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Concilier sport de haut niveau et études


par Teva FAKATAULAVELUA
Université de Lorraine - Master 2022
  

Disponible en mode multipage

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UFR Lettres - Sciences Humaines et Sociales Département de Sociologie - Nancy

M2 PRIS 2022-2023

Concilier sport de haut niveau et études

Enquête sur les étudiants sportifs de haut niveau de l'Université de

Lorraine

Mémoire de Master 2 de Sociologie

Teva FAKATAULAVELUA

Mémoire rédigé sous la direction de Mme. Elsa MARTIN, Maîtresse de
conférences à l'Université de Lorraine à Nancy et membre du Laboratoire
Lorrain de Sciences Sociales.

2

Remerciements :

Je souhaite remercier, en premier lieu, ma directrice de mémoire Elsa Martin, qui m'a accompagné tout au long de ce travail. Merci de l'investissement, de l'enthousiasme et du soutien durant ce travail de mémoire.

Je tiens également à remercier les autres professeurs du département pour leurs conseils et leur dévouement. Grâce à eux, j'ai pu acquérir des connaissances méthodologiques, théoriques et des compétences pratiques, je suis reconnaissant pour l'aide qui a été apporté.

Je souhaite aussi remercier ma famille pour m'avoir aidé et soutenu tout au long de l'année. Je tiens à les remercier pour ce soutien inconditionnel.

Je tiens aussi à exprimer ma gratitude à mes camarades de promotion, en particulier Irsam ABDOURAHAMANE, Lara PARISOT et Sambarou KANDE. Leur présence à mes côtés fut une expérience importante et enrichissante.

Je remercie les étudiants sportifs de haut niveau qui m'ont permis de réaliser cette étude en collaborant à cette recherche. Sans la collaboration de mes informateurs, ce travail n'aurait jamais pu voir le jour. Un grand merci à eux.

3

Table des matières :

Remerciements .2

Table des matières 3

INTRODUCTION .4

Chapitre I - Questionnement sociologique et présentation de l'étude 8

Partie I - Question de départ, problématisation du sujet 8

12

- Hypothèses de recherche

Partie II - Méthodologie, terrain, explication 14

.14

- 1. La méthodologie et terrain d'enquête

21

- 2. L'explication de la méthodologie d'analyse

Chapitre II - Analyse et résultats .....24

Partie I - Devenir et être sportif de haut niveau 24

24

- 1. Les vecteurs premiers de la mise en pratique du sport : un entourage décisif

- 2. Un statut particulier qui permet des ressources et des financements souvent avantageux...31

.35

- 3. Des opportunités d'encadrement et de soutien variables entre ESHN

42

- 4. Une planification et une organisation quasi militaire : une discipline de fer ?

Partie II - Concilier le sport et les études : une priorité donnée aux études ? ..48

48

- 1. Réussir dans les études pour s'épanouir dans le sport

- 2. Mais des sports plus fortement rémunérateurs : entre passion et opportunité financière 54

.56

- 3. Des perspectives professionnelles en lien avec le sport

Partie III - Un soutien inégal des pairs pour les ESHN 61

61

- 1. Dans le champ sportif, des acteurs multiples qui n'exercent pas la même influence

.71

- 2. Dans le champ universitaire, des enseignants et des camarades conciliants ?

Partie IV - La reconnaissance peu valorisée des ESHN ? 81

.81

- 1. A l'université, des étudiants sportifs de haut niveau peu valorisés

85

- 2. ... mais source de fierté dans le cercle familial

88

- 3. La médiatisation de leur pratique : entre critiques et éloges

Discussion .94

CONCLUSION 97

Bibliographie ..100

Annexe ...107

4

INTRODUCTION

Depuis la fin du 19ème siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale, le sport a évolué dans le contexte particulier, des valeurs aristocratiques et bourgeoises. Les autorités ont progressivement commencé à encadrer et à former l'élite française dans ce domaine (Fleuriel, 2013). C'est seulement à partir du début 20ème siècle que de jeunes gens vont volontairement se tourner vers une pratique sportive de haut niveau au détriment parfois des études (Hébert, 1927). Georges Hébert critiquait ces « jeunes lycéens prêts à abandonner complètement leurs études pour la vaine gloire d'être acceptés dans les compétitions futures, sacrifiant ainsi leur avenir » (Hébert, 1927). C'est une préoccupation croissante qui alimente les débats publics concernant l'incompatibilité entre le temps dédié au sport et la poursuite des études (Hébert, 1927).

Selon Isabelle Queval (2004), le sport de haut niveau est caractérisé par le dépassement de soi, une notion spécifique aux 20ème et 21ème siècle. Très médiatisé dans certaines disciplines, le sport de haut niveau est également un important moteur économique, produisant des athlètes qui se distinguent par leurs performances sportives, il est guidé par le désir de « faire toujours mieux, en allant au bout de soi » (Queval, 2004). Le sport de haut niveau soulève des questions sur la définition de l'excellence physique. Il soulève également des interrogations sur les capacités et les limites des athlètes. Comme le note Pascal Duret (2012), la société attend des sportifs qu'ils battent des records, ce qui suppose une vision d'un progrès illimité des performances. Pour atteindre ces objectifs, les athlètes sont prêts à s'entraîner intensivement pendant des jours, des mois et des années. Ainsi, la plupart des sportifs de haut niveau sont prêts à endurer la douleur associée à de tels entraînements intenses. Par ailleurs, que ce soit à l'école ou dans les publicités par le biais du sport, les individus sont encouragés à dépasser leurs limites (Duret, 2012). Le contexte social élargi dans lequel évoluent les sportifs de haut niveau a également évolué au cours des dernières décennies. L'accroissement de la commercialisation et de la médiatisation du sport a engendré de nouvelles pressions et opportunités pour ces athlètes d'élite (Andrews, 2001). C'est depuis les années 1970 que la sociologie du sport a pris de plus en plus d'importance, permettant d'examiner en profondeur l'environnement des sportifs de haut niveau (Dunning, 1999). De plus, des problématiques telles que la santé mentale et le bien-être général des sportifs sont devenues de plus en plus prégnantes dans le cadre du sport de haut niveau (Smith, 2019).

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Bien que le sport de haut niveau soit remis en question par d'autres formes de pratique sportive, il reste un puissant exemple de la poursuite du dépassement de soi. Dans une étude réalisée par Jean-Michel Faure sur le ski de haut niveau, il a constaté que neuf skieurs sur dix privilégiaient le sport aux études au milieu des années 1970, et ce, indépendamment des différentes formes d'éducation proposées par les autorités fédérales, y compris les cours par correspondance, le tutorat individuel, et les programmes de ski-études (cité par Papin, Viaud, 2018).

A la fin du 20ème siècle, l'appareil administratif français a créé le statut du sportif de haut niveau. Ce statut pose la problématique de l'inscription de l'éducation des athlètes dans les priorités politiques (Fleuriel, 2004). De ce fait, la question de l'équilibre entre le sport et les études commence à se poser ; En effet, le contexte sociopolitique peut également influencer l'expérience des sportifs de haut niveau. Les politiques aux niveaux national et international, les tensions géopolitiques, ainsi que les questions d'équité et de justice sociale peuvent toutes avoir un impact sur la carrière et l'expérience vécue par ces athlètes (Houlihan, 2005)

L'articulation des pratiques sportives aux études.

Adapté librement de la contribution de Jean Paul Callède, « Thème 1 : Le sport des étudiants. Quelques perspectives concernant la France » dans « Le sport, l'université, l'Europe », 1993, La Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, Pessac.

L'établissement des campus universitaires et l'augmentation du nombre d'étudiants ont transformé la vie étudiante dans les années 1970. Il est important de souligner que les programmes de sport-études ont commencé à prendre forme dès 1974, illustrant une volonté de ne pas séparer l'éducation du sport. Ce problème a été mis sur l'agenda politique et a été intégré dans la réglementation à plusieurs reprises. Par exemple, la loi du 16 juillet 1984 définit le cadre général des relations entre les athlètes de haut niveau et leur environnement dans la charte des sports. Cette loi stipule que l'objectif est de faciliter l'élaboration d'un projet de formation pour l'insertion professionnelle des athlètes et de soutenir leur réussite sportive. Dans la même veine, la circulaire du 1er août 2006 et les textes législatifs précisent les conditions pour l'adaptation de la scolarité dans les établissements secondaires et supérieurs. De plus, la réforme Pécresse de 2008 a favorisé la promotion du sport à l'université. Cette réforme a une double ambition : encourager les étudiants à faire plus de sport et valoriser les compétitions universitaires.

Le sport de haut niveau renvoie à une exigence toute spécifique, comme l'indique la définition de l'INSEE. « Le sport de haut niveau est reconnu par le code du sport et par la charte du sport de haut niveau (fondée sur les principes déontologiques du sport). Il repose sur des critères bien

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établis qui sont : la reconnaissance de haut niveau des disciplines sportives ; les compétitions ; la liste des sportifs de haut niveau ; les filières d'accès au sport de haut niveau. ». Ces athlètes doivent avoir au moins 12 ans au moment de l'inscription sur les listes. Ils doivent figurer dans la liste des athlètes sélectionnés en équipe de France. Il est donné l'exemple du joueur qui joue au PSG ou à l'OM, s'il n'est pas en équipe de France, il n'est pas considéré comme sportif de haut niveau.

En outre, pour être considéré comme étudiant sportif de haut niveau à l'Université de Lorraine, le sportif doit figurer sur des listes ministérielles des sportifs de haut niveau pour l'année en cours. Il peut soit appartenir aux Projets de Performance Fédéraux (PPF), soit être dans un centre de formation d'un club professionnel ou encore satisfaire à certaine performance sportive, selon le site officiel des ESHN (Etudiants Sportifs de Haut Niveau), de l'Université de Lorraine. Ces étudiants ont aussi la possibilité d'avoir des coordonnateurs de dispositif, qui seront des interlocuteurs privilégiés mise à leur disposition : ils renseignent sur l'obtention du statut d'ESHN, ils jouent le rôle de médiateur et sont en mesure de répondre à toute demande.

Le sport peut être combiné avec d'autres activités comme le travail ou les études, mais la question est de savoir comment les pratiquants peuvent gérer ces deux aspects simultanément. Ce mémoire vise à explorer l'expérience des sportifs de haut niveau à travers le spectre de la sociologie, en s'appuyant sur une variété de données empiriques et en se prêtant à une critique constructive des théories sociologiques existantes.

Par ailleurs, les conclusions de la Cour des Comptes (2013), ainsi que celles du rapport Karaquillo (2015), mettent en exergue les défis rencontrés par les athlètes de haut niveau pour réussir dans les études supérieures (Papin, Viaud, 2018). Une enquête menée par Sophie Javerlhiac (2014) confirme la difficulté à concilier la réussite et sport de haut niveau, évoquant « l'assujettissement de l'athlète au projet sportif exclusif » (Papin, Viaud, 2018). Ces constats attestent d'une apparente fatalité de l'échec scolaire parmi les sportifs de haut niveau. En effet, ces sportifs consacrent leur vie à l'excellence dans leur discipline, subissant constamment une pression intense pour atteindre la perfection tout en faisant face à des défis sociologiques uniques (Hughes et Coakley, 1991).

D'après Bourdieu, le sport est un phénomène socioculturel qui reflète et renforce même les structures et inégalités existantes au sein de la société (Bourdieu, 1978). Les sportifs de haut niveau évoluent dans un contexte spécifique, caractérisé par des exigences de performance extrêmement élevées et des attentes sociétales considérables. Cet environnement unique exerce

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une influence profonde sur la vie de ces athlètes, leurs expériences et leurs perspectives (Hughes et Coakley, 1991). Cette perspective prend une importance particulière lorsqu'il s'agit des sportifs de haut niveau, car leur parcours sportif est intrinsèquement lié aux plus grandes structures socio-économiques (Houlihan et Green, 2008). L'analyse sociologique offre une vision alternative et complémentaire, permettant de comprendre comment les athlètes interagissent avec leur environnement social et comment cela influence leur parcours sportif (Giulianotti, 2004).

Au regard de ces éléments, nous proposons de nous demander si le sport de haut niveau peut se concilier avec les études : comment les étudiants sportifs de haut niveau à l'Université de Lorraine arrivent à concilier leur sport et les études ?

8

Chapitre 1 - Questionnement sociologique et présentation de l'étude Partie I - Question de départ, problématisation du sujet

A partir de cette question de départ nous pouvons en effet nous demander comment les étudiants devenus sportifs de haut niveau, deviennent dans un même temps des étudiants. Comment ces deux aspects sont-ils conciliés par les individus concernés par cette désignation ? En nous intéressant à leur devenir d'étudiants et de sportifs, cela nous amène à étudier de plus près la notion de carrière et de trajectoire. En particulier, les sociologues interactionnistes tels que Howard Becker ou Ervin Goffman analysent la carrière au sens professionnel, ils analysent aussi les étudiants, les chômeurs, les déviants peuvent aussi avoir une carrière d'après leur vision. L'analyse de la carrière se focalise sur la manière dont les acteurs anticipent les changements, comment ils affrontent les difficultés, et comment ils interprètent leurs échecs ou réussites. En particulier, Ervin Goffman a développé un concept de la carrière morale : « c'est-à-dire au cycle des modifications qui interviennent dans la personnalité du fait de cette carrière et aux modifications du système de représentation par lesquelles l'individu prend conscience de lui-même et appréhende les autres. » (Goffman, 1968). La carrière aurait donc une influence sur la personnalité, mais aussi sur les visions du monde des individus, il parle ainsi de « cycles de modification ». Il a appliqué son concept pour les malades mentaux, de notre côté, nous allons l'appliquer pour les sportifs de haut niveau. En effet, à partir des deux temps distingués par l'auteur, nous pouvons nous intéresser d'abord aux « contingences de la carrière » : en d'autres termes, il s'agit dans notre cas d'analyser les mécanismes qui conduisent à l'entrée dans le milieu compétitif et aussi le rôle que peut tenir les parents dans cet engouement. Ensuite, nous pouvons porter une attention singulière au processus de socialisation de l'individu et mieux appréhender l'ensemble des acteurs au sein du sport qui compte pour les étudiants. Il s'agit donc de se demander si les trajectoires des sportifs de haut niveau sont linéaires ? Quels ont été les mécanismes qui ont mené ces étudiants à s'orienter vers une pratique de haut niveau ? Dans quelle mesure les parents par exemple, sont-ils moteurs ou au contraire freins de cette carrière sportive ? Comment les étudiants se projettent dans leurs études ? Comment les étudiants ont construit leur carrière de haut niveau ?

Le deuxième concept s'attache au processus de socialisation temporelle, ou autrement dit la gestion du temps. Nous nous intéressons à leur rythme de vie, c'est-à-dire temps sportif, temps scolaire ou universitaire, temps professionnel, temps de récupération, temps de loisir privé et social, etc. (Mathilde Julla-Marcy et al., 2017). Dans cette optique, il apparaît que leur temps

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objectif (l'organisation de leur emploi du temps) et leur temps subjectif (le vécu de celui-ci) ne rentrent pas toujours en coïncidence (Mathilde Julla-Marcy et al., 2017). En effet l'autrice explique : « Nous identifions à la fois une capacité générale de ces sportifs à gérer une organisation temporelle particulièrement chargée (dont ils sont souvent demandeurs), mais aussi de profondes variations d'un profil de sportif à l'autre, d'où l'idée d'une construction sociale du temps subjectif. ». A l'image des questions posées par l'auteure, nous pouvons tenter de « comprendre quels éléments ont tendance à favoriser un meilleur vécu d'un emploi du temps objectivement chargé. ». Si l'auteure est attentive à comprendre la conception des différentes temporalités de la préparation des sportifs », elle explique que la distinction entre temps de travail et temps de loisir demeure floue. Nous pouvons donc nous demander comment les temps sportifs et les temps de loisirs sont perçus ? Elle montre d'ailleurs que cette préparation s'inscrit elle-même dans un contexte institutionnel spécifique : la construction du rythme de vie de ces sportifs est alors la recherche d'un compromis entre temps collectif (et contraignant) et temps individuel (et maîtrisé). » (Mathilde Julla-Marcy et al., 2017). Au regard de cette conception du temps, nous pouvons nous demander comment ces sportifs arrivent à gérer leur temps d'étude en contrepartie de leur sport ? En effet, sur quels critères le juste-milieu est établi par ces étudiants-là ? Est-ce le temps ou les choix qui vont être prépondérant dans cette conciliation ? L'entraînement, est-il perçu comme un temps de travail ou comme un temps de loisirs ? Quels sont les mécanismes qui vont pousser les étudiants à s'orienter sur leur sport plutôt que les études, ou inversement ?

Désormais, pour le troisième concept, nous sommes amenés à parler du concept de reconnaissance sociale dans « La lutte pour la reconnaissance » établit par Axel Honneth, un philosophe allemand. Ce concept peut être défini comme « un processus d'identification où chaque membre du groupe pose un regard sur l'autre membre. Il s'agit d'un système d'interactions, d'échanges qui impliquent l'intériorisation ou l'assimilation de normes, de modèles, de valeurs à partir de sa propre histoire, de son milieu familial et de sa trajectoire personnelle et professionnelle. » (Honneth, 1992). Il faut comprendre ici que cette théorie implique que cette reconnaissance sociale dépend de notre socialisation à savoir notre éducation, nos expériences et tous ces éléments vont favoriser ou non notre identification à autrui. En s'aidant de la lecture d'Hegel, Honneth avance que la reconnaissance s'appuie sur trois espèces d'attitudes interpersonnelles : l'amour (se sentir aimée), le respect (la justice entre les membres) et l'estime (image de soi et apport vis-à-vis du groupe) (Honneth, 1992). Sans ces éléments, l'individu manquera de ressources psychologiques nécessaires à son épanouissement

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personnel au sein d'un groupe. Autrement dit, les relations sociales et les formes institutionnalisées de l'interaction sociale permettent la reconnaissance dans la construction des relations positives et maintenir des attitudes tels que la confiance en soi, le respect de soi et l'estime de soi nécessaire à l'autoréalisation individuelle. (Honneth, 1992). Dans le contexte de nos ESHN, nous pouvons avancer l'idée que l'amour correspond peut se traduire par des encouragements ou bien le soutien de la famille et de l'entourage en générale. Pour la notion de respect, il sera intéressant de voir si les ESHN sont tous traités de la même manière. Et en dernier lieu, pour l'estime, l'étude des performances des ESHN est intéressante pour avoir un oeil sur leur propre représentation.

Outre leur engagement dans le sport et les études, on peut également se poser la question relative à leurs trajectoires sont-elles susceptibles de varier selon le sport sélectionné ? Quels sont les éléments prépondérants qui vont intervenir à cette conciliation et quels sont les arguments qui participent à privilégier l'un ou l'autre ? Certains auteurs ont abordé par exemple le caractère plus ou moins rémunérateur de certains sports comme pouvant contribuer à un engagement variable dans la carrière sportive (Papin, Viaud, 2018).

Par ailleurs, nous pouvons aussi nous demander quelles sont les difficultés qu'ils rencontrent dans la pratique des études et du sport ? L'entourage participe -t-il d'une façon ou une autre au soutien de la réalisation de cette double activité ? Par ailleurs, en s'appuyant sur les travaux sociologiques qui mettent en avant les dispositions sociales des individus dans la réalisation d'une ou plusieurs activités (culturelles, éducatives, etc) à l'image des travaux de Bourdieu, est-ce que l'origine sociale va influer sur le parcours de ces étudiants ? A cet égard, nous pourrions nous intéresser à d'autres caractéristiques sociales telles quel le genre : quelles différences pouvons-nous tirer entre les sportives et les sportifs de haut niveau ? En posant ces questions, il s'agit de comprendre tant la manière dont les sportifs de haut niveau sont entrés dans cette catégorisation et nous chercherons aussi à comprendre la manière dont ils envisagent les perspectives d'avenir et se projettent dans le futur ?

Ainsi, au regard de ces lectures et de ces réflexions, nous aboutissons à la problématique suivante : comment la carrière des étudiants sportifs de haut niveau se met-elle en place et comment celle-ci est perçue par les étudiants eux-mêmes ? Il s'agira donc de comprendre comment la conciliation entre étude et sport se réalise et comment les étudiants se projettent. Quelles influences exercent les agents sportifs, familiaux, amicaux, médiatiques sur l'étudiant sportif de haut niveau ? Il s'agira d'étudier plus en profondeur le rôle de l'entourage sur le sportif de haut niveau, quels sont leurs apports dans cette conciliation. Quels sont les facteurs

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qui incitent les ESHN à prioriser le sport ou les études dans la conciliation ? Pour cela, nous étudierons de plus près l'environnement social de l'étudiant sportif.

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Hypothèses de recherche

Nous sommes désormais en mesure d'énoncer les hypothèses qui sont en relation avec le sport et les études.

Grâce à nos lectures, l'hypothèse générale que nous pouvons émettre vis-à-vis de notre sujet est la suivante : les sportifs de haut niveau sont amenés à faire des choix pour réaliser au mieux leur sport et leurs études, c'est l'idée de sacrifier un élément pour un autre. Lors de leurs cursus scolaires, ils seront amenés à prioriser plutôt le sport ou plutôt les études ou bien trouver un équilibre entre les deux : ils ont l'option de prolonger une année universitaire sur deux ans afin d'atteindre un objectif sportif immédiat, ou de réduire leurs aspirations sportives sur une durée déterminée pour privilégier leur projet éducatif (Papin, Viaud, 2018). En effet, au-delà du temps, ces étudiants doivent réaliser des choix, mettre en place des stratégies, des tactiques afin d'accomplir au mieux leurs ambitions. Néanmoins, nous faisons l'hypothèse que cette hiérarchisation des tâches (scolaires versus sportives) est variable selon les moments, l'emploi du temps et les périodes de l'année.

La première hypothèse consiste à affirmer que ces étudiants sportifs de haut niveau s'attachent à mettre en avant le manque de temps et la fatigue dans la conciliation entre le sport et les études (Stambulova, 2014 ; Piffaretti 2006). En effet, le double projet représente un défi pour ces individus, ils doivent jongler avec des horaires chargés et trouver un équilibre adapté. (Stambulova, 2014 ; Piffaretti 2006). Même confrontés à la grande difficulté de gérer ces deux responsabilités simultanément et subissant souvent une fatigue intense, ils persistent à suivre ce double chemin. (Mathilde Julla-Marcy et al., 2017). La fatigue et le manque de temps devraient donc constituer les obstacles principaux auxquels les étudiants doivent s'opposer. En effet, la panique temporelle est une forme d'angoisse dans la gestion du temps (Mathilde Julla-Marcy et al., 2017). D'après la publication de Debois et al. (2015), la difficulté à investir les deux activités et le manque de temps devrait être intensifié lors de grandes compétitions.

La deuxième hypothèse établie s'attache aux imprévus ou aléas sportifs probables chez nos étudiants sportifs comme par exemple le surentraînement, les blessures, un déclassement, un changement de club ou encore un déménagement : la baisse de motivation pourrait être observée pendant ces périodes dites d'imprévus. « En outre, cela dégage l'athlète d'une certaine pression : si celui-ci n'a que son projet sportif à mener, il peut rapidement se trouver démuni et subir une forte perte d'identité, en cas de blessure par exemple » (Delalandre et Demeslay, 2015).

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La troisième hypothèse se concentrera sur les influences de l'origine sociale ainsi que les pairs et le projet élaboré. Nous partons du principe que le choix du sport et les études qui ont été sélectionnés par ces étudiants sportifs de haut niveau dépendent de l'origine sociale et de l'influence des pairs, les vocations et la construction du projet de vie des étudiants sont inséparables de ces influences sociales. L'entrée et le maintien dans l'univers sportif sont influencés par l'entourage, c'est-à-dire les parents, les pairs, les entraîneurs, les attentes culturelles, les établissements et les médias (Moret, 2017 ; Pifaretti, 2006 ; Debois et al., 2015). Par exemple, « l'attirance des jeunes hommes issus des fractions populaires pour le football (Bertrand, 2011 ; Rasera, 2016) ou le cyclisme (Lefèvre, 2007), deux pratiques sportives qui autorisent des projections vers des carrières « professionnelles », plaident également dans le sens d'un ethos populaire propice à faire du sport un projet exclusif. » (Papin, Viaud, 2018). En outre dans le milieu de l'athlétisme, les parents issus de classes populaires préfèrent mettre en avant le sport devant les études par un effet de méconnaissance et chez les parents de classe favorisées, la conciliation entre le sport et les études est perçue comme une concurrence (Papin, Viaud, 2018). En effet, les choix entre les filières ou les vocations devraient donc être liés à ces influences.

Enfin, la dernière hypothèse concerne les étudiants qui privilégient le sport aux études car les gains potentiels dans le monde professionnel sont importants dans certains sports. Nous pourrions donc nous attendre à ce que, par exemple, les étudiants participants issus du football ou du basketball se projettent davantage dans un futur professionnel sportif alors que les autres étudiants choisissent ou sont forcés de poursuivre une double carrière du fait que certains sports sont moins rémunérateurs (Stambulova, Ryba, 2013). En effet, nous pensons que dans les sports professionnels les plus rémunérateurs tels que le football, invitera les étudiants sportifs de haut niveau à privilégier le sport aux études.

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Partie 2 - Méthodologie

Tout d'abord, nous allons présenter la méthodologie d'enquête que nous allons réaliser. Il s'agit ici de comprendre leurs parcours scolaires secondaires, leurs vécus et leurs représentations individuelles en analysant les effets des mondes sportifs. Les participants de notre étude poursuivent un double projet, c'est-à-dire qu'ils sont insérés dans une formation d'études supérieures et pratiquent en même temps une activité sportive.

Nous avons choisi de nous porter sur les étudiants sportifs de haut niveau de l'Université de Lorraine, en effet, cette catégorie d'individu n'a pas fait l'objet d'étude approfondi. En contrepartie de cela, nous avons étudié les étudiants internationaux qui se donnent à une pratique sportive à l'Université de Lorraine, le sport comme espace de socialisation, qui a fait l'objet d'un mémoire l'année dernière. Nous avons donc établi une base avec cette étude, et ainsi nous sommes en mesure d'étudier ces étudiants sportifs. De plus, en tant qu'étudiant sportif, nous pensons avoir un recul nécessaire, mon intervention amène les enquêtés amène à avoir une réflexivité sur l'objet d'études.

Nous voulions favoriser l'approche micro et l'immédiat par une méthodologie qualitative qui me permet davantage de répondre à ma problématique plutôt que l'approche quantitative. L'objectif est de faire une analyse précise des comportements individuels car l'individu est observé dans sa totalité. En effet, seront principalement mobilisés des entretiens dans cette étude réalisé avec nos étudiants, en plus d'un usage de notre journal de terrain : « Le chercheur produit lui-même ses propres matériaux dans un journal de terrain élaboré à partir de son expérience et des relations qu'il a nouées avec ses enquêtés. » (Bosa, 2011). A cet égard, nous avons fait nos entretiens uniquement sur les étudiants sportifs de Nancy de l'Université de Lorraine.

1. La méthodologie d'enquête et le terrain

J'ai fait usage des entretiens semi-directifs, car en effet, je porte un intérêt au vécu d'un individu à un instant précis de sa vie. En effet, la méthode qualitative prend appui sur le discours, elle a l'avantage de nous aider à relever des informations à partir du discours des individus et du récit qu'ils font de leur réalité qu'ils vivent au sein dans le milieu sportif ou dans le milieu des études. Ainsi, cette méthode permettra de mettre en évidence des aspects de leurs expériences sportive. L'objectif étant de saisir la subjectivité du discours, et la signification profonde des mots employés. Nous allons faire intervenir la sociologie compréhensive, car nous accordons une importance pour le vécu de nos enquêtés sportifs. Nous privilégions le point de vue des

15

enquêtés en rapport avec leurs expériences sportives, l'objectif étant de rendre compte des mécanismes en cours dans les choix entrepris par nos étudiants.

Cette méthode permet de rendre compte de l'aspect évolutif et aussi développemental nécessaire à la compréhension des transitions vécues par les sportifs. A l'aide de questions ouvertes, les sujets sont poussés à développer des liens et à développer sur les processus de décisions d'adaptation. Pour ces raisons, l'entretien semi-directif semble être plus adapté, l'entretien dirigé risque de se cantonner à un type questions-réponses trop succinct où les informations risquent de manquer de précisions et dans le cadre de l'entretien libre, il se veut être pertinent, mais l'enquêté n'est plus cadré par un thème précis. Ce type d'entretien est guidé par une suite logique de questions contenant des thématiques, l'interviewé est invité à parler librement sur le sujet en question. Pour Olivier de Sardan « l'entretien reste un moyen privilégié, souvent le plus économique, pour produire des données discursives donnant accès aux représentations émiques (emic), autochtones, indigènes, locales. ».

De ce fait, nous avons réalisé un guide d'entretien1. Il est constitué de plusieurs questions contenant des grands thèmes. Parmi les thèmes retenus, le premier s'attache aux données générales. Nous cherchons à retracer le parcours sportif ainsi que retracer également le parcours scolaire de l'étudiant, pour tenter d'analyser les transitions qui se sont jouées au cours du parcours de vie : à quel moment la pratique sportive a commencé, à quel moment la pratique est devenue intensive, etc. Le deuxième thème s'attache à la motivation, ici, nous cherchons à comprendre par quels biais ces étudiants ont commencé à pratiquer et pratique encore. Comprendre davantage les pratiques qui ont mené ces sportifs à devenir ESHN à travers l'habitus de Bourdieu. Le troisième thème parle de la conciliation entre le sport et les études, ce thème se révèle être important dans la notion temporelle avec Julla-Marcy, c'est-à-dire, dans l'organisation de l'emploi du temps des enquêtés. Le quatrième thème s'attache aux projets de nos enquêtés, ce qu'ils comptent faire dans le futur. Le cinquième traite des obstacles et ressources, les enquêtés vont nous indiquer les difficultés et les aides qu'ils ont pour mener les études et le sport. Nous pourrons à cet égard mettre en évidence la reconnaissance sociale établi par Honneth. Et enfin, nous avons, un dernier thème qui concerne la famille, afin de déceler l'origine sociale de l'individu.

