Facteurs de vulnérabilité et expansion de l'extrémisme violent au nord du Togopar Yawo Dodji Mandela DJAHO Institut Régional d'Enseignement Supérieure et de Recherche en Développement Culturel (IRES-RDEC) - Master Professionnel en Développement Culturel (Culture, Paix et Développement) 2023 |
Institut Régional d'Enseignement Supérieur et de Recherche en Développement Culturel IRES-RDEC /LOMÉ-TOGO 01 B.P. 3253 LOME 01 Tél : (228) 22224433 Fax : (228) 22207245 Email : crac_2003@hotmail.com/doctorat_iresrdec@yahoo.fr Diplômes de Licence, Master et Doctorat accrédités par le CAMES Diplôme de Master Professionnel en Développement Culturel FACTEURS DE VULNERABILITE ET EXPANSION DE
L'EXTREMISME Mémoire présenté et soutenu publiquement par : Yawo Dodji Mandela DJAHO (TOGO) Pour l'obtention du diplôme de Master professionnel Spécialité : Culture, Paix et Développement Sous la Direction de Membres du Jury M. Komi KOSSI-TITRIKOU Dr Koffi KPAYE Professeur Titulaire en Anthropologie Maître de Conférences en Histoire Contemporaine, Université de Lomé Lieutenant-Colonel Kpatchaa MELEOU Dr Kodjo NOUGBOLO Officier Supérieur de Gendarmerie Juriste, Administrateur Culturel Procureur militaire Année académique : 2021-2023 Promotion 19 Institut Régional d'Enseignement Supérieur et de Recherche en Développement Culturel IRES-RDEC /LOMÉ-TOGO 01 B.P. 3253 LOME 01 Tél : (228) 22224433 Fax : (228) 22207245 Email : crac_2003@hotmail.com/doctorat_iresrdec@yahoo.fr Diplômes de Licence, Master et Doctorat accrédités par le CAMES Diplôme de Master Professionnel en Développement Culturel FACTEURS DE VULNERABILITE ET EXPANSION DE
L'EXTREMISME Mémoire présenté et soutenu publiquement par : Yawo Dodji Mandela DJAHO (TOGO) Pour l'obtention du diplôme de Master professionnel Spécialité : Culture, Paix et Développement Sous la Direction de Membres du Jury M. Komi KOSSI-TITRIKOU Dr Koffi KPAYE Professeur Titulaire en Anthropologie Maître de Conférences en Histoire Contemporaine, Université de Lomé Lieutenant-Colonel Kpatchaa MELEOU Dr Kodjo NOUGBOLO Officier Supérieur de Gendarmerie Juriste, Administrateur Culturel Procureur militaire Année académique : 2021-2023 Promotion 19 i SOMMAIRE SOMMAIRE i DEDICACE ii REMERCIEMENTS iii SIGLES ET ABREVIATIONS iv INTRODUCTION GENERALE 1 PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL, METHODOLOGIQUE ET PRESENTATION DES RESULTATS 5 CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL 7 CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE, PRESENTATION DES RESULTATS ET VERIFICATION DES HYPOTHESES 26 DEUXIEME PARTIE : PROJET D'APPUI AU RENFORCEMENT DE LA RESILIENCE ET DE LA COHESION SOCIALE DANS LA REGION DES SAVANES 61 CHAPITRE III : PRESENTATION DU PROJET 62 CHAPITRE IV : GESTION DU PROJET 77 CONCLUSION PARTIELLE 95 CONCLUSION GENERALE 96 SOURCES ET BIBLIOGRAPHIQUES 99
2.1 MEMOIRES 101 2.2 ARTICLES 101 ANNEXES 103 TABLE DES MATIERES 124 ii DEDICACE Aux victimes (civiles et Forces de défense
et de sécurité) tombées sous le coup des attaques iii REMERCIEMENTS Notre réflexion sur les facteurs de vulnérabilité et l'expansion de l'extrémisme violent au Nord du Togo n'aurait pas abouti sans le soutien et l'accompagnement d'un certain nombre de personnes. Nous souhaitons ainsi transmettre notre reconnaissance à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont apporté leurs contributions à l'élaboration de ce mémoire. Notre gratitude va particulièrement au Directeur Général de l'Institut régional d'enseignement supérieur et de recherche en développement culturel (IRES-RDEC), le Professeur Kodjona KADANGA. Nous remercions également le corps professoral et l'administration de l'IRES-RDEC pour la qualité de la formation dont nous avons bénéficié. Nos remerciements vont par ailleurs à notre Directeur de mémoire, le Professeur Komi KOSSI-TITRIKOU et son Assistant le Lieutenant-Colonel Kpatchaa MELEOU. Leurs disponibilités et orientations sans réserve en dépit de leurs multiples occupations, ont permis d'avoir ce présent document. Nous ne saurions passer sous silence l'accueil qui nous a été réservé par toutes les personnes ressources rencontrées lors de notre enquête sur le terrain. Nous n'oublions pas non plus les vaillantes populations de la région des savanes qui ont accepté de répondre à coeur ouvert à nos questions. Pour finir, nous témoignons notre gratitude à notre épouse Gladys DJAHO et nos