurs forums de réflexion. Toutefois,
nous n'avons nullement la prétention d'épuiser un thème
encore vierge et parfois difficile à défricher, faute de
littérature disponible et de données fiables. Voilà
pourquoi, la plupart des références sont les extraits des
journaux spécialisés du sport et des sujets des articles
rédigés sur le sport.
La première partie s'attelle aux stratégies ou
canaux de l'internationalisation. Ici, seront abordées tour à
tour, mais sous forme de chapitres, les opérations propres au mouvement
football (Chapitre 1) notamment le transfert des joueurs de football (section
1), la création des centres de formation à l'étranger
(section 2), l'investissement direct étranger (section 3), et les
opérations induites (Chapitre 2), à savoir les droits de
retransmission (section 1), le merchandising (section 2).
La deuxième partie, quant à elle, examinera
l'impact de cette internationalisation, d'abord sur les pays dont sont
originaires les clubs riches de football(chapitre 1), ensuite sur le
développement des pays en développement, considérés
comme partenaires incontournables du phénomène. Cette incidence
sera analysée tout d'abord au niveau des clubs locaux (section 1), des
joueurs (section 2) et du pays (section 3.)
Enfin, dans la conclusion, nous suggérerons la prise de
certaines mesures susceptibles de corriger les dérives marchandes de
l'internationalisation du football.
BIBLIOGRAPHIE RELATIVE A
L'INTRODUCTION.
ANDREFF Wladimir (2000), Les finances du sport et
l'éthique sportive,
in Revue d'économie financière.
BAYLE E., DURAND C., (2000), Sport professionnel et
représentation nationale : Quel avenir ? , in Reflets et
perspectives de la vie économique, Tome XXXIX-2000, n°2-3
BOURG (1998), Sports business et règles du jeu, in
Sociétal, n° 20, juin. BOURG et GOUGUET, (2000),
Economie du sport, Paris, La Découverte.
CNUCED (1998), Rapport de la commission de l'investissement,
de la technologie
et des questions financières connexes sur sa
troisième session, Genève, 14-18 septembre 1998.
GOUGUET J-J, (2000), introduction in Reflets et
perspectives de la vie économique, sport
et mondialisation. Quel enjeu pour le XXIème
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PREMIERE PARTIE (I):
LES VAISSEAUX DE L'INTERNATIONALISATION ECONOMIQUE DU
FOOTBALL.
Personne ne connaît exactement l'ampleur du commerce du
sport, pas plus que celle de tous les échanges commerciaux
réalisés par et pour le football. Mais, on peut apprendre de
Monti Mario, Commissaire européen en charge de la Concurrence, dans son
discours du 17 avril 2000, que «la politique concurrentielle se sent
concernée parce que le sport et le business qui s'y rapporte est
désormais un grand business...La croissance dans la dimension
économique du sport ces dernières années, constate-t-il,
est spectaculaire. Deux millions d'emplois ont été directement ou
indirectement créés par l'industrie des sports. C'est un
excellent développement. »
Sous un style admirateur, non dépourvu
d'inquiétudes, il fait état de ce que «surprenante, la
valeur des droits de retransmission a atteint cette augmentation, à
l'exemple des droits de retransmission des Jeux Olympiques de Sydney vendus
pour un milliard trois cents millions de dollars américains, soit cinq
fois plus le prix pour les droits de retransmission des Jeux Olympiques de Los
Angeles ». Enfin, il fait part de ce que : « I was
very interested to read in the newspapers details of a revised three-year deal
being offered by English Premier League, and that this was being seen as worth
as much as pound billion in total, partly reflecting the new internet
possibilities. » MONTI Mario (2000).
Cependant, de plus en plus, quelques études se penchant
sur le domaine rapportent des chiffres. Bourg J.F (1998, p. 29), estime que
«le sport représente 1 à 1,5 % du PIB dans les pays
développés et 2,5 % du commerce mondial. A l'échelle de la
planète, son chiffre d'affaires est estimé à 2.500
milliards de francs français ». En remuant les chiffres et les
commentaires y relatifs, il se dégage que les transactions commerciales
et financières autour du sport, et donc du football,
génèrent d'énormes flux d'argent qu'il ne serait pas
intéressant de sous-estimer a priori. L'argent du sport procède
notamment d'une série d'activités qui se résument en
termes clairs en la création d'emplois, en paiements des salaires
élevés aux joueurs de football, en coûts exorbitants des
droits de retransmission TV et radio, en mécénats, etc. Ainsi,
on peut distinguer quatre types d'activités qui, rattachées au
football, en font un business réel et en accompagnent
l'internationalisation. Il s'agit du transfert des joueurs, de la
création des centres de formation pour jeunes joueurs, et de la prise de
participation dans le capital de certains clubs d'une part, et de la vente des
droits de retransmission TV, du sponsoring et de la production des
équipements sportifs ou non aux couleurs des clubs, d'autre part.
Toutefois, demeure, en suspens, la question de savoir ce qu'il faille entendre
par internationalisation du football.
I. A. DEFINITION DU CONCEPT
`INTERNATIONALISATION'.
L'internationalisation est indifféremment
utilisée pour signifier globalisation ou multinationalisation. Mais, au
sens strict, des nuances apparaissent, qui en élaguent la confusion. En
vogue, ces derniers temps, « la globalisation, ainsi que le
précise MUCCHIELLI(1998, p. 97), peut s'entendre de façon
similaire à la mondialisation. Dans ce sens, renchérit-il, la
firme considère le marché mondial comme un seul et même
marché
(Lancement de produit simultanément sur les trois
grands continents : Amérique- Asie- Europe), dont
l'intégration serait particulièrement poussée. »
Cette logique rencontre celle de l'OCDE(1993, p. 7), pour qui « la
globalisation peut alors se définir comme l'élargissement
et l'approfondissement des activités des entreprises visant à
produire et à vendre des biens et des services sur un plus grand nombre
de marchés ». Cette définition rejoint celle qu'en
donne GROU Pierre(1997, p. 116) qui, de son côté, entend
par « multinationalisation d'une entreprise- ou parfois
internationalisation- le fait qu'elle ait installé au moins une filiale
de production en dehors de son territoire national d'origine ». Dans
le même ordre d'idées, on peut noter avec EDGARD P. HIBBERT(1997,
p. 34), que « le processus d'internationalisation, décrit la
séquence dans laquelle évolue une entreprise d'une organisation
nationale, servant un marché local relativement homogène, pour
devenir une exportatrice active, et par voie de conséquence une
corporation internationale servant un grand nombre de marchés
multinationaux et culturels divers. ». Enfin, SKLAIR Leslie
(2000, p. 344) complète que « la
globalisation est une idée relativement nouvelle en sociologie, bien que
dans d'autres disciplines comme les affaires internationales et les relations
internationales, elle signifie la même chose... La théorie du
système global est basée sur le concept de pratiques
transnationales, pratiques qui traversent les frontières des
Etats ». Mais, ce marché, le disions-nous au début, ne
s'éloigne plus toujours du sport. Les marchés du sport se sont
mondialisés et progressivement intégrés. Ils se sont
internationalisés, dans ce sens que, se basant sur les acquis de la
poussée de l'économie mondiale, le sport y découvre des
éléments qui lui assurent une expansion au-delà des
frontières des Etats, qui pis est, loin du carcan de son objet d'antan.
Ainsi, l'internationalisation économique du sport peut se concevoir dans
un angle plus général comme le processus par lequel les
activités sportives poursuivant des objectifs marchands,
débordent des frontières nationales des Etats des clubs qui les
mènent et s'opèrent à l'étranger ou en rapport avec
l'étranger. Il s'avère déjà préoccupant de
préciser que la multinationalisation des activités des clubs ne
s'inscrit que moins dans le schéma de la production des biens
matériels que dans celui des services. La thèse selon laquelle
« les services étaient regardés comme amorphes,
improductifs, comme un système industriel dont la valeur n'était
pas totalement incluse dans le PNB de beaucoup de pays ou dans les statistiques
de commerce de la plupart des pays jusque dans les années
1970, » ayant été combattue, les résultats des
travaux et recherches admirent depuis les années 1980,
que « théoriquement, le commerce des services procure
à quelques exceptions près, les mêmes droits d'avantage
comparatif et les mêmes gains que ceux provenant du commerce des
biens ».( DUNKLEY G., 2000, pp.177-175). Ainsi par exemple, le fait
qu'une équipe de football s'engage à former des jeunes joueurs
dans un pays étranger ou qu'elle participe dans le capital d'une autre
équipe locale ne se prêterait pas à l'idée d'une
activité de production de biens, mais bien plutôt des services.
I. B. ORIGINES DE
L'INTERNATIONLISATION ECONOMIQUE DU SPORT.
La nature envoûtante de l'économie moderne,
fondée sur la globalisation n'a laissé aucune chance aux sports
de se développer désormais loin de son emprise. Bien au
contraire, elle semble constituer une des principales causes de
l'internationalisation du sport en général, et du football en
particulier. Parlant de l'origine de la multinationailsation industrielle, GROU
P.(ibidem) fait remarquer que : « une taille plus
importante de capitaux à valoriser commande un espace de vente plus
large. A partir de ce constat, les espaces nationaux des pays
industrialisés, particulièrement les espaces nationaux
européens, sont devenus trop étroits. Les firmes ont eu
intérêt à se délocaliser dans d'autres pays
industrialisés, et le phénomène de multinationalisation
est progressivement devenu la règle », à laquelle, le
sport, pour sa part, n' a pas pu échapper. Alléchées par
l'odeur de l'argent -même si Vespasien, l'un des douze Césars de
l'Empire romain en pense le contraire-, les institutions sportives ont
dû réaménager les règles des jeu. La pression
qu'elles subirent procède de la mondialisation, de l'invasion du sport
par la télévision commerciale et par le rôle d'incitant que
jouent les magnats des entreprises multinationales dans le mouvement
sportif.
I.B.1. La poussée
irréductible de la mondialisation
En se référant à ce qui est
affirmé ci- haut, il se constate que le sport a connu une profonde
métamorphose qui revêt trois caractéristiques : la
mondialisation des images, la commercialisation des spectacles, la
professionnalisation des athlètes. Voilà qui fait constater
BOURG( 1998, p. 29 que « partout, en effet, en cette fin de
siècle, le sport occupe une place centrale dans l'imaginaire collectif.
Partout également, l'économie de marché s'impose comme le
nouveau mode de régulation d'une pratique initialement fondée sur
un esthétisme, une éducation et une morale». Les
conséquences sont aussi calculées par la FIFA et le CIO, auteur
d'une grande révolution.
I.B.2. La révolution du
CIO
Ce développement, quasi unanime du mouvement sportif,
à l'échelle planétaire, est attribué au fait
qu ` « au début des années quatre-vingt, le
Comité International Olympique a pris deux décisions qui ont eu
un impact considérable sur la pratique du sport. D'une part, le CIO a
ouvert les jeux à la participation de tous les athlètes, sans
faire de distinction entre amateurs et professionnels. D'autre part, il a
introduit le système de parrainage commercial des jeux, ouvrant ainsi la
voie à une commercialisation généralisée de toute
l'activité sportive. » (Commission européenne, 1998,
p.8).
En d'autres termes, explique BOURG (op. cit., p.
30), « l'émergence d'un ordre sportif marchand et
mondialisé au début des années quatre-vingt résulte
de la disparition de deux verrous institutionnels qui, durant près d'un
siècle(1896- 1980), ont régi l'éthique de
l'olympisme : la gratuité de l'effort athlétique, avec la
fin de l'amateurisme en 1981 d'une part, l'impossibilité d'exploiter
commercialement les symboles des JO, supprimée en 1986, d'autre part.
Par ailleurs, le passage d'une vente locale( négociation avec chacun des
197 comités nationaux olympiques) à une vente mondiale( accord
global de parrainage avec le CIO) a ouvert l'ensemble des marchés aux
sponsors en simplifiant les tractations. Ce décloisonnement contribue
à l'intégration des économies nationales dans une logique
mondiale », où la télévision commerciale(
privée) se révèle comme une compagne indispensable dans
tout le cycle du produit sportif.
I.B.3. L'apport de la télévision
commerciale.
Gisement quasi inépuisable d'images, de sensations et
d'émotions, le sport a intensifié ses relations avec la
télévision, permettant une diffusion de plus en plus large du
spectacle sportif qui correspond à une demande forte des
téléspectateurs. « Cette progression, glisse CHABAY
Olivier( 1999, p. 10), provient non pas de l'augmentation du temps
consacré au sport par les grandes chaînes hertziennes existantes,
mais par l'arrivée de nouvelles chaînes qui lui consacrent sur
leurs grilles de programme soit une part plus importante( dans le cas de Canal
+), soit l'intégralité pour les chaînes
thématiques(Eurosport) ». Les questions relatives aux rapports
entre le sport et la télévision sont devenues cruciales. Une
attention particulière y est depuis accordée.(Johnson, 1986, pp.
38-80), ( Kinkema K. et Harris J, 1998, pp. 27-56), ( Silk M. L & Amis J,
2000, pp.267-292).
« La télévision, étant
donné aussi l'importance des communications commerciales dans le domaine
sportif, représente la première source de financement du sport
professionnel en Europe » (UFA Fussball Studie 1998, Hamburg). Un
événement sans télévision risque de
disparaître, la présence de la télévision assurant
des recettes par la voie des sponsors et de la publicité. Elle donne
à l'événement une dimension universelle et les
caractéristiques du spectacle offrent un monde d'appartenance,
d'identité et de mythes.
Fondée sur la logique de la conquête de chiffre
d'affaires et d'audience, la globalisation intègre le sport dans sa
stratégie de conquête culturelle de nouveaux territoires.
Coca-Cola aide le football chinois à se professionnaliser, Nike s'assure
de la promotion du basket en Inde et Marlboro la formule I en Russie.
Assurément, la mise en mouvement de cette
mondialisation provient du rôle de plus en plus croissant de la
télévision dans ce secteur. La télévision a
transformé le stade en un village global. Les exploits des footballeurs
lors de la Coupe du Monde ou des finales des coupes continentales ou olympiques
sont suivis partout dans le monde. Avec les scores d'audience attendus, 37
milliards de téléspectateurs, le sport devient un vecteur de
communication pour les entreprises désirant améliorer leur image,
conforter leur implantation internationale et obtenir de nouveaux
débouchés.
Dans leur ouvrage collectif, BOURG et GOUGUET (1998, p. 260)
pensent même que « le sport professionnel serait, sans les
droits versés par les télévisions, condamné au
déficit. » Cela traduit la forte dépendance des sports
professionnels au regard de la télévision.
Mais, dans tous les cas, l'intérêt que
représente le sport aux yeux des entreprises multinationales rend
irrévocablement réalisable l'internationalisation
économique du sport.
I.B.4. L'intérêt
du sport aux yeux des entreprises multinationales.
A quelques exceptions près, les relations entre le
monde sportif et les milieux d'hommes d'affaires sont très anciennes.
BAYLE et DURAND (2000, p. 150) y voient plutôt une espèce de
« cohabitation de compétitions organisées par des
opérateurs privés et l'émergence de
fédérations historiques nationales et internationales ayant en
charge certaines grandes compétitions( championnats nationaux,
continentaux ou mondiaux) ».
En Europe particulièrement, le football constitue un
terrain privilégié d'investissement pour de nombreuses
multinationales. Or, celles-ci, comme leur nom l'indique, ne se
défissent que par rapport aux territoires étrangers.
Ainsi, Fiat est depuis la fin du XIXème siècle
propriétaire du club italien de la Juventus de Turin, le groupe chimique
Bayer depuis 1904 du club allemand de Bayer Leverkusen, Peugeot préside
aux destinées du club de football de Sochaux, Philips est
propriétaire de PSV Eindhoven, Amstrad se charge de Tottenham,
International Management Group de Benfica de Lisbonne, Canal Plus de
Paris-Saint-Germain et du club suisse de Servette.
Aux Etats-Unis, les principaux groupes de communication misent
sur le base-ball : Disney (California Angels), Time Warner (Atlanta
Braves), Tribune Company (Chicago Cubs), News Corporation( Los Angeles
Dodgers). Et la suite est encore longue. A travers, cette illustration, l'on
peut effectivement noter que les investissements réalisés par les
entreprises dans le monde sportif ne sont ni altruistes- ce qui ne
caractérise point un homme d'affaires-, ni philanthropiques. Le sport,
par delà sa spécificité, se voit tout
désigné à s'offrir le rôle bien prouvé de
support publicitaire, une sorte de marché à développer, un
produit d'appel ou de diversification, voire un investissement financier. Les
entreprises multinationales sont assurément devancières sur la
vaste opération de conquête du marché international. Elles
sont toujours à la quête de tout ce qui pourrait renforcer leur
pouvoir économique et financier. Le sport semble réunir l'atout.
Il permet de faire découvrir l'entreprise et sa gamme des productions au
public si nombreux devant la télévision. Or, au lieu de se faire
simplement annonceurs, la plupart prennent en charge des équipes de
football, comme sponsors ou s'en approprient.
Dès lors, face à l'accélération de
l'appétit financier des clubs et des fédérations sportifs,
ceux de football en tête, la route vers l'internationalisation semble
passer pour la moins mauvaise des solutions. Mais s'agissant des clubs de
football, signalons qu'ils recourent à plusieurs opérations, dont
la plus en vue est le transfert des joueurs d'une association nationale vers
une autre. Avec la création des centres de formation pour jeunes
joueurs, la stratégie même d'investissement direct
étranger, le transfert inaugure la série d'opérations
propres au football.
Chapitre 1. LES OPERATIONS
PROPRES AU FOOTBALL.
Les opérations propres concernent, à
l'opposé des opérations induites qui sont la conséquence
du développement économique de la pratique du football,
l'ensemble d'activités ci-dessous reprises qui sont effectuées en
vue de la survie et de la rentabilisation du sport. Elles sont telles, parce
qu'elles sont l'oeuvre directe des dirigeants du football et dictées de
la sorte par la logique sportive.
Section 1. LE TRANSFERT
INTERNATIONAL DES JOUEURS.
Si le football se veut une discipline sportive, le transfert,
lui, en a constitué au long des âges la branche marchande qui lui
confère aujourd'hui le caractère de business. Il en est devenu le
fer de lance de l'internationalisation. En fait, considéré
déjà par la Cour européenne de justice comme une
activité économique, et donc devant se soumettre à
l'application des dispositions légales posées par le
traité constitutif de ce qui est devenu l'Union européenne
(Affaires 36/74 Walrave contre UCI, in Rec. 1974, p. 1405 ; Affaire 13/76
Donà contre Mantero, Rec. 1976, p. 1333 ; Affaire 222/86 Heylens
contre Unctef, Rec. 1987, p. 4097 et l'affaire C-415/93 dite Bosman du 15
décembre 1995), le sport, et partant le football, sait intégrer
toutes les lois économiques en vue de l'accroissement du profit et du
succès. Le cas particulier du football est assez éloquent. Il a
su mettre sur pied un système de transfert qui, bien que sujet à
controverses ces derniers temps, lui a toujours réussi. Le
Président de la FIFA, M. Sepp Blatter ne l'a-t-il pas reconnu à
maintes reprises, en réaction aux propositions de la Commission
européenne tendant à faire réformer complètement le
fonctionnement de ce système actuellement en vigueur, jugé
contraire aux dispositions de droit communautaire européen.(
http://fr.sports. Yahoo.com/000901/1/mblz.html).
Le transfert est, aujourd'hui, un thème
inépuisable de discussions et de réflexion. Que l'on parle de
fédérations internationales, continentales ou nationales
d'automobile, de base-ball, de basket, de cyclisme, de football, de hockey, de
ski ou d'autres sports de cette envergure, qu'il soit question du
système de marketing des ligues de football et ou des clubs sportifs en
général, de la puissance financière des équipes
sportives ou de certains sportifs, individuellement, de la une de certains
quotidiens relayant à longueur des journées les
événements sportifs ou des dossiers déchirants les clubs,
des fusions et acquisitions dans le monde sportif, sans cesse revient la
question de transfert des joueurs. Ce n'est pas là une simple question
de mode.
Les problèmes posés par l'existence et le
fonctionnement du système de transfert des joueurs de football sont
l'occasion, ces derniers temps, de débats, souvent âpres et bien
pertinents. En fait, la commission européenne considère le
système en vigueur des indemnités, de plus en plus mirobolantes,
de transfert comme dégradant pour les joueurs et inhumain pour les plus
jeunes d'entre eux, jetés à la rue quand ils ne promettent pas de
juteuses plus-values financières. Pour la Commission, les footballeurs
doivent être régis par la loi commune voulant qu'un travailleur en
contrat à durée déterminée puisse le rompre quand
il le désire contre versement d'une indemnité égale au
montant des salaires qui lui resteraient à percevoir à la date de
la résiliation. Cependant, face aux critiques des commissaires
européens jugeant scandaleuses les pratiques actuelles du football
où les joueurs sont traités en marchandises, le Président
de la FIFA Joseph Sepp Blatter a prédit « la fin des
indemnités exorbitantes de transfert ». Mais, le sport
bénéficie d'un large soutien de certaines autorités
politiques.
1. 1. L'INTERVENTION DES
POLITIQUES :
Le football business compte toujours sur son allié et
fidèle milieu politique. Malgré la pression de l'Union
européenne sur les instances du football envue de modifier le
système des transferts des joueurs, celles-ci n'ont pas perdu leur vieux
réflexe de solliciter l'appui des autorités politiques de la
même union. Mais, l'unanimité dans la manière d'aborder le
sujet est loin d'être acquise. C'est ainsi qu'à côté
du soutien ouvert et déclaré des autorités politiques
allemande et britannique, on peut aussi noter la prudence remarquable du
Ministre français de la Jeunesse et du Sport.
1.1. a. LA DECLARATION DE SOUTIEN AU SYSTEME DES
TRANSFERTS.
Et surprenante semble demeurer la déclaration commune
du Chancelier allemand et du Premier Ministre anglais ci-après
reproduite : « Le football professionnel jouit dans nos deux
pays d'une fière tradition. Tous les clubs sont profondément
enracinés dans leurs villes d'origine, et les habitants sont, tous,
fiers de `leur' club. Le football est source d'enthousiasme. Les fans
s'identifient avec leurs clubs. Nous ne voulons pas que cela change. La
Commission européenne n'est pas d'accord avec le système de
transfert et les modalités des contrats de travail actuels dans le
football rémunéré. Dans la perspective de la libre
circulation des travailleurs, elle envisage des modifications de ce
système auxquelles les clubs sont opposés. Le système
existant n'est certainement pas parfait. Nous craignons cependant qu'une
réforme radicale ait des effets négatifs sur la structure du
football européen. Nous nous faisons du souci en particulier pour les
petits clubs dont l'existence risque d'être menacée. C'est
pourquoi nous pensons qu'il faut trouver une solution qui tienne compte des
intérêts justifiés tant des joueurs que des clubs et des
fédérations. Naturellement, nos fédérations de
football doivent présenter des propositions alternatives à la
Commission. Nous nous réjouissons que la Commission leur ait
accordé le temps nécessaire. Nous nous félicitons du fait
que la Commission soit prête à coopérer avec les
représentants du football pour trouver une solution qui puisse
satisfaire tout le monde. Nous sommes prêts à apporter une aide
dans la recherche de solutions. Les clubs ont besoin d'une
sécurité de planification pour la promotion des jeunes
footballeurs et pour la constitution de leurs équipes. Ils ont besoin
d'un système qui garantisse un équilibre sain et donne des
chances égales à tous. Nous espérons que la Commission
tiendra compte de la situation particulière dans le football
professionnel dans la recherche d'un règlement du système de
transfert. »( Gerhard Schröder et Tony Blair, Communiqué
n° 425).
1.1.b. LES RESERVES PRUDENTES DES
FRANCAIS.
Pareillement, madame Buffet» (2000), Ministre
français de la Jeunesse et des Sports, et présidente en exercice
du Conseil des ministres européens du Sport s'est montrée
prudente en se prononçant à la fois contre le statu quo et contre
une déréglementation hâtive du système des
transferts dans le football. « Je crois, dit-elle, qu'un statu quo
dans ce domaine (des transferts) serait inacceptable. Je crois tout autant
qu'il serait préjudiciable de supprimer le système existant sans
en avoir évalué toutes les conséquences au plan
sportif...Je partage l'exaspération de la Commission quant au montant
indécent de certaines indemnités de transfert. Je suis convaincue
qu'il faut substituer au système actuel un régime indemnitaire
fondé sur une base économique et sportive réelle. Je crois
aussi qu'il faut protéger les mineurs contre des transactions
commerciales abusives ».
Toute cette rhétorique autour du transfert renseigne
ne serait-ce qu'en partie les enjeux d'un secteur qui donne assez de souffle
aux clubs et aux fédérations sportifs. Loin pour nous l'audace de
trancher une question aussi complexe qu'elle n'apparaît, et où les
aspects positifs et négatifs n'en présagent pas, en tout cas, la
disparition immédiate. A mieux interpréter la définition
du transfert, l'on s'aperçoit tout de suite que le système passe
pour une étape inhérente au football. Ce débat passionne
autant qu'il empoisonne parfois les relations entre autorités politiques
et sportives. L'Afrique, pourtant plus que jamais concernée, semble s'en
être volontairement écartée.
1.2. LE MUTISME AFRICAIN.
Alors que l'actualité sur le changement ou non de
l'actuel système des transferts fait la chronique de la
quasi-totalité des informations sur le football ces derniers temps,
l'Afrique n'a pas toujours réagi. Cela est d'autant plus surprenant que
ce continent, bien que doté de jeunes
talentueux, subit encore d'énormes discriminations au
niveau du coût du transfert d'un de ses ressortissants de l'Afrique vers
l'Europe. Il est donc temps que tous ces problèmes fassent
connaître aussi le point de vue du continent noir.
Paragraphe 1.
Définition du transfert.