1 Cf annexe

16

Nous avons réalisé un entretien exploratoire avec un ESHN. Cet étudiant nous a été suggéré par notre directrice de mémoire. De ce fait, de nous familiariser avec les ESHN et par ce biais, nous avons revu notre guide d'entretien En effet, quelques questions n'étaient pas adaptées.

Par ailleurs, nous avons choisi la ville de Nancy dans le Grand-Est pour mener à bien notre étude. Pour des questions matérielles et surtout pratiques, nous privilégierons cette ville afin d'être au plus proche de nos enquêtés, les contraintes liées aux déplacements sont alors dépassées. Nous préférons faire des entretiens en physique plutôt qu'en appel vidéo ou téléphonique, pour s'assurer d'obtenir des réponses qualitatives et éviter tous soucis de communication. Ainsi, nous pouvons, à cet égard établir une relation de confiance favorisé par notre présence physique.

De plus, selon l'INSEE, la concentration des jeunes dans les grands pôles urbains du nord-est de la France est particulièrement marquée dans les villes comme Strasbourg, Nancy et Reims : « plus d'un habitant sur cinq a entre 18 et 29 ans, contre un sur sept en moyenne régionale (un sur six dans le pôle de Metz). » C'est alors que 209 000 jeunes vivent en 2016 dans ces zones, soit 27 % de l'ensemble des 18-29 ans de la région. Les plus jeunes âgés de 18 à 24 ans, sont largement surreprésentés. Ces trois pôles se définissent par une forte proportion d'élèves et d'étudiants : « 52 % des 18-29 ans sont inscrits dans un établissement d'enseignement, soit 20 points de plus qu'en moyenne régionale. Cette réalité est particulièrement accentuée à Nancy, où 57 % des jeunes sont des étudiants. Les deux tiers des jeunes qui n'étudient plus exercent un emploi, soit une proportion légèrement moindre qu'à l'échelle régionale (- 2 points). Ces actifs occupés sont presque deux fois plus souvent cadres qu'en moyenne des jeunes de la région. » (INSEE, 2020). Pour ces raisons, aborder un sujet lié aux étudiants pouvait, en partie, être en concordance avec la surreprésentation d'étudiant au sein de la ville de Nancy.

Puis, pour accéder à mon terrain, nous avons rencontré la directrice du SUAPS en début février. Elle nous a indiqués qu'elle pouvait envoyer un mail à cinquante étudiants sportifs de haut niveau stipulant que nous voudrions nous entretenir avec eux. Aucun des ESHN n'a donné réponse à ce mail général suite à l'envoi. De ce fait, nous avons décidé de procéder autrement.

Sur le site de l'Université de Lorraine, nous observons qu'il existe une page dédiée aux étudiants sportifs de haut niveau (ESHN) de l'année passée (2021/2022). Ainsi, grâce à cette liste, nous avons ainsi contacter n'importe quel étudiant par mail grâce aux noms, prénoms et filières d'études qui sont diffusés par le site de l'UL.

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Sur la liste des ESHN de 2021/2022, nous observons un peu plus de la moitié des ESHN ont sélectionné des études dans le milieu du sport (STAPS) à 52%, soit 122 étudiants. Le reste se répartit dans 29 autres filières d'études, ils sont 111 à ne pas avoir sélectionné la filière sportive soit 48%. Au total, ils sont 233 étudiants sportifs de haut niveau lors de l'année 2021/2022 (pourcentage disponible en annexe).

Ces étudiants sont répertoriés sur le site de l'Université de Lorraine, mais depuis début février, le nom, le prénom ainsi que la filière d'études ne sont plus diffusables en public. Il est stipulé que l'Université de Lorraine a un triple objectif d'excellence : réussite universitaire, réussite sportive et une recherche de lien social et de travail sur le développement personnel. Un comité technique qui confirme les dossiers des étudiants après étude : « un comité composé de représentants de l'Université de Lorraine et de ses partenaires des instances sportives (CREPS, DRJSCS, LGESU) qui examine les dossiers de demande d'obtention du statut d'ESHN. ».

Ces ESHN peuvent provenir de différentes filières, c'est alors que notre terrain se constitue principalement sur les différentes universités et écoles présentes dans la ville de Nancy. De plus, tous les étudiants sportifs de haut niveau de l'Université de Lorraine se répartissent dans la ville de Nancy et dans la ville de Metz pour réaliser leurs études et aussi pour pratiquer leur sport. Ainsi, pour ces raisons, nous nous sommes penchés sur notre ville d'étude.

A partir de cette liste, nous avons pris contact avec des étudiants, directement par mail, sans attendre les bénéfices du mail envoyé par la directrice du SUAPS. Pour le premier envoi, une quinzaine de mails ont été adressés, nous avons sélectionné des profils particuliers, c'est-à-dire que nous avons choisi de prendre autant de femme que d'homme ainsi que dans la variété des sports, des sports collectifs et individuels. En moyenne, trois ou quatre étudiants étaient disponibles pour réaliser un entretien chaque semaine. Une fois que l'étudiant à confirmer par mail notre demande, nous avons défini un RDV dans sa faculté ou ailleurs selon les disponibilités. Il était important pour nous de bien prendre le numéro de téléphone et aussi de prendre connaissance du sport pratiqué par notre enquêté. La plupart des ESHN possèdent une page qui lui est dédié sur les journaux, cela nous a été nécessaire afin d'identifier visuellement notre enquêté pour éviter de téléphoner à chaque enquêté. Nous avons ainsi mené nos entretiens et nous avons répété cette opération jusqu'à l'épuisement des données.

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Nom

 

Age

Sexe

Etudes/ Formation

Sport pratiqué

Métier père/mère

Priorité donnée

Déd an*

Durée

Contexte

Akim

24

M

L2 STAPS

Athlétisme 100m 200m 400m

Ouvrier à l'usine/

Mère au foyer

1 Travail

2 Sport

3 Etudes

Non

1 h

Salle de cours (STAPS)

Nadège

21

F

M1 Histoire

Aviron

Infirmier/ Assureur

1 Sport et études

Non

1 h 10 min

Salle de cours (Faculté de Lettres)

Lola

26

F

Master de psycho obtenu (est désormais psychologue)

Athlétisme 400m

Directeur association/

Prof de sport

1 Sport et études

Non

1 h

Salle de travail

(Résidence)

Laurie

21

F

IAE School Management 2ème année

Athlétisme Saut en hauteur

Ouvrier SNCF/ Assureur

1 Etudes

2 Sport

Non

1 h

Salle de travail

(Résidence)

Abdel

19

M

L1 STAPS

Handball

Informaticien / Mère au foyer

1 Sport

2 Etudes

Oui

1 h 05 min

Salle de cours (STAPS)

Paula

21

F

IUT - DUT GEA 2ème année

Marche athlétique

Ouvrier à l'usine/ Infirmière

1 Sport

2 Etudes

Oui

1 h 05 min

Salle de cours (IUT)

Noé

19

M

IUT - Technique de commercialisati on 2ème année

Aviron

Ancien tennisman professionnel /Commercial

1 Sport et études

Oui

1 h 20 min

Salle de cours (IUT)

Henri

22

M

Faculté des sciences - L2 Maths

Tir à l'arc

Assureur/ Assistant familial

1 Sport et études

Non

1h 10 min

Couloir (Faculté des Sciences)

19

Danilo

 

24

M

L3 STAPS

Basket

Ouvrier BTP/ Vendeuse magasin

1 Sport

2 Etudes

Non

50 min

Salle de cours (STAPS)

Clémentine

19

F

L1 STAPS

Natation

Infirmier/ aide- soignante

1 Etudes

2 Sport et travail

Oui

1 h

Salle de cours (STAPS)

Odilon

19

M

IDMC - L3 MIASHS option MIAGE

Escrime

Gérant station- service/ ERUN

1 Etudes

2 Sport

Non

1 h 05 min

Salle de cours (IDMC)

Alphonse

21

M

M1 MEEF - STAPS

Football

Retraité, ancien vendeur magasin/ infirmière

1 Sport et études

Non

50 min

Salle de cours (STAPS)

Mandy

20

F

L3 STAPS

Football

Ouvrier/ Masseuse

1 Sport et études

Non

1 h

En extérieur (STAPS)

*Dédouble son année

Après avoir 13 entretiens, nous avons considéré qu'il n'était pas nécessaire d'en faire davantage. Nous avons interrogé des étudiants que nous ne connaissons pas. En effet, le fait de ne pas connaître la personne, permet à l'enquêté de se sentir plus libéré. Cela va ainsi faciliter la parole, il est plus facile de parler à quelqu'un que l'on ne connaît pas et d'obtenir des informations confidentielles, car nous n'allons pas forcément revoir l'enquêté dans le futur. À ce jour, nous nous sommes familiarisés avec ces ESHN l'Université de Lorraine, certains de ces étudiants nous précisaient qu'ils pouvaient nous ouvrir la porte vers d'autres ESHN s'il nous manquait des entretiens à réaliser.

Les entretiens ont été réalisés au sein de la faculté de Lettres et dans les facultés environnantes telles que la faculté de sport, faculté de sciences, l'IDMC, l'IUT Nancy Charlemagne ou encore dans une résidence proche de la faculté de Lettres. Aussi, nous avons sélectionner autant de femmes que d'hommes afin de pouvoir réaliser une analyse genrée, pouvoir discerner les points communs et les différences entre les sexes (6 femmes et 7 hommes). De même pour les sports,

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des sports collectifs et individuels ont été étudiés pour varier les approches et dégager une analyse comparative (4 sports collectifs pour 9 sports individuels). Pour les filières d'études, nous l'avons vu, la moitié d'entre eux sont en STAPS à l'Université de Loraine à Metz et à Nancy. Nous avons tenté faire varier au mieux, les filières d'études pour toucher différents milieux sociaux.

Nous avons mis en place une colonne qui traite de l'âge. Nous n'avons pas établi dans cette recherche une analyse liée spécifiquement à l'âge. Nos enquêtés ont entre 26 et 19 ans ce qui est à peu près représentatif de la population étudiante en général.

La colonne des sexes nous permet d'en tirer une analyse comparative genrée, établir des inégalités de traitement que ce soit dans le milieu du sport ou dans le milieu universitaire. Nous avons fait usage de ce tableau dans l'élaboration des opportunités A cet égard, notre analyse ne se concentre peu sur une analyse de genre.

La colonne filière d'étude nous permet de voir par exemple, si certaines filières sont occupées davantage par des étudiants d'origine populaire ou de la classe moyenne ou aisée. C'est alors que 6 étudiants sur 13 sont en STAPS, le reste occupent différentes filières diverses et variés : Lettres, IUT, etc. Cette colonne est importante dans l'analyse de la conciliation.

La colonne « Sport » est l'une des plus importante. Dans notre échantillon, nous avons une surreprésentation des athlètes qui pratiquent l'athlétisme (4 étudiants), puis ceux qui pratiquent le football et l'aviron (2 étudiants) et le reste. A partir de cette colonne, nous pouvons la comparer, par exemple avec celle des métiers des parents pour voir si il y a une relation entre ces deux éléments. Cette colonne nous a été utile dans l'approche du lien entre les parents et étudiants sportifs dans notre analyse.

La colonne des métiers des parents a été construite à partir des données obtenues grâce à une question dans notre guide d'entretien. Cette colonne a été très importante dans le cadre de notre analyse de la classe sociale, l'influence des parents sur l'ESHN mais aussi dans la conciliation du sport et des études.

Nous avons établi une colonne « Priorité donnée » à savoir quel ordre prioritaire est établi par nos ESHN dans la conciliation. En effet, cette conciliation donne lieu à un ordre de préférence. Il a trois éléments : le sport, le travail, et les études. Nous verrons dans la partie analyse que cet ordre est en grande partie défini par l'environnement social. En contrepartie de la relecture des entretiens, cette colonne a été construite en partie grâce à la fonction « recherche » dans nos

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entretiens, à partir d'une analyse lexicométrique qui permet d'étudier la redondance des mots dans un texte. Quand le mot « études » revenait beaucoup plus souvent que le mot « sport » par exemple, nous avons établi un ordre de cet manière « 1. Etudes 2. Sport » Cette analyse a été utile pour nous, dans la partie où nous avons étudié la conciliation entre le sport et les études.

La colonne « Dédouble son année » a été conçu pour donner l'information de savoir si l'étudiant fait usage d'un aménagement spécifique durant ses études. S'il dédouble, il peut faire son année en 2 ans ou 3 ans. Cette information est importante, généralement les étudiants qui dédoublent ont beaucoup d'heures d'entraînement qui se chevauchent avec les heures de cours, ils sont 4 étudiants sur 13 à dédoubler, et sont ceux qui s'investissent davantage dans le sport. Cette colonne a été importante dans l'étude de la conciliation.

Les deux dernières colonnes « Durée » et « Contexte » ont été construites pour donner des indications quant à l'entretien mais n'ont pas fait l'objet d'une analyse.

Toutes ces colonnes ont été créée dans l'optique de fournir un support dans l'analyse de notre mémoire. Il est important de croiser, de comparer certaines colonnes pour tirer des similitudes ou des différences.

Une des limites que nous pourrions évoqués est la suivante : il s'agissait d'une liste des ESHN de l'année 2021/2022. Dans les mails qui ont été envoyés, certains des ESHN ont précisé qu'ils n'étaient plus ESHN donc ils ne voulaient pas faire d'entretiens. Au contraire, une étudiante et la seule d'ailleurs, âgée de 26 ans (Lola) a fini ses études, nous l'avons tout de même prise en compte dans l'analyse bien qu'elle n'avait plus ce statut. Autre limite à noter, certains ESHN ne se sentaient pas « légitime » à faire un entretien dans le sens où leurs horaires de cours et les horaires sportives ne se chevauchaient pas, et allié avec peu d'heures d'entrainement. Il n'a pas besoin d'un aménagement spécifique. Le seul dans cette situation était l'étudiant qui s'appelle Odilon. En outre, nous avons eu du mal à trouver des étudiants par mail qui pratiquent un sport collectif, en effet, ils sont au nombre de quatre.

2. L'explication de la méthodologie pour l'analyse

L'induction est une forme de raisonnement qui procède du spécifique vers le général, nous allons utiliser nos étudiants athlètes de haut niveau comme point de départ pour formuler des théories plus larges. Cette approche d'analyse a le mérite de s'appuyer sur des données empiriques et de valoriser l'expérience des participants. Ce mode d'analyse est adapté à notre recherche, puisque les entretiens constituent la source principale de nos données.

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La réalisation de l'analyse est faite par une méthodologie d'analyse thématique. Nous privilégions cette approche, car elle correspond particulièrement au domaine qualitatif, elle semble être une des plus efficaces pour l'analyse du discours de l'enquêté, mais aussi une approche qui s'avère utile pour confronter les propos de plusieurs enquêtés.

A l'aide de nos données présentes dans nos entretiens des ESHN, nous pouvons établir trois grands thèmes en fonction des résultats que nous avons trouvés. Nous avons fait ressortir les grands thèmes, et sélectionné les bouts d'entretien qui semblaient pertinents. Nous avons repris les discours, à l'aide du cadre théorique défini, pour faire émerger des comportements sociaux, des réponses à mes questions de recherche. Pour chaque thème, nous allons établir des sous-thèmes. A partir de ces résultats, nous avons mis en exergue quatre grandes parties par rapport au discours qui semblait être redondant dans le discours de nos enquêtés à savoir le statut particulier des ESHN, le rôle familial, le rôle du personnel sportif et le rôle du personnel universitaire. A partir de ces éléments, nous avons pu extraire les extraits d'entretien qui étaient les plus pertinents pour notre étude, et nous les avons confrontés à la théorie afin de monter en généralité.

Dans la première partie, nous verrons comment ces sportifs deviennent des ESHN, et par quels moyens ils se maintiennent dans la pratique. Puis, le statut particulier des ESHN et ses avantages, ensuite les opportunités différentes des ESHN et enfin l'organisation des ESHN. Et dans la dernière sous partie, le rôle de l'entourage dans la mise en pratique. Pour analyser cette partie, nous allons faire usage du concept d'habitus de Bourdieu, ainsi que le concept de socialisation de Durkheim.

Dans la seconde partie, nous verrons comment les ESHN concilient le sport et les études, comment procèdent-ils ? Nous aurons ainsi comme sous-partie, nous verrons quels sont les facteurs qui poussent à prioriser les études au sport et dans la seconde, nous verrons l'inverse, comment se fait-il que certains privilégient le sport. Et dans la dernière sous-partie, nous aurons les perspectives des ESHN, comment ils se projettent à l'avenir et quels sont les paramètres qui vont influencer leurs futurs métiers ? Pour analyser cette partie, nous allons faire usage de Boudon et de sa théorie sur l'action rationnelle ainsi que de Papin et Viaud pour analyser et étudier les opportunités des ESHN face au sport et aux études.

Dans la troisième partie, nous aborderons le soutien inégal dans le domaine sportif et le domaine institutionnel. Nous verrons que dans le domaine sportif que le soutien se manifeste de différentes manières selon les institutions. Dans la deuxième sous-partie, nous verrons que tous

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les enseignants et camarades de classe exercent une influence différente sur nos ESHN. Pour analyser cette partie, nous ferons usage principalement de Lemieux et Mignon pour étudier le rôle du personnel sportif et Honneth pour étudier la reconnaissance sociale.

Pour cette dernière partie, nous étudierons de plus près la reconnaissance des ESHN. Dans une première sous-partie, nous verrons que nos ESHN ne sont souvent bien reconnus malgré leur statut. Dans la seconde sous-partie, au contraire, les ESHN sont une source de fierté pour leur famille. Et dans la dernière sous-partie, nous verrons comment les ESHN font usage des réseaux sociaux et comment ils sont perçus ? Nous analyserons le rôle des représentants scolaire à travers Becker et sa théorie de l'étiquetage, la famille avec les études de Coakley, puis les médias au travers les travaux de Rowe.

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Chapitre II - Analyse et résultats

Partie I - Devenir et être sportif de haut niveau

Pour débuter, le statut d'Étudiant Sportif de Haut Niveau (ESHN) est donné aux étudiants qui participent à des compétitions sportives de haut niveau et qui poursuivent des études supérieures. En effet, ce statut offre un ensemble de soutiens pour aider ces étudiants à équilibrer leurs engagements sportifs et académiques. Comme nous l'avons vu avant, pour obtenir ce statut, ils doivent généralement remplir des critères de performance et aussi académique, et participer à des compétitions et des entraînements. Certains d'entre eux ont l'accès à des centres de formation souvent affiliés à des universités ou des écoles, qui offrent un encadrement sportif et académique adapté à ce qu'ils désirent. Ces centres permettent de combiner des entraînements tout en suivant un cursus académique grâce à des installations sportives de qualité ainsi qu'un suivi personnalisé auprès d'experts dans le milieu du sport.

Nous nous attacherons dans cette partie à revenir sur les facteurs premiers de la pratique du sport : reposent-ils sur un entourage décisif ? Comment se réalise la planification et l'organisation de leur emploi du temps ? Les opportunités d'encadrement et de soutien varient-elles entre les sportifs de haut niveau ? Ce statut particulier offre-t-il des ressources et des financements avantageux ?

1. Les vecteurs premiers de la mise en pratique du sport : un entourage décisif

La famille est la première source de soutien pour un athlète. Ainsi, les parents, les frères et soeurs peuvent jouer un rôle primordial tout comme d'autres membres de la famille dans l'initiation d'un étudiant au sport. Parfois, il s'agit d'une tradition familiale ou bien, d'un héritage sportif qui se perpétue de pères en fils, ce qui peut motiver l'étudiant à suivre les traces de ses proches.

« Moi à la base, je suis une famille sportive du coup, j'ai toujours fait du sport quand j'étais petit quand j'étais plus jeune, j'ai pu commencer à en faire, j'en ai fait, j'ai fait du foot du basket de la natation, je faisais un peu de tout ». (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

« Mon père a toujours été là à l'époque, quand j'étais petit, il m'emmène à l'entraînement, il attendait la fin et maintenant, il y a plus besoin, mais il est toujours là à regarder quoi. Ma mère, elle essayait d'être présente et après elle met plus sur le côté tout ce qui va être médical ou m'accompagner en dehors etc. mais les deux ont toujours

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été présents et du coup de temps en temps, ils venaient voir des matchs. f...] En club non, j'ai pas fait d'autres sports. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

L'éducation initiale de ces individus illustre l'apprentissage des valeurs et des normes, avec le sport tenant une place prépondérante, transmise dès son plus jeune âge par sa famille. Les rôles des parents sont dans ce cas, intéressants à étudier. Le père est plutôt associé à la pratique et à l'aspect physique du sport, tandis que la mère semble plus impliquée dans le support logistique et médical. L'engagement répété et diversifié de cet individu dans le sport peut être analysé à travers l'habitus, un concept développé par le sociologue Pierre Bourdieu. L'habitus renvoie à un ensemble de dispositions inconscientes acquises par l'expérience sociale, qui guident les actions et les perceptions (Bourdieu, 1979). Dans ce cas précis, l'habitus (Parlebas, 1999) de l'individu s'est constitué grâce à l'encouragement familial et à son engagement dans différentes activités sportives. Enfin, la capacité à s'engager dans une variété de sports révèle un certain niveau de capital culturel et social. Selon Bourdieu, le capital culturel comme étant l'accumulation de connaissances, de compétences et d'autres attributs culturels acquis par l'individu (Bourdieu, 1986). Dans le cas de Alphonse, ses parents ont joué un rôle actif et soutenu dans sa participation au football, un sport qui, selon Bourdieu, peut être associé à un habitus valorisant la résilience, la tolérance à la douleur et la force physique (Parlebas, 1999). Cela montre comment les parents peuvent influencer l'habitus de leur enfant, en l'occurrence en encourageant et en soutenant l'engagement d'Alphonse dans le football. Ainsi dans le cas de Noé, le fait de pratiquer divers sports peut être interprété comme une manifestation de ce capital culturel. Noé, qui semble être originaire d'une classe moyenne ou aisée, annonce que sa famille est orientée vers le sport et qu'il a eu l'occasion de s'engager dans diverses activités sportives depuis qu'il est petit : le football, le basket-ball et la natation. Son niveau d'éducation et sa position sociale lui ont donner la possibilité de pratiquer plusieurs sports. En effet, la tendance à combiner les activités sportives et culturelles est fortement structurée en fonction du niveau d'éducation, du revenu et du statut social et professionnel des individus (Coulangeon, Lemel, 2009). A l'opposé, Alphonse, issue d'un milieu populaire, indique qu'il n'a pas participé à d'autres sports en dehors en contrepartie du football. Cela évoque certainement, des restrictions financières ou à un accès limité à une variété d'activités liés à sa classe sociale.

Si les déterminismes sociaux contribuent à façonner la pratique sportive des étudiants sportifs de haut niveau, au-delà de leur statut similaire, nous pouvons également nous intéresser à leur devenir de sportif. Pour ce faire, nous emprunterons la notion de « carrière » développée par Howard Becker. Pour Becker, le terme « carrière » ne se limite pas à l'avancement professionnel

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ou à l'amélioration des compétences dans un domaine spécifique, comme le sport par exemple (Becker, 1963). Il élargit cette définition pour inclure un ensemble d'étapes sociales et culturelles que traverse un individu au cours de son évolution dans un domaine spécifique (Becker, 1963). Selon lui, une carrière ne se résume pas à une simple échelle de progression professionnelle (Becker, 1963). Elle implique également une intégration progressive dans la culture et les normes du groupe ou de la communauté qui définissent le domaine dans lequel la personne évolue (Becker, 1963). De ce fait, la carrière est perçue non seulement comme un parcours professionnel, mais aussi dans ce sens, comme un parcours socioculturel (Becker, 1963). Nous concernant, et si nous reprenons cette conception du terme de carrière, nous pouvons dire que le stade de l'initiation est le point de départ où une personne, généralement un enfant ou un adolescent, fait ses premiers pas dans le domaine du sport (Becker, 1963). À ce niveau-là, l'individu se familiarise avec les règles du jeu, il va commencer à affiner ses compétences, il va pouvoir se voir lui-même en tant que sportif. Par ailleurs, un grand nombre d'étudiants ont entamé leur parcours sportif en raison de leur fervente passion des individus pour un sport, animé par la compétition, etc. Cet amour pour l'activité les a galvanisés à s'exercer avec ardeur et à peaufiner leurs aptitudes pour parvenir à un échelon compétitif. Cet apprentissage du jeu, de la pratique sportive passe aussi par l'engouement que suscite la compétition. Celle-ci semble contraindre, d'une certaine manière, les sportifs en devenir à se socialiser plus fortement encore à la pratique de leur choix :

« Et puis même voilà, j'ai vraiment, j'adore la compétition de même si je suis très fair-play et que je m'entends très bien avec toutes mes concurrentes, l'esprit de compétition

me motive. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

« Après quand même ma passion au départ, c'est vivre de sa passion [...] Et le fait d'aller tous les jours à l'entraînement faire ce que tu aimes tous les jours c'est spécial, on est des privilégiés. ». (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

Les témoignages de Paula et Alphonse illustrent également le processus de socialisation secondaire (Durkeim, 1895). En effet, Alphonse témoigne sa passion pour le football, il se sent privilégié de pouvoir vivre de sa passion. Son ressenti illustre une dimension importante de la sociologie du sport : l'idée que le sport permet aux individus de manifester leur identité et d'y trouver une signification. Dunning a suggéré que le sport peut être envisagé comme une forme de « recherche de l'excitation » (Dunning, 1999). Selon Becker, le stade de la professionnalisation est celui où l'individu commence à percevoir le sport comme une voie de carrière potentielle (Becker, 1963). Il s'implique davantage dans l'entraînement, explore des

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occasions de concourir à un niveau supérieur et commence à envisager des options éducatives et de formation qui lui permettraient de concilier les études et le sport.

La famille de ce devenir sportif joue un rôle vital dans la vie des athlètes en les encourageant et en soutenant leurs efforts pour surmonter les obstacles et rester motivés. Dans ce sens, ils permettent de fournir un soutien qui se base sur les émotions indispensables pour les aider, en particulier à traverser des moments difficiles, qu'il s'agisse de blessures, de défaites ou de la pression des études.

« En fait ils ont toujours été là, toujours motivé même quand ça va pas du tout quand je rentre chez eux et que je pleure enfin, ils sont toujours là au final pour m'aider enfin, je pense que la famille c'est vraiment hyper important enfin de toute façon dans tous les domaines. Mais enfin, vraiment, dans le sport parce que enfin moi je sais qu'ils m'ont qui m'ont toujours épaulé bon ça a été un peu dur pour ma mère quand j'ai dû aller en internat mais sinon ils sont là pour te motiver. » (Nadège! F! 21 ans! M1 Histoire! Aviron)

La famille, agissant comme une principale instance de socialisation joue donc un rôle déterminant (Durkheim, 1895). Mais l'expérience en internat de Nadège pourrait être vue comme une forme de socialisation secondaire, où elle s'est familiarisée avec de nouvelles normes et valeurs en dehors de son environnement familial. Nadège note également combien il a été difficile pour sa mère de la voir partir en internat. Cela pourrait refléter les normes sociales liées au genre, dans lesquelles les mères sont souvent considérées comme étant plus émotionnellement liées à leurs enfants. Le capital social se réfère aux réseaux de relations qui peuvent être mobilisés pour obtenir des bénéfices ou du soutien (Bourdieu, 1986). De plus, dans ce contexte, l'appui familial de Nadège lui a offert un réseau de soutien émotionnel décisif pour sa carrière sportive et fait figure de capital social non négligeable (Bourdieu, 1986). Dans les années de spécialisation, le soutien parental demeure un élément significatif. Les parents continuent d'encourager leurs enfants et de fournir un soutien financier et moral dans la période de maintien de l'athlète dans le sport (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004). Comme nous l'avons vu, cette passion peut être collective ou individuelle. La famille peut ainsi aider les étudiants sportifs à trouver le juste équilibre entre le sport et les études, en les aidant à gérer leur temps et à prioriser leurs objectifs.

« Ils ont toujours été hyper cool à me laisser faire après par contre quand à la maison, je ramenais des mauvaises notes vraiment, ils étaient pas content et ça pouvait me porter

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préjudice pour le sport, mais j'ai toujours réussi à être à pas être en confrontation avec eux là-dessus et ils ont été vraiment cool à chaque fois. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Cet extrait d'entretien met en évidence l'influence significative de sa famille sur son parcours sportif et éducatif. Sa famille a établi une certaine règle qui lie ses activités sportives à ses performances académiques. Bourdieu caractériserait cet exercice d'influence comme l'application du capital culturel, un processus où la famille inculque ses valeurs et attentes dans l'esprit de l'enfant (Bourdieu, 1986). On peut donc observer l'accent mis par la famille de Clémentine sur l'importance des études, tout en continuant à encourager son engagement envers le sport. Cela suggère que les parents valorisent une éducation solide en parallèle du développement sportif de leurs enfants (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004). En outre, les parents et les frères et soeurs peuvent servir de modèles pour les étudiants sportifs en montrant leur propre engagement envers le sport, les études et la réussite personnelle. En effet, la famille a la possibilité fournir un réseau social en aidant les étudiants sportifs à établir des relations avec d'autres sportifs, entraîneurs et professionnels.

