République
Démocratique du Congo
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
UNIVERSITAIRE
INSTITUT SUPERIEUR PEDAGOGIQUE
ISP-UVIRA
B.P:2316 Bujumbura/Burundi E-
mail: .ispuvira@g-mail.com
SECTION DE LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE
FRANÇAIS-LANGUES AFRICAINES
ALTERNANCE CODIQUE
SWAHILI/FRANÇAIS DANS LES INTERVENTIONS AU JOURNAL
SWAHILI ET DEBATS POLITIQUES RADIODIFFUSES A LA RADIO LE MESSAGER DU PEUPLE
A UVIRA (JUILLET 2023)
Contribution à une étude sociolinguistique
appliquée aux médias.
0703-2023 AU 8-04-2023
Par Antoine AKILI KIRONGOMERA
Mémoire présenté et soutenu publiquement en
vue de l'obtention
du Diplôme de licence en pédagogie
appliquée
Option : Français
Directeur : ALUMA KABIKA JEAN YVES
Professeur Associé
Co-directeur : KIJINDIRE TUNDWA ARTHUR Chef de
Travaux
ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023
1
EPIGRAPHE
« Le pas le plus difficile dans l'étude du langage
est le premier » (Leonard Bloomfield)
« Pour ceux qui étudient la langue ainsi qu'il
faut l'étudier, c'est-à-dire comme les géologues
étudient la terre E...] » (Victor Hugo)
2
A Christelle TULIZO SADA, mon épouse et à nos
futurs enfants. Je dédie ce travail.
3
IN MEMORIUM
A notre feue maman DORCAS TABITHA morte le 4-11-2017, que la
terre des ancêtres te soit toujours douce.
4
REMERCIEMENTS
Nous exprimons notre sincère gratitude :
Au professeur Associé ALUMA KABIKA JEAN YVES et le Chef
de Travaux KIJINDIRE TUNDWA ARTHUR pour avoir sacrifié leur sommeil,
occupations et loisirs en vue de l'aboutissement heureux du présent
travail. Leurs conseils et corrections ont donné la forme et le fond
acceptable au présent travail.
A tous les enseignants de l'ISP-UVIRA, et
particulièrement à ceux qui enseignent au département de
français pour leur bravoure qui a fait de nous ce que nous sommes
aujourd'hui ; nous ne nous sentirons pas satisfait si nous ne citons pas le C.T
MAVUDIKO BASHOMBERWA François pour s'être disponibilisé en
nous servant des ouvrages pour notre recherche. Le C.T. NAMUNE MUGANGUZI
Joël pour ses multiples conseils et encouragements de depuis longtemps
mérite d'être cité également.
A notre père MAGOTE KIRONGOMERA Ezéchiel pour sa
décision. Il sait pourquoi. A mon oncle et ami intime Paul MAGOTE
KIRONGOMERA, qui lors de sa soutenance m'avait poussé
d'étudier.
Je ne peux pas clore cette page sans citer mes camarades de
promotion pour plusieurs raisons qui ne peuvent pas contenir cette page :
BYAMUNGU SHAMAMBA, HURUMA RUSAKANA, OMBENI MAURIDI, BUTOTO MANENGA, TEACHER
MERCI MAENDELEO, KALUMBI ALIMASI, NGALO MUPENDA, KAZEGE ESPOIR ...
Aux camarades TIMBA MUGOZI, LUSHULI BYAMUNGU et AMANI KASALI
pour leur soutien. Aux uns et aux autres, nous demandons de recevoir
l'expression de ma profonde gratitude.
Antoine AKILI KIRONGOMERA
5
SIGLES ET ABREVIATIONS
AL-RDC : Atlas Linguistique de la République
Démocratique du Congo
AIA : Alphabet International Africain
AFDL ; Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération
ASBL : Association Sans But Lucratif
FBI : Bureau Fédéral d'Investigation (en
français)
FCC : Fronc commun pour le Congo
ISP : Institut Supérieur Pédagogique
RMP : Radio le Messager du Peuple
RCM : Radio Communautaire Mitumba
RTNC : Radio Télévision Nationale Congolaise
O.N.G : Organisation Non Gouvernementale
Op.cit. : Ouvrage cité
TFC : Travail de Fin de Cycle
L1. Première langue apprise
L2. Deuxième langue apprise
p.e. Par exemple
PUF : Presse Universitaire Française
PPRD : Parti Politique pour la Reconstruction et la
Démocratie
UDPS : Unions des Démocrates pour le Progrès
Social
NSCC : Nouvelle Société Civile Congolaise
e.a./ et ali : et les autres
C.f : Se referer à
TN : Thème Nominal
PN : Préfixe Nominal
PV : Préfixe Verbal
CORDAID: Catholic Orgnisation for Relief and Development Aid,
en Anglais
MIJAS : Mission de Jacobins Sages
6
0. INTRODUCTION GENRALE
O.1. Nature, intérêt et choix du
sujet
Notre étude cadre avec l'analyse conversationnelle des
interventions radiodiffusées.
Ces interventions radiodiffusées en
général et en particulier celles se rapportant au journal swahili
et aux débats politiques paraissent comme des touts conflictuels et
hétéroclites à cause de mélange des langues qui les
caractérisent. De même que l'influence de l'anglicisme envahit la
langue française, de même le contact du français avec les
langues africaines a eu des impacts sur les pratiques linguistiques dans toutes
les sphères des activités sociales. C'est ainsi que les parlers
des intervenants aux émissions radiodiffusées n'ont pas
échappé au phénomène de métissage langagier
; celles-ci comme lieu où se confondent le français et les
langues congolaises.
Très souvent les approches thématique,
stylistique, sémantique et socioculturelles sont envisagées pour
comprendre les conversations. La sociolinguistique est une approche moins
exploitée alors qu'elle présente beaucoup d'avantages. En effet,
étant une pratique d'élucidation et d'interprétation des
énoncés effectivement produits par des locuteurs réels
dans des situations concrètes de la vie, la sociolinguistique peut aider
à comprendre les différents aspects du métissage langagier
dans les interventions radiodiffusées et leur lien avec les structures
sociales des auditeurs. De ce fait, elle s'accorde un intérêt
particulier à l'étude de l'alternance codique, objet de cette
recherche.
De par sa nature, la sociolinguistique ne s'enferme pas dans
l'homogénéisation d'une variété dite standard, elle
prend par contre les variétés qu'elle en liaison avec la
variation des situations des locuteurs. En étudiant les alternances
codiques swahili/français dans les interventions au journal swahili et
débats politiques radiodiffusées à la RMP, nous voulons
combler le vide du manque d'études en sociolinguistique appliquée
aux médias.
Cette recherche aura l'estime de comprendre les raisons et les
mobiles qui président au choix des codes dans les émissions
radiodiffusées.
Pour ce qui concerne le choix de notre sujet, nous partons du
postulat selon lequel les médias sont des industries de langues.
En ce qui concerne ce travail, des auditeurs finissent par
imiter la façon dont parlent les intervenants. Pour nous, la Radio
constitue la véritable industrie linguistique en ce sens qu'elle
contribue à l'évolution de langue vu que la langue est un
mystère qui n'existe que dans les sujets parlants.
Ferdinand de Saussure a reconnu que c'est la parole qui fait
évoluer la langue. Ce sont les impressions reçues en entendant
les autres qui modifient nos habitudes linguistiques.
0.2. Etat de la question et
problématique
Résultant des faits de contact de langues, l'alternance
codique n'a fait l'objet d'aucune étude à l'ISP-Uvira mais
à l'ISP-Bukavu nous avons répertorié plusieurs travaux
dans différentes approches linguistiques et sociolinguistiques.
Deux travaux sur l'alternance codique nous ont fort
inspirés. Il s'agit des mémoires de :
7
John LUSHULI BYAMUNGU, (2016) intitulé «
L'alternance codique lingala/français dans quelques albums de Koffi
Olomide (1990-2015). Dans ce travail, l'auteur s'est appesanti sur huit
albums des chansons à caractère bilingue ou multilingue où
il a montré par quelle alchimie l'artiste musicien Koffi Olomide
parvenait à allier dans un même discours, deux langues en
dépit de leur différence manifeste. Après ses analyses,
l'auteur a confirmé l'hypothèse selon laquelle, Koffi Olomide
recoure à deux types d'alternances : des alternances interphrastiques et
des alternances extraphrastiques. Ce recours à l'alternance
extraphrastique s'explique par le souci de Koffi Olomide de rendre la sagesse
des anciens qui constitue l'argument d'autorité par excellence dans leur
forme originale.
Quant au second mémoire de PALUKU Mwira wa Vangi (1990)
intitulé « A study of code switching et ISP/Bukavu ».
Dans ce travail, l'auteur a montré pourquoi les étudiants de
l'ISP/Bukavu recourent à l'alternance codique pendant leurs
échanges. Après ses analyses, l'auteur a confirmé
l'hypothèse selon laquelle, le recours à l'usage alterné
des codes est fonction du degré d'intimité entre
interlocuteurs.
Toutefois, le mémoire d'Olivier BYAMUNGU FATAKI, (2014)
intitulé « Enseignement du français en situation du
bilinguisme franco-Kifuliiru. Cas des élèves de
5ème et 6ème années de l'Institut
Taraja à Kiliba » souligne quelques paragraphes sur le
métissage linguistique français/fuliiru des élèves
de Taraja.
Citons les deux recherches en sociolinguistique à
l'ISP-Uvira :
LWAKIHUGO SHANDE Lin Holm, (2018) intitulé «
Analyse sociolinguistique de quelques enseignes inscrites sur les
automobiles de la Cité d'Uvira » (Mémoire).
LWABOSHI KUNGUTA John, (2012) intitulé « Le
multilinguisme dans les marchés de la Cité d'Uvira : Etude
socio-linguistique » (TFC).
Après plusieurs auditions des émissions
radiodiffusées, nous nous sommes étonné de voir dans une
émission swahili le recours aux métissages linguistiques
swahili/français ou français/swahili et par les journalistes et
par les intervenants voire les co-débatteurs. Ce constat de la
transformation du kiswahili a suscité en nous cette curiosité que
vous allez découvrir en lisant ce travail.
En fait, le choix des langues dans les interventions
radiodiffusées fonctionnant comme stratégies communicatives, les
choix linguistiques ou langagiers dans un contexte
d'hétérogénéité ethnolinguistique comme
celui de la République Démocratique du Congo (RDC), correspondent
à des stratégies de communications. Les personnes qui parlent,
parlent dans l'intention d'accomplir des actes. En d'autres termes les langues
sont ce qu'en font les communautés qui les emploient. Paraphrasons-nous
Pierre Bourdieu dans son article sur L'économie des échanges
linguistiques : « La langue vaut ce que valent ceux qui la parlent.
»
La RDC a un paysage linguistique divers, on y dénombre
plus de 250 langues, parmi lesquelles quatre langues nationales dont le
kiswahili devenu prédominant dans la partie Est après son
adoption comme langue de l'armée lors de l'AFDL et des guerres dites de
« Libérations ».
8
A côté du Kiswahili, langue nationale, sont venues
se greffer des langues d'importance coloniale, à savoir le
français et l'anglais. C'est ainsi que les interventions
radiodiffusées en général et en particulier celles de la
Radio le Messager du Peuple sont marquées par la diversité
linguistique.
Tout en se fixant comme objectif d'examiner comment le
plurilinguisme se déploie dans les interventions radiodiffusées
et d'étudier les mobiles qui président au choix du
français, notre problématique se résume en questionnement
suivant1 :
- Quels sont les moments importants qui favorisent le choix
d'alternance codique ?
- Pourquoi les discours swahili produit par les intervenants au
journal swahili et aux débats politiques sont-ils ornés
d'expression en français ?
- Quelle fonction en terme d'intentionnalité, de but et
donc de stratégies remplissent l'alternance linguistique des
interventions radiodiffusées ?
- Quels usages et quelle distribution les intervenants à
la Radio font-ils des langues dans leurs interventions ?
0.3. Object et Objectifs du travail
0.3.1. Object
En jetant notre dévolu sur l'étude de
l'alternance codique dans les interventions au journal swahili et aux
débats politiques radiodiffusés à la RMP, nous voulons
examiner les types d'alternance codique qui sont convoqués dans le
journal swahili du 20,22, 24, 26 juillet 2023 et dans les débats
politiques du 23 et 30 juillet 2023. C'est-à-dire dans quatre
émissions journal swahili et 2 débats politiques ainsi que les
différentes stratégies discursives du choix des langues dans les
interventions.
0.3.2. Objectif global
Il nous sera question de fournir une explication permettant de
rendre intelligible tous les faits linguistiques voire sociolinguistiques de
notre corpus.
0.3.3. Objectifs spécifiques
Nos objectifs spécifiques sont :
? Circonscrire la notion d'alternance codique et tous les
termes qui lui sont parents : bilinguisme, prulinguisme et multilinguisme ;
? Déterminer les types d'alternances qui sont
utilisés dans les six (6) interventions radiodiffusées à
la RMP ;
? Déterminer les fonctions sociales ou communicatives de
l'alternance codiques ;
? Déterminer les motifs et les raisons des choix des
langues dans les interventions radiodiffusées
à la RMP.
0.4. Hypothèse de recherche
L'hypothèse est une explication anticipée et
rationnelle d'un fait-problème. Selon Anne-Sophie CONSTANT et ali,
« L'hypothèse est une proposition relative à
l'explication d'un phénomène, qui est admise avant d'être
soumise au contrôle de l'expérience » (Op.cit. :58).
1 Nous suivons le schéma de base d'Anne-Sophie
CONSTANT et d'Aldo LEVY, Réussir mémoires et thèses
4e édition, Gualino, 2012 p.51
9
Suite aux questions soulevées par notre
problématique, nous avons essayé d'émettre une
série de réponses provisoires en nous appuyant sur les
données théoriques et empiriques de l'alternance codique :
- Les intervenants feraient appel à l'alternance
codique swahili/français à cause d'une faiblesse en langue
swahili. C'est-à-dire que leurs interventions seraient compensées
de leurs carences linguistiques par l'incursion (insertion) d'unités
linguistiques françaises étant donné que
l'évolution dans l'apprentissage d'une langue pourrait amener à
oublier ou à abandonner le vocabulaire de la L1 en faveur de la L2.
(Slotes)
- Les discours swahili produit par les intervenants au journal
swahili et par les co-débatteurs seraient ornés d'expression en
français parce que ces derniers voudraient se démarquer
socialement par rapport aux autres communautés linguistiques ou pour
montrer leur véritable identité ou par souci de prestige.
- Nous pourrions penser que l'alternance codique
(swahili/français) indiquerait plutôt l'attachement des locuteurs
à une sphère civilisationelle, surtout que le français
reste dans notre pays « le symbole de l'identité » et de
l'ouverture sur l'Europe, son utilisation viserait à intégrer ou
à identifier l'individu à un certain type de
société.
- Les alternances codiques constitueraient des
stratégies des communications et exerceraient donc une fonction
pragmatique.
Telles sont les réponses anticipées qui vont guider
notre réflexion tout au long de nos analyses.
0.5. Limites du sujet
Notre sujet se limite aux quatre émissions journal
swahili du 20, 22, 24, 26 juillet 2023 et aux deux débats politiques du
23 et 30 juillet 2023 radiodiffusés à la Radio le Messager du
Peuple.
Avec les contraintes d'ordre temporel et institutionnel dans
lequel le présent travail sera présenté, nous n'avons pas
pu envisager faire des analyses systématiques couvrant tous les aspects
des interventions radiodiffusées. Nos analyses se limitent dans la
perspective descriptive de la sociolinguistique et se propose d'examiner les
usages, la distribution des langues ainsi qu'aux motivations pragmatiques qui
président aux différents choix linguistiques relevés dans
les interventions radiodiffusées.
0.6. Présentation du milieu
0.6.1. La situation sociolinguistique et médiatique de la
ville d'Uvira
Il nous semble évident de situer historiquement Uvira
avant de brosser sa situation sociolinguistique de pluralisme et de
multilinguisme et terminer par l'aspect médiatique ainsi que les langues
médiatisées dans cette ville.
10
A. Situation historique
Le Territoire d'Uvira a été créé
par l'Ordonnance n°21/91 du 28 février 1938, modifié par
Ordonnance-loi n°67-221 du 03 mars 1967. Ce territoire fait partie de huit
(8) territoires ruraux de la Province du Sud-Kivu2.
A la première subdivision administrative de l'Etat
Indépendant du Congo, le 1er août 1888, le Kivu est
baptisé Territoire de la Ruzizi-Kivu et fait partie du district de
Stanleyfails. Le chef-lieu de ce Territoire est fixé à Uvira. En
1897, ce district est subdivisé en deux Zones, dont celle de Tanganyika,
Chef-Lieu Uvira. Un arrêté royal du 7 mars 1910 subdivise le Congo
en 12 districts dont, celui de Stanley Ville qui compte parmi les cinq zones,
celle du Kivu. Uvira demeura jusqu'en 1926 le chef-lieu du Secteur du
Tanganyika, avant de devenir à partir du 1927, celui du Territoire de
Bafuliiru. Avec la réforme administrative de 1933, elle subdivise le
pays en six provinces, Constermansville en devient une, subdivisée en
deux districts :
- Le Kivu, Chef-lieu Constermansville (Bukavu) - Le Maniema,
Chef-lieu Kasongo.
Le Kivu compte alors sept Territoire dont celui des «
Bafuliiru » que le Belge, pour une prononciation plus commode,
écrit et prononce « Bafuliiru ». Le chef-lieu est à
Uvira. L'ordonnance de Mars 1935 accorde les noms des chefs-lieux aux
territoires à la place des noms des tribus ; le Territoire devient ainsi
Territoire d'Uvira3.
Selon Passy WALUMBUKA KIGOGO, le territoire d'Uvira comprend
en son sein les chefferies des Bafuliiru, des Bavira et de la Plaine de la
Ruzizi et trois cités dont la cité d'Uvira, la cité de
Kiliba/Kagando et la cité de Sange. Administrativement, la cité
d'Uvira était dirigée par un chef de cité secondé
par un adjoint.4 (Uvira est devenue ville en 2013. Elle sera
effective à l'installation du Maire de la ville et de son adjoint en
2019.
B. Uvira, une ville multilingue et plurilingue
Divers auteurs ont donné la distinction entre ces deux
termes. (Multilinguisme et plurilinguisme). D'après Chaudenson «
La diversité linguistique au sein d'un Etat serait ainsi
appelée plurilinguisme tandis que la présence des mêmes
langues dans plusieurs pays serait appelée multilinguisme
»5.
Nous appuyant sur cette définition, nous nous rendrons
compte que la RDC en général est un pays plurilingue étant
donné les différentes langues qui y sont parlées. C'est
dans ce même angle qu'Uvira est une ville dans laquelle ce
phénomène est pratiqué. C'est une ville où l'on
parle
2 TIMBA MUGOZI, (2015), Quelques enseignes sur les maisons
commerciales y compris les pharmacies du quartier Mulongwe/ Territoire d'Uvira
: Analyse socio linguistique, mémoire inédit ISP-Bukavu, p12
3 MAHANO, G. L'évolution administrative de
la zone d'Uvira 1885-1960 In Revue Culturelle « Buguma » (cf.
CASE culturelle Fuliiru/Uvira) p. 17.
4 Passy WALUMBUKA KIGOGO, (2009), Analyse d'impact qu'ont les
médias de proximité sur l'éducation des jeunes en
cité d'Uvira, ISDR-Uvira (mémoire online)
5 CHAUNDENSON, R. (2000), Mondialisation, la langue
française a-t-elle encore un avenir ? Paris, l'Harmattan p.25
11
plusieurs langues. En d'autres termes, Uvira est occupé
par plusieurs communautés linguistiques, ce qui fait que les habitants
soient plurilingues.
Le multilinguisme désigne exclusivement la
présence de plusieurs langues dans un milieu donné
indépendamment de ceux qui les parlent. Par exemple, le fait que deux
langues soit présentées dans un territoire ne permet pas de
savoir si les habitants connaissent l'une et l'autre ou s'ils ne connaissent
que l'une d'entre elles. TIMBA M. (2015 :20).
Il sied de savoir ici que par rapport à toutes les
provinces congolaises, le Sud-Kivu est plus précisément la Ville
d'Uvira est parmi les villes où l'on pratique le multilinguisme, car il
est difficile de savoir si réellement les habitants de cette ville
s'expriment mieux dans telle ou telle autre langue. Presque tout le monde
s'exprime mieux en Kifuliiru comme en kiswahili. Si pas ces deux langues, ils
s'expriment mieux en ébembe comme en Kivila et en Kinyarwanda pour ceux
qui vivent dans le haut-plateau. Le caractère multilingue de certaines
de nos sociétés doit être admis comme un fait qui ne
disparaît pas de la face de la terre quelles que soient les opinions
chauvines que nous pourrions nourrir à l'égard de la place et du
rôle des langues non africaines dans nos sociétés
6. Un sujet parlant est plurilingue quand il utilise à
l'intérieur d'une même communauté plusieurs langues selon
le type de communication (dans sa famille, dans ses relations sociales, dans
ses relations avec l'administration, etc.)7.
On observe aujourd'hui dans plusieurs familles le
système de multilinguisme à Uvira. Par exemple, le Mufuliiru qui
n'avait que la langue maternelle parle le français, le kiswahili,
l'ebembe, l'amashi et d'autres langues vernaculaires d'autres
communautés. Une communauté est plurilingue lorsqu'elle utilise
plusieurs langues dans divers types de communication8.
Nous ne pouvons-nous éloigner de ce que DUBOIS appelle
communauté plurilingue. C'est une communauté dans laquelle on
parle plusieurs langues. C'est le cas de la RDC qui, à l'échelle
du continent africain occupe une place considérable parmi d'autres pays
parlant plusieurs langues. Uvira est l'une de ses villes où sont
parlées au moins cinq langues vernaculaires en plus du français
et de l'anglais.
Le plurilinguisme est considéré comme un
principe visant à accroître l'offre en langues des systèmes
éducatifs (nombre d'apprenant ayant accès aux enseignements d'un
certain nombre des variétés linguistiques que l'on peut
étudier...). Le plurilinguisme réfère à un nombre
d'apprenants qui se fixent comme but d'apprendre d'autres langues à part
la langue maternelle. Parmi les moyens nécessaires pour accroître
ce phénomène linguistique, DUBOIS et les autres ont cité
par exemple les décideurs politiques, c'est-à-dire l'école
et d'autres milieux éducatifs. Nous pouvons aussi citer les voyageurs,
et les soldats étrangers : par exemple les militaires de l'ONU
déployés partout au monde en général et en RDC en
particulier sont à la base du plurilinguisme constaté aujourd'hui
à Uvira. Mais on sait que le fait qu'un Etat soit officiellement
multilingue ne garantit pas automatiquement le caractère pluriel des
compétences en langues des citoyens. De même, l'offre accrue en
langue des systèmes éducatifs ne conduit pas les langues. TIMBA
M. (2015 :21).
6 UNESCO, (1981), Langues africaines, Paris, Unesco
p.149
7 DUBOIS, J.e.a. (2007), Dictionnaire de la linguistique,
Paris, Larousse, p.368
8 DUBOIS,J., (1973), Dictionnaire de linguistique,
Paris, éd. Librairie Larousse p.381
12
On note le fait qu'Uvira soit multilingue, mais cela ne
signifie guère que tous les Uvirois parlent plusieurs langues. C'est
plutôt un phénomène qui engage une partie d'Uvirois. C'est
ainsi que par exemple à Uvira, où il y a le kiswahili comme
langue véhiculaire, plus de cinq langues vernaculaires ou ethniques et
le français comme langue officielle ; on ajoute l'anglais qui ne jouisse
d'aucun statut au pays, ceci ne signifie pas que l'hypothèse selon
laquelle, tout Uvirois doit être locuteur de plusieurs langues soit
confirmée. Il est vrai que qu'il peut y avoir quelques Uvirois qui
peuvent avoir la compétence d'actualiser plusieurs langues mais pas tout
le monde.
0.6.2. Aspect médiatique (radiodiffusique) de la ville
d'Uvira
La ville d'Uvira dispose de 7 stations de radiodiffusions dont
une officielle, 4 communautaires et 2 privées. Nous pouvons citer la
RTNC Uvira, la Radio le Messager du Peuple (qui nous a fourni les
données de notre corpus), la RNDT, RTCM, la RCUF (qui relie la Radio Top
Congo), la Radio Methononia FM et la Radio Ngoma ya Uvira installée
récemment. La sous-station de la RTNC prend régulièrement
en relais les émissions diffusées par Kinshasa.
Toutes ces radios sont de moins en moins servies en fourniture
électrique. Outre la Radio Okapi, plusieurs chaînes
étrangères sont suivies à Uvira.
Localement, il n'y a qu'une seule chaîne de
télévision, celle de SHAHIDI TV (une sous-branche de la Radio le
Messager du Peuple), mais les images de la RTNC, Digital Congo et celles en
provenance du Burundi sont captées à Uvira.
Le média audio-visuel n'est pas à la
portée de tout le monde pour raison de pauvreté,
d'insécurité et d'instabilité de la fourniture en courant
éléctrique.
La presse écrite n'est guère abondante, on
signale déjà la disparition de l'hebdomadaire LesLundi, et Uvira
News Home Magazine qui ne sont plus opérationnels.
Le bulletin de l'Agence congolaise de presse
éditée en français à Kinshasa parvient en
territoire d'Uvira via sa représentation locale. La viabilité de
ces médias est misée par un contexte économique
délétère dans une région sinistrée par de
conflits et la pauvreté. Hormis la RTNC, et les chaînes de CANAL+,
les médias communautaires sont asphyxiés par les coûts de
production élevés et diverses taxes auxquels ils sont assujettis.
Ils doivent leur survie à des subventions extérieures qui
permettent difficilement de couvrir de frais de fonctionnement de ce fait ne
permettent pas de rentabiliser ces radios qui sont obligée de
fonctionner avec un effectif réduit et peu professionnel.
A. La Radio le Messager du Peuple
La radio « le Messager du Peuple » est apparue suite
aux besoins en informations exprimés par les populations de la ville
d'Uvira lors de la célébration de la décennie de la MIJAS
asbl. Les participants avaient soumis une recommandation de la création
d'une radio communautaire à Uvira pour remédier à la crise
en information au quotidien car la RTNC/Uvira, de tendance du pouvoir, ne
parvenait pas à donner des informations non partisanes.
Comme le besoin en information se faisait sentir de plus en
plus au sein de la population locale et qu'aucun effort n'était fourni
par des organisations tant de la société civile qu'internationale
en
13
vue de pallier à ce problème qui était
à la base de l'ignorance, l'ONG MIJAS, asbl a jugé bon de mettre
en place une radio de proximité pour mieux informer le public
Uvirois.
C'est dans ce contexte qu'est née la Radio le Messager
du Peuple en date du 15 juin 2005 dans la Cité d'Uvira, sur avenue
Kakungwe% n°4.
Cette radio communautaire émet en onde courte sur la
bande FM au 88.0 Mhz, 94.4 Mhz, au 93,5 Mhz et 105.4 Mhz avec comme ligne
éditoriale de combattre l'ignorance, promouvoir la culture de la
non-violence, épargner la personne humaine de toute forme de la
violence.
La Radio le Messager du Peuple émet à Uvira sur
un rayon de 10 km2 avec des ondes rebelles sur la cité urbaine de Kiliba
au Nord soit à 25 km et à Makobola à 25 km au Sud de la
ville d'Uvira, Gatumba (au Burundi) à 25 km du côté de
l'Est.
Eu égard de la diversité culturelle et
linguistique de la ville d'Uvira ; les langues de diffusion à la RMP
sont ainsi réparties : Swahili 35 %, français 50%, dialecte
locale 15%. Le français dispose de 50% car il est à la fois
mélangé ou superposé dans les divers communiqués et
animations en swahili. La RMP émet tous les jours dès O5H00
à 22H00.
Dans ses stratégies d'intervention, la RMP sert comme
un véritable messager, c'est-à-dire de servir comme courroie de
transmission entre la base et le pouvoir local. Sur ce fait, la RMP donne plus
la possibilité aux sans voix (paysans, démunis, victimes, ...) de
s'exprimer librement dans le cadre de la promotion de la liberté
d'expression.
La RMP offre les services suivants à son public :
- Animations : chaque jour, il y a un thème d'animation
à produire par les différents animateurs. Les sujets sont choisis
au niveau de service de production par rapport aux circonstances
d'actualité dans le but de sensibiliser et d'éduquer le
public.
- Les émissions : il y a trois catégories
d'émissions, des émissions patronnées, des
émissions propres à la radio qui sont en majorité en
direct où les producteurs laissent parfois le téléphone
ouvert aux auditeurs et des émissions de la communauté pour la
promotion et l'échange interculturel (Bavira, Bafuliiru, Babembe,
Barega, Bashi et Banyarwanda,...)
- Le journal en swahili et en français
- La musique pour apaiser les émotions
surchauffées dont 40% sont de la musique à caractère
éducatif, 35% de la musique ordinaire, 10% chants religieux, 5% de la
musique instrumentale et le 10% des chants en langues locales.
Les musiques swahiliphones prennent le dessus suivies de celles
francophones et vernaculaires.
A travers les émissions et les dédicaces, les
auditeurs se sont organisés autour des radios clubs. (Un radio club peut
se définir comme un groupe des personnes qui écoutent les
émissions et mettent en pratique les conseils, et bonnes choses
puisés dans ces émissions avec la volonté et la
détermination de changer ou d'améliorer leur condition de vie.
Il s'agit donc d'écoute en commun, suivi d'un
débat en vue d'amorcer des actions concrètes de
développement en mettant en pratique, la trilogie (Voir-juger-agir). Il
est question ici des amateurs de l'émission des dédicaces. C'est
ainsi que la MIJAS, asbl a décroché un financement de CORDAID
pour distribuer 4.000 petits postes radios et 8.000 piles crayons à des
auditeurs dont les
14
retournés de la Tanzanie, projet qui est parvenu
à la mise sur pied de 9 radio-clubs dans 9 quartiers sur 14 qui
constituent la ville d'Uvira.
Actuellement, 2 seulement de ces 9 radio-clubs sont actifs et
organisent régulièrement des actions des travaux communautaires
et de solidarité. Tous les jours de 05H. O5' à 05H.55' se passe
l'émission « Amka tujenge » qui veut dire «
Réveillons-nous pour la reconstruction ». A ce moment les auditeurs
trouvent une occasion pour se communiquer sur la situation
socio-sécuritaire, c'est aussi une occasion pour les marginalisés
et les opprimés de présenter leurs problèmes.
0.6.3. Les langues des médias à Uvira
Toutes les radios de la ville d'Uvira sont à 60%
swahiliphones et à 25% francophones et seulement 15% de leurs services
peuvent englober toutes les langues vernaculaires actualisées dans la
ville.Tous les journaux matinaux et vespéraux sont diffusés en
kiswahili dit « Bora et tukufu » et en français standard.
Aucun journal en langues vernaculaires. Tous les débats politiques sont
diffusés en swahili même si l'alternance codique
swahili/français ou français/swahili se fait écouter.La
RMP n'en fait pas l'exception
6.3.1. Présentation des langues de radiodiffusion
à la RMP
Comme nous l'avons évoqué
précédemment, les médias d'Uvira sont à la fois
bilingues, plurilingues et multilingues. Les langues de radiodiffusions
à la RMP sont présentées comme suite selon leur
fréquence méditative.
1. Le swahili
Le mot « swahili », vient de la racine arabe «
sahil » (sahil : côte, littoral). C'est la langue des habitants de
la côte orientale de l'Afrique. Le swahili (ou kiswahili) s'étend
sur une aire géographique très vaste qui comprend, du Nord au
Sud, toute la zone côtière située entre la ville de Brava
(au Sud de Mogadiscio en Somalie) et la côte Nord du Mozambique, et
rejoint vers l'intérieur des terres les lacs de la Rift Valley.
Le swahili couvre ainsi une large part de l'Afrique Orientale,
et plus précisément : la Tanzanie, le Kenya, l'Ouganda, le Nord
du Mozambique, le Rwanda, le Burundi, l'Est de la République
Démocratique du Congo, le Nord de la Zambie et du Malawi.
Selon A. CROZON et A. POLOMACK : « on estime à
30 à 40 millions le nombre de personnes parlant swahili. Leur niveau de
connaissance de la langue est cependant très variable, compte tenu de
l'origine et des cultures diverses de ces populations
»9.
Qu'est-ce que le swahili ?
Le swahili appartient au groupe linguistique bantou. Ce groupe
comprend la majorité des langues parlées en Afrique dans la zone
située entre le 5e parallèle, au Nord de
l'équateur, et l'Afrique du Sud. Les langues bantoues sont
caractérisées par des structures grammaticales, des formes
lexicales et syntaxiques communes. Dans ces langues qui ne connaissent ni
articles, ni
9 A. CROZON et alii, (1992), Parlons swahili. Langue et
Culture, Paris l'Harmattan p. 11
15
marque de genre féminin ou masculin, les noms sont
rangés dans des classes nominales qui se distinguent les unes des autres
par des préfixes. Le swahili participe à ce fonds bantou commun
mais présenté la particularité d'avoir assimilé un
grand nombre de mots arabes, persans, indiens, ainsi que des mots provenant de
langues européennes. Les mots d'emprunt sont surtout nombreux dans les
domaines de la religion du droit, et du commerce.
Ces différents apports n'ont pas influencés la
structure générale de la langue, qui reste spécifiquement
bantou.
D'une part, les formes nominales sont rangées en une
quinzaine de classes dont les règles régissent l'accord des
verbes, des adjectifs et des pronoms.
D'autre part, les verbes sont construits à partir d'une
racine sur laquelle viennent se greffer toute une série de
préfixes et de suffixes destinés à en préciser le
sens, la forme, l'aspect ou le temps, ainsi qu'à marquer l'accord au
sujet et la référence à des compléments.
Diffusée sur un espace très large, la langue swahilie est
multiple : elle regroupe plusieurs dialectes qui sont des
variétés régionales du swahili. Le terme « swahili
» est donc un terme générique pour l'ensemble de ces
dialectes dont les principaux sont les suivants :
- Le bajun, parlé de la cité somalie à
Lamu
- L'amu, parlé sur l'île de Lamu
- Le mvita, parlé à Mombasa et ses environs
- Le mrima, parlé sur la côte tanzanienne
- L'unguja, parlé à Zanzibar
- et le mgao, parlé dans la partie sud de la Tanzanie.
A. CROZON et ali (1992:12 et 13)
Les dialectes swahilis se distinguent les uns des autres par,
entre autres, des accords différents. Cependant la structure de ces
dialectes reste même et leur intercompréhension est
immédiate.
Exemples :
Amu unguja
Ndoo njoo : viens
En amu, « nj » devient systématiquement «
nd ».
Mrima unguja
Balua barua : lettre
Mgao unguja
Chichwa kichwa : tête A. CROZON et ali (1992:14.)
Les distinctions entre dialectes swahilis sont plus
marquées sur la côte kenyane que sur la côte tanzanienne. Le
mrima par exemple, parlé à Tanga, Bagamoyo et Dar esSalaam, est
très proche de l'unguja parlé à Zanzibar. La langue
comorienne (ngazija, maore, nzuwani et mwali, selon les îles) est
apparentée au swahili. Cependant, la compréhension entre le
swahili est le comorien n'est pas immédiate.
16
Historique du kiswahili
L'origine géographique du swahili est, aujourd'hui
encore, sujette à controverse. Néanmoins, tous s'accordent
à la localiser sur la côte orientale de l'Afrique aux environs su
Xe siècle. Le swahili serait le fruit d'une acculturation entre les
peuples côtiers de la langue bantoue et les marchands arabes et persans
établis sur les îles côtières. La côte
est-africaine fut en effet très tôt en contact avec les peuples de
navigateurs et de commerçants ; arabes, persans, indiens, chinois...
certains, principalement les persans et les arabes, s'y sont installés
durablement, créant des villes-Etats sur la côte et sur les
îles proches. C'est dans ce contexte d'influences multiples qu'il faut
imaginer la naissance du swahili.
Le swahili fut diffusé sur le continent par
l'intermédiaire des commerçants arabes, qui, depuis la côte
sillonnaient le pays. C'est principalement au XIXe siècle que le swahili
pénétra l'intérieur des terres. D'une part, le
développement du commerce des esclaves reliant la côte et
l'intérieur des terres. D'autre part, attiré par les
potentialités de la côte et surtout celles de Zanzibar, le sultan
d'Oman, Sayyid Saïd, qui n'avait jusqu'alors exercé qu'une
domination nominale sur les régions côtières, décida
de transférer sa capitale à Zanzibar : ce fut le point de
départ d'un commerce plus actif entre la côte et
l'arrière-pays. Zanzibar devint la plaque tournante de ce commerce.
Zanzibar étant situé face à l'actuelle
Tanzanie continentale, les routes commerciales furent plus nombreuses dans
cette région qu'au Kenya. Le swahili et l'islam devaient pour ces
raisons se diffuser bien plus profondément au Sud qu'au Nord. Des
villes, où les caravanes faisaient halte, furent créées le
long des pistes caravanières. Ilots swahiliphones et musulmans, ces
villes-relais ont permis la diffusion du swahili parmi des populations
jusqu'alors sans contact avec la côte. Les villes de Tabora et Ujiji en
sont des exemples.
Le swahili lingua-franca
ALUMA K.J. Yves définit la lingua franca comme une
langue généralement utilisée pour la communication
intergroupe par de nombreux locuteurs dont ce n'est pas la langue maternelle.
Il s'agit d'une langue véhiculaire qui, si elle n'est pas un pidgin,
finit par devenir la langue maternelle de certains locuteurs qui peuvent former
la majorité des habitants, d'un pays, ou être dominants dans une
région donnée, ou encore avoir un prestige
socio-économique10. La plupart des langues en Afrique servent
largement et exclusivement dans la communication intre-groupe. Pour la
communication intergroupe, d'autres langues sont apprises et utilisées ;
la plupart d'entre elles ne se révèlent pas être
rattachées à une communauté linguistique précise.
C'est le cas du kiswahili (Est-RD Congo, Kenya, Tanzanie), du lingala, du
monokutuba, etc. (ALUMA K.J.Yves, op. cit.)
Le swahili était la langue du négoce, un moyen
de communication entre les populations de la bande côtière de
l'Afrique orientale et de l'intérieur des terres. Les premiers
Européens à s'y être intéressés sont les
missionnaires. Ces derniers transcrirent le swahili en caractères
latins. Jusqu'alors le swahili était écrit en caractères
arabes (transcription appelée « ajémi »).
La colonisation allemande (1882-1914) contribua à
renforcer la position de lingua-franca du swahili poursuivant une politique
semblable à l' « Indirect rule » britannique au Kenya, les
colonisateurs allemands recrutèrent des cadres indigènes, choisis
parmi les populations côtières. Très vite le swahili
s'imposa comme la langue locale la plus apte à fonctionner dans
l'enseignement
10 ALUMA KABIKA JEAN Yves, (2023), Cours de
sociolinguistique, ISP-Uvira, inédit p.49
17
et dans l'administration locale. Pour les populations de
l'intérieur, la connaissance du swahili représentait le seul
moyen d'accéder et de participer, à un faible niveau
hiérarchique à l'administration du pays.
Après la première Guerre mondiale, le Kenya, le
Tanganyika et le Sultanat de Zanzibar furent placés sous autorité
britannique. L'anglais devint alors la langue de l'élite permettant une
promotion sociale, ce qui laissait au swahili un statut de langue de seconde
classe.
La standardisation du swahili
Très tôt émergea le besoin de standardiser
le swahili en fixant une orthographe unique, et en uniformisant ses
règles grammaticales et lexicales. Il faut préciser que
l'enseignement du swahili et sa standardisation, répondaient plus
à des intérêts pratiques et administratifs, qu'à des
considérations morales animées de la volonté de respecter
une langue et les cultures africaines. Il s'agissait en effet de faciliter les
communications entre le gouvernement et les populations africaines. En juin
1928, une conférence à laquelle participèrent le Kenya, le
Tanganyika, l'Ouganda et Zanzibar eut lieu à Mombasa (Kenya). L'objectif
de cette conférence était de sélectionner une langue qui
serait la langue du système éducatif de ces territoires. Le
swahili de Zanzibar fut choisi. Un comité fut chargé de
promouvoir la littérature swahilie et les publications tout en
surveillant leur conformité au swahili standard.
L'événement notable de cette période fut
la publication d'un dictionnaire qui aujourd'hui encore sert de
référence aux swahilisants : le « Standard Swahili-English
dictionary » de Frederick Johnson11, premier secrétaire
du comité. La swahilisation de l'ensemble du territoire était en
marche.
En Tanzanie, le swahili a été promu langue
nationale en 1967. Utilisé dans l'enseignement et l'administration, le
swahili est aussi la langue dans laquelle s'exprime la politique. Grâce
à une diffusion efficace par les médias (radio et presse), le
swahili a contribué à forger une identité nationale. Pour
Nyerere, premier président de la Tanzanie, le swahili a les mêmes
possibilités littéraires et conceptuelles que les langues
européennes. Il a d'ailleurs formulé son idéologie
(l'Ujamaa ou socialisme en swahili et traduit le marchand de Venisse de
Shakespeare dans cette langue.
Au Kenya, ce n'est qu'en 1974 que le swahili a
été reconnu comme une des langues nationales du pays, au
même titre que le kikuyu, le luo etc. Mais à la différence
de la Tanzanie, le swahili reste la langue des côtiers et est peu
diffusé à l'intérieur des terres, à l'exception des
villes où il a gardé son rôle de langue véhiculaire.
La langue officielle du pays est l'anglais. Au Rwanda et au Burundi, tout comme
en Ouganda, le swahili est essentiellement la langue des commerçants et
des musulmans, car dans ces pays existent d'autres langues nationales :
kinyarwanda au Rwanda et kirundi au Burundi.
Parlé en République Démocratique du
Congo, dans le Katanga, le Maniema, le Sud et Nord-Kivu voire le Kisangani, le
swahili est l'une des quatre langues nationales de notre pays, aux
côtés du lingala, du kikongo et du ciluba.
11Cité par Ariel CROZON et ali, Parlons
swahili. Langue et culture, Ed. L'Harmattan, Paris, 1992 p 19
18
Le swahili a été accepté comme langue de
travail de l'organisation de l'Unité africaine et des Nations-Unies.
Actuellement, c'est la langue africaine la plus étudiée dans le
monde, enseignée entre autres à l'Institut National des Langues
et Civilisations Orientales à Paris, ainsi qu'à Londres, Los
Angeles, New York, Pologne, Moscou etc.
Selon l'AL-RDC (2008 :56), le swahili est parlé dans
les provinces du Katanga et du Kivu ainsi que dans la Province orientale
où il cohabite avec le lingala. Il est aussi utilisé de plus en
plus à Mbuji-Mayi, Katanga et Ilebo où le gros des locuteurs de
cette langue est constitué des populations kasaiennes expulsées
du Katanga en 1991/199212. Selon le cours de swahili en
ligne13, le swahili est au 7eme rang des langues les plus
parlées dans le monde avec entre 45 et 100 millions de personnes qui
l'utilisent comme langue première ou seconde.