Pour mieux comprendre ce qu'est le transfert des joueurs de
football, nous empruntons la terminologie qu'en ont forgée les instances
dirigeantes de ce sport. Dans le jargon footbalistique, c'est au sommet de la
hiérarchie de la discipline qu'apparaît le concept. La FIFA (
1999) règle, à son article 34 l'opération de transfert.
Cet article, relatif aux attributions de la Commission du statut du joueur,
dispose que celle-ci a notamment pour mandat de donner préavis, à
l'intention du Comité exécutif, sur l'interprétation des
dispositions statutaires et réglementaires ayant trait à la
qualification, au statut ou au transfert des joueurs. Charte
constitutive de l'institution du football mondial, les statuts de la FIFA n'ont
pas défini le transfert, au tour duquel, pourtant, se conçoit
toute la dimension de l'internationalisation du football.
En revanche, le règlement de la FIFA concernant le
statut et les transferts des joueurs, qui pose le principe de transfert sans le
définir non plus, a, néanmoins, le mérite de brosser le
cadre du déroulement de cette opération et d'en préciser
la nature. Il prévoit que les joueurs peuvent quitter leurs associations
nationales respectives pour aller jouer dans des clubs de football
affiliés à d'autres associations nationales.
Mais la définition claire, précise et
synthétique nous est proposée par l'Union royale belge des
sociétés de football association, URBSFA, dans son
règlement y afférent. Selon elle, « un transfert est
l'opération qui permet à un affilié affecté
d'obtenir un changement d'affectation ou une qualification temporaire pour un
autre club ».
( Urbsf, 1996, p.1). Dans ce passage d'une association
nationale vers une autre, le certificat international de transfert est la
condition sine qua non (FIFA, 1997). L'acquisition des joueurs occasionne des
dépenses, tout comme leur vente fait rentrer d'importantes sommes dans
la caisse et l'économie du club. Le coût peut même
être important.
1.1. Le coût du
transfert des joueurs.
En établissant que les transferts, dont elle permet la
réalisation à toutes les fédérations et autres
associations de football, sont des contrats économiques (Article 5,
alinéa 2, du règlement), la FIFA a ainsi
institué la nature marchande de l'opération. Il suit que la
faculté qu'a le joueur d'une équipe affiliée à une
fédération nationale de football donnée d'évoluer
désormais dans une autre équipe, elle-même affiliée
à une autre fédération nationale, a des incidences
financières certaines, mais dont l'ampleur vient de connaître une
ascension spectaculaire ces derniers temps. A ce propos, et parlant du
marché d'été français de vente et d'achat des
joueurs, TELO Laurent (2000) écrit dans le journal sportif
français, l'Equipe que « le cours du joueur est encore plus
élevé que l'année dernière. Les prix deviennent
excessifs. »
Les clubs de football se servent du transfert pour recruter
leurs joueurs. La recherche de meilleurs talents n'épargne aux clubs
aucun coin du monde. Les rares espèces, pure race d'ébène
se vendent à grand prix. Aussitôt, sur la montée graduelle
des montants des transferts, les observateurs et analystes s'inquiètent
du phénomène : « Les transferts ont toujours
existé. Mais, en l'an 2000, une nouvelle ère s'ouvre. Celle de la
surenchère, des tentations. » ( Thibert Jacques, 2000).
Actuellement, le mot transfert rime avec
«millions », comme l'indique le titre évocateur de cet
article «foot...le retour des crampons et des millions »
(HENNION Blandine, 2000), de sorte que malgré l'aspect mirobolant ou
exorbitant des indemnités qui en découlent, cette
opération ne reste pas moins une cheville huilée qui fait tourner
à merveille la roue principale de toute présence à
l'étranger des équipes et clubs de football. Au temps fort des
procès entre l'Urbsf, le FC Liège et M. Bosman, la
première souligna à maintes reprises que le système de
transfert était «la pierre angulaire de la structure qui
règle le football » (Blanpain Roger, 1996, p. 17).
Cela se confirme chaque jour. Aucune équipe ne
pourrait, si vraiment elle se voulait professionnelle et compétitive,
s'en passer. L'entrée des investisseurs dans le monde du football
business n'a fait qu'amplifier la capacité des équipes de
football professionnel de se doter de meilleurs joueurs. Une véritable
stratégie d'acquisition se développe au sein des clubs,
même les moins réputés. Ces derniers, eux, servent dans la
plupart des cas à procéder au recrutement des joueurs et d'en
assurer la revente auprès des plus professionnels. Ils sont
considérés comme des pourvoyeurs incessants de grands clubs de
football. Cependant, bien que marché florissant, il vaut la peine de
signaler que le transfert est tributaire du degré de
développement du football ; lui-meme dépendant de beaucoup
d'autres facteurs, notamment politique, économique, social et culturel.
En Afrique, il est rarement source d'entrées, la billetterie, les
subventions et les dons étant toujours les sources ordinaires des
recettes des clubs.
1.2. Le Transfert des joueurs dans le football africain.
Le système de transfert est un marché bien
structuré par les organisations sportives. Il est donc régi par
la combinaison de la réglementation de la FIFA et celle de chacune des
confédérations continentales qui en sont membres.
Si, en Afrique, les règlements de la
Confédération africaine de football, CAF, et ceux de chacune des
fédérations nationales assurent la régulation de ce
système, il ne faut pas cependant oublier que le marché des
transferts est souvent extraverti et surtout réalisé par des
responsables des équipes et des fédérations de
manière frauduleuse, à telle enseigne que les indemnités
de transfert ne profitent pas vraiment aux équipes auxquelles avaient
appartenu les joueurs ainsi transférés.
En République Démocratique du Congo, les
transactions des transferts illicites, et à l'issue desquelles l'Etat
est gravement floué, sont fréquentes et, malheureusement
difficiles à arrêter. Nous en voulons pour preuve, cette
information rapportée par le journal L'Avenir, quotidien kinois,
relative aux joueurs congolais, autrefois transférés dans le club
belge de Lokeren. «De source bien informée, on apprend que trois
congolais, en l'occurrence MP, JL et PM se sont présentés au
siège du Football Club Lokeren, formation évoluant en
première division en Belgique, pour essayer de finaliser le transfert du
joueur Bwayi Kidoda, sociétaire du FC Union Bilombe de Kinshasa, dont
ils passent pour managers. Le président du club belge a naturellement
renvoyé les trois congolais régler leur contentieux ailleurs,
question qu'ils se mettent d'accord avant de revenir à lui. On ne sait
pas jusque-là le nom de celui qui a retiré l'argent de
Bwayi. » (L'Avenir du 09 décembre 1999).
Même si, sur le continent, le football de haut niveau
tend à s'aligner sur le modèle européen dominant, hyper
professionnel, c'est d'abord le sport le plus populaire et le plus
pratiqué dans toute l'Afrique.
Comme en Europe, le football y est d'abord une passion
d'enfants et d'adolescents pour le jeu sans contraintes, dans les rires et les
cris, une façon de vivre et de tuer le temps à la manière
du jeune sénégalais du film de Christine Eymerie (Le Voyage de
Baba). Changent les conditions d'exercice. D'un côté, stades
avenants, pelouses tracées et roulées, cages pourvues de filets,
tenues réglementaires et vestiaires propres ; de l'autre, terrains
vagues, caillouteux et poussiéreux, aux limites incertaines vite
débordées par le public, aux buts rafistolés, où
l'on jongle et dribble pieds nus ou avec une seule chaussure. Les fous de
ballon jouent des heures, jusqu'à épuisement, passant d'un match
à un autre. C'est là, dans le football des quartiers, que se
trouvent les pépinières de virtuoses africains. Le ghanéen
Anthony YEBOAH, l'une des stars du club anglais Leeds United, se souvient que,
lorsqu'il avait une dizaine d'années, il lui est arrivé de jouer
six matchs dans la même journée, jusqu'au soir, allant d'une
équipe et d'un quartier à l'autre (Afrique Football, 1995, p.
27).
1.3. Football business : l'Afrique vidée de ses
meilleurs éléments.
Les plus doués se retrouvent très tôt
dans les équipes nationales cadets, celles où l'Afrique brille le
plus et s'impose dans les coupes mondiales et les tournois internationaux
réservés aux moins de dix-sept ans.
Les chasseurs de têtes des riches clubs européens
viennent y faire leur marché, se livrant de plus en plus ouvertement
à un pillage des jeunes talents africains, pour le plus grand profit de
leurs acquéreurs.
A eux, s'ajoute une autre espèce, locale, mais plus
dangereuse, car elle est imprévisible dans les transactions sur les
transferts des jeunes africains, y compris les mineurs d'âge.
Témoin, le Nigérian Nwankwo Kanu, actuel sociétaire du
club anglais d'Arsenal, champion d'Europe des clubs en 1995 avec l'Ajax
d'Amsterdam, qui l'a recruté à seize ans relate: « Au
cours de la Coupe du monde cadets au Japon, en 1993, j'ai littéralement
été assailli par des imprésarios venus de toute l'Europe.
J'ai compris que je devais saisir ma chance, et j'ai opté pour
l'Ajax. » (Afrique Football, 1995, p. 40).
« Aujourd'hui, 342 joueurs professionnels
africains, davantage qu'il n'y en a rassemblés en Afrique du Sud pour la
phase finale de la CAN, jouent dans des clubs européens (dont 90 en
France) : 54 Nigérians, 36 Ghanéens, 31 Zaïrois, 24
Algériens, 19 Camerounais, 13 Libériens et autant d'Angolais (La
Gazetta dello Sport, 1997). Sans compter ceux qui vont finir leur
carrière près des pétrodollars du Proche-Orient. Dans de
nombreux pays, c'est une bonne partie de l'élite qui a
émigré ; au Zaïre et au Cameroun, c'est la moitié de
l'équipe nationale ; davantage encore dans ceux ravagés par les
conflits internes : les deux tiers des équipes nationales du Liberia, de
la Sierra Leone, d'Angola, mais aussi de celle du Ghana. Car, pendant la guerre
civile, le spectacle continue : championnat national et rencontres
internationales.
En 1994-1995, l'équipe d'Algérie en a
disputé vingt, celle du Liberia, douze, celle de la Sierra Leone, seize,
celles d'Angola, du Mozambique et de la République Démocratique
du Congo (ex- Zaïre), respectivement, dix, douze et quatorze.
L'équipe de la Jeunesse sportive de Kabylie a gagné à
Alger, en décembre 1995, la finale de la Coupe d'Afrique des clubs
vainqueurs de coupe. Ce décor peint, d'une manière à peine
voilée, la dure bataille que se livrent des personnes informées
à l'annonce des élections à la tête des
fédérations nationales, continentales et internationale de
football.
1.4. Football business : l'Afrique victime de sa
pauvreté matérielle.
Signe de dépendance, l'Afrique ne retient pas plus ses
sportifs que ses cerveaux ou ses richesses naturelles. Comparés à
l'Europe, les moyens des clubs et fédérations sont
dérisoires. A niveau égal, la rémunération des
joueurs y est dix à vingt fois inférieure, quand elle est
perçue. Et même, il arrive qu'ils fassent l'avance ou paient de
leur poche les frais de déplacement. Un seul match de Coupe d'Europe du
Real de Madrid rapporte davantage à la Fédération
européenne de football (l'UEFA) que toutes les compétitions
organisées dans une année par son homologue africain, la
Confédération africaine de football (CAF). (Afrique Football,
décembre 1995).
Les financements privés sont limités aux
retombées commerciales que sponsors et mécènes peuvent en
attendre, c'est-à-dire peu de chose sur des marchés
squelettiques. Quant au financement public, il s'est encore
raréfié avec la généralisation des plans
d'ajustement structurel.
Enfin, privé ou public, en Afrique comme en Europe,
l'argent du football est trop souvent détourné par des
responsables et intermédiaires professionnels de l'escroquerie. ASEC
Mimosa d'Abidjan, Orlando Pirates " de Soweto, Petro Sport de Port Gentil,
Petro Atletico de Luanda, restent les exceptions : l'or des mines
ghanéennes, en pays Ashanti, a assuré la prospérité
de l'équipe des Gold Fields d'Obuasi ; comme le tourisme celle de
l'Etoile sportive du Sahel, à Sousse, en Tunisie; les compagnies
pétrolières, là où elles sont installées,
financent " leurs " clubs, comme Petro Sport de Port Gentil, Petro Atletico de
Luanda, et l'armée, un peu partout, entretient les siens sur le
modèle de l'équipe des Forces armées royales (FAR)
marocaines. Ailleurs, ce sont les supporters actionnaires qui apportent les
fonds, comme à l'ASEC Abidjan, en Côte-d'Ivoire, Vita Club, Motema
Pembe (Daring Club) et Dragons de Kinshasa.
Quoi qu'il en soit, le transfert reste une des plus
importantes opérations qui permettent aux clubs de football de
s'approvisionner en joueurs, leurs matières premières. Un bon
transfert par l'acquisition des joueurs talentueux pourrait constituer le point
de départ de la fortune d'une équipe qui ne se classait pas au
départ parmi les clubs les plus riches. Cela suppose que le club est
capable de revendre ses meilleurs joueurs à des prix
alléchants.
1.5.a. Transfert : Source
d'approvisionnement des clubs en matières premières.
Certes, « le sport (passif) et la pratique sportive
servent tout d'abord à des fins ludiques ou compétitives,
répondent à des besoins d'entraînement physique, de
santé, de détente ou sont simplement destinés à la
socialisation et au divertissement (caractéristique constitutive du
terme) (Rahmann et al., 1998), Heinemann (1995), Hofmann., Weber et al.
(1995).
Mais, d'un point de vue micro-économique, il est
évident que le sport est soumis aux lois économiques, d`une part,
parce qu`il satisfait des besoins des individus et, ainsi, leur apporte de
l`utilité, d`autre part, parce qu`il consomme des ressources rares
soumises à usages alternatifs (Büch, 1996, p. 23). La pratique
sportive elle-même a donc la valeur d`une activité
économique, voire d'un acte de consommation«(Andreff W, 1999,
p.135).
C`est là qu`il faut signaler la naissance dans le sport
de la nécessité du transfert. La demande s`est par la suite
avérée croissante en raison des retombées dont
bénéficiaient les clubs qui y recouraient. Cette demande est,
aujourd`hui à l`origine de véritables marchés du sport
où elle rencontre une offre diversifiée et
spécialisée et où les préférences des agents
économiques sont révélées en prix et
quantités.
C`est ce que reflètent les tableaux ci-dessous,
à travers lesquels, il se dégage clairement que les clubs,
moyennement ou réellement riches sont assez présents ces derniers
temps sur les marchés bondés de facteurs de production d`Afrique
et d`autres pays en développement comme ceux d`Amérique Latine,
pour procéder à bas prix à l`achat de nouveaux talents,
qu`ils finissent par revendre à des coûts paradoxalement
élevés.
« En effet, en Amérique du Sud et en
Afrique, le degré d`organisation du football est le plus faible, si l`on
considère le rapport entre le nombre de personnes pratiquant ce sport et
le nombre de licenciés, enregistrés et organisés dans des
clubs. Cette masse des pratiquants encore plus lorsqu`ils sont encadrés
forme les soubassements sur lesquels s`édifie le spectacle-entreprise
football. » (Charles André UDRY, 1998).
Toutes les institutions dirigeantes de football savaient que
pour que ce business prospère, il faudrait qu`il gagne des parts de
marché.
Ci-après, les chiffres dressant la situation des
pratiquants du football dans le monde.
TABLEAU I. LES FOOTBALLEURS DANS LE MONDE.
CONTINENT
|
TOTAL LICENCIES
|
AUTRES
|
TOTAL
|
Europe
|
21.522.044
|
6.082.427
|
27.604.471
|
Amérique du Sud
|
2.164.190
|
18.134.000
|
20.829.383
|
concacaf
|
21.924.449
|
8.383.502
|
30.307.951
|
Afrique
|
2.164.190
|
4.599.495
|
6.763.685
|
Asie
|
58.773.646
|
17.146.392
|
75.920.038
|
Océanie
|
684.993
|
235.867
|
920.860
|
TOTAL
|
107.764.705
|
58.581.683
|
162.346.388
|
TABLEAU II. LES FOOTBALLEURS PROFESSIONNELS DANS LE
MONDE.
CONTINENT
|
NOMBRE
|
POURCENTAGE
|
Europe
|
22.958
|
52,8
|
Amérique du Sud
|
11.386
|
26,2
|
Concacaf
|
4.805
|
11
|
Afrique
|
846
|
1,9
|
Asie
|
3.515
|
8,1
|
Océanie
|
0
|
0
|
TOTAL
|
43.520
|
100
|
Source des tableaux: EPS, Paris, novembre décembre
1997.
Les chiffres ainsi établis devraient connaître
une légère modification, mais qui, dans l'ensemble serait loin de
renverser le poids de chaque continent.
Les transferts s'effectuent sur base du nombre des pratiquants
licenciés à l'échelon international. Ici, les joueurs
professionnels, pointe de l'iceberg, sont la cible des visées marchandes
et commerciales des clubs les plus riches.
Sachant que l`Afrique et l`Amérique du Sud, y compris
l`Asie, cette dernière, à cause du fait qu'elle n'a encore
véritablement pas connu l'enthousiasme populaire du football, renferment
d'énormes jeunes joueurs au talent qui n'a point besoin de
démonstration pour s'affirmer aux yeux du monde, les équipes s'y
approvisionnent sans beaucoup de difficultés. Le transfert permet ainsi
aux clubs bénéficiaires de se faire adjoindre les services des
joueurs, en vue de l'amélioration de leurs performances, certes, mais
aussi de l'accroissement de leur profit.
Le Figaro économie du 8 juin 1998 affirmait dans ce
sens que « les joueurs représentent en quelque sorte les
actifs[ au sens des actifs d'une entreprise] d'une équipe et que pour
maîtriser la revente , l'âge du joueur est également un
élément important ». Cette poignée ne se compte
pas par milliers. Ils s'agit plutôt des joueurs qui assurent la
possibilité à leur club de se placer dans les tournois
européens rentables. Ceux qui sont aptes à être vendus en
dégageant une plus-value maximale.
On retiendra avec UDRY qu'il s'agit des joueurs
« qui, par leur productivité sportive, attirent sponsors et
spectateurs- supporters. Ainsi, ils permettent de faire du chiffre d'affaires
et de délivrer une bonne marge bénéficiaire.
Certes, le Professeur Késenne Stefan (1999, p. 2) a
raison de penser que les clubs européens recherchent plus du
succès que le profit, cher aux clubs sportifs américains,
cependant, la logique du profit a, de plus en plus, tendance à faire
battre en retraite le sain mobile de succès, sans prétendre
l'écarter.
Dans cette optique, le transfert ou l'acquisition des joueurs
rassure les clubs. c'est « un investissement qui rapportera un
profit ». (The Economist, juin 1998).
Cet investissement est devenu le cheval de bataille de
certains clubs européens considérés comme faisant partie
des plus riches.
TABLEAU III. LES CLUBS EUROPÉENS LES PLUS RICHES
SELON LE CHIFFRE D'AFFAIRES 1997 EXPRIMÉ EN MILLIONS DE FRANCS
FRANÇAIS.
.
CLUBS
|
CHIFFRES D'AFFAIRES
|
BENEFICES
|
Manchester United
|
620
|
+150
|
FC Barcelone
|
500
|
+40
|
Bayern Munich
|
480
|
+40
|
Juventus de Turin
|
480
|
+30
|
Real Madrid
|
440
|
+25
|
Milan AC
|
440
|
-150
|
Borussia Dortmund
|
400
|
+40
|
Inter Milan
|
380
|
-80
|
Newcastle United
|
380
|
-180
|
Parme
|
350
|
-15
|
Glasgow Rangers
|
320
|
+35
|
Paris-Saint-Germain
|
300
|
+25
|
Atletico Madrid
|
280
|
-100
|
Ajax Amsterdam
|
250
|
-20
|
As Monaco
|
240
|
-20
|
Source : Capital, septembre
1997
|
Ce classement a subi une légère modification,
comme le renseigne d'ailleurs celui qui suit.
TABLEAU IV. LES 15 RICHES CLUBS D'EUROPE SUIVANT LES
REVENUS'98/99 EN MILLIONS DE DOLLARS
CLUB
|
REVENU
|
Manchester United
|
165
|
Bayern Munich
|
118
|
Real Madrid
|
100
|
Barcelone
|
98
|
Chelsea
|
88
|
Juventus de Turin
|
83
|
Milan AC
|
77
|
Borussia Dortmund
|
76
|
Arsenal
|
72
|
Lazio de Rome
|
72
|
Inter de Milan
|
70
|
Liverpool
|
67
|
New Castle United
|
66
|
Parme
|
63
|
Tottenham
|
63
|
Source : Deloitte et Touche, Press reports, the clubs,
reprise dans Time du 5 juin 2000, p. 52.
1.5.b. Commentaires.
D'une manière générale, les joueurs d'un
peu partout s'engagent dans une mobilité internationale vers les clubs
européens où le football est une activité professionnelle
rentable. Du coup, au lieu d'attendre qu'ils soient toujours sollicités,
ces clubs prennent de plus en plus, eux-mêmes, le devant en veillant
à engager le plus de meilleurs possibles. Plusieurs raisons peuvent
expliquer cet état de chose.
1.5.b.1°. Les clubs à la recherche des
matières premières pour accroître leurs profits et leur
succès.
Pour justifier la multinationalisation de l'économie,
les éditions Robert Laffont-Gramont (1975, p. 62), expliquent que c'est
la recherche du profit qui en est la cause. Elles admettent par ailleurs que la
loi la plus fondamentale qui régit le mouvement des capitaux
industriels, commerciaux ou bancaires est celle de profit. Or, le capital
investi directement dans la production, sous forme d'usines, de machines, de
matières premières ou de salaires, est évidemment à
la source de tous les profits, dans la mesure où la quantité de
travail humain contenu dans la marchandise détermine son prix, et
où ce prix est supérieur à la somme d'argent
dépensée par l'entrepreneur pour produire cette marchandise.
Mais, pour produire ce profit, l'entrepreneur doit vendre ses marchandises,
c'est-à-dire les transformer en argent. Est-il correct de comparer
l'achat, la production et la transformation des marchandises par des
entreprises multinationales au-delà de leurs frontières aux
opérations d'achat et vente, en dehors de leurs frontières, par
des clubs de football, des joueurs qui, à priori, ne sont pas des
marchandises ? Là est posée une question d'éthique,
mais qui établit simplement une analogie fort usée par les
nouveaux acteurs de l'internationalisation dans le secteur sportif.
Toutefois, il sied de le mentionner, à l'heure
actuelle, le joueur est assimilé à une marchandise. Il est donc
considéré comme un facteur de production dont l'utilité
marginale augmente du jour au jour. En droit cependant, une forte controverse
pourrait un jour éclater au sujet de la nature exacte de l'homme-joueur
dans le contrat de transfert. Mais, l'organisation du football, se fondant sur
la spécificité de celui-ci, a dû concevoir pareille
situation qu'il n'est plus question d'abandonner, mais bien plutôt de
parfaire.
Bien plus, disions-nous, la conquête du succès
n'est pas absente dans les multiples transferts internationaux des joueurs, par
les équipes de football européennes. En effet, les
compétitions nationales et internationales mettent aux prises plusieurs
clubs qui courent, chacun, après le titre en jeu. Lorsqu'on sait brandir
ses nombreux titres, médailles et coupe, certes, la renommée de
ce genre attire du respect et des égards. Les clubs européens,
savent ainsi, que l'acquisition ou la conservation des trophées est une
épreuve de haut niveau qui laisse au passage sacrifices et
dépenses que seul le choix de bons joueurs pourrait faire vite oublier.
De là, plus rien n'étonnerait la course que se
lancent ces clubs de football européens pour se payer des joueurs
à l'étranger, surtout en raison du fait que là, ils
coûtent moins chers, mais une fois acquis, ils relèveraient le
niveau de l'équipe et, qui plus est, pourraient être revendus
à des prix d'or. L'exemple de réussite des clubs qui alignent
des bons joueurs, achetés souvent à l'étranger, fait qu'il
est rare de voir un championnat national européen replié sur les
seuls européens. Chaque année, les nouvelles saisons
démarrent toujours sur des informations, du reste, confirmées,
relatives aux nouveaux venus.
Cependant, les montants de leur achat n'apparaissent que quand
ils semblent être exagérés ou font dépendre le
succès annuel attendu de l'équipe de ses recrues. Dans ce
contexte, les nouveaux joueurs deviennent objet, alors d'attention tous
azimuts, et des spectateurs, toujours exigeants, et des sponsors, avides
d'expansion de leur bonne image et sans doute du club lui-même. L'exemple
du championnat belge que nous donnons ci-après corrobore les
affirmations ainsi émises.
TABLEAU V. APERÇU GÉNÉRAL DES
TRANSFERTS EN BELGIQUE( SAISON 2000-2001)
CLUBS
|
ACQUIS
CEDES
|
Alost
|
Hillaerts(V.Denderhoutem) Mrvaljevic(Spartak) Mojovic(Anvers) Rigaux(Lens) Jakobia(Wezet) VanAudenaerde(St-Denis) Daelmans(Lommel) Etchi(Lens) Vanden
Berghe(FC Bruges) DeKeyser(Lierse) Miceli(LeHavre)
|
Milosevic (Digenif Nicosia-Cyp) Claeys (Lierse) Davy
Cooreman (Beitar Sheba-Isr) Van Steenberghe (La Louvière) S.
Cooreman (G. Beerschot) Van der Heyden
(Cl.Brugeois) Vergeylen(Roeselaere) Grommen(Denderleeuw)
Daelmans(Lommel) De Oliviera (Dyn Zagreb, Cro) Mukanya (Beitar Sheba,
Isr) Hanssen(Tromsö,Nor) Cosimo Sarli(retour Italie)
|
Anderlecht
|
Vanderhaeghe (Mouscron)
Hasi(Genk) Ilic(ClubBrugeois) Pirard(LaLouvière) Peersman(Beveren) Dindane(Abidjan,Ivoirien) Pierre(Standard) Anastasiou(Roda,P-B)
|
Zetterberg(Olympiakos) Stassin (Bor.
