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Le cyberespace et la sécurité de l'état en Afrique centrale: entre incertitudes et opportunités


par Alain Christian ONGUENE
Université de Yaoundé II-Soa  - Master en science politique  2019
  

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CHAPITRE I : LA CYBERCRIMINALITE ET LA MANIPULATION DE L'INFORMATION COMME PRIINCIPALES MENACES DU CYBERESPACE A LA SECURITE DE L'ETAT

Ces deux termes renvoient à des pratiques parallèles dont les moyens et les buts peuvent diverger mais qui ont tous pour résultat la remise en question de la sécurité dont l'Etat doit s'assurer et assurer à ses citoyens. D'une part la cybercriminalité selon l'ampleur des actes posés et les objectifs visés constitue le principal moyen de déstabilisation de l'Etat dans le cyberespace. D'autre part la sphère informationnelle des réseaux sociaux fait d'internet un foyer de mise en cause de l'Etat à travers la manipulation de l'information et l'usage qu'en font les mouvements contestataires. Dès lors analyser ces menaces renvoi à questionner le développement des actes de criminalité sur internet (section 1) et d'interroger le cyberespace comme nouvel outil d'expression des mouvements terroristes et sécessionnistes (section 2).

Section 1 : Le développement des actes de criminalité sur internet

Comme tout phénomène émergent, internet au-delà de ses avantages, s'est développé en Afrique centrale avec ses inconvénients desquels découlent des activités de cyber délinquance, des cybercrimes et de la manipulation des données. Il convient donc d'étudier internet comme nouvelle plateforme d'expression des activités criminelles (paragraphe 1) l'atteinte au fonctionnement et à la crédibilité de l'Etat par l'altération des données (paragraphe 2).

Paragraphe 1 :Internet comme nouvelle plateforme d'expression des activités criminelles

La cybercriminalité découle d'une exploitation pervertie du cyberespace59(*). Conduites sous l'action de l'homme les actes de criminalité sur le web peuvent être le fait de débutants ou d'experts en informatique communément appelés hackers(A). Mais aussi le cyberespace constitue un nouveau milieu de développement des transactions illégales, une passerelle pour les trafics et les marchés noirs (B).

A. Les hackers et la cybercriminalité

Le terme hackers ou pirates en français désigne à l'origine des jeunes avec des compétences techniques qui infiltraient les systèmes informatiques sans intention malveillante particulière, avec pour but la satisfaction personnelle. Il s'agit principalement pour ces pirates d'internet de pénétrer les systèmes informatiques les plus sécurisés par des codes, des programmations et des algorithmes, pour montrer les failles du système et ses vulnérabilités. Au vu de leur potentiel depuis le début des années 2000, leurs actes ont commencé à revêtir un caractère revendicatif et idéologique et parfois criminel. Le but n'étant plus de faire étalage de ses prouesses techniques mais plutôt de défendre une cause ou manifester leur mécontentement à l'encontre d'une politique de l'Etat ou de sa politique globale. L'arrivée en Afrique des télécommunications à la fin de la décennie 1990 et l'avènement d'internet au début du nouveau millénaire en font des phénomènes récents mais qui tout comme en occident se sont intégrés avec l'émergence des hackers.

Ayant pris le phénomène internet de cours, les hackers en Afrique bien que n'ayant pas la même envergure que leurs semblables des pays industrialisés se sont constitués clairement comme des armes de destruction de l'économie. La pauvreté et le chômage ont poussé de nombreux diplômés à se tourner vers des activités illégales et illicites pour survivre. Ils ont trouvé en internet un moyen facile de gagner de l'argent sur le dos des usagers crédules et mal avisés.

La cybercriminalité consiste à utiliser des systèmes et des réseaux informatiques, soit pour commettre des infractions spécifiques à ces réseaux, soit pour réaliser ou faciliter des infractions plus classiques, lesquelles étaient déjà incriminées avant l'arrivée d'Internet60(*). L'utilisation massive d'internet à des fins commerciales, couplée à l'insouciance des utilisateurs communicants naïvement leurs données personnelles, offrent aux usurpateurs un potentiel démesuré pour la réalisation de leurs intentions délictuelles ou criminelles61(*). L'Afrique est de plus en plus victime de la cybercriminalité, les pays de la région ayant perdu au moins deux milliards de dollars à la suite de cyberattaques en 201662(*). Avec un taux de pénétration d'internet d'à peine 30% en Afrique centrale, les hackers y constituent des communautés marginales ou des individus isolés. Ceci du fait de leur équipement peu développé et du niveau technologique peu avancé du réseau en Afrique. Se calquant sur le modelé de leurs semblables occidentaux, ils disent agir au nom du peuple opprimé et contre les décideurs qui les écrasent. Ils orchestrent des attaques qui visent des grands groupes industriels internationaux des entreprises et des multinationales en utilisant l'information qui circule sur les réseaux comme une source stratégique. Cette information est constituée des bilans d'entreprises, qui montrent les chiffres d'affaires et les marges de bénéfices, mais aussi des informations sur les transactions des capitaux. D'après Justin Ruzari cadre technique de la Banque Nationale du Rwanda au moins 200 000 attaques ont visé l'institution en 2017 principalement dirigées pour atteindre le réseau de la structure63(*). En 2014, la cybercriminalité a fait perdre à l'Etat camerounais plus de 14 milliards de FCFA de manque à gagner. Le 21 octobre 2014, le Tribunal criminel spécial condamnait 10 jeunes âgés de 25 à 35 ans pour avoir trafiqué le système informatique de Camair-co et fait perdre 288 millions de FCFA ans dans le cadre d'un trafic de billet en 201264(*).Pour les hackers et cybercriminels il s'agit de gagner facilement de l'argent contre l'entreprise et ses clients. Mais les implications sécuritaires de pareils actes sont à considérer à un triple niveau. Les pertes financières que les hackers et les cybercriminels font perdre à l'Etat sont à même de déstabiliser le tissu bancaire et financier de l'Etat. Les pays d'Afrique centrale n'ont pas encore connu d'attaques de cette ampleur mais l'évolution fulgurante de la technologie fait qu'il s'agit d'une possibilité à ne pas écarter. Bien plus la conséquence qui en découle participe à fragiliser la crédibilité de la structure auprès de ses clients dont les épargnes permettent le fonctionnement du système bancaire. Cette instabilité peut influer sur la sécurité économique de l'Etat. À ces cybercriminels s'ajoutent le développement des transactions illégales et des marchés noirs sur internet

