CONCLUSION PARTIELLE
Face à la montée de l'extrémisme violent
dans la région des savanes au Togo, les facteurs de
vulnérabilité dans la région peuvent être
exploités par les GANE pour étendre leur ambition au Togo.
Malgré les initiatives en cours au sein de la région, les
attaques se multiplient avec des pertes en vies humaines et des
déplacements des populations. En vue de contribuer à la
prévention de l'extrémisme violent au nord du Togo, nous
proposons ce projet dénommé « Projet d'appui au renforcement
de la résilience et de la cohésion sociale dans la région
des savanes ». A travers ce projet, nous proposons de renforcer la
résilience communautaire et promouvoir la cohésion sociale au
sein de la région des savanes en mettant en oeuvre des initiatives
stratégiques et durables qui améliorent la capacité des
communautés à faire face aux défis
socio-économiques, environnementaux et culturels. Ce projet est
estimé à Cinq cent quatre-vingt-onze millions quatre cent
onze mille cinq cents francs CFA (591 411 500 FCFA) pour une
période de deux ans.
96
CONCLUSION GENERALE
Les phénomènes de radicalisation,
d'extrémisme violent et de terrorisme que connait le Sahel depuis
quelques années se sont étendus très rapidement aux pays
du Golfe de Guinée (Benin, Ghana, Cote d'ivoire et Togo). Plusieurs de
ces pays subissent depuis quelques mois des incidents et attaques
récurrents. La situation dans ces pays est précaire et
marquée par des incursions des Groupes armés non-étatiques
et des attaques très violentes contre les forces de défense et de
sécurité (FDS) et des populations civiles.
Pays du Golfe de Guinée, le Togo partage sa
frontière nord, avec le Burkina, et orientale avec le Bénin.
Selon W Assanvo, B Dakono, LA Théroux-Bénoni et I Maiga (2019),
« le Togo fait en effet partie de l'espace littoral qui jouxte les pays du
Sahel, eux- mêmes en proie aux attaques de groupes extrémistes
violents ». Le nombre d'attaque perpétré contre le Togo
notamment dans la région des savanes a augmenté ces derniers
mois.
Face à ce constat, cette étude a
été réalisée pour analyser les facteurs de
vulnérabilité dans la région des savanes et établir
le lien entre ces facteurs et l'expansion de l'extrémisme violent dans
la région. A l'issue de notre recherche, nous avons jugé
nécessaire de formuler un projet pouvant permettre de réduire les
vulnérabilités et prévenir l'extrémisme violent.
C'est en substance ce qui justifie l'intitulé du sujet : « Facteurs
de vulnérabilité et expansion de l'extrémisme violent au
Nord du Togo : Projet de renforcement de la résilience et de la
cohésion sociale dans la région des savanes. » Cette
recherche a axé son développement autour de deux grandes
parties.
La première partie est porte sur le cadre
théorique, conceptuel, et méthodologique qui comporte deux
chapitres. Le premier chapitre concerne le cadre théorique et
conceptuel. Le deuxième chapitre porte sur l'approche
méthodologique, la présentation et l'analyse des résultats
de la recherche et la vérification des hypothèses. La
deuxième partie porte sur le Projet d'appui au renforcement de la
résilience et de la cohésion sociale dans la région des
savanes. Elle comporte aussi deux chapitres, le premier chapitre concerne la
présentation du projet, le deuxième chapitre porte sur la gestion
du projet.
L'extrémisme violent un phénomène
multidimensionnel et multifactoriel qui appelle une variété de
réponses selon les contextes. C'est donc une combinaison entre un
terrain fertile (facteurs incitatifs) et une démarche proactive et
manipulative (facteurs attractifs). Dr. Bakary
97
Sambe, Directeur de Timbuktu Institute-African Center for
Peace Studies, Coordonnateur de l'Observatoire des radicalismes et
conflits religieux en Afrique.
Notre recherche nous a permis d'identifier des facteurs
incitatifs à l'extrémisme violent dans la région des
savanes. En effet, les problèmes socio-économiques dans la
région peuvent jouer un rôle important dans le processus
d'expansion de l'extrémisme violent. La pauvreté et les multiples
privations qu'elles engendrent, créent des frustrations qui peuvent
facilement être exploitées par les GANE. A ce titre, les jeunes
sont de plus en plus vulnérables en raison d'un faible niveau
d'éducation et d'encadrement, ils deviennent des proies faciles pour les
groupes extrémistes violents. Ils constituent ainsi un bassin potentiel
de recrutement relativement facile pour les groupes extrémistes
violents, en particulier dans la mesure où la plupart de ces groupes
proposent des moyens attractifs sur le plan financier et matériel.