Dans la langue swahilie.1ère partie. Cours
méthodique, Ernest NATALIS intervient en ces sens : « le swahili
serait compris ou parlé, avec plus ou moins de perfection, par quarante
millions d'Africains. En tout état de cause, on peut affirmer qu'il est
l'une des douze langues les plus répandue dans le monde. » (1965
:14).
2. Le français
Le français est une langue européenne issue du
latin vulgaire ou populaire et non du latin classique. Ce latin a
été introduit en Gaule par les Romains conquérants
(soldats, marchands, colons, ouvriers, ...) des premiers siècles avant
Jésus-Christ14. Le français est une langue romane,
c'est-à-dire qui tire son origine du latin vulgaire. C'est une langue de
la grande famille indo-européenne, du groupe italo-celtique, de la
branche italique dans laquelle se situe le latin, langue ayant donné
naissance au roman.
En effet, le roman était scindé en langues
d'Oïl, au nord de la France, et en langues d'Oc, au Sud. Le francien, l'un
des parlers d'Oïl, a donné naissance au français
(Cf.14e siècle).Le français contemporain a le triple
statut de langue officielle, de langue de travail et de langue internationale
dans l'espace francophone et dans les organisations internationales (p.ex.,
ONU).
Les origines
Au 1er siècle de notre ère,
après 800 ans de guerre, l'Empire romain s'étendait de l'Egypte
à l'Angleterre, de l'Asie mineure à l'Espagne et de la Germanie
à l'Afrique du nord. Le latin de César et de Cicéron
était la langue officielle de tous les moyens logistiques et humains
étaient utilisés pour les porter jusqu'au fins fonds de
l'empire.
Après une longue période de bilinguisme, les
nations vaincues adoptèrent la langue latine ; mais ce latin
parlé par les fonctionnaires, les soldats, les colons romains au contact
des autochtones assimilés, se différencia peu à peu du
latin classique du 1er siècle.
Progressivement, ce latin populaire dont les colorations
régionales étaient très importantes fut employé
pour la rédaction des actes publics et d'une foule de documents
religieux ou civils. Il allait
12 Romain KASORO Tumbwe et ali, (2016), Apprendre
le français et le swahili. Dictionnaire élémentaire
illustré, Cecotel, Kinshasa p.3
13 Consulté le samedi 20-octobre 2023 sur
http://mwanasimba.online.fr/F-chap02.
html,
14 JALUMA KABIKA J. Y. (2023), Notes de cours d'Histoire de la
langue française, ISP-Uvira
19
triompher définitivement du latin classique qui restait
réservé à l'aristocratie et aux écoles. Au cours de
siècles, le mixage des langues continua d'évoluer et pendant que
le latin écrit restait intact, les langues parlées qui allaient
devenir le français, l'Italien, l'Espagnol, le Catalan, etc., se
formaient lentement. C'est en ce sens qu'on parle des langues romanes.
Au fil du temps, ces langues romanes se sont
distinguées de plus en plus pour devenir réellement distinctes
tout en conservant de nombreux éléments communs. La langue
française n'existait pas encore. Elle ne fut attestée qu'au
9e siècle et portait alors le nom de « Langue rustique
» (ou langue vulgaire, de « Vulgus » qui signifiait «
peuple ». C'est ainsi qu'elle était appelée lors du Concile
de Tours en 813. On peut affirmer que les Serments de Strasbourg (en
842) relatent l'histoire de Louis le Germanique et Charles le Chauve s'alliant
contre Lothaire, leur frère, constituent l'acte de naissance du
français (Francien) parce que tous les documents écrits
antérieurement étaient rédigés uniquement en
latin.
Au 10e siècle, pour des raisons politiques,
Hugues Capet, roi de France impose son dialecte, le français, comme la
langue nationale mais la langue administrative et religieuse reste toujours le
latin. En 1539, François I impose le français comme langue
juridique et administrative. Le latin restera pour la langue religieuse. En
1634, au 17e siècle, le Cardinal de Richelieu fonda
l'Académie française qui donnera naissance au premier
dictionnaire de la langue française ainsi qu'à des livres de
grammaire. (
fr.wikipédia.org/wik/Histoire-de-la
langue française).
Comme on peut le constater, il est difficile de
déterminer avec exactitude la date de naissance du français. A
part les Serments de Strasbourg, on peut également citer
Séquence de Sainte Eulalie, une suite de 29 vers qui raconte la
vie d'une jeune fille martyrisée au 4e siècle. Le
français est devenu moderne quand les patois ont disparu, grâce au
rapport de l'Abbé Grégoire sur l'abolition des patois.
A partir de 1880, Jules Ferry instaure l'école
laïque, gratuite et obligatoire, dans laquelle l'enseignement se fait
naturellement en français. C'est ainsi que l'usage des patois
commença à se raréfier. Au 20 siècle, le
français bénéficiera de nouvelles techniques permettant
une plus large diffusion (la TFS, la radio, la télévision, ...).
Ceci a nettement constitué à l'uniformisation de la prononciation
délaissant peu à peu les parlers régionaux. Le
français devient ainsi la langue commune. Notons en passant que le
français est la plus germanique des langues romanes.
En outre, les spécialistes de la linguistique
historique et comparée retiennent que parmi les neufs familles (selon la
classification génétique des langues du monde)
l'Indo-européenne donne naissance au groupe italique, sous - groupe
latin, langues romaines et parmi lesquelles se trouvent le français.
Selon la fragmentation linguistique évoquant par
Jacques Leclerc, on constate qu'une langue ancienne peut évoluer sous
des formes très diversifiées dans certaines régions, au
point où elle donne naissance à des nouvelles langues. C'est ce
qui est arrivé au latin après la chute de l'Empire romain. Le
latin s'est diversifié à un point tel qu'il a donné
naissance aux différentes langues romanes que nous connaissons
aujourd'hui :portugais, galicien, espagnol, catalan, français,
occitan, franco-provençal, italien, silicien, sarde, corse, roumain,
etc. (1989 :231).
En gaule, les invasions germaniques ont occasionné des
morcellements et la faiblesse du pouvoir politique. Les dialectes
français comprennent deux groupes : les groupes du Nord de la Loire ou
groupes d'oil et les groupes du Sud de la Loire ou groupes d'oc.L'ancien
français est né
20
après les serments de Strasbourg en 842. Cette
année est considérée comme celle de la naissance d'une
langue romane dont le latin est la mère.
2.2. Statuts constitutionnels du français et de langues
nationales
Le français est la langue officielle et administrative
de la RDC ; il occupe le haut de la pyramide. Il assume les fonctions sociales
les plus prestigieuses et les plus valorisantes de la langue littéraire
et scientifique, de la langue d'enseignement, de la justice, de la presse, de
la langue des intellectuels et s'impose comme seule langue acceptable dans les
discours officiels des situations officielles (H.E.MANDUKU 2004 :546)
cité par John Lushuli Byamungu (2015 :20). NYEMBWE Ntita, e.a (1992 :29)
cités par H.E. MANDUKU (op.cit. :549) ajoutent que « le
français, langue officielle, est également employée dans
la ville, non seulement par ses locuteurs légitimes (francophones
lettrés, étrangers) mais aussi par tous ceux qui font semblant
d'en être ou qui se trouve (*) dans l'obligation professionnelle de
l'utiliser [...]. ».
Le lingala jouit du contexte politique de l'époque qui
a fait de cette langue la langue de l'armée et principale langue
indigène de communication. Dans les régions où cette
langue est la plus actualisée, à Kinshasa ou dans les
régions du Moyen-Congo, cette langue est la plus utilisée
malgré le prestige dont jouit le français dans les
différentes sphères de la vie (administration, médias,
affaires...)
Le lingala est même la langue de la musique qui favorise
son expansion dans tous les coins et recoins de la RDC. Le kiswahili quant
à lui est associé à la partie Est de la RDC. Comme le
lingala et les autres langues véhiculaires du pays, il a une orthographe
et une grammaire relativement standardisé même si les
écrits se font rares et consistent principalement en textes religieux.
Le ciluba et le kikongo ne dérogent pas à la règle. On
compte plus de 6 millions de locuteurs cilubaphones au travers le pays. Cette
langue se parle surtout au centre de la RDC dans les deux Kasaï. Alors que
le Kikongo est actualisé au Bas-Congo et au Bandundu et dans les pays
limitrophes comme le Congo-Brazzaville et l'Angola. (Ekyoci Rex, S., 2014
:103-104 citant Kilosho, S.). Cités par John Lushuli B. (2016 :21).
La constitution adoptée à Sun City en 2006
reconnaît à ces langues le statut de langues nationales. Le
Professeur Bashi Constantin reprenant en sa faveur les propos de Ngalasso,
soutient que : « seul le français bénéficie d'un
statut juridique clairement défini par la constitution qui le
désigne comme langue officielle. Il n'existe rien de semblable en ce qui
concerne les langues nationales [...] » (Ngalasso, politique Afrique
n°23 :20 cité par Bashi Constantin 2008 :19).
La réalité des faits est que le français
se trouve en situation diglossique ou glottophagique avec les langues
congolaises aux statuts de langues véhiculaires dans les grandes
agglomérations. Il reste tout à fait évident que le
plurilinguisme caractérisant les médias d'Uvira en
général, en particulier la Radio le Messager du Peuple,
caractérise aussi les pratiques langagières des uvirois et
enrichissent les productions des écrits comme pour marquer une certaine
ascension sociale ou pour marquer son appartenance à un groupe
donné étant donné que les médias demeurent des
véritables industries de la langue.
Ainsi, comme il est difficile de trouver une langue pure
après tous les contacts linguistiques que les langues d'héritage
colonial, et dont la maîtrise prévaut un certain prestige à
celui ou celle qui parle la (les) langue (s) étrangère (s) ; les
alternances ainsi que les discours alternatifs dans les débats
politiques radiodiffusés à la RMP relèvent de plusieurs
fonctions sociales alliant la fonction
21
identitaire à la fonction persuasive et les deux
à la fois à des fonctions à des fonctions
langagières diversifiées.
0.7. Méthodologie du travail
Dans toute recherche scientifique, il est indispensable que le
chercheur précise sa méthode et ses approches de recherche, car
c'est à travers celles-ci qu'il montre le cheminement de sa
démarche par rapport à ce qu'il vise dans sa recherche.
Nous aurons recours à une seule méthode
appuyée par trois à quatre approches. Il s'agit de la
méthode sociolinguistique et des approches linguistiques ou
structurales, fonctionnelles, lexicologiques, pragmatiques et
distributionnelles
0.8. Articulation du travail
Ce mémoire s'articule sur trois chapitres :
Le premier s'intitule cadrage théorique et
méthodologique où l'on a essayé de circonscrire les
concepts clés de l'intitulé de notre travail et tous les termes
qui lui sont proches. C'est ainsi qu'en plus de la notion d'alternance, nous
allons clarifier les termes de bilinguisme et d'interlangue.
Après le cadre théorique, nous aborderons les
techniques et les méthodes utilisées dans la récolte et
l'analyses des données. Enfin, la question relative au corpus et au
système de notation y seront examinés.
Le deuxième chapitre, intitulé alternance
phrastique et interlexicale dans les interventions au journal swahili et aux
débats politiques radiodiffusés à la Radio le Messager du
Peuple. Ce chapitre s'intéressera à l'analyse des
alternances phrastiques et interlexicales dans l'angle distributionnelle et
structurale.
Le troisième quant à lui examine « Les
fonctions communicatives et pragmatiques des alternances codiques
swahili/français » et se limitera à la fonction
identitaire et persuasive.
22
CHAPITRE I. : CADRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Le premier chapitre s'inscrit autour des concepts clés
qui sous-tendent notre recherche. Ce chapitre est donc consacré au
« concept de l'interlangue » y compris certaines de ses appellations
qui permettent de construire notre modèle d'analyse. Ceci servira
à comprendre le fonctionnement de l'alternance codique ou de code
Switching sous l'angle syntaxique, morphosyntaxique, morphologique et
morphophonologie d'une part ; et de l'autre part d'expliquer et comprendre leur
aspect pragmatique, lexicologique, stylistique et sémantique. Notre
exposé sera basé sur les travaux menés par POPLACK et J.
GUMPERZ.
1.1. CADRAGE THEORIQUE
Cette partie nous mènera d'inscrire notre analyse dans
le contour des recherches sociolinguistiques des interventions
radiodiffusées et d'aborder les notions qui faciliteront
d'appréhender les specifiquo-socio-langagière qui
caractérisent les aspects de variation linguistique ou de mélange
de langues dans un seul et même discours contextualisé.
I.1.1 Concept d'interlangue ou alternance codique
John LUSHULI définit l'interlangue comme une sorte de
transition linguistique où l'apprenant se trouve entre deux
intermèdes, à savoir celui d'avant la maîtrise de la langue
seconde et celui d'après sa maîtrise. Selon lui, le fait que
l'apprenant de la seconde langue s'exprime approximativement conduit à
la transformation de la langue-cible, qui, à son tour, aboutit à
ces états de langue appelé interlangue.
Daniel Baggioni, cité par John Lushuli, fait le contour
de la notion d'interlangue en écrivant que : « Certains
linguistes travaillant sur l'acquisition des langues ont émis au
tournant des années 197070 f...] l'hypothèse de la construction
par les apprenants de la langue seconde d'interlangues, c'est-à-dire
d'états de langue par lesquels passe l'apprenant (le plus souvent
adulte) au cours du processus d'apprentissage, lorsqu'il construit dans
l'interaction, des hypothèses de plus en plus adéquates sur le
fonctionnement de la langue-cible »(2016 :18).
Alors, pour ce cas précis de notre corpus, peut-on
parler d'interlangue étant donné que la plupart d'intervenants au
journal ou au débat politique ne sont pas dans la situation
d'apprentissage ni de Kiswahili, ni du français ? Et même si nous
nous centrons sur le problème des mélanges de langues ; nous
serons toujours en difficulté, et surtout que le domaine d'interlangue
limiterait nos analyses pourquoi parce que l'obstacle se trouverait au niveau
où les intervenants au journal et au débat politique sont
à la fois locuteurs du français et du kiswahili et le kiswahili
ne pourrait jamais être pris pour un état de langue par lequel ils
passent pour apprendre le français et vice versa.
Toutes ces questions donnent l'opportunité de
considérer l'interlangue et l'alternance codique dans un même
domaine qui est de varier les langues dans un discours censé monolingue
; ceci nous permet si bien même de remplacer l'interlangue avec
l'alternance codique.
1.1.2. Bilinguisme et alternance codique
L'alternance codique, se référant à
l'analyse de John Lushuli, comme le va et vient de langues dans les situations
de communication du locuteur, est une pratique inhérente au Bilinguisme.
Avant de définir ce concept d'alternance codique, nous
préférons d'abord clarifier celle du Bilinguisme.
23
La notion de « bilinguisme » doit être
précisée, car l'alternance codique ou l'interlangue est un
phénomène lié au bilinguisme.
1.1. Bilinguisme/Diglossie :
Le terme de diglossie n'est pas le simple équivalent
d'origine grecque du terme bilinguisme, d'origine latine. Il a
été forgé pour nommer une situation sociolinguistique
où deux langues sont bien parlées, mais chacune selon des
modalités très particulières. C'est sur la nature de ces
modalités, leur acceptation et leur permanence que les avis divergent :
où certains ne reconnaissent qu'un simple partage des statuts et des
usages parfaitement codifié, d'autres dénoncent un leurre : celui
de la présence d'une langue sur une autre qui, dans la plupart des
situations concernées, ne manque pas d'être conflictuelle.
a) La diglossie selon Psichari
Le terme de diglossie apparait pour la première fois
dans le champ d'études linguistiques en France, sous la plume d'un
helléniste français d'origine grecque, Jean Pischari (1854-1929),
dès la fin du 19ème siècle (Jardel, 1982).
Néanmoins ce n'est que dans un article écrit peu de temps avant
sa mort dans Le Mercure de France, « Un pays qui ne veut pas sa langue
» (1928), que Psichari définira ce qu'il entend par diglossie : le
fait pour la Grèce de vivre une concurrence sociolinguistique
(néfaste pour le pays et sa modernité culturelle) entre deux
variétés de grec : Le Katharevoussa, variété
savante imposée par les puristes comme seule langue écrite et le
demotiki, variété usuelle utilisée par la majorité
des Grecs. Sur la base de la situation sociolinguistique vécue en
Grèce, Psichari définit ainsi la diglossie comme une
configuration linguistique dans laquelle deux variétés d'une
même langue sont en usage, mais un usage décalé parce que
l'une des variétés est valorisée par rapport à
l'autre. Pischari fait oeuvre de sociolinguistique car « il introduit dans
la signification du concept, à côté de faits purement
linguistiques, l'aspect idéologique et conflictuel qui s'attache au
phénomène. Il montre clairement en effet que le problème
de diglossie [...] est lié à une situation de domination[...]
d'une variété sur une autre, créée par pression
d'un groupe de locuteurs numériquement minoritaires mais politiquement
et culturellement en position de force » (Jardel, 1982, p.9, cité
par Constantin Bashi Murhi-Orhakube15).
b) La diglossie selon la sociolinguistique
nord-américaine : Ferguson
Le concept de diglossie va réapparaître aux
Etats-Unis en 1959 dans un article célèbre de Ch. A. Ferguson,
« Diglossia » (1959, P ; 325-340), (cité par Constantin B.
Murhi-Orhakube où l'auteur, tout en reconnaissant qu'il emprunte le
terme, va lui donner une teneur conceptuelle sensiblement différente de
celle de Psichari.
A partir d'un certain nombre de situations sociolinguistiques
(comme celles des pays arabe, de la Suisse alémanique, de Haïti ou
de la Grèce...), Ferguson va considérer qu'il y a diglossie
lorsque deux variétés de la même langue sont en usage dans
une société avec des fonctions socioculturelles certes
différentes mais parfaitement complémentaires.L'une de ces
variétés est considérée « haute » (high)
donc valorisée, investie de prestige par la communauté ; elle est
essentiellement utilisée à l'écrit (dans la
littérature en particulier) ou dans des situations d'oralité
formelle, et elle est enseignée. L'autre, considérée comme
« basse » (low), est celle des communications ordinaires, de
15 Constatin Bashi M.O., (2015), Cous de
sociolinguistique, inédit ISP-Bukavu P30
24
la vie quotidienne, et réservée à l'oral.
Cette distribution sociolinguistique des usages des deux variétés
est, dans le modèle de Ferguson, stable et parfaitement acceptée
par la communauté.
c) La diglossie selon la sociolinguistique
nord-américaine : Fishman
J. Fishman propose, à la suite de Ferguson, une
extension du modèle diglossique à des situations
sociolinguistiques où deux langues (et non plus seulement deux
variété de la même langue) sont en distribution
fonctionnelle complémentaire (une langue distinguée, si l'on peut
dire, et une langue commune) : il en allait ainsi de la situation du Paraguay
d'avant 1992, avec la coexistence (inégalitaire) de l'espagnol et du
guarani (cette situation est en train de changer depuis la mise en place d'une
politique linguistique nouvelle en 1992). Son modèle articule diglossie
(comme fait social) et bilinguisme (fait individuel) selon les quatre cas de
figures suivants (Fishman, 1971) (cité par ALUMA K. Jean
Yves16) :
- il peut y avoir diglossie et bilinguisme : les usages de
deux langues selon leur distribution fonctionnelle sont, dans ce cas de figure,
partagés par la totalité (ou presque) de la population.
Ce serait le cas de la Suisse alémanique où le
Standard allemand (la langue de l'écrit et de l'école) et le (s)
dialecte (s) suisse(s) alémanique (s) (SchwyzertÜtsch :
essentiellement pour tous les échanges ordinaires) et se partagent le
champ de la communication sociale :
- Il peut y avoir bilinguisme sans diglossie : ce serait les cas
dans les situations de migration
(comme aux Etats-Unis). Les migrants vivent un état de
transition : ils doivent s'intégrer dans la communauté d'accueil
avec la langue d'accueil même s'ils conservent (pour une
génération ?) La connaissance et une certaine pratique de la
langue d'origine. Pour LÜdi et py, cependant les choses sont un peu plus
complexes :
[Si] le bilinguisme des migrants est d'une manière
générale une affaire langagière, il est clair qu'il ne
s'agit pas d'une sorte de maladie passagère, mais d'une situation dans
laquelle ils auront à vivre pendant des décennies. Pour que la
migration concerne tout le groupe, ils devront l'assumer non comme un
phénomène individuel, mais comme un phénomène
social. De fait les contacts linguistiques résultant d'une migration
peuvent prendre toutes sortes des formes qui comportent un large spectre de
tous phénomènes reliés au bilinguisme et à la
diglossie. (Ludi et Py, 1986, P. 25-26 cité par C. Bashi M-O, op cit :
31).
- Il peut y avoir diglossie sans bilinguisme : c'est un cas de
figure qu'on rencontrerait dans les pays en développement comme les pays
africains où les populations rurales sont essentiellement monolingues,
même si sur le plan macrosociétal, il y a diglossie (avec l'une
des langues de la colonisation comme langue officielle, le plus souvent ;
- Ni diglossie ni bilinguisme : le dernier cas de figure
envisagée par Fishman est plutôt théorique. Il ne pourrait
concerner que de petites communautés linguistiques, restées
isolées ; car d'une manière générale, dans la
réalité, toute communauté tend à diversifier ses
usages.
1.2. Les phénomènes liés au contact de
langues
Le contact de langues, source de conflit ou vecteur de
coopération, est donc la chose du monde la mieux partagée
(environ cinq mille langues seraient parlées sur la planète pour
un nombre limité d'Etats).
16 ALUMA K. Jean Yves16, (2022), Cours de Grands
Courants de la linguistique, Isp-Uvira p88
25
L'hybridation peut être plus ou moins abondante et plus
ou moins stable. Cependant on peut considérer qu'elle relève de
deux considérations : l'une macro sociolinguistique qui intéresse
le système et dans ce cas-là, on peut parler d'hybridation
interlectale, l'autre micro sociolinguistique, de l'ordre du
bricolage qui n'est qu'un métissage fondamentalement
conversationnel du répertoire de locuteurs en transit ethno
sociolinguistique (mais qui peut aller jusqu'à concerner une
génération de migrants).
Dans les deux cas, on parle de marques transcodiques
que sont les emprunts, les calques, les alternances et mélanges de
langues qui témoignent soit de la « présence de deux ou
plusieurs langues dans le répertoire des interlocuteurs » (dans tel
ou tel échange) soit d'une rencontre inter linguistique prolongée
au sein d'une même société. On parle aussi de
néocodage lorsqu'on a affaire à des formes qui ont
été « bricolées » et « qui appartiennent ni
à la langue A ni à la langue B et qui peuvent avoir une
durée de vie réduite au temps d'une seule conversation ou devenir
habituelle pour les interlocuteurs. Ces formes constituent des créations
réellement interlinguistiques [Par exemple : un hispanophone aura
tendance en contexte francophone à désigner la porte par la posta
au lieu de Correo en espagnol] » (Matthey et De Pietro, 1997, p. 150-151)
(cité par C.Bashi M.O op. cit. 37).
a) Le partage de deux ou plusieurs langues dans les
interactions verbales et le « parler bilingue » :
La sociolinguistique suisse s'est donc
intéressée prioritairement à la communication en contexte
plurilingue et à ses diverses modalités. Elle nomme « parler
bilingue » un mode d'exploitation d'un répertoire bilingue dans les
conversations entre membres d'un même groupe migrant (par exemple) qui se
traduit par la présence intentionnelle de marques transcodiques : J-F.
de Pietro propose deux exemples.
Les deux fragments (non cités ici), extraits l'un d'une
interview dans une famille napolitaine vivant en Suisse francophone depuis
quelques années et l'autre d'une conversation spontanée entre
deux femmes d'origine espagnole vivant à Newchâtel,
présentent des exemples de ce que Grosjean (Life withTwolanguages :
An introduction to Bilingualism, Cambridge/Londres, Havard University
Press, 1982) et Ludi/Py (Etre bilingue, Berne-Francfort, New York, long, 1986)
ont dénommé le « parler bilingue ». Il s'agit
d'activités communicatives impliquant un contact de langues, comme le
montre la présence de marques transcodiques (Code-Switching, calques,
etc.) et de changements de langues. Ici, pourtant, ces procédés
ne servent pas, en priorité du moins, à assurer
l'intercompréhension comme ce serait le cas dans une conversation
exolingue [entre membres de deux groupes linguistiques différents] ; ils
remplissent des fonctions diverses telles que la synchronisation
interactionnelle, la structuration du discours, l'ancrage
référentiel dans la région d'origine et/ou d'accueil,
l'implication conversationnelle, etc. A travers eux, les interlocuteurs
exploitent, à des fins communicatives diverses, les ressources qui leur
sont fournies, en raison de leur bilinguisme, par les langues en
présence. Il s'agit ainsi d'un procédé linguistique qui
appartient pleinement à leur compétence communicative mais un
procédé dont ils ne profitent réellement que lorsqu'ils
peuvent actualiser la totalité de leur compétence bilingue et
biculturelle, c'est-à-dire lorsque la situation ne l'interdit pas,
qu'ils communiquent avec un interlocuteur lui-même bilingue et qu'ils
considèrent comme faisant partie du même groupe (bi-) culturel
qu'eux.
Autrement dit, lorsqu'ils catégorisent la situation
comme « endogène ». C'est donc la connivence, réelle ou
postulée, des interlocuteurs qui fonde ici l'utilisation des deux codes
et les passages de l'un à l'autre. (De Pietro, 1988. P.74-75)
(cité par C. Bashi M-O op cit. p.38)
26
b) L'interlangue des migrants
Comme on l'a dit, le « bricolage » interlinguistique
qui survient dans la migration peut être partagé assez
uniformément par les membres du groupe de migrants.
C'est ce qu'a étudié Ch. Lagarde Sous la
dénomination de « melandjoo » (littéralement «
mélange ». parler d'interlangue des migrants, c'est parler d'un
entre-deux langues, d'un système approximatif. Le terme d'interlangue,
utilisé dans les théories d'apprentissage des langues,
désigne l'un des systèmes intermédiaires que se forge
l'apprenant dans le processus d'appropriation de la compétence en langue
étrangère. Il s'agit d'un système provisoire,
appelé à être remplacé par un autre système
tout aussi provisoire, et qui a la particularité de ne pas être
présenter que des formes venues de l'un ou de l'autre des
systèmes en présence mais aussi des formes créés
dans le processus d'acquisition (Cf. R. Pourquier, « Remarques sur les
interlangues et leurs descriptions », Etudes de linguistique
appliquée, n° 63, 1981).
C'est le même type de phénomène langagier
qu'on observe dans une situation d'acquisition, non « captive » donc,
comme celle que vit le migrant. Le terme de melandjao, désignant de
l'interlangue des migrants espagnols en Roussillon (Catalogne française)
(forgé du reste par ses propres usagers) est en lui-même une forme
hybride réalisée à partir d'une unité lexicale
française « mélange »-« mélanger ») et
d'une marque grammaticale espagnole : celle du participe passé,
désinence verbale oralisée « à l'andalouse »
(Lagarde, 1996, p9).
Ainsi, les migrants espagnols auprès desquels Ch.
Lagarde a enquêté, produisent des énoncés à
base d'interférence du type : « on s'est fait Français
» (Nous sommes devenus Français ») ; « il domine bien le
Catalan » (« il maîtrise bien le catalan ») ; « plus
jamais, il m'a dirigé la parole », « plus jamais, il m'a
adressé la parole ») etc. (ibid., p324).
Le melandjao qui a été « le véhicule
par lequel [s'est exprimé] une génération d'immigrants
devenus immigrés » est un « parler transitoire,
périssable » mais qui est « riche d'enseignement sur la
question de l'intégration sociale des étrangers ». Là
encore le sociolinguiste ne se prive pas de contribuer à l'intelligence
collective de phénomènes circonscrits mais porteurs de sens pour
l'ensemble de la communauté et son devenir.
Parler de bilinguisme ne veut pas dire que le sujet parlant a
une parfaite maîtrise et équivalente de deux langues, comme l'a
affirmé GROSJEAN « est bilingue, la personne qui se sert
régulièrement de deux langues dans la vie de tous les jours, et
non qui possède une maîtrise parfaite de deux langues
».
Bernard PY et Georges LÜDI partagent également ce
point de vue et déclarent :
« Nous ne considérons pas le bilinguisme comme
une maîtrise parfaite et égale de deux langues, mais comme la
faculté de recourir à deux ou plusieurs langues dans des
circonstances variables et selon des modalités diverses ».
De ce fait, il demeure important de préciser que la
personne devient bilingue parce qu'elle a besoin de communiquer avec son milieu
environnant en investissant plus de deux langues. Les bilingues sont donc des
locuteurs individuels qui, dans l'acte de parole, passe plus ou moins
habilement d'un système à l'autre ou en les mélangeant.
Alors ce mélange prouve soit l'ignorance
27
de la langue première ou soit le locuteur
détient de connaissances peu étendues dans la deuxième
langue.
Bernard PY et Georges LÜDI (2003) distinguent 3
catégories de bilingues :
? Les bilingues actifs : ce sont ceux qui non
seulement connaissent la langue d'origine, mais la parlent de façon
intense dans leurs interventions, c'est surtout dans les échanges
familiaux que les interventions se font en langue d'origine, mais en dehors de
ce cadre, les échanges se font essentiellement en français. Ils
utilisent la stratégie « une personne-une langue ». Ils
témoignent de ce fait d'un bilinguisme « équilibré
» au niveau verbal où des compétences linguistiques
équivalentes sont atteintes sans domination manifeste d'une langue sur
l'autre, on y observe un usage coordonné des deux langues ;
? Les bilingues semi-actifs
: ce sont les locuteurs qui, lors des échanges communicatifs,
emploient une langue plus que l'autre. Généralement, ils
interviennent dans la langue qu'ils maîtrisent le plus.
? Les bilingues non actifs : ce sont ceux qui
comprennent le kiswahili par exemple, mais dont la compétence dans
l'usage est minime. Sa pratique se restreint à quelques mots, pour avoir
volé la place au français, langue qui domine largement leur
répertoire linguistique.
Pour les Codébatteurs et intervenants à la Radio
le Messager du Peuple, il est question des compétences linguistiques
inégalement réparties entre le kiswahili et le
français.
Parlons maintenant de la notion de l'alternance codique pour
laquelle nous optons pour ce présent travail.
1.1.3. La notion d'alternance codique
La variation de code ayant lieu dans un discours ou un
énoncé a été désignée par une
série de termes proposés par des linguistes. Certains auteurs
anglophones utilisent le terme de code « Switching », terme
inventé par E. HAUGEN dès 1956 ; d'autres auteurs notamment
francophones recourent au concept d' « alternance codique », terme
que nous optons dans ce mémoire et qu'il importe de définir.
De nombreux travaux traitant du phénomène
d'alternance codique proposent des définitions variées dont nous
passons en revue certaines d'entre elles.
3.1. Définitions de l'alternance codique
L'alternance codique dans la conversation peut se
définir comme « la juxtaposition à l'intérieur
d'un même échange verbal de passages où le discours
appartient à deux systèmes ou sous-systèmes grammaticaux
différents » (J. GUMPERZ 1989 :57).
Ce procédé linguistique « consiste
à faire relayer deux langues sur des unités linguistiques de
longueur variable (un mot, une expression, un syntagme, une phrase, une prise
de parole) » (HAUTER, J. F. et BLANC, 1983).
Des énoncés tirés de notre corpus peuvent
illustrer cette définition :
(1) « [...] Kuuzaamakuuzishaparcelle
yakoinakuombakuwamakini [...], Kazimbalimbali, hotel,
na restaurant na kazalika [...] »
28
(2) «Tuoneingine i
irregularitéyenyeikoliée na
proposition avant projets de lois sur la répartition des
sièges, ile avant-projetikoen conflits
na décretyenyeiliwezakarégir
Uvira kuwaville, na Baraka kuwaville
[...] »
Ces énoncés supportent la définition de
J.GUMPERZ, lorsque deux systèmes grammaticaux différents, celui
du Kiswahili et celui du français se confrontent. On peut facilement
observer que l'agglutination du morphème « i » dans « i
irregularité » commande l'accord du verbe « iko »
collé à l'épithète « liée » avec
le reste de la phrase : [-i] dans « ile, iko, iliwezaka » et que
« Kuuzisha » ayant pour complément d'objet « parcelle
» garde son identité lexicale et grammaticale. En dépit de
cette variation de code, chaque langue essaie de conserver son système
grammatical.
En effet, s'il est nécessaire de remonter aux travaux
des spécialistes, notamment J.GUMPERZ (1972, 1982 et 1989), Shana
POPLACK (1988) ? Carol METRSCOTTON (1993) qui ont étudié ce
phénomène, c'est précisément pour chercher une
définition englobant un certain nombre de traits et de critères
qu l'on doit mettre en exergue avec la réalité de notre corpus
tiré de la communication médiatique des interventions aux
débats et au journal d'information en kiswahili.
Dans une perspective linguistique et structurelle, Shana
POPLACK définit l'alternance codique comme « la juxtaposition
de phrases ou de fragments de phrases, chacun d'entre eux est en accord avec
les règles morphologiques et syntaxiques (et éventuellement
phonologique) de sa langue de provenance. L'alternance de code peut se produire
à différents niveaux de la structure linguistique (phrastique,
intraphrastique, interjective, etc.) (S. POPLACK, 1980, cité par
ALI-BENCHART, F17, idem : 48).
LÜDI et PY affirment que « L'alternance codique
est un passage d'une langue à l'autre dans une situation de
communication définie comme bilingue par les participants.»
(LÜDI et PY. 2003 : 146, cités par KOURAS18, 2008
:33).
Toutes ces définitions présentent des traits
communs, qu'il s'agisse de GUMPERZ, de POPLACK ou de LÜDI et PY, tous
s'accordent que l'alternance codique et un phénomène lié
au bilinguisme. Shana POPLACK va très loin en montrant que l'alternance
codique peut toucher tous les éléments linguistiques même
dans leur moindre détail. Les points de vues émis par ces auteurs
rejoignent les données linguistiques recueillies pour notre étude
comme en illustrent les quelques exemples ci-haut, tel que ces exemples le
démontrent, il s'agit sans doute d'une communication où deux
langues sont en présence.
3.2. Les types d'alternance codique
Il n'est pas dans notre intention de passer à la
classification typologique de toutes les alternances codiques qui existent,
mais nous nous limitons aux deux typologies qui semblent converger vers l'objet
poursuivi par notre travail, il s'agit précisément de la
typologie de Shana POPLACK et de celle de J. GUMPERZ.
17ALI BENCHART, F (2009) :
L'alternance codique arabe dialectal/français dans des conversations
bilingues de locuteurs algériens immigrés/non immigrés,
htps://
tel.Archives-ouvertes.fr,
Université Abou Bakr BELKAID Tlencel Algérie
(Thèse de doctorat)
18 KOURAS Sihem, (2008), Le français dans
la chanson rap algérienne : une analyse socio-pragmatique,
Constantine, Université Mentouri
29
3.1. La typologie de POPLACK
ALI-BENCHARIF citant Shana POPLACK (1988: 23) distingue trois
sortes d'alternance codique :
a) L'alternance codique interphrastique ou phrastique renvoie
à l'usage alternatif de segments longs de phrases ou de discours
où les énoncés sont juxtaposés à
l'intérieur d'un tour de parole.
a) L'alternance codique intraphrastique, quand les
éléments grammaticaux de deux langues
doivent se plier aux positions qu'ils occupent à
l'intérieur des structures syntaxiques.
Ndiassé THIAM, dans un ouvrage collectif
intitulé sociolinguistique sous la direction de Marie-Louisse MOREAU
donne la définition suivante à l'alternance intraphrastique :
« lorsque des structures syntaxiques appartenant à deux langues
coexistent à l'intérieur d'une même phrase,
c'est-à-dire lorsque les éléments caractéristiques
des langues en cause sont utilisés dans un rapport syntaxique
étroit, du type thème-commentaire, nom-complément,
verbe-complément » (1977 : 33).
Ce même auteur parle d'alternance extraphrastique et dit
: « on a une alternance extraphrastique lorsque les segments
alternés sont des expressions idiomatiques, des proverbes (on parle
aussi pour ce cas, d'étiquettes). » (ibidem).
c) L'alternance codique interlexicale
Il existe aussi l'alternance dite interlexicale, celle-ci
« consiste à mettre ensemble ensemble deux matérialistes
linguistiques de deux langues objet de l'alternance »
(www.publifarum. Farum.it/ezine...)
Cette sorte d'alternance affecte la morphologie. Pour le cas
qui concerne, on trouvera par exemple un préfixe ou un suffixe du
français lié à un lexème du Kiswahili.
Quand nous interrogerons notre corpus nous nous rendrons
compte que le kiswahili offre des unités lexicales pendant que le
français fournit des unités grammaticales.
3.2. La typologie de GUMPERZ
J. GUMPERZ (1989 : 73-83) parle de l'alternance codique
situationnelle et de l'alternance codique conversationnelle ou
métaphorique.
L'alternance codique situationnelle est liée aux
différentes situations de communication. Elle dépend des
activités et des réseaux distincts mais également de
l'appartenance sociale du locuteur. Les ressources langagières sont
mobilisées d'une manière séparée selon le
thème abordé et le changement d'interlocuteurs.
3.3. Différences approches de l'alternance codique
Dans le Dictionnaire de sociolinguistique, Ndiassé
THIAM (1997 :33-35) distingue plusieurs approches d'alternance codique, dont
deux paraissent utiles dans le cadre de ce travail, il s'agit de :
1) L'approche fonctionnelle ou situationnelle, relative aux
travaux de J. GUMPERZ dont l'objet était d'analyser les effets de
contact de langues et d'étudier les fonctions conversationnelles et
pragmatiques des alternances codiques comme éléments modulateurs
du discours.
30
Il s'agit d'une approche qui prend en compte le statut du
locuteur et de l'interlocuteur, le contexte de communication et le thème
abordé ainsi que l'aspect pragmatique des alternances codiques. C'est
dans cette approche qui consiste à expliquer les données
linguistiques par des facteurs extralinguistiques où la pragmatique a
droit de cité et vaut son pesant d'or dans le cadre de nos analyses.
2) L'approche linguistique ou structurale s'inscrit
principalement dans la lignée de la sociolinguistique variationniste de
Willian LABOV, elle privilégie de dégager les règles
formelles régulières dans les segments mixtes et de
déceler les contraintes qui régissent l'alternance codique
(POPLACK, SANKOFF, etc.).
Nous comprenons, selon cette définition, l'approche
linguistique ou structurale privilégie l'analyse structurale de segments
mixtes. Ces approches affirment le caractère holistique de l'analyse
sociolinguistique (elle est conversationnelle, pragmatique et structurale).
Dans le cadre de ce travail, ces deux approches (fonctionnelle
et linguistique) sont complémentaires, car l'une nous facilitera
l'analyse du fond pendant que l'autre nous aidera à analyser la
forme.
1. 2.CADRAGE METHODOLOGIQUE
La présente recherche s'inscrit dans le domaine des
recherches de la sociolinguistico-pragmatique et dans un contexte
médiatique plurilingue congolais.
Après avoir présenté le cadre
théorique de notre recherche, nous présentons la
méthodologie que nous avons utilisée pour récolter,
décrire, analyser et expliquer les données. Nous proposons de
parler du corpus avant de présenter les instruments de collecte et
d'analyse des données de ce corpus.
2.1. Le corpus
Dubois définit le corpus comme : « L'ensemble
des productions langagières régies par les mesures prises
»19
Notre corpus est constitué des paroles
collectées en direct après audition et écoute. Elles ont
été enregistrées directement dans une carte mémoire
pour nous servir ultérieurement comme il a été
recommandé par l'administration de la Radio le Messager du Peuple.
Tableau de répertoire des énoncés
auditionnés, recueillis transcrits contenant des alternances codiques
pour analyse
A.
|
JOURNAL SWAHILI
|
1.
|
JOURNAL SWAHILI DU 20-07-2023
... Walimu tano wa chuo kikuu cha walimu mujini Uvira ISP
wamekubaliwa rasmi na wizara ya elimu ya vyuo vikuu kuwa walimu bora katika
bodi la wasomi watafiti inchini DR Congo nikupitiya wazi nambari uliyo sainiwa
tariki 14-07 kumi na inne mwezi huu wa saba. Walimu
hao wamepanda ngazi na viwangu formu na faili za walimu hao
tano wa ISP-Uvira zilikanguliwa na Baraza kuu ya uongozi wa vyuo vikuu vya
walimu inchini Congo munamo tariki ishirini na inne na tariki ishirini na saba
ya januari ya mwaka huu pa Kinshasa.
|
19 Jean Dubois et alii, (2002), Dictionnaire de la
linguistique, Larousse, Paris p424
2.
31
Walimu wa ISP ambao wameingiya katika ulimwengu wana siyansa
wajaa ni pamoja naye Buhirwa Karunbandika Daniel, Abeli Mutunda Charly, Sumaili
Byadunia Virgile, Emile Kapinga Rukuse Dieudonné naye Makala Mirindi
Bienfait. Radio Le Messager du peuple imewatafuta waliotunukiwa cheo cha walimu
Mutafiti Abeli Mutunda Charly ni mmoja wao anaeleza anavyopokeya tarifa hiyo :
« Kwa kweli nimepokeya na furaha kubwa sana kwakuona ya kwamba
niko miongoni mwa wale watu watano. Ni muda murefu sana nilikuwa nimedeposer
iyi candidature yangu kwa ile poste alakini wakuu viongozi wa ISP wa mwanzo
walikuwa wameiacha pembeni sijuwi nikwasababu ngani lakini kwa leo
tunamushukuru mwenyezi mungu asa na bodi ya ISP-Uvira ambayo iliona umuhimu kwa
kazi tuliyo fanya na kuipeleka dossier yetu kwenye conseil d'administration ya
Isp na leo tuko wa chef de travaux ijapokuwapo saivi arreté iliypo ajawa
na nottification ya secrétaire général mais najuwa kesho
mwezi kutwa itakuwepo ila kwa kweli tuna ambiya wengine waji usiche na utafiti
kwa kuwa chuo kikuu kinaomba watafiti tuu na muna kingine kya kufanya ila
tunajuwa saa ivi tutakuwa sisi ni xa mwuisho kwa kupeleka dossier zetu kinshasa
nazipitiye njia hii kwa saaivi kama haujakuwa na DEA na Master hauwezi ukawe
tena chef de travaux nawaomba waende shule ne sisi wenyewe tutakwenda shule ili
tuwe watafiti wakubwa kwa inchi yetu ya RD congo « [...]
Norbert Bashengezi, Katintima mwenye kit iwa chamaa
cha ANCE ametuma musaada wa dolla elfu moja na mia tano kwa raiya wa Sange
waliyo muomba mchango wa kujenga jukwa la heshima ndani ya uwanja wa mupira wa
miguu mujini humo [...] Big Marthe Bashomberwa [...] ameleeza raiya wa sange
kuwa : « kwa watu wa sange tunawaomba ile franka inafika waitumikishe sawa
vile wazazi bajenge tribune tribune itabakiya hapa ni yao, na itabakiya na
bailinde vizuri na bakiihariribisha, wala kama habajenje, batakuwa nibopeke na
batakuwa bame shimamisha maendeleo ya stade yetu. Donc tunabaomba sagesse na
bonne gestion ya zile pesa.