« Et c'est mon frère qui s'est investi en premier, il a commencé quand il était petit... Moi, je voulais absolument faire de l'escrime » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Le frère aîné d'Odilon s'étant impliqué dans le sport en premier, il a peut-être agi comme un exemple à suivre pour Odilon. Les frères et soeurs jouent souvent un rôle capital dans le processus de socialisation, car ils peuvent servir de modèles d'identification (Durkheim, 1895). La décision d'Odilon de se lancer dans l'escrime peut être perçue comme le fruit d'une socialisation au sein de sa famille, où les actions de son frère aîné ont façonné ses propres préférences et comportements. Les frères et soeurs peuvent jouer un rôle significatif en fournissant un modèle pour l'athlète (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004).

En concordance avec les membres de la famille, les amis de l'ESHN peuvent également jouer un rôle dans le parcours sportif. Ainsi, ils ont l'occasion servir de motivation et de soutien en aidant l'athlète à naviguer dans son parcours sportif.

« En CM2, une amie à moi en faisait et ma mère voulait que je fasse de l'athlétisme, c'était venu à l'idée, elle m'a jamais forcé ou quoi, mais un moment, c'était un peu en

mode tiens si je tentais moi. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

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En ce qui concerne la socialisation au sein de la famille, la mère de Lola a introduit l'idée de pratiquer l'athlétisme, sans toutefois imposer cette décision à Lola. Ils respectent l'autonomie individuelle de Lola lors de la prise de décision. Les parents encouragent généralement la participation à diverses activités sportives principalement axée sur le plaisir de la pratique sportive plutôt que sur la compétition au stade de l'initiation (Durand-Bush, Salmela, Thompson, 2004). D'un autre côté, l'influence de l'amie de Lola, déjà engagée dans l'athlétisme, représente un exemple de socialisation parmi les pairs, en particulier à cet âge. Le parcours de Lola démontre comment la socialisation sportive se manifeste à travers diverses influences, qui peuvent parfois se produire simultanément et interagir entre elles. Finalement, l'expérience de Lola peut être analysée à la lumière de la théorie du développement positif par le sport, selon cette théorie, le sport est un outil qui peut aider au développement personnel et social des jeunes. (Côté, 2002). Par exemple, Jean Côté a mis en avant le rôle de soutien de l'entourage dans la pratique sportive des enfants (Côté, 2002). Les coéquipiers et les amis ont une influence secondaire sur la motivation des étudiants sportifs. Un climat d'équipe sain et solidaire peut encourager les individus à se surpasser et à poursuivre leurs objectifs sportifs et académiques.

« On est quand même tous ami quoi enfin, en fait, il y a un truc qu'il faut retenir surtout, c'est que je trouve que grâce au sport on se fait vraiment des vraies amitiés. Enfin, je trouve que ça change des autres amitiés parce que vu qu'on partage quelque chose de fort enfin, le dépassement de soi avec d'autres personnes, on crée vraiment des amitiés qui sont fortes et qu'on retrouve pas forcément ailleurs. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

L'observation de Nadège met en lumière l'importance du sport comme un vecteur de socialisation et de création de relations interpersonnelles significatives. Durkheim a proposé que des activités communes, comme le sport, peuvent renforcer la cohésion sociale et créer un sens de solidarité parmi les participants (Durkheim, 1893). Le partage d'une activité exigeante et la poursuite conjointe de l'excellence personnelle facilitent l'établissement de connexions profondes, ce que Nadège qualifie de « vraies amitiés ».

Pour les athlètes étudiants de haut niveau, leur identification en tant que sportifs peut jouer un rôle décisif dans leur perception d'eux-mêmes. Les méthodes d'identification employées par les athlètes étudiants de haut niveau sont des moyens d'explorer et d'exprimer leur enthousiasme pour le sport, tout en construisant leur identité autour de cet intérêt. Ils peuvent aussi être inspirés par des sportifs connus mondialement dans leur domaine sportif.

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« C'était plus avant mais là maintenant j'ai pas le temps, ce que je préfère reprendre des mouvs des gens de NBA. Quand on regarde beaucoup les vidéos, ça fait rêver après tu peux le faire sur le terrain et c'est pas la même chose et pour faire après c'est toujours bien d'avoir un exemple. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

« Parce que je voulais faire du sprint de base, j'ai vu Usain Bolt aux JO, il a tout déchiré, j'ai dit vas-y, je vais faire comme lui moi aussi. » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

En effet, les ESHN peuvent reproduire les mouvements des sportifs les plus connus. Dans ce sens, Albert Bandura avance l'idée d'une reproduction, en fait, l'apprentissage provient en partie de l'observation des actions des autres (Bandura, 1977). En d'autres termes, en observant, en imitant et en modélisant le comportement d'autrui, les individus peuvent apprendre de manière significative (Bandura, 1977). Ces sportifs connus mondialement jouent un rôle dans leur socialisation sportive des ESHN. Dans cette idée, la contribution des médias à la diffusion des modèles sportifs influencent la pratique sportive des individus. Mais aussi, ces anecdotes illustrent l'engagement corporel et sensoriel qui caractérise souvent l'expérience sportive (Defrance, 2011). Pour Danilo, regarder des vidéos et recréer les mouvements des joueurs de la NBA sur le terrain possède une dimension rituelle, quant à Akim, son désir d'imiter Usain Bolt met en lumière la participation profonde et le rôle socialisateur du sport (Defrance, 2011). Cela démontre également que le sport, peut être perçu comme un rituel car la course devient un rituel symbolique, alimenté par le désir d'imiter Usain Bolt. (Defrance, 2011). Finalement, on voit comment les figures sportives peuvent non seulement influencer les techniques et les comportements, mais également déterminer quant à leur choix des disciplines sportives. Par ailleurs, les ESHN peuvent être aussi motivés par des objectifs personnels, tels que l'amélioration de leur performance ou atteindre le niveau professionnel.

« C'est tout le temps gagner, avoir des bonnes performances, me dépasser et j'ai besoin de nager en fait pour être que ce soit personnel ou sur le plan scolaire ou même au travail ça m'aide à être bien à être apaisé. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Clémentine souligne l'importance de la compétition, de l'amélioration des performances et de l'autodépassement, illustrant la nature compétitive du sport et le désir d'exceller, qui sont profondément intégrés à l'identité sportive. Selon Bandura, les individus s'adaptent et se développent en fonction de leur environnement (Bandura, 1977). Dans le cas de Clémentine,

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elle a probablement tiré des enseignements de ses expériences en natation, associant ainsi la réussite sportive à son bien-être sur le plan personnel, académique et professionnel. C'est cette connexion qui la pousse à maintenir son engagement envers la natation. Dans la même optique, les entraîneurs et le personnel sportif ont un impact direct sur la motivation des étudiants sportifs. Leur approche, leurs compétences et leur capacité à créer un environnement stimulant sont capitales pour maintenir la motivation de ces étudiants.

« A l'entraînement, pas vraiment parce que c'est à toi de te motiver vraiment, mais avant les compètes, les coachs on a toujours du coup un brief avant courses et un débrief après la course. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

La déclaration de Nadège met en évidence l'importance capitale du coaching dans le domaine sportif, tant pour la motivation que pour la préparation et l'évaluation des performances. Bourdieu met en évidence l'importance des « agents de socialisation » dans le sport avec les entraîneurs (Bourdieu, 1978). Les entraîneurs exercent une influence significative sur le développement et les résultats des athlètes, en agissant à la fois comme des guides, des mentors et parfois même comme des sources de motivation.

En résumé, l'entourage d'un étudiant sportif de haut niveau joue un rôle prépondérant dans sa motivation et sa réussite. Pour ces athlètes étudiants, les membres de la famille et les amis jouent fréquemment un rôle crucial dans la sélection de leur sport, et fournissent un soutien indispensable quand ils choisissent de s'impliquer de manière intense dans leur discipline. En ce qui concerne les entraîneurs, une fois que l'étudiant-athlète a déterminé son sport et s'y est engagé de façon sérieuse, ils se transforment souvent en des figures d'autorité essentielles pour maintenir cet engagement et aider l'étudiant à atteindre un niveau de compétition. Mais au-delà de cet entourage, des figures sportives plus « éloignées » qui servent de modèles tout au long de ces étapes à l'image de certaines stars médiatisées. En général, ces figures sont des athlètes de renommée mondiale qui ont excellé dans leur domaine spécifique et sont capables de susciter l'admiration.

2. Un statut particulier qui permet des ressources et des financements souvent avantageux

Le statut d'Étudiant Sportif de Haut Niveau (ESHN) est un dispositif mis en place pour aider les étudiants qui pratiquent un sport à haut niveau à concilier leurs études et leurs activités sportives. Les étudiants sportifs de haut niveau ont généralement accès à des infrastructures sportives de qualité supérieure, y compris des installations d'entraînement, des services

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médicaux et de récupération, et des conseils en matière de nutrition et de préparation mentale. La plupart des établissements d'enseignement supérieur sont tenus d'adapter les cursus des étudiants sportifs de haut niveau afin de leur permettre de concilier sport et études. Cela peut inclure des horaires aménagés, des dispenses d'assiduité ou des dérogations aux examens.

« On me demandait juste de rattraper et par rapport aux examens ça tombe tout le temps sur les périodes de compétition, donc ce soit en STAPS ou en fac de lettres, on

m'autorisait à les décaler. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Les universités ont instauré des dispositions spéciales pour soutenir les étudiants-athlètes, comme Lola, dans la gestion de leurs obligations scolaires et sportives. Lola a, par exemple, la possibilité de reprogrammer ses examens afin de pouvoir concourir. Cette mesure institutionnelle témoigne de la reconnaissance du sport et des études comme deux domaines capitaux, nécessitant un certain équilibre. Par ailleurs, cette possibilité de reprogrammer les examens met en exergue l'importance de l'équité. Weber a proposé une interprétation complexe de la stratification sociale, mettant l'accent non seulement sur les divisions économiques, mais également sur des facteurs comme le prestige social et le pouvoir (Weber, 1922). La stratification sociale désigne la structuration de la société en diverses strates ou niveaux, basée sur des éléments tels que le rang économique, l'autorité et l'estime (Weber, 1922). Dans le domaine du sport, cela pourrait signifier que la disponibilité des ressources, les chances d'avancement et l'appréciation peuvent varier grandement en fonction de la discipline sportive de l'étudiant. Par exemple, dans certaines nations, des disciplines comme le football, le basketball ou le handball peuvent être fortement valorisées, bénéficiant d'un fort soutien en matière d'infrastructures, de financement et d'encadrement. Les sportifs s'adonnant à ces disciplines pourraient accéder à une formation de qualité supérieure, à des compétitions à l'échelle nationale et internationale.

« Ils m'ont donné un appartement un bel appartement en 4e étage 65 mètres tout équipés, après, j'avais aussi 450 euros de nourriture. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Abdel profite d'opportunités économiques considérables grâce à son rôle d'athlète. Les privilèges dont il bénéficie, tels que son appartement et son allocation pour la nourriture, reflètent sa position socio-économique privilégiée. Être un athlète, et peut-être un athlète de premier plan, attribue à Abdel un certain prestige ou une certaine distinction sociale. Les avantages matériels qu'il reçoit, comme un appartement, peuvent être interprétés comme une

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reconnaissance de ce statut. En outre, bien que la citation n'évoque pas explicitement le pouvoir, Abdel, en tant qu'athlète accompli, peut détenir une certaine influence ou un certain pouvoir au sein de sa structure sportive, ce qui pourrait lui permettre de bénéficier de ces avantages. Au-delà du matériel et de la nourriture, les étudiants sportifs de haut niveau doivent par moment participer à des compétitions nationales ou bien internationales, et les coûts de déplacement peuvent être parfois importants. Certaines institutions ou organisations sportives offrent des aides pour couvrir ce genre de dépense.

« Tu vois et j'avais aussi un remboursement de frais, de rembourser pour les kilomètres que je faisais pour aller aux entraînements et à l'école. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Abdel obtient des compensations financières pour couvrir les frais de déplacement pour ses entraînements et ses cours, ce qui reflète les avantages économiques liés à son statut d'athlète. Aussi, les athlètes qui pratiquent des sports moins populaires ou moins reconnus peuvent avoir moins d'accès à ces ressources et à ces opportunités. Ils sont souvent liés à des clubs sportifs professionnels ou à des fédérations.

En effet, les athlètes de haut niveau peuvent se lier à des partenariats avec des entreprises ainsi que des marques pour obtenir un soutien financier et des ressources en échange de la promotion de ces entreprises et de leurs produits. Malgré le manque de reconnaissance de certains sports, des étudiants peuvent obtenir des sponsors.

« J'ai fait une page Facebook athlète qui a été demandé par mon sponsor, Joma, il m'envoie des vêtements gratuitement, tu as un contrat avec donc tu es obligé de faire des publications. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Dans l'observation de Lola, nous pouvons appliquer la théorie de la célébrité de Chris Rojek. Rojek définit la célébrité comme une dynamique de pouvoir où des individus, connus par une vaste audience, exercent une influence significative sur celle-ci (Rojek,2001). Dans le cas de Lola, elle a établi un partenariat de parrainage avec Joma, qui lui fournit gratuitement des vêtements. En contrepartie, elle doit poster sur sa page Facebook d'athlète pour promouvoir la marque. Ceci illustre la manière dont sa renommée et sa visibilité sont exploitées à des fins de marketing. Elle devient une sorte de « célébrité » avec un impact notable sur son audience, qui est utilisé par la marque pour accroître sa visibilité et ses ventes de produits. En effet, les étudiants sportifs de haut niveau privilégiés peuvent bénéficier d'aides matérielles (des équipements sportifs, infrastructures, etc.) et financières de la part de leur fédération, de leur

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club ou de partenaires privés, ou des fois ils sont contraints de payer de leur propre poche pour des équipements. Par exemple, les clubs sportifs et les fédérations sportives peuvent de temps en temps, fournir un soutien financier et des ressources aux athlètes de haut niveau, notamment en termes d'entraînement, de compétitions et d'équipements.

« Il y a une poignée qui est la partie centrale de l'arc ça en général, c'est l'archer qui le paye parce que bah, c'est quelque chose qui va durer dans le temps après, il y a les branches qui faut clipser sur la poignée et ça les branches, en fait la Fédération quand on est sportive de niveau elle nous en prête » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« Mais il faut quand même être investi, je te donne une échelle pour de la très bonne qualité très banale de qualité, je dirais à 1500. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Dans le cas d'Henri, l'acquisition de l'arc, un objet de valeur, représente une forme de capital économique. Il précise que l'archer se charge généralement de l'achat de la poignée de l'arc, un élément durable et essentiel à la pratique. Par ailleurs, la Fédération prête les branches de l'arc aux archers de haut niveau, ce qui témoigne de l'interaction entre le capital économique individuel (la capacité financière de l'archer à se procurer la poignée) et le capital social (l'appartenance à la Fédération qui facilite le prêt des branches). La théorie de la stratification sociale de Pierre Bourdieu pourrait offrir une perspective intéressante pour l'analyse. Cette théorie se concentre sur la distribution des ressources au sein de la société et comment cela influence le statut social des individus (Bourdieu, 1979). Quant à Odilon, l'investissement financier requis pour acquérir un équipement de haute qualité en escrime (estimé à environ 1500€ par lui-même) est un indicateur de son capital économique. Cet investissement a également des répercussions sur son capital culturel et social, car il peut influencer la façon dont les autres sportifs et entraîneurs le perçoivent et peut éventuellement affecter ses opportunités dans le sport.

En somme, être étudiant sportif de haut niveau offre de nombreux avantages financiers. Toutefois, il convient de noter que l'opportunité d'obtenir des financements peut être compliqué et dépend du sport pratiqué et du niveau de pratique, et que les sportifs doivent souvent gérer la pression et les exigences liées à leur double vie d'étudiant et d'athlète de haut niveau. La nature changeante de ces dynamiques est largement influencée par le contexte culturel et géographique. Un sport qui peut être moins apprécié ou moins soutenu dans une certaine région

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peut, dans un autre contexte, jouir d'une popularité et d'un soutien considérables. Par conséquent, l'expérience des étudiants sportifs de haut niveau peut être profondément affectée par leur localisation et leur environnement culturel spécifique. Pour conclure, même si être un étudiant sportif de haut niveau peut présenter de multiples avantages, ces opportunités ne sont pas distribuées de manière égale à tous les athlètes.

3. Des opportunités d'encadrement et de soutien variables entre sportifs de haut niveau

Les ESHN ont accès à de nombreuses opportunités pour les aider à réussir. Tous nos étudiants sportifs de haut niveau sont effectivement membres d'un club sportif. Les clubs sportifs offrent généralement des infrastructures, des entraîneurs spécialisés, des programmes d'entraînement et des compétitions qui permettent aux étudiants de développer leurs compétences sportives à un niveau élevé.

« Ouais donc, je voulais faire du sprint, je me renseigne, je vais dans mon club actuel » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

« Depuis tout petit au Luxembourg, j'ai commencé là et depuis petit que j'ai joué pour le même club à 7 ans, j'ai intégré l'équipe senior et l'année passée. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Ces deux étudiants soulignent l'importance des clubs et des équipes dans le processus de socialisation sportive. En effet, Coakley se penche sur les aspects sociaux et culturels du sport et analyse comment la participation sportive influence la socialisation des individus (Coakley, 2019). Akim fait référence à son club actuel, tandis que Danilo mentionne son intégration dans l'équipe senior de son club. La transmission de normes, de valeurs liées à la pratique sportive sont en partie assurés par ces structures. Dans ce sens, les individus apprennent à s'adapter aux attentes et aux dynamiques de leur club ou de leur équipe, ce qui contribue à leur socialisation sportive (Coakley, 2019). Les clubs sont souvent affiliés à des fédérations sportives nationales ou internationales, ce qui permet aux étudiants de participer à des compétitions officielles et de représenter leur club lors d'événements sportifs. En plus de leur club, ils peuvent être membre d'autres institutions. De nombreuses centres tels que le CREPS, le pôle espoir et autres centres de formation offrent des options pour certains étudiants sportifs de haut niveau. Tous les étudiants sportifs de haut niveau ne sont pas nécessairement au CREPS. Le CREPS est un établissement en France qui propose des formations et des infrastructures spécifiquement conçues pour les sportifs de haut niveau. Les athlètes qui se trouvent au sein des CREPS sont

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en général ceux qui ont été reconnus comme ayant une capacité particulière dans leur sport respectif. Leur sélection est habituellement déterminée par leurs performances lors des compétitions et l'évaluation de leurs capacités futures par les entraîneurs et les responsables de leur fédération sportive. Il convient de souligner que les critères de sélection peuvent différer en fonction du sport ou du CREPS spécifique. Pour ceux qui sont au CREPS, ils ont des possibilités de voir des kinés, des psychologues, des préparateurs mentaux. Cela permet aux étudiants de poursuivre leurs études tout en respectant leurs engagements sportifs et de maximiser leurs performances dans les deux domaines.

« J'ai un préparateur physique du CREPS et j'ai une psychologue du sport et après toute l'équipe médicale du CREPS, tout tourne autour du CREPS parce que moi, j'ai été interne. » (Paula! F! 21 ans! IUT - DUT GEA 2ème année! Marche athlétique)

Paula s'inscrit dans un système institutionnalisé du sport grâce à son affiliation au CREPS, dans le cadre de la théorie de l'institutionnalisation, Cette situation reflète l'institutionnalisation du CREPS en tant qu'organisme reconnu dans le domaine du sport, offrant des services et des infrastructures spécialisés pour soutenir les athlètes. Selon la théorie de John W. Meyer, l'institutionnalisation se produit lorsque les normes et les pratiques d'une institution sont largement acceptées et établies dans la société (Meyer & Rowan, 1977). Ainsi, l'affiliation de l'équipe médicale de Paula au CREPS témoigne de la reconnaissance et de la légitimité de cette institution dans le domaine du sport. Ainsi, le CREPS joue un rôle prépondérant en offrant des opportunités uniques aux athlètes. En outre, dans le domaine sportif, le mot « pôle » fait généralement référence aux Pôles France et Pôles Espoirs en France. Ces structures sont spécifiquement conçues pour former et entraîner les sportifs de haut niveau. Chaque pôle se spécialise souvent dans une discipline sportive particulière, offrant ainsi un support ciblé et spécialisé pour les athlètes. Toutefois, l'entrée dans ces pôles ou bien au CREPS peut s'avérer restreinte et fortement concurrentielle, étant influencée par une variété de facteurs. Parmi eux, on compte les compétences sportives de l'individu, sa localisation géographique, la spécificité de la discipline sportive, et parfois même les conditions socio-économiques de l'athlète.

« En fait, en France il y a quatre pôles France, donc Lyon, l'INSEP, Nantes, et Nancy, moi j'ai intégré celui de Nancy et depuis, je suis restée en équipe de France et donc je suis je suis toujours au pôle et je suis toujours licenciée au club de Nancy. » (Nadège! F! 21 ans! M1 Histoire! Aviron)

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« On pourrait se dire que je fais passer les études avant ça, c'est la raison, mais aussi, je me sens mieux de faire moins d'entraînement. C'est aussi mental voilà, j'ai besoin de pas en faire beaucoup par exemple ceux au CREPS, ils sont, ils font énormément d'entraînement et ça, ça me convient pas parce que il faut, il faut autre chose » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Dans le cas de Nadège, sa mention d'être toujours licenciée au club de Nancy souligne l'importance de sa continuité d'engagement sportif au niveau local, même en étant membre du pôle France et de l'équipe nationale. Cette double appartenance met en évidence la capacité des athlètes à s'inscrire dans plusieurs niveaux d'institutionnalisation, combinant des structures à la fois locales et nationales (Meyer & Rowan, 1977). Pour Odilon, son expression de préférence pour un volume d'entraînement réduit par rapport à ce qui est pratiqué au CREPS reflète également la théorie de l'institutionnalisation. Odilon prend une décision en fonction de ses préférences et de son bien-être mental. Il ressent le besoin de s'entraîner de manière moins intensive pour se sentir à l'aise et trouver un équilibre dans sa pratique sportive. Certains athlètes peuvent préférer un entraînement intensif, tandis que d'autres valorisent un équilibre entre l'entraînement et d'autres aspects de leur vie. La prise en compte des besoins individuels et des préférences personnelles dans la planification de l'entraînement est donc essentiel pour leur santé, le bien-être et l'épanouissement des athlètes dans leur pratique sportive. En règle générale, les étudiants sportifs de haut niveau bénéficient souvent d'un encadrement professionnel expérimenté et d'un soutien de la part de leurs entraîneurs, de leurs équipes quel que soit l'institution.

« f...] on a des bons résultats cette année, on est, on est premier en National 2 donc voilà ça sort pas de nulle part, on voit qu'on travaille et que ce travail, c'est le fruit du coach quoi. Alors, il a joué, je sais pas les clubs, mais il a joué au final quand ils étaient à l'époque en D2 et donc c'était un bon attaquant. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

La citation d'Alphonse sur le succès de son équipe de football et le rôle de son entraîneur est analysée à la lumière de la théorie de la structure sociale et de l'interaction de Durkheim. Selon la théorie de la structure sociale et de l'interaction, la société est constituée de divers éléments qui sont interconnectés et s'appuient les uns sur les autres, créant ainsi une configuration sociale sophistiquée (Durkheim, 1895). Les interactions entre ces éléments sont structurées par un ensemble de standards et de directives que les membres de la société sont tenus de respecter afin de préserver la stabilité et la cohésion sociale (Durkheim, 1895). Le succès de l'équipe

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reflète la structure sociale en place, ainsi que l'adhésion de l'équipe aux normes et aux règles du football. L'importance du rôle de l'entraîneur est soulignée, ce dernier agissant en tant que leader et garantissant que l'équipe respecte les règles du jeu, ce qui est essentiel au maintien de l'ordre social. Enfin, l'expérience préalable de l'entraîneur comme attaquant renforce sa capacité à guider efficacement l'équipe, en raison de sa connaissance approfondie des normes et des attentes de la ligue. La compétence dans le sport ne dépend pas uniquement des qualifications formelles, mais repose aussi, et peut-être même principalement, sur l'expérience sportive personnelle (Lemieux, C., Mignon et al.,2006). Il est quasi certain que la grande majorité des entraîneurs, sont d'anciens sportifs qui dirigent maintenant dans le sport qu'ils ont eux-mêmes pratiqué (Lemieux, C., Mignon et al.,2006). Au-delà des conseils, ils peuvent interagir, prodiguant des aides en matière de carrière, de formation et de développement personnel. En tant qu'étudiants sportifs de haut niveau, ces individus ont souvent l'occasion de nouer des contacts dans leur domaine sportif et dans le monde universitaire. Cela peut mener à des opportunités de carrière intéressantes après l'obtention du diplôme, que ce soit dans le sport professionnel, le coaching, la gestion sportive ou d'autres domaines similaires. La théorie de l'échange social, une approche sociologique, envisage les interactions sociales comme un échange de coûts et de récompenses entre les participants (Homans, 1961). La théorie de l'échange social peut servir à examiner les interactions des étudiants sportifs de haut niveau avec différents intervenants, comme les entraîneurs, les équipiers, les sponsors et les supporters. Par exemple, un sportif pourrait s'engager à fournir des efforts intensifs et à exceller dans ses performances, en contrepartie du soutien et des ressources que lui apporte un coach ou un sponsor. Elle peut être utile pour comprendre les relations entre l'ensemble de l'entourage sportif. Ainsi, le rôle de l'entraîneur est perçu comme une combinaison entre le rôle d'outil pour les dirigeants, de porte-voix pour les athlètes entre la fédération et les clubs, et d'intermédiaire pour l'application des connaissances scientifiques. (Lemieux, C., Mignon et al.,2006)

« Cet ancien gardien de but du FC Metz, c'est lui qui m'a sélectionné en équipe départementale, c'est lui qui m'a proposé la section sportive, c'est lui qui m'a bien vendu à Vendenheim, m'a appelé quand je voulais signer là-bas c'est lui qui m'a dit d'aller à Nancy pour mon stage et ça se passe super bien et c'est lui maintenant encore qui me propose un BMF. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

« C'est mon entraîneur m'a aidé à trouver une structure d'accueil pour quand j'avais la Strasbourg donc ça, ça va beaucoup aider parce que je me voyais pas à Strasbourg et dire bonjour, j'arrive, je vais m'entraîner enfin, c'est un peu délicat et du coup, c'est

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exactement le scénario qui s'est passé donc c'est mon entraîneur de Strasbourg qui m'a aidé pour trouver mon entraîneur de Nancy. » (Laurie! F! 21 ans! IAE School of Management 2ème année !Saut en hauteur)

Les propos de Mandy insistent sur le rôle central et pivot de son entraineur, à la fois sur le plan sportif mais aussi sur le plan de la carrière professionnelle. Elle décrit comment un ancien gardien de but du FC Metz a été déterminant dans divers moments clés de sa progression en tant que joueuse de football. C'est un exemple concret de la théorie de l'échange social. L'entraîneur apporte à Mandy des opportunités et des conseils précieux, anticipant en retour une gratification, que ce soit sous forme de performances de Mandy sur le terrain, de la réussite de l'équipe, ou d'une reconnaissance au niveau professionnel. Dans le second témoignage, Laurie exprime sa gratitude envers son entraîneur qui l'a assistée pour trouver un endroit pour s'entraîner à Strasbourg. En offrant son aide et ses ressources à Laurie, l'entraîneur s'attend en retour à ce qu'elle puisse améliorer ses performances en saut en hauteur, ce qui pourrait renforcer sa propre renommée et celle de l'équipe.

Le genre, la classe sociale, l'origine ou encore la religion peuvent être des facteurs discriminants, ce qui offre des opportunités différentes pour chaque individu. Par exemple, la classe sociale est un facteur décisif qui peut toucher à l'accès et les opportunités pour les étudiants sportifs de haut niveau. Les individus issus de milieux défavorisés peuvent rencontrer des difficultés pour accéder aux mêmes opportunités et ressources (Marx & Engels, 1848). Pour illustrer les inégalités en termes sociales, nous pouvons nous appuyer sur cette citation : « Dans le cas de l'athlétisme, Lucie Forté et Christine Mennesson (2012) repèrent par exemple la manière dont les parents issus des classes favorisées perçoivent en termes de concurrence l'engagement dans des études supérieures et la poursuite de l'entraînement sportif intensif, au moment de la dernière étape de la carrière athlétique. À l'inverse des parents issus des classes populaires qui, par un effet de méconnaissance du monde scolaire doublé d'une vision enchantée des perspectives de la carrière sportive, maintiennent une forte adhésion aux attentes de l'institution sportive et favorisent ainsi la réalisation du travail athlétique. » (Papin, Viaud, 2018). Les étudiants provenant de milieux aisés peuvent bénéficier d'entraîneurs privés, d'installations sportives de haute qualité, d'équipements supérieurs et d'une alimentation optimale.

« Le matériel que tu emploies bah, c'est toi, tu fais du coup, c'est quand même coûteux comme matériel, on peut trouver un équipement abordable, mais il faut quand même être investi, je te donne une échelle pour de la très bonne qualité très banale de

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qualité, je dirais à 1500. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Le commentaire d'Odilon illustre le concept de « Distinction » de Bourdieu, qui suggère que nos préférences, y compris nos choix sportifs, sont influencées par notre position socio-économique (Bourdieu, 1979). Les sportifs provenant de milieux plus prospères ont une plus de chance d'accéder à des sports comme l'escrime qui exigent un engagement financier. Cette réalité contribue à une certaine forme d'exclusion sociale dans le domaine du sport, où l'accès à certaines disciplines est principalement réservé à ceux ayant des moyens financiers supérieurs. Par ailleurs, le point de vue d'Odilon évoque également la notion de « Carnalité » dans le sport, une idée de Wacquant (Wacquant, 2002). Cette notion met l'accent sur le fait que notre corps est simultanément l'instrument et le produit de notre engagement dans une activité sportive. (Wacquant, 2002). Comme l'exprime Odilon, « le matériel que tu emploies, c'est toi », ce qui signifie que l'implication dans le sport représente non seulement un investissement financier, mais également un engagement corporel exigeant qui demande du temps, de l'effort et de l'énergie. La constatation selon laquelle le coût élevé du matériel sportif peut représenter un obstacle à la participation soulève des préoccupations en termes d'égalité et d'accès équitable au sport. Cette réalité peut contribuer à des disparités dans la possibilité de participer à des activités sportives. Ainsi, les individus des classes populaires peuvent se trouver désavantagées. Cela peut restreindre les opportunités pour certaines personnes de s'engager pleinement dans le sport et de développer leur potentiel athlétique. De plus, les étudiants sportifs de haut niveau issus de milieux socioéconomiques plus modestes peuvent rencontrer des contraintes supplémentaires, comme l'obligation de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. Cela pourrait restreindre le temps et l'énergie qu'ils sont en mesure de consacrer à leur entraînement.