Mönchengladbach-All) Scifo (Charleroi) Meert (Saint-Trond, via
Maastricht) Mampuya (Genk) Sonko(Roda,P-B)
|
Antwerp
|
Peelman(Lierse) Karel D'Haene (Waregem) Bernt Evens
(Maasland) Tony Sergeant (Deinze) Kris Mampaey
(Dunfermline) Furo(Sion,Sui) Mertens (St-Trond) Seol Ki-Hyeun (Kwang Woon
University, Corée) Mertens(St-Trond)
|
Pivaljevic (FC Cologne, All) Rade Mojovic (Alost) Geert
Emmerechts (Roeselare) Mucher(Hamme) Laurent Dauwe (RC Gand) Rami
Maimon (Hapoel Haïfa, Isr) Clegg (retour Manchester U'ted)
|
Beveren
|
Thans(Westerlo) Capidis(Strombeek) Sandro Da Costa
(Alianza, San Salvador) Agnaldo De Oliveira (Alianza, San Salvador)
Renato De Oliveira (Caxia Porto Alegre, Bré)
KhalidFouhami(Dinamo Bucarest,Rou) Junior Guimaraes
(Alianza, San Salvador) Lee SangLee(Coongang University, Cor) Omar
Rios(Arasatuba, Bré) Gonzalo Rodriguez (Arasatuba, Bré) O.
Suray (Adanasport, Tur) Kilimci (Galatasaray, Tur) Ikizdere
(Galatasaray, Tur) Gônülagar (Galatasaray, Tur) Capandoglu
(Besiktas Ist)
|
Peersman(Anderlecht) Dhont(Germinal Beerschot) Van Den
Eede (Den Bosch, P-B) Scalia(LaLouvière) Imagbudu(Strombeek)
Tarachulski(Varsovie-Pol) Jimmy Smets (Irik. Salonique) Flies(Mons)
|
FC Bruges
|
Ebou Sillah (retour d' Harelbeke) Stijnen
(Hasselt) José Duarte (Anapolina-Brésil) Peter Van der
Heyden (Alost) Simons(Lommel)
Nemec(Mura-Slo) Schockaert(St-Trond) Josip Simic (Dynamo
Zagreb-Cro)
|
Vande Walle (entraîneur des gardiens à La
Gantoise) Borkelmans (La Gantoise) Ilic (Anderlecht) Deflandre
(Lyon) Joachim Van Holm (SV Roeselaere) Wellens (Zulte) Van den Berghe
(Alost) Da. Mitrovic (Westerlo) Denijs (La Gantoise) Fadiga
(AJ Auxerre-Fra)
|
Charleroi
|
Emmanuel Petit(Mons) Scifo(Anderlecht) Foguenne(La
Gantoise) Vangronsveld(RC Genk) Dias, Remacle
(Standard) Bisconti(Standard)
|
Alexander Kaklamanos(La Gantoise) Ouedraogo (FC Cologne,
All) Albert(arrêt) Romaniuk(Lodz, Pol)
|
Racing Genk
|
Thijs(Standard) Thomas Chatelle (La Gantoise) Jan Moons
et Wesley Sonck (G. Beerschot) David Paas et Kaku (Harelbeke) Fritz
Emeran (FC Malines) Akran Roumani (MAS de Fes) Mike Mampuya
(Anderlecht) Zokora (ASEC-Côte d'Ivoire)
|
Hasi
(Anderlecht) Vangronsveld(Charleroi) FerencHorvath(Cottbus) Johannes
Gudjonsson(RKC Waalwijk-P-B) T. Gudjonsson (Las Palmas, Esp) Ilir
Caushllari (Ingelmunster)
Nsumbu(Geel) Vanhees(Geel) Pereira(Tirlemont) Olivieri(LaLouvière)
|
La Gantoise
|
Peeters(Bielefeld-All) Borkelmans(ClubBrugeois)
Cipi(Maribor-Slo) Laamers(Harelbeke) Denijs (retour Club
Brugeois) Hossam (Zamalek, Egypte) Mudingayi et Capilla (Union) Olcese
(Cristal Lima,Per) Kaklamanos (Charleroi) Holsen (Cristal Lima,
Per) Verbrugghe (SV Roulers)
|
Dauwen(Westerlo) Thomas Chatelle (RC Genk) Van
Handenhoven(Metz) Foguenne(Charleroi) Aarst
(Standard) Dragutinovic(Standard) Vandervee(Geel) Szekeres (Energie
Cottbus, All) Burgio(Maasmechelen) G.Roussel(Heppignies)
|
Germinal Beerschot
|
Dhont(Beveren) Knezevic(AdelaideCity) Huysmans(Lierse) Van
de Weyer(Lierse) Moumouni Dagano (Etoile fil, BurkinaFaso) Boldizar
Bodor(Pecs, Hongrie) Lendvaï(Geel) S.Cooreman(Alost) Sbaa(Union
Namur) Da Silva (Tombense, Bré) Machado (Leopoldina,
Bré) Bodor (Pecs, Hon)
|
Moons(Genk) Sonck(Genk) Verbist(Ajax) Hofmans(arrête) Smidts(FCMalines) Leonardo
Da Silva (Den Haag, P-B)
|
Harelbeke
|
Nottebaert (La Louvière) Geeroms
(Denderleeuw) Camara(Guinée) Frans(Westerlo) Sas (Dessel
Sp.) Lachambre(RWDM) Barbé(Charlton Ath) Ernest Konon (Club
Brugeois)
|
Paas (Racing Genk) Ebou Sillah (Club
Brugeois) Vandoorne(Mouscron) Kaku(RacingGenk) Laamers(LaGantoise) Dhoore(retour
FC Bruges) Meilag et Hameg (doivent partir)
|
La Louvière
|
Yousfi(SKRoulers) Yves Buelinckx
(RWDM) Missé-Missé(Ethnikos,Gre) Proto(Couillet) Jan Van
Steenberghe (Alost) Eric Scalia (Fréjus, Fra) Alain Haydock
(RWDM) Johnny Lebegge (FC
Malines) Olivieri(LaLouvière) Toni Scoazzari(Gilly))
|
Nottebaert(Harelbeke) Bettagno(RTFCL) Pirard(Anderlecht) De
Schrijver (Denderleeuw) Mokabila (Francs Borains)
|
Lierse
|
Pepa (Benfica, Por) Vanderstraeten (Maritimo, Por) Claeys
(Alost) Van Dooren (Mouscron) Veretennikov (Volgograd) Axel Smeets
(Sheffield U'ted)
|
Nys et Zdebel (Genclerbirligi-Tur) Peelman (Antwerp) Van
de Weyer (G. Beerschot) Huysmans (G. Beerschot) Huistra (RBC,P-B))
|
Lokeren
|
Helgason (Stavanger-Isl) Gretarson (AEKA
Athène-Gre) Vanic (Albacete, Esp) Kristinsson
(Lillestrom) Coulibaly et Ouattara(Côte Ivoire) Samlegu
(Guinée) Mamale (Kaiser Chiefs, AFS)
|
Budka (FK Jablonec-Tch) Kozak (FC Kosice-Slo) Penicka
(transfert libre) Majdov (Sibenik, Mac) Van Geneugden (Geel) Mitrovic
(HT Gorica) Nikcevic (Mura, Slo) Boeka-Lisasi (Westerlo)
|
FC Malines
|
Geebelen (Maasland) Ferket (Kapellen) Masachiro Endo
(S-Pulse-Jap) Hermansen (Lyngby-Dan) Meeusen (Geel) Guadaloupe
(Universitario-Perou) Del Solar (Universitario-Perou) Dierickx
(St-Trond) Thijs (Heusden-Zolder) Smidts (G. Beerschot)
|
Emeran (RC Genk) Lebegge (La
Louvière) Koulitchenko (CSKA Moscou) VandenBroeck (Roda JC) Tom
Peeters (Sunderland) K. Vermeir (Hamme) Smolders (Stade Louvain)
|
Mouscron
|
Cleiton Rodrigues de Souza (Denderleeuw) Crv
(Maasland) Vandoorne (Harelbeke) Duynslaeger (Roeselaere) Ladon
(retour du Cercle Bruges) Mitrovic (Westerlo) Deman (Lierse) Van de
Weyer (Lierse) Lachambre (RWDM) Grégoire (RTFCL) Bakadal
(Grenoble, Fra) Jestrovic (Metz, Fra)
|
Vanderhaeghe (Anderlecht) Tanghe (FC Utrecht-P-B) El
Idrissi (Santa Clara Portugal-Por) Wuyts (La Louvière) Vandooren
(Lierse) Feys (CS Bruges) Tyma (Pologne) Nzuzi (RWDM) Van Durme
(Estaimpuis)
|
Saint-Trond
|
Daelemans (Geel) Georges Dimitriadis (Olympic) Meert
(Anderlecht) Mathijssen (Lommel) Babic (F. Stallions, Aut) M'Bonabucya
(Gaziantespor, Tur)
|
Burg (renvoyé) Claes (Heerenveen-P-B) Rudonja
(Portsmouth) Dierickx (FC Malines) Holans (Turnhout) Mertens
(Antwerp) Gunther Grammet (Tienen) Nijs (RTFCL) Volk (NK
Koper) Schockaert (FC Bruges)
|
Standard
|
Vlcek (Slavia Praag-Tch) Folha (Porto-Por) Meyssen
(Austra Salzburg-Aut) Aarst (La Gantoise) Turaci (Sl. Prague,
Tch) Dragutinovic (La Gantoise) Vinicius (Sp. Lisbonne,
Por) Prosinecki (Dragolvoljac, Cro)
|
Dias (Charleroi) Dimas (Sp. Lisbonne, Por) Chauveheid
(Eupen) Afolabi (Naples, Ita) Fassotte et Piron (RWDM) Grana
(Kalamata) Remacle (Charleroi) Thijs (Genk) Bisconti
(Charleroi) Pierre (Anderlecht)
|
Westerlo
|
Dauwen (La Gantoise) Pelic (Braga) Mitrovic (FC
Bruges) Zelenka (Anderlecht) Boeka-Lisasi (Lokeren) Delen
(Geel) Deman (Lierse)
|
Thans (Beveren) Frans (Harelbeke) Mitrovic (Mouscron)
Porte (Holon, Isr) Toni Brogno (Sedan, Fra)
|
Comme on peut le constater, plus de la moitié des
joueurs évoluant dans le championnat belge de première division
est constituée de ressortissants des pays étrangers
répartis comme suit :
2/3 de l'Europe mais surtout de l'Europe de l'Est (Croatie,
Yougoslavie, Roumanie, Albanie, République tchèque, Bulgarie,
etc.), tandis que le 1/3 vient de l'Afrique. Telle n'est pas cependant la
situation en France, où, la proportion des joueurs africains
évoluant en première division est assez élevée. La
configuration de l'équipe nationale de France de football est,
certainement, la consécration du flux migratoire africain et là,
l'apport de la mobilité internationale des joueurs n'a pas
été négatif au football.
1.5.b.2°. L'internationalisation économique
des clubs européens comme conséquence de
l'arrêt Bosman( C-415/93 du 15 décembre
1995).
L'arrêt Bosman renvoie au nom du joueur belge, qui, en
1990, à la fin de son contrat de joueur au Royal Football Club de
Liège, se vu refuser la liberté de porter le maillot de son
nouveau club, en l'occurrence, le Club français de Dunkerque, par son
ancien club, par ce qu'il rejeta une offre de ce dernier club de continuer de
jouer moyennant un salaire inférieur à celui qu'il gagnait quand
le contrat était encore en vigueur.
Bosman porta l'affaire devant les cours et tribunaux belges
devant lesquels, il alléguait l'illégalité du
système des transferts des joueurs en fin de contrat, et donc sa
contradiction avec le traité de Rome, constitutif de l'actuelle Union
européenne.
Devenu, comme l'écrit le professeur Késenne
(2000, p. 95), la victime d'un boycott mondial par les
fédérations de football belge et internationale, Jean Marc Bosman
dût attendre pendant de longues années de misère, la
décision de la cour européenne de Justice, en réponse
à la question préjudicielle lui soumise par la Cour d'Appel de
Liège tendant à savoir s'il était possible d'appliquer les
règles du droit communautaire européen au sport.
La réponse de la Cour européenne rappelant la
nature économique de l'activité du sport, et donc sa soumission,
sauf en ce qui concerne, le cas où le sport joue un rôle purement
sportif, à tout l'arsenal juridique déjà en vigueur,
conduisit à l'abolition des indemnités des transferts, notamment
pour les joueurs fin- contrat et donc, la proclamation, même dans le
domaine sportif, du principe de la libre circulation des joueurs ressortissants
de l'union dans l'espace européen, comme c'était
déjà le cas pour les autres travailleurs.
Mais, en quoi, cet arrêt devait-il avoir une incidence
décisive sur le transfert, et particulièrement sur
l'internationalisation de cette pratique dans le football ?
Pour bien appréhender la portée de la question
et de la réponse qui s'en suivra, il y a lieu de rappeler la distinction
notable que font BOURG et GOUGUET (1998, pp-129-132), entre les clubs
maximisateurs de profits et les clubs maximisateurs de performances
sportives.
Les premiers ont la structure juridique de
sociétés commerciales, car ils accomplissent, à travers
toutes les opérations sportives, des actes réputés
commerciaux par les lois conséquentes de leurs pays respectifs. Bien
plus, quand bien même ils auraient l'apparence statutaire d'associations
sans but lucratif, la pratique constante et répétée
d'actes qualifiés commerciaux par la loi ne leur conférerait pas
moins l'attribut de sociétés commerciales. De tels clubs
jouissent d'une grande liberté en matière de transfert sur un
marché à caractère commercial. Ils achètent et
vendent les joueurs sur le marché des transferts, et les talents se
concentrent dans des clubs riches. Les clubs sont donc maîtres des
joueurs et ils payent ces derniers en tenant compte des autres joueurs non
réellement transférables, mais qui rendent d'énormes
services au club. Il s'agit du genre des clubs américains. En Europe,
par contre, les clubs sont surtout préoccupés par la recherche du
succès, car, continuent les auteurs précités, suite
à la nature des groupements sportifs ( pour la plupart à but non
lucratif), à l'existence de déficits récurrents dans de
nombreux championnats et à une culture traditionnelle d'unité du
sport (amateur et professionnel) fondant une éthique, les clubs
s'attachent à constituer la meilleure équipe possible de
façon à gagner le plus grand nombre de rencontres. Pour ce faire
et, dans la limite du budget, une politique de recrutement des meilleurs
talents est mise en oeuvre, bien plus que dans l'hypothèse de
maximisation des profits.
Or, il se fait qu'avec l'interpénétration du
football business en Europe, les clubs misaient d'abord à
préserver et à conforter leur succès, mais en même
temps, ils ont réalisé que le football procurait au-delà
du succès, quelques retombées financières qui, du coup,
devenaient, de plus en plus, leur préoccupation. La découverte de
cette nouvelle donne qui se testait notamment par l'achat des joueurs et leur
revente, dans l'espoir, souvent atteint des plus-values financières
importantes connaît un frein avec l'arrêt Bosman, qui prône
la libre circulation des joueurs européens fin contrat,
c'est-à-dire, l'absence de toute indemnité de transfert pour
cette catégorie de joueurs.
Mais, l'Europe n'étant pas le seul espace pourvoyeur de
jeunes joueurs, les clubs ont vite pensé à l'Afrique où
l'acquisition des joueurs ne leur coûte pas beaucoup d'argent, et
à l'Amérique Latine, où, la raison
précédente s'applique mutatis mutandis et dont le succès
de certains ressortissants en championnats européens n'a pu inspirer que
confiance et recours. Cela, parce que les dirigeants de ces clubs savent que
pour des sujets non européens, les dispositions du droit et de la
jurisprudence communautaires
ne leur sont pas opposables, comme le faisait savoir davantage
M. David H. WILL
(1999, p. 7) ( The fédérations viewpoint on the
new transfer rules, in Késenne S., Jeanrenaud C., op. cit., p.
7) : « this is something that we in Europe tend to forget,
Bosman does apply only in Europe, and only to a part of Europe ; the rest
of the football world continues virtually unaffected by it ».
De la sorte, puisque «beaucoup de clubs de football en
Europe ont toujours incorporé la valeur de transfert de leurs joueurs
comme un actif et ont utilisé cet actif comme garantie en banque pour
leurs emprunts » (Késenne S., 2000, p. 97), actuellement, ces
clubs ont déplacé simplement le contexte d'application de la
logique. Au lieu de le faire pour les sujets européens, pour qui le
transfert n'est pas plus avantageux qu'il ne l'était autrefois, ils le
font pour les jeunes sportifs venus d'en dehors de l'Europe des Nations, dans
la mesure où, en sus de l'abolition de l'ancien système des
transferts, la Cour européenne de justice établit la
nullité de la clause de nationalité, qui limitait le nombre des
joueurs étrangers dans les clubs européens à au plus
trois. Donc, l'intensification des opérations de transferts
internationaux,
entraîne aussi l'augmentation de la mobilité
internationale du travail, laquelle, comme le fait observer le professeur
Késenne (ibidem), constitue un mécanisme d'équilibrage
naturel auquel tous les secteurs doivent faire face avec la globalisation
croissante de l'économie. Au demeurant, il se constate que la force des
transferts est tributaire de l'efficacité de son marché : le
mercato.
Paragraphe 2 : Le
marché d'achat et de vente des joueurs : mercato.
A travers la définition (1) et le mode de passation
(2), le marché de vente et d'achat des joueurs, celui sur lequel ces
derniers sont acquis pourrait mieux faire comprendre l'internationalisation du
football.
2.1. Définition du
mercato.
Du latin mercatus, mercato, vient du terme marché,
lequel apparaît pour la première fois dans la langue
française au XIIe siècle, sous la forme de marchiet. Le Petit
Robert en donne la définition suivante : " lieu public
de vente de biens et de services. " Ce mot s'apparente à marchand, du
latin vulgaire mercatans, une forme au participe présent du verbe
mercatare, dérivé de mercatus. De fait, le mot marchand
apparaît dans la langue française à partir du XIIe
siècle, parfois orthographié marcheant. Si ces deux mots sont
particulièrement anciens, le terme de marchandage, n'apparaît lui
pour la première fois qu'en 1867.
Mercato, comme son nom l'indique, est appliqué dans le
jargon footbalistique pour désigner le marché annuel des
transferts des joueurs. Il s'ouvre vers la fin du mois d'août et se
clôture le 31 janvier, en théorie, puis qu'il peut aussi
s'étaler sur toute l'année, sans jamais se refermer.
En ayant un nom, le mercato, qui n'est pas un marché
visible où l'on peut discuter le prix des joueurs avec leurs offreurs,
marque néanmoins une étape importante dans le football business,
un autre exploit à attribuer au XXème siècle, au cours
duquel l'économie a été complètement
globalisée, le football, son pari pour la transformation de tout le
secteur sportif en champ d'expérience marchande et où, enfin, le
joueur, en short et en panneau publicitaire en Nylon, se vend, plutôt
bien. Sans être combattu, le marché de vente et d'achat des
joueurs est fort adulé par les clubs sportifs, dans la vue nette de
s'offrir les services de nouveaux talents. Même pour les joueurs, c'est
une bonne opportunité pour les joueurs qui ne jouent pas ou peu,
même s'ils ne sont pas toujours les plus courtisés.
Les clubs préfèrent souvent réaliser de
grosses affaires et préparer leur recrutement pour la saison prochaine
sans essayer de rééquilibrer leur équipe alors que la
possibilité leur en est donnée.
Comme une saison de football commence en juillet et se termine
en juin, les équipes se renseignent et se déplacent à
travers le monde pour prospecter les joueurs sur qui elles ne cachent pas leur
intérêt. Ainsi, dès lors qu'elles en ont vraiment la
capacité, soit, par le canal des agents indépendants, soit par le
truchement de celui à qui ils payent une sorte de prime, les
équipes, surtout celles d'Europe, arrivent à dénicher et
à obtenir, à temps, paiement des meilleurs joueurs du monde.
Cela pourrait s'expliquer par la traditionnelle loi de l'offre
et de la demande. Dominique Six, un Agent des joueurs, détenteur de la
licence Fifa en la matière, explique que : « Franchement,
le travail effectué n'est pas toujours suffisamment précis.
Personnellement, je tente de faire une revue de fond avec les clubs en tentant
de cerner leurs besoins réels avec le maximum d'exactitude. Il est
curieux, parfois, de constater qu'un club a l'intention de s'attacher les
services de tel ou tel joueur à tout prix. Mon axe de travail est
d'identifier le type de joueur dont le club a réellement besoin pour se
renforcer. Une fois mandaté, je cherche « l'oiseau
rare », même si celui-ci n'est pas toujours facile à
trouver à cette époque. »
Mais, il sied de retenir que " L'essentiel du recrutement et
la construction de l'équipe se font avant le démarrage de la
saison ". Quant aux joueurs concernés, pour Dobraje, agent respectable
de joueurs, il s'agit d'éléments " en position délicate
dans un effectif, ou que le club ne veut plus conserver ". Là
apparaît la véritable nature du mercato : une possibilité
de correction.
En France, il existe aussi le supplément du
mercato : le marché hivernal des transferts (18 décembre-31
janvier). Il s'adresse presque exclusivement aux mal classés du
championnat ou, plus spécifiquement, aux clubs qui s'estiment comme
tels. Il a été créé pour peaufiner ou
compléter certaines équipes. Ce n'est ni plus ni moins qu'une
correction. On peut appeler ça une prolongation de la période de
jokers jusqu'au 31 janvier. " : " Il porte sur une fourchette de joueurs assez
restreinte. C'est seulement l'occasion de renforcer un, voire deux postes. "
Pour Dominique Six, avec le mercato «les clubs ont une deuxième
possibilité de recruter alors qu'ils connaissent leurs lacunes par
rapport à la première partie du championnat. Les
entraîneurs peuvent ainsi modifier leurs effectifs de manière
chirurgicale. Maintenant,
certains peuvent être tentés d'opérer de
nombreux changements car aucune règle ne les en
empêche. » (L'Humanité du 05 janvier 2000).
2.2. Transfert des
joueurs : les perspectives d'avenir
Les habitudes, surtout quand elles sont bonnes, sont ainsi
difficiles à changer.
Les débats sur les transferts des sportifs en
général et des joueurs de football, en particulier alimentent
tellement la chronique ces derniers temps qu'il soit malveillant de ne pas en
parler dans le cadre de cette étude. Dans son livre L'affaire Bosman. La
fin de l'ère des transferts ?, le professeur Blanpain R. (1996, p.
6) mettait déjà en garde, dans le sport business, les abus des
pratiques mercantilistes sur les hommes, les joueurs. Il écrivait
notamment que l'homme n'est pas une marchandise, il n'est un objet de commerce.
Depuis, et avant les surenchères des transferts de
trois dernières saisons, la Commission européenne a pris le
devant, pour sensibiliser l'opinion sur le déclin volontaire et
préjudiciable des objectifs sportifs par rapport aux poursuites
marchandes.
Madame Buffet, actuel Ministre français de la Jeunesse
et des Sports, parlait, elle, des dérives marchandes ou de flux
monétaires artificiels, au moment où d'autres y voient une sorte
de spirale mercantile (BROHM J. M, 2000, pp. 26-27). Quel est l'état de
la question sur le futur du système actuel des transferts ?
2.2.a. Position de l'union européenne sur la
pratique des transferts.
Pour la commission européenne, le système des
transferts des sportifs dans le football viole le traité de Rome de
1952, constitutif de l'union européenne. Il est contraire aux principes
fondamentaux de l'union afférents à la libre circulation des
travailleurs et à la libre concurrence. D'où, son abolition ou au
moins sa réforme s'imposent.
Certains clubs ont des effectifs assez riches. Il y a des
joueurs qui n'ont pas encore été utilisés et qui ne le
seront sans doute pas même si, au départ, ils étaient
censés être de grande importance pour leur équipe. Les
dirigeants préfèrent continuer à recruter sans les
utiliser. Après, comprendre pourquoi. ?
Donc, la logique marchande sous-tend énormément
la politique des recrutements de nouveaux joueurs, à travers le monde.
Les joueurs eux-mêmes ne sont guère contents de la formule de
transferts telle qu'on y recourt aujourd'hui. L'union nationale
française des footballeurs
Professionnels (UNFP) a parlé de " marché
d'esclaves ".(L'Humanité du 16 janvier 2000)
2.2.b. Position des instances du football :
l'impact de l'abolition du système de transferts.
Lorsque les administrateurs du football défendent le
système de transferts, leur premier et plus important argument est
qu'une ligue sportive a besoin d'un degré raisonnable d'incertitude
quant au résultat. Les spectateurs sont moins intéressés
par une rencontre sportive si le vainqueur est connu avant que le jeu ne
commence ou par une compétition sportive dont le champion est connu
avant Ia mi-saison. Un sport d'équipe a besoin d'un équilibre
compétitif entre les équipes participant à un
championnat.
En raison de leur emplacement dans de grandes villes
dotées d'une haute densité de population, certains clubs ont un
potentiel supérieur pour trouver des talents et pour attirer un nombre
plus élevé de spectateurs en comparaison avec les clubs de villes
plus petites.
Du fait que les équipes de grandes villes ont des
revenus plus élevés, elles peuvent offrir des salaires plus
élevés aux joueurs et par conséquent attirer les meilleurs
d'entre eux de tous les coins du pays.
Un marché libéralisé des joueurs aurait
pour résultat la concentration de tous les joueurs de talent dans un
seul ou dans un petit nombre de grands clubs, ce qui nuit à
l'équilibre compétitif du championnat, diminue l'incertitude du
résultat et réduit l'intérêt du spectateur. Par
conséquent, un système de transferts est nécessaire pour
garantir aux petits clubs le droit de se réserver quelques bons joueurs
pour eux-mêmes et de vendre d'autres bons joueurs sur le
marché.
Une autre préoccupation dérive du fait
que le système a toujours eu pour objet de compenser l'argent
dépensé par les petits clubs pour la formation de jeunes joueurs.