Hekima Ngosheni William ni mkubwa ya Shirikisho la Soka mujini
Sange, wewe umeokeyaje msaada huo :« Eeh tunashukuru sana na
vraiment ni furaha tuu kwa sababu tunakosa bya kusema juu ya furaha Excellence
eeh Kantintima wakati alipita hapa tulimupatiya ile ombi na wakati tulimupa ile
ombi kabisa leo amefikiliya kujibu kwa maombi yetu na ile ni furaha tuu, ni
sentiment ya kufurahiya byote byenye bilipitika. Ombi zingaliki mingi eeh
tuliwayi mupatiya ingine documente ya kwamba atusaidiye kwa ujenzi ataikuwe mur
moya ya iyi stade, kwa sababu wepeke unaona ngisi inachakaa ingaliki
inatusumbuwa sana eeh kwa kwa nguvu yake na ile upendo amabayo anakuwa nao
tunayuwa ya kwamba atatusaidiya ». [...]
JOURNAL DU 22-07-2023
Hujambo na karibu kusikiliza tarifa ya habari ya kiswahili.
Msomaji ni Uji Batagala William. Na kwanza ni mtasari wake.
Baada ya Umoja wa Ulaya kutaka vyombo vya sheria vya jamuhuri
ya kidemocratia ya congo kumusikiliza Justin Bitakwira kisheria kufatana na
kile walilo kitaja : alitamuka maneno ya chuki zidi ya kabila la watusti, chama
chake Bitakwira ARCN, leo hiyi kimejibu umoja wau laya kutupiliya mbali tuhuma
zote zidi ya kinara wao.
32
Yameendeshwa rasmi alahimisi julay hii ishiri magabiliano ya
madaraka kati ya Andrée Byadunia Mashaka na Mafikiri Mashimango kwenye
kiti cha uratibu wa shirika jipya la kirahiya kusini mwa kivu kusini.
Nao muungano wa FCC wa sema kutokuwa tayari kushiriki
uchanguzi mwaka huu ikiwa daftari ya mupiga kura haijafanyiwa marekebisho, hayo
wameyataja walikuwa mujini Baraka. Karibu kwa tarifa hii E...]
Habari kamili, Uvira,
Chama cha siasa ARCN kyake waziri wazamani wa maendeleo
vijijini. Bitakwira Justin kimetupiliya mbali alahamisi hii julayi madayi ya
wajumbe wa umoja wau laya zidi ya kinara wao ARCN, imeendesha mazungumuzo na
waandishi wa habari mujini Uvira kwenye ofisi yao katika mazungumuzo hayo
wamesema kuitwa mahakamani kwa Bitakwira ni jama za umoya wau laya kutaka
kuipasuwa Diara Congo kutumiya silaha ya kuwanyamazisha walio na uzalendo wa
damu. Bwana Basimise Makangara ni musemaji wa ARCN, anasema : « hili swala
ni uzushi kwa sababu hawa wajama wazungu wau laya wanakuja kutokomeza raiya wa
congo, sasa hiyi raiya ina muteteyaji mmoja ambaye ni Justin Bitakwira, ambaye
wamuweka kwa kinara mbele ili kwamba apate kuwateteya, leo sasa imeelelewekwa
waazi kwamba ni wazungu wa Ulaya ndio wanatumana hawa watutsi kuya kutunyanyasa
ambao tunarudiliye zaidi Général wa Rwanda ambaye ni James
Kabarebe, amesema ya kwamba wao sio wakongomani lakini amesema ni wa nywaranda
ambao wamekuja congo wamekibiya unyanyasaji. Yeye kama Munyarwanda ndgugu yao
anayewafahamu. Sasa ukweli unapo toka inje kupitiya kinywa kya mtetezi wa Raiya
Justin Bitakwira sasa wa nyarwanda na wazungu ambao wametuma wanyarwanda kuja
kitu kumeza, wameona wakimuikalisha kimya mara moja raiya wa congo na ususani
raiya wa Uvira, Fizi na Mwenga watakuwa wamepoteza na watakaa kimya, watakuwa
wame kubali kuchijwa kama kondoo ambaye ambaye hana mutetezi ».
Kumefanyikwa magabiliano ya madaraka hii alamisi julay tarehe
ishiri kati muratibu mpya wa shirika jipya lakirahiya na mutangulizi wake.
Mafikiri Mashimango amemugombowa André Byadunia Mashaka. Sherehe
zimefanyika kwenye offisi ya shirika hilo la raiya pa Kakungwe mbele ya
wanamemba wengine wengi washirika la raiya ukanda wa kusini mkoo wa Kivu ya
kusini.
Katiba, vitu na vikaratasi vingine vingicvimegabiziwa naye
André Mashaka kwa mrizi wake. Kwake muratibu aliye stafu, amealika
kamati nyipya kujitoleya kwa kutumika kwa faida ya raiya ilikufanya teamu kuwa
borazaidi. Kwake muratibu mpya wa shirika la kirahiya ametaja kuwa atakuwa
tayari kuhudumiya wakaaji wote waishiye kwenye ukanda wa kivu ya kusini jimboni
mwa Kivu Kusini.
Mafikiri Mashimango, alipoojiwa wa mwandishi wetu Heritier
Bindo kuhusu swala hilo naye kujibu : « Nikusema kwamba leo tumekutanana
hapo ni kwa sababu, kulikuwa remise-reprise na équipe yenye inatoka, na
njoo maana tunashukuru watu wote walioweza kituchaguwa pendant maelections yetu
le onze (11) ya hiyi mwezi, tunashukuru André Byadunia, l'équipe
sortant, kumuuda aliangoza structure na kana ni leçon, parce que benye
alitumika il y a de l'expérience tutaattirer kupitiya yeye, mais aussi
tunalomba raia kututiliya confiance, kwangisi ilitutiliya confiance
kwakutuchaguwa courage balikuwa nayo, na kulomba, kwenda kwa coordo
André Byadunia, par rapport na ma problème, tunabalomba
baendeleye kuwa kubyangambo yetu kwa sababu tuko pale kwajuu ya kutumika ma
intérêts yote inatoucher ville ne territoire ya Uvira comme Fizi,
na basikuwe na boga kwa sababu nilitaka kubarassurer kwamba chaque
33
problème itakuwa inafika Uvira, itakuwa inafika Fizi,
itakuwa inafika Walungu, Mwenga, nous comme l'équipe mainant entrant
tutatumika,non pas pour leurs propres intérêts na hatuta
badecevoir. Vraiment bakuwe sûr na bakuwe soudés na batutiliye
confiance ». Ni sauti ya kiongozi mupya wa shirika jipya la kirahiya
kusini mwa kivu ya kusini ; ni Mafikiri Mashimango kama aliyeojiwa na mwandishi
wetu Heritier Bindu Pierre angulaire.
Tarafa ya kiswahili inaendeleya kutokaRMP Radio kupitiya
vipimo vya FM 105.2 Mghz. Wanafunzi wa shule za secondari kutoka Luvungi na
bondeni mwa mto Ruzizi wapokeya msaada wa chakula ya alamisi julayi
ishirini,msaada huo watoka kwa tarisisi Mauridi Mukerwa Jean Claude, msaada huo
ni wa mifuko miwili ya mchele, mifuko miwili ya maraharangwe, mufuko mmoja wa
mkaa pia mafuta, kwake kiongozi wa tarisisi hiyo tendo hilo linakuja kujibu
maombi ya wanafunzi hao wakati olipokuwa katika ziyara ya kikazi maheneyo hayo,
Mauridi Mukerwa, anatowa wito kwa raiya wa Uvira kuishi kwa kusaidiyana bila
kujali rangi haiza (either) kabila, hayo anayataja kwenye maike (micro) yake
mwandishi wetu Celestin Kassigwa Hondwa.
« Kwanza nilivyokuwa napita nikitokeya huku upande wa
Munanira ni kaona, ni kasema acha niwasemeshe ili niwaulize wako nafanya
kitendo ngani. Mkaona niba banafunzi benye balitokeya Luvungi banakuya kufanya
stage bamoya ku Mairie na bengine Croix-Rouge na sehemu mbali mbali, alakini
sasa ya kuongeongeya wakasema wako na shida, bengine abayaanza kufanya hata
stage na kwanza habana chakula ya kukula. Basi nikajisikiya siwezi tuu
kuendeleya lazima nisaidiye, msaada tuliyowapitiya kitu kidogo kidogo na katika
ibyo vitu ni mchele, marahangi, mkaa na tukabapatiya vile vile na mafuta,
tumendeleya kuzungumuza hata awana usafiri wa kutoka kwa ile nafasi wako juu
waende kwenye batafanyiya stage. Tutaendeleya kubasaidiya na transport, kadi na
ngisi tunaweza kuweza. Tutawapatiya transport na bingine. Tupendane na
tusaidiyane [...] hiyi mugini iko muhali mubaya watu hawapendani unapo ona mtu
iko katika hali ambayo, we unaweza kusaidiya, umusaidiye bila kuangaliya yeye
niwa kabila ngani usihangaliye yeye ametoka wapi. Njoo maana miye na Fondation
yangu, miye Jean Claude Mukerwa Mauridi [...]
Mwandishi wetu [...] anawasogeleya wanafunzi hao kuwauliza
ikiwa wamupokeaje [...] « Neno la kuzungumuza saa ni shukrani sana kwa
yeye honorable Jean Claude Mauridi kuona vraiment alisikiya kama wanafunzi wako
hapo kutoka Luvungi, akakuwa na ile moyo yakusema kweli tutazame hali yabo
yakweli alifika akatukuta muhali tukamuonesha magumu yetu ya chakula akafaa
muchango msaada kidogo kusema itusaidiye ku chakula. Natuna shukuru sana. Iyi
chakula itatusaidiya sana. Tunasema mungu amubariki kwa hiyi moyo ambayo iko
nayo, naendeleya kuwa anasaidiya watu wakati wako na besoin, na iyi jambo
tunasikiya tunasema tutaenda kuipasha kila watu sababu mtu akikutendeya mema
unapashwa uambiye mwengine kama kuko mtu alifika hapa kukuona. Juu
badéputés niba mingi apa Uvira, hatukuona hata mumoya mwenye
alifika kututazama lakini yeye akasema voilà nasikiya kuko batu biko
pale acha niende nibaone [...] »
« Tunashukuru sana kwa papa Mauridi Mukerwa kutuleteya
chakula, mungu amubariki sana alituleteya maharagi, mchele, makala, mungu
amubariki sana aendeleye na ile roho ya upendo. » [...]
Muungano wa vyama vya siasa FCC wasema kamwe hutoshiriki
uchanguzi wa mwaka elfu mbili ishirini na tatu ikiwa hayajafanyika marekebisho
ya daftari ya mupiga kura ameyosema hii, leo Bwana Mukonge Wachambu Microbe,
msemaji professa daktari Nehemie Mwilanya
3.
34
Wilondja ambaye ni mratibu wa FCC inchini DRCongo (Diar Kongo)
Microbe akiwa tena msemaji wa FCC mashariki ya muhuri wa kidemocratiya ya congo
ametowa sababu inne zakutoshiriki kwao uchanguzi huo :
[...] Tuone ingine i irregularité yenye iko liée
na proposition avant projets de lois la répartition des sièges,
ile avant- projet iko en conflits na décret yenye iliwezaka
réagir Uvira kuwa ville, na Baraka kuwa ville [...] ».
JOURNAL SWAHILI DU 24-07-2023 (SUMIALO)
Musikilijazi aksanti kwa kuweza kuchagua Radio le Messager du
Peuple [...]
Musikilizaji mpendwa mara tena hujambo, na iyi ndio maelezo,
kamili ya taifa hii ya habari waamini wa shirika la makanisa ya ki injili ya
marafiki inchini congo CEACO wamejuwa tayari mwakilishi wao mupya ni tangu iyi
siku ya mungu wakati wa mkutano wa injili uliyoandaliwa katika uwanja wa shule
LABELLE ambako waamini walikusanyika kutoka kona mbalimbali za mujini Uvira,
Fizi, Goma, Mwenga na maeneyo mengine. [...] Muchungaji Moleka Monewa Machimu
ndiye anachukuwa nafasi ya mchungaji Biochinda ili kuongoza shirika hilo. Na ni
baada ya uchanguzi ulioendeshwa na wanamemba wa kamati ya uchanguzi na
kuhakikishwa na kongomanu la mwaka. Kwake kiongozi aliyacha madaraka ataja
kuheshimu katiba ya shirika hilo na kuacha nafasi kwa yule aliye mukobowa baada
ya kutumika miaka miwili. Baada ya kumuonesha yule aliye mungombowa, mbele ya
mkutano ametowa mashauri hayo kwa viongozi wapya : « Kuwapendekeza ni
kwamba wawe washuja na wenye nguvu katika neno la mungu kama vile msaada wa
karibu pamoja na kuomba. Hiyo itawasaidiya. Mimi kama kiongozi mustafu,
chakutumaniya kwangu ni kwamba nitakuwa mshauri wa karibu kabisa kwa wale
walienda kupewa madaraka kwa siku ya leo, kwa waamini wengine, na enda
kuwaambiya ya kwamba kama vile walivyo nipatiya muda na nafasi ya kuwatumikiya
wa wapokeye vile hawa viongozi wapya watumikiye benga kwa bega. »
Kwa upande wake aliyepewa madaraka anahahidi kutimika kwa
umoja kwa kutangaza injili. Muchungaji Yamonewa Machimu amenenewa hayo : «
Na jaribu kuangaliya namna ya kuangaliya watu, na kufundisha watu [...] Mungu
akisaidiya tufanye équipe ya wa missionnaire pamoya na kuformer
wainjilisti wenye wako na nguvu kwa ajili ya kufunguwa makanisa balimbali
mueneyo ambazo hakujafika injili. Kwa waamini wa CEACO ninakuwa na tegemeyo la
kusema ya kwamba ya watakapo ni unga mkono mzuri, wanisukume ili nipate
kuwatumikiya kwa moyo moja. »
Tujulishe kwamba ni tangu siku ya tatu hadi siku ya mungu
[...] la CEACO iliendesa kongamano la mwaka pia mkutano wa injili amabako
umemalizika kwa kuonesha viongozi wa shirika hilo.
Tukisaliya hapo mjini Uvira, wakaaji wa Uvira waambiwa
kuchaguwa vizuri wakati wa uchaguzi ujao munamo mwezi wa dicemba (en mot
anglais) ya mwaka wa elfu kumi na mbili makumi mbili na tatu [...] Kiongozi wa
tarisisi, Mauridi Mukerwa Jean Claude wakati akitembeleya sehemu za Sange
bondeni mwa mto Ruzizi pia mta wa kayaja kata la Mulongwe, kwake Mauridi
Mukerwa Jean-Claude, matembezi haya, ilikuwa na lengo la kuamusha raiya
kutokuzubaha tena wakati wa uchanguzi ujao, kwani umuhimu ni kuchaguwa vizuri
ili kupata maendeleo ya kudumu Uvira. Yuko hapa kwenye microphone
ya Radio le Messager du Peuple : « Kwanza nilikuwa na kwenda
kuwakumbusha kuwafunguwa akili kuhusu uchanguzi unakuya wasifanye tena makosa
zenye balitokeya kufanya na mpaka leo tukonaendeleya kusouffrir
na
35
batu benye balivoter juu ya polo, balibavoter
juu ya sac ya chumvi, kuonekana kubaconscientiser cette fois-ci baangaliye
ngisi ya kuchaguwa ilituchanger maisha, ilitulete maendeleo mu territoire yetu
ya Uvira. » Kwa fursa hiyo Mauridi Mukerwa Jean- Claude amefanya uzindusi
wa bomba alilo wapa wakaaji wa Kayaja, itakayo wasaidiya kwa maji safi. Tena
hapa tumusikilize : « [...] Kitu limetufanya tupatiye watu wakayaja maji,
kwa sababu tumeenda tukitembeya tukaona kwamba kuko shida ya maji, watu wako
wanatembeya ma kilomettre za mingi juu washote maji na wakonaenda naitafuta na
wanailipiya pesa. Nikusema kama tunavyo uwezo yakufanya hiyi tunaweza
tukawafanyiye kitu kidogo tukawaleteye maji [...] tukaamuwa ilitupunguze ile
mateso ya kutembeya muda murefu, ama kuchunga ma saa , trois heures, quatre
heures du matin muda ya ya maji. Tuangaliye uwezo tunayo kwa kuweka ile borne
fontaine iliwatu wawe wanapata maji Tunashukuru mungu kwa sababu tulifikiya kwa
kupata ile uwezo kufungulia ile borne fontaine. Na haiko pale njoo tutaishiya,
tulikuwa tulishafaya kwa avenue du stade, Songo, na maitaji ya maji kama haki
ya binadamu, maji iko mingi sana na pale kote tunaweza, tutaendeleya kupatiya
watu maji. Ntutaendeleya kufanya mengi zaidi. » wakaaji walionufaika
msaada huyo, hawakubaki kimya kwa kutenda hicho, hapa wakijieleza : «
Nashukuru sana, juu tulikuwanaenda mu shishi kuleta majiwe, tunashota maji,
tunabeba cent francs tunashota maji lakini kwa leo tunaanza shota maji ya
honorable Mauridi Mukerwa, tunashukuru sana. Mungu amuongezeye nguvu nazidi
kumuongezeya kabisa aiachiye pale. Shukrani kwa Mauridi Jean-Claude mungu
akubariki sana tena sana juu tunahangaika sana na maji hapa mukayaja yote,
tulihangahika na maji tena sana. Mtu iko nalamuka na quatre heure iliaende
shota maji ilikuwa shida sana. Tunashukuru mungu baba yetu anatuleteya robinet
hapa karibu, tuko tunashota ngisi tunajisikiya, mchana na busiku » [...]
Tukitoka hapa mjini Uvira tujielekeze katika mji wa Bukavu muji mkuu wa jimbo
la Kivu ya Kusini, watoto tano wanne wakiwa wa jamaa moja wameweza kupoteza
maisha yao kwa muripuko uliyojitokeza siku ya posho tariki makumi mbili na
mbili ijulayi mujini Bukavu katika jimbo la Kivu ya kusini majira ya sa moya,
saa saba ya Usiku, mkosa huyo umeweza kujitokeza eneo la chai katika kata
linalotembelewa sana la mtaa wa Bagira. Sauti kutoka katika mji zaeleza kwamba
kumekuwa na hali ya upungufu wa nizamu kwa wale na wale ili kuweza kuzimisha
muripuko huo ambao waendeleya siku babada ya siku. Watoto waliofariki katika
muripuko huyo waweza kukadiriwa chini ya miaka kumi kwa mjibu wa bourgmestre
ataja kwamba yote yatokana katika jamaa moja ambayo lilisahau kuzimisha moto
baada ya kuweza kupiga chakula kwa kutumiya kuni za porini kwa namna nyingine
nyumba makumi mbili na sita za mbao ziliweza kuteketezwa moja baada ya zingine
katika kata ambako nyumba za mbao zilimekuwa zimejengwa moja kando kando na
zingine. Tujulishe kwamba haipite wiki moja kabla haujatokeya muripuko wa moto
katika kata tatu za Bukavu kama vile ilivyotaja Radio Okapi. Tujulishe kwamba
wiki iliyopita, nyumba zingine mbili ziliwezwa kupatwa na mkosa huyo kwa
maeneyo ya muji wa Bukavu. Majengo ya kiolela, ambayo kila siku ndio imekuwa
chanzo ya mikosa hiyo yaonekana kupotea maisha ya raia.
Patience Bengeya ambaye ni Bourgmestre wa Commune ya Bagira
anaonesha kwamba ni lazima serikali kuweza kuchukuwa majukumu ili iweze
kusimamisha hali hiyo ya mikasa ambayo yaendeleya siku baada ya siku. Tubaki
tuu katika jimbo ya Kivu ya Kusini ni kwamba waziri waujenzi Alexis Gisaro
amezinduwa iyi siku ya posho tariki makumi mbili na mbili julayi kazi za ujenzi
wa barabara yataifa namba tano (number, mot anglais) ambayo yapatikana kati ya
Bukavu kuelekeya katika jiji la Kamanyola ni karibuni kilometa inne ama tano,
ndizo
4.
36
zitaweza kukarabatiwa, kuwa kume kuuwa na mita ambayo ngari
zitapitiya na mita ingine itakuwa fasi ya watu wakutembeleya miguu kama ilivyo
katika mapatano yalivyo sahiniwa kati ya Chaina na Congo ya kidemocraticia za
kuboresha barabara hiyo. Barabara hiyo ambayo linapitiya katika eneo la Ngomo
yaonekana kuwa na hali [...] Na hilo ndilo [...] waaziri kupanga mupango
wakuweza kuboresha barabara hiyo [...]
JOURNAL SWAHILI DU 26 -07-2023
Amani na baraka ziwe nanyi kwa kuchaguwa Radio le Messager du
peuple. [...] (Nous nous sommes épargnés de grandes lignes
introductives).
Habari kamili, Uvira, Nduka, soko, kazi zimezorota pia gari na
pikipiki hazikuweza kuonekana barabarani siku ya pili jijini Uvira hayo
nikutokana na mugomo baridi mujini Uvira uliyoitishwa na shirika jipya la
kirahiya katika hali la kuomba serikali kujenga barabara la taifa namba tano
ambayo yapatikana katika hali mbovu Uvira. Mida ya saa saba, maadamano ya watu
wachache katika Kamvimvira imejielekeza kwenye ofisi ya Meya, ambayo waisoma
risala yao mbele ya Meya wa jiji ya Uvira. Wakati wa maandamano hayo
kumeripotewa baazi ya kesi za ugeukaji wa haki ya kibinadamu maeneyo ya
Kasenga, Mulongwe, ni pamoya na ile ajulikanaye kwa jina la Yakupita Joseph
ambaye ataja kuvamiwa na vijana ku daraa la Mulongwe. Anajieleza : «
Nafika kukilalo ya Mulongwe wa ndugu waliokuwa pale, wananisimamisha,
wananiita, napita naenda nautaritibu, wanapita wanasema watowe pepo mu kinga
yangu, nikakataa watowe pepo, kwa mushituko nikakuya shituka wamenipiga fimbo,
wakati wamenipiga fimbo, nikakuwa saa vile napoteza équilibre wakakamata
kinga wakati walikamata ile kinga, tukakuwa tunakogotana, umpya akafika anaanza
irapiditer akaikamata akaitupa mumayi, na hiyi sakoshi yangu ingepoteya mais,
heureusement mama mumoya na baba mumoya walikuwa pale wakapita wanakamata ile
sakoshi. Miye najuwa kama mtu iko huru, mtu anaweza kusapoti (sapoti, support)
au mtu hawezi kusapoti. Kumbe ombi langu naomba kubaorganisateur bakuye
bakamate ile kinga baitengeneze. » Yakupita Joseph aliyenyanyasiwa
aliyekuwa akirikodiwa na Radio le Messager du peuple. Na lakini tulipohojiana
naye mratibu wa shirika jipya la kirahiya kuligana na kesi hiyo ambaye
ametupiliya mbali mashitaka hayo. Mafikiri Mashimango Martin ataja kuwa hizo
zawezekana kufanyika na baazi ya watu wa nyia mbaya ambao walikuwa na lengo la
kuharibu jina la shirika lao. Huyu ahakikisha kwamba timu (team) ilikuwa
ikichunguza vizuri na hakuna kesi yoyote uliyoripotiwa kwa wakati wa mgomo huwo
kwa faida ya wakaaji wa Uvira kwa upande wake [...]
Viongozi wa inchi hawapashwi kuchunga vitendo vyarahiya
vifanyike ili watende kazi kwa faida ya wanainchi. Matamushi hayo yake mratibu
wa shirika la kirahiya socico RDC magaribi iyi siku ya pili mbele ya wapasha
habari wa mahali. Kwake Kelvin Bwija, vitendo vya raiya vinaruhusiwa na sheria
ya inchi ya DRCongo kuepukana nah ali hiyo ni kwa wajibu wa serikali kuheshimu
mapaswa yake kwa wana inchi. Tumusikilize hapa Kelvin Bwija akijieleza hapa
kuhusu jambo hilo : « Jambo ambalo tumefanya leo, limefanyika leo mu ville
ya Uvira et ses environs, ukisoma constitution article 26 (vingt -six)
inaprevoir ma marches pacifiques na ma villes mortes, ma revendications fulani
fulani njoo maana tumeshirikiana na wenzetu wa UNSCC kukuwa pamoja mu barabara
ku observer kwa sababu kuna watu wenye wanaweza waka haribisha bya batu, njoo
maana tulikuwa tuko tunamaîtriser wakaaji. Non aussi wa autorité
wanapashwa kuwa na esprit patriotique na habitudes, comportement ya mzuri kuwa
na angaliye, wasikuwe wanachunga mashirika za kirahiya tukuwe tunaorganiser
maactions citoyennes, villes
37
mortes, ma marche pacifique pourque bapane solutions ku bitu
fulani fulani. Banaâshakuwa na réagir mbele ya ma shirika haziya
organiser maactions citoyennes [...] ziko tellement constitutionnelles parce
que depuis longtemps tuko tunaomba Route Mwami, Rn5 ijijengewe, Route Espoir,
Route Mwami zinjengewe mupaka hivi hatujaona ata kitu. Wa autorités
wanapashwa kurudiya ku mu sitari kuwa na tenda, kufanya kazi mbele ya wakati ma
sociétés civiles haziya organiser maactions citoyennes [...]
Kijana mumoja apandishwa kwenye ngazi ya kiprofessa kitaifa
katika inchi ya jamuhuri ya kidemocratiya ya Congo. Ni daktari Trésor
Makunya Muhindo mwanafunzi wazamani wa Institut Muhe atajwa kuwa professa akiwa
na miaka thalathini na moja kupitiwa muswada wa sheria uliyosahiniwa na waziri
wa elimu ya juu na maunivasite ya tariki ishirini mwezi wa saba mwaka elfu
mbili ishirini na tatu. Docteur Trésor Makunya Muhindo ambaye kazaliwa
na kukomaa pa Uvira alimaliza pa Goma mwaka wa elfu mbili kumi na inne mbele ya
kupata uzamini kwenye universite ya Prétoria huko Afrika ya kusini na
ambako kamaliza akiwa mwalimu wa sheria mwaka elfu mbili ishirini na moja akiwa
na miaka ishirini na kenda. Mutangazaji wa zamani pa Uvira Docteur
Trésor Makunya Muhindo atajwa kuwa mtu aliye tumika sana ili afike pale
anapokuwa leo wanasema hivyo waliomujuwa hapo zamani, hawa wataja kuwa professa
Trésor Makunya Muhindo ametoka mbali. Mwezetu Clovis Kamanya clova
atupatiya ramani ya mwandishi huyu wa zamani kupitiya ripoti hii : «
Mwanafunzi kwenye shule la Muhe pia mwanachuo huko kwenye Universiti Catholique
Bukavu, tawi la Uvira, mbele ya kuenda kuendelesha University pale Bukavu,
Trésor Makunya Muhindo alikuwa mwanachuo ambaye alijituma zaidi na na
mufano wa kuing kama ngisi anatuambiya moja ambaye walisoma naye apo Bukavu, ni
Maître Franck Malilo : « alikuwa ni mwanafunzi ambaye alikuwa
anajitafuta sana, hakukuwa anaikaliya ile ambayo tunafunzwa, ambayo tumeambiwa,
alikuwa na haja ya kuenda kujuwa zaidi ya kile ambacho tumeambiwa, kwa shule na
ile ilikuwa nafanya kwamba tukija kwa siku nyingine kwa darasa, anakuwa na
changa moto kabisa katika ile ambayo walimu wanafundisha. Mwanafunzi ambaye
alitufuza vitu vikubwa wakati tungali tunasoma unajuwa kuna ma concours zenye
walikuwa wanaorganiser, eh CPI ilikuwa naorganiser ma concours sur les droits
de l'homme, droit humanitaire na aliyeenda kufanya hizo ma concours na
aliremporter ma victoires na aliremporter trophée. »
Pofessa Trésor Makunya Muhindo alikuwa pia Mutangazaji
wa habari miaka elfu mbili natisa na kumi na mbili kwenye radio ya kijamii
Mitumba, Jean[...] Mutambala aliye usika na mipango kwenye radio hiyo wakati
ule anatowa ushuhuda wake : Tuliweza kumuita Treze Mak, nakumbuka ni mimi
binafsi ndiye nimeweza kuwapokeya eh, walikuwa vijana wawili pamoja na rafiki
yake Clovis, na walikuja kujifuza kazi kwenye Radio Mitumba katika kipindi kile
cha miaka tangu elfu mbili na sita hadi elfu mbili kumi natano. Ni kijana
ambaye nimemuona alipenda kazi yake na hakuogopa mtu wakati aliamuwa kukuambiya
kitu na wakati kama kiongozi wa chumba cha habari eh kwenye Radio hiyo wakati
wa mikutano yetu kila mara alikuwa anaambiya kila mtu kosa lake, anakuambiya
nakumbuka mimi alisahihi karatasi niliandika za habari na wakati mimi njoo
alinikuta mukazi. »
Kwa upande wake Trésor Makunya Muhindo kuteuliwa
Professa kwenye inchi ya Diarici (DRC) ni ndoto inayo ngeuka kuwa kweli :
« Nasikiya kurizika kwa sababu nimitimiza imoja yapo ya ndoto zangu muhimu
zaidi nanilipoanza masomo yangu ya chuo kikuuu hapa Uvira, walimu wote walitoka
sehemu zingine zaidi ya Uvira, na ulikuwa nafika kipindi ambacho mtu anafanya
wiki mbili, tatu amusomi sababu hakuna walimu ambawo wanakuja. Na kiukweli
38
|
kulikuwa professa ambao walikuwa wa professa ambao wamekuwa
wamezaliwa apa Uvira na wamesomeya fasi nyingine ila wengi wao hawakukuwa
wanarudi kufundisha wanafunzi ».
Katika ushuhuda wake, Franck Malilo anataja kwamba kiwango
ambacho anafikiya Trésor Makunya siyo kya kubahatisha kwa sababu
Trésor Makunya alitumika nguvu sana iliafikiye pale ambako anapokuwa kwa
sasa. Tusikiye hapa mfano ambao anatutatijiya apa Franck Malilo : « Kwanza
inanichekesha kwa sababu na kumbuka wakati fulani Trésor alifikiya
kuuzisha pétrole, aliuzisha petrol, kunywa ayo. C'était
Trésor Makunya, alors ile inanifurahisha kuona kwenye anafikiya na kuona
kwenye anatoka, donc ce n'est pas un fait du hasard. Leo Trésor
akikuambiya vile kama aliuzishaka petrole, aliuzishaka majojo mu stade de
l'unité, ayo hiyo jojo ayo iyo bonbons na hana franka zakulipa billet
aingiye mu stade, anapenda adevier, saa anapenda adévier polici
anamupiga fimbo jojo zinaanguka, alors c'était des défits bien
évidemment zenye, nikazi lakini leo ninafurahi kuona Trésor
Makunya anawezakuwa déjà professeur associé na mwenye
anasaidiya iyi inchi [...]
Tume huru ya uchanguzi yaani CENI itaanza augausti tariki
mbili operesheni ya utowaji wa kadi rudufu za kadi za wapiga kura katika tarifa
yake kwa vyombo vya habari, ilichapishwa juma inne julayi ishirini na tano CENI
inaonesha kuwa operesheni hiyi inawahusu wapiga kura ambao wamepoteza kadi zao,
pamoya na waliyo na kadi za wapiga kura ambazo maandishi imefutwa kwa siku
kazaa kwa sababu utowaji wa nakala ni bure alakini kulingana na CENI kuligana
na utaratibu uliyowekwa kwa kusudi hili kwa mupiga kura ambaye amepoteza kadi
yake ya mupiga kura, ni lazima hasara hii izibitishwe na offisa wa polici wa
mahakama ya kumupa ripoti ya mupiga kura kisha anajiwakilisha kwa Antenne ya
Ceni ndani ya mamulaka ya kituo chake cha usajili na ripoti hiyo, kwa hiyo
anaitwa kwa kujaza nakala ya form (fomu) ya ombi ikiwa mufumu wa tawi ya ceni
ao mujumbe wake atazibishwa kuhakikisha kwamba alijijisajiliwa katika mmoja
wapo wa vituo vya usajili vilivyo chini ya mmalaka ya tawi hilo. Kadi isiyoweza
kusomeka kuisiyana na wapiga kura ambao maandishi yao kwenye kadi yamefutwa
nayo hayasomeki wanaomba kuripoti kwenye matawi ya ceni ndani ya mamulaka ya
kituo cha uandishijazi wakiwa na kadi yenye kasoro ilikupewa kadi ya usajili.
Ceni inakarabisha huduma za uma na za kibnafsi ambazo zina kadi za wapiga kura
ambazo zimeshauliwa ao kutekelezwa wa miliki wao [...] kwa tarifa hiyi ya ceni
ndio tunaweka nukta kwa tarifa hii. Aksanti kwa kututega sikio.
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B.
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DEBATS POLITIQUES
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1.
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BARAZA DU PEUPLE DU 23-07-2023
[...] Leo tuko nanyi katika kipindi [...] tutazungumuziya hali
ambayo inaleta chaga moto ama vuta ni ku vute katika siasa ya congo kuhusu kifo
kya bwana Cherubin Okende ambaye ni mnenaji ama bwana mtu wa karibu wa bwana
Moise Katumbi [...] tumekuya naye Maître Assumani Kangeta wa Ensemble
pour la République, tumekuwa na coordo na nouvelle société
civile , Bwana Mafikiri Mashingo mbaye tunasema karibu kama Mratibu mupya wa
shirika jipya hilo la kirahiya [...] Baazi ya wa ligaliste wengi wanakuwa kando
ya radio zao [...] ligala Lamuka ambayo inakuwa mu avenue de
l'authenticité, ligala Limete ikiwa route mwami, ligala Quarante-cinq
minutes uko kigongo [...] ligala Rond Point Kamvimvira ambao wanatutega sikio
wakati huu [...] katika wiki iliyopita kumetokeya mafa ambayo yaweza kuleta
vuta ni kuvute katika wana siasa wa Diharici Congo, huku ikiwa ni kifo cha
mwanamemba wa
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39
Ensemble pour la République yeye akiwa mukon wa kuume,
mnenaji wa mungombeya kwa gazi ya uraisi, Moise Katumbi Chapwe [...], lakini
basi tumusikilize Maître Assumani Kangeta [...]
Asante bwana Mutangazaji, kwanza nitaenda kupana pole kwa
wanamemba wote wa Ensemble pour la République kwa yote ilitokeya kwa
Moise Katumbi kwa upekee na Ladisi Djuma Matonda kwa sababu Cherubin alikuwa
mtu wake wakaribu zaidi nitapana pole pia kwa dada yangu Eulalie Kangeta na kwa
beaufré yangu Konga kwa mupoteza mtoto, pia na kwa Kisanola [...] ni
mungu anapana na ni mungu anabeba [...] kwas asa kunakuwa ingine ligala banaita
G7 pale Kabindula, kwa saizi wanakufata ikiongozewa na bwana Lolo Simitondo.
Donc kwa saizi wanakufata kwa makini. [...] Sisi tuko muhali ya uzuni na kilio
kubwa kwa sababu, ni mambo ya kuhuzunisha zaidi sijuwi kama kuna mtu yeyote ule
ambaye ataeza akafurahiya kifo kya mwengine et surtout que aliyekufa aiko tuu
porte parole wa ensemble pour la République mais plus tôt un
député national na député national
anareprésenter njoo nation. Donc ni uzuni kwetu sisi wote sauf kwa wale
ambao wana roho za kutu ambao wanaona wanatakaa shidwa wanaanza maliza maliza
wamoya.
Asante sana kwa Maître Assumani Kangeta kwa kuwa trop
bref kabisa [...] siyo kusema tuu bwana Cherubin Okende alikuwa porte-parole wa
Ensemble pour la République mais pia ni mwaakilishi wa raiya kwani yeye
alikuwa député national. Bwana Mafikiri jambo kwanza [...] Ninyi
kama raiya munakuwa na usomi gani par rapport ya kifo cha uyu ambaye [...]
Nashukuru mzee par rapport na swali [...] acha nisalimiye
Assumani Kangeta que je respecte en passant [...] najuwa que ni watu wengi
Uvira ville kama territoire. Na par rapport na swali bwana muhariri nikusema
kwamba mambo ilifika [...] ni maisha ya mtu yenye ilipoteya même si leo
ukiangaliya leo watu wako nakamata avec legereté mais nikukuwa na
comprendre que ni maisha ya mtu njoo tuko nasema. Na wakati Cherubin alikufa
quand même nawaza kama sisi shirika la kirahiya, iliuma sana, même,
kama mtu wa vile avec personnalité yenye alikuwa nayo, na le matin vous
vous reveiller le matin eti fulani alikufa [...] et que nous comme shirika la
kirahiya tulidéplorer sana ile situation natuwezi pendeleya biendeleye
vile parce que pako watu wana shimama juu ya kuteteya iyi inchi na le matin
kuwa na shimama eti mtu fulani alikufa, inauma zaidi sana [...] ile hali ileta
boga même mu République Démocratique du Congo kusema est-ce
que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na wa saidiye iyi mugini, kwangu
donc, bref nikusema kwamba ile habari saa ilifika ya kifo cha ancien ministre
wa transport Okende kukufa sisi comme Shirika la Kirahiya tulicondamner sana
tena sana parce que quand même alikuwa parmi les grandes
personnalités wa iyi congo[...] Donc voilà de manière bref
par rapport na regret tuliona kifo cha ancien ministre wa transport.
Asante acha tupane namba[...] unaweza ku réagir [...]
ni 0997132065 (zero neuf neuf septante et un trois-cent vingt soixante cinq)
[...] kwa kweli tunadéplorer kabisa absence ya chama cha Udps kwani
[...] tulipatana kama sujet tuna irenvoyer ku journée ya leo [...] pi
tumewaandikiya message ya kuweza kuwa kumbusha kama sujet iko maintenu, na wao
kama invité wa chama tawala, lakini mupaka sasa wakilishi wa chama icho
cha UDPS alors que ni dakika kumi na inne [...] na mupaka sasa hawajafika [...]
Quatorze minutes [...] hajawasili [...] Merci kwa iyi ligala G7 ambayo inakuwa
apa Kabindula, félicitation kwa raiya ya Uvira ambao wanaendeleya ku
créer ma ligala pour l'émission Barza du peuple ni zero neuf neuf
treize deux cent et six cinq (0997132065) [...]Alionesha uzuni yake kwa kifo
cha Cherubin Okende na yeye ku qualifier kuwa ni assassinat politique.
Est-ce que vraiment [...] ni kwa alama ngani ambao munaweza
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40
kusema kwamba ni assassinant politique ama ilikuwa ni juu ya
ile tu emotion ambayo alikuwa nayo baada ya kuona ule mnenaji wake kufariki
hivyo ?
Asante Bwana mutangazaji nitakuambiya kama Moise Katumbi n'a
jamais eu d'émotion. Hayakuwaka na maémotions. Donc il est
toujours raisonable ku byote benye anasema na maneno yote anakuwaka anaitiya
nafasi inastahili. Et donc Moise Katumbi comme [...] wakati walisikiya ule
utata, kifo ya honorable Cherubin ili zusha ma swali mengi na kuleta sisi kwa
Ensemble pour la République tulikamata décision fulani na njoo
kwa maana tulisema kama iko crime d'état. Et donc ile yenye walifanya ni
assassinat kwanza kwa sababu tutakuya kuirudiliya. Nini tunaita assassinat ?
[...] mimi kama juriste. Tunaanza wakati Moise Katumbi anapata sollicitation
comme une personnalité aingiye mu union sacrée juu ya kusaidiya
inchi[...] wezetu ambao tulizani kama wataelewa, ku mwisho hawakuelewa[...]
Moise Katumbi Chapwe na directoire national ya Ensemble pour la
République ilidéicider kusema tutoke mu union sacrée na
pale tukapana opportunité mwenye anajisikiya kuendeleya kutumika na
Feliz mwa iyi gouvernement ya Sama Lukonde ataweza kurudiya na akiwa membre ya
Ensemble pour la République [...]Donc anaifanya individuel [...]
Christian Mwando alitoka na wengine walitoka na souci ya kusaidiya raiya, siku
kidogo tukasikiya de père et de mère, loi de père et de
mère ikaanguka kwa sababu walitafuta wa mudestabiliser Moise
Katumbi[...] na kwa leo ile tulikuwaka tukiimba. Tukingaliki watoto ebo na ile
na ma campagne yao [...] ile loi de père et de mère haikuongelewa
ata [...] Tuliona apa [...] mu mwezi wa tano Moise Katumbi ana prévoir
kuenda kuikala mu Kinshasa pendant trois mois comme tout congolais, blocage
zikaanza paka saa anatafuta a voyager Kikwit banamukataliya asifike Kikwit
comme [...] ni congolais mwenye asitahili kuzunguruka mu inchi aende Congo
Central bana mukataliya et puis le 20 mai baka proclamer vraiment etat
dictatorial sanguinaire kwa ku empêcher Salomon arbitrairement na
kusambalisha watu wasifanye manifestation pacifique. Iyo ni ma indice, wakati
waliona kama Salomon anakamatika mbele ya watu akuna gisi wamutendeye kinyama
ikabidi waende utiliser wa Demiap, na ma service zingine mais ile tukasema
tutaifatiliya kama kawaida alakini neno iliyotoka mule wanasema bwana Salomon
alikuwa anataka ba remplacer Président mwenye iko watiye mtu wa Katanga.
Et que walikutana mumatéléphones zake ma numéro za M23,
anaongeyaka na Rwanda tout ça. [...] pendant que ma enquête ziko
en cours, le Président de la République akajidéplacer
alifika faismoya akasema ya kwamba yeyote ule atapatikana mwa ile mambo wala
atasikilika mwa ile mambo ya M23 wasimuulize de droit de l'homme[...] sijuwi
kama munanielewa kwa hiyo niveau unasentir kama banatafuta kuvalisha Ensemble
pour la République dowa ya M23 et pourtant benye banaongeyaka na M23
biko, benye bali baloger mu 2019 à Kinshasa biko na kula ku Fleuve Congo
ku Mmeling ku hotel za nguvu, kuma frais zabo[...] mais pardon nifikiye pale,
alors Cherubin, ministre ana démissionner, alors crime d'etat inatokeya
wapi, alikuwa naitwa na Parquet Près Cour Constitutionnelle[...]
inamwuita aende afike a répondre ajibiye nini apana aliuwa apana,
aliiba, ama nini, akuye a déclarer bavérifier mali yenye alikuwa
nayo yenye aliwezaka déclarer avant akuwe ministre, alors mwa ile
circonstance tutakumbuka kama mu Congo akingali ministre wa kwanza depuis Congo
inakuwa mwenye anakuwa interpeller après ku déclarer avant mandat
mali yake [...] ama mandat fulani yenye ilikuwa lancer kusema waitishe mtu
fulani na mwa ile circonstance njoo alikamatika escorte wake anaingiya ku
déposer lettre juu ya kulomba repos, banakuya banaingiya, banatiya
arme, bana forcer mupaka kwenye balienda
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41
muuwa... wapi ?Devant la cours constitutionnelle na haute
instance za République zenye ziko hypersécurisé et donc
mtu kuko ma caméras mais zile caméras zote azikufonctionner ile
siku, kuko bapoliciers benye banachugaka pale, kwa ile moment abakukuwa donc
est-ce que vous pouvez comprendre ça ? Leo ukifika ku parquet utakutana
watu banayala pale mais ile siku sa Cherubin anafika on a évacué
tout le monde. C'est un crime d'état. Assassinat parce que
baliiplanifier très bien bamuite afike bamuenlever kisha baende
bamuachever.