enfants Héritier et Queen DJAHO pour le soutien quotidien. iv SIGLES ET ABREVIATIONS AGR : Activité génératrice de revenus ALPC : Armes légères et de petits calibres ANPC : Agence nationale pour la protection civile AQMI : Al-Qaïda au Maghreb islamique CCA : Analyse commune de pays CACIT : Collectif des associations contre l'impunité au Togo CC-PLEV : Comité cantonnal de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent CEDEAO : Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest CIPLEV : Comité interministériel de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent CPPLEV : Comité préfectoral de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent CRS : Catholic relief services DTM : Matrice de suivi des déplacements EHCVM : Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages FDS : Force de défense et de sécurité FIRS : Front islamique radical au sahel FLM : Front de libération du Macina GANE : Groupes armés non-étatiques GRIP : Groupe de recherche et d'information sur la paix HD : Centre pour le dialogue humanitaire IEP : Institut pour l'économie et la paix IDH : Indice de développement humain IRES-RDEC : Institut régional d'enseignement supérieur et de recherche en développement culturel MNLA : Mouvement national de libération de l'Azawad MINUSMA : Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali OIM : Organisation internationale pour les migrations OPHI : Oxford poverty and human development initiative OSC : Organisation de la société civile PACS : Participation citoyenne et la cohésion sociale dans les savanes PDI : Personnes déplacés internes PEV : Prévention de l'extrémisme violent PIB : Produit intérieur brut PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement v PPREV : Programme de prévention de l'extrémisme violent PURS : Programme d'urgence pour la région des savanes QUIBB : Questionnaire unifié des indicateurs de base du bien-être UE : Union européenne UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la population UNHCR : Haut-commissariat des Nations Unies pour les refugiés UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfance USAID : United state agency for international development REFEDS : Réseau femmes et développement des savanes RGPH : Recensement général de la population et de l'habitat RNA : Recensement national de l'agriculture SNAPLEV : Stratégie nationale de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent WANEP : West africa network for peacebuilding WILDAF : Women in law and development in Africa 1 INTRODUCTION GENERALE2 La montée en puissance de l'extrémisme violent et ses conséquences destructrices comptent aujourd'hui parmi les principaux obstacles à la paix dans le monde. Au cours des cinq dernières années, le Sahel a connu une hausse exponentielle des violences plus rapide qu'aucune autre région en Afrique. Après les pays sahéliens, les Groupes armés non-étatiques (GANE) tentent d'étendre leur zone d'action vers les pays côtiers. Selon Robert Dussey, ministre Togolais des Affaires étrangères, de l'Intégration Africaine et des Togolais de l'Extérieur : « 1547 attaques ont été perpétrées par les groupes terroristes dans l'espace communautaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) avec 4222 morts entre janvier 2020 à mai 2021 ». D'après Handy et al (2021), La récurrence d'incidents violents notamment au Burkina, non loin des zones frontalières du Togo, et la prise de conscience d'activités de groupes extrémistes au Bénin, ont convaincu les autorités togolaises de prendre des mesures destinées à contenir la menace hors des frontières du pays. Les premières initiatives ont été d'ordre sécuritaire. En septembre 2017, le Togo s'est joint au Bénin, au Burkina Faso, à la Côte d'Ivoire et au Ghana pour former l'Initiative d'Accra en réponse à l'insécurité grandissante liée à l'extrémisme violent dans la région. Dispositif militaro-sécuritaire régional, l'initiative vise à prévenir la propagation de l'extrémisme violent à partir du Sahel et à lutter contre la criminalité transnationale organisée dans les zones frontalières. Au niveau national, l'opération militaire dénommée Koundjoare a été lancée en 2018 et se poursuit de nos jours. Elle a pour buts principaux de prévenir l'infiltration de terroristes sur le territoire togolais, d'améliorer la coordination entre forces de défense et de sécurité et la coopération civilo-militaire. Les