Ces clubs perdront les indemnités de transfert qu'ils reçoivent
pour la vente des talents. Si les jeunes joueurs ayant du talent peuvent
quitter leurs clubs pour aller dans un meilleur club sans qu'il y ait une
compensation financière, non seulement les premiers auront des
problèmes financiers, mais en outre la formation des jeunes sera
découragée, de sorte que cette importante fonction sociale du
sport disparaîtra.
Un autre problème semble poindre, l'exode vers de
grands clubs de jeunes joueurs parfois même âgés uniquement
de dix ans. L'exode se fait d'un club à l'autre mais aussi d'un pays
à l'autre. La volonté de former ces jeunes joueurs est certes
louable mais il ne faut pas occulter le côté mercantiliste de tels
transferts. Cela pourrait se réguler sur le fait qu'un joueur
très jeune n'est pas assuré de devenir un Ronaldo.
Un dernier problème concerne la distribution de
salaires aux joueurs. Un marché de joueurs libre provoquerait une
escalade des salaires des meilleurs joueurs, car les clubs se feront
concurrence pour les engager. Cette situation se crée au
détriment des joueurs des équipes moyennes et du profit des
propriétaires des clubs. Il en découle une distribution encore
plus inégale des salaires. Les salaires élevés de certains
joueurs, ainsi versés au détriment du profit du club, risquent
d'aggraver l'insécurité financière des petits clubs, qui
seront incapables de payer le surcoût du travail.
C'est depuis le mardi 31 octobre 2000 que le comité
conjoint de la FIFA/Uefa a remis au bureau de la commission européenne,
les nouvelles propositions qui devraient régir les transferts des
sportifs. Ainsi, selon le monde du football,
- les transferts des mineurs sont désormais
interdits ;
- la durée des transferts serait au plus de 2 à
3 ans ;
- seul un transfert serait autorisé par équipe,
par an.
2.2.3. Quid de l'avenir du mercato ?
Cependant, compte tenu des nombreuses perturbations qu'il a
engendrées, la continuation du mercato n'est plus de mise de
façon unanime par tous les praticiens du football. En France, par
exemple, l'union nationale des entraîneurs, cadres et administrateurs
techniques professionnels du football (UNECATEF) avait lancé en
décembre une " consultation " sur la continuation ou non du
marché d'hiver de vente et d'achat des joueurs. " 75 %
des entraîneurs, D1 et D2 confondues, se sont
prononcés contre ". L'entraîneur d'Auxerre détaille : "
Nous sommes contre parce qu'il crée des troubles dans nos effectifs. Des
joueurs, ceux qui ne jouent pas toujours, les remplaçants, voient une
opportunité d'aller dans un club où ils pensent jouer. Ils nous
mettent tout le bazar. " Terrain sur lequel les intérêts de
différents protagonistes, à savoir, joueurs, managers,
entraîneurs et dirigeants d'équipes sont toujours opposés,
le mercato ne satisfait personne, complètement.
Jean-Luc Arribart a prédit même la fin du round
d'observation actuel et l'avenir, selon lui, est sombre : "
L'intérêt des managers étant de faire bouger le plus
souvent possible leurs joueurs, les transferts vont s'accélérer
en hiver parce que les joueurs écoutent beaucoup leurs managers. Les
joueurs et leurs agents ont le pouvoir aujourd'hui. Ils décident de la
durée du contrat, des clauses qu'ils désirent, de quand ils
partent. Ils ont pris le pouvoir parce qu'on leur a donné. Il n'y a
aucune contrepartie pour eux : ils ont tous les avantages sans avoir les
inconvénients. Si le joueur est bon, il partira chercher fortune
ailleurs. S'il n'est pas bon, il partira quand même. Avant, il essayait
de récupérer sa place à l'entraînement ou avec la
réserve pour montrer à l'entraîneur qu'il s'était
trompé. Aujourd'hui, on appelle son manager pour partir. " Devant un tel
tableau et au regard du sondage des entraîneurs, une seule question se
pose : faut-il conserver le mercato ? " J'ai prôné sa suppression
auprès de la Ligue dont je suis vice-président, explique Guy
Roux, mais j'ai été minoritaire. Les présidents de club
ont voté sa continuation. " Au nom du sacro-saint principe d'alignement
sur les autres pays européens qui possèdent eux aussi un mercato.
Ce suivisme agace Roux : « Heureusement qu'ils ne se
jettent pas à l'eau, sinon, on irait tous nager. » Seul le nom
sera modifié, révèle l'entraîneur bourguignon,
« parce que l'UNFP (le syndicat des patrons de club) trouvait que
cela faisait un peu mercantile ». Ces gens-là sont impayables,
et à travers leur requête, la gêne qu'on devine chez eux
prête à sourire. De toute façon, personne ne sera dupe. "
Il y a un petit malin qui a proposé "le marché de Noël",
mais cela fait le même effet que mercato ", rigole Guy Roux.
Quant à Dobraje, il propose " période de joker
plus longue ". Reste qu'en lieu et place du marché hivernal, les
entraîneurs ont proposé l'engagement d'un joker. " La venue de
deux jokers plus un gardien dans la même période me paraît
plus opportun ", confirme Dobraje. (L'Humanité du 16 janvier 2000).
2.2.4. Proposition de solution.
Une meilleure concertation entre agents, joueurs et clubs
permettraient de limiter les échecs et d'éviter les situations de
blocage. Dans tous les cas, le marché des transferts met en face trois
parties, en l'occurrence, l'équipe cédante, l'équipe
cessionnaire et, le cas échéant, le manager ou l'agent de joueur.
Ce qui est particulier dans ce marché, c'est la place qu'occupe le
joueur, lui-même. En effet, cette place est quasi diluée dans la
nature du contrat. Dans les concertations, l'accord du joueur est acquis
aussitôt que l'équipe dont il est sociétaire en a
exprimé le vif désir et en a fait part à celle qui
souhaiterait l'acquérir. C'est dans ces termes qu'on peut lire l'article
13 du règlement de la FIFA relatif au statut et au transfert des
joueurs. Il est relayé en des mots presque similaires par les
dispositions des réglementations européennes (UEFA) et belge
(URBSFA) en la matière, telles que rapportées par le professeur
Blanpain Roger(1996, pp. 41-78). Aussi, apparaît-il que l'accord de deux
clubs concernés par le transfert du joueur suffit pour que celui-ci soit
parfait. Reste cependant, la question du manager.
2.3. Le manager.
Ce dernier est l'intermédiaire à qui le joueur
se confie pour notamment défendre ses intérêts dans ce
genre de négoce. Compte tenu de la durée du mandat que se donne
le manager sur la défense desdits intérêts du joueur, il
gère ce dernier avec la plus grande délicatesse, surtout si le
joueur a la réputation irréfutable de star, à même
de rester encore dans la perspective des conquêtes et convoitises des
clubs les plus riches. Il perçoit d'énormes commissions sur la
somme nette que reçoit en fin des comptes le joueur.
A cause de leur influence sur le terrain d'affaires du
football business et de leurs alliances à travers le monde avec les
dirigeants des clubs modestes, les managers sont une autre race qu'on peut
considérer comme contribuant à leur manière à
l'internationalisation de ce sport.
Outre le fait que leur prospection ne se limite pas à
un seul Etat, ils sont capables de procéder à des recrutements de
nombreux et talentueux joueurs qui fassent la fierté et consolident le
succès des équipes. Ils font et défont les équipes,
et à cause d'eux, les salaires des joueurs ont accusé une
augmentation graduelle, comme l'illustre le graphique ci-après, qui
indique l'évolution des salaires des joueurs de football de la
première division anglaise. Dans le graphique qui illustre mieux cette
table de données, on se rend évidemment compte du fait que la
courbe, dessinée en bas, de ces salaires est ascendante.
Cela s'explique par l'insertion progressive du football dans
les girons de l'économie marchande. Le football est devenu une
profession, comme le sont déjà d'autres. Mais, cette situation
n'est ni unique, ni propre au seul football anglais.
En fait, l'Europe, qui est un des réservoirs les plus
importants des footballeurs professionnels fait face à une espèce
d'un nouveau rapport salarial novateur depuis l'arrêt Bosman.
Les lignes de force de la politique salariale nage entre deux
versants. Le premier met l'accent sur l'optimisation de la valeur marchande
d'un joueur vedette, et donc à haute productivité sportive, au
quel seront alloués des salaires et des primes élevées,
étant entendu que ces dépenses, qui ont parfois la valeur d'une
épargne, seront récupérées grâce à
l'ensemble des revenus que le joueur bénéficiaire apportera
inévitablement au club, par l'entremise d'un transfert au bon moment et
au bon acheteur. Naturellement, la grille barémique des salaires
ci-dessus reprise et à laquelle se rapporte cette justification concerne
une minorité de joueurs rentables de la trempe de Luis Figo (Real
Madrid), David Beckham, Roy Kean (Manchester), Rivaldo (Barcelone), Shabani
Nonda (Monaco), Jan Koller et Radzinski (Anderlecht), Marc de Gryse (Germinal
Beerschot Antwerpen), Bangoura et Mbayo (Lokeren), Boeka Lisasi (Westerlo). Et
la liste peut s'allonger dans tous les clubs, puis que chacune de ces
équipes à cette poignée en son sein.
D'autre part, les joueurs plus ou moins anonymes, sont
désormais placés dans une situation de précarisation du
travail tendancielle, du reste, croissante avec l'âge. Ils se montrent
en conséquence moins revendicateurs, en acceptant en revanche des
différentiels très importants en ce qui concerne les salaires et
des primes ainsi que des contrats divers.
Tableau n° VI : Salaires des joueurs de
Premier League anglaise de football.
saison
|
1992-1993
|
1993-1994
|
1994-1995
|
1995-1996
|
1996-1997
|
1997-1998
|
1998-1999
|
salaire
|
98
|
150
|
180
|
200
|
250
|
300
|
400
|
Source : Deloitte et Touche, cités par Time du 05
juin 2000, p. 52
C'est ainsi que les plus gros transferts de l'histoire, qui
s'inscrivent sur cette lancée ascendante, ne sont signalés
qu'après 1995.
Tableau VII : Les dix plus gros transferts de
l'histoire du football business en millions de francs français.
Nom
|
Nationalité
|
Départ
|
Arrivée
|
Saison
|
Montant
|
Figo L.
|
portugaise
|
Barcelone
|
Real Madrid
|
2000-2001
|
404,5
|
Crespo H.
|
argentine
|
Parme
|
Lazio/Rome
|
2000-2001
|
374
|
Vieri Chr.
|
italienne
|
Lazio/Rome
|
Inter/Milan
|
1999-2000
|
305
|
Batistuta G.
|
argentine
|
Fiorentina
|
Lazio/Rome
|
2000-2001
|
236
|
Anelka N.
|
française
|
Arsenal
|
Real Madrid
|
1999-2000
|
220
|
Anelka
|
française
|
Real Madrid
|
Paris-St-Ger.
|
2000-2001
|
217
|
Amoroso M
|
brésilienne
|
Udinese
|
Parme
|
1999-2000
|
196
|
Shevchenko
|
ukrainienne
|
Dynamo/Kie
|
Milan AC
|
1999-2000
|
196
|
Jardel Mario
|
brésilienne
|
Porto
|
Galatasaray
|
2000-2001
|
196
|
Denilson
|
brésilienne
|
Sao Polo
|
Betis Séville
|
1997-1998
|
|
Source : fr.sports.yahoo.com/00091/1/mc0.html
Il se dégage que tous ces transferts sont
effectués au profit des équipes d'Europe. Ils concernent, en
majeure partie, des joueurs des pays en développement d'Amérique
du Sud. Quant aux joueurs africains, plusieurs transferts juteux ont
été aussi effectués. C'est le cas, notamment, du congolais
(ex Zaïrois) Shabani Nonda, transféré de Saint-Etienne
à Monaco (2000-20001), pour près de 20 millions de dollars. Il
est devenu le joueur footballeur africain le plus cher au monde, juste avant le
nigérian Okocha, transféré de Galatasaray à
Paris-Saint-Germain (1998-1999), pour le montant de 17 millions de dollars
américains.
Les transferts ne sont pas le seul canal de
l'internationalisation du football, avions-nous dit un peu plus haut. De
nombreux clubs pensent de plus en plus à opérer sur le territoire
étranger. Non seulement qu'ils y achètent des joueurs, mais aussi
ils participent à la diversification des éléments de leur
croissance, tant sur le plan financier que sur celui du prestige.
C'est la voie d'implantation à l'étranger, qui
prend la forme tantôt d'un centre de formation, tantôt
d'investissement étranger direct, tantôt encore de fusion-
acquisition avec d'autres clubs locaux, voire d'entreprise à risque
partagé.
Section 2. LA
MULTINATIONALISATION DU FOOTBALL BUSINESS :
L'IMPLANTATION A
L'ETRANGER
Il n'est pas habituel d'entendre des expressions comme celle
en vedette. A première vue, elle ressemble plus à un accouplement
bâtard qu'à une réalité qui peut s'observer et
s'analyser avec des lentilles appropriées. Pourtant, c'est bien le cas,
en dépit du fait que multinationalisation rimerait harmonieusement avec
entreprises ou firmes. Mais DUNNING John H. (2000, p. 10) reconnaît que
« la croissance de la connaissance du capitalisme a conduit à
une explosion d'alliances inter firmes ».
En fait, depuis très longtemps, seules les entreprises
multinationales avaient la capacité et le monopole d'opérer sur
d'autres territoires. Les investissements ainsi effectués
revêtaient plusieurs formes. Dans leur récent ouvrage sur la
globalisation et les alliances stratégiques appliquées
à l'industrie des lignes aériennes, TAE Hoon Oum, Jong-Hun Park
et Anming Zhang (2000,p. 11) esquissent qu'à travers la technique
d'alliances stratégiques, les firmes espèrent avoir accès
sur ou partager sur les marchés, les produits, les ressources et la
technologie. Les alliances naissent pour réduire les coûts,
partager les risques, fabriquer des services complémentaires, renforcer
la distribution et optimiser les stratégies de commercialisation. Cette
explication renferme aussi quelques raisons pour lesquelles les clubs de
football ne savent plus se contenter du territoire de siège.
L'hyper-marchandisation du sport, conséquence de la
mondialisation, justifie pour une plus grande part, cet état de choses.
En effet, cotés en bourse, faisant face à la concurrence,
toujours croissante, de leurs adversaires et voulant maintenir le niveau,
à la fois du prestige et du budget, au moment où, l'explosion des
salaires des joueurs est une évidence (Késenne S et Jeanreaud C,
op. cit., p. 1), les clubs de football ont, peut-être, sans vraiment
l'avoir prévu comme tel, vu leur physionomie s'identifier, par moment,
à celle des entreprises transnationales ou multinationales.
Selon Drucker P. (1997), une entreprise transnationale n'a
qu'un espace économique, le monde ; même si la vente,
l'entretien et le service juridique sont assumés localement, la fixation
des prix, la gestion des finances, la recherche s'effectuent en fonction du
marché mondial. Cet effort théorique de différenciation
entre l'entreprise transnationale et celle multinationale a toutefois le
mérite de ressortir les traits caractéristiques de cette
dernière. Il s'agit, dit Mucchielli J.L (1998, p. 18), de toute
entreprise possédant au moins une unité de production à
l'étranger, car, multinationales, transnationales, transplants, filiales
ne sont que de multiples noms ou qualificatifs donnés à ce type
d'entreprise.
Les clubs de football ne sont donc pas totalement absents de
ce cadran, dans la mesure où, pour la toute première fois, la
route vers leur multinationalisation coïncide avec cette réflexion
de M. David H. WILL (1999, p. 13), portant sur le point de vue des
fédérations(de football) sur les nouvelles règles de
transfert. Pour réagir à la décision de la Cour
européenne de Justice dans l'affaire Bosman, le vice-président de
la FIFA, alléguant la mort du football, entrevoyait l'apparition de
plusieurs possibilités dans le milieu des clubs, en vue
d'atténuer les effets durs de l'arrêt. Ainsi, il disait notamment
que « concept of feeder clubs is already established in some
countries- a major club with one or a number of smaller satellite clubs, the
parent club helping financially with youth training and general running costs,
but having first call on transfer of satellite's players ».
Née d'un sentiment de douleur, l'internationalisation, ainsi
décrite semble porter du fruit.
Paragraphe 1. La
présence des clubs de football à l'étranger.
D'aucuns admettent que l'implantation à
l'étranger, aux fins d'exploitation de ses affaires à
l'étranger, est l'une des conséquences de
l'accélération de la mondialisation. Le rêve de celle-ci
s'accomplit, non parce qu'il est nouveau, mais parce que la technologie est
nouvelle et particulièrement efficace. Pour habiller son raisonnement,
l'économiste nigérian, OKGBO (1999, pp. 101-102), résume
que « en 70 ans, entre 1920 et 1990, le coût du transport
maritime s'est abaissé de plus de 66%, tandis qu'au cours de dix
années, entre 1960 et 1970, le coût du transport aérien a
diminué de 60 %... les coûts des communications
téléphoniques internationales ont diminué de plus de 80 %,
entre 1940 et 1970 et de 90 %, entre 1970 et 1990. » Dès lors,
pourquoi, ne céderait-on pas facilement à la tentation de
conquérir de nouveaux espaces qui soient précurseurs de bonnes
affaires pour un opérateur économique ?
Facile à concevoir pour les entreprises commerciales,
l'internationalisation semble ne pas s'adapter aux clubs de football. Pourtant,
si on transpose le concept du vice-président de la FIFA, qui parle de
club parent et de club alimentaire, on s'approche d'une réalité
qui a déjà pris corps. Mais cela ne se réalise pas d'un
trait. Dans les lignes qui suivent, nous essayons de retracer
l'itinéraire, pas toujours unilinéaire, de plusieurs clubs de
football, parmi lesquels ceux les plus riches.
1. A. PRESENCE A L'ETRANGER
SANS INVESTISSEMENT.
Devant les exigences du développement international du
football et de la capacité matérielle et budgétaire des
clubs, la stratégie de ces derniers consiste tout d'abord à
accroître leur possibilité de gagner le plus de matches, puis
à se maintenir dans la meilleure position au classement
général d'une ligue ou du championnat, pour ne pas subir
l'humiliante sanction de relégation. Ainsi, les équipes
procèdent à des recrutements de ceux qu'elles considèrent
comme bons joueurs, peu importe leur race, leur origine. Ces derniers temps,
le travail des organismes internationaux de défense des droits de
l'homme a recueilli un franc succès, en faisant dissiper le
soupçon de racisme qui pesait sur la politique de recrutement de
certaines équipes de football. Et, le Tiers- Monde, après
d'incessantes victoires dans des compétitions internationales, est
devenue la cible la plus visée des clubs du football européen. Ce
ne sont pas cependant tous les pays du Tiers- Monde qui sont concernés.
En attendant la percée encore lente des pays d'Asie, en cette
matière, l'Afrique et l'Amérique du Sud viennent en tête.
Les clubs se servent pour cela des agents de recrutement. Mais comme, ils
coûtent chers, ils recourent souvent à leurs anciens joueurs,
ressortissants des pays du Tiers- Monde.
En effet, même s'ils ne sont pas rentrés dans
leurs pays, à la fin de leur carrière professionnelle, les
anciennes stars tiers-mondistes du football européen continuent à
être actives dans le renforcement des effectifs de leurs anciennes
équipes. Cette stratégie, efficace, trouve son point culminant
dans le fait que dans leurs pays d'origine, ces anciens joueurs
bénéficient bien souvent d'égards, surtout si, à
leur actif, les résultats nationaux étaient bons. Et en
récompense, ils reçoivent une commission qui fait d'eux, alors
des agents commissionnés. Il symbolise la première forme des
relations durables entre un club riche et un coin géographique
déterminé.
1.A.1. L 'Agent commissionné ou le recruteur
officieux.
Appelé parfois, agent à la commission ou agent
commercial, l'agent recruteur de jeunes joueurs pour un secteur
géographique donné, n'est pas à confondre à un
intermédiaire. Car, ce dernier achète les joueurs sur le
marché local avec ses propres fonds et négocie leur revente aux
clubs riches. Par contre, à l'instar de celui qui agit dans
l'exportation commerciale internationale, l'agent commissionné ne
prélève pas de marge, mais il est rémunéré
par le club au moyen d'une commission sur les opérations d'achat au
bénéfice du club, que son initiative a permises.
1.A.1.a. Caractéristiques de la formule.
Convaincus, dans la plupart des cas, que le Tiers- Monde
constitue un marché où l'on pourrait s'approvisionner en joueurs
à peu de frais, et où les infrastructures capables
d'éclore à son meilleur niveau le talent des jeunes sportifs font
cruellement défaut, les clubs riches recourent parfois à cette
formule qui a l'avantage de désigner comme agent commissionné, un
ancien joueur, de bonne renommée, moins exigeant vis-à-vis de son
ancien employeur. Dans ce contexte, il passe pour :
- Un mandataire. En tant que tel, il agit au
nom et pour le compte de celui-ci. Ce mandat lui donne le pouvoir de
négocier et de réaliser le football business, sans que se masque
pour longtemps, l'ombre du véritable acheteur, à savoir, le
club.
-Un intermédiaire
indépendant.
En cette qualité, il prouve qu'il est libre de
l'organisation de son activité.
Enfin, il n'est point de doute qu'il est chargé de
façon constante, et non occasionnelle, de la recherche de jeunes
joueurs, puis les de proposer en vente au club au nom duquel il agit.
1.A.1.b. Fonctions de l'agent.
Sa fonction essentielle est de prospecter et de
dénicher à temps tout joueur talentueux, star montante du
football dans sa région géographique. Celle-ci couvre, à
quelques exceptions près, les limites territoriales d'une ville ou d'une
province ayant dans son championnat d'équipes de football. Ce genre
d'agent, à travers lequel la plupart des équipes riches
opèrent sur des terrains même des pays lointains de leurs, est
différent d'un autre qui, lui, est détenteur d'une licence de la
FIFA.
1.A.1.c. Comportement des agents commissionnés
et portée de l'internationalisation.
Au regard de la méthode mise sur pied, en l'occurrence
l'entente « illicite » entre embaucheurs des joueurs du
Tiers- Monde et leurs anciens sociétaires, l'on peut se demander si les
transferts effectués de cette manière-là sont licites, et
comptabilisés ou si on peut considérer cette opération
comme étant un transfert. A notre avis, la négative s'impose.
Car, à première vue, qui dit transfert, au sens de la FIFA et de
ses affiliées, dit contrat signé entre deux clubs de football.
Le joueur n'est pas subtilisé en catimini. En effet,
réalisant clandestinement leurs activités, certainement, en marge
des lois et règlements sportifs établis, les agents
commissionnés, appelés aussi recruteurs officieux, voient se
confirmer cet autre attribut dont la péjoration n'est pas du tout
exagérée. Ils expérimentent autrement la
réalité du mercato, déjà examiné. S'ils
n'ont pas la carte de visite d'un grand club local de football, pour voiler
à peine l'image de négrier qui le colle à la peau, ces
agents, forts des avantages en argent que leur job leur procure,
s'établissent vite dans des réseaux, où peuvent se
retrouver facilement, les officiels de la fédération nationale du
football, les envoyés spéciaux du Ministre des sports et certains
dignitaires du pays qui servent de paravent en cas du démaquillage de
ces pratiques.
Puisque souvent, les assurances offertes par l'agent à
son club, à propos de sa recrue, peuvent s'avérer moins
concluantes par la suite, il est fréquent de constater que, une fois en
Europe, le jeune joueur qui se prédestinait à une carrière
prestigieuse dans son pays d'origine, se retrouve abandonné dans la rue
et condamné, malgré lui, à la clandestinité
forcée. Ici, nous posons donc la problématique de la
requalification du marché d'achat et de vente des jeunes joueurs par
des hommes dont le statut non réglementé par le droit national
reste en tout cas peu reluisant. Ils sont de véritables faiseurs de
« clandestins du football international ».
En lisant la correspondance ci-dessous de Cecilia GABIZON
(1998), seuls les sceptiques pourraient sous-estimer l'ampleur
planétaire de ces pratiques, aux imperfections désastreusement
élaguables : « Au Brésil, la chasse aux talents
juvéniles est un sport de haut niveau. Sergio, 14 ans raconte : `
je venais de terminer un match dans mon bled, dans le Mato Grosso, lorsqu'un
homme a proposé de m'emmener à Rio, pour jouer au club du Vasco'.
Ses parents, camelots, ont tout de suite accepté, trop heureux
d'imaginer une vie meilleure pour leur fils. Depuis un an, Sergio partage un
dortoir dénudé avec vingt autres gamins de tout le pays.
Pensionnaire du Vasco de Gama, champion du Brésil, sa vie se
réduit au ballon et au rêve : `la route de la gloire est
longue. On doit sûrement avoir oublié d'où l'on vient quant
on y arrive'. Comme dans toute transaction spéculative, le drame des
joueurs sur ce marché rime avec la jubilation des intermédiaires.
`Sans intermédiaire, personne ne peut y arriver', glisse Sergio, en
regardant son découvreur. Ercy Rosa, la cinquantaine, sourire
fatigué et Ray Ban clinquant, se proclame évaluateur technique.
Depuis plus de trente ans, il dispose d'un réseau d'observateurs qui
l'appellent dès qu'apparaît un gosse doué. Parfois, Ercy se
déplace, jauge le potentiel de l'enfant et se charge de convaincre les
parents. Une simple carte de visite aux couleurs du Vasco de Gama suffit
souvent à les impressionner. ` je ne propose pas d'argent. Mais,
j'offre à leur enfant le toit, le couvert, les soins médicaux et,
surtout, la possibilité de devenir un grand joueur'. Ils sont des
milliers au Brésil à exploiter ainsi la misère et l'amour
du foot. Car, si les gosses ne voient pas encore la couleur de l'or, les
découvreurs tel Ercy perçoivent des sommes importantes pour les
petits les plus talentueux. ` Je vends un attaquant comme Sergio pour 3000
dollars. Un arrière ira chercher dans les 15.000. Les plus
recherchés sont les buteurs entre 14 et 16 ans'. Depuis Ronaldo, les
prix ont brutalement grimpé au Brésil, car les clubs craignent de
laisser échapper la perle rare. Pour avoir
refusé de payer les tickets de bus de l'ado Ronaldo, le Flamengo a perdu
le prodige, retourné jouer dans la banlieue ouvrière de Rio. Peu
de temps après, deux entrepreneurs, Reinaldo Pitta et Alexandre Martins,
l'ont découvert dans son club de São Cristovão. Il avait
14 ans et valait 7 500 dollars. Malins, ils ont obtenu
une délégation des parents leur assurant un statut de tuteurs.