Voilà iyo ni maoni ya bwana Assumani [...] yeye anasema
iko aibu sana kuona député anauwawa [...] yeye kwa upande wake
anasema avant Kabila égale pire, après Kabila, raiya iangaliye
nani anastahili kuchanguliwa. Serikali intenda ivyo kwa kuogopesha opposition
[...]
Yeye anasema hivi mambo hayo yanatokeya sana mu inchi yetu
sababu notre pays n'est pas informatisé [...]
Bwana coordo Mafikiri [...] Assumani a analyser ma faits
zimoya ambao wao wanaonesha kama ilikuwa assassinat politique [...] Est-ce que
serikali inaweza uwa député sababu alidémissionner tu mu
union sacrée ? [...]Est-ce que munaweza ku kubali kama inaweza kuwa
assassinat politique, ama baa aventurier bamoya ivi benye baliviser tu ule
mtetezi wetu ?
Miye nawaza kama que tunapashwa tukuwe sérieux kama
tuko na débattre vraiment de situations purement politique mais aussi
ziko sensible kwa sababu kifo cha Cherubin ni kitu kenye kiliumiza kila mtu na
sisi kama shirika la kirahiya tunaendeleya ku déplorer [...] il faut ku
reconnaître vraiment na appuyer wazo ya kaka Maître Kangeta kwamba
il y a eu déjà tension entre le pouvoir en place avec mainant
l'ensemble, avec Moise Katumbi par rapport na gestion ya inchi, par rapport na
mawazo tofauti [...] mambo ilikufa ni conséquence ya tension entre les
deux partis. Na Cherubin quant même hali yenye alikufa ndani ce n'est pas
une affaire de bandits c'est quelque chose si vous analyser utacomprendre qu'il
y a eu une organisation bien planifiée kwa juu ya kujuwa ngisi
batamueliminer na sisi comme shirika la kirahiya nawaza kwamba à notre
niveau tunaendeleya kulomba à ce que pakuwe ma enquêtes
sérieuses bien sûr Katumbi analomba que pakuwe ma enquêtes
na des experts internationaux na mener ma enquêtes que pakuwe des
enquêteurs indépendants pour que bajuwe réellement nini
comment ngisi alikufa [...] wazo muzuri na isi kawiye malheureusement pako
shida, le pouvoir en place question ya maisha ya batu bako banaikamata avec ma
legereté et pourtant la constitution iko claire, la vie ya mtu, la vie
humaine est sacrée mais ukiangiliya façon même pouvoir kisi
inakamata maisha ya mtu, inakamata maisha ya mtu avec négligence na
inatuma chaque fois les enquêtes ingelifanyika de manière
sérieuse kwa juu itupe ma résultat muzuri haiko inafanyika. Donc
pour moi nawaza kwamba pourque quand même batu bakuwe soulager par
rapport na bitu bilifika par rapport na ministre, par rapport na wengine,
nawaza des enquêtes sérieuses inaweza tusaidiya tujuwe ngisi ya
kufanya natukamate position parce que ukiangaliya il faut que pakuwe
maenquêtes pour que bajuwe alikufa mu circonstances gani. Deuxième
élément alikufa à quelle heure, troisième
élement, il faut que quand même bafanye kitu ba déterminer
qui est nani alipiga na kujuwa benye baliweza participer par rapport na ile
assassinat. Donc pour nous comme shirika la kirahiya [...] le gouvernement
anapashwa akuuwe tellement sérieux dans cette affaire parce que tuko
naogopa ile tension itaendeleya entre le parti de Moise Katumbi de
l'Ensemble et avec le gouvernement inaweza tuma inaleta bingine na
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42
haitakuwa intérêt ya ba congomani bote[...] Pour
nous tunaproposer [...] pour éclairer ce dossier [...] vraiment des
enquêtes sérieuses inaweza tusaidiya kwa hiyo.
Jacques [...] mu avenue Fizi anasema hivi [...] hiyo ni
banditisme politique [...]
Mimi ni le Mwalimu Néhémie La Penzi paa
Kamvimvira tunafata vizuri upande wetu ni kwamba salle de classe yenye haina
chef de classe wakufaa kila bêtise awe désordre inafanyika mu
classe, habieleweki Cherubin kuuwawa mu macho ya serikali le congolais tuone
mbali inchi iko pabaya tukuwe na maturité ya kufaa muma elections.
Asante [...] siye kwetu mu droit banasema kama mu cours ya
criminologie, les criminels reviennent toujours sur le lieu de crime [...]
Katika asili yetu juu niko hybride kama vile unajuwa. Munazoweya kusema kama
mulozi njoo anakuwaka wa kwanza kukuya kuliya mu nyumba. [...] anakuja juu aji
assurer est-ce que Kabisa Sumialo alikufa [...] na yeye njoo anakuwaka na
machozi ya mingi [...] benye banakamatika, chauffeur wake uko aux arrêts,
policiers mwenye anamuchungaka iko aux arrêts na arme yake vile. Unaona
déjà kama ni ba proche. Mtu wa kwanza mwenye alifanya sortie
médiatique kusema kwamba Moise Katumbi njoo alimuuwa haiko
inquiéter et pourtant ule mwenye ashapata indice kama ni fulani njoo
aliuwa angepashwa kwanza kuwa pour raison d'enquête [...]de deux mule mu
Kinshasa quand un député passe wa taille ya Cherubin ni foule
mais unajiimaginer comment batu yote balidisparaître comme dans un film
yenye iko informatisé bakaeffacer batu yote kulimoya pourque Cherubin
ajikutane iko yepeke. Ça ne peut pas passer. Habisikiliki. Donc pour
nous, le gouvernement tulishukuru kwakupatiya ile pole mais tuko na
déclarer kukuwe maenquêtes yenye itakuwa approfondies [...]
unakutana déjà procureur général yepeke anaanza
sema non non c'est prouver que balle yenye ilimupata Cherubin ilitoka mu arme
ya escorte wake. Unajiimaginer kwenye escorte wa mtu kwenye ataacha arme ku
cours constitutionnelle, cela veux dire surveillance iko ya nguvu. Est-ce que
vous comprenez ile aspect ? Escorte wa député anaacha arme juu
aende apeleke document à l'intérieur parce que à
l'intérieur hautapit na ile arme. Sasa ile sécurité
ilikuwa tu ndani ikakosa kuwa inje ? Et quand le véhicule iliwaka,
personne hakukuwa ku mulango, ata garde ata nani wakusema miye niko apa
wakuangaliya, est-ce que ile ma véhicule za ba kubwa zenye zinakuyaka ku
parquet pale, hakuna mtu wakuzichunga juu ya kujuwa uyu banabeba ama apana.
Non, il y a un coup monté. C'était très bien
planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye
atasoupçonner. D'ailleurs je presume que ce jour-là Cherubin
alikuwa yepeke mwenye alikuwa invite mwaile saa pourque basikutanane na
mwengine. En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation et donc siye
kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves parce que eyo
njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise alirassurer si il faudrait que
FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya
bale ba tueur à gages baonekane, il est prêt pour donner de
l'argent kupana franga ju bale bakuye.
[...] D'ailleurs inatupatiya nguvu[...] haiko Gumino tout
comme haiko ba Bishambuke [...] Mwaakilishi wa udps hawezi kufika kwa sababu
kwa iyi sujet abana la kusema [...]habari zenye aziko verifier zinasema kama
bako Bukavu lakini wangetuandikiya kutueleza kwamba wako Bukavu. Kila Kifo yote
[...] Umu Congo gouvernement njoo iko responsable [...]
Kuko wakati moya nilivivre scène ya ndugu yangu [...]
kufatana ngisi horable Cherubin aliuwawa [...] est-ce que aiwezi kuwa garde
alikuwa un peu distrait na aliacha canon au seve ya bunduki iko ouvert kisha
akaenda na mwisho labda mukubwa alitaka kuigusa
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kisha ikamuuwa [...] kama wanasema gouvernement, alama ngani
nyinyi kama raiya munaweza kusema [...] kwa nini aliuwawa kisiasa ?
Sisi shirika la kirahiya hatuya sema kama aliuwawa kisiasa kwa
sababu tuko na ngoya enquête i prouver [...] il faut comprendre
politiquement batu ya Ensemble banaweza tenir discours kufatana [...] sis kama
shirika la kirahiya tunajuwa d'abord action ya kuuwa Cherubin ilikuwa bien
planifier et que les enquêtes itatuambiya mengi zaidi. Mais aussi
nilikuwa nataka watu wote wa Uvira mwenye iko natafuta a comprendre kwa sababu
niko nawaza Uvira ama mu Congo bako nataka bavalishe batu bazoweye maisha ya
matatizo or c'est ce qui est inconcevable. Raiya inapashwa kuelewa kwamba kila
kifo kwanza na heureusement Maître alishaisema même si ulimukata,
kila kifo ikifika mu Congo kyakuuwa mtu, il faut kujuwa que le gouvernement iko
responsable kwa sababu iko na mandat ya kuprotéger maisha ya kila mtu et
que miye niko na sema kwamba est-ce que sisi raiya tuko na ile capacité
ya kuelewa kwamba serikali mambo iko nafanya iko aussi inacontribuer ku kifo
kyetu. Comment expliquer [...] une autorité pareille, simple
déplacement yake et que le matin tunakuya kutana kama mtu anakufa. Donc
c'est inconcevable. Il faut que batu baelewe kwamba haiko njoo benye mtu
angelimeriter bile. [...] Au contraire serikali iko pale kwa juu ya ku
protéger maisha yetu à tous les moyens. Parce que je prends un
exemple [...] niko naangaliya que mara mingi mambo iko nafikiya batu mu Congo
même kufikiliya kufa, iko na kamatiwa avec legereté [...]
Recemment juzi [...] mais il faut voire est -ce palikuwa déclaration de
la part du gouvernement ku honorer même bale batu benye balituacha ?
Unacomprendre que la vie politique, politique yenye iko mu inchi aipermettre
aimupe mtu utu avec valeur parce que c'est normal, na njoo benye biko na tokeya
[...] ile kusema kwamba non, ilifika, Cherubin aljiiuwa ye peke peut-être
izi exemple ulipana, apana. Ukiangaliya ngisi Cherubin alikufa Allez-y
comprendre ata mtoto wa chini wakimuonesha maimages avec ce qui s'est
passé basi atakuambiya kwamba Ça étéit une
organisation ya kabambi pourque ba éliminer ile maisha ya ule mtu. Pour
terminer sis Shirika la Kirahiya, la situation yenye ilifika pour Cherubin
c'est déplorable [...] et que moi je crois, nawaza kwamba même
watu wako mumajorité mu Union Sacrée aiko ba prendre zamiri, aiko
ile hali yenye tunawezaendeleya emo, aiko kwa juu ya poste fulani njoo unaweza
sema non, il n'y a rien mais il faut comprendre aiko maisha, aiko hali yenye
batu banaweza kufwa emo mu vintgième siècle.
Voilà, [...] anasema pole kwa Ensemble état de
droit haifanye kazi yake njoo maana mualikwa watakoma mu 2023 na watapata
carton rouge.
Watu wa Udps waache yasho juu byote binawashinda,
économie, tribalisme, [...] Cherubin Okende walimutumainiya wakati
alikuwa ministre wa transport na communication [...] Mupaka iyi saa vraiment
kuko quand même hali ya sitofahamu [...] Famille ya Cherubin ili
déposer plainte contre un inconnu [...] kinyume ya casquette yenye uko
nayo ya Ensemble pour la République, ninyi kama wa juriste, ile plainte
contre un inconnu inamaana ngani na kwa nini ile famille ilifanya plainte
contre un inconnu ? Est-ce que iliogopa kujiplaindre contre le gouvernement ou
contre Moise Katumbi ?
Mimi bwana Mutangazaji, ya kwanza nitasema ile question ya
arme inawezakana ikuwe honorable, le porte-parole wa Ensemble pour la
République aiikamata na njoo lisasi ikatoka iyo hypothèse haiwezi
kuwa. Ba garde bote banajuwa quand est-ce que banaweza tiya balle mu chambre
sur ordre de qui banajuwa, il y a de consigne, sawa ule
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rafiki yako vile en tout cas alikuwa naenda pour violation de
consigne parce que hawezi de n'importe quelle manière donc, manque ya
vigiligance na prévoyance ilikuwa namukamata parce que haiwezi pita
inaperçu. Bwana mutangazaji, eh una ona kusema kama kuna giza tafauti
ama nini apana bwana mutangazaji. Unasema plainte contre inconnu, oui, plainte
contre l'inconnu, parce que la famille paka saizi famille yake haiya juwa
réellement nani aliiuwa nani anapashwa onesha kama fulani anauwa ? Ni
serikali njoo aliuwa na kwaku sema anatuleteya uyu na anatuleteya
maélément ya preuve na zile zenye zita tuconvaincre. Nakumbusha
kama ni apa ku studio njoo nilioneshaka kwamba wakati bwana le feu Etienne
alikuwa na Mobutu balikuwa na ile ma pratique ya kumaliza ba opposant nilisema
apa kwa iyi plateau wakati tuko nazungumuza na njoo ile maabattoir ya Bakwanga
ngisi Père Mulele alikuwa eliminer tout ça. Ilikuwa mwa ile
règne et ici nous nous disons hatupointer fulani tunasema gouvernement i
diligenter pour que ipate le véritable criminel. Pourquoi siye tunasema
gouvernement ? Parce que constitutionnellement eyo njoo iko garant ya
sécurité ya kila mtu. Nitakuambiya ya kwamba wakati Katongo na
Kigongo kulikuwa majeshi walikuwa wanauzi ilinibidi pka ni ka kamata
téléphone. J'ai appelé le ministre de l'intérieur.
Nilimuita ministre wa intérieur nikamuambiya ça ne va pas. Basi
juu ya nini miye sikusema ministre Moise Katumbi. Non nilimuita Ministre wa
intérieur pour que a intervenir juu haiwezi wezekana bile biendeleye et
donc kama plainte iko contre inconnu c'est-à-dire banapatiya gouvenement
toute indépendance, kwa uhuru wote gouvernement fanya maenquête
zenye zitakuwa fondé utupatiye ule mwenye aliuwa. Imaginez kama banaanza
uwa mu kinshasa un député, miye nyamu nyamu batanifanya aye ?
Sibatani kula kula sawa kauzu ya Uvira ? Utaniambiya apa Mafikiri sasa yeye
atakuwa nini ? Un député, un ex ministre ya transport [...]
autant de bus. Na elewa kama kuko batu benye ukitumika nabo unafanya bya mubaya
au bya muzuri, hali yao niku kuangamiza tuu. [...]
Asante [...] parce que vraiment naona kama Ensemble pour la
République iko mu logique ngisi sheria inasema, yaani inaacha
indépendance kwa gouvernement congolais. Gouvernement congolais
ibaleteye mtu mwenye aliendesha mauwaji hayo. [...] ukifata leo ngisi bako
nataka organiser maenquête kuko tena vuta ni kuvute hawa banapenda hawa
wawe mubaenquêteur, mwengine ba fulani basikuye [...] Tunaweza kuwa na
matumaini ya maenquête yenye iko crédible ?
Miye nawaza kwamba ce sont des oppositions politiques [...]
camp ya Ensemble ina proposer que kama patakuwa ma enquête ba ingize ba
experts internationaux, benye batafanya ma enquête de manière
indépendante même si gouvernement inasema que il faut nabo
baparticiper, miye nawaza kwamba ce qui est important ni ma résultat
batapata lors des enquêtes [...] tatizo yenye iko mu ma pays plus ya
Africa, wanaenda na mawazo ya Nicolas Machiaval mwenye il faut kufanya tout
moyen pour conserver pouvoir na njoo inatuleta mwa iyo mambo yote. Na kwangu
miye nawaza kwamba pour l'intérêt [...] ya kuheshimiya si vous
voulez bien kifo ya mwenye alituacha Honorable Cherubin miye nawaza kama les
deux partis banaweza jimettre ensemble bapate consensus na kujuwa ba
enquêteur gani batakuwa. Na mimi comme Shirika jipya la kirahiya nawaza
kwamba si le gouvernement anaweza fikiliya kusikiya d'une parti ya Ensemble par
rapport na presence ya ba experts internationaux par rapport ya ces
enquêtes [...] je ne vois pas un inconvénient. Tuko na besoin que
résultat tupate zikuwe za muzuri pour que quand même population
ijuwe kweli itakuwa wapi. [...] Bien sûr niko d'accord na weye
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2.
45
kama abasikilizane par rapport ya ba enquêteurs bien
sûr haitatowa matunda mazuri même si resultats zinaweza toka
panaweza toka tena fuyo or aita profiter kwa sisi raiya njoo maana sisi kama
shirika la kirahiya tuko na lomba bajimettre ensemble bapate consensus par
rapport ya ba enquêteurs batafanya maétudes kwa juu ya iyo
shida.
Gouvernement yetu inaonekana kutokulinda raiya comment tout un
député anaweza kuuwawa ? Gouvernement inakuwa ya ba criminels,
[...]
[...] gouvernement njoo iko à la base kwa kifo hiyo
[...]
Nafikiri utawala unaanza ku intimidé opposition kwa
kuanza kuuwa wenzake [...] Usidéfendre gouvernement. Yee uyo garde wake
haligonja siku chef wake ataenda samba njo akaacha cano ya arme yake iwe wazi
?
Ule mwenye akiacha vile, [...] kuko imprudence kama ataonekana
ata kuwa sanctionné. [...] Tutasema [...] kama Ensemble iko inalomba
kukuwe ingine expertise ya wengine kwa sababu Ensemble nayo iko victime.
Musisahu ya kwamba Cherubin Okende alikuwa porte voix wa Ensemble pour la
République. Donc kama dossier inakuwa nayo vile vile itajiconstituer
parti civile kama vile famille ya Cherubin na muma enquêtes, mu
procédure c'est tout à fait normal mu procédure
pénale ou civile que mtu mwenye anajisentir leser na iko sûr na
résultat zenye enquêteur fulani ataweza pana alombe kukuwe contre
expertise yenye itapana ma conclusion zenye ziko sawa. Kwa mwisho ninaenda
kuambiya watu wa Ensemble pole sana [...] musidanganyike na mambo ase kutakuwa
nomination, hakuna nomination iyi turu ngisi echec ilitokeya ku loi de
père et de mère na ivo ivo kumaelections itakuwa. Kumbe inatubidi
sisi wote kwa ku honorer mémoire, kwakuheshimisha mémoire ya hawa
wote wanauwawa kwa ajili ya inchi yetu na uongozi bora tujuwe ngisi tutajipanga
sisi sote tukuwe nyuma ya Moise Katumbi na tunaambiya watu ambao wanafanya vile
vitendo hatuwaogopi. Na tuko tayari kwa yote [...] Tukutanane mu
décembre 2023.
[...] Serikali anapashwa heshimiya maisha ya kila mtu kwa
sababu constitutionnellement maisha ya mtu iko sacrée. Il faut vraiment
kuiprotéger.
BARAZA DU PEUPLE DU 30-07-2023
[...] Kuanjisha kipindi hiki cha Barza du
Peuple nikijuwa ya kwamba na mwalika amabaye [...] waalikwa wa
moja waaza kusisiya kuwa kwenye microphone (maikrphonne) [...] Muratibu
Mashimango [...] aliona vema aendeshe kitendo cha kwanza yaani première
action yake [...] ni lengo gani limekupelekeya ku poser iyo première
action kabisa ? [...]
« Nashukuru muhariri par rapport na swali,
[...] acha tu profiter kusalimiya watu wote [...]
watu wengi walijjiuliza comment juste tunakamata madaraka [...] tulienda
fikiliya ku créer ku déclarer ville morte [...] watu walikuwa
wakiliya sana par rapport na barabara [...] atunge acha watu waliye et pourtant
que watu wako pale na il faut kufanya kazi kwa malengo ya raiya [...] na njoo
maana après kuliya sana tulifikiliya à ce que vraiment tufanye
ville morte pour que batu ba comprendre kwamba serikali iyielewe kwamba batu
bashachoka [...] tulingiya mbio mbio kufikiliya ville morte [...] mais
na taka kukuambiya kama njoo ilikuwa njia ya mbio mbio [...] [Mafikiri
Mashimango]
Bwana Mafikiri anaonesha kwamba waliitisha ville morte
ilikwamba watoe wapaze sauti [...]
Tumemupokeya munenaji wa chama cha UDPS, Maître
jambo kwanza [...] est -ce que ilikuwa moment opportun yakuweza ku
décréter journée ville morte ?
46
[...] Nasalimu wa co-débatteurs, codébatteur
mmoja tuu na ni Bwana Mafikiri Président wa mpya wa Nouvellle
société civile [...] sisi kuhusu iyo swali ya ville morte
ilifanyika tariki ya siku ya pili yaiyi i,ga inamalizika [...] siye kama chama
tawala hatuoni umuhimu wa iyo ville morte par ce que wanasema walifanya ile
ville morte kuhusu mambo ya barabara [...] tunafanya na sisi plaidoyer [...]
tunaenda mwaiyo délégation pale Bukavu kuenda kuona Excellence
Alexis Gisaro, ministre wa infrastructures [...] tulizungumza parce que
amepokeya tuu chama, na tukazungumuza kuhusu tena mambo ya barabara na haiko
tuu iyi yetu apa Route Nationale numero 5. Amefanya lancement Nyatende mupaka
Kamanyola [...] atakuya apa Uvira kuja ku lancer ya frontière mupaka
Kivovo [...] Wenzetu wa société civile nini ime wa piquer [...]
mais wanafanya ville morte [...] akugusa Uvira or sisi tumeongeya mambo ingine
na Excellence kuhusu mambo ya barabara ya Uvira -Kivovo [...] Alipana ma
instruction mingi sana [...] wenzetu waache kuwa na bloquer watu vile haiko
muzuri sis wote tuko na souci [...] na haiko tuu mupaka Sud-Kivu au ville ya
Uvira ao territoire ya Uvira fasi nyingi saana il faut bara bara zijengwe [...]
ilewakatati uko unadanganya raiya, unawaingiza muma ville morte,unabloquer watu
sur tous les plans [...] kesho tunakuta bwana Mafikiri politicien kama mimi
hapa [...] wamoya wanakuwa wa candidat [...] ni confusion tuko tunadangagnya
[...]hatukatae watu kufanya plaidoyer [...] munaweza kufanya
marche pacifique, munadéposer mémo à qui de droit, le
maire de la ville, administrateur est là, munadéposer pour
l'intérêt supérieur de la nation na sisi tuna fanya vile
kama plaidoyer sisi watu wa UDPS » (Meître Valentin Hangy)
[...] Maître Chako Changu jambo kwanza, bwana
Maître Chako Changu unajuwa jeunesse miongoni mwa watu wanaoshiriki
barabara na wale wanaotowa malalamiko [...] yaani journée ville morte
[...] ilikuwa wakati kabisa sababu leo tuko katika muchakato wa uchanguzi [...]
ile ville morte iliitishwa kwa wakati wake ?
« Nashukuru kwa swali nzuri na kwatena thématique
ya leo, ninaprésenter ma excuses kufika nyuma [...] nasalimu xa
codébatteurn ndugu yetu Mâitre Valentin Hangi communicateur wa
UDPS [...] na coordinateur Provincial natumuambiye karibu na akaribiye kwa iyo
cheo haiko cheo ya mchezo. Ni kweli mutangazaji utaelewa kwamba ba jeunes bako
mu chomage, nani chomage amabayo iko déguisé nani ambayo
inafichikiwa. Bajeunes njoo ba bajajiste, njoo ba motards, nikuambiye kama mu
barabara muko à peine trois mille bajajes kama ni moto ziko plus ya deux
mille, bahati mubaya ni juu hatuna statistique, tungekuleteya nayo hapa juu
uisome. Na bale ba jeunes banalamuka [...] quatre heures, balisha ingiya mu
barabara na bengine banajipiga, mule muko ba victimes inabidi uangaliye maisha
yenye banapitiya emo njoo uelewe kama inabidi wa pewe pole. Na balebale ba
jeunes ama sisi tena raiya njo tuko tena ba victimes, ba mingi bana avorter mwa
iyi barabara bengine bako na problèmes mingi du toujours na état
ya barabara. Etat Ya barabara iharibike, ni kweli kwamba est- ce que ville
morte ilikuwa opportune ? [...] ville morte ilikuwa opportune, ndio juu ya
état ya barabara, lakini bangungu yetu ba nouvelle société
civile abaku saisir opportunité, opportunité gani ? kama ministre
amesema kama hatakuya Uvira, kwa nini wasinge mufata Bukavu ? walombe audience
baonane naye ? banamuzungumuziye juu ya barabara. C'était une occasion,
est ce que kupata ticket ya kwenda Kinshasa, bote haiko raisi, sawa
délégation haikukuwa raisi, est ce que habange kosa transport ya
apa sababu ebo njoo banagérer ma agence [...] ange baambiya [...] au
lieu ya ville morte yenye munatayarisha, ivi nisha ba recevoir, programme yangu
[...] programme ya gouvernement ni hiyi, après Nyatende kama ni Uvira
bangeleta habari [...] mais shiye ba jeunes wakati tulisikiya ya kwamba
ministre hatakuya apa Uvira, tukasema, hatuna ma
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moyens, e donc tubakiliye tuu apa. Heureusement
délégation yenye alipokeya ya ba jeunes bamoya, je me reserve
vraiment kutiya qualificatif, benye alipokeya balikuya tuambiya kama ministre
amesema atakuja mwezi wa munane apa Uvira, tukasema [...] c'est une occasion
[...] kil akitu kenye watu wanawezafanya juu ya ku défendr
intérêt général, kile kitu ni kizuri mais kikuwe tuu
kwa wakati unaofaa. [...] njoo maana wakati nilisikiya wenzetu wana sema juu ya
ville morte, miye nikasema au lieu ya ville morte, tungepata basi mtu wa
kutuparuriya barabara en attendant siju yenye watakuya njenga [...] mais ville
morte ilikuwa opportune lakini wali rater opportunité ya kimuona
ministre penye alifikitiya ku province. [...] Tunakumbuka [...] directement
maligala zote, tunaona ma réactions zinatirimuka ila tutakuomba uandike
réactions par rapport na madayenye tuko emo. [...]
Turudiye kwa Bwana Mafikiri [...] siyo kipindi njoo itasema
kama ville morte ili reussir ama haiku réussir [...]
[...] Ninasalimiya Président wa ba jeunes Maître
Chako Changu na Valentin Hangi [...] vraiment que na félicitaka wakati
tunakuwa tunakutanana naye [...] mais nazani par rapport na swali yenye tuko
naongeleya na waza tunaweza kuwa tuko na upendo kwa bitu benye biko na pitikina
inchini Congo [...] kama tulifikiya ku déclarer ville morte avant que ni
répondre ku swali yako ni kuelewe kwamba tulikuwa tumesha epuiser
maétape yote. Etape aye kwamba watu wanajuwa kwamba barabara il faut
itengenezewe. C'est un droit ya peuple congolais ku déclaré
barabara. Nani hajuwe combien de fois pako ma frappes mwa iyi barabara ?
Tulienda Corridor central ilikuya fanya utafiti kwa iyi barababra na
bakapromettre batajenga barabara. Batu balichunga sans suite sogeas Atome
ilikiya ikapima iyi barabara na zingine na zingine sans résultats. Sans
parler de lancements ya pouvoir yenye iliîtaka, et ça ku raiya ya
Uvira ina observaka iyi ma frappes ya kukuya pima ma barabara kusema ma
promesse batajenga barabara wakati tuko mumapériodes
éléctorales. Nawaza tushaenda ona bakubwa tushaka andikiwa pour
la question ya barababra [...] serikali il faut kufanya kazi et cela ça
tuli apprendr que ministre atakuwa Bukavu, comme obligation kufatana na
matatizo aussi ya uvira, Fizi, tulikuwa tuna ji attendre que atakuwa apa.
Malheureusement hakutukumbuka nous, tulifanya ville morte comme un droit pour
un congolais kurevendiquer na ma njia yoye. Nikisema kama tulifika ville morte
ni maétape ya mwisho yenye acteur wa société civile
anafikiriyaka eko. [...] nilikuwa napenda kuambiliya Maître Hangi comme
représentant communicateur wa UDPS, batu bako na besoin ya ma
réalisation za muzuri. Bien sûr alisoulever question batakuwa ba
polititiciens mais peut -être nataka ku éclairicir, ku eclairer
batu Uvir bakuwe banajuwa kwamba kukuwa un acteur wa société
civile haimanishi kama hauwezi kuwa policiticien kesho, c'est tout à
fait normal, ni droit, mais aussi ni kama ngisi président wa bajeunes
iko hapa, usione ya ajabu kesho Chako Changu anapostuler haiamanishi kwamba
tuache kuteteya matatizo ya Uvira kwa juu ya kusema kesho utakuwa
député. Ile haina rapport. Para rapport na question, heureusement
que tuliongeya na Fiston Ngoma, message ilipita après notre ville morte,
Fiston Ngoma akafaire passer message ku radio Okapi kusema kwamba ile ville
morte ilikuwa, s'il voulait bien ku contrecarrer arrivée ya Gisaro, nili
muambiya vraiment c'est grave, heureusement tuko na ubebeleya, natuko na besoin
ba corriger mu site yabo par rapport na ile déclaration. Kwa juu ya nini
sisi comme nouvelle société civile tuliandikiyaka Mairie ya Uvira
kuiambiya kwamba kama tel jour patakuwa ville na itakuwa accompagner na marche
na saa ilifika mardi tulifanya ville morte, arriver à 13h, 14H tulifanya
marche tukaenda déposer notre mémo. Na mémo yetu ilikuwa
clair, tulisema kwamba atuko saiyi question ya Uvira, s'il s'agit kuongeya na
shetani
48
pour que tupate barabara il faut que tuongeye naye. Na nous
comme société civile hatuko société civile ya
makabila, tuko na besoin que ministre akuye apa na akuye tengeneza barabara. Na
barabara kama ministre anakuya tengeneza na peut-être nilitaka ku
éclaircir, barabara kukuya kuitengeneza Uvira aimanishi kama Gisaro,
ministre wa infrastructures njoo anakuya tengeneza barabara, c'est le
gouvernement congolais, franka ya mukongomani njoo inakuya tengeneza barabara
et que nous population ya Uvira, shiye population ya Fizi tuko na droit ya ku
profiter ile barabara. Et là je félicite président Chako
Changu kusema kwamba mbo, vraiment ilikuwa wakati ya muzuri kufanya vile mais
tugelienda au-dela ya kusema kwamba il fallait kupanda Bukavu, mais nawaza kama
la bonne politique, raiya il faut ku comprendre kwamba haifai kila saa kuenda
tunakimbiliya ku ba kubwa kuenda na balomba. Bakubwa banajuwa kwamba raiya iko
pale, il faut bakubwa bakuwe banaona, banakamata ile courage parce que muhariri
kama vraiment ministre alikuwa na besoin ya watu wa Uvira, alikuwa na besoin ya
jeunesse alikuwa na besoin si vous voulez bien ya société civile,
pourquoi yeye à son niveau là na anajuwa kama ataishiya Bukavu
pourquoi hakukamata courage ya kusema non , anatumiya président wa
comité ya jeunesse ya Uvira ?,niko na besoin ya kuonana na ma
société civile, [...] ma lubunga, twende tukuye tuongeye par
rapport na problème , na problème ya Uvira ngisi tuko bloquer
nani niko na bitu ya urgence. Comme miye kwangu niliona que apatakuwa
considération ya kabambi par rapport na Uvira-Fizi, na njo maana ilituma
anabakiliya Bukavu saa unafika déjà Nyangezi, nini
ingeempêcher kufika Uvira kwa juu ya kukuya sikiya matatizo réel
ya batu ya Uvira ?
Aksanti sana, [...] Salumu intervenant wa kwanza anasema [...]
tunachoka na bongo ya wa politiciens congolais. RDC njoo inchi ya kwanza mu
dunia yenye inangoyaka tuu ma propagande mu fin mandat njoo walete ma projet.
Mwenye atatutengenezeya RDC yuko wapi ? [...]
Mwengine [...] Président wa bajeunes ya Mugaja [...]
turudiye kabla hatuyasoma zingine ma messages [...] kamatutafanya analyse za
information ya Okapi [...] ninyi kama parti au pouvoir, est -ce que kwa kweli
munaweza kuwa munahuhakika kwamba ile marche, est -ce que na mweye mulifikiri
kwamba ile marche ilikuwa yaku contrecarrer ministre asifike apa ama ilikuwa ya
barabara ? [...]
Mimi nilikuwa mu délégation iyo [...] sis tuko
na différence kabisa, [...] Francophonie iko inapitikana hapo Kinshasa,
watu wanapata kipelekesi [...] stade ilifunguka sawa za jeux olympiques za
ulaya [...] sis kwa iyo marche ya wezetu, wanasema kwamba walirespecter [...]
il fallait wafanye marche na wakabeba mémo [...] uko na lomba kitu na
contraire yake [...]Tunajuwa kama [...] ni droit ya mukongomani[...] ninani
njoo commandant ? [...] hakupokeya watu wengine apart Udps [...] kwake hataki
mambo ya ma farce [...] parce que banatiya neuf mettres [...] itakuwa bien
rétapé na goudrons [...] Sogeas ilikuya fanya enquête juu
ya barabara. [...] agenda iko nayo, atakuya ku lancé apa Uvira mwezi wa
munane. [...] na sisi tuko na ile souci [...] na zero cinq anapiganisha na
gouvernement yake ya warriors, iyi barabara itaisha [...] itakuwa na mengine ma
motifs [...] ile wakati walifanya ile mambo haikukuwa au moment opportun ya
kufanya vile. Basi wagefanya ata marche wanadéposer mémo,
malalamiko ingelifika [...] wanatuma malalamiko yao inafika kwa à qui de
droit, [...] siye una ona kama ilikuwa ku bloquer waziri wa mambo ya barabara
asiingiye Uvira na ni mtoto wa apa Uvira na ile yote ni ma mauvais comportement
maactes za mubaya sana.
[...] est -ce que hawezi kuwa imani imepunguka ? [...] wajuwe
ivi izi ma promessesazikuanza tuu wakati wa UDPS, zilianza wakati ya PPRD,
gouvernement ya PPRD, tulikuwa apa, miye
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aiko tuu président wa jeunesse apa tuko mu ville [...]
Mafikiri ni collegue yangu alikuwa Président wa jeunesse ya Kamvimvira,
tulifanya mandat ya 5 ans, ya 6 ans, 2013-2019, tulipokelewa na ba politiciens
ba mingi na bakutuambiya na kuya na franga mu mufuko ndo izi, bengine balikuya
ku Munanira na balituambiya muko na deni nilisha malizana na mweye munivoter
sasa. Niko nakumbusha, à cette époque là, nilikuwa
nilishakuwa Président wa jeunesse wa quartier Mulongwe et Mafikiri
mwenzangu hapa alikuwa Président wa jeunesse wa quartier Kamvimvira,
[...] Muheshimiwa leo député Claude Misare alikuwa anakuya sasa
ku société civile, ma villes mortes zilitusumbuwa apa za mingi
sana [...] na promesses nazo zilikuya mingi na kuona ma études na ma
études zilikuya [...] Tulipata ma promesse bila kukuwa réaliser
zile ma promesse, [...]itatuma batu bakuwe na ma inquiétude, à
plus forte raison njia ilishakuwa mrefu[...] tuliishi ma promesses[...]
heureusement na miye nikasoma ile contrat yenye ile société ya
nyuma hapa ilikuya kupima iyi barabara. Na miye nilisoma ile contrat.tulikuwa
mu réunion na ingénieur mwenye alikuya pima iyi barabara
aliyuambiya mwezi fulani kazi zinaanza. Amka Tujenje ilifanya ma
démarches zake, aba ba fulani ma démarches zabo mais fin de fin
[...] tuko na besoin ya barabara. Devoir kwa serikali représenté
par bwana muheshimiwa Maître Hangi [...] iko devoir kwa serikali
kutujengeya, na iko haki kwa société civile kuomba ile haki
[...]
Professeur Martin alisema hivi kama société
civile, parti politique, jeunesse, ma confessions religueuses, club, ma
association de droit de l'homme zinaweza zikajiunga pour une cause [...] s'il y
a des critiques kuma actions za Nouvelle société civile, c'est
pour que iyo peke iyapparaître et non pas ku faire part manake
société civile njoo iko tuu na défendre ma haki za
barabara et nous on est là akuna kutu inviter muma actions zenye ziko
zina fanya. Cause ya kwamba yenye tuko na décrier nous comme jeunesse ya
ville ya Uvira, lorsque on dit seulement ba motard bakuye mais Chako Changu
asikuye, aiko bien. Na yengine yenye nilitaka sema nigusiye kwa iyi question
yako, inaweza kuwa horrible kusikiya bitu bya haya, kusikiya
société civile ifanye ville morte juu Muheshimiwa Gisaro asikuye
alors que mwenye anapaswa kuya lancer barabara ni Muheshimiwa Gisaro. Donc pour
moi kama ninbya kweli, c'est défendre, c'est demander une chose et son
contraire. Ni kama ni bya bongo, j'aimerais à ce que Mafikiri mwenye
anaendeleya ku démentir vraiment azidi ku démentir parce que miye
kwangu ni kama vile bitu bya aibu mtu u bloquer muheshimiwa muzima, actuel
ministre d'état, ministre national asifike pendant que tuko na souffrir
ndomaana nakuambiya kama ikiwa ni bya kweli Mafikiri atakuwa anenda contraire
na ma intérêts na siye ba jeunes na pale ata créer vita
entre siye ba jeunes benuye tuna souffrir mwa iyi barabara, ba mama benyewe
banateseka, na cause yenye iko anadéfendre nikurudiliya Valentin Hangi
nimuambiye kama ha, ha, asijichanganye on ne demeure pas acteur wa
société civile, nimukumbushe le premier animateur wa
société civile mu Uvira ni Muheshimiwa Pierre Numbi mwenye Bahari
Beach mwenye aliacha mouvement social ya parti politique, ni mukumbushe kama
AFDCE, Bwana muheshimiwa Bahati Lukwebo un grand acteur wa
société civile, bref nikuambiye ndungu mutangazaji, shiye, acha
nikumaliziye apa Uvira, Maire de la ville wetu Pasteur Kiza Muhato, grand
acteur wa société civile aujourd'hui Maire de la ville poste
politique iko pale , bref[...] uanze mu société civile, uanze mu
jeunesse, uanze mu Amka Tujenge, uanze sijuwi unanze kuwa journaliste
utaaboutir tuu kukuwa acteur wa parti politique. [...]
Useni wa Maître Hangi ni usemi ya politique [...] Ni
Maîtresse pa Songo [...] barabara haitanjengwa mu myenzi mbili ni ma
promesses tuu [...] Shirika moja ya kirahiya ilikuwa
50
contre ile marche. Kilikuwa baazi ya bapoliticiens bali
déclarer kama habapendi ile mambo ya mugomo baridi. Niliwezaka kijiuliza
wakati munaorganiser, wakati moya tulikuwa mu débat na bwana
André Byadunia ambaye anakuwa politicien leo, ni kumuambiya kama kuko ma
société civile, akaniambiya apana, société civile
ni moya, est -ce que wewe kama kiongozi mupya, société civile
moja, ile ile moja, est -ce que inaweza kujicontredire, hatuwezi kupana raison
wakati tunasema kwamba société civile ziko za mingi wakati
nouvelle inasema vile inakatala, citoyenne inakatala. Munafikiriya mutafikiya
ma lengo wakati nyinyi wenyewe mukingali vipande ?
Nakushukuru [...] nawaza kama malengo tutaye fikiya [...] Et
la nilipenda ni éclaircir batu la société civile iko pale
ni kwa juu, comme kilalo entre serikali na raiya. Tuko pale ni kwa juu ya ku
influencer décision za gouvernement. Na wakati watu wanateseka,
société civile iko, iko inarappeler gouvernement banapashwa
kufanya kazi. Na njoo objectif principal la shirika la kirahiya. Nataka
kukuambiya kwamba ingine njia [...] sisi ba acteur wa société
civile tunakuwaka ba pole kufatana na matatizo ya Uvira, je prend, nakamata tu
exemple est-ce que unajuwa kwamba Port Kalundu yenye ilikuwa franka yenye
ilikuwa financer na union europenne, port Kalundu, ile kujenga port Kalundu
ingeishaka depuis mu 2022 mwezi wa inne, est -ce que maître Hangi anajuwa
kwamba un acteur politique de la société civile, ni kuambiya tuu,
[...] tuliona même ministre , wakati niko coordo chargé na
activités tuliona ministre na kumuambiya comment ce retard mais il faut
voir[...] est-ce que raiya il faut kuikala kimya [...] nilisema mwanzo kama
tunafikiliya kufikiliya na ville morte, na raiya, il faut kukuwa inatuvumiliya
kabisa, tunakuwaka tushapita muma njia yote hatusikiliki kwa juu ya nini
imaginez-vous que franka mwezi wa inne 2022, port Kalundu, franga ya Union
europeenne en parternariat avec le gouvernement congolais ku faciliter mais
paka saiyi wazo la kumaliza port haiishe. Il faut mainent, comme, voilà
mushaona ba kubwa, musha wa andikiya mais solution inashidwa kupatikana, mais
kama société civile ingelamukaka. Nouvelle société
civile inalamuka kusema kama il faut tuitike kwenda mu barabara, ni kusema tena
baliprofiter, noon et au contraire balitaka bajuwe kama [...] nouvelle
société civile anafanyaka ma actions, ni kwa sababu effectivement
bako kina ya serikali, serikali ingekuwa anafanyaka ma actions, ni kwa sababu
effectivement bako kina ya serikali, serikali ingekuwa inafanya bitu benye
raiya ina chunga kama [...] est -ce que Maître Hangi anajuwa kwamba
wakati Président de la République Excellence Thisekedi ali lancer
gratuité ya enseignement, la seule société civile, Uvira,
ilimarchaka kuenda kuappuyer, tulifanya marche apa kusema tunasaluer
décision ya gouvernement congolais, est-ce que ce n'était pasque
tout simplement tunachukiya le Président Thisekedi parce que nous
reconnaissons, tunajuwa paka ma actions yenye alifanya leo yenye inaonesha un
peu espoir mais haikatazi comme shirika la kirahiya ku remettre mainant en
cause kupinga mambo fulani. Narudiya par rapport na swali ya [...]