« C'est compliqué, tu as trois trucs en même temps-là, le travail, sport, les études, c'est compliqué. J'avoue que, c'est, faut s'accrocher de ouf. Je donne un peu plus d'importance à mon taf en ce moment, c'est plus taf, sport et études, dans mon ordre de préférence. [...] Maintenant, je me suis marié là récemment, moi j'ai des responsabilités, elles m'ont amené à avoir une réflexion tu vois et en fait tout le temps je me donne à mon sport de base, en fait, je me dis ouais c'est plutôt que je peux pas ramener de l'oseille parce que j'ai entraînement tu vois ce que je veux dire. » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

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La déclaration d'Akim révèle un conflit entre différentes responsabilités : le travail, le sport et les études. L'équilibre entre le sport, les études et le travail est un défi souvent rencontré par les étudiants-athlètes. Cette problématique a été étudiée par des chercheurs tels que Stevenson, qui a observé que pour concilier ces différentes responsabilités, les étudiants-athlètes sont souvent amenés à faire des compromis (Stevenson, 2010). Par ailleurs, la religion peut également influencer l'accès et les opportunités pour les étudiants sportifs de haut niveau. Certaines croyances religieuses peuvent limiter la participation des individus à certaines disciplines sportives, ou créer des défis supplémentaires pour concilier sport et études.

[Période de ramadan] « L'année dernière, j'étais blessé donc ça va, et là, j'en ai parlé un peu au coach, tu sais t'as des séances de muscu et qui voit que t'es fatiguée, il va te mettre au repos parce que tu peux faire nous en muscu pure, des fois, je vais faire un peu juste du gainage genre forcément et voilà après pour les cours si tu peux pas manger ça et donc ils vont m'aider à alléger. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

En ce qui concerne Abdel, l'entraîneur ajuste le cadre d'entraînement en tenant compte de ses engagements religieux. La notion d'« identité négociée » suggère que les sportifs peuvent adapter et ajuster leur identité et leurs rôles en fonction de divers contextes sociaux, y compris celui de la religion (Coakley, 1993). Dans le cas spécifique d'Abdel, il est en train de naviguer entre son identité d'athlète et son identité de pratiquant musulman pendant le Ramadan, avec le soutien de son coach. Par conséquent, les adaptations apportées à l'entraînement reflètent l'évolution des normes et des ressources qui structurent les activités de l'équipe.

Par ailleurs, dans le cadre de l'analyse genré, nous avons sept hommes et six femmes. Les disciplines comme le 100m et le 400m, pratiqués par Akim et Lola et le tir à l'arc ne sont pas typiquement associées à un genre spécifique, bien que les courses de sprint soient souvent vues comme plus masculines en raison de l'importance de la vitesse et de la force. De même, l'aviron (pratiqué par Nadège et Noé) n'est pas particulièrement genré, même si l'effort physique requis peut parfois décourager certaines femmes. L'handball et le basket, respectivement pratiqués par Abdel et Danilo, sont souvent considérés comme des sports plus masculins, principalement en raison de leur nature compétitive et de leur intensité physique. Le football, pratiqué par Alphonse et Mandy, est traditionnellement dominé par les hommes, bien que l'implication des femmes y soit en hausse. Le saut en hauteur (Laurie), la marche athlétique (Paula) et la natation (Clémentine) peuvent être perçus comme des sports moins liés à un genre spécifique, avec une participation significative des femmes. L'escrime, pratiquée par Odilon, a également une participation féminine notable, bien qu'elle ait historiquement été dominée par les hommes. La

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majorité des individus de notre échantillon pratiquent des sports qui sont soit traditionnellement associés à leur genre, soit considérés comme neutres. Quelques individus transgressent ces classifications basées sur le genre : les femmes haltérophiles, boxeuses et footballeuses s'entraînent dans des environnements formels et sont reconnues par les institutions officielles (Louveau, 2006). Cependant, les joueuses de football représentent encore à peine 2% des licenciés dans ce sport en France, mais ce chiffre tend à s'accroître (Louveau, 2006). Par exemple la seule exception que nous avons, Mandy, une femme, joue au football, un sport historiquement masculin (Louveau, 2006).

En effet, tous ces athlètes ne bénéficient pas des mêmes ressources. En effet, les facteurs liés à la classe, le genre, le sexe ou la religion ont une influence sur nos ESHN. Les ESHN ne sont pas armer de la même manière lorsqu'ils abordent les études ou le sport. La théorie du conflit, que nous avons vu, peut aider à identifier et à comprendre les inégalités qui existent parmi les étudiants sportifs de haut niveau et comment elles peuvent influencer leurs expériences et leurs opportunités dans le sport.

4. Une planification et une organisation quasi militaire : une discipline de fer ?

Les étudiants sportifs de haut niveau doivent effectivement avoir une planification et une organisation rigoureuses pour pouvoir concilier leurs études et leur pratique sportive. Cela peut être comparé à une discipline de fer, similaire à celle observée dans le milieu militaire.

Premièrement, les étudiants sportifs de haut niveau doivent gérer leur temps de manière très précise, car ils doivent jongler entre les entraînements, les compétitions, les études, les activités sociales et établir un emploi du temps clair et s'y tenir. Pour cela, ils n'hésitent pas à optimiser leur temps dans la journée en anticipant à l'avance. Dans cette optique, Harold Wilensky pourrait décrire le « temps militaire » comme une manipulation du temps dans une organisation, où l'on fixe des délais stricts et un emploi du temps rigide pour engendrer un sentiment d'urgence et de rendement (Wilensky, 1964). Bien que les travaux de Wilensky ne se concentrent pas spécifiquement sur la gestion individuelle du temps, ses études sur la bureaucratie et les organisations nous aident à comprendre comment les individus structurent leurs activités quotidiennes pour atteindre leurs objectifs personnels et professionnels (Wilensky, 1964). Pour équilibrer les exigences de leurs formations académiques et sportives, les étudiants sportifs de haut niveau doivent souvent organiser leur temps de façon rigoureuse, à la manière d'une structure militaire.

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« Classiquement réveil 8h30, après, je pars de chez moi vers 9h30, je vais à l'entraînement pour 9h45, du coup, après entraînement de 10 heures, à midi et après à 13h, je vais à la fac jusqu'à 15h, du coup, ça peut aller jusqu'à 17 heures. Après le soir, je rentre, je me douche, je mange. Après, c'est soit série tout ça et après dodo. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Après 18h30 en général c'est l'heure de la muscu donc ça comme on fait cinq séances par semaine du lundi au vendredi, c'est tous les jours, c'est une journée bien chargée quand même assez des journées où tout est millimétré. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Dans les deux cas, on peut observer une planification et une coordination du temps. Les individus ont des horaires et des routines bien établis, avec des activités spécifiques allouées à des moments précis de la journée. Cela suggère qu'ils organisent leur temps de manière consciente et gèrent leurs ressources temporelles de manière stratégique. Ces exemples mettent en évidence comment les individus organisent et gèrent leur temps en fonction de leurs responsabilités et priorités. En outre, cet équilibre implique de maintenir une discipline ferme et de suivre une routine planifiée pour garantir qu'ils disposent du temps nécessaire à leur entraînement, à leurs études, à leur repos et à leur récupération.

« J'essaye d'être la plus efficace pour gagner du temps dans la journée, je révise dans les transports par exemple. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« Quand je rentrais le week-end chez mes parents avant d'aller à mon match, des choses comme ça j'essaie de me préparer des repas pour la semaine entière. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

Laurie cherche à optimiser son temps en étant aussi efficace que possible. Elle profite de ses trajets en transport pour réviser, ce qui témoigne de son utilisation productive de ce temps de déplacement. Cette approche correspond à la perspective du « temps militaire », où chaque instant est utilisé de manière efficace afin de maximiser l'utilisation du temps disponible. De son côté, Mandy se prépare des repas pour la semaine entière lorsqu'elle rentre chez ses parents avant ses matchs. Cette pratique témoigne de sa planification et de son organisation préalable des repas, dans le but d'économiser du temps et de l'énergie tout au long de la semaine. Cette approche est cohérente avec la notion de temps militaire, qui met l'accent sur la planification et la préparation préalable pour rationaliser les activités quotidiennes et libérer du temps pour

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d'autres engagements. La planification aide à établir des priorités et à éviter les conflits d'horaires. Dans le cas où les horaires d'entrainements n'empiètent pas avec les cours, aucun aménagement est nécessaire. Dans l'autre cas, un aménagement est nécessaire, l'entraineur a accès à l'emploi du temps de l'étudiant pour pouvoir mettre en place les heures d'entrainement. Les athlètes de haut niveau s'entraînent régulièrement suivant un programme d'entraînement spécifique et adapté à leur discipline. Maintenir une communication constante avec les enseignants et les entraîneurs permet de discuter des défis rencontrés, des objectifs à atteindre et des ajustements nécessaires dans la planification.

« Du coup l'emploi du temps et donc du coup bah en fait chaque semaine, j'envoie mon planning de cours à mon coach et en fait du coup mon coach à ce moment-là lui, il va regarder dans les trous quand je n'ai pas cours. Il va mettre des entraînements à ce moment-là et puis bah si par exemple il y a un petit trou de deux heures par une mettre dans ces deux heures-là ». (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« J'ai les cours et après les entrainements c'est le soir donc ça gêne pas avec les cours que j'ai déjà, finalement ça dérange pas dans la journée. Je dois partir après, on a normalement, on a entraînement mardi et on peut pas toujours avec le basket » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Henri adopte une approche entreprenante en envoyant son planning de cours à son coach chaque semaine. Son coach utilise cette information pour planifier des entraînements pendant les créneaux horaires où Henri n'a pas de cours. Grâce à son expertise et à sa connaissance approfondie du sport pratiqué par l'étudiant, l'entraîneur conçoit un programme d'entraînement sur mesure, en tenant compte de leurs objectifs et de leur niveau de compétence. Dans ce cadre, l'entraîneur exerce une autorité compétente, cela suggère une structure et une hiérarchie fondées sur les compétences acquises lors d'épreuves sportives (Lemieux, C., Mignon et al.,2006). Sa stratégie montre sa volonté d'optimiser son temps en utilisant chaque instant de manière productive, en comblant les périodes de disponibilité avec des entraînements. Quant à Danilo, il souligne que ses entraînements ont lieu le soir, ce qui lui permet de ne pas interférer avec ses cours déjà programmés. Il mentionne également qu'il doit partir après les entraînements, indiquant ainsi une gestion spécifique de son temps pour concilier ses engagements sportifs et académiques. Sa capacité à organiser ses activités sans perturber sa journée met en évidence une planification préalable et une gestion du temps. Par ailleurs, pour réussir à la fois dans leur sport et dans leurs études, les étudiants sportifs de haut niveau doivent établir des priorités et se

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concentrer sur l'essentiel, faire preuve de discipline pour maintenir un équilibre sain entre ces deux aspects de leur vie.

« En premier, les études et en second le sport ou après le travail j'ai toujours réussi à me débrouiller en faisant le moins possible. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

On peut observer que Clémentine adopte une approche de gestion du temps où elle accorde la priorité à ses études, en leur allouant la majorité de ses ressources temporelles. Cette priorisation des études reflète la volonté de structurer son temps en fonction de ses engagements les plus importants et de s'assurer qu'ils soient réalisés de manière efficace. Stevenson a mené une analyse détaillée de cette question, mettant en évidence la nécessité pour les étudiants-athlètes de hiérarchiser leurs engagements entre leur vie académique, leur pratique sportive et leur vie personnelle (Stevenson, 2010). En outre, Clémentine mentionne qu'elle parvient à se débrouiller en faisant le moins possible après le travail. Cette remarque suggère une inclination à minimiser les efforts supplémentaires et à chercher des moyens d'optimiser son temps et son énergie.

Deuxièmement, les étudiants sportifs de haut niveau doivent prendre soin de leur corps en s'assurant de bien récupérer après les entraînements et en adoptant une alimentation équilibrée pour soutenir leurs performances. Cela implique également une discipline pour respecter les horaires de sommeil, les temps de repos et les recommandations nutritionnelles. Effectivement, la théorie du corps et de l'incorporation permet d'analyser comment les athlètes intègrent les pratiques de soins corporels, telles que le sommeil et la nutrition, dans leur vie.

« Sur les heures de sommeil, c'est d'avoir un peu près 8h un truc comme ça après, c'est vrai que c'est des journées qui sont intenses. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« Je vois deux fois par ans des diététiciens pour m'aider pour les apports nutritionnels pour faire en sorte que j'ai pas de carence, j'ai fait du surentraînement l'année dernière parce que tu sais, j'étais au centre de formation. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Dans le premier extrait, Alphonse souligne l'importance d'avoir environ 8 heures de sommeil recommandées et met en évidence l'intensité de ses journées. Martin explore comment la culture et les représentations sociales influencent nos attitudes envers différents aspects corporels tels que le corps lui-même, la santé, la reproduction, et bien d'autres (Martin, 1991). Dans le

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contexte sportif, où les athlètes apprennent à prendre soin de leur corps pour répondre aux normes et aux exigences de leur discipline sportive. Cela dénote une prise de conscience de l'importance de prendre soin de son corps en établissant un équilibre et une régularité dans le sommeil. Cette sensibilisation peut être influencée par les discours sociaux qui soulignent l'importance du repos et de la récupération pour la performance sportive et la santé en général. Dans le deuxième extrait, Abdel mentionne qu'il consulte des diététiciens pour s'assurer de ses apports nutritionnels et éviter les carences. Il fait également référence à une expérience de surentraînement. Ces préoccupations liées à la nutrition et à la prise en compte de l'entraînement excessif témoignent de l'influence des normes corporelles associées à la performance sportive et à la culture du corps dans le domaine du sport. Les athlètes sont souvent encouragés à optimiser leurs performances physiques et à surveiller leur alimentation pour atteindre leurs objectifs. Ces exemples illustrent comment les individus intègrent les normes sociales liées au corps, à la santé et à la performance sportive. En effet, la pratique d'un sport de haut niveau et la poursuite d'études peuvent engendrer beaucoup de stress.

Les ESHN doivent donc apprendre à gérer leur stress. Ils ont l'opportunité de consulter un préparateur mental ou un psychologue selon leur besoin, au CREPS, ce personnel est disponible à n'importe quel moment. Selon Wilensky, la manipulation de cette perception du temps peut favoriser la discipline et la coordination organisationnelles (Wilensky, 1964). Cependant, cette discipline peut mener à réaliser des décisions imprudentes avec la pression du temps (Wilensky, 1964). Ainsi, la gestion du temps est une compétence pour les ESHN, car ils doivent équilibrer plusieurs engagements en même temps. Par opposition, une discipline rigide va également avoir des conséquences négatives, à cet égard, on peut citer le stress ou le burn-out.

« Je suis arrivé à mes premiers partiels au niveau sportif tout ça, j'étais stressé pour les études je passais beaucoup d'heures à réviser. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« Il faut être organisé je pense peut-être mon mental parce que enfin même si je suis stressée et tout j'ai quand même toujours un mental de ouf » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Dans le cas d'Henri, il accorde une grande importance à ses études et ressent du stress lors des examens. Son investissement en termes d'heures de révision témoigne de sa volonté de maximiser son temps pour se préparer au mieux aux évaluations. Quant à Nadège, elle met en avant l'importance de l'organisation et de la force mentale. Sa capacité à être organisée lui

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permet de gérer ses tâches et de maximiser son efficacité dans la réalisation de ses études et autres engagements. Dans ce sens, Simons, Van Rheenen et Covington (1999) mettent en lumière la pression qu'endurent les étudiants-athlètes dans la conciliation du sport et des études. Ces compétences permettent aux individus de mieux gérer les pressions et de maintenir leur bien-être psychologique tout en réalisant leurs objectifs dans ces domaines exigeants. Pour les étudiants sportifs de haut niveau de minimiser le stress et de veiller à maintenir une santé mentale optimale, le rôle d'un préparateur mental ou d'un psychologue spécialisé dans le sport peut jouer un rôle important. Ils vont aider ces étudiants à gérer le stress et à maximiser leurs performances.

« f...] depuis cette année c'est un psychologue et un préparateur mental tout ce qui est gestion du stress et prise de recul parce que je ne prends aucun recul dès que je suis frustrée, je vois que de négatif du coup arriver à prendre du recul devant le positif et à tirer le bon des mauvaises situations. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Dans le contexte du « temps militaire » selon Harold Wilensky, la gestion du stress et la capacité à prendre du recul sont des éléments capitaux pour maintenir une productivité et une efficacité constantes. Elles permettent aux individus de faire face aux obstacles et d'apprendre des situations difficiles. Dans le cas de Clémentine, elle reconnaît son besoin d'améliorer ces compétences et choisit de s'entourer de professionnels tels qu'un psychologue et un préparateur mental.

En résumé, les étudiants sportifs de haut niveau doivent effectivement adopter une discipline solide pour réussir à concilier leurs études et leur carrière sportive. Cette discipline se manifeste notamment par une gestion rigoureuse du temps, la fixation de priorités, un entraînement sérieux, une attention portée à la récupération et à l'alimentation, ainsi que par la gestion du stress. Wilensky a proposé une analyse critique de la manière dont le temps est géré. Il a souligné les dangers associés à cette méthode, l'impact sur le mental des pratiquants.

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Partie II - Concilier le sport et les études : une priorité donnée aux études ?

Tout d'abord, les étudiants sportifs de haut niveau doivent trouver un équilibre entre leurs études et leur sport. De cette manière, donné une priorité aux études, est le fruit d'un choix rationnel. Les étudiants sportifs de haut niveau sont confrontés à de nombreux défis liés à la gestion du temps, équilibrer la performance sportive et les études, ainsi qu'à la pression sociale et personnelle. Raymond Boudon a écrit un livre intitulé « L'inégalité des chances » en 1972. Dans cet ouvrage, il offre une perspective théorique pour comprendre pourquoi les disparités en matière de réussite éducative persistent, malgré l'élargissement de l'accès à l'éducation (Boudon, 1973).

Est-il possible que l'excellence académique ouvre la voie à la réalisation personnelle à travers le sport, notamment dans les disciplines sportives très lucratives qui incitent les étudiants à y consacrer davantage de leur temps et de leurs efforts ? Comment équilibrer cette passion et cette opportunité financière ? Quelles sont les perspectives professionnelles en lien avec le sport ?

1. Réussir dans les études pour s'épanouir dans le sport

Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent essayer de maximiser leurs bénéfices en minimisant leurs coûts. Par exemple, ils ont la possibilité de dédoubler une année cela donne à l'étudiant la possibilité de se concentrer sur le développement sportif et d'explorer des opportunités de carrière dans le sport sans sacrifier l'aspect académique.

« J'ai fait ma première année en un an, je l'ai validé aussi avec 12 et là, je suis en deuxième année que je dédouble parce que je suis un temps plein avec des joueurs pro de Nancy du coup ça, c'est compliqué. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Aujourd'hui, il me reste deux ans que j'ai séparé en trois années enfin que je vais faire en trois années pour pouvoir allier la pratique de l'aviron et pouvoir tenter de valider mon diplôme plus facilement. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

Abdel a choisi de scinder sa deuxième année universitaire pour gérer son engagement comme handballeur professionnel, pendant que Noé a préféré répartir ses deux dernières années d'études sur trois ans afin de concilier sa pratique de l'aviron avec ses obligations académiques. Ces décisions mettent en lumière le dilemme entre les exigences de la vie sportive professionnelle et les responsabilités académiques. Les athlètes de haut niveau sont souvent

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confrontés à des choix complexes pour maintenir une harmonie entre ces deux sphères de leur vie.

Par conséquent, les études peuvent leur garantir un meilleur avenir professionnel en dehors du sport. En effet, les étudiants athlètes parviennent à concilier leur dévouement pour le sport et leurs engagements académiques. Cela leur permettra de profiter des bénéfices d'une carrière sportive tout en garantissant leur stabilité professionnelle sur le long terme.

« En priorité, quand même, les études pour parce que, voilà, c'est ce qui va quand même me payer plus tard vraiment. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Cela illustre le conflit entre les ambitions sportives et l'impératif de faire des études pour garantir une sécurité financière à long terme. Malgré sa dévotion pour le sport, Odilon comprend que ses études académiques ont le potentiel de lui assurer une source de revenus plus sûre et plus pérenne que son parcours sportif. Cette vision est probablement modelée par la réalité que la réussite dans le sport de haut niveau est imprévisible et que la durée de carrière d'un sportif peut être relativement brève. L'instabilité et l'instantanéité caractérisent souvent les carrières sportives, avec des facteurs comme les blessures, les fluctuations de performance et la compétition pouvant précipiter leur fin. De ce fait, poursuivre des études peut représenter une garantie financière et professionnelle pour les athlètes une fois leur parcours sportif achevé. Par exemple, Odilon a décidé de privilégier ses études plutôt que l'escrime, car il a jugé que cela maximiserait ses revenus futurs.

« C'est super important pour faire des études, après c'est pas obligatoire, c'est moi qui voulais, mais voilà donc ça a toujours été comme ça. Une fois que j'en finis mes études et ben, j'ai encore un travail parce qu'il faut une rémunération à la fin du mois. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« En premier, les études et en second le sport ou après le travail, j'ai toujours réussi à me débrouiller en faisant le moins possible. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Elles sont conscientes l'importance de trouver un équilibre entre ces deux facteurs pour préparer leur futur. Cela pourrait également signaler une prise de conscience accrue du rôle significatif des études dans la préparation des sportifs à une carrière professionnelle après leur parcours sportif. En outre, l'avis des parents dans l'équilibre sport et études prend une place primordiale.

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Leurs opinions sont sensiblement les mêmes sur la conciliation entre le sport et les études. Ils considèrent que les études sont plus importantes que le sport, tant que tout se passe pour le mieux dans les études, ils peuvent continuer dans leur sport. Laurie considère le sport comme un loisir plutôt qu'une profession, car elle estime que les coûts associés à la transformation de cette passion en carrière, tels que le temps, les efforts et le stress, dépasseraient les bénéfices potentiels.

« Ma mère est concentrée sur l'école, j'avais les entraînements avec et tout, elle était d'accord, si j'arrive à gérer elle est d'accord, tu peux continuer en gros le sport. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

« Je me rappelle que ma mère m'avait dit si tu intègres le pôle, mais tes résultats à l'école, ils baissent pas quoi enfin où tu restes aussi focus sur l'école. Je pense qu'ils ont compris que tout se passait bien que je m'épanouissais pleinement et que ça a pas dégradé les résultats scolaires. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

Dans ces deux cas, les mères ont un rôle à jouer au sien de l'équilibre entre le sport et des études. Holt et al. (2008), mettent en exergue l'importance fondamentale du rôle parental dans l'établissement d'un équilibre entre les engagements sportifs et académiques des jeunes sportifs. Cela souligne l'influence de l'environnement familial dans la gestion des exigences du sport de haut niveau et de l'éducation. L'accent mis par les parents sur l'importance de l'éducation peut aider à assurer un certain degré de sécurité et de stabilité pour l'avenir de leurs enfants, en tenant compte du caractère souvent incertain et de la durée limitée des carrières sportives. Les parents peuvent choisir une stratégie conditionnelle, soutenant l'implication de leur enfant dans le sport à condition que ses résultats scolaires à la hauteur. Cela peut contribuer à l'établissement d'un équilibre entre les obligations sportives et académiques de l'étudiant. Ce niveau de rémunération influence encore plus fortement les étudiants à privilégier les études, et s'inscrivent donc dans un comportement rationnel (Boudon, 1982).

En outre, la rémunération dans le sport dépend de plusieurs facteurs. Par exemple, si nous nous concentrons sur l'athlétisme, les sportifs de haut niveau ont la possibilité de percevoir des rémunérations grâce à des contrats de parrainage et à des récompenses de compétition. Néanmoins, la majorité des athlètes dans ce domaine ne gagnent pas assez pour en vivre selon les dires des enquêtés.

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« Pour moi l'athlé, c'est un sport comme je t'ai dit que ça m'a appris la rigueur etc. ok tu perds, c'est bien l'athlé, ça va t'aider, mais financièrement, il y a rien du tout. [...] Il y a eu le cas de Michael Zézé tu connais, 9,99 au 100 mètres je sais pas si tu connais, il est rentré dans le top 3 c'est pour ça, exactement alors, c'est vrai tu vois parce que 9,99, un Français là, il va représenter la France aux JO 24 et au final il se retrouve à faire la manche, il avait aucun sponsor, pas les moyens. » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

« On est dans un sport où tu gagnes pas d'argent en fait, donc tu décides d'être sportif de haut niveau, même si on gagne rien et ça prend du temps quoi après c'est plus des fois, la passion qui prend le dessus. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Akim met en avant l'importance des compétences acquises grâce à l'athlétisme, comme la discipline, et la fierté potentielle de représenter la France aux Jeux Olympiques. Ces aspects semblent, pour lui, compenser les éventuels problèmes financiers associés à son choix. La recherche de Jean Harvey (2003) explore le problème de l'exclusion sociale dans le domaine du sport, notamment en mettant en évidence les disparités financières et le déficit de soutien que rencontrent certains athlètes. Quant à Lola, elle indique que la passion pour son sport prime souvent sur le manque de gains financiers qu'il offre. Il apparaît que sa joie et son contentement tirés de la pratique de son sport à un niveau élevé surpassent l'importance de récompenses pécuniaires. Par exemple, l'aviron, comme beaucoup d'autres sports non professionnels, ne fournit généralement pas une source de revenus substantielle pour les athlètes qui le pratiquent. Les revenus peuvent provenir de diverses sources, les sponsors, les récompenses de compétition, mais ils ne sont généralement pas suffisants pour garantir vie confortable à long terme.

« Il y a pas de voies professionnelle en tout cas, il y a pas de moyens de devenir professionnel en France, du coup, même aujourd'hui les meilleurs français bah ils ont besoin d'aide financière [...] Dans le, dans le sport là, personne gagne de l'argent et personne est médiatisée, donc on sait que tout le monde est là parce que c'est cool quoi et qu'on aime bien. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

L'observation de Noé souligne la difficulté d'une carrière professionnelle dans certains sports en France, en raison d'un manque de soutien financier et de visibilité médiatique. Cela peut limiter les opportunités pour les athlètes de transformer leur passion et leurs compétences en

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une carrière rémunérée. En effet, tous les sports ne sont pas également rémunérateurs et cela peut avoir un impact sur les choix de nos sportifs. Cet extrait met en évidence l'importance de prendre en compte l'influence des marchés du travail sportif sur les aspirations scolaires des individus (Papin, Viaud, 2018). Il suggère que lorsque les opportunités de transformer une carrière sportive en emploi augmentent, cela peut réduire les chances de poursuivre des études supérieures. (Papin, Viaud, 2018). Ainsi, les différences de rémunération dans le domaine sportif ont un impact sur l'engagement dans les études. Le tir à l'arc, par exemple, est un sport qui ne génère généralement pas autant de revenus que d'autres sports plus populaires. Henri et Noé soulignent le manque de rémunération substantielle dans leur sport, ce qui suggère qu'ils voient peu d'avantages financiers à poursuivre une carrière sportive à temps plein.

« C'est compliqué vraiment c'est vraiment très compliqué parce que bah déjà, tu as pas de rémunération en fait, on va dire en fait ce qui arrive à vivre du tir à l'arc c'est soit parce qu'il travaille dans un magasin tiroir à côté donc en fait dans ces cas-là, ils ont des horaires aménagés tout ça ils ont un contrat aménagé tout ça soit il y en a beaucoup là le collectif olympique. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Apparemment, selon cet étudiant, le tir à l'arc n'offre pas de revenu. Il ajoute que certains pratiquants trouvent d'autres voies pour subvenir à leurs besoins, comme obtenir un emploi lié à leur sport, par exemple en travaillant dans une boutique de tir à l'arc. Selon la théorie de l'action rationnelle de Boudon, on pourrait interpréter le choix d'Henri de continuer à pratiquer le tir à l'arc, malgré ses difficultés financières, comme une décision rationnelle (Boudon, 1982). Certains peuvent également avoir la chance de rejoindre le collectif olympique. En somme, même si un sport comme l'aviron, l'athlétisme ou le tir à l'arc peut offrir de nombreux avantages et être une passion pour la plupart, les études restent pour eux, une priorité. Boltanski et Chiapello mettent en évidence les logiques et les critères qui influencent la valorisation des activités et des métiers au sein du système économique (Boltanski & Chiapello, 1999). Appliquée à la situation du tir à l'arc, cette perspective permet d'analyser le sport comme un exemple de la logique capitaliste contemporaine, où la rémunération et les opportunités professionnelles sont déterminées par des critères spécifiques. Cette réalité soulève des questions sur les inégalités sociales et économiques dans le monde du sport. En définitive, de nombreux athlètes choisissent de se concentrer sur leur sport parce qu'ils sont passionnés et qu'ils trouvent un certain plaisir.