Aujourd'hui, Ronaldo entretient près de 40 personnes au pays. Ses
imprésarios héritent de coquettes commissions à chaque
transaction et gèrent avec profit son image. L'histoire n'est pas
toujours aussi heureuse. Sur 1 000 gamins doués, un ou deux seront des
cracks ; une poignée, des joueurs pro ; les autres retourneront à
la vie normale, «un grand rêve en moins», commente Eduardo, 17
ans. Il a quitté Bahia et sa famille il y a un an, attiré
à Rio par un découvreur véreux. Le jour où il s'est
blessé, le club où il était à l'essai et le passeur
l'ont abandonné. Depuis, il s'entraîne sur un terrain vague et
n'ose pas rentrer chez lui les mains vides. Dans ce négoce sans contrat
ni règles établies, les clubs se soucient peu des
éclopés. Pour éviter de se faire voler un futur champion
par un concurrent, ils préfèrent accueillir de nombreux
mômes, pour la plupart acquis avec trois sous d'aide à la famille
et un petit chèque au découvreur. Romario, Carlos Germano,
Edmundo, entre autres, sont issus de la filière du Vasco. «Un
joueur de talent vaut au moins 10 millions de dollars. Cela couvre les
dépenses de fonctionnement de mes sections amateurs pendant six
ans», calcule Darcy Peixoto, le dirigeant du club. Jota Jota, un
bénévole, accueille gratuitement des
jeunes des bidonvilles au bord de la plage de Rio. Il ironise: «On est
obligé de vendre nos enfants. Ici, ils ont très peu de chances de
s'en sortir. Heureusement que Dieu a eu une illumination quand il a
créé le football. Il a donné le talent aux pauvres.».
Les filets de tels agents n'ont épargné les
jeunes talents surtout d'Afrique, car, comme le rapporte La Gazetta dello
Sport ( 1998, p. 5) « plus de 300 joueurs professionnels africains
jouent dans des clubs européens (dont 90% en France) :
nigérians, ghanéens, zaïrois, algériens, camerounais,
libériens ou angolais. »
Malheureusement, il se constate fréquemment que
certains clubs de football africains desquels on attendrait bien
évidemment le lancement d'un véritable partenariat avec des
équipes des pays voisins, raffolent des tranferts illicites. La
stratégie mise en place offre souvent un spectacle comme celui-ci :
ils placent dans des pays réputés
« pépinières » des joueurs talentueux des
recruteurs officieux, qui leur servent d'intermédiaires, rien que pour
leur fournir à vil prix, certainement, des jeunes footballeurs du pays
dont ils sont également originaires.
Dans la plupart des cas, ces clubs appartiennent aux
sociétés pétrolières ou celles ayant investi dans
des secteurs qui leur confèrent une importance bien réelle. Ainsi
la République Démocratique du Congo alimente-elle les
équipes des compagnies pétrolières d'Angola, du Gabon et
les équipes des sociétés minières de la Zambie.
1.A.1.d. Les transferts des joueurs congolais
opérés par des recruteurs officieux.
Selon le journal L'Avenir, un quotidien paraissant à
Kinshasa (édition du 27 novembre 2000), qui cite à son tour le
journal Vision, toujours du marché de la presse kinoise (édition
du 23 novembre 2000) « des transferts des joueurs congolais,
évalués à 461.000 $ US sont négociés en
Angola ». Le journal a publié la liste partielle des
négociateurs avec, au regard de chaque nom, le montant du transfert.
Toutefois, l'interrogation par les deux journaux sur le fait de savoir si le
trésor public et la fédération avaient pu percevoir leurs
pourcentages respectifs sur toutes ces transactions jette un doute réel
sur la licéité desdits transferts. Donc, la thèse de
transferts illicites et de recrutements officieux se taille bien d'un pousse
son chemin de confirmation. Dans le cas du Congo, la facilité avec
laquelle les jeunes joueurs acceptent volontiers de s'en aller vers l'eldorado
d'une part, et l'ineficacité des mesures prises par les autorités
politiques et administratives tendant à contrecarrer ces départs
massifs tiennent au fait que sans politique d'emploi ni d'encadrement des
jeunes, voire de toute la population active nationale, aucune concession pour
convaincre les jeunes à rester au pays n'est possible. D'ailleurs, bien
qu'à l'étranger, les joueurs qui arrivent à y
émerger contribuent à leur manière à la survie de
leurs familles vivant au Congo.
Tableau VIII. Liste partielle des négociateurs
des transferts des joueurs congolais évoluant en Angola.
1. Madilu Patcheli.
Noms des joueurs
|
Ancien club
|
Actuel club
|
Montant de transfert
|
Mazowa
|
Sodigraf (Kinshasa)
|
Dagosto
|
12.000 $ US
|
Sifwa
|
Sodigraf
|
Sagrada
|
8.000 $ US
|
Kisolokele
|
Sodigraf
|
Academia
|
6.000 $ US
|
Kabo Makabi
|
Sodigraf
|
Rangol
|
12.000 $ US
|
Gina Isomboma
|
Sodigraf
|
Progreso
|
12.000 $ US
|
Mukuenza
|
Etoile
|
Rangol
|
15.000 $ US
|
|
Sous-total :
65.000 $
US
2. Edouard Kiaku Mbuta.
Diboko Jean Bosco
|
Matonge
|
Tombua
|
12.000 $ US
|
Le Petit
|
Mabuilu
|
Tombua
|
14.000 $ US
|
Franc
|
Union
|
Tombua
|
10.000 $ US
|
Tintin
|
Kalamu
|
Tombua
|
10.000 $ US
|
Banyengele
|
Sapatra
|
Progreso
|
7.000 $ US
|
Mbala Lide
|
Dragons
|
Rangol
|
16.000 $ US
|
Mbila
|
Sodigraf
|
Dagosto
|
18.000 $ US
|
Isaac
|
Kintambo
|
Dagosto
|
15.000 $ US
|
Guy
|
Sodigraf
|
Petro Atletico
|
20.000 $ US
|
Mukinza
|
Etoile
|
Rangol
|
15.000 $ US
|
Goliat
|
Matonge
|
Dagosto
|
12.000 $ US
|
Jean-Claude
|
Bilima
|
Sonangol
|
15.000 $ US
|
Libiza Alain
|
Jeek
|
Sonangol
|
15.000 $ US
|
Yaba
|
Matonge
|
Sonangol
|
12.000 $ US
|
Kande
|
Lupopo
|
Sonangol
|
10.000 $ US
|
Hero
|
Mabuilu
|
Sonangol
|
10.000 $ US
|
Fofana Guy
|
Matonge
|
Sonangol
|
12.000 $ US
|
Nzazi Bandimi
|
|
Sagrada
|
8.000 $ US
|
Tubilandu
|
Sapatra
|
Sagrada
|
15.000 $ US
|
|
Sous-total :
246.000 $
US
3. Fonte-Nova
Mbiyavanga
|
Motema Pembe
|
Petro Atletico
|
15.000 $ US
|
Akobolo
|
Kalamu
|
Dagosto
|
10.000 $ US
|
Chalana
|
Utexafrica
|
Dagosto
|
8.000 $ US
|
Serdade
|
Style du Congo
|
Sonangol
|
12.000 $ US
|
Ayembe
|
Bingo
|
Sonangol
|
14.000 $ US
|
Ninja
|
Style du Congo
|
Sonangol
|
8.000 $ US
|
Lebo
|
Motema Pembe(Kin)
|
Tombua
|
12.000 $ US
|
Morile
|
Union(Kinshasa)
|
Academia
|
7.000 $ US
|
Zola
|
Utexafrica
|
Academia
|
10.000 $ US
|
Ebola
|
Nika (Kisangani)
|
Academia
|
10.000 $ US
|
Ebola Dady
|
Matonge (Kinshasa)
|
Inter
|
8.000 $ US
|
|
Sous-total :
124.000 $
US
4. M. Lakijo
Ndjoli Kapesa
|
Sodigraf
|
Inter
|
5.000 $ US
|
Lukaka Papy
|
Kintambo
|
Inter
|
6.000 $ US
|
Ndola
|
Kintambo
|
Dagosto
|
15.000 $ US
|
Sous-total :
26.000 $
US
Total général :
461.000
$ US
Source : Journal L'Avenir, édition du 27 novembre
2000
Remarque :
Il est vrai que les transferts des joueurs, illicites et
licites, entre la République Démocratique du Congo et l'Angola
sont fréquents, et s'étalent sur plusieurs années en
arrière. Cependant, même si les journaux cités ne donnent
pas les années de références au cours desquelles ces
opérations se sont déoulées, il est fort probable que
l'information ainsi livrée serait proche de la véritable, car les
personnes nommémént désignées comme
négociateurs sont notoirement connues du milieu sportif congolais en
général, et kinois en particulier. Mais rien ne permet de croire
que les transferts des sportifs congolais ne s'opèrent que dans le
football. Le baskett et les arts martiaux sont souvent victimes de ce qui ne
serait pas loin d'une razzia. Peu élogieux, le profil du recruteur
officieux s'oppose, ne serait-ce que sur le plan des principes, à celui
de l'agent licencié de la FIFA.
1.A.2. L'Agent licencié
de la FIFA.
1.A.2.a. Définition
Cette catégorie est régie par le
règlement de la FIFA du 20 mai 1994 et concerne toutes les personnes
physiques qui ont pour activité principale «le transfert des
joueurs d'une association vers une autre ». Même si la
définition de l'agent licencié n'est pas donnée expressis
verbis dans ce règlement, il s'y dégage cependant qu'il s'agit
d'un conseiller qui offre ses services aux joueurs en vue de les
représenter ou de sauvegarder leurs intérêts dans les
négociations au centre desquelles ceux-ci pourraient se retrouver avec
des clubs ou d'autres joueurs » (article 1er du règlement
précité).
S'il est vrai que les sportifs, amateurs et professionnels du
football, se réclament de presque partout dans le monde, il n'en reste
pas moins que lorsqu'on tente de concilier la définition à la
profession, la moindre logique se pencherait à voir ces agents dans tous
les pays, surtout comme nationaux de tous les pays du monde entier.
Malheureusement, il se réalise que seuls les ressortissants de quelques
Etats sur les 200 que compte la FIFA exercent ce métier. Comment
expliquer cet état de choses ?
1.A.2.b. Exercice de la profession : condition
d'accès et obstacles
A notre humble avis, l'exercice de cette profession, qui
constitue une plaque tournante du marché international des joueurs, se
bute à trois types d'obstacles que voici : Le premier a trait
à l'insuffisance de publicité dont bénéficie le
texte organisant le corps des agents des joueurs. Le deuxième obstacle,
est, lui, lié aux conditions d'accès. En effet, le paragraphe 1er
de l'article premier du règlement pose en des termes clairs les
conditions d'accès, qui paraissent, somme toute, onéreuses.
On peut y lire que « le conseiller
(ci-après dénommé agent de joueur) doit être en
possession de la licence octroyée par la FIFA (pour tous types de
transferts) ou par son association nationale (pour les transferts locaux
seulement). Cela comporte pour corollaire que tout impétrant agent de
joueur, non pourvu d'une licence, agrément de la FIFA, n'est pas
autorisé à opérer un quelconque transfert (article 1er,
point 2 du règlement). Il n'est pas facile de changer l'ordre
établi, il y a plusieurs années de cela. Le monopole de la FIFA
et des institutions `spécialisées' a beaucoup
contribué à la limitation d'accès à cette
profession.
Le troisième, le dernier et le plus vulnérable
enfin, est le critère financier, support ou substrat de
l'agrément.
Il voudrait que le candidat, agent de joueur, dépose
dans un compte bancaire ouvert exclusivement en Suisse, une somme d'argent
équivalant à 200.000 francs suisses, à titre de garantie
ou de caution. Le texte précise que cette garantie est
irrévocable (article 9 du règlement).
Onéreuse, l'accessibilité à la profession
d'agent de joueur coûte tellement chère qu'à ce jour, seuls
deux Africains, de nationalité égyptienne, à savoir, El
SAWY Abdel Monem et MAHMOUD Galal, exercent le métier, pour une Afrique
pétillant de jouvence et de talents en matière de football.
On comprend pourquoi, les citoyens des continents moins nantis
voient leur rêve de devenir agents de joueur se briser, s'envoler et
disparaître comme une fumée qui monte en l'air. C'est pourquoi,
aussi, sans caution, ils acceptent de faire l'agent commissionné que
nous avons décrit plus haut. Ce denier se livre à une concurrence
nuisible contre l'agent licencié. Aussi, s'impose-t-il de
réformer ce règlement ; ce qui réduirait la
présence des agents commissionnés par les grands clubs
européens dont les activités ne sont pas loin de se ressembler
à la traite.
Ces étapes ne sont cependant pas obligatoires. Elles
indiquent plutôt l'arsenal ou la diversité de stratégies
que les clubs de football ont mises en place dans le processus
d'internationalisation de leurs activités marchandes, que nous appelons
ici, football business. ll se déduit qu'à l'option de la
technique du recours à l'agent commissionné se juxtapose aussi
presque en amont le recours au service de l'agent licencié de la FIFA.
Celui-ci n'attend pas d'ailleurs qu'un club le sollicite. Il propose le plus
souvent l'achat d'un joueur. Dans certains cas, ces stratégies semblent
ne plus faire office de recettes magiques pour la plupart des clubs. L'on
signale de plus en plus d'autres, comme la création des centres de
formation des jeunes joueurs et l'investissement direct étranger, par le
mécanisme, soit de prise de participation, soit de fusions-
acquisitions, soit encore de joint venture. C'est ce que nous tentons de voir
dans les développements qui suivent.
1.B. PRESENCE A L'ETRANGER
AVEC INVESTISSEMENT.
1.B.1. La création des centres de formation pour
jeunes joueurs :
confrontation entre l'humanitaire et le business.
Au début de cette étude, nous nous
étions aussi donné pour tâche de vérifier si
l'assertion selon laquelle les clubs de football des pays
développés suivaient les traces des entreprises multinationales
et, avec elles, s'implantaient au-delà des frontières de leurs
pays d'origine, était authentique. A travers la création des
centres de formation pour jeunes joueurs, situés en pleine terre
africaine ou latino-américaine, l'objectif des clubs semble en tout cas
s'accommoder d'une logique de transnationalisation des activités. On ne
verrait pas d'emblée une équipe effectuer des dépenses,
souvent colossales en l'espèce, pour prétendre n'en tirer aucun
bénéfice. Ce qu'il faudrait retenir, c'est que le football a peu
de voies pour se rendre trop commercial. Mais il se façonne à
longueur des journées et au fil des ans des vaisseaux qui lui assurent
une présence continue et difficilement réversible dans le monde
des affaires ordinaires. Nous osons croire que la conversion de la structure
juridique de la plupart des clubs de l'association à but non lucratif
en celle de sociétés commerciales a permis de focaliser
l'attention de ces nouvelles personnes morales sur les avantages des
marchés émergents. Si « les firmes européennes
ont à investir plus sur les marchés émergents afin de
tirer avantage de leur croissance rapide » (Jacquemin Alexis et Pench
Lucio R., Editors, 1997, p. 181), les clubs de football n'avaient pas pour leur
part besoin de s'y faire plier à travers des supplications, aussi
longtemps qu'ils avaient déjà compris et reconnu
l'émergence de l'Afrique et de l'Amérique du Sud en
matière de football.
Puisque l'expérience ne s'est pas encore
généralisée -la plupart des équipes ayant certes
leurs équipes juniors au siège même du club, voire des
centres de formation dans le pays -, la création d'un centre de
formation par une équipe, reconnue riche, dans un pays en
développement commence avec le club français de
Paris-saint-Germain, avant de connaître une autre forme avec Ajax
d'Amsterdam.
1.B.2. Le
Paris-Saint-Germain et le Planete Champions International de
Ouagadougou.
Le projet de création du centre de formation des
jeunes joueurs lancé par Paris-Saint-Germain n'a, à proprement
parler, rien de similaire à un projet d'investissement direct
étranger. Il prend effet en 1997, lorsque le bulletin d'informations du
club diffuse la nouvelle ci-dessous reprise : « Claude Le Roy
prépare le futur. Créateur, en début de saison, de Planete
Champions International, un centre de formation au Burkina Faso, le directeur
sportif parisien et le club ont l'intention de faire de Tunis une tête de
pont de leur politique de recrutement »
( PSG News-Revue de presse du lundi 05 janvier 1998).
Dans les limites de la perception des objectifs de la
création du centre, il se dégage en filigrane, la politique de
recrutement. Transposé à l'univers du football business,
l'objectif de recrutement vaut pour les clubs ce que vaut la stratégie
ou l'objectif de recherche des matières premières ou
carrément des facteurs de production pour les entreprises
multinationales.
A ce titre, il y a lieu de comparer à
l'itinéraire des entreprises multinationales, le caractère
d'investissement étranger direct du centre ainsi créé par
le Paris-saint-Germain. Pour cela, MUCCHIELLI J. L (1998, p. 46), aide
à découvrir les caractéristiques d'un investissement
direct :
1° une notion de contrôle ou de pouvoir
d'influence sur la gestion d'une entreprise étrangère ;
2° un transfert des compétences complexes (un
ensemble technologique et
3° une logique de production. Et AAKER D. A (1998, p.
255) de renchérir : « Beaucoup de firmes
éprouvent le désir de développer des stratégies
globales dans la vue de participer effectivement à la
concurrence ». La logique de production semble donc être
déterminante. Il en est ainsi lorsque la délocalisation vise,
à la base, à faire réaliser à l'entreprise les
économies d'échelle, lesquelles « ont une puissance
dans la perspective globale » (LEONTIADES James, 1984, pp. 30-37).
1.B.3. Quid si un club de football est une
entreprise ?
Mais, d'ores et déjà, il se pose
immanquablement la question à l'esprit de savoir si Paris Saint-Germain
est une entreprise, et encore si le centre de formation Planete Champions
International l'est aussi. Le professeur Blanpain (1996, p. 25), reprenant
l'avis de l'Avocat Général Lenz, entend, lui aussi, par
entreprises «des entités qui exercent une activité
économique, quels que soient leur statut juridique ou leur mode de
financement. Il n'est pas requis, ajoute-il-, qu'il y ait un but de
lucre. ». Cette définition a le mérite de retenir
l'élément essentiel d'une entreprise, loin de toute structure
légale formelle : l'exercice d'une activité
économique. Elle se fait dans le cadre d'une unité dite parfois
de production.
Au regard de cette précision, il appert que, sans
être une société commerciale, au sens juridique du terme,
le club Paris Saint-Germain, n'est pas moins une entreprise, d'un point de vue
économique. En tant qu'équipe de football, elle engage
régulièrement les joueurs, auxquels elle paye des salaires. Sur
le marché des transferts, le PSG est également très actif,
soit comme vendeur, soit comme acheteur des joueurs. Cette saison, le seul
transfert d'Anelka, parmi tant d'autres, lui a coûté plus de 25
millions de dollars américains. C'est d'ailleurs pour cette raison que
la cour européenne de justice n'a pas hésité
d'établir que l'exercice des sports, en tant qu'activité
économique dans le sens de l'article 2 du Traité de Rome,
relevait du champ d'application du droit communautaire (Blanpain, 1996, p. 21).
De même, le professeur Andreff Wladimir (2000, pp.
184-185) continue dans la même direction en décrivant
l'activité économique des clubs de football : «
Certains clubs, écrit-il-, se sont spécialisés dans la
formation de joueurs en vue d'approvisionner le marché des joueurs
professionnels, et ainsi dégager une source complémentaire de
financement. »
C'est cela la caractéristique nouvelle du
sport : « une activité économique comme une
autre, ce qui permet de comprendre le quasi- abandon des principes fondateurs
de l'olympisme et une recomposition de ce champ autour des valeurs
marchandes » (Bourg J. F et Gouguet J. J, 1998, p. 18). Tous ces
développements accréditent la thèse du professeur Blanpain
(1996, p. 25) d'après laquelle « les clubs de football
peuvent être considérés comme des entreprises et les
fédérations comme des associations d'entreprises. » La
version d'entreprises reconnue aux clubs est partagée par le professeur
Késenne Stefan (1996, p. 21) pour qui la pratique du sport constitue une
activité économique en sens qu'il faut deux clubs (entreprises)
pour fabriquer un match ( le produit).
En résumant toute la littérature nous offerte
par les analystes, et en la comparant aux caractéristiques de
l'investissement étranger direct pré-rappelées, nous
pouvons considérer que l'acte posé par Paris Saint-Germain
renferme bien les réalités d'un investissement.
1.B.3.a. Le transfert des compétences.
Centre de formation, Planete Champions International
équivalait pour le club parisien à une unité (des
facteurs) de production spécialisée dans la formation de jeunes
joueurs, qui certainement auraient permis au PSG de rajeunir
régulièrement son équipe, mais aussi d'alimenter le
marché des transferts, soit directement par ces jeunes venus du Burkina
Faso, soit par les anciens, remplacés ainsi, par les recrues africaines.
Il a été dirigé, au départ, par des cadres
techniques désignés par le PSG et recevant les ordres directement
de lui. Peut-on alors prétendre y retrouver la logique de la production
au profit du PSG ?
1.B.3.b. La logique de production.
«Une entreprise peut avoir des représentations
commerciales à l'étranger, mais elle ne sera vraiment
multinationale que si elle produit tout ou partie de ses produits à
l'extérieur de son territoire national... la logique de la production,
insiste MUCCHIELLI, domine. » (1998, p. 18). Certes, notre effort
aura consisté à établir le parallélisme dans la
stratégie d'internationalisation entre les clubs de football et les
entreprises multinationales. La notion équivoque de production n'est
pas de nature à faciliter la comparaison.
Néanmoins, nous pensons que le recrutement des jeunes
joueurs, comme objectif visé par le Paris Saint-Germain, se rapproche
d'une activité de production, dont elle serait, mutatis mutandis,
l'élixir correspondant. Car, en définitive, ce qui compte ici est
plus la finalité du recrutement que le recrutement lui-même. Par
ce procédé, Paris espérait améliorer son
succès- ce qui se traduit par l'expression « prépare le
futur » que rapporte le PSG News-, ses résultats en
différentes compétitions et bien sûr, ses finances.
Mais, le choix d'Afrique n'est pas un pur hasard.
Si « les joueurs aux faibles rémunérations en
provenance d'Afrique » (Késenne S., 2000, p. 97) sont,
à cause de leur talent, bien appréciés et
recherchés par les clubs européens, combien à plus forte
raison coûteraient-ils sur place en Afrique, pour que les clubs ne
veuillent en faire la plaque tournante de leur économie
d'échelle ! UDRY (1998) répond que « ces jeunes
joueurs s'achètent pour un rien ». Et MUCCHIELLI (1998, p.
135) appelle cette stratégie « la recherche du moindre
coût », pour laquelle une firme peut aussi se
multinationaliser.
La stratégie et la logique de production, à la
base de l'activité du PSG au Burkina Faso, sont détaillées
par NYS J. F (1999, 30): « Le vaste exode des sportifs des pays en
développement concerne actuellement plus de 700 joueurs
brésiliens, et les clubs affinent leurs stratégies de recrutement
en organisant de véritables réseaux. A cet égard, citons
le projet du PSG d'ouvrir un centre de formation au Burkina Faso. Ce centre
verrait passer à peu près 6.000 jeunes joueurs de 14 ans, issus
de tous les pays limitrophes du Burkina Faso. Seuls les meilleurs
émergeraient et se rendraient à Tunis ; ils seraient
entraînés au centre de formation de l'Espérance de Tunis et
iraient ensuite à Genève, où le PSG a signé une
convention avec Le Servette. Enfin, les deux ou trois joueurs susceptibles
d'évoluer dans l'équipe première du PSG se retrouveraient
à Paris ». Interrogé bien avant sur ce projet
d'investissement, Le Roy Claude (1997), alors directeur sportif du club, reprit
que «nous avons découvert un peuple extraordinaire, beaucoup de
jeunes joueurs venus de tout le continent africain et un attaquant
particulièrement doué ».
Il faut ajouter que le club français avait
conçu de réaliser plusieurs accords de coopération avec
des clubs de football des pays aussi bien développés qu'en
développement. Tel est le cas de l'accord de partenariat qu'il
envisageait signer avec l'Espérance de Tunis «afin
d'échanger des cadres techniques et de repérer les meilleurs
joueurs africains ou même asiatiques » (PSG News du 05 janvier
1998) qui défraient de plus en plus la chronique du sport tunisien, en
phase de professionnalisme( http/www.ftf.org.tn/non_amateurs.htm).
En fait, la stratégie du PSG se voudrait
planétaire ou globale. C'est ainsi qu'en sus de l'accord de
coopération avec le club suisse de Le Servette, le club français
avait dans sa poche le projet de conquérir le Brésil, où
Ray, son ancien sociétaire, lui servirait d'agent commissionné,
mais également la Chine (PSG News du 05 janvier 1998). Tous ces accords
à but sportif se recoupent avec les stratégies que les
entreprises multinationales concoctent et mettent en oeuvre en vue de
s'internationaliser. En effet, comme le reconnaît MARTINEZ (1996, p. 71)
« dans ce processus complexe, mais de plus en plus évident, la
mondialisation de l'économie internationale a engendré toutes les
autres : celle de la technologie, des moyens de communication, de la
culture » et pourquoi pas celle des sports !