Président Chako Changu [...] anaona kwamba il fallait que les
sociétés civiles, ma couche zinginz zote parce que anajuwa kwamba
yeye comme président ya ba jeunes wa ville ya Uvira, ce sont les
associations membres de la société civile njoo balimuchagula,
indirectement iko membre wa société civile. Anasema kwamba ma
résultats zimoya hatuzipataki muzuri kwa sababu tunakuwaka disperser
[...] il faut aussi se poser la question. Na njo watu wanapashwa kuelewa hapo.
[...] comment chaque fois problème ya Uvira seule structure inakuwaka na
lamuka [...] c'est la même société civile kwa juu ya nini
kwa juu [...] Nouvelle société civile iko pale kwa juu ya
kusikiya malalamiko ya raiya naku réagir. Munaona tulishimama
problème [...] gratuité tulishimama [...] batu ba
51
comprendre [...] wakati mwenzako ana fanya pas, wende nyuma
yake pourque mu avancer. Nawaza à chaque fois tunafanyaka
maactivités tunaitakka batu bote bakuye mu réunion pourque
tudiscuter mainant gisi batu bamoya bako na maintérêts yabo sijuwi
bako naitafutiya wapi, au contraire un acteur de la société
civile, besoin principal yake ya action yake nikungaliya kama itatoucher ku
intérêt ya raiya.
Voilà, merci beaucoup Merci Mashimango, tukumbuke wa
ligaliste, ligala Fizi, ligala Limete, ligala 45 minutes Kikongo, ligala Rond
point Kamvimvira, [...] ligala Lamuka [...] wakati son excellence, le Ministre
des infrastructures alifika mukakutana naye hakugusiya barabara Kamanyola Uvira
[...], est - ce que aliigusiya ? Na kama aliigusiya unawaza kutupa mwangaza ?
[...] Napenda raiya wa sikiye, wa moya wako na confusion [...] il a dit.
[...]
Nasema hivi miye njoo nilikuwa mu délégation,
kisha ku exposer ya différentes autorités [...] Nyangezi njoo
kulikuwa cérémonie, kulikuwa lancement pale [...] Ministre
alikuja mu agenda ya lancement ya bara bara Nyatende, iko 45 kilometres, de
Nyantende pale ku Paroisse mupaka Kamanyola [...] passant par Ngomo, 45
kilometres [...] alipana rapport, pale kulikuwa wa experts, bote balikuwa ba
chinois [...] Alikuja kulancer ile 55 kilometres, [...] sisi tulipromettre
barabara itajengwa na lancement, Alexis Gisaro akaianza pale Nyantende [...]
sis chama tawala [...] tulipokelewa na 10 heures, ku Hotel [...] Bas iule ni
combattant, tulisentir ata[...] Itajengwa avec impulsion ya chef de l'Etat
[...] Felix Thisekedi Tshilombo [...] wakati alikuwa napana ma instructions
mukiswahili na kifaransa mbele ya wale wazungu [...] il faut mutiye ma
protection [...] wasidanganyiwe na watu wa société civile [...]
Hatuta jenga juu ya campagne electorale, apana [...]
Merci beaucoup Bwana Maître, [...] Bienfait M [...] yeye
hawezi kutishiwa na ma promesses [...] Bakatungoleya hikakubulimbo yenye Mobutu
aliacha [...] Tatizo la mkongomani ni vile akingali anaenda tu kuji incliner
mbele ya mtu fulani [...]
Turudiye kwa M Chako Changu [...] kwaku sikiya M. Valentin
Hangi anasema ile programme aliona [...] kwas asa hivi mtu anaweza kupenda siku
moya ikuwe inakatika amo siku kumi [...] tuuwe na barabara zuri [...]
Kama kuko batu benye habawezi kuchezewa mu inchi zote, ni
raiya juu ya nini, constitution ambayo raisi wetu anaitembeleya, ama viongozi
yote, inasema wazi le pouvoir appartient au peuple. Le peuple est souverain,
iyo français haiko Maître Hangi njoo ataikatala, haiko ndugu yangu
wa nouvelle société civile njoo ataikatala, minasema kwamba sisi
vijana ya ville ya Uvira, [...] utupatiye ma promesses, tutazipokeya na mikono
sana. Ukituambiya dans deux mois, tunachunga deux mois hatukatale, conseil
urbain ya jeunesse iko structure ya l'Etat congolais, autorité
akikuambiya ndakuya mwezi wa munane tunasubiri akuye mwezi wa munane [...]
akuye tulancer barabara. Bajeunes bote biko tayari tutaenda tunakamata ma
bêche [...] Nouvelle imefanya kazi zuri mais pourquoi habakuenda ona
ministre pale Bukavu ? [...]Mwenye anahahidi anazaniya siku hazitafika, apana,
siku zitafika [...] watu wamekuja pima hapa société ilitumiwa na
l'Etat congolais [...] vijana [...] tupatiye serikali yetu confiance. [...]
Bwana Mafikiri promesses ziko za mingi na njoo zinatuma watu
leo hawana confiance. [...] munasemaka bic rouge, est-ce que raiya siwauze bic
rouge, sasa wangoje zile promesse hazitafika njoo ba corriger. Kila mara miye
na ambayika wanafunzi, attention, bic rouge njoo itakuya sema kama ulijibiya
apana kusema wepeke j'ai très bien répondu. [...] stylo rouge
yangu njoo itasema kama ulirepondre muzuri. [...] attendons voir.
52
[...] Il faut tuelewe kama tuko naongeya maisha ya batu[...]
pako batu bako na ngonjwa kwa juu ya iyi barabara, bako batu biko na avorter
kila siku kwa ajili ya iyi barabara, c'est un droit, ni droit ya mukongomani na
njoo maana nilisema kwamba ma actions zenye tunafanzaka zimoya tuko polepole
kufatana na matatizo iko mu Uvira, matatizo iko mu congo, tutaenda
au-delà mais njoo benye nilitaka ambiy Maître Hangi kama siye
tutaenda au-delà[...] tutaomba que ule mwenye iko na besoin yakutumikiya
raiya batuunge pourque tu avancer. Par rapport na swali mulisema ako, [...]
shirika jipya la Kiraiya haikufanya mgomo baridi kwa juu ya ku contrecarrer
arrivée ya Gisaro. La lettre tuliandika ku informer Maire de la ville
kuna tuta fanya ville morte ilikuwa claire, na memo[...] tuliadresser kwa
ministre Gisaro kumuambiya kwamba hatuwazi kwa présence yako, il faut
kusoma mémo, heureusement nilikuwa nazaniya kama Maître iko nayo,
Maître Hangi [...] kama itakuwa réalité ya kutengeneza[...]
kwetu itakuwa tu es le bienvenu, voilà le message ya nani, nikusema
[...] tulienda au-delà [...] Nouvelle société civile
haiyandanya raiya au contraire inakuwa inapiganisha kwa juu malengo la raiya
ikuwe bien reconnu[...] Tulimuambiya kama à partir ya mercredi, franga
yote iko liée na circulation ya barabara hatulipi na njoo maana
nashukuru, il y a 4 jours,watu wako natembeya mu barabara N°5 habako na
lipa kwa sababu tulisema wakati [...] itafika mwezi wa munane [...] raiya yote
[...] itapiga [...] parce que itakuwa [...] ilirépondre ku besoin ya
raiya[...] kama leo [...] c'est parce que tuko muma périodes
électorales na compte ni siye ku raiya mainant ku profiter par rapport
na ile période électorale. [...] barabara iko mubaya watu wako na
avorter, wengine wanangonjwa migongo, bengine hemorroide, [...] wakati watu
walikuwa naliya tena goudron à l'époque [...] Barabara ikuye mais
haiko njoo itaempêcher maaccidents zitatukuwa tuu, accident mu barabara
c'est une erreur ya régulation ya ba agents routiers [...] Neno la
mwisho Naambiya raiya [...] sisi hatukuye kwambiya kufanya aventure [...] Tuko
mu état de droit fanya angalisho [...] wamoya wanaenda lipa taxes, [...]
wakati wata mutaxer DGI nab engine, hautamulipiya [...] Ministre anasema mwezi
wa munane ne mwezi wa munane uko dédié ku jeunesse dunia muzima.
Voilà. Sisi hatuna shida na serikali sababu tunalipa ma documents ya
serikali [...]
[...] hakuna frais franga yote italipiwa kwa juu ya barabara
[...] peut être njoo nilipenda ku éclaircir, hautaexiger raiya ya
Uvira, Fizi ilipe franga ya circulation ya barabara yenye hakuna barabara
[...]
|
En effet, les données collectées sur support
audio ont été transcrites après écoute.
Les différentes émissions auditionnées et
mises sur support écrit ont été réécrites en
vue de les adapter à la notation scientifiquement acceptable.
Nous adoptons pour la notation du kiswahili, l'Alphabet
International Africain (A.I.A.) proposé à Londres en 1927 par
l'Institut des Langues et Civilisations Africaines.
Cependant, pour les alternances interlexicales, l'italique
sera utilisé pour noter les lexèmes du français formant un
bloc monolithique avec les morphèmes du swahili que nous noterons en
écriture normale.
53
Mais la question qui reste à se poser est celle de
savoir quelles sont les approches que nous utiliserons pour décrire,
analyser et expliquer les données du corpus et comprendre effectivement
les raisons ainsi que les motivations du plurilinguisme dans les interventions
radiodiffusiques à la RMP.
12. Méthode d'analyse des données
Il est question dans ce point d'envisager aussi bien la
méthode que les approches qui nous permettrons d'aboutir aux
résultats scientifiquement plausibles. Dans l'analyse des données
linguistiques recueillies, nous aurons recours à une seule
méthode appuyées par deux à trois approches. Il s'agit de
la méthode sociolinguistique qui sera appliquée soutenue par des
approches linguistiques structurales, lexico-sémantique, pragmatique et
nous appliquerons l'approche distributionnelle.
2.2.1. La sociolinguistique
Les définitions qui classent la sociolinguistique parmi
les branches de la linguistique suscitent souvent une flambée de
polémiques opposant les linguistes qui font de la sociolinguistique une
science autonome à ceux qui soutiennent qu'elle est une branche de la
linguistique.
Pour prendre une position claire et ainsi éviter la
suspension du jugement face à cette guerre de point de vue que se
livrent les spécialistes linguistes, nous interrogeons le Dictionnaire
de linguistique de DUBOIS en vue de donner notre position sur cette question.
Ledit dictionnaire considère que la sociolinguistique est une branche de
la linguistique, et lui donne la définition suivante :
« La sociolinguistique est une partie de la
linguistique dont le domaine se recoupe avec ceux de l'ethnolinguistique, de la
sociologie du langage, de la géographie linguistique et de la
dialectologie. La sociolinguistique se fixe comme tâche de faire
apparaître dans la mesure du possible la covariance des
phénomènes linguistiques et sociaux et éventuellement
établir une relation de cause à effet. » (2007
:436).
Il nous paraît utile de signaler que nous nous alignons
sur la position des scientifiques qui soutiennent que la sociolinguistique est
une branche de la linguistique.
Nous estimons que la sociolinguistique, la
psycholinguistique...proviennent des points de vue divergents des linguistes
dissidents du courant saussurien qui ne font qu'analyser la langue dans une
optique donnée. D'ailleurs, Saussure avait déjà
parlé de la valeur sociale du langage. Il a explicitement reconnu quand
même que la langue est un phénomène qui n'existe qu'au sein
de la société.
Joshua Fishman20 abordant la même question
relative à la définition de la sociolinguistique, affirme ce qui
suit :
« La sociolinguistique essaie de déterminer
l'influence linguistique d'une variété sur l'autre. Elle
étudie aussi de quelle manière les changements dans le processus
et l'influence
20 FISHMAN, J. A., (1971), Sociolinguistique, Bruxelles,
Labor, Paris, Nathan
54
réciproque des réseaux de locuteurs peuvent
modifier l'extension, la complexité,-de leurs répertoires verbaux
» (1971 :19).
Quoi qu'il en soit, mener une étude sociolinguistique
pour Joshua FISHMAN, c'est arriver à se poser les questions
fondamentales suivantes : « qui parle, quelle langue, à qui et
quand ? (Fisherman cité par E. Ebongue, 2015:36). Ajoutons aussi comment
? et pourquoi ?
Dans ses analyses, la sociolinguistique entretient des
relations avec des disciplines linguistiques. FISHMAN, J. A. de déclarer
que :
« Puisqu'une partie de la sociolinguistique comporte
« l'étude des caractéristiques des variétés
linguistiques, nous devons nous adresser à la science dont l'objet est
de décrire systématiquement la langue, et cette science est la
linguistique. A notre époque, essayer d'analyser et décrire des
données linguistiques sans connaître les concepts et les
méthodes de la linguistique, serait aussi primitif que d'essayer de
décrire et d'analyser le comportement humain en général ou
les fonctions de variétés linguistiques et les
caractéristiques de ceux qui les utilisent-sans avoir des concepts et
des méthodes de la sociologie et de la psychologie. » (1971
:21).
Selon ALUMA K.J. Yves, Saussure concevait la linguistique
comme partie d'une science (sémiologie) qui étudie la vie des
signes au sein de la vie sociale. Il est donc curieux de constater que les
linguistes qui suivent la tradition saussurienne, dans leur grande
majorité, ne s'occupent nullement de la vie sociale des faits
linguistiques. Ils refusent toute explication fondée sur des
données « extérieures », tirées du comportement
social. En effet, selon lui, un examen approfondi des écrits de Saussure
montre que, chez lui, le terme « social » signifie tout simplement
« pluri-individuel » et ne suggère rien de l'interaction
sociale sous ses aspects plus étendus. Cette évolution de la
conception saussurienne est dûe à un étrange paradoxe, le
paradoxe saussurien : l'aspect social de la langue s'étudie sur
n'importe quel individu, mais l'aspect individuel ne s'observe que dans le
contexte social. Les faits de la parole ne peuvent s'observer qu'en examinant
le comportement des individus au moment où ils emploient la langue
(cours de sociolinguistique 2023 :7).
La sociolinguistique, dont William LABOV est le fondateur, est
née du contexte de crise de l'incapacité de la linguistique
(générale) à s'occuper des mécanismes de
changements, de variations des parlers. Elle émerge dans les
années 1960 et s'affirme dans les années 1970. I ; n'y a pas de
société sans langue, ni de langue sans société qui
parle. L'universalité de cette coïncidence de fait suggère
une parente profonde, une implication réciproque entre le linguistique
et le social. Une société ne peut subsister sans un moyen de
communication entre ses membres ; la langue ne peut se constituer en dehors du
processus de communication qu'il est possible d'identifier à la vie
sociale elle-même. De cette double implication est née la
sociolinguistique, étude de la covariance des phénomènes
linguistiques et sociaux.
Il existe plusieurs manières de corréler le
rapport entre le social et la langue et qui fondent les trois courant de cette
discipline s'inspirant de la sociologie traditionnelle, est née la
sociolinguistique variationniste (où entre directement notre
étude) qui tente de corréler des manières de parler avec
les catégories sociales traditionnelles : profession, âge, lieu de
résidence, origine, niveau d'instruction, religion, etc. S'inspirant des
travaux menés sur l'interaction estnée la sociolinguistique
interactionniste.
55
Selon GUMPERZ, cité par ALUMA K.J.Yves21,
cours de sociolinguistique (2023 :8), les catégories extralinguistiques
et les comportements linguistiques sont des instruments de
catégorisation sociale dont le sujet peut se jouer. Pour
l'étudier convenablement, il faut observer le sujet lors des
interactions et noter tout ce qui peut influencer les productions.
La sociolinguistique interactionniste s'occupe de contact des
langues, mélange des codes, alternance codique, alternance transcodique
(transcodage), emprunts linguistiques ou dialectaux, etc., tous ces
phénomènes réfèrent aux fonctionnements
psycholinguistiques de l'individu qui maîtrise plus d'une langue, d'un
individu bilingue (bilinguisme). Il se démarque de celui d'un
bilinguisme et de multilinguisme qui référent davantage à
un état de la société qu'à un état
individuel. Deux ou plus de deux langues sont dites en contact si elles sont
alternativement utilisées par les mêmes personnes.
Ce qui intéresse notre étude est de montrer que
les éléments linguistiques de notre corpus ne peuvent que se
prêter à des analyses qui font appel à l'approche
structurale, psycholinguistique, lexicologique et pragmatique.
a) L'approche dit linguistique ou structurale s'inscrit
principalement dans le droit fil de la sociolinguistique variationniste de
William LABOV. Cette approche nous aidera à décrire la
morphologie et la syntaxe des segments alternés ou mixtes en vue
d'émettre un avis sur les règles (morphologiques,
morphophonologiques, syntaxiques, etc.) qui les régissent. Cette
approche qui se complétera par le distributionnalisme de Leornard
Bloomfield, servira de relever les ressemblances et les différences en
cas de besoin.
b) L'approche psycholinguistique stipule que le langage
habituel renseigne sur la personnalité du locuteur. La
psycholinguistique, telle qu'inaugurée, sous ce nom, en 1954 par Charles
Osgood et Thomas Sbeok, étudie les rapports entre le langage et le
comportement verbal de l'individu, c'est-à-dire les relations entre les
faits linguistiques et les facteurs psychiques du processus de communication.
Selon Jacques Leclerc, si la langue relève de la linguistique, les
phénomènes de la parole, acte individuel, relèvent de la
psycholinguistique.
De façon générale, la psycholinguistique
étudie le langage comme outil de développement et de
fonctionnement intellectuels. De façon particulière, la
psycholinguistique s'intéresse à la création des habitudes
verbales, aux mécanismes mentaux par lesquels un enfant acquiert des
structures nouvelles, aux processus généraux de la communication,
à l'apprentissage des langues et aux aspects cognitifs du langage. Les
problèmes posés par les situations de bilinguisme
préoccupent aussi les psycholinguistes. Ceux-ci ont constaté
l'interaction des conditions sociales et de l'apprentissage d'une langue
seconde.
Jacques Leclerc le montre : « on sait aujourd'hui que
le bilinguisme n'a pas les mêmes effets selon qu»il est
pratiqué par la majorité ou la minorité, par
l'élite ou la masse, dans un contexte unilingue ou multilingue, en
milieu hostile ou non, etc. [...] le bilinguisme devient alors une source de
troubles affectifs, de crises d'identités, d'érosion
linguistique, parce qu'il est un
21 ALUMA KABIKA J.Y. (2023), Cours de sociolinguistique,
op cit. p8
56
instrument d'acculturation et d'assimilation. Il s'agit
là de problèmes qui intéressent beaucoup de
psycholinguistes. » (1989 10).
c) L'approche lexicologique est centrée sur les
unités lexicales. Elle permet de bien saisir le sens et la valeur des
termes et expressions utilisées dans un discours. Cette approche va nous
aider à bien comprendre les termes utilisés dans les
interventions au journal swahili et dans les débats politiques. Nous
allons choisir des items formels qui sont dans les interventions
radiodiffusées pour les élucider. Il nous arrivera de les
insérer dans un système de réseau pour examiner leurs
associations ou leurs oppositions. Nous considérons les discours
alternés comme les centres de réseau lexical, car l'alternance
dont il est question dans ce présent travail tourne autour d'eux. Nous
tiendrons compte des qualifications, des épithètes, des
attributs, des préfixes, des suffixes, ... pour expliquer et comprendre
les mécanismes de fonctionnement des alternances codiques.
d) L'approche fonctionnelle ou pragmatique qui se
définit par Charles William Morris comme l'étude de la relation
des signes à leurs interprétants. (Garric, 2007 :6, cité
par KIJINDIRE Tundwa Arthur22.
La pragmatique est une branche de la linguistique
spécialisée dans l'étude de l'usage du langage. Issue
principalement des travaux de J.L. Austin et de J.R. Searle en philosophie du
langage, la pragmatique est le domaine le plus récent de la recherche
linguistique. On regroupe par le terme pragmatique une discipline imposant des
théories et des approches qui ont pour point commun l'étude de
l'usage du langage, par opposition à l'étude du système
linguistique. Autrement dit, alors que la linguistique envisage l'étude
du système en lui-même, la pragmatique se propose
d'étudier, dans les énoncés, tout ce qui implique la
situation de communication. La pragmatique s'intéresse donc au langage
en situation. Mais elle s'en distingue par le fait qu'elle met l'accent sur les
liens qu'entretiennent le langage et l'action. (KIJINDIRE T. Arthur (2023)
:7)
Prenons ALUMA K.J. Yves23 qui explique que la
pragmatique tire son nom du grec « praxis », qui signifie «
action de l'homme sur les autres hommes »[...]de création
récente-tout comme est récente la réhabilitation de la
parole contre l'exclusion prononcée par Saussure, cette science du
langage étudie les effets du discours de chacun sur autrui et, à
partir de là, ce que chaque interlocuteur peut attendre partager et
maîtriser de la communication verbale.
C'est donc un domaine des sciences du langage qui peut
être décrit à la fois comme un carrefour de disciplines,
où se croisent notamment les linguistes énonciatives, la
sociolinguistique, la psycholinguistique, la sémantique, l'analyse
conversationnelle, les sciences de la communication ou les sciences cognitives.
Elle fait porter son étude, non sur le système de la langue, mais
sur son usage, et particulièrement sur les questions liées au
sens et à l'interprétation des énoncés.
Dans leur Dictionnaire encyclopédique de pragmatique
(cité par ALUMA K.J.Yves, Cours de sociolinguistique 2023 :14), Jacques
Moeschler et Anne Reboul proposent la définition suivante :
« D'une manière tout à fait
générale, la pragmatique [est] l'étude de l'usage du
langage, par opposition à l'étude du système linguistique,
qui concerne à proprement parler la linguistique. Si
22 KIJINDIRE TUNDWA ARTHUR, (2023), Cours de pragmatique
inédit, Isp-Uvira p.6
23 ALUMA KABIKA J.Y., (2023), Cours de sociolinguistique, op cit
p14
57
l'on parle de l'usage du langage, c'est que cet usage
n'est neutre, dans ses effets, ni sur le processus de communication, ni sur le
système linguistique lui-même ».
La pragmatique s'intéresse aux signes qui ne peuvent
recevoir d'interprétation qu'en contexte, aux aspects non
vériconditionnels de l'énoncé, aux stratégies
interprétatives de l'allocutaire, et à la fonction actionnelle du
langage, par l'étude de ce que la philosophie analytique a appelé
les actes de langage. Autrement dit, elle rend compte de ce qui est
signifié par le langage verbal au-delà de ce que les mots
signifient littéralement.
La pragmatique, cette approche fonctionnelle relative aux
travaux de J. GUMPERZ nous permettra d'étudier les fonctions
conversationnelles et pragmatiques des alternances codiques. Il sera donc
possible avec cette approche de chercher les causes implicites des alternances
codiques qui constituent les non-dits dans les énoncés. Il sied
de signaler que cette approche ne sera pas appliquée dans le cadre
d'analyser le contenu psycho-humaniste des énoncés bilingues,
mais plutôt pour justifier le recours à l'alternance codique.
58
CONCLUSION PARTIELLE
Au terme de ce chapitre dont l'objectif consistait à
circonscrire la théorie et la méthode de notre travail, nous
avons présenté le corpus, la méthode d'analyses de
données ainsi que les différentes approches pour mener à
bon port notre recherche. Nous sommes arrivés à decouvrir que la
ville d'Uvira aiinsi que les médias sont plurilingue et ou multilingue.
Le choix des interventions au journal swahili et débats politiques
auditionnés à travers les ondes 105.5 Mhz et enregistrés
sous un support audio puis transcrits ou notés en respectant le
système de notation standardisé pour les langues africaines en
général et en particulier pour les lexèmes
français. Pour examiner tout ce qui est usage, distribution des langues
qui président aux différents choix linguistiques relevés
de ces interventions radiodiffusées, nous avons opté pour la
sociolinguistique dans ses approches structurales, fonctionnelles,
lexicologiques, psycholinguistiques et pragmatiques. Au chapitre suivant nous
analyserons les données du corpus.
59
CHAPITRE II. ALTERNANCE PHRASTIQUE ET INTERLEXICALE DANS
LES INTERVENTIONS AU JOURNAL SWAHILI ET AUX DEBATS POLITIQUES RADIODIFFUSSES A
LA RADIO LE MESSAGER DU PEUPLE A UVIRA
Dans le chapitre précédent nous avons
défini les concepts clés utilisés dans notre travail comme
soubassement qui sous-tend le cadrage théorique et
méthodologique. Le présent chapitre vise à décrire
les analyses que nous avons effectuées afin de traiter les
données recueillies à l'aide de notre corpus. Nous avons
cherché à choisir des méthodes appropriées pour
répondre à nos questions de la problématique.
Force est de nous pencher sur l'analyse des alternaces
phrastiques et des alternances interlexicales dans les paroles des
interventions au journal swahili et aux débats politiques
radiodiffusés.
2.1. Alternances interphrastiques ou phrastiques
Cette alternance concerne les phrases, les propositions ou les
segments longs dans un énoncé.
L'alternance interphrastique-dite aussi phrastique est une
alternance de langues au niveau d'unités plus longues, des phrases ou de
fragments de discours, dans la production d'un même locuteur ou
intervenants ou dans les prises de paroles entre interlocuteurs (Ndiassé
THIAM, op.cit. :32).
Nous examinons dans le présent point la syntaxe de la
phrase, c'est-à-dire les rapports qui s'établissent au niveau des
propositions de deux langues en présence.
2.1.1 Des alternances dans les différentes sortes des
phrases
Jean COUILLARD définit la phrase comme un assemblage de
mots délimités par la ponctuaction et formé d'au moins un
groupe nominal et un groupe verbale auxquels peuvent s'ajouter des groupes
facultatifs, tous ces éléments étant disposés dans
un certain ordre24. Nous sommes d'accord avec lui que la phrase
forme un tout et communique une ou des idées.
Nous optons la définition proposée par Martin
Riegel : « Une phrase est d'abord une séquence de mots que tout
sujet parlant non seulement est capable de produire et d'interpréter,
mais dont il sent aussi intuitivement l'unité et les limites. Les
définitions usuelles de la phrase s'appuient sur cette connaissance
implicite qui n'est pas incompatible avec la rigueur d'une analyse
méthodique »25. Pour la simple raison qu'elle
intègre la production d'une séquence de mots par un sujet
parlant.
Considérés indépendamment du reste de
texte, les séquences du français apparaissent dans des phrases
simples, composées ou complexes.
24 Jean COUILLARD, (1999), Ma grammaire
française, Jean Couillard, Québec, p51.
25 Martin Riegel et ali, (2009), Grammaire méthodique
du français, 4e édition, Quadroge, Paris p.201
Nous avons trouvé beaucoup de cas illustratifs, des
exemples ci-dessus sont éloquents ; pouvons-nous les compléter
:
60
Nous appelons phrases simple, une phrase qui n'a qu'un seul
verbe conjugué comme dans l'exemple suivant :
/`' Ni muda murefu sana nilikuwa nimedéposer iyi
candidature yangu kwa ile poste.» `Courage balikuwa nayo'/
`Tutawapatiya transport na bingine'/
/`Balivoter juu ya sac ya chumvi'/
Dans une phrase simple combiné français et
swahili, l'intervenant à la Radio fait mixer en position initiale un
syntagme nominal et dans l'autre, en position médiane un autre syntagme
nominal.
Les intervenants ne mélangent pas de codes uniquement
quand ils construisent des phrases simples, on trouve le même
phénomène dans des phrases composées. En effet, nous
considérons dans notre étude comme phrase composée, une
phrase qui réunit deux ou plusieurs propositions indépendantes
coordonnées ou juxtaposées quand bien même il y a bien
sûr des grammairiens pour qui deux verbes conjugués dans une
phrase suffisent pour considérer une phrase comme étant
complexe.
Le recours aux phrases composées à propositions
d'une grande étendue a une valeur émotive de vouloir exprimer
avec trop de lourdeur ce que l'on ressent pour lui-même et pour les
auditeurs surtout quand les intervenants mettent en exergue la mauvaise
gouvernance et qu'ils cherchent à convaincre les auditeurs.
/` Donc tunabamba sagesse na bonne gestion ya zile
pesa'/
/`Kulikuwa remise-reprise na équipe yenye inatoka
na njoo maana tunashukuru watu wote walioweza kutuchaguwa pendant
maélections yetu le onze ya hiyi mwezi.'/
/`Tunashukuru André Byadunia, l'équipe
sortant kumuda aliongoza structure na kana ni leçon parce que benye
alitumika il y a de l'expérience tutaattirer kupitiya yeye, mais aussi
tunalomba yaiya kututiliya confiance kwangisi ilitutiliya confiance
kwakutuchaguwa'/
/`Kwenda kwa coordo André Byadunia par rapport na
na problème, tunabalomba baendeleye kuwa gambo yetu kwa sababu nilitaka
kubarassurer kwamba chaque problème itakuwa inafika Uvira, itakuwa
inafika Fizi, itakuwa inafika Walungu, Mwenga'/
`Nous, comme l'équipe mainant entrant tutatumika
non pas pour leurs propres intérêts na hatuta
badecevoir.'/
Certains grammairiens du côté desquels nous nous
sommes rangé, définissent la phrase complexe comme étant
une phrase enchâssée, c'est-à-dire avec subordination.
61
/`Banapashakuwa na réagir mbele ya mashirika haziya
organiser maactions citoyennes ziko tellement constitutionnelles parce que
depuis longtemps tuko tunaomba Route Mwami, RN5 ijigengewe, Route Espoir, Route
Mwami zijengewe mupaka hivi hatujaona ata kitu.'/
La coordination des propositions cadrent avec cet exemple :
`Na hiyi sakoshi yangu ingepoteya mais, heureusement mama mumoya na baba
mumoya walikuwa pale wakapita wanakamata ile sakoshi.'
Nous observons que les propositions en
Kiswahili-français sont mises en rapport avec les propositions en
français par parataxe. Lorsqu'une ou plusieurs propositions en
français sont entrecoupées par une ou plusieurs propositions en
swahili, aucun connecteur explicite n'établit la relation entre
elles.
`Tutaendeleya kubasaidiya na transport kadi na ngisi tunaweza
kuweza'
`Juu badéputés niba mingi apa Uvira
hatukuona hata mumoya mwenye alifika kututazama lakini yeye akasema
voilà nasikiya kuko batu biko pale acha niende nibaone.'
`Kwanza nilikuwa na kwenda kuwakumbusha kuwafunguwa akili
kuhusu uchaguzi unakuya wasifanye tena makosa zenye balitokeya kufanya na mpaka
leo tukonaendeleya kusouffrir na batu benye balivoter juu ya polo.'
`Kuonekana kubaconscientiser cette fois-ci baangaliye
ngisi ya kuchaguwa ilituchanger maisha ilitulete maendeleyo muterritoire yetu
ya Uvira.'
La parataxe explique donc la présence des phrases
simples, des phrases minimales. Elle relève du registre oral et
apparaît le plus souvent dans des paroles qui reproduisent le langage de
la conversation comme dans les interventions au journal swahili et aux
débats politiques :
`Ni Maître Franck Malilo.'
`Kuna maconcours zenye walikuwa wanaorganiser'
`CPI ilikuwa naorganiser maconcours sur les droits de
l'homme, droit humanitaire. Na alienda kufanya hizo maconcours na aliremporter
mavictoires na aliremporter trophée.'
`Félicitation kwa raiya ya Uvira.'
`Waautorités wanapashwa kurudiya kumu sitari kuwa
natenda, kufanya kazi mbele ya wakati ma sociétés civiles haziya
organiser maactions citoyennes.'
`Iyo ni maindices'
Dans la phrase « Félicitation kwa raiya ya Uvira
», il se fait remarquer l'absence du verbe et dans « mimi kama
juriste' »
2.1. Les phrases interrogatives dans le contexte
d'alternance codique
Le système interrogatif du français s'emploie dans
un discours swahili.
/`Est-ce que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na
waisaidiye iyi mugini ?/
62
/`Est-ce que vraiment ni kwa alama ngani ambao munaweza
kusema kwamba ni assassinat politique ama ilikuwa ni juu ya ile tu
émotion ambayo alikuwa nayo baada ya kuona ule munenaji wale kufariki
hivyo ? `/
/`Nini tunaita assassinat ?'/
Nous remarquons que les questions sont toujours posées
selon les normes et les lexiques du français or, il existe en kiswahili
de multiples façons de formuler des questions :
- La plus simple se limite à l'utilisation d'un ton
interrogatif : `umeona ?
/Walombe audience baonane naye ?/
/Na kama aliigusiya unaweza kutupa mwangaza ?/
/ Sasa ile sécurité ilikuwa tu ndani ikakosa
kuwa inje ?/
- Avec la particule « je » placé en tout
début de phrase « je » corresponds à l'expression
« est-
ce que » : je umekwenda sokoni ?, « je » peux
aussi être suffixé au verbe. Dans ce cas il
correspond plutôt à l'expression « qu'est-ce
que » : utafanyaje ?
/Est -ce que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na
wasaisidiye iyi inchi ?/
/Est-ce que ni kwa alama gani ambao munaweza kusema kwamba ni
assassinat politique
ama ilikuwa ni juu ya ile tu émotions ambayo alikuwa
nayo baada ya kuona ule munenaji
wake kufariki hivyo ?/
/Est-ce que munaweza ku kubali kama inaweza kuwa assassinat
politique, ama baaventurier
bamoya ivi benye baliviser tu ule mtetezi wetu ?/
/Est- ce que vous comprenez ile aspect ?/
/Est-ce que aiwezi kuwa garde alikuwa un peu distrait na
aliacha canon au sève ya bunduki
iko ouvert ?/
/Mais il faut voir est-ce que palikuwa déclaration de
la part du gouvernement ku honorer
même bale batu benye balituacha ?/
/Est-ce que iliogopa kujiplaindre contre le gouvernement ou
contre Moise Katumbi ?/
/Pourquoi siye tunasema gouvernement ?/
/Tunaweza kuwa na matumaini ya maenquêtes yenye iko
crédible ?/
- Avec « nini » qui signifie « quoi » :
unasema nini ?
/Ajibiye nini ? Apana, aliiba ?/
/Wenzetu wa société civile nini imewapiquer
?/
/Saa unafika déjà Nyangezi, nini
ingeempêcher kufika Uvira kwa juu ya kukuya sikiya
matatizo réel ya batu ya Uvira ?/
- Avec « nani » qui signifie « qui » : umeita
nani ?
/Ninani njoo commandat ?/
- Avec « gani » qui signifie « quel » ou
« lequel ». Le mot « gani » est toujours placé
après le
nom auquel il s'applique mais il ne s'accorde pas avec celui-ci :
chakula gani ? mti gani ?
/Ninyi kama wajuriste, ile plainte contre un inconnu inamaana
ngani ?/
/Ni lengo gani limekupelekeya kuposer iyo première
action kabisa ?/
/opportunité gani ?/
- Avec la forme interrogative en-pi, qui signifie « quel
» ou « lequel » la forme en « pi » est
précédée de la marque de classe. Elle se
place après le nom de la personne ou de l'adjectif
concerné. Mtu yupi ? Viazi vipi ? Mikate ipi ? Kitabu kipi
?
63
- Avec le locatif « wapi » qui signifie «
où » : umekwenda wapi ?
/Alors crime d'état inatokeya wapi ?/
/Mwenye atatutengenezeya RDC yuko wapi? /
- Avec « lini » qui signifie « quand »
utaruidi lini ?
- Avec « vipi » et namna gani qui signifient «
comment » : nitalipa vipi ?, namna gani ? /Comment expliquer une
autorité pareille, simple déplacement yake et que le matin
tunakuya kutana kama mtu anakufa ?/
/Gouvernement yetu inaonekana kutokulinda raiya comment
tout un député anaweza kuuwawa ? /
- Avec kwanini et mbona qui signifie « pourquoi » :
mbona amekasirika ? Kwanini hajaja ? /Na kwanini ile famille ilifanya plainte
contre un inconnu ?
/Kama ministre amesema Kama hatakuya Uvira, kwanini wasige
mufata Bukavu? / /Pourquoi yeye à son niveau-là anajuwa kama
ataishiya Bukavu, pourquoi hakukamata courage yakusema non, anatumiya
président wa comité ya jeunesse ya Uvira ?/
/Mais pourquoi habakuenda ona Ministre pale Bukavu ?/
- Avec « ngapi » qui signifie « combien ».
« Ngapi » se place après l'objet et s'accorde avec celui-ci :
una watoto wangapi ? Shilingi ngapi ?
/Nani hajuwi combien de fois pako ma frappes mwa iyi
barabara ?/ (C'est aussi une interrogation oratoire).
- Avec les négations si, si ndiyo et siyo qui
correspondent à l'expression « n'est-ce pas » et sont une
façon détournée d'exprimer une affirmation, une certitude
ou d'appeler une confirmation : Si utafanya kazi ? Si ndiyo nimemwuliza ?
2.2. Les phrases déclaratives
/`Nitakuambiya kama Moise Katumbi n'a jamais eu
d'émotions.'
`Hayakuwaka na maémotions.'/
/`Donc il est toujours raisonable kubyote benye anasema na
maneno yote anakuwaka anaitiya nafasi inastahili.'/
/`Katumbi anapata sollicitations comme une
personnalité aingiye mu union sacrée juu ya kusaidiya
inchi'/
`Moise Katumbi Chapwe na directoire national ya Ensemble
pour la République ilidécider kusema tutoke mu union
sacrée na pale tukapona opportunité mwenye anajisikiya kuendeleya
kutumika na Félix mwa iyi gouvernement ya Sama Lukonde ataweza kurudiya
na akiwa membre ya Ensemble pour la République. /
/Ile loi de père et mère haikuongelewa
ata/
2.3. Les phrases négatives dans le contexte d'alternance
codique
/Na nous comme société civile hatuko
société civile ya makabila/
/Usidéfendre gouvernement/
/Moise Katumbi n'a jamais eu d'émotions. Hayakuwaka na
maémotions/
64
/ Nikurudiliya Valentin Hangi nimuambiye kama ha, ha,
asijichanganye on ne demeure pas acteur wa société civile,
/
2.4. Phrases impérative et exclamative
/Allez y comprendre ile phénomène//
/Usidéfendre gouvernement/
/ Parce que à l'intérieur hautapita na ile
arme/
/ Non, il y a un coup monté. /
2.1.2. Les propositions subordonnées dans le contexte
d'alternance codique 2.1. Propositions coordonnées
/ Sisi tuko muhali ya uzuni na kilio kubwa kwa sababu, ni
mambo ya kuhuzunisha zaidi sijuwi kama kuna mtu yeyote ule ambaye ataeza
akafurahiya kifo kya mwengine et surtout que aliyekufa aiko tuu porteparole wa
ensemble pour la République mais plus tôt un député
national na député national anareprésenter njoo nation.
Donc ni uzuni kwetu sisi wote sauf kwa wale ambao wana roho za kutu ambao
wanaona wanatakaa shidwa wanaanza maliza maliza wamoya. /
/ Siyo kusema tuu bwana Cherubin Okende alikuwa
porte-parole wa Ensemble pour la République mais pia ni mwaakilishi wa
raiya kwani yeye alikuwa député national. /
/ En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation
et donc siye kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves
parce que eyo njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise
alirassurer si il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya
Cherubin. /
2.2. Propositions subordonnées de but
/Na Cherubin quand même hali yenye alikufa ndani ce
n'est pas une affaire de bandits c'est quelque chose si vous analyser
utacomprendre qu'il y a eu une organisation bien planifiée kwa juu ya
kujuwa ngisi batamueliminer na sisi comme shirika la kirahiya nawaza kwamba
à notre niveau tunaendeleya kulomba à ce que pakuwe ma
enquêtes sérieuses bien sûr Katumbi analomba que pakuwe ma
enquêtes na des experts internationaux na mener ma enquêtes que
pakuwe des enquêteurs indépendants pour que bajuwe
réellement nini comment ngisi alikufa/
/ D'ailleurs je presume que ce
jour-là Cherubin alikuwa yepeke mwenye alikuwa invite mwaile saa
pourque basikutanane na mwengine. /
2.3. Subordonné de cause
/ Escorte wa député anaacha arme juu aende
apeleke document à l'intérieur parce que à
l'intérieur hautapita na ile arme/
/ C'était très bien planifié de
telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye
atasoupçonner. /
/ En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation
et donc siye kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves
parce que eyo njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise
alirassurer si il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya
Cherubin./
65
2.4. Subordonnée interrogative directe
/ Unajiimaginer kwenye escorte wa mtu kwenye ataacha arme
ku cours constitutionnelle, cela veut dire surveillance iko ya nguvu. Est-ce
que vous comprenez ile aspect ?/
/ Et quand le véhicule iliwaka, personne hakukuwa
ku mulango, ata garde ata nani wakusema miye niko apa wakuangaliya,
est-ce que ile ma véhicule za bakubwa zenye zinakuyaka ku
parquet pale, hakuna mtu wakuzichunga juu ya kujuwa uyu banabeba ama apana
? /
Le vrai commenditeur ya bale batueur à gages
baonekane, il est prêt pour donner de l'argent kupana franga juu bale
bakuye. /
3.1.2. Distribution des éléments alternés
sur la chaîne parlée
La distribution d'un élément linguistique est
l'ensemble de contextes dans lesquels cette unité linguistique est
susceptible d'apparaître.
Dans le premier tiers du XXe siècle, le descriptivisme
prend la forme de ce que l'on a appelé ultérieurement le
distributionnalisme, dont les figures principales sont Bloomfield, puis Harris
et Pike, auxquels il faut ajouter le Français Gross, introducteur des
méthodes harrissiennes en France. Leonard Bloomfield (1887-1949) publie
en 1933 Language (le langage), qui constitue une théorie
générale du langage qui sera développé et
approfondie par ses élèves sous l'étiquette de
distributionnalisme, courant qui dominera la linguistique américaine
jusqu'en 1950.
Selon Marie-Anneau Paveau et ali, dans son
ouvrage26, Bloomfield qui, son distributionnalisme qui est une
conception mécanique ; pour lui, esprit, volonté, conscience ne
sont que des « configurations de successions du monde matériel
», des mouvements corporels. Son approche tire son origine dans la
psychologie behavioriste (sous l'influence du psychologue Wundt). Pour le
behaviorisme, le comportement humain est explicable à partir de
données externes, sans recours à des données internes qui
ne seraient que des illusions. Pour Bloomfield, le langage est un comportement
et peut être étudié de manière externe ; il ne
s'agit pas pour lui d'une doctrine psychologique mais d'une
méthodologie.