B. Le développement des activités illégales et des marchés noirs sur internet

En tant que nouvelle technologie, internet s'est imposé comme une plateforme de commerce par excellence. Les facilités dans les transactions, la rapidité dans l'échange sont des facteurs qui ont contribué à l'essor d'internet en tant qu'outil de commerce. La possibilité d'opérer à distance a rendu les transactions plus faciles et rapides, ajouté à cela le payement électronique qui participe à fluidifier les échanges. Mais parallèlement à ces avantages internet s'est constitué comme nid des marchés noirs, des transactions financières illégales, des réseaux de commerce illicite et autres trafics. L'ensemble de ces sites est désigné sous le nom de darknet.

Le darknet s'impose de plus en plus comme le lieu de commerce privilégié des réseaux de criminalité organisée et des particuliers qui se livrent à des activités illicites65(*). Le développement de ces activités a été rendu possible par l'opportunité découverte dans la difficulté d'identifier la provenance et la destination des objets ou capitaux échangés. Les individus se livrant à cette pratique tirent avantage de l'instantanéité de la mise en relation et de la connectivité des individus avec l'innovation qu'offre la dématérialisation des échanges66(*). En 2011 on estime que les cyber arnaques ont fait perdre 110 milliards de dollars à 550 millions de victimes dans le monde67(*). Selon un rapport de la société en sécurité informatique McAfee, le Cameroun est le 9e pays dans le monde source de cyber arnaques68(*). Pour le FBI le nom de domaine du Cameroun est le 5e le plus risqué dans le monde. C'est le cas des diamants en République Centrafricaine, où les trafiquants se servent des plateformes comme Facebook et WhatsApp pour trouver des acheteurs. Ce business aurait pu passer pour normal, mais ce commerce sert en RCA à enrichir les faction et groupes armés qui s'y affrontent depuis plusieurs années. Pour les trafiquants internet et les réseaux sociaux sont des moyens plus faciles et simples de trouver des acheteurs à l'étranger. Les transactions physiques pour ces commerces illicites présentent de nombreux dangers pour les trafiquants entre autres les contrôles de douanes, les vérifications d'identités et les questions sur la provenance des biens ou de l'argent issu de ces commerces.

Internet constitue un lieu de marché préférentiel pour le commerce des espèces animales protégées et en voie d'extinction, et de la vente des espèces végétales interdites. Mais pour mieux montrer cette posture d'insécurité de l'Etat face au cyberespace nous évoquerons les mécanismes des cybercriminels qui consistent à bloquer des sites gouvernementaux ou à créer, utiliser des faux comptes de représentants de l'Etat.

* 59 Solange GHERNAOUTI, Op.cit., p 9.

* 60Guillaume TISSIER, «Les marchés noirs de la cybercriminalité » in technologies de l'information, juin 2011, CEIS, Collection Notes Stratégiques, pp 4-77.

* 61 Jean Pierre MAULNY et Sabine SARRAF, Evaluation et perspectives des menaces sécuritaires, Rapport de synthèse pour le forum Technology against Crime, IRIS, avril 2016, p 8.

* 62 Rapport annuel d'Interpol 2016, p 7.

* 63 http://www.panoractu.com/2018/03/12/plus-de-350-000-cyberattaques-ont-vise-banque-national-rwanda-2017/.

* 64 TIC MAG du 26 septembre 2015, https://www.ticmag.net/cameroun-la-cybercriminalite-prend-de-lampleur/, consulté le 02 aout 2018.

* 65 Rapport annuel d'Interpol 2016, p 5.

* 66 Solange GHERNAOUTI, Op.cit., p 11.

* 67 Mathieu OLIVIER, « Cybercriminalité : arnaques, crimes et internet » in JeuneAfrique du 18 février 2013.

* 68 Dans un rapport publié en 2011, la société de sécurité informatique McAfeeindiqueque l'extension de nom de domaine « .cm » (extension nationale du Cameroun) fait partie des cinq noms de domaine les plus « risqués » de la planète (aux côtés de .com, .cn, .ws et .info). Son taux de risque serait de 36,7%, sur environ 27 millions de noms de domaines analysés.

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