Depuis 2016, la menace de l'extrémisme violent est une
préoccupation croissante pour le Togo. Des groupes extrémistes
violents continuent de mener des attaques dans les zones proches de sa
frontière poreuse que le pays partage avec le Burkina Faso. Le Togo a
connu sa première attaque classée terroriste le 10 novembre 2021,
dans la région des savanes frontalière du Burkina Faso. Le pays a
également été frappé par une attaque terroriste
dans la localité de Sanloaga (préfecture de Kpendjal,
région des savanes), une région frontalière du Burkina
Faso, le même mois. Cette attaque a été repoussée
par les éléments de l'opération Koundjouare, mise en place
dans la région des savanes pour empêcher l'infiltration de groupes
armés non étatiques dont des groupes extrémistes et
terroristes via le Burkina et le nord du Bénin.
Toutefois, les attaques qui ont suivi ont
entraîné la perte de vies humaines et de blessés parmi les
civils et les Forces de défense et de sécurité (FDS),
ainsi que le déplacement de populations vers des zones urbaines plus
sûres où elles peuvent recevoir l'aide des autorités. Dans
une allocution télévisée donnée à l'occasion
du 63e anniversaire de l'indépendance du Togo, le 28 avril 2023, le
Président de la République a déclaré qu'environ 100
civils et 40 militaires avaient été tués depuis les
premières attaques djihadistes, fin 2021.
La région des savanes est confrontée à
des défis de taille comme : (i) l'environnement physique hostile, (ii)
l'inexistence du secteur industriel surtout agroalimentaire, (iii) le
chômage et la délinquance des jeunes, (iv) le fort exode des
jeunes de la région vers les autres régions du Togo ainsi que
d'autres pays de la sous-région Ouest-Africaine (Burkina Faso, Ghana,
Côte d'Ivoire..), (v) l'insuffisance des infrastructures
socio-économiques pour l'épanouissement des jeunes, (vi) la
faible implication des femmes et des jeunes au processus de
développement socio-économique de la région (vii) les
difficultés d'accès à la terre pour la production agricole
(en l'occurrence les jeunes filles et les femmes du fait de la discrimination
basée sur le genre), (viii) la faible maîtrise des techniques de
transformation/conservation des produits agricoles découlant de leurs
activités, (ix) les problèmes de corruption des juges, (x) le
favoritisme des plus nantis etc. Ces défis pourraient être
exploités par les GANE pour étendre leur ambition au Togo.
La région des savanes est située à plus
de 600 km de la côte à l'extrême nord du Togo entre 0°
et 1° de longitude Est d'une part et 10° et 11° de latitude Nord
d'autre part. Elle couvre une
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contre l'extrémisme violent (CIPLEV) établi aux
niveaux national et local. En outre, une stratégie nationale de
prévention de l'extrémisme violent a été
validée en 2022. L'approche du Togo pour prévenir les attaques
extrémistes violentes est double : a) les impératifs
sécuritaires avec la loi de programmation militaire qui fixe les
orientations de l'effort de défense pour la période 2021-2025, et
b) le renforcement de la résilience avec des projets de
développement qui s'inscrivent dans le cadre du plan national de
développement et de la feuille de route de développement du
Gouvernement (2020-2025) notamment l'amélioration de l'accès
à l'eau, forages, mini-centrales, cantines scolaires, inclusion
économique des femmes et des jeunes, etc. Le gouvernement a
également mis en oeuvre un Programme d'urgence pour la région des
savanes (PURS) afin de renforcer la résilience de la population, en
particulier des jeunes, afin d'éviter le recrutement local par des
groupes extrémistes et terroristes.
Malgré les efforts déployés et face
à l'augmentation des incidents sécuritaires, les autorités
nationales ont décrété, le 13 juin 2022 en Conseil des
ministres, l'état d'urgence sécuritaire dans la région des
savanes. Ce décret devrait permettre de « créer un
environnement et des conditions appropriés pour les mesures
administratives et opérationnelles nécessaires à la
conduite efficace des opérations militaires et au maintien de l'ordre et
de la sécurité dans cette région ». Le 6 avril 2023,
l'Assemblée nationale a adopté, à l'unanimité, le
projet de loi autorisant la prorogation de 12 mois de l'état d'urgence
sécuritaire.
Le présent projet s'inscrit dans le cadre de la
prévention de l'extrémisme violent au Togo notamment à
travers une approche socio-économique. Le renforcement de la
résilience et de la cohésion sociale dans la région des
savanes pourrait contribuer à promouvoir le vivre ensemble, à
renforcer les liens entre les communautés tout en prévenant les
conflits et en renforçant le contrat social. Le projet permettra
d'offrir des opportunités économiques aux jeunes et aux femmes
afin d'éloigner la possibilité pour ces acteurs de la
société de rejoindre les groupes extrémistes.
Paragraphe 2 : Présentation de la zone cible 2.1
Situation géographique
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superficie de 8 533 km2, soit 15% du territoire national pour
une population estimée à 828.224 habitants en 2010 (11,7% du
total national) soit une densité de 96 habitants au km2.
Carte n°1 : Présentation de
la région des savanes
Source : Carte réalisée par nous
même à partir des données de terrain (Juillet 2023)