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Facteurs de vulnérabilité et expansion de l'extrémisme violent au nord du Togo


par Yawo Dodji Mandela DJAHO
Institut Régional d'Enseignement Supérieure et de Recherche en Développement Culturel (IRES-RDEC) - Master Professionnel en Développement Culturel (Culture, Paix et Développement) 2023
  

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Paragraphe 2 : Problématique

La problématique qui sous-tend la présente recherche a été étudiée sous plusieurs angles et se résume autour de deux points importants : l'énoncé du problème et les questions de recherche.

2.1 Enoncé du problème

Mise en relief dans de nombreux rapports d'étude, la propagation de l'extrémisme violent vers les pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest est une réalité. Le rapport 2021 d'ELVA, titré « Tracking Violent Extremism Spillover from the Sahel to Littoral West Africa » a montré que les États littoraux ont été soumis à l'expansion de l'extrémisme violent en provenance du Sahel depuis au moins 2018.

Selon Konrad-Adenauer-Stiftung (2022),

L'exposition du Togo et du Ghana à la menace djihadiste confirme globalement que la

dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso et au Mali fait du nord des pays côtiers la nouvelle ligne de front contre les groupes armés opérant au Sahel.

Pays côtier d'Afrique de l'Ouest, le Togo partage ses frontières avec le Ghana, le Bénin et le Burkina Faso et abrite 8 095 498 habitants selon les données du cinquième Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH-5, 2022). Selon le PNUD (2020), la valeur de l'Indice de développement humain (IDH) du Togo pour 2019 s'établit à 0.515 - ce qui place

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le pays dans la catégorie « développement humain faible » et au 167e rang parmi 189 pays et territoires. Entre 1990 et 2019, l'IDH du Togo a progressé, passant de 0.406 à 0.515 (soit une hausse de 26.8 %). L'espérance de vie à la naissance au Togo a augmenté de 5.2 années, la durée moyenne de scolarisation a augmenté de 2.0 années et la durée attendue de scolarisation a augmenté de 5.1 années.

Le chômage des jeunes est tout aussi préoccupant que les besoins sociaux de base. L'enquête QUIBB (2015) indique que parmi les trois groupes d'âge suivants : quatorze et vingt-neuf (14-29) ans, trente et quarante-neuf (30-49) ans, cinquante et soixante-quatre (50-64) ans, les actifs du groupe d'âge trente et quarante-neuf (30-49) ans connaissent plus la situation de sous-emploi. Les résultats de l'Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) montrent que l'incidence de la pauvreté est estimée à 58,8% en milieu rural contre 26,5% en milieu urbain. Selon le rapport sur le développement humain 2020, au Togo, 37.6 % de la population (soit 2,967 milliers de personnes) vivent en situation de pauvreté multidimensionnelle et 23.8 % autres sont considérées comme des personnes vulnérables à la pauvreté multidimensionnelle (soit 1,875 milliers de personnes). Les femmes demeurent plus vulnérables car ayant moins accès aux opportunités économiques, à l'éducation, la santé et autres facilités socioéconomiques de base.

La question de la menace terroriste a été beaucoup plus prise au sérieux au Togo à partir du 15 février 2019, date à laquelle, une attaque a été perpétrée contre un poste mobile de douane à Nohao, dans la province de Bourgou au Burkina, proche de la région des savanes. Cet incident a fait cinq victimes dont quatre (04) douaniers et un (01) prêtre espagnol. Conscient de l'urgence de la situation et pour faire face à la menace de l'extrémisme violent pouvant déboucher sur le terrorisme, le Togo a pris une série de mesures juridiques, institutionnelles et programmatiques pour contenir l'expansion du phénomène1.

Malgré toutes les initiatives prises par le gouvernement togolais et ses partenaires, le pays continue par subir des attaques terroristes en particulier dans la région des savanes. En effet, selon les données du ministère de la sécurité et de la protection civile, le pays a subi une attaque terroriste le 9 novembre 2021 dans la localité de Sanloaga (Préfecture de Kpendjal, région des savanes), région frontalière au Burkina Faso et au Ghana. Cette attaque a été repoussée par les forces de l'Opération Koundjouaré. Mais les autres attaques qui ont suivi,

1 Confère annexes 1, 2 & 3.

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ont entrainé des pertes en vies humaines et des blessés au sein de la population civile et des Forces de défense et de sécurité (FDS) et entraîné des déplacements de populations vers les zones urbaines plus sécurisées et où elles peuvent bénéficier de l'assistance des autorités.

Par ailleurs, dans la nuit du 10 au 11 mai 2022, une soixantaine d'hommes armés circulant à moto ont attaqué un poste militaire à Kpinkankandi tuant huit (8) soldats et blessant treize (13) autres, selon un bilan communiqué par le gouvernement. A la suite de cet incident, les autorités nationales ont décrété, le 13 juin 2022 en conseil des ministres, l'état d'urgence sécuritaire dans la région des savanes.

Le 6 avril 2023, l'Assemblée nationale a adopté, à l'unanimité, le projet de loi autorisant la prorogation de 12 mois de l'état d'urgence sécuritaire. Le pays se trouve progressivement dans une phase de réponses militaires intensives pour repousser les GANE et protéger les civils.

Selon Sandrine Blanchard (2022),

Pour justifier la violence, les groupes extrémistes instrumentalisent les vulnérabilités et obstacles au développement comme les inégalités sociales, la pauvreté, la mauvaise gouvernance et les constructions sexuelles. Ainsi certaines populations, ayant fait face à la discrimination et la stigmatisation du fait de leurs origines comme les Peuls au Burkina Faso et les Touaregs du Nord au Mali peuvent développer un sentiment de victimisation ou d'injustice et s'engager dans une violence perçue par elles-mêmes comme légitime envers une société dans laquelle elles ne trouvent pas leur place.

Au Togo, la région des savanes est la région la plus pauvre économiquement. Selon la cartographie de la pauvreté, INSEED (2019), le taux de pauvreté de ladite région est de 65%. La vulnérabilité de la région pourrait être exploitée par les GANE afin de développer leur ambition de conquête du territoire togolais.

Au regard de la situation préoccupante dans la région des savanes, il convient d'identifier les facteurs de vulnérabilité dans la région, d'établir le lien entre ces facteurs de vulnérabilité et l'expansion de l'extrémisme violent et d'apporter notre contribution pour la prévention du phénomène. A cet effet, il importe de se poser les questions de recherche suivantes :

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