Schématiquement, on peut considérer Paris
Saint-Germain comme l'équipe- firme liée à des
unités de production et de formation situées un peu partout dans
le monde, soit par des accords de coopération (alliance
stratégique, cas de l'accord avec Espérance de Tunis,
conçu dans le seul but de s'échanger des cadres techniques et de
repérer des meilleurs joueurs africains et asiatiques), soit par une
sorte de greenfield investment, c'est-à-dire, la création
à l'étranger d'une unité de production
possédée à 100 % par la maison mère (cas du centre
Planete Champions International, P. C I).
Mais des informations récentes en notre possession
renseignent que Paris Saint-Germain aurait vendu le centre de formation Planete
Champions International à des privés Burkinabés et
étrangers. Malgré cela, Planete, qui ne se déclare pas
moins association à vocation humanitaire, dans ce sens avoué
qu'il encadre les enfants désoeuvrés, mais talentueux, continue
à jouer la même fonction, celle de former les jeunes joueurs venus
d'un peu partout d'Afrique.
Il prend des contacts avec des managers des clubs prestigieux
d'Europe et leur propose en vente les meilleurs sportifs. Les transfuges de
Planete Champions sont nombreux, chaque saison, à fouler le sol parisien
ou d'autres villes de France et du reste de l'Europe, pour faire des tests,
lesquels très souvent s'avèrent concluants. Les indemnités
de vente sont plantureuses et ne rentrent pas toutes dans les poches des
familles des joueurs concernés. Donc, le rôle d'une unité
de production de ce centre est bien maintenu, en dépit du fait qu'il ne
dépend plus du Paris Saint-Germain, son initiateur et créateur.
Certains clubs de France, par exemple ne s'interdisent plus de conjuguer leur
effort de recrutement de nouveaux joueurs avec Planete Champions. Tel est le
cas de Saint-Etienne.
Paris-Saint-Germain
PCI
Espérance deTunis
Servette
L'expérience tentée par Paris Saint-Germain
pourra être suivie. Mais celle d'Ajax d'Amsterdam paraît en
être une variante, aux caractéristiques nettes d'un investissement
étranger direct. C'est ce que nous allons démontrer.
Paragraphe 2. Les projets
d'investissement direct étranger.
Ajax d'Amsterdam est l'un des plus prestigieux clubs
européens et mondiaux de football. Avec un budget estimé à
250.000.000 de francs français (NYS J. F, 1998, p. 30), soit
1.500.000.000 de francs belges, ce club a pensé à l'idée
de souscrire dans le capital de l'équipe belge de Germinal Beerschot
d'Anvers (GBA), avant d'en devenir, à l'heure actuelle, actionnaire
majoritaire. Il a en outre créé le club sud africain d'Ajax Cape
Town avec ses propres fonds, dans la vue d'être présent dans
différentes compétitions sportives qui se déroulent sur
le continent africain, en sus de celles organisées au niveau des
fédérations nationales de football.
2. A. LA PARTICIPATION
D'AJAX DANS GERMINAL BEERSCHOT ANTWERPEN (GBA).
Lorsque l'agence d'informations Reuter (Brussel, 02. 03.
1999) annonce que « Ajax d'Amsterdam a accepté de devenir
actionnaire minoritaire de la récente équipe belge de
première division, Germinal Beerschot Antwerpen (GBA) », les
déclarations des dirigeants de deux clubs dans les colonnes de la
même agence confirment la nouvelle. Le directeur de GBA, M. Louis De
VRIES, fit retentir l'écho d' «un accord fantastique ;
c'est ce que nous avons cherché », ajoutait-il. Tandis que
pour sa part, le président d `Ajax, Michael Van Praag,
détailla un peu les raisons originelles d'une telle
affaire : « Ajax et GBA entendent s'échanger des
joueurs et coopérer pour la préparation de la carrière des
jeunes joueurs. C'est un accord de coopération à tous les niveaux
possibles, qui profitera à nos deux équipes. »
Cependant, certaines caractéristiques propres à l'investissement
direct étranger sont à prouver dans le cadre de l'exemple
donné.
2.A.1. Le pourcentage de 10 %.
Le cas d'Ajax nous rappelle toute la doctrine sur
l'investissement direct étranger, c'est-à-dire, l'exigence d'une
participation à concurrence d'au moins 10 %. Il s'agit, sans
excès d'affirmation, d'une grande première dans la conversion du
football en business, au niveau européen.
Cela n'interdit pas d'admettre qu'à plusieurs
occasions, les propriétaires de certains clubs, dans la recherche
d'éléments de diversification de leurs revenus, ont souvent
multiplié leurs actions dans les capitaux d'autres
sociétés.
Mais ici, la particularité, c'est qu'il est question
d'une équipe de football qui souscrit dans le capital d'une autre
équipe de football. Ce qui ressemble à une intégration
homogène, mais dans le domaine sportif.
Investissement étranger direct, la participation
d'Ajax dans GBA l'est effectivement. En effet, outre le fait que les dirigeants
hollandais ne se limitaient pas à l'idée d'un simple placement
financier dans le club belge, ils ont libéré les fonds qui, au
début de la coopération, correspondaient aux 31 % du capital de
GBA.
2.A.2. L'implication dans la
gestion du club étranger.
Et déjà, dans la structure administrative, GBA
ne contrôle plus seul la gestion quotidienne du club. Actuellement,
Albert Verhaegen, Jos et René Snelden sont les représentants
belges de la direction du GBA ; les autres sièges sont
occupés par le staff d'Ajax d'Amsterdam. Donc, en s'impliquant dans la
gestion, Ajax fait rentrer son investissement dans le champ d'un investissement
étranger direct. Mieux qu'une simple intention, l'investissement d'Ajax
d'Amsterdam dans GBA fait date et prend l'allure d'un vaste processus qui ne
s'arrêtera pas là.
C'est ainsi qu'après une année d'actionnariat,
Ajax a ramené sa participation à 51 %. Et, depuis le 05.09.2000,
il est devenu le détenteur du plus grand nombre d'actions dans GBA,
lequel, a désormais le statut de filiale d'Ajax. Ce dernier club n'a pas
voulu procéder par la création ex nihilo d'une filiale. Cette
création « coûte cher et met en oeuvre une participation
managériale très importante en temps et en
énergie ». (Keagan, W et De Leersnyder, J. M, 1994, pp.
132-133). Au début, l'idée d'une fusion acquisition semblait
prévaloir, car «elle procure une position immédiate sur le
marché » (Ibidem). L'effort du milieu de football
à emboîter pleinement les pas aux entreprises multinationales dans
la conquête des marchés internationaux est la résultante de
la «concurrence mondialisée. »
( Perrot Etienne, 1999, p. 15).
En réalité, cette concurrence globale, qui sert
de substrat à la métamorphose du sport en business international
conduit à promouvoir tout ce qui accroît la productivité,
l'investissement direct. L'échange des jeunes joueurs, et partant, leur
transfert restent, dans le sport une des sources non négligeables
d'accroissement de la productivité et des revenus. Le sport
professionnel est devenu un grand business, concluaient Quirk James et Fort
Rodney
( 1999, p. 5).
2.B. AJAX D'AMSTERDAM ET
AJAX CAP TOWN.
Alors qu'un projet de fusion était mis en marche par
les dirigeants de quelques clubs de football de la Ville de Cap avec
l'équipe d'Ajax Cap Town, celle-ci se serait penchée vers la
proposition du club néerlandais d'Ajax d'Amsterdam d'en faire un
partenaire, qui allait devenir plus tard une filiale à 100 %. En effet,
à en croire la presse sud-africaine qui rapporte l'information, un
projet de partenariat était en voie d'être réalisé
entre Ajax d'Amsterdam et Ajax cap Town. L'équipe sud-africaine devrait
être rachetée par celle hollandaise ; ce qui permettrait
à cette dernière « de jouer dans le championnat
sud-africain de première division et dans les différentes
compétitions continentales africaines »
(www.ya.co.za/Ajax was forming an affiliated Squad in Cap Town).
La Dernière Heure du 24 octobre, sous le titre
« GBA : des Africains testés »,
confirme les faits: « L'Ajax ayant tissé des liens
étroits avec un club ghanéen, une formation sud- africaine et
le...GBA, quelques jeunes éléments en provenance du continent
africain passeront bientôt des tests à Ekeren... ».
Cependant, en analysant de plus près cette coopération, il faudra
retenir qu'elle se ressemble plus à un joint- venture,
considéré comme « la création en commun avec une
entreprise étrangère d'une société mixte
située à l'étranger et dont chaque partenaire
détient le capital dans les proportions de 50/50 ou de
60/40 ». (MUCCHIELLI, op. cit., p. 92) plutôt
qu'à une alliance stratégique, conçue, elle, pour
«combiner une capacité de production et une capacité de
commercialisation internationales » (Keagan et al., op. cit.,
p. 132).
Toujours est-il que la rapidité des contacts entre les
clubs de football et leur transformation en sociétés commerciales
auraient de fortes chances de générer moult alliances
stratégiques, c'est-à-dire, des associations entre plusieurs
entreprises indépendantes qui choisissent de mener à bien un
projet ou une activité spécifique en coordonnant les
compétences, moyens et ressources nécessaires »
(Garrette, B et Dussauge P, 1995, p. 27). Puisque «souvent
momentanée, ce qui lui vaut la qualification de cheval de
Troie » (BOZ Y et al., 1989, p. 133), cette alliance aura en tout cas
assez de succès dans le monde considéré comme nouvelle
cible d'expansion du football, à savoir, la Chine et toute l'Asie.
Il faudra donc attendre l'après-Mondial 2002. Mais,
dans le contexte du football, la compréhension d'une production et d'une
commercialisation internationales semble ne pas séduire. Toutefois, nous
l'avions déjà signalé plus haut que l'idée de
participer au championnat sud-africain et à différentes
compétitions africaines ne devrait pas cacher les objectifs marchands du
projet : gagner les coupes sud-africaines et le cas échéant
africaines, recruter les meilleurs joueurs (surtout les jeunes les plus
doués), bénéficier de la redistribution des droits de
retransmission, en cas d'une participation réussie dans ces
différentes compétitions continentales, maximiser les recettes
par l'opération de merchandising, et naturellement, jouir des
indemnités de transferts. Tout cela pourrait, dans une certaine mesure,
prendre la forme nette de la production et de la commercialisation
internationales.
Il est vrai que les investissements pareils dans le monde du
football semblent nouveaux et donc susceptibles de rencontre toute la
forêt de problèmes qui découlent particulièrement
des investissements internationaux. Le parcours rapide des cas analysés
ramène à la surface le préoccupant dilemme de prix de
transfert. Dans l'hypothèse classique du commerce international des
biens ou des produits, le surgissement de la question de prix de transfert n'a
pas laissé de tout repis les chercheurs. Comment pourrait-elle
s'imaginer et se poser dans les investissements internationaux portant sur le
football et comment serait-elle résolue ?
Section 2. LE PRIX DE
TRANSFERT DANS LE COMMERCE INTERNATIONAL
ENTRE LES CLUBS DE
FOOTBALL DU MEME GROUPE.
Paragraphe 1.
Définition et hypothèse d'application.
« Le prix de transfert entre les entreprises
appartenant à un groupe d'entreprises multinationales a
été un des sujets des exposés sur l'impôt, pendant
plusieurs années, particulièrement aux Etats-Unis
d'Amérique. Néanmoins, bon nombre de facteurs survenus dans
l'intervalle des années '80 et '90 ont fait que ce sujet soit devenu
l'un des plus intéressants et des plus sensibles à toutes les
entreprises. » ( Chris Rolfe, 1993, V). Problème
épineux dans les différentes formes de coopération
internationale, en matière d'investissements, certes, la notion de prix
de transfert, dit le professeur Van Den Bulcke, renvoie résolument au
concept de commerce intra-groupe. Celui-ci, écrit-il, «consiste
dans les transactions internationales(exportations et importations) à
l'intérieur des entreprises multinationales(EM), c'est-à-dire,
des entreprises qui sont situées dans au moins deux pays.
( Van Den Bulcke Daniel, 1982, p. 171). Nous n'avons pu avoir
accès aux données statistiques qui auraient permis de mesurer le
flux de ces transactions commerciales entre les différents membres du
groupe Ajax, par exemple. Mais, rien n'offre vraiment l'évitement d'un
tel problème.
Dans le groupe Paris Saint-Germain, il était question
de recruter les jeunes joueurs africains, de sélectionner les plus
performants en les faisant entraîner dans le club tunisien
d'Espérance de Tunis. A ce stade, le deuxième d'un long
processus, les plus méritants se seraient rendu en Suisse au club Le
Servette d'où partiraient les deux ou trois meilleurs, pour aller
rejoindre l'équipe mère, elle, refuge de perles rares. Selon le
reportage de l'émission Envoyé Spécial de mardi 17 octobre
2000 sur France 2, Paris Saint-Germain, après s'être
associé à des privés dans le centre de formation du
Burkina, juste avant qu'il ne se retire, aurait effectivement recruté
quelques transfuges du centre Planete. Dans une telle hypothèse, les
partenaires locaux pourraient s'opposer à l'achat par le club parisien
d'un joueur à une indemnité qui ne refléterait pas
l'équilibre réel entre l'offre et la demande, car, comme le
reconnaît le professeur Van Den Bulcke « il est très
douteux que les prix enregistrés pour ces transactions reflètent
simplement l'offre et la demande dans un marché
concurrentiel » (Ibidem). De même, La Dernière
Heure précitée a rapporté sur les mêmes colonnes que
les jeunes joueurs en provenance de l'Afrique du Sud et du Ghana, où
Ajax d'Amsterdam avait consolidé sa présence, devaient
s'entraîner au GBA, avant de rejoindre Amsterdam. Il se précise
ainsi que, dans le cas du partenariat entre clubs- firmes et clubs- partenaires
locaux, plusieurs scénarios peuvent s'imaginer, mais surtout en
matière de transfert des jeunes joueurs.
Exemple : Ajax Cap Town, partenaire local d'Ajax
d'Amsterdam, forme un joueur de football particulièrement doué.
Alors que le joueur est au sommet de son talent, Ajax d'Amsterdam sollicite
son transfert dans l'équipe- mère, en proposant à Ajax Cap
Town une indemnité que ce dernier estime ne pas correspondre à
l'indemnité réelle si le même transfert devrait être
sollicité par une équipe de football n'appartenant pas au groupe
Ajax.
Bien plus, il n'y a pas que le club local qui pourrait se
plaindre des manipulations des prix de transferts. L'Etat du pays du club local
lui aussi pourrait se voir opposer un refus ingénieux de percevoir des
taxes sur les revenus acquis au club aux titres de droits de retransmission des
matches, de merchandising, de sponsoring.
Dans l'hypothèse d'un contrôle de la gestion du
club local par un personnel expatrié, totalement voué à la
défense des intérêts du club- firme, ce dernier peut
dissimuler la valeur exacte des revenus du club et donc réussir à
les faire échapper au fisc du pays de l'équipe partenaire.
Comment pourrait-on résoudre un tel conflit tout en
maintenant l'investissement ?
Avant de répondre à cette question, l'on peut
se poser la question de savoir si le transfert des joueurs peut susciter le
débat sur le prix de transfert. Coopers et Lybrand (1993, p. 4)
répliquent que « il y a plusieurs types de transactions
intra-groupe. Ils incluent les transferts des biens tangibles et intangibles,
de prestations de services et des finances, mais aussi les accords de
leasing. ». « L'important, insistent-ils, c'est de noter
que c'est la substance qui déterminera toujours si oui ou non la
transaction a eu lieu. » Ainsi, même si le joueur, en tant
qu'homme, doit être considéré comme extra-commercium, son
transfert a démontré ces derniers temps qu'il s'agissait bel et
bien d'une opération commerciale, que les clubs appartenant au
même groupe pouvaient également pratiquer.
Paragraphe 2. La
résolution de la question du prix de transfert dans ce secteur.
.
Il n'est pas facile de contourner à cent pour cent la
malice des entreprises multinationales, étant donné, qu'une fois
une voie leur est fermée, elles réussissent à en ouvrir
une ou d'autres. Dans le secteur sportif, et en particulier du football, la
prudence recommanderait que les Etats des pays hôtes mettent en place des
législations appropriées, en concertation avec la FIFA et les
confédérations continentales, auxquelles se joindraient les
fédérations nationales de football, qui régleraient le
marché de transfert international des joueurs et celui des droits de
retransmission des événements sportifs. De la sorte, les clubs de
football pourront carrément être obligés d'adopter la forme
juridique d'une des sociétés commerciales prévues par la
législation nationale. A partir d'une telle formule, on
contrôlerait mieux l'activité des clubs qui ne devrait même
plus se limiter au transfert des joueurs comme tel, mais en plus à leur
engagement, au respect des dispositions légales sur la minorité
et celles relatives au travail des enfants mineurs d'âge.
Chapitre II. LES
OPERATIONS INDUITES.
Dans les opérations induites, définies à
la page 14, nous avons cité notamment les droits de retransmission des
matches et autres événements sportifs, le merchandising et le
sponsoring (que nous n'allons pas étudier ici).
Section 1. LES DROITS DE
RETRANSMISSION : LA MANNE DU SIECLE
Toute la bataille des instances dirigeantes du football de
deux dernières décennies aura consisté à introduire
l'aspect marchand dans le sport, alors qu'aux Etats-Unis, Sports et Argent
avaient convolé en justes noces depuis longtemps.( QUIRK J. et FORT R.,
1999, pp. 50-51). A tout seigneur, tout honneur, reprend un adage
français. Le football doit une partie importante de sa transformation
à JOAO HAVELANGE . Et comme Octave qui s'écria
«Acta est fabula », le Brésilien,
octogénaire actuellement, pourrait, lui aussi, en entendant les records
des droits de retransmission pousser un ouf de soulagement :
« la pièce est jouée, j'ai réussi ma gageure. A
vous d'en conserver les acquis et d'en accroître les
recettes ».
Que sont alors les droits de retransmission?
Paragraphe 1.
Définition des droits de retransmission.
Gratuit, ou relativement tel, depuis des années, le
football a perdu au cours de dernières décennies, sa
gratuité pour devenir cher en présageant un accès de plus
en plus étriqué. Tel est le sens qu'il faille donner aux propos
de deux responsables de la chaîne de télévision italienne
Rai, repris dans le journal Il Sole-24, du 17 juin 1998: " Le football
coûte trop cher". A l'appui de leur exclamation, Stefano Balassone et
Vittorio Emiliani font état des dépenses effectuées par
leur chaîne pour l'acquisition en 1997 des droits de retransmission
d'événements sportifs. Au total, ils avaient
déboursé la somme de 395 milliards de lires italiennes, alors que
trois ans plutôt, les mêmes droits s'élevaient à 252
milliards, avant d'atteindre la barre inimaginable de 457 milliards en 1998.
Pourtant, en 1997, sur la dépense totale de la chaîne Rai pour le
sport, le football a absorbé 300 milliards de lires. Les
rentrées, quant à elles, n'ayant pu atteindre que 100 milliards
de lires.
Donc, les enchères de droits de retransmission sont
capables de faire tomber en faillite certaines entreprises qui y recourent, au
moment où, le sport, dans sa nouvelle tunique marchande fait accourir
même ceux qui s'y intéressaient rarement.
L'exemple de la chaîne de télévision Rai
offre en somme à dégager les pistes d'une définition
propre au groupe de mots, droits de retransmission télévisuelle,
audiovisuelle ou radiophonique. Aussi, pourrait-on définir les droits de
retransmission comme étant les prix payés par un opérateur
économique, public ou privé, du secteur des médias aux
organisateurs des événements et spectacles sportifs, dont ils
sont propriétaires de droit, en vue de les retransmettre par voie de
leurs organes aux public ciblé.
Paragraphe 2. Bref rappel
historique.
La vente des droits de retransmission
télévisuelle ou radiophonique n'est ni une réalité
récente ni propre au football. La littérature qui s'y
était penchée signale que d'autres disciplines sportives,
à l'instar du football en ont découvert les avatars bien avant et
ne doivent leur prospérité de ces derniers temps qu'à
elle. Tel est le cas " des clubs de base-ball américains qui ne misent
que sur la vente des droits de retransmission TV et radio locaux comme sources
significatives de leurs revenus" (Ross F. S, 1999, p. 98). Ancienne, la
relation Sports professionnels et médias l'est également. Pour la
télévision, par exemple, BOURG J. F (1998, p. 209) signale
l'émergence de relations marchandes entre la télévision et
le sport aux Etats-Unis, dans les années 30, et en Europe, dans les
années 60, puis leur développement dans les années 70. En
Afrique, à l'exception de quelques pays où la
télévision date de la période qui suivait
immédiatement l'indépendance (cas de la République
Démocratique du Congo), la plupart des pays n'ont eu des chaînes
de télévision que dans le courant de la décennie 80 ;
si bien que la relation entre la télévision et le sport n'est que
récente. Dans une étude récemment consacrée aux
Sports professionnels américains, QUIRK James et FORT Rodney analysent
pour une longue période les rapports ainsi évoqués." En
1960, les revenus de la ligue nationale de football provenant des médias
étaient de 3 millions de dollars américains et l'association
américaine de football en gagnait 1,6 million. Vers 1980, après
la fusion de la ligue nationale et l'association américaine de football,
les revenus provenant des médias pour les deux ligues combinées
s'élevaient à 167 millions de dollars américains. En 1990,
ils atteignaient 948 millions de dollars américains...En 1997, la
National Basket-ball Association (NBA) a signé un contrat de
retransmission des matches pour une durée de 4 ans avec les
chaînes nationales NBC et TNT, aux termes duquel ces chaînes
payeront 660 millions de dollars américains par an à la ligue
sans tenir compte des montants à devoir par les
télévisions locales. (QUIRK James et FORT Rodney, 1999, pp.
30-31).
"Ce mariage de raison est dû à la nature
concurrentielle du marché des médias, lequel, poursuivent les
auteurs, s'explique par le fait que le pouvoir possédé par la
télévision ou la radio réside en fait seulement dans la
capacité d'offrir au public ce qu'il veut ".
Paragraphe 3. Droits de retransmission et
conquête des événements sportifs
internationaux.
Le passage d'une logique de
monopole fondée sur l'information à une logique de concurrence
basée sur la distraction a intensifié les relations
financières entre le sport et la télévision. En ce qui
concerne le football, il faut reconnaître que le développement des
structures mondiales de cette discipline sportive, sa répercussion sur
les continents et sur les Etats qu'on pourrait nommer division internationale
du travail ont permis le retentissement d'un écho au-delà des
attentes que ce sport pouvait générer. Vite, les engagements des
Etats, à travers leurs équipes nationales et leurs clubs, dans
différentes compétitions les mettaient de plus en plus devant une
ligne de mire, à savoir, le désir pressant des supporters et des
fanatiques tendant à regarder en direct ou en différé les
matches que se livrent les protagonistes.
En ces temps, c'est sûr que la télévision
publique couvrait ces événements dans les limites de ses
capacités technologiques. Et la couverture des événements
sportifs n'était pas payante. «La multiplication des chaînes
dans les années 80, l'apparition d'un secteur privé, la
différenciation entre les télévisions hertziennes non
cryptées gratuites et généralistes et diffuseurs
câblés, ciblés et à péage font
apparaître une obligation de résultat. Désormais, la
fonction de programmation consiste à proposer les émissions
sportives préférées par le public aux heures où
l'audience potentielle est la plus forte.
Cette recherche va générer une lutte entre
diffuseurs pour acquérir les droits de retransmission des
événements, source d'inflation des coûts. Sur le
marché des retransmissions sportives se confrontent une demande
d'acquisition des droits de diffusion des événements par les
chaînes et une offre de ces mêmes droits par les organisateurs
sportifs (clubs, ligues, fédérations nationales et
internationales, CIO) » (Andreff, Nys et Bourg, 1987, p. 11 et s.).
Ces derniers développent des stratégies de vente
de leurs produits. Les chaînes privées des pays
développés en général, et européennes en
particulier, font face à une rude concurrence pour l'acquisition des
droits des retransmissions. Et profitant de la libéralisation des
marchés mondiaux de la presse audio et télévisuelle, elles
se sont rendu compte de la nature encore inexploitée par les
autochtones des avantages qu'offrent les spectacles du football dans le reste
du monde.
C'est pourquoi, fortes de leur supériorité
technologique, en Afrique par exemple, ces chaînes sont pratiquement les
seules à retransmettre les événements sportifs importants
qui se déroulent sur le continent. Nous citons à cet effet, la
Champions' League africaine de football, dont les droits de retransmission
exclusifs ont toujours été achetés par la
télévision française Canal France International (CFI).
Cette chaîne, à son tour, en rétrocède, moyennant
payement d'importantes sommes d'argent, la diffusion aux autres chaînes
publiques ou privées nationales. En clair, il est constant de noter que
le football actuel s'est davantage internationalisé grâce au
mouvement similaire des droits de retransmission.
En effet, la dérégulation du marché des
médias des années 80 fit apparaître un secteur privé
de télévision. Ce secteur devait à tout prix s'imposer, en
exploitant à bon escient les lacunes ou le côté
négatif des chaînes publiques. Elle a surtout innové avec
un nouveau marketing fondé sur la proposition d'une grille de programmes
à même de lui attirer le plus de téléspectateurs
possibles. Ainsi, il fallait couvrir les émissions que le public
aimerait tant voir. Dans ce sens, QUIRK et al., (1999, pp. 28-29) font savoir
que «la télévision capte son audience si elle
présente les programmes que le public veut regarder (et regarder plus
que les programmes qui lui sont présentés par d'autres stations),
avant d'ajouter qu'il y a peu d'industries où la concurrence soit plus
intense que les industries de médias et en particulier la
télévision. »
Et les télévisions ont découvert dans le
football ce sport qui recueille le plus d'audience. Ainsi, «durant la
décennie 1970-1980, le football occupait de 10 à 15 % des grilles
de programmes, 21 % des émissions sportives en 1996 avec 518 heures,
soit plus qu'en 1959 avec une vingtaine d'heures » (BOURG, 1998, p.