Marie-Anneau Paveau évoque le primat de la description
en ce terme : « A partir de ce schéma, Bloomfield a un programme
descriptif : il considère en effet que l'explication des
phénomènes du langage n'est pas encore possible. Son
descrpitivisme est donc un choix méthodologique, qui a pu être
considéré comme étroit par ses détracteurs. Ce
choix l'amène à refuser tout historicisme et tout fonctionnalisme
(ce qui le distingue de Sapir par exemple qui articule ensemble forme et
fonction) : les formes du langage seront observées de
l'extérieur, sans prise en compte de leur évolution linguistique
ni de la fonction qu'elles remplissent dans le système. Le
descriptivisme de Bloomfield implique également une mise à
l'écart de la signification : il refuse la conception mentaliste du
signifié (la solution saussurienne du signifié comme concept).
Pour lui, le signifié est l'ensemble des
événements pratiques auxquels est lié un
énoncé ; sa description est donc considérée comme
impossible car la saisie de cet ensemble est impossible :
26 Marie-Anneau Paveau et ali, (2003), Les grandes
théories de la linguistique. De la grammaire comparée à la
pragmatique, Armand Colin, France, p142
27 ALUMA K.J.Yves, (2022), Cours de Grands
courants de la linguistique, inédit, ISP-Uvira p56
66
« Pour donner une définition scientifiquement
exacte de la signification de chaque forme d'une langue, il nous faudrait
posséder un savoir scientifiquement exact de tout ce qui forme l'univers
du locuteur » (Leonard Bloomfield, Language : 1933 :132,
cité par Marie-Anne Paveau, op cit) p144.
Selon Marie-Anne Paveau, étudier une langue, ce sera
donc réunir un corpus, (c'est-à-dire un ensemble
d'énoncés effectivement émis, dans le but de faire
apparaître des régularités formelles), sans prise en compte
de l'aspect sémantique. Le seul concept qui sera considéré
comme valide dans l'analyse sera celui du contexte linéaire ou
d'environnement.
Si nous prenons Jacques Leclerc, dans Qu'est-ce que la
langue ?, nous ne serons pas contredit : « Aux Etats unis,
Leonard Bloomfield (1887-1949) lance la linguistique américaine en 1926,
en publiant language, qui présente aussi le structuralisme
américain. Cette description linguistique s'en tient au recensement des
unités formelles de la langue et à l'étude de leur
distribution, c'est-à-dire au relevé de leurs différents
environnements dans la chaîne parlée. » (Op cit p.7).
Intéressons-nous également à ALUMA
K.J.Yves qui affirme que l'analyse distributionnelle consiste à
étudier les unités de la langue dans une perspective combinatoire
en fonction de l'environnement.27
Pour ce qui nous concerne, nous serons en train d'expliquer
les faits de langage des interventions au journal swahili et aux débats
politiques à partir de la fréquence d'apparition des mots.
Dans ce point, les unités linguistiques dont il est
question ici, sont les phrases, les fragments de phrase ou les propositions.
Dans la logique distributionnaliste, il y a trois positions possibles qui
peuvent être occupées par les unités linguistiques dans une
description : la position initiale, la position initiale, la position
médiane et la position finale.
a) Alternance interphrastique en position initiale
Rappelons que l'alternance interphrastique c'est lorsque dans
le discours d'un locuteur à une phrase française succède
une phrase en kiswahili. Nous avons trouvé dans les interventions
à la Radio des cas où la (les) proposition (s) du français
sont en début de l'énoncé swahili.
/`Assassinat parce que baliiplanifier tres bien bamuite afike
bamuenlever kisha baende
bamuachever. `/
`Voilà iyo ni maoni ya bwana Assumani'/
`Pour éclairer ce dossier, vraiment des enquêtes
serieuses inaweza tusaidiya kwa hiyo'/ (problème
de syntaxe, il devrait accorder au plurier).
/ `Ça ne peut pas passer' habisikiliki/
/`Donc pour nous, le gouvernement tulishukuru kwakutupatiya
ile pole.'
/`Cela veut dire surveillance iko ya nguvu'/
/`C'était très bien planifier de telle
façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye atasoupçonner'/
67
/`D'ailleurs je présume que ce jour-là
Cherubin alikuwa yepeke mwenye alikuwa invité mwa ile saa pourque
hasikutanane na mwengine'
/`En tout cas, l'on ne saurait pas comprendre ile
situation et donc siye kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma
preuves parce que eyo njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise
alirassurer s'il il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya
Cherubin ; il est prêt pour donner de l'argent kupana franga ju bale
bakuye/ (proposition juxtaposées).
b) Alternance interphrastique en position médiane
Nous avons trouvé dans les interventions
radiodiffusées des cas où le la (les) proposition (s), les
phrases ou éléments du français est/sont au milieu des
énoncés swahili ou des discours mixtes.
/`Sisi kama shirika lakirahiya tunajuwa d'abord action ya
kuuwa Cherubin ilikuwa bien planifier et que les enquêtes itatuambiya
mengi zaidi.'/
/`Kwa sababu iko na mandat ya ku protéger maisha ya
kila mtu. /'
/`Non, ilifika, Cherubin alijiuwa yepeke peut-être izi
exemple ulipana, apana. /
/`Ukiangaliya ngisi Cherubin alikufa allez y comprendre
ata mtoto wa chini wakimuonesha maimages avec ce qui s'est passé basi
atakuambiya kwamba ça était une organisation ya kabambi pour que
baéliminer ile maisha ya ule mtu.'/
Des fragments de phrases françaises apposées au
milieu de fragments de phrases en kiswahili sont laudatifs chez les
intervenants aux interventions radiodiffusés. Comme cela est courant
dans les parlers uvirois, ce phénomène non encore approfondie par
les linguistes prouve que les uvirois ont difficile de terminer une phrase
swahili sans recourir au mélanges du français qu'elle soit dans
les dialogues, conversations sportives ou politiques. Cette pratique de
recourir à l'alternance codique serait approfondie dans les analyses
pragmatiques où les fonctions identitaires et persuasives seront
expliquées.
c) L'alternance interphrastique en position finale
Il s'agit ici des cas où la phrase française est
placée à la fin du discours mixte.
/`Famille ya Cherubin ili déposer plainte contre un
inconnu'/
`Kwa nini ile famille ilifanya plainte contre un inconnu ?/
(phrase interrogative)/
/`Kulikuwa majeshi walikuwa wanauzi ilinibidi paka ni
kamata téléphone ; j'ai appelé le ministre de
l'intérieur'/
`Nilimuita ministre wa intérieur nikamuambiya
ça ne va pas./ /`Yaani inaacha indépendance kwa gouvernement
conglais/ /`Miye nawaza kwamba ce sont des oppositions politiques'./
/ `Na mimi comme shirika jipya la kirahiya nawaza kwamba
si le gouvernement anaweza kusikiya d'une part ya Ensembe par rapport na
présence ya ba experts internationaux par rapport ya ces enquêtes
; je ne vois pas un inconvénients'./
68
d) L'alternance interphrastique en position initiale,
médiane et finale
C'est un cas où les séquences du
français se trouvent entrecoupées deux fois ou plus de trois
fois par des séquences en swahili :
/`Et quand le véhicule iliwaka, personne hakukuwa
ku mulango, ata garde, ata nani wakusema miye niko apa wakuangaliya, est-ce que
ile ma véhicule zabakubwa zenye zinakuyaka ku parquet pale, hakuna mtu
waku zichunga juu ya kujuwa uyu banabeba ama apana ? Non, il y a un coup
monté./
Les intervenants et les co-débatteurs mélangent
régulièrement le français au kiswahili dans toutes leurs
interventions. Le mélange de code peut se placer au début, au
milieu ou à la fin de la phrase ou soit au milieu et à la fin ou
soit au début et à la fin.
e) L'alternance en position initiale et médiane
/Mais tuko na déplorer kukuwe maenquêtes yenye
itakuwa approfondies (problème d'accord)./ /Le vrai commenditeur ya bale
batueurs à gages baonekane/
C'est-à-dire banapatiya gouvernement toute
indépendance/
Imaginez kama banaanza uwa mu Kinshasa un
député, miye nyamu nyamu batanifanya ayé ?/ /Il faut
comprendre politiquement batu ya Ensemble banaweza tenir discours kufatana
.../
f) L'alternance en position médiane et finale
/camp ya Ensemble inapropser que kama patakuwa
maenquêtes ba ingize ba experts internationaux benye batafanya
maenquêtes de manière indépendante même si
gouvernement inasema que il faut nabo baparticiper miye nawaza kwamba ce qui
est important ni ma résultat batapata lors des enquêtes.
/Tatizo yenye iko mu mapays plus ya Afrika, wanaenda na
mawazo ya Nicolas Machiavel mwenye il faut kufanya tout moyen pour conserver
pouvoir na njoo inatuleta mwa iyo mambo yote. /
/Unajiimaginer kwenye esorte wa mtu kwenye ataacha arme ku
cour constitutionnelle/
/Escorte wa député anaacha arme juu aende
apeleke document à l'intérieur hautapita na ile arme./ /Tunaweza
kuwa na matumaini ya maenquêtes yenye iko crédible ?/
/Unakutana déjà procureur
général yepeke anaanzasema non non c'est prouver que bale yenye
ilimupata chérubin ilitoka mu arme ya escorte wake. /
g) L'alternance en position initiale et finale
/Mais aussi nilikuwa nataka watu wote wa Uvira mwenye iko
natafuta acomprendre kwa sababu niko nawaza Uvira ama mu Congo bako nataka
bawalishe batu bazoweye maisha ya matatizo or c'est ce qui est inconcevable.
/
/Il faut kujuwa que le gouvernement iko responsable/
/Comment expliquer une autorité pareille, simple
déplacement yake et que le matin tunakuya kutana mtu anakufa ; donc
c'est inconcevable. /
/Au contraire serikali iku pale kwa juu ya kuprotéger
Maisha yetu à tous les moyens. /
69
/Pour terminer sisi shirika la kirahiya la situation yenye
ilifika pour Cherubin c'est déplorable. / /Est-ce que iliogopa
kujiplaindre contre le gouvernement ou contre Moise Katumbi ?/
Tous ces mélanges participent à créer des
transformations et parfois de confusions. L'alternance joue dans la phrase le
rôle de la valorisation de la langue française ou ça
implique le fait de prestige. Les intervenants au journal et les
codébatteurs veulent se passer pour des personnes illustres qui savent
actualiser à la fois le français et le kiswahili. Que les
auditeurs ne puissent sous-entendre qu'ils n'ont pas étudiés.
Dans notre corpus, il n'y a pas que des alternances
phrastiques ou interphrastiques, on trouve dans les débats politiques et
dans le journal swahili d'autres types d'alternance que nous qualifions
d'intraphrastique.
2.2. L'alternance intraphrastique
On parle de métissage linguistique intraphrastique
lorsque les syntagmes constitutifs présentent une partie de la langue
française et l'autre une langue congolaise.
L'alternance codique « est dite intraphrastique
lorsque des structures syntaxiques des segments alternés coexistent
à l'intérieur d'une même phrase, c'est-à-dire
lorsque les éléments caractéristiques des langues en cause
sont utilisés dans un rapport étroit [...] » (Ndiasse
THIAM, 1997 :32). Concrètement, la phrase commence en français et
se termine en langue swahili ou vice-versa ».
1. Syntagme nominal sujet, épithète, attribut
et complément 1. 1. Syntagme nominal sujet,
a) Sujet en français
/Gouvernement yetu inaonekana
kutokukulinda raiya/
/ Comment tout un député
anaweza kuuwawa ?/
/Donc kama Dossier inakuwa nayo vile vile
itajiconstituer partie civile. /
/Nani chômage ambayo
ikodéguisé
/Mu procédure c'est tout à
fait normal mu procédure pénale ou civile/
/Munadéposer mémo à qui de droit,
le Maire de la ville est là/
/Musisahu ya kwamba Cherubin Okende alikuwa
porte-voix ya Ensemble pour la République/
b) Sujet en swahili alterné par un SN en
français
/Yeye uyo garde wake haligonja
siku chef wake ataenda samba njoo akaacha canon ya arme yake
iwe wazi ?/
c) Sujet français alterné par un PN de cl1b. du
swahili
/Ni kweli mutangazaji utaelewa kwamba
bajeunes bako muchomage. /Bajeunes bote biko
tayari tutaenda tunakamata mabêches.
70
2.2. Syntagme nominal epithète
a) Epithète postposé en swahili
L'épithète se défini comme l'adjectif
qualificatif se joignant étroitement à un nom et qui exprime,
sans l'intermerdiaire d'un verbe, une qualité de l'être ou de
l'objet28
/Kama abasikilizane par rapport ya baenquêteurs bien
sûr haitatowa matunda mazuri/
b) Epithète antéposée en français
/Kisha kuexposer ya différentes autorités/
c) Epithète antéposée associé par le
Préfixe mu- et ma-
Et ça ku raiya ya Uvira inaobservaka iyi mafrappes ya
kukuya pima ma barabara kusema ma promesse batajenga barabara wakati tuko
mumapériodes électorales.
c) Epithète postposée en français
Ni kweli kwamba est-ce que ville morte
ilikuwa opportune ?
Kama Ensemble ikonalomba kukuwe ingineexpertise
ya wengine kwa sababu Ensemble nayo iko victime.
d) Epithète en swahili en position médiane et
épithète en français en position finale Siye kama
chama tawala hatuoni umuhimu wa iyo ville
morte
e) Epithète détachée postposée en
français associé par PNcl2« wa »
/Tulienda mwaiyo délégation pale Bukavu kuenda
kuona Excellence Alexis Gisaro, ministre wa
infrastructures
2. 3. Syntagme nominal attribut a) Attribut en français
Na iko sûr
/Kwa sababu constitutionnellement maisha ya mtu iko
sacrée/
/Musidanganyike na mambo ase kutakuwa
nomination/
/Kesho tunakuta bwana Mafikiri politician
kama mimi hapa/
/Nani chômage ambayo iko
déguisé/
/Ni kweli kwamba est-ce que ville morte ilikuwa
opportune ?/
/La lettre tuliandika kuinformer Maire de la ville kama
tutafanya ville morte ilikuwa claire/
/Kwetu itakuwa tu es le bienvenu/
/Kwa juu malengo la raiya iko bien
reconnu/
28 MAURICE GREVISSE, (1961), Cours d'analyse grammaticale,
Duculot, Paris p39
71
/Kama Ensemble ikonalomba kukuwe ingineexpertise ya wengine
kwa sababu Ensemble nayo iko
victime. /
b) Deux attributs en français dans une même
phrase
c) Deux attributs l'un en français l'autre en swahili
associé par / na / /Bien sûr niko d'accord na
weye/
/Kuko imprudence kama ataonekana
atakuwa sanctionné/
b) Attribut en Swahili
/Wenzetu waache kuwa na bloquer watu vile haiku muzuri
sisi wote tuko na souci. /
/Yeye uyo garde wake haligonja siku chef wake ataenda samba
njoo akaacha canon ya arme yake
iwe wazi ?/
c) Attribut en français alternés par le PNcl2 du
swahili /Bajeunes njoo babajajistes, njoo
bamotards. /
d) Attribut en français associées par/ -ya-/
/C'est un droit ya peuples congolais/
e) Attribut en français associé par /-ya/ et SN
composés par le PNcl1b2 /ba-/ /C'est une erreur
ya régulation ya baagents routiers/
4. Syntagme nominal complément
1. Syntagme nominal complément d'objet
a) Complément d'objet en français
/Bien sûr niko d'accord na weye/
/Kama abasikilizane par rapport ya
baenqueteurs/
/Usidefendre gouvernement /
/ Bajeunes bako muchomâge /
/ Il faut vraiment kuiiprotéger
/
/ Tutafanya na sisi plaidoyer/
/ Nasalimu wa co-débatteurs/
b) Syntagme verbal et syntagme nominal épithète en
français et complément d'objet français associé par
« na »
Wenzetu waache kuwa na boquer watu vile
haiko muzuri sisi wote tuko na
souci
/Njoo maana sisi kama shirika la kirahiya tuko nalomba bajimettre
ensemble bapate consensus/
72
c) Syntagme Verbal Compélement
/ Njoo maana sisi kama shirika la kirahiya tuko nalomba
bajimettre ensemble bapate consensus/ /Nafikiri
Utawala unaanza kuintimider opposition /
/ Yeye uyo garde wake haligonja siku chef wake ataenda samba
njoo akaacha canon ya arme yake iwe wazi ?/
2. Syntagme nominal complément déterminantif
/Musisahahu ya kwamba Cherubin Okende alikuwa portevoix
wa Ensemble pour la République/
/Tunaenda mwaiyo délégation pale Bukavu
Kuenda kuona Excellence Alexis Gisaro ministre wa infrastructures
/
Nous avons constaté que le prédicat ou le sujet,
l'épithète, l'attribut et le complément s'adaptent
à l'environnement où ils se trouvent placés dans les
segments mixtes sans déroger à la règle grammaticale
française régissant le rapport entre l'attribut et
l'épithète dans leur environnement.
2.2.1. Les calques syntaxiques
Certaines structures syntaxiques évoquées
ci-haut présentant l'alternance codique est une sorte d'adaptation du
swahili aux règles syntaxiques du français. Rappelons avec
Jacques Leclerc (Op. Cit : 43) que la langue est un système parce
qu'elle est constituée d'éléments qui sont en relation les
uns avec les autres. Il est possible d'isoler les éléments
constitutifs de la langue. Selon Jacques Leclerc, les langues du monde sont
classées selon deux méthodes :
la méthode génétique de classification de
langues qui considèrent les langues les langues comme des êtres
humains dont on peut suivre la naissance, la vie et la mort et la
méthode typologique de classification de langues comprenant trois
critères : les critères phonétiques ou phonologiques, les
critères morphologiques ainsi que les critères syntaxiques ; dans
le deuxième critère, on distingue ainsi trois types de langues
principaux : langues isolantes lorsque les mots sont ou tendent à
être invariables (le chinois, le cantonais, le vietnamien, le laotien et
le cambodgien), langues agglutinante, au contraire, on juxtapose au radical une
série de morphèmes distincts servant à exprimer les
rapports grammaticaux. Dans ce type de langue, chacun des affixes
(préfixes, infixes ou suffixes) est clairement analysable et identifie
précisément une fonction grammaticale ou syntaxique. Dans ce
classement, citons le turc, le quechua, le swahili et le créole
haïtien. En fin, dans une langue flexionnelle comme le latin, les radicaux
sont pourvus d'affixes grammaticaux variables et exprimant plus ou moins
à la fois, par exemple, le genre, le nombre et le cas, ou la personne,
le temps, le mode, la voix, etc. (Jacques Leclerc, Op. Cit : 239-249). Le
français et le swahili présentent des différences sur ce
plan car les distinctions émanant de ces critères nous poussent
à découvrir que le français est parfois de type flexionnel
(cheval/chevaux), parfois de type isolant (je suis/ tu es),
parfois de type agglutinant (épais/épaisse). Un syntagme
comme portemanteau est isolant alors qu'une opposition du genre
pomme/pommier est flexionnelle.
Si nous prenons les critères syntaxiques qui consiste
à recourir à l'ordre des mots dans la phrase. Autrement dit, il
s'agit du critère syntaxique. On compare alors l'ordre dans lequel se
présentent le sujet, le verbe et le complément dans la phrase.
Nous comprendrons que seulement à
73
ce stade, le swahili est différent du français
étant donné que l'ordre syntaxique le plus courant en
français est l'ordre sujet+verbe+complément (SVC). Or en
kiswahili tantôt le sujet et le verbe et complément s'agglutinent
(se collent) dans un même mot tantôt ils sont
séparés.
Disons que ces calques constituent un cas de transfert
étant donné qu'ils n'entravent pas l'apprentissage du
français.
a) La formation de la voix passive
En français, il est courant de mettre un verbe
à la voix passive en le faisant précéder de l'auxiliaire
« être », le verbe principal se mettant alors au participe
passé. On obtient le même résultat en kiswahili en
remplaçant la terminaison /-a /du verbe par le suffixe-WA (ou - EWA,-
-IWA,-LEWA, -LIWA).
/Wenzetu wa société civile nini
imewapiqué ?/
Imewapiqué I : PN sujet
me : Morphème suffixal et verbal formatif d'une action
accomplie et plutôt utilisé pour les actes qui ont
été réalisé de façon ponctuelle.
wa : Morphème suffixal passif montrant que le sujet I-
subit l'action exprimée par le verbe alterné « être
piquer ».
Piqu : Radical Verbal
er : Désinence de l'infinitif
/Anakuwainterpeller/
b) Interférences dues au problème des
éléments linguistiques alternés
Les cas liés à ce point sont susceptibles de
créer des interférences syntaxiques si on s'en inspire pour la
formation des phrases françaises dans le processus d'enseignement
apprentissage. La plupart d'énoncés évoqués
représentent le prototype d'interférences linguistiques
fréquentes chez les apprenants du français ayant le kiswahili
comme L1. On constate que les pronoms personnels compléments d'objets se
mettent en swahili après et avant le verbe en formant un même mot,
ce qui est contraire à la relation syntagmatique en français
où les pronoms personnels compléments d'objets se placent souvent
avant le verbe sans former un seul mot.
Citons Ariel Crozon et ali : « En swahili, le
complément d'objet suit le verbe. Dans certains cas, il est aussi
inséré dans le
verbe.il apparaît ainsi
sous forme d'un infixe placé entre la marque de temps et le radical. Les
pronoms personnels objets sont insérés dans le verbe »
(Op.Cit :69).
Je te le donne / Ninaikupatiya,
unaona : je vois, unaniona : tu me vois.
Dans la phrase « je te le donne » Nous observons que
deux compléments précedent le verbe « donner » or en
kiswahili il est rarement ou impossible de trouver deux compléments
précédant le verbe. Ceci est un cas d'interférences.
74
c) Problèmes relatifs à la distribution des
éléments linguistiques alternés
Dans ce cas, la transposition de la structure SVC du
français sur le swahili aboutirait à des phrases agrammaticales
suite au problème d'accord lié à la complexité
d'alternance codique car le locuteur veut combiner les deux syntaxes à
la fois dans un même énoncé. Ceci amène pour lui
à commettre des fautes d'accord en rapport avec le swahili ou le
français.
/Wenzetu waache kuwa nabloquer watu vile haiko muzuri. Sisi
wote tuko na souci. /
Dans cet énoncé « sisi » impliquerait
l'accord de l'adjectif « wote » en « sote ».
/Pour éclairer ce dossier [...] vraiment des
enquêtes sérieuses inaweza tusaidiya kwa hiyo.
/
/ Napenda raiya wa sikiye, wa moya wako na
confusion /
/ na kuelewa kwamba tulikuwa tumeshaépuiser
maétapes yote/
b) Expression des temps dans l'alternance codique
1) expression du présent actuel ou progressif
Le présent actuel du swahili sert essentiellement
à décrire des actions qui ont lieu au moment où l'on
parle. Il est ancré dans le moment présent et a la même
valeur que le present continuous de l'anglais. Il se traduit par un
présent en français.
/Député anareprésenter
njoo nation/ /Sujet tunairenvoyer ku
journée ya leo/ /tuko nadébattre/
2) Le présent indéfini
En plus du présent en -na-, il existe
un autre présent en -a- beaucoup moins usité.
C'est un présent indéfini qui exprime une action faite
périodiquement mais qui n'est pas nécessairement en cous. Il sert
à énoncer des vérités « scientifiques »
ou « permanentes » qui ne se déroulent pas
nécessairement au moment où l'on parle. L'emploi de ce temps
correspond à celui du Simple present en anglais. On le traduira en
français par un présent.
/Moise Katumbi anataka
avoyager/ Abakusaisir
opportunité
C'est pourque iyo peke
iyapparaître
/Unacomprendre que la vie politique, politique yenye iko
mu inchi aipermettre aimupe mtu utu avec
valeur parce que c'est normal na njoo benye biko natokeya/
/ Non, il y a un coup monté. C'était
très bien planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya
mwenye atasoupçonner. /
3) Expression du présent narratif /Ministre
anadémissionné/
/Afike arépondre/
/anakuwainterpeller/
75
!Bavérifier/ /Banaforcer!
4) Expression du passé simple de l'indicatif /Wenzetu
wa société civile nini imewapiqué
/
5) Expression du passé perfectif29
Selon Frederick Iragi Kang' Ethe30
considère que le morphème! -li-! est présenté comme
le contraire de! -me!. Et Contini-Morava (1989) cité par lui, le
considère comme le seul temps absolu en swahili, alors que-me- est un
temps relatif dont l'interprétation (i.e. la référence
temporelle) dépend du contexte. Le morphème !-li-! indique que
l'éventualité a eu lieu à un moment antérieur au
moment de la parole. Wilson (1997) cité par Frederick compare -li- au
Simple Tense de l'anglais. Ariel Crozon quant à lui, affirme que -li-
introduit une idée de durée dans le temps. Selon lui, il
correspond plus ou moins, à l'imparfait en français ou encore au
prétérit en anglais (A. CROZON et ali, Op. Cit. : 46).
Adhérons à toutes ces propositions avec les
éléments de notre corpus :
!Tulidéplorer,
tulicondamner, alimuuwa haiko
inquiété, ilidécidér,
balibaloger, aliwezaka déclarer,
baliviser, ilikuwalancer,
baliiplanifier, balidisparaître,
nilivivre, alirassurer,
tuliapprendre, alisoulever,
azikufonctionner, nishabarecevoir/
! Assassinat parce que baliiplanifier très bien
bamuite afike bamuenlever kisha baende bamuachever. /
6) Expression du passé narratif
Le passé narratif n'existe en propre qu'à la
forme affirmative avec l'infixe -ka- se plaçant entre
le sujet affirmatif et le radical verbal. Ce temps accepte les infixes
complément d'objet, mais pas les infixes relatifs.
!Ninasalimiya président wa bajeunes Maître
Chako Changu na Valentin Hangi vraiment que
nafélicitaka wakati tuna kuwa tuna
kutanana naye. /
/Et ça ku raiya ya Uvira
inaobservaka iyi mafrappes ya kukuya pima ma
barabara kusema mapromesses batajenga barabara wakati tuko mumapériodes
électorales/
Bakaproclammer Bakaeffacer
Bakapromettre
7) Expression d'une action habituelle ou
répétitive au passé
!Ninasalimiya président wa bajeunes Maître
Chako Changu na Valentin Hangi vraiment que
nafélicitaka wakati tuna kuwa tuna
kutanana naye. /
29 Denis Barhishi Luhiriri et Mavudiko Bashomberwa (2017), Notes
d'Analyse contrastive du français et du kiswahili inédit
p73
30 Frederick Iragi Kang' Ethe, Lecture pragmatique des
morphèmes temporels du kiswahili, Université de Genève
2002. Français. NNT : tel -01261463 p58
76
/Et ça ku raiya ya Uvira
inaobservaka iyi mafrappes ya kukuya pima ma
barabara kusema mapromesses batajenga barabara wakati tuko mumapériodes
électorales/
/Wenzetu waache kuwa nabloquer watu vile
haiko muzuri/
8) Expression du futur
La marque du futur est -ta-. Elle est placée entre la
marque du sujet et la racine du verbe.
/ [...] au contraire un acteur de la société
civile, besoin principal yake ya action yake nikuangaliya kama
itatoucher ku intérêt ya raiya/
/ Non, il y a un coup monté. C'était
très bien planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya
mwenye atasoupçonner. /
c)Expression des modes dans l'alternance codique
1) Expression de l'ordre par le mode impératif, temps
présent /Usidéfendre
gouvernement/
/Akuye adéclarer/
2) Expression du conditionnel temps passé /Nini
ingeempêcher/
Remarquons que le swahili influe sur la conjugaison du
français et pèse de tout son poids pour entraîner le
français dans la logique d'inclusion distributionnelle,
phénomène propre au swahili où la distribution d'une
unité linguistique inclut celles des autres sans qu'il y ait
équivalence. On peut alors observer dans les énoncés
ci-haut que seuls le PV en swahili varient et le verbe en français reste
à l'infinitif ou au participe passé pour toutes les personnes.
2.3. L'alternance extraphrastique
On a une alternance extraphrastique lorsque les segments
alternés sont des expressions idiomatiques, des proverbes (on parle
d'étiquettes) (Ndiassé THIAM, op. cit. 1997 :33-35).
/Siye kwetu mu droit banasema kama mucours ya
criminologie, les criminels reviennent toujours sur le lieu de crime, /
/Munazoweya kusema kama mulozi njoo anakuwaka wa kwanza kukuya kuliya
mu nyumba ku kilio, anakuya juu ajiassurer est-ce que kabisa Sumialo alikufa ?
Na yeye njoo anakuwaka na machozi ya mingi/
/ Donc pour nous, le gouvernement tulishukuru
kwakupatiya ile pole / Ces condoléances de la part du
gouvernement relève selon le porte-parole de l'Ensemble pour la
République de la pire hypocrisie. Ici c'est le calque de l'expression
« Les larmes de crocodile »31
/Uko nalomba kitu na contraire yake// Donc pour moi kama
ni bya kweli, c'est défendre c'est demander une chose et son
contraire/
31 Isabelle CHOLLET et Jean-Michel Robert, Précis. Les
expressions idiomatiques, CLE international, 2008, p171
77
En français, demander une chose et son contraire
est une expression ironique et contradictoire où on ne saurait pas
comprendre que cherche quelqu'un.
!Na zéro cinq anapiganisha na
gouvernement yake ya warriors!
!Constitution ambayo raïsi wetu anaitembeleya, ama
viongozi yote, inasema wazi, le pouvoir appartient au peuple. Le
peuple est souverain. !
!yeye anasema iko aibu sana kuona député
anauwawa [...] yeye kwa upande wake anasema avant Kabila égale
pire, après Kabila, raiya iangaliye nani anastahili
kuchanguliwa. Serikali inatenda ivyo kwa kuogopesha opposition!
Calque du célèbre citation de Janssens : «
Avant l'indépendance est égale après
l'indépendance »
L'intervenant à la radio, en disant « avant Kabila
égale pire après Kabila » critique de manière
satirique le gouvernement en place.
!Tuko muétat de droit, fanya
angalisho!
Valentin Hangi actuel Président de l'UDPS à
Uvira avertit son interlocuteur que nous sommes dans l'état de droit.
Principe directeur du Président Félix Antoine Tshisekedi
Tshilombo lors qu'il venait à peine de prêter serment en voulant
que tout citoyen congolais en conflit avec la justice devra être
poursuivi juridiquement importe peu son rang ou statut social voire
politique.
! Na mimi comme Shirika jipya la kirahiya nawaza kwamba si
le gouvernement anaweza fikiliya kusikiya d'une partie ya Ensemble par rapport
na présence ya ba experts internationaux par rapport ya ces
enquêtes [...] je ne vois pas un inconvénient.
!
Ne pas voir un inconvénient signifie ne pas y
voir une conséquence fâcheuse, ne pas être
dérangé de la situation qui en découlerait.
! Moise alirassurer si il faudrait que FBI njoo ikuye
enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commanditaire
ya bale ba tueur à gages baonekane, il est
prêt pour donner de l'argent kupana franga juu bale bakuye. /
Un tueur à gages ou sicaire est une personne qui se
fait rémunérer pour assassiner d'autres personnes. Comme il n'a
ou non aucun lien avec ses victimes, un tueur à gages est beaucoup plus
difficile à identifier ainsi que de remonter à son
commanditaire.32Il demande généralement une grosse
somme d'argent en contrepartie de son crime.
! Abakusaisir opportunité !
Cette expression française signifie « ne pas laisser
passer l'occasion ».
3.3. L'alternance interlexicale
Cette alternance concerne la fusion d'un morphème
à un lexème ; ce qui produit alors un mot hybride
résultant de la combinaison de deux langues en usage alterné. Le
morphème de la langue X peut donc s'ajouter à la langue Y par
préfixation ou par suffixation. Ce type d'alternance affecte non
seulement les verbes mais aussi d'autres catégories grammaticales telles
que les noms et les
32
WWW. fr.m.wikipedia.org,
consulté dimanche 3 décembre 2023 à 12h01
33 Louis-Jean CALVET (1987), La Guerre des langues et les
politiques linguistiques, Payot, Paris pp146-147
78
adjectifs. Par ce procédé, les intervenants et
les codébatteurs versent dans un même moule les unités
linguistiques de deux langues. Jean-Calvet nous avertit en ce sens : «
Car une langue comporte trois composantes, une syntaxe, une phonologie et
un lexique. Or le lexique a toujours beaucoup plus soumis au changement que les
deux autres composantes : variations sémantiques et, surtout, emprunts.
[...] Par contre, lorsqu'une langue voit son système de sons se fondre
dans le système d'une autre langue, elle est alors en danger
d'absortion. La phonologie et la syntaxe sont la charpente même de la
langue, le lexique n'en est que la peinture. » 33 Nous remarquerons
que le swahiil a tendance à être remplacé par des termes
français au sein même de ce que Jean-Calvet appelle le «
noyau dur « de la langue.
Dans ce cas, le français offre la structure lexicale et
le swahili fournit les items grammaticaux. Un cas sera signalé où
un préfixe du swahili est plaqué sur le lexème
français.
Dans le cadre de ce travail, nous remarquerons que
l'alternance lexicale touche plus particulièrement la partie finale des
mots. Nous limiterons à deux systèmes morphologiques : les
morphèmes verbaux du swahili alternés aux morphèmes
lexicaux du français, les morphèmes affixaux du swahili
alternés aux morphèmes nominaux du français.
3.1. Les morphèmes verbaux du swahili alternés
aux morphèmes lexicaux du français
Les morphèmes verbaux du swahili se combinant aux
verbes français formant un mot hybride sont :
a) le morphème -li-
/Tulidéplorer, tulicondamner, alimuuwa haiko
inquiéter, ilidécider, balibaloger, aliwezaka déclarer,
baliviser, ilikuwalancer, baliiplanifier, balidisparaître, nilivivre,
tuliapprendre, alisoulever azikufonctionner nishabarecevoir/
b) le morphème -ta-
/ anatakabaremplacer, utacomprendre, batamuenlever,
itatoucher,
c) le morphème -na-
/Député
anareprésenter njoo nation, nilikuwa
nacomprendre que, tunadéplorer, sujet
tunairenvoyer ku journée ya leo
anaprévoir, anataka avoyager,
anatakabaremplacer, anadémissionner,
anakuwa interpeller, banaforcer, ,
tukonadébattre, naappuyer,
tunaproposer, unajiimaginer, mtu
anajisentir léser, banagérer,
bamingi banaavorter, vraiment
nafélicitaka, et ça raiya ya Uvira
inaobservaka iyi mafrappes, tulikuwa
tunajiattendre, Chako Changu anapostuler
ninareprésenter maexcuses kufika nyuma,
unabloquer watu sur tous les plans/
d) le morphème -a-
/anataka avoyager,
abakusaisir opportunité, aanalyser
/
e) le morphème -me-
/nini imewapiquer, na kuelewa kwamba
tulikuwa tumeshaépuiser maétapes yote/
f) le morphème -ak- préfinal indiquant
l'habitude
/Vraiment nafélicitaka, Et ça
raiya ya Uvira inaobservaka/
79
g) infixe réfléchi -ji-
/akajidéplacer,
unajiimaginer, mtu anajisentir léser,
tulikuwa tunajiattendre, kujicontredire,
kujiplaindre/
h) Le suffixe causatif -ish-
/Nishabarecevoir,
tumeshaépuiser maétapes yote/
i) l'infixe -ka- marquant la consécutivité d'une
action par rapport à une autre /bakaproclamer, anataka baremplacer,
bakaeffacer, bakapromettre, akafaire passer message/
j) le préfixe ku- de l'infinitif Abakusaisir
opportunité
k) PN de classes + Ka- ou ku- de l'infinitif en
français
/wamudéstabiliser, abakusaisir opportunité,
bakaproclamer, waendeutiliser, anatakabaremplacer, bavérifier,
banaforcer, azikufonctionner, baliiplanifier, bamuenlever, baende bamuachever,
baliviser, batamueliminer, comment batu bote yote balidisparaître,
bakaeffacer, bamingi banaavorter, banagérer, bakapromettre, munivoter
sasa/
Nous remarquons que les verbes de tous les groupes (1er,
2e et 3e) acceptent ce genre de greffage qui n'existe pas
entre les langues bantu et les langues européennes.
l) le connectif ou la particule relative
prépositionnelle kwa- s'insérant dans la
construction verbale
/Kwakuempêcher/
2. les morphèmes nominaux de classes ma-, ba- du swahili
se collant aux noms du français
/macaméras,
maenquêtes sérieuses,
maémotions, maétapes,
mafaits, bapoliciers,
baaventurier bamoya ivi/
Nous remarquons ici le cas de double pluriel. En
français, le nombre s'exprime par des suffixes, néanmoins en
kiswahili, il s'exprime par des préfixes nominaux de classes. De
manière génère, le pluriel s'exprime en français
par le morphème s avec ses allomorphes (ø, e, x, i,
a...)
Exemples : chances nez cieux gentlemen graffiti maxima
?° chance- s ?° nez -ø ?° ciel -s
?° gentlem-e-n ?° graffit-i ?°
maxim-a
En Swahili, le pluriel se forme par appariement de classe de
PN qui atteste aussi d'allomorphes, c'est le cas de ma, mi dans
jiwe/mawe et muto/mito.
Bapoliciers ?° ba-policier-s (les policiers)
Le ba- prothétique plaqué sur le
radical du nom français dans une sorte de flexion synthétique par
agglutination externe est un morphème du pluriel en swahili d'Uvira. Il
y a donc, ici une double mise au pluriel d'autant plus que la marque du pluriel
en français ne s'est pas effacée au profit de celle du swahili.
Pour un locuteur dont le français constitue la L1, il pourrait avoir une
perception globale de ce mot et se croirait en face d'un nouveau mo
bapoliciers dont le sens lui est
80
encore inconnu. Par contre, un Muswahili non locuteur actif ou
passif du français pourrait distinguer le PN du TN, mais avec
l'altération de la phonation du mot à la palatalisation. Il se
croirait, lui aussi face d'un nouveau vocable du swahili dont le sens lui est
inconnu.
- Ma- précédé du Préfixe locatif
mu- dans l'exemple :
/mumatéléphones /
- Ba- suivi d'un TN du kiswahili+ le suffixe -iste
formateur d'un nom correspondant à un métier ou à
un adepte d'une activité. Les éléments tirés du
corpus le témoignent: bajajes, wengi ni wa
bajajistes, ligala, wa ligalistes
La double mise à l'infinitif en français
Abakusaisir opportunité,
kujicontredire, kujiplaindre,
azikufonctionner, Kwakuempêcher Kujicontredire ?°
ku-(ji) contredi-re
Le PN de cl. 15 qui exprime l'infinitif en linguistique bantu
soude avec le RV du français -° contredi- (Dire des choses
contradictoires successivement), ce qui entraine une double mise à
l'infinitif de la forme verbale pronominale. Le RV est entouré de deux
morphèmes marquant tous que la forme verbale est non infléchie.
En français, le morphème de l'infinitif se place en positiion
finale, une caractéristique dont les langues romane ont
hérité du latin.
Ex : français latin
Contredire contradicere
Aimer amare
La situation du swahili est analogue à celle de
l'anglais, langue germanique. En swahili ku signifie infinitif et en
anglais to marque l'infinitif, mais la différence entre le
swahili et l'anglais réside à deux niveaux : « to
-» ne forme pas un groupe monolithique avec le RV en anglais,
certains verbes en anglais dits « modals » n'attestent pas ce
morphème de l'infinitif, tandis qu'en swahili ku- soude avec le
RV et il n'existe aucun verbe non infléchi en swahili n'attestant pas le
morphème ku-pour marquer l'infinitif ou Kw-lorsque la
première lettre est une voyelle : kuenda devient kwenda,
kuisha devient kwisha.
Français anglais
Ex : Kuenda ?° Kwenda ?° ku-end-a : aller, partir to go
?° to-go : aller, partir
Kuweza ?° Ku-wez-a : pouvoir can ?° Ø -can : pouvoir
Si le cas de l'anglais était celui du français,
il n'y aurait pas la double mise à l'infinitif où le swahili
marque l'infinitif par le PN ku- et le français par le suffixe
(-er ; ir ; er, oir), la cacophonie que produirait la succession de deux
occlusives sourdes suivies de deux voyelles similaires sur tous les plans
exigerait l'amuïssement de to de la L2. Pour to laugh en
cas d'usage alterné avec le swahili, on aurait kolaugh [kola : f]
au lieu de kotolaugh [kotula : f]. En ce qui concerne le
français, l'environnement a favorisé l'emploi du préfixe
de la langue A et d'un suffixe de la langue B pour exprimer l'infinitif.
81
Ce phénomène qui a consisté à
fondre dans un même moule les éléments d'un mot (radicaux
et affixes) n'affecte que la morphologie, mais chaque langue garde ses traits
phonologiques, c'est-à-dire que chaque partie du mot selon qu'elle est
du swahili ou du français, obéit à la phonologie de la
langue à laquelle elle appartient.
2.4. Alternance interlexicale marquée par le
morphème zéro
Nous appelons « alternance interlexicale marquée
par le morphème zéro », un cas découvert à
l'issue des analyses où le français fournit le verbe, et le
swahili donne le morphème qui n'est ni marqué à l'oral, ni
à l'écrit pour exprimer le mode, l'aspect et le temps.
/Usidéfendre gouvernement/
En swahili la désinence -V' non
précédée d'un PV exprime l'impératif à la
deuxième personne du singulier. Cette alternance interlexicale
constitué par un une forme associé à un signifiant vide
trouve son fondement dans l'inclusion distributionnelle imposée par le
swahili. En d'autres termes, l'impératif en swahili correspond à
la racine du verbe (kufanya, fanya !, kutafuta, tafuta !, etc.,) mais au
pluriel, on ajoute -ni à la fin du verbe, tandisque la
finale « a » de la racine verbale est remplacée par la voyelle
« e » (fanyeni !, tafuteni ! etc.). Les verbes monosyllabiques
gardent le Ku-à l'impératif au singulier comme
au pluriel (la : manger, kula ! mange, kuleni ! mangez, nywa : boire (-nywa est
en effet monosyllabique et se prononce d'un seul tenant kunywa ! bois, kunyweni
!). A la forme négative, le préfixe sujet reste identique. La
négation est exprimée par « si »
placé entre le préfixe sujet et la racine verbale comme dans
l'exemple tiré de notre corpus :
/Usidéfendre gouvernement/
U : préfixe sujet de cl1
Si : suffixe formatif de l'impératif
Défend : radical verbal
Re : désinence verbale du troisième groupe.
En dépit de cette différence «
défendre », verbe français à l'infinitif exprime
l'impératif en swahili. Cette inclusion distributionnelle est à
la base de certaines interférences constatées chez les locuteurs
du swahili apprenant le français.
Après analyse des données, nous avons
trouvé que certains segments mixtes sont touojours en accord avec les
règles syntaxiques, morphologiques de la langue de provenance, c'est le
cas par exemple de l'accord participe passé commandé par un
élément (...ni kweli kwamba est-ce que ville morte
ilikuwa opportune ? ...), en rapport avec les
règles morphologique, c'est le fait que le radical garde sa phonologie
et son caractère indivisible dans une alternance interlexicale
(ina-observ-ak-a) et que d'autres subiraient
l'influence de l'une des langues en présence,nous avons relevé de
cas distributionnelle ayant affecté le français
(munivoter sasa, baliiplanifier,
abakusaisir opportunité,
mafaits). Cette approche a également
permis d'identifier : les calques syntaxiques que nous avons
considérés comme cas de transfert (Nini
imewapiqué), plusieurs
possibilités de combinaisons sujet-attribut-épithète dont
un élément ou deux sont en swahili ou en français,
(Musisahu ya kwamba Cherubin Okende alikuwa
porte-voix ya Ensemble pour la République/ /Ni kweli
kwamba est-ce que ville morte ilikuwa opportune
?/) qui constituent des cas de transfert.