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« Aussi le sport ça reste un loisir, je sais c'est pas mon métier, je vais pas en vivre ça doit rester du plaisir » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

Laurie a pris une décision réfléchie en considérant le sport comme un passe-temps plaisant plutôt que comme une carrière. Elle reconnait la réalité économique, comprenant qu'elle ne gagnera pas sa vie grâce au sport. C'est pourquoi elle privilégie la satisfaction personnelle et l'épanouissement qu'elle trouve dans la pratique de son sport. Par ailleurs, la priorisation des études peut être un choix complexe pour ces athlètes, car cela peut avoir un impact sur leur performance sportive.

« Oui, c'est ce qui va me donner un travail, c'est ce qui va me payer plus tard, l'escrime à moins d'être voilà mais il faut être vraiment l'exception quoi donc non, j'aurais pu aller au pôle, ils m'ont voilà, j'avais le choix. Mais c'est moi qui refusé c'est toujours moi qui ai pris la décision pour dire non mais en priorité quand même les études pour parce que voilà c'est ce qui va quand même me payer plus tard vraiment, je me dis. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Odilon reconnaît que, sauf exception, l'escrime pourrait ne pas lui offrir un moyen de subsistance stable, alors que ses études ont plus de chances de lui assurer une stabilité professionnelle et financière à long terme. Par conséquent, malgré la proposition de rejoindre un programme d'entraînement d'élite, il a décidé de se concentrer principalement sur sa formation académique. Cette décision démontre une démarche rationnelle, où Odilon évalue les bénéfices potentiels et les risques associés à chaque option et choisit celle qui lui semble la plus bénéfique à long terme (Boudon, 1982). En outre, à de rares occasions, les entraîneurs peuvent encouragés les étudiants sportifs à s'investir dans les études.

« Mon entraineur nous pousse à faire, faire des études et il a toujours compris quand tu as des examens si tu peux pas venir ou si tu dois décaler l'entraînement. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Dans le cas de Lola, l'entraîneur joue un rôle essentiel dans la façon dont sa trajectoire sportive et académique se structure. Giddens met en évidence l'interaction entre les actions individuelles et les structures sociales. (Giddens, 1984). En encourageant et en soutenant la poursuite d'études, l'entraîneur agit comme un acteur clé qui facilite la conciliation entre la pratique sportive et les engagements académiques de Lola. Cette compréhension se manifeste par le soutien de l'entraîneur à la poursuite d'études par les athlètes.

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En résumé, chacun de ces athlètes prend des décisions en évaluant les coûts et les bénéfices, ce qui démontre l'application de la théorie du choix rationnel à leurs décisions de carrière sportive. Ce sont les sports les moins rémunérateurs qui vont inciter les étudiants sportifs à s'investir davantage dans les études. Lola affirme que la décision de poursuivre une carrière sportive de haut niveau est souvent motivée par la passion plutôt que par les gains financiers. Cela suggère que les bénéfices qu'elle associe au sport de haut niveau sont davantage liés à la satisfaction personnelle et à l'amour du sport qu'à la récompense financière. Les étudiants-athlètes qui privilégient leurs études peuvent parfois se sentir en conflit, car ils doivent souvent faire des compromis entre leurs objectifs académiques et sportifs. Cependant, avec le bon soutien et les stratégies de gestion, ils peuvent réussir dans les deux domaines.

2. Mais des sports plus fortement rémunérateurs : entre passion et opportunité financière

Au-delà de la passion évoquée par les étudiants, la capacité de gagner de l'argent grâce au sport peut également influencer la décision de privilégier le sport. Si un étudiant est dans un sport où il y a de l'argent à gagner à un jeune âge, il pourrait être tentant de prioriser le sport. En effet, les sports fortement rémunérateurs ont le potentiel d'attirer les étudiants sportifs de haut niveau en raison des récompenses financières et de la reconnaissance qu'ils peuvent offrir. On peut retrouver par exemple le football qui est l'un des sports les mieux rémunérés au monde. Les joueurs de haut niveau peuvent gagner des millions d'euros par an grâce à leurs salaires, primes et contrats.

Selon la théorie de l'échange social, les motivations individuelles pour maintenir ou accroître leur engagement dans des activités sont souvent basées sur une évaluation où les avantages perçus surpassent les coûts (Homans, 1961). Cette théorie peut aider à comprendre pourquoi certains étudiants sportifs de haut niveau sont plus engagés dans le sport que d'autres. Certains étudiants peuvent être plus passionnés par leur sport et viser une carrière professionnelle dans ce domaine. Dans ces cas, la priorisation du sport pourrait être mise en oeuvre. C'est le cas par exemple de cet étudiant qui joue au football et qui est motivé par l'opportunité financière qui est à la clé de la carrière d'un footballeur professionnel.

« Je vais pas le cacher qu'il y a un aspect financier, voilà après quand même ma passion au départ, c'est vivre de sa passion, c'est je pense que c'est une réflexion moi, je veux pas dire que j'ai envie parce que pour l'instant je n'en dis pas plus après, c'est franchement, je gagne bien. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

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Alphonse exprime son amour pour sa passion et son souhait d'en faire sa source de revenu. Cela montre qu'il apprécie davantage les bénéfices internes, tels que le plaisir et la satisfaction, par rapport aux gains externes, comme l'argent. Cependant, il admet l'importance du facteur financier, laissant entendre qu'il est au courant des dépenses impliquées dans le suivi de sa passion et qu'il cherche à réduire ces coûts en gagnant un salaire adéquat. A cet effet, Maguire et al. (2002) évoque la dualité de la carrière sportive, à la fois une passion et un moyen de subsistance. Dans la même idée, le handball n'est pas le plus rémunérateur mais offre tout de même quelques avantages.

« Maintenant, bah du coup, c'est être pro, jouer dans les plus grands clubs du monde, avoir un bon salaire aussi c'est important. f...] On va dire que j'ai, je suis passé par toutes les étapes et, on est au niveau de la rémunération, c'est un peu moins que les footeux après. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Cet étudiant exprime son désir de progresser dans sa carrière, avec des ambitions telles que devenir professionnel, jouer dans les clubs les plus prestigieux et obtenir un salaire élevé. Ces objectifs représentent les récompenses qu'il cherche à optimiser. Parallèlement à cela, en établissant une comparaison de sa rémunération avec celle des footballeurs, il démontre une certaine prise de conscience des coûts associés à sa carrière et peut-être un intérêt à diminuer ces coûts en s'efforçant d'obtenir le salaire le plus élevé possible. Cependant, Abdel reconnaît que les gains peuvent être significativement différents d'un sport à l'autre, un phénomène qui est étudié par Frick (2007), dans son analyse des structures de rémunération dans diverses disciplines sportives professionnelles. Ces ESHN ont souvent des emplois du temps serrés et subissent de fortes pressions de la part de leurs entraîneurs, de leurs coéquipiers et de leurs écoles. Leur engagement intense dans leur sport peut perturber cet équilibre et affecter directement leurs études, en limitant le temps consacré à leurs études, que ce soit pour réviser ou pour assister aux cours. En effet, les coûts associés à un engagement accru dans le sport peuvent inclure un temps d'étude réduit, un stress physique et mental, un risque accru de blessures, et un temps limité pour d'autres activités sociales ou de loisirs.

« J'ai eu des commotions cérébrales du coup, je peux pas aller à l'école tu peux pas t'entraîner et ma dernière, c'était il y a deux mois et pendant une semaine, tu pouvais rien faire, même pas de téléphones ou une série, juste être dans le noir pendant une semaine le noir, j'ai pas le droit de sortir après pour les yeux c'est trop, j'ai mal au crâne. Pas regarder les écrans, pas de, pas de lecture de musique tout ça. Mais finalement ouais, ça a un impact sur les études à ce moment

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enfin pendant une semaine. [...] 3 à 4 heures grand max à travailler sur mes cours par semaine. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Après compliqué parce que avec le sport les études c'est que après c'est pas forcément facile de beaucoup travailler mais je dirai 1h ou 2 pour travailler sur mes cours. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Abdel et Danilo reconnaissent tous deux que la pratique du sport a des coûts associés, notamment en termes d'impact sur leurs études. Abdel mentionne les commotions cérébrales qui l'ont empêché d'aller à l'école et de s'entraîner, et Danilo parle des difficultés de concilier le sport et les études. Malgré ces défis, ils continuent à pratiquer leur sport, suggérant qu'ils perçoivent les récompenses (plaisir du sport, opportunités de carrière, reconnaissance, etc.) comme supérieures aux coûts. Gérer cet équilibre nécessite une gestion du temps et une programmation des cours et des séances d'entraînement. Partager les contraintes et exigences avec les professeurs et les coachs, permet de saisir les difficultés qu'ils peuvent rencontrer en tant qu'étudiant-athlète.

En résumé, il faut souligner que même dans les disciplines sportives les plus lucratives, les opportunités sont alléchantes, ils sont amenés à privilégier leur sport mais ils restent lucides, la carrière d'un sportif est généralement de courte durée et imprévisible. Par ailleurs, les compétences acquises dans le cadre du sport, telles que l'esprit d'équipe, la discipline, la gestion du stress et la compétitivité, peuvent être précieuses dans d'autres aspects de la vie, y compris les études et la vie professionnelle. Nous allons explorer dans la section suivante que, finalement, les étudiants qui s'engagent dans les sports les plus lucratifs sont ceux qui visent le plus haut dans le domaine sportif.

3. Des perspectives professionnelles en lien avec le sport ?

Être un étudiant sportif de haut niveau implique une grande quantité d'entraînement et un investissement important à son sport. Pour beaucoup d'entre eux, leur sport est leur passion et ils aspirent souvent à le pratiquer professionnellement. Les étudiants sportifs de haut niveau ont des perspectives professionnelles différentes, qui dépendent en grande partie de leur discipline sportive, de leur niveau de performance et de leurs intérêts personnels. Pour certains d'entre eux, pour les sports les plus rémunérateurs, l'objectif principal est de devenir un athlète professionnel. Cela peut signifier jouer dans une ligue majeure de football, de basket-ball, ou de participer aux Jeux Olympiques, par exemple. Bien sûr, les étudiants sportifs de haut niveau ne sont pas limités à des carrières dans le sport. Les compétences qu'ils acquièrent en tant

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qu'athlètes comme la discipline, le travail d'équipe, la gestion du stress et la résilience peuvent être très utiles dans de nombreux autres domaines.

La double carrière offre aux ESHN l'opportunité de développer des compétences qui peuvent être utilisées pour leur carrière professionnelle. Par exemple, la pratique du sport de haut niveau peut favoriser le développement de compétences en leadership, en travail d'équipe et en gestion du stress. Les étudiants qui ont des ambitions professionnelles sont en lien avec le sport, réalisent tous leurs études en STAPS. Dans notre étude, ils représentent 6 étudiants sur 13.

« Je suis en Master 1 pour l'instant ça va moyen un peu compliqué, on verra le Master MEEF. [...] Jouer toujours au haut niveau, voilà, c'est ça, c'est encore plus intéressant, mais ouais c'est mon but. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« J'aimerai faire prof d'EPS après deux prochaines années, je sais pas où je vais faire mon master et pour les projets sportifs j'aimerais bien quand même toujours à un niveau supérieur c'est ça. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Dans les extraits mentionnés, il est clair que Alphonse et Danilo ont des objectifs éducatifs définis, tels que poursuivre un Master MEEF et devenir professeur d'EPS. Selon les travaux de Demazière et de Samuel, les choix éducatifs et professionnels sont le résultat d'une interaction complexe entre des facteurs individuels, sociaux et institutionnels (Demazière & Samuel 2010). Les individus sont constamment influencés par leur environnement social et leurs aspirations personnelles, ce qui façonne leurs décisions et leurs perspectives. Cette décision peut être analysée comme une stratégie visant à concilier leurs intérêts personnels et leurs aspirations en combinant leurs études et leur pratique sportive de haut niveau. Certains finissent par devenir entraîneurs dans leur sport de prédilection ou dans le milieu du soin sportif. Ils peuvent travailler à tous les niveaux, du sport amateur au sport professionnel, en passant par le sport universitaire.

« Je suis en fin de contrat cette année alors c'est soit, j'arrête ma carrière et STAPS, soit et je continue. Mais après du coup, je pense au Luxembourg un truc comme ça et j'aurais fait des études de kinésithérapies » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

En plus de sa carrière sportive, Abdel envisage d'entreprendre des études en kinésithérapie, probablement avec l'intention de préparer sa future carrière une fois sa carrière sportive terminée. Il pense poursuivre cette voie au Luxembourg, ce qui pourrait lui offrir une occasion d'optimiser les bénéfices de cette future carrière. Ces étudiants peuvent commencer à envisager leur futur professionnel tôt, en acquérant un diplôme universitaire ou une qualification

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professionnelle qui leur donnera une plus grande variété d'opportunités de carrière après leur parcours sportif. Selon une perspective économiste de l'analyse des mondes du travail sportif, lorsque les opportunités de transformer une carrière sportive en emploi augmentent, il est possible que les chances de poursuivre des études supérieures se réduisent (Papin, Viaud, 2018). Goffman étudie la vie quotidienne est comme une scène de théâtre, où les individus sont des acteurs jouant des rôles sociaux (Goffman, 1956). Les interactions sont comme des performances destinées à créer et à maintenir une certaine impression devant les autres (Goffman, 1956). Les étudiants sportifs de haut niveau jouent souvent plusieurs rôles : l'athlète, l'étudiant, l'ami, etc. Ils doivent naviguer et équilibrer ces différents rôles.

« Je les connais pas trop ouais, je vais pas aux CM d'habitude donc euh c'est souvent les mêmes. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Abdel admet qu'il ne fréquente pas beaucoup ses camarades de classe et assiste rarement aux cours magistraux. Ceci pourrait indiquer qu'il a du mal à s'impliquer pleinement dans son rôle d'étudiant, peut-être à cause des exigences de sa carrière sportive. Ses propos pourraient également témoigner d'un certain éloignement ou d'une déconnexion avec ses camarades de classe.

« J'obtiens ma licence à la fin de l'année, donc en entraînement sportif spécialité football à côté de ça, j'ai fait une demande de supplément au diplôme pour obtenir une carte professionnelle d'entraîneur. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

Cette étudiante évoque son parcours académique et ses ambitions professionnelles. Elle semble très concentrée sur ses objectifs et gère apparemment bien ses rôles d'étudiante et d'athlète. En même temps, elle illustre parfaitement la notion de Goffman selon laquelle nous jouons différents rôles dans différents contextes. Dans le cas de Mandy, elle jongle entre son rôle d'étudiante en licence, son rôle d'athlète et son futur rôle d'entraîneur. Ils peuvent utilisés leurs compétences apprises dans le milieu du sport pour les réinvestir dans le milieu du travail et des études. De plus, Burke (2016) met en lumière comment l'ajout de certifications professionnelles à un diplôme universitaire peut améliorer les perspectives d'emploi dans le domaine sportif. Cela démontre aussi comment les sportifs peuvent exploiter leurs compétences et leur enthousiasme pour le sport afin de tracer une voie professionnelle future. En revanche, pour les étudiants qui pratiquent des sports peu rémunérateurs, ils n'ont pas les mêmes ambitions professionnelles, et elles ne sont pas en relation directe avec le sport, ils sont 7 sur 13 étudiants à vouloir faire un métier qui n'est pas en lien avec le sport.

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« Il me faut un master RH dans un premier temps, dans un poste assistant RH et bah déjà, je peux pas prétendre être DRH dans quoi de mon diplôme enfin pour être réaliste, il faut de l'expérience pour ça. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« Un projet professionnel, j'en ai deux. Il y a soit plus tard du coup faire un master MEEF pour faire prof de maths qui est le plan le plus probable, on va dire et comme ça je pourrais faire prof dans un lycée de préférence tout ça et après, il y en a un autre où c'est faire un master plus accès sur les probas les stats tout ça et pour faire un truc du style ingénieur statisticien. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Henri est prêt à jouer différents rôles en fonction du chemin de carrière qu'il choisira finalement. En poursuivant à la fois leurs études et leur carrière sportive, ces étudiants peuvent acquérir une perspective unique et une expertise multidimensionnelle qui les distingue des autres candidats et leur permet de s'adapter plus facilement aux défis professionnels.

« Et puis moi là, j'ai trouvé un emploi, mais je suis à temps partiel, je suis psychologue en EPAHD, exprès pour justement continuer à concilier les deux pas du coup forcément, tu as plus de temps quand tu travailles à temps partiel donc là les après-midis, tu peux voir les gens que tu veux si tu travailles pas du coup-là. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

Lola fait un choix délibéré de travailler à mi-temps pour équilibrer ces rôles. Elle est au courant des attentes de chaque rôle et fait des ajustements pour remplir adéquatement ces deux rôles. En optant pour un travail à mi-temps, elle peut répondre à ses obligations professionnelles tout en ayant du temps pour maintenir ses relations sociales, illustrant ainsi la flexibilité et l'adaptabilité des rôles sociaux dans la théorie de Goffman. De ce fait, avoir un diplôme universitaire peut offrir une sécurité et une flexibilité en plus, surtout dans les sports qui sont moins bien rémunérés. Les compétences acquises pendant les études, telles que la gestion du temps, le travail d'équipe, la résolution de problèmes et la persévérance, sont toutes transférables dans le monde du travail. Ces compétences peuvent également être précieuses pour la progression de carrière dans le sport, par exemple en obtenant des rôles de leadership. Au bout du compte, l'essentiel pour les athlètes étudiants de haut niveau dans les sports moins lucratifs est de parvenir à un équilibre entre leurs aspirations sportives et leurs objectifs de carrière. Cela pourrait se traduire par la continuation de leur sport tout en poursuivant leurs

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études, ou par l'utilisation de leur sport comme un moyen de propulser vers d'autres carrières liées à ce domaine. Quel que soit le chemin qu'ils décident de suivre, ils considèrent leurs priorités et leurs objectifs à long terme pour faire le choix qui leur convient le mieux.

Pour conclure, l'étudiant sportif a le choix de rester dans le milieu du sport ou de faire un métier qui est complètement différent. Leur décision est ainsi influencée par de nombreux facteurs, comme le souhait d'obtenir une réussite financière, leur passion pour un sport, l'importance accordée à une carrière dans le domaine sportif, et encore d'autres aspects qui peuvent plus personnel. Dans notre échantillon, nous avons autant de sportifs qu'ils veulent faire un métier en lien avec le sport que ceux qui font un métier en dehors du sport.

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Partie III - Un soutien inégal des pairs pour les ESHN

Les étudiants sportifs de haut niveau sont confrontés à des défis spécifiques pour équilibrer leurs engagements sportifs et académiques. Le soutien de leurs pairs peut jouer un rôle primordial, mais il peut varier considérablement. Nous cherchons à comprendre les dynamiques du soutien entre pairs et identifier les défis auxquels sont confrontés les ESHN. Pour les aider dans cette entreprise, les ESHN ont souvent besoin d'un soutien adéquat de la part de différents acteurs, tels que les entraîneurs, les kinésithérapeutes, les préparateurs physiques et les psychologues sportifs. Aussi, les établissements d'enseignement ont l'occasion aussi prendre part en proposant des programmes sur mesure pour répondre aux exigences particulières des étudiants athlètes d'élite. Nous aborderons la question du soutien aux étudiants sportifs de haut niveau en examinant les différentes formes de soutien offertes par les professeurs et les camarades de classe. Nous nous pencherons également sur les conséquences de cette disparité de soutien sur l'expérience globale des ESHN. En mettant en évidence cette inégalité de soutien, nous pourrons approfondir notre compréhension des défis auxquels les ESHN sont confrontés et envisager des mesures potentielles pour améliorer leur situation.

1. Dans le champ sportif, des acteurs multiples qui n'exercent pas la même influence

Un réseau social fort et cohésif peut apporter un appui significatif à un étudiant sportif. Les camarades peuvent offrir du soutien émotionnel, des recommandations et de l'aide pour gérer l'équilibre délicat entre les obligations sportives et académiques. Nous avons, dans un premier temps, identifié les entraineurs ; ce sont eux qui ont la plus grande influence sur les athlètes de haut niveau. Ils ont la responsabilité de développer les compétences.

« Il t'apporte ses compétences sur le saut en hauteur, je pense pas qu'il m'a appris énormément de choses mais je suis hyper reconnaissante quand même pas parce qu'il a fait, en fait, finalement ouais, il s'est beaucoup investi. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

Les individus et les collectifs bénéficient de la reconnaissance sociale, de l'appréciation et de l'estime de la part d'autrui (Honneth, 1992). Laurie exprime sa gratitude envers l'engagement et les efforts de son coach, ce qui en soi est une manifestation de reconnaissance sociale. Elle valorise l'investissement que son coach a consacré à son rôle. Par ailleurs, même si Laurie n'a pas constaté d'amélioration significative dans sa technique de saut en hauteur, le simple fait d'avoir une personne pour la soutenir et l'encourager a probablement eu une influence bénéfique sur sa motivation et son implication dans le sport. Cette forme de soutien représente un autre

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aspect de la reconnaissance sociale, qui peut être aussi important que le perfectionnement des compétences techniques. De plus, les entraîneurs sont chargés de favoriser plusieurs aspects chez les sportifs. En effet, « Les compétences sont assez différentes : d'un côté des qualités sportives objectivées par un palmarès et les résultats obtenus en tant qu'athlète, de l'autre des qualités pédagogiques et des résultats en tant qu'entraîneur de club. Il semble bien qu'il y a une domination de la filière haut niveau en nombre et en légitimité. » (Lemieux, C., Mignon et al.,2006), les entraîneurs sont dotés en compétences pédagogiques et sportives, ils transmettent ainsi leurs savoirs à leurs athlètes.

« Donc je m'entraîne avec lui, il a 30 ans donc c'est vraiment une relation, très très proche de par le partage de parce qu'il a besoin de connaître aussi pas mal de choses sur moi, vu que ça a pas mal d'impact après sur la pratique sportive et ouais vraiment aujourd'hui c'est une personne très essentielle dans ma vie. » (Laurie! F! 21 ans! IAE School of Management 2ème année !Saut en hauteur)

La performance ne dépend pas uniquement des compétences techniques du coach, mais aussi de la relation entre l'entraîneur et les entraînés. Il est donc important d'encourager la transmission de ce savoir-faire spécifique, qui n'est pas purement technique mais est lié à des compétences relationnelles (Lemieux, C., Mignon et al.,2006). Donc, ils ont l'occasion de construire une relation étroite et basée sur la confiance pour optimiser les performances.

« Après mon entraîneur maintenant ça se passe trop bien, tu vois, c'est une vraie relation, c'est une vraie relation, ça va pas que dans un sens où il me dit, tu fais ça, ça se limite pas juste à l'entraînement. C'est vraiment, tu as un accompagnement sur tous les trucs genre, il est au courant de tout, tu vois si je commence à travailler, il est obligé d'être au courant parce qu'il doit adapter aussi par rapport à la fatigue et tout, enfin, on se parle vraiment ouvertement. » (Lola! F! 26 ans! Master de psycho obtenu! 400m)

La déclaration de Lola met en lumière le fait qu'une relation d'entraînement fructueuse ne se borne pas à un simple transfert de connaissances techniques. Elle implique également une communication transparente et un accompagnement dans divers domaines de la vie de l'athlète. Lola met en évidence la prise en compte par son entraîneur de tous les éléments de sa vie, y compris son travail, et comment ces éléments influencent ses routines d'entraînement. Ceci souligne une approche globale de l'entraînement.

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« C'est un ancien athlète aussi au niveau en marche participé deux fois aux JO enfin tous les championnats du monde et tout ça donc voilà déjà. Je vois plus mon coach que mes propres parents donc à un moment, je pense que c'est primordial d'avoir une bonne relation saine et de confiance et motivant, mais aussi comment dire c'est quelqu'un avec qui on construit un projet alors plus. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

Paula voit en son entraîneur non seulement un mentor et un support technique, mais également un partenaire dans l'élaboration de son parcours athlétique. Cette déclaration renforce les découvertes de Lemieux, C., Mignon et al. (2006) concernant l'importance vitale d'une relation d'entraînement solide et constructive. Cela met en lumière les divers rôles qu'un entraîneur peut endosser, notamment en tant que guide, conseiller, source de motivation et collaborateur. Elle souligne également que la réussite en athlétisme ne se résume pas à la vitesse de course de l'athlète ou à son endurance exceptionnelle. Elle est aussi déterminée par la qualité de la relation entretenue avec l'entraîneur. Ce dernier peut aider à optimiser le potentiel de l'athlète, en prenant en compte ses besoins spécifiques et en instaurant un environnement d'entraînement positif et stimulant.

Au contraire, lorsque la relation entre l'entraîneur et l'athlète est compromise, cela peut se manifester par une détérioration de l'état mental et une envie de renoncer, c'est dans ce contexte que l'intervention des psychologues et des préparateurs mentaux devient primordiale.

« Le deuxième, il a un peu plus de mal à me comprendre, il est très stricte dans la façon d'entraîner. En fait, ça passe très, très bien, mais dès que je suis en dehors de l'eau, si ça passe pas bien, il a tendance à critiquer, à essayer de me piquer en fait pour faire réagir et je suis très sensible. Donc du coup si on pique, je réagis très mal derrière, on comprend pas certains choix que je fais, c'est compliqué. f...] Le psychologue ou le préparateur mental maintenant, cette année, ça m'a beaucoup aidé parce que avec qui ça se passe très bien cette année. Parce que, je pense que j'aurais pas réussi toute seule, avec l'entraîneur avec qui ça va pas, ça serait pas passé, je suis sorti plusieurs fois, je voulais me barrer. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

L'expérience de Clémentine avance une idée nouvelle entre un entraîneur et son athlète. Elle exprime ses difficultés avec un entraîneur rigide qui semble ne pas comprendre ses principes. D'après Lemieux, C., Mignon et al. (2006), l'interaction entre un entraîneur et son athlète est un

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facteur presque indispensable pour la performance. Pour Clémentine, une relation d'entraînement défavorable a eu des conséquences sur sa motivation et son engagement. Cela souligne l'importance pour l'entraîneur de comprendre et de répondre aux besoins spécifiques de chaque athlète.

En effet, pour permettre un équilibre, les entraîneurs peuvent saisir les défis de temps et d'énergie dépensé auxquels son athlète étudiant est confronté. Cela peut nécessiter de moduler les horaires d'entraînement, d'octroyer des pauses durant les périodes d'examen ou de chercher d'autres solutions pour aider l'athlète à jongler entre le sport et les études.

« Le projet, c'est lui qui me prépare tous mes plans et je lui fais confiance à 100%, mais je sais qu'il me faut aussi confiance à 100% donc j'ai mon coach et il fait tous mes plans il me suit sur les entraînements enfin pas tous mais la plupart » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

« Du coup bah en fait chaque semaine, j'envoie mon planning de cours à mon coach et en fait du coup mon coach à ce moment-là lui, il va regarder dans les trous quand je n'ai pas cours. Il va mettre des entraînements à ce moment-là et puis bah si par exemple il y a un petit trou de deux heures par une mettre dans ces deux heures-là, tu vas courir où tu fais une muscu ou tu fais un truc comme ça et lui, il adapte dans ses fonctions là. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Dans ce contexte, l'entraîneur est perçu comme une figure de direction qui formule et ajuste les plans d'entraînement en tenant compte des disponibilités de l'athlète. La théorie du rôle social postule que les individus endossent différents rôles en fonction des différents environnements sociaux dans lesquels ils évoluent, chaque rôle étant associé à des attentes spécifiques (Merton, 1957). Cela illustre l'anticipation que l'entraîneur est là pour orienter et organiser la préparation de l'athlète. Parallèlement, Paula et Henri jouent le rôle d'athlètes, qui implique de respecter les plans et les instructions de leur entraîneur. Henri explique comment son entraîneur module ses sessions d'entraînement en tenant compte de son emploi du temps académique, ce qui illustre l'importance de la flexibilité dans le rôle d'un entraîneur. Lemieux, C., Mignon et al. (2006) indiquent que l'entraîneur doit appréhender les besoins individuels mais également être capable d'ajuster les entraînements selon les contraintes. Pour récapituler, ces témoignages révèlent qu'un entraîneur pour obtenir des résultats satisfaisants, doit au-delà de posséder une expertise technique, être en mesure d'établir une relation de confiance avec son athlète, de saisir ses besoins particuliers et d'ajuster l'entraînement en conséquence.

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Par ailleurs, la tension liée à l'équilibre entre les études et le sport de haut niveau peut générer du stress. Un entraîneur peut offrir un accompagnement à son athlète dans la gestion des émotions et le maintien de la motivation.

« Et du coup, ça m'aide beaucoup parce que je suis bien accompagnée et j'ai souvent besoin de me confier. En fait, je suis une sportive qui a besoin d'être suivi, même en dehors de son sport en fait. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

« Il m'a fait signer mon 1er contrat professionnel, il me fait confiance tout ça et non, ils m'aident à progresser sur le plan individuel, mental, physique, parce que ce qui compte c'est surtout le mental surtout à mon âge. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Clémentine, par exemple, reconnaît que son entraîneur l'a aidé dans le sport et aussi dans sa gestion des émotions. La théorie de l'interactionnisme symbolique propose que les individus agissent en fonction des significations qu'ils attribuent aux choses, qui sont façonnées par leurs interactions sociales et adaptées par leur interprétation personnelle (Mead, 1934). D'autre part, Abdel met en avant le rôle capital de son entraîneur dans sa progression sur plusieurs aspects : individuels, physiques et mentaux. En soulignant particulièrement l'importance du soutien mental, il indique qu'il valorise cette dimension dans son entraînement. L'engagement de l'entraîneur dans différents domaines de la vie de l'athlète peut contribuer à renforcer le lien de confiance entre eux. C'est une notion soutenue par Lemieux, C., Mignon et al. (2006), qui insistent sur le rôle central de la confiance dans la dynamique entraîneur-athlète. Les entraîneurs sont donc amenés à adopter une approche où ils peuvent prendre part des besoins émotionnels et psychologiques, afin d'optimiser les performances.