mesures d'ordre militaire et sécuritaire ont ensuite été élargies à l'élaboration d'un ensemble de lois relatives notamment à la décentralisation et à la sécurité intérieure dans le but d'adapter le dispositif juridique aux menaces émergentes, dont l'extrémisme violent. La mise sur pied du Comité interministériel de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent (CIPLEV) en 2019 vient donc compléter le dispositif togolais en l'enrichissant d'une dimension essentiellement civile. Parallèlement, plusieurs programmes et projets ont été lancés pour renforcer la résilience des populations de la région des savanes dont le Programme d'urgence pour la région des savanes (PURS). Ce Programme vise à renforcer la résilience des populations face à la menace des GANE dans la région. En dehors 3 du PURS, plusieurs organisations internationales et de la société civile se sont investies dans la prévention du phénomène au Togo. Malgré les efforts consentis par le gouvernement et les divers partenaires, la menace extrémiste prend de plus en plus d'ampleur dans la région des savanes. En effet, le nombre d'attaques extrémistes s'est vu augmenté au cours des derniers mois entrainant des pertes en vies humaines tant au niveau des populations que des forces de défense et de sécurité. Selon les données recueillies sur le site officiel du ministère de la sécurité et de la protection civile, les GANE ont frappé dans la région des savanes où les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont repoussé un assaut à Sanloaga le 09 novembre 2021 dans la préfecture de Kpendjal qui n'avait engendré aucune perte en vies humaines. La seconde attaque, meurtrière, a eu lieu la nuit du 10 au 11 mai 2022 à Kpenkankandi toujours dans la préfecture de Kpendjal au cours de laquelle 08 soldats ont été tués et 13 blessés ainsi qu'une quinzaine d'assaillants neutralisés. La troisième, au petit matin du 16 juin 2022 dans l'extrême nord du pays, entre Gnoaga et Gouloungoussi dans la préfecture de Cinkassé, qui n'a fait aucune victime. Face à l'augmentation des incidents sécuritaires, les autorités nationales ont décrété, le 13 juin 2022 en conseil des ministres, l'état d'urgence sécuritaire dans la région des savanes. Le 6 avril 2023, l'Assemblée nationale a adopté, à l'unanimité, le projet de loi autorisant la prorogation de 12 mois de l'état d'urgence sécuritaire. Selon Nora Noviekou et al (2019), Plusieurs facteurs de vulnérabilité existant au Togo pourraient être exploités par les groupes extrémistes violents pour s'infiltrer sur le territoire. Ceux-ci comprennent l'absence ou l'insuffisance de services publics dans certaines régions, les liens relativement distendus entre la population et les forces de défense et de sécurité, ainsi que les anciens conflits mal gérés - liés au foncier, à la chefferie traditionnelle, aux tensions communautaires et à la transhumance. À cela s'ajoutent les tensions politiques récurrentes autour des échéances électorales que connaît le pays depuis 2006. L'étude internationale sur les dispositifs de prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents dans l'espace francophone (2021) a par ailleurs ressorti plusieurs facteurs latents de radicalisation pouvant mener à l'extrémisme violent dont l'extrémisme politique, les violences intercommunautaires, l'hydre de la religion, les relations entre civils et forces de sécurité, la pauvreté et les discriminations structurelles. 4 Selon L. B. Penn (2020) et l'Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (INSEED, 2018), la région des savanes est la région la plus pauvre économiquement au Togo. Avec la crise sécuritaire actuelle, la vulnérabilité a augmenté dans la région des savanes notamment les besoins dans tous les secteurs, principalement l'alimentation, les abris et le matériel de survie, l'éducation, la santé et la nutrition, l'eau, l'hygiène et l'assainissement, la protection et le soutien aux moyens de subsistance. Les GANE trouvent au travers de ces vulnérabilités un terreau fertile pour étendre leurs activités terroristes. Notre travail de recherche vise à expliquer le phénomène, à établir un lien entre les facteurs de vulnérabilité et l'expansion des actes de violence et à proposer une stratégie de prévention du phénomène. Ainsi, notre recherche s'articule autour de deux parties :
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