Par ailleurs, la question des conflits est ressortie dans la
collecte des données comme évènements récurrents
dans la région des savanes, pouvant conduire à des actes
extrémistes. En effet, Les conflits communautaires peuvent exacerber les
sentiments d'animosité et de méfiance entre les groupes en
conflit. Cette polarisation peut pousser certains individus à adopter
des positions extrêmes et à justifier la violence comme moyen pour
défendre leur propre groupe. Les groupes impliqués dans les
conflits peuvent en effet développer un récit d'oppression
perpétuelle, dans lequel ils se perçoivent comme les victimes
d'injustice ou de discriminations systémiques. Les conflits
communautaires peuvent également éroder la confiance des
populations dans les institutions gouvernementales et les systèmes
judiciaires.
La question du changement climatique et ses effets constituent
entre autres des défis majeurs dans la région des savanes dont
l'amplitude pourrait conduire à la violence. En effet, les changements
climatiques, tels que les sécheresses, les inondations et les
perturbations agricoles, entraînent des problèmes
d'insécurité alimentaire et de déplacement de populations.
Ces impacts peuvent créer des tensions au sein des communautés,
ainsi que des problèmes économiques et sociaux, qui favorisent la
radicalisation. Les conflits liés à l'accès et au
contrôle des ressources naturelles peuvent se transformer en conflits
communautaires et offrir un contexte propice au recrutement par des groupes
extrémistes.
98
Par ailleurs, la marginalisation des personnes
vulnérables telles que les femmes ou certaines ethnies peut conduire
à des actes extrémistes. Il est ressorti de notre collecte de
données que les femmes subissent un certain nombre de violences
basées sur le genre dans la région des savanes notamment la
marginalisation, l'exclusion des processus décisionnels et des
opportunités économiques. Les groupes extrémistes peuvent
exploiter cette marginalisation en offrant aux femmes un sentiment d'autonomie
et d'appartenance, souvent en lien avec une idéologie radicale.
Notre recherche nous a également permis d'identifier un
certain nombre de facteurs attractifs vers l'extrémisme violent dans la
région des savanes, notamment l'apologie de la violence lors des
conflits communautaires, la promesse de meilleures destinations par les jeunes
ayant fait l'expérience des voyages dans la sous-région, les
promesses faites aux femmes et aux jeunes, la faible présence des
institutions de l'Etat, les injustices sociales, etc.
En vue de prévenir l'expansion du
phénomène, plusieurs mesures ont été prises par le
Gouvernement et l'ensemble des parties prenantes. Mais ces mesures se
révèlent insuffisantes par rapport aux nombreuses
vulnérabilités dans la région. Dans ce cadre, notre
recherche s'est soldée par la proposition d'un Projet de renforcement de
la résilience et de la cohésion sociale dans la région des
savanes. A travers ce projet, nous proposons la culture du vivre ensemble dans
la région mais également le soutien et le développement
des AGR afin d'offrir aux jeunes et aux femmes des opportunités
économiques et les éloigner de la tentative de rejoindre les
GANE. Le coût du projet s'élève à Cinq cent
quatre-vingt-onze millions quatre cent onze mille cinq cents francs CFA (591
411 500 FCFA).
99
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIQUES 1. SOURCES
1.1 SOURCES ORALES
N°
|
Noms et prénoms
|
Fonction
|
Date et lieu de l'entretien
|
1
|
Seyram ADIAKPO
|
Responsable des programmes ONG WANEP-Togo
|
29 juin 2023 au sein de l'ONG WANEP-Togo
|
2
|
PAKA Mazah
|
Secrétaire Permanent de la
Commission Nationale de Lutte contre la Prolifération des
Armes légères et de petits calibres (CNLPAL)
|
08 août 2023 (en ligne)
|
3
|
Afiwa AMELESSODJI
|
Responsable de projet Plan-Togo
|
22 août 2023 (en ligne)
|
4
|
Aimé KOMBATE
|
Chargé de programme Alerte précoce et
prévention des conflits
|
29 juillet 2023 au sein de l'ONG WANEP-Togo puis en ligne
|
5
|
Damekoa NAWOTE
|
Directeur Exécutif Association des jeunes pour le
développement des savanes
|
03 août 2023 à Cinkassé
|
6
|
Akimou IBOURAIMA
|
Chargé de projets ONG WANEP-Togo
|
28 juillet 2023 à Mango
|
7
|
Mohammed Ibouraima
|
Responsable de projet PNUD-Togo
|
18 juillet 2023 à Dapaong
|
8
|
Lamboni SADJA
|
Expert National en sécurité alimentaire et
nutrition (FAO)
|
13 juillet 2023 à Lomé
|
9
|
Souley KARIMOU
|
Assistant aux Opérations et suivi des projets (FAO)
|
13 juillet 2023 à Lomé
|
10
|
Tetevi KODJOVI
|
Expert Filières Végatales (FA0)
|
13 juillet 2023 à Lomé
|
11
|
Adjara Aphouet N'DJARAMA
|
Agent de développement communautaire
|
17 juillet à Gando
|
12
|
Yendoukoa Douti TCHIMBIANDJA
|
Préfet de la Préfecture de Tône
|
22 août 2023
|
|