Dans le cadre des sports d'équipe, la fonction d'un entraîneur adjoint est déterminante pour aider les athlètes. En effet, l'unité sociale est d'une grande utilité. Une équipe soudée, dotée d'un fort esprit de camaraderie, peut améliorer la performance sportive et aider les membres à surmonter les obstacles personnels.

« Après aussi, on a un entraineur adjoint, il épaule le coach, à l'entraînement par exemple, il fait les échauffements, les travails techniques avant, c'est un relais de situation de jeu, c'est lui qui prend voilà il nous chauffe, il nous échauffe après la prépa physique. Et c'est un, il a aussi un rôle de de relais qui est vraiment, il y a un truc qu'on ose pas dire au coach ou quelque chose en dehors du foot, on peut aller le voir lui. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

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« Pour nous pousser pour donner un peu d'énergie à l'équipe il est là à l'entraînement pendant les matchs. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

L'importance de l'assistant entraîneur comme l'ont décrite Alphonse et Danilo s'harmonise avec les recherches menées par Cushion et Jones (2006). Ces chercheurs ont examiné la manière dont les adjoints de l'entraîneur servent souvent de lien entre l'entraîneur principal et les joueurs, aidant à faciliter la communication et à soutenir le développement des joueurs. De plus, ils contribuent à la motivation de l'équipe et à l'amélioration de l'ambiance de groupe durant les entraînements et les matchs. En effet, cela souligne les attentes associées au rôle de l'entraîneur adjoint, qui comprend l'encouragement et la motivation de l'équipe, en plus de ses fonctions d'entraînement technique. En outre, dans certains sports individuels, ils ont la possibilité d'avoir plusieurs entraineurs à leur disposition, l'entraineur de club et l'entraineur du pôle par exemple.

« Au pôle, il y a trois coachs f...] donc, c'est tous les tous les trois des cadres fédéraux et ils sont du coup, ce sont eux qui organisent le pôle Sébastien, c'est le gérant du pôle. Et au niveau du club, c'est Will un bénévole, qui me suit deux fois par semaine en plus parce que j'aime bien avoir d'autres retours. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Le club sportif de cette étudiante se compose de divers rôles qui contribuent à réaliser des buts précis. Les organisations sont composées de différents rôles qui sont structurés de manière à atteindre des objectifs bien précis (Durkheim, 1895). Sébastien, en tant que manager du pôle, a la charge de coordonner l'organisation globale et les autres entraîneurs. Ces derniers, des cadres fédéraux, se concentrent sans doute sur le développement technique et sportif des athlètes. Par ailleurs, Nadège sollicite également un bénévole du club, Will, pour un entraînement additionnel. Cette démarche peut être interprétée comme une façon de varier les sources de retours et d'appuis, une stratégie habituelle pour optimiser les performances et le développement individuel. Ainsi, en collaborant étroitement avec leurs athlètes étudiants, les entraîneurs peuvent les soutenir dans la recherche d'un équilibre entre leurs obligations sportives et académiques. Selon Lemieux, C., Mignon et al. (2006), cela souligne l'importance d'avoir une variété de perspectives et d'approches en matière d'entraînement. Les différents entraîneurs peuvent offrir des conseils et des stratégies variés, ce qui peut être bénéfique pour l'athlète.

Dans la même lignée, les kinésithérapeutes ont pour objectif la prévention et la réhabilitation des blessures. Ils peuvent aider les athlètes à augmenter leur mobilité et leur force, à atténuer la douleur et à accélérer la guérison après une blessure. Suite à une blessure, un kiné aidera

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l'athlète étudiant à retrouver sa force, sa flexibilité et sa fonction normale. Cela peut comprendre des exercices de renforcement, d'étirement et de coordination.

« Après il y a pas de bon moment pour se blesser forcément, mais c'est vrai que c'est un peu chiant puis c'était l'approche des compétitions juste après la fin de la période hivernale. Donc il y a des disques dans le dos en gros et il commençait à, il commençait à être en mauvais état et du coup, il a fallu faire de la réathlétisation, un renforcement tout ça pour aller voir le kiné du coup du CREPS. Ouais, c'était aussi beaucoup de rendez-vous médicaux du coup ça, ça aide pas non plus à remonter le moral du coup. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

« Et aussi ce qui vient avec nous c'est que pour la préparation, un kiné, il a beaucoup de physio, on a même une salle de cryothérapie. Et du coup, on fait ça souvent, bon, du coup par la récupération des jambes etc. ça c'est optimal pour nous et c'est très important, on va aussi les bains froids, etc. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Noé perçoit les blessures comme des entraves à son parcours sportif, ce qui génère chez lui un sentiment de découragement. Il entreprend un processus de réhabilitation avec le soutien d'un kinésithérapeute, un rôle qui, dans ce contexte, revêt une importance particulière pour lui. D'un autre côté, Abdel considère les soins physiques, tels que la kinésithérapie et la cryothérapie, comme des éléments cruciaux pour la récupération et la performance sportive. Ces pratiques ont acquis une importance symbolique pour lui, représentant une préparation et une récupération optimales. En effet, chacun de ces individus interprète et réagit à son environnement selon les significations qu'il attribue à ces aspects, ce qui façonne leur expérience respective (Mead, 1934). En prodiguant les premiers soins, le kiné peut accélérer le retour du sportif à la compétition, apportant ainsi une assurance mentale. En se concentrant sur la flexibilité, la force, l'endurance, la coordination et la technique, un kiné peut aider un athlète à optimiser ses performances. Cela peut comprendre des techniques de massage, de cryothérapie, de thérapie par ultrasons, ou d'autres méthodes. Tous les athlètes de haut qui font partie du CREPS bénéficient d'un kiné, alors que ceux qui évoluent au sein d'un club n'ont pas tous la possibilité d'en avoir un. Certains athlètes ont la possibilité de bénéficier d'un kiné personnel ainsi que d'un kiné travaillant au sein d'une organisation.

« On a une kiné aussi qui est présente deux fois par semaine sur nos entraînements donc pendant les séances elles nous prennent alors des fois ça va être la kiné renforcement musculaire des choses comme ça enfin, on peut faire chez le kiné les exos un peu chiant

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voilà. Sinon des fois en fonction des besoins ça va plus être massage, manipulation et en parallèle. Je suis un kiné qui est donc dans son cabinet et ça va plus être du soin et électrodes, ultrasons, massages. » (Laurie! F! 21 ans! IAE School of Management 2ème année !Saut en hauteur)

« On a tellement été dégoûté d'être blessé qu'on reprend encore mieux donc du coup bah, tu vois des kinés en fait au CREPS, on peut les voir tous les jours si on veut. » (Nadège! F! 21 ans! M1 Histoire! Aviron)

Dans l'expérience de Laurie, le rôle du kinésithérapeute est considéré comme étant double. D'une part, le kiné fournit des soins, mais d'autre part, il supervise également des exercices de renforcement. Cette perception donne au rôle du kinésithérapeute une dimension qui va au-delà du simple soin et s'étend aux aspects plus exigeants de l'entraînement. Pour Nadège, la blessure a laissé une empreinte émotionnelle négative qui a ensuite alimenté sa volonté de se rétablir. Dans cette situation, les kinésithérapeutes du CREPS acquièrent une importance particulière. Malcolm et Scott (2011), les professionnels de santé jouent un rôle clé dans le domaine sportif, leur conclusion souligne l'importance capitale des soins médicaux, dispensés par ces professionnels, pour optimiser les performances des athlètes tout en préservant leur santé et leur bien-être général. Ils sont vus comme une ressource essentielle pour le rétablissement et la prévention des blessures, avec leur disponibilité quotidienne représentant une source de soutien capital pour son processus de réhabilitation.

En outre, les préparateurs physiques ont pour but d'améliorer la condition physique des athlètes. Ils sont souvent responsables de l'échauffement lors des séances d'entraînement et des compétitions ou bien de séances de musculation.

« On a aussi un préparateur physique, qui s'appelle Charles et qui vient deux fois par semaine pour encadrer nos musculations. En fait eux, ils sont vraiment spécialisés dans l'aviron, on a un préparateur physique qui est que pour la musculation. » (Nadège! F! 21 ans! M1 Histoire! Aviron)

La présence de préparateurs physiques spécialisés dans l'équipe d'aviron suggère une tendance croissante vers la professionnalisation de ce sport. La professionnalisation se manifeste par l'émergence de compétences spécialisées et de normes professionnelles spécifiques à un domaine donné. Il est possible que l'aviron soit en train de se professionnaliser en développant des rôles spécialisés tels que ceux des préparateurs physiques, dont le but est d'améliorer les performances des athlètes. Cette évolution témoigne de l'importance accordée à l'optimisation

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des capacités physiques et à l'adoption de pratiques professionnelles dans le domaine de l'aviron.

De plus, les psychologues sportifs aident les athlètes à gérer le stress et l'anxiété, à augmenter leur assurance, à maintenir leur concentration, et à surmonter les obstacles mentaux liés à la compétition de haut niveau. Ils peuvent également contribuer à résoudre des problèmes personnels ou académiques susceptibles d'impacter la performance de l'athlète. Les étudiants athlètes de haut niveau sont souvent confrontés à un stress intense, qu'il soit dû aux attentes de performance sportive (compétitions) ou aux exigences académiques (examens). Les psychologues peuvent leur apprendre des techniques de gestion du stress et les soutenir face à la pression.

« Je vois une psychologue, alors pas depuis le début que je suis au CREPS, mais depuis ça, fait un an et demi et je la vois en moyenne une fois par mois. On va dire et au début, je la voyais parce que j'étais pas très bien. [...] C'était retrouver l'équilibre entre le sport, la vie perso et la vie, enfin les études quoi, et pas toujours enfin sur une saison sur une année. Il y a des périodes où le sport va prendre plus de place que d'autres, enfin après, il y a eu beaucoup de travail sur le lâcher prise, le savoir, un peu prendre du recul. Et ne pas vouloir tout gérer trop perfectionniste sur ce qui est propre à tout ce qu'on travaille par rapport à moi, ça a été surtout ça quoi. » (Paula! F! 21 ans! IUT - DUT GEA 2ème année! Marche athlétique)

Paula souligne les difficultés qu'elle rencontre pour concilier ses responsabilités en tant qu'athlète, étudiante et individu dans sa vie privée. Cette situation incarne le principe de la tension entre les rôles dans la théorie du rôle social, où un individu peut ressentir du stress lorsqu'il a des difficultés à répondre aux exigences de différents rôles sociaux simultanément (Merton, 1957). De plus, Paula mentionne son travail avec une psychologue sur des problèmes comme le perfectionnisme et le besoin de se détacher, ce qui indique que ces problèmes peuvent être intensifiés par la tension entre les rôles qu'elle vit. Grâce à son travail avec la psychologue, Paula a réussi à élaborer des stratégies pour gérer efficacement ces défis et pour maintenir un équilibre plus approprié entre ses divers rôles. Les psychologues peuvent aussi aider à acquérir des compétences en résolution de conflits. Avec des partenaires d'équipe, des entraîneurs, des enseignants ou des collègues de classe, à certains moments des conflits peuvent émerger. Des aptitudes comme la concentration, la gestion des émotions, et la préparation mentale avant, pendant et après la compétition sont importantes pour les athlètes de haut niveau. Les psychologues sportifs sont formés pour aider à développer ces aptitudes.

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« C'est quand j'ai appris que j'étais sélectionné en équipe de France du coup, c'était un peu pour préparer la compétition pour le stage tout ça, c'était plus dans de la préparation mentale que dans, de la psychologie pure et du coup c'est la seule fois où j'ai eu recours à la psy, je suis, j'ai jamais utilisé. Que ce soit avant les courses avant les entraînements avant des cycles d'entraînement donc comment bien comment être finalement bien mentalement pour pouvoir réagir le mieux face aux événements donc après c'est enfin c'est un c'est propre à chacun, mais du coup ouais c'était sur des petits conseils sur un peu de la méditation des trucs comme ça quoi. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

L'expérience de Noé avec une psychologue dans la perspective d'une compétition et d'un stage peut être perçue comme une tentative de renforcer sa confiance en lui et sa capacité à réussir. Les découvertes de Lemieux, C., Mignon et al. (2006), insistent sur le fait que la préparation psychologique joue un rôle clé dans l'entraînement sportif et peut influencer de manière significative les performances d'un athlète. Il ne suffit pas d'être prêt sur le plan physique, il est tout aussi important d'être mentalement armé pour affronter les défis, ces compétences psychologiques s'acquièrent sur le long terme comme les compétences physiques. Il comprend l'importance d'une préparation mentale adéquate pour être capable de réagir de manière optimale dans différentes situations. Pour ce faire, il fait appel à des techniques comme la méditation et suit divers conseils pour améliorer sa confiance en soi et sa préparation mentale pour les compétitions. Cela démontre comment les convictions d'auto-efficacité peuvent influencer la façon dont les individus gèrent des situations qui peuvent être stressantes ou exigeantes (Bandura, 1977).

Enfin, il y a le préparateur mental. Son rôle est assez similaire à celui du psychologue. Bien sûr, une grande partie du travail d'un préparateur mental concerne la performance sportive elle-même. Ils peuvent aider l'athlète à élaborer des stratégies pour améliorer la concentration, à renforcer la confiance en soi, à visualiser des performances réussies, etc.

« Tout ce qui est gestion du stress et prise de recul parce que je ne prends aucun recul dès que je suis frustrée, je vois que de négatif du coup arriver à prendre du recul devant le positif et à tirer le bon des mauvaises situations. Et j'ai voulu prendre quelqu'un aussi qui était préparateur mental parce que les compétitions, c'est vraiment un autre monde en natation, c'est très, très malsain la concurrence est très malsaine en fait du coup il faut arriver à gérer à se mettre dans sa bulle. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

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La capacité à gérer le stress et à maintenir une perspective détachée est vitale pour que les sportifs maintiennent des performances élevées tout en veillant à leur santé mentale. Ainsi, avoir le soutien d'un professionnel de la préparation mentale peut aider les athlètes à mettre en place des stratégies efficaces pour contrôler le stress et la compétition, et à équilibrer l'intensité de la compétition avec leur bien-être psychologique. D'après le témoignage de Clémentine et en lien avec les travaux de Besombes, Joncheray et al. (2016), l'aspect compétitif du sport peut générer une pression intense et un environnement de rivalité aiguë. Elle associe la compétition à des émotions négatives et à une pression excessive. Il est important de comprendre ici, que l'apport psychologique est avantageux pour les athlètes qui sont au CREPS, car ils ont la possibilité de consulter un spécialiste à n'importe quel moment.

En somme, différents acteurs interviennent dans la vie des étudiants ESHN, tels que les entraîneurs, les kinésithérapeutes, les préparateurs physiques et les psychologues. Chacun de ces acteurs a un rôle spécifique pour le sportif. Les entraîneurs planifient et supervisent l'entraînement sportif, les kinésithérapeutes se concentrent sur la rééducation et la prévention des blessures. Les préparateurs physiques visent à améliorer les capacités physiques, et les psychologues offrent un soutien sur le plan mental et émotionnel. Ces acteurs peuvent avoir des influences variables sur la vie académique des étudiants ESHN, certains étant davantage impliqués dans les aspects sportifs, tandis que d'autres fournissent un soutien spécifique sur le plan mental et émotionnel. L'influence exercée par chaque acteur peut varier selon le contexte dans lequel évolue l'ESHN. Par exemple, au sein d'un pôle espoir ou d'un CREPS, les entraîneurs et les kinésithérapeutes peuvent avoir un rôle prépondérant dans la vie quotidienne de l'athlète en raison de leur proximité et de leur engagement direct dans le programme sportif. En revanche, dans un club sportif, l'influence des entraîneurs et des autres acteurs peut différer en fonction des ressources disponibles et de l'organisation du club. Chaque acteur a un rôle spécifique à jouer dans le développement et la performance de l'ESHN. Une coordination et une communication efficaces entre ces différents acteurs sont cruciales pour soutenir au mieux l'équilibre entre les engagements sportifs et académiques de l'ESHN, en tenant compte de ses besoins spécifiques.

2. Dans le champ universitaire, des enseignants plus ou moins conscients du statut d'ESHN et des camarades conciliants

Les ESHN bénéficient d'un statut particulier. Ils doivent faire savoir au corps enseignant que leur temps est partagé entre deux paramètres. Généralement, les responsables de la formation sont les premiers informés de leur statut, puis les enseignants reçoivent une liste des étudiants

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ayant des régimes spécifiques. Néanmoins, il n'est pas rare, comme nous l'explique cette étudiante, que les individus concernés en informent personnellement chaque responsable de formation, ou parfois même les enseignants à titre individuel :

« Je préviens le responsable de formation généralement les deux années, je me suis entretenue avec eux pour exposer un peu mon projet qui comprennent mes attentes et que moi, je comprenne les leurs aussi, je pense que c'est important. Et de ce fait en licence pas trop, mais en master, je sais que tous mes enseignants ont été prévenus par le directeur de scolarité de mon statut et voilà en laissant, je sais que c'était pas forcément le cas, mais quand j'étais allé à manquer les cours donc je préviens toujours mes enseignants par mail et donc je précise que je suis sportive de haut niveau. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« C'est un gars qui est là que pour ça, et il s'appelle Paul Legrand et du coup, il s'occupe de, bah, de tous les athlètes qui sont en CREPS et qui font des études. Et du coup lui, il est là uniquement pour ça et il est en contact avec, je pense avec enfin, en tout cas, en contact ici avec la responsable de formation et lui ouais, il est là que pour ça donc début dès qu'on a un souci ou une absence à gérer ou une compétition. On a, on a juste à l'appeler et il s'occupait du reste, il fait un peu le côté administratif dès qu'on a des enfin des irrégularités ils s'en occupent. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

Lorsque Laurie communique avec les responsables de formation et les enseignants, ils peuvent garantir l'inclusion en tant que sportive de haut niveau dans son parcours éducatif. L'inclusion sociale se concentre sur l'intégration des individus dans la société (Bourdieu, 1993). En établissant une communication ouverte, Laurie cherche à établir une compréhension mutuelle avec ses enseignants concernant ses attentes et ses contraintes liées à sa pratique sportive. Cela est crucial pour elle afin de trouver un équilibre entre ses obligations sportives et académiques, et ainsi garantir son inclusion et son épanouissement dans son parcours éducatif. L'implication de Paul Legrand dans la gestion administrative des athlètes étudiants, comme dans le cas de Noé, met en évidence le rôle essentiel des agents du CREPS dans le soutien aux étudiants sportifs. Cette situation soulève la question centrale du rôle joué par ces professionnels dans l'accompagnement des athlètes étudiants et dans la gestion des multiples exigences auxquelles ils font face (Harvey, 2005).

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De plus, les enseignants peuvent accorder une certaine flexibilité en ce qui concerne les délais des devoirs ou les dates d'examen pour les étudiants absents en raison de compétitions ou de tournois sportifs. Ils ont également la possibilité d'organiser des séances de rattrapage pour les cours manqués. Ils peuvent également faire preuve de flexibilité en ce qui concerne les dates limites des devoirs, la présence en classe et les exigences des tests.

« On a des profs qui sont très compréhensifs du coup, ils nous aident ils nous envoient des cours si on a des questions, on peut leur poser enfin, c'est vraiment bien. Par exemple, si jamais il y a des partiels que je peux pas passer sur les dates qui sont fixées soit ils me les font faire avant ou soit je peux les faire à distance donc ça, c'est vraiment top. Aussi, pour les rendus, enfin, j'ai la possibilité d'avoir un peu plus de temps que les autres quand on a des devoirs à rendre donc ça, c'est bien aussi. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Le témoignage de Nadège illustre le concept d'inclusion sociale et de flexibilité, tel que conceptualisé par Tom Shakespeare, en effet, elle met en lumière la manière dont les établissements d'enseignement peuvent se montrer flexibles. Cette approche est en accord avec les idées de Shakespeare, qui défend l'idée de structures plus adaptatives et inclusives dans tous les domaines de la société, y compris dans le domaine des études (Shakespeare, 2013).

« Je dirais qu'ils s'en foutent, mais qui nous perçoivent comme des élèves plus normaux pas forcément des fois c'est un peu relou quand les profs, ils veulent pas, ils veulent pas forcément enfin, c'est pas qu'ils veulent pas nous aider, mais que en tout cas ils sont un peu moins compréhensifs ouais voilà » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

Dans le cas de Noé, il semble exister un désaccord entre certains professeurs et les étudiants en ce qui concerne l'assistance et la compréhension. Les professeurs peuvent être influencés par des intérêts ou des motivations qui peuvent les rendre moins enclins à aider les étudiants, ce qui crée un conflit perçu par Noé. Le champ sportif et le milieu académique sont deux sphères distinctes, chacune avec ses propres normes, valeurs et anticipations. Pour Noé, on observe une sorte de « conflit de champ », où les obligations et les standards du milieu sportif (séances d'entraînement, compétitions, etc.) se heurtent aux attentes du contexte académique (présence en cours, travail universitaire, etc.) (Bourdieu, 1977). Ainsi, il existe deux types de professeurs : ceux qui font preuve de compréhension et ceux qui le sont moins. Les professeurs les plus compréhensifs sont ceux qui sont sensibles aux défis auxquels ces étudiants sont confrontés et

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qui leur fournissent une assistance supplémentaire pour leurs études. Ceux qui le sont moins, voire pas du tout, ne proposeront aucune aide spécifique à ces étudiants et les traiteront de la même manière que les autres étudiants. Il est possible que les professeurs de la faculté des sports soient mieux informés ou plus compréhensifs concernant le statut des étudiants sportifs de haut niveau que ceux de la faculté des lettres, par exemple.

« Je suis arrivée en STAPS là, c'était cool, tu es un peu vu comme une star quand tu es sportive de haut niveau et les profs sont super compréhensifs donc ça pose pas trop de problèmes pour les entraînements. [...] je suis parti à la fac de lettres pour faire de la psycho. Et là, l'organisation était pas du tout la même parce que ben, c'est pas que les profs sont moins compréhensifs, mais aussi, je pense qu'ils voient pas l'importance que ça a pour nous donc là c'était un peu plus compliqué. Après, on me laisse enfin, on me laissait faire ce que je voulais, c'est juste que peut-être pas pour récupérer les cours et tous, c'est vraiment, tu te débrouilles quoi » (Lola! F! 26 ans! Master de psycho obtenu! 400m)

« En STAPS, ils sont tous super arrangeants et une fois que c'est comme ça. Et puis même, faire l'année complète d'un coup ouais, c'est possible, mais je n'aurai pas validé toutes les matières. » (Clémentine! F! 19 ans! L1 STAPS! Natation)

Les témoignages mettent en évidence les disparités dans l'accès aux ressources et au soutien entre différents domaines universitaires. Lola souligne que les professeurs en STAPS font preuve de compréhension et d'adaptabilité, ce qui facilite la conciliation entre les entraînements sportifs et les études. En revanche, dans le domaine de la psycho, Lola remarque un manque d'organisation adaptée et une moindre prise en compte des contraintes des étudiants par les professeurs. La réalité sociale est construite par les interactions symboliques entre les individus, en accordant une attention particulière aux significations symboliques attachées aux comportements (Mead, 1934). Les professeurs ont tendance à ajuster leur comportement en fonction des attentes et des rôles sociaux qui sont associés à chaque domaine d'études. Ces observations peuvent être liées aux inégalités de ressources et d'attention accordées aux différents domaines d'études. Dans l'ensemble, à la faculté de sport par exemple, les professeurs sont coopératifs avec les étudiants sportifs de haut niveau, à quelques exceptions près.

« Alors, il y a des profs, je leur demande de l'aide, ils ne sont pas réceptifs, ils ne me réexpliquent pas les consignes, le cours et tous... c'est chiant parce que c'est des parties de travaux, c'est compliqué, mais ils sont pas tous comme ça donc c'est des exceptions.

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Il y en a qui sont très bien, mais les profs comme ça c'est des exceptions. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Dans le témoignage d'Abdel, il mentionne des professeurs qui sont « très bien », ce qui indique qu'ils lui offrent une reconnaissance et un soutien appropriés. La théorie de la reconnaissance sociale examine l'importance de la reconnaissance sociale dans le développement de l'estime de soi et de l'identité des individus (Honneth, 1992). Cependant, il perçoit ces professeurs comme des exceptions, suggérant ainsi un manque général de reconnaissance et de soutien de la part d'autres professeurs. Cette observation met en évidence le besoin fondamental d'être reconnu et soutenu dans un contexte académique, et suggère que l'expérience d'Abdel peut être marquée par un manque de reconnaissance sociale plus répandu parmi les professeurs. Pour être sûre d'éviter les malentendus avec les professeurs, les étudiants sportifs peuvent maintenir une communication ouverte et continue afin d'identifier et à résoudre les problèmes avant qu'ils ne deviennent des obstacles majeurs à la réussite académique ou sportive.

« En fait, c'est une relation assez particulière en fait parce que déjà il faut leur expliquer, on va forcément, tu passes beaucoup de temps à échanger avec par mail leur expliquer pourquoi est-ce que tu es absenté pour le cours. Mais après en fait c'est une relation assez privilégiée en fait parce que bah, j'ai certains profs avec qui j'ai énormément sympathisé du coup ils envoyaient des messages pour savoir les résultats de ma compet parce que j'étais en compète forcément. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

Dans le témoignage d'Henri, il décrit une relation privilégiée qu'il a développée avec certains professeurs, où ils échangent des messages pour suivre les résultats de ses compétitions. Cette relation témoigne des liens forts et des réseaux sociaux qui se forment entre les individus au sein d'une communauté ou d'une institution. Elle met en évidence l'importance des interactions sociales et des connexions personnelles dans la création de relations spéciales et dans l'établissement de soutien mutuel au sein d'un contexte académique. En effet, « La distance pédagogique entre professeurs et étudiants, l'anonymat face à la masse d'étudiants dans les amphithéâtres, l'absence de cadrage pour le travail à effectuer, s'opposent, malgré les dispositifs d'accompagnement mis en place, à la relation de proximité entretenue avec les enseignants du lycée, aux différentes formes de soutien et d'aides aux devoirs, et ce d'autant que les sportifs ont dans certains cas vécu des situations de scolarité exceptionnelles au bénéfice de leur statut. » (Papin, Viaud, 2018) leur statut d'ESHN place une distance avec les professeurs, qui peut être atténuer par certains moyens. En résumé, une collaboration efficace

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entre les enseignants et les étudiants sportifs de haut niveau peut contribuer à concilier le plan sportif académique et le plan sportif plus facilement. Les étudiants sportifs de haut niveau ont souvent besoin du soutien et de la coopération de leurs camarades pour réussir à la fois sur le terrain et en classe. La pratique sportive de haut niveau demande un investissement considérable en termes de temps et d'énergie, ce qui peut parfois entrer en conflit avec les responsabilités académiques.

En outre, les étudiants sportifs de haut niveau peuvent susciter la curiosité de leurs camarades de classe.

« J'ai du mal avec les gens qui sont dans la classe et qui pose plein de question. [sur son statut d'ESHN]» (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« On est vu comme des glandeurs. f...] Les étudiants ils sont plus en mode : « à lui, c'est un sportif de haut niveau. ! » » (Akim/ M/ 24 ans/ L2 STAPS/ 100m 200m 400m)

Alphonse ressent de l'inconfort vis-à-vis des étudiants de sa classe qui posent beaucoup de questions, ce qui rend difficile son intégration dans cet environnement. Cela peut être lié à son désir de reconnaissance sociale et à son besoin d'être perçu comme compétent et compétitif, malgré son statut d'étudiant sportif de haut niveau. Il cherche peut-être à prouver sa valeur et à être reconnu pour ses performances sportives, ce qui peut influencer ses interactions avec ses camarades. De son côté, Akim constate que les autres étudiants ont une vision stéréotypée des sportifs de haut niveau, les considérant souvent comme des « glandeurs » qui ne s'investissent pas suffisamment dans leurs études. Il souligne ainsi le besoin de reconnaissance sociale ressenti par les sportifs de haut niveau. Cette perception répandue peut conduire à une sous-estimation ou à une dévalorisation des efforts et des réalisations des sportifs de haut niveau, ce qui peut affecter leur estime de soi et leur identité (Honneth, 1992). En effet, leur statut d'ESHN ne permet pas aux étudiants sportifs d'avoir accès à tous les cours, ils n'auront pas l'opportunité d'entretenir une vie sociale épanouissante au sein de leur promotion. Si ses horaires d'entrainements ne se chevauchent pas avec les heures de cours, l'étudiant aura l'occasion de fréquenter davantage ses camarades de classe et d'entretenir un bon esprit de groupe.