226).
3.A. Percée internationale des droits de
retransmission
dans le football.
Entre la gratuité et le payement du droit de diffusion
et de retransmission audiovisuelle et radiophonique, plusieurs étapes
sont passées, rassure Nys (op. cit.). Mais celle qui fait date
dans le football commence avec la consécration du monopole de la FIFA et
de ses associations apparentées sur la production et la vente des
événements sportifs. En effet, les statuts de la FIFA stipulent
que les organisations du football sont propriétaires « des
droits exclusifs de diffusion et de retransmission par quelque moyen que ce
soit, en direct, en différé ou en résumé, relatifs
aux manifestations soumises à leur juridiction ». (Article 49
Statuts de la FIFA). Or, les opérateurs économiques nationaux et
internationaux savent que les événements sportifs sont capables
de mobiliser le plus de téléspectateurs, parmi lesquels de
potentiels clients de leurs marchandises. En fait, il y a superposition de
pression invisible : les entreprises voudraient acheter des espaces
publicitaires sur les chaînes de télévision le jour de
grands événements sports, et à leur tour, les
chaînes se bousculent sur un marché où seuls les
organisateurs desdits spectacles sont offreurs. Devant la concurrence, les
surenchères ne sont que de mise.
Par ailleurs, il a été constaté que la
certitude qu'ont les chaînes de télévision
acquéreuses des droits de retransmission de gagner en recettes
publicitaires ou en redevances pour usage et concession d'usage de ces
mêmes droits sur la juridiction bénéficiaire du spectacle
n'est pas une évidence.
C'est pourquoi, les chaînes, sachant que les grandes
rencontres de football qui se déroulent en direct et qui opposent les
clubs qui ont la réputation de produire du bon spectacle ou qui comptent
dans leurs effectifs des joueurs-stars, séduisent le public du monde
entier, n'hésitent pas de figurer parmi les plus offrants.
En Afrique, le même scénario se produit. Faute de
chaînes de télévision locales africaines très
spécialisées et donc performantes, on retrouve encore les
Européennes au portillon, pour acquérir les droits de
retransmission des événements sportifs organisés par la
Confédération africaine de football.
Donc, partant du monopole leur reconnu, sur les manifestations
sportives, les clubs, les fédérations nationales, continentales
et internationale de football cherchent toujours à vendre les droits de
retransmission à des télévisions, toujours nombreuses
à se présenter en acheteuses.
3.B. Evolution des droits de retransmission.
Le monopole des institutions sportives sur les manifestations
qu'elles organisent a aidé à planifier au niveau tant interne
qu'international l'expansion du marché des droits de retransmission. Il
a trouvé dans la concurrence et la libéralisation des
marchés cet enzyme qui fait catalyser et accélérer la
place qu'ils occupent actuellement dans le financement du football. En lisant
les journaux, les nouvelles à la radio ou à la
télévision, les montants de droits de retransmission ne cessent
de galoper. Prenant le seul exemple de la Coupe du Monde de football, les
chiffrent que reproduisent ici BOURG et GOUGUET (1999, p. 10) montrent que les
prix de cette marchandise, véritable manne pour le football, sont
spectaculairement énormes.
Tableau IX. Droits de retransmission de neuf
éditions de la Coupe du Monde en millions et en milliard (*) de dollars
américains.
Date
|
Pays d'accueil
|
Total des droits
|
1978
|
Argentine
|
34
|
1982
|
Espagne
|
55
|
1986
|
Mexique
|
70
|
1990
|
Italie
|
135
|
1994
|
Etats-Unis
|
150
|
1998
|
France
|
350
|
2002
|
Japon et Corée du Sud
|
890
|
2006
|
Allemagne
|
1030*
|
|
En conclusion, les droits de retransmission sont devenus
tellement incontournables au football qu'ils poussent de plus en plus les clubs
les plus riches à être présents sur tous les continents
afin de participer aux manifestations sportives, en tant qu'organisatrices et
ou co-organisatrices dans l'espoir d'en bénéficier aussi. Les
clubs, par les stratégies que nous avons parcourues savent que personne
n'est en mesure d'arrêter le football et la passion qu'il occasionne. La
lutte centrée actuellement sur le dopage et d'autres anti-valeurs
démontre à quel point, le rôle social de ce sport, s'il
n'est préservé, risque de nuire à son côté
marchand. Cet autre aspect reste cependant très tentaculaire dans le
merchandising.
Section 2. LE
MERCHANDISING.
Modèle de financement récemment introduit sur
la scène sportive, le merchandising fait son apparition dans le courant
des années 80, mais plus encore à partir de 1990. Nous en
donnons la définition, puis verrons comment il est
particulièrement efficace comme source de recettes dans le football, au
niveau local et international.
Paragraphe 1.
Définition
Par
merchandising, il faut entendre « une stratégie qui consiste
à vendre tout un catalogue de produits variés à
l'emblème du club (vêtements, linge, jouets, cartables pour
enfant, sacs, montres, parfums, etc. » (Andreff W., 2000, op.
cit., p. 184). Il résulte de la prise de conscience par les
dirigeants et managers des clubs professionnels nantis que la réputation
et la notoriété du club, à l'acquisition desquelles
contribuent les joueurs et les supporters, peuvent être sources de
recettes commerciales certaines. D'ailleurs, dans certains cas, une bonne
poignée d'opérateurs économiques savait déjà
exploiter le label de principales formations locales sans que cela ne soit
considéré comme un acte illicite.
ANDREFF traduit mieux l'intention des dirigeants des clubs
professionnels, en terme d'avantages que leur procurerait la technique :
« Ils peuvent attirer des recettes commerciales importantes en
exploitant eux-mêmes, sur une grande échelle, l'image et la
notoriété du club... L'importance de la stratégie est
mesurée par des recettes qu'elle rapporte à certains clubs.
Ainsi, en 1997, il représente 10 % des recettes du Milan AC, 13 %
à Tottenham, 22 % à Newcastel, 34 % à Manchester United.
Dans ce club, précise Andreff, le merchandising a atteint le même
poids que les recettes au guichet en 1998 » (Ibidem).
A l'échelle internationale, le merchandising a toutes
les caractéristiques d'une voie vers « l'internationalisation
des stratégies commerciales des clubs ou des ligues » (BAYLE
et DURAND, 2000, op. cit., p. 154).
En prévision des évolutions récemment
constatées en matière de merchandising, l'on tendrait vers une
époque oùles clubs firmes chercheront à sceller des
alliances internationales avec des opérateurs économiques
étrangers d'une part, et des clubs d'autres pays, d'autre part. Avec les
premiers, il s'agit de l'établissement des accords tendant à
assurer la promotion et la commercialisation à l'extérieur des
couleurs et emblèmes de grandes équipes de football.
Il est clair que ces accords seront de nature commerciale et
donc signés moyennant payement des sommes discutées au
préalable. Les commerçants ne s'engageraient dès lors que
dans la mesure où, il est convaincu de la notoriété et de
la réputation incontestable du club partenaire dans sa juridiction.
Ainsi, les commerçants d'un pays pourraient vendre des produits qui lui
appartiennent, mais qu'il daigne fournir avant leur mise en vente aux couleurs
de l'équipe étrangère.
Avec les seconds, l'objectif reste le même, mais la
manière différente. Les équipes locales devront
apparaître comme les acheteurs des vareuses et autres traits particuliers
caractérisant le club firme. Il y a quatre années, le club
allemand de Borussia Dortmund était considéré dans le
milieu des fanatiques de l'équipe congolaise de Vita Club comme
l'ancêtre de cette dernière. Le trait d'union était
simplement les couleurs de deux clubs, vert (citron) et noir. Du coup, on a
constaté à Kinshasa, la vente en grande quantité par des
commerçants des objets arborant les couleurs du club local mais en
même temps du Borussia.
Enfin, ce qui semble plus évident à se
concevoir, c'est que les filiales étrangères des entreprises
multinationales tenues par les hommes d'affaires, mécènes et
investisseurs dans le sport professionnel seraient au devant du rayonnement
international de la stratégie du merchandising. En effet, ces
unités de production locales pourront facilement insérer dans
leur marketing le merchandising, dans ce sens qu'elles fabriqueraient des
objets, leurs produits aux couleurs des équipes et personnages sports
qui sont parrainés par leur maison mère. N'est-ce pas que les
exemples sont déjà légion, dans le sport automobile.
Michael Schummacher s'habille aux couleurs de Ferrari, produit du groupe
Fininvest, appartenant au magnat italien Silvio Berlusconi.
L'enjeu reste de taille et les perspectives
alléchantes. De même, contrôlant près de quatre
clubs, à savoir Glasgow Rangers, Slavia Prague, Vicence et AEK
d'Athènes, (Commission européenne, Direction
Générale X, 1998, p. 7) ( Le modèle sportif
européen) l'English National Investment Company pourrait ouvrir des
unités de distribution dans la juridiction de chacune de quatre
équipes pour commercialiser ses produits aux couleurs de ses branches
sportives et leur redistribuer les recettes selon un pourcentage
déterminer.
Paragraphe 2. Le merchandising comme une des
conséquences
de l'internationalisation du
football.
Outre les droits de retransmission, les recettes dues aux
clubs de football grâce au merchandising sont toujours croissantes. Cela
incite les clubs déjà riches à se doter des clubs de fans
à travers le monde. Ceux-ci s'occupent de l'entretien de la
réputation et de l'image de marque de leur équipe. D'où,
les clubs shops internationaux.
DEUXIEME PARTIE(II).
INTERNATIONALISATION DU FOOTBALL :
ENJEUX ET PERSPECTIVES.
Beaucoup de choses ont été dites sur l'enjeu
économique [(Andreff W, 1987), (Noll Roger G., Zimbalist Andew, Edit.,
1997) et social (Bourg et Gouguet, 1998)] du sport, mais plus
particulièrement du football. Nous n'allons pas les reprendre, au risque
de nous enliser dans des redites rebutantes. En revanche, l'opportunité
d'examiner la question par rapport aux pays en développement,
récepteurs d'investissements même dans le secteur sportif nous
semble ainsi offerte. Aussi, s'avère-t-il adéquat de penser dans
un premier chapitre à l'impact de l'internationalisation
économique du football dans les pays développés, puis dans
un second à son apport aux pays en développement, en particulier,
ceux d'Afrique.
CHAPITRE I : IMPACT DE L'INTERNATIONALISATION
ECONOMIQUE DU
FOOTBALL SUR LES PAYS DEVELOPPES.
Pour éviter toute confusion sur le terme pays
développés, nous voudrions spécifier par là les
pays dont sont originaires la plupart des clubs riches, agents de
l'internationalisation du football.
L'évaluation de l'impact réel du spectacle
football sur l'économie fait l'objet de vives controverses entre
économistes même si on ne peut nier que son poids
économique est considérable. Constant dans son raisonnement,
Kurscheidt (2000, p. 48) poursuit, à propos de sports dans leur
globalité que «les marchés modernes du sport
représentent ainsi un véritable secteur de croissance dans
l'économie nationale des pays industriels avec des structures
diversifiées, des interdépendances commerciales étendues
au sein du secteur privé et des relations complexes vis-à-vis du
secteur public ».
De plus en plus, on s'accorde à relever qu'une
importante distinction doit être faite entre deux types d'études
d'impact : La première, microéconomique, est basée
sur l'analyse coûts bénéfices.(Andersen, 1999 ;
Burgan, B. & Mules, T. 1992, pp. 700-710 ; Crompton, H., 1995, pp.
14-35 ; Dubi, C., 1996, pp. 88-92 ; Yoshioka, C. F. & al., 1991,
pp. 1-2 ; Késenne, S. & Task, M., 2000, pp. 342-365) et la
seconde, macroéconomique se préoccupe à savoir ce que
l'activité économique ou les flux monétaires
génèrent par projet ou quelle importance une industrie comme le
secteur du sport en général a-t-elle sur l'économie
nationale ou régionale (Késenne, 1999, pp. 29-39).
Nous, de notre côté, focalisons notre analyse
plutôt sur ce que la stratégie de décentralisation
internationale des activités économiques des clubs de football
serait capable de faire naître tant dans les pays qu'auprès des
clubs locaux. Par ceux-ci, il est vrai, les joueurs ainsi que les membres du
personnel sont toujours, par effet d'entraînement, directement ou
indirectement atteints.
Au départ, il faut reconnaître que dans son
acception primaire, le sport peut se définir comme « toutes
formes d'activités physiques qui, à travers une participation
organisée ou non, ont pour objectif l'amélioration de la
condition physique et psychique, le développement des relations sociales
ou l'obtention de résultats en compétition de tous
niveaux. » (Article 2 de la Charte européenne du Sport du
Conseil d'Europe).
A ce titre, le sport remplit quelques fonctions, à
savoir : éducative, de santé publique, sociale, culturelle
et ludique. « Considéré sous l'angle économique,
le sport représente un secteur en développement croissant. Le
sponsoring sportif génère 15 milliards de dollars, la vente des
droits de retransmission TV 42 milliards et la vente de tickets 50
milliards. » (Commission européenne, Direction X, 1998, p. 6).
Le sport européen représente 36 % de ce commerce, poursuit
l'étude de la commission européenne. En Europe, la part
respective des Etats membres les plus peuplés dans ce commerce est
de : Allemagne (30 %), Royaume Uni (22 %), Italie (17 %), France (15 %).
En Europe, le sport compte parmi les secteurs d'activité
économique qui génèrent de l'emploi parmi les jeunes. Une
étude conjointe, menée par les professeurs Task et Késenne
(1998, p. 98), révèle que les activités du sport en
Flandre généraient pour la Belgique au moins 70.697 emplois
permanents.
L'internationalisation économique du football va
au-delà des aspects positifs ci-dessus énumérés
à titre d'exemple. Par elle, on peut notamment ajouter quelques
autres. Il y a notamment la cotation des clubs en bourse, le renforcement du
ro^le de l'industrie du sport, l'accroissement potentiel de l'investissement
aussi bien dans les pays développés que dans les pays en
développement, la possibilité de contrôler, voire de lutter
contre l'immigration clandestine d'origine sportive, la création et la
refection des stades de football, la création d'emplois nouveaux pour de
milliers de jeunes footballeurs et pour la main d'oeuvre encore au
chômage.
Section 1. LA COTATION
DES CLUBS EN BOURSE.
Paragraphe 1.
portée
L'entrée des opérateurs économiques dans
le football, comme mécènes ou investisseurs a largement
contribué au football de changer de configuration. Elle a conduit, dit
Andreff, à ce que la valeur des actifs devienne une variable
stratégique de leur gestion. Les clubs de football ont été
contraints, par nécessité, à se gérer comme des
entreprises commerciales, voire comme des entreprises multinationales. Aussi
bien sur le plan d'approvisionnement que sur celui de financement, plusieurs
innovations ont été constatées dans le management des
clubs riches d'Europe. La cotation en bourse, par imitation des
multinationales, passe pour la plus spectaculaire.
L'histoire du football renseigne que ce jeu serait venu
d'Angleterre. Eh bien , tout comme pour la balle, c'est en Angleterre qu'est
née la cotation en bourse des clubs de football. Tottenham, club de
Londres a ouvert la voie en 1983. Depuis ce temps, jusqu'à maintenant,
on compte pas moins de vingt équipes cotées en bourse en
Angleterre. Et par effet de contagion, plusieurs clubs d'Europe sont
également cotés en bourse : Ajax d'Amsterdam, en mai
1999 ; en Italie, la Lazio de Rome ; au Danemark, le FC Kopenhagen
fait partie de quatre autres équipes qui expérimentent l'aventure
boursière.
En Allemagne, la Banque centrale a même
sollicité la cotation d'un fonds de placement possédant des
participations dans les dix-huit clubs allemands de première division.
Pour sa part, le club italien de la Fiorentina a lancé, en collaboration
avec la banque d'affaires Merril Lynch, un emprunt obligataire à 10 ans
pour un montant total de 70 milliards de lires, emprunt garanti par les
recettes futures des abonnements. Et, en compensation, Merril possède
une option de 10 % sur le capital du club. Vu sous cet aspect, il n'est plus
possible de croire que seuls les nationaux du pays originaire du club seront
actionnaires. Loin de là, au contraire. La voie est ainsi
impérialement ouverte à l'entrée des investisseurs de tous
les bords du monde.
Il est donc indéniable, conclut Mattys Nico (1999, p.
28) que le football est devenu une véritable industrie. Les clubs sont
imbriqués dans la vie économique et sont gérés
comme de véritables entreprises. La compétition reste certes le
centre des préoccupations mais, en orbite, on trouve une chaîne
toujours plus longue d'argent, de puissance et de
célébrité. La mondialisation, grand
accélérateur de l'accroissement des échanges
internationaux, « tend à créer une économie
mondiale intégrée, dans laquelle compétitions et
marchés englobent la terre entière...Des ressources, qui jusque
là étaient largement nationales ou inexploitées,
deviennent internationalement mobiles tandis que les économies
nationales deviennent de plus en plus interdépendantes » (
Mathieu Edouard, 1999, p. 7).
A l'instar d'autres entreprises, celle du football qu'on ne
croirait se situer que sur un territoire donné, se préoccupe
actuellement à faire signe de vie sur le plan international. Elle y vend
son produit : le club. Ses revenus sont de plus en plus
diversifiés : de la vente des tickets, ils ont trouvé dans
d'autres sources, un moyen certain d'expansion économique et
internationale du football.
Citons notamment le sponsoring, le merchandising, les droits
de retransmission. Se référant aux clubs de football
européens, Andreff W (2000, pp. 182 et s) souligne que la plupart des
clubs professionnels européens n'ont plus la structure de financement du
modèle Spectateurs- subventions- sponsors- local. L'actuel modèle
de financement est de plus en plus fondé sur quatre sources :
Médias- magnats- merchandising- marchés.
Paragraphe 2. Evolution du
football coté en bourse.
« Contrairement à la plupart des actions,
les actions de football sont souvent un investissement à connotation
sentimentale. Ce sont surtout les particuliers qui sont prêts à
remuer ciel et terre pour acquérir des actions de leur club
favori » (Mattys N., 1999, p. 29).
A cours termes, le cours des actions de foot fluctue
principalement au gré des résultats des équipes. Une
promotion en division supérieure, l'obtention d'un titre national ou
l'engagement d'un joueur de qualité sont susceptibles de faire monter le
cours. A cet effet, le quotidien économique français La Tribune
(1er juillet 1998) rapporte l'explication d'un courtier en bourse
sur la variation de l'action du club danois Brondby : « C'est la
valeur de Sand (joueur de l'équipe nationale du Danemark) qui monte,
après la victoire sur le Nigeria. Il cherche à quitter Brondby et
cela va faire une grosse rentrée d'argent au club ». A
l'inverse, les contre- performances enregistrées de manière
successive sont généralement de nature à faire
péricliter le cours. Les conflits internes entre dirigeants et joueurs
ou le soupçon d'utilisation des substances dopantes ne sont pas moins
dévastateurs des pronostics optimistes collés aux cours des
actions des équipes cotées en bourse.
Cette description de la cotation en bourse des clubs
maintient en meilleure position les droits de retransmission et le
merchandising. La plupart des clubs exploitent un club shop où l'on peut
l'on peut trouver des gadgets en tous genres aux couleurs du club. Outre
Manchester nom qui évoque le merchandising, Anderlecht, selon La
Dernière Heure (du 24 octobre 2000, p. S 4) aurait aussi
réalisé, rien qu'au cours de trois premiers trimestres de l'an
2000, d'importantes recettes estimées à 37,2 millions d'Euros en
recourant au merchandising. Donc, l'aspect merchandising, pour certains clubs
comme Manchester a tellement pris des proportions gigantesques qu'il
dépasse même les frontières nationales.
Section 2. LA REVELATION
DES DERIVES MARCHANDES DU TRANSFERT.
Il est certain que la révélation des aspects
outrageusement mercantiles liés au transfert des jeunes joueurs
constitue un avantage à attribuer à l'internationalisation du
football. Sans supprimer la pratique du transfert dans le football, les
instances juridiques et politiques européennes en exigent le
perfectionnement, avec notamment l'abolition des indemnités exorbitantes
et l'extension aux joueurs des droits économiques dont jouissent les
autres catégories de travailleurs européens. Le recours au dopage
a largement préoccupé les dirigeants de tous les pays ces
derniers temps. Les frasques de Maradona, contrôlé positif lors de
la coupe du Monde de football 1994 aux Etats-Unis, ne sauront plus être
mises en veilleuse, grâce à l'internationalisation du foot. Pour
plus de détails, reportez-vous au chapitre 1er de la
première partie.
Section 3. AUTRES IMPACTS
A SIGNALER.
Paragraphe 1. L'industrie du
sport.
Comme les investisseurs du monde industriel sont
entrés dans le football, il est clair que la tentation de lancer de
nouveaux produits sera de plus en plus grande, dans ce sens que l'industrie va
suivre le mouvement du football et se précipitera à satisfaire la
nouvelle demande. Elle s'investira pleinement dans les actes de gestion et
d'administration pouvant l'amener à construire ou à renover des
stades de football. Ce qui est important aussi bien pour elle que pour la
population locale.
Paragraphe 2.
Internationalisation du football et investissement.
L'importation d'articles de sport et l'investissement
étranger dans l'industrie qui fabrique ces articles augmentent la
qualité et la variété des produits mis à la
disposition des sportifs et d'autres personnes. Ils sont donc profitables pour
les pays d'accueil. Au niveau européen, les délocalisations ne
sont pas encore signalées. Par contre, le rapport du conseil de l'Europe
de 1995 note que des sociétés multinationales ont
délocalisé leur production dans des pays en développement
par le biais d'une sous-traitance internationale, notamment pour les
vêtements et les chaussures. L'apport n'y est pas peu énorme.
Paragraphe 3. Internationalisation comme moyen
pour lutter contre l'immigration clandestine des sportifs du Tiers
Monde.
Le reportage réalisé par les journaliste de la
chaîne de télévision France 2 dans leur émission
« Envoyé spécial du 24 octobre 2000 » a
montré qu'un grand nombre de clandestins venus d'Afrique,
d'Amérique du sud, d'Asie tout comme d'Europe de l'Est se retrouvent
dans cet état à cause du sport. Sollicités dans leurs pays
d'origine par des
« faux impressarii », ils débarquent en
Europe avec la ferme assurance de mener une fructueuse carrière de
footballeur dans tel ou tel autre club prestigieux. Pourtant, comme c'est
souvent le cas, il arrive que les fameux intermédiaires ne suivent plus
l'évolution de l'insertion de ces jeunes transfuges tant dans le club
proposé que dans la société occidentale. Et, dans le pire
cas, une fois que l'essai n'est pas concluant dans la nouvelle équipe,
les jeunes, rêvant toujours d'une éventuelle chance
d'évoluer en Europe, basculent ipso facto dans la clandestinité.
Or, en appuyant, puis aidant positivement les initiatives des
clubs de football et pourquoi pas d'autres sports à s'ouvrir à
l'extérieur, et notamment aux pays en développement, de deux
choses l'une : soit, l'immigration de jeunes joueurs de ces pays vers
l'Europe dans le cadre du football est légale, car rendue possible
à travers le transfert ou le prêt, soit ils évoluent sur
place mais dans l'entreprise football.
C'est un énorme avantage qu'il y a lieu d'appuyer
véritablement par des accords de coopération, voire de
financement entre les pays en développement et les pays
développés, au lieu de s'attaquer simplement aux faits sans en
endiguer les causes. L'Association Payoke s'évertue à militer
contre l'exploitation par certaines entreprises européennes de la main
d'oeuvre des immigrés clandestins. Cela est bien, mais ne suffit pas.
Nous suggérons donc qu'un nouveau thème de débats tienne
compte de cet aspect de choses et offre les perspectives d'une étude
capable d'enrichir notre proposition, en ce qui concerne le sport, et
spécialement le football.
CHAPITRE II. IMPACT SUR LES PAYS EN
DEVELOPPEMENT.
Dans leur ouvrage, Noll Roger G et Zimbalist Andrew (1997, p.
55) reprennent une opinion généralement répandue que
«le sport est un bon investissement, parce qu'il génère des
bénéfices nettement positifs pour la
communauté ».
Cet impact devra s'analyser tant au niveau de politique
économique générale qu'à celui des clubs.
Section 1. DU POINT DE VUE DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE
NATIONALE.
Poser la question de l'impact de l'internationalisation du
football business, comme nous en avons dressé le cadran, sur les pays en
développement revient à reformuler autrement la
problématique du bien fondé de la mondialisation et des
investissements directs étrangers sur cette catégorie de pays.
Plusieurs débats ont déjà eu lieu et certains se
déroulent encore sur le sujet, au cours desquels de brillants
exposés ont été faits. La littérature qui en sort
est certainement conseillée pour lecture. Mais, nous n'y revenons pas
ici.
« L'Afrique Subsaharienne entra dans le
20ème siècle pauvre, une région fortement
colonisée. En entrant au 21ème siècle, beaucoup
de choses ont changé. L'éducation a pris de la vitesse et
l'espérance de vie a augmenté...Depuis le milieu des
années 1990, des signes d'une bonne gestion économique ont
apparu, avec l'augmentation des revenus et du niveau des exportations...A
l'exception de la République Sud-Africaine, la moyenne du revenu
national par habitant est de 315 $ en 1997. Le revenu total de la région
n'est pas aussi important que celui de la Belgique à elle
seule. » ( Banque Mondiale, 2000, pp. 7-8).
Ce diagnostic sévère de la plus importante
institution mondiale de développement et de financement rejoint
l'exhortation du Secrétaire Général des Nations Unies
invitant les pays africains à diversifier leurs exportations.