Structurellement, il a été
82
aussie prouvé que les intervenants à la RMP
recourent à l'alternance interlexicale, intraphrastique voire
extraphrastique.
Il est tout à fait normal en sociolinguistique de
corréler les manières de parler avec les catégories
sociales comme l'âge, le sexe, la profession, le lieu de
résidence, etc. La situation sociolinguistique de la ville d'Uvira en
particulier et de la RDC en général justifie de manière
générale l'alternance interlexicale chez les intervenants
à la Radio.
Ces intervenants étant convaincus que le fait de
plaquer les items grammaticaux du swahili sur les lexèmes du
français ne générait pas le sens du message, ils partent
du postulat selon lequel les mots de la langue française sont souvent
utilisés en combinaisons avec les langues congolaises dans ls villes de
la RDC. Quand on veut par exemple s'enquérir du prix d'un article dans
des marchés des villes congolaises, à la question « combien
coûte ceci ou cela » posée en swahili, en kikongo, en ciluba
ou en lingala, la réponse sera donnée en français
associée à l'une des langues nationales selon la zone où
l'on se trouve.
Paraphrasons Louis Jean Calvet34 qui affirme que
les langues changent tous les jours, elles évoluent. Toutefois, la
politique linguistique ou l'aménagement doit redéfinir le statut
des langues africaines menacées par les langues occidentales sinon le
swahili se transformera en une autre langue.
Selon Louis-Jean Calvet35 dans son ouvrage, il existe
trois façons pour une langue de « disparaître » :
- La disparition par transformation, - La disparition par
extinction,
- La disparition par remplacement.
Dans nos échanges de tous les jours, le français
remplace les lexiques du kiswahili. Pourquoi et quelle conséquence pour
notre Kiswahili de demain ?
34 Louis Jean Calvet (1993), La sociolinguistique, PUF, Paris,
P.59
35 Louis-Jean Calvet, (), La Guerre des langues et les
politiques linguistiques p141
83
CONCLUSION PARTIELLE
Ce chapitre s'est consacré à l'analyse des
alternances phrastiques, extraphrastiques, interphrastiques et interlexicales.
A l'issue des analyses, nous pouvons retenir les éléments
ci-après :
Les morphèmes grammaticaux du kiswahili se greffent par
adjonction sur les morphèmes lexicaux du français. L'existence du
double mise au pluriel attestée par la présence de deux
morphèmes du pluriel pour les deux langues dans un même mot
(maémotions, bapoliciers) et la double présence du
morphème marquant l'infinitif pour un même lexème
(Kwakuempêcher,
abakusaisir etc.) Le fait que le swahili
entraîne le français dans la logique de l'inclusion
distributionnelle via l'alternance, cela pourrait être à la base
des interférences et des fautes d'accord étant donné
l'intervenant combine deux systèmes linguistiques différents.
L'alternance interphrastique caractérisée par la
juxtaposition des phrases ou des fragments de phrases visant à provoquer
l'appétit des auditeurs francophones non-locuteurs du swahili. C'est le
cas de recours aux séquences très longues du français. Par
rapport à l'alternance interphrastique, certains éléments
ont attiré notre attention, il s'agit des calques syntaxiques dans la
formation de la voix passive où les mots de deux langues en
présence entretiennent une relation syntaxique réciproque.
En ce qui concerne les alternances extraphrastiques où
il a été question des expressions idiomatiques, des slogans ou
des dictons etc. disons que leur usage est de nature à éviter la
moindre transformation des idées nées en marge de l'imaginaire
collectif, d'où le souci de le reproduire dans leur forme originale.
36 P. CHARAUDEAU : langage et discours. Eléments de
sémiolingusitique, 1983, Paris, Hachette
84
CHAPITRE III. FONCTIONS COMMUNICATIVES ET PRAGMATIQUES
DES ALTERNANCES CODIQUES SWAHILI/ FRANÇAIS
Ce point nous permet d'analyser l'alternance comme
stratégies de communications. Il nous permettra donc de situer et
connaître les causes du bilinguisme dans les interventions
radiodiffusées à la Radio le Messager du Peuple dans toutes les
intentions de communication qui les accompagnent. Citons Jean CALVET qui montre
que à chaque fois, pour les besoins de communiquer les locuteurs
trouvent peu importe les moyens à combler ou à satisfaire ou
à répondre à ces besoins communicatifs. Nous partons du
principe selon lequel « l'alternance linguistique constitue une
stratégie communicative » (Zongo, 2001 :98, cité par John
Lushuli, op cit : 74).
C'est ainsi que même des choix de langues correspondent
aussi aux interventions à des stratégies communicatives. C'est
ainsi que la pragmatique reconnaît différentes fonctions sociales
reconnues à l'alternance linguistique. Il s'agit de la fonction de
manifester son appartenance ou son identité au groupe dont on fait usage
de la langue : la fonction identitaire et la fonction persuasive de montrer aux
auditeurs qu'on parle plusieurs langues.
Les interventions radiodiffusées attirent l'attention
des auditeurs et peuvent par leur structure les pousser à l'action. Ceci
pour montrer que ses formes condensées, les alternances codiques
swahili/français renferment suffisamment d'éléments
(stratégies) qui sont de nature à susciter l'acte de conviction
chez l'auditeur c'est-à-dire dans l'optique de la pragmatique de la
communication le passage du « faire croire » au « faire
adhérer celui-ci à ses pensées ».
L'analyse du discours radiodiffusés serait dans ce cas
un mécanisme complexe qui nécessite une pluralité de
compétence linguistique, logique et encyclopédique, mais aussi
des « savoirs » culturels ou sociaux partagés que nous pouvons
appeler à la suite de P. Charaudeau « La compétence
sémiolinguistique », elle intègre bien plus la
présence d'une norme acceptée et partagée.
En effet, le problème de confrontation des
langues36 dans une même communicative linguistique ou de
plurilinguistique donne naissance à des productions passionnantes
à étudier. En fait, dans une même communauté
linguistique nous pouvons parler de langues identitaires, de langues
étrangères et aussi de nouvelles langues du type « code
mixing » ou l'alternance codique.
Voilà pourquoi ce chapitre s'inscrit dans le cadre de
la sociolinguistique où la langue se définit comme un produit de
la vie en société.
Les situations de bilinguisme ou de plurilinguisme offrent la
possibilité d'étudier le passage d'une langue à une autre
en fonction de la situation de communication.
La sémiologie s'avère importante dans le cadre
où elle nous servira à déceler l'intention de
l'émetteur.
85
Jean CALVET : « L'alternance codique ou le mélange
de langues peuvent répondre à des stratégies
conversationnelles, faire du sens. »37 Selon lui, le
mélange de langues peuvent dire à des fonctions diverses.
De ce fait, nous nous intéresserons de la fonction
identitaire premièrement et de la fonction persuasive
dernièrement.
3.1. Fonction identitaire
Dans son article, Sylvie ROBERT38dit que les
individus s'identifient à une collectivité unique, grâce au
miroir d'une langue commune que chacun tendrait à l'autre et dans
laquelle tous se reconnaîtraient. C'est une idée qui remonte au
temps où les langues commencent à être codifiées
sous forme de dictionnaires et surtout de grammaires.
Selon elle, la langue est un ciment vers l'identité. La
langue entretient étroit avec le sentiment d'identité pour deux
raisons :: tout d'abord, parce que la faculté de parler est une
propriété essentielle (et donc non accidentelle) de l'homme,
puisqu'il est le seul être doué de langage ; ensuite, parce que
l'homme est un animal grégaire, politique, dépendant
affectivement, si bien qu'il a besoin de pouvoir parler la même langue
que ses congénères pour mener à bien ses actions et se
sentir membre d'une communauté. A cet égard la perspective
judéo-chrétienne sur les langues, telle qu'elle est
exposée dans l'épisode de la tour de Babel (Genèse, XI),
mérite qu'on s'y arrête. On y retrouve en effet l'idée que
les hommes, contrairement aux animaux, ont été dès la
création du monde dotés par Dieu de la propriété de
parler et que cette langue unique (« Toute la terre était une seule
langue et une seule parole »), transmise par Adam aux autres hommes, les a
conduits à forger un projet commun : celui d'ériger une tour qui
irait jusqu'aux cieux et qui leur permettrait, en regard de Dieu dont
l'identité est incontestable, de se « faire un nom » ,
c'est-à-dire d'établir - par le biais de cette nomination - les
prémices de leur propre identité. La punition qui s'en suivit est
également intéressante en ce qu'elle révèle que le
châtiment divin ne consista pas à priver les hommes de leurs
capacités linguistiques (Rosier-Catach 2016, p. 79 cité par
elle), mais à « brouiller leur langage de sorte qu'ils n'entendent
plus le langage les uns des autres » (Genèse, 7) et qu'ils se
« dispersent à la surface de toute la terre » (ibid, 9). La
perte de la langue adamique mit donc fin à la concorde humaine pour
donner lieu à une multiplicité de peuples ne se
différenciant identitairement les uns des autres que par la
spécificité de leur langue. Quelle que soit l'incidence que l'on
accorde au mythe bien connu de Babel sur nos mentalités occidentales, la
première réponse envisagée (lien intrinsèque au vu
du caractère inné du langage et de sa capacité à
satisfaire une fonction identitaire) n'est pas sans soulever deux questions qui
vont permettre d'appréhender la problématique de la relation
langue-identité sous un autre jour. On peut tout d'abord se demander, en
s'adossant sur les travaux en éthologie, si le langage est
véritablement une caractéristique purement humaine, puisque les
animaux ont aussi la capacité de communiquer. Sans revenir en
détails sur les travaux de Benveniste (1966, Chap. 2 et 5 cité
par elle) qui soulignent certaines différences linguistiques majeures
entre la communication animale et le langage humain, cette question conduit
toutefois à prendre conscience que ce qui différencie
fondamentalement pour notre propos l'homme de
37 Jean CALVET (2009), La sociolingusitique, Paris, PUF
P.19
38 Sylvie ROBERT (2009), Rôle des
langues dans la construction de l'identité des immigrés italiens
et de leurs descendants, Université Stendhal Grenoble 3 - Master 1
Français Langue Etrangère consulté en ligne jeudi 23
novembre 2023, 22:50:33
86
l'animal, ce n'est pas que la capacité de parler lui
soit innée, mais que son apprentissage du langage le conduise à
savoir adopter une attitude réflexive ou méta vis-à-vis de
sa propre langue. En effet, on ne peut dire « nous sommes Français
parce que la langue nous unit » que si l'on a acquis la capacité de
formuler des jugements à propos de sa propre pratique langagière
et de celle des autres. Ainsi deux paramètres doivent être mis en
jeu pour qu'il y ait sentiment d'identité : la prise de conscience d'une
altérité (la multiplicité des « je » à
laquelle réfère le « nous » s'inscrit en contre
d'autres ensembles de « nous » vécus de ce fait comme
étrangers) et l'aptitude à savoir émettre des propositions
qui statuent (à tort ou à raison) sur les implications de nos
usages linguistiques (usage réflexif ou méta). La seconde
question induite par la réponse immédiate consiste à
s'interroger sur l'identité de quoi (une ethnie, un peuple, une nation
?) une langue pourrait-elle être la dépositaire. C'est en quelque
sorte le principe loquor ergo sum, `je parle donc je suis', ou plutôt `je
dis qui je suis' » (Calvet 2013, p. 9). Bien évidemment, ce
modèle ne tient pas, puisque la Suisse, pour ne prendre qu'un exemple
proche, reconnaît quatre langues nationales dont aucune ne s'appelle le
suisse... Plus généralement, on dénombre actuellement au
moins 7.000 langues dans le monde pour 200 pays ; soit une moyenne de 35
langues par pays. De ce constat et des études qui ont été
menées sur la répartition des langues dans le monde, quatre
conséquences peuvent être tirées : - l'Europe n'est pas
représentative de la diversité des langues existantes (seul 4%
des langues y sont parlées ; cf. Calvet 2017, p. 120), si bien qu'elle
ne constitue - en regard de l'Asie (32% des langues) ou de l'Afrique (30%) -
qu'un cas particulier ne permettant aucune généralisation. - il
est illusoire de vouloir faire coïncider ne serait-ce qu'une ethnie ou un
peuple avec une langue unique, car cela reviendrait à ignorer que les
langues ne connaissent pas les frontières (d'un village, d'une
région ou d'un pays), puisque les hommes qui les utilisent se
déplacent soit pour réaliser des transactions (d'où les
langues dites « véhiculaires » - telles que le lingala, le
swahili ou le quichua - que l'on retrouve le long des fleuves, des routes
maritimes ou des pistes), soit pour migrer vers une contrée
économiquement plus favorable (nombreux sont les foyers pour
travailleurs africains en France où le Bambara est parlé, alors
que cette langue ne correspond pas à la langue première de ceux
qui l'utilisent). - contrairement à une idée reçue,
particulièrement bien ancrée en France, le monolinguisme fait
figure d'exception, car la grande majorité des habitants de la
planète sont plurilingues de par le fait que les langues remplissent
différentes fonctions (Aux Comores, on peut parler comorien dans le
cadre familial, français au travail et anglais pour les relations
commerciales). - Toutes les langues ne jouissent pas du même prestige,
comme en témoigne le fait que les 5% des langues les plus parlées
« trustent littéralement 95% des habitants du monde » (Calvet
2013 p. 122 et cf. également le chapitre 7 de Calvet 2017). L'anglais
fait ici figure d'emblème, même si, de par les déformations
qu'il subit, certains linguistes considèrent qu'il faudrait le
rebaptiser le globish. Ce tableau met donc à mal l'idée que la
langue serait un ciment vers l'identité... Et pourtant, nombre de pays
(récemment institués comme la Serbie et la Croatie ou les
excolonies) et de régions (la Corse, la Bretagne, ...) revendiquent par
le biais de leur langue leur identité. Mais ces revendications peuvent
émaner de deux sources très différentes : une
volonté de l'Etat qui impose une langue unique ou le désir des
locuteurs de s'exprimer dans leur langue pour conserver la culture qui y est
attachée. Une langue, un peuple, une nation L'examen de l'histoire des
langues conduit à souligner que les langues servent à asseoir le
pouvoir politique, si bien que ce dernier joue un rôle déterminant
dans leur constitution. Le cas du français en offre un exemple
remarquable dont nous allons à grands traits retracer l'histoire, car
celle-ci - en cumulant les principaux paramètres en jeu dans l'incidence
du pouvoir sur la langue - peut être pensée comme une sorte de
patron permettant d'effectuer en
87
négatif des diagnostics vis-à-vis du rapport que
les autres langues entretiennent avec leur pouvoir politique (cf. Sériot
1996 pour faire une telle comparaison avec les pays d'Europe centrale et
orientale). Pour les linguistes, la naissance du français coïncide
avec les Serments de Strasbourg prononcés en 842 par les deux
petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique,
désireux de marquer leur victoire sur leur frère Lothaire en se
répartissant à leur avantage l'empire carolingien. Le principe
d'attribution des terres s'effectuera sur la base de la langue : les
contrées où la population parle la langue romane, qui par
modifications successives donnera le français, reviendront à
Charles, tandis que celles qui pratiquent le vieux haut allemand seront
attribuées à Louis. Bien que Charles et Louis soient de langue
germanique, chacun jurera devant leurs armées respectives dans la langue
de l'autre ; accomplissant ainsi un acte symbolique éminemment
politique, puisqu'il signifie une « nouvelle répartition des
pouvoirs et des terres » (Cerquiglini, 1991, p. 80 cité par Sylvie
ROBERT). Ainsi, se dégage le premier paramètre d'utilisation du
politique sur les langues : l'invention d'un pays, d'un Etat ou d'une nation
par le biais de la différenciation des langues. Les désordres
connus par la France aux XIVe et XVe siècles (peste noire, famine,
guerre de Cent Ans) ayant contribué à affaiblir l'autorité
royale, le pouvoir monarchique prendra la mesure - ainsi que l'explique Claude
Hagège (1996, p. 43cité toujours par Sylvie ROBERT) - du
rôle que peut jouer la langue en tant qu'« instrument de pouvoir
» susceptible non seulement d'imposer à la population
l'autorité du roi, mais également de renforcer ses
conquêtes militaires. Pour cela, la royauté apportera son soutien
aux écrivains de la Pléiade, favorisera les traductions en
français d'ouvrages grecs et latins et bénéficiera de
l'invention de l'imprimerie. Ce faisant, le pouvoir utilisera l'emploi de la
langue pour poser les prémices d'une culture où l'écrit
(et sa possibilité de diffusion rapide) joue un rôle
prépondérant (l'appui politique vis-à-vis des auteurs de
langue française sera récurrent au cours des siècles
suivants). Un second paramètre se dégage donc : la mainmise que
le politique s'octroie sur l'emploi de la langue pour façonner par le
biais de la littérature (ou de nos jours les médias) un ensemble
de représentations communes. Le rôle de l'écrit est ici
essentiel en ce qu'il permet aussi de fédérer un territoire en y
diffusant les décisions gouvernementales (le choix de Madagascar,
après la décolonisation française, d'inscrire comme langue
nationale dans sa constitution la seule langue à écriture (le
malagasy) que compte cette île sur les dix-huit langues qui y sont
parlées, n'est donc en soi guère surprenant).
Car c'est bien dans le domaine du droit que la langue comme
instrument de pouvoir s'exerce en premier, comme en témoigne de nouveau
le cas de la France où François 1 er édicte l'ordonnance
de Villers-Cotterêts (1539) cité également par ALUMA
K.J.Y39 qui stipule - afin de proscrire l'utilisation du latin et
des dialectes locaux largement dominant dans son royaume - que tous les
écrits de justice (y compris ceux portant sur la vie quotidienne)
devront être « prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en
langage français et non autrement » (cf. Hagège, p. 52
cité par Sylvie Robert). A ce processus de codification des droits
régissant le pays, et qui a pour corollaire que l'administration parlera
en français, s'ajoute un troisième paramètre :
l'intervention du pouvoir dans la normalisation de la langue qui se traduira
concrètement par la création au XVIIe siècle d'instances
(l'Académie française en 1634) ayant pour fonction de fixer son
orthographe et d'établir sa première grammaire. Dans le cas du
français, cette pression est très forte et peut donner à
concevoir le français comme une langue artificielle, puisque celle-ci
fut établie à partir de l'usage « de la plus saine partie
39 Aluma Kabika Jean Yves, (2023) Notes de Cours
d'Histoire de la langue français, inédit, Isp-Uvira
88
de la cour et des écrivains du temps » (Vaugelas
1647/1981, p. 28 cité par Sylvie R.). La volonté politique
d'instaurer des institutions dédiées à la constitution ou
à la préservation d'une langue, telles que la France n'aura de
cesse d'en créer (la plus connue de nos jours étant
l'Organisation Mondiale de la Francophonie qui a, entre autres, pour fonction
de défendre la langue française vis-à-vis de
l'hégémonie de l'anglais), est également un bon indicateur
de l'exercice du pouvoir sur l'image que la langue doit véhiculer du
pays dont elle émane. La révolution française, avec la loi
du 2 Thermidor (1794) qui interdit les langues régionales,
témoigne du projet politique qui peut être conféré
à une langue (instituer un Etat-Nation où chaque citoyen
parlerait la langue de la liberté). Dans ce combat politique où
le patriotisme se fait synonyme de « parler français », le
rôle de l'école - qui sera entériné au XIXe
siècle par Jules Ferry - se dessine comme un vecteur de la propagation
et de l'apprentissage du français comme langue unique. L'école,
régie bien évidemment par l'Etat et par ses lois, et qui
n'assouplira sa politique linguistique qu'en 1951 avec la loi Deixonne. Au
terme de cette esquisse certes trop sommaire, le célèbre slogan
du XIXe siècle « une langue, un peuple, une nation » si bien
intégré à nos représentations perd de sa
naturalité en exhibant son caractère historiquement construit
sous-tendu par l'oppression des langues dites minoritaires. Ma langue, reflet
de ma culture et de mes valeurs. Le principal argument mis en avant par les
populations et les minorités qui soutiennent que leur langue fait partie
intégrante de leur identité consiste à faire valoir que
chaque langue découpe non seulement différemment notre
façon de voir le monde, mais qu'elle est également
dépositaire - de par son caractère historique - de la culture et
des valeurs de ceux qui la parlent. Si cette position, déjà
défendue en partie dans la Grammaire générale et
raisonnée de Port-Royal (1660 cité par Aluma K.J.Y.),
recevra une assise plus documentée empiriquement au XIXe siècle
grâce aux travaux de Humboldt (2000) qui soutiennent que la langue
exprime et façonne l'âme nationale dans ce qu'elle a de plus
spécifique, cette position prendra sa forme la plus achevée dans
l'hypothèse de Sapir-Whorf qui pose que la structure d'une langue
détermine la structure de la pensée et de la perception des
locuteurs tout en conditionnant leur culture. Ce principe de relativité
linguistique est justifié par Sapir en ces termes : « Il est
assez illusoire d'imaginer qu'on s'ajuste à la réalité
essentiellement en dehors de l'usage de la langue, et que la langue est juste
un moyen quelconque de résoudre des problèmes de communication ou
de réflexion spécifiques. Le fait est que le `monde réel'
est, dans une large mesure, construit inconsciemment sur les habitudes
linguistiques du groupe. Il n'existe pas deux langues qui soient suffisamment
similaires entre elles pour être considérées comme
représentant la même réalité sociale. Les mondes
dans lesquels vivent différentes sociétés sont des mondes
distincts, et non pas le même monde avec juste des étiquettes
différentes attachées aux choses... Nous voyons, entendons et
faisons autrement l'expérience des choses de la manière dont nous
le faisons car les habitudes langagières de notre communauté nous
prédisposent à certains choix d'interprétation
» (1958, p. 59).
Il suffit, par exemple, de penser aux rituels langagiers (les
condoléances, les excuses, les remerciements, etc.), aux tabous verbaux
(relatifs au corps, au genre, etc.) ou encore aux implicites qui donnent sens
aux slogans politiques ou publicitaires pour mesurer les différences qui
séparent les langues dans leur façon de proposer une
appréhension du monde. Dans ce cadre, on comprend également que
le XVIIIe siècle ait pu parler du « génie des langues »
en tant qu'elles nous feraient dépositaires de l'héritage d'un
passé transmis naturellement ; comme en témoigne d'ailleurs le
fait que l'on puisse encore dénommer le français, l'allemand ou
l'anglais, par les termes de « langue de
89
Molière », de « Goethe » et de «
Shakespeare ». Par contre, comme l'objecte Charaudeau (1990), cette
perspective, qui subordonne la culture à la langue, pêche à
expliquer pourquoi les cultures française, québécoise,
belge, suisse, maghrébine, voire africaine, ne sont pas identiques ... ;
révélant également la situation paradoxale des locuteurs
vivant dans un pays d'immigration (par exemple, le Canada ou le Brésil)
et se retrouvant obligés « de vivre entre une langue, dont
l'identité renvoie à un là-bas-autrefois, et un usage, un
discours qui, lui, exprime l'identité du ici-maintenant » (ibid. p.
2). Les problèmes ici soulevés font ressortir deux points
importants : i) l'identité gagne à être pensée de
façon plurielle en distinguant notamment `l'identité de base' des
communautés linguistiques forgée à partir de leur histoire
et de leur culture (religion y comprise), de celle correspondant à leur
`identité courante' et qui est endossée par les locuteurs pour
gérer quotidiennement leur vie sociale, politique et
économique.
Le sentiment d'identité n'intervient pas seulement au
niveau de la langue (pensée comme un trésor abstrait que nous
possèderions tous), mais également dans l'usage que les locuteurs
font de celle-ci. Une conséquence attendue du relativisme linguistique
sera de soutenir ce que Quine (1960) appellera la thèse de
l'indétermination de la traduction, à savoir que tout processus
de traduction revient à projeter sur la langue que l'on traduit les
catégories de pensées héritées de sa propre langue.
De fait, la difficulté à traiter du lien que la langue (ou
l'usage de celle-ci) entretient avec la notion d'identité provient d'une
impossibilité d'opérer des généralisations, car
chaque situation linguistique correspond à un cas particulier. La raison
de cet état de fait provient de
l'hétérogénéité et du grand nombre de
facteurs qui influent sur ce lien et des possibilités combinatoires qui
en résultent. Ainsi, entrent en jeu le nombre de locuteurs qui parlent
la langue, le degré de transmission de celle-ci, la politique
étatique, la nature véhiculaire ou non de la langue, son statut
d'ex-langue coloniale, le taux d'urbanisation du pays, la fréquence
d'utilisation de la langue dans les nouvelles technologies, ... (Calvet 2017,
p. 187-203). Sans donc vouloir dresser un tableau objectif de tous les cas de
figure, certains paramètres semblent néanmoins être de
très bons déclencheurs pour une revendication identitaire de la
langue. Ainsi, la présence d'une diglossie entre langues constitue un
facteur assez déterminant.
Nous considérons que la fonction identitaire est la
fonction de manifester son appartenance ou son amitié au groupe. C'est
une fonction d'identification au groupe, aux différentes fonctions ou
statut dans la société.
Comme le témoigne Martin Riegel : « Les
langues contribuent à assurer l'identité et l'unité
à lintérieur des communautés humaines, mais aussi car ce
qui réunit peut aussi exclure la différence et la
ségrégation. Sensibles aux divers facteurs de
différenciation qui traversent et travaillent le tissu social, elles
reflètent les clivages internes qui tiennent à la localisation
géographique et l'appartenance à une classe sociale, à un
milieu culturel, à un groupe professionnel ou à une classe
d'âge. » (Martin Riegel et ali, op cit : 18,19).
La familiarité et le degré d'intimité
entre les acteurs de la communication déterminent aussi la nature de
conversation, et partant l'alternance codique. Le recours à l'alternance
codique peut s'opérer selon que les acteurs de la communication sont
intimes ou pas. Un étudiant par exemple, en s'adressant à son
professeur ne peut en aucun cas recourir à l'alternance codique. Il
n'est pas totalement exclu qu'une communication officielle ou formelle fasse
recours à l'usage alterné des codes.
90
Qu'il suffise de rappeler le cas du président Joseph
Kabila qui, dans sa communication en Kiswahili recourt à l'alternance
codique swahili/français pour se conformer à la pratique
langagière du pays, la RDC où les langues congolaises ne sont pas
parlées dans leur état pur.
En résumé, l'alternance codique peut permettre
au locuteur de combler une difficulté d'ordre lexical, affirmer son
propre statut ou exclure quelqu'un de la conversation.
Exemples : / Radio Le Messager du peuple imewatafuta
waliotunukiwa cheo cha walimu Mutafiti Abeli Mutunda Charly ni mmoja wao
anaeleza anavyopokeya tarifa hiyo : « Kwa kweli nimepokeya na
furaha kubwa sana kwakuona ya kwamba niko miongoni mwa wale watu watano. Ni
muda murefu sana nilikuwa nimedeposer iyi candidature yangu kwa ile poste
alakini wakuu viongozi wa ISP wa mwanzo walikuwa wameiacha pembeni sijuwi
nikwasababu ngani lakini kwa leo tunamushukuru mwenyezi mungu asa na bodi ya
ISP-Uvira ambayo iliona umuhimu kwa kazi tuliyo fanya na kuipeleka dossier yetu
kwenye conseil d'administration ya Isp na leo tuko wa chef de travaux
ijapokuwapo saivi arreté iliypo ajawa na nottification ya
secrétaire général mais najuwa kesho mwezi kutwa itakuwepo
ila kwa kweli tuna ambiya wengine waji usiche na utafiti kwa kuwa chuo kikuu
kinaomba watafiti tuu na muna kingine kya kufanya ila tunajuwa saa ivi tutakuwa
sisi ni xa mwuisho kwa kupeleka dossier zetu kinshasa nazipitiye njia hii kwa
saaivi kama haujakuwa na DEA na Master hauwezi ukawe tena chef de travaux
nawaomba waende shule ne sisi wenyewe tutakwenda shule ili tuwe watafiti
wakubwa kwa inchi yetu ya RD congo « f...]
Norbert Bashengezi, Katintima mwenye kit iwa
chamaa cha ANCE ametuma musaada wa dolla elfu moja na mia tano kwa raiya wa
Sange waliyo muomba mchango wa kujenga jukwa la heshima ndani ya uwanja wa
mupira wa miguu mujini humo f...]
Big Marthe Bashomberwa [...] ameleeza raiya wa sange kuwa
: « kwa watu wa sange tunawaomba ile franka inafika waitumikishe
sawa vile wazazi bajenge tribune tribune itabakiya hapa ni yao, na itabakiya na
bailinde vizuri na bakiihariribisha, wala kama habajenje, batakuwa nibopeke na
batakuwa bame shimamisha maendeleo ya stade yetu. Donc tunabaomba sagesse na
bonne gestion ya zile pesa. »/
Combler un vide dévrait penser à l'emprunt or
dans le cadre de l'alternance codique, l'emprunt n'a pas raison d'être
comme le signale Marie-Eva de Villers 40 « L'emprunt, s'il n'existe
pas de mot dans une langue pour désigner une réalité,
l'emprunt se justifie ; il est inutile s'il vient concurrencer un mot existant.
»L'alternance codique ne peut se justifier ici comme il n'est pas
question d'emprunt.
L'usage du français dans une période
donnée de l'histoire du Congo permettait à l'usager de faire
partie d'un groupe social considéré comme celui des «
évolués ».
40 Marie-Eva de Villers (2003), Multidictionnaire de la
langue française, Québec, Montréal, p538
91
Etant donné que ce sont les évolués qui
doivent être hissé à des hautes fonctions politques du
pays. Ceci se justifie également par les propos de MUDIMBE V.Y.
Cité par KADIMA-TSHIMANGA 41qui nous donne le
métalangage suivant du terme évolué :
« On appelle « évolué » au
Congo-Belge, des congolais détenteurs d'une carte spéciale,
pouvant qu'ils ont rompu avec les moeurs primitives et ont fait un certain
progrès vers la civilisation européenne.» (1983 :
13).
Ce sont ces intellectuels dits évolués qui
publient quelques réflexions dans le journal La voix du congolais.
Ils ne pouvaient le faire qu'en français selon la volonté du
Blanc.
L'usage alterné des codes (langues africaines/langues
occidentales) est un indice d'appartenance à l'élite
intellectuelle ou un témoignage qu'on est civilisé et que l'on
mérite d'être élu aux élections prochaines. A ce
sujet, F. de SAUSSURE affirme que :
« L'unité d'une langue peut-être
détruite quand un idiome naturelle suit l'influence d'une langue
littéraire. Cela se produit infailliblement toutes les fois qu'un peuple
arrive à un certain niveau de civilisation. » (SAUSSURE op.
Cit : 267)
Exemples :
/ Kiongozi wa tarisisi, Mauridi Mukerwa Jean Claude wakati
akitembeleya sehemu za Sange bondeni mwa mto Ruzizi pia mta wa kayaja kata la
Mulongwe, kwake Mauridi Mukerwa Jean-Claude, matembezi haya, ilikuwa na lengo
la kuamusha raiya kutokuzubaha tena wakati wa uchanguzi ujao, kwani umuhimu ni
kuchaguwa vizuri ili kupata maendeleo ya kudumu Uvira. Yuko hapa kwenye
microphone ya Radio le Messager du Peuple : « Kwanza
nilikuwa na kwenda kuwakumbusha kuwafunguwa akili kuhusu uchanguzi unakuya
wasifanye tena makosa zenye balitokeya kufanya na mpaka leo tukonaendeleya
kusouffrir n/a batu benye balivoter juu ya
polo, balibavoter juu ya sac ya chumvi, kuonekana kubaconscientiser cette
fois-ci baangaliye ngisi ya kuchaguwa ilituchanger maisha, ilitulete maendeleo
mu territoire yetu ya Uvira. » Kwa fursa hiyo Mauridi Mukerwa Jean- Claude
amefanya uzindusi wa bomba alilo wapa wakaaji wa Kayaja, itakayo wasaidiya kwa
maji safi. Tena hapa tumusikilize : « [...] Kitu limetufanya tupatiye watu
wakayaja maji, kwa sababu tumeenda tukitembeya tukaona kwamba kuko shida ya
maji, watu wako wanatembeya ma kilomettre za mingi juu washote maji na
wakonaenda naitafuta na wanailipiya pesa. Nikusema kama tunavyo uwezo yakufanya
hiyi tunaweza tukawafanyiye kitu kidogo tukawaleteye maji [...] tukaamuwa
ilitupunguze ile mateso ya kutembeya muda murefu, ama kuchunga ma saa, trois
heures, quatre heures du matin muda ya ya maji. Tuangaliye uwezo tunayo kwa
kuweka ile borne fontaine iliwatu wawe wanapata maji Tunashukuru mungu kwa
sababu tulifikiya kwa kupata ile uwezo kufungulia ile borne fontaine. Na haiko
pale njoo tutaishiya, tulikuwa tulishafaya kwa avenue du stade, Songo, na
maitaji ya maji kama haki ya binadamu, maji
41 KADIMA-TSHIMANGA (1983) : Le
sociale et le politique dans le vocabulaire de l'évolué
congolais. Une étude lexicographique de la Voix du Congolais (1955-1959)
Vrije Université Brussel (Thèse de doctorat).
92
iko mingi sana na pale kote tunaweza, tutaendeleya
kupatiya watu maji. Ntutaendeleya kufanya mengi zaidi. »/
/. Kwake Kelvin Bwija, vitendo vya raiya vinaruhusiwa na
sheria ya inchi ya DRCongo kuepukana nah ali hiyo ni kwa wajibu wa serikali
kuheshimu mapaswa yake kwa wana inchi. Tumusikilize hapa Kelvin Bwija
akijieleza hapa kuhusu jambo hilo : « Jambo ambalo tumefanya leo,
limefanyika leo mu ville ya Uvira et ses environs, ukisoma constitution article
26 (vingt -six) inaprevoir ma marches pacifiques na ma villes mortes, ma
revendications fulani fulani njoo maana tumeshirikiana na wenzetu wa UNSCC
kukuwa pamoja mu barabara ku observer kwa sababu kuna watu wenye wanaweza waka
haribisha bya batu, njoo maana tulikuwa tuko tunamaîtriser wakaaji. Non
aussi wa autorité wanapashwa kuwa na esprit patriotique na habitudes,
comportement ya mzuri kuwa na angaliye, wasikuwe wanachunga mashirika za
kirahiya tukuwe tunaorganiser maactions citoyennes, villes mortes, ma marche
pacifique pourque bapane solutions ku bitu fulani fulani. Banaâshakuwa na
réagir mbele ya ma shirika haziya organiser maactions citoyennes [...]
ziko tellement constitutionnelles parce que depuis longtemps tuko tunaomba
Route Mwami, Rn5 ijijengewe, Route Espoir, Route Mwami zinjengewe mupaka hivi
hatujaona ata kitu. Wa autorités wanapashwa kurudiya ku mu sitari kuwa
na tenda, kufanya kazi mbele ya wakati ma sociétés civiles haziya
organiser maactions citoyennes [...]/
/ Muungano wa vyama vya siasa FCC wasema
kamwe hutoshiriki uchanguzi wa mwaka elfu mbili ishirini na tatu ikiwa
hayajafanyika marekebisho ya daftari ya mupiga kura ameyosema hii, leo Bwana
Mukonge Wachambu Microbe, msemaji professa daktari Nehemie Mwilanya Wilondja
ambaye ni mratibu wa FCC inchini DRCongo (Diar Kongo) Microbe akiwa tena
msemaji wa FCC mashariki ya muhuri wa kidemocratiya ya congo ametowa sababu
inne zakutoshiriki kwao uchanguzi huo :
[...] Tuone ingine i irregularité yenye iko
liée na proposition avant projets de lois la répartition des
sièges, ile avant- projet iko en conflits na décret yenye
iliwezaka réagir Uvira kuwa ville, na Baraka kuwa ville [...] ».
/
Jean Calvet souligne : « mais dans tous les cas, le
contact de langues produit des situations dans lesquelles le passage d'une
langue à l'autre revêt une signification sociale
»42. Il précisa que le bilinguisme social n'est pas
toujours aussi harmonieux, il peut également être conflictuel :
« L'un des reproches que l'on peut faire aux définitions de la
langue qui la ramènent à un « instrument de communication
» et qu'elles risquent de laisser croire à un rapport neutre entre
le locuteur et sa langue. Un instrument, en effet est un outil que l'on prend
lorsqu'on en a besoin, que l'on remise ensuite. Or, les rapports que nous avons
à nos langues et celles des autres ne sont pas tout à fait de ce
type : nous ne sortons pas l'instrument langue de son étui lorsque nous
avons besoins de communiquer pour l'y ranger ensuite, comme nous prenons un
marteau lorsque nous avons besoin de planter un clou. Il existe en effet tout
un ensemble d'attitudes, de sentiments des locuteurs face aux langues, aux
variétés de langues et à ceux qui les utilisent, qui
rendent superficielle l'analyse de la langue comme un simple instrument. On
peut aimer ou ne pas aimer un marteau, mais cela ne
42 Jean Calvet, (2009), La
sociolinguistique, Paris, PUF p25
93
change rien à la façon dont on plante un
clou, alors que les attitudes linguistiques ont des retombées sur le
comportement linguistique. » (Jean CALVET Op.Cit :39).
Il reviendra sur les retombées sur le comportement
linguistique à la page41 en disant : «Si les usages varient
géographiquement, socialement et historiquement, la norme
spontanée varie de la même façon : on n'a pas les
mêmes attitudes linguistiques dans la bourgeoisie et dans la classe
ouvrière, à Londres ou en Ecosse, aujourd'hui et il y a un
siècle. Ce qui intéresse ici la sociolinguistique, c'est le
comportement social que cette norme peut entraîner. Elle peut en fait
avoir deux types de retombées sur les comportements linguistiques : les
unes concernent la façon dont les locuteurs considèrent leur
propre parler, les autres concernent les réactions des locuteurs au
parler d'autrui. Dans un cas on valorisera sa pratique linguistique ou on
tentera au contraire de la qualifier pour se conformer à un
modèle prestigieux, dans l'autre cas on jugera les gens sur leur
façon de parler. ». (Jean Calvet op. cit.41).
Identité politique
/Asante bwana Mutangazaji, kwanza nitaenda kupana pole kwa
wanamemba wote wa Ensemble pour la République kwa yote ilitokeya kwa
Moise Katumbi kwa upekee na Ladisi Djuma Matonda kwa sababu Cherubin alikuwa
mtu wake wakaribu zaidi nitapana pole pia kwa dada yangu Eulalie Kangeta na kwa
beaufré yangu Konga kwa mupoteza mtoto, pia na kwa Kisanola [...] ni
mungu anapana na ni mungu anabeba [...] kwas asa kunakuwa ingine ligala banaita
G7 pale Kabindula, kwa saizi wanakufata ikiongozewa na bwana Lolo Simitondo.
Donc kwa saizi wanakufata kwa makini. [...] Sisi tuko muhali ya uzuni na kilio
kubwa kwa sababu, ni mambo ya kuhuzunisha zaidi sijuwi kama kuna mtu yeyote ule
ambaye ataeza akafurahiya kifo kya mwengine et surtout que aliyekufa aiko tuu
porte parole wa ensemble pour la République mais plus tôt un
député national na député national
anareprésenter njoo nation. Donc ni uzuni kwetu sisi wote sauf kwa wale
ambao wana roho za kutu ambao wanaona wanatakaa shidwa wanaanza maliza maliza
wamoya. /
Henri Boyer a reconnu que l'identité tient compte des
circonstances de l'acte de communication : « Un autre facteur, tout
aussi important que les précédents, à prendre en compte
dans l'analyse de la diversité des usages, au sein d'une
communauté linguistique, est la situation de parole/écriture, les
circonstances de l'acte de communication (écrite/orale) : lieu, moments,
objectifs communicatifs, statuts/positions des interlocuteurs...
»43
/ Asante Bwana mutangazaji nitakuambiya kama Moise Katumbi
n'a jamais eu d'émotion. Hayakuwaka na maémotions. Donc il est
toujours raisonable ku byote benye anasema na maneno yote anakuwaka anaitiya
nafasi inastahili. Et donc Moise Katumbi comme [...] wakati walisikiya ule
utata, kifo ya honorable Cherubin ili zusha ma swali mengi na kuleta sisi kwa
Ensemble pour la République tulikamata décision fulani na njoo
kwa maana tulisema kama iko crime d'état. Et donc ile yenye walifanya ni
assassinat kwanza kwa sababu tutakuya kuirudiliya. Nini tunaita assassinat ?
[...] mimi kama juriste. Tunaanza wakati Moise Katumbi anapata sollicitation
comme une personnalité aingiye mu union sacrée juu ya kusaidiya
inchi[...] wezetu ambao tulizani kama wataelewa, ku mwisho hawakuelewa[...]
Moise Katumbi Chapwe na directoire national ya Ensemble pour la
République ilidéicider kusema tutoke mu union sacrée na
pale tukapana
43 Henri Boyer, (2017), introduction à la
sociolinguistique, Dunod, Paris, P45
94
opportunité mwenye anajisikiya kuendeleya kutumika
na Feliz mwa iyi gouvernement ya Sama Lukonde ataweza kurudiya na akiwa membre
ya Ensemble pour la République [...]Donc anaifanya individuel [...]
Christian Mwando alitoka na wengine walitoka na souci ya kusaidiya raiya, siku
kidogo tukasikiya de père et de mère, loi de père et de
mère ikaanguka kwa sababu walitafuta wa mudestabiliser Moise
Katumbi[...] na kwa leo ile tulikuwaka tukiimba. Tukingaliki watoto ebo na ile
na ma campagne yao [...] ile loi de père et de mère haikuongelewa
ata [...] Tuliona apa [...] mu mwezi wa tano Moise Katumbi ana prévoir
kuenda kuikala mu Kinshasa pendant trois mois comme tout congolais, blocage
zikaanza paka saa anatafuta a voyager Kikwit banamukataliya asifike Kikwit
comme [...] ni congolais mwenye asitahili kuzunguruka mu inchi aende Congo
Central bana mukataliya et puis le 20 mai baka proclamer vraiment etat
dictatorial sanguinaire kwa ku empêcher Salomon arbitrairement na
kusambalisha watu wasifanye manifestation pacifique. Iyo ni maindice, wakati
waliona kama Salomon anakamatika mbele ya watu akuna gisi wamutendeye kinyama
ikabidi waende utiliser wa Demiap, na ma service zingine mais ile tukasema
tutaifatiliya kama kawaida alakini neno iliyotoka mule wanasema bwana Salomon
alikuwa anataka ba remplacer Président mwenye iko watiye mtu wa Katanga.