« C'est assez compliqué, parce qu'en fait au départ c'est je suis un peu le mec au départ tu passes un peu pour le mec qui vient jamais en cours, parce qu'il va forcément en cours c'est compliqué. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

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« En licence, ouais ça se passe bien, mais en licence ça a été compliqué parce qu'en fait enfin j'avais je me suis pas fait forcément des amis parce qu'en fait vu que bah, il y a beaucoup plus de cours en master vraiment, j'allais au cours et je partais directement m'entraîner. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Dans le premier témoignage, Henri exprime les difficultés auxquelles il est confronté en tant qu'étudiant pratiquant le tir à l'arc. Il se sent perçu comme quelqu'un qui manque fréquemment les cours, ce qui peut nuire à sa réputation et à l'image qu'il renvoie aux autres. Cette perception peut être liée à son identité en tant que sportif, et à la tension qui existe entre ses obligations sportives et académiques. La manière dont il est perçu par l'entourage peut influencer sa propre perception. Henri et Nadège fournissent des témoignages qui peuvent être analysés à travers la théorie de l'identité sociale. Cette théorie examine l'influence de l'appartenance à des groupes sociaux sur la construction de l'identité individuelle (Tajfel & Turner, 1979). Dans le deuxième témoignage, Nadège évoque ses expériences pendant sa licence et son master. Elle explique qu'il lui a été difficile de se faire des amis en licence en raison de son emploi du temps chargé. Elle se sentait contrainte d'assister aux cours et de partir immédiatement s'entraîner, ce qui a pu limiter ses opportunités de socialisation avec ses camarades de classe. L'identité de sportive de haut niveau peut ainsi avoir un impact sur sa capacité à établir des liens sociaux dans le contexte universitaire. Ainsi, les étudiants sportifs peuvent se sentir exclus de leur promotion en raison de leurs engagements sportifs, mais les camarades peuvent les aider à s'intégrer dans la vie sociale de l'école. Donc, pour soutenir la réussite des étudiants sportifs de haut niveau, les camarades jouent un rôle décisif. Ils peuvent apporter leur aide aux étudiants sportifs pour combler les lacunes dans leurs cours causées par leurs compétitions ou leurs entraînements. En effet, cela peut impliquer le partage de notes, la révision conjointe ou l'assistance dans la compréhension des concepts difficiles. De la même manière que les professeurs, certains camarades de classe leur offrent de l'aide pour rattraper les cours, tandis que d'autres ne le font pas, voire ne sont même pas conscients de leur statut particulier.

« Les gens de ma classe le savent pas tous, par exemple, sûrement pas tous mais une bonne partie savent parce que du moment qu'il y a quelqu'un qui vient que la moitié des cours, ils comprennent vite f...] mais voilà peut-être que c'est eux ils vont être au courant, ils vont te le dire, mais c'est pas un sujet principal. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

« Du coup, je dirais qu'il y a deux types de personnes il y a ceux qui comprennent un peu et ceux qui se rendent un peu moins compte f...] quand je suis amené à pas pouvoir

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suivre un cours et ils sont là pour le prendre à ma place pour me dire ce qu'on ce qui a à faire ou ce qu'on a fait et du coup en vrai, c'est cool, ils arrivent à m'aider quand j'ai besoin » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

Les témoignages de Noé mettent en lumière des éléments clés de la théorie de l'étiquetage. Cette théorie sociologique explore comment les étiquettes et les stéréotypes sociaux peuvent avoir un impact sur la façon dont les individus sont perçus et traités dans la société (Becker, 1963). Dans le premier témoignage, certaines personnes de la classe ne sont pas au courant du statut particulier de l'individu, mais ceux qui remarquent ses absences répétées comprennent rapidement la raison derrière cela. Cela peut s'expliquer par le processus d'étiquetage, où les autres étudiants associent un sens à son comportement, des absences fréquentes, et en déduisent des conclusions sur sa situation spécifique (Becker, 1963). Dans le deuxième témoignage, Noé mentionne deux types de personnes présentes dans son environnement. Certains comprennent sa situation particulière et l'aident en lui fournissant des informations sur le contenu des cours manqués, cela suggère que ces personnes évitent les stéréotypes négatifs associés à ses absences et l'assistent pour surmonter les conséquences de celles-ci. Toutefois, Noé mentionne également qu'il y a d'autres personnes qui ne sont pas conscientes des défis spécifiques auxquels il fait face et qui peuvent manquer de compréhension ou d'attention à ses besoins. Par opposition, les camarades peuvent offrir un soutien émotionnel, en comprenant la pression à laquelle les étudiants sportifs sont soumis et en les aidant à gérer le stress. Ils peuvent aussi contribuer à créer un environnement d'apprentissage positif et inclusif.

« On évite d'en parler en fait, c'est vraiment de te focaliser sur les cours une fois que tu as aussi de changer un petit peu là en fait c'est parce que si je suis pas d'esprit si je commence quand je suis en cours à parler du sport et quand je suis au sport à parler de sport ça va commencer, ça va commencer, je vais commencer à péter un câble. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

La théorie de la dissonance cognitive explique comment les individus réduisent l'inconfort psychologique causé par une contradiction entre leurs croyances et leurs comportements. (Festinger, 1957). Dans le cas d'Henri, il évite de parler de sport pendant les cours et de parler de cours pendant les entraînements. Cette stratégie peut être considérée comme une tentative de réduire la dissonance cognitive en évitant tout conflit ou tension entre ses rôles d'étudiant et de sportif. En maintenant des frontières claires entre ces deux domaines, il parvient à réduire le conflit mental et à se sentir plus à l'aise. Les camarades peuvent faire preuve d'empathie face aux défis rencontrés par les athlètes, tels que la fatigue physique et la pression pour équilibrer

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le sport et les études. Ils peuvent aider en partageant des notes de cours ou en collaborant sur des projets de groupe lorsque l'athlète étudiant est absent. La cohésion sociale peut également renforcer le sentiment d'appartenance à un groupe (Durkheim, 1895). Pour un étudiant athlète, s'identifier à un groupe de pairs vivant des expériences similaires peut améliorer le bien-être psychologique et aider à surmonter les défis. La cohésion sociale implique souvent le partage de valeurs communes (Durkheim, 1895).

« En master enfin, du coup vu qu'on est 20 on est quand même beaucoup moins et que les cours, je peux tous y assister vu qu'il y en a pas beaucoup enfin, on a quoi à 10 heures par semaine-là, j'ai enfin pu me faire des amis et tout et du coup il y a vraiment une bonne ambiance, c'est cool du coup. Je connaissais des gens, je sais que enfin ils étaient là pour m'envoyer les cours quoi » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Nadège partage son expérience positive en master, où le groupe est de taille réduite et les heures de cours sont limitées. Cette situation a favorisé sa participation à tous les cours et a contribué à la création de liens sociaux solides et à une ambiance agréable au sein du groupe. Elle souligne également le soutien reçu de certaines personnes qui lui ont envoyé les cours, ce qui suggère une dynamique de solidarité et d'entraide entre les membres du groupe.

« Il y en a, ils me passent les cours, t'en a d'autres, ils me disent vas chier. Ils me disent

aussi comment tu fais pour faire ça ? » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

Abdel partage une expérience différente en tant qu'étudiant de première année en STAPS. Il fait remarquer qu'il a peu de connaissances sur ses camarades de classe et qu'il n'assiste pas régulièrement aux cours magistraux. Il mentionne également des réactions diverses de la part de certains de ses camarades, certains lui fournissant les cours tandis que d'autres adoptent une attitude négative. Cela correspond aux recherches menées par Gaston-Gayles (2005), qui examine comment les athlètes étudiants sont souvent perçus de manière différente par leurs pairs, les attitudes à leur égard peuvent varier entre admiration, envie et ressentiment. Cette perception mixte peut créer un environnement social complexe pour les athlètes étudiants.

En conclusion, les établissements d'enseignement encouragent une culture de soutien et de respect réciproque parmi tous les étudiants pour faciliter cette collaboration. Cependant, certaines facultés sont plus conciliantes que d'autres. En effet, certains enseignants comprennent que ces étudiants ont des responsabilités sportives qui peuvent parfois entrer en conflit avec leur emploi du temps scolaire et d'autres, non. Il existe une disparité dans la manière dont les professeurs réagissent aux contraintes liées à la pratique sportive de haut niveau.

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Certains professeurs font preuve de compréhension et de souplesse, tandis que d'autres sont moins réceptifs ou compréhensifs envers ces contraintes. En effet, si l'étudiant ne le mentionne pas à ses professeurs, il est possible que ces derniers ne soient pas au courant tout au long de l'année. Du coté des camarades de classe, certains démontrent de la compréhension et de l'adaptabilité face aux contraintes et exigences liées à la pratique sportive de haut niveau des ESHN. En revanche, d'autres camarades de classe peuvent manquer de sensibilité à leurs besoins et ne pas prendre en considération les contraintes et défis auxquels ils sont confrontés. Cette attitude peut se traduire par un manque d'assistance ou de soutien, voire par des réactions négatives ou hostiles envers les ESHN.

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Partie IV - Une reconnaissance peu valorisée des ESHN ?

Le fait d'être un athlète de haut niveau, voire « d'élite », on peut le supposer peut conférer un certain prestige et une notoriété, ce qui peut renforcer l'admiration de leurs pairs. Nous reviendrons donc sur leurs rôles d'étudiante t d'athlète et la manière dont ils jonglent avec ces deux identités.

Ainsi, nous pouvons nous demander si les étudiants qui sont également des athlètes perçus comme des étudiants « d'élite » ? Sont-ils respectés par leurs pairs en général en raison de leur dévouement, leur discipline et leur habileté dans leur discipline sportive ? Sont-ils souvent perçus comme des figures inspirantes, en particulier s'ils ont atteint un degré élevé de succès dans leur discipline sportive ? Comment les étudiants sportifs de haut niveau sont perçus dans le milieu scolaire ? La reconnaissance des étudiants sportifs de haut niveau dans le cercle familial est-elle importante ? Comment les étudiants sportifs de haut niveau sont reconnus dans les médias ?

1. A l'université, des étudiants sportifs de haut niveau peu valorisés ...

La position des étudiants athlètes d'élite en matière de reconnaissance sociale est assez complexe. Ils peuvent être sujets à certains stéréotypes négatifs associés aux sportifs ou être bien vu par l'ensemble de la communauté étudiante. Cependant, cette reconnaissance peut avoir ses revers. Le succès sportif peut occulter d'autres facettes de leur identité et engendrer une pression pour maintenir leur performance à un niveau élevé. Les attitudes des professeurs peuvent également varier. Certains peuvent admirer le dévouement de ces étudiants et faire preuve de flexibilité pour les aider à gérer leurs responsabilités académiques et sportives. D'autres peuvent être plus stricts en ce qui concerne les règles académiques et ne pas faire de concessions pour les activités sportives.

« Le manque de compréhension des fois le manque de réponses aussi parce que des fois, tu demandes, tu dis que tu es pas là, je demande des cours, les documents, c'est sûr que des fois, c'est compliqué de suivre un cours quand tu as quoi tout court donc pour réviser c'est compliqué » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

Alphonse rencontre des obstacles, indiquant un manque de flexibilité et de compréhension de la part du système éducatif. En se référant aux travaux du sociologue Dubet (2002), qui a exploré comment les systèmes éducatifs s'adaptent aux besoins individuels des étudiants, on peut analyser le témoignage d'Alphonse. Dubet démontre que l'école, avec ses propres normes

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et règles, peut souvent se déconnecter des réalités personnelles des étudiants. En d'autres termes, la reconnaissance sociale ne se limite pas à un aspect individuel, mais est également influencée par des facteurs sociaux plus larges. Les étudiants qui pratiquent un sport de haut niveau jouent un rôle significatif dans la dynamique et l'identité d'une institution éducative. Cependant, ils peuvent également faire face à des défis uniques en raison de la pression académique et sportive qui leur est imposée. La reconnaissance dont ils bénéficient de la part de leurs pairs et de leurs enseignants peut varier en fonction de différents éléments tels que la culture de l'établissement, les performances de l'athlète et la visibilité du sport en question.

« Mais moi, ils ont toujours été compréhensifs de temps en temps, il y en a plusieurs qui me demande le résultat où j'en suis comment ça se passe quand je suis amené à être absente, c'est très, très rare que j'ai des remarques négatives c'est plutôt des bons courages pour les compétitions. » (Laurie/ F/ 21 ans/ IAE School of Management 2ème année /Saut en hauteur)

« Par exemple, le prof d'anglais là cette année, il me pose des questions, il s'intéresse à mes performances, c'est toujours sympa ça. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

L'encouragement et la compréhension que reçoit Laurie de ses professeurs lorsqu'elle doit s'absenter pour des compétitions sportives favorisent probablement son implication envers le sport. De la même manière, Alphonse met en évidence l'intérêt porté par un de ses enseignants à ses performances sportives. Ces témoignages reflètent les résultats de l'étude menée par Holt et al. (2008), qui met en avant le soutien des camarades et des adultes pour le développement positif des sportifs. Quant à Alphonse, l'intérêt que porte son professeur d'anglais à ses performances sportives peut lui apporter un sentiment d'appartenance et de soutien dans son rôle d'athlète. Cela renforce également l'idée que ses activités sportives sont valorisées et reconnues par d'autres, ce qui l'incite à persévérer. Le soutien et les retours positifs d'autrui peuvent intensifier l'engagement envers certaines activités et rôles. Par ailleurs, les ESHN peuvent souvent bénéficier d'une reconnaissance de la part de leurs camarades de classe. Un étudiant qui excelle dans son sport peut être reconnu par l'obtention de prix ou de médailles, ou par sa performance.

« Je crois dans la semaine et du coup quand j'arrive avec mes 8-9 entraînements quand on pose des questions, on me regarde avec des grands yeux en me disant, mais elle est folle. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

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« Ils me disent aussi comment tu fais pour faire ça ? » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Ils t'encouragent enfin, tu leur dis quand tu as des compètes, tu leur dis ouais, j'ai une compète tel jour et sont derrière toi, elles vont te pousser, ouais c'est sympa. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Ces désignations peuvent influencer leur estime personnelle, leur conduite et leurs attentes. Dans les situations de Clémentine et Abdel, l'étonnement et l'interrogation suscités par leur dévouement sportif peuvent engendrer un sentiment d'être mis à part ou marginalisé. La théorie de l'étiquetage propose que les individus soient impactés par les catégorisations et les perceptions sociales qui leur sont assignées par autrui (Becker, 1963). Cependant, Nadège vit une situation distincte où l'étiquetage est plutôt positif, se manifestant par la motivation et le soutien qu'elle reçoit de ses enseignants. Il convient de souligner que les expériences individuelles peuvent diverger et que l'effet de l'étiquetage est déterminé par les circonstances spécifiques et les réactions des personnes impliquées (Becker, 1963). Le fait de jongler entre les études et les exigences rigoureuses de l'entrainement sportif nécessite une grande organisation et un engagement, ce qui peut inspirer le respect. Cependant, il est important de noter que le charisme, est fragile et dépend fortement de la reconnaissance continue du public. Si un étudiant sportif de haut niveau ne maintient pas son niveau de performance ou si ses actions contredisent l'image qu'il a construite, il pourrait perdre cette aura de charisme.

« Il faisait pas de rotation [ne fait de remplacement] donc et quand j'ai commencé c'était lui le coach il faisait pas toujours f...] Lundi on a fait la même chose et mardi aussi, au bout d'un mois et on évolue pas trop. f...] mes camarades de classes savent que je suis sportif haut niveau et tous après sans plus quoi, il y a plus à dire là-dessus. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Danilo, un joueur de basket universitaire, note que son entraîneur ne fait pas de rotation dans l'équipe, suggérant une approche d'entraînement traditionnelle et rigide. Cela pourrait influencer le perfectionnement des aptitudes des joueurs et l'atmosphère de l'équipe. Des chercheurs comme Jones et al. (2004) ont examiné le rôle crucial des méthodes d'entraînement et des dynamiques d'équipe sur la performance et l'esprit d'une équipe sportive. Mais aussi, cela reflète la théorie de la reproduction sociale, qui souligne comment les pratiques existantes sont perpétuées même si elles ne sont pas optimales (Bourdieu & Passeron, 1970). Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron partent du principe que les inégalités sociales sont reproduites d'une

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génération à l'autre à travers les institutions sociales, comme l'école ou le sport (Bourdieu & Passeron, 1970). Il parle aussi de la monotonie des séances d'entraînement. C'est un autre exemple de reproduction sociale où les méthodes établies résistent au changement et à l'innovation. Finalement, Danilo évoque la réaction indifférente de ses collègues d'étude face à son statut d'athlète d'élite. Même avec cette distinction, il ne constate pas de grand intérêt ou de conversations particulières à ce sujet. Ceci pourrait démontrer comment la reproduction sociale peut normaliser certaines disparités ou statuts sociaux. Par ailleurs, pour les étudiants sportifs de haut niveau, s'engager dans des études académiques peut leur offrir un moyen de libérer et d'exprimer leurs pensées et émotions de manière différente. Se plonger dans l'univers des études leur fournit un équilibre précieux, en leur permettant de détourner leur attention du sport, du moins temporairement.

« Comme j'essaye d'être quand je suis avec eux, j'essaie forcément de d'extérioriser et de pas parler de sport une personne normale quand je suis avec eux après, je sais que des fois c'est un peu relou pour eux. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

« Je mange jamais à l'IUT ou enfin ou quoi donc voilà mais après, ils savent, je communique pas trop là-dessus donc c'est ça que eux non plus, mais voilà peut-être que c'est eux ils vont être au courant, ils vont te le dire, mais c'est pas un sujet principal. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

Le comportement de Noé et Paula varie lorsqu'ils sont en présence de leurs pairs. Noé évite de parler de sport pour ne pas gêner ses amis, tandis que Paula est relativement réservée sur ce sujet. Ces comportements peuvent être attribués à leur identité sociale et à leur aspiration à s'intégrer dans leur groupe respectif. Ces deux étudiants mettent aussi en évidence l'effort pour se conformer aux normes et attentes du groupe afin de préserver une harmonie sociale (Tajfel & Turner, 1979).

« Des jaloux, des gens du club à l'école en fait voilà à l'école. f...] Puis avec ceux à qui je parlais plus, parce que j'ai pas beaucoup d'attaches, mais c'était des critiques par rapport au sport. Des remarques comme, ah c'est celle qui pue le chlore ou encore elle sait faire que des longueurs. » (Clémentine/ F/ 19 ans/ L1 STAPS/ Natation)

Si Clémentine prend à coeur ces étiquettes, elle pourrait commencer à se définir en fonction de ces clichés négatifs, ce qui pourrait nuire à son estime de soi, sa passion pour la natation, et même modifier son identité sociale. La théorie de l'étiquetage suggère que les étiquettes

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attribuées à Clémentine pourraient influencer sa propre perception d'elle-même ainsi que son comportement. Par ailleurs, Clémentine pourrait aussi réagir à ces étiquettes en intensifiant son engagement envers la natation, en utilisant ces critiques pour se motiver à s'améliorer et démontrer le contraire. Cependant, la réponse des individus face aux étiquettes s'avère être complexe (Becker, 1963). Cette réponse est déterminée par de nombreux facteurs : comme le caractère de la personne, son contexte social, et sa capacité à gérer les stéréotypes et les tensions sociales (Becker, 1963).

En définitive, pour les professeurs, d'un côté, certains professeurs sont arrangeants. Ils sont prêts à ajuster les exigences des devoirs et les dates limites pour tenir compte des obligations sportives des étudiants. Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent être perçus comme des élèves talentueux et dynamiques, renforcés lorsqu'ils maintiennent une communication avec ces derniers. Néanmoins, tous les professeurs n'adoptent pas cette approche, certains peuvent être stricts sur le maintien des normes académiques, insistant sur le fait que tous les étudiants, y compris ceux qui sont aussi des sportifs de haut niveau, respectent les mêmes critères. Les camarades de classe peuvent contribuer à soutenir les étudiants athlètes d'élite avec des encouragements et sont un moyen d'extériorisation, mais cela n'efface pas la distance sociale qui existe avec ces derniers. Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent également se sentir isolés si leurs responsabilités sportives les empêchent de participer à des activités sociales ou d'étude de groupe. En tant que camarades de classe, les autres étudiants peuvent être attirés par le charisme des étudiants sportifs de haut niveau.

2. ... source de fierté dans le cercle familial

Le concept d'élite pour les étudiants sportifs de haut niveau représente des athlètes qui se distinguent par leur performance extraordinaire dans leur discipline sportive. Le sport d'élite inclue les athlètes qui se distinguent par leur performance extraordinaire (Fleuriel, 1997). Fleuriel souligne également la différence entre le sport amateur et professionnel. L'excellence académique fait partie intégrante de leur statut d'élite, malgré les défis que cela peut représenter. Il convient de souligner que le statut d'élite n'est pas seulement une position reconnue, mais également une vision d'excellence, une série de buts et d'ambitions qui incitent les étudiants sportifs à chercher constamment à se surpasser et à dépasser leurs propres barrières. Pour les athlètes étudiants d'élite, leur position peut être perçue comme une manifestation de charisme. Leur talent sportif, leur résolution, leur discipline et leurs performances peuvent les différencier de leurs pairs, leur conférant du respect et de l'admiration, voire un certain niveau d'influence. En outre, leur capacité à jongler entre leurs responsabilités académiques et leur carrière sportive

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pourrait être vue comme une autre démonstration de leur grandeur. De nombreuses familles éprouvent un sentiment profond de satisfaction et de reconnaissance lorsque leur enfant se distingue dans un domaine, y compris le sport. La réalisation de performances sportives de haut niveau est souvent le fruit de longues années d'effort intense, de passion et de sacrifices considérables. Lorsqu'un sportif parvient à un tel sommet de succès, c'est un moment d'extrême gratification pour sa famille. Les familles ont tendance à être émerveillées par la force de caractère, le sens de l'engagement et la capacité de rebondir dont leur enfant fait preuve en poursuivant une carrière sportive intense tout en poursuivant ses études. De plus, elles peuvent se sentir appelées à soutenir leur enfant de diverses manières, par exemple en participant aux événements sportifs, en contribuant financièrement ou en offrant un soutien émotionnel et un encouragement constant.

« Comment ils me perçoivent, bah, je suis un peu le chouchou, mais tu sais en rigolant quoi. Mes grands-parents à chaque fois, ils font attention à moi et tout ça, ouais, à peu près entre guillemets même s'ils sont contents pour moi, ils veulent que je réussisse. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

« Après pour lui, mon père est fier, il faut que je sois meilleur etc. mais il est fier, il sait à quel point c'est compliqué de déjà d'arriver au niveau-là, ma mère, je sais pas trop si elle se rend compte, elle s'en rend compte quand elle voit des articles dans le journal des trucs comme ça ou sur Facebook. Mais mon frère, je pense qu'il est fier de moi, même si on se le dit pas, c'est le grand frère aussi, c'est pour ça que c'est dans l'ensemble, ils sont fiers de moi et voilà après se rendre compte, ils savent. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

Abdel ressent une pression bienveillante pour réussir de sa famille qui le valorise en tant qu'athlète, ce qui peut influencer son auto-perception et ses ambitions sportives. Alphonse est poussé par la fierté de son père et le respect tacite de son frère. Sa mère, qui comprend moins bien ses défis, découvre ses succès par les médias, une forme de socialisation indirecte. Jay Coakley (2001), souligne l'importance du sport en tant que facteur central dans l'élaboration de l'identité des jeunes. Les récits partagés par Abdel et Alphonse indiquent clairement que leur engagement sportif est un élément fondamental de leur identité personnelle, et que celui-ci a une grande importance au sein de leurs familles. Réciproquement, leurs accomplissements et attitudes peuvent avoir un impact sur les standards et principes de leurs familles et de leur communauté plus étendue.

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« Bon pour mes parents, je reste moi, clairement et pour ma soeur pareil de toute façon, je pense que si je commençais à prendre des ailes, je pense que mes parents me redescendront très vite. Au niveau de l'entourage plus extérieur pour mon papi, je suis une légende, je pense que ça me fait plaisir parce que à l'inverse de mon père, mon papi est très expressif sur ce qu'il pense et je pense que ça me fait du bien aussi d'avoir quelqu'un qui me suit autant. » (Mandy/ F/ 20/ L3 STAPS/ Football)

Dans le cas de Mandy, les réactions diversifiées de sa famille face à son statut d'athlète sont remarquables. Ses parents et sa soeur, en la considérant d'abord comme "Mandy" et non comme une sportive d'élite. D'après Messner (2009), le sport est un espace où se construisent et se négocient les relations de genre et les rôles au sein de la famille. L'admiration de son grand-père peut stimuler la motivation de Mandy et renforcer son sentiment d'accomplissement. Mandy est perçue comme une « légende », son statut d'« élite » est donc mis en avant. Cela pourrait signifier qu'il la considère comme une réussite exemplaire, quelqu'un d'exceptionnel qui réussit là où d'autres pourraient échouer. Le cas de Mandy démontre clairement comment les rôles sociaux peuvent fluctuer selon le contexte et les relations interpersonnelles. La famille joue un rôle crucial dans le soutien des athlètes étudiants d'élite. En retour, la famille peut bénéficier d'une certaine reconnaissance et d'une augmentation de l'estime de soi grâce aux accomplissements de l'athlète étudiant.

Dans certaines familles, le soutien est toujours présent, mais une certaine indifférence peut se dégager. Certains membres familiales peuvent se retrouver dans une posture d'indifférence ou dans le non compréhension de l'investissement de l'athlète dans le domaine du sport.

« Ça a pas changer grand-chose dans le sens où oui, je fais du sport, mais avant tout, je reste leur fille ou leur soeur ou leur petite fille même si le sport prend beaucoup de place dans ma vie aussi dans là leur parce qu'en plus ils me soutiennent à fond, quand c'est en France, ils viennent quasiment à toutes les compétitions. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

« Ça change rien que je réussisse ou pas ça change rien en fait, c'est ils sont pas vraiment plus fiers si je réussis pas, ils sont contents pour moi, mais enfin oui si j'ai réussi c'est mieux. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

Paula considère que son statut familial en tant que fille, soeur et petite-fille demeure inaltéré malgré son implication intense dans le sport. Le soutien solide de sa famille lors des compétitions en France indique que, bien que son rôle en tant qu'athlète d'élite soit significatif,

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sa place au sein de la famille reste centrale. La théorie du rôle social décrit comment les individus modifient et ajustent leur comportement en fonction des normes et attentes sociales liées à leur statut au sein d'un groupe ou d'une communauté (Merton, 1957). Cela témoigne aussi du fait que sa famille a réussi à intégrer sa carrière sportive à son identité sociale préexistante, sans perturber sa place au sein de la famille. De son côté, Odilon indique que son succès ou son échec dans le domaine sportif n'altère pas la façon dont sa famille le perçoit. Cette déclaration concorde avec l'étude menée par Coakley (2001), qui met l'accent sur l'importance pour les familles d'accepter l'échec sportif comme un élément constitutif du développement de l'athlète. Il semble que sa famille le soutienne et soit fière de lui, indépendamment du résultat de ses compétitions.

« C'est une famille classique il n'y a pas de relation particulière parce que je suis sportif de niveau ou pas. Je pense pas comme si j'étais la star de la famille, je suis rarement à la maison en fait quand tu quand j'y suis, c'est plus heureux en profite, on passe du temps ensemble plutôt que juste on parle du sport. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

La famille de cet étudiant n'a pas changé sa vision depuis qu'il est ESHN. Il est loin d'être considéré comme une star au sein de sa famille. Son identité familiale est distincte de son identité d'athlète car leur vision est sensiblement la même. En d'autres termes, son rôle familial demeure stable malgré son implication dans le sport de haut niveau.

Finalement, dans certaines familles, les étudiants sportifs de haut niveau sont perçus comme des individus qui suscitent la fascination. Leurs succès sportifs sont une source de fierté et de prestige pour leurs proches. Les étudiants sportifs de haut niveau peuvent représenter une réussite exemplaire, montrant à quel point le travail et la détermination peuvent conduire au succès, ainsi, ils sont vus comme des « élites ». Cependant, la perception de la famille peut être plus complexe et varier selon les individus. D'autres membres de la famille, en revanche, peuvent ressentir des sentiments d'indifférence, dans l'incompréhension de leur passion. En effet, la réussite dans le sport de haut niveau peut également conduire à une reconnaissance sociale plus large pour l'étudiant et sa famille. Cela peut avoir des implications positives, mais aussi négatives.

3. La médiatisation de leur pratique : entre critiques et éloges

Les médias jouent un rôle clé dans la reconnaissance et la mise en valeur des athlètes d'élite. Cela englobe non seulement la médiatisation de leurs performances sportives, mais aussi la

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formation de leur image publique. Les médias peuvent promouvoir un sportif, mettre en avant ses succès, mais aussi, dans certains cas, soumettre sa vie privée à un examen minutieux et une pression excessive. La reconnaissance et les encouragements reçus sur ces plateformes peuvent avoir un impact significatif sur leur motivation et leur confiance en soi. En s'appuyant sur l'approche interactionniste, nous pouvons revenir sur l'idée que leur identité, leur statut social et leur reconnaissance sont formés et discutés par le biais des interactions sociales. Pour ESHN, les plateformes de réseaux sociaux sont souvent un lieu où ils communiquent avec leur entourage. Ils utilisent ces plateformes pour forger leur image publique et obtenir de la reconnaissance pour leurs exploits sportifs. Cependant, les athlètes sont fréquemment confrontés à des tensions entre leurs identités d'étudiants et d'athlètes, qui peuvent être en contradiction. L'interactionnisme symbolique nous permet de comprendre comment ces athlètes concilient ces différentes identités et comment ils gèrent les attentes et les pressions liées à chacune. Par exemple, un athlète pourrait utiliser des symboles ou des signes spécifiques pour signaler son statut d'athlète d'élite en partageant des vidéos ou des photos.

« Les victoires, on partage et des trucs comme dans les vestiaires quand on gagne quoi, ça arrive souvent, oui, c'est vrai. Alors les critiques cette année, non pas trop parce que c'est une belle saison, les choix du coach sont bons vraiment et ceux qui viennent aux matchs, on les connaît au niveau des réseaux, mais ouais, je pense, il y a beaucoup de positif sur les réseaux sociaux Facebook, par exemple. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« Des photos des vidéos et des trucs comme ça, mais après j'ose pas non plus mettre trop de de trucs, mais ouais enfin si je mets quand même pas mal de trucs mais, mais pas trop non plus. f...] Ouais sur Instagram, bah c'est souvent que on encourage et tout ça quand je poste une photo enfin, j'ai des messages privés du coup tu c'est ça peut être de la jalousie comme tu disais, mais ouais, tu reçois que des encouragements. » (Nadège/ F/ 21 ans/ M1 Histoire/ Aviron)

Les déclarations d'Alphonse et Nadège démontrent une expérience généralement positive des réseaux sociaux, bien qu'ils soient conscients des potentielles réactions adverses. En effet, selon Rowe et ses collègues (2010), les réseaux sociaux peuvent servir de plateforme permettant aux athlètes de partager leurs expériences et d'interagir avec les internautes. Les témoignages d'Alphonse et Nadège illustrent l'usage des réseaux sociaux (Facebook et Instagram) pour communiquer leurs succès, partager des images et des vidéos, et recevoir des messages d'encouragement. Hutchins et Rowe (2012) mettent en évidence que les réseaux sociaux

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peuvent aussi créer de nouvelles dynamiques de pouvoir entre les sportifs et leurs supporters, en particulier en ce qui concerne les retours, positifs ou négatifs, que ces derniers peuvent faire.