Or, à plusieurs égards, le sport n'a souvent
pas été considéré comme une activité capable
de générer des revenus et de permettre la création
d'emplois. Pour la Banque Mondiale, citée par Problèmes
économiques (octobre 2000, p. 16) accroître la
compétitivité et diversifier les économies est un domaine
auquel l'Afrique doit accorder la priorité si elle veut revendiquer la
place qui lui revient au siècle nouveau. C'est pourquoi, nous
suggérons qu'elle compte aussi sur le sport, en régulant le
secteur. Il est susceptible de créer des emplois et d'augmenter le
revenu des habitants, ceux qui y travaillent, en premier.
Paragraphe 1. Le joueur africain, matière
première de haute qualité.
En faisant du transfert international des joueurs
étrangers un marché de premier recours, les clubs
européens qui n'excluent nullement l'Afrique de leur champ de
recrutement, ont démontré à plus d'un titre que le sportif
africain était capable de faire autant de prouesses que n'importe quel
autre joueur de football du monde. En ouvrant des centres de formation en
Afrique ou en ciblant l'Afrique comme pool de recrutement, les clubs de
football européens sont entrain de montrer combien il est urgent pour
les Etats africains d'encadrer des jeunes, à partir desquels ils
pourraient réellement espérer obtenir des recettes provenant
d'indemnités de transfert.
Outre la réglementation du marché des joueurs
déjà au niveau des Etats, l'écartement des mineurs non
émancipés dans ce commerce doit devenir un principe de base. De
la sorte, les pays, pépinières, contrôleraient mieux les
actions des recruteurs officieux ou des managers des jeunes enfants dont ils ne
suivent plus l'évolution en Europe, surtout si le test dans
l'équipe du nord n'a pas été concluant par la suite.
Les Etats ont donc la mission de multiplier la création
des centres de formation pour les jeunes joueurs ; ce qui leur octroierait
des avantages certains : une bonne éducation des jeunes, moralement
élevés et leur préparation à défendre
l'identité nationale en tant que joueurs de l'équipe nationale ou
en qualité de joueurs professionnels transférés ou
prêtés moyenant une juste indemnité.
Mais l'internationalisation du football peut contribuer
à attirer de nouveaux investisseurs. Une firme qui a besoin de lancer de
nouvelles affaires dans un pays en développement pourrait se servir
d'une équipe de football locale populaire pour se faire connaître.
Dans ce contexte, le but initial reste la conquête de
l'espace commercial jugé rentable, mais le sport peut en devenir le
sésame ouvre-moi. En fin des comptes, l'on rangera au compte de cette
firme et au grand avantage de la nation deux investissements : le premier,
c'est le business classique avec tous les bienfaits que cela peut comporter, le
second, la prise en charge ou le rachat de l'équipe locale.
Même sans la présence des firmes, le partenariat
entre clubs des nationalités différentes est susceptible de
promouvoir des investissements dans le secteur de la télévision,
dans ce sens que la nouvelle équipe constituée pourrait au fur
des années être auteur, certainement avec ses adversaires,
d'importants événements sportifs dont la retransmission aura
attiré des chaînes de télévision et de radio.
L'Etat y gagnerait par la création d'emplois, du
fait des opérateurs privés ou publics, mais aussi par des taxes.
Donc, le sportif africain doit être perçu comme un agent du
développement économique et social du continent. Des cas
isolés sont déjà cités en exemple.
L'éthiopien Gebré Sélassié, plusieurs champion
olympique d'Athlétisme, a épargné de beaucoup
d'aléas de la vie ses nombreux compatriotes, en les engageant dans ses
propres sociétés.
Paragraphe 2.
Nécessité d'adapter la législation régissant le
football.
Dans leur majorité, les clubs de football africains
ont la forme d'association sans but lucratif. Cela renforce leur tendance
à se gérer par des personnes qui y sont poussées souvent
comme meilleurs fanatiques plutôt que comme meilleurs gestionnaires.
Dans ce cas, les Etats devraient revoir leurs
législations sur le sport en général et sur le football en
particulier. Les clubs de football devront, au niveau de leur structure
juridique, avoir toutes les caractéristiques de sociétés
commerciales de manière à faciliter le partenariat avec les clubs
riches d'Europe. Au moment où les clubs européens parlent de la
cotation en bourse l'imparfait, il est quand même interpellant d'imaginer
le présent et le futur de nos équipes de football. Elles
devraient même se doter de stades propres.
Les équipes comme l'A.S Vita Club et le Daring Club
Motema Pembe de Kinshasa peuvent avoir plus d'un million de fanatiques actifs.
S'il faut admettre que par une technique de gestion commerciale
appropriée (société par actions à
responsabilité limitée) chacun ou même le tiers seulement
aient la qualité d'actionnaires, c'est sûr qu'elles ne
manqueraient pas d'argent.
Une législation souple, qui prévoit par exemple
la possibilité aux clubs nationaux de fusionner ou de conclure des
accords de partenariat soit entre eux, soit avec des clubs étrangers qui
en ont les moyens serait une ouverture certaine vers des investissements
étrangers dans cette matière.
Pour l'Europe, le renforcement de la coopération en
cette matière, pourrait constituer une mesure efficace de lutte contre
l'immigration clandestine des populations du sud vers ses pays, à
travers les différents sports. Plusieurs pays ont compris cet enjeu,
mais se plaignent du manque cruel de moyens pour asseoir des clubs à
orientation socio-économique.
En République démocratique du Congo, le
gouvernment en place vient de signer de nombreux accords de coopération
avec notamment l'Italie pour des cours de management du sport et
d'éducation sportive dont devraient bénéficier
prochainement des jeunes congolais. De même, il est de plus en plus
question de la création d'une Académie des sports, pour
préparer les jeunes aux différentes compétitions
olympiques et autres. Sans la mise en place d'une bonne politique de gestion,
les espoirs suscités se mueront en désepoir.
Section 2. IMPACT DE L'INTERNATIONALISATION
ECONOMIQUE
DU FOOTBALL SUR LES CLUBS
DU CONTINENT.
L'internationalisation des clubs de football européens
a un impact certain sur les clubs africains.
Paragraphe 1. Au niveau de la gestion des clubs : fonctionnalisation de la
pratique du
football.
Il est vrai que la pauvreté du continent se
répercute fatalement sur toutes les organisations sociales y
établies. Les clubs de football, en Afrique, n'y échappent pas.
La plupart d'entre eux sont des associations sans but lucratif. Leurs revenus
principaux viennent des subventions de l'Etat ou de dons de certains
opérateurs économiques habiles. La vente des billets, le
placement ou le merchandising rapportent très peu à ces
équipes. Rarement, les transferts de meilleurs de leurs joueurs leur
profitent.
Les joueurs n'ont pas la même utilité marginale
que partout en Europe. Ils peuvent ne pas être payés, car, les
dirigeants pensent que le joueur d'une grande équipe cherche d'abord du
succès. Ils s'entraînent avec des vêtements de fortune qui
ne traduisent pas toujours l'état réel des finances de
l'équipe.
Il est fréquent que les équipes engagées
dans les compétitions nationales ou africaines ne se déplacent
pas, faute d'argent pour payer des tickets d'avion. Par moment, les dirigeants
en deviennent propriétaires dans la perspective d'en tirer seuls profit
en cas d'un transfert juteux. La description peut être encore plus
longue. Ce qui est vrai pour les clubs, l'est aussi pour les
fédérations nationales.
Gérées en majorité par des personnes aux
moeurs douteuses, les fédérations nationales de football africain
ont vite basculé en lieu d'influence pour le pouvoir en place. Il
suffit d'observer la lutte pour la succession à la tête d'une
fédération comme celle de football. Elle est non seulement
âpre, mais aussi déchirante et écoeurante à la fois.
A travers la lecture complète de cette étude, il est loisible
d'en connaître, en partie, les dessous des tables. Ceci nous pousse donc
à insuffler une nouvelle façon de diriger aussi bien les clubs
que les fédérations afin que l'internationalisation
économique du football ne se serve pas d'eux comme une source de fortune
pour les clubs firmes sans contrepartie équitable à ces clubs
partenaires ou filiales. Tout d'abord, il faut admettre qu'au niveau des clubs
entrés dans les alliances avec des partenaires étrangers, les
budgets ne sont plus déficitaires. Dans le cas de GBA, l'importance de
la prise de participation d'Ajax est comprise comme une bouffée
d'oxygène que recherchait tant GBA. « Le club de la
métropole anversoise connaissait de sérieux problèmes
financiers et pourra donc compter sur le soutien financier du grand public
hollandais. Les 120 millions de passif que connaissait le Germinal seront
compensés par les ventes de Snonck Moons et par l'apport de nouveaux
capitaux. » [www.sports24.be/foot/2000/germinal.html.)].
Il va sans dire que, comme dans le cas d'entreprises
multinationales, les nouveaux apports qu'elles amènent dans les
nouvelles unités de production y jouent un rôle souvent
positif.
Aussi, afin d'assurer un meilleur suivi de la gestion des
accords et de leurs retombées financières, les clubs devront-ils
être gérés comme des entreprises commerciales. De telle
sorte que du dirigeant au joueur, tout le monde se sente concerné par la
vie du club, c'est-à-dire, il est considéré
désormais comme une véritable entreprise obéissant aux
lois et principes économiques. Avec une telle évolution, les
modes de financement des clubs firmes pourront produire les mêmes effets
aux clubs locaux. Ceux-ci pourraient devenir des vrais lieux d'embauche pour
des dizaines, voire de centaines de chômeurs.
Paragraphe 2. Imitation du
modèle de financement des clubs de football européens.
2.1. Expérience du
Merchandising par les trois grands clubs congolais de Kinshasa :AS Vita
Club, DC Motema Pembe et AS Dragons.
Engagées dans l'une des trois coupes d'Afrique des
clubs en 1997, les trois équipes de la capitale remportèrent
beaucoup de victoires sur leurs adversaires respectés sur le continent
et devinrent la cibles des entreprises commerciales de Kinshasa. A chaque
étape de la compétition, les comités de soutien
demandaient aux supporters de chacune des équipes de porter des habits
aux couleurs du club. L'affluence des emblèmes des équipes
kinoises à chaque rencontre africaine sanctionna la recherche du public
sportif et fanatique desdits clubs. Voilà qui ouvrit la porte aux
entreprises des secteurs textiles, brassicoles et plastique de fabriquer les
premières des T-shirts et autres étoffes, les secondes des
bouchons de leurs boissons et les troisièmes les sachets, les bracelets
de montres et des babouches aux couleurs desdites équipes. D'abord, les
équipes ne comprirent pas l'exploitation de leur notoriété
et succès par les opérateurs économiques. Finalement, la
guerre publicitaire que se livrèrent les entreprises concurrentes en vue
de la promotion de leurs articles, habits et gadgets aux couleurs des clubs dut
pousser les staffs dirigeants des équipes à mener une
véritable série d'accords avec ces entreprises pour
l'exploitation des emblèmes des équipes locales. Mais, à
ce jour, aucune boutique club shop n'est encore perceptible à Kinshasa.
L'internationalisation économique permet ainsi de raffiner les
méthodes de gestion des clubs, notamment en rationalisant le
merchandising. En Afrique du sud, dans la ville de Cap Town, les couleurs
d'Ajax Cap Town sont les mêmes que celles d'Ajax d'Amsterdam et des
entreprises s'en servent de plus en plus pour couler leurs productions, dans ce
sens qu'elles fabriquent toute une variété d'articles, d'habits
qui, utilisés ou portés par leurs clients, mais les supporters du
club créent un motif de fierté et d'appartenance au club. Ce qui
ne rapporte pas moins à Ajax Cap Town et à Ajax d'Amsterdam.
2.2. L'entrée des magnats et investisseurs
dans le monde du football africain.
Depuis de longues années, les équipes de
football africain appartenaient soit aux religieux (cas de Vita club et Motema
Pembe (RD Congo), Mouloudia (Algérie), soit aux colons fortunés,
soit enfin aux sociétés commerciales au capital majoritairement
étranger (Tout Puissant Mazembe (RDCongo), BBC Lions, Eagle Cement
(Nigeria), Nkana Red Devils (Zambie) et tombées en faillite, pour la
plupart.
Avec l'internationalisation économique du football, la
tendance va vers le rachat des clubs par les investisseurs locaux agissant
seuls ou conjointement avec des associés étrangers minoritaires.
Tel est le cas de Sodigraf, une équipe congolaise créée
à la suite de l'achat par un entrepreneur local, M. MADILU, de deux
équipes de quartier. Encourageante, l'expérience est entrain
d'être largement suivie par les opérateurs privés
européens qui ne cessent de prédire le succès au football
continental.
2.3. De l'amateurisme au professionnalisme.
Le football africain est rarement sorti de sa coquille
d'amateur. Il a fallu attendre la fin de la première moitié de la
décennie 1990 pour voir les clubs africains se lancer sur l'aventure du
professionnalisme non sans difficultés financières. Cela va de
soi. L'expérience part de la Tunisie.
Ce pays est actuellement l'unique du continent à
vouloir montrer et donner une image nouvelle et remarquable au football
africain. Son football attire non seulement de milliers de jeunes africains
mais aussi des brésiliens (dont certains se sont déjà
naturalisés tunisiens) et européens. Et là, jouer au
football comme professionnel reste une activité prestigieuse et
susceptible de faire naître de l'espoir aux jeunes, pour qui l'Europe
demeurait la plus importante de toutes les préoccupations. L'Afrique du
sud, l'Egypte, le Maroc et la Côte d'Ivoire oeuvrent
régulièrement à faire du football des clubs une
véritable entreprise économique.
Mais, il faut reconnaître que le chemin à
parcourir reste long. Puisque l'expérience tentée par la Tunisie
lui réussit déjà bien, l'on peut dès lors
prédire que lors que ce mouvement va se généraliser, les
clubs de football africains, comme ceux du reste du monde en
développement pourront constituer un autre pôle de
développement économique d'où partiraient des efforts en
vue de la résorption du chômage.
Lorsqu'on analyse l'impact des entreprises privées sur
la vie économique d'un pays, l'un des aspects positifs demeure
indiscutablement la création d'emplois et le niveau élevé
des salaires. Il en est de même pour les entreprises multinationales.
C'est vrai qu'au début des années 60, tendance qui s'est
poursuivie encore jusque récemment, le Etats en général et
ceux en développement en particulier ne percevaient dans celles-ci que
des effets négatifs : pillages de leurs matières
premières, immixtion dans leur politique interne, délocalisations
faciles, assainissements réguliers des effectifs ou encore le fait
qu'elles confiaient souvent la direction nationale aux ressortissants du pays
de la société mère.
Malgré cette description, parfois réelle, il a
été aussi démontré que les entreprises
multinationales contribuaient positivement au développement
économique des Etats où elles étaient
opérationnelles. (World Investment Report, 1998,1999 et 2000). Si les
clubs de football des pays en développement peuvent arriver à
mieux se gérer, puis à devenir partenaires locaux des clubs
riches d'Europe, aussi bien comme filiales que comme entreprises conjointes,
avec un peu d'optimiste, cela améliorerait la qualité du sport et
de son management ; créerait des emplois et rentabiliserait le
coût des transferts des joueurs.
CONCLUSION.
Au terme de cette étude, notre préoccupation
était de démontrer que le football prenait une autre dimension,
dans son internationalisation. Conduit naturellement par les clubs, il est
devenu une activité économique qui fait de ces derniers de
véritables entreprises. A ce titre, les clubs de football riches des
pays d'Europe ont développé ces dernières années
des stratégies les poussant à s'établir à
l'étranger. A la création des centres de formation, se
juxtaposent d'autres formes d'accords, à l'analyse desquels la
thèse d'un investissement direct ou de portefeuille n'est pas à
exclure. C'est à ce point que nous avons tenté une comparaison
entre les entreprises multinationales et les clubs de football que nous avons
qualifiés alors de clubs firmes.
En effet, hormis la divergence sur les définitions de
concepts de base, à savoir club et entreprise, la convergence dans la
réalisation d'une activité économique faisait rentrer dans
une certaine mesure, les équipes de football professionnel dans la
catégorie d'entreprises ; étant entendu que pour les clubs
de football, il s'agissait par-là d'une métamorphose
spectaculaire datant des années 80.
Cependant, il serait incomplet de ne pas préciser que
bien qu'effectuant des investissements à l'étranger, ceux-ci
doivent être assimilés aux investissements étrangers
directs- c'est-à-dire, des investissements qui impliquent une relation
à long terme, reflétant ainsi un intérêt durable
d'une entité résidente d'un pays d'origine(investisseur direct)
sur une entité résidente (l'entreprise investie) d'un autre pays-
et à ceux de portefeuille.
Dans GBA, le club batave d'Ajax non seulement a pris des
participations, mais en plus il dirige et contrôle la gestion du club
belge. Tandis que, en Afrique, plus précisément en Afrique du Sud
ou au Ghana, Ajax a commencé par placer de l'argent ; ce qui
n'exclut pas une éventuelle progression vers l'investissement direct
étranger.
Déjà, l'établissement des liens
fonctionnels en marche incite davantage à imager qu'il convertira
bientôt ses participations en véritables stratégies
d'investissements directs étrangers. Car, il est longtemps retenu que
« ce dernier type d'investissement représente non pas un
simple achat d'actions ou de titres, mais le financement fourni par des
intérêts étrangers qui, non seulement, détiennent
une partie du capital de l'entreprise mais participent directement à la
gestion de cette dernière ». (World Investment Report, 1996.)
La différence entre les deux notions réside,
selon MUCCHIELLI J. L (1998, p. 46) en ceci que «dans le premier cas, il
existe une logique de production, l'entreprise qui possède des
participations dans une filiale voudra influer sur la production de cette
dernière, sur sa gestion, sa stratégie, etc. Dans le cas d'un
investissement de portefeuille, les prises de participation, sous formes
d'achat d'actions ou autres modes, ne sont perçues que comme un
placement financier ; une simple stratégie de diversification des
risques dans les placements nationaux et internationaux motivera donc cette
forme d'investissement.».
Notre approche pour assimiler les formes
d'internationalisation économique du football à des
opérations d'investissement direct ou indirect part de cette
caractéristique spécifique d'un investissement direct
étranger et tient son fondement du rapprochement entre ce que les clubs
de football s'évertuent à réaliser à
l'étranger et la considération d'un IDE.
En effet, la Société Financière
Internationale, SFI, (1997, p. 11) rappelle que « pour des raisons
d'ordre statistique, le Fonds Monétaire International (FMI)
considère qu'un investissement étranger est direct lorsque
l'investisseur détient au moins 10 % des fonds propres de l'entreprise,
ce pourcentage étant généralement jugé suffisant
pour que l'investisseur ait voit au chapitre ». Or Ajax
contrôle GBA à concurrence de 51 % du capital de ce dernier.
Enfin, notons qu'une similarité des objectifs permet de
différencier néanmoins le contenu des avantages des entreprises
multinationales de celui des clubs de football.
Ø Similarité des objectifs.
Les raisons qui poussent un investisseur à
désirer s'implanter ont toujours préoccupé tous ceux qui
cherchent à percer l'univers des entreprises multinationales. Et le
premier à en trouver quelques-unes, Hymer pense que «assurer la
sécurité de son investissement et contrôler l'ensemble du
rendement des capitaux investis d'une part, et modifier les structures de
compétitions entre firmes » sont les deux principales raisons
qui conduisent un investisseur à désirer prendre le
contrôle d'une entreprise étrangère. (Mucchielli J. L.,
op. cit., p. 17).
Ø Avantages des entreprises multinationales.
Mais, il faut signaler aussi que la possession d'avantages
spécifiques et la possibilité de leur
transférabilité à l'étranger indiquent pourquoi une
entreprise peut-elle se multinationaliser. De même, la recherche de
meilleures conditions d'offre et de demande ainsi que celle d'une meilleure
position concurrentielle sont les déterminants de la
multinationalisation des entreprises ; celles-ci optent donc pour
l'implantation à l'étranger. (Mucchielli J.L., op. cit.,
pp. 120-155).
Ø Recherche du contenu desdits avantages pour les
clubs de football.
Certes, les clubs de football ne fabriquent pas de produits
matériellement commerciables. Les spectacles sportifs sont
évidemment à ranger dans la catégorie des produits
immatériels, commerciables aussi. Avant d'assister à
l'entraînement ou au match dans un stade de football, l'exigence du
ticket ou du billet d'entrée rappelle la nature commerciale du produit.
Puis, aux avantages spécifiques, souvent technologiques
des entreprises multinationales se substituent le label et la réputation
séculaire d'un club de football, véritable fondement du
merchandising ; toutes les deux espèces pouvant constituer des
atouts pour se multinationaliser.
La recherche de meilleures conditions d'offre et de demande
peuvent se traduire chez les clubs de football internationaux à la
recherche de meilleures conditions d'acquisition et de vente des jeunes joueurs
talentueux par le système des transferts. Qui pis est, la recherche des
droits de retransmission ajoutée à l'acquisition de bons joueurs
sont les grands enjeux du football business international.
Pour terminer, disons que malgré l'effort
d'internationalisation, le football reste une économie de faible
portée par rapport à celle mise en mouvement par les grandes
entreprises multinationales. Toutefois, nous rappelons que l'impact
véritable de cette conversion du football en business sur les pays en
développement peut se traduire positivement par la création
d'emplois.
L'investissement direct étranger, souligne la
Société financière internationale (op. cit., p. 7),
contribue dans la mesure importante à la croissance des économies
émergentes, bien que son rôle soit parfois controversé.
Le recrutement des joueurs est, en effet, une offre d'emplois
à de dizaines des jeunes à qui l'espoir d'une vie professionnelle
digne peut enfin s'ouvrir. En apportant des capitaux frais dans les clubs
locaux étrangers, le club firme peut toujours améliorer le niveau
des salaires du personnel et des joueurs en place.
De même, les stratégies de financement des
équipes, jusque-là gérées par des mains inexpertes,
sont diversifiées et se dirigent essentiellement vers la maximisation
des recettes et des victoires en comptant sur les jeunes talentueux.
Un nouveau management en vigueur relance les performances de
l'équipe au bord de la ruine. En cela, on n'est pas loin de rencontrer
ce que Torkildsen G. (1986, p. 327) pense du management : «Une
occupation active de l'humain et un processus par lequel le peuple et les
organisations atteignent les résultats.
Le management n'est pas une science, avec des lois
précises et un comportement prédictible ».
L'augmentation du niveau des salaires des joueurs des équipes des pays
en développement est un autre avantage qui mérite d'être
souligné. Certes, les dépenses pour le recrutement de nouveaux
peuvent s'avérer importantes.
Mais le choix des pays où la technicité
professionnelle et l'acquisition bon marché se côtoient
étroitement laisse entrevoir les perspectives de réalisation des
bénéfices. Il est prouvé que les coûts d'achat des
joueurs africains et latino-américains sont moindres dans leurs pays
d'origine par rapport à ce qu'ils valent lorsqu'ils sont
transférés d'une équipe européenne à une
autre.
Or, en restructurant le marché local des joueurs
africains et en encourageant leur entrée dans des championnats riches
d'Europe, par le mécanisme des transferts intra-groupe, c'est sûr
que les joueurs africains participeront aussi à la fête des
salaires de rêve. Elle contribue aussi à favoriser la
mobilité internationale des joueurs des pays du Tiers Monde.
A titre d'exemple, lors de la 22ème édition de
la CAN, 171 des 352 sélectionnés évoluent dans des clubs
européens, dont 42 en France. Le Cameroun compte le plus
d'expatriés (20 joueurs), suivi du Ghana et du Nigeria (18), la
Côte-d'Ivoire et le Maroc (15), l'Afrique du sud (12), le
Sénégal (11). Leur présence dans les équipes
nationales suscite beaucoup d'espoirs, même si elle ne garantit pas de
bons résultats. Pour preuve, le Maroc et la Côte-d'Ivoire n'ont
pas réussi à franchir le premier tour de cette année,
alors que la Tunisie, l'Algérie, qui ne comptent respectivement que
trois et huit professionnels, ont obtenu leur billet pour les quarts de finale.
La candidature à l'expatriation de nombreux joueurs du
continent ne repose pas sur des considérations uniquement sportives,
mais aussi et surtout financières. Et là, les
inégalités sont encore plus marquées, car jouer en
première ou en deuxième division en Europe, c'est être
assuré de gagner beaucoup d'argent.
Difficile de savoir, avec précision, le montant des
rémunérations, tant les sommes varient d'un pays à
l'autre, et en fonction du talent de chacun. Mais, en moyenne, un joueur
professionnel de première division française empoche 130.000 FF
par mois, et celui de deuxième division 30.000 FF. Pour les plus
talentueux, il faut multiplier ces chiffres par cinq. Attention de ne pas
confondre avec les montants faramineux payés pour le transfert d'un
joueur. Le RC Lens, champion de France 1998, a dû débourser
près de 25 millions de FF pour avoir dans son effectif le jeune
attaquant camerounais Joseph Désiré Job. Moussa Saïb,
capitaine de l'équipe d'Algérie, est arrivé au FC
Valence, en Espagne, pour 32 millions de FF; le camerounais Marc Vivien
Foé à West Ham, en Angleterre, pour 38 millions ;
l'Ivoirien Ibrahim Bakayoko à l'Olympique de Marseille pour 40 millions,
et le Nigérian Augustine Okocha a été acheté par le
Paris SG pour 100 millions. Sans doute le plus gros transfert parmi le
contingent africain en Europe avant celui du congolais Shabani Nonda de l'AS
Monaco, pour la bagatelle de 140 millions de FF. Ces sportifs, dont la
carrière est courte (dix ans en moyenne), sont incontestablement des
privilégiés, si l'on tient compte du revenu annuel par tête
dans leur pays d'origine (160 à 660 dollars selon les pays).
La participation aux compétitions internationales
entraîne des dépenses énormes. Car aux salaires des joueurs
s'ajoutent les moyens financiers importants que les Etats accordent aux
équipes nationales. En Egypte, le salaire d'entraîneur national,
qui est de 200.000 FF par mois, a suscité un débat à
l'Assemblée. Le gouvernement gabonais a mis à la disposition de
l'Azingo national" près de 1 milliard de F CFA, la Côte-d'Ivoire
environ 500 millions.
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année : de la plus récente à la plus ancienne)
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