Et que walikutana mumatéléphones zake ma numéro za M23,
anaongeyaka na Rwanda tout ça. [...] pendant que ma enquête ziko
en cours, le Président de la République akajidéplacer
alifika faismoya akasema ya kwamba yeyote ule atapatikana mwa ile mambo wala
atasikilika mwa ile mambo ya M23 wasimuulize de droit de l'homme[...] sijuwi
kama munanielewa kwa hiyo niveau unasentir kama banatafuta kuvalisha Ensemble
pour la République dowa ya M23 et pourtant benye banaongeyaka na M23
biko, benye bali baloger mu 2019 à Kinshasa biko na kula ku Fleuve Congo
ku Mmeling ku hotel za nguvu, kuma frais zabo[...] mais pardon nifikiye pale,
alors Cherubin, ministre ana démissionner, alors crime d'etat inatokeya
wapi, alikuwa naitwa na Parquet Près Cour Constitutionnelle[...]
inamwuita aende afike a répondre ajibiye nini apana aliuwa apana,
aliiba, ama nini, akuye a déclarer bavérifier mali yenye alikuwa
nayo yenye aliwezaka déclarer avant akuwe ministre, alors mwa ile
circonstance tutakumbuka kama mu Congo akingali ministre wa kwanza depuis Congo
inakuwa mwenye anakuwa interpeller après ku déclarer avant mandat
mali yake [...] ama mandat fulani yenye ilikuwa lancer kusema waitishe mtu
fulani na mwa ile circonstance njoo alikamatika escorte wake anaingiya ku
déposer lettre juu ya kulomba repos, banakuya banaingiya, banatiya arme,
bana forcer mupaka kwenye balienda muuwa... wapi ?Devant la cours
constitutionnelle na haute instance za République zenye ziko
hypersécurisé et donc mtu kuko ma caméras mais zile
caméras zote azikufonctionner ile siku, kuko bapoliciers benye
banachugaka pale, kwa ile moment abakukuwa donc est-ce que vous pouvez
comprendre ça ? Leo ukifika ku parquet utakutana watu banayala pale mais
ile siku sa Cherubin anafika on a évacué tout le monde. C'est un
crime d'état. Assassinat parce que baliiplanifier très bien
bamuite afike bamuenlever kisha baende bamuachever. /
/ Tumemupokeya munenaji wa chama cha UDPS, Maître
jambo kwanza [...] est -ce que ilikuwa moment opportun yakuweza ku
décréter journée ville morte ?
[...] Nasalimu wa co-débatteurs, codébatteur
mmoja tuu na ni Bwana Mafikiri Président wa mpya wa Nouvellle
société civile [...] sisi kuhusu iyo swali ya ville morte
ilifanyika tariki ya siku ya pili yaiyi i,ga inamalizika [...] siye kama chama
tawala hatuoni umuhimu wa iyo ville morte par ce que wanasema walifanya ile
ville morte kuhusu mambo ya barabara [...] tunafanya na sisi plaidoyer [...]
tunaenda mwaiyo délégation pale Bukavu kuenda kuona Excellence
Alexis Gisaro, ministre wa
95
infrastructures f...] tulizungumza parce que amepokeya tuu
chama, na tukazungumuza kuhusu tena mambo ya barabara na haiko tuu iyi yetu apa
Route Nationale numero 5. Amefanya lancement Nyatende mupaka Kamanyola f...]
atakuya apa Uvira kuja ku lancer ya frontière mupaka Kivovo f...]
Wenzetu wa société civile nini ime wa piquer f...] mais wanafanya
ville morte f...] /
Les interventions ici mis en exergue relèvent des
idiolectes étant donné qu'elles resortent des constances
individuelles. Martin Riegel en dit autant : « L'idiolecte d'un
locuteur appartenant à une communauté linguistique est l'ensemble
des constances de son parler tel qu'il s'actualise dans les usages langagiers
qui lui sont propres. Il se présente généralement comme la
conjoction de plusieurs variétés p.ex., d'une
variété régionale et d'une variété sociale,
toutes deux fixes, et de plusieurs variétes situationnelles
adaptées à deux types d'échanges verbaux .»
(Martin Riegel et ali, op cit : 19).
Identité société civile
/Sisi shirika la kirahiya hatuya sema kama aliuwawa
kisiasa kwa sababu tuko na ngoya enquête i prouver f...] il faut
comprendre politiquement batu ya Ensemble banaweza tenir discours kufatana
f...] sis kama shirika la kirahiya tunajuwa d'abord action ya kuuwa Cherubin
ilikuwa bien planifier et que les enquêtes itatuambiya mengi zaidi. Mais
aussi nilikuwa nataka watu wote wa Uvira mwenye iko natafuta acomprendre kwa
sababu niko nawaza Uvira ama mu Congo bako nataka bavalishe batu bazoweye
maisha ya matatizo or c'est ce qui est inconcevable. Raiya inapashwa kuelewa
kwamba kila kifo kwanza na heureusement Maître alishaisema même si
ulimukata, kila kifo ikifika mu Congo kyakuuwa mtu, il faut kujuwa que le
gouvernement iko responsable kwa sababu iko na mandat ya kuprotéger
maisha ya kila mtu et que miye niko na sema kwamba est-ce que sisi raiya tuko
na ile capacité ya kuelewa kwamba serikali mambo iko nafanya iko aussi
inacontribuer ku kifo kyetu. Comment expliquer f...] une autorité
pareille, simple déplacement yake et que le matin tunakuya kutana kama
mtu anakufa. Donc c'est inconcevable. Il faut que batu baelewe kwamba haiko
njoo benye mtu angelimeriter bile. f...] Au contraire serikali iko pale kwa juu
ya ku protéger maisha yetu à tous les moyens. Parce que je prends
un exemple f...] niko naangaliya que mara mingi mambo iko nafikiya batu mu
Congo même kufikiliya kufa, iko na kamatiwa avec legereté f...]
Recemment juzi f...] mais il faut voire est -ce palikuwa déclaration de
la part du gouvernement ku honorer même bale batu benye balituacha ?
Unacomprendre que la vie politique, politique yenye iko mu inchi aipermettre
aimupe mtu utu avec valeur parce que c'est normal, na njoo benye biko na tokeya
f...] ile kusema kwamba non, ilifika, Cherubin aljiiuwa ye peke peut-être
izi exemple ulipana, apana. Ukiangaliya ngisi Cherubin alikufa Allez-y
comprendre ata mtoto wa chini wakimuonesha maimages avec ce qui s'est
passé basi atakuambiya kwamba Ça étéit une
organisation ya kabambi pourque ba éliminer ile maisha ya ule mtu. Pour
terminer sis Shirika la Kirahiya, la situation yenye ilifika pour Cherubin
c'est déplorable f...] et que moi je crois, nawaza kwamba même
watu wako mumajorité mu Union Sacrée aiko ba prendre zamiri, aiko
ile hali yenye tunawezaendeleya emo, aiko kwa juu ya poste fulani njoo unaweza
sema non, il n'y a rien mais il faut comprendre aiko maisha, aiko hali yenye
batu banaweza kufwa emo mu vintgième siècle. /
Les intervenants à la Radio, en alternant les codes,
dans un discours swahili, recourent au français par snobisme
étant donné qu'ils cherchent à se distinguer du commun des
mortels ; ils désirent à appartenir à une élite.
Voilà pourquoi ils tendent à réproduire le comportement
d'une classe sociale ou intellectuelle qu'ils éstiment
supérieure.
96
Henri Boyer a reconnu que l'appartenance à un milieu
socioculturel est en cause et également l'origine géographique et
sûrement parmi les mieux répérés, souvent
matière à stéréotypage44. A Uvira, le
locuteur du français est implicitement considéré
élevé, lettré, ayant étudié et par
conséquet cultivé.
2. Fonction persuasive
Au-delà du schéma de la communication
saussurienne ou Jakobsonienne, la communication médiatisée
s'établit non plus entre un émetteur et un récepteur, mais
entre le locuteur et l'auditeur, la chose dont on parle (le message), et le
récepteur (l'auditeur) visé.
Elle est baissée sur une stratégie de
persuasion/ séduction. L'approche pragmatique est essentiellement
orientée vers le pôle destinataire (l'auditeur/lecteur).
Le contact de deux langues en rapport avec la pratique
langagière du sujet sera caractérisée donc par un emploie
en alternance de divers codes linguistiques basée sur une
stratégie liée essentiellement à ses intentions, aux buts
qu'il assigne à travers l'échange. Il faudrait laisser la parole
aux spécialistes pour définir ce qu'on entend par le
bilinguisme.
Pour A. Martinet « Il est nécessaire de
redéfinir le terme de bilinguisme : (emploie concurrent de deux idiomes
par un même individu ou à l'intérieur d'une même
communauté) ne serait-ce que pour exclure l'implication très
répandue qu'il n'y a bilinguisme que dans le cas d'une maîtrise
parfaite et identique des deux langues en cause45 ».
La société uviroise de médias est
bilingue puisque deux langues différentes le swahili et le
français sont en contact permanent. Le swahili étant toujours une
langue agglutinante or le français est à la fois une langue
isolante et agglutinante.
Pour Uriel Weinreich, le bilinguisme étant un
phénomène individuel : « Les bilingues ont tendance
à spécialiser l'emploi de chaque langue selon un sujet
déterminé ou selon l'interlocuteur »46
André Tabouret Keller explique ce qu'il faut entendre
par la notion de bilinguisme ou plurilinguisme : « Le fait
général de toutes les situations qui entrainent un usage
généralement parlé et dans certains cas écrit de
deux ou plusieurs langues par un même individu ou groupe
».47
Exemples :
/ Hekima Ngosheni William ni mkubwa ya Shirikisho la Soka
mujini Sange, wewe umeokeyaje msaada huo : « Eeh
tunashukuru sana na vraiment ni furaha tuu kwa sababu tunakosa bya kusema juu
ya furaha Excellence eeh Kantintima wakati alipita hapa tulimupatiya ile ombi
na wakati
44 Henri Boyer, (2017), Introduction à la
sociolinguistique, Dunod, Paris P33
45 A. Martinet. Eléments de linguistique
générale (Langue maternelle, bilingue et unilingue. Ed. A
Collin Paris 70. P167
46 U. Weinreich « Unilinguisme et
multilinguisme » in langage sous la direction d'André Martinet,
Encyclopie de la Pléiade, ed. Gallimard p671
47 André Tabouret Keller : Plurilinguisme et
interférence in linguistique, guide alphabétique, sous la
direction d'André Martinet ed. Denoel p305
97
tulimupa ile ombi kabisa leo amefikiliya kujibu kwa maombi
yetu na ile ni furaha tuu, ni sentiment ya kufurahiya byote byenye bilipitika.
Ombi zingaliki mingi eeh tuliwayi mupatiya ingine documente ya kwamba
atusaidiye kwa ujenzi ataikuwe mur moya ya iyi stade, kwa sababu wepeke unaona
ngisi inachakaa ingaliki inatusumbuwa sana eeh kwa kwa nguvu yake na ile upendo
amabayo anakuwa nao tunayuwa ya kwamba atatusaidiya ».
f...]/
Ici, le locuteur est en train de convaincre les gens à
voter implicitement pour Kantintima sans le signifier.
/ Mafikiri Mashimango, alipoojiwa wa mwandishi wetu
Heritier Bindo kuhusu swala hilo naye kujibu : « Nikusema kwamba leo
tumekutanana hapo ni kwa sababu, kulikuwa remise-reprise na équipe yenye
inatoka, na njoo maana tunashukuru watu wote walioweza kituchaguwa pendant
maelections yetu le onze (11) ya hiyi mwezi, tunashukuru André Byadunia,
l'équipe sortant, kumuuda aliangoza structure na kana ni leçon,
parce que benye alitumika il y a de l'expérience tutaattirer kupitiya
yeye, mais aussi tunalomba raia kututiliya confiance, kwangisi ilitutiliya
confiance kwakutuchaguwa courage balikuwa nayo, na kulomba, kwenda kwa coordo
André Byadunia, par rapport na ma problème, tunabalomba
baendeleye kuwa kubyangambo yetu kwa sababu tuko pale kwajuu ya kutumika ma
intérêts yote inatoucher ville ne territoire ya Uvira comme Fizi,
na basikuwe na boga kwa sababu nilitaka kubarassurer kwamba chaque
problème itakuwa inafika Uvira, itakuwa inafika Fizi, itakuwa inafika
Walungu, Mwenga, nous comme l'équipe mainant entrant tutatumika,non pas
pour leurs propres intérêts na hatuta badecevoir. Vraiment bakuwe
sûr na bakuwe soudés na batutiliye confiance »/
Dans cet énoncé ci-haut, le nouveau
président de la Nouvelle société civile est en train
d'alterner les codes en vue de convaincre les auditeurs de lui faire confiance
et de l'emboiter le pas dans ses différentes décisions. Cette
fonction identitaire se caractérise par un emploi des pronoms qui
marquent la subjectivité soit « nous », « on » et
« eux » ou des pronoms possessifs.
/ Wanafunzi wa shule za secondari kutoka Luvungi na
bondeni mwa mto Ruzizi wapokeya msaada wa chakula ya alamisi julayi
ishirini,msaada huo watoka kwa tarisisi Mauridi Mukerwa Jean Claude, msaada huo
ni wa mifuko miwili ya mchele, mifuko miwili ya maraharangwe, mufuko mmoja wa
mkaa pia mafuta, kwake kiongozi wa tarisisi hiyo tendo hilo linakuja kujibu
maombi ya wanafunzi hao wakati olipokuwa katika ziyara ya kikazi maheneyo hayo,
Mauridi Mukerwa, anatowa wito kwa raiya wa Uvira kuishi kwa kusaidiyana bila
kujali rangi haiza (either) kabila, hayo anayataja kwenye maike (micro) yake
mwandishi wetu Celestin Kassigwa Hondwa.
« Kwanza nilivyokuwa napita nikitokeya huku upande wa
Munanira ni kaona, ni kasema acha niwasemeshe ili niwaulize wako nafanya
kitendo ngani. Mkaona niba banafunzi benye balitokeya Luvungi banakuya kufanya
stage bamoya ku Mairie na bengine Croix-Rouge na sehemu mbali mbali, alakini
sasa ya kuongeongeya wakasema wako na shida, bengine abayaanza kufanya hata
stage na kwanza habana chakula ya kukula. Basi nikajisikiya siwezi tuu
kuendeleya lazima nisaidiye, msaada tuliyowapitiya kitu kidogo kidogo na katika
ibyo vitu ni mchele, marahangi, mkaa na tukabapatiya vile vile na mafuta,
tumendeleya kuzungumuza hata awana usafiri wa kutoka kwa ile nafasi wako juu
waende kwenye batafanyiya stage. Tutaendeleya kubasaidiya na transport, kadi na
ngisi tunaweza kuweza. Tutawapatiya transport na bingine. Tupendane na
tusaidiyane [...] hiyi mugini iko muhali mubaya watu hawapendani unapo ona mtu
iko katika hali ambayo, we unaweza
98
kusaidiya, umusaidiye bila kuangaliya yeye niwa kabila
ngani usihangaliye yeye ametoka wapi. Njoo maana miye na Fondation yangu, miye
Jean Claude Mukerwa Mauridi [...]
Jean Claude Mauridi candidant aux elections est en train
d'alterner les codes en vue de persuader ses probables électeurs.
Jean Calvet note : « Les langues, faut-il le
rappeler, ont entre autres fonctions celle d'assurer la communication. Et cette
évidence est lourde de conséquences. En effet, plus la
communication est problématique (lorsque l'on parle avec un
étranger par exemple) et plus le locuteur aura tendance à
rechercher des formes simples, courantes. »48
/ Kwa upande wake aliyepewa madaraka anahahidi kutimika
kwa umoja kwa kutangaza injili. Muchungaji Yamonewa Machimu amenenewa hayo :
« Na jaribu kuangaliya namna ya kuangaliya watu, na kufundisha watu [...]
Mungu akisaidiya tufanye équipe ya wa missionnaire pamoya na kuformer
wainjilisti wenye wako na nguvu kwa ajili ya kufunguwa makanisa balimbali
mueneyo ambazo hakujafika injili. Kwa waamini wa CEACO ninakuwa na tegemeyo la
kusema ya kwamba ya watakapo ni unga mkono mzuri, wanisukume ili nipate
kuwatumikiya kwa moyo moja. /
Le Révérend Yamonewa Machimu, nouvellement
élu au sein de la communauté ecclésiastique, recours
à l'intervention divine pour atteindre ses propres intentions et en
montrant que il se mettra pleinement au ministère aussi longtemps que
ses fidèles seront avec lui.
Si nous analysons l'implicite ici, nous pensons qu'il estime
que l'echec de son ministère ne dépendra pas de lui.
/ Nashukuru mzee par rapport na swali [...] acha
nisalimiye Assumani Kangeta que je respecte en passant [...] najuwa que ni watu
wengi Uvira ville kama territoire. Na par rapport na swali bwana muhariri
nikusema kwamba mambo ilifika [...] ni maisha ya mtu yenye ilipoteya même
si leo ukiangaliya leo watu wako nakamata avec legereté mais nikukuwa na
comprendre que ni maisha ya mtu njoo tuko nasema. Na wakati Cherubin alikufa
quand même nawaza kama sisi shirika la kirahiya, iliuma sana, même,
kama mtu wa vile avec personnalité yenye alikuwa nayo, na le matin vous
vous reveiller le matin eti fulani alikufa [...] et que nous comme shirika la
kirahiya tulidéplorer sana ile situation natuwezi pendeleya biendeleye
vile parce que pako watu wana shimama juu ya kuteteya iyi inchi na le matin
kuwa na shimama eti mtu fulani alikufa, inauma zaidi sana [...] ile hali ileta
boga même mu République Démocratique du Congo kusema est-ce
que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na wa saidiye iyi mugini, kwangu
donc, bref nikusema kwamba ile habari saa ilifika ya kifo cha ancien ministre
wa transport Okende kukufa sisi comme Shirika la Kirahiya tulicondamner sana
tena sana parce que quand même alikuwa parmi les grandes
personnalités wa iyi congo[...] Donc voilà de manière bref
par rapport na regret tuliona kifo cha ancien ministre wa transport./
Le nouveau président dela NSCC, Mafikiri Mashimango,
par un ton pathétique, en alternant les codes, passe par la pitié
pour afficher qu'il est un président de la société civile
très sympathisant.
Dans les exemples tirés de notre corpus, nous montrons
que la fonction persuasive passe par le crédit, l'autorité et le
rang du sujet parlant, ou même, enfin, sans l'aide de la voix, par le
seul
48 Jean-Louis Calvet, (2007), L'argot, PUF, Paris p5
99
aspect, lorsque par exemple, le rappel des mérites de
quelqu'un, ou un visage qui inspire la pitié, ou la beauté
physique, dicte le verdict ou le comportement de l'auditeur.
a) Fonction de considérer implicitement que le
français est une langue de prestige
Comme nous venons de le constater dans les différents
exemples tirés de notre corpus, avec une longue séquence du
français au début ou à la fin de l'énoncé,
les codébatteurs ou les intervenants visent à provoquer
l'appétit des auditeurs ou locuteurs du français en vue de les
pousser à s'intéresser à tout le message.
Dans cette condition, les alternances codiques participent
à la conviction des auditeurs.
En République Démocratique du Congo, le plus
souvent, l'expression de chiffre (mesure de longueur, de capacité, la
monnaie, le numéro de téléphone) constitue les segments en
français est la langue d'intercompréhension entre congolais.
Dans les énoncés suivants, les numéros, les
nombres sont toujours en français. Exemples : /Tarifa ya habari
kupitiya vipimo vya 105.Mghz (Cent et cinq),
/ Nikusema kwamba leo tumekutanaa hapo ni kwa sababu
kulikuwa remise-reprise na équipe yenye inatoka, na njoo maana
tunashukuru watu wote walioweza kutuchaguwa pendant maélections yetu le
onze (11) ya hiyi mwezi.../
/ Asante acha tupane namba f...] ni 099711322065 (Zero
neuf neuf septante et u trois-cent vingt soixante cinq). /
/Banamukataliya et puis le 20 mai (vingt) bakaproclamer
vraiment état dictatorial f...]/
/Et pourtant benye banaongeya na M23 biko benye balibaloger
mu 2019 (deux mille dix-neuf). Route Nationale numéro 5 (cinq)
/ [...] Nikuambiye kama mu barabara muko à peine
trois mille bajajes kama ni moto ziko plus ya deux mille, bahati mubaya ni juu
hatuna statistique. /
/ Na bale bajeunes banalamuka quatre heures f...] /
Saa ilifika mardi tulifanya ville morte, arriver à
13h, 14h tulifanya marche tukaenda déposer notre mémo.
Mafikiri ni collègue yangu alikuwa président
wa jeunesse ya Kamvimvira, tulifanya mandat ya 5 ans, ya 6 ans, 2013-2019,
tulipokelewa na bapoliticiens bamingi
Port Kalundu ingeisha depuis mu 2022 mwazi wa inne Tukutanane
mu décembre 2023.
Tous les intervenants à la Radio disposent (dans le
contexte de ce présent) disposent des casquettes politiques qui les
poussent à bien parler pour convaincre les auditeurs à les
choisir ou choisir leurs parrains aux échéances
électorales. Voilà pourquoi, le recours à des pratiques
100
langagières, communicatives liées à
l'alternance codique constitue une façon de prouver aux auditeurs qu'ils
sont des hommes cultivés et qu'ils peuvent contribuer au
développement du pays.
Nous pensons que le choix du français se justifie dans
la mesure où ils impriment chez le lecteur le sentiment ou la conviction
qu'ils maîtrisent et le swahili et le français et qu'ils ne seront
pas muets pendant les plénières. Ils savent qu'ils sont suivis et
par les analphabètes et par les lettrés par conséquent ils
doivent alterner le code pour satisfaire les deux camps.
Exemples :
/Recemment juzi/
/hiyo ni banditisme politique/
/ca ne peut pas passer. Habisikiliki/
/ [...] Mais aussi Moise alirassurer si'il faudrait que
FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya
bale batuers à gages baonekane, il est prêt pour donner de
l'argent. Kupana franga juu bale bakuye/.
Les séquences du français sont utilisées
pour résumer l'essentiel du message aux locuteurs du français.
Exemples :
/Recemment juzi/
/hiyo ni banditisme politique/
/ca ne peut pas passer. Habisikiliki/
/Nitakuambiya kama Moise Katumbi n'a jamais eu
d'émotions. Hayakuwaka na maémotions/
/ [...] Mais aussi Moise alirassurer si'il faudrait que
FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya
bale batuers à gages baonekane, il est prêt pour donner de
l'argent. Kupana franga juu bale bakuye/.
b) Fonction de montrer aux auditeurs qu'ils actualisent plusieurs
langues
Le souci d'adhérer les auditeurs à ses
convictions passent par la fonction de leur montrer qu'ils actualisent
plusieurs langues.
Le plurilinguisme serait considérer comme l'une de
causes principales de l'alternance codique, puisqu'il ne peut jamais y avoir
alternance des codes sans contact des langues. Nous estimons que cet aspect de
multilinguisme se considère comme cause principale de l'alternance
codique revient explicitement ou implicitement sous plusieurs formes dans les
différentes définitions proposées par les auteurs que nous
avons déjà évoqués dans le cadre de ce travail.
Disons que l'utilisation de plusieurs langues par un locuteur
peut être considérée comme un signe
d'élévation sociale (prestige) pour se démarquer des
autres membres de la société.
101
Dans l'emploi de l'anglicisme [maike] aulieu de [micro] par le
journaliste pour imprimer chez les auditeurs qu'il est capable d'actualiser
plusieurs langues et cela a comme intention de les maintenir à
l'écoute.
b) Ignorance du terme approprié à utiliser
L'ambiguité de la fonction persuasive peut renvoyer
à l'ignorance du terme approprié à utiliser. Tout en
montrant qu'ils savent manier plusieurs langues, ils affichent également
leur ignorance de L1.
La pénétration européenne en Afrique
avait crée un besoin linguistique pour résoudre le
problème de communication entre le colonisateur et le colonisé.
Plus tard le colonisateur imposera sa langue, c'est ainsi qu'il aura en Afrique
des zones dites françaises, anglaises, lusophones voire espagnoles.
Un bel exemple pour illustrer cette affirmation est
donné par F.de SAUSSURE dans son oeuvre intitulée Cours de
linguistique générale :
« Il peut arriver d'abord que la langue d'une
nouvelle population vienne se superposer à celle de la population
indigène. Ainsi dans l'Afrique du sud à coté de plusieurs
dialectes nègres, on constate la présence du hollandais et de
l'anglais, résultat de deux colonisateurs successives , · c'est
de la même façon que l'espagnol s'est implanté au Mexique
[...] De tout temps on a vu des nations se mélanger sans
confondre leurs idiomes. Il suffit, pour s'en rendre compte, de jeter les yeux
sur la carte de l'Europe actuelle : en Irlande, on parle le celtique et
l'anglais , · beaucoup d'irlandais possèdent les deux langues.
En Brétagne, on pratique le breton et le français ; dans la
région basque, on se sert du français ou de l'espagnol en
même temps que le basque » (1978 : 265-266).
De ce qui précède, l'utilisation des langues
étrangères en Afrique est inhérente à certains
faits historiques du XIXème siècle.
La situation ci-haut décrite est celle des pays
africains en général et de la RDC en particulier. Ainsi donc, les
Africains ont dû recourir aux langues européennes en usage dans
leurs milieux respectifs pour désigner des outils, des objets ou des
appareils introduits par la colonisation.
Qu'il suffise de s'appuyer encore sur la réflexion de
F. de SAUSSURE pour trouver un soubassement à notre affirmation :
« Un mot peut passer après coup dans une
langue en même temps qu'une chose introduite chez le peuple qui la parle,
ainsi le chanvre n'a été connu que très tard dans le
bassin de la Méditerranée, plus tard encore dans les pays du Nord
; à chaque fois le nom du chanvre passait avec la plante » (Op.
Cit. : 308).
De ce fait, l'ignorance du terme approprié pour
désigner une réalité peut justifier la plupart des
alternances codiques. Comme dans plusieurs exemples ci-dessous où les
intervenants ou co-débatteurs ont connu des difficultés de termes
équivalents pour exprimer certaines réalités.
Exemples :
/ [...] Katika asili yetu juu niko hybride kama vile
unajuwa. Munazoweya kusema kama mulozi njoo anakuwaka wa kwanza kukuya kuliya
mu nyumba. [...] anakuja juu aji assurer est-ce que Kabisa
102
Sumialo alikufa [...] na yeye njoo anakuwaka na machozi ya
mingi [...] benye banakamatika, chauffeur wake uko aux arrêts, policiers
mwenye anamuchungaka iko aux arrêts na arme yake vile. Unaona
déjà kama ni ba proche. Mtu wa kwanza mwenye alifanya sortie
médiatique kusema kwamba Moise Katumbi njoo alimuuwa haiko
inquiéter et pourtant ule mwenye ashapata indice kama ni fulani njoo
aliuwa angepashwa kwanza kuwa pour raison d'enquête [...] de deux mule mu
Kinshasa quand un député passe wa taille ya Cherubin ni foule
mais unajiimaginer comment batu yote balidisparaître comme dans un film
yenye iko informatisé bakaeffacer batu yote kulimoya pourque Cherubin
ajikutane iko yepeke. Ça ne peut pas passer. Habisikiliki. Donc pour
nous, le gouvernement tulishukuru kwakupatiya ile pole mais tuko na
déclarer kukuwe maenquêtes yenye itakuwa approfondies [...]
unakutana déjà procureur général yepeke anaanza
sema non non c'est prouver que balle yenye ilimupata Cherubin ilitoka mu arme
ya escorte wake. Unajiimaginer kwenye escorte wa mtu kwenye ataacha arme ku
cours constitutionnelle, cela veux dire surveillance iko ya nguvu. Est-ce que
vous comprenez ile aspect ? Escorte wa député anaacha arme juu
aende apeleke document à l'intérieur parce que à
l'intérieur hautapit na ile arme. Sasa ile sécurité
ilikuwa tu ndani ikakosa kuwa inje ? Et quand le véhicule iliwaka,
personne hakukuwa ku mulango, ata garde ata nani wakusema miye niko apa
wakuangaliya, est-ce que ile ma véhicule za ba kubwa zenye zinakuyaka ku
parquet pale, hakuna mtu wakuzichunga juu ya kujuwa uyu banabeba ama apana.
Non, il y a un coup monté. C'était très bien
planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye
atasoupçonner. D'ailleurs je presume que ce jour-là Cherubin
alikuwa yepeke mwenye alikuwa invite mwaile saa pourque basikutanane na
mwengine. En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation et donc siye
kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves parce que eyo
njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise alirassurer si il faudrait que
FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya
bale ba tueur à gages baonekane, il est prêt pour donner de
l'argent kupana franga ju bale bakuye.
[...] D'ailleurs inatupatiya nguvu [...] haiko Gumino tout
comme haiko ba Bishambuke [...] Mwaakilishi wa udps hawezi kufika kwa sababu
kwa iyi sujet abana la kusema [...]/
Clôturons ce point par la fonction économique du
langage.
d) Fonction économique de langage
Cette fonction passe par le procédé stylistique de
troncation dans :
/ Tumekuwa na coordo wa nouvelle
société civile/ et /Nitapana pole pia kwa dada yangu Eulalie
Kangeta na kwa beaufré yangu Konga kwaku mupoteza
mtoto/
La troncation étant un procédé consistant
à abrèger les mots polysyllabiques pour les raccourcir nous a
amener à consulter Pierre Bourdieu qui utilise dans son ouvrage pour
démontrer son hypothèse deux approches croisées. D'une
part, il emprunte à la théorie économique les
définitions du marché pour l'appliquer à la langue et aux
échanges linguistiques. Il étaye sa démonstration de
nombreux exemples historiques de production de la langue ou institutionnels de
reproduction ou d'utilisation de la langue. D'autre part, il mobilise
l'ensemble des concepts fondateurs de sa théorie sociologique, fortement
marquée par le culturalisme, pour montrer les jeux et les enjeux du
marché linguistique. Ainsi, ce marché fonctionne-t-il comme un
champ, c'est-à-dire
103
comme un monde social doté de ses propres lois et
règles qui sont appropriées par les individus et deviennent des
habitus assurant par là-même aux agents les moyens de jouer au
sein du champ.49 Pour nous, les intervenants à la Radio
recourent à ce procédé dans le but d'économiser les
mots en suivant la loi de moindre effort de la même façon que
Pierre Bourdieu le démontre dans son ouvrage.
/ Dans cet exemple, /...Président
Fatshi.../ Fatshi, un racourcissement nominal du nom de notre
président Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo prend en compte
l'économie de mot.
Jean Calvet l'explique : « La troncation, principe
économie (raccourcir les mots) propre au langage populaire (prof,
ciné, métro...) et qui, parce qu'il n'aboutit pas à des
formes assez opaques, se prête le plus souvent ensuite à une
ressufixation »50
Bref, les alternances fonctionnent aussi comme des actes de
parole. Lorsque les intervenant à la Radio le Messager du Peuple les
exploitent dans leurs discours, celles-ci couvrent plusieurs fonctions sociales
liées soit à l'appartenance du milieu soit au fait qu'on veut
convaincre un public auquel on est ou pas forcément habitué et
auquel on veut aussi s'identifier. On peut également parler d'une
rhétorique de l'énonciation, introvertie, centrée sur
le locuteur et son for intérieur, orientée vers la justesse de la
pensée et de l'expression. La rhétorique de l'interaction,
extrovertie, est focalisée sur l'interlocuteur, elle est
communicationnelle et parfois éloquente. Le but de toute argumentation,
avons-nous dit, est de provoquer ou d'accroître l'adhésion des
esprits aux thèses qu'on présente à leur assentiment : une
argumentation efficace est celle qui réussit à accroître
cette intensité d'adhésion de façon à
déclencher chez les auditeurs l'action envisagée (action positive
ou abstention), ou du moins à créer, chez eux, une disposition
à l'action, qui se manifeste au moment opportun.
Nous sommes d'accord avec Alain Pagès51 qui
montre que nous sommes tous, dans la vie quotidienne, amenés à
argumenter presque spontanément. Selon lui, une argumentation efficace,
c'est-à-dire réellement convaincante, implique une
véritable démarche intellectuelle, une organisation
réfléchie du discours.
49 Pierre BOURDIEU, (1982), Ce que parler veut dire.
L'économie des échanges linguistiques Fayard p3
50 Jean-Louis CALVET, (2007), L'argot, PUF, Paris p10
51 Alain PAGES et ali, (1995), Lettres.
Textes.Méthodes. Histoire littéraire, Nathan, Paris P.441
104
CONCLUSION PARTIELLE
Il a été question dans le présent
chapitre d'examiner les usages et la distribution des alternances codiques dans
ses aspects communicatifs et pragmatiques. En d'autres termes, nous nous sommes
interessé particulièrement aux fonctions identitaires et
persuasives et aux actes du langage dans les interventions au journal swahili
et aux débats politiques à la Radio le Messager du peuple. C'est
grâce à la méthode fonctionnelle que nous avons
expliqué ces deux fonctions mais qui peuvent varier selon des analyses
car les interventions à la Radio regorgent d'importantes fonctions.
C'est dans la fonction persuasive que nous avons relevé
l'ambiguité de s'identifier et de montrer aux auditeurs qu'ils
actualisent plusieurs langues.
Le choix des intervenants des alternances codiques comme nous
l'avons remarqué à l'issue de l'analyse est dicté par le
souci d'affirmer ou de manifester son appartenance, son intimité
à une communauté linguistique sociale ou par souci de prestige,
soit pour souligner sa capacité à parler plusieurs langues ou
soit par snobisme. Ils choisissent de parler dans une langue autre que celle du
discours ou alors ils convoquent plusieurs langues dans une même parole
pour imprimer aux auditeurs l'estime qu'ils jouissent non seulement d'un statut
social élévé mais aussi qu'ils sont lettrés et parc
conséquent qu'ils sont cultivés. La finalité de telles
alternances linguistiques étant de conquérir un large
marché des électeurs aux élections à
l'échelle territoriale ou provinciale.
105
CONCLUSION GENERALE
C'est ainsi que nous sommes au terme de notre travail
intitulé « L'alternance codique swahili/français dans
les interventions au journal swahili et aux débats politiques
radiodiffusés à la Radio le Messager du Peuple à Uvira.
(juillet 2023). Contribution à une étude sociolinguistique
appliquée aux médias. » Nous nous sommes appesanti aux
types d'alternance codique convoqués dans le journal swahili du 20,22,
24, 26 juillet 2023 et dans les débats politiques du 23 et 30 juillet
2023. C'est-à-dire dans quatre émissions journal swahili et 2
débats politiques. Comme « de rien ne vient de rien » selon
Epicure, notre sujet vient du constat de l'existence d'un
phénomène linguistique lié au bilinguisme dans les
interventions à la RMP. Notre reflexion sur le plurilinguisme dans les
interventions au journal swahili et aux débats politiques de
l'émission barza du peuple cherchait à examiner les pratiques
langagières liées à la distribution du français et
du swahili ainsi que les mobiles présidant aux différentes
fonctions cadrant à la performance linguistique des codébatteurs
où nous avons analyser le phénomène des langues en
contact.Nous sommes parti du postulat selon lequel les médias sont des
industries de langues dans la mesure où les auditeurs finissent par
imiter la façon de parler des intervenants étant donné
qu'ils se représentent dans l'imaginaire collectif des auditeurs
étant des élites. Ferdinand de SAUSSURE a reconnu que c'est la
parole qui fait évoluer la langue. Ce sont les impressions reçues
en entendant les autres qui modifient nos habitudes linguistiques. La parole
est la somme de ce que les gens disent. La Radio contribue efficacement
à l'évolution des langues.
Notre projet de recherche a été
énoncé sous forme d'une question de départ par laquele
nous avons exprimé ce que nous cherchons à savoir. La question
principale était de savoir comment le plurilinguisme se déploie
dans les interventions radiodiffusées et d'étudier les mobiles
qui président au choix du français. A cette question principale,
nous y avons joint des questions secondaires pour déterminer les types
d'alternance codique employés et leurs fonctions sociales.
Nous sommes arrivés aux résultats suivants
d'après l'analyse des 6 enregistrements :
- Les intervenants à la Radio le Messager du Peuple
recourent à l'alternance codique pour répondre au besoin lexical.
En choisissant le contexte radiodiffusique, nous voulons mettre l'accent sur
les systèmes linguistiques des médias étant donné
les médias, surtout les radios constituent des véritables
industries linguistiques.
- Le recours au code-switching par les intervenants est
conscient et voulu. Ils combinent le français et le swahili pour mieux
exprimer leurs idées et faire passer leurs messages. Le code-switching,
stratégie de bilingue, offre aux langues en présence la
possibiité de se mêler afin de circonscrire un espace de
discussion qui englobe tous les auditeurs bilingues ou supposés comme
tels.
- L'analyse formelle de l'alternance codique dans notre corpus
nous a amené à constater
d'abord que la forme intraphrastique est très
répandue, alors que l'alternance codique extra-phrastique est
très rare. Ensuite, à attester que lors du recours à
l'alternance codique par les parttcipants, le français se manisfeste
sous différentes formes dont les principales catégories sont les
groupes nominaux, les groupes verbaux et les adverbes.
- Le passage du swahili au français ou l'inverse par
les codébatteurs à l'émission est régi par des
facteurs linguistiques entre autres une insuffisance lexicale en swahili
obligeant les locuteurs de passer au français pour combler cette
déficience lexicale mais aussi par des facteurs
106
extralinguistiques tels que le recours aux proverbes,
citations, dictons ou la recherche de convergence.
Bref, les calques syntaxiques et morphologiques pour les
segments courts, la juxtaposition, lorsqu'il s'agit des propositions ou des
segments longs ont permis aux intervenant de verser dans un même moule le
discours appartenant aux deux langues différentes.
Sur le plan fonctionnel, il a été
démontré que certains usages d'alternance codique sont
motivés par des raisons d'ordre stylistique et de snobisme.
Le recours à l'alternance extraphrastique s'explique
par le souci des intervenants de donner fidèlement dans leur forme
originale la sagesse des anciens qui constituent pour eux l'argument
d'autortité par excellence. La variation de codes en swahili par les
intervenants à la radio intervient lorsqu'ils veulent élargir la
communication pour les auditeurs monolingues du kiswahili et la variation en
français intervient pour réduire cette même communication
à des intellectuels en considérant que l'émission serait
suivie par plus d'intellectuels que les analphabètes. Le recours
à la méthode sociolinguistique que nous avons utilisée a
permis de mettre en évidence les aspects implicites de l'aternance
codique dans les interventions médiatisées. Mises à part
les alternances reposant sur les discours alternatifs qui sont attestés
dans les six interventions auditionnées et analysées, le bilan de
la recherche confirme le reste des hypothèses de départ.
Ce sujet étant une ouverture vers d'autres perspectives
qui montrent que le poblème posé peut être
intégré à une réflexion plus
générale. Affirmons avec F. de Saussure que les problèmes
fondamentaux de la linguistique générale attendent une solution.
Notre sujet étant complexe, nous souhaiterons rappeler que les
résultats obtenus ne peuvent être exhaustifs et que nous n'avons
pas la prétention d'avoir épuisé tous les aspects de ce
travail. Nous encourageons d'autres chercheurs de poursuivre la recherche avec
l'usage alterné des codes des langues nationales avec le swahili.
C. ARTICLES
107
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kiswahili, travail pratique inédit KIJINDIRE TUNDWA ARTHUR, (2023),
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110
Table des matières
Epigraphe .I
Dédicace .II
In Memorium III
Remerciements IV
Sigles et abréviations V
O.1. Nature, intérêt et choix du sujet 6
0.2. Etat de la question et problématique 6
0.3. Objectifs du travail 8
0.3.1. Objectif global 8
0.3.2. Objectifs spécifiques 8
0.4. Hypothèse de recherche 8
0.5. Limites du sujet 9
0.6. Présentation du milieu 9
0.6.1. La situation sociolinguistique et médiatique de la
ville d'Uvira 9
0.6.2. Aspect médiatique (radiodiffusique) de la ville
d'Uvira 12
0.6.3. Les langues des médias à Uvira 14
6.3.1. Présentation des langues de radiodiffusion à
la RMP 14
2.2. Statuts constitutionnels du français et de langues
nationales 20
0.7. Méthodologie du travail 21
0.8. Articulation du travail 21
CHAPITRE I. : CADRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 22
1.1. CADRAGE THEORIQUE 22
I.1.1 Concept d'interlangue ou alternance codique 22
1.1.2. Bilinguisme et alternance codique 22
1.1. Bilinguisme/Diglossie : 23
a) La diglossie selon Psichari 23
b) La diglossie selon la sociolinguistique
nord-américaine : Ferguson 23
c) La diglossie selon la sociolinguistique
nord-américaine : Fishman 24
1.2. Les phénomènes liés au contact de
langues 24
1.1.2. La notion d'alternance codique 27
2.1. Définitions de l'alternance codique 27
2.2. Les types d'alternance codique 28
2.1. La typologie de POPLACK 29
2.2. La typologie de GUMPERZ 29
2.3. Différences approches de l'alternance codique 29
1. 2.CADRAGE METHODOLOGIQUE 30
111
2.1. Le corpus 30
12. Méthode d'analyse des données 53
2.2.1. La sociolinguistique 53
CONCLUSION PARTIELLE 58
CHAPITRE II. ALTERNANCE PHRASTIQUE ET INTERLEXICALE DANS LES
INTERVENTIONS AU JOURNAL SWAHILI ET AUX DEBATS POLITIQUES
RADIODIFFUSSES A LA RADIO LE MESSAGER DU PEUPLE A UVIRA 59
2.1. Alternances interphrastiques ou phrastiques 59
2.1.1 Des alternances dans les différentes sortes des
phrases 59
2.2. Les phrases déclaratives 63
2.3. Les phrases négatives dans le contexte d'alternance
codique 63
2.4. Phrases impérative et exclamative 64
2.1.2. Les propositions subordonnées dans le contexte
d'alternance codique 64
3.1.2. Distribution des éléments alternés
sur la chaîne parlée 65
b) Alternance interphrastique en position médiane 67
c) L'alternance interphrastique en position finale 67
d) L'alternance interphrastique en position initiale,
médiane et finale 68
f) L'alternance en position médiane et finale 68
g) L'alternance en position initiale et finale 68
2.2. L'alternance intraphrastique 69
3.3. L'alternance interlexicale 77
CONCLUSION PARTIELLE 83
CHAPITRE III. FONCTIONS COMMUNICATIVES ET PRAGMATIQUES DES
ALTERNANCES CODIQUES SWAHIHILI/ FRANÇAIS 84
3.1. Fonction identitaire 85
2. Fonction persuasive 96
a) Fonction de considérer implicitement que le
français est une langue de prestige 99
b) Fonction de montrer aux auditeurs qu'ils actualisent plusieurs
langues 100
CONCLUSION PARTIELLE 104
CONCLUSION GENERALE 105
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 107
112
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