En outre, les encouragements qu'elle reçoit sur Instagram mettent également en évidence la théorie de la reconnaissance sociale.

« Mais plus, on en a plus, on a des attentes des autres et tout ça donc voilà mais après, c'est sûr que ça prend une place importante quand même maintenant dans tous les domaines, mais aussi dans le sport. J'estime être assez apprécié après, on ne sait trop rien, mais non oui parce que par exemple j'ai, c'est plus des encouragements. » (Paula/ F/ 21 ans/ IUT - DUT GEA 2ème année/ Marche athlétique)

Le fait que Paula estime être assez appréciée peut être considéré comme une indication qu'elle perçoit un retour positif de la part de son « miroir social ». Selon la théorie du miroir social de Cooley, notre perception de nous-mêmes et notre identité sont grandement influencées par la façon dont nous pensons être perçus par les autres (Cooley, 1902). Ce concept est également reflété dans les propos de Paula lorsqu'elle reconnaît que l'attention et les attentes des autres ont un impact sur sa perception de soi et son comportement. Elle mentionne spécifiquement que l'augmentation de sa visibilité sur les réseaux sociaux entraîne des attentes accrues de la part des autres. De plus, elle souligne l'importance croissante des réseaux sociaux dans divers domaines, y compris le sport. Les encouragements qu'elle reçoit viennent probablement renforcer cette perception positive. A l'inverse, d'autres athlètes utilisent très peu voire pas du tout, les réseaux sociaux pour interagir avec les autres dans des disciplines d'une moins grande couverture médiatique. La reconnaissance et les encouragements reçus sur ces plateformes peuvent avoir un impact significatif sur leur motivation et leur confiance en soi.

« Mais jamais, je communique rarement mes résultats sur les réseaux où je parle rarement de mon sport sur les réseaux, j'ai pas de page dédiée à ça non plus j'ai pas de dire ça. Des fois, je poste une photo sur Instagram en disant telle compétition et du coup en fait par cette publication, j'ai des potes qui viennent en DM et qui viennent me demander bah alors comment ça s'est passé tout ça et de là c'est comme ça qu'on en discute. » (Henri/ M/ 22 ans/ Faculté des sciences - L2 Maths/ Tir à l'arc)

« Franchement, c'est super compliqué parce que moi, je déteste les réseaux, j'aime pas me mettre en avant, je sais pas faire et du coup, j'ai ma page athlète plus mon Insta franchement mon Insta, il y a j'avais pas j'avais pas Insta avant

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d'avoir Joma, ça m'intéressait pas vraiment. » (Lola/ F/ 26 ans/ Master de psycho obtenu/ 400m)

« Je poste rien de ma vie, ça m'intéresse pas de partager le contenu là, parce que je trouve, c'est pas, c'est vraiment et du coup, c'est pas forcément intéressant et surtout ça ne sert à rien ça ne sert à rien que les autres sachent ça. » (Odilon/ M/ 19 ans/ IDMC - L3 MIASHS option MIAGE/ Escrime)

La théorie de la présentation de soi, Goffman compare la vie sociale à une pièce de théâtre, nous jouons différents rôles sociaux et adaptons notre comportement en fonction de la situation (Goffman, 1956). Sur Instagram, Henri partage parfois des moments liés à son sport, le tir à l'arc. Il n'a pas pour but de s'afficher constamment, mais ses publications occasionnelles créent un espace d'interaction et de discussion avec ses amis autour de sa passion. Lola exprime son désintérêt pour les réseaux sociaux et utilise Instagram uniquement par obligation, probablement en lien avec son statut d'athlète. Ce comportement illustre comment les attentes sociales et professionnelles peuvent façonner notre présentation en ligne, malgré nos propres inclinations. Odilon a choisi de ne pas partager d'éléments de sa vie personnelle en ligne, jugeant cela inintéressant et inutile pour autrui. Cela met en lumière une autre stratégie de présentation de soi sur les réseaux sociaux : l'absence de partage. Odilon semble penser que sa vie privée ne doit pas être étalée au grand jour. Ces exemples démontrent une approche différente de la gestion de l'identité et de la présentation de soi sur les plateformes numériques. En effet, la reconnaissance via les réseaux sociaux peut grandement influencer l'expérience d'un athlète étudiant d'élite. En effet, la reconnaissance varie en fonction du sport pratiqué. Cette reconnaissance peut comporter des bénéfices, tels que l'accroissement de la visibilité, l'augmentation de l'estime de soi et des chances de parrainage. Cependant, elle peut également engendrer des défis, tels que la pression de maintenir une image publique irréprochable ou faire face à des critiques et du harcèlement en ligne. Les médias peuvent amplifier la pression de performance sur les athlètes étudiants d'élite. Cela peut également présenter des côtés négatifs. Les critiques soulignent souvent la pression accrue que les médias peuvent imposer à ces jeunes sportifs, en les poussant à toujours réussir et en les observant constamment. L'image publique, la surveillance incessante, les attentes des fans, les critiques et le harcèlement peuvent tous affecter le bien-être mental de ces athlètes

« Après, j'ai eu des critiques sur les réseaux sociaux après les matchs, quand tu fais un bon match tout le monde t'aime et inversement. Dans le commentaire du coup en fait ça peut être tu peux pas, c'est de la lumière à l'ombre, je me suis déjà fait insulter sur les

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réseaux et la semaine d'après, j'ai été le meilleur joueur de ligue 2. » (Abdel/ M/ 19 ans/ L1 STAPS/ Handball)

La perception d'Abdel de lui-même en tant que joueur de handball est fortement influencée par l'opinion que les autres expriment sur les réseaux sociaux. Lorsqu'il réalise une performance exceptionnelle lors d'un match et qu'il reçoit des éloges sur ces plateformes, il se perçoit et est perçu par les autres comme un excellent joueur. La réalité sociale est construite collectivement par les individus à travers les interactions sociales et la communication (Berger & Luckmann, 1966). Cependant, s'il ne joue pas bien et fait l'objet de critiques. Sa propre vision se transforme ainsi et il peut commencer à se considérer comme un joueur moyen ou mauvais. Il ressort de cette situation qu'Abdel ne vit pas une réalité fixe. Au contraire, sa réalité est en perpétuelle évolution, modelée par ses interactions sociales. C'est un processus ininterrompu où la réalité est constamment créée, détruite et recréée, selon les réactions des autres et son auto-évaluation personnelle (Berger & Luckmann, 1966). En outre, certaines disciplines sportives bénéficient d'une plus grande couverture médiatique et, par conséquent, d'une plus grande reconnaissance que d'autres.

« Oui, les matchs sont retransmis sur un site internet, ça nous permet de voir ce qu'il faut corriger, ce qui est bien, nos sensations etc. donc ça, c'est utile parce que on regarde aussi nous ce qu'on a fait sur les matchs précédents des fois, on revient sur ce qui n'a pas été ou, mais voilà ça nous sert pour nous. » (Alphonse/ M/ 21 ans/ M1 STAPS/ Football)

« On passe sur la chaîne du Lux et je pense que c'est toutes les semaines. » (Danilo/ M/ 24 ans/ L3 STAPS/ Basket)

Les témoignages soulignent l'importance pour les joueurs de revoir leurs matchs précédents et d'analyser leurs performances. Alphonse met en avant l'importance des retransmissions numériques de leurs matchs, qui leur offrent l'opportunité d'analyser leurs performances, d'identifier les aspects à améliorer et les points forts. Cette pratique s'aligne sur les recherches de Ray Gamache (2015) qui se penche sur l'utilisation des médias par les sportifs pour étudier et optimiser leurs performances. De son côté, Danilo signale que leurs matchs sont diffusés sur une chaîne de télévision, ce qui peut être perçu comme un signe de reconnaissance et de visibilité pour leur équipe. Ce phénomène rejoint les observations de Rowe (2004) qui étudie comment les médias peuvent renforcer la visibilité des sportifs et des équipes, contribuant de la sorte à leur popularité et à leur renommée publique.

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En utilisant ces connaissances, les joueurs évaluent leur propre performance et cherchent à s'améliorer. Par opposition, d'autres disciplines sportives bénéficient d'une attention limitée.

« On parle de nous après six mois quand je fais des quelques résultats dans la région et tout ça ou même à la télé c'est pas arrivé, tu sais régional ou départemental qui parle de tes performances si tu arrives à faire un bon truc et tout hein ouais et après il y a des gens qui ont encouragé sur les réseaux, il y en a d'autres qui peuvent critiquer. » (Noé/ M/ 19 ans/ IUT - Technique de commercialisation 2ème année/ Aviron)

Dans le contexte de Noé, sa présence médiatique est le résultat de ses réussites en aviron. Cette visibilité lui offre une reconnaissance de ses efforts et de ses réussites, ce qui peut être extrêmement valorisant. Fraser indique que la couverture médiatique peut à la fois servir à valider et renforcer l'identité, l'importance et la légitimité d'une personne ou d'un sujet, mais peut également devenir un canal pour les critiques et l'exclusion (Fraser, 2009). Bien que les performances de Noé dans sa région ou son département ne soient peut-être pas considérées comme suffisamment remarquables pour susciter l'intérêt des médias traditionnels, les réseaux sociaux constituent une plateforme alternative où il peut attirer l'attention des utilisateurs et recevoir des encouragements, ainsi que des critiques éventuelles.

Pour conclure, l'exposition médiatique des étudiants athlètes d'élite sur les réseaux sociaux présentent deux aspects. D'un côté, cela leur offre des opportunités sans précédent en matière de visibilité, de reconnaissance et d'avancement professionnel. De l'autre, cela les expose à un niveau élevé de pression et de critiques, souvent exacerbé par l'implacabilité inhérente aux réseaux sociaux. Par exemple, certains sports plus visibles ou bénéficiant d'un soutien institutionnel accru peuvent engendrer une plus grande reconnaissance pour les étudiants qui les pratiquent. Le maintien de l'équilibre entre les éloges et les critiques sur ces plateformes numériques peut s'avérer complexe et avoir des conséquences durables sur la santé mentale et émotionnelle de ces étudiants athlètes. Enfin, les réseaux sociaux permettent aux étudiants sportifs de haut niveau de développer une identité en dehors du sport en partageant des aspects de leur vie quotidienne, de leurs intérêts et de leurs opinions. Ces interactions en ligne renforcent leur identité sportive, élargissent leur réseau social et attirent l'attention des médias.

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DISCUSSION

1. Réponses aux hypothèses

La première hypothèse que nous avons soulevée, consistait à affirmer que ces étudiants sportifs de haut niveau s'attachent à mettre en avant le manque de temps et la fatigue dans la conciliation entre le sport et les études. D'une part, le manque de temps n'a pas été explicitement souligné par les ESHN, mais ils précisent que chaque moment de la journée est millimétré, comme nous l'avons bien dit avec l'approche de l'organisation militaire. En effet, ils ont une tendance à anticiper les échéances à venir, à optimiser leur temps efficacement. D'autre part, la fatigue était un élément qui pouvait revenir dans le discours de nos enquêtés, notamment dans la description d'une journée type qui allie sport et études. Nous avons pu constater que le stress est le mot qui revenait plus souvent que la fatigue. Ce stress était lié généralement à l'accumulation de deux facteurs qui pouvaient se chevaucher comme les compétitions et les examens.

La deuxième hypothèse établie s'attachait aux imprévus ou aléas sportifs probables chez nos étudiants sportifs comme le surentraînement, les blessures, un déclassement, un changement de club ou encore un déménagement : la baisse de motivation pourrait être observée pendant ces périodes dites d'imprévus. D'un côté, ces aléas pouvaient engendrer une baisse de motivation, comme la blessure, le manque de pratique sportive sur une durée prolongée pouvait impacter psychologiquement nos ESHN négativement. Mais d'un autre côté, certains de nos enquêtés ont stipulé que la période de blessure pouvait donner lieu davantage de temps à consacrer pour leurs études.

La troisième hypothèse se concentrerait sur le choix du sport et les études sélectionnées par ces étudiants sportifs de haut niveau qui dépendent de l'origine sociale et de l'influence des pairs, les vocations et la construction du projet de vie des étudiants sont inséparables de ces influences sociales. Nous avons l'avons vu précédemment, le sport sélectionné par les étudiants dépend en majeure partie du milieu social dans lequel l'individu évolue. En outre, les parents ont un avis à donner sur leur enfant quant à la conciliation entre le sport et les études, ceux des classes populaires privilégient le sport alors que ceux des classes aisées ont une méfiance vis-à-vis du sport.

Enfin, la dernière hypothèse concernait les étudiants qui privilégient le sport aux études car les gains potentiels dans le monde professionnel sont importants dans certains sports. En effet, cette hypothèse est étroitement liée à la précédente, les individus des classes populaires seront

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potentiellement investis davantage dans le sport. En particulier, les sports rémunérateurs sont investis davantage par ces individus. Bien sûr, il existe des exceptions, tous les sportifs issus de milieux populaires ne pratiquent pas tous le football ou le basketball. En définitive, nous avons remarqué que nos ESHN qui pratiquent des sports très rémunérateurs, la volonté était toujours d'allier le sport et les études dans un certain équilibre, alors que certains ESHN des sports moins rémunérateurs, certains privilégiaient leurs études sur le sport.

2. Limites

Au début de notre étude, nous nous sommes focalisés sur la gestion du temps chez nos ESHN, mais au fur et à mesure de l'étude, nous avons remarqué que cette approche était réductrice, et non adapté avec nos résultats : nos entretiens et nos observations. Nous avons alors choisi de nous focaliser davantage sur plusieurs approches diverses et variées. De plus, cette étude a été réalisée sur une durée qui nous ne permettait pas de pouvoir nous étendre davantage, le temps était limité, en ce sens, nous aurions pu également faire passer des questionnaires qui nous auraient davantage aidé pour tenter de mieux représenter la pratique de nos ESHN à travers des statistiques.

Autre limite que le temps, nous avons également l'éloignement géographique, nous avons pris en compte uniquement les ESHN de l'Université de Lorraine, il aurait été très compliqué de réaliser des entretiens avec des ESHN d'autres régions ou départements, sans avoir de contact physique avec eux. Il aurait été possible d'étudier les lycéens qui sont en sport-études et qui projettent de devenir des ESHN dans le but de voir l'émergence de leurs pratiques.

Nous aurions pu aussi nous attacher aux devenirs des ESHN, ou plutôt les anciens ESHN, ont-ils arrêté le sport au profit du travail ? Est-ce que leur sport leur permet de vivre de leur passion ? Arrivent-ils à concilier le sport et le travail ? Nous aurions pu interroger des entraîneurs, professeurs ou même les parents des ESHN, ils jouent un rôle primordial dans leur pratique, mais nous avons choisi de nous focaliser sur les ESHN. Cela aurait demandé une certaine proximité avec nos enquêtés, et en ce sens, nous avons voulu interroger des responsables des ESHN pour permettre de comprendre le fonctionnement global du statut des ESHN, mais cela n'a pas été possible. Nous nous sommes contentés de regarder sur le site dédié aux ESHN pour en savoir davantage.

Aussi, pendant les entretiens, un enquêté nous a témoigné qu'il ne pouvait pas s'exprimer correctement en français, car il était originaire du Luxembourg. Durant deux entretiens, nous

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avons été coupés plusieurs fois, car nous étions positionnés dans des couloirs de campus universitaires où il y avait trop de bruit.

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CONCLUSION

En guise de conclusion, ce travail de recherche a permis de dévoiler la complexité et la multiplicité des expériences vécues par les étudiants sportifs de haut niveau (ESHN). Pour évoluer et se maintenir en tant que sportifs étudiants, ces derniers ont besoin de naviguer à travers une série d'éléments personnels et externes. Ils modèlent leur expérience unique dans le monde du sport.

Les divers milieux auxquels l'athlète appartiennent, incluant la famille, les coachs, les institutions sportives et éducatives, ont une influence considérable sur sa trajectoire dans le sport et les études de ces individus. L'importance du soutien de l'entourage pour nourrir la passion pour le sport, l'effet de la discipline et de l'organisation pour conserver leur statut d'athlète de haut niveau, tous ces éléments interagissent et se renforcent mutuellement dans la construction de ces sportifs d'élite. Il est toutefois important de noter que chaque ESHN vit ces expériences de manière unique. Les ressources à leur disposition, les possibilités de financement et de soutien, et leur statut spécifique varient grandement en fonction de divers facteurs, y compris leur contexte socioculturel et géographique. Par conséquent, la diversité des expériences vécues par les ESHN est une réalité qui ne peut être ignorée. Enfin, ce travail nous invite à prendre en considération les besoins spécifiques des ESHN dans leur parcours sportif et académique. Reconnaître leurs besoins particuliers, leurs objectifs sportifs et académiques, et les défis auxquels ils font face leur permet de concilier leurs engagements sportifs et académiques de manière efficace. La trajectoire de ces ESHN est un équilibre subtil entre passion, discipline, opportunités et défis. La compréhension de ces dynamiques est fondamentale pour soutenir et stimuler ces athlètes dans la poursuite de leurs objectifs, contribuant ainsi à leur développement tant au niveau personnel que professionnel.

Il est indéniable que la réussite académique revêt une importance capitale pour ces étudiants-athlètes, surtout pour ceux engagés dans des disciplines sportives moins rémunératrices. Néanmoins, même dans les sports les plus lucratifs, ces étudiants restent conscients de la brièveté et de l'incertitude de leur carrière sportive. Par conséquent, les études demeurent souvent une priorité, apportant à la fois satisfaction personnelle et une forme de sécurité pour l'avenir. L'engagement dans le sport est généralement le fruit d'une passion et d'une ambition de réussite à un niveau élevé. Cependant, même dans les cas où le sport est privilégié, l'importance des études n'est jamais totalement négligée. Les compétences acquises par l'intermédiaire de leur dévouement sportif, comme la discipline, la gestion du stress et la

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compétitivité, sont reconnues pour leur valeur transférable à leurs études et à leur futur environnement professionnel. La trajectoire professionnelle des ESHN est influencée par différents facteurs personnels, comme la passion pour le sport, les perspectives de réussite financière, l'importance accordée à une carrière sportive, et les opportunités professionnelles hors du domaine sportif. Chaque ESHN est ainsi confronté à l'équilibre délicat entre le sport et les études, impliquant une réflexion continuelle sur leurs aspirations à long terme. En somme, cette étude met en lumière la nécessité de comprendre les motivations individuelles et les trajectoires de ces athlètes afin de les soutenir de manière plus efficace dans leur double engagement sportif et académique.

Il est évident que le trajet des ESHN est parsemé de multiples interactions tant dans le domaine sportif que dans le domaine universitaire. Dans le milieu sportif, différents professionnels tels que les entraîneurs, les kinésithérapeutes, les préparateurs physiques et les psychologues contribuent à la pratique des ESHN. Leur impact varie selon le contexte spécifique, mettant en exergue le besoin d'une coordination et d'une communication fluide entre ces différents intervenants afin d'offrir un soutien optimal aux ESHN, en conciliant leurs engagements sportifs et académiques. Dans le milieu académique, on observe une variation dans le degré de reconnaissance et d'appui des enseignants et des pairs envers le statut singulier des ESHN. Alors que certains enseignants et camarades de classe sont compréhensifs et flexibles, d'autres se montrent moins attentifs aux défis particuliers auxquels les ESHN sont confrontés. Cette disparité souligne le besoin d'une sensibilisation accrue parmi tous les acteurs du système éducatif à la situation unique des ESHN, afin de promouvoir une prise en charge plus adaptée de leurs besoins spécifiques. Cette conclusion souligne l'importance d'une stratégie holistique et intégrée pour soutenir les ESHN, qui considère tous les facteurs qui influencent leur parcours, leur permettant ainsi d'accomplir pleinement leur double objectif sportif et académique.

Dans le milieu universitaire, on observe une distinction où certains membres du corps enseignant et des étudiants apprécient et respectent les ESHN pour leur résilience et leur énergie, tandis que d'autres insistent sur une égalité stricte des attentes académiques, sans tenir compte de leurs engagements sportifs. De plus, malgré le respect et l'admiration que peuvent leur porter certains de leurs pairs, les ESHN peuvent parfois se sentir en décalage social en raison de leurs responsabilités athlétiques. Du côté familial, les ESHN sont généralement considérés comme des sources de fierté et d'émerveillement. Leur statut d'ESHN peut leur apporter une certaine fierté, ou bien de l'indifférence dans d'autres familles. Enfin, l'exposition médiatique de leur carrière sportive confère aux ESHN une visibilité et une reconnaissance

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remarquables, tout en les soumettant à une pression intense et à des critiques, notamment sur les plateformes de réseaux sociaux. Ce phénomène complexe exige une gestion soigneuse pour maintenir leur bien-être mental et émotionnel, tout en tirant parti des opportunités qui découlent de leur statut public.

En définitive, les parcours des ESHN sont influencés par une multitude de facteurs, notamment leur environnement familial et professionnel, leurs milieux sportif et éducatif, et leur visibilité médiatique. Ces divers éléments interagissent de façon complexe, impactant simultanément leurs objectifs sportifs et académiques. Les ESHN évoluent au sein de ces sphères multiples, s'efforçant de trouver un équilibre entre leurs ambitions et les défis particuliers de chaque domaine. Le rôle des acteurs impliqués, issus aussi bien du monde sportif que de l'université, est prépondérant pour leur développement. Cependant, l'étendue de ce soutien est variable, soulignant la nécessité d'une prise en charge plus informée et adaptée à leur contexte spécifique. Finalement, l'épanouissement des ESHN repose sur une gestion harmonieuse de toutes les facettes de leur parcours facilite une conciliation réussie de leurs engagements sportifs et académiques.

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ANNEXE

Grille entretien exploratoire

Bonjour, dans le cadre de mon master de sociologie, je travaille sur les étudiants sportifs, à savoir, la conciliation entre le sport et leurs études.

Serait-il possible que j'enregistre l'entretien ? Ton anonymat est garanti, je me servirai de ce que tu me diras mais je transformerai les noms, les lieux...afin que tout soit anonyme.

Données générales

- Peux-tu me raconter ton parcours sportif ?

- Quel sport pratiques-tu actuellement ? Où t'entraines-tu ?

- As-tu pratiqué d'autres sports que celui-ci ?

- Peux-tu me parler de ton coach ? Relation, motivation, confiance

- Peux-tu me parler de ton parcours scolaire ?

Motivation sport

- Quels ont été les moments marquants de ton parcours sportif ?

- Qu'est-ce qui te motive dans ta pratique sportive ?

- Quel rôle ont joué tes parents dans ta pratique sportive ? Tes amis ?

- Quels sont les autres personnes qui t'ont motivé ? Entraineurs ? Partenaires entrainement

Conciliation entre le sport et études

- Peux-tu me raconter une de tes journées ?

- Comment est organisé ton emploi du temps ?

- Comment fais-tu pour gérer le sport et les études en même temps ? Il y a-t-il des aides

particulières ?

- Quelles stratégies mets-tu en place pour gagner du temps dans la journée ?

- Combien de temps passes-tu pour pratiquer ton sport par semaine ? Assister aux cours ?

- Combien de temps passes-tu pour réviser, travailler sur tes cours ?

- Combien de temps accordes-tu pour voir tes amis en dehors des cours ou du sport ?

- Combien d'heures dors-tu par nuit en moyenne ?

- Quel relation entretiens-tu avec les professeurs ?

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- Quels rapports entretiens-tu avec les autres étudiants ?

- Comment les étudiants sportifs de haut niveau sont perçus dans tes études ?

- Fais-tu usage des réseaux sociaux ? Comment tu les utilise ? Comment es-tu perçu ? Qu'est-ce que cela te procure ?

Vos projets

- Peux-tu me parler de tes projets professionnels ?

- Peux-tu me parler de tes projets sportifs ?

- Qu'est ce qui te motive ?

- Comment tu t'y es pris pour choisir ta formation ?

- Qu'est-ce qui t'as aidé à faire ton choix de formation ?

- Tes choix de formation et tes choix sportifs ont-ils changé au cours du temps ?

- Quels services t'as aidé dans tes projets sportifs et professionnels ?

Obstacles et ressources

- Quels ont été les obstacles que tu as rencontrés ? Quelles difficultés au

quotidien rencontres-tu ? Quelles sont les périodes les plus difficiles ?

- Comment gères-tu les blessures ? Impact sur études, motivation, travail ?

- Quels ont été tes qualités personnelles-t-ont été utiles pour concilier les deux ?

- Quelles ressources t'ont été utile ? La famille, les entraîneurs, l'école...

- Programmes ou dispositifs ?

Famille

- Quel âge as-tu ?

- Où as-tu grandi ?

- Tes parents, travaillent-ils ?

- As-tu des frères et soeurs ? Ont-ils aussi une pratique sportive ?

- Comment ta pratique sportive est-elle perçue ? Comment ils te perçoivent ?

- Est-ce que tu voulais rajouter quelque chose ? Un point, un sujet que nous n'avons pas abordé, mais que tu aurais envie de partager ?

109

Je te remercie du temps passé pour cet entretien, si tu as des questions si tu veux revenir sur quelque chose tu peux bien sûr me contacter.

Merci encore et je te souhaite une bonne journée !

110

Répartition des ESHN en fonction de la filière sélectionnée au sein de l'Université de Lorraine (2021/2022)

UFR Sciences humaines et...

UFR Sciences Humaines et...

UFR Faculté de Droit, sciences...

UFR de Sciences...

UFR de Mathématiques,...

UFR Arts, lettres et langues - ...

Polytech Nancy

IUT Nancy-Charlemagne

IUT de Nancy-Brabois

IUT de Metz

IUT de Longwy

Institut national supérieur du...

Filière d'études

Institut des sciences du...

ILFMK

IAE Nancy - School of...

Faculté d'Odontologie

Faculté des Sciences et...

Faculté des sciences du sport...

Faculté de Pharmacie

Faculté de Médecine

Faculté de droit, économie,...

École nationale supérieure en...

École nationale supérieure...

École nationale supérieure...

École nationale supérieure...

École nationale d'ingénieurs...

École européenne...

Département STAPS UFR de...

Département de la Première...

Cycle préparatoire...

11

4

6

2

3

2

2

14

10

4

1

6

2

3

5

1

6

87

1

3

4

2

2

3

2

3

2

35

2

5

0 20 40 60 80 100

Effectif

Source : Université de Lorraine. Traitement : Teva FAKATAULAVELUA

111

Nom

 

Age

Sexe

Etudes/ Formation

Sport pratiqué

Métier père/mère

Priorité donnée

Déd an*

Durée

Contexte

Akim

24

M

L2 STAPS

Athlétisme 100m 200m 400m

Ouvrier à l'usine/

Mère au foyer

1 Travail

2 Sport

3 Etudes

Non

1 h

Salle de cours (STAPS)

Nadège

21

F

M1 Histoire

Aviron

Infirmier/ Assureur

1 Sport et études

Non

1 h 10 min

Salle de cours (Faculté de Lettres)

Lola

26

F

Master de psycho obtenu

Athlétisme 400m

Directeur association/

Prof de sport

1 Sport et études

Non

1 h

Salle de travail

(Résidence)

Laurie

21

F

IAE School Management 2ème année

Athlétisme Saut en hauteur

Ouvrier SNCF/ Assureur

1 Etudes

2 Sport

Non

1 h

Salle de travail

(Résidence)

Abdel

19

M

L1 STAPS

Handball

Informaticien / Mère au foyer

1 Sport

2 Etudes

Oui

1 h 05 min

Salle de cours (STAPS)

Paula

21

F

IUT - DUT GEA 2ème année

Marche athlétique

Ouvrier à l'usine/ Infirmière

1 Sport

2 Etudes

Oui

1 h 05 min

Salle de cours (IUT)

Noé

19

M

IUT - Technique de commercialisati on 2ème année

Aviron

Ancien tennisman professionnel /Commercial

1 Sport et études

Oui

1 h 20 min

Salle de cours (IUT)

Henri

22

M

Faculté des sciences - L2 Maths

Tir à l'arc

Assureur/ Assistant familial

1 Sport et études

Non

1h 10 min

Couloir (Faculté des Sciences)

112

Danilo

 

24

M

L3 STAPS

Basket

Ouvrier BTP/ Vendeuse magasin

1 Sport

2 Etudes

Non

50 min

Salle de cours (STAPS)

Clémentine

19

F

L1 STAPS

Natation

Infirmier/ aide- soignante

1 Etudes

2 Sport et travail

Oui

1 h

Salle de cours (STAPS)

Odilon

19

M

IDMC - L3 MIASHS option MIAGE

Escrime

Gérant station- service/ ERUN

1 Etudes

2 Sport

Non

1 h 05 min

Salle de cours (IDMC)

Alphonse

21

M

M1 MEEF - STAPS

Football

Retraité, ancien vendeur magasin/ infirmière

1 Sport et études

Non

50 min

Salle de cours (STAPS)

Mandy

20

F

L3 STAPS

Football

Ouvrier/ Masseuse

1 Sport et études

Non

1 h

En extérieur (STAPS)

*Dédouble son année






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery